Insérer logos AAA, BM, AFD Plan d’Investissement Agricole Climato-résilient République du Congo Mai 2020 Résumé exécutif L’agriculture constitue un enjeu important pour la République du Congo, employant 40% des actifs dans le pays et contribuant à 18,3% du PIB hors pétrole. Néanmoins, celle-ci est caractérisée par une faible productivité et des revenus insuffisants pour les producteurs et l’insécurité alimentaire touche 14,2% des ménages. La République du Congo reste dépendante des importations alimentaires, avec une balance commerciale négative s’étant dégradée de 197 million s de dollars à 240 millions de dollars entre 2007 et 2013 alors que les exportations ont atteint un niveau historiquement bas en 2013 : les principales denrées importées sont les céréales (riz, blé, farine) et les produits d’origine animale comme la volaille et le lait et des produits transformés (huile de palme, sucres, boissons).A ces enjeux s’ajoute le changement climatique, qui est déjà ressenti au Congo, et se traduit par une augmentation des températures et une modification du régime de précipitations. Ces changements menacent directement l’agriculture, affectant les rendements, les ressources en eau et touchent en particulier les populations les plus vulnérables en milieu rural. De plus, l’agriculture contribue également au réchauffement climatique, étant à l’origine de 81% des émissions de gaz à effets de serre notamment due à la pression des pratiques agricoles sur les ressources forestières. Pour répondre à ces défis communs à plusieurs pays d’Afrique, l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine (Initiative AAA) a été lancée durant la 22ème Conférence des Parties (COP22) qui s’est tenue à Marrakech, au Maroc en 2016. L’initiative AAA vise à contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique, à améliorer les conditions de vie des agriculteurs vulnérables, et à promouvoir l’emploi dans les zones rurales en favorisant les pratiques d’adaptation au changement climatique, en renforçant les capacités des acteurs et acheminer les flux financiers vers les agriculteurs les plus vulnérables. En cohérence avec l’initiative AAA, la République du Congo a présenté sa Contribution Déterminée au Niveau national (CDN), s’engageant à prendre des mesures à la fois sur l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en promouvant l’'amélioration des systèmes de production agricole et la diminution de la pression sur les ressources forestières. Pour diminuer ses émissions, la République du Congo s’était également engagée dès 2008 dans le processus de REDD+ (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, conservation, gestion durable des forêts et l'accroissement des stocks de carbone forestier), En 2018, le gouvernement congolais a adopté le Plan National de Développement 2018-2022 (PND 2018-2022), qui promeut dans son second axe la diversification de l’agriculture, à travers les filières vivrières (manioc), les productions fruitières (banane et plantain), les productions maraîchères péri- urbaines et les cultures de rente (cacao, hévéa, palmier à huile). Au niveau sectoriel, la République du Congo, a initié le processus de mise en œuvre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) en 2010, suite à la ratification des engagements au sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Union Africaine (UA) de Juin 2003 à Maputo (Mozambique).La déclaration de Malabo en 2014, dans le cadre du PDDAA, a ouvert la voie à l'élaboration du Programme National d'Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN) mis à jour en 2016. Le PNIASAN a pour objectif général de promouvoir une croissance du secteur agricole et rural qui puisse contribuer à une réduction rapide et significative de la pauvreté, un recul de la faim et à l’accroissement des revenus agricoles et non agricoles. Priorisant les investissements pour répondre aux défis du secteur de l’agriculture face au changement climatique, le Plan d’Investissement Agricole Climato -Résilient (PIAIC) a été développé en 2019 à l’instar d’autres pays africains comme le Maroc (2018), le Mali (2019), la Zambie (2019), la Côte d’Ivoire (2019), le Ghana (2016), et le Cameroun (2019). Celui-ci se base sur le cadre institutionnel et les différentes politiques et les plans stratégiques congolais existants. Le PIAIC de la République du Congo a été développé en co-construction avec de nombreuses institutions locales, nationales, régionales et internationales. À cet effet, le processus de développement du PIAIC a fait l’objet de trois ateliers participatifs à Brazzaville : le 11 octobre 2019 en présence des principales parties prenantes, les 13-14-15 novembre 2019 et 20 décembre 2019 en présence d’experts techniques et des décideurs. Ce travail a permis d’identifier 22 projets potentiels pour le soutien à l’Agriculture Intelligente Face au Climat (AIC) dont 6 ont été retenus comme prioritaires. Ces derniers ont été développés sous formes de proposition de projets, présentées dans le plan d’investissements. Ce PIAIC, d’un montant total de 134,4 milliards de Francs FCFA se veut réaliste, pragmatique et initiateur d’un changement de paradigme pour la relance de l’agriculture congolaise. 2 Les investissements prioritaires retenus ont été déclinés dans le document présent sous forme de propositions de projet détaillées. Ceux-ci ont pour triple objectifs d’augmenter durablement la productivité du secteur agricole, de renforcer sa résilience au changement climatique tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre pour in fine assurer la sécurité alimentaire du pays. Ces trois objectifs spécifiques répondent aux trois dimensions de l’AIC : productivité et revenus, adaptation, et atténuation. Ils pourront être atteints à travers l’adoption de nouvelles pratiques agricoles par les agriculteurs plus productives et résilientes; le renforcement des infrastructures pour l’adaptation au changement climatique ; le développement de connaissances scientifiques spécifiques au pays sur le changement climatique ; la création de systèmes d’informations connexes pour l’ai de à la décision agricole , la préservation des écosystèmes et ressources naturelles ainsi que la réduction des émissions et l’augmentation de la séquestration du carbone. Les résultats escomptés pourront être atteints à travers les six projets prioritaires présentés par le PIAIC : (i) le développement de l’agroforesterie, en particulier en appui aux filières manioc, maïs, et banane (16 000 MFCFA), (ii) un projet de gestion de la fertilité des sols (23 950 MFCFA), (iii) un projet de gestion de l’eau (36 000 MFCFA), (iv) un projet de résilience des filières nourricières (17 500 MFCFA), (v) un projet pour l’agriculture de savanes ( 31 000 MFCFA) et (vi) un projet de renforcement des systèmes d’information agrométéorologiques (25 000 MFCFA). Au total, l e PIAIC vise plus de 168 milles bénéficiaires directs sur l’ensemble du pays pour un investissement de 149 450 milliards de FCFA. Ces projets, développés sur une durée de 5 ans permettront d’augmenter les rendements des cultures ciblées, la résilience des exploitations agricoles et l’atténuation des effets du changement climatique, en particulier à travers les changements opérés sur l’usage des sols et les pratiques agricoles et la déforestation évitée qui y est associée. Figure 1 : Résumé des six projets d’investissement prioritaire du PIAIC - Congo L’urgence de la Covid-19 : Bien que la pandémie de la Covid-19 n’était pas encore déclarée durant la présente étude, on peut noter que les investissements prioritaires retenus sont pertinents même si on tient compte de la pandémie. En effet, la Covid-19 réaffirme la prémisse sous-jacente selon laquelle l'intensification durable devrait être le fondement du développement agricole en République du Congo. L'intensification durable n'est pas seulement intelligente face au climat, elle peut également réduire l'émergence et la propagation des maladies zoonotiques en diminuant et supervisant l’entrée des hommes et femmes dans les habitats des animaux. De plus, le Covid-19 menace la sécurité alimentaire nationale et rend les investissements agricoles orientés vers la 3 production pour le marché intérieur particulièrement attractifs, pour améliorer la disponibilité alimentaire. Le PIAIC pose ainsi les jalons de l’AIC au Congo, en proposant de manière innovante une compréhension des impacts du changement climatique sur l’agriculture en République du Congo à travers des modélisations climatiques réalisées dans le cadre de cette étude. Il intègre également les perceptions des parties prenantes et les priorités d’actions pour l’adaptation résultant d’un travail participatif. A la disposition des investisseurs institutionnels et privés, le PIAIC vise à stimuler, l’investissement et le financement de l’AIC pour aider la République du Congo à réaliser ses objectifs agricoles face à la menace climatique. Le PIAIC entend être développé et mis en œuvre par l’ensemble des partenaires de la République du Congo. Le PIAIC présente un dispositif de suivi-évaluation qui permettra d’apprécier les impacts des programmes mis en œuvre. 4 TABLE DES MATIERES Résumé exécutif 2 TABLE DES MATIERES 5 Introduction 7 I. Analyse de la situation et justification d’un investissement dans l’agriculture climato-résiliente 10 I.1. Profil du Congo 10 I.2. L’impact du changement climatique sur le secteur agricole 16 I.3. Justification et cadre institutionnel du Plan d’Investissement climato -résilient 27 I.4. Objectifs de l’Agriculture climato-résiliente 29 II. Priorisation et analyse des interventions pour l’Agriculture Intelligente face au Climat 31 III. Projets d’investissement prioritaires pour l’AIC 33 III.1. Projet 1 : Développement de systèmes agroforestiers résilients pour le manioc, maïs et bananes 34 III.2. Projet 2 : Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures 36 III.3. Projet 3 : Amélioration de la gestion des ressources en eau, de l’irrigation et de l’aquaculture 38 III.4. Projet 4 : Développement de l’accès aux produits, services et infrastructures pour des filières vivrières résilientes 39 III.5. Projet 5 : Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane 40 III.6. Projet 6 : Développement d’un système d’information d’alerte agro-météorologique 41 III.7. Alignement des projets d’investissement prioritaires avec les objectifs stratégiques nationaux 42 III.8. Questions transversales 48 IV. Cadre de suivi et d’évaluation des investissements dans l’AIC 51 Annexes 58 A-1 Concepts et définitions de l’AIC 59 A-2 Revue bibliographique des documents stratégiques nationaux 60 A-3 Production agricole et importations alimentaires 63 A-4 Description du modèle IMPACT 66 A-5 Notion de différence en point de pourcentage 67 A-6 Scénario de base 68 A-7 Validation des données de production du modèle IMPACT sur le Congo 69 A-8 Scénario théorique optimal 70 A-9 La méthodologie d’analyse coûts bénéfices des projets AI C 72 A-10 Les options identifiées pour l’AIC et leur priorisation 74 5 A-11Projet 1 : Développement des systèmes agroforestières manioc, maïs et bananes en République du Congo 79 1.1. Synthèse du projet 79 A-12Projet 2 : Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures 90 A-13Projet 3 : Amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’aquaculture 100 A-14Projet 4 : Amélioration de l’accès aux produits, services et infrastructures pour la résil ience des filières vivrières 112 A-15Projet 5 : Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane 120 A-16Projet 6 : Développement d’un système d’information et d’alerte agro -météorologique 128 A-17Résumés des ateliers 138 6 Introduction L’agriculture est la principale source de nourriture, d’emploi et de revenu pour de nombreuses personnes vivant dans les pays en développement. Selon les estimations, près de 75 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde vivent en milieu rural et ont pour principale source de revenu l’agriculture (Lipper et al. 2014). Ainsi, le développement agricole demeure souvent la stratégie la plus efficace et équitable pour faire reculer la pauvreté et pour améliorer la sécurité alimentaire. (CCAFS et FAO 2014).Au Congo, l’agriculture emploie près de 40% de la population alors qu’elle contribue au PIB pour moins de 7%, soit 17,5% du PIB hors pétrole (60% du PIB est issu du secteur pétrolier d’après PND 2018 -2022).La production agricole congolaise, caractérisée par sa faible productivité et des revenus insuffisants aux producteurs, ne peut répondre aux besoins alimentaires d'une population croissante(4,5 millions d’habitants en 2013 et 5,2 millions d’habitants en 2018 d’après la Banque mondiale). En 2013, on recensait 14, 2 % des ménages congolais comme étant en insécurité alimentaire. Les taux de prévalence des principales formes de la malnutrition sont encore au-dessus des seuils fixés par l’OMS, ce qui signifie qu’elle demeure un problème de santé publique au Congo (source : PNIASAN 2017 – 2021). A ces enjeux s’ajoutent les effets du changement climatique, aggravant les risques d’insécurité alimentaire. Le réchauffement planétaire atteindra 1,5 °C en moyenne entre 2030 et 2052 [GIEC 2018] et pourrait atteindre +4°C à + 5 °C d’ici la fin du siècle. Le changement climatique affecte aussi la volatilité des températures et la pluviométrie. Ces changements augmentent la fréquence et l’intensité de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations, les vagues de chaleur, les tempêtes de neige et la sécheresse. Ils contribuent à l’élévation du niveau de la mer et la salinisation, ainsi que des perturbations dans des écosystèmes entiers. Tous ces changements auront des répercussions profondes sur l’agricul ture, la foresterie et la pêche (FAO 2013a).Les changements climatiques auront des impacts tant positifs que négatifs sur les rendements des cultures – ce qui signifie que, pour certaines cultures dans certaines régions, les rendements augmenteront alors que ceux-ci diminueront dans d’autres régions (Figure 1).En outre, l’incidence et la propagation des ravageurs et des maladies des plantes dans de nouveaux territoires pourraient croître. Le changement climatique est déjà ressenti au Congo , avec une augmentation de la température moyenne et une modification du régime de précipitations. Ce changement affecte les pratiques et rendements agricoles et en particulier les populations les plus vulnérables en milieu rural en raison notamment de la modification des régimes de précipitations. Un ensemble d’initiatives robustes et à grande échelle de développement rural est donc indispensable pour rendre résilient le secteur agricole du pays et garantir sa sécurité alimentaire. De plus, l’agriculture est à la fois victi me et responsable du changement climatique au Congo. La déforestation associée à l’agriculture et la foresterie au Congo est le premier poste d'émissions de GES – estimées sur la période 2015-2020, dans le cadre du NERF (Niveau des Émissions de Référence pour les Forets), à 6 MteqCO2/an pour l'agriculture sur brûlis (CN-REDD, 2016). Le secteur agricole doit donc se structurer pour diminuer les pressions sur la ressource forestière et intensifier la production en vue de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est ainsi à ce « triple défi » visant à améliorer la productivité agricole, à développer l’adaptation aux changements climatiques et à contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre que vise à répondre l’Agriculture Climato-résiliente (aussi appelée Agriculture Intelligente face au Climat ou AIC dans ce document). 7 Figure 2 : Impacts globaux du changement climatique (horizon 2050) sur la productivité des récoltes à partir de simulations enregistrées entre 1994 et 2010 [source : d’après Wheeler &von Braun, 2013] Reconnaissant la vulnérabilité des pays africains aux changements climatiques et l'importance de la gestion de ces impacts sur l'agriculture, l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine (Initiative AAA) a été lancée durant la 22ème Conférence des Parties (COP22) qui s’est tenue à Marrakech, au Maroc en 2016. L’initiative AAA vise à contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique, à améliorer les conditions de vie des agriculteurs vulnérables, et à promouvoir l’emploi dans les zones rurales en favorisant les pratiques d’adaptation au changement climatique, en renforçant les capacités des acteurs et à acheminer les flux financiers vers les agriculteurs les plus vulnérables. En particulier, la République du Congo a présenté sa Contribution Déterminée au niveau Nationale (CDN), s’engageant à prendre des mesures à la fois sur l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, dont 81% sont issues de la déforestation principalement pour l’agriculture. L'amélioration des systèmes de production agricole et la diminution de la pression sur les ressources forestières est ainsi une priorité gouvernementale de la République du Congo pour atteindre ses objectifs climatiques. Le Plan d’Investissement Agricole Climato-résilient de la République du Congo (PI AIC), a été élaboré avec le soutien de l’Initiative AAA, de la Banque mondiale et de l’Agence Française de Développement, la participation des parties prenantes congolaises, avec l’assistance technique du bureau de conseils Kinomé. Il apporte une analyse de la situation du secteur agricole en faisant l’état des lieux du contexte politique, socio-économique et environnemental, des initiatives d’AIC en cours et des vulnérabilités, menaces ou opportunités climatiques spécifiques au Congo. Il identifie ensuite des investissements spécifiques qui définiront des actions opérationnelles sur le terrain pour rendre une agriculture climato-intelligente et qui sont compatibles avec la CDN et la stratégie nationale. Le PIAIC s’inscrit dans la continuité des priorités politiques et institutionnelles du pays, à savoir le Plan National d’Investissement Agricole, de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN), le projet REDD+ et le Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale (PDAC) ou la facilité Adapt’Action qui offrent autant de cadres stratégiques et partenariaux pour le développement d’une AIC. Ce Plan d’Investissement Agricole Climato-résilient a été développé entre Octobre et Décembre 2019 avec la contribution des parties prenantes, la contribution des experts et la revue de documents scientifiques, techniques et institutionnels. Ila défini un ensemble de 22 options potentielles d’investissement, permettant la formulation, après sélection et regroupement, de6 projets d’investissement AIC prioritaires pour la République du Congo. Cette liste de 6 projets 8 d’investissements n’est pas exhaustive et l’ensemble des autres options figurent parmi les priorités de la République du Congo et pourront être transformés en projet et mis en œuvre. Ce plan est donc un document opérationnel dynamique susceptible d’inclure des investissements supplémentaires pour les options potentielles déjà identifiées ou identifiées à l’avenir. Pour chacun de ces 6 projets prioritaires d’investissements, ce document décrit la pertinence de la priorisation de ces projets, et détaille les avantages ce ces choix en termes de productivité, d’adaptation et d’atténuation. A la disposition des investisseurs institutionnels et privés, le plan vise à stimuler l’investissement et le financement de l’AIC pour aider la République du Congo à réaliser ses objectifs agricoles face à la menace climatique. Ce travail pose les jalons de l’AIC au Congo et entend être développé et mis en œuvre par l’ensemble des partenaires de la République du Congo. 9 I. Analyse de la situation et justification d’un investissement dans l’agriculture climato-résiliente I.1. Profil du Congo Profil géographique et climatique La République du Congo, située en Afrique Centrale et de part et d’autre de l’équateur, s’étend sur un territoire de 342 000 km2.Le territoire est partagé entre la savane, couvrant 12 millions d’hectares de la dépression du Niari aux plateaux Batékés (1/3 du pays), et la forêt dense équatoriale qui couvre 22 millions d’hectares répartis entre les massifs forestiers proches de la façade maritime et ceux de la partie nord (2/3 du pays). La figure 3 présente les grands ensembles climatiques du bassin du Congo et du continent africain, dans lesquelles la République du Congo se situe : • Zone équatoriale au Nord • Zone tropicale humide au Sud. Le climat du Congo est caractérisé par des températures moyennes supérieures à 25°C sur l’année et des précipitations importantes dans Figure 3 – Zones climatique du continent l’ensemble du pays. Les forêts du nord ont un régime africain (Source : UN – United Nations) tropical humide sans saison sèche ni amplitude de température alors que le reste du pays connaît une saison sèche de quelques mois et des amplitudes de température de 5°C autour de la moyenne. Dans le Nord il pleut tout au long de l'année avec une grande saison des pluies en Septembre/Octobre/Novembre et une petite des pluies en Avril/Mai. Dans le Sud, il existe une saison sèche de Mai à Septembre et une saison des pluies d'Octobre à Avril. Le pays dispose d’un bassin hydrographique conséquent d’environ 250.000 km2 dominé par les fleuves Congo et Kouilou-Niari. Le Congo se divise en huit grandes zones agroécologiques (FAO, 2009), du sud au nord : • Le bassin du littoral ; • Le massif du Mayombe ; • Le bassin du Niari ; • Le socle du Chaillu ; • Les plateaux des Cataractes ; • Les plateaux Batékés ; • La Cuvette congolaise ; • Le massif forestier du nord-ouest. Figure 4 : Zones agroécologiques du Congo (Source : République du Congo) Profil socio-économique Malgré les multiples ressources naturelles dont dispose le pays, l’économie congolaise est peu diversifiée. Celle-ci est fortement dépendante du secteur pétrolier dont la contribution au PIB était de 57% en 2013. Avec un PIB par habitant de 3.400 USD, la République du Congo se classe parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Cette situation économique 10 plutôt positive par rapport à l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne s’explique en raison de la combinaison de sa faible population (4,5 millions en 2013) et de ses ressources naturelles importantes. Celle-ci est cependant caractérisée par des disparités et inégalités très importantes. La pauvreté touche environ 46% de la population, essentiellement en zone rural (57,4%) mais aussi à Brazzaville (20%) (Source : Rapport sur l’analyse de la pauvreté, Banque Mondiale, 2017). La population congolaise est jeune avec plus de 50% des habitants ayant moins de 20 ans. 60% de cette population vit dans les villes, ce qui place le Congo parmi les pays les plus urbanisés d’Afriq ue. Les deux plus grandes villes (Brazzaville, Pointe-Noire), où se déroulent la plupart des activités politico- économiques, comptent à elles seules 56% de la population totale et 90% de la population urbaine. Figure 5 Répartition de la population au Congo en 2007. Localités et axes routiers La carte figure 5 montre les inégalités de densité de population et le manque de communication au- delà de l’axe Brazzaville-Pointe-Noire, liées à l’histoire politique et sociale du pays : « Les bouleversements liés aux guerres renforcent ensuite la concentration toujours croissante de la population à Brazzaville et Pointe Noire. […] Les difficultés d’approvisionnement des villes en forte croissance, apparues dès les années 1950 n’ont fait que s’accentuer, nécessitant des importations […] au détriment de l’agriculture familiale. »1 Profil agricole Bien que disposant d’un potentiel de production important grâce à ses conditions naturelles favorables et d’un grand potentiel de terres cultivables (10 millions d’ha), la production nationale ne répond pas à la demande. Alors que des débouchés nationaux et régionaux existent, la part de l’agriculture, de l’élevage, de la chasse, et de la pêche dans le PIB est passée de 27,0 % en 1960, à 11,6% en 1980, puis à 5,3% en 2000, à 4,7% en 2007 et à 4,5% en 2016. Aujourd’hui, 90% des surfaces arables ne sont pas exploitées et 85% des produits agricoles sont importés. Des sols appauvris (intensification des cultures, 1 Les politiques agricoles face au paradigme du sous-peuplement en République du Congo Espace populations sociétés, 2018-3 | 2019 11 lessivage…) et des accès limités aux moyens techniques et financiers pour améliorer la production (régénération des sols, gestion de l’eau…) limitent l es rendements. Les stratégies de développement basées sur l’agriculture extensive ont échoué et n’ont pas réussi à soutenir et renforcer l’agriculture familiale. Avec une trop faible rentabilité et compétitivité de la production, la part de l’agriculture dans l’économie a ainsi régressé au cours des années. Cette régression a porté tant sur les cultures vivrières dont la production par tête est passée de 420 kg à 300 kg entre les années 80 et 2000, que sur les cultures de rente, notamment le cacao, le café, le palmier à huile qui ont quasiment disparu. Cette situation a entrainé un déclin continuel de l’agriculture. Avec la liquidation des sociétés d’Etat dans les années 80, le secteur agricole repose aujourd’hui essentiellement sur une agricu lture familiale traditionnelle qui ne permet pas d’assurer l’autosuffisance alimentaire du Congo. L’agriculture du pays est caractérisée par une agriculture de subsistance itinérante sur brûlis, qui occupe 81% des terres cultivées et produit 98% de la production vivrière nationale. Ces cultures itinérantes sont actuellement situées pour la majorité dans des zones forestières, convoitées pour la fertilité des sols et pour limiter les dépenses de location des espaces mis en jachère (BRLi, 2014).Cette agriculture a lieu sur de petites surfaces (2 à 3 hectares) avec un système de jachère trop court pour la reconstitution des sols et des forêts, aggravé par la pression sur les terres fertiles due à l’accroissement des actifs agricoles, estimés à 514 358 personne s (selon le recensement agricole du MAEP en 2016). La transition de l’agriculture itinérante vers des meilleures pratiques est handicapée par un accès difficile au foncier et qui empêche l’installation des petits exploitants sur des terres ainsi que la gestion durable de la fertilité des sols. Ainsi, l’agriculture itinérante sur brûlis en zone forestière représente la principale cause de déforestation historique en République du Congo. Les cultures principales vivrières du Congo sont le manioc, représentée comme culture de base dans l’ensemble du pays, et la banane, le plantain, l’igname, l’arachide, le maïs, et les cultures maraichères ou fruitières selon les départements. Les productions agricoles se répartissent géographiquement dans les douze départements administratifs de la manière suivante d’après les monographies départementales réalisées par SOFRECO-CERAPE et le MAEP en 2012 (voir tableau 1). Tableau 1 - Cultures principales, climat et végétation des départements congolais (source : SOFRECO-CERAPE- MAEP, 2012) Départements Cultures principales Climat Végétation Kouilou Banane, manioc, fruits, Bas-congolais Forêt primaire et secondaire ; légumes savanes herbeuses, arbustives, arborées Pointe-Noire Cultures maraîchères, Bas-congolais Savanes Manioc, Arachide, Maïs, Cultures fruitières Niari Manioc, Arachide, Banane Bas-congolais Forêt dense de type plantain, Maïs, Cultures ombrophyle, ou semi- maraîchères caducifolié ; savanes herbeuses et arbustives Lekoumou Manioc, l’arachide, le maïs Bas-congolais Forêt dense sempervirente, et la banane forêt mésophile, différents types de savanes arbustives Bouenza Canne à sucre (SARIS), Bas-congolais Forêts (îlots, galeries) et maraichage, arachide, savanes (principalement manioc, haricot, maïs, herbeuses) fruits Pool Manioc, Arachide, Banane Bas-congolais Forêts-galerie (40%), savane plantain, Cultures herbeuse, arborée et fruitières, Maïs, Cultures arbustive (60%) maraîchères Brazzaville Cultures maraîchères Bas-congolais Quasi-inexistante Plateaux Manioc, igname Bas-congolais Savanes interrompues par des îlots forestiers d’étendue variable Sangha Manioc, banane, maïs, Équatorial Forêts denses et forêts arachide, échalote et cacao inondées, savane (faibles surfaces au sud) 12 Départements Cultures principales Climat Végétation Cuvette Ouest Manioc, igname, bananes Bas-congolais --- plantains, maïs Cuvette Manioc, arachide, maïs, Équatorial et Savanes peu arbustives banane, igname subéquatorial Likouala Manioc, banane, taro, Guinéen forestier Forêt, végétation herbeuse de ananas, cacao marécages, savanes Le soutien du gouvernement à l’élevage a permis le développement progressif de l’élevage avicole, ovin, porcin et bovin. La culture de rente principale est le sucre de canne et est, tout comme l’élevage, concentrée dans le département du Niari. Le palmier à huile, l’hévéa, le cacao et le café sont cultivés dans les départements du nord du pays et bénéficient d’un appui politique pour leur développement dans les autres zones du pays dans les années futures. Le rendement à l’hectare pour les cultures céréalières est assez faible, n’atteignant pas les 900 kilos à l’hectare sur les 35.600 hectares dédiés à cet effet selon la Banque Mondiale en 2015. De plus, les pertes post-production sont élevées en raison de l’insuffisance d’infrastructures de transport, stockage et transformation. Les productions agricoles principales en valeur économique pour l’année 2016 sont présentées ci -dessous dans le tableau 2 (le tableau complet est présent en annexe (A-3)). Tableau 2 – Les principales productions agricoles en valeur économique du pays en 2016 (source FAO) Valeur brute Valeur brute Produit (en milliers de Produit (suite) (en milliers de dollars) dollars) Manioc 142665 Viande, gibier 99219 Avocats 6385 Mangues, mangoustans et goyaves 26123 Ignames 4073 Bananes 22828 Café 3420 Sucre, canne 22571 Viande porcine 3069 Plantains et autres 17740 Caoutchouc naturel 2705 Viande bovines 17600 Viande caprine 2642 Arachides 11856 Mil 2614 Fruits frais nda 10208 Haricots secs 2497 Racines et tubercules nda 9776 Citrons et limes 1933 Lait, entier frais de Viande avicole 9544 vache 1696 Poireaux et autres Légumes frais 7185 légumes alliaciés 1611 Huile de palme 6954 Maïs 1570 Profil de sécurité alimentaire La République du Congo est très dépendante des importations alimentaires, avec une balance commerciale négative s’étant dégradée de 197 millions de dollars à 240 millions de dollars entre 2007 et 2013 alors que les exportations ont atteint un niveau historiquement bas en 2013 : 4 millions de dollars. Les principales denrées importées sont les céréales (riz, blé) et les produits d’origine animale comme la volaille et le lait et des produits transformés (huile de palme, sucres, farine, pâtes, boissons). Ces importations ont essentiellement pour destination les grandes villes du pays (Brazzaville et Pointe-Noire). Ces produits sont présentés dans le tableau ci-dessous (tableau 3) et l’ensemble des 13 produits importés dont la valeur d’importation excède un million de dollars est présenté en annexe (A-3). Figure 6 Part de la population congolaise souffrant de la malnutrition, en pourcentage par département Tableau 3 – Les principales importations de produits agricoles en 2017en valeur économique (source FAO) Valeur Valeur Produit importé (en milliers Produit importé (suite) (en milliers de dollars) de dollars) Viande, volaille 107482 Lait, entier en poudre de Huile de palme 48758 vache 11889 Matières organiques brutes Blé 42585 nda 11445 Viande, porc 30794 Bière d'orge 11217 Riz - total 24859 Viande, dinde 10957 Farine de blé 22821 Abats, comestibles, bovins 9424 Tabac 21468 Aliments pour enfants 9085 Riz, blanchi 21391 Oignons secs 7735 Viande bovine 20494 Sucre raffiné 6326 Malt 16170 Viande, porc, saucisses 6149 Aliments, préparation 15200 Boissons alcoolisées distillées 6061 Abats, comestibles, porcins 14214 Pâtes alimentaires 5712 Pâtisseries 12152 Produits cacao 4690 Les bilans de consommation esquissés au titre de l’année 2013 sur la base des données des directions départementales de l'agriculture (DDA) et de l’élevage (DDE) et de la pêche (DDPA) font ressortir trois situations extrêmes des produits alimentaires : (i) les produits offrant un taux de couverture supérieur à 100 % des besoins de consommation notamment le manioc (136%), le plantain (125%), et l’arachide (125%) ; (ii) les produits présentant un taux de couverture inférieur à 2% tels que les produits carnés: volailles, viande bovine, produits laitiers , (iii) des produits alimentaires pour lesquels la faiblesse du 14 taux de couverture contraste avec le potentiel du pays , c’est le cas de l’huile de palme et des produits halieutiques pour lesquels le déficit est comblé par des importations. La situation nutritionnelle au Congo est préoccupante, avec une insécurité alimentaire prévalente sur l’ensemble du territoire (Figure 6). Les disponibilités énergétiques quotidiennes assurées par la production nationale sont en deçà des normes recommandées par le comité mixte OMS/FAO pour l’Afrique. Les habitudes alimentaires varient au sein de la population en fonction des départements, impliquant une disparité dans la répartition de la malnutrition chronique. On retrouve plus de cas de malnutrition chez les filles (27%), la tranche d’âge 18 -23 mois (38%) et en milieu rural (33,6%). Le manioc est l’aliment de base dans tout le pays à l’exception de certaines zones forestières du pays ou la banane et le plantain prévalent. Ce régime est en général complété par de l’igname, patate douce, pomme de terre, arachides, légumes et fruit. Selon l’étude du secteur agricole menée en 2011 par la BAD, il est nécessaire de doubler (voire de tripler si l’on inclut les besoins e n alimentation animale), la disponibilité en produits amylacés (manioc, plantain), mais aussi les autres aliments de base (arachide, maïs, haricot) pour répondre aux besoins alimentaires de la population à l’horizon 2035. L’accès aux protéines est un enjeu central pour la sécurité alimentaire du pays et pour la gestion durable des ressources. L’importation des produits carnés à bas coût obère le développement de l’élevage dans le pays à des coûts environnementaux élevés (déforestation, monoculture intensiv e, transport). De plus, la pression actuelle sur les ressources halieutiques (marines et fluviales) et sur la viande de brousse met en péril la viabilité de certains écosystèmes dont certaines communautés sont entièrement dépendantes (en particulier les villages côtiers ou les villages forestiers de pêcheurs). L’offre des produits transformés (viandes, poissons, céréales), les fruits, les légumes et les produits laitiers dont les taux de croissance devront être bien supérieurs pour répondre à la demande d’u ne population urbaine qui a un pouvoir d’achat augmentant plus rapidement que l’accroissement naturel de la population. La prise en compte du changement climatique et de la situation agricole actuelle et future est indispensable pour apporter des réponses globales et cohérentes aux enjeux de sécurité alimentaire du pays. A ce titre, la section suivante détaille à partir des données et modèles existants l'impact du changement climatique sur le secteur agricole du pays. 15 I.2. L’impact du changement climatique sur le secteur agricole Contribution du secteur agricole aux émissions de GES La république du Congo a publié sa seconde communication nationale en 2009, et prépare actuellement sa troisième communication. Les inventaires de gaz à effet de serre réalisés dans ce cadre montrent que, sur un total de 2 066 kteCO2 d’émissions nationales de GES hors forêts, le secteur agricole est responsable de 16% des émissions du Congo, loin derrière le secteur de l’énergie (78%). Les principales sources d’émissions liées au secteur agricole sont la fermentation entérique, la gestion du fumier et le brûlage des résidus agricoles. Ces tendances sont vouées à s’amplifier avec l’augmentation de la population, et les investissements planifiés par le gouvernement dans l’agriculture (cf PNIASAN). Figure 7 Répartition des émissions de GES hors forêts (source : Seconde communication nationale, 2009) Les émissions de GES du Congo sont largement compensées par la capacité de séquestration de ses forêts, évaluée à 72 700 kteCO22. Le Congo est donc un puits naturel forestier. Le secteur forêt, bien qu’ayant un bilan absorbeur de CO2, a émis 24 800 ktCO2 à cause de la déforestation, dont l’extension agricole est l’une des premières causes. Les pratiques traditionnelles d’abattis/brulis sont notamment responsables de ces relargages de carbone dans l’atmosphère. La troisième communication nationale sur les changements climatiques, actuellement en cours d’élaboration, nous apportera une mise à jour de la contribution de l’agriculture aux émissions de GES et de sa tendance. Projections des températures A Brazzaville, une augmentation de température de 1°C a été observée sur la période 1960-1990, et dans le reste du pays cette augmentation est comprise entre 0.6°C et 1.6°C3. Les projections de température pour le scénario RCP8.5 (sans politique climatique) du GIEC 4 montrent une augmentation de 0.5°C à 1°C à l'horizon 2020, de ~1.5°C à l'horizon 2040 et de 2°C à 3.5°C à l'horizon 2070 sur le Congo dans les simulations régionales CORDEX 5. Ces augmentations de température sont maximales sur la cuvette congolaise et les plateaux du Nord-Ouest (cf figure 8). 2 CDN, 2015 et Seconde communication nationale, 2009. 3Samba G. et D. Nganga (2014), Minimum and maximum temperature trends in Congo-Brazzaville: 1932-2010, Atmospheric and Climate Sciences, 4, 404-430, http://dx.doi.org/10.4236/acs.2014.43040. 4IPCC (2013), Climate Change 2013: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Stocker, T.F., D. Qin, G.-K. Plattner, M. Tignor, S.K. Allen, J. Boschung, A. Nauels, Y. Xia, V. Bex and P.M. Midgley (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, 1535 pp, doi:10.1017/CBO9781107415324. 5CORDEX (Coordinated Regional Downscalling Experiment) https://www.cordex.org/ 16 Figure 8 Projections de changement de température sur le Congo par rapport à la température moyenne sur la période 1980-2005 dans un ensemble de 5 simulations Cordex pour le scénario RCP8.5 du GIEC. Projection des précipitations Les principaux changements des précipitations observés ces vingt dernières années au Congo concernent la baisse du cumul annuel des précipitations et un changement de répartition des pluies au cours de l'année, marqués par des disparités régionales. Une analyse des données satellites journalières TRMM 6 (Tropical Rainfall Measuring Mission) sur la période 1998-2018 montre des changements de précipitations qui diffèrent entre le Nord du Congo, caractérisé par un climat équatorial, et le Sud du Congo, dont le climat est tropical humide. Les vingt dernières années, au Nord du Congo, le cumul annuel de précipitations a diminué de 10 % par décade et l'intensité des fortes pluies a également diminué de 13 % à 16 % par décade. Au Sud du Congo, on n'observe pas de changement significatif du cumul annuel de précipitations, cependant il y a une alternance d'années sèches et humides7. 6 Huffman GJ et al (2007), The TRMM Multisatellite Precipitation Analysis (TMPA): quasi-global, multiyear, combined-sensor precipitation estimates at fine scales. J. Hydrometeorol. 8: 38 – 55. 7 Samba G. et D. Nganga (2012), Rainfall variability in Congo-Brazzaville: 1932-2007, International Journal of Climatology, 32, 854-873, DOI:10.1002/jocs.2311. 17 Figure 9 Tendances du cumul mensuel de précipitation (mm/mois) et du nombre de jours de pluie par mois dans 4 régions du Congo sur la période 1998-2018. Source : TRMM daily L3 Precipitations Pendant ces vingt dernières années, le changement le plus important concerne la répartition des pluies au cours de l'année, avec des tendances différentes entre le Nord et le Sud du pays. Ces changements dans la distribution des pluies, bien que peu étudiés à ce jour, constituent le risque principal de l’agriculture pluvial congolaise dans le contexte du changement climatique. Au Nord du Congo, le cumul et le nombre de jours de pluie ont diminué en juillet, pendant la saison sèche (cf figure 9). Dans la cuvette Congolaise, la répartition des pluies entre les deux saisons des pluies a évolué avec un transfert des précipitations de la grande à la petite saison des pluies 8, tant pour le cumul de précipitations que pour le nombre de jours de pluie. Au Sud du Congo, les changements diffèrent entre la plaine côtière et le plateau Bateke. Dans la plaine côtière, les pluies s'intensifient : on note une augmentation de l'intensité des fortes pluies de 8 La grande saison des pluies a lieu en Septembre-Octobre-Novembre et la petite saison des pluies en Mars-Avril- Mai dans le Nord du Congo. 18 +6 % par décade et une diminution du nombre de jours de pluies annuelles de -6 % par décade. Sur le plateau Bateke, la saison sèche s'intensifie (le cumul et le nombre de jours de pluie diminuent) alors qu'en fin de saison des pluies, le nombre de jours de pluie augmente (cf figure 9). Les études scientifiques soulignent des différences entre les projections futures de précipitations sur le Congo. Celles-ci sont liées à la difficulté de modélisation des processus de convection atmosphérique de cette région et au manque de données observées dans la région. Washington et al9 met en évidence que les projections de précipitations issues des modèles globaux du GIEC (CMIP5) et des modèles régionaux sur l'Afrique (CORDEX-Africa) pour le scénario RCP8.5 montrent une grande divergence sur le bassin du Congo. Dans un article récent, Creese et al10 démontre que bien qu'il y ait une tendance générale dans les projections à une augmentation des pluies pour la plupart des mois, l'amplitude de l'augmentation varie considérablement d'un modèle à l'autre. Cependant, les analyses menées dans le cadre de cette étude avec les projections régionales CORDEX et présentées ci-dessus montrent des différences importantes sur la période historique (1980-2005) entre le cumul annuel de précipitations observé dans les données satellites TRMM et modélisé par les modèles régionaux CORDEX. Impact du changement climatique sur l'agriculture au Congo Le changement climatique est déjà ressenti au Congo du fait de l’augmentation des températures et une modification du régime de précipitations décrits précédemment. Ces modifications sont observées par le secteur agricole et les témoignages récoltés lors des consultations sont les suivants : • Un décalage des saisons dans le sud, notamment un retard dans la saison des pluies et des sécheresses précoces ; • Dans le nord, des changements dans la distribution pluviométrique sont observés, caractérisés par une augmentation des précipitations pendant la saison sèche et une diminution des précipitations pendant dans la saison des pluies ; • Une modification des crues des fleuves ; • L’érosion marine qui est en train de faire disparaître certains villages côtiers ; • La raréfaction du pâturage ; • L’augmentation des ravageurs comme la chenille légionnaire pour le maïs ; • Des épisodes de pluies intenses, qui provoquent le lessivage et l’érosion des sols ; • Des assèchements au niveau des rivières, qui sont des sources d’approvisionnement en eau pour la filière maraîchère ; • Une évapotranspiration massive de l’eau au niveau des planches de cultures en raison des pics de chaleur ; • Des brûlures au niveau des feuilles dans le maraîchage. Aux dires des consultations des parties prenantes, les acteurs du secteur, en particulier les producteurs, sont souvent démunis face à ces difficultés. Les producteurs observent ces changements sans avoir toujours connaissance et conscience du changement climatique. Les populations subissent les variations pluviométriques et expliquent ne plus maîtriser le calendrier des cultures et les dates du semis. Dans la pisciculture, les pécheurs sont impuissants face aux changements des épisodes de crues. Des techniques d’adaptation émergent peu à peu (changement du calendrier, bassins de rétention pour la pêche, etc.) mais les paysans ont des difficultés à gérer le risque sans accès à l’information. Les scientifiques évoquent le peu d’études existantes pour caractériser les effets du changement et s’y adapter. Cependant, certains modèles nous ont permis de confirmer ces observations. La modélisation réalisée à l'aide du modèle IMPACT 11 (International Model for Policy Analysis of Agricultural Commodities and Trade), modèle développé à l'IFPRI (International Food Policy Research 9 Washington R, James R, Pearce H et al (2013) Congo Basin rainfall climatology: can we believe the climate models? Philos Trans R SocLond B BiolSci 368:20120296. https://doi.org/10.1098/ rstb.2012.0296 10 Creese A, Washington R and R. Jones (2019) Climate change in the Congo Basin: processes related to wetting in the December-February dry season, Climate Dynamics, https://doi.org/10.1007/s00382-019-04728-x 11 IMPACT est un modèle développé à l'IFPRI (International Food Policy Research Institute). 19 Institute), suggère en effet que le paysage agroéconomique va changer sous les effets du changement climatique, entrainant des pertes de rendement pour certaines cultures et des augmentations de rendement d'autres cultures. IMPACT est un modèle intégré qui relie les informations provenant de modèles climatiques, de modèles de simulation de cultures et de modèles hydrologiques à un modèle multi-marchés global centré sur le secteur agricole. Pour estimer l’impact du changement climatique sur la production et le commerce agricole à l'échelle mondiale, IMPACT simule un scénario de changement climatique jusqu’à 2050. Le scénario « changement climatique » (CC) correspond à la moyenne de cinq simulations du modèle IMPACT, chacune forcée par un modèle climatique global différent. Un scénario « pas de changement climatique » (No-CC) maintient les conditions climatiques constantes au niveau de 2005 pour établir un point de comparaison. Un scénario changement climatique correspond à un scénario d’émissions de gaz à effet de serre cohérents établis par les travaux du GIEC et les scénarios RCP (Representative Concentration Pathways). Les scénarios CC et No-CC intègrent des scénarios d'évolution socio-économiques SSP (Shared Socioeconomic Pathways) basés sur différentes hypothèses concernant la croissance démographique, la croissance du PIB, l’évolution des marchés et politiques mondiales ainsi que les investissements généraux en recherche et développement dans l'agriculture. Les résultats de ces scénarios sont basés sur des modèles prédictifs et non pas définitifs. Dans le cas du Congo ou les modèles climatiques sont encore à perfectionner, la confiance est mesurée et les résultats permettent de dégager les tendances fortes plutôt que des chiffres exacts. Pour tester la fiabilité de ces scénarios d'évolution, nous avons comparé les données de production totale modélisées par IMPACT pour 2015 (après 10 ans de simulation) avec les données réelles de la FAO de 2013. Les résultats présentés dans les tableaux 18 à 20 de l'Annexe A-4 montrent un bon accord entre les données modélisées et observées. Les scientifiques du GIEC ont défini ex ante des profils d’évolution de concentration de gaz à effet de serre, d'ozone et de précurseurs des aérosols représentatifs d’un accroissement du bilan énergétique : les RCPs (Representative Concentration Pathways). Ils sont décrits sur la figure 10. Figure 10 Description des scénarios RCPs À partir de ces profils de référence, les équipes travaillent simultanément et en parallèle : les climatologues produisent des projections climatiques utilisant les RCPs comme entrée, tandis que les sociologues et les économistes élaborent des scénarios SSPs débouchant, en sortie, sur des émissions de gaz à effet de serre cohérents avec les RCPs (cf figure 11b). Robinson S. et al (2015) The International Model for Policy Analysis of Agricultural Commodities and Trade (IMPACT): Model description for version 3. IFPRI Discussion Paper 1483. Washington, D.C.: International Food Policy Research Institute (IFPRI). http://ebrary.ifpri.org/cdm/ref/collection/p15738coll2/id/129825 20 (b) Figure 11 (a) Changement de la température moyenne globale lié aux RCPs, (b) Elaboration en parallèle des scénarios climatiques. Aujourd'hui en 2020, la tendance actuelle d'émissions de gaz à effets de serre suit la trajectoire du scénario RCP8.5, dénommée « pessimiste » et qui conduit à une élévation moyenne de 4,5°C à la surface de la Terre en 2100. La limite des 2°C de réchauffement global pourrait être respectée avec la trajectoire du scénario RCP2.6 (cf figure 11a) et est considérée comme très improbable par les experts du GIEC. Les scénarios socio-économiques SSPs (Shared Socioeconomic Pathways) sont des scénarios de développement mondial définis par le GIEC (2014). Ils présentent diverses caractéristiques de développement socio-économique et diverses stratégies d’adaptation et d’atténuation. Chaque scénario a reçu un nom évocateur pour décrire le chemin de développement que le monde pourrait emprunter et comment ce chemin affecterait la capacité de la société à faire face au changement climatique (cf tableau 4). Les SSPs sont des scénarios futurs qui incluent des éléments quantitatifs tels que la population, l'urbanisation, le taux de changement technologique, le revenu, l'indice de développement humain, la répartition du revenu, etc. La Figure12 montre comment les cinq SSPs ont été envisagés en fonction de la capacité de la société à faire face au changement climatique. Tableau 4 – Scénarios SSP Scénario Description SSP1 Durabilité - Prendre la route verte Décrit un monde marqué par une forte coopération internationale, donnant la priorité au développement durable. La gestion des communs progresse, l’accès à l’éducation et la santé s’améliorent, la transition démographique s’accélère et l’économie s’oriente vers une prise en compte plus large du bien-être humain. SSP2 Modéré Décrit un monde caractérisé par la poursuite des tendances actuelles. Le développement et les revenus évoluent de manière inégale ; les institutions nationales et internationales font des progrès lents pour atteindre les objectifs du développement durable ; les écosystèmes se dégradent même si certains progrès sont observés et que la pression globale sur les ressources et l’énergie diminue ; la croissance démographique est modérée et commence à diminuer en 2050. SSP3 Rivalités régionales - Un chemin accidenté Dépeint un monde fragmenté affecté par la compétition entre pays, une croissance économique lente, des politiques orientées vers la sécurité et la production industrielle et peu soucieuses de l'environnement. SSP4 Inégalités - Des chemins divisés Dépeint un monde marqué par de grandes inégalités entre pays et en leur sein. Une minorité y serait responsable de l’essentiel des émissions de GES, ce qui rend les politiques d’atténuation plus facil es à mettre en place tandis que la plus grande partie de la population resterait pauvre et vulnérable au changement climatique. 21 Scénario Description SSP5 Développement basé sur les énergies fossiles - La voie rapide Décrit un monde qui se concentre sur un développement traditionnel et rapide des pays en voie de développement, fondé sur une forte consommation d’énergie et des technologies émettrices de carbone ; la hausse du niveau de vie permettrait d’augmenter la capacité d’adaptation, notamment grâce au recul de l’extrême pauvreté. Figure 12 Les cinq scénarios SSP répartis selon le défi socio-économique pour l’adaptation et pour l’atténuation (d’après A Nigell et al.). Figure 13 Correspondance entre les scénarios socio-économiques SSP et les scénarios climatiques RCP. Source : GIEC 22 Dans le cadre de ce travail, les scénarios SSP2 et RCP 8.5 ont été utilisés car ce sont les seuls disponibles pour le Congo12.SSP 2 est un scénario dit « modéré » qui décrit un monde caractérisé par la poursuite des tendances actuelles : le développement et les revenus évoluent de manière inégale ; les institutions nationales et internationales font des progrès lents pour atteindre les objectifs du développement durable ; les écosystèmes se dégradent même si certains progrès sont observés et que la pression globale sur les ressources et l’énergie diminue ; la croissance démographique est modérée et commence à diminuer en 2050. RCP 8.5 est le scénario d’ émissions de gaz à effet de serre dit « pessimiste » mais le plus proche des tendances actuelles et celui privilégié par la communauté scientifique. Une fois encore, le peu de scénarios disponibles pour le pays plaide pour le développement de la recherche scientifique (nationale et internationale) sur ces sujets. Figure 14 Impact du Changement Climatique sur l'agriculture dans la trajectoire « poursuite des tendances actuelles sans adaptation au CC » correspondant au scénario socio-économique SSP2 du GIEC. Pour cela, deux scénarios du modèle avec et sans changement climatique sont évalués et comparés, ce qui permet d’isoler et estimer l’impact du changement climatique sur l'agriculture au Congo dans la trajectoire « poursuite des tendances actuelles sans adaptation au CC ». Concrètement, l’évolution des rendements obtenue pour un scénario avec changement climatique (RCP 8.5) est comparée à l’évolution des rendements obtenue pour un scénario sans changement climatique (c’est -à-dire en maintenant les paramètres climatiques stables au cours du temps). Cette comparaison est une différence en point de pourcentage de l’évolution des rendements entre les deux scénarios (tableaux4 à 6). Les différences en point de pourcentage représentent l’écart de rendements agricoles dû au changement climatique par rapport au potentiel de rendements espérés sans changement climatique. Une explication détaillée de la notion de différence en point de pourcentage est donnée dans l'annexe A-7. Ces différences sont estimées entre les projections pour 2030 et 2050 et les valeurs actuelles de 2020. Les différences en point de pourcentage liées au changement climatique (comparé à l'absence de changement climatique) sur le rendement des cultures et sur les superficies cultivées sont présentées pour les cultures pluviales et irriguées dans les tableaux 4 et5, respectivement, et pour l'élevage dans le tableau 6. Selon ces scénarios, le changement climatique impacte directement la diminution ou l'augmentation de l'évolution du rendement des cultures au Congo, Les tableaux (5 à 7) ci-dessus montrent que le changement climatique et les émissions élevées de gaz à effet de serre du scénario RCP8.5 entraînent des modifications importantes du rendement et des aires de production. Entre 2020 et 2050, l'évolution des rendements avec CC de la majorité des cultures est réduite de 6 à 18 points de pourcentage par rapport à l'évolution des rendements sans CC. Celui-ci modifie la productivité des cultures par les changements des températures et des précipitations. Il impacte également les cultures irriguées en modifiant la disponibilité en eau dans le bassin versant, où la culture étudiée est en concurrence avec d'autres cultures. Les processus économiques et politiques interviennent également avec le prix du marché pour la culture ainsi que dans la possibilité d'inclure de nouvelles 12Les scénarios RCP 4.5 et 8.5 sont classiquement utilisés dans les exercices de projection, mais dans le cas du Congo, les données ne sont pas disponibles pour RCP 4.5. A noter que le RCP 8.5 est le plus proche des tendances actuelles et est privilégié par les scientifiques. 23 technologies et des variétés adaptées à la sécheresse ou à la chaleur. Le changement climatique impacte également indirectement la diminution ou l'augmentation de l'évolution des surfaces cultivées au Congo. Plusieurs facteurs interviennent prioritairement, comme l'évolution de l'utilisation des terres, le revenu marginal produit par la culture, le prix de la terre et les tendances exogènes d'aire cultivée (liées à des programmes du gouvernement, diminution des terres dues à la dégradation des sols, conversion de terres agricoles en terres non agricoles, etc.). Ils intègrent des processus économiques et politiques au niveau national et mondial. Le seul impact climatique direct se trouve dans l'évaluation du revenu marginal produit par la culture. Tableau 5 à 7 – Impacts du changement climatique sur les rendements, aires de production et nombre d’animaux du Congo (source : Kinomé, 2019) Tableau 5 - Cultures pluviales Tableau 6- Cultures irriguées Tableau 7- Elevage Légende des couleurs : Variations en points de pourcentage, allant d’une baisse des indicateurs suivis suite au CC (bleu – situation défavorable), vers une hausse de ces derniers avec CC (rouge – situation favorable) Légende : COT = Commodités, CER = Céréales, R&T = Racines et tubercules, F&L= Fruits et légumes Les cultures les plus affectées par le changement climatique sont les légumes, le maïs et la banane plantain qui sont particulièrement sensibles aux ressources en eau (de l’ordre de -10% à -15% en point de pourcentage). Des cultures plus rustiques comme la pomme de terre et le manioc sont un peu moins affectées et observent des différences de rendement en point de pourcentage de l’ordre de - 6%. A l'opposé, le changement climatique est bénéfique à la culture du riz au Congo selon le modèle, avec une augmentation de 15 % de l'évolution de son rendement et une augmentation de l'évolution de la surface potentiellement cultivable de 9 % liés au changement climatique entre 2020 et 2050. L'élevage est peu impacté par le changement climatique. Le changement climatique déjà ressenti et qui va s’intensifier au Congo se caractérise par une augmentation de température et une modification du régime de précipitations. Les ressources en eau sont affectées par ces changements de répartition des pluies au cours de l'année (avec des tendances différentes entre le Nord et le Sud du pays) ainsi que par l’augmentation des évènements extrêmes : épisodes de sécheresse pendant la saison des pluies et épisodes de pluies intenses. La disponibilité importante de l’eau dans tout le pays et l’agriculture pluviale qui en découle conduit à une fragilité importante du secteur agricole face aux changements de régimes pluviométriques dans le cadre du changement climatique. Bien que reposant en grande partie sur les ressources pétrolières (57 % du PIB en 2013), l’économie congolaise dispose d’un fort potentiel agricole à développer et la relance d’une dynamique agricole et agro-industrielle fait partie des volontés claires du gouvernement. Il s’agira de privilégier le développement des cultures les plus adaptées localement dans le contexte du CC. Les cultures les plus affectées par le CC sont les légumes, le maïs et la banane plantain, particulièrement sensibles 24 aux ressources en eau. Des cultures plus rustiques comme la pomme de terre et le manioc sont un peu moins affectées. A l'opposé, le CC est bénéfique à la culture du riz au Congo. Vulnérabilités et opportunités liées au changement climatique Vulnérabilités A l’échelle du pays, le manque de connaissance et de conscience des enjeux climatiques notamment au sein de la population urbaine et de la population agricole est un facteur aggravant de vulnérabilité au changement climatique en tant que frein au développement de pratiques et politiques adaptées. L’engagement important des décisionnaires du pays pour le secteur agricole lors de la construction de ce plan et l’intégration des nouvelles connaissances qui en sont issues est un marqueur positif de l’intégration des enjeux climatiques au niveau politique au Congo. Les projets d’investissements présentés ci-dessous prennent tous en compte la construction et la diffusion de connaissances liées au climat pour les pratiques et les décisions politiques et agricoles. La pauvreté des populations rurales et la faiblesse générale des exploitations agricoles du pays (accès au foncier insécurisé, accès aux financements difficiles, manque d’infrastructures et de chaines de valeurs, etc.) en fait des cibles particulièrement vulnérables au changement climatique par leur manque de capacité à s’adapter : achat de semences adaptées, accès à des connaissances et nouvelles pratiques résilientes, investissements, etc. L’exode rural que connait le Congo depuis quelques décennies est un risque supplémentaire d’affaiblissement des populations agricoles du pays. La dégradation des conditions environnementales et en particuliers de certaines zones ayant des fonctions régulatrices (cycles de l’eau et du carbone, biodiversité, etc.) ou de protection contre les évènements climatiques intenses comme les forêts, les zones humides ou les zones côtières est un facteur de vulnérabilité climatique supplémentaire. La préservation des forêts comme volonté politique est donc une priorité non seulement pour les objectifs d’atténuation du changement climatique du pays mais aussi pour maintenir les capacités naturelles de résilience des écosystèmes. Le développement d’une agriculture plus économe en ressources naturelles et moins pressante sur les écosystèmes telle que présentée dans ce plan doit donc aller de pair avec des actions juridiques et opérationnelles de protection et préservation de l’environnement. Parmi les vulnérabilités potentielles, le genre doit être considéré comme un élément stratégique de tout projet d’investissement climatique et agricole. Les femmes font partie des populations les plus démunies (pour l’accès à l’éducation, au foncier, aux investissements) et sont à fortiori les plus vulnérables et doivent être les bénéficiaires prioritaires des investissements du pays pour faire face au changement climatique. Les femmes apportent pourtant une contribution active et importante à l’adaptation aux changements climatiques en fonction de leurs connaissances locales, compétences et capital social (Agriculture Global Practice 2015). Les femmes représentent plus de la moitié du potentiel productif et de la force de travail du continent. Elles consacrent également beaucoup plus de temps au travail que les hommes. Les récents travaux de recherche présentés au cours d’un séminaire organisé à Paris par le Programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du GCRAI, le Conseil international des sciences sociales (CISS) et Future Earth ont débouché sur les cinq recommandations clés suivantes visant à soutenir les femmes agriculteurs dans le contexte des changements climatiques13 : • les nouvelles technologies et pratiques en matière de changements climatiques seront adoptées avec plus de succès si elles correspondent aux intérêts, aux ressources et aux demandes des femmes; • les services de vulgarisation et d’information sur le climat doivent profiter tant aux femmes qu’aux hommes; • les institutions doivent tenir compte des priorités des femmes et renforcer leur capacité d’adaptation; 13 Sophia Huyer, Jennifer Twyman, Manon Koningstein, Jacqueline Ashby, and Sonja Vermeulen (2015) -Supporting women farmers in achanging climate: five policy lessons 25 • la capacité des femmes en tant qu’agricultrices et innovatrices doit être reconnue et soutenue; • les processus des politiques climatiques doivent aller au-delà de la représentation numérique des femmes pour créer des mécanism es actifs leur permettant d’exprimer leurs opinions, de prendre des initiatives et d’influencer les décisions. La sous-représentation du genre féminin lors des ateliers de consultation et de construction du Pl- AIC, c'est-à-dire sa sous-représentation au niveau des organes de décision du secteur agricole a été relevée par les parties prenantes nationales. Ainsi, au niveau du plan d’investissement AIC, le genre est pris en compte à trois niveaux : • au niveau des projets, en considérant systématiquement le genre au sein des activités dès les études de faisabilité et en assurant l’engagement de toutes les parties prenantes y compris les bénéficiaires • en soutenant la construction d’un environnement favorable au niveau national, notamment l’équilibre du genre chez les points focaux et les équipes de coordination de projet • au niveau sectoriel, en participant à la construction du cadre stratégique et évaluatif nécessaire dans le processus de suivi-évaluation et en contribuant à fournir des données désagrégées de qualité sur le sujet. Opportunités Le changement climatique en cours à l’échelle globale offre l’opportunité pour le Congo de se positionner comme un acteur majeur de l’atténuation du changement climatique et comme un modèle pour le développement de son secteur agricole. En effet, la présence des forêts sur plus de 60% du territoire permet au pays d’être un contributeur positif sur le marché de la compensation carbone. De plus, la faible densité de population du pays qui maintient une pression relativement faible (comparée à d’autres pays) sur les ressources naturelles et l’état peu développé du secteur agricole permet un plus large choix pour orienter positivement les décisions politiques du pays sur le sujet. De plus, l’analyse des impacts du changement climatique sur le secteur agricole montre des effets négatifs sur presque toutes les cultures du pays mais suggère aussi que certaines cultures devraient profiter de ces changements. C’est en particulier le cas du riz dont le modèle prédit une augmentation du rendement en point de pourcentage de 15 % ainsi qu’une augmentation des surfaces favorables à sa culture. Le plan d’investissement saisit ces « opportunités climatiques » pour valoriser des filières adaptées, comme la filière riz promue dans le projet 3. Le riz fait partie des denrées alimentaires les plus importées (25 millions de dollars cf. tableau 3), le bénéfice est double car le développement de la filière renforce l’autonomie alimentaire du pays et son indépendance vis-à-vis des importations. De manière générale, les investissements qui améliorent la productivité des principales cultures, anticipent la transition et l’utilisation des cultures et des terres et facilitent l’adaptation durable à long terme permettent d’aliment er la croissance économique, de réduire la dépendance des importations et de diminuer l’empreinte carbone liée aux coûts du transport des produits alimentaires. Les « opportunités climatiques » soulèvent encore le besoin de renforcer les modèles climatiques existants pour diminuer l’incertitude intrinsèque au travail de prédiction climatique et appuyer avec le plus de précision possibles les décisions du pays, des investisseurs, et des responsables agricoles. Comme il est souligné dans la section précédente, le manque de données et de scénarios du GIEC disponibles pour la République du Congo conduit à donner un degré de confiance élevé pour l’évolution des températures mais plus faible pour l’évolution des précipitations. Aussi la construction de modèles climatiques spécifiques au pays d’une part et d’un cadre pour la pérennité de la recherche sur le sujet d’autre part sont des éléments indispensables pour évaluer et diminuer l’incertitude au cours du temps aussi bien pour la météo que pour le climat. 26 I.3. Justification et cadre institutionnel du Plan d’Investissement climato-résilient Face aux enjeux du changement climatique en Afrique, l’Initiative d’Adaptation de l’Agriculture Africaine (AAA) a été lancée par le gouvernement marocain lors de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) de la 21ème Conférence des Parties (COP21, 2016) à Marrakech, au Maroc. Cette initiative met en évidence les investissements nécessaires pour aider les pays africains à faire face aux risques que les changements climatiques font peser sur l’agriculture et à mieux se positionner pour faire face à l’augmentation des températures et des précipitations incertaines dans l’avenir. Les Etats participants à la CCNUCC ont par ailleurs défini leur Contribution Déterminée au Niveau national (CDN), contribution pour atteindre leurs objectifs climatiques tout en améliorant le développement durable. La République du Congo est impliquée dans un effort panafricain coordonné par la Banque Mondiale dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA)et de l’initiative AAA pour développer son Plan d’Investissement national pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC). Ce plan est directement en lien avec l’engagement de la CDN du pays caractérisé par sa stratégie REDD+, et son Programme National d'Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN). Le PIAIC utilise un cadre et des processus établis et se base sur les programmes, les politiques et les plans stratégiques congolais existants et le travail de nombreuses institutions locales, nationales, régionales et internationales. D’autres pays ont également élaboré leur PIAC, comme le Maroc (2018), le Mali (2019), la Zambie (2019), la Côte d’Ivoire (2019), le Ghana (2016), le Burkina Faso et le Cameroun (2019). La stratégie gouvernementale claire de redynamisation de l’agriculture Le projet de société du Président de la République du Congo 2016-2021, « La marche vers le développement », a défini l’agriculture comme l’un des piliers des axes stratégiques de développement du pays et la de diversification de son économie, notamment par l’organisation et l’intégration des filières agricoles et agro -industrielles. La République du Congo, après avoir ratifié les engagements au sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Union Africaine (UA) de Juin 2003 à Maputo (Mozambique) a ainsi initié le processus de mise en œuvre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) en 2010.Dans ce cadre, le gouvernement congolais a adopté, le 6 juillet 2018, le Plan National de Développement 2018-2022 (PND 2018-2022). Ce plan qui s'articule autour de deux axes prioritaires, vise la mise en œuvre de projets structu rants, pour atteindre l’émergence du pays. Le second axe prioritaire relatif à la diversification de l’économie congolaise concerne en premier lieu l’agriculture, à travers les filières vivrières (manioc), les productions fruitières (banane et plantain), les productions maraîchères péri-urbaines et les cultures de rente (cacao, hévéa, palmier à huile). La déclaration de Malabo en 2014 dans le cadre du PDDAA a ouvert la voie à l'élaboration du Programme National d'Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN) mis à jour en 2016. Le PNIASAN a pour objectif général de promouvoir une croissance du secteur agricole et rural qui puisse contribuer à une réduction rapide et significative de la pauvreté, un recul de la faim et à l’acc roissement des revenus agricoles et non agricoles. Le volet climatique et le lien agriculture-climat est évoqué dans le sous-programme 3.3 « Développement des mesures d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques et inversion de la dégradation des milieux naturels »aborde les enjeux climatiques par l’appui à la mise en place de systèmes agro forestiers plus résilients (composante 3.3.1), des me sures d’accompagnement du processus REDD+ (composante 3.3.2), la création des centres agro météorologiques (composante 3.3.2), et la mise en place des mécanismes de surveillance et de prévention des risques climatiques (composante 3.3.2). Le PIAIC est construit sur la base de ces priorités, et donc participe à la réalisation du sous-programme 3.3 du PNIASAN. Dans la perspective d’un accroissement significatif de la production alimentaire nationale, le gouvernement se préoccupe d’améliorer progressivement ses allocations budgétaires à l’agriculture. Cette vision montre l’engagement du gouvernement à relancer un secteur agricole abandonné par les politiques publiques depuis plusieurs décennies. Toutefois, un effort notable devrait être consenti pour atteindre l’objectif de financer le secteur agricole à hauteur de 10%, ainsi que le prévoit la déclaration de Malabo, à laquelle s’ambitionne de s’arrimer le PND 2018 -2022. 27 La volonté du gouvernement de relancer une dynamique agricole et agro-industrielle est désormais claire. En effet, il s’est engagé à mettre en place un nouveau cadre juridique et institutionnel et un nouveau mécanisme de financement de l’agriculture basé sur l’allocation des crédits de proximité, la gestion des risques en agriculture incluant la protection sociale des producteurs et la promotion de l’entreprenariat. Le secteur reste marqué par le contexte national post-conflit qui se traduit par le délabrement des infrastructures au niveau des Directions Départementales de l’Agriculture et de l’Elevage et de la Pêche, leur sous-équipement, leur sous-effectif. Ces éléments sont des défis majeurs qui entravent la relance rapide du secteur. Les partenaires institutionnels techniques et financiers (Banque mondiale, FAO, AFD, etc.) soutiennent cet engagement et accompagnent la transformation du secteur à travers des projets transverses et transformateurs en favorisant les partenariats publics-privés. Les engagements climat du Congo La Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN) de la République du Congo priorise le secteur agricole au sein de la stratégie de développement d’une « économie verte ». L’ensemble des activités sur les secteurs doivent permettre au moins 48 % de réduction des émissions par rapport au scénario de développement non maîtrisé (tendanciel) en 2025 et de 55 % en 2035 en atténuant les émissions de GES dues aux secteurs de l’énergie et la lutte contre la déforestation non planifiée ; et en renforcer le potentiel de séquestration du carbone par les forêts. En effet, les études d'inventaire des GES réalisées en 2001et 2008 (pour la rédaction de la Seconde Communication Nationale de la République du Congo de 2009) ont montré que les émissions des GES sont largement atténuées par la capacité de séquestration des forêts congolaises. La déforestation, dont l’une des premières causes est l’extension de l’agriculture, représente 81 % des émissions du pays. Face aux enjeux de relocalisation de l’agriculture et inscrit dans la dynamique des CDN, il est proposé de mettre en valeur 50% des savanes dans le cadre de partenariats privés-coopératives agricoles pour la production de denrées vivrières (manioc, arachide, patate douce, pomme de terre, banane, plantain, igname, riz, viandes, huile de palme, maïs) mais également des denrées d’exportation ou d’aliments pour le bétail (soja, pellets). L’agroforesterie et l’agroécologie (légumineuses, techniques sylvopastorales, etc.) sont les véhicules identifiés pour parvenir à cet objectif d’agriculture de savane en parallèle de modes de gouvernance permettant une maîtrise du foncier. Le développement de la filière cacao congolaise est soutenue par l’AFD dans le cadre du projet d’appui à la relance de l’agriculture (PARSA). Dans ses CDN soumises à la CCNUCC en 2015, la République du Congo ambitionne de réduire ses émissions de 48% d’ici à 2025 et 55% d’ici à 2035. Si le secteur de l’énergie concentre ses efforts, l’agriculture est également un secteur stratégique. L e PIAIC, aligné avec le PNIASAN, constitue une réponse concrète aux efforts de réduction d’émissions du secteur agricole mentionnés dans les CDN 2015 (mise en valeur des savanes, diffusion de techniques agricoles telles que l’agroforesterie, etc.). En termes d’adaptation aux changements climatiques, l’agriculture constitue un des secteurs vulnérables prioritaires des CDN. Le PIAIC propose des projets pour renforcer la résilience des systèmes productifs agricoles. Depuis 2019, le Congo est engagé dans un processus de révision de ses CDN, et, en parallèle, d’élaboration de sa troisième communication nationale. Le PIAIC va nourrir ce processus et sera partagé dans le cadre du comité national sur les changements climatiques (CNCC), l’organe interministériel chargé du suivi des engagements climat du Congo. Les impacts du changement climatique sur le secteur agricole seront présentés au groupe de travail vulnérabilité, afin de mettre en lumière les risques climatiques subis par le Congo. Le processus participatif d’identification et de priorisation des options d’investissement dans l’AIC sera également présenté dans le cadre du CNCC car il pourra inspirer les autres secteurs prioritaires des CDN, qui n’ont pas encore un tel document structurant. In fine, le PIAIC constitue une solide base de travail pour la révision des CDN du Congo qui seront présentées à la COP26 à Glasgow. Le processus REDD+ Depuis 2008, la République du Congo s’est engagée dans le processus de REDD+ (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, conservation de la biodiversité, gestion durable des forêts et l'accroissement des stocks de carbone forestier), afin de (i) contribuer à 28 la lutte contre les changements climatiques, (ii) préserver ses écosystèmes forestiers, (iii) lutter contre la pauvreté et (iii) asseoir les bases d’une économie verte et du développement durable du pays en vue d’une émergence en 2025. La stratégie nationale REDD+ a été rédigée à ce titre en 2018et possède un axe stratégique dédié à l’amélioration des systèmes agricoles. La stratégie pour le secteur agricole vise à diminuer les pressions sur la ressource forestière et augmenter la production agricole en vue de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’amélioration des revenus ruraux en minimisant les impacts sur les espaces forestiers. Afin que des pratiques agricoles durables soient mises en place, que la productivité soit améliorée et que les savanes soient valorisées, la REDD+ s’appuie sur les considérations suivantes : • La politique, loi agricole et ses textes d’application sont élaborés, publiés et vulgarisés • Les pratiques agricoles durables sont développées et la productivité est intensifiée pour le manioc, la banane et le cacao • L’agro-industrie est développée en savane • Les capacités de l’administration et autres institutions pertinentes sont renforcées I.4. Objectifs de l’Agriculture climato-résiliente L’Agriculture intelligente face au climat (AIC) ou Agriculture climato -résiliente est « l’agriculture qui augmente durablement la productivité et la résilience (adaptation), réduit/élimine les GES (atténuation) dans la mesure du possible et améliore la réalisation des objectifs nationaux de sécurité alimentaire et de développement » selon la FAO. L’AIC identifie la sécurité alimentaire et le développement comme l’objectif principal (FAO 2013 ; Lipper et al. 2014)et la productivité, l’adaptation et l’a tténuation comme les trois piliers interdépendants nécessaires pour atteindre ces objectifs présentés sur la figure15 et détaillés ci- dessous. L’AIC contribue à améliorer la sécurité alimentaire pour les populations pauvres et marginalisées, tout en réduisant le gaspillage alimentaire à l’échelle mondiale. Les méthodes de construction et analyse AIC ont été élaborées par le CGIAR et sont présentées ci-dessous et en annexe A-1. Figure 15 Les trois piliers de l'Agriculture Intelligente Face au Climat Les interventions AIC sont spécifiques intégrées et multi-entrées. Elles comprennent : • les pratiques, qui sont une gamme d’activités et de technologies d’agriculture intelligente 29 face au climat (gestion des sols, agroforesterie, semences adaptées, etc.); • les approches systémiques qui intègrent différentes perspectives de systèmes, notamment les paysages et les écosystèmes, ainsi que les chaînes de valeur; • les environnements propices qui sont les conditions-cadres (gouvernance, systèmes d’information, assurances, etc.) qui facilitent et favorisent l’adoption de technologies et de pratiques intelligentes face au climat et la réalisation d’une AIC. 30 II. Priorisation et analyse des interventions pour l’Agriculture Intelligente face au Climat Analyse de la situation La première étape de ce travail a consisté en une analyse de la situation du secteur agricole par recherche bibliographique et concertation d’acteurs terrain, permettant de réaliser l’état des lieux des impacts du changement climatique sur l’agriculture et de l’agriculture sur le climat, du contexte politique, socio-économique et environnemental, des initiatives d’AIC en cours et des vulnérabilités et menaces climatiques spécifiques au Congo. Ces recherches bibliographiques ont été couplées à des ateliers participatifs qui ont permis d’intégrer la vision des parties prenantes pour la priorisation des investissements de l’AIC. Identification des options d’AIC Un atelier participatif s’est tenu le11 octobre 2019 à Brazzaville (résumé en annexe A -12). Inauguré par Mr le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, il a permis, après restitution de l’analyse climatique, de faire émerger des propositions de réponses aux besoins, les défis et gaps du pays pour la réalisation d’une Agriculture Intellige nte face au Climat. La compilation du travail collectif de ce premier atelier a permis l’élaboration d’une longue liste d’options de projets. L’analyse de ces options à la lumière de critères objectifs spécifiques à la productivité, la résilience, l’atténuation et la faisabilité a permis d’identifier au sein de cette liste de priorités quelques options plus précises (liste courte) à transformer comme concepts de projet pour démontrer la pertinence de l’AIC dans le cadre du Congo. Priorisation des options d’investissements Un second atelier du 13-14-15 novembre 2019, dit « atelier d’expert » (résumé en annexe A-12) a permis dans un premier temps de valider cette ‘liste courte’. Cette liste courte a été validée par Mr le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Dans un second temps, l’atelier a permis de développer ces options en concepts de projet pour le développement de l’agriculture climato - intelligente en République du Congo. Développement des projets Chacun des projets a ensuite été développé et évalué selon une méthode systématique : contexte et justification du projet ; construction des objectifs et des composantes ; dimensionnement des activités et du budget ; analyse climato-intelligente et évaluation des risques ; et analyse préliminaire coût-bénéfices (voir Annexe A-9). Validation et consolidation des projets Un dernier atelier le 20 décembre 2019 (liste des participants en annexe A-17) a permis la présentation des avancées du travail réalisé et la consolidation des projets d'invest issements à partir d’apports des parties prenantes congolaises. Cet atelier a été introduit par Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, et par Mr le représentant de la Fondation AAA. L’intégration de ces retours a donné lieu aux notes de concepts présentes dans ce rapport. Ces étapes de l’élaboration du PIAIC sont représentées dans la figure 16ci -dessous et repris en détail en Annexe A-10. 31 Figure 16 Construction du Plan d'Investissement d'une Agriculture Intelligente face au Climat 32 III. Projets d’investissement prioritaires pour l’AIC Comme expliqué le chapitre précédent, les 22 options d’investissements AIC issues de la consultation des parties prenantes d’octobre 2019 ont été priorisées et reformulées afin d’obtenir six projets d’investissements prioritaires. Ces six projets ont été développés par des experts pour obtenir des concepts de projets présentés dans ce chapitre. Ainsi, pour chaque projet, une synthèse est présentée puis la stratégie d’intervention, les composantes et le budget estimatif sont décrits. Le détail des projets (composantes, budgets, analyse économique et environnementale) se trouve en annexe -du document (A-11à A-16). 1 2 DÉVELOPPEMENT DE SYSTÈMES AMELIORATION DE LA FERTILITÉ DES AGROFORESTIERS RESILIENTS POUR SOLS ET DE LA FERTILISATION DES LE MANIOC, LE MA�S ET LA BANANE CULTURES Recherche et diffusion d’information de Recherche et diffusion des pratiques gestion des sols agroforestières Renforcement de capacité des producteurs Augmentation de la productivité agricole grâce à ces pratiques ~20 k ~16 000 MFCFA ~108 k ~23 950 MFCFA 3 4 AMELIORATION DE LA GESTION DES ACCES AUX PRODUITS, SERVICES ET RESOURCES EN EAU L’IRRIGATION ET INFRASTRUCTURES POUR DES DE L’AQUACULTURE FILIERES VIVRIERES RESILIENTES Renforcement des capacités de Aménagement d’infrastructures production/diffusion des semences adaptées Renforcement de capacité et Amélioration de l’accès aux financements et à amélioration de la gouvernance la commercialisation Développement de l’aquaculture ~10 k ~36 000 MFCFA ~10 k ~17 500 MFCFA 5 6 AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE DEVELOPPEMENT D’UN SYSTÈME ET LA RESILIENCE DE L’AGRICULTURE D’INFORMATION ET D’ALERTE AGRO- EN SAVANE METEOROLOGIQUE Renforcement des capacités techniques Modélisation du climat Promotion de l’entrepreneuriat Produits et services à base de données agro- Développement de l’agro-industrie en savane climatiques (cacao – huile de palme) Renforcement de capacités ~2 k ~31 000 MFCFA ~50 k ~25 000 MFCFA L’approche adoptée : TOTAL - Participative : expertise congolaise mobilisée 149 milliards FCFA - Alignement avec les priorités nationales Plus de 155 K bénéficiaires (PNIASAN, CDN) 33 III.1. Projet 1 : Développement de systèmes agroforestiers résilients pour le manioc, maïs et bananes Titre du projet Développement de systèmes agroforestiers résilients pour le manioc, maïs et bananes Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP Partenaires CIRAD, ENSAF, IRA, IRF, IRD, KINOME Contribution au PNIASAN, PNIASAN : Composante 3.3.1 du sous-programme 3.3 à la CDN et au REDD+ CDN : Volet atténuation (lutte contre la déforestation non planifiée et renforcement du potentiel de séquestration du carbone), volet adaptation (protection de l’agriculture) REDD+ : Axe stratégique 3 (amélioration des systèmes agricoles) Objectif général Développer et promouvoir des modèles agroforestiers résilients, productifs et performants économiquement pour les petits producteurs Objectifs spécifiques : • Améliorer la productivité des sols et des rendements agricoles ; • Améliorer et diversifier les revenus des producteurs ; • Contribuer à l’accroissement des stocks de carbone ; • Contribuer à la réduction des pressions sur les forêts galeries et autres formations forestières naturelles ; • Restaurer les terres et les forêts dégradées. Bénéficiaires 20.000 producteurs (8000 dans le Pool, 4200 dans la Bouenza et le Niari, et 7200 dans la Sangha et la Likouala) Zones d’intervention du Recherche et dissémination : échelle nationale avec centres de projet recherche-action dans la Bouenza et Cuvette Ouest Essais culturaux : 14 000 hectares dans le Pool, la Bouenza, le Niari, la Sangha, la Likouala et le nord des cuvettes. Composantes du projet Activités Composante 1 : Activité 1.1 : Renforcement des activités de recherche sur les Renforcement des systèmes agroforestiers capacités sur les Activité 1.2 : Création de centres de recherche-formation en systèmes agroforestiers agroforesterie (ferme-école) Activité 1.3 : Identification, caractérisation et développement les itinéraires techniques climato-intelligents Composante 2 : Diffusion Activité 2.1 : Mise en place des normes techniques et du cadre des pratiques culturales institutionnel durables et itinéraires Activité 2.2: Formation de 60 vulgarisateurs et mise en place de 60 techniques en champs-écoles paysans agroforesterie Activité 2.3 : Suivi-évaluation des parcelles et des pratiques Composante 3 : Activité 3.1 : Mise en place de 8000 hectares de systèmes Accroissement de la agroforestiers manioc dans le Pool productivité agricole et Activité 3.2 : Mise en place de 2400 hectares de systèmes des stocks de carbone agroforestiers maïs dans la Bouenza et le Niari grâce à l’agroforesterie Activité 3.3 : Mise en place de 3600 hectares de systèmes agroforestiers banane dans le Nord forestier (Sangha, Likouala et Nord des Cuvettes) Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 16 000 FCFA) Rentabilité 25% Contributions à Augmentation des rendements : maïs (+68,7%), de la banane (+103%) l’adaptation, à et du manioc (+20,9%). Réduction de 3 à 4,3 millions tC02 eq 34 l’Atténuation et à la Augmentation de la résilience des plantations production 35 III.2. Projet 2 : Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures Titre du projet Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP Partenaires IRA, UMNG, ONG, Société civile et producteurs Contribution au PNIASAN, à PNIASAN : composante 1.5.3 du sous-programme 1.5; sous- la CDN, et au REDD+ programme 4.1 CDN : volets atténuation et adaptation REDD+ : sous-axe 1.3 (amélioration de la gestion du foncier) Objectif général Diffuser les pratiques de gestion durable du sol pour améliorer les rendements agricoles, optimiser la fertilisation et augmenter le stockage de carbone et matière organique Objectifs spécifiques : • Améliorer le niveau de connaissance sur les sols (cartographie) et les capacités d’analyse de la fertilité des sols (0S1) ; • Améliorer l’accès à l’information sur les sols pour la prise de décision agricole et la gestion de la fertilisation (0S2) ; • Renforcer les capacités des producteurs, et notamment des jeunes et des femmes, à travers la création d’un réseau de champs-écoles et de vulgarisateurs formés (0S3) ; • Augmenter le stock de carbone dans les sols, la fertilité des sols et les rendements agricoles par une gestion durable des sols (0S4) ; • Préservation du couvert forestier favorisant la séquestration optimale du carbone (0S5). Bénéficiaires 8 000 producteurs de manière directe Au moins 100k indirectement par la création d’outils et de services à l’échelle national Zones d’intervention et Echelle Nationale superficie du projet Composantes du projet Activités Composante 1 : Activité 1.1 : Etablir la carte de fertilité et statut foncier des sols du Améliorations des pays au km² près connaissances sur les sols Activité 1.2: Identifier les techniques de gestion de fertilité et des et la gestion de la fertilité processus biologiques des sols pour chaque région pédologique et pour optimiser la chaque culture fertilisation Activité 1.3 : Développer des outils, services et produits (amendements, engrais, bio-fertilisants, couverts végétaux) pour gérer la fertilité Composante 2 : Mise en Activité 2.1 : Création et gestion d’un Système d’Information sur les place d’un Système Sols (SIS) d’Informations sur le Sols Activité 2.2 : Accès au grand public et création d’outils d’aide à la (SIS) décision basée sur le SIS (plateforme, canaux de communication, analyse des sols) Composante 3 : Diffusion Activité 3.1: Formation des vulgarisateurs pour un accès plus grand à des informations et des l’information outils d’aide à la décision Activité 3.2 : Organisation de campagne de sensibilisation des producteurs et formation aux outils d’information et aide à la décision, notamment par le réseau de 120 champs-écoles Activité 3.3 : Déploiement de l’association manioc-pois d’angole sur 8000 hectares Composante 4 : Activité 4.1 : Elaboration du cadre institutionnel et développement Renforcement des des cadres de concertation capacités de gestion des Activité 4.2 : Soutien au renforcement des droits de propriété et des sols registres fonciers Activité 4.3 : Suivi-évaluation et capitalisation 36 Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 23 950 FCFA) Rentabilité 26% Contributions à Augmentation des rendements (avec l’association : 25% pour le l’adaptation, l’atténuation manioc) et à la production Réductions d’émissions attendues : stockage carbone + réduction des émissions liées à la déforestation évitée estimée entre 0,87 et 1,2 millions de tonnes de CO2 Adaptation : augmentation de la résilience face aux stress hydriques, températures, amélioration des ressources du sol 37 III.3. Projet 3 : Amélioration de la gestion des ressources en eau, de l’irrigation et de l’aquaculture Titre du projet Amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’irrigation pour le manioc, le riz et l’aquaculture Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP/ FAO / Opérateur privé Partenaires PTF/ FIDA / PAGIRE Contribution au PNIASAN PNIASAN : sous-programme 1.5 et sous-programme 2.2 et à la CDN Objectif général Favoriser la résilience de l’agriculture et l’aquaculture face aux perturbations pluviométriques en renforçant la gestion des ressources en eau, en développant les infrastructures hydroagricoles, et par l’intensification durable de cultures comme le riz Objectifs spécifiques : • Aménager les infrastructures liées à la gestion de l’eau (OS1); • Renforcer les capacités des producteurs (OS2); • Renforcer la gouvernance sur la gestion de l’eau (OS3); • Aménager les fleuves pour les conditions d’aquaculture (OS4) ; • Favoriser la mise en place de systèmes d’intensification durable du riz (SRI) (0S5). Bénéficiaires 10.000 agriculteurs/agricultrices+ 1.000 piscicultrices Zones d’intervention du Pool et Bouenza projet Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1. : Identification des sources d’alimentation en eau et Aménagement des études de faisabilité infrastructures pour la Activité 1.2. : Aménagement ou réhabilitation de 10 périmètres hydro gestion de l’eau agricoles pour la culture du manioc et du riz Activité 1.3 : Diffusion de techniques et matériel de drainage Composante 2 : Activité 2.1 : Identification et formation des producteurs en matière Renforcement de de gestion optimale de l’eau capacités des Activité 2.2. : Distribution des kits d’irrigation (goutte à goutte, producteurs motopompe, pompe à pédale, etc.) et de dispositifs de drainage Composante 3 : Renforcer Activité 3.1 : Revue du cadre institutionnel de la gestion d’eau les capacités de gestion Activité 3.2 : Formation et accompagnement des comités de gestion des ressources en eau des infrastructures d’eau et opérationnalisation Activité 3.3. : Gestion et suivi-évaluation Composante 4 : Activité 4.1 : Etude Filière et identification des sites pour la Aménagement des pisciculture fleuves pour les besoins Activité 4.2 : Aménagement des sites pour la pisciculture et les en aquaculture pêcheries Activité 4.3 : Organisation et formation des groupes de pisciculteurs Activité 4.4 : Appui pour structurer la filière et création d’un centre d’alevinage Coûts et bénéfices du projet Coût total (M FCFA) 36 000 Rentabilité 76% Contributions à Augmentation des rendements : +50% l’adaptation, Résilience à la variabilité des précipitations et aux stress hydriques l’atténuation et à la Entre 4 et 5,4 millions de tCO2 eq évités production 38 III.4. Projet 4 : Développement de l’accès aux produits, services et infrastructures pour des filières vivrières résilientes Titre du projet Développement de l’accès aux produits, services et infrastructures pour des filières vivrières résilientes Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP, Opérateur privé Partenaires IRA, CIRAD, FAO, PAM Contribution au PNIASAN et PNIASAN : sous-programme 1.1 ; sous-programme 4.2 à la CDN CDN : volet adaptation Objectif général Améliorer la productivité et la résilience au changement climatique des principales cultures vivrières du pays à travers l’accès aux produits, services et infrastructures d’appui aux filières vivrières. Objectifs spécifiques : • Renforcer la recherche et diffuser les semences adaptées au changement climatique (OS1) ; • Promouvoir des instruments financiers adaptés aux besoins des producteurs (OS2) ; • Mettre en place des infrastructures de conservation et de conditionnement (OS3). Bénéficiaires 10 000 producteurs Zones d’intervention et 10 000 ha dans le Niari (Dolisie), la Bouenza (Nkayi) et Pointe Noire superficie du projet (Loadjili) Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Appui à la recherche des semences adaptées aux Renforcement des changements climatiques capacités nationales de Activité 1.2 : Appui à la diffusion des semences adaptées et création production et diffusion de de pépinières semences adaptées aux Activité 1.3 : Vulgarisation sur les pratiques agricoles pour les conditions climatiques semences adaptées aux changements climatiques Composante 2 : Accès aux Activité 2.1 : Renforcement des capacités pour développer des semences climato- produits financiers adaptés aux producteurs intelligentes Activité 2.2 : Construction du cadre de réalisation et de suivi Composante 3: Activité 3.1 : Développement de marchés locaux Commercialisation et Activité 3.2 : Organisation des circuits de commercialisation diminution des pertes post- Activité 3.4 : Accès à l’information et aux prix des marchés via des récoltes outils numériques Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 17 500 FCFA) Rentabilité 10% Contributions à Augmentation des rendements : +1,37t/ha de maïs l’adaptation, l’atténuation Augmentation de la résilience des filières vivrières et à la production Entre 2,4 et 3,2 millions tCO2 eq d’émissions évitées 39 III.5. Projet 5 : Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane Titre du projet Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane Durée et échéance 10 ans Agences d’exécution MAEP, Opérateur privé Partenaires IRA, UMNG, FAO, CIRAD, BM, AFD Contribution au CDN : volets atténuation et adaptation PNIASAN, à la CDN et REDD+ : Axe stratégique 3 au REDD+ Objectif général Améliorer la productivité et résilience de l’agriculture en zone de savane. Objectifs spécifiques : • Comprendre les vulnérabilités et opportunités dues au changement climatique pour les zones de savane (OS 1) ; • Maîtriser les itinéraires techniques améliorant les productions en savane • Augmenter la fertilité des sols de savane (OS2) ; • Développer les systèmes de culture agro-forestière en savane (OS3) ; • Préserver les forêts en limitant la pression dues aux activités agricoles (OS4). Bénéficiaires 40 producteurs (cacao et palmiers à huile) + 2 000 producteurs (culture de cacao et de palmiers à huile - élevage) Zones d’intervention Zones de savanes, dans les départements du Niari, de la Bouenza, des du projet plateaux, de la Cuvette, proche de Brazzaville et Pointe-Noire Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Caractérisation des vulnérabilités climatiques pour les Renforcement de zones savanicoles du pays et mise en évidence des opportunités capacités sur les Activité 1.2 : Identification des cultures agricoles et itinéraires techniques de techniques adaptées aux différentes zones production résiliente Activité 1.3 : Suivi-évaluation en zone de savane Composante 2 : Activité 2.1 : Appui à l’entrepreneuriat agricole chez 2000 jeunes et la Favoriser formation en outils de gestion l’entrepreneuriat Activité 2.2 : Sécurisation des droits de propriété foncière pour petites agricole (agriculture- et moyennes exploitations. élevage) en zone de Activité 2.3 : Renforcement de capacités et assistance technique aux savane (Niari et producteurs pour la promotion des systèmes intégrés agriculture- élevage Bouenza) Composante 3 : Activité 3.1 : Déploiement de l’agroforesterie en savane avec 1500ha Développer l’agro- de palme (les Plateaux) et 1500ha de cacao (Cuvette) industrie durable en Activité 3.2 : Installation de 1000 entrepreneurs avec par ménage : 1ha zone de savane de cacao, 1ha de palmier et 1ha pour les cultures vivrières/élevage (total de 3 000ha) Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 31 000 FCFA) Rentabilité 23% au bout de 10 ans Contributions à Augmentation du potentiel de productivité des zones des savanes l’adaptation, Augmentation de la résilience des systèmes agropastoraux en zones l’atténuation et à la hostiles production Entre 1,5 millions t CO2eq stocké/émissions évitées 40 III.6. Projet 6 : Développement d’un système d’information d’alerte agro- météorologique Titre du projet Développement d’un système d’information et d’alerte agro - météorologique Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP/ ANAC Partenaires IRA, UMNG, ANAC Contribution au PNIASAN PNIASAN : Composantes 3.3.3 et 3.3.4 du sous-programme 3.3 et à la CDN CDN : volet adaptation Objectif général Développer les moyens de prévision météorologique et favoriser l’accès à des données agro-climatiques et climatiques exacts et instantanées Objectifs spécifiques : • Réaliser des études climatiques en enrichissant la base de données climatiques observées et modéliser le climat à l’échelle nationale (long terme) (OS1) ; • Produire et analyser les données agro-climatiques à l’échelle régionale (de 1 à 15 jours et saisonnières) (OS2) ; • Développer l’accessibilité de ces données par des produits et services pour les producteurs, en améliorant l’accessibilité pour les femmes (calendriers de culture, etc.) (OS3) ; • Former les producteurs sur l’utilisation de ces produits et services, et spécifiquement les femmes (0S4). Bénéficiaires 50 000, producteurs, dont la moitié de femmes ; Mais aussi : Le Gouvernement ; L’Agence Nationale de l’Aviation Civile ; Les Institutions de Recherche. Zones d’intervention du Echelle nationale projet Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Renforcement de capacités de l’ANAC Modélisation du climat à Activité 1.2 : Collecte des données statistiques en matière de climat l’échelle nationale (stations météorologiques, techniciens) Activité 1.3 : Elaboration des modèles d’analyse du climat à l’échelle nationale Composante 2 : Activité 2.1 : Renforcement de capacités des techniciens et du Production des données ministère agro-climatiques à Activité 2.2 : Collecte et analyse des données agro-climatiques l'échelle régionale et (stations météorologiques, techniciens, chercheurs, etc.) développement des Activité 2.3 : Développement des produits et services pour les produits et services pour producteurs (calendriers de culture, bulletins météorologiques, les producteurs messages téléphoniques, centre d’appel et radio communautaire, etc.) Composante 3 : Activité 3.1 : Sensibilisation des producteurs sur l’utilisation des Formation et outils renforcement de Activité 3.2 : Formation des producteurs sur l’utilisation des outils capacités des producteurs Activité 3.3 : Mise en place de plateformes d’échange des producteurs sur l’utilisation des outils et renforcer leurs capacités Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 25 000 FCFA) Rentabilité 15% Contributions à Augmentation des rendements, adaptation aux phénomènes l’adaptation, météorologiques intenses l’atténuation et à la production 41 III.7. Alignement des projets d’investissement prioritaires avec les objectifs stratégiques nationaux Les six projets d’investissement prioritaires répondent aux objectifs stratégiques de développement économique et social de la République du Congo. Ce sont des projets structurants qui ont des liens étroits avec les priorités stratégiques nationales communes au PNIASAN, CDN, PND, SVIREC et au REDD+. Ces priorités nationales peuvent se résumer en trois points : (i) Garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers une augmentation de la productivité et de la production agricole (végétale, animale et halieutique) ; (ii) Continuer à assurer une gestion durable de la biodiversité notamment celle des écosystèmes liés à la forêt et à l’eau et, (iii) Favoriser l’augmentation des revenus des producteurs et la création d’emploi notamment pour les jeunes et les femmes. Reconna issant que la souveraineté alimentaire et nutritionnelle du pays nécessite une agriculture résiliente face aux défis du changement climatique et sobre en carbone, les six projets font simultanément une contribution significative aux trois piliers de l’AIC : production, adaptation et atténuation. Le tableau ci-après présente la contribution spécifique de chaque projet aux priorités nationales communes au PNIASAN, CDN, PND, SVIREC et au REDD+. 42 Tableau 8 : Alignement des projets d’investissement prioritaires avec les objectifs stratégiques nationaux Piliers du Principales Priorités Nationales en matière de développement agricole CSAIP (REDD+ 2018-2030, PND 2018-2022, PNDA 2018-2022, PNIASAN 2017-2021, CDN 2015) Garantir la sécurité alimentaire et Continuer à assurer une gestion durable Favoriser l’augmentation des ATTENUATION PRODUCTIVIT nutritionnelle à travers une de la biodiversité notamment celle des revenus des producteurs et la ADAPTATION augmentation de la productivité et écosystèmes liés à la forêt et à l’eau création d’emploi notamment pour de la production agricole (végétale, les jeunes et les femmes E animale et halieutique) Projet #1 En encourageant l’adoption et la Les pratiques agroforestières Le développement des filières Développement de mise à l’échelle des pratiques préservent les ressources forestières en agroforestières promeut la systèmes agroforestières dans les filières fidélisant les agriculteurs sur des terres diversification des revenus des agroforestiers agricoles les plus importantes déjà cultivées et rendues plus producteurs, rendant les résilients pour le (manioc, maïs et bananes), ce projet productives. Elles favorisent aussi la producteurs moins vulnérables à la manioc, maïs et AIC améliore considérablement la séquestration du carbone dans les sols. pauvreté. Ils tirent des bénéfices bananes fertilité des sols et augmente Relativement à un projet agricole supplémentaires des PFNL. Par significativement les rendements de traditionnel, ce projet AIC occasionne ailleurs, le recrutement des ces cultures vivrières (+68,7% pour le la préservation de 7000 ha de forêts et vulgarisateurs et techniciens offre maïs, +103% pour la banane et une émission de GES évitée de 3 à 4,3 des opportunités d’emplois pour +20,9% pour le manioc). Elle favorise millions de tonnes CO2 eq. Il génère des toute la population des également une production agricole bénéfices partagés entre la résilience départements ciblés notamment végétale diversifiée. Ce projet de l’agriculture face aux aléas pour les jeunes et les femmes. Les ✓ contribue et pose les bases d’une climatiques et la lutte contre programmes de recherche ✓ amélioration durable de la sécurité l’augmentation de GES. Le serviront de cadre pour la alimentaire et nutritionnelle des développement des systèmes formation des étudiants ménages congolais, priorité agroforestiers promu par ce projet est agronomes, améliorant ainsi leur stratégique inscrits dans le PNIASAN un objectif majeur de la stratégie employabilité. (composante 3.3.1 du sous- nationale REDD+ 2018-2030 dont les programme 3.3), le CDN (volet enjeux majeurs sont la réduction des adaptation et atténuation), la SN- émissions des GES (axe 1 du REDD+) et REDD+ 2018-2030 (axe stratégique 3) l’accroissement des stocks de carbone ainsi que le PND 2018-2022 (axe (axe 2 du REDD+) par la lutte contre la diversification de l’économie). déforestation dont l’agriculture paysanne en est le principal moteur. Ce projet contribue de manière tangible à la vision du REDD+ en dotant l’agriculture des techniques 43 productives limitant ainsi le nomadisme cultural et la pression sur les forêts. Projet #2 L’amélioration de la fertilité des sols La gestion durable de la fertilité des La dégradation des sols a des Amélioration de la est une priorité du PNIASAN sols est primordiale pour une meilleure impacts défavorables sur la fertilité des sols et de (composante 1.5.3 du sous- adaptation et atténuation. En production agricole et compromet la fertilisation des programme 1.5,) et du CND (volets augmentant la productivité des terres les revenus des agriculteurs. Les cultures adaptation et atténuation) et du cultivées, les techniques de gestion efforts pour la restauration et REDD+. Ce projet prend en compte durable des sols limitent la convoitise l’amélioration de la fertilité des cette priorité et vise à promouvoir la de nouvelles terres dans les zones sols notamment dans les savanes recherche action pour la forestières. Cette préservation du ont des effets économiques et restauration de la fertilité des sols et couvert forestier favorise une captation sociaux positifs pour les la mise en place d’un cadre optimale du carbone. producteurs et toute la population favorable à l’accès au foncier pour dans son ensemble. Des emplois les petits producteurs (sous- nécessitant des compétences programme 4.1 du PNIASAN et sous- pointues en matière de collecte et axe stratégique 1.3 de la SN- REDD+). d’analyse des données du sols et Des sols fertiles procurent aux de gestion des systèmes plantes des nutriments vitaux pour d’information sur les sols seront leur bonne croissance. Ce qui également crées. contribue de à l’augmentation de la productivité des cultures, favorisant une production agricole abondante avec un impact minimum sur les forêts, gage d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable du pays. En outre, Les pratiques de gestion durable des sols sont incontournables pour l’émergence d’une agriculture productive dans les zones de savanes, priorité majeure des autorités. Projet #3 Reconnaissant qu’un accès Les techniques d’utilisation efficiente En réduisant la vulnérabilité des Amélioration de la insuffisant à l’eau pour l’agriculture de l’eau permettront d’atténuer l’effet producteurs à la variabilité gestion des ressources représente une menace sérieuse du changement climatique en climatique et aux stress hydriques, en eau et de pour la sécurité alimentaire, ce améliorant la fertilité des sols.L’accès à les techniques de gestion durable l’irrigation pour le projet en cohérence avec les l’irrigation favorise l’installation des de l’eau permettent la manioc, le riz et objectifs stratégiques de gestion agriculteurs sur une surface donnée et multiplication des cycles de l’aquaculture intégrée de l’eau exprimées dans le augmente largement les rendements production et accroit les 44 SVIRE-C, le PNIASAN (sous- donc diminue l’agriculture extensive et rendements. Ce qui favorise la programmes 1.5, 2.2 et 2.3), et le itinérante très néfaste pour hausse des revenus des CDN (volet adaptation), entend l’environnement et émettrice de agriculteurs. L’aménagement et la promouvoir l’irrigation et le drainage carbone. Il protège par ce fait les maintenance des infrastructures dans les filières vivrières. Il écosystèmes forestiers.L’aménagement hydroagricoles présentent des augmente la productivité de 133% d’infrastructures aquacoles pourrait de opportunités d’emplois pour la pour le manioc et de 50% pour le riz plus satisfaire la demande nationale de population. réduisant les importations de ce poissons et réduire la pression sur les dernier et contribuant de manière ressources halieutiques en diminution. générale à renforcer la sécurité alimentaire. Le développement de l’aquaculture répond aux besoins accrus en protéines d’une population congolaise croissante, contribuant ainsi à une plus grande sécurité alimentaire et nutritionnelle. Projet #4 Ce projet contribue à réduire les Ce projet agit indirectement sur la L’accès à ces services, produits et Développement de vulnérabilités des agricultures aux déforestation car en en favorisant un infrastructures sont des leviers qui l’accès aux produits, aléas climatiques en favorisant un meilleur accès au financement - sans impactent favorablement les services et meilleur accès au (i) financement lesquels il serait difficile aux revenus des producteurs et offrent infrastructures pour notamment pour les groupes producteurs d’adopter des techniques des emplois dans le domaine de la des filières vivrières vulnérables (jeunes et femmes d’adaptation innovantes- il ’augmente microfinance, des travaux publics résilientes agricultrices en milieu rural), (ii) aux des rendements et permet de réduire (construction et maintenance des semences améliorées climato- l’extension des cultures pour subvenir à infrastructures d’appui aux filières résilientes, et (iii) aux la demande croissante en nourriture de vivrières) et dans les réseaux de infrastructures de subsistance. vente des intrants agricoles. commercialisation. Ainsi, ce projet a un lien très fort avec les sous- programmes 1.1 et 4.2 du PNIASAN et vient soutenir durablement la production et les rendements des cultures vivrières (manioc, banane, maïs et arachide), améliorant de fait la situation de sécurité alimentaire et nutritionnelle de nombreux ménages congolais. Projet #5 Le développement de l’agriculture La pratique de l'abattis-brûlis est le Le développement de l’agriculture dans les zones savanicoles a une vecteur principal de la déforestation au en zone de savane offre des 45 Amélioration de la grande importance pour le secteur Congo. L’amélioration des systèmes perspectives de développement productivité et la agricole au Congo. Cette orientation agricoles des vastes terres savanicoles pour l’agriculture commerciale résilience de est reflétée dans le volet contribue directement à la préservation grâce à la valorisation de vastes l’agriculture en savane atténuation du CND qui prescrit la des écosystèmes forestiers et étendues de terres. Ce qui aura un mise en valeur de 50% des savanes l'atténuation du changement climatique effet positif sur le revenu des pour la production des denrées en diminuant la convoitise pour des producteurs. Aussi, le vivrières, des denrées de rente terres forestières. A travers développement des chaînes de (cacao, palmier à huile) et dans l’axe l’association agriculture-élevage et la valeur dans les filières vivrières et stratégique 3 de la SN-REDD+ qui promotion de la cacao culture dans des d’exportation (cacao, palmier à entend promouvoir l’agroforesterie systèmes de cultures agroforestière huile) ainsi que l’appui à climato intelligent et l’agro- (palme à huile-cacao-arbres fruitiers l’entrepreneuriat agricole offrent industrie en zone de savane. En par exemple), ce projet est un véritable des opportunités d’emploi pour les mettant en évidence les instrument de fertilisation des sols de femmes et les jeunes à tous les opportunités et vulnérabilités des savane ainsi que de restauration et d’ niveaux de ces chaînes de la écosystèmes savanicoles et en enrichissement de la biodiversité dans production à la commercialisation développant des systèmes agricoles les écosystèmes savanicoles concourant en passant par la transformation et adaptés aux zones de savane à ainsi à leur stabilité et durabilité. Ce la distribution. l’instar de l’agroforesterie en qui en retour renforce la rétention des savane, ce projet contribue à la nutriments, la productivité et la préservation des écosystèmes résilience de l’agriculture en savane. forestiers tout en renforçant la De plus, la teneur accrue en matière sécurité alimentaire et organique des sols de savane joue un nutritionnelle du pays. Ce qui a rôle important dans la réduction des comme effet une diminution de la émissions de GES grâce à la précarité alimentaire et un recul de séquestration et au stockage du la pauvreté. carbone dans les sols, les cultures et les arbres ouvrant ainsi des perspectives pour l’atténuation. Projet #6 La création des centres L’accès à l’information météorologique Ce projet vise à mettre en place un Développement d’un agrométéorologiques et la mise en est nécessaire pour guider l’adaptation système performant d’information système d’information place des mécanismes de au changement climatique. La climatique répondant aux besoins et d’alerte surveillance et de prévention des communication de ces informateurs aux des producteurs afin de les aider à agrométéorologique risques climatiques sont des actions usagers (producteurs et décideurs) peut mieux s’adapter aux évènements inscrites dans les composantes 3.3.3 jouer un rôle capital dans la gestion des climatiques préservant de cette et 3.3.4 du PNIASAN et dans le volet ressources naturelles en fournissant aux façon la viabilité financière ainsi adaptation du CDN. Ce projet y producteurs des information en temps que la valorisation sociale de contribue remarquablement en réel leur permettant de gérer l’activité agricole. Dans le court et communiquant aux producteurs des efficacement les risques climatiques moyen terme, ce système permet 46 informations agrométéorologiques actuels et futures en effectuant des de perfectionner la capacité de proximité favorisant ainsi une choix optimaux en termes d’adaptation prédictive du modèle d’analyse du meilleure décision agricole, (par exemple une gestion efficience climat à l’échelle nationale et ingrédient cruciale pour atteinte et dans l’utilisation des ressources en eau départementale par la collecte et améliorer la sécurité alimentaire et ou des terres) sans compromettre les l’analyse de quantités plus nutritionnelle. écosystèmes naturels. importantes de nouvelles données. En outre, une main d’œuvre qualifiée est cruciale pour la collecte, l’exploitation et la communication des données climatiques. Ce qui constitue un véritable vivier d’emplois pour les jeunes formés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. 47 III.8. Questions transversales Une Approche Transversale Innovante ? Il serait important de noter que les activités et investissements prioritaires, identifiés au cours du processus de développement d’un PI AIS tel que celui-ci, peuvent être envisagés et exécutés suivant des stratégies d’intervention variées. Par exemple, les différentes activités peuvent être exécutées individuellement et séparément comme opérations ‘stand-alone’ mais suivant un plan général (le PI AIS) bien défini et coordonné. C’est l’optique dans laquelle les 6 projets prioritaires ont été identifiés et conceptualisés de façon préliminaire dans le présent rapport. Une approche parallèle et qui en aucun cas est contradictoire, est d’identifier des thèmes de politiques de développement qu’il serait important d’aborder en vue d’assurer le succès des interventions ponctuelles. Ces réformes ne suivent pas des recettes préconçues mais sont développées de façon participatives et fonction des conditions de chaque pays et de chaque secteur. Afin d’explorer l’utilité potentielle d’une telle approche ‘transversale’ axée sur les politiques économiq ues, sociales et environnementales et sur les institutions dans le cadre de l’action AIC en République du Congo, l’analyse préliminaire suivante de ‘triage’ a été entamée: (i) examen des questions de politiques et institutions qui entravent en ce moment les objectifs CSA de chacun des 6 projets prioritaires; et (ii) identification des thèmes de politiques communs à 2 ou plus des 6 projets comme thèmes politiques transversaux—et qui rejoignent les priorités de la République du Congo (Plans de développements; PNIASAN ; CDN ; etc. Lire aussi : http://documents.worldbank.org/curated/en/602341488822374259/pdf/DRC-PP-03032017.pdf). Le Tableau qui suit résume les résultats de cette analyse préliminaire, et offre un ‘paquet’ de réformes transversales au niveau de politiques ‘transversales’ et institutions. Politiques transversales Besoins nationaux Point prioritaire d’intervention dans le PI- à examiner en vue de AIC de la République du Congo l’exécution dy PI-AIC Est-ce qu’une approche -Le Covid-19 - L’intensification de l’agriculture et multi-sectorielle pourrait nécessite une action l’application des recommandations du PI AIC en même temps assurer urgente d’appui aux pourraient s’accompagner de mesures multi- une aide immédiate populations rurales ; et intersectorielles (santé, etc.) afin contre le COVID19 et une -L’agroforesterie et d’assurer une diminution des risques agriculture climato- d’autres pratiques zoonotiques intelligente prioritaires - Le PDAC et autres interventions existantes pourraient pourraient constituer des instruments de augmenter les financement des populations rurales et risques de zoonoses locales pour contrecarrer l’effet du Covid-19 et surtout en ce qui concerne le manque de revenus Est-que les politiques - Réalisation d'un - Cartographie des sols intégrant la dimension actuelles d'accès au cadastre et d'un foncière (projet 2) foncier entravent la registre foncier - Intégration de la sécurisation des terres des capacité des petits et national projets au sein de chaque projet moyens agriculteurs à - Cadre de -Assurer la sécurité foncière coutumière au investir dans leurs facilitation et niveau national dans l'application de la loi terres ? sécurisation des 21/2018 (qui, entre autres, oblige les chefs coutumiers à enregistrer leurs droits fonciers 48 terres pour les petits coutumiers dans les registres de la propriété producteurs foncière, avant d'allocation de parcelles de terre) ; Quelles sont les - Infrastructures de - Ciblage des projets autour de marchés politiques qui pourraient transport et stockage potentiels (villes de taille moyenne ou corriger le dépeuplement - Politiques grande) correctement desservis passé et sous- nationales d'accès au - Renforcement des chaînes de valeur (projet peuplement actuel et financement en 4) enclavement des zones milieu rural - Appui à l'autonomie des zones enclavées rurales? (pépinières et champs-écoles) - Appui à la communication météorologique et informations marché Comment promouvoir Indépendamment des -Cinq des 6 projets prioritaires incluent des l’accès au crédit aspect AIC, les activités agricoles commerciales liées à des agricole, aux entraves au filières de production qui pourraient investissement privés ? financement sont des bénéficier d’une réforme des politiques qui instances d’échec du contrôlent les crédits aux producteurs ainsi marché qui que les aspects légaux et financiers nécessitent une (garanties etc.) liés à la commercialisation ; intervention au -Certaines des interventions pourraient être niveau des exécutées dans des projets en cours tel que politiques. le P-DAC ; -Une revue du système de crédit agricole est en cours pour évaluer la possibilité d’établir une ‘Banque Agricole’ en République du Congo. Quelles réformes sont -réforme de la filière - Tous les projets se fondent sur la urgemment requises pour recherche- recherche, vulgarisation et un niveau assurer une meilleure vulgarisation ; d’expertise et de connaissances avancé ; mobilisation de la - les réformes éventuelles au niveau de la recherche agricole, la -réforme des Nation pourront être appliquées dans les 6 vulgarisation ainsi que systèmes projets AIC du PI AIC l’éducation agricole en académiques aux appui au secteur agricole niveaux technique et en général et AIC en tertiaire (universités) particulier ? - Introduction d’un curriculum sur le changement climatique et la résilience au changement climatique dans les établissements d'enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP) Comment s’assurer que - Renforcement des - Projet 6 dédié (modélisation climat, les données climatiques unités de recherche infrastructures météo, collecte de données, (à court et long termes) et d'enseignement alertes météorologiques) sont encore mieux dédiées - Intégration de composante de recherche et collectées, interprétées - Création de diffusion de connaissances à tous les niveaux et disséminées en vue de programmes de du pays (organes décisionnaires, opérateurs, ‘vulgariser’ les recherche et d'unités population agricole) dans chaque projet connaissances des ad hoc (thèses, pratiquants de l’AIC et master, etc.) 49 des parties prenantes qui - Diffusion grand - Renforcement de capacité par assistance les appuient ? public (médias, technique internationale au sein de chaque écoles primaires et projet secondaires) Comment promouvoir - Cadre de suivi - Egalité hommes-femmes chez les l’égalité des genres dans spécifique à l'échelle bénéficiaires (Tous les 6 projets) les secteurs nationale -Formation commerciale et de gestion ‘traditionnels’ tels que le - Renforcement du destinée aux femmes dirigeantes de secteur agricole et la genre dans les coopératives agricoles société rurale. politiques - Parité hommes-femmes au sein des équipes stratégiques agricoles de coordination des projets (PNIASAN, PNDA) au- - Suivi d'indicateurs désagrégés delà de la situation - Incorporation des leçons apprises sur les alimentaire et interactions genre-AIC nutritionnelle (https://ccafs.cgiar.org/publications/closing- gender-gap-african-agriculture-face-climate- change#.XnZSp6hKg2w Comme indiqué, le présent document ne va pas plus loin qu’identifier le cadre stratégique et la teneur d’un ‘paquet’ éventuel axé sur les politiques transversales. Pour aller de l’avant, il est proposé que les autorités vérifient plus en profondeur les propositions ci-haut et déterminent la nature, faisabilité et pertinence des réformes, ainsi que l’avantage à développer un projet type ‘DPO’ afin, entre autres, de faciliter le financement des activités AIC en République du Congo. 50 IV. Cadre de suivi et d’évaluation des investissements dans l’AIC Le suivi et l’évaluation (S & E) est une composante essentielle de la mise en œuvre du PIAIC. Il expose les hypothèses sur la manière dont le changement se produira (théorie du changement). De plus le suivi-évaluation contribue à assurer la durabilité sociale, économique et environnementale à long terme des investissements, et à améliorer le rapport qualité-prix et l'efficacité des projets réalisés. L’objectif général du PIAIC est d’augmenter durablement la productivité et la résilience de l’agriculture tout en réduisant les GES (atténuation) afin d’améliorer la sécurité alimentaire du pays. Cet objectif général est constitué de trois objectifs spécifiques selon les trois dimensions de l’AIC : productivité et revenus, adaptation, et atténuation. Les trois dimensions seront réalisées grâce à des changements dans la compréhension, les compétences et les choix des acteurs individuels et collectifs de l’ensemble du secteur agricole et des systèmes alimentaires. Cela sera permis à travers 5 voies transverses aux six projets d’investissement : • l’adoption de nouvelles pratiques agricoles par les agriculteurs; • le renforcement des infrastructures pour l’adaptation au changement climatique; • le développement de connaissances scientifiques spécifiques au pays sur le changement climatique; • la création de systèmes d’informations connexes pour l’aide à la décision agricole; • la préservation des écosystèmes et ressources naturelles et l’augmentation des stocks de carbone. Le PIAIC donne des orientations pour les activités de S & E à travers une théorie du changement et un cadre de résultats et d'indicateurs, mais il faut du temps et des actions supplémentaires pour détailler les systèmes de S & E et les approches qui seront utilisées. Cela est dû notamment au manque de connaissances à l'heure actuelle sur les investissements à financer et sur le caractère et dynamique de ce plan. Une fois prises des premières décisions d'investissements, un manuel de suivi-évaluation décrira le "qui, quoi, comment et quand" de la collecte, de l’analyse et de la communication des données. De manière générale, les activités de S & E devraient être menées par le personnel travaillant avec / avec la mise en œuvre du PIAIC et ses agents d’exécution, y compris les agents de vulgarisation, les agences gouvernementales locales, le personnel et autres, supervisés par un coordinateur de S & E. Le système de suivi et d’évaluation de PIAIC servira des objectifs autres que ceux de l’AIC. Les systèmes, notamment les indicateurs, les rôles et les responsabilités, ainsi que le système de gestion de l’information, s’aligneront sur d’autres programmes et politiques tels que le PND, le PNDA, le PNIASAN, la REDD et les CDN. De plus, ce système pourrait contribuer au suivi panafricain des activités AIC mises en place dans le cadre du AAA qui pourrait harmoniser les approches de suivi des pays ainsi que la "compilation" des résultats de différents pays. 51 OG : Développement agricole durable, productif, résilient et à faibles émissions afin d’améliorer la sécurité alimentaire du pays OS1. Amélioration de la OS2. Meilleure résilience OS3. Atténuation des productivité et des des systèmes agricoles effets de l’agriculture sur revenus agricoles face au changement le changement climatique climatique O1. O2. O3. O4. O5. Adoption de Renforcement Développement Systèmes Préservation pratiques des infra- de connaissances d’information des agricoles structures pour liées au au service la écosystèmes et intelligentes l’adaptation au changement décision des stocks de face au climat changement climatique agricole carbone climatique Cultures en Stations Modélisation Système Réduction de couloir météo- climatique d’information l’agriculture rologiques sur les sols sur brûlis Association Cartographie de cultures Aménagements Système Parcelles agro- des sols hydro- d’information forestières Goutte à agricoles agrométéoro- goutte Centres de logique recherche Fertilité et Systèmes Sites de formation stockage de pisciculture Calendriers de intégrés carbone dans culture des sols Agriculture Champs-écoles Collecte de de savane paysans données Itinéraires Diminution de agrométéo- techniques la pression sur rologiques résilients les forêts Bulletins météo- rologiques Projet 1 : Projet 2 : Projet 3 : Développement de Gestion de la fertilité Gestion optimale de l’agroforesterie des sols l’eau Projet 4 : Résiliences Projet 6 : Systèmes Projet 5 : des filières d’information agro- Agriculture de savane nourricières météorologique Figure 17 Théorie du changement du PIAIC 52 Le succès des investissements sera évalué pour les activités et résultats qui alimentent les trois dimensions d’impact de l’AIC présentées sur la théorie du changement. La sélection des indicateurs d’investissement individuels aura lieu pendant la phase de développement des investissements et des études de faisabilité, en fonction des investissements financés. Les indicateurs suivront les progrès réalisés dans toutes les parties du cadre de résultats ci-dessous (impact, effets, résultats). Ils seront sélectionnés sur la base d’une consultation des experts et vérifieront le modèle SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini). Les indicateurs de productivité et d’atténuation du changement climatique sont usuellement évalués par les rendements, la rentabilité, les revenus, les émissions de GES. La résilience peut être évaluée avec la méthodologie RIMA-II construite par la FAO et qui reflète différentes facettes de la résilience à l’insécurité alimentaire au niveau des ménages en i ntégrant le risque climatique. Des indicateurs tels que le carbone du sol, la biodiversité à l’hectare ou la couverture forestière peuvent être utilisés pour compléter le RIMA-II pour la quantification de la résilience d’un point de vue écologique ou systémique. Tableau 9 : Cadre de suivi-évaluation du PIAIC COMPOSANTE INDICATEUR MESURE OBJECTIF INVESTISSEMENT DU CADRE DE AIC PERTINENT RÉSULTATS Indicateur d’impact Les bénéficiaires Nombre de Nombre de bénéficiaires Triple-gain Tous les investissements bénéficiaires dont nombre de femmes Productivité Rendements des kg/ha ou t/ha Productivité Tous les investissements accrue principales cultures agricoles Résilience Résilience des Indice de capacité de Résilience Tous les investissements améliorée exploitations résilience agricoles à l'insécurité alimentaire (RIMA) Taux d’insécurité alimentaire Contribution à Emissions des GES tCO2 stockée/FCFA investi Atténuation Tous les investissements l'atténuation des évitées et changements compensées climatiques Attractivité de Argent investi et Nombre de projet réalisés Triple-gain Tous les investissements l'AIC projets réalisés Nombre d'emplois créés dont emplois féminins Quantité d'argent investie Indicateur d’effet O1. Adoption de Taux d’adoption de % des bénéficiaires ayant Triple-gain Agroforesterie, sol, eau, pratiques nouvelles pratiques adopté des pratiques d’AIC filières, savane agricoles au sein des projets dont % de femmes intelligentes face au climat O2. Nombre Nombre d’infrastructures Triple-gain Tous les investissements Renforcement d’infrastructures renforcées ou créées par des d’AIC renforcées ou régions infrastructures créées pour l’adaptation au changement climatique O3. Nombre de projets de Nombre de thèses / Triple-gain Tous les investissements Développement recherche sur le publications ou rapports 53 de connaissances changement écrits sur le changement liées au climatique au Congo climatique/agriculture au changement Congo climatique 04. Systèmes Disponibilité des % des bénéficiaires ayant Triple-gain Sols, Système d’information au systèmes accès à l’information d’Information service de la d’information agricole dont % de femmes Météorologique décision agricole 05. Préservation Etat des écosystèmes Inventaires des GES Triple-gain Agroforesterie, sol, eau, des écosystèmes et des stocks de filières, savane et des stocks de carbone Inventaires faune/flore carbone Indicateur de résultats R1.1 Cultures en Nombre de personnes Nombre de formations Triple-gain Agroforesterie, savane couloir formées dont nombre dispensées dont nombre de de femmes femmes Nombre de techniciens et producteurs formés dont nombre de femmes Etendue de l’adoption % de bénéficiaires ayant mis de pratiques de en place des cultures en cultures en couloir couloir dont % de femmes Superficie des cultures en couloir (ha) R1.2. Association Nombre de personnes Nombre de formations Triple-gain Sol, agroforesterie de cultures formées dont nombre de femmes Nombre de techniciens et producteurs formés dont nombre de femmes Etendue de l’adoption % des bénéficiaires ayant des pratiques mis des pratiques d’’association de d’association des cultures cultures dont % de femmes Superficie des cultures associées (ha) R1.3. Irrigation Etendue de Nombre de producteurs Productivité Eau goutte à goutte l’irrigation goutte à utilisant le goutte à goutte goutte dont nombre de femmes Superficie des cultures irriguées par du goutte à goutte (ha) R1.4. Systèmes Etendue de l’adoption Nombre d’exploitations Productivité, Savane, sol intégrés des pratiques de pratiquant l’agriculture- Adaptation systèmes intégrés élevage ayant été appuyé dont nombre de femmes % des bénéficiaires ayant mis des pratiques de fertilité des sols issus des déchets d’élevage dont % de femmes R1.5. Rotation de Etendue de l’adoption % des bénéficiaires ayant Productivité, Sol culture des pratiques de mis des pratiques Adaptation rotation de cultures d’association des cultures dont % de femmes 54 Superficie des cultures associées (ha) R2.1. Stations Nombre de stations et Nombre de stations et Adaptation Météo météorologiques équipements équipements agrométéorologiques agrométéorologiques installés installés/régions % de bénéficiaires utilisant l’information météo comme aide à la décision dont % de femmes R2.2 Périmètres hydro- Nombre de sites hydro- Productivité, Eau Aménagements agricoles aménagés agricoles aménagés Adaptation hydro-agricoles R2.3. Sites de Sites de piscicultures Nombre de sites de Adaptation Eau pisciculture aménagés piscicultures aménagés R2.4. Champs- Diffusion des Nombre de champs école Triple-gain Agroforesterie, sols écoles paysans pratiques au niveau paysans formés des champs écoles paysan R.3.1. Développement des Nombre de projets de Adaptation Système d’Information Modélisation modélisations sur modélisation Météorologique climatique l’impact du changement Nombre d'études de climatique sur vulnérabilité climatique l’agriculture et les ressources du Congo Nombre de thèses/publication ou rapports portant sur les modélisations des impacts du changement climatique au Congo R3.2. Développement de Nombre de cartes des sols Triple-gain Système d’Information Cartographie des systèmes et outils disponibles pour Météorologique Sols sols d’informations et de l’aide à la décision suivi sur l’état et l’usage des sols ; Superficies des sols du territoire étant cartographié et fréquence de mise à jour des données R.3.3. Centres de Nombre de centres de Nombre de centres/ région Triple-gain Système d’Information recherche recherche formation Météorologique formation mis en place Agroforesterie, Filières, sols R.3.4. Collecte Données agro-météo Nombres d’études Triple-gain Système d’Information de données disponibles statistiques agricoles Météorologique Filières agrométéo nationales Nombre de points de collectes des données météo par régions R 4.1. Système Données et outils Cartographie nationale Triple-Gain Sols d’information sur d’analyse des sols existante les sols 55 Nombre d’outils et de base de données nationale regroupant et traitant les infos sur les sols Nb de bénéficiaires ayant été formés à l’utilisation des outils d’analyse des sols dont nombre de femmes R.4.2. Système Outils de diffusion des Nombre d’outils et de base Triple-gain Système d’Information d’information données agro-météo de données nationale Météorologique Filières Agro-météo disponibles regroupant et traitant les infos agrométéo % des bénéficiaires ayant été formés à l’utilisation des outils agrométéo dont % de femmes R.4.3. Calendrier culturaux Nombre de calendrier Productivité, Filières Calendriers de adaptés aux culturaux réalisés et Adaptation culture changements accessibles sur les climatiques itinéraires techniques climato-intelligents % des bénéficiaires adaptant leur calendrier cultural grâce aux informations agrométéo reçues dont % de femmes R4.4. Itinéraires Nombre de personnes Nombre de documents Triple-gain Filières techniques formées aux réalisés et accessibles sur Sols résilients techniques de les itinéraires techniques Agroforesterie pratiques agricoles climato-intelligents résilientes au changement Nombre de techniciens et climatique producteurs formés dont nombre de femmes R.4.5. Bulletins Disponibilité des Nombre de bulletins Productivité, Filières météo bulletins agro-météo publiés/jours ou semaines Adaptation R 5.1. Réduction Etendues des Nb de producteurs formés à Triple-gain Eau, sol, agroforesterie, de l’agriculture pratiques des pratiques AIC évitant le savane sur brûlis d’agriculture sur brûlis brûlis % de bénéficiaires ayant adopté ces pratiques dont % de femmes Nb de bénéficiaires ayant sécurisé foncièrement une parcelle dont nombre de femmes R.5.2. Parcelles Augmentation des % moyen d’ombrages des Triple-gain Eau, sol, agroforesterie, agro-forestières superficies ombragées parcelles agricoles savane 56 dans les parcelles agricoles R 5.3. Fertilité et Amélioration des Analyses de sols : Triple-gain Sol, agroforesterie, stockage de propriétés du sols (concentration en savane carbone dans les minéraux, matière sols organique, etc dans les sols) R.5.4. Déforestation évitée Taux de déforestation Atténuation Eau, sol, agroforesterie, Diminution de la annuel dans les zones de savane pression sur les projet forêts 57 Annexes A-1 Concepts et définitions de l’AIC A-2 Revue bibliographique des documents stratégiques nationaux A-3 Production agricole et importations alimentaires A-4 Description du modèle IMPACT A-5 Notion de différence en point de pourcentage A-6 Scénario de base A-7 Validation des données de production du modèle IMPACT sur le Congo A-8 Scénario théorique optimal A-9 La méthodologie d’analyse coûts bénéfices des projets AIC A-10 Les options identifiées pour l’AIC et leur priorisation A-11 Projet 1 : Développement des systèmes agroforestières manioc, maïs et bananes en République du Congo A-12 Projet 2 : Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures A-13 Projet 3 : Amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’aquaculture A-14 Projet 4 : Amélioration de l’accès aux produits, services et infrastructures pour la résilience des filières vivrières A-15 Projet 5 : Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane A-16 Projet 6 : Développement d’un système d’information et d’alerte agro- météorologique A-17 Résumés des ateliers et listes des parties prenantes 58 A-1 Concepts et définitions de l’AIC Caractéristiques de l’AIC • L’AIC lutte contre les changements climatiques : l’AIC intègre systématiquement les changements climatiques dans la planification et l’aménagement de systèmes agricoles durables. • L’AIC intègre des objectifs multiples et gère des compromis : l’AIC évaluent les coûts et les avantages des différentes options dans le cadre d’approches participatives pour répondre aux trois objectifs • L’AIC maintient les services écosystémiques : l’AIC adopte une approche paysagère pour assurer aux agriculteurs les services essentiels, notamment l’air, l’eau, la nourriture et les matériaux. • L’AIC a de multiples points d’entrée à différents niveaux : De la mise au point de techniques et de pratiques à l’élaboration de modèles de changements climatiques, aux technologies de l’information, aux régimes d’assurance, aux chaînes de valeur et au renforcement du cadre institutionnel et politique. • L’AIC est spécifique au contexte : ce qui est intelligent face au climat dans un endroit peut ne pas l’être ailleurs, et aucune intervention n’est intelligente face au climat partout ou tout le temps. • L’AIC mobilise les femmes et les groupes marginalisés : pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et améliorer la résilience, les approches de l’AIC associent les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. Productivité : L’AIC vise à accroître durablement la productivité agricole et les revenus tirés des cultures, du bétail et du poisson, sans porter préjudice à l’environnement. Ceci, à son tour, améliorera la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Un concept clé lié à l’accroissement de la productivité est l’intensification durable. Adaptation : L’AIC a pour objectif de réduire l’exposition des agriculteurs aux risques à court terme, tout en renforçant leur résilience par le biais du renforcement de leur capacité à s’adapter et à prospérer face à des chocs et des stress à long terme. Une attention particulière est accordée à la protection des services écologiques que les écosystèmes fournissent aux agriculteurs et à d’autres. Ces services sont essentiels tant pour le maintien de la productivité que pour notre capacité à nous adapter aux changements climatiques. Atténuation : Dans la mesure du possible, l’AIC devrait contribuer à réduire et/ou éliminer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ceci suppose que nous réduisions les émissions pour chaque calorie ou kilo de nourriture, de fibres et de carburant que nous produisons ; que nous évitions la déforestation due à l’agriculture ; et que nous gérions les sols et les arbres de manière à optimiser la possibilité pour eux de servir de puits de carbone et d’absorber le CO2 de l’atmosphère. 59 A-2 Revue bibliographique des documents stratégiques nationaux Le projet de société du Président de la République du Congo 2016-2021, « La marche vers le développement », a défini l’agriculture comme l’un des piliers des axes stratégiques de développement du pays, notamment par l’organisation et l’intégration des filières agricoles et agro - industrielles. Le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP) s’est doté, en 2010, d’une Note d’orientation stratégique qui décline de façon opérationnelle les grandes orientations du développement agricole contenues dans le Plan National de Développement et qui vise à accélérer la transformation du secteur pour en faire l’un des moteurs de la diversification et de l’industrialisation du pays : • Modernisation de la petite agriculture rurale et sauvegarde du secteur rural ; • Développement de systèmes productifs modernes dans les zones favorables périurbaines ; • Création d’un secteur agro -industriel compétitif ; • Modernisation institutionnelle, pilotage et suivi-évaluation. Plus récemment, le Programme d’Actions Prioritaires (PAP) 2016 -2019 a été rédigé par le MAEP qui vise l’atteinte de la sécurité alimentaire à l’horizon 2019 et, à terme, l’autosuffisance alimentaire du pays en s’appuyant sur le développement des filières et la réduction significative des importations. Plusieurs documents stratégiques nationaux placent l’agriculture au centre du développement du pays et sont présentés ci-dessous. Ils contribuent le cadre dans lequel les options d’investissement pour une Agriculture Intelligente face au Climat sont amenées à prendre racine. Plan National de Développement 2018-2022 Dans ce cadre, le gouvernement congolais a adopté, le 6 juillet 2018, le Plan National de Développement 2018-2022 (PND 2018-2022). Ce plan qui s'articule autour de deux axes prioritaires, vise la mise en œuvre des projets structurants, pour l’atteinte de l’émergence. Le second axe prioritaire, relatif à la diversification de l’économie congolaise, concerne en premier lieu l’agriculture, notamment : • les filières vivrières et plus particulièrement le manioc, et la pomme de terre ; • les productions fruitières en particulier de banane et de plantain • les productions maraîchères dans les périphéries des centres urbains; • les cultures de rente dont le cacao mais aussi le café, l’hévéa, le palmier à huile, l’anacardier et la canne à sucre. Dans la perspective d’un accroissement significatif de la production alimentaire nationale, le gouvernement a porté ses allocations budgétaires à l’agriculture à 5% du bud get national. Si cela représente un effort notable en faveur du secteur, cela reste en-deçà des objectifs affichés dans le cadre du PND qui propose de porter cet effort à 10%. PNIASAN La République du Congo, après avoir ratifié les engagements au sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA) de Juin 2003 à Maputo (Mozambique) a initié le processus de mise en œuvre du PDDAA en 2010.La déclaration de Malabo en 2014 et la signature du Pacte a ouvert la voie à l'élaboration du Programme National d'Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN) mis à jour en 2016. Les axes prioritaires du Pacte correspondent aux 7 programmes du PNIASAN qui sont: • Développement de l’agriculture et de l’élevage • Développement de la pêche et de l’aquaculture • Appui à la valorisation des ressources forestières • Amélioration de l’accès à la terre et au financement • Renforcement de la recherche agricole et diffusion des innovations • Amélioration de l’état alimentaire et nutritionnel • Renforcement des capacités opérationnelles nationales 60 Le PNIASANa pour objectif général de promouvoir une croissance du secteur agricole et rural qui puisse contribuer à une réduction rapide et significative de la pauvreté, un recul de la faim et à l’accroissement des revenus agricoles et non agricoles. Le volet climatique et le lien agriculture-climat est évoqué dans le sous-programme 3.3 « Développement des mesures d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques et inversion de la dégradation des milieux naturels » aborde les enjeux climatiques selon les composantes suivantes : • Composante 3.3.1 Appui à la mise en place de systèmes agro forestiers plus résilients • Composante 3.3.2 Mesures d’accompagnement du processus REDD+ • Composante 3.3.3 Création des centres agro météorologiques • Composante 3.3.4 Mise en place des mécanismes de surveillance et de prévention des risques climatiques CDN La Contribution Prévue Déterminée au niveau National de la République du Congo rédigée en 2015 dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques met également en avant le secteur agricole au sein de stratégie de développement d’une « économie verte » : « le secteur agricole demeure peu développé, nonobstant les différents appuis et initiatives gouvernementales dans le domaine, éloignant par conséquent les perspectives affichées d’une autosuffisance alimentaire. […] Ce secteur se développera grâce à un partenariat étroit e ntre des investisseurs transformateurs et des coopératives de producteurs, aidé par des Organisations Non- Gouvernementales (ONG). Cette intensification agricole, source de richesse et de devises pour le pays est de nature à fournir des emplois non seulement aux agriculteurs en milieu rural mais aussi à des jeunes du milieu urbain. Ces mesures permettront ainsi de lutter contre la pauvreté et la précarité alimentaire. Ces mesures de développement doivent s’accompagner d’une organisation et d’une protection minimale du marché intérieur, notamment pour les produits de première nécessité, en privilégiant par exemple la production nationale par rapport aux biens importés. » L’ensemble des activités sur les secteurs doivent permettre a u moins 48 % de réduction des émissions par rapport au scénario de développement non maîtrisé (tendanciel) en 2025 et de 55 % en 2035 en atténuant les émissions de GES dues aux secteurs de l’énergie et la lutte contre la déforestation non planifiée (REDD) ; et en renforcer le potentiel de séquestration du carbone par les forêts. La déforestation, dont l’une des premières causes est l’extension de l’agriculture, représente 81 % des émissions du pays. Il est proposé de mettre en valeur 50% des savanes dans le cadre de partenariats privés-coopératives agricoles pour la production de denrées vivrières (manioc, arachide, patate douce, pomme de terre, banane, plantain, igname, riz, viandes, huile de palme, maïs) mais également des denrées d’exportation ou d’aliments pour le bétail (soja, pellets). L’agroforesterie et l’agroécologie (légumineuses, techniques sylvopastorales, etc.) sont les véhicules identifiés pour parvenir à cet objectif d’agriculture de savane en parallèle de modes de gouvernance permettant une maîtrise du foncier. REDD + Depuis 2008, la République du Congo s’est engagée dans le processus de Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, conservation, gestion durable des forêts et l'accroissement des stocks de carbone forestier (REDD+), afin de (i) contribuer à la lutte contre les changements climatiques, (ii) préserver ses écosystèmes forestiers, (iii) lutter contre la pauvreté et (iii) asseoir les bases d’une économie verte et du développement durable du pays en vue d’une émergence en 2025. La stratégie nationale REDD+ de la République du Congo a été rédigée en 2018 pour réaliser les objectifs de la CDN avec les axes stratégiques suivants : Axe stratégique 1 : Renforcement de la gouvernance et mise en œuvre des mécanismes de financements durables. 61 Axe stratégique 2 : Gestion et valorisation durable des ressources forestières Axe stratégique 3 : Amélioration des systèmes agricoles. Cet axe vise à structurer la filière agricole pour diminuer les pressions sur la ressource forestière et augmenter la production agricole en vue de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’amélioration des revenus ruraux en minimisant les impacts sur les espaces forestiers. Axe stratégique 4 : Rationalisation de la production et de l'utilisation du bois-énergie et promotion des énergies propres Axe stratégique 5 : Développement d’un secteur minier vert, de façon à minimiser l’impact du développement du secteur minier sur la forêt L’axe stratégique 3 porte en particulier sur l’amélioration des pratiques agricoles avec l’objectif que des pratiques agricoles durables soient mises en place, que la productivité soit améliorée et que les savanes soient valorisées à travers les activités suivantes : • La politique, loi agricole et ses textes d’application sont élaborés, publiés et vulgarisés • Les pratiques agricoles durables sont développées et la productivité est intensifiée pour le manioc, la banane et le cacao • L’agro-industrie est développée en savane • Les capacités de l’administration et aut res institutions pertinentes sont renforcées 62 A-3 Production agricole et importations alimentaires Tableau 10 - Principales productions agricoles en valeur économique du pays en 2016 (Auteur d’après source FAO) Valeur brute de la Produit production (en milliers de dollars) Manioc 142665 Viande, gibier 99219 Mangues, mangoustans et goyaves 26123 Bananes 22828 Sucre, canne 22571 Plantains et autres 17740 Viande bovines 17600 Arachides 11856 Fruits frais nda 10208 Racines et tubercules nda 9776 Viande avicole 9544 Légumes frais 7185 Huile de palme 6954 Avocats 6385 Ignames 4073 Café 3420 Viande porcine 3069 Caoutchouc naturel 2705 Viande caprine 2642 Mils 2614 Haricots secs 2497 Citrons et limes 1933 Lait, entier frais de vache 1696 Poireaux et autres légumes alliaciés 1611 Maïs 1570 Graines de melon 1556 Tomates, fraiches 1535 Haricots frais 1479 Palmistes 1323 Pois secs 1265 Oeufs de poule en coquille 1211 Ananas 1128 Cacao, fèves 1085 Papayes 1052 Pamplemousses et pomelos 1051 Viande ovine 1048 Gombo 974 Pommes de terre 937 Tabac, feuilles 751 63 Céréales 685 Tangerines, mandarines, clémentines 626 Patates douces 527 Aubergines 527 Oranges 433 Laitue et chicorée 383 Noix de coco 380 Riz, paddy 311 Choux et autres brassicacée 233 Epinards 231 Sésame 187 Oignons secs 126 Carottes et navets 122 Tableau 11 - Importations de produits agricoles en 2017 pour plus de 1M de dollars (Auteur d’après source FAO) Valeur (en Produit milliers de dollars) Viande, volaille 107482 Huile de palme 48758 Blé 42585 Viande, porc 30794 Riz - total 24859 Farine de blé 22821 Tabac 21468 Riz, blanchi 21391 Viande bovine 20494 Malt 16170 Aliments, préparation 15200 Abats, comestibles, porcins 14214 Pâtisseries 12152 Lait, entier en poudre de vache 11889 Matières organiques brutes nda 11445 Bière d'orge 11217 Viande, dinde 10957 Abats, comestibles, bovins 9424 Aliments pour enfants 9085 Oignons secs 7735 Sucre raffiné 6326 Viande, porc, saucisses 6149 Boissons alcoolisées distillées 6061 Pâtes alimentaires 5712 Produits cacao 4690 Margarine et graisses alimentaire compactes 4155 64 Riz, brisures 3354 Sucre Brut 3199 Tomates, purée 2903 Oeufs de poule en coquille 2816 Farine de maïs 2647 Sucre, confiseries 2399 Cigarettes 2002 Jus de fruits nda 1969 Légumes en conserve 1933 Pommes 1880 Huile de tournesol 1828 Lait, entier frais de vache 1744 Haricots secs 1675 Viande, suides 1503 Viande, porc, préparations 1446 Fromage, au lait de vache entier 1445 Vin 1435 Pommes de terre 1411 Tourteaux de soja 1407 Boissons non alcoolisées 1347 Ail 1264 Huile de soja 1212 Café, extraits 1210 Pommes de terre surgelées 1115 Aliments, déchets 1110 65 A-4 Description du modèle IMPACT Figure 18 Structure du modèle IMPACT 66 A-5 Notion de différence en point de pourcentage Les impacts du CC et des SSPs sont calculés pour un indicateur donné (rendement, aire cultivée, nombre d'animaux, etc.) comme une différence en point de pourcentage de changement de cet indicateur avec CC et sans CC entre 2020 (aujourd'hui) et 2030 / 2050. Pour le scénario « poursuite des tendances actuelles sans adaptation au CC », l'impact du CC sous le scénario SSP2 sur le rendement d'une culture est estimé par la différence de pourcentage de changement de rendement entre 2020 et 2030/2050 avec CC ( % ΔyCC) et sans CC ( % ΔyNoCC). Pour le scénario « développement d'une agriculture intelligente face au climat », l'impact du changement de paradigme sur le rendement d'une culture est estimé par la différence de pourcentage de changement de production entre 2020 et 2030/2050, et entre le scénario SSP1 san s CC (% ΔyNoCC- SSP1) et le scénario SSP2 avec CC ( % ΔyCC-SSP2). 67 A-6 Scénario de base Une simulation de base est conduite pour évaluer l'évolution de rendement dans un scénario qui suivrait les tendances socio-économiques et climatiques actuelles. Il est important de rappeler que les évolutions de rendement intègrent les effets du changement climatique d’une part, mais d’autre part un ensemble d’évolutions socio-économiques, scientifiques, agricoles issus du scénario SSP 2 qui influent également sur les rendements agricoles. Les résultats sont présentés pour les cultures pluviales et irriguées dans les tableaux 12 et 13, respectivement, et pour l'élevage dans le tableau 14. Dans ce scénario, toutes les cultures enregistrent une augmentation de rendement allant de +4 % à +127 % entre 2020 et 2050. Les cultures dont le rendement augmente le plus sont les légumes (+40%), l'igname (+68%) et le riz (+127%). L'élevage verrait également une augmentation de 18 % à 33 % du nombre d'animaux entre 2020 et 2050. Ces évolutions sont liées à la croissance démographique, à la croissance du PIB ainsi qu'à l'impact du CC. Tableau 12 – cultures pluviales Tableau 13 – cultures irriguées Tableau 14 - Elevage COT = Commodités, CER = Céréales, R&T = Racines et tubercules, F&L= Fruits et légumes Il est bien sûr positif de constater que les rendements agricoles actuellement bas du Congo augmentent dans les années à venir selon le modèle IMPACT. Cette évolution est liée à l’évolution d’un certain nombre de facteurs (changement climatique, croissance du PIB, démographie, recherche et pratiques agricoles, gestion des ressources, etc.). L’analyse présentée en II.2. avec et sans changement climatique montre que ce dernier va empêcher l’agriculture congolaise de réaliser son plein potentiel. 68 A-7 Validation des données de production du modèle IMPACT sur le Congo Comparaison des données de production totale modélisées par IMPACT pour 2015 (après 10 ans de simulation) avec les données réelles de la FAO de 2013. Les résultats présentés dans les tableaux 15 à 17 montrent un bon accord entre les données modélisées et observées. Tableau 15 – Cultures pluviales Tableau 16 - Cultures irriguées Tableau 17 - Elevage 69 A-8 Scénario théorique optimal Cette annexe étudie le cas théorique optimal du contexte global favorable sans changement climatique (situation climatique constante au niveau de 2005) et cadre socio-économique et politique caractérisé par la collaboration et le développement durable (SSP 1). De la même manière que précédemment c’est les différences en point de pourcentage avec le scénario standard SSP2+RCP8.5 qui sont calculées confère les tableaux précédents (17). Figure 19 Impact de l'adaptation et de l'atténuation du CC sur l'agriculture dans la trajectoire idéalecorrespondant à la différence entre un scénario SSP1 avec une forte adaptation et atténuation sans CC et un scénario SSP2 de poursuite des tendances socio-économiques Les différences en point de pourcentage liées dans ce scénario ont pour impact d'atténuer le CC (comparé aux tendances actuelles en termes de scénarios socio-économiques et de CC, cf tableau 18 à 20) sur le rendement des cultures et sur les superficies cultivées sont présentées pour les cultures pluviales et irriguées dans les tableaux 20 et 21, respectivement, et pour l'élevage dans le tableau 22. Ces différences sont estimées entre les projections pour 2030 et 2050 et les valeurs actuelles de 2020. Tableau 18- cultures pluviales Tableau 19– Cultures irriguées Tableau 20- Elevage Ces résultats intègrent deux effets combinés, l'impact du CC sur les rendements des cultures au Congo et sur les superficies cultivées ainsi que l'impact du changement de scénario socio-économique. Le monde passerait donc d'un scénario socio-économique poursuivant les tendances actuelles avec CC à un scénario caractérisé par une forte coopération internationale et une priorité au développement 70 durable, qui aurait pour effet une capacité d'adaptation élevée au CC combinée à une atténuation importante du CC. Entre 2020 et 2050, ce scénario montre un impact positif sur l'évolution des rendements de la majorité des cultures qui augmenterait de 5 % à 47 % par rapport au scénario suivant les tendances actuelles. Les cultures les plus favorisées sont le maïs, la banane plantain (+15%) et surtout les légumes qui bénéficieraient d'une augmentation de 47 % de l'évolution de leur rendement. Comme attendu, les résultats de ce scénario sont opposés à ceux de l'autre scénario extrême présentés juste avant. Il semble important de noter que le changement de scénario socio-économique a un impact qui va dans le même sens que celui du changement de scénario climatique (CC à No-CC), les effets positifs sur les rendements et surfaces des cultures de ces deux changements s'additionnent. Ceci est particulièrement net sur les rendements des cultures de légumes. L'élevage est moins impacté par le passage à une agriculture intelligente face au climat, excepté pour la volaille qui enregistre une augmentation de 9% de l'évolution du nombre d'animaux entre 2020 et 2050. Ces résultats très positifs pour la volaille et les légumes vont dans le sens du développement d'une agriculture vivrière qui pourrait mener à l'auto-suffisance pour le pays. Ce scénario certes théorique et utopique montre toutefois l’intérêt clair à orienter la politique et l’économie mondiale vers le développement durable, la collaboration internationale et des stratégies d’adaptation et atténuation du changement climatique. 71 A-9 La méthodologie d’analyse coûts bénéfices des projets AIC L’analyse coût-bénéfice vise à déterminer, pour chaque hectare et bénéficiaire direct du projet, les bénéfices dus aux activités. Afin de simplifier l’analyse, deux types de bénéfices ont été pris en compte : • L’augmentation des rendements agricoles dûs à l’introduction de pratiques AIC, d’amélioration de la résilience de filières et/ou du renforcement de l’environnement institutionnel • L’augmentation des services environnementaux (stock de carbone) liée à l’adoption de l’AIC. Les coûts correspondent aux coûts de mise en œuvre du projet, estimés lors de l’atelier d’experts de novembre 2019 (atelier de consultation n°2 du processus l’élaboration du PIAIC). La figure ci-dessous présente la méthodologie utilisée par l’analyse coû ts bénéfices des projets du PIAIC. Il convient de noter que, s'agissant de la faisabilité globale des investissements, les résultats pluriannuels présentés dans chacun des six projets prioritaires doivent être lus à titre purement indicatif. Une analyse coûts-avantages plus rigoureuse devra être entreprise une fois qu'il y aura des informations supplémentaires et spécifiques au site sur les coûts estimés, la taille et la portée des investissements et les avantages escomptés - justifiant l'utilisation de la valeur actuelle nette14 et d'autres techniques standard pour détermination de la faisabilité. Le niveau d'exactitude et la disponibilité des données dans la présente étude justifiaient une estimation du niveau de préfaisabilité qui indiquent--dans des niveaux de confiance acceptable--quels investissements ont une chance raisonnable de commencer à recouvrer leurs coûts d'investissement au cours des premières années d’exécution des projets respectifs. 14« Net present worth » 72 METHODE DE CALCUL DES BENEFICES 1) Augmentation des rendements agricoles grâce à l’AIC Les projets AIC, de quelque nature qu’ils soient (pratiques agricoles, approches systémiques, environnements propices) permettent d’améliorer la productivité. Ainsi, l’amélioration du rendement agricole est estimée pour chaque projet. a) Estimation de l’augmentation du rendement de la culture après l’intégration d’une pratique d’AIC : Les données d’amélioration de rendement grâce à l’AIC sont issues de la base de données du CGIAR (voir la plateforme https://era.ccafs.cgiar.org/analysis/examine-outcomes/ construite par le CGIAR en partenariat avec CCAFS et World Agroforesterie). La plateforme réalise une moyenne d’un grand nombre d’études effectuées en Afrique. L’hypothèse selon laquelle cette augmentation de rendement peut être atteinte durant les 5 années du projet a été faite, même si l’Afrique Centrale est relativement peu représentée dans le jeu de données. b) Estimation de la courbe d’évolution de l’amélioration du rendement Dans un second temps, une courbe de progrès de l’amélioration du rendement est proposée afin de refléter au mieux la réalité de la mise en œuvre du projet AIC (i.e amélioration progressive des rendements). Cette estimation a été faite à dire d’experts. c) Estimation de l’impact économique Ensuite, la valeur économique (prix par tonne) de chaque production agricole est estimée grâce à la littérature et/ou aux dires d’experts. NB : les prix de vente ont été estimés fixes pour simplifier l’exercice. 2) Augmentation des stocks de carbone (méthode REDD+) grâce à l’AIC a) Estimation de la surface de forêts non déforestée (“déforestation évitée�) La méthode retenue ici est celle utilisée par la stratégie REDD+ du Congo (voir le rapport « analyse couts-bénéfices de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale REDD+ de la République du Congo », 2016). L’hypothèse selon laquelle l’augmentation du rendement permet de limiter l’étalement des cultures à pourcentage égal a été faite. Par exemple, 20% d’augmentation de rendement sur 50 ha permet de préserver une surface de forêt équivalente à 20% x 50ha soit 10ha. Cette hypothèse est celle adoptée par le Congo mais elle « critiquable ». Le suivi de cette déforestation évitée doit donc être effectué en vérifiant que les producteurs bénéficiaires ont arrêté de pratiquer l’agriculture sur brûlis. o Estimation des avantages économiques pour émission CO2 évitée En considérant un stockage de carbone dans les forêts du Congo de 118 tC/ha (CN REDD, 2014), soit 433 tCO2/ha (1 tC= 3,67 tCO2), on peut estimer les réductions d’émissions attendues sur les 5 ans du projet. En monnaie nationale, la valeur estimée par la REDD+ est de 2 919 FCFA la tonne de CO2, ce qui nous permet de calculer les bénéfices économiques lié à l’émission CO2 évitée. METHODE DE CALCUL DES COUTS Il s’agit d’évaluer les coûts par activité et par composante de chaque projet. Puis la r épartition des coûts sur les cinq années du projet est réalisée (à partir du calendrier estimé lors des ateliers). NB : Les données de coûts des projets AIC sont issues de l’atelier d’experts organisé en novembre 2019. METHODE DE CALCUL DE LA RENTABILITE Calcul de rentabilité = (valeur ajoutée totale – coûts) x 100 73 A-10 Les options identifiées pour l’AIC et leur priorisation L’analyse de la situation présentée dans le chapitre I de ce document a permis d’identifier les liens entre agriculture et climat : ainsi, le changement climatique menace les rendements des cultures principales du pays dans les prochaines années ; et l’agriculture congolaise traditionnellement itinérante sur brûlis est le premier vecteur de déforestation e t d’émission de CO2 du pays. Le développement de l’AIC est donc un enjeu stratégique pour la sécurité alimentaire du pays, pour la résilience de ses systèmes agricoles, et pour l’atténuation des émissions et pollutions dont l’agriculture est responsable et victime. Pour répondre à ces enjeux, les besoins suivants ont été identifiés lors du travail de recherche et consultation et exprimés par les parties prenantes : • Le renforcement des structures de recherche • Le développement et l’accès aux connaissances et informations pédologiques et agro- climatiques • L’accès aux financements et au foncier pour les petits producteurs • L’utilisation de semences améliorées et d’itinéraires techniques adaptés • La maîtrise de l’eau dans un contexte de variabilité accrue • Le développement d’infrastructure (routes, magasins, etc.) • L’intégration de nouvelles méthodes de culture par la population agricole • L’amélioration des chaînes de valeur (désenclavement, informat ion sur le marché, transformation) • Le maintien des stocks de carbone existants et la réhabilitation des stocks dégradés (forêts, sols) • La protection des ressources halieutiques et de viande sauvage • L’association agriculture-élevage • L’indépendance aux importations alimentaires notamment en protéines • L’autonomisation des femmes et des jeunes Cette analyse de la situation construite avec les parties prenantes du pays a permis l’identification d’une longue liste de 22 options suivantes pour le développement de l’AIC au Congo lors de la semaine de consultation et par les échanges dans le premier atelier du 7 au 11 octobre 2019. Le résumé de cet atelier est présenté en annexe A-19. L’ensemble de cette ‘liste longue’, ainsi définie par les parties prenantes locales, constitue des priorités pour le secteur agricole congolais pour répondre aux défis du pays. Celles-ci ont été déclinées en trois groupes en fonction de leur nature : • Les pratiques comprennent une gamme de pratiques et de technologies d’agriculture intelligente face au climat (AIC) dans le cadre de sept points d’entrée pour l’AIC, à savoir la gestion des sols, la gestion des cultures, la gestion de l’eau, la gestion de l’élevage, la foresterie, la pêche et l’aquaculture, et la gestion de l’énergie. • Les approches systémiques prennent en compte que pour atteindre les objectifs multiples de productivité et de sécurité alimentaire, de renforcement de la résilience des agriculteurs et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’AIC doit adopter dif férentes perspectives de systèmes, notamment les paysages et les écosystèmes, ainsi que les chaînes de valeur. • Les environnements propices à l’agriculture intelligente face au climat (AIC) sont les conditions-cadres qui facilitent et favorisent l’adoption de technologies et de pratiques intelligentes face au climat, à l’instar des technologies liées aux applications nucléaires en agriculture. Ils comprennent les politiques, les mécanismes institutionnels, la participation des parties prenantes et la considération du genre, les infrastructures, les régimes d’assurance, ainsi que l’accès aux services d’information et de conseil météorologiques. Les 22 options d’investissement pour l’AIC, identifiées par les parties prenantes congolaises durant les groupes de travail de l’atelier, sont les suivantes : 74 Pratiques Approches systémiques Environnements propices • Irrigation des bassins de • Filière maraîchage • Etudes production • Filière banane pédoclimatiques et • Production des • Filière manioc cartographie des sols semences adaptées • Filière maïs • Système d’assurance • Mécanisation de • Filière cacao climatique l’agriculture • Filière moringa • Système de • Développement de • Filière avicole financements l’agroforesterie • Filières protéiques (insectes, agricoles • Gestion de la fertilité chenilles, vers de palme) • Système d'information des sols • Aquaculture agro-météorologique • Développement de la • Agriculture de savane • Accès au foncier petite irrigation • Agriculture périurbaine En simultané de l’émergence des options d’investissement, les groupes de travail ont réalisé une évaluation de leur pertinence au regard des critères de l’AIC et de leur faisabilité. Ces critères avaient été préparés en amont de l’atelier à partir d’élém ents méthodologiques du guide CSAIP du CGIAR et répartis selon 4 dimensions : • Productivité, • Adaptation, • Atténuation, • Faisabilité. Les trois premières dimensions sont les piliers de l’AIC. Les critères de la 4 ème dimension (faisabilité) évaluent les capacités nationales et internationales (financières, structurelles, logistiques) pour réaliser ces options. Parmi ces douze critères, six (en gras ci-dessous) avaient été identifiés comme stratégiques ont été proposés et validés comme particulièrement importants par les parties prenantes de l’atelier 1 en raison du contexte national agricole, socio -économique, environnemental et politique. Productivité • Amélioration des rendements agricoles • Contribution à la sécurité alimentaire • Diversification et augmentation des revenus Adaptation • Utilisation optimale et équilibrée des écosystèmes • Cultures adaptées aux conditions pédoclimatiques futures • Accès à la connaissance de nature à aider à la décision agricole Atténuation • Réduction des émissions de GES • Séquestration Carbone • Réduction des pollutions Faisabilité • Faisabilité financière et institutionnelle • Faisabilité structurelle, infrastructurelle et logistique • Préexistence au Congo de pilotes pertinents Pour chaque critère est présenté ci-dessous un descriptif plus détaillé des critères et des aspects et sous-critères pris en compte pour leur analyse par les parties prenantes et l’équipe CSAIP. 75 Tableau 21- Critères d'analyse de la longue liste Productivité et Amélioration des Rendements très faibles : l’amélioration inclue l’accès à l’eau agricole, aux rendements agricoles variétés adaptées, les innovations agricoles revenus Equilibrage de la balance commerciale agroalimentaire très déficitaire Contribution à la sécurité Alimentation des aires urbaines (60% de la population dans deux villes) alimentaire Améliore l’accès aux protéines Diversification et Diversification des sources de revenus augmentation des revenus Rajeunissement de la population agricole vieillissante et non remplacée Utilisation optimale et Adaptation et Résilience Préservation des espaces menacés (forêts et zones humides), équilibrée des valorisation des espaces disponibles (savanes) écosystèmes Non-épuisement des ressources (eau, sols, biodiversité) Améliore la résilience de l’agriculture : Espèces adaptées Adaptation aux conditions Variétés adaptées au climat futur pédoclimatiques futures Association de cultures Cadre politique et structurel Accès à la connaissance Down-scaling des modèles climatiques Cartographie des sols de nature à aider à la Services d’information météoclimatiques décision agricole Calendrier des cultures Fin de l’agriculture dur brulis Réduction des émissions Atténuation Lutte contre la déforestation de GES Conservation des zones humides En respect des engagements du pays (stratégie REDD+) Séquestration Carbone Conservation des forêts Conservation des sols Non usage de produits polluants Réduction des pollutions Non-épuisement des ressources Faisabilité financière Financière et Facilité à trouver des partenaires techniques et financiers Faisabilité institutionnelle Structures institutionnelles pertinentes présentes dans le pays Alignement avec les priorités nationales Infrastructures et matériel existants Structurelle, infrastructurelle Cadre juridique approprié et logistique Réponse à l’enjeu d’accès au foncier Préexistence au Congo de Compétences et personnels locaux sur lesquels s’appuyer pilotes pertinents Existence de projet-pilotes L’évaluation de ces critères a donc été effectuée par les groupes de travail de l’atelier 1 appuyés par l’équipe CSAIP avec la grille d’analyse suivante (tableau 22) et est présentée dans le tableau 23. Tableau 22 – Légende du tableau de priorisation Critères d’AIC Critères de faisabilité Contribue positivement et directement Contexte favorable Contribue partiellement ou indirectement Contexte partiellement favorable Ne contribue pas ou très peu voire contribue négativement Contexte difficile ou défavorable 76 Tableau 23 – Tableau de priorisation des options d’investissement AIC Productivité Adaptation et Atténuation Faisabilité et revenus Résilience équilibrée des Préexistence au Congo de Amélioration des de GES Accès à la connaissance de Réduction des émissions Dont nombre pour les Réduction des pollutions pilotes pertinents Nombre de contributions augmentation des revenus Adapation aux conditions nature à aider à la décision Contribution à la sécurité Financière et écosystèmes Structurelle, infrastructurelle et Utilisation optimale et agricole positives rendements agricoles (usage d'intrants) critères prioritaires Diversification et alimentaire pédoclimatiques futures institutionnelle logistique Séquestration Carbone Pratiques Irrigation des bassins de production 3 1 Production des semences adaptées 5 4 Mécanisation de l’agriculture 2 2 Développement de l’agroforesterie 7 5 Gestion de la fertilité des sols 5 4 Développement de la petite irrigation 5 3 Approches systémiques Filière maraîchage 5 3 Filière banane 5 3 Filière manioc 5 3 Filière maïs 3 2 Filière cacao 3 1 Filière moringa 2 1 Filière avicole 2 1 FIlières protéiques (insectes, chenilles, vers de palme) 3 2 Aquaculture 2 0 Agriculture de savane 5 4 Agriculture périurbaine 4 2 Environnements propices Etudes pédoclimatiques et cartographie des sols 6 4 Système d’assurance climatique 2 0 77 Système de financements agricoles 2 1 Système d'information météorologique 6 4 Accès au foncier 3 2 Pour chaque option, le nombre de contributions positives (couleur verte) est comptabilisé dans l’avant-dernière colonne, et le nombre de contributions positives pour les critères prioritaires est comptabilisé dans la dernière colonne. Cela permet de faire émerger les options contribuant positivement pour au moins cinq critères dont trois critères prioritaires qui sont mises en valeur avec la couleur bleue dans le tableau tandis que les autres sont en orange : Production des semences adaptées, Développement de l’agroforesterie, Gestion de la fertilité des sols, Développement de la petite irrigation, Filière maraîchage, Filière banane, Filière manioc, Agriculture de savane, Etudes pédoclimatiques et cartographie des sols, Système d'information météorologique. Afin de réduire cette liste en mettant en avant les complémentarités de certaines options et en intégrant des composantes issues de l’ensemble des idées proposées (comme l’aquaculture par exemple), la liste suivante a été approuvée par le gouvernement et les experts lors du second atelier : • Développement de systèmes agroforestiers résilients pour le manioc, le maïs et la banane • Amélioration de la fertilité des sols • Amélioration de la gestion des ressources en eau par l’irrigation et l’aquacul ture • Accès aux produits, services et infrastructures pour des filières vivrières résilientes • Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture de savane • Développement d’un système d’information agro-météorologique Pour chacun de ces investissements, le Chapitre III, ainsi que les annexes suivantes fournissent le contexte et l’évidence de l’importance de ces projets, proposent un concept de projet (composantes, activités, budget) et analysent les bénéfices en termes de productivité, d’adaptation et d’atténuation. 78 A-11Projet 1 : Développement des systèmes agroforestières manioc, maïs et bananes en République du Congo 1.1. Synthèse du projet Titre du projet Développement de systèmes agroforestiers résilients pour le manioc, maïs et bananes Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP Partenaires CIRAD, ENSAF, IRA, IRF, IRD, KINOME Contribution au PNIASAN, PNIASAN : Composante 3.3.1 du sous-programme 3.3 à la CDN et au REDD+ CDN : Volet atténuation (lutte contre la déforestation non planifiée et renforcement du potentiel de séquestration du carbone), volet adaptation (protection de l’agriculture) REDD+ : Axe stratégique 3 (amélioration des systèmes agricoles) Objectif général Développer et promouvoir des modèles agroforestiers résilients, productifs et performants économiquement pour les petits producteurs Objectifs spécifiques : • Améliorer la productivité des sols et des rendements agricoles ; • Améliorer et diversifier les revenus des producteurs ; • Contribuer à l’accroissement des stocks de carbone ; • Contribuer à la réduction des pressions sur les forêts galeries et autres formations forestières naturelles ; • Restaurer les terres et les forêts dégradées. Bénéficiaires 20.000 producteurs (8000 dans le Pool, 4200 dans la Bouenza et le Niari, et 7200 dans la Sangha et la Likouala) Zones d’intervention du Recherche et dissémination : échelle nationale avec centres de projet recherche-action dans la Bouenza et Cuvette Ouest Essais culturaux : 14 000 hectares dans le Pool, la Bouenza, le Niari, la Sangha, la Likouala et le nord des cuvettes. Composantes du projet Activités Composante 1 : Activité 1.1 : Renforcement des activités de recherche sur les Renforcement des systèmes agroforestiers capacités sur les Activité 1.2 : Création de centres de recherche-formation en systèmes agroforestiers agroforesterie (ferme-école) Activité 1.3 : Identification, caractérisation et développement les itinéraires techniques climato-intelligents Composante 2 : Diffusion Activité 2.1 : Mise en place des normes techniques et du cadre des pratiques culturales institutionnel durables et itinéraires Activité 2.2: Formation de 60 vulgarisateurs et mise en place de 60 techniques en champs-écoles paysans agroforesterie Activité 2.3 : Suivi-évaluation des parcelles et des pratiques Composante 3 : Activité 3.1 : Mise en place de 8000 hectares de systèmes Accroissement de la agroforestiers manioc dans le Pool productivité agricole et Activité 3.2 : Mise en place de 2400 hectares de systèmes des stocks de carbone agroforestiers maïs dans la Bouenza et le Niari grâce à l’agroforesterie Activité 3.3 : Mise en place de 3600 hectares de systèmes agroforestiers banane dans le Nord forestier (Sangha, Likouala et Nord des Cuvettes) Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 16 000 FCFA) 79 Rentabilité 25% Contributions à Augmentation des rendements : maïs (+68,7%), de la banane (+103%) l’adaptation, à et du manioc (+20,9%). l’Atténuation et à la Réduction de 3 à 4,3 millions tC02 eq production Augmentation de la résilience des plantations 1.2. Introduction et contexte stratégique Intérêt de l’agroforesterie pour l’adaptation et l’atténuation Les pratiques d'agroforesterie permettent de compenser les émissions atmosphériques en stockant en milieu tropical entre 95 et 196 kg C/ha/an d'après la FAO. Les variations sont associées à divers facteurs liés au système agroforestier (caractéristiques pédologiques, espèces présentes et leur stade de développement…) et à la gestion de la parcelle. La maîtrise d'itinéraires techniques adaptés sur des sols peu favorables améliore la fertilité des sols et fidélise ainsi les populations sur des terrains plus productifs, réduisant la pression sur les forêts. Le développement de systèmes agricoles en zone de savane associés à des pratiques d'agroforesterie et d'agroécologie (légumineuses, techniques sylvopastorales, etc.) permet ainsi d'atténuer les impacts du réchauffement climatique mais aussi de s'y adapter. Plébiscités dans le dernier rapport du GIEC « Climat change and land » (2019), ces systèmes permettent de faire face aux aléas climatiques en réduisant le stress des cultures, notamment thermique, et à travers une production diversifiée productive. La culture de ligneux sur les parcelles sera par ailleurs source d'énergie renouvelable, indépendante des forêts. Ce système prévient de l'érosion des sols, phénomène aggravé dans des zones touchées par la déforestation. Situation de base et intégration de l’agroforesterie dans les priorités du pays Au Congo, l’agroforesterie fait désormais partie des priorités gouvernementales et s’inscrit pleinement dans la finalité et les objectifs (i) du Plan National de Développement 2018-2022, (ii) du programme national d’investissement agricole de sécurité alim entaire et nutritionnelle (PNIASAN), (iii) de la Stratégie Nationale REDD+ et (iv) de l’initiative de l’adaptation de l’agriculture africaine face au changement climatique (AAA). En permettant de diversifier les revenus des producteurs ; de lutter contre la déforestation et stocker du carbone ; et de s’adapter au changement climatique, l’agroforesterie est un levier d’action identifié dans les CDN du pays. Parmi les projets planifiés par le pays, on compte en particulier les suivants : • Le projet agroforestier Nord Congo, en cours de développement par le Projet Forêt Diversification Economique (PFDE). Il bénéficiera de l’appui financier du Gouvernement et de la Banque Mondiale ; • Le programme de réduction des émissions Sangha Likouala, en cours de développement par la CN-REDD. Il bénéficiera de l’appui financier du Gouvernement et de la Banque Mondiale ; • Le projet agroforestier Pool Plateaux en cours de développement par la CN-REDD. Il bénéficiera de l’appui financier du Gouvernement, de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement et des autres partenaires. A ce jour, les initiatives et les connaissances en agroforesterie au Congo sont limitées et ont concerné les cas suivants : • L’Association du Limba (Terminalia superba) avec le bananier, dévelo ppé par le Service National de Reboisement (SNR) dans le Massif forestier du Mayombe ; • Le projet agroforestier cacao et bananier sous ombrage, lancé par le Projet Forêt Diversification Economique (PFDE) avec le concours financier du Gouvernement, de la Banque Mondiale et de CIB-OLAM ; • L’initiative agroforestière lancée par l’ONG WCS, dans le département des plateaux ; • L’initiative agroforestière lancée par l’ONG Initiative Développement dans le département de la Bouenza ; • Le projet agroforestier Pool Plateaux en cours de développement dans le cadre du plan d’investissement de la stratégie nationale REDD. Il bénéficiera de l’appui financier du Gouvernement, de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement et des autres partenaires ; 80 • Le Projet Paysage Forestier Nord Congo en cours de développement par le MEF. Il bénéficiera de l’appui du Gouvernement et de l’Agence Française de Développement ; • Le Projet Fonds Vert Climat en cours de développement par le MTE. Il est soumis pour financement au Fonds Vert Climat. • Le manioc et le maraîchage en combinaison avec arboriculture fruitière dans le district de Boko dans le pool. Ce dernier projet constitue une réussite durable d’agroforesterie au Congo et peut servir de référence pour sa réplication. En cohérence avec les activités REDD+, les priorités du gouvernement et l’objectif de l’AIC, le programme d’investissement pour l’AIC appuiera le développement des filières agroforestières pour le manioc, la banane, le maïs comme filières de déploiement des pratiques agroforestières dans le pays. Ces trois filières sont effectivement des fondements de la sécurité alimentaire du pays et présentes dans la plupart des régions. Le projet agroforesterie du Congo vise précisément à pratiquer la culture en couloirs en accompagnant les producteurs pour les pratiques d’élagages qui permettent d’optimiser l’ombrage et augmenter la fertilité grâce au paillis des branches élaguées. Ces pratiques sont donc évaluées pour le manioc, la banane et le maïs sur la plateforme https://era.ccafs.cgiar.org/analysis/examine- outcomes/ construite par le CGIAR en partenariat avec CCAFS et World Agroforestry. La démonstration de l’efficience de pratiques agroforestières déjà existantes localement et notamment les cultures en couloir sur ces trois filières pourront permettre non seulement de lever des investissements supplémentaires mais surtout de promouvoir ces changements de pratiques auprès de l’ensemble de la population agricole du pays. 1.3 Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement du projet Si les techniques d’agroforesterie sont bien maîtrisées et leurs impacts analysés, et si les producteurs sont accompagnés avec un cadre de proximité (vulgarisateurs et champs écoles) et avec un cadre institutionnel adapté, alors le Congo réussira la transiti on de l’agriculture traditionnelle d’abattis-brûlis vers une agriculture plus résiliente, productive et atténuant le changement climatique, sur 14 000 ha de culture de manioc, banane et maïs dans trois régions cibles. Objectif général Développer et promouvoir des modèles agroforestiers résilients, productifs et performants économiquement pour les petits producteurs Objectifs spécifiques • Améliorer la productivité des sols et des rendements agricoles (0S1) ; • Améliorer et diversifier les revenus des producteurs (OS2) ; • Contribuer à l’accroissement des stocks de carbone (OS3) ; • Contribuer à la réduction des pressions sur les forêts galeries et autres formations forestières naturelles (OS4) ; • Restaurer les terres et les forêts dégradées (OS5). Bénéficiaires et zones d’intervention Les zones d’intervention ont été choisies en raison de la présence de projets -pilotes, de connaissances chez les producteurs et de la présence d’un marché proche pour écouler les produits. Ces trois filières vivrières (manioc, banane et maïs) sont des fondements de la sécurité alimentaire du pays présentes dans la plupart des régions et des expériences locales ou régionales ont montré la pertinence de ces pratiques pour les filières en termes de productivité, adaptation et atténuation. Le projet vise 20.000 producteurs (8000 dans le Pool, 4800 dans la Bouenza et le Niari, et 7200 dans la Sangha et la Likouala). Concrètement ce projet cible le déploiement de techniques agroforestières pour : - Le manioc dans la région du pool sur 8000 hectares en association avec les fruitiers sur le modèle de Boko et non loin de celui-ci pour profiter du transfert de compétences. - Le maïs dans la Bouenza et le Niari sur 2400 hectares en association avec le pois d’angole. 81 - La banane et le plantain dans le Nord forestier (Sangha, Likouala, Nord des Cuvettes) sur 3600 hectares en association avec des légumineuses et des fruitiers. 1.4. Description des composantes du projet : Composante 1 : Renforcement des capacités sur les systèmes agroforestiers Cette composante a pour objectif le renforcement des capacités pour le développement de la recherche agricole en lien avec l’AIC et l’agroforesterie en particulier. Elle est construite en synergie avec des composantes de recherche des autres projets AIC et en particulier le travail d’information sur les sols et les conditions agro-climatiques du pays des projets « Gestion des sols » et « Services d’information agro-météorologique ». Cette composante vise à appuyer la recherche congolaise sur les sujets de systèmes agroforestiers les plus performants pour les filières manioc, banane et maïs visées par le projet en fonction des diverses conditions pédoclimatiques du pays. Cela consiste notamment à identifier les associations de cultures- arbres et les jachères améliorées les plus efficientes à partir des connaissances traditionnelles locales et du travail de la recherche puis de développer les itinéraires techniques pour conduire ces cultures. Cette composante vise à renforcer les capacités pour le développement de la recherche agricole en lien avec l’AIC et l’agroforesterie en particulier. Activité 1.1. : Renforcement des activités de recherche sur les systèmes agroforestiers pour identifier les meilleures associations arbres-cultures agricoles pour développer la culture en couloir et les jachères améliorées avec les cultures vivrières les plus importantes du pays (manioc, banane, maïs, arachide, etc.). Les associations maïs-pois d’angole, manioc-acacia, et banane-légumineuse ou la pratique de jachères avec le mucuna sont des pratiques spécifiques déjà connues au Congo et prometteuses dont l’étude est à poursuivre. Le climat sera systématiquement intégré au cœur des problématiques en évaluant la résilience de tels systèmes face aux évènements climatiques extrêmes (sécheresses, précipitations extrêmes, etc.). L’évolution des caractéristiques physico -chimiques et biologiques des sols et en particulier le stockage du carbone en fonction des pratiques feront l’objet d’études approfondies. Le développement de la recherche passera en particulier par le transfert de compétences des pays voisins (Cameroun, Gabon, RDC) sur ces sujets à travers des voyages d’étude et l’assistance technique de centres de recherche internationaux (CIRAD, IRD, etc.). En termes de modalité de mise en œuvre, un appel à projets de recherche -action pourra être lancé sur la base de termes de référence élaborés lors de la phase de démarrage du projet. Activité 1.2 : Création de deux centres de recherche-formation en agroforesterie (ferme école). Afin de développer les capacités d’expérimentation, deux centres de recherche -formation seront créés pour permettre de mener des expérimentations en zone savanicole (Bouenza et Cuvette Ouest). Ces centres permettront d’expérimenter en zone savanicole subtropicale et en zone forestière équatoriale les pratiques agroforestières (cultures en couloir, jachères améliorées, étages de végétation, etc.) les plus efficaces pour le pays et de former les ingénieurs agronomes et techniciens agricoles du pays. Ainsi, dans cette composante, deux centres seront construits et équipés, et des cursus de formation seront élaborés. Cette activité pourra être mise en œuvre avec un appel d’offre pour la construction et pour les cursus de formation. Activité 1.3 : Identification, caractérisation et développement des itinéraires techniques climato- intelligents. Ce travail, faisant suite aux activités de recherche et de recherche-action, aura pour finalité de définir des itinéraires techniques climato-intelligents en agroforesterie pour différentes zones et différentes cultures. En particulier pour les trois zones et trois cultures ciblées dans ce projet, des études de faisabilité spécifiques seront réalisées. Il s’agit d’un travail approfondi de capitalisation des itinéraires techniques agroforestiers déjà testés, et d’un travail de recherche appliquée pour les itinéraires techniques innovants n’existant pas encore au Congo. 82 Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions de potentielle FCFA) Composante 1 AFD, MAEP MEF, MRSIT, 7 000 BM, PTF CIRAD, ENSAF, IRA, IRF, IRD, producteurs Activité 1.1 : Développement des activités de recherche sur l’agroforesterie 3 000 Activité 1.2 : Construction de deux centres de recherche-formation en 2 000 agroforesterie (ferme école) Activité 1.3 : Identification, caractérisation et développement des 2 000 itinéraires techniques climato-intelligents Composante 2 : Diffusion des pratiques culturales durables et itinéraires techniques en agroforesterie L’objectif de cette composante est la diffusion des itinéraires techniques issus du travail de recherche sur le terrain. L’adoption de nouveaux systèmes sur le long -terme par les petits producteurs nécessite un accompagnement de proximité durable. Cette diffusion est basée d’une part sur un encadrem ent institutionnel fort : normes et itinéraires techniques, sécurisation du foncier, formation de vulgarisateurs (techniciens locaux proche des communautés), suivi des activités. Et d’autre part avec du renforcement de capacités de proximité de producteurs : formation et vulgarisation à destination des producteurs. Ceci implique la formation de vulgarisateurs et la mise en œuvre de champs -écoles paysans. Activité 2.1 : Mise en place des normes techniques et du cadre institutionnel . L’objectif de la première activité est la documentation des itinéraires techniques identifiés dans la composante 1 au niveau national. Ce cadre de référence servira à la formation des vulgarisateurs et techniciens dont le recrutement est nécessaire pour renforcer les capacités du ministère. Le cadre institutionnel s’attachera à la sécurisation des droits fonciers dans les zones d’activité par des mesures de cartographie/micro-zonage. Le cadre institutionnel sera également chargé de la définition des mécanismes de financement pour le stockage de carbone dans les parcelles agroforestières. Cette activité sera mise en œuvre grâce à des prestations d’expertise nationale et internationale. Activité 2.2. : Formation de 60 vulgarisateurs et mise en place de 60 champs-écoles paysans. Afin de garantir une immersion des pratiques au sein des communautés, un réseau de 60 champs-écoles paysans (20 par département visé) sera mis en place dans le pays pour faciliter la formation de proximité des producteurs sur les pratiques agroforestières. Ce réseau de champs-écoles et de vulgarisateurs a pour vocation d’essaimer l’ensemble des pratiques agroforestières et climato - intelligentes performantes identifiées dans la ‘première composante’ du projet. Ce réseau servira également d’ancrage pour la promotion des pratiques de gestion des sols et la production de semences adaptées. Il occupe une place cruciale car l’adoption de pratiques agroforestières par les petits producteurs est conditionnée par la conviction de leur performance économique et environnementale. Ainsi, la démonstration pratique de la pertinence des systèmes agroforestiers (en termes de rendements, en termes d’adaptation aux évènements extrêmes et en termes d’atténuation récompensée par des PSE) au plus près des producteurs est la meilleure façon de les engager dans un changement durable de pratiques agricoles en regard de certaines pratiques peu productives et néfastes pour l’environnement. Activité 2.3. Mise en place du suivi-évaluation des parcelles en agroforesterie. Cette activité est décisive pour ce projet afin d’en faire une preuve de concept pour une démultiplication à l’échelle du pays. Des indicateurs spécifiques à l’AIC sur les rendements, la diversification des revenus, la résilience vis-vis de certains phénomènes climatiques ou ravageurs et l’atténuation de la dégradation de l’environnement (biodiversité, érosion des sols, stockage de carbone) seront étudiés dans tous les champs-écoles et dans les zones de la composante 3. Le stockage carbone sera spécifiquement évalué pour obtenir des certifications internationales ou REDD+. 83 Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions potentielle de FCFA) Composante 2 PDAC MAEP MEF, MTE, MRSIT, 3 000 BM ENSAF, ONG, producteurs Activité 2.1 : Mise en place des normes techniques et du cadre institutionnel 1000 Activité 2.2: Formation de 60 vulgarisateurs et mise en place de 60 champs-écoles 1000 paysans Activité 2.3 : Suivi-évaluation des parcelles et des pratiques 1000 Composante 3 : Accroissement de la productivité agricole et des stocks de carbone grâce à l’agroforesterie Cette composante vise à mettre en place 14 000 ha de systèmes agroforestiers de manière soutenue et directe pour trois cultures clefs du pays que sont le manioc, banane et maïs. Le projet cible le déploiement de techniques agroforestières dans des zones historiques de cultures (Pool, Bouenza, Niari, Sangha, Likouala, nord des Cuvettes). La promotion de ces pratiques agroforestières (par exemple, gestion des jachères, associations culturales, etc.) va diminuer les pratiques d’abattis -brûlis en maintenant les populations sur une parcelle donnée, une optimisation des ressources et une plus grande fertilité du sol. Il est donc attendu une augmentation des rendements des cultures de manioc, banane et maïs (voir section sur l’analyse coût bénéfice du projet). Activité 3.1 : Mise en place de 8000 hectares de systèmes agroforestiers manioc dans le Pool. L’objectif est d’impliquer 8000 producteurs en les formant et en les accompagnant dans la mise en place de systèmes agroforestiers manioc en association avec des fruitiers sur le modèle de Boko et à proximité de celui-ci pour profiter du transfert de compétences. Activité 3.2 : Mise en place de 2400 hectares de systèmes agroforestiers maïs dans la Bouenza et le Niari. L’objectif est d’impliquer 4200 producteurs en les formant et en les accompagnant dans la mise en place de systèmes agroforestiers maïs en association avec le pois d’angole. Activité 3.3 : Mise en place de 3600 hectares de systèmes agroforestiers banane dans le Nord forestier (Sangha, Likouala et Nord des Cuvettes) . L’objectif est d’impliquer 7800 producteurs en les formant et en les accompagnant dans la mise en place de systèmes agroforestiers banane en association avec des légumineuses et des fruitiers (mangues, avocats, safous). La mise en œuvre de ces systèmes agroforestiers passera par la démonstration de l’efficience de pratiques agroforestières sur ces zones, notamment les cultures en couloir et l’élagage visent à valoriser ces changements de pratiques auprès de l’ensemble de la population agricole du pays. Le réseau de champs-écoles national de la composante précédente jouera alors son rôle de propagateur. Pour chacune de ces zones, le projet commencera par réaliser une étude de faisabilité détaillée notamment pour définir précisément la zone et les bénéficiaires du projet. Le critère le plus important pour cette sélection est l’envie des producteurs locaux d’adopter ces pratiques et la présence de certaines pratiques forestières préexistantes. Un autre critère déterminant est la présence d’un marché de consommation localement (ville) et d’infrastructures/réseau pour acheminer la production facilement et à bas prix. 84 Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions potentielle de FCFA) Composante 3 PTF MAEP MEF, MTE, FAO, 6000 PAM, ONG, producteurs Activité 3.1 : Mise en place de 8000 hectares de systèmes agroforestiers manioc dans le Pool 2 000 Activité 3.2: Mise en place de 2400 hectares de systèmes agroforestiers maïs dans 2 000 la Bouenza et le Niari Activité 3.3 : Mise en place de 3600 hectares de systèmes agroforestiers banane 2 000 dans le Nord forestier (Sangha, Likouala et Nord des Cuvettes). Gestion du projet Le projet comptera sur le recrutement d’un coordonnateur général, trois experts spécifiques à chaque culture, plusieurs techniciens et vulgarisateurs (au moins neuf, à déterminer avec l’étude de faisabilité) et un assistant pour un montant de 3 000 millions de FCFA sur cinq ans. Les personnes recrutées seront autant que possible au sein des structures institutionnelles existantes et seront chargées de la formation des producteurs sur les pratiques agroforestières : culture en couloir, élagage des arbres agroforestiers, utilisation des déchets agroforestiers comme paillis et gestion de l’ombrage. La création d’un parc à bois pour la diffusion des semences d’arbres agroforestiers sera mise en place dans chaque zone. 1.5. Risques identifiés du projet : Risques Identifiés Importance Mesures d’atténuation du risque (probabilité, gravité) Le cadre institutionnel et juridique est mis en place en lien avec les engagements pris par le Congo à travers la CDN, la Gouvernance Moyen REDD+, les stratégies africaines PDDAA (Déclaration de MALABO, PNIASAN) et l’initiative triple AAA. Insuffisance des Faible Le projet mise avant tout sur le renforcement de capacités capacités des en ressources humaines et en connaissances pour relancer acteurs le secteur agricole grâce à l’agroforesterie. Accès au foncier Faible Historiquement, un enjeu majeur pour les producteurs congolais, une évolution positive est attendue avec la REDD+ qui garantit la sécurisation des plantations agroforestières. Dans les zones d’activités, l es services d’assistance technique veilleront à vérifier et sécuriser le droit foncier des bénéficiaires du projet. Les petits Moyen La réticence au changement des pratiques agricoles dans le producteurs sont temps est un risque important qui peut être maîtrisé par le réticents à changer choix des zones et un accompagnement conséquent et dans de pratiques la durée des producteurs. Le renforcement de capacités important des services techniques agricoles du pays prévu en particulier dans les zones du projet est un élément central de sa réussite. Chaines de valeurs Moyen Le développement des services d’informations permettra à insuffisamment l’ensemble des acteurs agricoles du pays de mieux développées connaître et comprendre les chaînes de valeur et de commercialisation. De plus le projet « Résilience des filières nourricières » vise à développer les chaines de valeur en mettant l’accent sur des mécanismes de 85 Risques Identifiés Importance Mesures d’atténuation du risque (probabilité, gravité) financement et accès au crédit pour les petits producteurs ainsi que l’accès aux marchés et pourra entrer en synergie. Enfin, les revenus alternatifs (fruits, bois-énergie, pois d’angole) sont alimentés par une demande locale importante. 1.6. Coûts et bénéfices du projet : Analyse coût/bénéfices du projet Estimation des bénéfices du projet (en Millions de FCFA ) : La base de données AIC établit les variations de rendement permises par l’ado ption de pratiques AIC selon un ensemble d’études scientifiques réalisées en Afrique. Le projet agroforesterie du Congo vise précisément à pratiquer la culture en couloirs en accompagnant les producteurs pour les pratiques d’élagages qui permettent d’optimiser l’ombrage et augmenter la fertilité grâce au paillis des branches élaguées. Ces pratiques sont donc évaluées pour le manioc, la banane et le maïs sur la plateforme https://era.ccafs.cgiar.org/analysis/examine-outcomes/ construite par le CGIAR en partenariat avec CCAFS et World Agroforestery. Figure 20 Impact de la culture en couloir et de l'élagage sur les rendements du manioc, de la banane et du maïs Le graphique ci-dessus montre l’impact positif de la culture en couloir et de l’élagage sur les rendements du maïs (+68,7%), la banane (+103%) et le manioc (+20,9%). Ces résultats sont une moyenne d’un grand nombre d’études effectuées en Afrique dans des climats potentiellement différents de ceux du Congo. On fait l’hypothèse pour cette analyse que ces augmentations de rendement peuvent être atteintes durant les 5 années du projet même si l’Afrique Centrale est peu 86 représentée dans le jeu de données. L’ensemble des données pour l’analyse coût -bénéfice est présentée dans le tableau suivant (tableau 24). Tableau 24 – Impact de pratiques d’agroforesterie sur trois cultures Augmentation de Prix en Chiffres Nombre Rendement rendement grâce à milliers de d'affaires de Cultures d’hectares (T/ha) l’agroforesterie FCFA (par base en M de (Source CGIAR) tonne) FCFA 15 20% 50 1 500 Manioc 8000 (Atelier 2 (Atelier 2 (Atelier 2 > 10 études PIAIC) PIAIC) PIAIC) 4 100% 75 540 Banane 3600 (REDD+) 1 étude (Atelier) 2,5 70% 180 540 Maïs 2400 (Atelier 2 (Atelier 2 (FIDA, 2015) > 70 études PIAIC) PIAIC) On fait l’hypothèse que l’augmentation de rendement se fait sur le rythme suivant, proposé par les experts de l’atelier 2 pour le cas du maïs. Pour le manioc dont l’amélioration de rendement est estimée à 20% à la fin du projet, l’augmentation sera donc de 8% à l’année 1, 12% à l’année 2, 16 % à l’année 3 et 18% à l’année 4. Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Coefficient d’amélioration 0,4 0,6 0,8 0,9 1 de rendement Tableau 25 - Augmentation du rendement au fil du projet (1) RémiCardinael et al, 2018Revisiting IPCC Tier 1 coefficients for soil organic and biomass carbon storage in agroforestry systems, RémiCardinaelet al 2018 (2) CN REDD, 2014 Estimation des coûts du projet (en Millions de FCFA ) : Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Coûts An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 Total (Millions de FCFA) Composante 1 2 000 1 400 1 400 1 200 1 000 7 000 Composante 2 800 600 600 400 600 3 000 Composante 3 1 200 1 600 1 200 1 200 800 6 000 TOTAL 4 000 3 600 3 200 2 800 2 400 16 000 Estimation de la rentabilité du projet Le tableau ci-dessous propose le calcul de rentabilité du projet agroforesterie à partir des données et hypothèses présentées en annexe A-11. Le projet permet de dégager une valeur ajoutée proche de 20 milliards FCFA, ce qui correspond à une rentabilité de 25% par rapport aux 16 milliards de FCFA investis sur les cinq ans. Le projet est rentable dès la deuxième année. Les revenus potentiels issus de la diversification (bois-énergie, fruits, pois, etc.) ne sont pas pris en compte par manque d’informations disponibles mais constituent une source de travail et de revenus su pplémentaires. Valeurs ajoutées An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 TOTAL 87 (Millions FCFA) Rendement manioc 480 720 960 1 080 1 200 4 440 Rendement banane 432 648 864 972 1 080 3 996 Rendement maïs 302 454 605 680 756 2 797 Bénéfices REDD 1 769 1 769 1 769 1 769 1 769 8 845 Valeur ajoutée totale 2 984 3 591 4 198 4 501 4 805 20 079 Coûts totaux du projet 4 000 3 600 3 200 2 800 2 400 16 000 Rentabilité -25% 0% 31% 61% 100% 25% Tableau 26 – Rentabilité du projet 1 Evaluation du projet au regard des trois critères de l’AIC Avantages en termes de production L’agroforesterie permet d’augmenter les rendements agricoles tout en diversifiant les revenus (PFNL, bois-énergie, etc.) Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentée Stable PFNL Présent Absent Avantages en termes d'adaptation Le travail de la FAO (Pratiques durable des terres, 2011) et les consultations menées lors de la construction du PIAIC identifient l’agroforesterie comme un contributeur fort d’adaptation sur les aspects suivants : Avantage Avec le projet Sans le projet Biodiversité et matière organique ++ - Stabilité et aération du sol ++ - Résilience à la variabilité des précipitations +++ / Résilience à des conditions de sécheresse ++ / Résilience aux pluies et vents extrêmes ++ / Résilience aux augmentations de températures et de taux ++ / d’évaporation Avantages en termes d'atténuation La FAO et le GIEC (Groupe Intergouvernemental pour l’évolution du climat) soulignent que l’accroissement des stocks de carbone dans les sols est le meilleur moyen d’augmenter la captation de CO2 de l’atmosphère, les autres écosystèmes terrestres (forêts, prairies naturelles, océans) étant déjà au maximum de leurs capacités. Une importante revue de littérature conduite par le CIRAD (1) sur les variations de stock de carbone dues à des pratiques agroforestières montre pour les cultures en couloir en zone tropicale humide : - Une augmentation moyenne du taux de captation de carbone dans le sol de 0,79 tonnes par hectare sur 17 études ; - Une augmentation du taux de captation de carbone due à la biomasse souterraine de 0,58 tonnes par hectare sur 43 études ; - Une augmentation moyenne du taux de captation de carbone due à la biomasse souterraine de 2,59 tonnes par hectare sur 43 études. En utilisant ces moyennes sur les 14 000 hectares concernés par le projet durant 5 ans, on obtient environ 3 millions de tonnes de carbone de plus séquestrées par rapport à un projet agricole traditionnel. Ces résultats sont en adéquation avec les estimations de l’outils EX ACT développé par la FAO, qui calcule la balance carbone avec ou sans un projet donné (figure 21). Il estime une augmentation de 4,3 millions tC02 eq évité grâce à la mise en place de pratiques agroforestières sur les surfaces du projet. 88 Figure 21Total des émissions carbones (tCO2 eq) avec et sans le projet, et équilibre (Source : outil ExAct, FAO) En faisant l’hypothèse (confère l’analyse coût -bénéfice) que les rendements agricoles sur les surfaces des trois zones augmentent de 50% en moyenne, c’est la moitié de la surface du projet (soit 7000 hectares de forêts) qui est préservée. En effet, cela correspond à la surface nécessaire pour produire la même quantité de produits agricoles en agriculture extensive. Cette hypothèse correspond à la méthode de déforestation évitée de la REDD+ qui est, selon leur propre analyse, « critiquable ». Le suivi de cette déforestation évitée doit donc être effectué en vérifiant que les producteurs bénéficiaires ont arrêté de pratiquer l’agriculture sur brûlis. En considérant un stockage de carbone dans les forêts du Congo de 118 tC/ha (2), soit 433 tCO2/ha (1 tC= 3,67 tCO2) on peut estimer les réductions d’émissions attendues à 3 millions tC02 sur les 5 ans du projet. EX ACT estime les pertes évitées à 4,3 millions tC02 eq pour 7 000 ha de forêts préservées. Le choix est fait de garder la valeur la plus faible pour l’analyse coût bénéfice du projet. Avantage Avec le projet Sans le projet Emissions de gaz à effet de Limité 3 à 4,3 millions de tonnes CO2 serre liées à la déforestation eq En monnaie nationale, la valeur estimée par la REDD+ est de 2 919 FCFA la tonne de CO2, ce qui fait environ de 8,9 milliards à 12 milliards FCFA pour ce projet sur 5 ans. 89 A-12Projet 2 : Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures III.2.1. Synthèse du projet Titre du projet Amélioration de la fertilité des sols et de la fertilisation des cultures Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP Partenaires IRA, UMNG, ONG, Société civile et producteurs Contribution au PNIASAN, à PNIASAN : composante 1.5.3 du sous-programme 1.5; sous- la CDN, et au REDD+ programme 4.1 CDN : volets atténuation et adaptation REDD+ : sous-axe 1.3 (amélioration de la gestion du foncier) Objectif général Diffuser les pratiques de gestion durable du sol pour améliorer les rendements agricoles, optimiser la fertilisation et augmenter le stockage de carbone et matière organique Objectifs spécifiques : • Améliorer le niveau de connaissance sur les sols (cartographie) et les capacités d’analyse de la fertilité des sols (0S1) ; • Améliorer l’accès à l’information sur les sols pour la prise de décision agricole et la gestion de la fertilisation (0S2) ; • Renforcer les capacités des producteurs, et notamment des jeunes et des femmes, à travers la création d’un réseau de champs-écoles et de vulgarisateurs formés (0S3) ; • Augmenter le stock de carbone dans les sols, la fertilité des sols et les rendements agricoles par une gestion durable des sols (0S4) ; • Préservation du couvert forestier favorisant la séquestration optimale du carbone (0S5). Bénéficiaires 8 000 producteurs de manière directe Au moins 100k indirectement par la création d’outils et de services à l’échelle national Zones d’intervention du Echelle Nationale projet Composantes du projet Activités Composante 1 : Activité 1.1 : Etablir la carte de fertilité et statut foncier des sols du Améliorations des pays au km² près connaissances sur les sols Activité 1.2: Identifier les techniques de gestion de fertilité et des et la gestion de la fertilité processus biologiques des sols pour chaque région pédologique et pour optimiser la chaque culture fertilisation Activité 1.3 : Développer des outils, services et produits (amendements, engrais, bio-fertilisants, couverts végétaux) pour gérer la fertilité Composante 2 : Mise en Activité 2.1 : Création et gestion d’un Système d’Information sur les place d’un Système Sols (SIS) d’Informations sur le Sols Activité 2.2 : Accès au grand public et création d’outils d’aide à la (SIS) décision basée sur le SIS (plateforme, canaux de communication, analyse des sols) Composante 3 : Diffusion Activité 3.1: Formation des vulgarisateurs pour un accès plus grand à des informations et des l’information outils d’aide à la décision Activité 3.2 : Organisation de campagne de sensibilisation des producteurs et formation aux outils d’information et aide à la décision, notamment par le réseau de 120 champs-écoles Activité 3.3 : Déploiement de l’association manioc-pois d’angole sur 8000 hectares Composante 4 : Activité 4.1 : Elaboration du cadre institutionnel et développement Renforcement des des cadres de concertation 90 capacités de gestion des Activité 4.2 : Soutien au renforcement des droits de propriété et des sols registres fonciers Activité 4.3 : Suivi-évaluation et capitalisation Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 23 950 FCFA) Rentabilité 26% Contributions à Augmentation des rendements (avec l’association : 25% pour le l’adaptation, l’atténuation manioc) et à la production Réductions d’émissions attendues : stockage carbone + réduction des émissions liées à la déforestation évitée estimée entre 0,87 et 1,2 millions de tonnes de CO2 Adaptation : augmentation de la résilience face aux stress hydriques, températures, amélioration des ressources du sol III.2.2. Introduction et contexte stratégique L’agriculture traditionnelle au Congo est basée sur l’itinérance , le système de brûlis et une faible rotation culturale avec pour conséquence une pression sur les forêts, la perte de fertilité des sols et la baisse des rendements. De plus, l’agriculture sur savane, considérée comme une priorité stratégique agricole, nécessite une gestion technique de ces sols souvent pauvres et sablonneux. Par ailleurs, une amélioration de la gestion des sols de la recherche jusqu’aux champs est nécessaire. Cela passe également par une amélioration de la connaissance des sols du pays et un accès au foncier maitrisé garantissant le droit d’usage des terres de manière durable pour les petits producteurs. Les formations actuelles des sols du Congo, en grande majorité de nature ferralitique, sont dotées d'une fertilité médiocre15. Cette situation est aggravée par les pratiques agriculturales. En effet, le système de culture majoritaire au Congo est l'abattis-brûlis dans des zones forestières convoitées pour la fertilité des sols. Ces pratiques engendrent un appauvrissement des sols par exportation volontaire (récolte) et involontaire (lessivage) de matière organique. La matière organique est un élément clé pour la santé des sols, étant source de nutriments et permettant une bonne structuration des horizons 16. Cependant, à cause d'un faible accès au foncier et un mode de vie de plus en plus sédentaire, les producteurs pratiquant l'abattis-brûlis diminue la durée des jachères forestières et herbacées, épuisant les sols par une exportation cadencée de matière organique. Par la déforestation réalisée pour ce type de culture et après abandon des terres appauvries, des zones de végétation de savane sont créées dans des zones habituellement forestières, modifiant le type d'humus climacique. Par conséquent, les propriétés physico-chimiques des horizons supérieurs des sols sont modifiées, pouvant engendrer une évolution profonde des profils et types d'évolution des sols, ainsi qu'une érosion de ces derniers. Cette vulnérabilité des sols et modification du couvert végétal amenuise leur potentiel agricole ainsi que leur potentiel de séquestration de carbone, source d'atténuation du changement climatique. La gestion durable de la fertilité des sols est donc essentielle pour l’adaptation et l’atténuation. Des pratiques agricoles conférant un taux de matière organique suffisant dans le sol permettent un accroissement du carbone stocké et de la productivité (restitution de nutriments aux cultures). Le pédoclimat favorisé par de telles pratiques augmente la résilience aux changements climatiques par un meilleur captage d'eau -essentiel en période de sécheresse- et drainage -en cas de forte pluie. De plus, le changement de pratiques de gestion des sols, notamment la diminution du travail du sol, limite les émissions de GES. En permettant la régénération de la fertilité des sols, ces pratiques limitent la convoitise des sols fertiles forestiers, diminuant ainsi la pression exercée sur les forêts congolaises, source de captation du carbone. De plus, une gestion optimale de la fertilisation des 15Boissezon et al., 1960 16Tanner et Sinclair, 1983 91 cultures permet d’améliorer les rendements en procurant à la plante les nutriments qui lui font défaut au bon stade de développement. Une gestion durable de la fertilité du sol et de la fertilisation des cultures sont ainsi sources d'une meilleure résilience face aux variabilités environnementales à venir, une plus grande sécurité alimentaire d'une population sans cesse grandissante, et une limitation des émissions de GES grâce au stockage du carbone et la déforestation évitée. Actuellement, la nature des sols est très peu documentée en République du Congo, mise à part des publications et cartographie datant des années 60. Une mise à jour de ces données est donc nécessaire pour une gestion optimale des sols et de leur fertilisation. III.2.3. Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement du projet Si les compétences sur la situation actuelle de fertilité des sols congolais et sur leur gestion durable sont renforcées, et si l’adoption de pratiques de restauration des sols par les producteurs est promue, alors les cultures verront leurs rendements augmentés et seront plus résilientes face aux aléas climatiques. Les producteurs contribueront de plus à une atténuation du changement climatique en favorisant le stockage du carbone dans le sol grâce à ces pratiques agricoles durables. Objectif Général Diffuser les pratiques de gestion durable du sol pour améliorer les rendements agricoles, optimiser la fertilisation et augmenter le stockage de carbone et matière organique. Objectifs spécifiques : • Améliorer le niveau de connaissance sur les sols (cartographie) et les capacités d’analyse de la fertilité des sols (0S1) ; • Améliorer l’accès à l’information sur les sols pour la prise de décision agricole et la gestion de la fertilisation (0S2) ; • Renforcer les capacités des producteurs, et notamment des jeunes et des femmes, à travers la création d’un réseau de champs-écoles et de vulgarisateurs formés (0S3) ; • Augmenter le stock de carbone dans les sols, la fertilité des sols et les rendements agricoles par une gestion durable des sols (0S4) ; • Préservation du couvert forestier favorisant la séquestration optimale du carbone (0S5). Bénéficiaires et zones d’interventions : 25 000 agriculteurs sur tout le territoire Producteurs, Organisations de la Société Civile (OSC), Recherche, Etablissement supérieur de formation III.2.4. Description des composantes du projet Composante 1 : Renforcer les capacités sur la gestion des sols et de la fertilité afin d’optimiser la fertilisation Cette composante établira les connaissances néces saires pour la construction d’un Système d’Information sur les sols nationaux, système permettant de mettre en place des pratiques de gestion des sols durable ainsi qu’une gestion optimale de la fertilisation des cultures. Les activités comprendront: i) La caractérisation des profils des sols à un kilomètre avec des cartes agro- pédologiques en ciblant en particulier les sols dégradés, ii) la création d’un laboratoire d’analyse des sols à Brazzaville, iii) des essais d’optimisation de la gestion de la ferti lité et des processus biologiques des sols dans toutes les régions pédologiques, iv) Le développement des recommandations de pratiques de gestion et fertilisation optimales pour chaque zone de 1 km et v) le développement des outils et des produits pour soutenir les pratiques de gestion (analyses de laboratoire, kits d’essais sur le terrain, semence de cultures de couverture, amendements de sol, etc.) et les pratiques de fertilisation. 92 Activité 1.1 : Etablir la carte de fertilité et statuts fonciers des sols du pays au km² près Pour réaliser une cartographie de fertilité des sols (agro-pédologique) et suivre les impacts de pratiques de gestion de la fertilité des sols, une compilation et harmonisation des analyses existantes sera réalisée. Pour compléter ce premier jeu de données, des prélèvements réguliers seront réalisés sur les SAU. La mise en place de stations d’analyse mobiles est nécessaire pour traiter les échantillons. Pour une analyse optimale et rapide des échantillons sans personnel sp écialisé, l’achat de matériel automatique sera nécessaire, permettant des débits élevés et une précision d’analyse suffisante. Ces laboratoires seront équipés d’outils de caractérisations physiques et chimiques tels : pH-mètre, conductimètre, colorimètre, spectromètre, analyseurs séquentiels… Cette cartographie des sols intègrera la prise en compte des statuts fonciers de l’ensemble des terres du pays. Activité 1.2 : Identifier les techniques de gestion de fertilité et des processus biologiques des sols pour chaque région pédologique et chaque culture La mise en place d’essais expérimentaux dans des zones pédologiques variées dans les champs -écoles du projet agroforesterie favorisera l’élaboration de techniques de gestion de la fertilité du sol (nouveaux itinéraires techniques : paillis, réduction du travail du sol, amendements, cultures de couverture). Les stations d’analyse mobiles permettront un traitement rapide des données des expériences. Activité 1.3 : Développer des outils, services et produits (amendements, engrais, biofertilisants, couverts végétaux) pour gérer la fertilité La formalisation des savoirs créés, et notamment des nouveaux itinéraires techniques sera faite de manière qu’ils soient facilement réplicables par tous, et dans l’ensemble du p ays. Des outils et services seront créés pour les disséminer (en relation avec la composante 2 : chatbots message ou whatsapp, messagerie téléphonique). Cette création de savoir permettra d’encourager la production et l’utilisation optimale d’intrants : amendements tels que les biofertilisants (pour les sols), les engrais (pour les plantes), des couverts végétaux (pour les sols, limitant l’érosion) … Des formations régulières seront mises en place pour l’ensemble du personnel des laboratoires et des techniciens accompagnant les producteurs dans la gestion de leur fertilité. Ainsi, une cartographie des ressources humaines sera réalisée, permettant à chaque acteur de travailler en réseau et d’être identifié par les producteurs. L’utilisation d’un logiciel col laboratif de partage de données permettra la concaténation de données et leur actualisation régulière par chaque acteur. Composante 1 Sources de Entité de mise en Partenaires Coût financement œuvre potentielle potentiels (Millions de FCFA) BM, BAD, AFD, MAEP IRA, UMNG, ONG, 9 870 FAO, PNUD Société civile et producteurs Activité 1.1 : Etablir la carte de fertilité et statuts fonciers des sols du pays au km² 6000 près Activité 1.2: Identifier les techniques de gestion de fertilité et des processus 1870 biologiques des sols pour chaque région pédologique et chaque culture Activité 1.3 : Développer des outils, services et produits (amendements, engrais, 2000 bio-fertilisants, couverts végétaux) pour gérer la fertilité Composante 2 : Mise en place d’un Système d’Informations sur le Sols (SIS) Cette composante a pour objet le développement d’un SIS national pour appuyer les décisions agricoles : système expert interactif sur les ressources en sol et leurs principales caractéristiques. Ce système sera mis en ligne sur le web et accessible à tous. Il permettra notamment d’adapter les techniques agricoles de gestion de la fertilité au type de sol, et notamment l’optimisation de l’usage d’intrants. 93 Activité 2.1 : Création et gestion d’un Système d’Information sur les Sols (SIS) Le SIS sera développé et sa maintenance sera assuré par un personnel gouvernemental dédié formé. Sa gestion sera multidisciplinaire étant donné la mise à jour régulière en fonction des nouveaux résultats de recherche et de suivi des pratiques. Ce SIS sera conçu pour être facilement accessible et compréhensible par le grand public. Des cartes des sols numériques et des fiches de recommandations sur les pratiques adaptées à chaque zone et culture y seront disponibles. Les modalités techniques et de gouvernance du SIS devront être analysés lors de l’étude de faisabilité. Activité 2.2 : Accès au grand public et création d’outils d’aide à la décision basée sur le SIS (plateforme, canaux de communication, analyse des sols) Pour diffuser largement les données et recommandations au plus grand nombre, il est nécessaire d’adapter la formulation de l’information et de multiplier les canaux de communication par la création d’outils variés (chatbots message ou whatsapp, messagerie téléphonique). Les producteurs des zones reculées et peu alphabétisées du Congo auront ainsi accès à l’information (type de sol, de culture, localisation, météo…) et aux recommandations de gestion de la fertilité (paillis, rotation et association de cultures réduction du travail du sol, amendements). Ces outils d’information pourront avantageusement être développés en synergie avec l’information agro -météo (projet 6), et les informations sur les prix du marché (projet 4). Une stratégie de diffusion de l’in formation sur les sols sera réalisée au préalable. Sources de Entité de mise Partenaires potentiels Coût financement en œuvre (Millions de Composante 2 potentielle FCFA) BM, BAD, AFD, MAEP IRA, UMNG, ONG, Société 4350 FAO, PNUD civile et producteurs Activité 2.1 : Création et gestion d’un système d’information sur les sols 1 750 Activité 2.2 : Accès au grand public et création d’outils d’aide à la décision basée sur le 2 600 SIS (plateforme, canaux de communication, analyse des sols) Composante 3 : Diffusion des informations et des outils d’aide à la décision Le savoir scientifique sur la gestion de la fertilité des sols sera vulgarisé et transmis aux usagers premiers : les producteurs. Activité 3.1 : Formation des vulgarisateurs pour un accès plus grand à l’information Pour optimiser leur compréhension de ces nouvelles connaissances, la formation des vulgarisateurs est nécessaire pour accéder au SIS et y naviguer puis orienter l’accès et l’utilisation des outils. Ils seront formés lors de séminaires annuels pour adapter l’information selon les destinataires (vocabulaire, raisonnement, niveau de précision…) et comprendre les contextes socio -économiques et pédoclimatiques instables de chaque région. Ils pourront par ailleurs y développer les savoir-être à mettre en œuvre pour accompagner le changement et faire face aux résistances. Activité 3.2 : Campagnes de sensibilisation des producteurs et formation aux bonnes pratiques de gestion des sols outils d’information et aide à la déc ision, notamment par le réseau de 120 champs-écoles Le travail de conversion des pratiques sera amorcé par des campagnes de sensibilisation, réalisées à travers les canaux institutionnels existants renforcés (directions régionales de l’agriculture, techniciens…), et l’utilisation d’un réseau de 120 champs -écoles commun au projet agroforesterie (projet 1). Les producteurs bénéficieront de formations participatives aux bonnes pratiques (paillis, réduction du travail du sol, rotation de cultures, cultures associées, amendements organiques), à l’usage d’outils d’aide à la décision et à l’usage du Système d’Information sur les Sols. Les précurseurs des changements de pratiques, par l’impact positif sur leur culture, seront ensuite les premiers ambassadeurs pour diffuser ces savoirs. Activité 3.3 : Déploiement de l’association manioc-pois d’angole sur 8000 hectares Des activités de déploiement seront menés sur 8000 ha pour les pratiques de rotation de cultures et d’association de cultures pour le manioc et le pois d’Angole qui sont des cultures co- bénéfiques. Les régions prioritaires pour ces formations seront celles dont les sols agricoles sont les plus vulnérables à la dégradation par l’homme et le climat (à définir par la composante 1). 94 Sources de Entité de mise Partenaires potentiels Coût financement en œuvre (Millions Composante 3 potentielle de FCFA) BM, BAD, AFD, MAEP IRA, UMNG, ONG, Société 6750 FAO, PNUD civile et producteurs Activité 3.1: Formation des vulgarisateurs pour un plus grand accès à l’information 750 Activité 3.2 : Organisation de campagne de sensibilisation des producteurs et formation 3000 aux outils d’information et aide à la décision, notamment par le réseau de 120 champs - écoles Activité 3.3 : Pilotes de rotation et association de cultures 3000 Composante 4 : Renforcement des capacités de gestion des sols Activité 4.1 : Appui à l’élaboration du cadre institutionnel et développement des cadres de concertation L’élaboration du cadre institutionnel est indispensable pour la mise en place d’une politique spécifique et cohérente à l’échelle nationale, devant permettre une gestion durable, rationnelle et participative des sols, par tous les acteurs de la société (communautés locales, société civile, autorités publiques…). La mise en place de cadre de concertation encouragera l’ensemble des acteurs de la filière à faire un état des lieux de la gestion des sols, de dégager les facteurs qui contribuent à leur dégradation et co-construire des solutions (techniques ou stratégies d’atténuation). Activité 4.2 : Soutien au renforcement des droits de propriété et des registres fonciers Ce cadre institutionnel amélioré aura vocation à renforcer des droits de propriété et des registres fonciers, encourageant une gestion plus durable des sols. Une cartographie de l’usage actuel des sols complétera la cartographie de fertilité des sols pour accompagner les autorités dans la gestion de l’octroi de terre selon l’historique d’occupation de ces dernières (culture, végétation…) et leur type de sol. Activité 4.3 : Suivi-évaluation et capitalisation Un suivi-évaluation et une capitalisation des savoirs acquis pour la mise en place de ce cadre favorable à une gestion durable des sols seront réalisés. Ils seront régulièrement concertés en cas de remaniements et diffusés via les canaux de communication du gouvernement. Sources de Entité de mise Partenaires potentiels Coût financement en œuvre (Millions potentielle de FCFA) Composante 4 BM, BAD, AFD, MAEP Autres ministères, IRA, 2 980 FAO, PNUD UMNG, ONG, Société civile et producteurs Activité 4.1 : Elaboration du cadre institutionnel et développement des cadres de 875 concertation Activité 4.2 : Soutien au renforcement des droits de propriété et des registres fonciers 875 Activité 4.3 : Suivi-évaluation et capitalisation 1230 95 III.2.5. Atténuation des risques Risques Identifiés Importance du risque Mesures d’atténuation (probabilité, gravité) Dans les zones d’activités, les services d’assistance techniques veilleront à vérifier et Accès au foncier Fort sécuriser le droit foncier des bénéficiaires du projet. La non-adoption des pratiques dans le temps est un risque important qui peut être contrôlé grâce à des campagnes de sensibilisation et un Non-adoption des accompagnement conséquent et dans la durée changements de pratiques Fort des producteurs. Le renforcement de capacité par les petits producteurs important des services techniques agricoles du pays prévu en particulier dans les zones du projet est un élément central de sa réussite. III.2.6. Coûts et bénéfices du projet Estimation des bénéfices du projet : L’analyse coût-bénéfice vise à déterminer, pour chaque hectare et bénéficiaire direct du projet, les bénéfices dus aux activités qu’ils soient dus à l’augmentation de rendements, et à la valorisation de l’augmentation des services environnementaux (REDD+). Le projet gestion des sols au Congo vise précisément à améliorer la santé des sols et donc la productivité par des pratiques de paillis, réduction de travail du sol, d’usage de cultures de couverture et d’association de cultures. La couverture du sol et sa fertilité est particulièrement importante dans la culture du manioc, principale culture de subsistance au Congo, car la croissance initiale de la plante est lente, le sol est directement exposé à l’impact de la pluie pendant les deux à trois premiers mois du cycle de croissance et l’écartement important des plants est propice à l’apparition d’adventices. L’analyse de la rentabilité de ce projet est donc réalisée en étudiant l’impact d’une association du manioc avec une légumineuse, le pois d’angole, sur 8 000 ha. Cette analyse est représentative des bénéfices apportés par ce projet, mais pas exhaustive. L’évolution du rendement du manioc en association avec le pois d’Angole a été estimé par les experts de l’atelier 2 (tableau 27). Avec un rendement actuel de 15T/ha (donnée de l’atelier 2), le manioc voit son rendement augmenté de 25% en cinq ans. Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Rendement du manioc 17,25 18 18,75 18,75 18,75 (T/hectare) Amélioration du rendement du manioc par association avec le 15% 20% 25% 25% 25% pois d’Angole (atelier 2) Tableau 27 : Evolution du rendement du manioc lors d’une association avec le pois d’Angole 96 Augmentation de Nombre Rendement Prix en milliers de Cultures rendement grâce à ces d’hectares (T/ha) FCFA (par tonne) pratiques 8000 15 25% 50 Manioc (Atelier 2 PIAIC) (Atelier 2 PIAIC) (Atelier 2 PIAIC) Tableau 28 : Données de base utilisées dans cette analyse Estimation des coûts du projet : Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Composantes Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Total Composante 1 2 000 2 000 2 000 2 000 1 870 9 870 Composante 2 1 310 1 310 870 430 430 4 350 Composante 3 1 530 1 350 1 350 1 350 1 170 6 750 Composante 4 875 875 440 440 350 2 980 TOTAL 5 715 5 535 4 660 4 220 3 820 23 950 Estimation de la rentabilité du projet Le projet gestion des sols au Congo vise précisément à améliorer la santé des sols et donc la productivité par des pratiques de paillis, réduction de travail du sol, d’usage de cultures de couverture et d’association de cultures. La couverture du sol est particulièrement importante dans la culture du manioc, principale culture de subsistance au Congo, car la croissance initiale de la plante est lente, le sol est directement exposé à l’impact de la pluie pendant les deux à trois premiers mois du cycle de croissance et l’écarteme nt important des plants est propice à l’apparition d’adventices. L’analyse de la rentabilité de ce projet est donc réalisée en étudiant l’impact du paillage sur une production de manioc de 4 000 ha. Cette analyse est représentative des bénéfices apportés par ce projet, mais pas exhaustive. L’ensemble des données pour l’analyse coût-bénéfice est présentée dans le tableau suivant. Valeurs ajoutées (Millions de Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 TOTAL FCFA) Bénéfices rendement du manioc par 900 1200 1500 1500 1500 6600 association avec le pois Bénéfices production du 2600 2600 2600 2600 2600 13000 pois Bénéfice production de 1600 1600 1600 1600 1600 8000 bois d'énergie (pois) 97 Bénéfices REDD 506 506 506 506 506 2528 Valeur ajoutée 5606 5906 6206 6206 6206 30128 totale Coûts (Millions de 6 215 6 035 5160 4720 1820 23950 FCFA) Rentabilité -10% -2% 20% 31% 241% 26% Tableau 29– Rentabilité du projet 2 La mise en place d’une association manioc – pois d’Angole sur 8 000 ha a une rentabilité de 26% sur les cinq ans. Le projet a donc une rentabilité d’au moins 26%, étant donné que les autres pratiques de gestion durable des sols n’ont pas été prises en comp te dans cette analyse et que le projet a une envergure nationale par la cartographie des sols, la capitalisation et la diffusion des bonnes pratiques. Evaluation du projet au regard des trois critères de l’AIC Avantages en termes de production/revenus  Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentés Bas Sécurité alimentaire Améliorée Basse Avantages en termes d'adaptation  Avantage Avec le projet Sans le projet Résilience des itinéraires techniques +++ - Résilience face aux épisodes de fortes pluies ++ - Résilience aux augmentations de températures et de taux ++ - d’évaporation Gestion des ressources hydriques par le sol (captage/rétention) +++ - Stabilité physico-chimique des formations pédologiques ++ - Erosion - +++ Préservation de la biodiversité ++ - Amélioration des ressources du sol (MOS, nutriments) +++ - Avantages en termes d'atténuation Parmi les effets bénéfiques d’une gestion durable des sols, l’impact sur les forêts est non négligeable. Grâce à la mise en place de ces pratiques, l’amélioration des rendements limite la convoitise pour des terres forestières fertiles. Avec la méthode de calcul REDD+, on peut estimer les réductions d’émissions attendues pour les 2 000 ha de forêts non déforestées à plus de 0,87 million tCO2 sur les 5 ans du projet. Selon l’outil EX-ACT développé par la FAO (Figure 22), la préservation de ces 2 000 ha permet de compenser 1,2 millions tCO2 eq sur les 5 ans du projet. Les bénéfices associés à la déforestation évitée sont entre 2, 5 milliards et 3,4 milliards de FCFA pour ce projet. L’analyse coût bénéfice du projet est réalisée avec la valeur la plus faible. 98 Figure 22Total des émissions évitées (tCO2 eq) avec et sans le projet, et valeur d’équilibre (Source : Outil ExAct, FAO) Avantage Avec le projet Sans le projet Emissions de gaz à effet de serre 0 Entre 0,87 et 1,2 millions de liées à la déforestation tCO2 eq Stockage de carbone Favorisé Défavorisé 99 A-13Projet 3 : Amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’aquaculture III.3.1. Synthèse du projet Titre du projet Amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’irrigation pour le manioc, le riz etl’aquaculture Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP/ FAO Partenaires PTF/ FIDA / PAGIRE Contribution au PNIASAN PNIASAN : sous-programme 1.5 et sous-programme 2.2 et à la CDN Objectif général Favoriser la résilience de l’agriculture et l’aquaculture face aux perturbations pluviométriques en renforçant la gestion des ressources en eau, en développant les infrastructures hydroagricoles, et par l’intensification durable de cultures comme le riz Objectifs spécifiques : • Aménager les infrastructures liées à la gestion de l’eau (OS1); • Renforcer les capacités des producteurs (OS2); • Renforcer la gouvernance sur la gestion de l’eau (OS3); • Aménager les fleuves pour les conditions d’aquaculture (OS4) • Favoriser la mise en place de systèmes d’intensification durable du riz (SRI) (0S5) Bénéficiaires 10.000 agriculteurs/agricultrices+ 1.000 piscicultrices Zones d’intervention du Pool et Bouenza projet Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1. : Identification des sources d’alimentation en eau et Aménagement des études de faisabilité infrastructures pour la Activité 1.2. : Aménagement ou réhabilitation de 10 périmètres hydro gestion de l’eau agricoles pour la culture du manioc et du riz Activité 1.3 : Diffusion de techniques et matériel de drainage Composante 2 : Activité 2.1 : Identification et formation des producteurs en matière Renforcement de de gestion optimale de l’eau capacités des Activité 2.2. : Distribution des kits d’irrigation (goutte à goutte, producteurs motopompe, pompe à pédale, etc.) et de dispositifs de drainage Composante 3 : Renforcer Activité 3.1 : Revue du cadre institutionnel de la gestion d’eau les capacités de gestion Activité 3.2 : Formation et accompagnement des comités de gestion des ressources en eau des infrastructures d’eau et opérationnalisation Activité 3.3. : Gestion et suivi-évaluation Composante 4 : Activité 4.1 : Etude Filière et identification des sites pour la Aménagement des pisciculture fleuves pour les besoins Activité 4.2 : Aménagement des sites pour la pisciculture et les en aquaculture pêcheries Activité 4.3 : Organisation et formation des groupes de pisciculteurs Activité 4.4 : Appui pour structurer la filière et création d’un centre d’alevinage Coûts et bénéfices du projet Coût total (M FCFA) 36 000 Rentabilité 76% Contributions à Augmentation des rendements : +50% l’adaptation, Résilience à la variabilité des précipitations et aux stress hydriques l’atténuation et à la Entre 4 et 5,4 millions de tCO2 eq évités production 100 3.2. Introduction et contexte stratégique Impact des changements pluviométriques sur l’agriculture congolaise L’agriculture congolaise est entièrement pluviale et donc très fragile vis -à-vis des perturbations pluviométriques. L’analyse du climat actuel et les prévisions futures ont mis en évidence les perturbations pluviométriques et hydriques dues aux changements climatiques : diminution des pluies, augmentation des périodes sèches, changement des ressources hydriques de surface et de profondeur, disparition des berges sont des phénomènes à anticiper pour développer une agriculture intelligente face au climat... Les conséquences du changement climatique sur les régimes pluviométriques rendent les cultures congolaises particulièrement vulnérables. L'augmentation de l'intensité des fortes pluies accroît le risque d'inondations des cultures, notamment celles à proximité des cours d'eau dont l'écoulement est démultiplié, menaçant ainsi les berges. Ces engorgements des terres, auxquels se rajoute une plus grande humidité atmosphérique, entrainent un lessivage des nutriments des sols et une croissance fongique, amenuisant la production agricole. En contraste de ces périodes de fortes pluies, une fréquence accrue des sécheresses entraine des pénuries d'eau sur certaines périodes, notamment dans les régions de savanes, menaçant la productivité agricole et les cheptels. Un potentiel hydrique peu développé Actuellement, seuls 20 millions de m 3 d'eau par an sont utilisés pour l'irrigation, ce qui est faible face à la capacité hydrique du pays dont les ressources exploitables annuelles sont de 1 588 milliards de m3. Le pays dispose notamment de ressources aquifères souterraines considérables, recouvrant 70% de sa surface, mais dont seulement 9% des prélèvements sont à destination de l'agriculture 17. Les infrastructures d'irrigation à usage agricole en milieu rural sont encore peu présentes : sur 4262 villages recensés, à peine 655 disposent d'ouvrages hydrauliques identifiés (forages, puits équipés, citernes…)18. L'irrigation, premier facteur d'augmentation de la production et du rendement contribue fortement à la réduction du déficit agroalimentaire dans le pays et est gage d'une plus grande sécurité alimentaire. Gestion des ressources en eau Le Schéma Directeur de Valorisation Intégrée des Ressources en Eau centrée sur l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche/Pisciculture en République du Congo (SVIRE -C) constitue le cadre stratégique du développement de la gestion des ressources en eau du pays, notamment le besoin d'infrastructures modernes de développement, et un accompagnement technique des producteurs. Ce projet s’inscrit entièrement au sein de cette politique en s’appuyant sur certains volets de cette stratégie nationale dans une perspective d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. Le projet de renforcement de la gestion des ressources en eau et de l’aquaculture a pour objectif de favoriser la résilience des cultures pouvant être sensibles aux perturbations pluviométriques en développant l’irrigation ou le drainage, les infrastructures pour l’aquaculture et en renforçant les capacités des acteurs. Le développement de projet d’irrigation sur des bassins hydroagricoles et de distribution aux producteurs est un levier considérable pour augmenter la productivité agricole et la variabilité des rendements. L’aménagement d’infrastructures aquacoles pourrait de plus satisfaire la demande nationale de poissons et réduire la pression sur les ressources halieutiques sauvages en diminution. Riz L’analyse de la filière riz par SOFRECO-CERAPE en 2012 tirait les observations suivantes : « Les fermes d’état gérées par l’OCV produisaient du riz dans des espaces irrigués et une rizerie était installée à Mossendjo (NIARI) ; elle produisait du son po ur l’Unité d’Aliment du Bétail de Nkayi2. La production atteignait 3 400 tonnes en 1972 et seulement 750 tonnes en 1991. Depuis 1993 et la liquidation de l’OCV, suivie de l’apparition des conflits, ces fermes n’ont plus produit de riz et la rizerie est fermée. » « Si le riz prend de plus en plus de place dans l’alimentation des congolais, les paysans ne souhaitent pas en augmenter la production, car la commercialisation n’est plus assurée par l’Etat ; elle 17Schéma Directeur de Valorisation Intégrée des Ressources en Eau centrée sur l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche/Pisciculture en République du Congo (SVIRE-C), 2019 18Global Water Partnership, Développement d’une stratégie de financement du secteur de l’eau en Afrique centrale - Etude nationale sur le financement du secteur de l’eau , 2010 101 n’intéresse pas les privés, les marges par rapport au riz importé étant faibles voire négatives. Les importations sont passées de 8 500 tonnes en 1982 à 33 000 tonnes en 1992. Elles sont aujourd’hui de plus de 50 000 tonnes. Cette culture exigeante en main d’œuvre et en semences de qualité est délaissée, à l’exception de quelques zones du Niari, du Pool et de la Bouenza où on la trouve surtout dans des bas-fonds. » L’opportunité climatique montrée précédemment couplée au développement de l’irrigation ouvre une porte de développement de la filière riz grâce à une augmentation des rendements pour une culture très dépendante de la bonne gestion des ressources en eau. De plus, la culture du riz permet de renforcer l’autonomie alimentaire du pays très dépendant des importations pour ce produit (25 millions de dollars par an) et de réduire le coût environnemental associé au transport de la production. Il convient de souligner que la culture de riz fait partie des cultures potentiellement fortement émettrices de méthane et donc contributrices au réchauffement climatique. Cette émission de méthane dues à des bactéries peut être en grande partie contrôlée par des pratiques culturales adaptées (drainage, réduction des engrais) comme le souligne les études de l’Institut de Recherche et Développement (IRD) ou de l'Institut International de Recherche sur le riz (IRRI) 19. La diffusion des bonnes pratiques pour cette filière mineure actuellement est donc un point-clef pour le déploiement de filière stratégique au regard du climat et de la sécurité alimentaire du pays. Le système d'intensification du riz, ou SRI (« Système of Rice Intensification »), une méthodologie agro-écologique, intelligente face au climat et à faible intrant est une manière efficiente de répondre à ces défis. Développée à Madagascar et pratiquée aujourd'hui dans plus de 50 pays, la méthodologie SRI permet l’augmentation des rendements souvent de 50% et plus, tout en utilisant 90% de semences en moins, 30 à 50% d'eau en moins et moins de produits agrochimiques 20. Sur la base des principes d'établissement précoce de plantes saines, une concurrence réduite entre plants, des sols riches en matière organique et une consommation d'eau réduite, les plants de riz peuvent mieux exprimer leur potentiel génétique par rapport aux approches conventionnelles. Des essais culturaux ont démontré l’efficacité de ces systèmes depuis 2010. Un réseau s’est structuré entre 2014 et 2016 à travers 13 pays autour du projet « Amélioration et extension du système d'intensification du riz en Afrique de l’Ouest » (SRI-WAAPP), commandé et supervisé par le CORAF / WECARD, et soutenu par la Banque mondiale et dans le cadre du parapluie de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest). 3.3. Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement du projet Si des infrastructures (périmètres hydro-agricoles, irrigation et drainage) sont installées, et si les capacités de gestion durable de l’eau sont renforcées au niveau national et local, et si des activités productives sont développées notamment la culture du riz, alors les productions agricoles bénéficient d’un apport d’eau optimal et les producteurs voient leurs rendements augmenter, et ces nouveaux systèmes agricoles permettent d’anticiper et de s’adapter aux perturbations pluviométriques liées aux changements climatiques. Objectif Général Favoriser la résilience de l’agriculture et l’aquaculture face aux perturbations pluviométriques en renforçant la gestion des ressources en eau, en développant les infrastructures hydroagricoles, et par l’intensification durable de cultures comme le riz. Objectifs spécifiques • Aménager les infrastructures liées à la gestion de l’eau (OS1) ; • Renforcer les capacités des producteurs (OS2) ; • Renforcer la gouvernance sur la gestion de l’eau (OS3) ; • Aménager les fleuves pour les conditions d’aquaculture (OS4). 19https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010022343 20https://sriwestafrica.org/ 102 • Favoriser la mise en place de systèmes d’intensification durable du riz (SRI) (0S5) Effets souhaités/Composantes • Amélioration de la productivité donc des revenus des bénéficiaires • Amélioration de la résilience aux changements climatiques • Améliorant de la gouvernance sur la gestion de l’eau • Aménagement des fleuves pour les besoins en aquaculture • Développement d’une filière productive et résiliente : le riz Résultats attendus • 20 périmètres hydro-agricoles existants sont aménagés et réhabilités (manioc et riz) ; • 20.000 producteurs sont identifiés et formés en matière de gestion optimale de l’eau pour les cultures vivrières, dont le riz ; • Les kits d’irrigation et les dispositifs de drainage sont distribués ; • Le cadre institutionnel de la gestion d’eau est mis en place ; • Les comités de gestion des infrastructures d’eau sont formés ; • Les pêcheries sont identifiées et aménagées ; • Les sites de la pisciculture sont identifiés et aménagés et bénéficient à 1000 piscicultrices ; • Le projet est bien géré et la base des données de suivi-évaluation est bien constituée et alimentée. Bénéficiaires et zones d’interventions 10.000 agriculteurs/agricultrices+ 1.000 piscicultrices 3.4. Description des composantes du projet Composante 1 : Aménagement des infrastructures pour la gestion de l’eau La première expérience de l’irrigation formelle au Congo remonte aux années 60 avec la création de la ferme de Kombé (508 ha) située à 18 Km au sud de Brazzaville. L’aménagement hydroagricole (AHA) comporte un micro-barrage sur le cours d’eau de « La Loua », une station de pompage et des canaux d’irrigation en béton armé munis de vannes. La relance des activités de la ferme sous le nom de « Centre de Démonstration des Techniques Agricoles » s’est modernisée avec l’utilisation du goutte-à- goutte sur une superficie de 59 ha. L’analyse réalisée dans le cadre du SVIRE -C montre que 2 départements concentrent l’essentiel des exploitations pratiquant la petite irrigation à savoir la Bouenza avec 40,5% des exploitations et le Pool (30 %). Ces deux départements contiennent, de plus, selon cette même étude, le plus de bassins de productions (respectivement 7 et 16) pouvant regrouper des activités de pêche, élevage, agriculture et pisciculture. Ces départements sont proches des grandes villes du pays et moins dépourvus d’infrastructures que d’autres départements. Ils constituent donc des cibles prioritaires pour multiplier ces aménagements hydroagricoles. Activité 1.1. : Identification des sources d’alimentation en eau et études de faisabilité La compilation et analyse de bases de données existantes permettra d’identifier les sources d’alimentation en eau aux potentiels encore non exploités dans la région du Pool et de la Bouenza. Une étude de faisabilité sera réalisée pour étudier leur exploitation. Ces analyses comporteront une étude des acteurs locaux, des infrastructures existantes, du potentiel d’exploitation des ressources en eau et les coûts et bénéfices de nouvelles installations. Activité 1.2. : Aménagement ou réhabilitation de 20 périmètres hydro agricoles pour la culture du manioc et du riz L’identification des bassins prioritaires doit être réalisée par une étude spécifique, qui succèdera celle de l’activité précédente, afin de sélectionner 20 sites de 500 hectares de moyenne sur les départements du Pool et de la Bouenza pour 10 000 hectares d’agriculture irriguée. Ces sites seront choisis en fonction également de leur adéquation avec le développement des activités de pisciculture. Ils seront ensuite aménagés pour favoriser une bonne gestion de l’eau (construction de digue, barrage, canaux d’irrigation, etc). Sur les 10.000 hectares d’agriculture irriguée, 7000 hectares seront consacrés à la culture du manioc et 3000 hectares à la culture du riz. 103 Activité 1.3 : Diffusion de techniques et matériel de drainage Les crues récurrentes constatées dans les périodes de fortes pluies -toujours plus fortes et imprévisibles- sont à l’origine d’une baisse du rendement des cultures à proximité. En effet, la saturation du sol en eau entraîne un lessivage des nutriments et l'absence d'air pour les racines étouffent les plantes. Des aménagements hydroagricoles pour retirer artificiellement l'eau (tuyaux, réseau de canaux, fossés…) sont donc nécessaires. Un renforcement de capacités du ministère et des techniciens agricoles sur l’irrigation sera mis en œuvre par une assistance technique internationale pour assurer que des pratiques d’irrigation préservatrices des sols et peu émettrices soient diffusées. Une diffusion des techniques de drainage, un accompagnement à leur mise en place (espacement, profondeur des digues…) et du matériel pour l'installation seront proposés à 500 producteurs dans chaque région, leur permettant d’appliquer ces techniques dans leurs productions e t de les disséminer dans leurs régions respectives. La gestion du drainage des parcelles de riz sera faite selon les principes du SRI (systèmes d’intensification du riz), permettant de garder un sol aéré et de limiter le gaspillage. Composante 1 Sources de financement Entité de mise Partenaires Coût en œuvre potentiels Millions F potentielle CFA Etat congolais, Banque Gouvernement Etat 26 000 mondiale, Fonds Koweitien, congolais BAD, AFD, FIDA, UE, Secteur FAO privé Consultant Activité 1.1. : Identification des sources d’alimentation en eau et études de 1 000 faisabilité Activité 1.2. : Aménagement ou réhabilitation de 20 périmètres hydro agricoles 20 000 pour la culture du manioc et du riz Activité 1.3 : Diffusion de techniques et matériel de drainage 5 000 Composante 2 : Renforcement de capacités des producteurs Toutes les cultures vivrières peuvent bénéficier de cette irrigation avec une priorité accordée au manioc et au riz qui sont les plus communes dans ces deu x départements. L’arachide et les cultures maraichères présentes dans ces départements et stratégiques pour la sécurité alimentaire du pays bénéficieront également indirectement de cet accès à l’irrigation. En tout, ce sont 10.000 bénéficiaires directs qui sont visés sur des surfaces de 1 ha chacun. Pour encourager cet investissement d’infrastructures fixes, l’accès à ces terres leur sera sécurisée. Par ailleurs, l’implication du gouvernement dans l’optimisation de la production et commercialisation du riz garantira les débouchés commerciaux et sécurisera des revenus stables aux producteurs. Pour ces personnes, une assistance technique (suivi par un technicien à fréquence régulière) est prévue pour organiser les systèmes d’irrigation en périmètres communa utaires et former les groupements au matériel d’irrigation (pompe, goutte à goutte). Les pratiques de paillis et couverture du sol seront vulgarisées lors de ces formations car elles sont indissociables de l’irrigation. Activité 2.1 : Identification et formation des producteurs en matière de gestion optimale de l’eau Les producteurs les plus motivés (identifiés lors de réunion d’information dans les régions ciblées par la composante 1) seront intégrés dans un programme pilote de formation à la gestion de l’eau. Ils recevront des formations en groupe et individuelle, avec intervention d’un technicien sur leur exploitation au démarrage du programme et lors de moments critiques de la gestion de l’eau (crues, fortes pluies, manque d’eau…). Des producteurs de riz seront formés en SRI (Système d’Intensification du Riz), leur permettant de diffuser ensuite ces pratiques. Dans leur cas, la formation sera élargie brièvement à d’autres paramètres de ce mode de culture (confection des semences, préparation du sol, labour et planage…). Activité 2.2. : Distribution des kits d’irrigation (goutte à goutte, motopompe, pompe à pédale, etc.) et de dispositifs de drainage 104 Des kits d’irrigation et de drainage seront distribués à ces producteurs leur permettant de me ttre en application le contenu des formations. L’investissement sera couvert par le projet pour permettre une adoption rapide, à laquelle pourra suivre une dissémination des pratiques et des outils associés. Composante 2 Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions de potentielle FCFA) PTF Etat congolais 6 000 FAO Activité 2.1 : Identification et formation des producteurs en matière de gestion 2 000 optimale de l’eau Activité 2.2. : Distribution des kits d’irrigation (goutte à goutte, motopompe, 4 000 pompe à pédale, etc.) et de dispositifs de drainage Composante 3 : Renforcer les capacités de gestion des ressources en eau Le rôle du gouvernement dans ces divers aménagements est essentiel, tant dans la gestion de l'accès équitable à cette ressource que dans l'encadrement du développement de l'aquaculture, notamment lors de l'octroi de concessions. La sécurisation foncière sera assurée selon le modèle mis en place dans le PFDE. Activité 3.1 : Revue du cadre institutionnel de la gestion d’eau Bien qu’encore peu structuré sur ce sujet, des premières étapes ont déjà été réalisées grâce au nouveau cadre législatif (Loi N°13-2003) de la politique de l’eau et de l’assainissement, qui introduit plusieurs innovations qu’il convient de valoriser et d’en assurer le suivi de la mise en œuvre tout en imposant les pénalités requises contre les infractions constatées. Cette composante assurera un soutien à leur mise en œuvre par l’aide à la décision et l’apport des connaissances acquises par la réalisation des composantes précédentes. En particulier, le SVIREC21contient le développement du Programme d’Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) dans les départements de la zone d’intervention dans lequel s’inscrit la composante de ce projet. Il intègre les orientations suivantes : (i) la revue du Cadre Institutionnel, Législatif et Règlementaire de la GIRE ;(ii) l’opérationnalisation de la Gouvernance de l’Eau ;(iii) la gestion et le suivi -évaluation ; l’amélioration de la connaissance et le suivi des ressources en eau (base de données actualisée) dans les départements ciblés. Activité 3.2 : Formation et accompagnement des comités de gestion des infrastructures d’eau et opérationnalisation L’inclusion de l’ensemble des parties prenantes dans la gouvernance de l’eau est cruciale, responsabilisant chacun dans la gestion de cette ressource commune. Des comités de gestion des infrastructures d’eau et opérationnalisation seront mis en place dans chaque localité (périmètres à définir), composés de producteurs, d’acteurs publiques (autorité locales, institutions publiques…) et privés (fournisseurs…). L’ensemble de ces acteurs seront accompagnés dans leur prise de fonction au sein de ces comités, lors de formations communes aux membres. Activité 3.3. : Gestion et suivi-évaluation Ce suivi intègrera au cœur de son mandat l’utilisation de l’énergie et les émissions de CO2 du projet depuis l’installation des infrastructures jusqu’aux pratiques culturales, notamment pour la culture du riz. De fait, les pratiques d’agriculture irriguée mal conduites peuvent engendrer des dégâts environnementaux importants pour les sols ou l’émission de CO2. 21Schéma Directeur de Valorisation Intégrée des Ressources en Eau centrée sur l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche/Pisciculture en République du Congo (SVIRE-C), 2019 105 Composante 3 Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions potentielle de FCFA) PTF MAEP PAGIRE, FAO, 1 500 MAEP Activité 3.1 : Revue du cadre institutionnel de la gestion d’eau 200 Activité 3.2 : Formation et accompagnement des comités de gestion des 700 infrastructures d’eau et opérationnalisation Activité 3.3. : Gestion et suivi-évaluation 600 Composante 4 : Aménagement des fleuves pour les besoins en aquaculture La consommation de poisson couvre 61% des besoins protéiques de la population congolaise en augmentation22. La pêche est un moyen de subsistance de base de nombreux villages et emploie 7% de la population active23. Ce secteur est de plus confronté aux variations de précipitations (assèchements des cours d'eau, variation de débits des rivières…) perturbant notamment les cycles de reproduction des poissons, diminuant la quantité de poisson disponible. Des pratiques de gestion de l'eau et aménagements peuvent aider les pisciculteurs à développer leur activité en s'adaptant au changement climatique et aux phénomènes pluviométriques, par exemple avec l'aménagement de berges pour réguler le niveau d'eau. Avec les conditions favorables (réseau hydrographique important, climat favorable, …) et une demande croissan te en poisson, l'aquaculture présente un fort potentiel de développement à la condition d’une amélioration de l'accès à des équipements et un accompagnement des organisations d'aquaculteurs par le gouvernement. Le constat dressé par le SVIRE-C est que « Du fait des faibles quantités de poisson produites, l’aquaculture congolaise ne fait pas encore l’objet d’un marché de poisson organisé, aussi bien pour la consommation nationale que pour l’exportation. La majeure partie de la production est destinée à l’autoconsommation. Toutefois, une infime partie est vendue à l’état frais, soit sur le lieu de production, au bord de l’étang, soit au marché local. Le prix de vente se situe à 1 500 francs CFA/kg en milieu rural et 2 000 francs CFA/kg en milieu urbain. […]. L’aquaculture commerciale est confrontée à la persistance de l’amateurisme des exploitants et au déficit de commercialisation. […] En outre, les infrastructures existantes sont obsolètes, elles sont toutes inopérationnelles par manque d’entretien. » Aussi, pour le développement de l’aquaculture productive et résiliente les activités de production, de récolte et de post-récolte et commercialisation doivent faire l’objet d’études dans une approche filière. Les challenges à dépasser sont essentiellement l’insuffisance des équipements et les difficultés d’écoulement des produits. Ce projet vise à développer la pisciculture rurale en étangs selon les étapes suivantes : (i) Recenser les zones de pêche et les acteurs clefs de la filière dans les zones hydroagricoles du projet (ii) Construire des étangs piscicoles pour des communautés de pêcheurs et de pisciculteurs dans trois des périmètres hydroagricoles (1000 bénéficiaires) (iii) Construire un centre piscicole central : alevinage, commercialisation, vente d’équipements de pêche, développement de techniques de séchage et conservation Composante 4 Sources de Entité de mise en Partenaires Coût M financement œuvre potentielle potentiels FCFA Etat, PTF MAEP FAO, ONG, 2 500 producteurs, 22PNIASAN(Programme National d'Investissement Agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle), 2015 23RGA Congo 2014-2017 106 chercheurs, étudiants, consultant Activité 4.1 : Etude Filière et identification des sites pour la pisciculture 100 Activité 4.2 : Aménagement des sites pour la pisciculture et les pêcheries 1 500 Activité 4.3 : Organisation et formation des groupes de pisciculteurs 400 Activité 4.4 : Appui pour structurer la filière et création d’un centre d’alevinage 500 3.5. Atténuation des risques Risques Identifiés Importance du risque Mesures d’atténuation (probabilité, gravité) Gouvernance et Le cadre institutionnel et juridique est mis en accaparement des place grâce au SVIREC et la FAO. ressources par Moyen certaines communautés Chaines de valeurs Moyen Le développement des services d’informations insuffisamment permettra à l’ensemble des acteurs agricoles du développées pays de mieux connaître et comprendre les chaînes de valeur et de commercialisation. La construction de la chaîne de valeur est prise en compte pour la pisciculture et les périmètres hydroagricoles seront sélectionnés en fonction de leur facilité d’accès. Pratiques Fort Renforcement de capacité du ministère et des d’irrigation non techniciens agricoles par une assistance durables technique internationale pour la diffusion des bonnes pratiques d’irrigation au sein du pays qui mal conduites peuvent avoir des effets très négatifs sur l’environnement (lessivage, émissions de CO2) Difficulté à adopter Faible L’irrigation est facilement adoptée par les les pratiques bénéficiaires car très performante pour d’irrigation par les augmenter les rendements. Le projet producteurs accompagnera les producteurs avec du renforcement de capacité. 107 3.6. Coûts et bénéfices du projet Estimation des bénéfices du projet (en Millions de FCFA) Figure 23 Impact de l'irrigation sur le rendement du manioc et du riz (d'après ERA, CGIAR) https://era.ccafs.cgiar.org/analysis/examine-outcomes/ L’irrigation a un impact maximal sur les rendements agricoles comme le montre le graphique ci -dessus pour le manioc, l’arachide et le concombre constitué d’après la base de données AIC du CGIAR : de +56% pour le riz à + 283% pour le manioc. Les quelques études ont été réalisées dans des conditions différents du Congo qui est un pays avec des conditions de pluie favorables mais une mauvaise gestion de l’eau. Cette observation est constatée au Congo par l’ONG EDEN qui a mesuré par exemple des augmentations de rendements de 200% pour des cultures maraîchères près de Brazzaville (tomate, salade, amarante) grâce à l’utilisation du goutte-à-goutte. Pour ce projet, on fait l’hypothèse que les rendements du manioc augmentent selon les estimations des experts agricoles du pays lors de l’atelier 2. Le rendement du manioc passe de 15 tonnes/hectare (situation de base au Congo) à 35 tonnes/ha en 5 ans grâce à la maîtrise de l’irrigation goutte -à- goutte. Pour le riz, les rendements agricoles moyens au Congo sont d’environ 600 kg/ha (chiffres FAO) et augmentent de 50% sur la durée du projet en utilisant le résultat des études réalisées par le CGIAR. Par ailleurs, dans le cadre de la mise en place de productions SRI, l’augmentation du rendement a été évaluée à 56% en Afrique de l’Ouest dans le cadre du projet SRI -WAAP24. La valeur la plus faible est choisie pour cette analyse coût-bénéfice. 24 https://sriwestafrica.files.wordpress.com/2014/05/sri-waapp-key-results.pdf 108 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Rendement manioc 15 20 30 35 35 (tonne/hectare) Rendement 0,6 0,7 0,8 0,9 0,9 riz(tonne/hectare) Augmentation Prix en Chiffres Nombre Rendement de rendement milliers de d'affaires de Cultures d’hectares (T/ha) grâce à FCFA (par base en M l’irrigation tonne) de FCFA Manioc 7000 15 133% 50 3 750 Riz 3000 0,6 50% 2 000 3 600 Tableau 30- Evolution du rendement du manioc et riz et chiffres d’affaires pour le projet d’irrigation (d’après sources experts atelier 2 PI-AIC) Estimation des coûts du projet (en Millions de FCFA) Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Composantes Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Total Composante 1 6 000 6 000 6 000 4 000 4 000 26000 Composante 2 1 600 1 600 1 600 800 400 6000 Composante 3 400 400 300 200 200 1500 Composante 4 800 800 500 200 200 2500 TOTAL 8800 8800 8400 5200 4800 36000 Estimation de la rentabilité du projet Valeurs Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 TOTAL ajoutées Rendement 5250 7000 10500 12250 12250 47250 manioc Rendement riz 3600 4200 4800 5400 5400 23400 Bénéfices REDD 2353 2353 2353 2353 2353 11767 Valeur ajoutée 3853 6203 10303 12653 12653 45667 totale Coûts 8 800 8 800 8 400 5 200 4800 36 000 Rentabilité -56% -30% 23% 143% 164% 27% Tableau 31 - Rentabilité du projet gestion de l'eau La rentabilité du projet est calculée ci-dessus en prenant en compte les bénéfices dus à l’augmentation de rendements et ceux dus au carbone. Les coûts et bénéfices intègrent uniquement les composantes 1, 2 et 3 sans prendre en compte la composante 4 sur l’aquaculture dans les bénéfices du potentiel (au contraire des coûts) en raison du peu de données existantes et sa place relative par rapport au budget total. Le projet est rentable dès la troisième année. La rentabilité du projet est de 76% sur les cinq ans. 109 Evaluation du projet au regard des critères de l’AIC L'installation d'infrastructures de prélèvement d'eaux souterraines, de drainage des terres (face au lessivage) et de stockage d'eaux pluviales améliore la gestion de l'eau par les agriculteurs et leur permet ainsi de s'adapter aux fluctuations climatiques. Ces aménagements permettent de plus d'atténuer l'effet du changement climatique en conservant la fertilité des sols (conservation de la fertilité). L’accès à l’irrigation favorise l’installation des agriculteurs sur une surface donnée et augmente largement les rendements donc diminue l’agriculture extensive et itinérante très néfaste pour l’environnement et émettrice de carbone. Le développement de sites dédiés à l'aquaculture apporte une réponse spécifique à un besoin de gestion des ressources halieutiques, associée à la demande en protéines importante et croissante du pays en diminuant la pression non contrôlée sur les ressources halieutiques. Avantages en termes de production  Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentés Bas Sécurité alimentaire Améliorée stable Revenus des producteurs Augmentés Bas Offre en protéines Augmentée Insuffisante Avantages en termes d'adaptation : Avantage Avec le projet Sans le projet Résilience à la variabilité des précipitations +++ / Résilience à des conditions de sécheresse ++ / Résilience aux augmentations de températures et de + / taux d’évaporation Avantages en termes d'atténuation : En faisant l’hypothèse que les rendements agricoles sur les surfaces de manioc augmentent de 133%, cela signifie que 133% de la surface du projet de 7000 hectares (soit 9 310 hectares) de forêts est préservée de l’agriculture sur brûlis. Cette hypothèse co rrespond à la méthode de déforestation évitée de la REDD+. Le suivi de cette déforestation évitée doit donc être effectué en vérifiant que les producteurs bénéficiaires ont arrêté de pratiquer l’agriculture sur brûlis. Par l’amélioration des rendements, les producteurs n’étendent donc pas leurs zones de production et cela limite la déforestation. En considérant un stockage de carbone dans les forêts du Congo de 118 tC/ha (CN REDD, 2014), soit 433 tCO2/ha (1 tC= 3,67 tCO2 ), on peut estimer des émissions évitées à 4 millions de tCO2 eq sur les 5 ans du projet par la déforestation évitée. Selon EX ACT, la préservation de 9 310ha permet d’éviter les émissions de 5,4 millions tCO2 eq. Le choix est fait d’utiliser la valeur la plus faible dans l’analyse coût -bénéfice du projet. Figure 24Total des émissions évitées (tCO2 eq) avec ou sans le projet, et équilibre (Souce : Outil ExAct, FAO) 110 En monnaie nationale, la valeur estimée par la REDD+ est 2 919 FCFA la tonne de CO2, ce qui fait environ 11 milliards de FCFA à 15 milliards FCFA pour ce projet. Avantage Avec le projet Sans le projet Diminution de l’agriculture Favorisée Défavorisée extensive et itinérante Pression sur les ressources Diminuée Forte halieutiques Emissions de gaz à effet de Limité Entre 4 et 5,4 millions tCO2 eq serre liées à la déforestation 111 A-14Projet 4 : Amélioration de l’accès aux produits, services et infrastructures pour la résilience des filières vivrières III.4.1. Synthèse du projet Titre du projet Développement de l’accès aux produits, services et infrastructures pour des filières vivrières résilientes Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP, Opérateur privé Partenaires IRA, CIRAD, FAO, PAM Contribution au PNIASAN et PNIASAN : sous-programme 1.1 à la CDN CDN : volet adaptation Objectif général Améliorer la productivité et la résilience au changement climatique des principales cultures vivrières du pays à travers l’accès aux produits, services et infrastructures d’appui aux filières vivrières. Objectifs spécifiques : • Renforcer la recherche et diffuser les semences adaptées au changement climatique (OS1) ; • Promouvoir des instruments financiers adaptés aux besoins des producteurs (OS2) ; • Mettre en place des infrastructures de conservation et de conditionnement (OS3). Bénéficiaires 10 000 producteurs Zones d’intervention et 10 000 ha dans le Niari (Dolisie), la Bouenza (Nkayi) et Pointe Noire superficie du projet (Loandjili) Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Appui à la recherche des semences adaptées aux Renforcement des changements climatiques capacités nationales de Activité 1.2 : Appui à la diffusion des semences adaptées et création production et diffusion de de pépinières semences adaptées aux Activité 1.3 : Vulgarisation sur les pratiques agricoles pour les conditions climatiques semences adaptées aux changements climatiques Composante 2 : Accès aux Activité 2.1 : Renforcement des capacités pour développer des semences climato- produits financiers adaptés aux producteurs intelligentes Activité 2.2 : Construction du cadre de réalisation et de suivi Composante 3: Activité 3.1 : Développement de marchés locaux Commercialisation et Activité 3.2 : Organisation des circuits de commercialisation diminution des pertes post- Activité 3.4 : Accès à l’information et aux prix des marchés via des récoltes outils numériques Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 17 500 FCFA) Rentabilité 10% Contributions à Augmentation des rendements : +1,37t/ha de maïs l’adaptation, l’atténuation Augmentation de la résilience des filières vivrières et à la production Entre 2,4 et 3,2 millions tCO2 eq d’émissions évitées 4.2. Introduction et contexte stratégique La production nationale agricole est largement insuffisante pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels du pays si bien que le Congo est fortement dépendant des importations alimentaires. Le secteur agricole congolais peine à se développer. La souveraineté alimentaire et nutritionnelle du pays passe par la promotion d'une agriculture plus durable et le renforcement des filières vivrières du pays pour s’adapter au changement climatique. Des pertes post-production importantes en raison de chaines de valeur mal structurées. 112 L'accès au marché national est entravé par des facteurs structuraux (détérioration du réseau routier limitant la circulation de marchandises, système d'approvisionnement éparpillé sur de longues distances…) et au manque d'accès à l'information. De plus, l'insuffisance et l'irrégularité des financements freinent le développement de ce secteur. Les institutions sont notamment frileuses devant la perspective de financer des petits producteurs dans un secteur perçu comme peu performant et peu compétitif. Par ailleurs, les changements climatiques que subit le Congo rendent les cultures vivrières particulièrement vulnérables (stress hydrique et thermique) et menacent de faire chuter les rendements, aggravant la situation de sécurité alimentaire du pays. Le pays fait de plus face à une dégénérescence du patrimoine génétique des semences, associée à une mauvaise régulation des hybridations, impactant les rendements. Besoin d’accès au financement pour la résilience des producteurs dans un contexte de changement climatique Cependant, ce renouvellement en profondeur du système de production ne saurait se faire sans un meilleur accès au financement. En effet, le déficit alimentaire du pays et la faible compétitivité du système agricole congolais doivent être comblés par un meilleur niveau de couverture financier des besoins en semences et matériel végétal améliorés (résilients et plus productifs). Pour ceci, un accompagnement des institutions publiques et privées est nécessaire, leur permettant de multiplier les appuis en faveur du secteur agricole. De plus, l'essor du secteur nécessite un meilleur accès au marché des producteurs, nécessitant un développement des marchés locaux, la mise en place d'infrastructures de désenclavement, des organisations de circuits de commercialisation, et la mise à disposition d'outils numériques permettant l'accès aux informations et au prix des marchés. 4.3. Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement Si les capacités nationales de production de semences adaptées au changement climatique sont renforcées, et si ces semences résilientes sont rendues accessibles notamment par un meilleur service financier aux producteurs, et si les capacités de commercialisation des produits agricoles sont développées (infrastructures, accès à l’information), alors les producteurs augmenteront leurs rendements et leurs revenus agricoles et réduiront leur vulnérabilité aux aléas climatiques. Objectif général du projet Améliorer la productivité et la résilience au changement climatique des principales cultures vivrières du pays à travers l’accès aux produits, services et infrastructures d’appui aux filières vivrières. Objectifs spécifiques : • Renforcer les capacités nationales de production et de diffusion des semences adaptées au changement climatique (OS1) ; • Promouvoir des instruments financiers adaptés aux besoins des producteurs (OS2) ; • Mettre en place des infrastructures de conservation et de conditionnement adaptées aux aléas climatiques (OS3). Effets souhaités/composantes : • Amélioration de la productivité et des revenus des bénéficiaires ; • Amélioration de la résilience des cultures au changement climatique ; • Appropriation de techniques de production de semences par les producteurs ; • Disponibilité des semences de qualité adaptées au changement climatique. Résultats attendus : • Production de connaissances scientifiques par la recherché et diffusion de ce savoir ; • Renforcement des structures de financement, du cadre juridique et institutionnel ; • Développement des marchés locaux ; • Structuration des circuits de commercialisation ; • Développement du secteur de la transformation ; • Amélioration de l’accessibilité des informations et des prix des marchés Bénéficiaires et zone d’intervention : 113 20 000 producteurs, gouvernement, institutions de microfinance. Echelle nationale 4.4. Description des composantes du projet Composante 1 : Renforcement des capacités nationales de production et diffusion de semences adaptées aux conditions climatiques Activité 1.1 : Recherche-action et diffusion des semences adaptées aux changements climatiques L’utilisation de variétés performantes adaptées aux différentes zones agro-écologiques du pays, et pouvant faire face aux changements climatiques et aux ravageurs de cultures est nécessaire pour les cultures vivrières principales : manioc, banane, maïs et arachide. Le déploiement sur champs (10 000ha) auprès de 10 000 bénéficiaires dans des conditions pédoclimatiques diverses de semences améliorées développées au Congo ou dans des pays voisins. Leur analyse par relevés sur le terrain et en laboratoire permettront une sélection aiguisée. En termes de modalité de mise en œuvre, un appel à projets de recherche -action pourra être lancé sur la base de termes de référence élaborés lors de la phase de démarrage du projet. Activité 1.2 : Appui à la diffusion des semences adaptées et création de pépinières L’appropriation des techniques par les producteurs de manière non contraignante passera par la distribution de semences et la création de pépinières dans les zones du projet. Activité 1.3 : Vulgarisation sur les pratiques agricoles pour les semences adaptées aux changements Les secteurs départementaux du MAEP seront formés aux caractéristiques des nouvelles semences, ainsi qu’aux itinéraires techniques à suivre et formeront les bénéficiaires du projet. Sources de Acteurs clés et opérateurs Coût financement techniques (Millions de FCFA) Composante 1 Gouvernement, Opérateur privé, gouvernement, 4 500 PTF, privé Producteur, ONG, recherche, CNSA Activité 1.1 : Appui à la recherche des semences adaptées aux changements climatiques 1500 Activité 1.2 : Appui à la diffusion des semences adaptées et création de 2000 pépinières Activité 1.3 : Vulgarisation sur les pratiques agricoles pour les semences 1000 adaptées aux changements climatiques Composante 2 : Amélioration de l’accès aux semences climato -résilientes Alors que la composante 1 se focalise sur l’amélioration des capacités nationales (la production d’une semence améliorée prend plusieurs années) et l’expérimentation de semences amélio rées importées, la composante 2 vise à permettre aux producteurs d’accéder rapidement à ces semences. Pour cela, le projet va améliorer l’accès des producteurs aux produits et services financiers. Il investira aussi dans la création de pépinières professionnelles, et la transmission des techniques de production de semences pour favoriser l’émergence des pépinières villageoises. Activité 2.1 : Renforcement des capacités pour développer des produits financiers adaptés aux producteurs Cette activité renforcera les capacités des producteurs, des coopératives et des acteurs de la finance pour améliorer l’accès aux semences améliorées. Il s’agira d’améliorer la performance et la transparence des coopératives agricoles afin qu’elles répondent aux exigence s pour participer aux marchés financiers formels. Il s’agira également de fournir une expertise aux acteurs financiers (micro-finance) pour qu’ils développent des produits financiers adaptés aux producteurs. La fourniture des semences adaptées sera une des cibles prioritaires de ces produits financiers. Cet appui inclura la formation du personnel des institutions bancaires afin qu’ils soient capables d’évaluer les besoins des agriculteurs, et de personnaliser les produits financiers en conséquence. Enfin, cette activité comprendra également le renforcement des capacités des producteurs à comprendre ces instruments financiers, à comprendre le risque, et à gérer ce type de produits. 114 Activité 2.2 : Construction du cadre de réalisation et de suivi Cette activité favorisera d’abord un environnement politique à la fourniture de semences aux producteurs et aux agro-entrepreneurs. Elle prendra en compte le suivi et l’évaluation des activités du projet. Les résultats observés pour les activités de financements et d’ amélioration de capacités post-récole (information, chaine de commercialisation) seront étudiés avec beaucoup de minutie en tant que leviers potentiels de développement considérables dans les zones rurales. Composante 2 Sources de financement Acteurs clés et Coût opérateurs techniques (Millions de FCFA) Gouvernement, PTF, Opérateur privé, 4 000 Privé gouvernement, producteurs, ONG Activité 2.1 : Renforcement des capacités pour développer des produits 2 500 financiers adaptés aux producteurs Activité 2.2 : Construction du cadre de réalisation et de suivi 1 500 Composante 3 : Commercialisation et diminution des pertes post-récoltes Activité 3.1 : Développement de marchés locaux La sécurité alimentaire d’un producteur est garantie par le développement de débouchés pour la vente de ces produits. Les marchés locaux seront soutenus pour encourager la consommation nationale. Par leur densité de population et donc volume de consommation (50% de la population totale du pays), les deux principales villes du Congo : Brazzaville et Pointe-Noire ont été ciblées pour le développement de la commercialisation dans le cadre du projet PARSA financé par l’AFD dès 2020. Ce projet vise la réplication aux villes de Dolisie, Nkayi et Loandjili. Les investissements principaux sont dans la constitution d’un schéma logistique d’approvisionnement des villes, avec des infrastructures de conditionnement et de stockage (principales sources de pertes post-récolte) dans la principale zone de vente urbaine : construction d’infrastructures de tri/conditionnement et de deux hangars, l’un pour la vente, l’autre pour le stockage. Activité 3.2 : Organisation des circuits de commercialisation Une étude de faisabilité sera réalisée pour chaque contexte de commercialisation avec comme priorité les filières vivrières manioc, banane, arachide, maïs étudiant la meilleure manière d’impliquer les acteurs de la filière pour renforcer la professionnalisation et le dialogue interprofessionnel. Activité 3.3 : Accès à l’information et aux prix des marchés via des outils numériques Les producteurs pourront suivre les cours du marché et accéder aux informations nécessaires par la création d’outils d’information sur les marchés facilement utilisables (par l’intermédiaire d’un téléphone portable – Application avec Chat Bot ou par chaîne de diffusion de l’application WhatsApp – ou par un service d’appel téléphonique pour producteurs analphabètes). Sources de Acteurs clés et Coût financement opérateurs (Millions de FCFA) techniques Composante 3 Gouvernement, PTF, Opérateurs privés et 9 000 privé publique, producteurs, ONG Activité 3.1 : Développement de marchés locaux 6000 Activité 3.2 : Organisation des circuits de commercialisation 1500 Activité 3.3 : Accès à l’information et aux prix des marchés via des outils 1500 numériques 115 4.5. Atténuation des risques Risques Identifiés Importance du risque Mesures d’atténuation (probabilité, gravité) Infrastructures de désenclavements, circuits de commercialisation, mise à disposition d’outils Accès aux marchés Moyen numériques pour l’accès à l’information et prix des marchés Accompagnement des institutions publiques et Accès aux Moyen privées, financements 4.6. Coûts et bénéfices du projet Estimation des bénéfices du projet L’analyse coût-bénéfice vise à déterminer, pour chaque hectare et bénéficiaires directs de ce projet, les bénéfices, et notamment ceux liés aux semences améliorées. Ce projet, par son approche filière, vise à améliorer l’accès aux semences améliorées et la commercialisation de la production en résultant. L’impact d’un appui à la chaîne de valeur est étudié dans cette analyse par les bénéfices de la production de maïs amélioré importé sur 10 000ha. En effet, trop peu de données sont disponibles à ce sujet quant aux autres cultures vivrières du projet. De plus, notons que la commercialisation de maïs amélioré sera facilitée par son utilisation pour l’alimentation animale, et son intégration dans les habitudes alimentaires congolaises. L’analyse ne sera pas exhaustive mais l’évolution sera représentative. Figure 25 Evolution du rendement du maïs améliorée (Source : CGIAR) L’utilisation de variétés améliorées a un impact sur les rendements agricoles du maïs comme le montre le graphique ci-dessus, constitué d’après la base de données AIC du CGIAR : +55%. 116 Le rendement du maïs avec des semences améliorées peut donc passer de 2,5 tonnes/hectare (situation de base au Congo, atelier 2) à 3,87 tonnes/ha grâce à des semences améliorées, et ce, dès la première année d’utilisation des semences. L’évaluation des bénéfices de ce projet se base sur une surface cultivée de 10 000ha de maïs amélioré (importé et testé préalablement). Augmentation de Prix en Chiffres rendement grâce Nombre Rendement milliers de d'affaires Cultures aux variétés d’hectares (T/ha) FCFA (par de base en améliorées (Source tonne) M de FCFA CGIAR) 2,5 55% 180 4 500 Maïs 10 000 (FIDA, (Atelier 2 (Atelier 2 >5 études 2015) PIAIC) PIAIC) Tableau 32 : Données de base pour l’analyse coût bénéfice L’augmentation des rendements permet d’éviter d’étendre les cultures pour subvenir à la demande croissante en nourriture de subsistance. En faisant l’hypothèse que les rendements agricoles sur les surfaces augmentent de 55%, cela signifie que 55% de la surface du projet (soit 5 500 hectares de forêts) est préservée de l’agriculture sur brûlis. Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Composantes (Millions Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Total FCFA) Composante 1 2 100 1 000 600 400 400 4 500 Composante 2 1 000 1 000 1 000 500 500 4 000 Composante 3 3 500 3 000 1 500 500 500 9 000 TOTAL 6 600 5 000 3 100 1 400 1 400 17 500 Estimation de la rentabilité du projet L’utilisation de variétés améliorées a un impact sur les rendements agricoles du maïs comme le montre le graphique ci-dessus, constitué d’après la base de données AIC du CGIAR : +55%. Le rendement du maïs avec des semences améliorées peut passer de 2,5 tonnes/hectare (situation de base au Congo) à 3,87 tonnes/ha grâce à des semences améliorées. L’analyse coût bénéfice est réalisée pour 10 000 ha de maïs amélioré. L’analyse coût-bénéfice ne prend pas en compte l’ensemble des bénéfices dus à l’amélioration des conditions pré-récolte et post-récolte (accès à l’information, accès aux financements, accès à des circuits de distribution améliorés) qui devraient avoir des retombées économiques conséquentes pour les producteurs. Valeurs ajoutées An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 TOTAL (Millions de FCFA) Bénéfices maïs amélioré 2466 2466 2466 2466 2466 12330 Bénéfices REDD 1390 1390 1390 1390 1390 6952 Valeur ajoutée totale 3856 3856 3856 3856 3856 19282 Coûts 6600 5000 3100 1400 1400 17500 Rentabilité -42% -23% 24% 175% 175% 10% Tableau 33 – Rentabilité du projet 1 117 Avec une valeur ajoutée de plus de 19 milliards de FCFA, la rentabilité du projet est donc de 10% par rapport aux 17,5 milliards de FCFA investis sur cinq ans. Le projet est rentable dès la troisième année. Evaluation du projet au regard des critères de l’AIC Avantages en termes de production  Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentés Insuffisants Compétitivité face aux importations Augmentée Limitée Soutien de groupes marginalisés (femmes) Présent Absent Avantages en termes d'adaptation : Avantage Avec le projet Sans le projet Développement de semences productives +++ / Adaptations des itinéraires techniques +++ - Résilience aux variabilités hydriques ++ - Résilience aux variabilités thermiques ++ - Avantages en termes d'atténuation : L’augmentation des rendements permet d’éviter d’étendre les cultures pour subvenir à la demande croissante en nourriture de subsistance. En faisant l’hypothèse que les rendements agricoles sur les surfaces augmentent de 55%, cela signifie que 55% de la surface du projet (soit 5 500 hectares de forêts) est préservée de l’agriculture sur brûlis. En considérant un stockage de carbone dans les forêts du Congo de 118 tC/ha (CN REDD, 2014), soit 433 tCO2/ha (1 tC= 3,67 tCO2), on peut estimer les réductions d’émi ssions attendues à 2,4 millions de tonnes de CO2 sur les 5 ans du projet, valeur estimée à 3,2 millions tCO2 eq par la déforestation évitée pour le projet par l’outils EX ACT de la FAO (plus élevée, on conserve donc la valeur REDD, plus faible). En monnaie nationale, la valeur estimée par la REDD+ est 2 919 FCFA la tonne de CO2, ce qui fait environ 7 milliards de FCFA pour ce projet pour la première estimation, et 9,4 milliards FCFA avec l’estimation EX ACT. Figure 26Total des émissions (tCO2 eq) avec et sans projet, et équilibre (Source : Outil ExAct, FAO) 118 Avantage Avec le projet Sans le projet Réduction des émissions de gaz à Limité Entre 2,4 et 3,2 millions tCO2 effet de serre en limitant la potentiellement émis par déforestation déforestation 119 A-15Projet 5 : Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane III.5.1. Synthèse du projet Titre du projet Amélioration de la productivité et la résilience de l’agriculture en savane Durée et échéance 10 ans Agences d’exécution MAEP Partenaires IRA, UMNG, FAO, CIRAD, BM, AFD Contribution au CDN : volets atténuation et adaptation PNIASAN, à la CDN et REDD+ : Axe stratégique 3 au REDD+ Objectif général Améliorer la productivité et résilience de l’agriculture en zone de savane. Objectifs spécifiques : • Comprendre les vulnérabilités et opportunités dues au changement climatique pour les zones de savane (OS 1) ; • Maîtriser les itinéraires techniques améliorant les productions en savane • Augmenter la fertilité des sols de savane (OS2) ; • Développer les systèmes de culture agro-forestière en savane (OS3) ; • Préserver les forêts en limitant la pression dues aux activités agricoles (OS4). Bénéficiaires 40 producteurs (cacao et palmiers à huile) + 2 000 producteurs (culture de cacao et de palmiers à huile - élevage) Zones d’intervention Zones de savanes, dans les départements du Niari, de la Bouenza, des du projet plateaux, de la Cuvette, proche de Brazzaville et Pointe-Noire Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Caractérisation des vulnérabilités climatiques pour les Renforcement de zones savanicoles du pays et mise en évidence des opportunités capacités sur les Activité 1.2 : Identification des cultures agricoles et itinéraires techniques de techniques adaptées aux différentes zones production résiliente Activité 1.3 : Suivi-évaluation en zone de savane Composante 2 : Activité 2.1 : Appui à l’entrepreneuriat agricole chez 2000 jeunes et la Favoriser formation en outils de gestion l’entrepreneuriat Activité 2.2 : Sécurisation des droits de propriété foncière pour petites agricole (agriculture- et moyennes exploitations. élevage) en zone de Activité 2.3 : Renforcement de capacités et assistance technique aux savane (Niari et producteurs pour la promotion des systèmes intégrés agriculture- élevage Bouenza) Composante 3 : Activité 3.1 : Déploiement de l’agroforesterie en savane avec 1500ha Développer l’agro- de palme à huile (les Plateaux) et 1500ha de cacao (Cuvette) industrie durable en Activité 3.2 : Installation de 1000 entrepreneurs avec par ménage : 1ha zone de savane de cacao, 1ha de palmier à huile et 1ha pour les cultures vivrières/élevage (total de 3 000ha) Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 31 000 FCFA) Rentabilité 23% au bout de 10 ans Contributions à Augmentation du potentiel de productivité des zones des savanes l’adaptation, Augmentation de la résilience des systèmes agropastoraux en zones l’atténuation et à la hostiles production Entre 1,5 millions t CO2eq stocké/émissions évitées 120 III.5.2. Introduction et contexte stratégique Une alternative aux systèmes d'abattis-brûlis en zones déforestées est la culture sur zone de savane, recouvrant 35% de la surface du territoire congolais. L’agriculture en savane est considérée comme une priorité stratégique agricole et est une solution mise en exergue dans la stratégie de mise en œuvre du PND et du PNIASAN. La pratique de l'abattis-brûlis est le vecteur principal de la déforestation au Congo. A la racine de ce phénomène : la convoitise de sols forestiers fertiles et donc productifs. Cette déforestation est source d'émissions de gaz à effet de serre, estimées sur la période 2015-2020, dans le cadre du NERF, à 6 MteqCO2/an25 et d'une perte importante de biodiversité. Améliorer les systèmes agricoles des vastes terres savanicoles cultivées contribue donc directement à la préservation des écosystèmes forestiers et l'atténuation du changement climatique en diminuant la convoitise pour ces terres. La valorisation de la savane à des fins agricoles nécessite de développer une connaissance plus aiguisée des sols et climats dans cet écosystème et de comprendre leur évolution sous l’effet du changement climatique. Cette connaissance fine est la première étape pour l'élaboration de techniques agricoles adaptées à chaque région et culture, ainsi que les moyens opérationnels pour leur mise en œuvre. En particulier, l’enjeu de comprendre et promouvoir des systèmes agropastoraux efficients est stratégique, d'une part en valorisant la culture de filières végétales pouvant nourrir le bétail (maïs, cultures fourragères…), et d'autre part en augmentant la fertilité des sols par épandage de lisier et fumier. Les vastes terres accessibles offrent une voie à l’agric ulture commerciale à condition de construire et maîtriser les itinéraires techniques adaptés sur des sols peu favorables. Ce potentiel pour l’agro- industrie est détaillé dans le PND et dans la stratégie nationale REDD+ pour les cultures de rente comme le cacao, la palme et l’hévéa. Le développement de l’agroforesterie dans ces écosystèmes peut permettre des cultures productives, résilientes et qui contribuent à l’atténuation en évitant la déforestation. Cependant, cette transition vers un modèle plus performant et résilient doit se faire en considérant l'homme au centre afin d’éviter l’écueil des modèles agroindustriels de la plupart des pays tropicaux. Cela passe également par la diffusion de ces savoirs, la vulgarisation des techniques et un accompagnement technique des petits producteurs, tout en garantissant un droit d'usage des terres de manières durables par un accès au foncier. III.5.3. Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement Si les capacités sur les techniques de production en zone de savane sont renforcées, et si les producteurs sont accompagnés dans l’installation de systèmes agricoles innovants (notamment pour la culture du cacao et de palmier à huile), alors la transition du système agricole traditionnel d’abattis-brûlis vers un modèle agricole résilient et productif pourra avoir lieu. Objectif Général Améliorer la productivité et résilience de l’agriculture en zone de savane. Objectifs spécifiques : • Comprendre les vulnérabilités et opportunités dues au changement climatique pour les zones de savane (OS 1) • Maîtriser les itinéraires techniques améliorant les productions en savane • Augmenter la fertilité des sols de savane (OS2) • Développer les systèmes de culture agro-forestière en savane (OS3) 25CN-REDD, 2016 121 • Préserver les forêts en limitant la pression dues aux activités agricoles (OS4) Effets souhaités/composantes • Amélioration des connaissances et techniques de production en zone de savane ; • Amélioration de la production et productivité en zone de savane ; • Diminution de la pression sur les ressources forestières. Résultats attendus/ objectifs spécifiques : • Les investissements dans la production de cultures de base en zone de savane sont Stimulés ; • Des débouchés professionnels en cultures de base pour les femmes et jeunes sont offerts ; • La sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers l’augmentation de la production agricole en savane est améliorée ; • Les moyens de subsistances des populations bénéficiaires sont améliorés ; • Les itinéraires techniques améliorant les productions en savane sont maîtrisés ; • Les systèmes de culture agro - forestier en savane sont développés. Bénéficiaires et zone d’intervention 40 producteurs (cacao et palmiers à huile) + 2 000 producteurs (agriculture-élevage) en zone de savane. III.5.4. Description des composantes du projet Composante 1 : Renforcement des capacités sur les techniques de production agricole en zone de savane Garantir la sécurité alimentaire du pays en cultivant principalement en zone savanicole nécessite la prise en compte des deux facteurs limitants principaux : la pauvreté des sols, à l'origine actuellement d'une faible productivité, et le manque de connaissances quant à la vulnérabilité climatique des écosystèmes savanicoles. La production de savoirs pour l'élaboration d'itinéraires techniques de cultures résilientes accroissant la fertilité des sols sera donc réalisée. Activité 1.1 : Caractérisation des vulnérabilités climatiques pour les zones savanicoles du pays et mise en évidence des opportunités A ce titre, la vulnérabilité des écosystèmes de savane face aux changements climatiques devrait être abordée dès l’année 2020 par la réalisation d'une étude financée par l’AFD, ouvrant la voie à des co - financements sur le projet. Cette étude a pour objectif la mise en évidence des opportunités des savanes pour le pays, notamment pour les secteurs ciblés par le projet : les systèmes de culture agriculture-élevage (volaille) pour petites et moyennes exploitations ; et la culture semi-industrielle de la palme et du cacao. Activité 1.2 : Identification des cultures agricoles adaptées aux différentes zone set itinéraires techniques L’association agriculture-élevage et palme cacao en agroforesterie en zone de savane sera valorisée, notamment par le développement d’itinéraire techniques pour des cultures (culture de légumineuses : graines pour l’alimentation humaine / fourrage pour le bétail) et le choix des animaux d’élevage (volaille préférentiellement). Le bénéfice principal est l’augmentation de la fertilité des sols par l’apport des éléments nutritifs, impactant directement les rendements et revenus. La mise en place de champs expérimentaux et des analyses régulières de productivité, fertilité des sols et impact économique (revenus des cultures et de l’élevage) contribueront à évaluer l’efficacité de ces agrosystèmes et devraient faciliter l’adoption de ces pratiques par la suite. Sources de Entité de mise Partenaires Coût Composante 1 financement en œuvre potentiels (Milllions de potentielle FCFA) 122 AFD (co- MAEP IRA, UMNG, 3 000 financement) CIRAD Activité 1.1 : Caractérisation des vulnérabilités climatiques pour les zones 750 savanicoles du pays et mise en évidence des opportunités Activité 1.2 : Identification des cultures agricoles et itinéraires techniques adaptés 1 750 aux différentes zones Activité 1.3 : Suivi-évaluation 500 Composante 2 : Favoriser l’entrepreneuriat agricole (agriculture -élevage) en zone de savane (Niari et Bouenza) Activité 2.1 : Appui à l’entrepreneuriat agricole chez 2000 jeunes et la formation en outils de gestion Pour permettre un changement systémique durable, 2000 jeunes dont une moitié au moins de femmes seront accompagnés dans des activités d’entrepreneuriat pour des systèmes intégrés agriculture - élevage. Un appui en gestion et une formation aux outils de gestion leur sera proposé, sous la forme de cours présentiels dans des structures dédiées (universités, centres de formation professionnelles…). Les entrepreneurs bénéficieront par la suite d’un suivi personnalisé mensuel en gestion les 3 premières années de leur activité. Plus généralement, les producteurs pourront recevoir une assistance technique occasionnelle et seront accompagnés la gestion autonome de leur activité. Activité 2.2 : Sécurisation des droits de propriété foncière pour petites et moyennes exploitations. L’accès aux terres sera sécurisé pour les 2000 entrepreneurs, permettant une installation durable des petites et moyennes exploitations et la préservation des écosystèmes. Activité 2.3 : Renforcement de capacités des producteurs pour la promotion des systèmes intégrés agriculture-élevage Ces systèmes combinant culture et élevage accompagnés par le projet seront identifiés dans les départements des cuvettes et des plateaux présentant le meilleur potentiel de production et de débouchés commerciaux. La volaille qui est la viande la plus importante dans le pays (SVIREC, 2019) tant sur le plan de la production, des importations que de la consommation des produits carnés et des œufs est donc ciblée par le projet. Tableau 34 - Répartition du cheptel (têtes) des exploitations paysannes par espèce et par département (Annuaire statistique du Congo, 2014) Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions de potentielle FCFA) Composante 2 BM, AFD MAEP IRA, UMNG, 8 000 ONG, producteurs Activité 2.1 : Appui à l’entrepreneuriat agricole chez 2000 jeunes et la formation 4 000 en outils de gestion Activité 2.2 : Sécurisation des droits de propriété foncière pour petites et 1 000 moyennes exploitations. Activité 2.3 : Renforcement de capacités des producteurs pour la promotion des 3 000 systèmes intégrés agriculture-élevage 123 Composante 3 : Développer l’agro-industrie durable en zone de savane Activité 3.1 : Déploiement de l’agroforesterie semi-industrielle en savane avec 1500ha de palme (les Plateaux) et 1500ha de cacao (Cuvette) L’agro-industrie en savane ciblera la relance de la filière cacao dans la Cuvette sur 1500ha et le palmier à huile sur 1500 ha dans les plateaux. Des itinéraires techniques spécifiques incluant des pratiques d’agroforesterie en savane et de fertilité des sols seront développées, avec l’appui d’experts nationaux et internationaux. Entre 2009 et 2014, environ 500 000 hectares de nouvelles concessions agro-industrielles ont été octroyées pour développer le palmier à huile, le café, le cacao, et l'hévéa (CN-REDD, 2017a) mais pas encore investieset pourront être utilisées à cet égard. Activité 3.2 : Installation de 1000 entrepreneurs avec par ménage : 1ha de cacao, 1ha de palmier et 1ha pour les cultures vivrières/élevage (total de 3 000ha) En parallèle les 1000 ménages formés dans la composante 2 seront installés sur des terres avec 3 hectares par exploitation dont deux hectares de culture de rente et un hectare de culture vivrière et petit élevage à proximité des sites agroindustriels pour favoriser le dévelo ppement d’un modèle « outgrower ». En tout cette agriculture paysanne représente 1000ha de cacao, 1000ha de palmier à huile et 1000ha de cultures vivrières/élevage. Une étude de faisabilité sera réalisée pour chaque culture, permettant la demande de fonds publics et privés. La maitrise de ces nouveaux itinéraires techniques sur des surfaces moyennes est indispensable avant de les développer à plus grande échelle. 5 milliards de FCFA seront inclus dans le budget en tant que coûts de fonctionnement entre la 5 ième et 10 ième année du projet, après l’investissement initial. Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions de potentielle FCFA) Composante 3 BM, secteur privé Privé, MAEP IRA, UMNG, 20 000 MAEP Activité 3.1 : Déploiement de l’agroforesterie semi-industrielle en savane avec 10 000 1500ha de palme (les Plateaux) et 1500ha de cacao (Cuvette) Activité 3.2 : Installation de 1000 entrepreneurs avec par ménage : 1ha de 10 000 cacao, 1ha de palmier et 1ha pour les cultures vivrières/élevage (total de 3 000ha) III.5.5. Atténuation des risques Risques Identifiés Importance du Mesures d’atténuation risque (probabilité, gravité) Historiquement, un enjeu majeur pour les producteurs congolais, une évolution positive est attendue avec la REDD+ qui garantit la sécurisation des plantations agroforestières. Accès au foncier Faible Dans les zones d’activités, les services d’assistance technique veilleront à vérifier et sécuriser le droit foncier des bénéficiaires du projet. Manque de capacités Le projet mise avant tout sur le renforcement de capacités des acteurs Faible en ressources humaines et en connaissances pour relancer (recherche, services l’agriculture de savane. 124 techniques, opérateurs, etc.) Les faibles capacités d’investissement sont effectivement un frein au développement de l’agriculture de savane. Le projet permet de réduire les risques et les investissements. Les producteurs sont De plus, la réticence au changement des pratiques agricoles réticents à investir et Moyen dans le temps est un risque important qui peut être maîtrisé à changer de pratiques par des producteurs et un accompagnement de proximité. Le renforcement de capacités important des services techniques agricoles du pays prévu en particulier dans les zones du projet est un élément central de sa réussite. III.5.6. Coûts et bénéfices du projet L’analyse coût-bénéfice vise à déterminer, pour chaque hectare et bénéficiaires directs du projet, les bénéfices dus aux activités qu’ils soient liés à l’augmentation de rendements, aux productions cacaoyères et d’huile de palme et à des sources de revenus alternatives (par les associations arbres - culture-élevage des systèmes agroforestiers). Evaluation des bénéfices du projet La mesure des bénéfices des modèles agricoles agriculture-élevage nécessiterait de faire un certain nombre d’hypothèses devant le manque de donnée, ce qui fausserait les résultats. L’analyse de la rentabilité de ce projet est donc faite uniquement pour la composante 3, et en s’appuyant sur celle de la REDD pour le Congo. L’évolution des rendements du cacao est donnée par le PND du Congo : après trois ans sans production (jeune plant), les rendements les plus élevés (1T/ha) seraient atteints au bout de 8 ans de culture en savane. De plus, l’hypothèse sera faite de l’entrée en production du palmier à huile à partir de la cinquième année en conformité avec l’EIES du projet d’Atama (Cabinet Environnement Plus, 2014). Pour avoir une vision plus large de l’impact du projet, l’analyse coût bénéfice sera faite sur une période de 10 ans. On part de l’hypothèse que les rendements de palmier à huile seront sensiblement les mêmes en zone de savane qu’en zone de forêt du moment où les opérations de préparation du terrain et de plantation ont été bien réalisées (Fairhurst et al., 2009). Ainsi on retiendra une valeur moyenne de production de régime (FFB) de 19 t FFB/ha. En considérant des ratios d’extraction de 22% et de 5% pour, respectivement, l’huile de palme (CPO) et l’huile de palmiste (PK) (Cabinet Environnement Plus, 2014), on peut estimer les rendements à, en moyenne, 4,2 T CPO/ha et O,95 T PK/ha. Rendement plant adulte Prix en milliers de FCFA Cultures Nombre d’hectares (T/ha) (par tonne) Cacao 2500 1 850 Huile de 4,2 401 * palme brute 2500 Huile de 0,95 444 * palmiste 2500 Tableau 35 : Rendement attendus et prix de vente des cultures de cacao, d’huile de palme et d’huile de palmiste (*https://www.indexmundi.com/commodities/) An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 An 6 An 7 An 8 An 9 An 10 Rendement cacao (Kg/ha) d'après PND 0 0 0 25 130 400 900 1000 1000 1000 125 Evolution du rendement de l'huile de palme brute (T/ha) 0 0 0 0 1,2 2,2 3,2 4,2 4,2 4,2 Evolution du rendement de l'huile (T/ha) de palmiste 0 0 0 0 0,35 0,55 0,75 0,95 0,95 0,95 Tableau 36 : Evolution des rendements du cacao, de l’huile de palme et de l’huile de palmiste sur 10 ans Estimation des coûts du projet Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Coûts An 6 An 7 An 8 An 9 An 10 An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 Total (en M FCFA) Composante 750 750 500 500 500 0 0 0 0 0 3 000 1 Composante 1 2 400 1 500 1 200 1 200 0 0 0 0 0 8 000 2 700 Composante 5 000 2500 2500 2500 2500 20 000 3 1000 1000 1000 1000 1000 TOTAL 8150 4950 4500 4200 4200 1000 1000 1000 1000 1000 31000 Estimation de la rentabilité du projet An 9 An Valeur ajoutée An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 An 6 An 7 An 8 10 TOTAL (Millions FCFA) Production de 0 0 0 53 276 850 1913 2125 2125 2125 9467 cacao Production d'huile de 0 0 0 0 1203 2206 3208 4211 4211 4211 19248 palme brute Production d'huile de 0 0 0 0 389 611 833 1055 1055 1055 4995 palmiste Bénéfices REDD 442 442 442 442 442 442 442 442 442 442 4419 Valeur ajoutée 442 442 442 495 2310 4108 6395 7832 7832 7832 38128 totale Coûts (Millions 1 8 150 4 950 4 500 4 200 4 200 1 000 1 000 1 000 1 000 31000 de FCFA) 000 Rentabilité -95% -91% -90% -88% -45% 311% 539% 683% 683% 683% 23% Tableau 37 : Analyse de rentabilité du projet 5 La composante 3 du projet présente une rentabilité de 23% sur 10 ans. La rentabilité du projet est calculée sur 10 ans sans taux de dépréciation mais les revenus issus des investissements s’étaleront sur 30 ans, soit la durée d’exploitation de ces cultures de rente. Une analyse coût-bénéfice plus approfondie doit également être réalisée au moment des études de faisabilité en apportant des éléments plus précis pour les rendements de cacao et huile de palme en savane. Evaluation du projet au regard des critères de l’AIC Avantages en termes de production : Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentés Limités 126 Diversification des sources de revenue Augmentée Limitée Agro-industrie durable en savane Possible Impossible Renforcement de capacité des jeunes producteurs Présent Absent Avantages en termes d'adaptation : Avantage Avec le projet Sans le projet Restauration de la fertilité des sols +++ - Résilience des itinéraires techniques +++ - Système agropastoraux résilients + / Avantages en termes d'atténuation : Bénéfices économiques du carbone stocké/émissions évitées par la culture de cacao et palmier à huile Deux méthodologies distinctes sont utilisées dans la REDD pour les calculs des bénéfices carbones liés à la plantation de cacao et d’huile de palme. • Calculs des bénéfices attendus pour le cacao La culture de cacao en savane étant une alternative à l’agriculture itinérante sur brûlis, les réductions d’émissions sont calculées sur une base de déforestation évitée (méthode REDD). On peut estimer les réductions d’émissions attendues à 1,1 millions tCO2 eq sur les 10 ans pour 2500ha de cacao. • Calculs des bénéfices attendus pour les palmiers à huile Pour ce qui est des bénéfices attendus correspondant à la séquestration du carbone dans les plantations de palmiers à huile en savane, on estime ici l’impa ct avec le facteur par défaut du GIEC (2006) de 68TC/ha, auquel on retranche 21TC/Ha correspondant au stockage de carbone dans les savanes arbustives décidues (Nasi et al., 2008). On a donc une réduction de 47TC/ha, soit 431 mille T CO2 évitéesur les 2500ha de palme (1tC= 3,67 tCO2). • Calculs des bénéfices carbones totaux En tout, on estime donc à 1,5 millions T de CO2 eq évité par l’ensemble de ces pratiques sur cinq ans avec la méthode REDD soit l’équivalent de 4,4 milliards FCFA pour ce projet. L’Outil EXACT estime un stockage de 1,47 millions TC pour 2500 ha non déforestées, or cet outil ne permet pas d’obtenir un niveau de précision spécifique au type de pratiques/cultures mises en place. L’analyse est faite en se basant sur la première méthodologie de calcul des bénéfices carbones. Bénéfices carbone des systèmes agriculture élevage Le niveau de stockage du carbone par l’association agriculture-élevage peut être élevé : dans un cas en Afrique de l’Ouest, des sols ayant reçu du fumier pendant cinq ans av aient 1,18 t/ha de plus de carbone présent que les sols traités seulement avec des résidus végétaux 26. Avantage Avec le projet Sans le projet Emissions liées à la déforestation Limitées Entre 1,5millions TCO2 eq potentielle Déforestation Limitée Augmentée Préservation de la biodiversité Augmentée Limitée 26 Woodfine, 2009 et FAO, 2007 127 A-16Projet 6 : Développement d’un système d’information et d’alerte agro- météorologique III.6.1. Synthèse du projet Titre du projet Développement d’un système d’information et d’alerte agro- météorologique Durée et échéance 5 ans Agences d’exécution MAEP/ ANAC Partenaires IRA, UMNG, ANAC Contribution au PNIASAN PNIASAN : Composantes 3.3.3 et 3.3.4 du sous-programme 3.3 et à la CDN CDN : volet adaptation Objectif général Développer les moyens de prévision météorologique et favoriser l’accès à des données agro-climatiques et climatiques exacts et instantanées Objectifs spécifiques : • Réaliser des études climatiques en enrichissant la base de données climatiques observées et modéliser le climat à l’échelle nationale (long terme) (OS1) ; • Produire et analyser les données agro-climatiques à l’échelle régionale (de 1 à 15 jours et saisonnières) (OS2) ; • Développer l’accessibilité de ces données par des produits et services pour les producteurs, en améliorant l’accessibilité pour les femmes (calendriers de culture, etc.) (OS3) ; • Former les producteurs sur l’utilisation de ces produits et services, et spécifiquement les femmes (0S4). Bénéficiaires 50 000, principalement la population et particulièrement les producteurs, dont la moitié de femmes ; Mais aussi : Le Gouvernement ; L’Agence Nationale de l’Aviation Civile ; Les Institutions de Recherche. Zones d’intervention du Echelle nationale projet Composantes du projet Composante 1 : Activité 1.1 : Renforcement de capacités de l’ANAC Modélisation du climat à Activité 1.2 : Collecte des données statistiques en matière de l’échelle nationale climat (stations météorologiques, techniciens) Activité 1.3 : Elaboration des modèles d’analyse du climat à l’échelle nationale Composante 2 : Activité 2.1 : Renforcement de capacités des techniciens et du Production des données ministère agro-climatiques à Activité 2.2 : Collecte et analyse des données agro-climatiques l'échelle régionale et (stations météorologiques, techniciens, chercheurs, etc.) développement des Activité 2.3 : Développement des produits et services pour les produits et services pour producteurs (calendriers de culture, bulletins météorologiques, les producteurs messages téléphoniques, centre d’appel et radio communautaire, etc.) Composante 3 : Activité 3.1 : Sensibilisation des producteurs sur l’utilisation des Formation et outils renforcement de Activité 3.2 : Formation des producteurs sur l’utilisation des outils capacités des producteurs Activité 3.3 : Mise en place de plateformes d’échange des producteurs sur l’utilisation des outils et renforcer leurs capacités Coûts et bénéfices du projet Coût total (Millions de 25 000 FCFA) Rentabilité 15% Contributions à Augmentation des rendements, adaptation aux phénomènes l’adaptation, météorologiques intenses 128 l’atténuation et à la production 6.2. Introduction et contexte stratégique Les pays d'Afrique de l'Ouest, par leur latitude tropicale, sont plus sensibles aux variations climatiques. Devant la corrélation forte entre productivité des cultures et variations climatiques, il est nécessaire de mieux comprendre et anticiper les fluctuations climatiques. La mise en place de systèmes et services d’information agro-météorologiques devient donc un enjeu majeur de sécurité alimentaire en Afrique. S'ajoute à ceci la non-maîtrise des relations bioclimatiques (influence de la météo sur les plantations et les sols), tous deux facteurs impactant fortement la prise de décisions et le développement des activités agricoles. L’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) du Congo, dont le rôle est la prévision et la transmission des informations dans le domaine de la météorologie aéronautique, dispose depuis 2017 d’un studio média moderne dédié à la diffusion des prévisions météorologiques (financé par l’Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM) et la Grande Bretagne). Doté actuellement d'équipements techniques performants, ce centre est géré par un personnel formé pour collecter, analyser et diffuser les données aux congolais par la radio ou des chaînes télévisions. Actuellement, le Congo possède 245 stations pluviométriques, 7 stations climatologiques, 8 stations synoptiques, 5 stations pluviographiques et 140 stations hydrométriques 27. Cependant, ces stations ont été installées en grande partie dans les années 60-70 et nécessitent donc d'être remises en état voire remplacées. De plus, les prévisions sont à court terme et sont encore trop peu accessibles par les producteurs, et ne sont pas transmise à la communauté internationale (cf figure 27). Pourcentage Pourcentage des observations disponibles Figure 27 Accessibilité des données météorologiques du Congo par les centres de collecte de l’Organisation Mondiale de la Météorologie (source : https://cpdb.wmo.int/congo) De la même manière qu'une cartographie des sols et des microclimats est nécessaire pour garantir une meilleure adaptation des systèmes de cultures (projet 2 de ce rapport), l'analyse et la modélisation de données agro-météorologiques permet une prise de décision éclairée (phénomènes climatiques, occurrence d'épidémies et parasites…) et améliore la connaissance des relations bioclimatiques. Les modèles agro-climatiques initiés dans ce domaine sont insuffisants et doivent être approfondis en particulier sur les régimes pluviométriques. Une fois ces données météorologiques produites, il est nécessaire de les vulgariser et de les diffuser plus largement, et de façon équitable (accès égale selon le genre, revenu…). L’accès des informations par les femmes est en enjeu considérable étant donné leur faible accès aux ressources (éducation, 27 http://www.hydrosciences.fr/sierem/consultation/consultationPays.asp?PaysId=CG&STTID=HYDRO &offset=105 129 financière, foncière…), les rendant particulièrement vulnérables. L’accès à ces informations par tous est un enjeu considérable pour le calendrier des cultures et l’adaptation aux phénomènes climatiques afin de garantir des bons rendements agricoles. La création et diffusion d’outils à cet usage sont clairement inscrits dans l’agenda international du développement (accord de Paris – article 7(7c), ODD – cible 13.7, etc.). Un cadre global, le Global Framework for Climate Services (GFCS) a été créé en 2012 pour guider leur développement. Dans cet élan, en 2015, à l'initiative de la Banque mondiale, avec la Banque africaine de développement, l'Organisation Mondiale de Météorologie, l'Agence française de développement et le Programme alimentaire mondial, « Africahydromet » a été lancé. Cette initiative a vocation à aider les pays africains à moderniser leurs outils et systèmes météorologiques et hydrométriques. Le Congo n’a cependant pas bénéficié de ce programme. 6.3. Objectifs du projet et résultats attendus Théorie du changement Si le Congo est équipé d’infrastructures de collecte et d’analyse de données météorologiques et climatiques, et si les capacités d’analyses de d’informations climatiques sont renforcées, et si la dissémination large de celles-ci aux producteurs, et spécifiquement aux productrices, est permise, alors ces derniers pourront anticiper les variations climatiques à différentes échelles de temps, et ainsi améliorer leurs pratiques agricoles et augmenter leurs rendements. Objectif Général Développer les moyens de prévision météorologique et favoriser l’accès à des données agro - climatiques et climatiques exacts et instantanées Objectifs spécifiques • Réaliser des études climatiques en enrichissant la base de données climatiques observées et modéliser le climat à l’échelle nationale (long terme) (0S1) ; • Produire et analyser les données agro-climatiques à l’échelle régionale (de 1 à 15 jours et saisonnières) (0S2) ; • Développer l’accessibilité de ces données par des produits et services pour les producteurs, et particulièrement l’accessibilité pour les femmes (calendriers de culture, etc.) (0S3) ; • Former les producteurs sur l’utilisation de ces produits et services, et notamment les femmes (0S4). Effets souhaités : • Adaptation des décisions agricoles suite aux prévisions climatiques • Augmentation des revenus des producteurs • Amélioration de l’accès à l’information par les producteurs ruraux • Partage de savoir entre producteurs • Formation et renforcement des capacités des producteurs • Equité homme-femme dans l’accès aux informations et aux outils Résultats attendus : • Etudes climatique et cartographique des sols à l’échelle nationale et régionale ; • Modélisation du climat à l’échelle nationale ; • Produits et services pour les producteurs ; • Formation des producteurs sur ces produits et services. Bénéficiaires et zone d’intervention : 50 000 producteurs à l’échelle nationale, dont ½ de femmes. Les bénéficiaires sont principalement la population et particulièrement les producteurs, mais aussi le gouvernement ; L’Agence Nationale de l’Aviation Civile ; Les Institutions de Recherche. 6.4. Description des composantes du projet 130 Composante 1 : Renforcement des capacités climatiques à l’échelle nationale Le développement de la compréhension du climat et des changements en cours et à venir au Congo est un préalable indispensable à l’ensemble des activités du PI -AIC. De fait, le pays et plus particulièrement l’Afrique centrale font partie des régions les moins étudiées et les moins bien documentées sur ce sujet. L’orientation des politiques agri coles du pays passe par un socle de connaissances solides sur les risques et les opportunités du secteur. Ce PI-AIC comme d’autres rares études sont seulement les premières étapes de ce travail et doivent être poursuivies de manière importante. La collecte des données climatiques doit être systématisée à grande échelle et des modèles d’analyse du climat, spécifiques au pays, doivent être développés. Activité 1.1 : Renforcement de capacités de l’ANAC Le renforcement de capacité de l’ANAC est clef non seulem ent pour ce projet de diffusion d’information agro-météorologique mais surtout pour diffusion à l’échelle nationale des connaissances sur le climat et la prise de décision associée. Ainsi, l’ANAC être accompagnée par une équipe d’experts internationaux pour la compréhension du climat et de la météo, la production et l’analyse de données climatiques, la modélisation du climat, et la construction d’outil et services pour appuyer la décision politique et opérationnelle dans le secteur agricole. Ce renforcement de capacités sera réalisé par une assistance technique long terme internationale ainsi que des assistances ou études à court-terme pour des besoins spécifiques. Activité 1.2 : Collecter les données statistiques en matière de climat Les stations déjà en place au Congo sont précieuses pour l’historique des données météorologiques qu’elles ont pu permettre d’obtenir. La reprise des relevés après une remise en état de ces stations sera l’opportunité de compléter et d’enrichir une base de données existante. S’ajouteront à ces premières stations quarante stations climatologiques « haute gamme » qui seront installées pour multiplier les relevés nationaux. Ils seront réalisés sur l’ensemble des stations par 4 ETP (Equivalent Temps Plein), constituant une base de données essentielle et socle pour des études et modélisations. Ces stations permettront des relevés physiques : température, évaporation, précipitation, insolation et rayonnement solaire global, vents, humidité du sol et de l'air… Une fois les relevées réalisés, les données seront transmises à l’OMM, ainsi disponible pour une modélisation globale du climat terrestre par des organismes internationaux. Activité 1.3 : Construction des modèles d’analyse du climat à l’échelle nationale Les relevés et analyses seront centralisées à l'ANAC où les ingénieurs de la direction de la météorologie pourront construiront en collaboration avec les experts internationaux les modélisations climatiques. Sources de Entité de mise Partenaires Coût financement en œuvre potentiels (Millions de Composante 1 potentielle FCFA) OMM, BM, PNUD, MAEP IRA, UMNG, 6 500 FVC ANAC ANAC, MAEP Activité 1.1 : Renforcement de capacités de l’ANAC 2 500 Activité 1.2 : Collecte des données statistiques en matière de climat (stations 2000 météorologiques, techniciens) Activité 1.3 : Elaboration des modèles d’analyse du climat à l’échelle nationale 2000 Composante 2 : Production des données agro-climatiques à l'échelle nationale et développement des produits et services pour les producteurs La production de données agro-climatiques permet de faire le lien entre agriculture et climat, et évaluer l'influence des variables météorologiques sur l'environnement et ainsi l’adaptation des cultures aux variations climatiques. Les relevés et l'analyse de ces données à l'échelle régionale permettront une meilleure planification et suivi des activités agricoles (notamment : début et fin de saison, longueur de saison et séquence de périodes sèches…). La fiabilité des résultat s repose sur un réseau de stations étendu et des relevés réguliers. Activité 2.1 : Renforcement de capacités des techniciens et du ministère 131 Le renforcement de capacités des techniciens de l’ANAC et des équipes du ministère destinés à collecter les données climatiques et former les producteurs aux outils agro climatiques est le premier maillon de la chaîne de diffusion de connaissance et compétences sur le changement climatique et les outils d’aide. Ce renforcement de capacité sera réalisé par les cadres de l’ANAC appuyé par les experts internationaux de l’assistance technique. Activité 2.1 : Collecte et analyse des données agro-climatiques Cent stations météorologiques (10 par région), avec des capteurs et des installations moins perfectionnées que celles de la composante précédente, vont permettre de multiplier les relevées météorologiques. Ils seront réalisés par des techniciens régionaux, qui rassembleront les données physiques climatiques (humidité, température…) et des données portant directement pr éjudice aux plantes tels que la sécheresse, les inondations, les coups de vent et les vents extrêmement chauds et secs (relevés spécifiques à ces modèles de stations). Des relevés quant aux caractéristiques biologiques de l'environnement seront aussi réali sés par l’opérateur : observation de la croissance de la plante, apparition de parasites, état de santé des plantes, densité de semis, … Ces stations seront positionnées dans des lieux représentatifs des conditions climatiques et culturales de la zone et facile d'accès (pour la rapidité de communication de l'information). La centralisation et l'analyse de ces données par des chercheurs à l'ANAC améliorera les modèles de culture vers une plus grande adaptabilité aux variations climatiques actuelles et à venir. Activité 2.2 : Développement des produits et les services pour les producteurs (calendriers de culture, bulletins météorologiques, messages téléphoniques, centre d’appel et radio communautaire, etc.) Des produits et services seront mis à disposition des producteurs, pour leur partager les prévisions météorologique (de 1 jour à 15 jours – fiabilité haute de 1 à 5 jours), les prévisions saisonnières (tendances pour les 3 mois à venir, encore expérimentales), et des recommandations agricoles. Ces outils seront faciles d’utilisation pour tous, les guidant dans les prises de décisions. Par exemple, des calendriers de culture et bulletins météorologiques leur seront transmis par messages téléphoniques, par un service d’appel vocal et par les radios communautaires. Les outils numériques ou téléphoniques seront avantageusement développés en synergie avec ceux pour la gestion des sols. Une vigilance sera apportée pour élaborer des produits et services accessibles au hommes comme aux femmes. Une étude de faisabilité précédera la mise en place de ces services. Cette composante a vocation à se développer à l’échelle nationale mais une ver sion pilote sur 5 ans sera lancée dans les régions agricoles proches des grandes villes (Brazzaville et Pointe Noire), favorisée par une bonne connexion internet et à la TNT. D’après l’étude Africascope 2019 de Kantar 28. 91% de la population congolaise a accès quotidiennement à la télévision, 67% à la radio, et 15% à une connexion internet. Cette composante favorisera donc les premières années le déploiement de la communication par télévision et radio. 50.000 producteurs (dont la moitié de femmes) cultivant 100.000 hectares sont visés (l’équivalent de la surface agricole du Pool et de la Bouenza réunis) dès les 5 premières années par cet accès aux informations saisonnières et journalières sur la météo afin d’aider pour les dates de semis, récolte, désherbage et améliorer les rendements et revenus. Sources de Entité de Partenaires Coût financement mise en potentiels (Millions de œuvre FCFA) Composante 2 potentielle OMM, BM, PNUD, ANAC UMNG, MAEP 10500 FVC Activité 2.1 : Renforcement de capacités des techniciens et du ministère 2500 Activité 2.2 : Collecte et analyse des données agro-climatiques (stations 4 000 météorologiques, techniciens, chercheurs, etc.) 28https://www.tns-sofres.com/communiques-de-presse/kantar-publie-les-premiers-resultats- africascope-2019-letude-media-de-reference-en-afrique-sub-saharienne 132 Activité 2.3 : Développement des produits et services pour les producteurs 4 000 (calendriers de culture, bulletins météorologiques, messages téléphoniques, centre d’appel et radio communautaire, etc.) Composante 3 : Formation et renforcement de capacités des producteurs L'imprévisibilité croissante des conditions pluviométriques et thermiques diminue la capacité des producteurs à adapter leur système agricole pour maintenir un rendement suffisant, mettant en danger leur sécurité alimentaire. L'accès à de meilleures connaissances pédoclimatiques et à des outils de prise de décision adaptée permettra aux producteurs de contrer les impacts néfastes des phénomènes climatiques en construisant leur itinéraire de production à partir de données physico- chimiques des sols (porosité, fertilité, structuration des horizons…) évaluées dans le projet 2 (Gestion de la fertilité des sols), grâce à une meilleure compréhension des microclimats (effets symbiotiques des différentes strates de végétation, résilience aux chocs thermiques…) et grâce aux prévisions météorologiques. Les données collectées et analysées dans les deux précédentes composantes sont rendues compréhensibles et donc exploitables par les destinataires des zones ciblées (régions agricoles proche de Brazzaville et Pointe-Noire). Un retour d’expérience à intervalle régulier sur les services proposés permettra de les améliorer et notamment d’améliorer leur compréhension par toutes les catégories de populations (genre, niveau de revenu et d’éducation…) Activité 3.1 : Sensibilisation des producteurs sur l’utilisation des outils Les producteurs seront sensibilisés à l’usage de ces outils par une communication régulière (messages écrits envoyés sur leurs téléphones portables, communication sur les lieux de commercialisation…). Des ambassadeurs par région (techniciens, formateurs agricol es, distributeurs…), dont les deux tiers des femmes, seront sélectionnés pour leur motivation et formés à l'usage de ces outils, dont ils diffuseront l'usage à travers une communication régulière dans leurs réseaux. Une vigilance à l’accessibilité par tous sera apportée, prenant en compte la diversité des situations des producteurs, pour éviter de créer des inégalités (sexe, niveau de revenue…). La présence d’un fort taux d’ambassadrices garantira l’équité de l’accès aux informations, permettant de surmonte r les barrières culturelles. Activité 3.2 : Formation des producteurs sur l’utilisation des outils Cinq techniciens par région, dont trois femmes, avec une bonne connaissance des destinataires de ces outils, accompagneront les producteurs pour la prise en main des outils numériques et téléphoniques. Le réseau de champs-écoles-paysans, mis en place dans les projets 1 et 4, en facilitera la diffusion. Les agents d’encadrements, les administrateurs et opérateurs agricoles seront aussi formés en matière d’exploitation des données agro-climatiques diffusés pour accompagner au mieux les producteurs. On veillera à former de façon équitable les hommes et les femmes, favorisé par la présence des trois techniciennes. Activité 3.3 : Etablissement de plateformes d’échanges des producteurs sur l’utilisation des outils et renforcement de leurs capacités Pour encourager les producteurs à exploiter les données fournies et lever les freins à la mise en pratiques des recommandations agricoles proposées, une plateforme d'échange des producteurs sera mise en place. Celle-ci, facilement accessible avec une connexion internet et un téléphone portable/ordinateur, encouragera le phénomène d'entraînement malgré l'éloignement des producteurs. Des vulgarisateurs seront formés pour encourager à l’usage de cette plateforme et montrer son intérêt. De même que pour les précédentes activités, ils veilleront à l’accès des femmes à cette plateforme. Sources de Entité de Partenaires potentiels Coût financement mise en (Millions Composante 3 œuvre de potentielle FCFA) 133 OMM, BM, MAEP ONG, techniciens, formateurs 8 000 PNUD, FVC agricoles, distributeurs régionaux, vulgarisateurs agricoles Activité 3.1 : Sensibilisation des producteurs sur l’utilisation des outils 3 200 Activité 3.2 : Formation des producteurs sur l’utilisation des outils 4 000 Activité 3.3 : Mise en place de plateformes d’échange des producteurs sur 800 l’utilisation des outils et renforcer leurs capacités 6.5. Atténuation des risques Risques Identifiés Importance du risque Mesures d’atténuation (probabilité, gravité) Communication régulière par téléphone (Whatsapp – Accès aux informations Moyen SMS – centre d’appel) et radios communautaires 6.6. Coûts et bénéfices du projet Estimation des bénéfices du projet Les producteurs ayant accès aux prévisions météorologiques verront leurs revenus impactés, tant par des changements de pratiques que par la meilleure gestion intrants. Des données collectées quant à la culture du mil nigérien sur le terrain par les partenaires d’AGRHYMET ont permis, par modélisation agronomique, de simuler les gains économiques pour les producteurs attendus grâce aux prévisions climatiques. L’étude s’est basée sur divers scé narios sur 18 années de prévisions climatiques, de 1990 à 2007 et a montré que les rendements pouvaient être améliorés de 7 à 11% (selon le niveau de précision des prévisions). Les gains de rendements peuvent atteindre 31% en rajoutant des données sur les dates de début ou fin de saison des pluies. Le tableau 38 synthétise les impacts économiques observés dans divers pays d’Afrique de l’Ouest. Tableau 38 : Exemples d’évaluation de l’utilisation de services climatiques et météorologiques pour les agriculteurs en Afrique Type d’agriculture Type de Impacts évalués Source et zone prévisions Cultivateurs de mil Saisonnières Jusqu’à +15 % de Roudier et al. (2011) au Niger et à 10 jours revenu en moyenne sur 5 ans Cultivateurs de Saisonnières +66 % sur la marge Ouédraogo, Zougmoré, Barry, Somé, niébé au Burkina et brute des fermiers and Grégoire (2015) journalières Agriculture de Saisonnières +9,2 % de récolte en Patt et al. (2005), Sultan, B., Quirion, subsistance au moyenne sur 2 ans P., Berg, A. (2011)29 Zimbabwe Ghana Journalières +66 % sur la marge Anuga and Gordon (2016) brute des fermiers 29Sultan, B., Quirion, P., Berg, A. (2011). L'impact du changement climatique futur sur les rendements agricoles en Afrique de l'Ouest : bilan des études scientifiques. Grain de Sel (in press) 134 Sénégal Saisonnières Ferme pilote : Lo and Dieng (2015) et à 10 jours augmentation de 15 à 50% des rendements Ces études montrent la variabilité de l’usage de l’information selon le contexte. Les impacts économiques de l’ensemble des services et produits proposés aux producteurs par ce projet sont donc estimés en se basant sur l’étude réalisée pour le Zimbabwe, contexte le plus proche de celui de ce plan d’investissement. Nous faisons l’hypothèse que l’évolution du rendement est similaire quel que soit la culture si le producteur obtient des prévisions météorologiques. Nous ferons donc l’hypothèse conservatrice que l’augmentation du rendement du manioc (principale culture de subsistance au Congo) grâce à l’apport de prévisions météorologiques à partir de cette étude : en moyenne, le rendement de la culture s’améliorera de 9,2% après trois ans et se stabilisera ensuite jusqu’à la fin du projet. On fait l’hypothèse que son rendement augmente linéairement (+3,06 % la première année et +6,13% la deuxième année). Tableau 39. Evolution du rendement du manioc grâce à l’accès à l’information agro météorologique Augmentation de Prix en Chiffres Nombre Rendement rendement grâce à ces milliers de d'affaires Cultures d’hectares(T/ha) pratiques (Source FCFA (par de base en CGIAR) tonne) M de FCFA Manioc 100000 15 9,2 50 (Atelier 2 (Atelier 2 PIAIC) PIAIC) Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Evolution du rendement du manioc 15,46 15,92 16,38 16,38 16,38 (T/hectare) On réalise cette analyse coût-bénéfice sur 100 000 ha de manioc, soit 50.000 producteurs qui sont touchés par cette amélioration de l’accès aux informations agro -météo essentiellement dans les régions de Brazzaville, Pointe-Noire, du Pool et de la Bouenza. Les bénéfices REDD+ sont négligeables (trop faible augmentation du rendement et seulement 7,36ha de déforestation évitée). Estimation des coûts du projet Les coûts du projet sont présentés ci-dessous. Ils ont été estimés par les parties prenantes congolaises lors des ateliers de consultation et plus spécifiquement lors de l’atelier d’experts. Coûts Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Total (en Millions FCFA) Composante 1 2 000 1 500 1 000 1 000 1 000 6 500 Composante 2 2 500 3 500 1 500 1 500 1 500 10 500 Composante 3 3 000 2 400 1 000 800 800 8 000 TOTAL 7 500 7 400 3500 3300 3300 25 000 Analyse coût bénéfice du projet Les systèmes de prévision de l’évolution du rendement nécessitent la combinaison de savoirs d’experts, l’extraction et l’analyse de données et des mécanismes et/ou modèles statistiques. Les variations climatiques et aléas climatiques de ces dernières années ont mis à mal ces systèmes d’anticipation. Des vagues de chaleur et de sécheresse ont eu un impact considérable sur les rendements, tout comme les aléas climatiques (inondations etc). Grâce aux prévisions météorologiques, utilisées généralement par 74% des producteurs y ayant accès30,ces derniers peuvent adapter leurs pratiques culturales. Des prévisions journalières de pluie 30Vaughan etal., 2019 135 sur les dix prochains jours permettent par exemple d’adapter la répartition dans le temps du semis, de la récolte, du désherbage (selon les cultures) ainsi que la gestion de l’irrigation. Des prévisions saisonnières pour la pluie sur les trois prochains mois permettent de varier les volumes d’engrais acheté, les choix des variétés ou cultures, le choix du type de sol, les ajustements de la densité de semis, la renégociation des prêts…31 Tableau 40: Impacts sur les pratiques agricoles suite à l’accès à des prévisions météorologique (Source : Vaughan et al. (2019)) Type d’information Changements de pratiques Etudes associées Météo quotidienne, prévisions Choix de la parcelle, choix de 3 201 individus ont participé au saisonnières, sécheresse, la culture et sa variété, sondage, 134 focus groupes, début des pluies, nuisibles échéances temporelles des 159 interviewés, 32 tests activités agricoles, pilotes, 3 workshops (Carr et conservation de l’eau, décision al., 2014 ; Ouedraogoet al., quant au stockage 2018 ; Zongo et al., 2016) L’analyse coût-bénéfice sera réalisée avec une augmentation des rendements de manioc de 9,2% avec l’accès aux prévisions climatiques. Année Année Valeurs ajoutées (Millions FCFA) Année 2 Année 3 Année 4 TOTAL 1 5 Bénéfices manioc 2303 4598 6900 6900 6900 27600 Valeur ajoutée totale 2303 4598 6900 6900 6900 27600 Coûts (Millions FCFA) 7500 7400 3500 3300 3300 25000 Rentabilité -69% -38% 97% 109% 200% 15% Tableau 41Rentabilité du projet 6 Le projet permet, pour une production de 100 000 ha de manioc, une rentabilité de 15% sur cinq ans par rapport aux 24 milliards de FCFA investis. Le projet est rentable dès la troisième année. Les investissements seront ensuite amortis par l’ensemble du secteur agricole. Ce projet a donc un impact économique à long-terme bien plus élevé. Par ailleurs, les données produites et services proposés bénéficieront à d’autres aspects du pays tels que l’aviation, l’anticipation de catastrophes naturelles, la gestion de l’eau, les prévisions d’épidémies (paludisme), renforçant ainsi les capacités du pays. Evaluation du projet au regard des trois critères de l’AIC Avantages en termes de production/revenus : Avantage Avec le projet Sans le projet Rendements agricoles Augmentés Faibles Renforcement de capacité Présent Absent Avantages en termes d'adaptation : Avantage Avec le projet Sans le projet Gestion de la fertilité des sols ++ / Résilience des itinéraires techniques +++ - 31Thèse de doctorat, P. ROUDIER, Climat et agriculture en Afrique de l'Ouest : quantification de l'impact du changement climatique sur les rendements et évaluation de l'utilité des prévisions saisonnières, 2013 Roudier, P. 136 Avantages en termes d'atténuation : Avantage Avec le projet Sans le projet Pratiques agricoles durables Présentes Insuffisantes 137 A-17Résumés des ateliers Résumé atelier 1 : Reconnaissant la vulnérabilité des pays africains aux changements climatiques et l'importance de la gestion de ses impacts sur l'agriculture, l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatique (Initiative AAA), en partenariat avec la Banque mondiale et l’Agence française de développement et le bureau d’expertise Kinomé, organise le lancement d’un exercice de préparation d’un Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelli gente face au Climat en République du Congo (PI-AIC ou CSAIP en Anglais). Dans le cas du Congo, le Plan national d’investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNIASAN), le projet REDD+ et le Projet d’appui au développement de l’agr iculture commerciale (PDAC), l’initiative AdaptAction offrent autant de cadres stratégiques pour assurer que l’exercice du CSAIP s’appuie sur des bases bien ancrées dans les priorités nationales et s’inscrit dans la continuité de l’existant. L’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC ou CSA, en Anglais) s’attaque au « triple défi » d’accroitre la productivité agricole et d’améliorer la sécurité alimentaire, d’améliorer la résilience aux changements climatiques et de contribuer à l’atténuat ion des effets des changements climatiques, dans la mesure du possible. Les PI-AIC s'appuient sur les stratégies et programmes actuels des pays africains et varient donc considérablement d'un pays à l'autre. Ils sont adaptés aux stress climatiques, au contexte socioéconomique, aux systèmes de gouvernement, à la géographie et à la structure de l'agriculture ainsi qu’aux économies dépendantes des ressources naturelles. La première étape de la mise en place d’un programme de PI -AIC dans laquelle s’inscrit cet atelier consiste à procéder à une analyse de la situation, en faisant l’état des lieux des initiatives d’AIC en cours, des vulnérabilités et des menaces climatiques spécifiques au Congo, ainsi que de l’environnement propice dans tous les secteurs et à pl usieurs niveaux. Cette analyse vise à explorer les contextes agricole, politique, social, environnemental et économique dans lesquels l’approche de l’AIC est appliquée, en mettant en exergue les points d’entrée pour l’investissement dans la mise à échelle des initiatives d’AIC prioritaires. L’objectif de cet atelier est de construire une liste des investissements potentiels pour le Congo dans le cadre d’une AIC. Ces investissements potentiels peuvent recouper aussi bien des pratiques agricoles (gestion des sols, gestion de l’eau, agroforesterie, etc.), des approches systémiques (gestion paysagère, filières, etc.), que le développement d’environnements propices (mécanismes institutionnels, inclusion, services d’information, etc.). Objectif de l’atelier L’objectif atteint de l’atelier a été de dresser une liste préliminaire des investissements potentiels permettant le développement d’une Agriculture Intelligente Face au Climat. De façon spécifique, la méthode pour atteindre ce but a été : - D’introduire le concept d’AIC et la démarche méthodologique du PI-AIC - D’établir le contexte agricole, politique, social, environnemental et économique dans lesquels l’approche de l’AIC est appliquée. - De présenter un état des lieux des connaissances sur le changement climatique au Congo, l’état actuel et les tendances pour l’avenir et l’impact sur l’agriculture. - D’Identifier les opportunités et les menaces climatiques spécifiques au Congo ainsi que les pratiques et services d’AIC actuels et prometteurs. - D’explorer l’ensemble des pratiques agricoles, approches systémiques, et environnements propices permettant le développement d’une Agriculture Intelligente Face au Climat - Identifier une quinzaine d’investissements potentiels à privilégier dans la cadre du contexte et de la stratégie de la République du Congo. - Réaliser une première évaluation selon une douzaine de critères d’analyse spécifiques à 138 l’AIC et à la République du Congo L’atelier d’une journée a été facilité par Sébastien Zinsou et animé par Yohann Fare et Gabriel Follin - Arbelet du cabinet Kinomé. L’agenda indicatif était le suivant : Vendredi 11 octobre 2019 HEURES ACTIVITES RESPONSABLE 8h30-9h00 Enregistrement et installation des Participants Banque Mondiale Mot de bienvenu du Représentant de la Banque 9h00-9h10 A préciser Mondiale 9h10-10h Concept et démarche de l’AIC Kinomé Contexte agricole, politique, social, environnemental et économique pour l’AIC au Congo. 10h-11h Kinomé Impacts et vulnérabilités climatiques selon les données et modèles disponibles 11h-11h15 Pause-café Identification des opportunités et les menaces 10h15-12h45 climatiques spécifiques au Congo ainsi que les pratiques et services d’AIC actuels et prometteurs 12h45-14h Déjeuner Travaux de groupe sur les pratiques agricoles, les 14h-16h approches systémiques et les environnements propices au développement de l’AIC Définition et évaluation selon des critères prioritaires 16h-17h et stratégiques pour l’AIC au Congo selon les 3 piliers productivité, adaptation et atténuation. 17h-17h15 Synthèse et prochaines étapes Kinomé 17h15 Fin de l’atelier Résumé atelier 2 : L’atelier d’expert du Plan d’Investissement Agriculture Intelligente face au Climat (PI -AIC) a eu lieu du mercredi 13 novembre à 9h au vendredi 15 novembre à 12h30 à la résidence Elonda près de Brazzaville. Les termes de référence de l’atelier sont rappelés en annexe. Les principaux objectifs de l’atelier étaient : 1) Restituer des résultats et analyses suivant l’atelier de lancement du PI -AIC ; 2) Adopter une ‘liste longue’ et une ‘liste courte’ des investissements prioritaires pour l’AIC ; 3) Développer les ‘concepts de projets’ de certains investissements prioritaires ; 4) Définir les prochaines étapes menant à la validation et finalisation du PI-AIC En amont de l’atelier, une présentation des avancées de l’étude et des objectifs de l’atelier a été effectuée aux responsables du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche en présence de M. le Ministre d’Etat M. Henri Djombo le mardi 12 novembre matin. Cette rencontre a permis d’impliquer et recueillir les recommandations de M. le Ministre et l’ensemble du ministère pour contribuer au travail de l’atelier d’experts restreint à un petit groupe de participants dont la liste est en annexe. La restitution des résultats du ‘premier atelier’ le 13 novembre matin a consisté à présenter le travail de Kinomé réalisé depuis la tenue du premier atelier sur la base des recommandations de cet atelier et d’analyses supplémentaires : a. Éléments initiaux d’un ‘Profil AIC du Congo’ – contexte et analyse des défis du secteur agricole congolais à la lumière des effets du changement climatique. 139 a. Liste longue des options potentielles – ensemble de pratiques, systèmes et conditions permettant de répondre à ces défis. b. Méthodologie et critères de production de la liste courte – évaluation des options selon des critères de productivité, résilience, atténuation et faisabilité. c. Proposition de liste courte des investissements prioritaires AIC – options stratégiques prioritaires en regard des points précédents. La discussion ayant eu lieu sur l’adoption de la liste longue et la liste courte a mis en exergue les points essentiels suivants : a. L’ensemble de la ‘liste longue’ (en annexe) constitue des priorités pour le secteur agricole congolais. b. La ‘liste courte’ est une démonstration de la faisabilité et l’intérêt des priorités en termes de productivité, adaptation et atténuation. c. Le document final PI-AIC est un document opérationnel dynamique centré sur le lien agriculture-climat et intégré dans le cadre politique stratégique déjà existant du pays. d. Ce document contiendra le profil AIC du Congo, les défis et priorités du pays pour AIC et six concepts de projet à la disposition des investisseurs institutionnels et privés. e. Ce travail pose les jalons de l’AIC au Congo et sera avantageusement développé ou mis en œuvre par l’ensemble des partenaires de la République du Congo. La liste courte discutée et validée pour le pays est : • Développement de l’agroforesterie • Gestion de la fertilité des sols • Gestion optimale de l’eau • Résilience des filières nourricières • Agriculture de savane • Système d'information agro-météorologique Cette liste est constituée de projets globaux et complémentaires qui englobent une grande partie des options de la longue liste. Chacun d’entre eux a été de plus amélioré par les participants notamment sur l’intégration des aménagements piscicoles pour la gestion de l’eau, la filière maïs pour les filières nourricières ou le lien agriculture élevage pour l’agriculture de savane. Les trois premiers projets mettent l’accent sur les pratiques agricoles AIC : les pratiques agroforestières, la gestion de la fertilité des sols, la gestion de l’eau. Les deux suivantes développent une approche systémique. D’une part d’un point de vue chaîne de valeur pour les filières vivrières majeures du pays (semences adaptées, financements, commercialisation). D’autre part d’un point de vue zone agro-écologique pour les savanes (recherche sur ces écosystèmes, itinéraires techniques, lien agriculture-élevage). Le dernier projet contribue à améliorer les conditions permettant le développement d’une Agricultu re Intelligente face au Climat grâce à l’amélioration et l’accès aux connaissances et informations agro - météorologiques. Chacun des projets a ensuite été développé par trois sous-groupes ayant la responsabilité de deux projets durant presque deux jours. Les aspects suivants étaient considérés et évalués : - Contexte et justification du projet - Objectifs et composantes - Activités et budget - Impact et effets souhaités - Evaluation des risques et bénéfices Vendredi 15 novembre matin, les étapes et méthodologies futures pour finaliser le PI AIC ont été discutées avec l’ensemble des participants et ont conduit aux décisions suivantes : a. 13 décembre : Envoi du premier draft CSAIP au MAEP incluant le profil AIC ainsi que 2 à 4 concepts de projet détaillés. b. 20 décembre : Atelier de validation sous forme de panel. c. 15 janvier 2020 : Envoi du draft final du PI AIC au MAEP d. 30 janvier 2020 : Envoi du document final au MAEP 140 Les résultats de l’atelier et l’agenda de l’étude ont été présentés et validés auprès du Ministre d’Etat M. Henri Djombo le vendredi 15 novembre après-midi lors d’une réception au Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche. En particulier la date du 20 décembre a été retenue pour l’atelier de validation. Pour cet atelier, le Ministère du Tourisme et de l’Environnement et le point focal Changement Climatique du gouvernement seront impliqués, de même que l’ensemble des secteurs et acteurs clefs présents lors de l’atelier de lancement. L’atelier a duré trois jours et été facilité par Sébastien Zinsou et Nadim Khouri de la Banque Mondiale et animé par Gabriel Follin-Arbelet du cabinet Kinomé. L’agenda indicatif était le suivant : HEURES ACTIVITES RESPONSABLE Mercredi 13 novembre 2019 Présentation de la méthode d’analyse et validation/modification de la shortlist d’options Matinée prioritaires Kinomé Présentation de la méthode de construction et d’analyse des concepts de projet Après-midi Construction et analyse de concepts de projets Kinomé Jeudi 14 novembre 2019 Matinée Construction et analyse de concepts de projets Kinomé Après-midi Construction et analyse de concepts de projets Kinomé Vendredi 15 novembre 2019 Matinée Construction et analyse de concepts de projets Kinomé Après-midi Synthèse et analyse comparative entre les projets Kinomé 17h00 Fin de l’atelier Résumé Atelier 3 L’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC ou CSA, en Anglais) s’attaque au « triple défi » d’accroitre la productivité agricole et d’améliorer la sécurité alimentaire, d’améliorer la résilience aux changements climatiques et de contribuer à l’atténuation des effets des changements climatiques, dans la mesure du possible. La première étape de ce travail a consisté en une analyse de la situation du secteur agricole en faisant l’état des lieux du contexte politique, socio-économique et environnemental, des initiatives d’AIC en cours et des vulnérabilités et menaces climatiques spécifiques au Congo. L’atelier du 11 octobre 2019 à Brazzaville a permis de faire émerger des réponses à ces besoins, défis et gaps du pays pour la réalisation d’une Agriculture Intelligente face au Climat. Ces réponses collectées par Kinomé ont permis l’élaboration d’une longue liste d’une vingtaine d’options de projets. L’analyse de ces options à la lumière des critères spécifiques à la productivité, la résilience, l’atténuation et la faisabilité a permis de réduire la liste à quelques options p rioritaires. L’atelier d’experts du Plan d’Investissement Agriculture Intelligente face au Climat (PI -AIC) a eu lieu du 13 au 15 novembre 2019 à la résidence Elonda près de Brazzaville. Après avoir validé la liste longue d’options de projets qui constitue un ensemble de priorités pour le pays, l’atelier a permis d’adopter une ‘liste courte’ des investissements prioritaires pour l’AIC développés durant ce même atelier en ‘concepts de projets’. Cette liste courte discutée et validée pour le pays est : • Développement de l’agroforesterie 141 • Gestion de la fertilité des sols • Gestion optimale de l’eau • Résilience des filières nourricières • Agriculture de savane • Système d'information agro-météorologique Ce troisième atelier visait à présenter et valider le projet de Plan d’Investissements AIC de la République du Congo. Pour ce faire, l’ensemble de la méthode de construction du PI -AIC et les enseignements de l’étude ont été présentés aux parties prenantes. Cela inclue de manière succincte le concept d’AIC, la méthode d’analyse, les connaissances sur le climat actuel et futur au Congo, les priorités du pays et les six thématiques considérées comme des premières portes d’entrée pour le pays. La large place dédiée aux discussions grâce à un format de panel a permis de recueillir les suggestions des parties prenantes à considérer dans le plan d’investissement pour prendre les décisions nécessaires à la finalisation du document. Précisément, deux panels se sont succédés sur les deux thèmes suivants : • Le Plan d’Investissement AIC : objectifs, méthode, résultats et discussion • Financement des Priorités AIC : Analyse Coût-Bénéfice des projets et sources de financement (national, international, climat, public, privé etc.) Chaque panel a été introduit par une présentation de Kinomé, suivi d’un échange avec les panelistes et de quelques questions-réponses avec le public. Le document final PI-AIC sera un document opérationnel dynamique centré sur le lien agriculture- climat et intégré dans le cadre politique stratégique déjà existant du pays. Ce document contiendra le profil AIC du Congo, les défis et priorités du pays pour AIC et six concepts de projet à la disposition des investisseurs institutionnels et privés. Ce travail pose les jalons de l’AIC au Congo et sera avantageusement développé ou mis en œuvre par l’ensemble des partenaires de la République du Congo. Un premier draft du document a été mis à disposition des participants et des panélistes le 13 décembre 2019. L’objectif atteint de l’atelier du 20 décembre 2019 à Brazzaville était de valider les principaux résultats du Plan d’Investissement dans l’agriculture intelligente face au climat, à savoir les 6 projets prioritaires, et d’identifier les prochaines étapes de son financement. De façon spécifique, la méthode pour atteindre ce but était : - de rappeler les objectifs, la méthode utilisée dans le processus d’élaboration du PI -AIC ; - de partager les enseignements de l’étude sur le climat et l’agriculture et l’ensemble des besoins et opportunités du pays pour la réalisation d’une AIC ; - de présenter succinctement les 6 projets prioritaires retenus, ; - de présenter les sources de financements possibles du PI-AIC ; - de valider le document PI-AIC. L’agenda indicatif était le suivant : HEURES ACTIVITES RESPONSABLE 8h30 – 9h00 Enregistrement des participants Mot de bienvenue de la Représentante Résidente de la BM Banque mondiale AFD 9h00 – 9h45 Mot de bienvenue du Représentant de la Fondation AAA AAA Mot de bienvenue du Ministre d’Etat, MAEP MAEP Introduction et objectifs de l’atelier Session 1 : Plan d’Investissement AIC - objectifs, méthode et résultats (30 min) 9h45 – 11h15 Présentation, Damien Kuhn, Manager, Kinomé 142 Panel Modérateur : Damien Kuhn, Manager, Kinomé Intervenants : Cyprien Mobengue, Coordonnateur PDDAA, MAEP Germain Roch Mpassi Moumpassi, DGDD, MTE Homb Marguerite, Agri-entrepreneur GIE Moringa Séraphin Médard, Président, CNOP Questions-Réponses ouvert aux participants 11h15 – 11h30 Pause-café Session 2 : Travaux de groupe (1h) 12h30 – 13h30 Pause déjeuner Session 3 : Sources de financement des priorités de l’Agriculture Intelligente face au Climat (1h) Présentation, Damien Kuhn, Manager, Kinomé Panel Modérateur : Damien Kuhn, Manager, Kinomé Intervenants : Bienvenu Ntsouanva, DG Agriculture, MAEP 13h30 – 14h30 Cyril Brulez, AFD Riad Balaghi, Directeur des Projets, Fondation AAA Isidore Odonki, Coordonnateur National du PDAC, MAEP Ngakosso Ngatse Stephane, Banque Congolaise de l'habitat / Directeur des crédits Questions-Réponses ouvert aux participants 14h30 – 14h45 Mot de clôture MAEP 143