ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE Un cadre holistique de soutien aux exportations Automne 2024 Algérie rapport de suivi de la situation économique Un cadre holistique de soutien aux exportations Automne 2024 Région Moyen-Orient et Afrique du Nord 2024 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Internet : www.worldbank.org Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les cou- leurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connais- sances, ce rapport peut être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. 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Conception de la mise en page : The Word Express, Inc TABLE DES MATIÈRES Liste des acronymes ............................................................................................... v Remerciements...................................................................................................... vii Résumé analytique................................................................................................. ix Executive Summary................................................................................................. xiii ‫ملخص تنفيذي‬......................................................................................................... xv Chapitre 1 : Développements économiques récents .......................................................... 1 La croissance des secteurs non extractifs est restée soutenue au cours du premier semestre 2024 ....... 1 La production de pétrole et de gaz s’est contractée au premier semestre 2024, et les recettes d’exportations des hydrocarbures ont chuté ........................................................................................................... 4 Le compte courant s’est établi proche de l’équilibre au s1-2024........................................................................... 5 La baisse des revenus des hydrocarbures et l’augmentation des dépenses pèsent sur les équilibres budgétaires.................................................................................................................................................... 7 Sous l’effet de la stabilisation des prix des denrées alimentaires fraîches, l’inflation a considérablement ralenti .............................................................................................................................................. 8 Chapitre 2 : Perspectives et risques............................................................................. 11 La croissance devrait ralentir en 2024 avant de reprendre en 2025 et 2026 .................................................... 11 Les déficits budgétaires et extérieurs demeureraient élevés................................................................................... 12 Les prix mondiaux de l’énergie et les aléas climatiques constituent des risques pour les perspectives macroéconomiques ........................................................................................................................ 12 Chapitre 3 : Vers un cadre holistique en soutien aux exportations......................................... 15 L’Algérie dispose d’un important potentiel d’exportation de produits hors hydrocarbures ............................ 15 Les gains de productivité sont essentiels pour la croissance des exportations ............................................... 16 Un ensemble de politiques macroéconomiques et microéconomiques calibrées sont nécessaires.......... 18 L’adaptation aux efforts mondiaux de décarbonisation est également nécessaire.......................................... 18 Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne.................. 23 Bibliographie ........................................................................................................ 27 iii Liste des figures Figure 1 La demande émanant de l’investissement a été principalement satisfaite par les importations….................................................................................................................................................. 2 Figure 2 …et le secteur des services a été le moteur de la croissance............................................................ 2 Figure 3 Les données d’éclairage nocturne suggèrent des dynamiques de croissance hétérogènes au S1-2024…........................................................................................................................... 2 Figure 4 …la région du Centre-Nord contribuant le plus à la croissance hors-hydrocarbures. ................. 2 Figure 5 Au cours de la campagne agricole 2023-2024, les précipitations se sont améliorées dans l’Est, mais détériorées dans l’Ouest…............................................................................................. 3 Figure 6 …et les mesures de croissance des cultures ont suivi les précipitations........................................ 3 Figure 7 La production de pétrole brut et de gaz naturel a diminué au S1-2024…....................................... 4 Figure 8 …alors que les prix à l’exportation sont restés élevés malgré la baisse des prix du gaz............ 4 Figure 9 Le surplus du compte courant s’est contracté avec la baisse des prix à l’exportation et l’augmentation des importations…............................................................................................................. 5 Figure 10 …même si les prix à l’importation ont baissé pour plusieurs catégories de produits.................. 5 Figure 11 Les données de suivi des navires suggèrent une diminution transversale des volumes d’exportation en 2024…................................................................................................................................ 6 Figure 12 …tandis que la baisse des importations conteneurs et cargo ont été compensées par la hausse des importations en vrac................................................................................................... 6 Figure 13 L’augmentation des dépenses courantes et la baisse des recettes devrait creuser le déficit budgétaire…..................................................................................................................................................... 7 Figure 14 …qui devrait être en partie financé par l’épargne pétrolière............................................................... 7 Figure 15 L’inflation s’est atténuée, les prix des produits alimentaires frais s’étant stabilisés pendant la plus grande partie de l’année 2024….................................................................................. 8 Figure 16 …grâce à une stabilisation des prix de la viande et du poisson et à une baisse des prix des fruits et légumes..................................................................................................................................... 8 Figure 17 Le taux de change est resté stable au S1-2024….................................................................................. 9 Figure 18 …tandis que la croissance de la masse monétaire et du crédit au secteur privé s’est accélérée.......................................................................................................................................................... 9 Figure 19 Les volumes d’exportation ont augmenté depuis 2017, tirés par les produits chimiques et manufacturés…................................................................................................................................................ 16 Figure 20 …mais restent concentrés sur quelques produits, notamment les engrais…................................. 16 Figure 21 Les exportations de l’Algérie sont moins complexes que celles de ses pairs, malgré une amélioration récente…................................................................................................................................... 16 Figure 22 …et sont concentrées dans un nombre restreint de pays................................................................... 16 Figure 23 La productivité totale des facteurs de l’Algérie est inférieure à celle de la région…..................... 17 Figure 24 …et la productivité du travail est plus faible dans les entreprises publiques que dans le privée...................................................................................................................... 17 Figure 25 Les produits visés par le CBAM représentent une part croissante des exportations algériennes….................................................................................................................................................... 19 Figure 26 …et les engrais algériens ont une teneur en carbone plus élevée que ceux de l’UE.................. 19 Liste des figures Encadré 1 Les mesures prises par l’Algérie en soutien à l’investissement......................................................... 12 Encadré 2 Une gestion durable des forêts pour lutter contre les incendies de forêt en Algérie.................. 13 Encadré 3 Implications du CBAM pour l’Algérie........................................................................................................ 19 iv ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS LISTE DES ACRONYMES AIE Agence d’information sur l’énergie JODI Initiative conjointe sur les données des AIS Système d’identification automatique organisations Comtrade des Nations Unies MARS Surveillance des ressources agricoles ASAP Base de données d’anomalie de la pro- Mb/j Milliers de barils par jour duction agricole MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord BdA Banque d’Algérie MTEP Million de tonnes équivalent pétrole BM Banque mondiale NASA Administration nationale de l’aéronau- BTU Unité thermique britannique tique et de l’espace CITI Classification internationale type, par OAIC Office Interprofessionnel Algérien des industrie Céréales DZD Dinar algérien OCDE Organisation de coopération et de déve- EPE Entreprises publiques économiques loppement économiques EPT Espaces de programmation territoriale ONS Office national des statistiques EUR Euro OPEP Organisation des pays exportateurs de FAO Organisation des Nations Unies pour pétrole l’alimentation et l’agriculture PIB Produit intérieur brut FMI Fonds monétaire international Pp Points de pourcentage FRR Fonds de régulation des recettes PSR Programme spécial de refinancement GNL Gaz naturel liquéfié TCEN Taux de change effectif nominal GPL Gaz de pétrole liquéfié TCER Taux de change effectif réel IDE Investissements directs étrangers USD Dollar des États-Unis IPC Indice des prix à la consommation ISMMEE Industries sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques v REMERCIEMENTS C e rapport de suivi de la situation économique l’analyse sur les effets du mécanisme d’ajustement de l’Algérie rend compte des principaux carbone aux frontières a été préparée par Susanne développements et politiques économiques Aakerfeldt, Alexandra Campmas et Sahil Gill, avec récents. Il les replace dans un contexte global et à des contributions de Weronika Celniak et Paulina plus long terme et évalue les implications de ces Schulz Antipa. Les auteurs tiennent à remercier évolutions pour les perspectives économiques de Ahmadou Moustapha Ndiaye (Directeur pays pour le l’Algérie. Le rapport s’adresse à un large public, Maghreb et Malte) et Kamel Braham (Représentant notamment les décideurs politiques, les chefs d’en- résident pour l’Algérie) pour leurs précieux commen- treprise, les acteurs économiques et la communauté taires lors de l’examen de ce rapport. Les auteurs des analystes et des professionnels travaillant en tiennent à remercier l’Agence algérienne de promo- et sur l’Algérie. Le rapport est divisé en trois cha- tion des investissements (AAPI) pour avoir fourni les pitres. Le chapitre 1 présente les développements données utilisées dans l’encadré sur les mesures macroéconomiques récents de l’Algérie au cours de de soutien à l’investissement. L’équipe de la Banque l’année 2023 et du premier semestre 2024, le cha- mondiale remercie tout particulièrement le ministère pitre 2 décrit les perspectives à court et moyen terme des Finances de l’Algérie pour ses observations sur de l’économie algérienne, et le chapitre 3 présente le contenu du rapport avant sa publication. les considérations macroéconomiques en appui au Les constatations, interprétations et conclu- développement des exportations hors-hydrocarbures. sions exprimées dans le présent rapport sont celles Ce rapport se base sur les données disponibles du personnel de la Banque mondiale et ne reflètent au 30 octobre 2024. pas nécessairement les vues du Conseil d’admi- Le rapport de suivi de la situation économique nistration de la Banque mondiale ou des pays qu’il de l’Algérie est un produit de la section Moyen-Orient représente. Pour plus d’informations sur la Banque et Afrique du Nord (MENA) du pôle d’expertise glo- mondiale et ses activités en Algérie, y compris des bal Macroéconomie, commerce et investissement copies électroniques de cette publication, veuillez (MTI) du Groupe de la Banque mondiale. Il a été consulter le site https://www.banquemondiale.org/fr/ préparé par Cyril Desponts, Amel Henider et Daniel country/algeria. Pour toute question ou commentaire Prinz sous la direction d’Éric Le Borgne et d’Abdo- sur le contenu de cette publication, veuillez contacter ulaye Sy. L’encadré sur la gestion durable des feux Cyril Desponts (cdesponts@worldbank.org) et Eric Le de forêts a été préparé par Sandrine Jauffret, et Borgne (eleborgne@worldbank.org). vii RÉSUMÉ ANALYTIQUE La croissance économique est 2022 et 2023, l’inflation est tombée à 4,3% en glisse- restée robuste et l’inflation a ment annuel sur les neuf premiers mois de 2024, à la progressivement ralenti au premier suite de la stabilisation des prix agricoles frais à par- semestre 2024, mais les pressions tir du S2-2023, après une forte hausse. La baisse de sur les équilibres extérieurs et l’inflation a également été soutenue par la production budgétaires se sont accrues agricole résiliente, la levée des restrictions à l’impor- tation de viande, ainsi qu’un taux de change stable Au cours du premier semestre 2024, la crois- après que la Banque d’Algérie a interrompu quatorze sance économique est demeurée robuste, années de dépréciation à la mi-2022. La politique soutenue par les secteurs non extractifs et l’inves- monétaire est restée accommodante, le taux d’intérêt tissement. Après une accélération à 4,1% en 2023, directeur demeurant inchangé depuis mai 2020, et la la croissance du PIB a légèrement ralenti au premier croissance de la masse monétaire et du crédit au sec- semestre 2024 (+3,9% en glissement annuel), soute- teur privé s’est accélérée durant les 9m-2024. nue par une croissance non extractive dynamique. La baisse des exportations d’hydrocarbures, La croissance de l’investissement s’est accélérée, sti- combinée à l’augmentation des importations et mulant les importations, tandis que la consommation des dépenses publiques, a ramené la balance privée et publique est restée robuste. Les données courante à l’équilibre et a augmenté le déficit satellitaires d’éclairage nocturne suggèrent que la budgétaire. Après que l’excédent du compte courant croissance non-extractive a été principalement tirée se soit nettement réduit, pour atteindre 2,3% du PIB en par la région du centre-nord. La croissance multi- 2023, il s’est établi à l’équilibre au premier semestre sectorielle du PIB non extractif a notamment été 2024, les prix et les volumes des exportations ayant soutenue par une production agricole résiliente, mais baissé, tandis que les volumes des importations le PIB extractif est resté stable au cours du premier restaient élevés, stimulés par l’investissement. Les semestre 2024 (+1.0%) après une nouvelle réduction réserves de change ont légèrement augmenté, attei- du quota de production de pétrole brut de l’Algérie gnant environ 16,2 mois d’importations de biens et en janvier et une baisse de la demande européenne de services à la fin septembre 2024. Outre la baisse de gaz. des recettes d’hydrocarbures, l’augmentation des L’inflation a nettement ralenti en 2024 dépenses courantes et d’investissement, y compris la grâce à la stabilisation des prix des aliments frais, dernière des trois vagues d’augmentation des salaires la modération des prix à l’importation et la stabi- dans le secteur public, a contribué à une expansion lité du taux de change. Après avoir atteint 9,3% en du déficit budgétaire, après que celui-ci ait atteint ix 5,2% du PIB en 2023. Ce déficit a été principalement Une approche holistique est financé par l’épargne pétrolière, la dette publique essentielle à une croissance n’augmentant que modérément. soutenue et à la diversification des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie La croissance devrait ralentir modérément avant de rebondir, Le potentiel de croissance des exportations hors tandis que les déficits extérieurs et hydrocarbures de l’Algérie est important. Les budgétaires se creuseraient hydrocarbures représentaient encore plus de 90% des exportations de produits de l’Algérie en 2023, La croissance devrait ralentir modérément en même si les exportations de produits hors hydro- 2024, en raison de la stabilité de la production carbures avaient triplé depuis 2017, pour atteindre d’hydrocarbures, tandis que les besoins de finan- 2,0% du PIB ou 5,1 milliards de dollars en 2023. Les cement budgétaire et extérieur augmenteraient. engrais, les produits sidérurgiques et le ciment repré- Dans le scénario de base, la croissance du PIB ralen- sentent néanmoins plus de 80 % des exportations tirait à 3,1% en 2024, la croissance non extractive hors hydrocarbures et la complexité des exportations restant robuste mais la production d’hydrocarbures est limitée, tandis que les exportateurs bénéficient se stabilisant. En conséquence, les exportations d’intrants subventionnés et qu’un petit nombre diminueraient et, combinées à des importations sou- de pays représente la majorité des exportations. tenues d’équipements, la balance courante afficherait Cependant, l’Algérie dispose d’un important poten- un déficit modéré. La baisse des recettes d’hydrocar- tiel de diversification et de croissance, notamment bures et l’augmentation des dépenses entraîneraient en raison de sa proximité avec l’Europe, en soutien une hausse du déficit budgétaire, et la dette publique à l’objectif d’exporter 29 milliards de dollars de pro- atteindrait 49,5 % du PIB à la fin-2024. duits hors hydrocarbures d’ici 2030. La reprise de la production d’hydrocar- L’amélioration de la productivité et un bures soutiendrait un rebond de la croissance ensemble de politiques macroéconomiques et en 2025, et les recettes d’exportations d’hydro- microéconomiques favorable sont essentiels carbures augmenteraient. Une croissance plus pour stimuler les exportations. Au cours des vingt rapide des importations entraînerait cependant une dernières années, l’investissement, la productivité glo- augmentation du déficit de la balance courante et bale et la part de l’industrie manufacturière dans le une diminution des réserves de change, qui reste- PIB ont montré des signes de ralentissement, affec- raient toutefois à un niveau confortable. Les hausses tant la compétitivité dans les secteurs à fort potentiel modérées des dépenses prévues dans le cadre bud- d’exportation. Le renforcement de l’environnement gétaire à moyen terme de la Loi de Finances pour des affaires et l’amélioration de la productivité des 2024 permettraient de stabiliser le déficit budgé- entreprises sont essentiels à la compétitivité des taire, qui demeurerait élevé et ferait augmenter la exportations, notamment au niveau de la producti- dette publique, qui reste détenue au niveau natio- vité des entreprises publiques, qui représentent un nal, à des taux faibles et à des échéances à long cinquième de la valeur ajoutée hors hydrocarbures. terme. Compte tenu de la part élevée des dépenses Des politiques calibrées de change et de commerce publiques rigides et du poids des importations, les extérieur soutiendraient la diversification des expor- fluctuations imprévisibles des prix mondiaux des tations, tandis que l’attraction des investissements hydrocarbures, dans un contexte de forte incertitude directs étrangers favoriserait l’insertion dans les géopolitique et économique mondiale, demeurent un chaînes de valeur mondiales, générant des gains de risque important pour les perspectives macroécono- productivité et stimulant les exportations. Des poli- miques de l’Algérie. tiques de développement de chaines de valeur ayant x ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS un potentiel à l’export, et de facilitation transversale, ce qui pourrait générer des coûts importants pour les soutiendrait également la croissance et la diversifica- exportateurs algériens. Plus de 80% des exportations tion des exportations hors-hydrocarbures. algériennes hors hydrocarbures vers l’Europe sont en L’adaptation aux efforts mondiaux de effet concentrées dans des produits à forte intensité décarbonation est également essentielle à une de carbone (engrais, ciment, fer et acier). Verdir la pro- stratégie de croissance durable des exportations. duction de ces produits, diversifier les exportations La transition verte au niveau mondial affectera la vers des industries moins polluantes, et adopter une demande de produits à forte empreinte carbone, plus tarification explicite du carbone seront déterminants immédiatement dans le cadre du mécanisme euro- pour la performance à long terme des exportations péen d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), hors hydrocarbures de l’Algérie. Résumé analytique xi EXECUTIVE SUMMARY Economic Growth Remained money supply growth and credit to the private sector Robust and Inflation Was Gradually accelerated during 9m-2024. Contained in H1-2024, but External Lower hydrocarbon exports, combined and Fiscal Pressures Increased with higher imports and rising public spending, brought the current account back to balance During the first half of 2024, robust economic and increased the fiscal deficit. After the current growth continued, supported by non-extractive account surplus narrowed markedly to 2.3 percent of sectors and dynamic investment. After an accel- GDP in 2023, it reached balance in H1-2024 as export eration to 4.1 percent in 2023, GDP growth slowed prices and volumes declined, while import volumes slightly in the first half of 2024 (+3.9 percent y-o- remained elevated, stimulated by investment. Foreign y), supported by dynamic non-extractive growth. exchange reserves increased slightly, reaching about Investment growth accelerated, stimulating imports, 16.2 months of imports of goods and services at end- while private and government consumption remained September 2024. In addition to lower hydrocarbon robust. Nightlights suggest that non-extractive growth revenues, increasing current and capital expenditures, was driven by the North-Center region. Non-extractive including the last of three waves of public sector wage GDP growth was broad-based and supported by resil- increases, are contributing to an expansion in the fis- ient agricultural output, but extractive GDP remained cal deficit, after it reached 5.2 percent of GDP in 2023. stable during H1-2024 (+1.0 percent y-o-y) after The deficit was mainly financed through oil savings, another reduction in Algeria’s crude oil production and therefore public debt increased moderately. quota in January and lower European gas demand. Inflation decelerated markedly in H1-2024 as fresh food prices stabilized, import prices mod- Growth Is Expected to Slow erated, and the exchange rate remained stable. Moderately before Rebounding, After reaching 9.3 percent in 2022 and 2023, inflation while External and Fiscal Deficits fell to 4.3 percent during the first nine months of 2024 Would Widen following the stabilization of fresh food prices start- ing in H2-2023 after increasing rapidly. Lower inflation Growth is expected to slow moderately in 2024, was also supported by resilient agricultural output, the due to stable hydrocarbon output, while fiscal lifting of meat import restrictions, as well as a stable and external financing needs would expand. In the exchange rate after the Bank of Algeria interrupted baseline scenario, GDP growth would slow to 3.1 per- fourteen years of depreciation in mid-2022. Monetary cent in 2024 as non-extractive growth remains robust policy remains accommodative, with the policy inter- and broad-based, amidst dynamic investment and pri- est rate remaining unchanged since May 2020, and vate consumption, but hydrocarbon output stabilizes. xiii As a result of the latter, exports would decline and, inputs, and a few countries account for most exports. combined with sustained equipment-led imports, Yet, Algeria has a large potential for diversification the current account would post a moderate deficit. and growth, including due to proximity with Europe, in Declining hydrocarbon revenues and rising expendi- support of its objective to export US$ 30 billion in non- tures would cause an expansion in the fiscal deficit, hydrocarbon products by 2030. and public debt would reach 49.5 percent of GDP at Productivity growth and a framework of end-2024. conducive macroeconomic and microeconomic A recovery in hydrocarbon output would policies are key to boosting exports. Over the past support a rebound in growth in 2025, and hydro- twenty years, investment, aggregate productivity, and carbon export revenues would rise. Nonetheless, the share of manufacturing in GDP moderated, limiting faster import growth would cause the current account competitiveness in sectors with higher export poten- deficit to expand and foreign exchange reserves to tial. Strengthening the business environment and firm decline, although they would remain at a comfortable productivity—including that of SOEs, which account level. The moderate increases in spending suggested for a fifth of nonhydrocarbon value-added—will be key by the medium-term budget framework of the 2024 to enhancing export competitiveness. Balanced and Budget Law would stabilize the fiscal deficit at a high supportive exchange rate and trade policies would level, and public debt would rise, although it remains support export diversification, while attracting for- domestically held, at low rates and long-term matur- eign direct investments would support integration into ities. Given the high share of rigid public spending global value chains, generating productivity gains and and the economy’s reliance on imports, unpredict- export growth. Policies to develop value chains with able fluctuations in global hydrocarbon prices, amidst export potential and comprehensively improve export significant global uncertainty, remain the key risk to facilitation would also support the growth and diversi- Algeria’s macroeconomic outlook. fication of non-hydrocarbon exports. Adapting to global decarbonization efforts A Holistic Approach Is Essential for is also essential to a sustainable export growth Sustained Growth and Diversification strategy. The global green transition will affect of Algeria’s Non-Hydrocarbon Exports demand for products with a high carbon footprint, most immediately in the framework of Europe’s car- Algeria’s non-hydrocarbon export growth poten- bon border-adjustment mechanisms (CBAM), which tial is significant. Hydrocarbon products still could generate significant costs for Algerian export- represented over 90 percent of Algeria’s product ers. Over 80% of Algeria’s non-hydrocarbon exports exports in 2023, although nonhydrocarbon exports to Europe are in fact concentrated in carbon-intensive have tripled since 2017, to reach 2.0 percent of GDP products (fertilizers, cement, iron and steel). Greening or US$ 5.1 billion in 2023. Fertilizers, iron and steel the production of these products, diversifying exports products and cement account for over 80 percent of towards less polluting industries, and adopting explicit nonhydrocarbon exports. Exports complexity is there- carbon pricing will be decisive for the long-term per- fore limited, while exporters benefit from subsidized formance of Algeria’s non-hydrocarbon exports. xiv ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS ‫ملخص تنفيذي‬ ‫امليزانية‪ .‬بعد أن تقلص الفائض يف الحساب الجاري بشكل ملحوظ‬ ‫ـل النم ــو االقتص ــادي قوي ـاً وت ــم احت ــواء التضخ ــم‬ ‫ظـ ّ‬ ‫إىل ‪ 2.3٪‬من الناتج املحيل اإلجاميل يف عام ‪ ،2023‬وصل إىل التوازن يف‬ ‫ي ــا يف النص ــف األول م ــن ع ــام ‪ ،2024‬غ ــر أن‬ ‫النصف األول من عام ‪ 2024‬مع إنخفاض أسعار الصادرات وحجمها‪،‬‬ ‫تدريج ً‬ ‫بينام ظل حجم الواردات مرتفع اً‪ ،‬مدعوم اً باالستثامر‪ .‬وارتفعت‬ ‫الضغ ــوط ع ــى امليزاني ــة العام ــة واملي ــزان الخارج ــي‬ ‫را من‬‫احتياطي الرصف بشكل طفيف‪ ،‬لتصل إىل حوايل ‪ 16.2‬شه ً‬ ‫تزاي ــدت‪.‬‬ ‫واردات السلع والخدمات يف نهاية سبتمرب ‪ .2024‬وباإلضافة إىل‬ ‫انخفاض إي رادات املحروقات‪ ،‬ساهمت الزيادة يف النفقات الجارية‬ ‫بقي النمو االقتصادي قويً ا‪ ،‬يف النصف األول من عام ‪ ،2024‬مدعو ً‬ ‫ما‬ ‫واالستثامرالعمومي‪ ،‬مبا يف ذلك املوجة األخرية التي شملت ثالث‬ ‫بنمو القطاعات الغري االستخ راجية واالستثامر‪ .‬بعد أن ارتفع منو‬ ‫زيادات يف أجور القطاع العمومي‪ ،‬يف زيادة عجز امليزانية‪ ،‬بعد أن‬ ‫الناتج املحيل اإلجاميل إىل ‪ 4.1٪‬يف عام ‪ ،2023‬تباطأ بشكل طفيــف‬ ‫بلغ ‪ 5.2٪‬من الناتج املحيل اإلجاميل يف عام ‪ .2023‬تم متويل هذا‬ ‫م ا بنمو قوي‬ ‫يف النصف األول من العام ‪ +3.9٪( 2024‬سنوي اً)‪ ،‬مدعو ً‬ ‫العجز بشكل رئييس من خالل املدخ رات النفطية ‪ ،‬بينام زاد الدين‬ ‫يف القطاعات الغري االستخ راجية‪ .‬تسارعت وترية منو االستثامر‪ ،‬مام‬ ‫العمومي بشكل طفيــف‪.‬‬ ‫ف ز الواردات‪ ،‬بينام بقي كل من االستهالك الخاص والعمومي قويّ ني‬ ‫حّ‬ ‫‪ .‬تشري بيانات اإلضاءة الليلية إىل أن منو القطاع الغري االستخ راجي كان‬ ‫ع ا بشكل رئييس باملنطقة الشاملية الوسطى ‪ .‬كان النمو متعدد‬ ‫مدفو ً‬ ‫مــن املتوقــع أن يتباطــأ النمــو قليــا قبــل أن‬ ‫م ا بشكل‬ ‫القطاعات يف الناتج املحيل اإلجاميل الغري االستخ راجي مدعو ً‬ ‫ينتعــش‪ ،‬بينــا مــن املتوقــع أن يتســع عجــز‬ ‫خاص باإلنتاج الزراعي القوي‪ ،‬لكن الناتج املحيل اإلجاميل االستخ راجي‬ ‫الحســاب الخارجــي وعجــز امليزانيــة‪.‬‬ ‫را يف النصف األول من عام ‪ +1.0٪( 2024‬سنوي اً) بعد‬ ‫ظل مستق ً‬ ‫تخفيضات يف حصص إنتاج النفط الخام الجزائري يف جانفي وانخفاض‬ ‫من املتوقع أن يتباطأ النمو بشكل طفيف يف عام ‪ ،2024‬بسبب‬ ‫الطلب األورويب عىل الغاز‪.‬‬ ‫استق رار إنتاج املحروقات‪ ،‬بينام ستزداد االحتياجات التمويلية‬ ‫تباطأ التضخم بشكل ملحوظ يف ‪ 2024‬بفضل استق رار أسعار‬ ‫الداخلية والخارجية‪ .‬يف السيناريو املرجعي‪ ،‬سيتباطأ منو الناتج‬ ‫األغذية الطازجة‪ ،‬وت راجع أسعار الواردات‪ ،‬واستق رار سعر الرصف‪.‬‬ ‫املحيل اإلجاميل إىل ‪ 3.1٪‬يف عام ‪ ،2024‬مع استم رار منو القطاع الغري‬ ‫بعد أن بلغ ‪ 9.3٪‬يف عامي ‪ 2022‬و‪ ،2023‬انخفض التضخم إىل‪4.3٪‬‬ ‫ة لذلك‪،‬‬‫استخ راجي بشكل قوي مع ثبات إنتاج املحروقات‪ .‬ونتيج ً‬ ‫سنوي اً خالل األشهر التسعة األوىل من عام ‪ ،2024‬نتيجة استق رار‬ ‫قد تنخفض الصادرات‪ ،‬إىل جانب الواردات التي تعززها واردات‬ ‫أسعار املنتجات الزراعية الطازجة منذ النصف الثاين من ‪ 2023‬بعد‬ ‫ف ا‪ .‬قد يؤدي ت راجع‬‫زا طفي ً‬ ‫املعدات‪ ,‬قد يسجل الحساب الجاري عج ً‬ ‫ارتفاعها الكب ري‪ .‬كذلك كان انخفاض التضخم مدعو ً‬ ‫م ا باإلنتاج الزراعي‬ ‫عائدات املحروقات وزيادة اإلنفاق إىل ارتفاع عجز امليزانية‪ ،‬وقد‬ ‫القوي‪ ،‬ورفع القيود املفروضة عىل است رياد اللحوم‪ ،‬واستق رار سعر‬ ‫يصل الدين العمومي إىل ‪ 49.5٪‬من الناتج املحيل اإلجاميل بحلول‬ ‫م ا من انخفاض‬ ‫الرصف بعد أن أوقف بنك الجزائر أربعة عرش عا ً‬ ‫نهاية عام ‪.2024‬‬ ‫قيمة العملة يف منتصف عام ‪ .2022‬ظلت السياسة النقدية تيسريية‪،‬‬ ‫قد يدعم انتعاش إنتاج املحروقات انتعاش النمو يف عام ‪ ،2025‬وقد‬ ‫حيث ظل سعر الفائدة الرئييس دون تغيري منذ ماي ‪ ،2020‬وتسارع‬ ‫تزداد عائدات تصدير املحروقات‪ .‬ومع ذلك‪ ،‬فإن تسارع منو الواردات‬ ‫منو الكتلة النقدية واالئتامن للقطاع الخاص خالل األشهر التسعة‬ ‫سيؤدي إىل زيادة عجز الحساب الجاري وانخفاض احتياطي الرصف‪،‬‬ ‫األوىل من عام ‪.2024‬‬ ‫الذي سيظل بالرغم من ذلك عند مستوى مريح‪ .‬الزيادات الطفيفة يف‬ ‫أدى انخفاض صادرات املحروقات وإرتفاع الواردات واإلنفاق‬ ‫اإلنفاق املتوخاة يف إطار امليزانية املتوسطة املدى لقانون املالية لعام‬ ‫العمومي إىل إعادة ميزان الحساب الجاري إىل التوازن وزيادة عجز‬ ‫‪xv‬‬ ‫يا‬ ‫تحسني اإلنتاجية وسياسات االقتصاد الكيل والجزيئ املالمئة أساس ً‬ ‫‪ 2024‬قد تسمح بتثبيت عجز امليزانية الذي سيظل مرتفع اً وسيؤدي‬ ‫لتعزيز الصادرات‪ .‬عىل مدى العرشين عا ً‬ ‫م ا املاضية‪ ،‬تباطأ االستثامر‬ ‫را عىل املستوى الوطني و‬ ‫إىل زيادة الدين العمومي الذي ال يزال محصو ً‬ ‫واإلنتاجية اإلجاملية وحصة الصناعة التحويلية يف إجاميل الناتج‬ ‫بنسب فائدة منخفضة وبآجال استحقاق طويلة املدى‪ .‬ونظ را الرتفاع‬ ‫املحيل ‪ ،‬مام حد من القدرة التنافسية للقطاعات ذات اإلمكانات‬ ‫نسبة اإلنفاق العمومي غري املرن (كاألجور)‪ ،‬واعتامد االقتصاد عىل‬ ‫التصديرية العالية‪ .‬تعزيز بيئة األعامل وتحسني إنتاجية الرشكات‬ ‫الواردات ‪ ،‬فإن التقلبات غري املتوقعة يف أسعار املحروقات العاملية يف‬ ‫خصوص ا بالنسبة‬ ‫ً‬ ‫أم ران أساسيان لتعزيز القدرة التنافسية للصادرات‪،‬‬ ‫بيئة تتسم بقلة الرؤية الجيوسياسية تشكل خط را ً أساسي اً عىل آفاق‬ ‫لرشكات القطاع العمومي التي متثل خُمس القيمة املضافة خارج‬ ‫االقتصاد الكيل يف الجزائ ر‪.‬‬ ‫قطاع املحروقات‪ .‬ستساهم السياسات املتوازنة يف مجايل سعر الرصف‬ ‫والتجارة الخارجية بتنويع الصادرات‪ ،‬يف حني أن جذب االستثامرات‬ ‫األجنبية املبارشة سيعزز االندماج يف سالسل القيمة العاملية‪ ،‬مام‬ ‫إن اتبــاع نهــج شــامل رضوري لتحقيــق النمــو‬ ‫يحقق مكاسب يف اإلنتاجية ومنو الصادرات‪ .‬كام أن السياسات ال رامية‬ ‫املســتدام وتنويــع الصــادرات الجزائريــة خــارج‬ ‫إىل تطوير سالسل القيمة ذات اإلمكانات التصديرية‪ ،‬وتيسري التجارة‬ ‫قطــاع املحروقــات‪.‬‬ ‫عرب الحدود‪ ،‬ستدعم منو الصادرات خارج قطاع املحروقات وتنويعها‪.‬‬ ‫ويعد التكيف مع الجهود العاملية للحد من االنبعاثات الكربونية‬ ‫تتمتع الجزائر بإمكانيات كبرية لتنمية صادراتها خارج قطاع‬ ‫رضوريا لوضع اس رتاتيجية منو للصادرات مستدامة‪.‬سيؤثر التحول‬ ‫املحروقات‪ .‬ال تزال املحروقات متثل أكرث من ‪ 90٪‬من صادرات الجزائر‬ ‫العاملي نحو االقتصاد األخرض عىل الطلب عىل املنتجات ذات‬ ‫من املنتجات يف عام ‪ ،2023‬عىل الرغم من أن صادرات املنتجات خارج‬ ‫البصمة الكربونية العالية‪ ،‬وبشكل مبارش يف إطار آلية تعديل حدود‬ ‫املحروقات قد تضاعفت ثالث م رات منذ عام ‪ ،2017‬لتصل إىل ‪ 2٪‬من‬ ‫الكربون يف أوروبا (‪ ،)CBAM‬مام قد يفرض تكاليف إضافية عىل‬ ‫الناتج املحيل اإلجاميل أو ‪ 5.1‬مليار دوالر يف عام ‪ .2023‬متثل األسمدة‪،‬‬ ‫درين الجزائريني‪ .‬ترتكز أكرث من ‪ 80%‬من صادرات الجزائر خارج‬ ‫املص ّ‬ ‫املنتجات الحديدية‪ ،‬واإلسمنت أكرث من ‪ 80٪‬من هذه الصادرات‪،‬‬ ‫قطاع املحروقات املوجهة إىل أوروبا عىل منتجات كثيفة االنبعاثات‬ ‫درون من‬ ‫ويظل تعقيد الصادرات فيها محدودًا‪ ،‬فيام يستفيد املص ّ‬ ‫الكربونية (مثل األسمدة واإلسمنت والحديد والصلب)‪ .‬سيكون‬ ‫مدخالت مدعومة‪ ،‬وتتمركز الصادرات يف عدد قليل من الدول‪ .‬متتلك‬ ‫التحول نحو إنتاج صديق للبيئة‪ ،‬وتنويع الصادرات نحو صناعات أقل‬ ‫را لقربها من‬ ‫الجزائر إمكانيات هامة لتنويع صادراتها‪ ،‬خاص ً‬ ‫ة نظ ً‬ ‫حاساًم ألداء الصادرات خارج‬ ‫ً‬ ‫تلوي ثًا‪ ،‬وتبني تسعري رصيح للكربون أم ً‬ ‫را‬ ‫أوروبا‪ ،‬مبا يدعم هدفها بتصدير ‪ 30‬مليار دوالر من املنتجات خارج‬ ‫قطاع املحروقات للجزائر عىل املدى الطويل‪.‬‬ ‫قطاع املحروقات بحلول ‪.2030‬‬ ‫‪xvi‬‬ ‫‪ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS‬‬ 1 DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES RÉCENTS La croissance des secteurs non contraction des exportations hors hydrocarbures ont extractifs est restée soutenue au entraîné une contribution fortement négative des cours du premier semestre 2024 exportations nettes au PIB. Les données satellite de l’éclairage nocturne suggèrent que la croissance La croissance dynamique du PIB non extractif s’est poursuivie au premier semestre 2024, sou- 1 Les comptes nationaux rebasés présentent les “indus- tenue par l’investissement et la consommation tries extractives” mais pas l’ancien secteur des privée. Le PIB non extractif1 a augmenté de 3,7% en “hydrocarbures”. Les industries extractives reflètent 2023, notamment grâce à une forte croissance de désormais la classification internationale type des indus- l’investissement. Combinée à la forte croissance de tries (CITI) et représentent les activités d’extraction de la production de pétrole et de gaz, la croissance glo- pétrole brut et de gaz naturel, mais incluent également bale du PIB a atteint 4,1% en 2023. Les indicateurs les activités minières. La transformation des hydrocar- bures (raffinage du pétrole, liquéfaction du gaz) est standards du marché du travail n’ont pas été publiés désormais classée dans le “secteur manufacturier”, tan- depuis 2019, mais les estimations internationales dis que certaines activités liées aux hydrocarbures ont suggèrent que les taux de chômage ont retrouvé été reclassées du secteur des hydrocarbures vers les leurs niveaux d’avant la pandémie.2 La dynamique de sections spécifiques de la CITI (par exemple, la construc- croissance non extractive s’est prolongée au S1-2024 tion, le transport). (+3,9% en glissement annuel), la croissance de l’in- 2 Les estimations modélisées de l’Organisation Internatio- nale du Travail (OIT) suggèrent que le taux de chômage vestissement s’étant encore accélérée (+15,5% en global a baissé à 12,3% en 2023 (–0,2 pp), que le taux glissement annuel), tandis que la consommation de chômage des femmes a baissé à 21,5% (–0,3pp) et publique et privée est restée robuste. L’expansion que le taux de chômage des jeunes a baissé à 31,3% des importations liées à l’investissement et une forte (–0,7 pp). 1 La demande émanant de FIGURE 1 •  …et le secteur des services a été le FIGURE 2 •  l’investissement a été moteur de la croissance principalement satisfaite par les importations… 10 Croissance en glissement annuel et 8 130 6 PIB réel et composantes, indices contributions (%, pp) 4 120 2 110 0 (2019=100) –2 100 –4 90 –6 80 –8 –10 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 70 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Agriculture Industries extractives Autres industries Importations Consommation Investissements PIB Services PIB au coût des facteurs Source : Office National des Statistiques (ONS) Source : Office National des Statistiques (ONS) Note : Les indices étant en base 100 en 2019, les données de la figure 1 comparent Note : Les indices étant en base 100 en 2019, les données de la figure 1 comparent le niveau actuel des composantes du PIB réel avec leur niveau au même trimestre en le niveau actuel des composantes du PIB réel avec leur niveau au même trimestre en 2019. 2019.. Les données d’éclairage nocturne FIGURE 3 •  …la région du Centre-Nord FIGURE 4 •  suggèrent des dynamiques de contribuant le plus à la croissance croissance hétérogènes au S1-2024… hors-hydrocarbures. 15% Variation de l'intensité de l'éclairage nocturne, en g.a. 10% 5% 0% –5% –10% T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Nord-Centre Nord-Est Nord-Ouest Hauts Plateaux Est Quatre régions Source: Estimations des services de la Banque mondiale basées sur les données de Source: Estimations des services de la Banque mondiale basées sur les données l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA). de la NASA. Note: La carte utilise l’ancien découpage administrative en 48 wilayas. Note: Les régions correspondent aux Espaces de Programmation Territoriale (EPT). non extractive robuste au S1-2024 a été tirée par la du foncier économique3, et l’introduction du Crédit région du nord-centre. L’adoption de politiques visant Populaire d’Algérie (CPA), une banque publique, en à soutenir la diversification et l’investissement hors bourse.4 hydrocarbures s’est poursuivie en 2024, y compris le lancement de la plateforme d’investissement en ligne de l’Agence algérienne de promotion de l’investisse- 3 APS, février 2023 ment (AAPI, voir encadré 1), le programme d’octroi 4 APS, juin 2024 2 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS Au cours de la campagne agricole FIGURE 5 •  …et les mesures de croissance des FIGURE 6 •  2023-2024, les précipitations se cultures ont suivi les précipitations. sont améliorées dans l’Est, mais détériorées dans l’Ouest… 40% FPAR, différence en % par rapport à 30% la moyenne 2001–2024 20% 10% 0% –10% –20% –30% 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Humide et semi-humide Est semi-aride Ouest semi-aride Moyenne nationale Source: ASAP. Source: ASAP. Note: FPAR=Fraction du rayonnement photo synthétiquement actif, soit l’indicateur Note: Pour la campagne agricole 2022-2023, les précipitations entre T4-2022 et principal de développement des cultures. La croissance des cultures pour chaque T2-2023 sont prises en compte. Pour la campagne 2023-2024, les précipitations sont année est considérée entre le quatrième trimestre de l’année précédente et le prises en compte entre le T4- 2023 et le T2-2024. deuxième trimestre de l’année de référence. La demande générée par la forte crois- reprise dans l’Est et les régions côtières, mais sance de l’investissement a tiré la production une croissance modérée dans l’Ouest. Après industrielle et les importations, tandis que la avoir enregistré une croissance modeste en 2023 croissance de la consommation privée a stimulé (+2,8%), la production agricole s’est accélérée au les services. Le dynamisme de l’investissement a 1er semestre 2024 (+4,7% en glissement annuel). stimulé la production industrielle dans des secteurs Les précipitations pendant la saison 2023–2024 tels que la construction, l’électricité et l’industrie ont diminué en glissement annuel dans les wilayas manufacturière, augmentant ainsi les importations. de l’Ouest mais se sont améliorées dans cer- Parallèlement, l’activité des entreprises publiques taines parties de l’Est et dans les régions côtières économiques (EPE) a ralenti ; la croissance de humides et semi-humides. Par conséquent, le déve- leur production manufacturière hors hydrocarbures loppement des cultures s’est amélioré en 2024 par a ralenti de 3,5% en 2023 à 0,6% en glissement rapport à 2023, mais reste inférieur à la moyenne annuel au S1-2024, avec une baisse marquée pour historique, les précipitations étant restées inférieures les industries de l’acier, des métaux, de la méca- à la moyenne. Le gouvernement a lancé plusieurs nique, de l’électricité et de l’électronique (ISMMEE, projets pour améliorer la production agricole et la –12.2% en g.a. au S1-2024). La production des EPE résilience, notamment en signant des accords d’in- a néanmoins augmenté rapidement dans le secteur vestissement agricole avec l’Italie5 et le Qatar6, et en du ciment et de l’agro-alimentaire. La consom- lançant un projet innovant de serres dans le Sahara, mation privée dynamique a également stimulé le qui devrait être achevé en 20247. secteur des services (+4,2% en glissement annuel au S1-2024), qui a été le principal moteur de la crois- sance non-extractive. La croissance de la production agricole 5 APS, juillet 2024 s’est accélérée, les données satellitaires sur 6 APS, avril 2024 le développement des cultures suggérant une 7 AgriAlgérie, mai 2024 Développements économiques récents 3 La production de pétrole brut et de FIGURE 7 •  …alors que les prix à l’exportation FIGURE 8 •  gaz naturel a diminué au S1-2024… sont restés élevés malgré la baisse des prix du gaz 120 110 350 Prix en USD, indices (T1-2019=100) Indices (T1-2019=100) 100 300 90 250 80 70 200 60 150 50 100 40 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 50 2019 2020 2021 2022 2023 2024 0 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 Production de pétrole brut Production de gaz naturel 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Exportation de pétrole brut Exportations de gaz par pipeline et de condensats & GNL Gaz naturel Prix pondéré Source: Joint Organizations Data Initiative (JODI) pour le gaz, Banque d’Algérie (BoA) Pétrole brut Prix des engrais pour les exportations jusqu’au T4-2023, OPEP pour la production de pétrole brut. Note : Les données gazières sont présentées sous forme de moyenne mobile sur quatre Source: BdA, oilprice.com et BM pour le prix des engrais. trimestres. Les estimations d’exportations de pétrole brut et de condensats sont Note: L’indice pondéré des prix des hydrocarbures utilise les valeurs des exportations compilées à partir des données de suivi des bateaux pétroliers PortWatch du FMI. en dollars de la BdA pour pondérer chaque type d’hydrocarbure. La production de pétrole et de gaz La production et les exportations de gaz s’est contractée au premier semestre naturel ont diminué pendant les sept premiers 2024, et les recettes d’exportations mois de 2024 par rapport à leur pic de 2023, en des hydrocarbures ont chuté raison de la contraction des exportations de GNL. La production de gaz naturel a augmenté de 6,1% en Avec une nouvelle diminution des quotas de pro- 2023, grâce à une forte demande européenne et à duction de pétrole de l’Algérie en janvier 2024, la production de nouveaux gisements, suivie d’une la production et les exportations se sont à nou- baisse de 7,4% en glissement annuel au cours des veau contractées au cours du S1-2024. Après la sept premiers mois de 2024. Par rapport au pic de reprise partielle de la production de pétrole à la suite 2023, l’augmentation de la consommation intérieure, des réductions des quotas induites par la pandémie un autre hiver doux en Europe, un mouvement vers à la mi-2022, les quotas de production de l’Algérie les énergies renouvelables et des niveaux records de ont diminué à trois reprises, passant de 1055 mb/j stockage de fin de saison de chauffe en Europe ont à 1007 mb/j en novembre 2022, puis à 959 mb/j en réduit les exportations de GNL (–10,8% en glissement mai 2023, et à 908 mb/j en janvier 2024. En consé- annuel) , tandis que les exportations par gazoduc sont quence, la production de pétrole brut en septembre demeurées stables (+0,7% en glissement annuel).9 2024 était inférieure de 13,4% au pic d’octobre 2022 et de 5,3% à celle de septembre 2023. La baisse 8 Les données sur les volumes d’exportation d’hydrocar- de la production de pétrole brut (–7,6% en g.a. sur bures de la Banque d’Algérie ne sont disponibles que les 9m-2024) s’est traduite par une baisse de la jusqu’au T4-2023, mais les données Portwatch du FMI production de pétrole raffiné et, combinée à l’aug- sur les bateaux pétroliers quittant les ports algériens mentation de la consommation intérieure dans un suggèrent une baisse de 12,4% en glissement annuel des volumes d’exportation de pétrole au cours des neuf contexte d’activité économique robuste, a entraîné premiers mois de 2024. une nouvelle contraction des exportations de pétrole 9 Administration américaine d’information sur l’énergie. La en glissement annuel sur les neuf premiers mois de baisse de la consommation de gaz naturel en Europe 2024.8 maintient les stocks pleins. 23 juillet 2024. 4 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS Le surplus du compte courant s’est FIGURE 9 •  …même si les prix à l’importation FIGURE 10 •  contracté avec la baisse des prix à ont baissé pour plusieurs catégories l’exportation et l’augmentation des de produits importations… 20 1.4 170 15 1.2 150 Indices (T1-2019 =100) 10 1.0 Milliards d’USD 130 5 0.8 0 0.6 110 –5 0.4 90 –10 0.2 70 –15 0.0 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 50 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Exportations B&S AG;;E1<3CHH0G1< Importations B&S IJ3AG;;E1<3CHH0G1< Variation des réserves KE;@23043<;CLE3M;B2N Compte courant Compte courant Termes de l'échange Prix des céréales Prix à l’importation HH (éch. dr.) IPP, UE Importations, volume Source: BdA, Fonds monétaire international (FMI), ONS et estimations de la Banque Source: ONS, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), mondiale. Note: HH = Hors-hydrocarbures. Eurostat et estimations de la Banque mondiale. Note : IPP, UE = Indice des prix à la production de l’Union Européenne. L’Italie, l’Espagne et la France restent les princi- s’ils restent historiquement élevés. Il est probable paux acheteurs de gaz algérien, les pays européens qu›ils aient continué à baisser au S1-2024, suivant continuant de remplacer les importations russes, et les prix du pétrole avec un décalage de trois à six l’Algérie restant le deuxième plus grand fournisseur mois11, et contribuant à la baisse des prix à l’exporta- par gazoduc et le quatrième fournisseur de GNL de tion des hydrocarbures (-5,5% en g.a. au S1-2024). En l’Europe.10 La production globale du secteur extrac- conséquence, et en combinaison avec des volumes tif ayant légèrement augmenté au S1-2024 (+1,0% en d’exportation stables, la valeur des exportations d’hy- glissement annuel) malgré la baisse de la production drocarbures a diminué de 4,7% en glissement annuel de pétrole et de gaz naturel, cela suggère une crois- au S1-2024, et de 8,8% par rapport au S2-2023. sance dynamique de la production des autres types d’énergie primaire (condensats ou GPL aux champs) et de la production minière. Le compte courant s’est établi Les recettes d’exportation d’hydrocarbures proche de l’équilibre au S1-2024 ont diminué au S1-2024, en raison de la poursuite L’excédent du compte courant s’est établi de la baisse des prix à l’exportation du gaz natu- proche de l’équilibre au S1-2024, les importa- rel et de la stabilisation des prix du pétrole. Les tions s’étant stabilisées et les exportations ayant prix de référence pour le pétrole algérien a atteint un diminué. Après un déficit moyen de 11,6% du PIB sommet au T2-2022 avant de diminuer, de 103,8USD entre 2015 et 2020, la flambée des prix du pétrole en 2022 à 83,6USD en 2023, motivant des réduc- et du gaz a propulsé le compte courant vers son tions successives des quotas pour soutenir les prix. Au cours des neuf premiers mois de 2024, le prix de référence moyen s’est établi à 82,9USD à la suite de 10 Commission européenne. Rapport trimestriel sur les marchés européens du gaz, avec un aperçu annuel pour la dernière réduction des quotas en janvier 2024. Par 2023. ailleurs, les prix du gaz naturel ont atteint un sommet 11 Algérie Rapport de Suivi de la Situation Économique. en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la “Renforcer la résilience en période de prospérité”. Prin- Russie et ont progressivement baissé depuis, même temps 2022. Développements économiques récents 5 Les données de suivi des navires FIGURE 11 •  …tandis que la baisse des FIGURE 12 •  suggèrent une diminution importations conteneurs et cargo transversale des volumes ont été compensées par la hausse d’exportation en 2024… des importations en vrac 400 180 160 Volume total en tonnes métriques de navires 350 Volume total en tonnes métriques de navires 300 140 120 250 100 200 80 150 60 100 40 50 20 0 0 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Citerne Autre Vrac sec Conteneur Cargo général Source: Données Portwatch du FMI Source:Données Portwatch du FMI premier excédent en huit ans en 2022 (8,6% du PIB), de transport demeurant élevées (+23,8% en g.a.) avant qu’il ne se réduise considérablement en 2023 dû au dynamisme de l’investissement et à l’assou- (2,3% du PIB), les exportations d’hydrocarbures et plissement temporaire du contrôle des importations hors hydrocarbures ayant diminué et les importa- de véhicules. Sur la même période, une augmenta- tions ayant augmenté, stimulées par la hausse de tion de 26,5% en g.a. des volumes d’importations l’investissement et de la consommation. Cette ten- de produits alimentaires a été compensée par une dance s’est poursuivie au S1-2024, la balance baisse de leur prix (–10,0%) et par une baisse des commerciale se réduisant de 6,3 milliards de dollars importations de matières premières, d’huiles et de au S1-2023 à 3,5 milliards de dollars au S1-2024. Par produits chimiques. D’autre part, la valeur des biens conséquent, le compte courant s’est établi proche exportés a diminué de 5,2% en glissement annuel de l’équilibre au S1-2024 (–0,3 milliards de dollars) car, en sus de la baisse des exportations d’hydro- et les réserves de change ont légèrement augmenté. carbures, les exportations hors hydrocarbures ont Selon les données du FMI, ces dernières se seraient fortement diminué (–9,2% en glissement annuel au établies à 71,3 milliards de dollars à la fin septembre S1-2024), en raison notamment de la forte baisse 2024, soit environ 16,2 mois d’importations de biens des prix des engrais, dans un contexte d’augmen- et de services. tation modérée des volumes exportés (+1,3% en Les importations de biens et de services g.a.). Au T3-2024, les données des navires quittant se sont stabilisées à un niveau élevé au S1-2024, les ports algériens suggèrent des volumes d’ex- tandis que la chute des prix des engrais a portations hors hydrocarbures stables relatives au entraîné celle des exportations hors-hydrocar- T2, une augmentation modérée des exportations bures. Les importations totales ont atteint 22,5 de navires-citernes, et un dynamisme continu des milliards de dollars au S1-2024, soit le même niveau importations. Ces données suggèrent également qu’au S2-2023 et une croissance de 4.1% en g.a., que les exportations demeurent inférieures à leur avec des importations d’équipements et de matériel niveau de l’année précédente. 6 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS L’augmentation des dépenses FIGURE 13 •  …qui devrait être en partie financé FIGURE 14 •  courantes et la baisse des par l’épargne pétrolière recettes devrait creuser le déficit budgétaire… 18 60 16 50 50 14 Mille milliards de DZD 40 12 40 30 10 % du PIB 30 En % du PIB 20 8 10 6 20 0 4 10 –10 2 –20 0 0 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 –30 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024p Dette, BdA Dette, banques Recettes Dépenses Revenus des Total (éch. dr.) Épargne (éch. dr.) Solde budgétaire NH Overall budget hydrocarbures global balance Source: FMI et BM. Note: Sur l’axe de droite, la dette publique est rapportée au PIB sur quatre trimestres Source: Ministère des Finances, ONS et estimations BM.. glissants. La baisse des revenus des 15%12, ainsi que de l’augmentation des dépenses d’in- hydrocarbures et l’augmentation des vestissement. L’augmentation des dépenses serait dépenses pèsent sur les équilibres partiellement compensée par l’augmentation des budgétaires recettes fiscales, soutenues par les recettes de l’im- pôt sur le revenu des personnes physiques - qui suit La baisse des recettes d’exportation d’hydrocar- l’augmentation de la masse salariale publique - et les bures et l’augmentation continue des dépenses effets de la croissance économique sur la consom- publiques en 2024 devraient entraîner une mation, les importations et les bénéfices des sociétés, augmentation du déficit budgétaire. Le déficit bud- stimulant les recettes fiscales. gétaire s’élevait en moyenne à 9,6% du PIB au cours La dette publique n’a augmenté que modé- des cinq années précédant la pandémie, avant de rément au cours du S1-2024, suggérant que se réduire considérablement au cours de la reprise l’épargne pétrolière a été utilisée pour financer postpandémique, dans un contexte de hausse des le déficit. La dette publique avait culminé à 55,2% prix des hydrocarbures, pour atteindre 3,0% du PIB du PIB en 2021 pour financer un déficit budgétaire en 2022. Il est passé à 5,2% du PIB en 2023 en rai- important et un rachat massif des dettes des entre- son de la modération des prix des hydrocarbures et prises publiques, avant de redescendre à 48,1% du de l’augmentation marquées des dépenses salariales PIB en 2022. Malgré d’importants besoins de finance- et de transfert (+4,4% du PIB), le gouvernement ayant ment, l’augmentation des émissions d’obligations, et cherché à atténuer les pressions liées au coût de la le recours à des financements non bancaires, le Tré- vie, et le déficit budgétaire hors hydrocarbures est sor a reconstitué le fonds d’épargne pétrolière (Fonds ainsi passé de 20,6% du PIB à 24,9%. Les données de régulation des recettes ou FRR) en 2022 et 2023, préliminaires pour le S1-2024 laissent entrevoir un dont la valeur a atteint 7,9% du PIB à la fin de 2023, ce nouveau creusement du déficit budgétaire, en raison alors que la dette publique augmentait pour atteindre de la modération des prix des hydrocarbures, de la 49,2% du PIB. Au cours du S1-2024, le gouvernement mise en œuvre par le gouvernement de la troisième et dernière vague d’augmentation des salaires du sec- teur public, d’une augmentation des retraites de 10 à 12 APS, mai 2024 Développements économiques récents 7 L’inflation s’est atténuée, les prix FIGURE 15 •  …grâce à une stabilisation des FIGURE 16 •  des produits alimentaires frais prix de la viande et du poisson et s’étant stabilisés pendant la plus à une baisse des prix des fruits et grande partie de l’année 2024… légumes 12 170 14 Contributions à l’IPC alimentaire (pp) 160 12 10 150 10 indices (T1-2019=100) 8 140 8 IPC (%) 130 6 6 120 4 4 110 2 100 0 2 90 –2 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 0 80 2019 2020 2021 2022 2023 2024 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Pain et céréales Viandes et poissons Fruits et légumes IPC IPC non alimentaire (éch. dr.) Lait et produits laitiers Huiles et graisses Autres IPC produits frais Indice TCER (éch. dr.) Source: ONS et estimations de la Banque mondiale Source: ONS, FMI et estimations de la Banque a en partie eu recours à l’épargne pétrolière accumu- population. Cependant, les prix des fruits et légumes, lée pour financer le déficit, et la dette publique n’a en grande partie produits en Algérie, ont commencé augmenté que de 5,1% en termes nominaux. Elle à baisser à la mi-2023 dans un contexte de produc- reste presque entièrement détenue au niveau natio- tion agricole résiliente, tandis que les prix de la viande nal, avec des échéances à long terme et des taux et du poisson se sont stabilisés à partir du T4-2023, d’intérêt faibles. le gouvernement ayant autorisé les importations de viande. En conséquence, l’inflation des produits agri- coles frais est tombée à 4,5% en glissement annuel au Sous l’effet de la stabilisation cours des neuf premiers mois de 2024 et, combinée à des prix des denrées alimentaires un taux de change stable et à la modération continue fraîches, l’inflation a des prix à l’importation, a permis à l’inflation des prix considérablement ralenti à la consommation de baisser à 4,3 % en glissement annuel sur les neuf premiers mois de 2024. La stabilisation des prix des produits agricoles frais Le taux de change officiel est resté stable a permis une nette décélération de l’inflation au pendant les neuf premiers mois de 2024, mais cours des neuf premiers mois de 2024, atteignant l’écart avec le taux du marché informel s’est 4,3% en glissement annuel. L’inflation a commencé élargi. Après plus d’une décennie de dépréciation à augmenter en 2021 (7,2%), s’est accélérée en 2022 du taux de change du dinar, les autorités ont soutenu (9,3%) et s’est stabilisée en 2023 (9,3%). L’inflation une appréciation de 6,6% du dinar par rapport au des prix des produits agricoles frais a été particuliè- dollar américain entre juillet et décembre 2022 pour rement prononcée en 2023 (22,1%), tirée par les prix atténuer l’inflation importée avant de soutenir une sta- de la viande et des poissons (28,6%) ainsi que par les bilité du taux de change officiel depuis le début de fruits et légumes (12,7%). En conséquence, l’inflation 2023. Néanmoins, le taux de change effectif nominal des prix alimentaires a atteint 13,3%, affectant dispro- (TCEN) et le taux de change effectif réel (TCER) se portionnellement les Algériens les plus vulnérables sont appréciés au cours de l’année 2023 sous l’effet puisque les denrées alimentaires représentent plus de de l’appréciation du dinar par rapport au yuan, même la moitié des dépenses des 40% les plus pauvres de la s’il est resté stable par rapport au dollar américain 8 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS Le taux de change est resté stable FIGURE 17 •  …tandis que la croissance de la FIGURE 18 •  au S1-2024… masse monétaire et du crédit au secteur privé s’est accélérée 110 20 Croissance et contributions, en g. a. (%, pp) 105 15 100 Indices (T1-2019=100) 95 10 90 5 85 0 80 –5 75 –10 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 70 2019 2020 2021 2022 2023 2024 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Monnaie en circulation Dépôts en M2 TCEN TCER USD/DZD EUR/DZD DZD/Yuan M2 Crédit au secteur privé Source: ca.investing.com, IMF and World Bank estimates. Source: IMF & BoA and World Bank estimates. et à l’euro, ainsi que du taux d’inflation plus élevé en augmentant l’incitation à l’épargne. La croissance de Algérie par rapport à celui de ces partenaires com- la masse monétaire a ralenti, passant de 14,3% en merciaux, ce qui a pu encourager les importations, glissement annuel au cours du T4-2022 à 6,0% au et en particulier celles en provenance de la Chine.13 quatrième trimestre 2023. Elle a de nouveau accé- Au S1-2024, le dinar était effectivement arrimé au dol- léré au S1-2024, atteignant 10,1 % en glissement lar américain à un taux de 134,5 DZD/USD, tout en annuel en septembre. Après une accélération en restant stable par rapport à l’euro et au yuan, stabili- 2023, reflétant l’augmentation de l’investissement et sant le TCEN et le TCER, avant de s’apprécier à 132,1 des importations, la croissance du crédit s’est stabi- DZD/USD à la fin du T3-2024. Pendant ce temps, lisée durant les neufs premiers mois 2024 (+5,6% en le taux de change du marché informel a connu une g.a.), la forte croissance du crédit au secteur privé dépréciation, la prime de change pour le dollar améri- contrastant avec la stagnation du crédit aux entre- cain passant de 53% au T4-2023 à 66% au T3-2024.14 prises publiques. La politique monétaire reste accommo- dante et la croissance de la masse monétaire et du crédit au secteur privé s’est accélérée. Le taux 13 Le TCEN pondère les taux de change des différentes monnaies par le montant des échanges commerciaux de référence de la Banque d’Algérie reste inchangé de l’Algérie avec chaque pays. Le TCER tient compte à 3% depuis mai 2020, ce qui implique un taux réel des différences d’inflation entre les pays. (corrigé de l’inflation) négatif. Avec la décélération 14 La prime moyenne entre 2019 et 2023 était de 40%. Le de l’inflation, l’écart entre l’inflation et le taux d’inté- taux de change du marché informel est tiré de divers rêt nominal s’est réduit au cours des derniers mois, sites web. Développements économiques récents 9 2 PERSPECTIVES ET RISQUES La croissance devrait ralentir en la baisse de la production, et les investissements stimu- 2024 avant de reprendre en 2025 leraient les importations d’équipements. et 2026 La croissance devrait s’accélérer en 2025 et se stabiliser en 2026, la production extrac- En 2024, les secteurs non extractifs soutiendraient tive se redressant suivant une augmentation des la croissance mais la production d’hydrocarbures quotas. Le scénario de base prévoit une croissance diminuerait en raison des baisses de quotas de modérée de la production de pétrole et de gaz en production de pétrole brut. Dans le scénario de base, 2025 et 2026. De nouveaux partenariats stratégiques la croissance du PIB devrait ralentir à 3,1% en 2024, ont été signés pour l’exploration et le développe- à la suite d’une baisse attendue de la production du ment de champs gaziers,15 contribuant à la capacité secteur extractif, les quotas de production de pétrole d’exportation future de gaz. La croissance de l’in- brut demeurant en place et la production de gaz natu- vestissement et de la consommation privée pourrait rel diminuant. La croissance des secteurs non extractifs ralentir quelque peu, le cadre budgétaire à moyen resterait dynamique, l’investissement continuant de sti- terme de la Loi de Finances pour 2024 prévoyant muler la croissance alors que les grands projets dans un ralentissement de la dépense publique, mais elle les secteurs de l’énergie, des mines, de l’eau ou des demeurerait dynamique par rapport aux dernières transports progressent, stimulant les importations années, ce qui stimulerait la production industrielle et et le secteur de la construction. La croissance de la les services. La croissance de la production agricole consommation privée devrait rester dynamique après serait modérée en 2025, en cohérence avec une sai- trois années d’augmentation des salaires et des trans- son qui s’annonce relativement sèche d’octobre 2024 ferts dans le secteur public, une croissance robuste à février 2025.16 Les investissements continueraient et une décélération de l’inflation, stimulant les sec- teurs desservant les ménages. Les exportations nettes 15 Notamment avec Midad Energy, ENI et Equinor. devraient à nouveau contribuer négativement à la crois- 16 Commission européenne, cartes de prévisions de préci- sance, car les exportations d’hydrocarbures suivraient pitations (septembre 2024). 11 ENCADRÉ 1 : LES MESURE PRISES PAR L’ALGÉRIE EN SOUTIEN À L’INVESTISSEMENT L’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI) facilite les investissements en Algérie en simplifiant les procédures administratives et en accordant des avantages fiscaux et douaniers.a Des incitations significatives existent pour les investissements dans (i) les secteurs prioritaires, (ii) les zones géographiques prioritaires, ainsi que (iii) les projets structurellement importants (créateurs d’emplois et grands projets de l’état). Ces incitations comprennent des exonérations des droits de douane et de la TVA pour les biens importés utilisés directement dans la réalisation de l’investissement, ainsi que des droits de mutation et des taxes d’enregistrement au foncier, des frais administratifs et des taxes foncières. Une fois les investissements réalisés, les entreprises peuvent bénéficier d’une exonération de l’impôt sur les bénéfices des sociétés pendant 3 à 5 ans. L’AAPI a récemment mis en place un guichet unique pour les investisseurs, leur permettant de s’enregistrer et d’accéder aux avantages en ligne. Les entreprises peuvent dorénavant rechercher les fonciers économiques disponibles et en faire la demande en ligne, ce qui facilite encore davantage les projets d’investissement. Au cours des deux dernières années, l’AAPI a enregistré 10 234 projets d’investissement, majoritairement pour le secteur privé, dans divers secteurs. Bien que seule une petite partie (188) des projets implique des investisseurs étrangers, dont les deux tiers sont des joint-ventures, ces projets représentent la majeure partie de la valeur des investissements proposés. On enregistre que 55% du montant des investissement projetés provient de 15 entreprises conjointes algéro-chinoises, suivies par 29% provenant de 9 entreprises algéro-françaises. Les investissements projetés couvrent une variété de secteurs, les secteurs industriels représentant 40,4% des projets d’investissement proposés et les services 4,7%. Au niveau de l’industrie, les sous-secteurs de la chimie (12,1%), des industries sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (8,7%) et de l’agroalimentaire (7,5%) recevraient le plus grand nombre de projets soumis à l’AAPI. Bien que le secteur minier représente une faible part en termes de nombre de projets (0,8%), il représente une valeur d’investissement beaucoup plus importante (12,1%). Les projets soumis à l’AAPI représenteraient des investissements importants dans toutes les régions d’Algérie. Alors que la majorité des projets (51,6%) seraient réalisés dans le Nord, 27,2% sont prévus dans les Hautes Plaines et 21,2% dans le Sud, ces deux dernières régions bénéficiant d’incitations supplémentaires comme zones géographiques prioritaires. Une grande partie des projets d’investissement (88,2%) serait réalisée par des microentreprises et de petites entreprises, tandis que les investissements des grandes entreprises représenteraient 34,7% de la valeur des investissements prévus. a Les auteurs tiennent à remercier l’Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI) pour avoir fourni les données utilisées dans cet encadré. leur forte croissance, soutenues par la politique volon- réserves de change diminueraient pour atteindre 9,4 tariste du gouvernement en la matière (voir encadré mois d’importations de biens et de services à la fin 1). Ce faisant, la croissance des importations dépas- 2026. serait celle des exportations, et les exportations nettes continueraient donc à contribuer négativement à la croissance du PIB. Les prix mondiaux de l’énergie et les aléas climatiques constituent des risques pour les perspectives Les déficits budgétaires et extérieurs macroéconomiques demeureraient élevés Les prix des hydrocarbures et leurs effets sur les Le compte courant afficherait un déficit modeste recettes d’exportation, les dépenses publiques en 2024, et les réserves se stabiliseraient. Les et les importations restent le principal risque volumes d’exportation d’hydrocarbures seraient pour les perspectives macroéconomiques. Les orientés à la baisse et les prix demeureraient stables prix élevés des hydrocarbures ont permis la réduc- dans le scénario de base, tandis que les importa- tion du déficit budgétaire et un excédent record de la tions augmenteraient et qu’un déficit modéré de la balance courante en 2022, tandis la baisse des prix balance courante apparaitrait. Même si les expor- et la réduction des quotas en réaction ont contribué tations d’hydrocarbures devraient se redresser en à creuser le déficit budgétaire et diminuer l’excédent 2025, la croissance des importations, soutenues par de la balance courante en 2023. L’évolution des prix l’investissement, dépasserait celle des exportations des hydrocarbures demeure donc le principal risque et le déficit de la balance courante se creuserait. Les aux perspectives macroéconomiques à moyen terme, 12 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS tant à la hausse qu’à la baisse, risque exacerbé par une diminution des précipitations, avec des effets l’incertitude autour des dynamiques géopolitiques et localisés sur la production agricole, ce qui souligne économiques mondiales. Les fluctuations des prix l’importance de concevoir des politiques d’adapta- de l’énergie et leur impact sur les recettes d’exporta- tion pour protéger la production, les entreprises et tions et budgétaires de l’Algérie affectent la capacité les ménages. L’évolution du climat entraîne égale- du pays à financer des niveaux élevés de dépenses ment des risques supplémentaires, tels que l’érosion publiques et à maintenir des importations élevées côtière, les inondations ou les feux de forêt, qui sont pour soutenir l’investissement. devenus plus fréquents. L’élaboration d’une stratégie Les risques supplémentaires liés au chan- de développement soutenable nécessite l’évaluation gement climatique soulignent l’importance et la hiérarchisation des risques liés au changement d’intégrer les risques climatiques dans la straté- climatique à moyen et long terme, essentielle à la gie nationale de développement. À court terme, conception de politiques d’adaptation appropriées. la croissance est particulièrement vulnérable aux L’encadré 2 ci-dessous fournit un exemple spécifique sécheresses, qui peuvent affecter la production, les des risques et des coûts liés aux incendies de forêt prix et les besoins d’importation agricoles de l’Al- en Algérie, ainsi que des priorités en matière d’adap- gérie. Cependant, l’Algérie est confrontée à une tation, en s’appuyant sur une collaboration entre les augmentation structurelle des températures et à autorités algériennes et la Banque mondiale. UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS POUR LUTTER CONTRE LES INCENDIES DE ENCADRÉ 2 :  FORÊT EN ALGÉRIE Dans la région de l’Afrique du Nord, l’Algérie est le pays le plus touché par les incendies de forêt en termes de superficie affectée. Alors que les incendies ont touché en moyenne environ 20 000 hectares de forêts en Algérie ces dernières années, un nouveau phénomène est apparu avec les «méga-incendies». Par exemple, en 2021, plus de 100 100 hectares ont été brûlés, affectant 40 wilayas et en particulier celles de Tizi Ouzou, Béjaia, Khenchela (DGF, 2021). Les risques liés aux incendies de forêt augmentent avec le changement climatique, qui accroît la fréquence et l’intensité des périodes de sécheresse. Avec l’augmentation de la population dans les zones forestières, le risque d’incendie augmente, ainsi que le nombre de personnes touchées et en danger, tout comme les décès. Cette situation est aggravée par une croissance démographique importante, la population algérienne devant atteindre 51 et 70 millions d’habitants, respectivement, en 2030 et 2050, contre 44,18 millions en 2021. Les incendies de forêt causent des dommages et ont des coûts importants, impactant divers secteurs et nécessitant des ressources financières substantielles pour le rétablissement et la prévention. En 2021 et 2022, les dégâts matériels ont été estimés à 15,4 milliards de DA (113,3 millions USD) dans le secteur agricole et à 1,5 milliards de DA (11 millions USD) pour les habitations. Au-delà des impacts économiques, les incendies de forêt ont également des effets dévastateurs sur la santé des populations locales en raison des fumées qu’ils génèrent. Les pertes économiques annuelles liées à la commercialisation du bois et du liège, aux opérations de lutte contre les incendies et à la restauration de la végétation sont estimées entre 2 et 2,5 milliards de DA (15 à 19 millions USD) par an. Les indemnités versées aux victimes s’élèvent à 700 millions de DA en 2017 et à 600 millions de DA en 2020. La prévention des incendies de forêt est nettement plus rentable que la prise en charge des interventions post-incendie et l’indemnisation des dégâts par l’État. Par exemple, 1 DA investi dans la prévention pourrait permettre d’économiser 15 DA en coûts d’intervention (DNRM, 2022). Les politiques publiques récentes, telles que la stratégie forestière pour 2035 et les stratégies et plans d’action nationaux pour la gestion des incendies de forêt, ainsi que la loi forestière actualisée adoptée en décembre 2023, soulignent la nécessité de renforcer les investissements dans la gestion durable des forêts afin de prévenir les incendies, de protéger les forêts et de développer les zones rurales. La Banque mondiale, la DGF et la DNRM ont identifié conjointement des recommandations clés et des domaines d’action prioritaires pour améliorer la gestion durable des forêts (GDF) et lutter contre les incendies de forêt. Ces derniers sont mis en évidence dans la «Note sur les forêts algériennes : Gestion durable des forêts pour lutter contre les feux de forêt». Le renforcement de la GDF est essentiel pour prévenir les incendies de forêt et maximiser les avantages environnementaux et socioéconomiques. Les cinq principaux domaines prioritaires sont 1) assurer des ressources financières continues et des investissements importants dans le secteur forestier, en particulier pour la GDF, en mobilisant diverses sources de financement ; 2) placer la gestion forestière et l’analyse des risques d’incendie de forêt au cœur des processus d’intervention avec une forte implication de la population ; 3) poursuivre les efforts stratégiques pour clarifier le cadre juridique et coordonner la gestion des forêts et des incendies ; 4) améliorer la gestion de l’information sur les forêts et les incendies de forêt, la collaboration interinstitutionnelle et la communication ; et 5) renforcer en continu les capacités techniques de tous les acteurs impliqués dans la gestion durable des forêts et des incendies de forêt. Perspectiveset risques 13 VERS UN CADRE 3 HOLISTIQUE EN SOUTIEN AUX EXPORTATIONS L’Algérie dispose d’un important avantage comparatif naturel à exploiter, renforcé par potentiel d’exportation de produits l’existence d’un accord de libre-échange entre l’Algé- hors hydrocarbures rie et l’UE. L’élargissement du panier de produits Le potentiel de croissance des exportations hors exportés, de leur complexité et de l’éventail des hydrocarbures de l’Algérie est important. Les marchés d’exportation sont une priorité. Les prin- hydrocarbures représentaient encore plus de 90% des cipales exportations hors hydrocarbures sont les exportations de produits de l’Algérie en 2023, dont engrais azotés, l’ammoniac, les produits sidérurgiques, environ la moitié pour les produits pétroliers et l’autre l’hydrogène, le ciment, le phosphate, le sucre et les moitié pour les produits du gaz naturel.17 Les exporta- dattes. Ces produits représentaient 88% des exporta- tions de produits hors hydrocarbures ont cependant tions hors hydrocarbures en 2023. Par conséquent, considérablement augmenté depuis 2017, passant et malgré une amélioration ces dernières années, la de 0,7% du PIB à 1,8 % du PIB en 2023. Par ailleurs, diversification et la sophistication des exportations, l’Algérie dispose d’un important potentiel inexploité telles que mesurées par l’indice de complexité écono- de croissance des exportations hors hydrocarbures. mique (ICE), restent limitées. De plus, les principaux Si l’on considère l’indicateur d’ouverture aux exporta- produits manufacturés (ciment, fer) utilisent comme tions non pétrolières- mesuré par la différence entre intrants une grande partie de produits subventionnés. les exportations effectives et le potentiel anticipé sur la base d’un ensemble de variables explicatives telles que la taille de son économie, les marchés d’exporta- 17 Les produits pétroliers représentent 51 %, dont 24 % de tion, la participation à des accords de libre-échange, pétrole brut, 17 % de produits pétroliers raffinés, 7 % de gaz de pétrole liquéfiés et 4 % de condensats. Les ou la présence d’une langue ou d’une frontière com- produits du gaz naturel représentent 49 %, dont 33 % mune18 l’Algérie a le potentiel de progression le plus exportés sous forme gazeuse et 16 % sous forme liquide. important dans la région MENA. Notamment, la proxi- 18 Gatti et al., Mise à jour économique du Moyen-Orient et mité du marché de l’Union européenne constitue un de l’Afrique du Nord, octobre 2024. 15 Les volumes d’exportation ont FIGURE 19 •  FIGURE 20 • Mais restent concentrés sur augmenté depuis 2017, tirés par les quelques produits, notamment les produits chimiques et manufacturés engrais 1,000 100% Exportations à prix constants de 2011) Part des exportations par catégorie 900 800 80% 700 600 60% 500 40% 400 300 20% 200 100 0% 0 2002–2006 2007–2011 2012–2016 2017–2021 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Sucre Autres produits alimentaires Engrais et produits chimiques Ciment, phosphate, sel Produits chimiques Produits manufacturés Produits Fer et acier Cuivre, aluminium, zinc Autres produits Total hors hydrocarbures alimentaires Autres produits Source: ONS et estimations de la Banque mondiale. Source: Trademap.org et estimations de la Banque mondiale. Les exportations de l’Algérie sont FIGURE 21 •  …et sont concentrées dans un FIGURE 22 •  moins complexes que celles de ses nombre restreint de pays. pairs, malgré une amélioration récente… 100% 90% 0.0 Indice de complexité économique (ICE) Part des exportations par pays 80% –0.2 70% –0.4 60% –0.6 50% –0.8 40% –1.0 30% –1.2 20% 10% –1.4 2002 2007 2012 2017 2022 0% Hors hydrocarbures Engrais Produits chimiques Fer et acier Algérie MENA excl. FCV Comparateurs structurels Top 10 des pays de l'EEE Turquie Royaume-Uni Source: Atlas de la complexité économique. FCV = pays en situation de fragilité, de Inde Tunisie Autres conflit ou de violence. États-Unis d'Amérique Brésil Note : liste des comparateurs structurels (Angola, Irak, Ouzbékistan, Iran, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Équateur, Égypte, Pérou, Ghana, Viêt Nam, Nigéria). Source: Trademap.org et estimations de la Banque mondiale. Pour la production de matériaux de construction, par Les gains de productivité sont exemple, l’eau et l’énergie constituent plus de 60% des essentiels pour la croissance des intrants. Pour les principales catégories d’exportation exportations hors hydrocarbures, la destination est concentrée sur un nombre limité de pays. Pour les produits chimiques, Les gains de productivité, notamment dans les 29% sont destinés à la France, pour les engrais, 18,4% secteurs à fort potentiel d’exportation, seront sont destinés aux États-Unis et 20,2% au Brésil, pour le essentiels à la compétitivité algérienne et à la fer et l’acier, 29,8% sont destinés à la Turquie et 28,6% croissance soutenue de ses exportations. Au aux États-Unis. cours des vingt dernières années, l’investissement et 16 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS  a productivité totale des facteurs FIGURE 23 • L FIGURE 24 • …et la productivité du travail est de l’Algérie est inférieure à celle de plus faible dans les entreprises publiques que la région… dans le privée 1.0 Productivité totale des facteurs (part de celle des USA) 8.0 Productivité du travail 8.1 0.9 Dinar de valeur ajoutée par dinar 0.8 de salaire payé 0.7 5.4 0.6 0.5 3.9 0.4 0.3 0.2 2.3 2.1 2.1 1.7 0.1 0.0 États-Unis Qatar Bahreïn Arabie Saoudite Émirats arabes unis Koweït Jordanie Égypte Tunisie Irak Algérie Iran Maroc Syrie Yémen Agriculture Fabrication Construction Services Secteur privé Secteur public Source: ONS et estimations BM. Note : La productivité du travail est ici mesurée Source: Gatti et al., forthcoming. La PTF est présentée en proportion de celle des comme le ratio de la valeur ajoutée sur les salaires versés (en dinars). États-Unis. la productivité totale des facteurs (PTF) ont diminué en six groupements d’entreprises publiques.20 Cela est Algérie,19 limitant la compétitivité des exportations, y confirmé par les données de l’ONS, qui montrent que compris dans les secteurs à fort potentiel d’exportation, la rentabilité et la productivité du travail des entreprises tels que les industries sidérurgiques, métallurgiques, publiques, cette dernière mesurée par la valeur ajoutée mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE). générée par dinar de salaire payé, est plus faible dans Parallèlement, la part de l’industrie manufacturière les entreprises publiques que dans les entreprises pri- dans le PIB hors hydrocarbures a diminué, passant de vées, dans tous les secteurs économiques.21 Étant 11,2% en 2002 à 9,2% en 2022. En conséquence, la donné que les entreprises publiques représentent une PTF de l’Algérie (ajustée pour les rentes pétrolières) part importante de la main-d’œuvre, de l’activité éco- est inférieure à celle de la région ; des pays du Conseil nomique et près de la moitié des prêts bancaires au de Coopération du Golfe, mais aussi à celle des pays secteur économique, et que la présence des entreprises non pétroliers de la région (Jordanie, Égypte, Tunisie). publiques peut avoir une incidence sur le développe- Le renforcement de l’environnement des affaires ment du secteur privé, les efforts visant à accroître la et de la productivité des entreprises, notamment en productivité et la compétitivité internationale de l’Algé- augmentant l’efficacité des marchés de facteurs, en rie devraient également inclure une stratégie visant à développant le secteur financier et en soutenant les accroître la productivité des entreprises publiques. gains de sophistication des entreprises, sera essentiel pour améliorer la compétitivité nationale et à l’exporta- 19 Voir le rapport de la Banque mondiale pour l’Algérie, tion des entreprises algériennes. printemps 2024. Les efforts afin d’accroître la productivité 20 A savoir SONATRACH (énergie), SAIDAL (pharmacie), des entreprises devront également viser les entre- GICA (matériaux de construction) COSIDER (construc- prises publiques. Les EPE représentent un tiers du tion), SERPORT (transport) MADAR (agro-industrie). Voir PIB algérien, près d’un cinquième de la valeur ajou- rapport de la Cour des comptes, 2022. 21 Parro et Torres (2024) suggèrent par ailleurs des gains tée hors-hydrocarbures, et près d’un quart de celle de productivité substantiels dans la région MENA grâce du secteur manufacturier. Selon la Cour des comptes, à la réaffectation des talents hors du secteur public, esti- les performances économiques et financières des mant que la productivité globale augmenterait de plus entreprises publiques sont limitées, à l’exception de de 40% en Algérie. Vers un cadre holistique en soutien aux exportations 17 Un ensemble de politiques et l’aquaculture, les technologies de l’information et macroéconomiques et des communications, les énergies renouvelables, le microéconomiques calibrées sont tourisme ou le secteur industriel. D’un autre côté, une nécessaires approche horizontale s’applique à toutes les filières exportatrices et couvre les aspects réglementaires et Des politiques favorables en matière de taux de institutionnels (de promotion des exportations, notam- change, de commerce international et d’inves- ment) ainsi que ceux relatifs au financement, à la tissement étranger soutiendront la croissance logistique, à la facilitation du commerce, et à la certifi- des exportations hors hydrocarbures. En Algérie, cation de la qualité. le taux de change effectif réel est demeuré stable au cours de la dernière décennie, malgré une déprécia- tion nominale marquée, limitant ainsi les effets de L’adaptation aux efforts mondiaux cette dépréciation sur la compétitivité algérienne. Par de décarbonisation est également ailleurs, l’existence d’un système de double taux de nécessaire change pourrait biaiser les incitations à l’importation – si le dinar est surévalué, cela pourrait encourager Compte tenu de la spécialisation actuelle de l’importation et la surfacturation des importations tout l’Algérie dans l’exportation de produits à forte en décourageant les exportations hors hydrocarbures. intensité carbone, tenir compte des efforts mon- Les politiques commerciales peuvent également avoir diaux de décarbonation assurera la durabilité des impacts sur la capacité d’exportation de l’Algé- de la croissance durable des exportations. Ces rie, les restrictions commerciales limitant l’accès aux efforts affecteront la demande de produits à forte intrants et aux produits étrangers, affectant la produc- empreinte carbone, notamment dans le cadre du tivité et les exportations, mais une libéralisation totale mécanisme européen d’ajustement carbone aux pouvant nuire aux producteurs nationaux émergents. frontières (CBAM) qui taxera la quantité de car- Enfin, l’encouragement des investissements directs bone générée directement et indirectement par la étrangers peut favoriser l’insertion dans les chaînes de production de ciment, de fer et d’acier, d’engrais, valeur mondiales, permettant aux exportateurs étran- d’aluminium, d’électricité et d’hydrogène.22 Compte gers de produire sur le territoire algérien, soutenant tenu de la spécialisation actuelle des exportations ainsi la compétitivité et la croissance des exportations de l’Algérie, les exportations vers l’UE étant de plus de l’Algérie. À ce titre, l’abrogation partielle de la loi en plus concentrées sur les produits touchés par la 51/49 en 2020 pourrait favoriser l’entrée des expor- réglementation CBAM (soit 80% en 2023), la diminu- tateurs étrangers en Algérie, le succès d’exportateurs tion de l’empreinte carbone des produits exportés, la tels que Algerian Qatari Steel (AQS) ou Tosyali four- diversification des exportations vers des industries nissant des exemples sur lesquels s’appuyer. moins polluantes, et l’adoption d’une taxe explicite La diversification des exportations requiert sur carbone, seront nécessaires à une croissance également une approche multidimensionnelle soutenue des exportations hors hydrocarbures. de facilitation des exportations. Celle-ci doit être coordonnée et pilotée au plus haut niveau du gou- vernement. Diversifier, accroître et développer les 22 Les émissions directes sont celles provenant des pro- exportations requiert de combiner deux types d’ap- cessus de production des biens, y compris provenant de la production de chauffage et de refroidissement proches, verticale et horizontale. Une approche consommée au cours des processus de production, verticale portant sur le développement des chaînes quel que soit le lieu de production du chauffage et du de valeur (ou filières), ayant un potentiel à l’export, de refroidissement. Les émissions indirectes signifient les l’amont à l’aval en levant les différents goulots d’étran- émissions attribuables à la production d’électricité qui glement et en ciblant les marchés et segments de est consommée au cours des processus de production marchés porteurs, par exemple l’agriculture, la pêche de biens, quel que soit le lieu de production de l’électri- cité consommée. 18 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS Les produits visés par le CBAM FIGURE 25 •  …et les engrais algériens ont une FIGURE 26 •  représentent une part croissante teneur en carbone plus élevée que des exportations algériennes… ceux de l’UE. 5 90 3.0 Part des exportations hors hydrocarbures (%) 80 Valeur des exportations (milliards d’USD) 2.5 Tonne de CO2e par tonne de marchandises 4 70 60 3 2.0 50 40 2 1.5 30 1 20 1.0 10 0 0 0.5 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 0.0 Autres (reste du monde) Autres (UE27) Clinkers Autres Ammoniac Engrais Engrais de ciment ciments azotés mélangés Ciment (UE27) Ciment (reste du monde) Portland Engrais (UE27) Engrais (reste du monde) Ciment Engrais Fer et acier (UE27) Fer et acier (reste du monde) Part exp. HH vers l'UE27 Part des exportations de (éch. dr.) NH de l'UE27 (éch. dr.) Défaut direct Défaut indirect UE total DZA total Source: Estimations de la Banque mondiale . Source: Estimations de la Banque mondiale . En l’absence d’adaptation, le CBAM et d›autres et le paiement par les exportateurs algériens de mécanismes d›ajustement carbone aux frontières droits importants aux autorités européennes (voir pourraient entraîner des pertes de parts de marché l’encadré 3). ENCADRÉ 3 : IMPLICATIONS DU CBAM POUR L’ALGÉRIE À partir de 2026, le CBAM imposera un prix sur les émissions de CO2 incorporées dans certains biens importés dans l’UE, en complément du système d’échange de quotas d’émission. Actuellement, les quotas d’émission européens sont gratuits pour les producteurs européens, mais ceux pour les produits hautement polluants soit le ciment, le fer et l’acier, les engrais, l’aluminium, l’électricité et l’hydrogène, deviendront progressivement payants avec le déploiement du CBAM, afin de garantir une tarification du carbone égale pour les produits fabriqués dans l›UE et importés. Pendant la phase de transition (2024-2025), les importateurs doivent déclarer trimestriellement leurs émissions directes (issus de la production) et indirectes (issus de la production de l’énergie utilisée dans la production). À partir de janvier 2026, les importations de « produits CBAM » seront soumises à un prix du carbone équivalent à celui payé par les entreprises de l’UE.a Depuis 2022, le prix de ces quotas fluctue entre 60 et 100 euros par tonne d’émission de CO2. Afin d’éviter une double tarification du carbone, toute fiscalité explicite du carbone payée dans le pays exportateur sera déduite de l’obligation fiscale du CBAM. Les émissions doivent être vérifiées par un vérificateur accrédité ; autrement, des valeurs par défaut sont appliquées. Les produits CBAM représentent 80 % des exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) vers l’UE et, si rien n’est fait, les exportateurs algériens devront payer des droits élevés. Ces dernières années, parallèlement à la croissance substantielle de ses exportations d’engrais, qui représentent la majeure partie de ses exportations hors hydrocarbures, l’Algérie a augmenté ses exportations de fer, d’acier et de ciment. Les produits CBAM représentent désormais 70 % du total des exportations HH de l’Algérie, ce qui souligne la vulnérabilité du pays au CBAM. En outre, les engrais algériens, les produits CBAM les plus échangés avec l’UE, ont des émissions intégrées plus élevées que ceux produits dans l’UE, ce qui signifie qu’ils seront soumis (suite à la page suivante) Vers un cadre holistique en soutien aux exportations 19 ENCADRÉ 3 : IMPLICATIONS DU CBAM POUR L’ALGÉRIE à des taxes plus élevées que ceux produits dans l’UE. Le CBAM sera mis en œuvre progressivement, et en supposant des exportations constantes de biens CBAM, des intensités d’émissions stables et des valeurs par défaut stables de 2022 à 2034, les recettes collectées par l’UE sur les exportations algériennes par le biais du CBAM augmenteraient fortement après 2028, pour atteindre près de 700 millions de dollars en 2034, soit autour de 4,6% des recettes fiscales de l’Algérie. Pour s’adapter au CBAM, l’Algérie pourrait adopter des technologies de production plus vertes et introduire une tarification explicite du carbone, soutenant du même coup ses propres efforts de décarbonation. La réorientation des exportations vers les pays non-membres de l’UE entraînerait des coûts, tandis que d’autres marchés importants pourraient adopter des mécanismes d’ajustement carbone. L’Algérie resterait cependant confrontée à des pertes de compétitivité-prix par rapport à d’autres producteurs moins polluants. Toutefois, si les produits CBAM sont fabriqués en Algérie avec des émissions intégrées plus faibles que ses compétiteurs, le coût du carbone sera moins élevé. L’accord récent entre Sonatrach et Tosyali Algérie pour produire de l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables est un bon exemple de décarbonation des processus de production.b Enfin, l’introduction d’un instrument explicite de tarification du carbone (taxe carbone ou système de quotas) encouragerait l’adoption de technologies vertes, augmenterait les recettes fiscales algériennes, et réduirait le coût du CBAM puisque le prix du carbone payé en Algérie en serait déduit. Par exemple, l’Uruguay a introduit une taxe carbone en 2022, convertissant sa tarification implicite en tarification explicite, tandis que le Viêt Nam l’envisage pour remplacer les taxes sur les combustibles fossiles. a Au cours de la période définitive, seules les émissions directes doivent être prises en compte pour le fer, l’acier, l’aluminium et l’hydrogène, tandis que les émissions directes et indirectes entrent dans le champ d’application pour les autres produits CBAM, à savoir le ciment, l’électricité et les engrais. b APS, Juillet 2024 20 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS TABLEAU DES INDICATEURS 2020 2021 2022 2023 2024f 2025f 2026f Production et prix (En pourcentage, sauf indication contraire) PIB réel –5,0 3,8 3,6 4,1 3,1 3,8 3,3 Hors secteurs extractifs –1,9 2,5 5,0 3,7 3,6 4,0 3,5 Secteurs extractifs –20,9 19,8 –5,1 4,8 –0,8 2,2 1,5 PIB réel par habitant –6,6 2,1 1,9 2,5 1,6 2,4 1,9 Indice des prix à la consommation (moyenne de la période) 2,4 7,2 9,3 9,3 4,0 4,9 4,4 PIB (en milliards de dollars) 164,9 186,3 225,6 239,9 261,6 276,7 291,4 PIB par habitant (USD) 3794,4 4216,3 5023,3 5260,2 5652,1 5896,3 6128,8 Production de pétrole brut (en milliers de barils par jour) 899,2 910,7 1020,0 973,1 909,3 946,3 959,0 Production de gaz naturel (milliards de m3) 87,7 102,8 99,2 105,2 102,0 105,2 107,2 Secteur extérieur (En pourcentage de PIB, sauf indication contraire) Compte courant –11,3 –2,4 8,6 2,3 –1,2 –3,1 –4,2 Balance commerciale –10,9 –1,3 9,9 3,0 –0,4 –2,3 –3,4 Exportations de biens et de services 15,1 22,5 30,6 24,5 21,6 20,0 19,0 Exportations d’hydrocarbures 12,3 19,7 26,9 21,1 18,0 16,4 15,3 Exportations hors hydrocarbures 2,8 2,7 3,7 3,4 3,6 3,7 3,7 Importations de biens et de services 26,0 23,8 20,7 21,5 22,0 22,4 22,4 Réserves officielles brutes (mois d’importations) 13,5 12,3 15,7 16,0 14,2 11,9 9,4 Taux de change (dinar algérien pour USD ; moyenne de la période) 126,8 135,1 142,0 135,8 Prix à l’exportation du mélange Sahara (USD/baril) 41,4 70,6 100,9 82,6 Finances de l’administration centrale (En pourcentage de PIB, sauf indication contraire) Recettes et subventions gouvernementales 27,0 26,2 29,7 32,9 29,9 28,4 27,4 Revenus des hydrocarbures a 9,2 10,4 17,7 19,7 14,4 13,1 12,3 Revenus hors hydrocarbures 17,8 15,9 12,1 13,2 15,6 15,4 15,0 Dépenses 37,5 32,5 32,7 38,1 39,7 38,3 36,0 Dépenses courantes 24,0 21,8 24,9 27,7 29,9 28,7 26,7 Dépenses de capital 9,1 7,7 6,1 8,3 8,5 8,2 7,8 Solde des comptes spéciaux et interventions 4,5 3,0 1,7 2,1 1,4 1,5 1,5 Solde budgétaire global b –10,5 -6,3 –3,0 –5,2 –9,8 –9,9 –8,7 Solde budgétaire global primaire –9,7 –5,8 –1,8 –3,9 –8,6 –8,6 –7,3 Solde budgétaire global hors hydrocarbures –19,7 –16,7 –20,6 –24,9 –24,2 –23,0 –21,0 Dette totale de l’administration centrale 45,8 55,2 48,1 49,2 49,5 55,2 58,9 Dette intérieure 45,1 54,5 47,6 48,9 49,1 54,9 58,7 Dette extérieure 0,7 0,6 0,4 0,4 0,3 0,2 0,2 a Comprend les dividendes de Sonatrach et les revenus des hydrocarbures reversés au fonds d’épargne pétrolière. b Comprend le solde du compte spécial et les interventions de trésorerie Note : Prévision en date du 21 octobre 2024. Vers un cadre holistique en soutien aux exportations 21 ANNEXE 1 : DERNIÈRES SECTIONS SPÉCIALES DES NOTES DE SUIVI DE L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE. Printemps 2024 : « Suivi en temps Automne 2023 : « Analyses des réel de l’évolution économique finances publiques de l’Algérie » en Algérie a l’aide de sources de données alternatives » Les finances publiques de l’Algérie ont été très réac- tives aux prix du pétrole et du gaz au cours des Les nouveaux développements de la recherche sur deux dernières décennies, leur chute entraînant des les mégadonnées permettent de suivre immédia- augmentations du déficit budgétaire. Après avoir tement les tendances économiques à des niveaux enregistré un excédent budgétaire important entre géographiques désagrégés. Les données satellitaires 2000 et 2008, celui-ci s’est transformé en léger défi- sont disponibles avec un court décalage et sont très cit budgétaire après la chute des prix du pétrole désagrégées dans le temps et dans l’espace. En esti- pendant la récession de 2009, déficit qui s’est mant la relation entre ces données alternatives et les creusé après l’effondrement des prix du pétrole en comptes nationaux au cours des dernières années, 2014–2015. Les fonds accumulés dans le Fonds de ils peuvent aider à produire en temps opportun des régulation des recettes ont été presque épuisés en estimations de production géographiquement désa- 2017, ce qui a coïncidé avec une forte augmentation grégées. Les données sur l’éclairage nocturne de la dette publique dans le cadre du programme de permettent d’estimer de manière fiable le PIB lié aux financement monétaire de 2017–2019, représentant hydrocarbures et aux non-hydrocarbures. Les don- 32% du PIB de 2019, et du programme spécial de nées satellitaires sur la météo et la végétation peuvent refinancement de 2021–2022. En 2022, les niveaux être utilisées pour estimer la production agricole. Les de la dette publique ont diminué pour la première fois données sur les navires et leurs marchandises à l’arri- en dix ans, alors que les prix du pétrole et du gaz ont vée et au départ des ports saisissent les importations augmenté et que le déficit budgétaire s’est considé- et les exportations en temps voulu. rablement réduit.  23 Automne 2022 : « Estimer l’activité du gaz sur les marchés internationaux. Ainsi, si le prix économique à partir des données de référence du gaz Henry Hub a gagné près de 50% d’éclairage nocturne » entre le T2 et le T3-2021, le prix à l’exportation du gaz naturel algérien n’a augmenté que de 0,5% sur la Les données sur l’éclairage nocturne sont un outil même période. En effet, ces prix sont établis contrac- désormais couramment utilisé pour évaluer l’activité tuellement, parfois sur le long-terme, et sur la base de économique. Depuis 2012, les données satellitaires négociations bilatérales avec les acheteurs. En outre, sont disponibles quotidiennement et sont accessibles un exercice de modélisation économétrique permet au public sur le site du Groupe d’observation de la d’établir que le prix à l’exportation du gaz naturel algé- Terre. Pour l’Algérie, le lien empirique entre les don- rien est caractérisé par une forte inertie, ainsi qu’un nées d’éclairage nocturne et l’activité économique arrimage retardé au prix du pétrole. Le modèle pré- est fort, autant pour la production pétrolière (géoloca- senté permet d’expliquer 88% de la variation des prix lisée par les sites de torchage de gaz), la production du gaz naturel exporté. gazière, et l’activité hors-hydrocarbures. La forte cor- rélation entre l’éclairage nocturne et l’activité hors Printemps 2022 : « L’impact des hydrocarbures permet de mobiliser ces données pour facteurs macroéconomiques sur estimer le niveau récent de l’activité économique, et l’inflation en Algérie » de produire des estimations spatialisées, en niveau et en dynamique de l’activité, utiles dans le cadre d’ana- L’inflation est orientée à la hausse en 2021 et 2022, lyses de développement sectoriel ou local. dans le monde comme en Algérie, mais les causes sous-jacentes varient selon les pays. En Algérie, la Automne 2022 : « Estimation des hausse des prix qui a débuté en 2021 a été tirée par multiplicateurs de la dépense celle des produits alimentaires. En outre, une modéli- budgétaire en Algérie » sation de l’indice des prix à la consommation depuis 2009 permet de déterminer que celui-ci est caracté- La hausse marquée de la dépense publique en 2022 risé par une forte inertie à court terme mais que la pose la question de ses effets sur l’activité écono- dépréciation du dinar, l’augmentation du prix des pro- mique. La propension de la dépense publique à duits importés, la hausse de la dépense publique et soutenir l’activité économique et à générer de l’ac- la hausse de la monnaie en circulation expliquent tivité économique additionnelle est capturée par le plus de 40% de la variation de l’IPC après 2 ans. multiplicateur de la dépense publique. Une analyse En outre, l’importance de ces facteurs varient selon conduite sur les données trimestrielles algériennes les catégories de biens et services, reflétant notam- depuis 2000 trouve un faible effet multiplicateur de la ment l’intensité de l’importation de ces produits et les dépense publique algérienne sur le PIB, notamment caractéristiques du marché algérien tant au niveau de causé par l’effet d’une hausse sur la dégradation de la la production que de la distribution. balance commerciale, résultant de son impact sur les importations. L’effet d’entrainement de la dépense sur Automne 2021 : « Évolution de la consommation privée est observé mais il est limité, la pauvreté non monétaire et des tandis que l’analyse trouve un effet plus marqué de la inégalités en Algérie » dépense publique sur le secteur de la construction et les services non-marchands semblent. L’indicateur de la pauvreté multidimensionnelle s’est amélioré en Algérie entre 2013 et 2019, traduisant des Printemps 2022 : « L’Algérie profite-t- progrès dans toutes ses dimensions : éducation, santé et elle de la montée des prix du gaz? » conditions de vie. Bien que l’Algérie affiche des résultats honorables dans la région MENA, et malgré des amé- Les prix à l’exportation du prix du gaz naturel algérien liorations notables, la pauvreté multidimensionnelle varie suivent une dynamique distincte des prix de référence considérablement selon les régions et entre les zones 24 ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE – UN CADRE HOLISTIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS rurales et urbaines. Les régions du Nord-Centre et du de leurs conditions de vie depuis le début de la crise Nord-Est sont confrontées à des niveaux de privation du COVID-19. Malgré l’absence de données récentes inférieurs à ceux du reste du pays, tandis que la région sur le bien-être des ménages en Algérie, les caracté- des Hauts Plateaux Centre est confrontée à un niveau de ristiques des individus vulnérables suggèrent que les privation plus élevé. Les régions les plus vulnérables ont inégalités y ont également augmenté. Ceux-ci sont connu une amélioration plus rapide entre 2013 et 2019, plus à risque de contracter le COVID-19 ou de perdre montrant une convergence avec les régions plus riches. leur emploi durant la pandémie, disposent dans La santé et l’éducation sont devenues des dimensions de moindres proportions d’une protection sociale plus importantes de la privation, soulignant les priorités adéquate, et risquent d’être affectés disproportion- politiques pour le développement humain de l’Algérie. nellement par les ajustements macroéconomiques et fiscaux en cours. Une reprise durable et inclusive Automne 2021 : « Résilience de nécessitera donc d’offrir aux plus vulnérables l’oppor- l’Algérie face aux risques climatiques tunité de récupérer ce qu’ils ont perdu. et de catastrophe naturelle » Printemps 2021 : « Vers une réforme Le territoire algérien est exposé à un éventail de équitable du système de santé risques climatiques et géologiques, notamment dans algérien » les zones urbaines, qui affichent une croissance démographique rapide et concentrent une part impor- Les conséquences de la pandémie COVID-19 ont mon- tante de l’activité économique. Les inondations sont tré la nécessité d’une réforme équitable du système les catastrophes les plus fréquentes en Algérie, mais de santé algérien. Bien qu’officiellement le nombre les pertes économiques les plus importantes ont été de cas et de décès reste bas, la pandémie a mis en causées par les tremblements de terre. L’Algérie dis- exergue les limites du système de santé. Un double pose d’un cadre juridique moderne de gestion des fardeau de maladies transmissibles et non-trans- risques de catastrophe (GRC), un cadre clair de prise missibles, ainsi que des moyens limités, suggèrent de décision en matière d’intervention d’urgence, et en effet un besoin de le renforcer. Bien que celui-ci reconnaît l’importance de protéger les infrastructures bénéficie d’un soutien financier public important et stratégiques et les secteurs essentiels. De sérieux nécessite relativement peu de dépenses individuelles, efforts de réduction des risques ont été menés, sur- et bien que l’espérance de vie et la maîtrise des mala- tout dans la gestion des interventions d’urgence et dies non-transmissibles soient comparables aux pays la reconstruction, au détriment de la prévention. De pairs, les résultats en matière de santé restent en plus, le partage de l’information n’est pas systéma- deçà de ceux des pays à revenu moyen-élevé, particu- tique, entraînant des incohérences, notamment dans lièrement en matière d’équité des conditions de santé la prévention des catastrophes, et l’application de de la mère et de l’enfant. Un besoin de moyens phy- la législation GRC peut être améliorée. Des efforts siques et humains, et d’une meilleure répartition de importants devraient encore fournis pour la réduction la couverture santé, représentent des défis majeurs. et la gestion globale et intersectorielle des risques cli- Enfin, la baisse du financement public et de la capa- matiques et de catastrophe. cité du système de santé présente des risques pour la résilience du système de santé. Printemps 2021 : « Effets de la COVID-19 sur les inégalités dans la Automne 2021 : « Résilience de région MENA et en Algérie » l’Algérie face aux risques climatiques et de catastrophe naturelle » Les résultats d’enquêtes menées dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) confir- Le territoire algérien est exposé à un éventail de ment que les individus les plus pauvres déclarent risques climatiques et géologiques, notamment dans dans une plus grande proportion une détérioration les zones urbaines, qui affichent une croissance Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne. 25 démographique rapide et concentrent une part impor- plus à risque de contracter le COVID-19 ou de perdre tante de l’activité économique. Les inondations sont leur emploi durant la pandémie, disposent dans de les catastrophes les plus fréquentes en Algérie, mais moindres proportions d’une protection sociale adé- les pertes économiques les plus importantes ont été quate, et risquent d’être affectés optionnellement par causées par les tremblements de terre. L’Algérie dis- les ajustements macroéconomiques et fiscaux en pose d’un cadre juridique moderne de gestion des cours. Une reprise durable et inclusive nécessitera risques de catastrophe (GRC), un cadre clair de prise donc d’offrir aux plus vulnérables l’opportunité de de décision en matière d’intervention d’urgence, et récupérer ce qu’ils ont perdu. reconnaît l’importance de protéger les infrastructures stratégiques et les secteurs essentiels. De sérieux Printemps 2021 : « Vers une réforme efforts de réduction des risques ont été menés, sur- équitable du système de santé tout dans la gestion des interventions d’urgence et algérien » la reconstruction, au détriment de la prévention. De plus, le partage de l’information n’est pas systéma- Les conséquences de la pandémie COVID-19 ont mon- tique, entraînant des incohérences, notamment dans tré la nécessité d’une réforme équitable du système la prévention des catastrophes, et l’application de de santé algérien. Bien qu’officiellement le nombre la législation GRC peut être améliorée. Des efforts de cas et de décès reste bas, la pandémie a mis en importants devraient encore fournis pour la réduction exergue les limites du système de santé. Un double et la gestion globale et intersectorielle des risques cli- fardeau de maladies transmissibles et non-trans- matiques et de catastrophe. missibles, ainsi que des moyens limités, suggèrent en effet un besoin de le renforcer. Bien que celui-ci Printemps 2021 : « Effets de la bénéficie d’un soutien financier public important et COVID-19 sur les inégalités dans la nécessite relativement peu de dépenses individuelles, région MENA et en Algérie » et bien que l’espérance de vie et la maîtrise des mala- dies non-transmissibles soient comparables aux pays Les résultats d’enquêtes menées dans la région pairs, les résultats en matière de santé restent en Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) confir- deçà de ceux des pays à revenu moyen-élevé, particu- ment que les individus les plus pauvres déclarent lièrement en matière d’équité des conditions de santé dans une plus grande proportion une détérioration de la mère et de l’enfant. Un besoin de moyens phy- de leurs conditions de vie depuis le début de la crise siques et humains, et d’une meilleure répartition de du COVID-19. Malgré l’absence de données récentes la couverture santé, représentent des défis majeurs. sur le bien-être des ménages en Algérie, les caracté- Enfin, la baisse du financement public et de la capa- ristiques des individus vulnérables suggèrent que les cité du système de santé présente des risques pour la inégalités y ont également augmenté. Ceux-ci sont résilience du système de santé. 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