C ô te d ’ I vo i r e Mé m o ra n d u m Éc o n o m i q u e MAINTENIR LA DYNAMIQUE DE CROISSANCE AV R I L 2 0 2 1 © 2021 La Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés Ce travail est un produit du personnel de la Banque mondiale. Les résultats, interprétations et conclusions exprimés dans ce travail ne reflètent pas nécessairement les vues des directeurs exécutifs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données incluses dans ce travail. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations figurant sur les cartes de ce travail n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire ou l’approbation ou acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le matériel de ce travail est soumis à des droits d’auteur. 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L’équipe était composée d’Alexa Tiemann, Tiangboho Sanogo, Mariana Iootty, Maciej Drozd, Seidu Dauda, Gonçalo Coelho, Georgiana Pop, Hibret Belete Maemir, Alberto Portugal, Aleksandar Stojanov, Jean-Philippe Tre, Jeanne Oyolola, Franck M. Adoho, Maya Eden, Gabriel Lawin. L’équipe a bénéficié des conseils de Coralie Gevers; Lars Christian Moller; Andrea Coppola; Jose R. Lopez Calix; Theo David Thomas. Sally Hinchcliffe a fourni un excellent soutien éditorial et Nicole Maalouf a fourni une conception graphique exceptionnelle. Christine M. Richaud et Mame Fatou Diagne ont dirigé le rapport pendant la phase de conception. Micky O. Ananth, Maude Jean-Baptiste et Haoua Diallo ont fourni une excellente assistance opérationnelle et administrative, respectivement. L’équipe tient à remercier Chorching Goh, Luc Christiaensen et Gerard Kambou pour leurs discussions utiles. Des commentaires très utiles ont été reçus des pairs évaluateurs: Melise Jaud, Gaurav Nayyar, Miguel Eduardo Sanchez Martin. Ce rapport n’aurait pas été finalisé sans l’aide financière généreuse du Fond Fiduciaire « Umbrella Facility for Trade ». Le rapport a largement bénéficié d’échanges, idées et suggestions de la part des autorités ivoiriennes, ainsi que de discussions avec les représentants du secteur privé et du monde académique ivoirien dès la phase de conception. L’equipe est très reconnaissante pour ces échanges qui ont enrichi l’étude. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 3 Abréviations AfCFTA Accord de Libre-Échange Continental Africain AGOA Loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique APEX-CI Association pour la Promotion des Exportations de la Côte d'Ivoire ARTCI Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire ARTI Autorité de régulation des Transports Intérieurs BCEAO Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest) CEM Mémorandum Économique Pays CET Tarif Extérieur Commun CIAP Classification Ivoirienne des Activités et des Produits CPIA Évaluation Pays des Politiques et Institutions CPSD Diagnostic Pays du Secteur Privé DUS Droit de Sortie Unique CEDEAO Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest EMDE Marché Émergent et Économie en Développement APE Agence de Promotion des Exportations UE Union Européenne IDE Investissements Directs Étrangers PIB Produit Intérieur Brut GII Indice d'Inégalité de Genre RNB Revenu National Brut GVC Chaîne de Valeur Mondiale HCI Indice du Capital Humain TIC Technologies de l'Information et des Communications INS Institut National de la Statistique (INS) CITI Classification Internationale Type, par Industrie, de toutes les Branches d'Activité Économique LIC Pays à Faible Revenu LMIC Pays à Revenu Moyen, Tranche Inférieure LPI Indicateur de Performance Logistique LRIC Coût Différentiel à Long Terme MNO Opérateur de Réseau Mobile MTR Tarif de Terminaison d'Appel Mobile MVNO Opérateur de Réseau Mobile Virtuel NAEMA Nomenclature d’Activités des Etats Membres d’Afristat) MNT Mesures Non Tarifaires OLS Carré Minimum Ordinaire MPC Marge Prix-Cout PNIA Programme National d'Investissement Agricole PPP Partenariat Public-Privé ppt Point de pourcentage PTA Accord Commercial Préférentiel R&D Recherche et Développement RCA Avantage Comparatif Révélé PME Petites et Moyennes Entreprises SMP Pouvoir de Marché Significatif SPS Normes Sanitaires et Phytosanitaires SSA Afrique Subsaharienne TFP Productivité Totale des Facteurs TFPR Revenu Total de la Productivité des Facteurs TFPQ Productivité Physique Totale des Facteurs TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine WBES Enquête de la Banque mondiale sur les Entreprises OMC Organisation Mondiale du Commerce 4 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Contenu Abréviations 4 Contenu 5 Résumé 7 Chapitre 1. Au-delà du miracle : maintenir une croissance élevée et inclusive 16 1.1. Les principales caractéristiques de l’accélération de la croissance 17 1.2. Pourquoi le modèle actuel doit être repensé 22 1.3. La voie à suivre : Maintenir une croissance élevée et plus inclusive 30 Annexe 1.1. Enseignements des économies à croissance rapide 33 Annexe 1.2. Sélection des pays pairs 34 Références 35 Chapitre 2. La Productivité : C’est presque tout 37 2.1. Croissance de la productivité agrégée : Tendances et moteurs 38 2.2. Dynamique de la productivité au niveau de l’entreprise 44 Annexe 2.1. Parts de la production et de l’emploi dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur (2018) 50 Annexe 2.2. Données de recensement au niveau des entreprises 51 Annexe 2.3. L’impact sur la productivité d’une meilleure allocation des ressources 52 Références 53 Chapitre 3. Stimuler la croissance de la productivité par la politique de la concurrence 54 3.1. Quel est l’état de la concurrence en Côte d’Ivoire ? 56 3.2. Les politiques limitent-elles la concurrence en Côte d’Ivoire ? 62 3.3. Quelles mesures le gouvernement peut-il prendre pour favoriser la concurrence ? 74 Annexe 3.1. La marge sur coûts de revient comme indicateur du pouvoir de marché : hypothèses théoriques et empiriques 79 Annexe 3.2. Analyse empirique à partir des données de l’enquête sur les entreprises 80 Références 83 Chapitre 4. La diversification des exportations comme moteur de la transformation structurelle 85 4.1. La recherche d’une diversification des exportations 87 4.2. Domaines de la politique commerciale pour soutenir la diversification 96 4.3. L’impact de la crise COVID-19 sur les performances à l’exportation 102 4.4. Comment le commerce peut-il servir l’agenda de la productivité ? 103 Annexe 4.1. Autres données sur les exportations 108 Annexe 4.2. Coûts et taxes aux frontières 109 Références 110 Chapitre 5. Améliorer la productivité agricole pour une croissance inclusive 112 5.1. Pourquoi l’agriculture est importante pour une croissance inclusive 114 5.2. Productivité : La pièce manquante pour l’agriculture ivoirienne ? 119 5.3. Que faut-il pour gravir l’échelle ? 129 Annexe 5.1. Informations complémentaires 134 Références 135 Annexes techniques 138 Annexe 1 : Analyses supplémentaires des chapitres 1 et 2 139 Annexe 2 : Analyses supplémentaires du chapitre 3 141 Annexe 3 : Analyses supplémentaires du chapitre 4 145 Annexe 4 : Analyses complémentaires du chapitre 5 146 Références juridiques - notes de fin de document (chapitre 3) 149 Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 5 Résumé 1. L’économie ivoirienne doit maintenir sa des conséquences sur les choix politiques des dynamique de croissance. Au cours de la dernière économies en développement pour les années décennie, la Côte d’Ivoire a connu une croissance à venir, le rapport examine ses implications. Les impressionnante. Toutefois, pour atteindre son principaux messages sont résumés ci-dessous. objectif ambitieux d’accéder au statut de marché émergent d’ici une ou deux générations, elle doit maintenir cette forte croissance pendant de nombreuses années. Moins de 15 pays ont réussi à Au-delà du miracle : maintenir une maintenir une forte croissance pendant plus de 25 croissance élevée et la rendre plus années durant l’après-guerre, et leur expérience a montré que l’augmentation de la productivité est au inclusive cœur de cette croissance. Pour suivre leurs traces, la croissance ivoirienne doit également être plus 4. Au cours de la dernière décennie, la croissance inclusive et réduire les déséquilibres structurels, de la Côte d’Ivoire a été si impressionnante y compris en ce qui concerne le fossé entre la qu’elle a été surnommée le «deuxième miracle capitale économique, Abidjan, et le reste du pays. ivoirien». La croissance réelle du produit intérieur Comment  ?Ce rapport aborde cette question en brut (PIB) a été en moyenne de 8,2 % par an (5,7 se concentrant sur trois secteurs soigneusement % par habitant) sur la période 2012-2019. Bien que sélectionnés. le pays n’ait pas encore pu entièrement compenser le retard accusé au cours des décennies 2. Ce rapport vise à soutenir les décideurs précédentes, il est aujourd’hui l’une des économies politiques ivoiriens dans leurs efforts pour d’Afrique subsaharienne (ASS) qui connaissent les maintenir une croissance élevée et la rendre croissances les plus rapides. Cette croissance a plus inclusive au cours de la prochaine été soutenue par une stabilité politique, après décennie. Il tente de répondre aux questions plus d’une décennie de crise politique, renforcée suivantes : (i) Dans quelle mesure les marchés de par des programmes ambitieux d’investissements produits ivoiriens sont-ils concurrentiels et est- publics, ce qui la rend moins vulnérable aux chocs ce le manque de concurrence un obstacle à la extérieurs. croissance de la productivité ? (ii) La diversification des exportations peut-elle être la voie de la 5. La croissance a été portée par une expansion transformation structurelle ? (iii) Comment rapide des services et de l’industrie du augmenter la productivité agricole, un élément côté de l’offre, et par la consommation et clé pour la croissance inclusive ? En abordant ces l’investissement du côté de la demande. Les questions, le rapport vise à fournir des options services ont représenté près de la moitié de la de politiques en faveur d’une croissance élevée, croissance sur la période 2012-2019, suivis par durable et plus inclusive. l’industrie, reflétant en grande partie un boom de la construction. Du côté de la demande, les principaux 3. Le rapport est organisé en cinq chapitres. Le contributeurs ont été la consommation privée et chapitre 1 analyse les principaux moteurs et limites l’investissement total. Des facteurs structurels, du modèle de croissance actuel. Le chapitre 2 en particulier la croissance des infrastructures et donne un aperçu des principales caractéristiques du crédit, ont renforcé la croissance, reflétant en de la croissance de la productivité en Côte d’Ivoire. partie les progrès réalisés par la Côte d’Ivoire en Le chapitre 3 examine les défis liés à la question matière de développement des infrastructures. de la concurrence, avec un accent particulier Des politiques macroéconomiques solides ont sur deux secteurs porteurs en amont, les également soutenu la croissance. télécommunications mobiles et le fret routier. Le chapitre 4 évalue le potentiel de diversification 6. La Côte d’Ivoire s’est fixé l’objectif ambitieux des exportations et met en évidence les domaines d’atteindre le statut de marché émergent d’ici potentiels de réforme. Le chapitre 5 aborde la à 2030 et l’augmentation de la productivité est productivité agricole. Comme la pandémie de au cœur de sa stratégie de croissance. Le Plan la COVID-19 a frappé le monde en 2020, avec National de Development (PND) 2021-2025 et la Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 7 Vision 2030, encadrent cet objectif. La réalisation de 80 % de l’emploi total en 2018. La part de la d’une croissance soutenue de la productivité population en âge de travailler devrait augmenter, nécessite un ensemble de politiques appropriées mais le pays devra créer des emplois de qualité qui favorisent une allocation efficace des ressources, pour ses jeunes s’il veut récolter son dividende des marché compétitifs et des améliorations intra- démographique potentiel. sectorielles (y compris l’adoption de nouvelles technologies et l’innovation). Des investissements seront également nécessaires. Bien que les investissements aient augmenté de manière La productivité : C’est presque tout significative ces dernières années (22 % du PIB en 2018), ils restent inférieurs à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. En particulier, 9. La productivité est le moteur ultime de l’investissement privé est beaucoup plus faible : à 12 la croissance économique, avec des % du PIB, il est inférieur de 4 points de pourcentage augmentations soutenues de la productivité (p.p.) à la moyenne de l’ASS. Le pays affiche étant essentielles pour l’amélioration des toutefois l’un des rendements d‘investissement les conditions de vie au fil du temps. La croissance plus élevés parmi ses pairs d’ASS, ce qui reflète de la productivité provient des améliorations au des années de sous-investissement dans les sein des secteurs et des entreprises, de l’entrée infrastructures clés. de nouvelles entreprises plus productives sur les marchés et de la sortie des entreprises moins 7. L’accroissement des vulnérabilités budgétaires productives, ainsi que de la réaffectation des nécessitera un choix sur les possibilités de ressources vers des entreprises ou secteurs soutenir la croissance tout en maintenant la plus productifs. Depuis 2012, l’augmentation stabilité macroéconomique. Etant donné que la de l’accumulation de capital physique et de la crise de la COVID-19 a entrainé une détérioration productivité totale des facteurs (PTF) ont été à de la dette et de la dynamique budgétaire du l’origine de la majeure partie de la croissance pays, les investissements privés seront de plus en économique. Cela contraste avec la décennie plus nécessaires. La mobilisation des ressources précédente au cours de laquelle le travail et, dans intérieures reste faible, avec un ratio recettes une moindre mesure, l’accumulation de capital fiscales/PIB de 11,5 % en 2019, contre une moyenne expliquaient la majeure partie de la croissance. de 16 % pour les pays de l’UEMOA. Après les Pourtant, bien que la PTF ait augmenté plus émissions d’euro-obligations depuis 2017, la dette rapidement que celle de ses pairs, les niveaux sont publique a augmenté pour atteindre 41.2 % du toujours inférieurs à ceux des années 1970 et en PIB. Pour soutenir la croissance, le gouvernement dessous des économies en développement hors devra progressivement changer son rôle de ASS. principal pourvoyeur d’infrastructures pour devenir un facilitateur de la participation privée. 10. La Côte d’Ivoire a connu un changement considérable dans sa structure de l’emploi, mais 8. L’inclusion et l’équité devront faire partie du des changements limités dans sa structure de processus de croissance, comme cela a été la production. La part de l’agriculture dans l’emploi identifié par la PND (2021-2025). La croissance total est passée de 60 % en 2008 à 48 % en 2018. économique a été suivie par une baisse constante En revanche, sa part dans la production totale a des taux de pauvreté, qui sont passés de 44 % à peine diminué, passant de 22 % en 2012 à 20 en 2015 à 39,4 % en 20181. L’accès à l’électricité, % en 2019. Malgré le changement substantiel de aux infrastructures sanitaires et à l’eau potable a la structure de l’emploi, la plupart des travailleurs augmenté sur l’ensemble de l’échelle des revenus. qui ont quitté le secteur agricole se sont déplacés Toutefois, les gains se sont surtout concentrés vers des services de commerce et de distribution dans les zones urbaines, notamment à Abidjan, peu productifs et largement informels. La création et les inégalités de revenus restent importantes. d’emplois n’a pas suivi le rythme de la croissance et Les 20 % les plus riches de la population ont la baisse des taux d’emploi a eu un impact négatif représenté plus de 40 % de la consommation totale sur la croissance. en 2018, tandis que les 40 % les plus pauvres n’en ont représenté que 18 %. Les résultats en matière 11. L’analyse au niveau de l’entreprise montre de développement humain s’améliorent, mais que la plupart des gains de productivité lentement et de manière inégale. La croissance ont été réalisés grâce à des améliorations n’a pas créé suffisamment d’emplois productifs au sein des entreprises manufacturières, formels, avec un secteur informel représentant plus et que les inefficiences d’allocation restent 1 Les taux de pauvreté tels que définis selon le seuil de pauvreté national. 8 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique considérables. La croissance de la productivité a été plus élevée dans l’industrie manufacturière Stimuler la croissance de la et, dans une moindre mesure, dans les services productivité par la politique de pendant la majeure partie de cette période. La concurrence croissance de la productivité intra-entreprises explique une grande partie de l’évolution de la productivité depuis 2012. Les nouvelles entreprises 13. La concurrence est faible sur les marchés se sont révélées moins productives que les ivoiriens avec une activité commerciale entreprises existantes, mais les entreprises qui dominée par un nombre relativement restreint ont quitté les marchés ont été moins productives d’acteurs. La concurrence est cruciale pour que celles qui ont survécu, de sorte que les la croissance de la productivité. Elle permet entrées et les sorties d’entreprises ont amélioré la d’accroître la productivité au sein des entreprises, productivité dans son ensemble. La Côte d’Ivoire d’améliorer l’efficacité de la répartition des facteurs a fait des progrès significatifs dans l’amélioration entre les entreprises, de stimuler la sélection, à de l’environnement des affaires au cours des sept travers les lois du marché, des entreprises les dernières années, mais ses réformes ne semblent plus productives et d’encourager la sortie des pas avoir remédié aux inefficiences d’allocation. Le entreprises moins productives. Les indicateurs changement structurel reste modeste mais positif, basés sur la perception ainsi que les données les ressources limitées ont peut-être été affectées entreprises révèlent des niveaux élevés de à des entreprises plus productives. Les faits domination de marché et un nombre limité de suggèrent également que les entreprises les plus création de nouvelles entreprises. Le niveau perçu productives n’ont pas nécessairement augmenté de risque opérationnel lié à l’absence de conditions leurs parts de marché. Des gains significatifs de d’une concurrence loyale est relativement élevé, productivité pourraient être réalisés en réduisant une perception qui n’a pas changé au cours des cinq les inefficiences d’allocation des ressources. dernières années. Selon le dernier rapport du Forum économique mondial sur la compétitivité mondiale 12. De nombreux facteurs sont nécessaires pour (Schwab 2019), la Côte d’Ivoire se classe 106e sur parvenir à une croissance plus rapide de la 140 pays en termes de perception de l’étendue productivité. C’est pourquoi les politiques visant à de pratiques de concurrence déloyale en 2019. stimuler la productivité s’imbriquent dans plusieurs Relativement peu de nouvelles entreprises sont domaines de la politique publique et restent créées, ce qui affaiblit la pression concurrentielle. complémentaires. Ce rapport aborde certains des Bien que les niveaux élevés de concentration domaines clés qui devraient renforcer le système du marché ne soient pas nécessairement une national de productivité de la Côte d’Ivoire de source de préoccupation, en particulier dans un sorte que son modèle de croissance puisse petit marché intérieur comme celui de la Côte bénéficier d’une productivité plus élevée et d’une d’Ivoire, les marchés continuellement concentrés plus grande inclusivité. En utilisant le nouveau présentent des risques liés aux comportements cadre analytique du Mémorandum économique anticoncurrentiels, en particulier lorsqu’il existe des pays (CEM) 2.0 de la Banque mondiale, trois barrières à l’entrée qui protègent les entreprises en secteurs clés ont été identifiés : la concurrence, place de la concurrence. la diversification commerciale et la productivité agricole. Ces secteurs ont été choisis sur la base 14. Les marges prix-coût (MPC) - approximation d’une analyse complète résumée dans un scan du pouvoir de marché - ont augmenté ces pays et discutée avec le gouvernement et les autres dernières années parmi les entreprises parties prenantes concernées. Ils ont également non-manufacturières, car un petit nombre été choisis en raison de la nécessité d’élargir les d’entreprises ont pu accroître leur pouvoir connaissances. En tant que tel, le cadre du CEM de marché au fil du temps. Cela n’implique 2.0 ne devrait pas être exhaustif et la Côte d’Ivoire peut-être pas un déclin de la concurrence, mais pourrait être confrontée à des défis de croissance pourrait indiquer des inefficiences d’allocation qui dépassent le cadre du rapport. Par exemple, le dans le secteur des services. La concurrence des capital humain est également un moteur essentiel entreprises informelles est également devenue de la productivité et de la croissance inclusive, un obstacle croissant à la croissance du secteur mais ce point a été abordé ailleurs. privé, bien que des niveaux plus élevés de concurrence informelle soient associés à une plus grande productivité du travail dans les entreprises formelles. Un secteur informel important peut toutefois encore entraver la productivité globale en empêchant une allocation efficiente des ressources. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 9 15. La Côte d’Ivoire a la possibilité de renforcer clé en amont, pourrait être amélioré. Les prix sa loi sur la concurrence. Les interventions élevés et la faible qualité des services laissent du gouvernement peuvent affecter de manière transparaître des possibilités de gains d’efficience. significative le fonctionnement des marchés. Les chargeurs paient plus cher pour transporter Il est essentiel de disposer d’une politique de un conteneur standard via la Côte d’Ivoire que par concurrence et d’un cadre juridique solides. La le Ghana ou le Togo. Les temps de trajet varient double appartenance de la Côte d’Ivoire à deux également plus que dans les pays de comparaison. organisations régionales - l’Union Économique La concentration croissante du marché suggère et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et la qu’il est possible d’améliorer la concurrence. Communauté économique des États de l’Afrique de Les restrictions réglementaires à l’accès au l’Ouest (CEDEAO) - a une incidence significative fret limitent la concurrence entre les camions sur son cadre national de la concurrence. En vertu nationaux et étrangers. Les pratiques commerciales de la législation de l’UEMOA, la Commission de la anticoncurrentielles rendent également la concurrence de la Côte d’Ivoire n’a pas le pouvoir de concurrence plus difficile pour les nouveaux faire appliquer les règles de concurrence au niveau arrivants. national. Cependant, la Commission de l’UEMOA, qui fait respecter les règles de concurrence dans la région, ne dispose pas des ressources nécessaires pour le faire efficacement. La loi sur La diversification des exportations la concurrence de la Côte d’Ivoire interdit certaines pratiques commerciales standards, même pour comme moteur de la transformation les entreprises qui n’ont pas le pouvoir d’exploiter structurelle les consommateurs ou d’exclure leurs concurrents potentiels. La Commission de la concurrence manque également d’une réelle indépendance au 18. Aucun pays n’est parvenu à une croissance soutenue et à une réduction significative de niveau institutionnel. Elle a le pouvoir de plaider en la pauvreté sans s’intégrer dans l’économie faveur de la concurrence, de la réglementation des mondiale. La Côte d’Ivoire est intégrée dans le prix et des limites d’importation, et pourrait jouer un système commercial mondial, mais principalement rôle important dans le plaidoyer pour des mesures par l’exportation d’un panier de produits de base moins restrictives en matière de concurrence, de plus en plus limité. La prédominance du secteur telle que la transparence des prix plutôt que leur des exportations de produits de base se traduit réglementation. par une faible complexité économique2 compte 16. Les résultats du marché des services de tenu du niveau de PIB par habitant. Le cacao télécommunications mobiles, un secteur clé reste le principal produit d’exportation, avec 42 pour l’économie, pourraient être améliorés. La % des exportations, suivi du pétrole (18,5 %) et couverture des services s’est rapidement étendue, de l’or (9,5 %). Ses marchés d’exportation sont mais des lacunes importantes subsistent. Les parts également concentrés, avec les 20 principaux pays de marché des trois opérateurs établis n’ont pas de destination représentant 80 % des exportations beaucoup changé ces dernières années, même totales. Les voyages et les transports représentent avec l’arrivée de nouveaux services tels que les plus de 60 % des exportations de services, la paiements par téléphonie mobile. Les prix ont plupart des augmentations récentes dans ce baissé mais restent plus élevés que ceux des pays secteur étant dues à l’augmentation de l’activité pairs. Le gouvernement a pris certaines mesures touristique et des voyages d’affaires. Le panier pour intégrer les considérations liées concurrence d’exportation très concentré du pays et la faible dans les politiques sectorielles. Il a favorisé la complexité économique limitent la croissance de concurrence en veillant à ce que tous les opérateurs la productivité. de réseau aient accès aux mêmes bandes de fréquences et attribue le spectre sur la base du 19. Le taux de survie des exportateurs de la Côte d’Ivoire est inférieur à celui des entreprises des principe «utilisez-le ou perdez-le», s’assurant ainsi pays pairs, les grandes entreprises affichant que tous les opérateurs compétissent pour les un meilleur taux de survie que les petites. nouvelles activités 4G en même temps. Toutefois, Pour que les pays parviennent à diversifier leurs elle n’a pas encore organisé de ventes aux enchères exportations et à croître, ils ont besoin d’entreprises pour fréquences. qui réussissent à pénétrer de nouveaux marchés 17. De même, le fonctionnement du marché des d’exportation tout en parvenant à y rester pour services de transport routier, un autre secteur continuer d’exporter. Toutefois, ces relations 2 L’indice de complexité économique (ICE) mesure l’intensité de connaissance d’une économie en considérant l’intensité de connaissance des produits qu’elle exporte. 10 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique commerciales ont tendance à être de courte logistique pour soutenir une diversification accrue durée en Côte d’Ivoire : moins de 35 pour cent des produits et des marchés de destination afin des activités d’exportation initiées au cours d’une d’accroître l’intégration de la chaîne de valeur. année donnée sont restées actives après cette année. La participation du pays dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) est en baisse depuis 2010. Il est plus probable que le pays s’engage Améliorer la productivité agricole dans une participation en amont - en exportant pour une croissance inclusive des produits de base pour les entreprises d’autres pays afin d’ajouter de la valeur - que dans une participation en aval, où des intrants intermédiaires 22. Le secteur agricole joue un rôle clé en Côte sont importés pour être transformés et réexportés. d’Ivoire, puisqu’il représente 22 % du PIB et 50 à 70 % des recettes d’exportation totales. 20. Le pays pourrait faire davantage pour tirer parti La production agricole a été volatile, reflétant les de ses accords commerciaux existants. Malgré changements climatiques et les fluctuations des prix son appartenance à la CEDEAO et à l’UEMOA, internationaux des cultures d’exportation, bien que le commerce régional reste sous-développé, dans une moindre mesure ces dernières années. bien que le commerce informel non documenté Comme l’agriculture reste le principal pourvoyeur puisse expliquer en partie les faibles chiffres. d’emploi, l’amélioration de la productivité agricole Son appartenance à des accords commerciaux sera essentielle pour accélérer la réduction de la régionaux limite sa capacité à définir des politiques pauvreté et parvenir à une croissance soutenue et tarifaires, car il applique le tarif extérieur commun inclusive. La valeur ajoutée agricole mesurée en (TEC) de la CEDEAO ainsi que d’autres taxes termes de production par hectare est actuellement prélevées par la CEDEAO et l’UEMOA. Dans faible, mais elle a connu une croissance soutenue d’autres domaines, ces accords commerciaux depuis 2012. Les niveaux élevés de productivité du régionaux présentent des lacunes en matière de travail par rapport à l’ensemble de la région reflètent politiques, comme le manque d’harmonisation en grande partie la taille relativement importante des évaluations et des normes de produits, qui des terres détenues par chaque agriculteur. Dans constituent un obstacle, en particulier pour les petits l’ensemble, les chiffres suggèrent que le modèle exportateurs. Malgré des accords commerciaux agricole à forte intensité de main-d’œuvre du pays, préférentiels avec l’Union européenne (UE) et les avec des dotations en capital et une utilisation des États-Unis, les exportations vers ces marchés n’ont technologies limitées, n’est pas efficace. pas augmenté aussi vite que celles vers le reste du monde. Malgré l’amélioration des infrastructures, 23. Le secteur est dominé par les petits exploitants les procédures douanières restent relativement et l’emploi informel, avec de faibles niveaux coûteuses et longues. La logistique intérieure de mécanisation et d’utilisation d’intrants. La et l’absence d’un accès en temps voulu au port majorité des agriculteurs cultivent des cultures de d’Abidjan réduisent également les incitations pour rente destinées à l’exportation, avec seulement 20 les exportateurs. % d’agriculteurs produisant des cultures vivrières. Le cacao est la culture de rente la plus courante, 21. La promotion de l’intégration régionale bien que les cultures soient spécifiques à chaque incitera davantage les entreprises ivoiriennes région, la production de noix de cajou ayant été à exporter. Un programme commercial devrait récemment développée dans le nord. Avec une être au cœur de toute stratégie de diversification faible mécanisation, les ménages dépendent économique. Cela nécessitera une stratégie fortement de la main-d’œuvre non familiale. Les plurielle, allant de l’amélioration de l’accès au ménages les plus pauvres des zones rurales ont crédit à la poursuite d’accords commerciaux tendance à se spécialiser dans le travail agricole plus approfondis et à la réforme des procédures salarié et indépendant, qui sont en grande partie douanières, entre autres. La rationalisation des des professions à faible productivité. Ils sont procédures aux frontières par la mise en œuvre donc plus susceptibles de tirer l’essentiel de leurs de normes régionales adéquates pour les produits revenus de l’agriculture, les ménages plus riches pourrait éliminer non seulement la segmentation participant davantage aux emplois non agricoles. du marché dans les États membres de l’UEMOA et de la CEDEAO, mais aussi la duplication 24. La majeure partie de l’augmentation de la des coûts aux frontières, par exemple. La Côte productivité agricole provient d’une utilisation d’Ivoire doit également entreprendre des réformes accrue des intrants, sans amélioration de avancées de son système juridique interne pour l’efficience allocative ou technique - en fait, permettre l’échange d’informations par-delà les l’efficience technique a diminué entre 2012 et frontières. Il sera important d’améliorer l’efficience 2016. L’utilisation limitée de semences améliorées, Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 11 de la diversification, de la mécanisation et l’accès la crise s’installe. La crise mondiale a réduit la insuffisant au financement sont tous associés demande d’exportations du pays, qui ont chuté de à une baisse des rendements des cultures. Les 13,6 % en glissement annuel en avril et de 20,5 % niveaux d’éducation sont plus faibles dans les en mai, et elle a eu des répercussions négatives sur zones rurales, ce qui entrave la capacité des le tourisme. Des mesures strictes de distanciation agriculteurs à gérer la complexité croissante sociale ont provoqué un ralentissement de l’activité de la production et de la commercialisation économique, en particulier dans les secteurs de agricoles. Alors que les capacités de recherche l’hôtellerie, de la construction, des transports et se sont développées, les dépenses de recherche du commerce de détail, la plupart des entreprises et développement (R&D) en matière agricole ont et des ménages faisant état d’une baisse de stagné et restent faibles. L’accès au financement leurs revenus. Les mesures de confinement ont est également très limité, les habitants des zones également affecté l’agriculture, limitant l’accès rurales étant moins susceptibles d’avoir utilisé aux intrants agricoles, tandis que la fermeture des services financiers, formels ou informels, que des frontières a réduit l’offre de main-d’œuvre. leurs homologues des pays pairs. Malgré des Même si les mesures de confinement ont été de améliorations en la matière, ces dernières années, courte durée, on s’attend à ce qu’il y ait eu une seul un quart des agriculteurs utilisent des engrais augmentation temporaire de la pauvreté. inorganiques. Enfin, les écarts entre les sexes sont importants. Les ménages dirigés par des hommes 27. Bien que le choc soit éventuellement ont tendance à être plus productifs que ceux temporaire, ses effets pourraient être plus dirigés par des femmes, qui ont moins d’éducation, durables, ce qui renforce la nécessité de un régime foncier moins sûr et un accès encore nouvelles réformes structurelles. Le pays est plus limité au financement. sorti de la crise avec une dette publique plus élevée, ce qui limitera sa capacité à poursuivre son 25. Il existe une marge de manœuvre importante modèle de croissance fondé sur l’investissement pour accroître la productivité agricole en Côte public. L’impact de la COVID-19 sur les économies d’Ivoire. La productivité du travail est beaucoup avancées pourrait se traduire par une baisse plus élevée dans les emplois non agricoles dans durable des flux d’investissements directs les zones urbaines et, dans l’agriculture, les étrangers (IDE). Il pourrait y avoir un impact ménages les plus productifs sont dix fois plus durable sur le développement du capital humain productifs que les moins productifs. Pour améliorer du fait de la fermeture des écoles, de l’interruption la productivité dans le secteur, une utilisation plus de la prestation de services publics, et de la baisse importante de la mécanisation et des mécanismes des revenus des ménages. D’autre part, la crise d’irrigation pourrait contribuer à atténuer le pourrait entraîner la fermeture d’entreprises moins caractère saisonnier du travail agricole. L’accès aux productives, ce qui entraînerait une réaffectation services financiers, y compris à l’assurance, est des ressources vers des entreprises plus nécessaire. Les écarts de dotation entre les sexes productives. Etant donne la spécificité de l’année doivent être comblés pour réduire la différence 2020, cette étude se focalise principalement sur la de productivité entre les ménages dirigés par période 2012-2019. une femme et ceux dirigés par un homme. Le renforcement des capacités et du capital humain 28. L’impact de la crise COVID-19 pourrait des agriculteurs couplé à un développement des exacerber les tendances mondiales sous- activités de transformation pourraient créer des jacentes, ce qui modifiera la trajectoire emplois à plus forte valeur ajoutée en dehors de future de croissance dans les économies en l’exploitation agricole. développement. De nombreuses tendances mondiales déjà en cours sont susceptibles de s’accélérer en raison de la crise. L’automatisation des emplois manufacturiers ou le passage à L’impact économique de la crise des technologies plus vertes en sont quelques COVID-19 exemples. L’amplification de ces tendances aura des conséquences importantes sur les moteurs de croissance à long terme des économies en 26. La pandémie de la COVID-19 a déclenché la développement. Dans le monde post-COVID-19, plus grave récession mondiale depuis des la Côte d’Ivoire doit poursuivre le chemin entamé décennies. Le PIB mondial s’est contracté de 3,3 vers une économie compétitive, diversifiée et plus % en 2020 et l’économie de l’Afrique subsaharienne inclusive. de 1,9 %. La Côte d’Ivoire s’attendait à une nouvelle année de forte croissance en 2020, jusqu’à ce que 12 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique La voie à suivre du programme de réforme. En examinant les défis structurels à long terme pour la croissance, ce rapport fournit des orientations sur les politiques 29. Pour maintenir une croissance élevée et compatibles avec une reprise résistante ainsi inclusive, et pour faire face aux retombées qu’avec l’objectif ambitieux d’atteindre le statut sociales et économiques de la COVID-19, la de pays à revenu intermédiaire supérieur. Des Côte d’Ivoire doit se concentrer sur les moteurs recommandations politiques sont présentées dans de croissance à long terme. L’augmentation de la chaque chapitre sectoriel du rapport. Certaines productivité et de la compétitivité, la promotion de d’entre elles sont résumées dans le tableau ci- la diversification économique et le soutien à une dessous. croissance plus inclusive doivent rester au cœur Principales recommandations politiques pour une croissance élevée et inclusive Stimuler la croissance de la productivité grâce à de meilleures règles Calendrier de mise Implications du marché en œuvre fiscales Améliorer le cadre réglementaire et institutionnel (UEMOA) - Développer les efforts au sein de l’UEMOA pour approuver une législation déléguant des pouvoirs à la Commission de la concurrence de Côte d’Ivoire pour enquêter et prendre des décisions au sujet des Court terme Faible pratiques anticoncurrentielles qui se produisent sur le territoire national et n’ont pas d’effets transfrontaliers. - Travailler à l’élaboration de règles au niveau de l’UEMOA régissant la coopération entre la Commission de l’UEMOA et la Commission de la Court terme Faible concurrence de la Côte d’Ivoire. Améliorer le cadre réglementaire et institutionnel (National) - Encourager la Commission de la concurrence à réaliser des études de marché et à améliorer la communication et la collaboration avec les Court terme Faible régulateurs sectoriels et les autres institutions gouvernementales pour traiter les questions de concurrence. - Publier en ligne les rapports annuels et trimestriels de la Commission de la concurrence de Côte d’Ivoire sur l’application de la loi sur la Court terme Faible concurrence. Télécommunications mobiles - Améliorer le fonctionnement des marchés de gros et de détail en réduisant et en fixant des tarifs asymétriques de terminaison d’appel Court terme Moyen mobile conformément à la méthodologie LRIC. Fret routier - Ouvrir les marchés à la concurrence internationale en renégociant les accords bilatéraux de partage du fret et les restrictions en matière de Moyen terme Faible backhauling/cabotage avec les pays voisins. La diversification des exportations comme moteur de la transformation structurelle Accroître les avantages de l’intégration régionale et des tarifs préférentiels - Mettre à jour la structure organisationnelle de l’APEXI-CI et sa capacité financière pour mener des activités de promotion des exportations et Court terme Faible à moyen soutenir les exportateurs. - Rationaliser les procédures aux frontières en mettant en œuvre des normes régionales adéquates pour les produits, y compris avec un accord de reconnaissance mutuelle sur la conformité des produits et les Moyen terme Faible exigences techniques, en particulier dans les secteurs de l’agriculture, des cosmétiques et des produits de toilette. - Évaluer les dispositions institutionnelles actuelles et réattribuer les Moyen terme Très faible responsabilités en matière de politique commerciale extérieure. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 13 Améliorer l’efficacité logistique pour soutenir une diversification accrue des produits et des marchés de destination - Réaliser des études sectorielles spécifiques pour évaluer les besoins logistiques de chaque industrie, notamment dans le secteur de Court terme Faible l’agroalimentaire et de l’industrie légère. - Réévaluer les droits de douane sur les importations et éliminer Moyen terme Faible progressivement les droits à l’exportation tels que le droit de sortie unique et supprimer les frais d’enregistrement des exportateurs. Améliorer la productivité agricole pour une croissance inclusive - Capital, travail et intrants - Accélérer la mise en œuvre de la loi sur les terres rurales afin de garantir Court terme Faible la sécurité de la propriété foncière. Technologie et connaissances - Adopter une politique d’innovation agricole. Court terme Faible Cadres et institutions - Mettre en œuvre l’Acte uniforme sur les sociétés coopératives (AUS- Court terme Faible COOP), en particulier les modifications qu’il introduit dans l’ancien droit national régissant les Sociétés Coopératives (SCOOP). - Fournir un soutien technique aux institutions de microcrédit pour les ac- Court terme Faible à moyen tivités agricoles des femmes. Marchés et intégration - Soutenir le développement des villes secondaires avec des initiatives Moyen terme Haut telles que les Infrastructures Ivoiriennes pour le Développement Urbain et la Compétitivité des Villes Secondaires. 14 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Maintenir une croissance, élevée et la rendre plus inclusive La croissance par habitant a été impressionnante de- ...la croissance récente a contribué à réduire la pauvre- puis 2012... té, bien qu’il faille faire davantage pour la rendre plus inclusive 60 50 60 40 50 30 40 20 35 30 30 60 25 10 20 60 50 20 15 0 10 50 40 10 National Abidjan Autre 5urbain Rural 40 2015 2018 0 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 30 0 .... la60 productivité s’est améliorée, mais reste inférieureNational ...une croissance 30 Abidjan Pays en développement hors ASS Autre Afrique soutenue urbain subsaharienne (SSA) de la productivité nécessi- Rural 2015 2018 20 à celle 50 des économies en développement hors ASS terait 40 un renforcement d'Ivoire 2015 CÃ'te2018 de la concurrence sur le marché 20 40 10 La domination du marché est perçue comme étant élevée3 30 30 10 20 40 0 10 20 National Abidjan 0 Autre urbain Rural 30 2015 2018 0 National Abidjan Autre urbain Rural National Abidjan Autre urbain Rural 10 2015 2018 20 40 0 10 40 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 30 Pays en développement0 hors ASS 30 20 Afrique subsaharienne (SSA) 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 CÃ'te d'Ivoire 20 10 Pays en développement hors ASS Afrique subsaharienne (SSA) 10 CÃ'te d'Ivoire 0 La concentration des exportations de produits de 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 19701991 19731994 19761997 19792000 19822003 19852006 19882009 19912012 19942015 Valeur ajoutée par hectare de terres agricoles 0 base est élevée 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 Pays en développement hors ASS Afrique subsaharienne (SSA) 0,50des exportations de produits de La concentration .... une croissance Valeur 800,0 ajoutée plus par CÃ'te inclusive hectare d'Ivoire de CÃ'te nécessite terres Pays d'Ivoire agricoles une en développement pro- hors Afrique deASS l'Ouest base est élevée Afrique subsaharienne (SSA) ... la diversification 0,40 des exportations est essentielle à la ductivité agricole plus élevée, Ghanace qui reste encore infé- Éthiopie CÃ'te d'Ivoire 0,50 0,30 transformation structurelle 800,0 rieure à celle Kenyades pairs 600,0 CÃ'te d'Ivoire La concentration des exportations de produits de Afrique de l'Ouest 0,40 Valeur Valeur ajoutéepar ajoutée Ghana par hectare hectare de deterres agricoles terres Éthiopie agricoles 0,20 base est élevée La concentration des exportations de produits de base est Kenya 0,30 La concentration des exportations de produits de 600,0 Valeur ajoutée par hectare de terres agricoles 0,10 0,50 élevée base est élevée 800,0 400,0 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 0,20 0,40 0,50 0,00 Ghana Éthiopie 800,0 CÃ'te d'Ivoire 0,10 Afrique de l'Ouest 0,30 400,0 Kenya 0,40 600,0 200,0 Ghana Éthiopie Kenya 0,00 0,20 0,30 600,0 200,0 0,10 0,20 400,0 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 20130,00 2015 2017 0,10 400,0 0,0 200,0 0,00 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 200,0 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 3 Source : Indice de compétitivité globale et calculs des auteurs. Note : dans chaque graphique, la ligne pleine est un ajustement linéaire des données et la zone ombrée représente l’intervalle de confiance à 95%. Question posée : Dans votre pays, comment caractérisez-vous l’activité des entreprises ? 1 = dominée par quelques groupes d’entreprises ; 7 = répartie entre de nombreuses entreprises. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 15 Chapitre 1 Au-delà du miracle : maintenir la dynamique de croissance élevée et la rendre plus inclusive Préparé par Fiseha Haile, Nathalie Picarelli, et Amina Coulibaly avec des contributions de Maya Eden. 1. Au cours de la dernière décennie, la Côte d’Ivoire principales limites - aidera à définir la stratégie de a connu une croissance impressionnante, à croissance pour les années avenir. La crise de la tel point qu’elle a été surnommée «le deuxième COVID-19 a renforcé la nécessité de se concentrer miracle ivoirien». Alors que le pays aspire à sur des réformes structurelles qui répondent aux obtenir le statut de marché émergent d’ici à 2030 défis à long terme et garantissent que la reprise (FMI 2016a), comprendre les moteurs de la forte économique est durable, inclusive et dirigée par le croissance de ces dernières années - ainsi que les secteur privé. 1.1. Les principales caractéristiques de l’accélération de la croissance La forte croissance enregistrée politique prolongée qui a fait payer un lourd tribut à l’économie. Deuxièmement, l’économie est devenue depuis 2012 a permis à la Côte plus résistante aux chocs extérieurs (notamment la d’Ivoire de rattraper son retard par volatilité des prix des matières premières), grâce à rapport aux autres pays des programmes d’investissement public ambitieux et à une augmentation des investissements privés. Par exemple, la Côte d’Ivoire a réussi à résister à 2. La croissance économique a été la forte chute des prix du cacao en 2017. Au cours impressionnante en termes de rapidité et des décennies, l’économie a été très exposée aux de stabilité depuis 2012. La croissance réelle fluctuations massives des prix du cacao, ce qui, du produit intérieur brut (PIB) s’est élevée en combiné à la faiblesse des investissements en moyenne à 8,2 % (5,7 % par habitant) sur la période capital physique, explique en partie la plus grande 2012-2019, contre moins de 0,5 % en 2000-2011 volatilité de la croissance. Troisièmement, les (figure 1.1). Ce chiffre dépasse largement les taux sources de croissance dans cette période d’après- de croissance du pays au cours des décennies crise ont commencé à montrer certains signes précédentes, lorsque l’économie connaissait des de diversification. L’analyse de la comptabilité cycles d’expansion et de ralentissement massifs. de la croissance montre que les augmentations La croissance était remarquablement élevée de l’accumulation du capital et de la productivité dans les années 1960 et 1970 - souvent appelée totale des facteurs (PTF) représentent la majeure «miracle ivoirien» - avec une moyenne d’environ partie de la croissance économique. Ce rapport 8 %. Cependant, la Côte d’Ivoire a connu un se concentre principalement sur la période post- retournement de situation, déclenché par la chute 2012, tout en établissant des comparaisons avec la brutale des prix du cacao dans les années 1980 et période 2000-2011 lorsque cela s’avère nécessaire. exacerbé par la crise politique des années 2000 4. Malgré la récente accélération de la croissance, et du début des années 2010. En conséquence, la Côte d’Ivoire n’a pas encore récupéré la croissance est restée faible entre 1980 et 2011 – le terrain perdu au cours des décennies appelées les «décennies perdues» -, la croissance précédentes. La figure 1.2 montre la forte hausse par habitant étant tombée en moyenne en du PIB par habitant depuis 2012, en la comparant territoire négatif. En fait, le pays n’a pas enregistré à ses performances antérieures et à celles de ses de croissance positive par habitant pendant plus pairs. Le PIB par habitant a augmenté de manière de quatre années consécutives jusqu’à la fin de significative, passant de 1 790 dollars US en 2000 la crise en 2011. Depuis son décollage en 2012, à 2 290 dollars US en 2018, mais il ne représente l’économie a connu la plus longue période de forte que les deux tiers du niveau de 1978. Le PIB par croissance soutenue de ces dernières décennies, habitant de la Côte d’Ivoire était près de quatre fois dépassant la moyenne régionale et celle de supérieur à la moyenne des pays à revenu moyen l’Afrique subsaharienne (ASS). inférieur (PRFM) dans les années 70, alors qu’il est 3. La stabilité politique et les nouvelles presque équivalent à cette moyenne aujourd’hui. sources de croissance ont soutenu les taux La Côte d’Ivoire étant l’un des pays d’Afrique de croissance élevés et constants de ces subsaharienne dont la croissance est la plus rapide dernières années. Tout d’abord, contrairement (figure 1.3), elle a dépassé la moyenne de l’Afrique aux décennies précédentes, il existe une stabilité subsaharienne en 2019, comblant ainsi l’écart qui politique relative depuis 2012. L’accélération de la s’était creusé pendant la crise politique. croissance reflète en partie la reprise après la crise Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 17 Figure 1.1: La croissance du PIB réel a été supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne depuis 12 12 7 7 Pourcentage Pourcentage 2 2 -3 -3 -8 SSA Côte d'Ivoire -8 SSA Côte d'Ivoire Source : Ministère de l’économie et des finances et Banque mondiale Figure 1.2: Le revenu par habitant commence à rattraper le retard accusé au cours des décennies précédentes 3500 3500 3000 3000 2500 2500 2000 2000 1500 1500 1000 1000 500 500 00 d'Ivoire Côte d'Ivoire Côte Revenumoyen Revenu moyeninférieur inférieur Faibles Faiblesrevenus revenus Source : Indicateurs du développement mondial. 5. Tout au long de ce rapport, la Côte d’Ivoire Les pairs structurels sont définis comme des sera comparée à d’autres pays afin de mieux pays ayant des caractéristiques économiques et comprendre les domaines dans lesquels les structurelles similaires, et pour la Côte d’Ivoire, il réformes pourraient contribuer à promouvoir s’agit de l’Éthiopie, du Ghana et du Sénégal. Les une croissance durable et partagée. Ce pairs aspirationnels sont ceux qui ont créé un mémorandum économique national (CEM) utilise bon précédent en matière de développement et un ensemble de pairs régionaux, structurels des politiques desquelles la Côte d’Ivoire s’inspire et aspirationnels (annexe 1.2)4. Les données souvent. Le Kenya, le Maroc, le Sri Lanka et le considérées pour les pairs régionaux comprennent Vietnam appartiennent à ce groupe. Au cours les moyennes des pays d’Afrique subsaharienne des dernières décennies, ces pays ont connu une et des pays à faible et moyen revenu, ainsi que croissance plus rapide que la Côte d’Ivoire, malgré les pays de l’Union économique et monétaire des conditions structurelles initiales généralement ouest-africaine (UEMOA) ou de la Communauté similaires. économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), selon les besoins.5 Ce rapport a utilisé une approche basée sur les données pour identifier les pairs structurels et les pairs potentiels. 4 Les pairs structurels et aspirationnels ont été définis à l’aide des critères suivants : niveau de revenu, PIB nominal par habitant, population en 2017, indice du capital humain (ICH) et score de l’évaluation des politiques et des institutions nationales (EPIN). 5 Les pays de l’UEMOA comprennent le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, tandis que les pays de la CEDEAO comprennent les pays de l’UEMOA et le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. 18 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Figure 1.3: La croissance récente de la Côte d’Ivoire la place parmi les étoiles montantes de l’Afrique subsaharienne 10 ETH 9 CIV 8 Meilleurs RWA performance Croissance du PIB, 2012-2018 7 GIN Les "stars" en COD NER TZA 6 montée SEN TGO KEN GHA BFA MOZ BEN 5 SLE CMR ZMB UGA SYC MLI BWA 4 STP OMD GMB MRT MWI MUS GNB NAM GAB 3 LBR NGA COM SWZ SDN CPV TCD LSO 2 AGO BDI ZAF COG 1 Performances faibles Retrogradations 0 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Croissance du PIB, 2000-2011 Source : Indicateurs du développement mondial. 10 7,0 5 Les secteurs manufacturier et des marginale à la croissance, il a considérablement augmenté ces dernières années. L’investissement services, ainsi 0 que l’amélioration 2,0 total est passé de 18 % du PIB en 2012 à 22 % en des facteurs structurels, 2000-2018 été les ont 2012-2018 2000-2011 2018. 2000-2018 Cette évolution 2000-2011 reflète principalement un 2012-2018 moteurs de-5 la croissance récente Services -3,0 rebondissement important des investissements Exportations publics,nettes qui aInvestissement contribué à réduire les déficits Industrie Consommation privée Consommation publique d’infrastructure, Taux de croissance du PIB y compris dans le secteur de 6. La croissance en 2012-2018 a été poussée l’énergie, et à stimuler la demande globale. Les par une expansion rapide des services et de investissements publics ont augmenté, passant l’industrie. La figure 1.4 ventile la production et la d’une moyenne de 2,8 % du PIB en 2000-2011 à croissance en leurs principales composantes du 6,7 % en 2012-2018. Cette tendance est différente côté de l’offre et de la demande. Du côté de l’offre, des périodes précédentes, où les investissements la croissance du PIB a été soutenue par une forte publics ont été plus volatile. L’augmentation des croissance de la production agricole, reflétant des dépenses publiques a également contribué à conditions météorologiques favorables, des prix stimuler la demande intérieure. En revanche, les élevés et un environnement commercial amélioré. exportations nettes ont contribué négativement à La production agricole a augmenté de 50 % entre la croissance, en partie en raison des termes de 2012 et 2019, ce qui est beaucoup plus rapide que l’échange et des chocs climatiques. la moyenne de l’Afrique subsaharienne, qui est de 8. Une analyse plus approfondie montre que la 22 %. Toutefois, depuis 2012, la croissance est de croissance a été principalement alimentée plus en plus tirée par les services et l’industrie. par l’amélioration de facteurs structurels. Les services ont représenté environ 4,1 points de Les figures 1.6 et 1.7 montrent les déterminants pourcentage (p.p.) de la croissance de 8,6 % en 2012- de la croissance sur la période 2012-2018. 2019, contre 1,9 p.p. pour l’agriculture. L’expansion L’analyse tente d’expliquer la croissance à des services financiers et des télécommunications, l’aide de trois facteurs : les caractéristiques ainsi que des transports et du commerce de détail, structurelles (infrastructure, croissance du crédit a soutenu la croissance des services. L’industrie a ou approfondissement financier, commerce, été le deuxième plus grand contributeur, expliquant éducation, taille du gouvernement, institutions), les 2,6 p.p. de croissance, et reflétant en grande partie facteurs de stabilisation (inflation, taux de change) un boom de la construction. Le secteur de la et les conditions extérieures (termes de l’échange, construction a bénéficié d’investissements publics prix des matières premières à l’exportation). et privés dans les infrastructures. La croissance récente a été alimentée par des 7. L’investissement et la consommation privée facteurs internes plutôt qu’externes. Les facteurs ont été les principaux contributeurs du côté de structurels expliquent la moitié de la croissance par la demande (figure 1.5). Bien qu’historiquement habitant au cours de cette période. Cela reflète les l’investissement n’ait apporté qu’une contribution progrès substantiels réalisés par la Côte d’Ivoire en Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 19 Les "stars" en COD NER TZA Croissance du PIB, 2012 6 montée SEN TGO KEN GHA BFA BEN 5 SLE CMR ZMB MLI BWA 4 SYC STP OMD GMB MRT MWI MUS GNB NAM GAB 3 LBR NGA COM SWZ SDN T LSO 2 AGO BDI ZAF COG 1 Performances faibles 0 -1 0 1 2 3 4 5 6 matière de développement des infrastructures et Figure 1.4: Les services ont le plus contribué Croissance à du PIB, 2000-2011 d’approfondissement financier, qui ont été en partie la croissance du côté de l’offre facilités par la modération de la consommation publique. L’augmentation des investissements dans les infrastructures, soutenue par une politique 10 budgétaire expansionniste, 10 a entraîné une augmentation significative de l’accès à l’électricité 7,0 ETH 9 et une plus grande disponibilité CIV des routes, 5 entre autres avantages.8 6 Les investissements Meilleurs RWA performance Croissance du PIB, 2012-2018 dans les infrastructures 7 ont été soutenus par GIN 2,0 Les "stars" en des programmes deCOD partenariat public-privé NER 0 TZA 6 montée (PPP) dans les secteurs routier, ferroviaire et TGO SEN KEN 2000-2018GHA BFA 2000-2011 2012-2018 MOZ 5 du développement des BEN 2000-2018 énergétique. L’impact CMRSLE UGA ZMB MLIBWA -3,0 infrastructures a été élevé, 4 à la fois parce que les SYC STP OMD GMB MRT-5 MWI MUS Exportations nettes GNB NAM Services rendements économiques 3 étaient élevés et parce GAB NGA Industrie Consommation privée LBR COM SWZ SDN Taux de croissance du que l’expansion physique était substantielle (voir TCD CPV LSO 2 AGO section 1.2). L’augmentation de l’épargne BDI intérieure, ZAF COG Source : Estimations du ministère de l’économie et des finances et du personnel de la Banque mondiale. qui est passée de 13 1 à 17 % du PIB au cours Performances de faibles Retrogradations la période, a également0 contribué à soutenir l’investissement.-1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Figure 1.5: Du côté de la demande, la Croissance du PIB, 2000-2011 9. En outre, des politiques macroéconomiques consommation privée explique l’essentiel de saines ont soutenu la croissance. La Côte la croissance d’Ivoire a obtenu de meilleurs résultats dans ce domaine que la 10plupart de ses pairs hors UEMOA. L’inflation est restée faible à 0,8 % sur la période 2012-2019, le taux de change effectif réel est 7,0 conforme aux fondamentaux 5 et le solde extérieur est plus ou moins stable (FMI 2019). Comme indiqué ci-dessus, la croissance récente a été en 2,0 grande partie un 0 phénomène structurel ; toutefois, des facteurs cycliques ont également 2000-2018 contribué 2000-2011 à 2012-2018 2000-2018 2000-2011 2012-2018 l’accélération de la croissance. La croissance a été -3,0 soutenue par une politique monétaire procyclique. -5 Exportations nettes Investissement La politique monétaire a étéServices relativement souple, Consommation privée Consommation publique Industrie comme dans les autres pays de l’UEMOA, Taux de croissance du PIB comme le montre l’augmentation de la croissance monétaire réelle, qui est passée d’une moyenne Source : Estimations du ministère de l’économie et des finances et du personnel de la Banque mondiale. de 8,9 % en 2005-2010 à 12,5 % en 2011-2016. Le taux d’intérêt de référence de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a baissé régulièrement, passant de 3,8 % en 2008 à 2,5 % avec celles des économies à croissance en 2017. Une composante cyclique importante est historiquement rapide, elle diverge à certains liée à la croissance rapide du crédit au secteur égards, tant en termes de conception que privé, en partie due au relâchement monétaire. La de résultats. La Commission sur la croissance politique monétaire expansionniste a contribué à et le développement a étudié les expériences une forte augmentation de la croissance du crédit, de 13 économies qui ont connu une croissance qui est passée de 15 % du PIB en 2000-2010 à 23 % supérieure à 7 % pendant 25 ans ou plus7. Le tableau en 2011-2018 et a aidé à soutenir la croissance des 1.1 de l’annexe 1.1 compare les caractéristiques investissements privés. communes de ces économies et de la Côte d’Ivoire. Parmi les cinq grandes caractéristiques 10. Bien que la stratégie de croissance de la considérées, la Côte d’Ivoire partage, dans une Côte d’Ivoire axée sur l’investissement public certaine mesure, l’exploitation de l’économie partage des caractéristiques communes mondiale. Elle est également similaire en termes 6 Le secteur de l’énergie a connu d’importants investissements pour soutenir l’augmentation de la production, notamment le barrage hydroélectrique de Soubré et la modernisation de deux centrales thermiques, Azito et Ciprel (Banque mondiale 2020a). Au cours des cinq dernières années, le gouvernement et le secteur privé ont investi plus de 2 milliards de dollars US pour moderniser/réhabiliter les infrastructures de transport, après plus d’une décennie de sous-investissement causé par la crise politique prolongée. 7 Les 13 économies qui ont connu une croissance élevée et soutenue dans l’après-guerre sont le Botswana, le Brésil, la Chine, Hong Kong (Chine), l’Indonésie, le Japon, la République de Corée, la Malaisie, Malte, Oman, Singapour, Taïwan (Chine) et la Thaïlande (Commission sur la croissance et le développement 2008). 20 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique de garantie de la stabilité macroéconomique et de Figure 1.6: Les facteurs structurels ont leadership du gouvernement dans le processus largement tiré la croissance au cours de la de développement. En revanche, elle a fait des période 2011-2018 progrès limités pour ce qui est de mobiliser des taux élevés d’épargne et d’investissement et de 5,5 2,5 laisser les marchés allouer les ressources de Croissance annualisée du PIB par habitant (en 2,0 Croissance annualisée du PIB par habitant (en manière efficiente. La concurrence limitée dans des secteurs clés, notamment les transports et 3,5 1,5 les télécommunications, continue de créer des 1,0 conditions de concurrence inégales et d’entraver 1,5 la croissance du secteur privé.8 Le développement 0,5 %) %) régional est inégal, l’impact de la croissance étant 0,0 ressenti de manière inégale par la population. -0,5 L’environnement concurrentiel présente également -0,5 un certain nombre de politiques que la Commission -1,0 considère comme sous-optimales, telles que la Résiduel (croissance inexpliquée) Scolaris protection illimitée de certains secteurs contre la Persistance Crédit/P Externe Comme concurrence. 11. La COVID-19 a provoqué un ralentissement Source : Ministère de l’économie et des finances et Banque mondiale. économique important. La crise sanitaire et économique affecte le pays par des canaux tant intérieurs qu’extérieurs (encadré 1.1). Sur le plan Figure 1.7: L’investissement dans les intérieur, des mesures strictes de distanciation infrastructures a été un moteur essentiel de la sociale ont provoqué un fort ralentissement croissance (2011-2018) de l’activité économique, en particulier dans les secteurs de l’hôtellerie, de la construction, des transports5,5 et du commerce de détail, qui 2,5 Croissance annualisée du PIB par habitant (en représentent près de la moitié du PIB et de 2,0 Croissance annualisée du PIB par habitant (en l’emploi. Le secteur informel représente plus de 3,5 1,5 80 % de l’emploi (Christiaensen et Premand 2017), ce qui accentue la vulnérabilité des entreprises 1,0 et des travailleurs. 1,5 Sur le front extérieur, la crise 0,5 %) mondiale a réduit la demande extérieure pour les %) exportations ivoiriennes. En outre, la baisse des 0,0 -0,5 prix internationaux des matières premières nuit -0,5 aux exportations. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales ont également -1,0 retardé les flux entrants Résiduel (croissance inexpliquée) d’investissements directs Scolarisation Persistance Crédit/PIB étrangers (IDE). Bien que ces perturbations aient Externe Commerce/PIB également eu un effet négatif sur les envois de fonds, ceux-ci représentaient moins de 1 % du Source : Ministère de l’économie et des finances et Banque mondiale PIB en 2019. Les effets de la crise pourraient être durables, ce qui renforce la nécessité de réformes structurelles (voir section 1.3). 8 La Côte d’Ivoire se classe parmi les huit premiers pays africains qui sont perçus comme étant très concentrés (Banque mondiale 2020a). Si l’on considère unique- ment les monopoles et les duopoles, elle se classe parmi les quatre premiers pays les plus concentrés. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 21 1.2. Pourquoi le modèle actuel doit être repensé Les défis actuels exigent un modèle plus concentré, les 20 premières entreprises représentant près de 95% du chiffre d’affaires. Une de croissance plus profond, mené seule entreprise, la Société Ivoirienne de Raffinage, par le secteur privé, à moyen terme représente près de 54% du chiffre d’affaires du secteur. La valeur ajoutée est dominée par les grandes entreprises dans pratiquement tous les 12. Le secteur privé reste petit et dominé par secteurs. De même, l’IDE reste faible, avec une quelques entreprises formelles, tandis que moyenne de 2 % du PIB sur la période 2015-2018, la grande majorité des entreprises sont des ce qui est bien inférieur à ce que l’on observe petites ou des micro-entreprises. Dans le dans les pairs structurels et d’aspirationnels9. secteur de l’agroalimentaire, les 20 premières L’IDE reste concentrée dans les secteurs des entreprises représentent 98% du chiffre d’affaires télécommunications, de l’agroalimentaire et de du secteur (Banque mondiale 2020a). Le secteur l’extraction. manufacturier non agroalimentaire est encore Encadré 1.1: L'impact de la COVID-19 en Côte d'Ivoire La pandémie de la COVID-19 a déclenché la plus grave récession mondiale depuis des décennies. Apparue pour la première fois en Chine en décembre 2019, la maladie à coronavirus (COVID-19) est rapidement devenue une pandémie mondiale au début de l’année 2020. Les conséquences économiques résultant de la crise sanitaire et des mesures de confinement et d'atténuation nécessaires pour limiter la propagation du virus, ont provoqué la plus grave récession économique depuis la Grande Dépression. Bien que l'issue finale soit encore incertaine, la crise a entraîné des contractions dans la grande majorité des marché émergents et des économies en développement (EMDE). Le PIB mondial devrait se contracter de 3,3 % en 2020, malgré un soutien politique sans précédent. L'Afrique subsaharienne a connu une contraction de 1,9 % en 2020, soit la plus forte contraction jamais enregistrée. Dans la plupart des EMDE, les revenus par habitant devraient diminuer. La crise devrait causer des dommages durables à la productivité du travail et à la production potentielle. La Côte d'Ivoire était prête pour une nouvelle année de forte croissance économique en 2020, jusqu'à ce que l'impact de la COVID-19 s'installe. Son effet sur la croissance se fait sentir à la fois par des mécanismes externes et internes. Sur le plan extérieur, les principaux partenaires commerciaux de la Côte d'Ivoire ont réduit leurs importations, tandis que l'impact sur le plan intérieur est lié à l'effet des mesures de confinement (telles que la fermeture de restaurants et de magasins et la limitation de la capacité des transports publics) sur la demande intérieure et les décisions relatives à l'offre. La croissance du PIB réel devrait diminuer fortement, passant de près de 7 % en 2019 à environ 1,8 % en 2020. Deux enquêtes réalisées en avril 2020(i) indiquent que la plupart des entreprises et des ménages ont été touchés au cours du premier semestre. Les entreprises ont été confrontées à la perturbation des chaînes de valeur et à des fermetures temporaires. Parmi les entreprises interrogées, 38 % avaient fermé temporairement. À Abidjan, 60 % des entreprises ont été fermées en raison de mesures de confinements plus stricts. En conséquence, pratiquement toutes les entreprises ont vu leurs ventes diminuer fortement, avec une baisse moyenne de près de 70 % par rapport au mois précédent. Les services financiers, le tourisme et l'hôtellerie ont été les secteurs les plus touchés. La crise a également limité la disponibilité des intrants. Dans l'ensemble, 42 % des entreprises ont été confrontées à une disponibilité réduite ou limitée des intrants ou des services intermédiaires nécessaires à leurs activités. Environ un tiers des entreprises ont également été touchées par des contraintes sur le transport et la logistique plus généralement. Néanmoins, 88 % d'entre elles s'attendaient à ce que le choc soit temporaire et ne provoque pas de perturbations majeures à moyen terme. La prévalence du secteur informel, les filets de sécurité sociale limités et la diminution des envois de fonds ont réduit les revenus des ménages. En avril 2020, 71 % des ménages interrogés ont déclaré avoir subi une baisse de leurs revenus. De nombreux ménages étaient très préoccupés par la manière dont ils allaient faire face à leurs dépenses de base habituelles, 62 % des ménages étant incertains quant à la manière de payer leur prochaine facture de services publics et 74 % des ménages étant préoccupés par les dépenses alimentaires. 9 World Development Indicators. 22 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Si le choc devait être temporaire, ses effets pourraient être durables, ce qui renforcerait la nécessité de réformes structurelles. La crise sanitaire se dissipant progressivement, à condition que l'épidémie nationale reste sous contrôle, la Côte d'Ivoire devrait retrouver sa trajectoire initiale de forte croissance en 2021. Toutefois, certains des effets pourraient prendre plus de temps à s'inverser. Par exemple, la pandémie pourrait avoir un impact important sur le développement du capital humain en raison des pertes en vies humaines, de l'interruption de la fourniture de services publics et de l'impact sur les revenus des ménages qui pourrait conduire à des mécanismes d'adaptation sous-optimaux (vente d'actifs, abandon de l'éducation des filles). Voir la section 1.3 pour les implications pour le futur programme de croissance. Source : Banque mondiale (2020b, 2020c). ________________________________________ (i) L'enquête COVID-19 sur le pouls des entreprises (COVBPS) a été mise au point très récemment par la pratique Finance-Compétitivité et Innovation de la Banque mondiale. La COVBPS fournit une enquête rapide pour comprendre l'impact de l'épidémie sur les entreprises. Elle est conçue pour être menée par téléphone ou en ligne et permet de s'adapter aux contextes locaux. Elle a permis d'enquêter sur 604 établissements selon une stratification par taille, localisation et secteur. L'enquête s'est déroulée entre le 14 et le 29 avril 2020. L'enquête COVID-19 sur les ménages couvre un échantillon de 800 ménages à travers le pays et s'appuie sur la dernière enquête sur les ménages menée en 2018 (Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages, EHCVM). Les entretiens téléphoniques ont été menés du 11 au 17 avril, alors que les mesures de confinement du gouvernement étaient en vigueur depuis trois à quatre semaines. La majorité des ménages interrogés se trouvent à Abidjan (88,3 %), le reste se trouvant dans les zones rurales et les villes secondaires sur l'ensemble du territoire (11,7 %). 13. Le secteur privé semble préoccupé par l’accès 14. L’accès au crédit est limité en raison de au crédit. La Banque mondiale (2020a) a identifié contraintes qui empêchent un plus grand quatre principaux obstacles à la croissance du développement du secteur financier10. La secteur privé : l’accès au financement, le transport Banque mondiale (2020a) constate que cinq et la logistique, la connectivité numérique et les facteurs principaux limitent le développement compétences. Le crédit intérieur au secteur privé du secteur financier et entravent l’accès au est passé de 18,5 % du PIB en 2012 à 26 % en 2018, crédit : (i) la faible mobilisation des dépôts ; (ii) mais reste bien en deçà des moyennes de l’Afrique la faible inclusion financière ; (iii) la faiblesse des subsaharienne (51 %) et des pays à faible revenu infrastructures d’information sur le crédit ; (iv) et à revenu intermédiaire (45 %). Il est également le manque de développement des marchés des inférieur à celui de tous ses pairs, à l’exception capitaux, qui entraîne une pénurie de financement du Ghana. L’accès au financement reste un défi en monnaie locale ; et (v) la disponibilité limitée majeur pour les entreprises, en particulier les plus des services financiers numériques. Nombre de petites, une grande partie d’entre elles considérant ces facteurs sont liés. Par exemple, l’incapacité l’accès au financement comme une contrainte des banques privées à mobiliser les dépôts est majeure, selon le rapport Doing Business 2020 de principalement liée au coût élevé des services la Banque mondiale (Banque mondiale 2020d). financiers, au manque de documentation et au Près de 70 % des entreprises identifient l’accès manque de confiance du public dans les institutions au financement comme une contrainte majeure, financières. La faible inclusion financière exacerbe un pourcentage bien plus élevé que celui de leurs le problème, tandis que la concentration du crédit pairs régionaux, selon l’enquête d’opinion du Forum est aggravée par le manque d’infrastructures de économique mondial basée sur la perception des crédit, les services financiers numériques limités et entreprises. Les prêts à quelques gros clients le faible développement des marchés de capitaux. constituent la majeure partie des prêts bancaires : cinq emprunteurs seulement représentent un tiers 15. L’investissement brut a considérablement de l’ensemble des crédits des banques (Banque augmenté ces dernières années, mais il mondiale 2020a). L’inclusion financière est faible, reste inférieur aux moyennes de l’Afrique puisque seulement 15 % des adultes ont un compte subsaharienne et des économies à revenu dans une institution financière formelle, un domaine intermédiaire de la tranche inférieure. où la Côte d’Ivoire est surpassée par tous ses pairs L’investissement, tant par des entités privées que structurels. La proportion d’entreprises utilisant les publiques, est un moteur essentiel de la croissance. banques pour financer leurs investissements est Il est rare de soutenir une croissance rapide sans également faible (24 %). des taux d’investissement impressionnants. Le taux d’investissement total est passé de 10 % du PIB en 2000-2011 à 18 % en 2012-2018 10 En outre, l’activité du marché des capitaux est limitée, car le marché des titres à revenu fixe est dominé par les obligations d’État et le marché régional des actions est étroit et peu liquide. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 23 (figure 1.8). Cela reflète une augmentation des de l’économie (Barhoumi et al. 2018). En Côte investissements publics d’environ 3,9 points et des d’Ivoire, l’investissement public est légèrement investissements privés de 4,2 points au cours de supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, la même période. L’investissement brut de la Cote mais l’investissement privé est bien inférieur. Le taux d’Ivoire reste légèrement inférieur à celui de ses d’investissement privé du pays s’élève en moyenne pairs structurels: l’Éthiopie (38 %), le Ghana (23 à 12 % du PIB en 2015-2018, ce qui est inférieur à %) et le Sénégal (24 %). Il est également inférieur ses pairs structurels : l’Éthiopie (23 %), le Ghana au seuil suggéré par les expériences des cas de (15 %) et le Sénégal (17 %). Ce taux est également forte croissance identifiés par la Commission sur inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, la croissance et le développement : «Des taux qui est de 16 % (figure 1.8). Si le niveau des d’investissement totaux de 25 % du PIB ou plus investissements est important, l’efficience des sont nécessaires pour une croissance forte et investissements publics et privés l’est tout autant. durable». (Commission sur la croissance et le La comparaison des rendements marginaux des développement 2008). Ces économies à forte investissements publics et privés peut donner croissance ont également investi 7 à 8 % du PIB une idée de leur efficience. De nombreux facteurs dans l’éducation et la santé, contre 6 % en Côte peuvent expliquer ces différences, y compris la d’Ivoire. qualité des institutions, les pratiques de gestion et la qualité du secteur bancaire. Confrontée à 16. La Côte d’Ivoire se distingue des pays d’Afrique une contrainte de financement, la Côte d’Ivoire subsaharienne par son taux d’investissement doit faire des choix critiques concernant la privé relativement faible. Au fil du temps, dans nature du financement de ses investissements.11 les économies développées, l’investissement Il sera essentiel de comprendre l’efficience des privé joue un rôle plus important et contribue à la investissements publics et privés pour motiver ces production potentielle et à la création d’emplois en choix. augmentant directement la capacité de production La Côte d’Ivoire et les pairs de l’ASS : Tendances en matière d’investissement Figure 1.8: L'investissement public a été supérieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne, mais l'investisse- ment privé a été inférieur à celle de la région (2018) 30 NER 25 TZA Investissements privés (% DU PIB) BWA UGA Soudan ETH AGO COD 20 NAM BEN MOZ 15 MUS LBRCIV BFATGO COG OMDTogo MLI SEN 10 RWA BDI GMB GNQ ZWE MWI SWZ 5 GNB 0 0 5 10 15 20 Investissements publics (% du PIB) Source : Indicateurs du développement mondial. 3,5 15 3,0 Investissement public (% du 2,5 PIB) 2,0 10 1,5 1,0 0,5 0,0 5 Angola Ghana Côte d'Ivoire Gabon Rwanda Comores Soudan Maurice Guinée-Bissau Guinée Sierra Leone Namibie Congo, RD Togo Botswana Zambie Tanzanie Mozambique Malawi Burkina Faso Guinée équatoriale Mauritanie 0 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 25 25 20 20 Privé 15 15 Pourcentage 11 Par exemple, le secteur10privé a eu un accès limité au crédit intérieur ces dernières années, en partie parce que les investissements dans les obligations d’État étaient plus rentables pour les banques commerciales que les prêts au secteur privé (Banque mondiale10 2020a). 5 5 0 0 STP Togo Eswatini Angola Gabon Cameroun CAR Bénin Mauritanie Guinée Mozambique Nigeria Kenya Burkina Faso Sierra Leone CÃ'te d'Ivoire Rwanda Maurice Sénégal Niger Namibie Botswana Cap-Vert Djibouti Lesotho Afrique du Sud Soudan 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 24 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 30 30 NER NER 3025 25 TZA TZA Investissements privés (% DU PIB) (% DU PIB) privés (% DU PIB) BWA BWA UGA UGASoudan NER ETH ETH AGO Soudan 2520 20 COD AGOCOD TZA Investissements privés (% DU PIB) NAM NAM BWABEN BEN UGA Soudan ETH 30 AGO COD MOZ MOZ 2015 15 MUS MUS LBRCIVLBR BFATGO TGO COG NAM Togo BEN CIV BFA COG OMD OMD Togo NER Investissements 25 MLI MLITZA SEN SEN 1510 10 BWA MOZ RWA RWA MUS BDI UGA GMB GNQ GMB GNQ ZWE BDI MWI LBR ZWE MWI CIV Soudan BFATGO COG ETH OMD Togo AGOCOD 5 20 SWZ SWZ 5 MLI BEN SEN 10 NAM RWA GNB GNQ GMB Investissements privés BDI GNB MOZ Figure 1.10: Les investissements publics et privés 0 Figure 1.9: Le ratio capital15 ZWE MUS privé-production MWI de la Côte 0 SWZ LBRCIV ont BFA tous TGO COG deux rebondi après avoir stagné dans les 5 faibles d'Ivoire est l'un des plus 0 0 de OMD l'Afrique5 Togo subsaharienne 5 10 MLI 10 15 SEN 15 20 20 années 2000 10 Investissements Investissements GNBpublics (% du (% publics PIB) du PIB) RWA BDI GMB GNQ ZWE MWI 0 SWZ 3,5 3,5 5 15 15 3,0 3,0 0 5 10 15 public (% Investissement Investissement du (% du 20 public GNB 2,5 Investissements publics (% du PIB) PIB) PIB) 2,5 0 2,0 2,0 3,5 0 5 10 15 10 10 15 20 1,5 1,5 Investissements publics (% du PIB) 3,0 1,0 1,0 Investissement public (% du 2,5 3,5 0,5 0,5 15 PIB) 2,0 3,0 0,0 0,0 5 Investissement public (% du 10 5 1,5 2,5 PIB) Angola Ghana Côte d'Ivoire Gabon Comores Rwanda Soudan Guinée Sierra Leone Namibie Congo, RD Togo Maurice Mozambique Guinée-Bissau Botswana Zambie Tanzanie Mozambique Malawi Burkina Faso Guinée équatoriale Mauritanie Angola Ghana Gabon Côte d'Ivoire Rwanda Comores Soudan Maurice Malawi Guinée-Bissau Guinée Sierra Leone Namibie Congo, RD Togo Botswana Zambie Tanzanie Mozambique Malawi Burkina Faso Guinée équatoriale Mauritanie 1,0 2,0 10 0,5 1,5 1,0 0 0 0,0 5 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 0,5 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Angola Ghana Gabon Côte d'Ivoire Rwanda Comores Soudan Guinée-Bissau Guinée Sierra Leone Namibie Congo, RD Togo Maurice Botswana Zambie Tanzanie d'Ivoire Faso Guinée équatoriale Mauritanie 0,0 Source : Ensemble de données du FMI sur l'investissement et le stock de capital 5 Côte Burkina Angola Ghana Gabon pour 2020. Rwanda Comores Soudan Guinée-Bissau Guinée Sierra Leone Namibie Congo, RD Togo Maurice Botswana Zambie Tanzanie Mozambique Malawi Burkina Faso Guinée équatoriale Mauritanie 25 25 25 025 Figure 1.12: Les rendements des investissements Figure 1.11: La Côte d'Ivoire a l'un des rendements les plus publics 0 ont rattrapé ceux des investissements 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 20 20 élevés du capital agrégé, comparée à ses pairs 20 20 Privé Privé privés 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 15 15 15 15 Pourcentage Pourcentage 10 10 25 1025 10 25 25 5 5 20 520 5 0 20 0 20 Privé Privé 15 0 0 Togo STP Eswatini Angola Gabon Cameroun CAR Bénin Guinée Mauritanie Mozambique Kenya du Faso Leone CÃ'te d'Ivoire Nigeria Rwanda Maurice CÃ'te Sénégal Niger Namibie Botswana Cap-Vert Djibouti Lesotho du Sud Soudan Togo STP Eswatini Angola Gabon Cameroun CAR Bénin Guinée Mauritanie Mozambique d'Ivoire Nigeria SierraKenya Burkina Faso Leone Rwanda Maurice Sénégal Niger Namibie Botswana Cap-Vert Djibouti Lesotho Sud 15 Soudan 15 15 Pourcentage Pourcentage Burkina 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Sierra Afrique Afrique 10 10 10 10 5 5 5 5 0 0 0 0 Togo STP Eswatini Angola Gabon Cameroun CAR Bénin Guinée AfriqueMauritanie Mozambique Kenya Burkina Faso Leone d'Ivoire Nigeria Rwanda Maurice Sénégal Niger Namibie Botswana Cap-Vert Djibouti Lesotho du Sud Soudan Togo STP Eswatini Gabon Cameroun CAR Angola Guinée Bénin Mozambique Mauritanie d'Ivoire Kenya Faso Leone Nigeria Maurice Sénégal Rwanda Niger Namibie Botswana Cap-Vert Djibouti Lesotho du Sud Soudan 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Sierra Afrique CÃ'te Burkina 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Sierra CÃ'te Source : Eden (2020). Source : Eden (2020). La Côte d’Ivoire aurait-elle intérêt à ac- raison des importants investissements dans les infrastructures publiques réalisés ces dernières croître les investissements privés plu- années. Malgré la récente augmentation de tôt que les investissements publics ?12 l’accumulation de capital physique, le capital reste rare dans l’économie, la crise politique ayant retardé 17. La Côte d’Ivoire a l’un des rendements les son accumulation. Si l’investissement public a plus élevés du capital agrégé, comparée à rattrapé son retard, soutenu par des programmes ses pairs de l’Afrique subsaharienne, ce qui gouvernementaux actifs, l’investissement privé reflète le fait qu’elle sort d’années de sous- reste à la traîne. investissement dans les infrastructures clés. La figure 1.11 compare les taux de rendement 18. Les rendements des investissements estimés du capital global. Les taux de rendement publics ont largement rattrapé ceux des du capital plus élevés sont compatibles avec le investissements privés (figure 1.12). Quatre niveau généralement faible du stock de capital, approches alternatives ont été utilisées pour le ratio capital-production demeurant parmi les estimer les retours sur investissement (voir annexe plus faibles de l’ASS (figure 1.9). En revanche, le 1). Toutes indiquent qu’il existe actuellement coefficient marginal du secteur public est presque des rendements élevés de plus de 10 % pour les égal à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, en investissements privés et publics. Ce chiffre est 12 Pour répondre à ces questions, le présent rapport s’appuie sur une analyse empirique complète contenue dans la note d’information (Eden 2020 ; voir annexe 1). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 25 supérieur à toute estimation raisonnable du taux les paiements d’intérêts et les coûts du service sans risque, qui tend à se situer entre 0 et 5 pour de la dette, qui absorbent respectivement 10 % cent, ce qui suggère que l’investissement a pu être et 18 % des recettes budgétaires totales. Comme faible et non efficient dans le passé. L’augmentation la COVID-19 aggrave la dette existante et la marginale de l’investissement public dépend du dynamique fiscale, l’investissement privé sera stock de capital initial. Un pays dont l’efficience de plus en plus nécessaire. En outre, la qualité est faible en permanence accumule moins de des dépenses publiques suscite des inquiétudes. capital, ce qui se traduit par un stock de capital Par exemple, une part importante des dépenses public plus faible. Telle était la position de la Côte publiques a été utilisée pour subventionner la d’Ivoire à la fin de la crise politique. La diminution transformation déficitaire des fèves de cacao, la des rendements des facteurs de production compagnie aérienne nationale Air Côte d’Ivoire implique une productivité marginale plus élevée et l’enseignement privé, entre autres (Banque du capital public lorsque le stock de capital est mondiale 2020a). faible (Berg et al. 2015). Un taux de rendement élevé de l’investissement privé peut refléter des 21. Pour soutenir la croissance, la Côte d’Ivoire doit conditions de crédit marquées par des contraintes explorer les moyens d’encourager la croissance qui empêchent le secteur privé de profiter de menée par le secteur privé tout en trouvant des bonnes opportunités d’investissement. Il peut mécanismes complémentaires pour financer également indiquer un risque d’investissement les infrastructures. Des investissements privés et élevé (perçu).13 La figure 1.10 montre l’évolution du publics dans les infrastructures seront nécessaires rendement des investissements privés et publics. à l’avenir. La stratégie de croissance actuelle peut Dans les années 2000, les taux d’investissement impliquer des compromis importants. Au cours public et privé étaient faibles et stagnants. Depuis des 15 dernières années, les investissements 2012, ils ont tous deux fortement augmenté, mais privés dans les infrastructures ont augmenté en l’investissement privé a progressé à un rythme Afrique subsaharienne, utilisant diverses modalités plus rapide. allant des concessions et des PPP aux prises de participation, prêts syndiqués, obligations 19. La faiblesse des recettes fiscales intérieures d’infrastructure et prêts bancaires. Dans un a entraîné une dépendance accrue aux contexte de vulnérabilité budgétaire croissante, la emprunts extérieurs pour le financement les Côte d’Ivoire doit exploiter ce marché en réduisant investissements. Les pressions budgétaires progressivement les investissements publics tout restent considérables compte tenu de la faible en générant et en concentrant les dépenses sur mobilisation des recettes intérieures et de les dépenses sociales indispensables et sur la l’augmentation des dépenses d’investissement. fourniture de biens publics. Le manque d’accès au Malgré les progrès réalisés ces dernières années, crédit freine un important moteur de croissance, les résultats en matière de recettes fiscales le secteur privé. La concurrence limitée sur le sont inférieurs à ceux des pays14 frontaliers et marché et un cadre réglementaire inadéquat des marchés émergents. Les recettes fiscales restent également des obstacles à la croissance du s’élevaient à 11,5 % du PIB en 2019, contre une secteur privé. Le gouvernement doit modifier son moyenne de 16 % pour les pays de l’UEMOA et rôle de principal fournisseur d’infrastructures pour un objectif régional de 20 %. Après les émissions devenir un facilitateur de la participation privée d’euro-obligations depuis 2017, la dette publique a dans le secteur. augmenté pour atteindre 41,5 % du PIB en 2019 (et 45,8 % en 2020). La dette extérieure est passée de 18 % du PIB en 2017 à 26,5 % en 2019. La Côte d’Ivoire s’appuie de plus en plus sur les emprunts L’inclusion et l’équité doivent faire commerciaux internationaux pour financer les investissements dans les infrastructures et partie du processus de croissance répondre aux besoins urgents de développement. 22. Les taux de pauvreté n’ont cessé de diminuer 20. Bien que le risque global de surendettement depuis 2011, mais la croissance aurait pu être soit encore modéré, la vulnérabilité du pays plus inclusive. Après avoir augmenté pendant la aux chocs reste élevée, ce qui exercerait une crise politique et atteint 55 % en 2011, l’incidence pression sur la viabilité de la dette extérieure. La de la pauvreté n’a cessé de diminuer. Elle est situation budgétaire est mise à rude épreuve par 13 L’approche 2 permet aux taux de rendement des capitaux publics et privés d’être différents les uns des autres. Elle implique un taux de rendement des investisse- ments privés ajusté au risque de 12 à 18 %, en fonction du taux de rendement moyen des investissements privés. Une approche structurelle (approche 3) suggère un taux de rendement ajusté au risque de 17 %. 14 Éthiopie, Ghana, Kenya, Maurice, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Vietnam. 26 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique passée de 44,4 % en 2015 à 39,4 % en 2018 d’investissement dans les infrastructures publiques (Figure 1.13; Banque mondiale 2020e)15. Ces gains expliquent ces progrès. Cependant, l’amélioration a significatifs reflètent largement la croissance de été plus lente dans les zones rurales. Par exemple, l’économie ivoirienne qui a apporté des gains sur alors que l’accès à l’eau potable est quasi universel l’ensemble du spectre des revenus. La contribution (91 %), les progrès se sont concentrés à Abidjan de la croissance économique à la réduction de la et l’accès dans les zones rurales a stagné à 86 %. pauvreté s’est également améliorée : entre 2015 et 2018, une augmentation de 1 % de la croissance 24. La plupart des gains ont été concentrés dans du PIB par habitant a été associée à une réduction les zones urbaines, en particulier à Abidjan, ce de 0,71 % de la pauvreté, contre seulement 0,43 % qui a aggravé le fossé entre les zones rurales et sur la période 2008-2015. Néanmoins, la relation urbaines. Le recul de la pauvreté en 2015-2018 a entre la croissance des revenus et la réduction de été favorisé par une forte réduction de la pauvreté la pauvreté reste bien inférieure à la moyenne de urbaine (figure 1.13). Le taux de pauvreté urbain l’Afrique subsaharienne.16 Des recherches récentes a diminué de 11,7 points, un million de personnes suggèrent que cela pourrait s’expliquer par de étant sorties de la pauvreté dans les villes, dont un mauvaises conditions initiales. Lorsqu’une part tiers dans la seule ville d’Abidjan. En revanche, le plus importante de la population ne dispose pas nombre de pauvres a légèrement augmenté dans d’actifs, d’accès aux biens et services publics et les zones rurales au cours de la même période (+2,4 d’opportunités de revenus suffisants, cela limite sa p.p.). En 2018, le taux de pauvreté rurale était de capacité à contribuer et à participer à la croissance 54,6 % contre 34,7 % dans les zones urbaines (hors (Christiaensen et Hill 2018). Les taux de fécondité Abidjan), l’écart entre les zones urbaines et rurales élevés en sont une autre explication (Beegle et ayant plus que triplé. Ces tendances exacerbent Christiaensen 2019). les inégalités spatiales. La richesse générée ces dernières années est également restée concentrée 23. La pauvreté non monétaire a également dans l’agglomération d’Abidjan. Cela reflète en connu une amélioration. En particulier, l’accès à partie la concentration de la croissance récente l’électricité s’est amélioré pour toutes les catégories dans les secteurs à forte intensité de capital de revenus, 81 % des ménages ayant accès à (construction, transports et télécommunications) l’électricité en 2018, soit un gain de 20 points de et les performances mitigées du secteur du cacao pourcentage depuis 2015. Pour les ménages situés qui a souffert des chocs climatiques et sur les prix dans les 40 % inférieurs de la répartition des ces dernières années. L’agglomération d’Abidjan revenus, l’accès à l’électricité est passé de 49,6 accueille près de 20 % de la population, mais 80 % en 2015 à 71 % en 2018. De même, l’accès aux % des entreprises privées et 90 % des emplois infrastructures de santé a augmenté de 30 p.p. au formels (Banque mondiale, 2020a). cours de cette période. D’importants programmes Figure 1.13: Les taux de pauvreté ont continûment Figure 1.14: Les inégalités de revenus sont diminué, grâce aux progrès réalisés dans les zones extrêmement élevées dans les zones urbaines urbaines 60 80 60 80 50 Q5 Le plus riche 50 Q5 Le plus riche 60 Q1 Les plus pauvres 60 Q1 Les plus pauvres 40 40 30 40 30 40 20 20 20 20 10 10 0 0 0 0 National Abidjan Autre urbain Rural Abidjan Autre urbain Rural National 2011 2015 Abidjan 2018 Autre urbain Rural Abidjan Autre urbain Rural 2011 2015 2018 Source : Institut national de la statistique et calculs du personnel de la Banque Source : Institut national de la statistique et calculs du personnel de la mondiale. Banque mondiale. 15 Les taux de pauvreté tels que définis selon le seuil de pauvreté national. En raison de changements dans la conception de l’enquête et dans la mesure du seuil de pauvreté, les séries de taux de pauvreté de 1985 et 2008 ne sont pas directement comparables avec celles de 2011 à 2018. Les précédentes communications du gouvernement ivoirien indiquent des taux légèrement différents (46,3 % en 2015 et 37,2 % en 2018). Indice d'inégest de g alité -1,91 en (1 le pet re (Beegle re) lus inégalitai2019). 16 L’élasticité moyenne de la pauvreté à la croissance des revenusIndidece d'in galit éASS en nre (1 le plus inégalitaire) é de geChristiaensen SSA Côte d'Ivoire Vietnam Sénégal SSA Côte d'Ivoire Vietnam Sénégal Kenya Maroc Ghana Linéaire (Côte d'Ivoire) Kenya Maroc Ghana Linéaire (Côte d'Ivoire) 0,7 0,7 Côte d'Ivoire; 0,657 0,65 Côte d'Ivoire; 0,667 0,65 Côte d'Ivoire; 0,657 0,6 Côte d'Ivoire; 0,667 SSA; 0,593 Côte d'Ivoire; 0,663 SSA; 0,572 0,6 SSA; 0,593 Côte d'Ivoire; 0,663 SSA; 0,572 0,55 Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 27 0,55 SSA; 0,579 0,5 25. La croissance récente n’a pas créé dans le secteur formel s’élevait à 40 000 emplois. suffisamment d’emplois productifs formels. La part de la population en âge de travailler (15- Avec un taux d’urbanisation de 50 % en 2018 64 ans) devrait passer de 58 % de la population (Banque mondiale, 2019a), la Côte d’Ivoire est en 2019 à près de 65 % en 2040. Le dividende l’un des pays les plus urbanisés d’ASS après le démographique pourrait être important, mais il ne Ghana et le Cameroun. Pourtant, comme dans sera réalisé que si la population jeune peut être la plupart des pays de la région (Lall et al. 2017), employée de manière productive.17 l’urbanisation ne s’est pas accompagnée d’une transformation structurelle de l’économie, limitant 27. Les inégalités de revenus restent importantes, ainsi la création d’emplois plus productifs dans en particulier dans les villes. Si la croissance le secteur formel. La majeure partie de la main- rapide de ces trois dernières années a profité d’œuvre est engagée dans des activités informelles aux pauvres, les18 inégalités de revenus restent ou semi-informelles dans le commerce/détail et la élevées. Les 20 % les plus riches de la population distribution. La création d’emplois n’a pas suivi le représentaient plus de 40 % de la consommation rythme de la croissance économique rapide : la totale en 2018, tandis que les 40 % les plus part de la population en âge de travailler qui a un pauvres n’en représentaient que 18 %. En outre, emploi (c’est-à-dire le taux d’emploi) est passée de les inégalités dans les villes sont extrêmement 70,3 % en 2015 à 62,1 % en 2018 (Banque mondiale, élevées. À Abidjan, les 20 % les plus riches 2020e). Le secteur informel représentait plus de consomment 85 fois plus que les 20 % les plus 80 % de l’emploi total en 2018, et l’informalité était pauvres (figure1.14). Ce facteur n’est que de 1,5 la plus élevée dans l’agriculture (plus de 80 % des dans les zones rurales, ce qui reflète la plus grande emplois salariés). prévalence de la pauvreté dans ces zones. Deux priorités émergent de ces tendances en matière 26. La Côte d’Ivoire doit créer des emplois de réduction de la pauvreté, de taux de fertilité, de plus nombreux et de meilleure qualité pour création d’emplois et d’urbanisation : la nécessité sa jeunesse croissante. Au cours des deux d’améliorer la productivité agricole pour réduire prochaines décennies, on estime qu’entre 350 60 monétaire, et de débloquer la la pauvreté rurale 80 000 et 400 000 jeunes rejoindront chaque année 50 création d’emplois 60plus productifs dans les villes Q5 Le plus riche Q1 Les plus pauvres la population en âge de travailler (Christiaensen 40 pour absorber la population urbaine croissante et 30 40 et Premand 2017). En 2017, la création d’emplois 20 réduire les grandes inégalités de revenus. 20 10 0 0 Figure 1.16: Les Rural National Abidjan Autre urbain inégalités entreAutre Abidjan les sexes urbain sont Rural Figure 1.15: La productivité de la prochaine génération 2011 2015 2018 plus élevées que dans les pays pairs et diminuent est inférieure à celle des pays pairs lentement Indice d'inégalité de genre (1 le plus inégalitaire) SSA Côte d'Ivoire Vietnam Sénégal Kenya Maroc Ghana Linéaire (Côte d'Ivoire) 0,7 0,65 Côte d'Ivoire; 0,657 Côte d'Ivoire; 0,667 0,6 SSA; 0,593 Côte d'Ivoire; 0,663 SSA; 0,572 0,55 SSA; 0,579 0,5 0,45 0,4 Vietnam; 0,314 0,35 Vietnam; 0,333 Vietnam; 0,333 0,3 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Source : Indice d’inégalité de genre (IIG) PNUD (2019b) et calculs de l’auteur. Note : L’IIG est un indice d’inégalité. Il mesure les inégalités entre les sexes sous trois aspects importants : (i) la santé reproductive, mesurée par le taux de mortalité maternelle et le taux de natalité chez les adolescentes ; (ii) l’autono- misation, mesurée par la proportion de sièges parlementaires occupés par des Source : Indicateurs du développement mondial, Indice du capital humain, femmes et la proportion de femmes et d’hommes adultes âgés de 25 ans et Indice d'inégalité de genre (1 le plus inégalitaire) Rapport sur le développement mondial 2019 et calculs des auteurs. Note : L’in- plus ayant au moins fait des études secondaires ; et (iii) le statut économique, SSA humain varie entre dice du capital Côte0 productivité de la pro- et 1 et mesure laVietnam d'Ivoire exprimé par la participation au marché du travail et mesuré par le taux de par- chaine génération de travailleurs par rapport à la référence de l’éducation et de ticipation à la population active des femmes et des hommes âgés de 15 ans et Sénégal Kenya Maroc la santé complètes. Une économie dans laquelle le travailleur moyen réalise son plus. Plus la valeur de l’IIG est élevée, plus les disparités entre les femmes et potentiel en matière de santé et d’éducation Ghana obtient une valeur de 1. Linéaire (Côte d'Ivoire) les hommes sont importantes et plus la perte pour le développement humain 0,7 est importante Côte d'Ivoire; 0,65 Côte d'Ivoire; 0,657 0,667 0,6 SSA; 0,593 Côte d'Ivoire; SSA; 0,572 0,55 0,663 0,5 SSA; 0,579 0,45 17 Les0,4 avantages économiques d’un dividende démographique ne sont Vietnam; pas automatiques. Pour que la main-d’œuvre jeune apporte une valeur ajoutée, elle doit être 0,314 dotée d’une éducation et de compétences. 0,35 18 La consommation des0,333 Vietnam; 40 % les plus pauvresVietnam; 0,333 a augmenté de 5,6 % par an, tandis que celle des 60 % les plus riches a diminué de 2,5 % par an sur la période 2015- 0,3 2010 mondiale 2018 (Banque 2011 2020e). 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 28 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 28. Les résultats en matière de développement humain s’améliorent, bien que lentement et Encadré 1.2: L’inégalité des sexes est un inégalement. Les taux de survie des enfants ont obstacle à la réduction de la pauvreté en sensiblement augmenté au cours de la dernière Afrique décennie.19 Les taux d’accès à l’éducation et de Beegle et Christiaensen (2019) discutent des scolarisation se sont améliorés à tous les niveaux, implications des niveaux élevés d’inégalité entre atteignant la pleine scolarisation au niveau les sexes en Afrique. Comme dans de nombreuses primaire.20 Cependant, ces progrès masquent des autres régions, les femmes du continent souffrent disparités de revenus, de genre et géographiques, de grandes inégalités en matière d’éducation, de avec des progrès beaucoup plus lents dans les santé, d’autonomisation et d’activités génératrices zones rurales, l’éducation des filles et les ménages de revenus, ce qui a des conséquences durables à faibles revenus (Lee 2019). En ce qui concerne sur la réduction de la pauvreté et la croissance de les indicateurs de nutrition et de santé, le pays est la productivité. également à la traîne. En 2018, 22 % des enfants En moyenne, les femmes de la région sont moins présentaient un retard de croissance et risquaient productives que les hommes en tant qu’agricultrices, donc de souffrir de limitations cognitives et et leurs activités commerciales non agricoles sont physiques qui peuvent durer toute la vie. Les taux moins rentables. Pourquoi ? Parce que les femmes de retard de croissance dans les zones rurales sont sont confrontées à des contraintes d’emprunt plus plus de deux fois plus élevés que dans les zones sévères, à un accès ou à un titre de propriété limité aux actifs productifs, à moins de droits politiques et urbaines (27,4 % contre 12,5 %). En 2019, le pays juridiques, à des contraintes plus strictes en matière se situait dans le dernier quartile de l’indice de de mobilité et d’activités socialement acceptables, développement humain, bien en dessous de ses et à des niveaux de capital humain et physique plus pairs structurels et aspirationnels (PNUD 2019a). faibles, de sorte que l’on peut s’attendre à ce que le rendement de leurs investissements soit inférieur. 29. La faible formation de capital humain limite la En fait, le piège de la pauvreté qui y est associé croissance inclusive. En s’appuyant sur l’indice constitue une plus grande menace pour les femmes. du capital humain, il est estimé que les enfants Par exemple, comme l’indique le rapport, bien que les hommes et les femmes pauvres soient confrontés nés en Côte d’Ivoire en 2018 ne pourront, en à des contraintes de crédit, ces contraintes sont grandissant, qu’atteindre 35 % de leur productivité souvent plus sévères pour les femmes, notamment potentielle s’ils avaient bénéficié d’une éducation lorsqu’elles ne peuvent pas emprunter autant que les complète et d’une bonne santé.21 Ce chiffre est de hommes avec la même garantie initiale. Les femmes 67 % au Vietnam, 52 % au Kenya et 50 % au Maroc seront alors plus vulnérables au risque d’être piégées (figure 1.15). La Côte d’Ivoire doit de toute urgence dans la pauvreté ou incapables de se remettre des améliorer le capital humain de sa main-d’œuvre chocs économiques sans aide. Ces inégalités pour parvenir à une croissance meilleure et plus structurelles sont non seulement importantes en elles-mêmes, mais elles entravent également les inclusive. efforts de réduction de la pauvreté. Au-delà de la 30. Les inégalités entre les sexes sont un frein à valeur intrinsèque de l’égalité des chances, l’égalité entre les hommes et les femmes apporte aux pays la croissance actuelle et future. Alors que des des possibilités de croissance économique et de réformes et des initiatives politiques majeures réduction de la pauvreté. visant à soutenir l’autonomisation des femmes Source : Beegle et Christiaensen (2019). sont en place depuis 2011, les femmes de Côte d’Ivoire sont confrontées à des défis dans de multiples domaines, notamment les résultats économiques, le capital humain, et leur agency. En 2019, le pays était classé 165e sur 189 pays dans d’éducation égal, les femmes ont deux fois moins l’indice d’inégalité de genre (IIG) du PNUD,22 une de chances que les hommes d’avoir un emploi position qui s’est lentement améliorée au fil du salarié et gagnent 30 % de moins (Christiaensen temps et qui est restée en dessous de ses pairs et Premand 2017). (Figure 1.16). Seule la moitié des femmes en âge de travailler (celles âgées de 15 à 64 ans) travaillent, 31. Certains mauvais résultats en matière de capital contre environ deux tiers des hommes en âge de humain sont directement liés à l’inégalité travailler (Copley et Donald 2020). Même à niveau entre les sexes. Par exemple, la scolarisation est 19 La proportion de décès pour 1 000 naissances vivantes est passée de 84 en 1995 à 60 en 2015 pour les enfants de moins d’un an et de 125 à 96 pour les enfants de moins de cinq ans (Welmond et al. 2020). 20 Mesuré par le taux brut de scolarisation, c’est-à-dire le nombre d’enfants inscrits à un niveau donné du système éducatif par rapport à la population d’âge scolaire. 21 À l’échelle mondiale, 56 % des enfants nés en 2018 seront, au mieux, deux fois moins productifs qu’ils pourraient l’être ; et 92 % seront, au mieux, 75 % aussi productifs qu’ils pourraient l’être (Indice du capital humain 2018 de la Banque mondiale https://www.worldbank.org/en/publication/human-capital). 22 Bien que les données collectées par l’IIG soient principalement destinées à être comparées entre les pays et au cours des années, en raison de changements potentiels dans la définition des indicateurs, elles peuvent néanmoins être un outil instructif pour examiner la situation dans son ensemble et identifier les principaux facteurs d’inégalité dans le temps. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 29 considérablement réduite parce que moins de filles jeunes adultes (Welmond et al. 2020). Des progrès parviennent à terminer leurs études secondaires. en matière d’égalité des sexes sont nécessaires Une mortalité maternelle élevée - plus élevée que pour parvenir à une plus grande réduction de la pour tout autre pair structurel et aspirationnel - est pauvreté et à une augmentation de la productivité un facteur très important qui contribue aux faibles (encadré 1.2). taux de survie des adultes, en particulier des 1.3. La voie à suivre: Maintenir une croissance élevée et la rendre plus inclusive 32. Une croissance élevée et inclusive sera (accumulation de facteurs). En Côte d’Ivoire, essentielle pour que la Côte d’Ivoire atteigne l’accumulation de capital physique et humain reste son objectif d’obtenir le statut de marché importante à court et moyen terme, car le pays émergent d’ici à 2030 (FMI 2016a). Le pays continue de rattraper son retard par rapport à ses s’est fixé un objectif ambitieux. L’amélioration pairs aspirationnels. Cependant, à moyen et long de la qualité des institutions, la réalisation d’une terme, les politiques qui renforcent l’utilisation de croissance plus équilibrée et plus inclusive et ces facteurs, et donc augmentent la productivité, la promotion du changement structurel sont seront essentielles pour maintenir une croissance au cœur de cette vision. Comme l’ont souligné élevée et inclusive. d’autres expériences internationales, pour créer une croissance durable et inclusive, le pays doit 34. Il est généralement difficile, mais possible, mettre en œuvre des politiques coordonnées de parvenir à une croissance soutenue de qui préservent la stabilité macroéconomique, la productivité. Elle nécessite un ensemble de maximisent l’investissement privé et renforcent la politiques appropriées qui favorisent une allocation résistance à la fragilité. La réduction des inégalités efficace des ressources, une dynamique de marché est également essentielle : des niveaux d’inégalité compétitive et des améliorations intra-sectorielles. élevés tendent à réduire le rythme et la durabilité Elle nécessite un environnement commercial de la croissance (FMI 2017). L’effet combiné de la compétitif capable de promouvoir l’innovation et pandémie COVID-19, qui perturbe les tendances d’attirer des sources de financement productives. mondiales, du changement climatique et des Cela permettra de créer de nouvelles entreprises pressions démographiques, ajoute à la nécessité locales et d’accroître la productivité du travail et le de nouveaux ingrédients dans la recette de la potentiel d’emploi (Banque mondiale 2020a). La croissance au cours de la prochaine décennie. politique commerciale peut également soutenir un programme de diversification économique plus 33. La croissance de la productivité devrait être au large. La diversification des exportations joue un cœur de ce modèle. La théorie économique fournit rôle important dans le maintien de la croissance en des explications alternatives sur les conditions clés favorisant la productivité, les économies d’échelle et nécessaires et les moteurs de croissance à long la résistance aux chocs extérieurs. L’augmentation terme. Le travail de pionnier de Solow (1956) a de la croissance de la productivité dans le secteur souligné l’importance de l’investissement et de la agricole sera primordiale pour assurer à la fois une productivité pour stimuler l’activité économique, croissance élevée et durable et l’inclusion. tandis que Romer (1986, 1990) a identifié le capital humain comme essentiel à la croissance 35. Ce rapport fournit une analyse approfondie de à long terme en favorisant la productivité et trois domaines essentiels pour l’amélioration l’innovation. L’expérience des pairs aspirationnels de la productivité et de l’inclusion : la de la Côte d’Ivoire a montré que les pays se concurrence des marchés (chapitre 3), la développent et se transforment en augmentant diversification des exportations (chapitre 4) leur productivité (chapitre 2). La productivité est et la productivité agricole (chapitre 5). Ces le moteur fondamental de la croissance à long domaines ont été identifiés à l’aide du cadre terme. Krugman (1994) a qualifié ce phénomène analytique du CEM 2.0 (encadré 1.3). Si ce rapport d’»inspiration» par opposition à la «transpiration» s’intéresse aux moteurs de croissance à long 30 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique terme, de nouveaux défis ont également apparus La capacité du gouvernement en matière de alors que le monde est confronté à la pandémie dépenses d’investissement, l’un des principaux COVID-19. Le renforcement de la capacité de moteurs de la croissance récente, sera réduite, ce production de l’économie et l’inclusivité du qui accélérera la nécessité de passer à un modèle processus de croissance sont donc devenus de croissance dirigé par le secteur privé à moyen d’autant plus importants pour la Côte d’Ivoire. terme. L’augmentation de la productivité et de la compétitivité, la promotion de la diversification économique et la promotion d’une croissance plus Encadré 1.3 : Description du cadre analytique inclusive doivent rester au cœur du programme de la CEM 2.0 de réforme. En examinant les défis structurels à long terme pour la croissance, ce rapport fournit L’approche CEM 2.0 propose des innovations des orientations sur les politiques compatibles dans le processus et la substance des analyses avec une reprise résistante aux conséquences de croissance. En termes de substance, le CEM 2.0 propose un cadre analytique simple organisé autour économiques et sociales de la crise COVID-19, de 20 questions directrices : 10 questions au niveau et avec l’objectif ambitieux d’atteindre le statut de macro et 10 questions au niveau micro. Ce cadre est revenu intermédiaire supérieur dans les décennies combiné à deux questions générales concernant à venir. le choix de la période d’analyse et des pays pairs. Les questions au niveau macro sont conçues pour 37. Une fois le pire de la crise passé, il sera encourager l’utilisation des outils de diagnostic de important de se concentrer sur les politiques la croissance et des techniques de décomposition qui peuvent soutenir une croissance durable. les plus courants. Les questions au niveau micro À court terme, il sera essentiel de veiller à ce sont conçues autour du cadre proposé par Syverson (2011). que la récession ait le moins d’effets permanents possible sur l’économie. À moyen terme, le secteur En utilisant le cadre analytique du CEM 2.0, des do- privé doit occuper une place centrale. Des efforts maines clés ont été identifiés comme les principales concertés doivent être déployés pour s’attaquer contraintes à la croissance économique en Côte aux principales contraintes qui pèsent sur la d’Ivoire. Ils ont ensuite été filtrés à l’aide de critères productivité et la compétitivité des entreprises, de priorisation.23 Les thèmes ont été sélectionnés non seulement parce qu’ils sont d’une grande per- notamment pour promouvoir l’allocation efficiente tinence programmatique et stratégique, mais aussi des ressources vers des secteurs et des entreprises parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’une analyse ré- plus productifs. Cela permettrait de libérer le cente. Par exemple, alors que le capital humain est potentiel des entreprises privées et d’attirer les apparu comme un moteur important, il a été et est investisseurs étrangers, favorisant ainsi l’accès au suffisamment discuté dans d’autres études (Banque financement ainsi qu’aux nouvelles technologies et mondiale 2017, Lee 2019). Des consultations avec di- au savoir-faire. verses parties prenantes ivoiriennes ont également eu lieu sur la base de la présentation du scan pays afin de discuter des domaines d’analyse. 38. La croissance durable exigera également des investissements accrus dans le capital humain et des politiques visant à faciliter l’apprentissage. Le capital humain et les compétences sont à la traine par rapport à ceux Quelles sont les perspectives de des pays pairs, ce qui freine la croissance de la croissance alors que le monde sort productivité. La crise COVID-19 pourrait avoir un impact durable sur le développement du de la crise COVID-19 ? capital humain. La fermeture soudaine d’écoles pourrait entraîner une détérioration et une érosion des résultats d’apprentissage, notamment 36. Après la COVID-19, la Côte d’Ivoire devra une augmentation du nombre d’enfants qui continuer à développer des politiques abandonnent l’école. Le coût économique pour visant à renforcer les moteurs internes de la les ménages pourrait entraîner une baisse de croissance et à accroître sa résistance aux la demande et de l’offre d’éducation. Ces chocs chocs extérieurs. Une période prolongée de pourraient être coûteux et avoir des effets durables faible croissance mondiale poserait des défis sur le développement du capital humain et les importants à la réalisation d’une croissance inégalités entre les sexes. Il sera nécessaire économique soutenue. Le pays sortira de la crise d’investir dans l’éducation, les programmes de avec des niveaux de dette publique plus élevés. formation et le développement des technologies Sa marge de manœuvre budgétaire sera limitée. numériques pour soutenir la transition des jeunes 23 Les critères utilisés pour sélectionner les domaines thématiques comprennent les résultats de la consultation avec le client, les priorités telles qu’identifiées dans le programme de développement, la pertinence stratégique pour l’engagement de la Banque, la disponibilité de travaux récents sur le sujet et la disponibilité des données. Voir Banque mondiale (2019b). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 31 vers des emplois à haute productivité. le passage à des technologies plus vertes. Le déclin de la mondialisation et la régionalisation 39. L’impact de la COVID-19 reste incertain, mais des chaînes d’approvisionnement pourraient la crise pourrait exacerber les tendances s’accélérer. Les marchés du travail et les échanges mondiales sous-jacentes qui modifieront de connaissances pourraient devoir s’adapter à la trajectoire de croissance future dans les une nouvelle normalité où la nature du travail est économies en développement. Les EMDE différente. L’amplification de ces tendances aura diffèrent des économies avancées tant par la des implications importantes pour les moteurs structure de leur économie que par les outils de croissance à long terme des économies disponibles pour réduire l’impact des chocs en développement et affectera également les (Djankov et Panizza 2019). Toutefois, à la fin de institutions et les structures de gouvernance. Dans la pandémie, elles devront faire face au même le monde post-COVID-19, la Côte d’Ivoire doit monde émergent. Bien qu’il y ait de nombreuses poursuivre le chemin entamé pour renforcer les inconnues, de nombreuses tendances mondiales bases d’une économie compétitive, diversifiée et qui sont déjà en cours vont probablement plus inclusive. Pourtant, les priorités à long terme s’accélérer en conséquence.24 Cela sera très peuvent être modifiées de manière impossible à certainement vrai pour l’économie numérique, prévoir. l’automatisation des emplois manufacturiers ou 24 Cette section s’appuie sur la discussion reflétée dans «En quoi le monde sera-t-il différent après la COVID-19 ? (FMI 2020b). 32 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Annexe 1.1. Enseignements tirés des économies à croissance rapide Tableau 1.1: Recommandations de la Commission de la croissance et expérience de la Côte d’Ivoire Caractéristiques communes des économies à La stratégie et l'expérience de la Côte d'Ivoire croissance rapide Ils ont pleinement exploité l'économie mondiale. Reste ouvert au commerce international avec les pays tiers et aux investissements en provenance de ces pays. Ils ont maintenu la stabilité macroéconomique. Environnement macroéconomique stable, pas de finance- ment des déficits budgétaires par la banque centrale et une dette publique viable. Ils ont enregistré des taux élevés d'épargne et d'investisse- L'épargne est faible. L'investissement a augmenté récem- ment. ment mais reste faible par rapport aux autres pays. Ils laissent les marchés allouer les ressources. La faible concurrence du marché dans certains secteurs clés (télécommunications et transports) est un obstacle au déve- loppement du secteur privé. Ils ont des gouvernements engagés, crédibles et capables. Oui. Les ingrédients de la politique Transfert de technologie. Limitée. Les IDE sont faibles mais le marché intérieur est do- miné par les petites entreprises et les entreprises informelles. La concurrence et les changements structurels. Limitée. Des marchés du travail efficaces. Faible. Promotion des exportations et politique industrielle. Stade naissant. La Côte d'Ivoire a formulé une vision pour le développement d'une stratégie axée sur l'exportation. Les flux de capitaux et l'ouverture des marchés financiers. Pas de compte de capital ouvert. Développement du secteur financier. Le marché financier est en croissance, mais il est à la traîne par rapport à ceux d'autres pays d'Afrique subsaharienne à revenu moyen, avec une mauvaise culture de l'épargne. Urbanisation et investissement rural. Une urbanisation rapide et non maîtrisée. Faiblesse des in- frastructures rurales. L'équité et l'égalité des chances. Une inégalité de revenus importante. Il reste des défis à rele- ver en matière d'égalité des revenus et des chances. Développement régional. La population urbaine est concentrée dans la grande région d'Abidjan. Un développement régional inégal. L'environnement et l'utilisation de l'énergie. La feuille de route pour le secteur de l'énergie vise à diver- sifier le mix énergétique avec davantage d'énergies renou- velables. La qualité du débat. Débats politiques limités mais en amélioration. Exemples de politiques de croissance sous-optimales Subventionner l'énergie, à l'exception de subventions très Subventions limitées par le biais de la TVA pour l'électricité. limitées destinées aux catégories de population très vulné- rables. Assurer une protection illimitée des secteurs spécifiques, des Protection limitée de certaines industries. industries, firmes, et des emplois provenant de la concur- rence. Imposer un contrôle des prix pour endiguer l’inflation, qui Limitée. est bien mieux géré à partir d'autres politiques macroéco- nomiques. Interdiction des exportations pendant de longues périodes Non. afin de maintenir les prix intérieurs à un niveau bas pour les consommateurs, au détriment des producteurs. Une mauvaise réglementation du système bancaire combi- Il existe une ingérence excessive dans le système bancaire. née à un contrôle direct et à des interférences excessives. Résistance à l'urbanisation et, par conséquent, sous-investis- Non. sement dans les infrastructures urbaines. Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale basée sur la Commission sur la croissance et le développement (2008). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 33 Annexe 1.2. Sélection des pays pairs Tableau 1.2 : Pairs structurels et aspirants : Statistiques clés PIB nominal Population Indice du Score   Niveau de revenu par habitant (en millions) capital hu- CPIA (US$) 2017 main (ICH) Côte d'Ivoire Revenu moyen inférieur 1,504.5 25.00 0.4 3.5 Pair(s) structurel(s) : revenu faible et moyen inférieur, score CPIA>=3,4, population 10-110 millions Éthiopie Faibles revenus 772 109.2 0.39 3.5 Ghana Revenu moyen inférieur 1,529 28.28 0.4 3.7 Sénégal Revenu moyen inférieur 1,250 15.86 0.4 3.8 Des pairs ambitieux : + ICH>=0,5 ; PIB par habitant <4 000 Kenya Revenu moyen inférieur 1,569 46.73 0.5 3.9 Maroc Revenu moyen inférieur 3,033 34.85 0.5 3.8 Sri Lanka Revenu moyen inférieur 3,918 21.44 0.6 3.5 Vietnam Revenu moyen inférieur 2,204 93.64 0.7 3.8 34 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Références Barhoumi, K., H. Vu, S.N. Towfighian et R. Maino. 2018. FMI (Fonds monétaire international). 2016a. «Côte L’efficacité de l’investissement public dans les pays d’Ivoire : Documents de développement économique d’Afrique subsaharienne. Washington, DC : Fonds - Plan national de développement, 2016-20». Rapport monétaire international. pays n° 16/388. Washington, D. C. : Fonds monétaire international. Beegle, K. et L. Christiansen. 2019. Accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique. Washington, D. C. : Groupe FMI. 2016b. «Côte d’Ivoire : Questions choisies». Rapport de la Banque mondiale. https://openknowledge. pays n° 16/148. Washington, DC : Fonds monétaire worldbank.org/handle/10986/32354. international. https://www.imf.org/en/Publications/CR/ Issues/2016/12/31/Cte-dIvoire-Selected-Issues-43954. Christiaensen, L. et R. Hill. 2018. «L’Afrique n’est pas plus pauvre que d’autres pays tout aussi pauvres en matière FMI. 2020a. Questions choisies - Consultations au titre de réduction de la pauvreté». Note de fond préparée de l’article IV et septièmes examens dans le cadre de pour l’accélération de la réduction de la pauvreté en l’accord au titre du FCE et de l’accord élargi au titre du Afrique. Washington, D. C. : Groupe de la Banque MEDC. Washington, D.C. : Fonds monétaire international. mondiale. FMI. 2020b. «Comment le monde sera-t-il différent Christiaensen L. et P. Premand. 2017. Diagnostic de après COVID-19 ?» Finance et développement 57(2). l’emploi en Côte d’Ivoire : emploi, productivité et inclusion Washington, D. C. : Fonds monétaire international. pour la réduction de la pauvreté. Washington, DC : Banque mondiale. https://openknowledge.worldbank. Lall, S.V. , J.V. Henderson, et A.J. Venables. 2017. Les villes org/handle/10986/26384. d’Afrique : Portes ouvertes sur le monde. Washington, D. C. : Groupe de la Banque mondiale. https:// Commission sur la croissance et le développement. openknowledge.worldbank.org/handle/10986/25896. 2008. Le rapport sur la croissance : Stratégies pour une croissance durable et un développement Lee, J-W. 2019. «Développement du capital humain inclusif. Washington, D. C. : Groupe de la Banque pour une croissance durable et inclusive - L’expérience mondiale. https://openknowledge.worldbank.org/ coréenne et ses implications pour la Côte d’Ivoire. handle/10986/6507. Document d’information préparé pour La quête d’une croissance durable et inclusive en Côte d’Ivoire et en Copley, A. et A. Donald. 2020. «La condition de la femme Corée du Sud : A Comparative Analysis. Washington, D. en Côte d’Ivoire : progrès, pièges et voie à suivre.» C. : Groupe de la Banque mondiale. Document de référence préparé pour la stratégie de la Côte d’Ivoire pour 2030. Washington, D. C. : Groupe de Schwab, K. 2019. Le rapport sur la compétitivité la Banque mondiale. mondiale 2019. Genève : Forum économique mondial. http://www3.weforum.org/docs/WEF_ Djankov, S. et U. Panizza (eds). 2020. 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Washington, D.C. : Groupe de la Banque mondiale. 36 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Chapitre 2 La productivité : c’est presque tout Préparé par Nathalie Picarelli, Fiseha Haile, Amina Coulibaly et Hibret Belete Maemir.. 1. La productivité - l’efficacité avec laquelle de nouvelles entreprises plus productives et sortie les entreprises transforment les intrants des entreprises moins productives) ; ou (iii) à une en production - est le moteur ultime de la meilleure répartition des facteurs entre les secteurs croissance économique.25 Comme l’a fait et les entreprises,26 ou à une combinaison des trois. remarquer Paul Krugman (1994), «la productivité Une accumulation constante des fondamentaux n’est pas tout, mais, à long terme, elle est presque économiques (capital physique, compétences, tout.» Les pays peuvent atteindre une croissance technologie et capacités institutionnelles), des de la productivité de différentes manières. Le politiques appropriées et/ou un mouvement changement structurel (le déplacement des efficace des ressources vers les secteurs les plus ressources des secteurs à faible productivité vers productifs sont donc nécessaires pour réaliser des les secteurs à forte productivité) est important gains de productivité. Depuis 2012, la productivité aux premiers stades du développement (Diao et totale des facteurs (PTF) de la Côte d’Ivoire est un al. 2019), tandis que le changement technologique contributeur majeur à sa croissance économique. est nécessaire à long terme (Helpman 2009). Des La productivité du travail a augmenté continûment augmentations soutenues de la productivité sont en terme agrégé depuis 2011. L’analyse des essentielles pour améliorer le niveau de vie au fil du modèles de productivité de la Côte d’Ivoire aux temps. L’augmentation à long terme des revenus niveaux macro et micro est essentielle pour mieux dans l’industrie ou l’agriculture - source d’emploi comprendre sa capacité à créer des emplois et de moyens de subsistance pour de nombreux de qualité et à améliorer le niveau de vie. Cette pauvres - ne peut être obtenue qu’en augmentant nécessité est d’autant plus urgente que le pays la productivité des travailleurs ou des agriculteurs. étudie les moyens de se remettre de la pandémie La création d’emplois de meilleure qualité est COVID-19. donc directement liée à l’agenda d’augmentation de la productivité. En outre, les réductions de 3. Le chapitre est organisé comme suit. La section coûts liées à la productivité réduisent les prix des 2.1 présente les principales tendances de la principaux produits consommés par les pauvres et productivité globale et les changements structurels augmentent ainsi le pouvoir d’achat des ménages depuis 2012. La section 2.2 examine les modèles de (Cusolito et Maloney 2018). productivité au niveau des entreprises. Elle utilise des données sur les entreprises individuelles pour 2. Pour maintenir une croissance économique démêler les moteurs de la productivité du travail, élevée et améliorer le niveau de vie, il faut des déterminer si la croissance de la productivité est gains de productivité durables. La croissance de le résultat d’améliorations au sein de l’entreprise la productivité est due (i) à des améliorations au sein ou d’effets de réaffectation, et finalement indiquer des secteurs et des entreprises (chaque travailleur quelles politiques peuvent contribuer à stimuler la produisant davantage) ; (ii) à la sélection (entrée productivité (voir l’encadré 2.1 pour les définitions). 2.1. Croissance de la productivité globale: Tendances et moteurs27 L’accumulation de capital et la 4. L’augmentation de l’accumulation de capital et de la productivité totale des facteurs est à croissance de la productivité l’origine de la majeure partie de la croissance totale des facteurs représentent économique depuis 2012. La croissance rapide la majeure partie de la croissance entre 2012 et 2018 a été en partie réalisée grâce à une accumulation de capital plus rapide, qui a récente contribué à 2,9 points de pourcentage (p.p.), soit un tiers, de la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire (figure 2.1). Toutefois, 25 Près de la moitié de la différence de revenu par habitant entre les pays s’explique par les différences de productivité totale des facteurs (Caselli 2005, Hsieh et Klenow 2010, Cusolito et Maloney 2018). 26 Ce terme est également utilisé pour décrire les changements dans la composition sectorielle de la production. Comme les changements de production ont ten- dance à accompagner les changements de main-d’œuvre, on peut dire que le processus de changement structurel n’est mis en route qu’une fois que la main-d’œuvre est réaffectée à des secteurs à forte productivité. 27 L’analyse utilise les données sur l’emploi pour 2008, 2014 et 2018 provenant des enquêtes sur les ménages et la population active. Les données sur la valeur ajoutée brute et sectorielle proviennent de la base de données des comptes nationaux des Nations unies. 38 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique c’est la croissance de la PTF qui a apporté la plus coïncidaient généralement avec une hausse des grande contribution dans la période d’après-crise, prix des produits de base, et vice versa (Banque avec 3,7 points de pourcentage. Contrairement, mondiale 2019).28 Depuis lors, les sources de les seuls moteurs de la croissance avant 2012 croissance se sont quelque peu diversifiées avec étaient l’accumulation de capital et de travail, la une plus grande contribution des services et de contribution de la PTF étant marginale et négative l’industrie manufacturière, favorisant les gains de (-0,2 point) entre 2000 et 2011. Avant 2012, la PTF. Les récents gains de PTF indiquent également croissance ne s’est accélérée que pendant les en partie une meilleure utilisation du capital périodes d’augmentation des investissements en existant dans la période d’après-crise immédiate.29 capital physique et de croissance de l’emploi, qui Productivité totale des facteurs (PTF) et productivité du travail Figure 2.1 : La croissance de la PTF et l’accumulation Figure 2.2 : La croissance de la PTF a joué un rôle de capital expliquent une grande partie de la récente plus important dans la croissance que pour les pays période de croissance pairs (2012-2018) 10,0 10,0 SSA SSA UEMOA UEMOA 8,0 8,0 Togo Togo 6,0 3,7 6,0 3,7 Sénégal Sénégal Niger 4,0 4,0 Niger 35,0 10,0 0,8 SSA Mali 0,8 0,3 Mali 30,0 2,0 0,3 Guinée-Bissau 2,0 UEMOA Guinée-Bissau 25,0 8,0 0,0 Togo Côte d'Ivoire 0,0 -0,2 -0,2 Côte d'Ivoire 20,0 6,0 3,7 Burkina Faso 15,0 -2,0 Sénégal Burkina Faso -2,0 Bénin 10,0 4,0 Niger Bénin 5,0 Productivité totale des facteurs Mali -2 0 2 4 0,0 6 8 10 0,8 Productivité totale des facteurs -2 0 2 4 6 8 10 2,0 0,3 Travail Guinée-Bissau Capital social Travail TFP 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 Travail Capital social Travail TFP . . Côte d'Ivoire Pays en développement hors ASS 0,0 -0,2 Afrique subsaharienne (SSA) Source : Estimations du personnel de la Banque mondiale. Source : Estimations du personnel de la Banque mondiale Burkina Faso 35,0 CÃ'te d'Ivoire -2,0 35,0 Bénin 30,0 Figure 2.3: La productivité agrégée du travail 30,0 a com- Productivité totale des Figure 2.4: ...et est maintenant supérieure à celle des mencé à dépasser la médiane defacteurs l’Afrique 25,0 subsaha- 25,0 -2 0 2 4 6 8 10 Travail rienne... 20,0 autres pays pairs à croissance rapide 20,0 Capital social Travail TFP . 15,0 15,0 35,0 10,0 10,0 5,0 30,0 5,0 0,0 25,0 0,0 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 20,0 Pays en développement hors ASS Pays en développement hors ASS 15,0 Afrique subsaharienne (SSA) Afrique subsaharienne (SSA) 10,0 CÃ'te d'Ivoire CÃ'te d'Ivoire 5,0 0,0 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 Pays en développement hors ASS Afrique subsaharienne (SSA) CÃ'te d'Ivoire Source : Calderon et al. (à paraître). Note : En utilisant la médiane entre les pays Source : Dieppe (2020). de chaque région (US=100) 5. La PTF a augmenté plus rapidement en Côte celle de ses pairs régionaux (figure 2.2). Mesurée en d’Ivoire que dans les pays pairs, bien que termes de production par travailleur par rapport aux le niveau soit encore inférieur à celui des États-Unis, la productivité du travail a également années 1970. La croissance de la PTF a contribué augmenté beaucoup plus rapidement que celle des davantage à la croissance de la Côte d’Ivoire que pays pairs régionaux depuis 2012. Sa productivité 28 Banque mondiale (2019). «Retour vers le futur : Comment la Côte d’Ivoire pourrait-elle rattraper la Corée du Sud ?» Banque mondiale 29 L’examen des épisodes de conflits civils dans le monde de 1960 à 2001 a montré que la production diminue en raison des crises, principalement à cause de la destruction du capital. En moyenne, la moitié de la perte de production est récupérée en 4 ans grâce à une reconstruction du stock de capital (Cerra et Saxena 2008). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 39 relative médiane du travail a été découplée de dans d’autres pays en développement en dehors celle de l’Afrique subsaharienne en 2012 (figure de l’Afrique subsaharienne. L’écart important de 2.3) et, en 2018, elle était beaucoup plus élevée production par travailleur entre l’ASS et les États- que celle d’autres économies à croissance rapide Unis peut être attribué à la rareté des intrants de comme le Kenya et l’Éthiopie (figure 2.4). Malgré ce production (capital physique et capital humain) rattrapage, la productivité relative reste inférieure dans la région et au fait que ces intrants sont au niveau des années 1970 et la croissance de la combinés de manière moins efficace (Calderon et productivité du travail a légèrement ralenti depuis al., à paraître). 2015. Elle est également beaucoup plus faible que Encadré 2.1: Estimation des sources de croissance de la productivité Les différences de production par travailleur (productivité du travail) sont dues à l’approfondissement du capital et aux gains d’efficience obtenus grâce au changement technologique, ce qui entraîne une augmentation de la productivité totale des facteurs (PTF). Des données empiriques suggèrent que près de la moitié de la différence de revenu par habi- tant entre les pays s’explique par les différences de PTF (Easterly et Levine 2001, Caselli 2005, Hsieh et Klenow 2010).30 Il existe trois sources principales de croissance de la productivité globale. La contribution de chacune d’entre elles à la croissance de la productivité est un sujet de débat permanent (Cusolito et Maloney 2018) : 1. Amélioration des performances des entreprises (au sein des entreprises). L’entreprise est au centre de l’analyse de la productivité. La composante intra-entreprise est liée au fait que les entreprises deviennent plus productives en augmentant la quantité de production qu’elles réalisent avec une quantité donnée d’intrants (tels que la main- d’œuvre, le capital, la terre, les matières premières et d’autres intrants intermédiaires) parce qu’elles ont développé leurs capacités internes, notamment leurs compétences en matière de gestion, les compétences de leur main- d’œuvre, leur capacité d’innovation et leur aptitude à absorber la technologie. 2. Amélioration de la répartition des facteurs de production entre les entreprises (entre les entreprises). La compo- sante inter-entreprises est associée à la réaffectation des facteurs de production et de l’activité économique à des entreprises plus efficientes. Idéalement, les entreprises les plus productives devraient attirer le plus de ressources, assurant ainsi la plus grande production possible. Cependant, une myriade de distorsions, notamment une lé- gislation mal conçue ou un favoritisme politique qui empêche les ressources de quitter les entreprises moins efficientes, peuvent créer des inefficiences d’allocation qui réduisent les gains de productivité. 3. Amélioration des entrées et sorties d’entreprises (sélection). La croissance de la productivité agrégée peut égale- ment s’expliquer par l’entrée d’entreprises à forte productivité (par rapport à la moyenne de l’industrie) et la sortie d’entreprises à faible productivité. Lors de l’estimation de la productivité, il est important d’aller au-delà des données agrégées au niveau de l’entreprise. Les chiffres agrégés de la PTF sont estimés comme le résidu d’une fonction de production agrégée pour l’ensemble de l’économie, qui ne tient pas compte des différences technologiques entre les secteurs au sein des pays. En tant que tels, ils sont porteurs de problèmes de mesure. Ils masquent également les différences entre les entreprises individuelles. Pour différencier les diverses influences possibles sur la productivité, ce rapport calcule les différentes mesures de la productivité suivantes : o Productivité totale des facteurs : estimée comme le résidu d’une décomposition Solow, une procédure qui dé- compose le taux de croissance de la production d’un pays et montre dans quelle mesure il peut être attribué à l’accumulation des facteurs de production (capital physique, capital humain) et dans quelle mesure au progrès technologique (estimé comme un résidu). o Productivité du travail : définie comme la valeur ajoutée/la production par travailleur. o Revenu de la productivité totale des facteurs de production (TFPR) : définie comme la part des revenus ou des ventes au niveau de l’entreprise qui ne peut être expliquée par la contribution du capital, du travail, de l’énergie et d’autres facteurs de production. Pour tenir compte des différences de technologies de production entre les secteurs, l’estimation de la TFPR permet de prendre en compte des fonctions de production hétérogènes spé- cifiques à un secteur. Étant une mesure basée sur les revenus, le TFPR n’est pas exempt d’effets de prix ; cela signifie que cette approximation de l’efficience peut non seulement capturer l’efficience technique mais aussi le pouvoir de marché dérivant des différences de qualité et d’autres facteurs affectant la demande du produit. o Productivité physique totale des facteurs (TFPQ) : définie comme le TFPR moins tout ce qui entraîne une variation des prix au niveau de l’entreprise. Cette variation de prix, à son tour, peut être décomposée en trois composantes : les différences de prix des intrants, les différences de pouvoir de marché, et les différences de qualité et autres facteurs affectant la demande du produit. Source : Banque mondiale (2020) ; Cusolito et Maloney (2018). 30 Voir le Mémorandum économique de la Roumanie (Banque mondiale 2020). 40 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Évolution de la valeur ajoutée brute et de l’emploi par secteur 100% 100% Figure 2.5: La part de l'agriculture dans la valeur 80% Figure 2.6: ... mais sa part dans l'emploi n'a cessé de ajoutée brute n'a pas beaucoup changé au cours des 90% diminuer depuis 2002 dernières 60% décennies ... 80% 100% 40% 70% 100% 100% 100% 80% 100% 100% 90% 20% 60% 60% 80% 80% 80% 90% 90% 40% 70% 0% 50% 60% 60% 20% 80% 80% 60% 1970 1980 1990 2000 2010 2018 40% 50% 40% Agriculture 40% 0% et services publics Mines 70% 70% 1970 1980 1990 2000 2010 2018 Fabrication Construction Agriculture Mines et30% services publics 40% Commerce 20% Transport 60% 20% 60% Fabrication Commerce Construction Transport 30% Autres services Autres services 20% 50% 20% 0% 50% 0% 1970 1980 1990 2000 2010 2018 10% 10% 1970 1980 1990 2000 2010 2018 40% Agriculture Mines et40% services publics 0% Agriculture Mines et services publicsConstruction Fabrication 2002 2008 2015 2018 Fabrication Construction 0% 30% Commerce Transport 30% Commerce Autres Transport services 2002 Agriculture 2008 2015 Exploitation minière 2018 Autres services 20% Fabrication Services publics Construction Transport 20% Commerce Finance Agriculture Exploitation minière 10% Autres services 10% Fabrication Services publics 25 0% Construction Transport Figure 2.7: La productivité du travail est la plus élevée 0% dans20 les mines et Commerce 2002 les services 2008 publics, Finance et 2015 la plus 2018 faible 2002 (2018 dans l'agriculture ) Autres services 2008 2015 2018 15 Agriculture Exploitation minière 10 Fabrication Exploitation minière Services publics 25 Agriculture Fabrication 5 ConstructionServices publics Transport Construction Commerce Transport Finance 20 0 Autres services Commerce Finance Autres services 15 25 25 10 20 20 5 15 3,0 productivité sectorielle/productivité totale) 2,5 15 0 10 2,0 Mines et services publics 10 5 1,5 1,0 Transport Construction 5 0 0,5 Autres services Fabrication 0,0 0 -6,0 -4,0 -2,0 -0,5 0,0 2,0 4,0 6,0 Agriculture Commerce -1,0 -1,5 secteurs Figure 2.8: Les transferts d'emplois de l'agriculture vers lesChangement -2,0 de d'emploi part services (points à faible productivité ont atté- de pourcentage) 3,0 nué les effets des changements structurels (2014-2018) productivité sectorielle/productivité totale) 2,5 2,03,0 Mines et services publics productivité sectorielle/productivité totale) 2,5 3,0 1,5 2,0 Mines et services 1,0 Transport Construction productivité sectorielle/productivité totale) 2,5 publics Fabrication 1,5 Mines0,5 et services Autres services 2,0 1,0 Transport Construction publics 0,0 Fabrication 1,5 0,5 Autres services -6,0 -4,0 -0,5 0,0 -2,0 Construction 2,0 4,0 6,0 1,0Transport 0,0 Agriculture Commerce -6,0 0,5 -4,0 -2,0 -1,0 -0,5 0,0 Autres services Fabrication 2,0 4,0 6,0 Agriculture 0,0 -1,5 -1,0 Commerce -6,0 -4,0 -2,0 -0,5 0,0 2,0 -2,0 -1,5 4,0 6,0 Agriculture Changement d'emploi part (points de pourcentage) -1,0 -2,0 Commerce Changement d'emploi part (points de pourcentage) -1,5 -2,0 Source : Estimations du personnel de la Banque mondiale. Note : La taille relative de chaque secteur (mesurée par la part de l'emploi) est indiquée par la taille Changement d'emploi part (points de pourcentage) des cercles dans les diagrammes de dispersion. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 41 Les changements considérables 8. La Côte d’Ivoire a connu un changement considérable dans sa structure de l’emploi, dans la structure de l’emploi n’ont mais seulement un changement modeste pas été suivis de changements correspondant dans la production. La figure 2.5 similaires dans la production31 et le graphique 2.6 montrent les tendances de la production et de l’emploi par secteur. La part de l’agriculture dans l’emploi total est passée de 60 6. La voie traditionnelle du développement % en 2008 à environ 48 % en 2018, tandis que économique impliquait des changements sa part dans la valeur ajoutée brute est restée structurels induits par l’industrie pratiquement inchangée, à 20-22 %. L’emploi total manufacturière. Les économies avancées a augmenté de 2,9 millions de personnes au cours d’aujourd’hui ont obtenu un succès économique de la même période, dont 16 % (0,5 million) pour sans précédent en suivant la voie bien rodée de l’agriculture. Bien que l’agriculture reste un moteur l’industrialisation (passage des travailleurs de de croissance essentiel, les services représentent l’agriculture à l’industrie manufacturière), puis de la plus grande part du PIB, soit 44 %, ce qui est la désindustrialisation (les travailleurs quittant inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne l’industrie manufacturière pour se tourner vers les (52 %). Les services ont représenté 55 % de services). Les économies d’Asie de l’Est ont connu la croissance totale de l’emploi (1,6 million de une expansion rapide du secteur manufacturier personnes). Les activités de services sont dominées pendant leurs périodes de décollage. À son par le commerce de biens non-échangeable et les apogée, l’industrie manufacturière employait 25 à activités informelles, principalement concentrées 45 % de la main-d’œuvre dans des pays comme dans les zones urbaines. Le secteur manufacturier le Royaume-Uni et les États-Unis avant que la contribue à 13 % du PIB, soit un peu plus que désindustrialisation ne s’installe. La nouvelle la moyenne de l’Afrique subsaharienne (10 %), vision du changement structurel qui émerge et a connu un déclin progressif au cours de la met l’accent sur la contribution des services et dernière décennie. Il ne représente que 8 % des des augmentations de productivité, au sein des exportations totales de biens, ce qui est bien secteurs et des entreprises, à la croissance et à inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne la création d’emplois. Les progrès technologiques (20 %). Malgré la diminution de sa part dans la élargissent sans doute la possibilité d’échanger production, sa part dans l’emploi est passée de 5 des services et les pays à faible revenu pourraient % en 2008 à environ 9 % en 2018. connaître une croissance plus rapide en exploitant leur avantage comparatif révélé dans le domaine des services. La productivité du travail explique 7. En revanche, les économies de l’ASS ont l’essentiel de la croissance récente, généralement connu une baisse de la part de l’emploi et de la production manufacturière, avec une contribution limitée du les travailleurs agricoles déplacés se dirigeant vers changement structurel des activités de services à faible productivité. À mesure que les pays s’enrichissent, l’emploi dans le secteur des services augmente au détriment de 9. Les niveaux de productivité du travail en Côte l’agriculture. Les chiffres de l’annexe 2.1 présentent d’Ivoire sont les plus élevés dans des secteurs la part de l’emploi des principaux secteurs par tels que la finance, les services publics et les rapport au revenu par habitant dans les pays à transports, et les plus faibles dans l’agriculture faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. et le commerce. La figure 2.7 montre les niveaux Les lignes ajustées sont positives pour les services de productivité par secteur. Ces chiffres doivent et négatives pour l’agriculture, ce qui implique des être pris avec des pincettes, car leur impact final parts croissantes et décroissantes, respectivement, sur l’économie dépend largement du poids relatif à mesure que le revenu augmente. La Côte d’Ivoire de l’emploi dans chaque secteur. Une productivité a connu des évolutions similaires, à l’exception du moyenne du travail élevée dans les secteurs à plus secteur manufacturier, où les parts de la production forte intensité de capital indique en partie que la et de l’emploi sont restées inchangées. part du travail dans la valeur ajoutée est faible. Ces secteurs n’emploient qu’une infime partie de la main-d’œuvre et ne sont pas susceptibles de 31 L’analyse porte sur les principaux secteurs suivants : agriculture (y compris la pêche, la chasse et la sylviculture), mines et services publics, industrie manufactu- rière, construction, commerce (comprenant le commerce de gros et de détail, ainsi que les hôtels et restaurants), transports et communications, et «autres services» (y compris les finances et l’administration publique). 42 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique générer beaucoup d’emplois. L’agriculture, le plus productivité sectorielle et la productivité totale en gros pourvoyeur d’emplois, a la productivité du 2018). Une corrélation positive entre la direction travail la plus faible. La productivité de l’industrie des flux de main-d’œuvre et la productivité du manufacturière et de la construction est environ travail dans les différents secteurs suggère qu’un quatre fois plus élevée que celle de l’agriculture. Ce changement structurel favorisant la croissance ratio de productivité entre l’industrie manufacturière est en cours. Dans un schéma classique de et l’agriculture est supérieur à la moyenne de changement structurel, on s’attendrait à trouver l’Afrique subsaharienne, qui est d’environ 2,3 l’agriculture dans le quadrant inférieur gauche (McMillan et Harttgen 2014). Les différences de (représentant une faible productivité et une part du productivité entre les secteurs, tout en restant travail en baisse) et les secteurs relativement plus significatives, sont toutefois considérablement dynamiques dans le quadrant supérieur droit (une plus faibles lorsqu’elles sont mesurées par heure productivité du travail plus élevée et une part du travaillée plutôt que par travailleur (Christiaensen travail en hausse). Certains signes indiquent que et Premand 2017). le changement structurel a permis d’augmenter la croissance en Côte d’Ivoire. L’agriculture a connu 10. La Côte d’Ivoire a montré des signes de la perte relative d’emplois la plus importante, changement structurel favorisant la croissance mais la majorité de cette main-d’œuvre s’est ces dernières années, mais les mouvements retrouvée dans des services de négoce et de de main-d’œuvre vers les secteurs à forte distribution peu productifs et largement informels, productivité ont été faibles. La figure 2.8 comme le commerce, plutôt que dans l’industrie présente l’évolution de la part de l’emploi dans manufacturière formelle et les services modernes les secteurs en fonction de la productivité relative - d’où la pente relativement plate du diagramme (mesurée par le logarithme du rapport entre la de dispersion. Décomposition de la croissance par habitant Figure 2.9: La décomposition de Shapley montre que Figure 2.10: ...mais sur une période plus longue, le la productivité au sein du secteur a été le moteur de la taux d’emploi a été le principal moteur (2008-2014) croissance ces dernières années ... (2014-2018) Taux d'emploi Taux d'emploi Taux d'emploi Taux d'emploi L'effet démographique L'effet démographique L'effet démographique L'effet démographique Au sein du secteur Au sein du secteur Au sein du secteur Au sein du secteur Changement structurel- Changement structurel- Changement structurel- Changement structurel- Dynamique Dynamique Dynamique Dynamique Changement structurel - Changement structurel - Changement structurel - Changement structurel - Statique Statique Statique Statique -3,0% -1,0% -3,0% 1,0% -1,0% 3,0% 1,0% 3,0% -2,0% 0,0% -1,0% -1,0% -2,0% 2,0% 1,0% 1,0% 0,0% 3,0% 2,0% 3,0% Note : La décomposition de Shapley est une méthodologie qui décompose la croissance du PIB par habitant en deux périodes consécutives, dans ses com- posantes emploi, productivité et démographique, afin de démêler les sources de croissance de la production par travailleur. Les gains (ou pertes) statiques de productivité sont dus aux déplacements de la main-d’œuvre des secteurs à niveau de productivité inférieur à la moyenne vers les secteurs à niveau de productivité supérieur à la moyenne (ou vice versa), tandis que les gains (ou pertes) dynamiques de productivité proviennent des déplacements de travailleurs des secteurs à croissance de productivité inférieure à la moyenne vers les secteurs à croissance de productivité supérieure à la moyenne (ou vice versa). 11. La forte croissance de ces dernières années 5 % en moyenne par an. La croissance globale de peut s’expliquer par la croissance de la la productivité du travail a représenté environ 70 % productivité du travail et, dans une moindre de cette augmentation. Le changement structurel mesure, par les changements structurels (figure a représenté une part plus faible, mais significative, 2.9 et figure 2.10).32 Entre 2014 et 2018, la valeur de la croissance par habitant, qui était en grande ajoutée réelle par personne a augmenté d’environ partie due à des gains statiques. Le changement 32 Ces chiffres présentent une décomposition de la croissance de la production (valeur ajoutée par personne), qui peut augmenter pour diverses raisons : augmen- tation de la productivité du travail dans chaque secteur (si chaque travailleur produit davantage), changement structurel (si les travailleurs passent d’activités à faible productivité à des activités à plus forte productivité), démographie (si la part relative de la population en âge de travailler augmente) et emploi (si une part plus impor- tante de la population en âge de travailler est employée). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 43 structurel33 favorise les gains statiques si pas suivi le rythme de la croissance économique les travailleurs passent de secteurs à faible rapide du pays. En revanche, sur la période plus productivité à des secteurs à forte productivité ; les longue de 2008 à 2014, le taux d’emploi a été le gains dynamiques se produisent lorsque le travail principal contributeur, mais les nouveaux emplois est réaffecté à des secteurs à forte croissance de n’étaient pas nécessairement productifs, en raison la productivité, indépendamment de leur niveau de de la part importante de l’emploi informel et mal productivité initial. La baisse des taux d’emploi et rémunéré (Christiaensen et Premand 2017). Les les changements de la structure démographique changements structurels n’ont apporté qu’une ont réduit la croissance. L’impact négatif du taux faible contribution à la croissance par habitant au d’emploi indique que la création d’emplois n’a cours de cette période. 2.2. Dynamique de la productivité au niveau de l’entreprise34 Les gains de productivité sont dus 13. Un nombre important d’entreprises ne survivent pas à leur première année, surtout les à des améliorations au sein des plus petites. Entre 2012 et 2017, en moyenne, 2 200 entreprises nouvelles entreprises sont entrées dans l’économie ivoirienne chaque année. Le taux d’entrée, défini comme le rapport entre le nombre de nouvelles 12. La croissance de la productivité globale en entreprises et le nombre total d’entreprises, était 2012-2017 est due à des améliorations intra- d’environ 16 % durant cette période. Les entrées entreprises dans le secteur manufacturier. se sont également accompagnées d’un nombre L’entreprise est le principal créateur de valeur important de sorties d’entreprises. En moyenne, ajoutée et le moteur ultime de la croissance. seulement 45 % des nouvelles entreprises La figure 2.11 montre la décomposition de la ont survécu la première année, et seulement productivité agrégée du secteur manufacturier en 20 % ont survécu après six ans (figure 2.12).35 croissance de la productivité intra-entreprise, en Conformément à la littérature, les entreprises qui redistribution entre les entreprises et en entrées ont démarré petites ont eu des taux de survie plus et sorties d’entreprises. Conformément aux faibles. Environ 50 % des entreprises comptant tendances macroéconomiques, la croissance de cinq employés ou moins ont quitté le marché au la productivité a été plus élevée dans l’industrie cours de la première année, et seulement 20 % ont manufacturière et dans les services pendant la survécu jusqu’en 2017. majeure partie de cette période. La croissance intra-entreprise explique une grande partie 14. Les entrées et sorties d’entreprises de l’évolution de la productivité, bien que sa ont largement contribué à améliorer la contribution ait été irrégulière au fil du temps. Cela productivité tout au long de la période. peut refléter des améliorations potentielles des L’entrée de nouvelles entreprises dans le secteur compétences managériales ou, plus généralement, manufacturier a apporté une contribution négative des capacités internes depuis la fin de la crise à la productivité tout au long de la période, sauf politique. Ces dernières années, la Côte d’Ivoire a entre 2011 et 2012. Cela suggère que les nouveaux amélioré son classement en matière de capacité venus sont moins productifs que les entreprises managériale perçue et de culture d’entreprise, existantes. Cependant, la contribution des même si l’adoption des technologies reste entreprises sortantes a été positive la plupart des inférieure à celle de ses pairs (Schwab 2019). années, ce qui implique que les entreprises qui quittent le marché sont moins productives que les survivantes. Globalement, les sorties nettes 33 Une analyse plus approfondie montre que la croissance de la productivité résultant du changement structurel est principalement due à des gains statiques. Cela montre que, bien que les niveaux de productivité dans les services de commerce et de distribution en expansion rapide aient été généralement supérieurs à la moyenne de l’ensemble de l’économie, la croissance de la productivité a été inférieure à la moyenne. 34 L’analyse dans cette section utilise les données longitudinales du recensement au niveau des entreprises de l’INS couvrant la période 2007-2017 (voir encadré en 2.2annexe 2.2). Elle est basée sur le travail de fond effectué pour ce rapport par Hibret Belete Maemir (2020). Conformément à la littérature, les principaux résultats présentés concernent le secteur manufacturier, avec quelques références aux services et au commerce lorsque cela est pertinent et cohérent. 35 Les taux de survie ont été calculés pour une cohorte d’entreprises établies en Côte d’Ivoire immédiatement après la crise en 2012, employant au moins un travailleur en 2012. Les entreprises sont classées en fonction du nombre de salariés à l’entrée en 2012. Les taux de survie ont été calculés comme étant le nombre d’entreprises encore en activité au fil du temps par rapport aux entreprises de cette catégorie de taille établies en 2012. Le taux de survie global suit bien les microentreprises car les jeunes pousses sont en grande partie des microentreprises. Il n’est pas surprenant que très peu d’entreprises (4 %) aient démarré en employant 20 travailleurs ou plus. 44 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique ont contribué positivement à la productivité. La Cette trouvaille suggère que les entreprises qui ont contribution des entrées et sorties d’entreprises le plus contribué à la croissance de la productivité connait une tendance inverse dans le secteur des globale ont rétréci en termes de valeur ajoutée, services à partir de 2014. Cela peut refléter des tandis que certaines des moins productives inefficacités sectorielles plus importantes liées se sont étendues à cet égard. Les obstacles à la prédominance de l’informalité, empêchant à la concurrence, la bureaucratie, la présence éventuellement la mise en place de mécanismes écrasante des entreprises publiques ou l’accès de sélection favorisant la productivité. limité au crédit peuvent empêcher les ressources de passer des entreprises moins productives aux 15. Le taux de survie des entreprises varie selon entreprises plus productives. Toutefois, la faible les secteurs. La figure 2.13 montre les taux de contribution de la composante inter-entreprises survie des entreprises de la cohorte 2012 en peut également résulter de différences de se basant sur la catégorisation à deux chiffres technologie, de qualité, de marges et de niveaux de la classification internationale standard des d’expérimentation différents, et pourrait ne reflète industries (CITI) un an et six ans après leur entrée. pas nécessairement uniquement des inefficacités Le cuir et les chaussures (CITI 19), le papier (CITI d’allocation (Cusolito et Maloney 2018). Les 22) et le commerce de gros (CITI 51) sont parmi les données concernant l’Afrique subsaharienne secteurs ayant les taux de survie les plus faibles, soulignent toutefois le degré élevé d’inefficacité de tandis que le secteur du bois (CITI 20) se classe l’allocation des ressources dans la région.36 parmi les plus élevés, de même que les services haut de gamme tels que l’intermédiation financière, les activités immobilières et les services publics comme l’éducation. Des gains de productivité 16. Si l’on examine la dynamique globale des importants pourraient être réalisés entreprises survivantes, la plupart d’entre en réduisant l’inefficience dans elles ont connu une faible croissance de l’emploi après leur entrée (Maemir 2020). Une l’allocation des ressources37 littérature récente a montré que le processus de la dynamique de l’âge des entreprises est crucial 18. L’allocation des ressources est inefficiente pour comprendre la croissance de la productivité mais comparable aux autres pays de la région. globale. Hsieh et Klenow (2014) montrent que si La mesure de la répartition des revenus de la les entreprises des pays avancés ont tendance productivité totale des facteurs (TFPR) entre les à croître plus rapidement après leur entrée, entreprises suggère qu’il y a eu une mauvaise les entreprises des pays en développement ne affectation des ressources en Côte d’Ivoire sur semblent pas croître avec leur âge, ce qui contribue la période 2011-2017 (figure 2.14). Les données aux différences de productivité globale entre les indiquent également que la dispersion s’est accrue pays. Pour stimuler la productivité agrégée, il faut depuis 2007. Par exemple, en 2017, la différence non seulement améliorer la réaffectation statique, de productivité des revenus entre les entreprises mais aussi supprimer les distorsions qui limitent la des 90e et 10e percentiles est de 25,3, ce qui est croissance des entreprises. beaucoup plus important que ceux documentés par Hsieh et Klenow (2009) pour l’Inde (5,0), la 17. Conformément aux preuves d’un changement Chine (4,9) et les États-Unis (3,3).38 Cependant, structurel modeste mais positif en Côte si l’ampleur de la mauvaise allocation en Côte d’Ivoire, des ressources limitées ont pu être d’Ivoire est beaucoup plus importante qu’en Inde aussi déplacées vers des entreprises ayant et en Chine, elle est comparable à celle de certains une productivité plus élevée. La contribution de ses pairs, comme l’Éthiopie et le Ghana (figure négative ou faible de la composante inter- 2.15). Une analyse contrefactuelle (encadré de l’2.3 entreprises suggère que la redistribution de la part annexe 2.3) suggère que la productivité du secteur de marché entre les entreprises survivantes n’a pas manufacturier pourrait augmenter d’au moins 80 % favorisé les plus productives. Cela est vrai tant pour en réaffectant les ressources vers des entreprises les services que pour l’industrie manufacturière. plus productives. 36 En témoignent la manière dont les différences de PTF entre les pays expliquent en grande partie les différences de revenu par travailleur au niveau agrégé ; les retards importants dans les processus de transformation structurelle, comme le montrent la part élevée de l’emploi et la très faible productivité dans le secteur agricole ; et la mauvaise affectation généralisée entre les exploitations agricoles et les entreprises avec des conséquences néfastes sur la production et la productivité agrégées (Calderon et al., à paraître). 37 Cette section quantifie les gains de productivité résultant de l’élimination de cette distorsion à l’aide d’un modèle structurel proposé par Hsieh et Klenow (2009). La mauvaise allocation est estimée par la dispersion des produits de revenu marginal des intrants entre les entreprises. L’allocation efficace des ressources entre des unités de production hétérogènes implique que, sous réserve de leur fonctionnement dans l’industrie, les produits marginaux sont égaux dans toutes les unités de production. Le coût des écarts par rapport à cette allocation efficace des ressources (également appelé mauvaise allocation) est généralement mesuré en termes de production globale ou de pertes de PTF. 38 Il est intéressant de noter que le TFPR est moins dispersé que le TFPQ, ce qui suggère une corrélation négative entre le prix et la productivité physique. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 45 19. Les secteurs non manufacturiers sont ceux mauvaise affectation pourraient être substantiels. qui ont le plus de possibilités d’améliorer la Les gains importants attendus reflètent en productivité par la réaffectation. L’efficacité partie l’inefficacité de l’allocation des ressources allocative désigne la répartition optimale des dans un secteur qui est en grande partie non facteurs de production. La figure 2.16 montre commercialisable. L’informalité est une source l’efficacité allocative par code secteur à quatre importante de mauvaise allocation en Afrique chiffres en 2007 et 2017. Les possibilités subsaharienne.39 L’avantage relatif de coût dont d’amélioration de la productivité par la réaffectation bénéficient les entreprises informelles affecte des ressources à des entreprises plus productives le dynamisme des entreprises en faussant la sont plus importantes dans les secteurs non destruction créative et la croissance. Un contrôle manufacturiers, ce qui est conforme aux données fiscal incomplet réduit l’intensité capitalistique recueillies dans d’autres pays. Par exemple, dans des entreprises informelles, induit une entrée le secteur du commerce de détail, la réaffectation excessive d’entreprises improductives et entraine des ressources pourrait accroître la productivité une mauvaise affectation des ressources vers de jusqu’à 200 %. Étant donné la part élevée les entreprises improductives (Calderon et al. à de la valeur ajoutée du secteur des services en paraître). Côte d’Ivoire, les gains de productivité à l’échelle de l’économie résultant de l’élimination de la Figure 2.11: La dynamique intra-entreprise contribue Figure 2.12: Les taux de survie sont faibles dans le plus à la productivité globale dans l’industrie tous les secteurs, en particulier pour les petites manufacturière entreprises Source : Maemir (2020) d’après le recensement au niveau des entreprises (Cen- Source : Maemir (2020) d’après le recensement au niveau des entreprises trale des Bilans) de l’INS. Note : La productivité agrégée est décomposée selon (Centrale des Bilans) de l’INS. Note : Les micro (5), petites (5-19), moyennes et la méthodologie proposée par Melitz et Polanec (2015). grandes entreprises (+20) sont définies par le nombre de salariés. Figure 2.13: Les taux de survie varient selon les secteurs, avec des taux de survie plus élevés dans les secteurs des services Source : Maemir (2020) basé sur l’ensemble des données de la Centrale des Bilans. Note : Les numéros à deux chiffres indiquent la catégorie CITI du secteur. La taille des cercles, des carrés et des triangles indique le nombre d’entreprises créées en 2012 dans ce secteur. Le taux de sortie pour le secteur des métaux (CITI 27) est de zéro mais une seule entreprise est entrée sur le marché en 2012. Le schéma des taux de survie s’est avéré globalement similaire parmi les différentes cohortes de nouvelles entreprises créées dans la période post-reprise.. 39 En raison de l’absence de données sur les entreprises informelles, l’analyse s’est abstenue d’aborder les gains de productivité potentiels qui pourraient être réali- sés par la réaffectation des ressources entre les entreprises formelles et informelles. En d’autres termes, les gains de productivité contrefactuels reflètent uniquement la réaffectation des ressources entre les entreprises opérant uniquement dans le secteur formel. Étant donné que les entreprises informelles s’avèrent souvent (en moyenne) moins productives que les entreprises formelles, la suppression des distorsions entre les entreprises formelles et informelles opérant dans le même secteur peut produire des gains de productivité plus importants. 46 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Comment la Côte d’Ivoire peut- 22. Les politiques visant à stimuler la productivité recoupent de nombreux domaines d’action elle améliorer l’affectation et sont très complémentaires. L’ensemble des des ressources et accroître la politiques et des institutions nécessaires pour productivité ? améliorer la productivité d’une économie peut être appelé système national de productivité (Cusolito et Maloney 2018). Ce système englobe un large 20. En principe, de nombreux facteurs peuvent éventail de secteurs politiques très complémentaires contribuer à une mauvaise répartition des : les politiques macroéconomiques, le régime ressources entre les entreprises. Des obstacles commercial et de concurrence, les capacités tels que la bureaucratie, les barrières commerciales, internes et l’esprit d’entreprise. Le reste de ce le faible accès au crédit ou la concurrence limitée rapport aborde certains des domaines clés peuvent empêcher les ressources de passer des qui devraient renforcer le système national de entreprises moins productives à des entreprises productivité de la Côte d’Ivoire de sorte que plus productives. Une riche littérature a exploré ces son modèle de croissance puisse bénéficier facteurs. Khwaja et Mian (2005) montrent que les d’une productivité plus élevée et d’une plus entreprises ayant des liens politiques au Pakistan grande ouverture. Les politiques de concurrence ont un meilleur accès au crédit, les seules à pouvoir s’attaquent directement aux inefficacités obtenir des prêts auprès des banques publiques. d’allocation tout en stimulant la sélection des Des études récentes utilisant des données marchés et l’efficacité productive (chapitre 3). niveau entreprises montrent que les barrières La diversification commerciale pourrait être un réglementaires à l’entrée de nouvelles entreprises moteur essentiel de la diversification économique, ont été utilisées pour protéger les entreprises en accélérant ainsi le processus de transformation place ayant des liens politiques (Rijkers et al. 2017). structurelle (chapitre 4). Enfin, l’augmentation de Un grand nombre d’entreprises bien connectées la productivité dans l’agriculture (chapitre 5), le peuvent contribuer à la faible croissance de la principal secteur d’emploi, conduirait également à productivité globale en empêchant les entreprises un processus de croissance plus inclusif. plus productives de gagner des parts de marché, 23. L’accumulation de capital humain et physique ou les nouvelles entreprises plus dynamiques de est également cruciale, bien qu’elle ne soit pas remplacer les entreprises en place inefficientes. directement abordée dans le présent rapport. Elle Elles peuvent également écarter les possibilités peut être renforcée en améliorant la concurrence, de croissance des entreprises non connectées. en favorisant la diversification des échanges et en Correa, Cusolito et Pena (2019) montrent que, augmentant la productivité agricole. En améliorant dans les pays en développement, l’amélioration le fonctionnement des marchés, une concurrence de la concurrence sur le marché des produits accrue peut promouvoir les investissements peut contribuer le plus à réduire la dispersion de du secteur privé dans les infrastructures, par la productivité. exemple. La diversification des échanges 21. La Côte d’Ivoire a fait des progrès significatifs soutiendra l’amélioration des compétences dans dans l’amélioration de l’environnement des les entreprises exportatrices à forte productivité, affaires (voir chapitre 1) mais ces réformes ne tandis que l’amélioration de la productivité semblent pas avoir eu d’impact sur l’efficience agricole ne peut se faire qu’en investissant dans dans l’allocation des ressources. En 2016, les dotations et l’adoption de technologies. Les l’accès au financement,40 l’instabilité politique et gouvernements jouent un rôle clé dans la création l’informalité semblaient être encore des contraintes d’un cadre approprié pour la réussite du système. majeures de l’environnement des affaires pour Ils peuvent mettre en place les bonnes incitations les entreprises. La mauvaise gouvernance et économiques, éliminer les distorsions et remédier les problèmes de concurrence, associés à des à un large éventail de défaillances potentielles politiques commerciales préférentielles ou à du marché dans tous les secteurs. À cette fin, ce un accès différentiel aux infrastructures, ont rapport présente des recommandations politiques également été identifiés comme des contraintes pour le court, le moyen et le long terme. importantes. 40 La finance est citée comme la contrainte la plus importante parmi tous les pays en SSA dans les enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 47 Figure 2.14: Il existe un degré important de mauvaise allocation des ressources en Côte d’Ivoire Source : Recensement au niveau des entreprises (Centrale des Bilans) par l’INS. Note : La productivité est calculée pour chaque entreprise par rapport à la moyenne à quatre chiffres de l’industrie (CITI). Comme dans la plupart des autres ensembles de données au niveau des entreprises, les données du recensement pour la Côte d’Ivoire ne contiennent pas d’informations sur les prix des produits et les quantités. La productivité physique de chaque entreprise est déduite en imposant une hypothèse sur la structure de la demande des entreprises, conformément à Hsieh et Klenow (2009). Figure 2.15: La mauvaise répartition dans l’industrie Figure 2.16: Les possibilités de réaffectation sont plus manufacturière est similaire à celle des pairs régionaux importantes pour les entreprises non manufacturières41 Source : Recensement au niveau des entreprises (Centrale des Bilans) par l’INS. Source : Recensement au niveau des entreprises (Centrale des Bilans) par l’INS. Note : Les gains de productivité contrefactuels sont calculés en égalisant le Note : Les cercles et les carrés indiquent la taille de chaque secteur en fonction TFPR, qui est une mesure synthétique des distorsions, entre l’ensemble des en- de sa part de valeur ajoutée dans chaque grand secteur (industrie manufactu- treprises existantes dans chaque secteur. rière, commerce et services) en 2007. 41 Améliorer l’accès aux services financiers, y compris les assurances, pour favoriser le développement de la productivité agricole. 48 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 24. L’une des répercussions à long terme de dans l’innovation. L’incertitude impacte sur les la COVID-19 pourrait être un recul de la décisions d’investissement des entreprises. croissance de la productivité. On estime que L’expérience de la crise financière mondiale montre d’autres épidémies survenues depuis 2000 ont que les interventions des gouvernements peuvent réduit la productivité du travail de 4 % au total après permettre la survie d’entreprises qui ne sont pas trois ans, principalement en raison de leur impact nécessairement les plus productives (Restuccia et négatif sur les investissements et la main-d’œuvre. Rogerson 2017). Compte tenu de sa nature mondiale, la COVID-19 pourrait avoir des effets négatifs plus importants 25. L’aspect positif est que la crise pourrait (Dieppe 2020). Tout d’abord, la crise pourrait avoir entraîner la disparition d’entreprises moins un impact négatif sur l’accumulation de capital productives et la réaffectation des ressources humain et physique. Les perturbations de la aux plus productives au sein de chaque scolarité, l’interruption de la fourniture de services secteur. En outre, la pandémie pourrait créer des publics et l’impact sur les revenus des ménages opportunités compensatoires d’amélioration de la peuvent conduire à des mécanismes d’adaptation productivité. Les grandes récessions ont parfois sous-optimaux (tels que la vente d’actifs ou le encouragé l’adoption de nouvelles technologies renoncement à l’éducation des filles) qui affectent dans certains secteurs. L’impact global est incertain l’accumulation de capital humain à moyen terme. (voir l’encadré 1.1 du chapitre 1 sur l’impact de la Les investissements peuvent être plus faibles dans COVID-19 sur les entreprises). Ce qui est certain, les années à venir, car les sources de financement cependant, c’est qu’un modèle de croissance qui sont limitées. Deuxièmement, une récession plus place la productivité au centre sera d’autant plus profonde et plus longue pourrait avoir des effets pertinent pour la Côte d’Ivoire alors que le monde durables sur l’allocation efficace des ressources, sort de la crise COVID-19. l’adoption des technologies et les investissements Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 49 Annexe 2.1. Parts de la production et de l’emploi dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur (2018) Figure 2.17 : Part de l'emploi dans les services par Figure 2.18 : Productivité du travail dans les services rapport au PIB par habitant par rapport au PIB par habitant 5000 5000 6000 6000 SWZ SWZ 4500 4500 TUN TUN 5000 5000 4000 4000 Eswatini Eswatini 35005000 50003500 Cap-Vert 6000Cap-Vert 6000 Cabo Verde SWZ 4000 SWZ 4000 Cabo Verde 5000 3000 4500 5000 45003000Angola Égypte TUNSWZ Angola TUN6000 Égypte 6000 MDA MDA SWZ Angola Angola Nigeria 5000 5000 BTN BTN 4500 2500 4000 4500 40002500 TUN 3000 TUN Nigeria Congo 3000 EgyptCongo Eswatini Eswatini FSM Egypt 2000 3500 3500 CIV 2018 2000 CIV 2018 Cap-Vert 5000Cap-Vert 5000 BOL PSE FSM PSE 4000 4000 HND 4000 Eswatini Cabo Nigeria Verde BOL Eswatini HND PNGCabo Verde Lao Sénégal Lao 4000 Sénégal Ghana Nigeria PNG 1500 3000 30001500 Angola SLB Angola Cap-Vert 2000 Cap-Vert 2000 Ghana 3500 3500 Tchad Égypte STP Tchad Égypte SLB KIR CIV 2018 KIRCabo MDAVerde CIV Angola Cabo 2018MDAVerde Angola Népal CIV 2000 Burundi Népal Burundi 4000 STP 4000 BTN BTN 10002500 25001000 Angola CIV Nigeria 2000 Angola Nigeria 3000 3000 3000 3000 1000 Congo Kenya Congo MDA Kenya EgyptMDA ETH CIV 2018 Égypte ETH CIV 2018Égypte FSM 1000 FSM Egypt Angola Angola 5002000 Burundi 2000500 Burundi Gambie Nigeria Gambie Nigeria Chad BOL BTN PSE BOL BTN ChadPSE 2500 2500CAF Lao CAF Lao Sénégal 3000 CAF Congo Sénégal CIV 20003000 Ghana HND Congo CAFNigeria HND CIV 2000 Nigeria PNG PNG 01500 2000 2000 Egypt Burundi Egypt Ghana 1500 0 CIV 2018 CIV SLB 2018 0 SLB SYR FSM Burundi FSM SYR PSE CIV PSE 2000 2000 Tchad Tchad STP STP ERI PRK SOM SSD KIR 0BOLKIR CIV PRK ERI SSD SOM 2018 BOLDJI2018 DJI 0 20 Népal 400 Burundi Népal6020 80Burundi 40 60 0 80 10 HND 20 Nigeria HND 30 Nigeria 1000 1000 Lao2000 CIV CIV Lao2000Sénégal Sénégal 2000 2000 Ghana Kenya 0 10 Ghana40 20 Kenya PNG 30 PNG 40 1500 1500 ETH ETHSLB SLB 1000 KIR 1000 KIR2018 500 Burundi500 Tchad Burundi Tchad Gambie Burundi STPBurundi Gambie STP CIV Chad CIV 2018 Chad 5000 Népal CIV CAF 2000 NépalCIV CAF 2000 CIV 2000 CIV 2000 1000 1000 5000 Eswatini Eswatini CAF Kenya CAF Kenya du travail dans l'industrie 2.19 : Part Figure4500 0 de l'emploi 0 ETH dans IDN l'industrie ETH manufac- 5000 1000 0 Figure SYR 10002.20 0 Burundi : Productivité SYR Eswatini Burundi 500 500 4500 Tunisie IDN PRK SOM ERI SSD 5000 ERI PRK SOM SSD Chad par rapport Chad DJI au Eswatini DJI turière Burundi par 0 rapport Burundi par habitant 20 0au PIB 20 Gambie 40 CAF 60 40 80Gambie 60 Tunisie manufacturière PIB par habitant 4000 CAF 4000 Cabo… 0 80 CAF CIV102000 0 20 CIV CAF 10 200030 20 40 30 40 0 0 Cabo 4000… Cap-Vert Burundi Burundi Cap-Vert 3500 Angola 3500MDA 0 SYR ERI SOM SSD PRK 4000 0 SYR ERI PRK SOM SSD DJI DJI Angola MDA Angola 30005000 0 50000 20 40 20 60 40 80 60 80 SLV Angola PHL 3000 Égypte 0 UKR 10 0 20 10 30 20 40 30 40 PHLEswatini Égypte Eswatini MAR SLV 3000 PHL MAR 25004500 4500 Nigeria COG IDN IDN COG 5000 50003000 UKR PHL Eswatini Égypte Eswatini 2500 Nigeria Tunisie Tunisie BOL COG Égypte NGA BOL COG 5000 2000 4000 5000 4000 CIV 2018 HND CIV 2018 2000 Eswatini GHA Cabo … EswatiniCabo2000 CIV 2018 … Cap-Vert IND CIVCap-Vert2018 NGA HND IND 3500 … 3500 IDN GHA 5000 4000 SDN 4000 VNM 2000 1500 4500 CIV4500 Angola IDN MDA Angola MDA SLB 5000 Lao SDN Eswatini VNM Lao Eswatini Angola Kenya 1500 STP BEN BGD CIV… Kenya Tunisie Tunisie LSO SLB SLV SLV Angola 1000 4000 3000 3000 Mauritani Sénégal 4000 1000 PHL Pakistan Mauritani Sénégal Égypte PHLSTP BENBGD 1000 Égypte KHM BGD MAR KHM LSO BGD MAR TCD GIN e Nigeria TCD Cabo COG GIN … Cabo… COG 3000 Pakistan 3000 UKR 1000 PHL UKR PHL 5002500 2500 Nigeria e 4000 AFG Cap-Vert 4000Yémen Cap-Vert Égypte Égypte 3500 BDI 3500 Gambie Angola 500 MDA Angola MDA Gambie BOL COG AFG BOL YémenCOG 02000 2000 CIV 2018 BDICIV 2018 0 CIV 2018 NGA BDI HND CIV 2018 SLV BDI NGA HND SLV Angola Angola 2000 IND IND 3000 3000 0 PHL GHA Égypte PHL GHA Égypte SDN 2000 UKR 0 SDN VNM MARVNM UKR PHL MAR 1500 0 1500 10CIV … 20 CIV COG… 30 40 COG 3000 0 SLB 2 3000 4 PHL SLB Lao 6 Lao8 2500 2500 Kenya Nigeria 0 KenyaSTP Mauritani BEN BGD10 Nigeria Mauritani BEN 20 STP 30 BGD Pakistan 40 LSO 0 LSO COG 2 Égypte 4 COG 6 Égypte 8 Sénégal Sénégal KHM BGD KHM BGD BOL 1000 1000 GIN GIN Pakistan 1000 1000 NGA BOL CIV 2018 NGA 2000 2000 CIV 2018 e TCD TCD CIV 2018 e CIV 2018 HND IND HND IND 500 500 Gambie GHA Gambie GHA 2000 SDNAFG 2000 Yémen VNM SDN AFG Yémen VNM 1500 6000 1500 CIV BDI … CIV… BDI 6000 SLB BDI SLB BDI Lao Lao 0 Kenya 0 6000 KenyaSTP BEN BGD STP BENBGD 0 0LSO 6000 LSO 1000 1000 Mauritani Sénégal SénégalMauritani Pakistan Pakistan KHM BGD KHM BGD 0Eswatini 10 0 1000 1000 5000 TCD GIN e TCD 20 10 e 30 20 GIN 30 40 5000 40 0 2 0 4 2 6 4 8 6 8 500 500 5000 Tunisie Gambie Eswatini Gambie AFG 5000 Yémen AFG SWZ Yémen SWZ BDI BDI IDN TUN 4000 Tunisie BDI BDI 0 0 4000 4000 0 0 CPV IDN TUN Angola 4000 Figure Cabo… SLV 6000 6000 2.210 : Part de 10 l'emploi 0 20 dans 10 l'agriculture 30 20 Angola par 6000 40 40 30 0Figure 6000 2.22 MDA2 0: Productivité 4 2 du 6 CPVtravail8dans 4 6 l'agriculture8 3000 Cabo … SLV AGO MAR UKR MDA Égypte 3000 MAR rapport au PIB par 3000 habitant Eswatini Égypte 3000 par EGY rapport AGOau PIB UKR par habitant 5000 5000 Eswatini 5000 BOL5000 NGA EGY 2000 CIV 2018 BOL NGA SWZ SWZ Tunisie 2000 Tunisie Lao CIV 2018 2000 CIV 2018 SDN TUN TUN 6000 4000 LSO6000 4000BGD CIV 2020 Tchad Lao 6000 4000 6000 4000 2000IDN IDN SDN SLB CIV 2018 1000 Cabo… KGZ SLV Cabo…Angola LSO SLV KGZ Angola BGD CIV 2020 Tchad BGD SLBCPV CPV BFA1000 1000 MDA MAR MDA AFG ETH CAF CIV 2000 AGO BGD MAR 5000 3000 5000 Eswatini3000Égypte Eswatini BFA BDIAFG Égypte ETH5000 3000 5000 3000 1000 UKR AGO CIV 2000 UKR EGY EGY 0 CAFBDI BDI SWZ SWZ Tunisie 0 Tunisie 0 BOL NGA BOL NGA TUN TUN 0 2000 20 40 2000 60 CIV 2018 80 100 CIV 2018 IDN BDI IDN 4000 4000 4000 02000 2 4000 4 2000 0 6 8 0 20Lao 40 60 Lao 80 100 CIV 2018 CPV SDN CIV 2018 CPV SDN Cabo… SLV LSO Cabo… Angola SLVCIV 2020BGD LSO Angola Tchad CIV 2020 Tchad SLB 0 MDA SLB 2 MDA 4 6 8 1000 1000KGZ BGD KGZ AGO MAR UKR BGDAGO MAR UKR 3000 3000 Égypte 1000 3000 BGD 1000 3000 BFA AFG Égypte BFAETH CAFAFG ETH CAF CIV 2000 EGY CIV 2000 EGY BDI BDI BOL NGA BOL NGA 0 2000 2000 0 CIV 2018 CIV 2018 2000 0 BDI 2000 0 BDI 0 20 0 40 Lao 4080 2060 60Lao 100 80 100 CIV 2018 SDN CIV 2018 SDN LSO BGD LSO CIV 2020BGD Tchad CIV 2020 Tchad 0 SLB 2 0 SLB 4 2 6 4 8 6 8 1000 1000 KGZ KGZ BGD BGD BFA BFA 1000 1000 AFG ETH CAF AFG ETH CAF CIV 2000 CIV 2000 BDI BDI 0 0 BDI BDI 0 0 0 20 0 40 2060 4080 100 60 80 100 0 2 0 4 2 6 4 8 6 8 Source : Calculs du WDI et du personnel de la Banque mondiale. 50 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Annexe 2.2. Données de recensement au niveau des entreprises Encadré 2.2: Données de recensement au niveau des entreprises, Centrale des Bilans Les données utilisées dans cette note sont tirées d’une base de données de recensement niveau entreprises, dénom- mée la Centrale des Bilans, fournies par l'Institut National de la Statistique (INS) pour la période 2007-2017. L'ensemble de données couvre toutes les entreprises officiellement enregistrées dans tous les secteurs du pays et contient des in- formations détaillées sur chaque entreprise, notamment sur les revenus, l'emploi, le coût du travail, les immobilisations et d'autres caractéristiques de l'entreprise. o Classification sectorielle : Pour cette analyse, les industries sont définies en utilisant la classification interna- tionale standard à quatre chiffres des industries (CITI), Rév. 3.1, par exemple "Fabrication de cacao, de cho- colat et de confiserie de sucre". Un effort considérable a été fait pour harmoniser les codes de classification des industries des entreprises dans l'ensemble de données. La base de données est un panel déséquilibré couvrant une période de 11 ans, entre 2007 et 2017. Les observations enregistrées entre 2007 et 2012 ont été classées selon les codes de la Nomenclature d'Activités des Etats Membres d'Afristat (NAEMA) ; les observations pour la période 2013-2017 ont été classées en utilisant les codes de la CIAP (Classification Ivoi- rienne des Activités et des Produits). Afin de garantir la cohérence de la codification de la classification des industries dans l'ensemble de l'ensemble des données, les codes CIAP ont été convertis en codes NAEMA. Certaines entreprises ont changé d'activité au fil des ans. Pour ces entreprises, le code modal a été sélec- tionné. Après avoir attribué le code modal NAEMA à chaque entreprise, elles ont été converties en CITI Rév. 3.1 au niveau à quatre chiffres en utilisant des tables de conversion standard. o Valeur ajoutée : les coûts des intrants matériels n'ont pas été mis à disposition. Pour cette analyse, la valeur ajoutée directement déclarée dans les données a été utilisée avec un ajustement pour les impôts. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 51 Annexe 2.3. L’impact sur la productivité de la suppression de la mauvaise allocation Encadré 2.3 : Mesure des gains potentiels de productivité totale des facteurs grâce à l'élimination de la mauvaise affectation Les gains de productivité agrégés associés à la suppression des distorsions entre les unités de production sont calculés en comparant la PTF réelle au niveau du secteur à la valeur correspondante en l'absence de distorsions. • Productivité réelle au niveau de l’industrie. Premièrement, obtenir la productivité réelle au niveau de − − l'industrie = = ቆ σ ቀ ቁ ቇ où la moyenne des TFPR au niveau de l'entreprise − dans les industries est celle où les entreprises sont agrégées en fonction de leur part de valeur ajoutée dans l'industrie. Dans un marché faussé, la productivité sectorielle dépend du niveau et de la répartition de la productivité au niveau de l'entreprise et de la manière dont les ressources sont réparties entre les entreprises. • Une productivité efficience au niveau de l’industrie. En l'absence de distorsions spécifiques à l'entreprise, le niveau de productivité de l'industrie serait = ൫ σ − ൯− . Dans un marché non faussé, la productivité du secteur est uniquement déterminée par le niveau et la répartition de la productivité des entreprises. • Prenez le rapport entre la PTF réelle rapportée à la PTF efficiente. La perte de productivité due à une mauvaise affectation est calculée en comparant combien serait la PTF du secteur en l'absence de distorsions par rapport au niveau réel de la productivité de la PTF au niveau de l'industrie. Après avoir déterminé la productivité optimale au niveau du secteur, les pertes de productivité dues à une mauvaise affectation sont calculées en prenant le rapport de la PTF réelle sur la productivité potentielle, c'est-à-dire, . • Agrégation du ratio entre les industries à l'aide d'un agrégateur Cobb-Douglass. Selon le Hsieh and Klenow (2009), le poids relatif des différentes industries du secteur manufacturier est déterminé par la part de valeur ajoutée, c'est-à-dire ς . Les gains de productivité potentiels pour l'ensemble du secteur manufacturier sont − − calculés comme suit ቀ − ቁ, où = ς ቆ σ ቀ ቁ ቇ où la part de valeur ajoutée de chaque industrie. 52 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Références Caballero, R.J. T. Hoshi, et A.K. 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Washington, Manufacturing TFP in China and India. “The Quarterly D.C. : Groupe de la Banque mondiale. https:// openknowledge.worldbank.org/handle/10986/33236. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 53 Chapitre 3 Stimuler la croissance de la productivité grâce à la politique de concurrence Préparé par Mariana Iootty (Economiste Principale, ETICI), Maciej Drozd (Economiste, ETICI), Seidu Dauda (Economiste, ETICI) et Gonçalo Coelho (consultant, ETICI). Georgiana Pop (Economiste Principale, ETICI - Responsable global en charge de la politique de la concurrence) a fourni des contributions sélectionnées et une orientation générale à l’équipe. 54 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 1. La concurrence est essentielle à la croissance 3. Stimuler la croissance de la productivité en de la productivité. La concurrence est définie améliorant le fonctionnement du marché comme un processus de rivalité entre fournisseurs est un défi crucial pour la Côte d’Ivoire. Le qui se déroule soit sur le marché, soit pour le pays a fait des progrès remarquables dans marché. Elle peut favoriser la croissance de la l’amélioration du climat des affaires depuis 2011. productivité de trois manières complémentaires Selon les indicateurs du rapport Doing Business, : en améliorant l’efficience de la production, la Côte d’Ivoire est passée du 190e rang en 2011 en améliorant l’efficience de l’allocation des au 110e en 2019. Toutefois, l’environnement ressources et en stimulant la sélection des des affaires en Côte d’Ivoire est toujours perçu marchés.42 Premièrement, la concurrence entraîne comme étant dominé par un nombre relativement une amélioration de l’efficience productive au faible d’acteurs du marché. Les données niveau niveau de l’entreprise en agissant comme une entreprises suggèrent également que les industries force de discipline, en exerçant une pression sur manufacturières du pays sont relativement les entreprises pour qu’elles augmentent leurs concentrées en comparaison à certains pays pairs. capacités internes afin de devenir plus productives La taille du secteur informel est également perçue (composante intra-entreprises). Deuxièmement, comme créant des distorsions de marché pour elle améliore l’efficience de l’allocation des les entreprises formelles. Ces questions devront ressources en permettant aux entreprises plus être abordées si le pays veut attirer davantage efficientes de gagner des parts de marché ou d’investissements du secteur privé. d’obtenir des intrants plus productifs, au détriment des entreprises moins efficientes (composante 4. Le chapitre est organisé comme suit. La section inter-entreprises). Troisièmement, elle stimule 3.1 présente les preuves empiriques récentes des la sélection des marchés en facilitant l’entrée résultats de la concurrence en Côte d’Ivoire, en d’entreprises plus productives et en encourageant analysant les données disponibles pour fournir la sortie des entreprises moins productives un aperçu de l’intensité et de la dynamique (composante de sélection). Voir A2.1 à l’annexe 2 de la concurrence sur le marché intérieur. La pour un résumé des preuves empiriques sur les section 3.2 examine ensuite l’état des politiques relations entre la concurrence et la productivité. de concurrence et leur efficacité en matière de stimulation du fonctionnement du marché 2. Les gouvernements peuvent influer sur la selon deux dimensions. Tout d’abord, au niveau concurrence à la fois en tant que régulateur horizontal, elle analyse l’efficacité du droit de la et en tant qu’acteur du marché. Ils régulent les concurrence et du cadre institutionnel de la Côte marchés, achètent des intrants et fournissent des d’Ivoire en matière de promotion de l’efficacité biens et services. Ce faisant, les gouvernements du marché par le control des distorsions causées peuvent influencer la concurrence en influençant par les structures de marché non concurrentielles l’entrée ou la sortie du marché, les conditions de et le comportement stratégique des entreprises. concurrence entre les entreprises et la capacité Ensuite, au niveau sectoriel, elle fournit des des consommateurs à exercer leur choix (Office informations sur deux secteurs critiques : les of Fair Trading 2009). Les interventions des télécommunications mobiles et le transport routier gouvernements ne sont pas nécessairement de marchandises. Ces deux secteurs ont été choisis nuisibles. Elles peuvent uniformiser les règles en raison de leur pertinence pour la croissance de du jeu et encourager le bon fonctionnement la productivité de l’ensemble de l’économie. Enfin, des marchés. Un cadre global de politique de la section 3.3 examine les mesures politiques que la concurrence repose donc sur trois piliers le gouvernement peut prendre pour encourager essentiels : (i) encourager les réglementations une concurrence plus importante. favorables à la concurrence et les interventions des pouvoirs publics sur les marchés ; (ii) promouvoir la neutralité concurrentielle et les aides publiques non perturbatrices ; et (iii) permettre une application efficace du droit de la concurrence et de la législation antitrust (figure 3.1).43 42 Les entreprises se font concurrence pour attirer les clients en proposant des prix plus bas, des produits ou des services de meilleure qualité ou des produits et services plus innovants. Lorsque la concurrence sur le marché n’est pas restreinte, les entreprises ont les bonnes raisons d’améliorer leurs performances économiques par rapport à leurs concurrents réels et potentiels et, ce faisant, d’obtenir les meilleurs résultats pour les consommateurs et l’ensemble de l’économie. 43 Le premier pilier comprend des mesures visant à réduire les distorsions du marché causées par la réglementation sectorielle et les interventions gouvernementales sur les marchés qui renforceraient la position dominante d’une entreprise ou limitent l’entrée d’autres entreprises, facilitant ainsi les résultats collusoires ou augmen- tant le coût de la concurrence sur les marchés, ce qui discrimine et protège les intérêts acquis. Le deuxième pilier englobe l’introduction de principes favorables à la concurrence dans des politiques gouvernementales plus larges telles que les marchés publics, les aides d’État, la politique commerciale, la politique d’investissement étranger direct et la gouvernance des entreprises publiques. Le troisième pilier comprend l’application efficace de lois antitrust bien conçues (généralement constituées par le contrôle des fusions et des règles contre les abus de position dominante et les accords anticoncurrentiels) qui visent à contrôler les distorsions causées par des structures de marché non concurrentielles et le comportement stratégique des entreprises. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 55 Figure 3.1: Cadre global de la politique de concurrence Réglementations favorables à la concur- rence et interventions gouvernemen- Neutralité concurrentielle et Application efficace du tales: Ouverture des marchés et sup- soutien des aides publiques droit de la concurrence pression de la réglementation sectorielle sans effet de distorsion et des règles antitrust anticoncurrentielle Réformer les politiques et les réglementa- S'attaquer aux ententes tions qui renforcent la domination : restric- qui augmentent les coûts Contrôler les aides d'État pour tions sur le nombre d'entreprises, monopoles des principaux intrants et éviter le favoritisme et minimiser légaux, interdiction des investissements pri- des produits finaux et ré- les distorsions de concurrence. vés, absence de réglementation de l'accès duisent l'accès à une plus aux installations essentielles. grande variété de produits. Éliminer les interventions gouvernemen- tales conduisant à des effets collusoires ou Assurer la neutralité concurren- Prévenir les fusions anti- augmentant les coûts de la concurrence : tielle, y compris à l'égard des concurrentielles. contrôles des prix et autres variables du mar- entreprises publiques. ché qui augmentent le risque des affaires. Renforcer le cadre antitrust et institutionnel général Réformer les interventions gouvernementales qui discriminent et nuisent à la pour lutter contre les com- concurrence fondée sur les mérites: des cadres qui faussent les règles du jeu ou portements anticoncurren- qui accordent un niveau élevé de discrétion. tiels et les abus de position dominante. Source : Personnel de la Banque mondiale adapté de Kitzmueller et Licetti (2012). 3.1. Quel est l’état de la concurrence en Côte d’Ivoire ? Des enquêtes et des données au de la domination du marché, accusant un retard par rapport à plusieurs de ses pairs régionaux niveau des entreprises suggèrent et structurels et à tous ses pairs aspirationnels.44 que la concurrence est faible sur Selon les données de l’  «  Economist Intelligence les marchés ivoiriens Unit  » (Economic Intelligence Unit, Risk Tracker dataset, janvier 2020), il y a un niveau relativement élevé de risque opérationnel perçu en Côte d’Ivoire 5. La perception de domination dans les marchés lié aux intérêts acquis, au favoritisme et aux est considérée comme une entrave à la pratiques commerciales déloyales. Elle est moins concurrence sur les marchés ivoiriens. Selon bien classée dans cette mesure que le Ghana le dernier rapport sur la compétitivité mondiale du et le Sénégal, parmi ses pairs structurels, et que Forum économique mondial, le monde des affaires tous ses pairs aspirationnels (figure 3.3). En outre, en Côte d’Ivoire est perçu comme étant dominée cette perception n’a pas changé au cours des cinq par un nombre relativement faible d’acteurs du dernières années. marché (figure 3.2). En 2019, la Côte d’Ivoire se classait 106e sur 141 pays en termes de perception 44 Dans ce rapport, les pairs structurels de la Côte d’Ivoire sont l’Éthiopie, le Ghana et le Sénégal et ses pairs aspirationnels sont le Kenya, le Maroc, le Sri Lanka et le Vietnam. Voir le chapitre 1 pour plus d’informations sur la sélection des pays pairs utilisés dans ce rapport. 56 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Figure 3.3: Les risques commerciaux dus à la concur- Figure 3.2: La dominance perçue sur le marché est rence déloyale continuent d'être considérés comme similaire à celle des pays pairs (2018 et 2019) élevés (2015 et 2020) Source : Personnel de la Banque mondiale sur la base des données du Risk Source : Personnel de la Banque mondiale sur la base de l'indice de compé- Tracker de l'Economist Intelligence Unit ( janvier 2020). Note : Le graphique titivité mondiale 4.0 2018 et 2019 du Forum économique mondial. Note : Les montre une agrégation de quatre indicateurs, chacun noté sur une échelle de 0 scores de domination du marché varient de 1 (le pire) à 7 (le meilleur). (risque très faible) à 4 (risque très élevé). Figure 3.4: L'écart de densité des nouvelles entreprises est faible, ce qui affaiblit la pression concurrentielle (2006-2018) 2,4 2 1,6 1,2 0,8 0,4 0 Côte d'Ivoire Sri Lanka Vietnam Kenya Maroc Burkina Faso Éthiopie Bénin Sénégal Niger Mali Ghana Togo Observé Prévu Source : Personnel de la Banque mondiale sur la base des enquêtes sur les entreprises et de la base de données des indicateurs du développement mondial (WDI), 2006-2018 (https://datacatalog.worldbank.org/dataset/world-development-indicators). 100% Note : La densité des nouvelles entrées d'entreprises est définie comme le nombre d'entreprises privées à responsabilité limitée formelles nouvellement enregistrées pour 1 000 personnes en âge de travailler (15-64 ans). Les barres indiquent le taux de80% densité moyen observé pour la période 2006-2018. Les points indiquent le point de référence prévu par une régression (linéaire) avec comme variable explicative60% (le logarithme du) PIB moyen par habitant 2006-2018 ajusté pour la parité de pouvoir d'achat (2011). 40% 20% 0% C么te d'Ivoire Togo (2016) Sénégal (2014) Ghana (2013) Éthiopie (2015) Burkina Faso Guinée-Bissau Mali (2016) Bénin (2016) Vietnam (2015) Maroc (2019) Niger (2017) Kenya (2018) Sri Lanka (2011) (2009) (2016) (2006) 6. Le nombre relativement faible de nouvelles tenu du niveau de revenu par habitant de la Côte entreprises affaiblit la pression concurrentielle d’Ivoire est plus important que celui de tous ses sur les marchés ivoiriens. Lorsque la densité pairs aspirationnels, à l’exception du Sri Lanka et d’entrée - le nombre d’entreprisesMonopole formelles Duopoly de ses Oligopole (2-5)pairs structurels Plus de 5 que sont l’Éthiopie et le nouvellement enregistrées par rapport à la Ghana. Plusieurs facteurs pourraient expliquer population en âge de travailler - est faible, la la faible densité d’entrée pendant cette période, pression concurrentielle 80,0 est affaiblie, ce qui nuit à notamment les barrières réglementaires à l’entrée 74,0 67,0 68,7 la croissance de la productivité. 70,0 60,0 Entre 2006 et 2018, et les politiques qui pourraient 57,7 protéger 59,8 certaines 56,6 55,2 le taux moyen60,0de densité d’entrée des entreprises 53,2 entreprises 52,7 en place et décourager l’entrée de Niveau de PCM (%) 50,0 du secteur privé 40,0 formel de la Côte d’Ivoire était nouveaux concurrents. 29,3 30,0 de tous ses pairs aspirationnels et inférieur à celui également inférieur 20,0 à celui de son pair structurel, 7. Les marchés 19,3 manufacturiers sont relativement 10,0 le Ghana (figure 3.4). De même, l’écart entre la concentrés par rapport aux pairs sélectionnés. 0,0 densité moyenne d’entrée observée entre 2006 Moyenne Les données au niveau des entreprises de la Moyenne Médiane Médiane Moyenne Médiane et 2018 et ce à quoi on pourrait s’attendre compte dernière enquête de la Banque mondiale sur Tous les secteurs Fabrication Non manufacturier les entreprises (WBES) - qui est représentative 2009 2016 100,0 7,53 8,0 nce de la MCR moyenne -2009-2016 90,0 7,0 6,01 80,0 6,0 70,0 60,0 5,0 Niveau de MCR (%) 50,0 4,0 (%) 40,0 3,0 2,52 30,0 2,0 20,0 Côte d’Ivoire Mémorand um Économique 1,0 I 57 10,0 de l’ensemble du secteur privé non agricole45- raison de conditions sous-jacentes telles que des suggèrent que les structures de marché coûts fixes et des investissements irrécupérables monopolistiques et en duopole sont répandues importants, des économies d’échelle et de gamme, dans le secteur manufacturier. La proportion et des échelles minimales efficientes élevées. d’entreprises manufacturières ivoiriennes qui Deuxièmement, des niveaux de concentration considèrent qu’elles opèrent sur des marchés élevés pourraient refléter le fait que des entreprises monopolistiques, en duopole ou oligopolistiques prospères ont conquis de grandes parts de marché semble être relativement élevée (26 %) par rapport grâce à des mesures d’amélioration de l’efficience à leurs pairs structurels du Sénégal (8 %), du ou à des investissements sur l’innovation dans les Ghana (10 %) et de l’Éthiopie (24 %) et à leurs pairs produits et processus. Cependant, des marchés aspirationnels du Vietnam (11 %) et du Kenya (21 constamment concentrés peuvent également %). Cette part 2,4 est toutefois inférieure à celle des présenter des risques de comportement deux autres pays, 2 le Maroc (36%) et le Sri Lanka anticoncurrentiel, en particulier lorsqu’il existe 1,6 (26%) (figure 1,2 3.5). des barrières structurelles et comportementales 0,8 à l’entrée qui protègent les entreprises présentes 8. Les niveaux élevés de concentration du marché 0,4 de la concurrence. Dans ces cas, les inefficiences 0 ne sont pas nécessairement une source de d’allocation peuvent entraver la croissance de la Côte d'Ivoire Sri Lanka Vietnam Kenya Maroc Burkina Faso Sénégal Éthiopie Bénin Niger Mali Ghana Togo préoccupation.46 Tout d’abord, certains marchés productivité. sont sujets à une plus grande concentration en Observé Prévu Figure 3.5: Les monopoles, duopoles et oligopoles sont relativement courants dans le secteur 100% 80% 60% 40% 20% 0% C么te d'Ivoire Togo (2016) Sénégal (2014) Ghana (2013) Éthiopie (2015) Burkina Faso Guinée-Bissau Bénin (2016) Mali (2016) Vietnam (2015) Maroc (2019) Niger (2017) Kenya (2018) Sri Lanka (2011) (2009) (2016) (2006) Monopole Duopoly Oligopole (2-5) Plus de 5 Source : Élaboration du personnel 80,0 de la Banque mondiale sur la base des données de l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale 74,0 pour l’enquête la plus 67,0 ayant répondu «Aucun», «Un», «2-5» ou «Plus de 5» à la68,7 récente. Note : Les parts reflètent 70,0 le pourcentage d’établissements question «Pour l’année fiscale [indiquée entre parenthèses], pour le marché principal 60,0sur lequel cet établissement a vendu son produit principal, combien57,7de concurrents ont59,8 été confrontés au produit 56,6 55,2 60,0 53,2 52,7 Niveau de PCM (%) principal/à la ligne de produit de cet établissement», respectivement. Par exemple, “Aucun” n’a été codé comme «Monopole» et «Un» comme «Duopole». Les établissements qui n’ont pas50,0 répondu à la question et les établissements dont le marché principal pour leur principale ligne de produits est international sont exclus. 40,0 29,3 30,0 19,3 20,0 10,0 0,0 Les marges prix-coût ont augmenté Moyenne Médiane Moyenne Médiane entreprises du Moyenne secteur tertiaireMédiane . En s’appuyant Tous les secteurs Fabrication Non manufacturier sur les données de l’enquête WBES, la figure 3.6 au fil du temps pour les entreprises 2009 2016 montre les valeurs moyennes et médianes des de services marges de coût de revient observées au niveau des entreprises en Côte d’Ivoire en 2009 et 100,0 7,53 2016.48 Au niveau agrégé, la moyenne 8,0 des MPC Croissance de la MCR moyenne -2009-2016 9. La marge moyenne 90,0 prix-coût (MPC)47 - une 6,01 a augmenté de 6 % de 2009 à 7,02016. Les MPC 80,0 approximation du70,0 pouvoir de marché - a varient selon les secteurs : alors que 6,0 les entreprises 5,0 augmenté avec le60,0 temps, sous l’impulsion des Niveau de MCR (%) 50,0 manufacturières ont connu une4,0 baisse moyenne (%) 40,0 3,0 2,52 30,0 45 L’enquête sur les entreprises constitue une riche source d’informations sur les entreprises et l’environnement des affaires dans lequel elles opèrent. L’enquête couvre 2,0 20,0 des sujets tels que les caractéristiques des entreprises, les ventes annuelles, le coût de la main-d’œuvre et d’autres facteurs de production, les mesures de performance, 10,0 1,0 l’accès au financement, la composition de la main-d’œuvre, la participation des femmes au marché du travail et de nombreux aspects de l’environnement des affaires. 0,0 Les répondants à l’enquête comprenaient 0,0 des entreprises formelles (enregistrées) du secteur privé, 526 en 2009 et 361 en 2016. Pour être inclues dans l’enquête, les Moyenne de entreprises devaient avoir au moins cinq employés l'ensemble et opérer dans des Moyenne le secteur des entreprises manufacturier ou dans au- Moyenne certains des secteurs entreprises des services. en Les «services» comprennent le commerce de détail, le commerce de gros, l’hôtellerie, entreprises dessus du la réparation, la construction, 75e les percentile de l’information technologies dessous du et 75e de lapercentile communication (TIC) et les transports. L’agriculture, la pêche et les industries extractives, ainsi que les services publics et certains secteurs de services tels que les services financiers, l’éducation et les soins de santé ne sont pas inclus dans l’enquête. Les entreprises détenues à 100 % par l’État sont également exclues. 2009 2016 46 Cela est particulièrement vrai dans le cas des petites économies, bien qu’il puisse y avoir plusieurs défis à prendre en compte. 47 L’acronyme anglais, PCM pour price-cost margin est présent dans quelques figures. 48 La marge sur coût de revient d’une entreprise est la différence entre ses ventes et le coût total des ventes, par rapport à l’ensemble des ventes. Voir l’annexe 3.1 pour plus d’informations sur la manière dont la MCR est calculée. Une main-d'œuvre insuffisamment formée Taux d'imposition 2016 Pratiques des concurrents dans le secteur informel 16,0 Instabilité politique Accès au financement 58 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Accès au financement L'instabilité politique de 44,9 % des MPC, la moyenne pour les services 12. Cependant, l’augmentation des MPC a augmenté de 19,1 % au cours de la même période. n’implique pas nécessairement une diminution La MPC médiane a montré une tendance similaire de la concurrence. L’augmentation du pouvoir : elle a augmenté pour toutes les entreprises de marché - qui s’exprime par des MPC élevés - de l’échantillon dans l’ensemble, en raison de peut être le résultat de processus plus efficaces l’augmentation pour le secteur des services, tandis ou d’innovations. 50 Une évaluation approfondie que les entreprises manufacturières ont connu une de la concurrence dans ces secteurs et sur ces réduction de la MPC médiane. marchés serait nécessaire pour mieux comprendre non seulement les caractéristiques intrinsèques 10. La proportion d’entreprises qui facturent des marchés (y compris les caractéristiques des MPC relativement élevés a également de l’offre et des acheteurs), mais aussi pour augmenté ces dernières années. La figure identifier et évaluer les effets anticoncurrentiels 3.7 montre la distribution des MPC au niveau potentiels de l’intervention des pouvoirs publics des entreprises en 2009 et 2016. Les données sur ces marchés. Dans l’ensemble, cependant, montrent que l’extrémité droite de la distribution ces résultats indiquent qu’il existe des inefficacités grossit au fil du temps, sauf pour les entreprises d’allocation dans le secteur des services, comme manufacturières, ce qui suggère que davantage nous l’avons vu au chapitre 2. d’entreprises avaient des MPC relativement élevés en 2016 qu’en 2009. La hausse de la MPC moyenne 13. L’âge apparaît comme le facteur clé influençant est associée à de fortes augmentations parmi les les différences de MPC : les entreprises plus entreprises ayant les marges les plus élevées dans âgées ont tendance à avoir des marges plus le secteur des services. élevées que les plus jeunes. Si l’on considère l’ensemble des secteurs, les entreprises matures 11. L’augmentation de la MPC moyenne est due (6-15 ans) réalisent des MPC qui sont, en moyenne, à la capacité d’un petit groupe d’entreprises 26,2 % plus élevées que les jeunes, même si elles à accroître leur pouvoir de marché au fil du opèrent dans le même secteur et la même région et temps. La croissance des MPC a été inégale partagent des caractéristiques similaires (annexe d’une entreprise à l’autre, comme le montre la 3.2, tableau 3.3, colonne 1). Les différences entre figure 3.8. Les entreprises du quartile supérieur les MPC peuvent être liées à la fois à des facteurs de la distribution de la MPC ont augmenté leurs d’offre, qui affectent les coûts, et à des facteurs de marges moyennes beaucoup plus rapidement que demande, qui affectent les prix. Par conséquent, les autres. La MPC moyenne de ces entreprises a le fait que les entreprises matures présentent des augmenté de 7,53 % de 2009 à 2016, contre 2,52 % MPC plus élevés peut être dû soit au fait que ces pour les 75 % d’entreprises restantes au cours de la entreprises sont plus productives (coûts marginaux même période. Cela montre que l’augmentation de plus faibles), soit à des facteurs liés au prix, tels la MPC moyenne provient principalement de ces qu’une qualité de produit supérieure ou une entreprises du quartile supérieur. Ces entreprises élasticité de la demande plus faible51. À cet égard, ont tendance à être plus grandes (en termes de l’analyse montre que l’effet de l’âge persiste même nombre d’employés en équivalent temps plein) si l’on tient compte des différences de productivité et sont 3,39 fois plus productives que le reste des (du travail) (annexe 3.2, tableau 3.6, colonne 1),52 entreprises (voir le tableau 3.5 de l’annexe 3.2)49. ce qui suggère que les différences de prix jouent Ces entreprises sont également surreprésentées un rôle important dans l’explication des différences dans quelques activités de services, principalement de MPC entre les entreprises matures et les jeunes dans les secteurs du commerce de gros et de la entreprises. construction. 49 À partir des données de l’enquête sur les entreprises - données groupées pour 2009 et 2016 - une analyse économétrique a été appliquée pour saisir les différences en termes de taille (mesurée en nombre d’employés en équivalent temps plein) et de productivité du travail (définie comme les ventes par employé en équivalent temps plein) entre deux groupes d’entreprises : les entreprises situées au-dessus du 75e centile de la distribution des MCR (les entreprises du quartile supérieur) et les autres entreprises. Les contrôles supplémentaires inclus dans la spécification étaient les effets fixes niveau secteur (code CITI à deux chiffres) et année. 50 Par exemple, l’augmentation des MCR pourrait permettre aux entreprises de récupérer les coûts fixes croissants ou de récompenser les activités à haut risque telles que les investissements dans la recherche et le développement. 51 Il existe une troisième explication possible à la conclusion selon laquelle les entreprises matures peuvent générer des MCR plus élevés : le fait que les entreprises plus expérimentées sont plus à même de faire pression et de créer des barrières à l’entrée, ce qui rend plus difficile l’exercice d’une pression concurrentielle par les nouvelles entreprises. La nature ainsi que le niveau de granularité des données disponibles dans l’enquête sur les entreprises ne nous permettent pas de déterminer si cette explication potentielle vaut en réalité pour la Côte d’Ivoire. Une analyse approfondie du marché et de la concurrence - y compris une cartographie appropriée des entreprises politiquement connectées - serait nécessaire pour répondre à cette question. 52 D’après les données de l’enquête sur les entreprises, la productivité du travail est définie comme le chiffre d’affaires divisé par l’équivalent temps plein de l’employé. Le nombre de salariés en équivalent temps plein est la somme du nombre de salariés à temps plein et du nombre équivalent temps plein des salariés à temps partiel. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 59 100% 80% 60% 40% 20% 0% C么te d'Ivoire Sénégal (2014) Ghana (2013) Éthiopie (2015) Togo (2016) Burkina Faso Guinée-Bissau Mali (2016) Bénin (2016) Vietnam (2015) Maroc (2019) Niger (2017) Kenya (2018) Sri Lanka (2011) (2009) (2016) (2006) Monopole Duopoly Oligopole (2-5) Plus de 5 Figure 3.6: Les marges sur coûts moyennes et médianes observées ont évolué différemment selon les secteurs 80,0 74,0 67,0 68,7 70,0 60,0 59,8 56,6 55,2 57,7 Niveau de PCM (%) 60,0 53,2 52,7 50,0 40,0 29,3 30,0 19,3 20,0 10,0 0,0 Moyenne Médiane Moyenne Médiane Moyenne Médiane Tous les secteurs Fabrication Non manufacturier 2009 2016 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l'Enterprise Survey de 2009 et 2016. Note : La mesure du MPC est définie comme (ventes - coût total des ventes)/ventes, comme indiqué à l'annexe 3.1. L'analyse exclut les valeurs négatives de la MPC ainsi que les MPC supérieures à 100 %. Les observations dans les percentiles 7,53 100,0 supérieur et inférieur de chaque distribution 8,0 et par année sont exclues comme par secteurs (code CITI à deux chiffres rév. 3.1) Croissance de la MCR moyenne -2009-2016 valeurs aberrantes dans l'analyse.90,0 6,01 d'enquête sont appliquées. À des fins d'interprétation, et conformément à la7,0 Des pondérations formule présentée à l'annexe 3.1, une valeur de MPC de 40 % reflète le80,0 fait que les prix dépassent les coûts de 67 %, par exemple. 6,0 70,0 Figure 3.7: Le nombre d'entreprises 60,0 ayant des marges de coût de revient plus élevées augmente, 5,0 sous l'impulsion Niveau de MCR (%) 50,0 du secteur des service s 4,0 (%) 40,0 3,0 2,52 30,0 Distribution au niveau de l'entreprise : Toutes les entreprises 2,4 2,0 20,0 2 10,0 1,0 1,6 0,0 0,0 1,2 Moyenne de l'ensemble des Moyenne des entreprises au- Moyenne des entreprises en 0,8 entreprises dessus du 75e percentile dessous du 75e percentile 0,4 0 2009 2016 Côte d'Ivoire Sri Lanka Vietnam Burkina Faso Kenya Maroc Sénégal Éthiopie Bénin Niger Mali Ghana Togo Observé Prévu Une main-d'œuvre insuffisamment formée Taux d'imposition 2016 100% Pratiques des concurrents dans le secteur informel 16,0 80% Instabilité politique 60% Accès au financement Distribution au niveau de l'entreprise : Non 40% manufacturier Accès au financement Distribution au niveau de l'entreprise : Fabrication 20% L'instabilité politique 0% 2009 Corruption Ghana (2013) C么te d'Ivoire Sénégal (2014) Éthiopie (2015) Togo (2016) Burkina Faso Guinée-Bissau Mali (2016) Bénin (2016) Vietnam (2015) Maroc (2019) Niger (2017) Kenya (2018) Sri Lanka (2011) Pratiques des concurrents dans le secteur informel (2009) 5,5 (2016) (2006) Accès à la terre 0 10 20 30 40 50 Monopole Duopoly Oligopole (2-5) Plus de 5 80,0 74,0 67,0 68,7 70,0 60,0 59,8 56,6 55,2 57,7 60,0 53,2 52,7 Niveau de PCM (%) 50,0 40,0 29,3 30,0 19,3 20,0 10,0 0,0 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l'Enterprise Survey de 2009 et 2016. Note : La mesure MPC est définie comme Moyenne (ventes - coût total des ventes)/ventes, comme indiqué Médiane Moyenne à l'annexe 3.1. Médiane L'analyse exclut Moyenne de la MPC, les valeurs négatives Médiane ainsi que les MPC supérieures à 100 %. En Toussupérieur outre, les observations dans les percentiles secteur à deux chiffres et la distribution les secteurs et inférieur de chaqueFabrication annuelle sont exclues comme valeurs aberrantes Non manufacturier dans l'analyse. 2009 2016 Figure 3.8: La croissance des marges de coût de revient a été inégale (tous les secteurs) 100,0 7,53 8,0 Croissance de la MCR moyenne -2009-2016 90,0 7,0 6,01 80,0 6,0 70,0 60,0 5,0 Niveau de MCR (%) 50,0 4,0 (%) 40,0 3,0 2,52 30,0 2,0 20,0 10,0 1,0 0,0 0,0 Moyenne de l'ensemble des Moyenne des entreprises au- Moyenne des entreprises en entreprises dessus du 75e percentile dessous du 75e percentile 2009 2016 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l'Enterprise Survey de 2009 et 2016. Note : La mesure MPC est définie comme (ventes - coût total des ventes) /ventes, comme indiqué à l'annexe 3.1. L'analyse exclut les valeurs négatives de la MPC, ainsi que les MPC supérieures à 100 %. En outre, les observations dans les percentiles supérieur et inférieur de chaque distribution par secteurs (code CITI à deux chiffres rév. 3.1) et par année sont exclues comme valeurs aberrantes dans l'analyse.UneDes pondérations main-d'œuvre d'enquête insuffisamment sont appliquées. formée Taux d'imposition 2016 Pratiques des concurrents dans le secteur informel 16,0 Instabilité politique Accès au financement Accès au financement L'instabilité politique 2009 Corruption 60 I C ô t e d ’ I v o i r e M é m o r a n d u mPratiques Écon o concurrents des m i q u e dans le secteur informel 5,5 Accès à la terre 14. Parmi les entreprises manufacturières, la La concurrence des entreprises taille apparaît comme une caractéristique supplémentaire, les grandes entreprises informelles est devenue une ayant des marges plus faibles que les petites. menace croissante pour le Si l’on considère uniquement les entreprises manufacturières (voir annexe 3.2, tableau 3.3, développement du secteur privé colonne 2), les résultats suggèrent que la taille a également son importance pour expliquer les 16. La concurrence du secteur informel a été différences de MPC entre les entreprises. Les un obstacle de plus en plus important à grandes entreprises (celles qui comptent 100 la croissance du secteur privé. La WBES employés ou plus) ont tendance à avoir des MPC a systématiquement classé la concurrence qui sont en moyenne 78,1 % plus faibles que la du secteur informel parmi les trois principaux catégorie de référence (petites entreprises, de obstacles rencontrés par les entreprises formelle 5 à 19 employés), même si elles opèrent dans le du secteur privé. Près de 16 % des entreprises du même secteur et la même région et partagent des secteur formel ayant répondu ont indiqué que la caractéristiques similaires. Cette prime négative concurrence des entreprises du secteur informel relative à la taille persiste même après contrôle des était le plus grand obstacle à la croissance en 2016, différences de productivité du travail (voir annexe une augmentation significative par rapport aux 5,5 3.2, tableau, 3.6 colonne 2). % ayant répondu de cette façon en 2009 (figure 3.9). 15. Pour les services, la propriété joue un rôle clé, la propriété étrangère étant associée à des 17. Des niveaux plus élevés de concurrence MPC plus élevées. L’analyse pour les entreprises informelle sont associés à une plus grande de services (voir annexe 3.2, tableau, 3.3 colonne productivité du travail dans les entreprises 3) suggère que la taille, l’intensité des exportations formelles. L’analyse économétrique montre une et la propriété étrangère importent pour la corrélation positive entre la productivité du travail compréhension des différences de MPC entre des entreprises du secteur privé formel et le degré les entreprises du secteur des services, même si de concurrence informelle auquel ces entreprises elles opèrent dans le même secteur et la même sont confrontées sur le marché, même en tenant région et partagent des caractéristiques similaires. compte des différences de taille des entreprises Les entreprises de services de taille moyenne (voir annexe 3.2, tableau 3.4, colonnes 1 et 2). Ces ont tendance à avoir une MPC supérieure de résultats sont conformes aux conclusions d’Ali et 20,9 % à celle des petites entreprises, tandis que Najman (2015) pour l’Afrique subsaharienne, et d’Ali pour les grandes entreprises, elle est supérieure et Najman (2016) pour l’Égypte. Cela pourrait être de 28 %. Une augmentation de 1 % des recettes interprété comme un signe selon lequel, bien que d’exportation directes par rapport aux recettes les entreprises informelles aient un avantage en totales est associée à une augmentation de 0,48 termes de coûts du fait qu’elles ne se conforment % des MPC, tandis qu’une augmentation de 1 % à aucune loi ou réglementation, le différentiel de de la part de propriété étrangère est associée à coûts généré pousse les entreprises formelles à une augmentation de 0,31 % des MPC. Parmi ces être plus productives et plus compétitives pour effets, seule la «prime» liée à la propriété étrangère priver les entreprises informelles de leur avantage persiste après contrôle des différences de en termes de coûts.53 Il est néanmoins important de productivité (voir annexe 3.2, tableau, 3.6colonne garder à l’esprit que la taille importante du secteur 3). Les secteurs des services à forte présence informel des services peut encore entraver la étrangère comprennent le transport aérien (84,1 % productivité globale en empêchant une allocation de propriété étrangère), la construction (33,5 %) et efficace des ressources entre les entreprises le commerce de détail (23,8 %). formelles et informelles. Les effets de sélection peuvent également être affectés, permettant aux entreprises informelles de survivre plus longtemps qu’elles ne le feraient autrement. 53 L’analyse suit le cadre utilisé par Ali et Najman (2015) pour l’Afrique subsaharienne. À partir des données regroupées de la WBES 2009 et 2016, la productivité (logarithme) du travail d’une entreprise du secteur privé formel a été régressé par rapport à un indice qui saisit le degré de concurrence informelle auquel ces entreprises sont confrontées sur un marché, où cet indicateur est défini comme la moyenne de l’intensité de la concurrence informelle subie par toutes les entreprises formelles sur un marché, agrégée par secteur et par année. L’interaction entre l’indicateur de concurrence informelle et les variables fictives de la taille des entreprises (résultats non présentés) n’est pas statistiquement significative, ce qui suggère que la relation positive entre la concurrence du secteur informel et la productivité des entreprises du secteur privé formel ne diffère pas selon la taille de l’entreprise. Les résultats sont disponibles sur demande. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 61 100,0 7,53 8,0 Croissance de la MCR moyenne -2009-2016 90,0 7,0 6,01 80,0 6,0 70,0 60,0 5,0 Niveau de MCR (%) 50,0 4,0 (%) 40,0 3,0 2,52 30,0 2,0 20,0 10,0 1,0 0,0 0,0 Moyenne de l'ensemble des Moyenne des entreprises au- Moyenne des entreprises en entreprises dessus du 75e percentile dessous du 75e percentile 2009 2016 Figure 3.9: La concurrence du secteur informel est une contrainte pour les entreprises formelles depuis 2009 Une main-d'œuvre insuffisamment formée Taux d'imposition 2016 Pratiques des concurrents dans le secteur informel 16,0 Instabilité politique Accès au financement Accès au financement L'instabilité politique 2009 Corruption Pratiques des concurrents dans le secteur informel 5,5 Accès à la terre 0 10 20 30 40 50 Source : Élaboration par le personnel de la Banque mondiale sur la base de l’enquête sur les entreprises, 2009 et 2016. Note : Les pondérations de l’enquête sont appliquées. 3.2. Les politiques limitent-elles la concurrence en Côte d’Ivoire ? 18. Les interventions gouvernementales et par la promotion de conditions équitables de peuvent affecter de manière significative le concurrence. fonctionnement des marchés. Comme indiqué ci-dessus, les marchés ivoiriens sont confrontés 20. La double appartenance de la Côte d’Ivoire à des niveaux élevés de domination du marché à des organisations régionales affecte et à une entrée limitée des entreprises, tandis considérablement son cadre national en que les marges prix-coût ont augmenté au fil du matière concurrence. En tant que membre temps, notamment dans le secteur des services. de deux organisations régionales - l’Union Ces résultats s’expliquent en partie par la petite économique et monétaire ouest-africaine taille du marché intérieur qui, en principe, pourrait (UEMOA) et la Communauté économique des empêcher les entreprises d’exploiter les économies États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) - chacune d’échelle. D’autre part, les gouvernements peuvent ayant son propre ensemble de règles en matière également avoir une influence directe sur ces concurrence, la Côte d’Ivoire est soumise à des résultats, en tant qu’acteur du marché ou par des règles juridictionnelles contradictoires. Alors que interventions visant à uniformiser - ou non - les la CEDEAO autorise l’application du droit national règles du jeu. en matière de concurrence aux comportements qui n’affectent pas le commerce entre les États membres, l’UEMOA interdit les règles nationales de concurrence parallèles et centralise toute Droit de la concurrence et cadre l’application de la concurrence dans la Commission institutionnel54 régionale de l’UEMOA (voir l’annexe 2, A3.4 pour un examen des règles de concurrence de la CEDEAO et de l’UEMOA). Le cadre juridique actuel de la Côte d’Ivoire en matière de concurrence n’est pas pleinement fonctionnel 21. En vertu de la législation de l’UEMOA, les agences nationales de la concurrence n’ont 19. Il est essentiel de disposer d’une politique de pas le pouvoir de faire appliquer les règles concurrence et d’un cadre juridique solides de concurrence au niveau national. Selon le pour le fonctionnement du marché. Les droit de l’UEMOA, la Direction de la concurrence politiques et le droit régissant la concurrence au sein du Département de la coopération et du peuvent promouvoir l’efficacité du marché, le marché régional de la Commission de l’UEMOA bien-être des consommateurs, les prix bas, et des a la compétence exclusive pour faire appliquer biens et services de haute qualité par l’ouverture les règles de concurrence. Cela limite le rôle des marchés à l’entrée d’entreprises, par le des agences nationales de la concurrence à découragement des pratiques anticoncurrentielles la surveillance des marchés nationaux afin 54 Dans cette section et dans le reste du chapitre, les notes de fin de chapitre (en chiffres romains) indiquent les références aux documents juridiques. 62 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique d’identifier les défaillances résultant de pratiques (indépendamment de l’existence de prix d’éviction), anticoncurrentielles, et à la coopération avec de la fixation des prix, de la vente liée et groupée la Commission de l’UEMOA pendant la phase qui implique l’offre d’un produit gratuitement (à d’enquête. En outre, la Commission de l’UEMOA l’exception des petits articles, des services de ne dispose pas des ressources nécessaires pour valeur limitée ou de l’offre d’échantillons), du refus appliquer efficacement les règles de concurrence de vendre et des ventes subordonnées. Bien que la dans l’ensemble de l’UEMOA, ce qui crée un Commission de la concurrence ne puisse pas faire vide en matière d’application au sein des États appliquer les règles nationales ou régionales du membres. Il y a un manque de coopération efficace droit de la concurrence, elle a pour mandat de faire entre la Commission et les agences nationales de respecter les règles de concurrence déloyale et de concurrence et les unités de concurrence au sein protection des consommateurs. La violation de ces des ministères du commerce (ou les autorités règles est punie d’une amende de 172 dollars à 86 équivalentes). En outre, les règles de concurrence 000 dollars. La loi sur la concurrence détermine relatives aux accords anticoncurrentiels et aux également que le refus de fournir, le groupement et abus de position dominante sont peu appliquées, la liaison, et le fait de désavantager un partenaire même si la Commission a été active dans plusieurs commercial peuvent également entraîner une affaires d’aides d’État et de marché intérieur. responsabilité civile. Les dispositions relatives à la concurrence déloyale incluses dans la loi sur la Les possibilités de contester les pratiques concurrence devraient être rationalisées afin de anticoncurrentielles sont limitées et les lacunes ne pas empiéter sur les interdictions relatives aux institutionnelles augmentent le risque d’ingérence accords anticoncurrentiels et aux abus de position publique dominante. 22. La loi nationale sur la concurrence de la Côte 24. L’application du droit sur la concurrence d’Ivoire à partir de 2013 (modifiée en dernier aux pratiques anticoncurrentielles a été lieu en 2019) est généralement alignée sur la loi limitée en raison des contraintes du droit régionale sur la concurrence de l’UEMOA. Elle régional de l’UEMOA. La Commission de s’applique à tous les secteurs de l’économie et à l’UEMOA a une compétence exclusive tous les agents économiques, qu’ils soient publics pour enquêter : (i) les aides d’État ; (ii) les ou privés (c’est-à-dire qu’elle couvre également pratiques étatiques anticoncurrentielles ; et les entreprises publiques), et elle comprend des (iii) les pratiques anticoncurrentielles (avec et dispositions sur les accords anticoncurrentiels sans effet transfrontalier). Avant d’émettre une et les abus de position dominante. Comme la décision sur une pratique anticoncurrentielle, la loi régionale sur la concurrence, la loi sur la Commission de l’UEMOA doit d’abord obtenir concurrence de la Côte d’Ivoire ne prévoit aucun un avis non contraignant émis par le Comité mécanisme de contrôle ex-ante des fusions consultatif composé de deux membres nommés potentiellement anticoncurrentielles, mais établit par chaque État membre. Comme décrit ci-dessus, seulement que les fusions créant ou renforçant une à l’instar des autres agences nationales de la position dominante sont assimilables à un abus de concurrence, la Commission de la concurrence position dominante. de la Côte d’Ivoire joue un rôle secondaire dans l’application des règles de concurrence de 23. La loi sur la concurrence de la Côte d’Ivoire l’UEMOA. La Commission de la concurrence a interdit les pratiques unilatérales, quelle que demandé à la Commission de l’UEMOA d’évaluer soit la position sur le marché d’une entreprise plusieurs transactions, notamment la création et leurs effets sur le marché. L’application des de coentreprises dans le secteur des paiements règles de concurrence déloyale est au cœur de numériques. Un rapport conjoint de l’UE et de l’activité de la Commission de la concurrence de l’UEMOA à partir de 2018 montre qu’entre 2003 et la Côte d’Ivoire, avec neuf dossiers ouverts depuis 2017, la Commission de l’UEMOA n’a adopté que 10 2018 (dont trois ont fait l’objet d’une décision décisions sur des questions de fond : 1 décision sur finale). Contrairement aux règles du droit de la les accords anticoncurrentiels, 1 décision sur l’abus concurrence, la concurrence déloyale interdit de position dominante, 2 décisions sur les fusions, les pratiques interentreprises (par exemple, 4 décisions sur les aides d’État et 2 décisions sur la vente à perte, le regroupement et le refus les actions publiques anticoncurrentielles. de vente). En conséquence, la loi interdit les comportements commerciaux rationnels standard, 25. L’indépendance d’une autorité de concurrence même parmi les entreprises qui n’ont pas de est la clé de son efficacité. Un aspect essentiel pouvoir de marché et ne sont pas en mesure de cette indépendance est la capacité d’agir sans d’exploiter les consommateurs ou d’exclure des gestion quotidienne par un ministre ou les organes concurrents. Il s’agit notamment de la vente à perte politiques du gouvernement. Cela inclut le pouvoir Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 63 de prendre des décisions finales ayant un effet pas accessibles au public, ce qui peut limiter la direct sur les entreprises qui se sont engagées surveillance publique. dans un comportement anticoncurrentiel. Seul un degré élevé d’indépendance permet 28. L’un des rôles de la Commission est de conseiller de mettre les autorités à l’abri des pressions le gouvernement sur les questions relatives politiques, du favoritisme et des interférences à la réglementation des prix. En cas de pics de avec leur mandat principal qui est de préserver prix excessifs, résultant d’une crise exceptionnelle la concurrence. L’indépendance technique peut ou dus à un fonctionnement anormal du marché, être compromise lorsque (i) une autorité de la le gouvernement peut réguler les prix des produits concurrence est un département d’un ministère de de base et de haute consommation en suivant les tutelle ; (ii) un ministère de tutelle peut révoquer, avis de la Commission de la concurrence (comme a des pouvoirs de veto ou a le dernier mot sur indiqué dans l’amendement de 2019 à la loi sur la les décisions et dossiers; ou (iii) le ministère de concurrence). La Commission a récemment émis tutelle est responsable de questions industrielles, des avis sur la fixation des prix des récepteurs ce qui pourrait entrer en conflit avec la poursuite de télévision numérique terrestre et du gel d’objectifs purement concurrentiels. désinfectant pour les mains en Côte d’Ivoire dans le contexte de l’épidémie de la COVID-19. Toutefois, 26. Les lacunes institutionnelles limitent il existe un risque que les contrôles de prix imposés l’indépendance de la Commission de la pour faire face à un événement à court terme concurrence par rapport au gouvernement. finissent par dissuader l’offre de biens, précisément Bien que la loi sur la concurrence de la Côte lorsque la demande est élevée. Dans une situation d’Ivoire ait été adoptée en 2013, la Commission telle que celle de la COVID-19, l’objectif d’atténuer de la concurrence n’a été créée qu’en 2017, et les les hausses de prix exceptionnelles pourrait membres de son conseil d’administration ont été également être partiellement atteint grâce à une nommés en mai 2018. Le cadre institutionnel de transparence accrue des prix. la Commission de la concurrence est largement conforme aux meilleures pratiques internationales. 29. Le pouvoir de plaidoyer de la Commission Cependant, en vertu de la loi sur la concurrence, en matière de régulation des prix semble le gouvernement nomme son propre commissaire se chevaucher avec le mandat du Conseil devant la Commission de la concurrence. Le rôle de national contre le coût élevé de la vie, ce qui ce commissaire est de faire valoir le point de vue du pourrait réduire son efficacité. Le Conseil a gouvernement dans les affaires portées devant la été créé en 2017, également avec des pouvoirs Commission de la concurrence. Tous les rapports, de régulation des prix qui pourraient chevaucher informations et autres documents transmis à ceux de la Commission de la concurrence. Il a la Commission de la concurrence doivent être été créé sous l’autorité du Premier ministre, avec transmis au commissaire du gouvernement afin le ministre du Commerce comme ministre de qu’un avis puisse être émis dans un délai de 30 tutelle, et compte également des représentants du jours. gouvernement et des associations industrielles et des consommateurs. Tout comme la Commission La promotion de la concurrence est l’un quelques rôles de la concurrence, le Conseil national a le pouvoir que la Commission de la concurrence est habilitée à de plaider auprès du gouvernement dans les jouer domaines suivants : hausse des prix, stockage des marchandises, accès universel aux biens 27. Parallèlement à ses pouvoirs de surveillance du et services, produits de base et biens de grande marché, la Commission de la concurrence joue consommation. également un rôle de défense de la concurrence. La Commission a le pouvoir d’émettre des avis sur 30. En outre, la loi sur la concurrence établit que la législation et la réglementation susceptibles certains produits peuvent être soumis à des d’affecter la concurrence en Côte d’Ivoire, et limites d’importation. Les conditions régissant de proposer au ministre du commerce des les limites d’importation doivent être fixées dans recommandations spécifiques visant à améliorer un décret du Conseil des ministres, après avis la concurrence sur le marché. Dans ce contexte, de la Commission. Idéalement, la Commission ne la Commission publie un rapport annuel sur l’état devrait pas être appelée à intervenir en matière de la concurrence dans l’économie, évaluant de réglementation des prix ou à imposer des les améliorations qui pourraient être apportées restrictions à l’importation. Compte tenu des au cadre juridique et réglementaire. Elle a déjà garanties établies par la loi sur la concurrence produit deux rapports annuels (2018 et 2019), de la Côte d’Ivoire, la Commission pourrait jouer ainsi qu’un rapport trimestriel pour 2020 ( janvier, un rôle important de promotion en proposant au février et mars). Néanmoins, ces rapports ne sont gouvernement d’adopter les mesures les moins 64 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique restrictives en matière de concurrence, comme la transparence des prix lorsqu’il envisage de Contraintes de concurrence réglementer les prix. dans les secteurs en amont : Les télécommunications mobiles55 31. Il sera important de développer les efforts au sein de l’UEMOA pour approuver la législation déléguant des pouvoirs aux autorités 33. Le secteur des télécommunications mobiles nationales de la concurrence, y compris la est un facteur clé du développement Commission de la concurrence, afin de faciliter économique et de la résilience face à les enquêtes et les décisions sur les pratiques la crise de la COVID-19. Les avantages anticoncurrentielles se déroulant sur les territoires des technologies de l’information et de la nationaux. Un projet de règlement établissant le communication (TIC) ne se limitent pas au partage des compétences entre la Commission secteur des TIC. Les technologies numériques de l’UEMOA et les autorités nationales de la ont permis de réaliser des gains de productivité concurrence a été discuté en décembre 2019. dans l’agriculture, l’industrie manufacturière Néanmoins, la Côte d’Ivoire a estimé que le et les services. Une plus grande connectivité projet de règlement ne devait pas être adopté, a également créé de nouvelles possibilités de car il était contraire aux règles de concurrence partage des connaissances et d’accumulation du traité de l’UEMOA (articles 88, 89 et 90), telles du capital humain. Les TIC ont permis au qu’interprétées par la Cour de justice. Étant donné pays d’étendre et d’améliorer les services que le cadre du droit de la concurrence de la Côte publics. Dans l’ensemble, la contribution des d’Ivoire n’est pas fonctionnel, il est de la plus haute technologies et des services mobiles a été importance que la Commission de la concurrence estimée à 8,7 % du PIB en Afrique de l’Ouest en continue à soutenir l’adoption de politiques pro- 2018, avec un potentiel pour atteindre 9,5 % du concurrence par le biais de son mandat de défense PIB en 2023 (GSMA 2019). Avec la crise de la de la concurrence. COVID-19, la technologie est appelée à jouer un rôle encore plus important dans la promotion du 32. La section suivante examine la concurrence développement socio-économique. dans deux secteurs en amont, les télécommunications mobiles et le fret. Ces secteurs La Côte d’Ivoire pourrait améliorer les résultats du ont été classés par ordre de priorité comme étant marché des services de télécommunications mobiles des secteurs habilitants clés pour la compétitivité globale et la croissance de la productivité, sur la 34. Les services de télécommunications mobiles base de l’analyse du Diagnostic pays du secteur ont connu une expansion rapide, mais des privé (CPSD, Banque mondiale 2020a). Le CPSD lacunes importantes subsistent. Il y a eu plusieurs a identifié les questions de concurrence comme vagues d’expansion de la couverture. Depuis 2005, des contraintes clés pour le développement de le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile ces secteurs. Dans les deux secteurs, on constate augmente à un rythme régulier de plus de 2 millions des prix ou des marges plus élevés que dans les chaque année. La 3G a été lancée en 2012 et la 4G pays pairs (Banque mondiale 2020b, 2020c) qui a débuté en 2016. Toutefois, le nombre d’abonnés sont symptomatiques d’une concurrence limitée. aux services de données mobiles est moins élevé En comparaison, il y a moins de preuves d’une que dans certains pays de comparaison (figure faible contestabilité dans les services financiers, 3.10). Bien que la plupart des Ivoiriens vivent dans le troisième secteur en amont visé par la CPSD. des zones avec une couverture réseau (figure 3.11), Les écarts entre les taux d’intérêt des prêts et des l’accès dans les zones rurales et la pénétration dépôts sont plus faibles en Côte d’Ivoire que dans de la 3G/4G pourraient être améliorés (Banque les pays pairs et d’autres problèmes structurels, mondiale 2020a). En outre, certains clients tels que la faiblesse des infrastructures de crédit, possèdent plus d’une carte SIM, ce qui signifie semblent déterminer les résultats du marché que moins de personnes utilisent réellement les (Banque mondiale 2020a). La priorité accordée aux services mobiles. La « GSM Association » estime services mobiles et au transport de marchandises le taux d’abonnés uniques à environ 51 % de la permet de maintenir centrée l’analyse, mais n’exclut population pour la téléphonie mobile et à environ pas la possibilité de pratiques anticoncurrentielles 28 % de la population pour les données mobiles dans d’autres secteurs. en 2019 (Banque mondiale 2020a, Calderon et al. 2019). Cela suggère un écart d’utilisation important, potentiellement lié à l’abordabilité des services (Banque mondiale 2020b). 55 Cette section ne couvre pas les services de téléphonie fixe. Selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI), seulement environ 1 % de la population disposait d’une connexion de ligne fixe au cours du dernier trimestre de 2019. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 65 Figure 3.10: Les niveaux d'abonnement mobile en Côte Figure 3.11: La plupart des Ivoiriens ont une certaine d'Ivoire sont comparables à ceux des autres pays couverture de réseau mobile (2019) (2018) Abonnements uniques Couverture du marché Le Viêt Nam Abonnements uniques structurel Des pairs qui (données) Couverture du marché Le Viêt NamSri Lanka aspirent structurel Des pairs qui (données) Abonnements uniques aspirent Sri Lanka Maroc Abonnements uniques (voix) Maroc Kenya (voix) Kenya Ghana 4G Couverture du 4G Pairs Ghana Sénégal Couverture du réseau s 3G Pairs Sénégal Éthiopie réseau s Éthiopie Côte d'Ivoire 3G Côte d'Ivoire 2G 0 50 100 150 200 2G Abonnements 0 50 100 100 pour (voix) 200 habitants150 0% 50% 100% Abonnements pour 100 habitants Abonnements pour 100 habitants (voix) (données) 0% Pourcentage 50% de la population 100% Abonnements pour 100 habitants (données) Pourcentage de la population Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des don- Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des don- a. Voix nées de l'Union internationale des télécommunications (UIT). Note : Les don- b. Données c. Money nées de l'ARTCI. Note : la couverture 2G, 3G et 4G fait référence au réseau du nées pour l'Éthiopie 100% sont a. Voix pour 2017. 100% b. Données leader du marché (Orange). 100% c. Money 90% 90% 90% 100% 100% 100% 80% 80% 80% 90% 90% 90% 70% 70% 70% 80% 80% 80% 60% 60% 60% 70% 70% 70% 50% 50% 50% 60% 60% 60% 35. La 36. Les prix des services 40% 40% 50% 50%croissance rapide du marché n’a pas affecté 40% 30% 50% 30% mobiles de voix et de 30% 40% 40% de 40%manière significative les parts de marché 20% 30% 20% . données ont baissé 30% 20% mais restent plus élevés 30% 10% 10% Dans 20% les années 10% 1990, le monopole d’État 20% sur0% les que dans les pays 20% pairs 0% . L’Autorité de Régulation 10% 10% télécommunications a été remplacé par plusieurs des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 10% 0% 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 fournisseurs de services mobiles, l’État conservant rapporte des réductions moyennes de prix de 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 l’intérêt minoritaire l’opérateur Orange.56 Au final, Orange MTN plus de 53 % pour les appels et de 58 % pour les Moov trois opérateurs se sont établis et leur position Orange MTN données Moov entre 2017 et 2019 (figure 3.13). Malgré relative sur le marché n’a pas beaucoup changé ces baisses, les services mobiles étaient encore ces dernières années (figure 3.12). Orange gagne nettement plus chers en Côte d’Ivoire que la environ 50 % des revenus totaux, suivi par MTN plupart des pairs structurels et aspirationnels en (30 %) et Moov (20 %). Une certaine redistribution 2018, l’année la plus récente avec des données des parts de marché a eu lieu en 2016, après que 80comparables (figure 3.14). Un forfait de services XOF/min PPP$ Cellulaire mobile - faible XOF/MB les licences de trois opérateurs de téléphonie Voix (droite) voix et données pour une basse utilisation coûte utilisation (70 min ; 20 SMS) XOF/min 80 PPP$ mobile ont eu été révoquées en raison Données (lhs) de dettes par exemple plus de 7 Offre Cellulaire % mobile du groupée revenu - faible par habitant.58 de faible utilisation XOF/MB Voix (droite) 60 30 3 (70 utilisation min (70 ; min20 SMS ; 20 ; 500 SMS) MB) envers l’État et de l’inutilisation de fréquences. Un Haut débit Données (lhs) Offre groupée 60 Malgré les améliorations de mobile réservé aux faible utilisation quatrième 30 25 opérateur a obtenu une licence 3 2,5 2017 en 40 récentes, données 1,5 il existe plusieurs Go MB) (70 min ; 20 SMS ; 500 mais n’a20 pas lancé de service. Aucune nouvelle 2 obstacles à la concurrence dans le secteur Haut débit mobile réservé aux 25 2,5 40 données 1,5 Go licence15n’a été délivrée depuis, ce qui a 1,5 permis 20 20 2 aux trois opérateurs historiques de reprendre les 37. Les marchés des télécommunications 10 1 20 mobiles présentent plusieurs caractéristiques clients des opérateurs disparus. Le développement 15 1,5 0 qui rendent le secteur plus enclin à la Côte d'Ivoire Éthiopie Sri Lanka Maroc Sri Lanka Sénégal Le Viêt Nam Kenya Éthiopie Ghana Le Viêt Nam de nouveaux 10 5 services, tels que les 1 paiements 0,5 0 concentration du marché et aux pratiques mobiles, 0 n’a pas affecté la structure existante 0 Côte d'Ivoire Maroc Sénégal Kenya Ghana 5 0,5 anticoncurrentielles potentielles. Ces du marché. q1 En q2 q3fait, domination la q2 q4 q1 d’Orange q3 q4 q1 q2 q3 q4 est 0 caractéristiques comprennent des coûts fixes et particulièrement 2017 prononcée2018 dans2019 le0 segment de Pairs structurels Des pairs qui aspirent q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 des investissements irrécupérables importants, des l’argent mobile, où l’entreprise était responsable 2017 économies d’échelleDes et de gamme, des installations de près des deux2018 2019 d’affaires.57 Bien tiers du chiffre Pairs structurels pairs qui aspirent 0,07 essentielles et des goulets d’étranglement, ainsi que les marchés des télécommunications mobiles 0,06 qu’une dépendance à l’égard de ressources rares, soient généralement 0,05 concentrés, les parts de 0,07 y compris le spectre. Les nouveaux venus dans US$ marché 0,06 relativement 0,04 inchangées suggèrent que 0,03 certains segments sont confrontés à des coûts entreprises les 0,05 sont confrontées à une pression fixes élevés en raison des investissements initiaux US$ 0,02 0,04 concurrentielle 0,01 moindre. 0,03 dans les infrastructures, ainsi que dans la vente et 0 0,02 la distribution. Ces coûts fixes initiaux élevés, en Botswana Zambie Lesotho Bénin Kenya Nigeria Mayotte Mauritanie Algérie Mauritanie Mozambique Tchad Burkina Faso Côte d'Ivoire Zimbabwe Malawi Maroc Botswana Nigeria Malawi Mayotte Kenya AlgérieRéunion Tunisie Sénégal Cap-Vert OugandaRwanda Ouganda Mozambique Tunisie Togo Cameroun Réunion Niger ZambieLesotho Tanzanie Niger du Sud 0,01 0 56 Le gouvernement de la Côte d’Ivoire détient une participation de 15 % dans Orange Côte d’Ivoire. Les 85 % restants sont détenus par Orange, anciennement France Afrique Télécom, la société multinationale de télécommunications détenue en partie par le gouvernement français. Côte d'Ivoire Bénin Tchad Burkina Faso Zimbabwe Maroc Sénégal Cap-Vert Rwanda Togo Cameroun Tanzanie Afrique du Sud 57 La Commission ivoirienne de la concurrence a demandé à la Commission de l’UEMOA d’évaluer plusieurs joint-venture sur le marché de l’argent mobile. 58 Données de l’UIT 2018 sur le coût d’un forfait faible utilisation comprenant 70 minutes d’appel, 20 SMS et 500 Mo de données, en pourcentage du revenu national brut (RNB) par habitant. Un forfait de 70 minutes et 20 SMS coûte 11 % du RNB par habitant en 2018. 2 000 Marge brute/perte 1 500 2 000 Indemnités de Milliers FCFA 1 000 Marge brute/perte déplacement 1 500 Pneus 500 Indemnités de rs FCFA 66 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 1 000 déplacement Maintenance 0 Abonnements uniques Couverture Abonnements uniques du marché Couverture Le Viêt Nam du marché pairs qui Le Viêt Nam (données) (données) structurel Des pairs qui aspirent Sri Lanka Sri Lanka aspirent Abonnements uniques uniques Abonnements Couverture particulier dans lesNamsegments en amont, donnent Abonnements uniques du marché Le Viêt et continue(voix) d’évoluer à un rythme rapide. Les Des qui Maroc Maroc (données) (voix) aspirent Sri Lanka aux opérateurs historiques Kenya un avantage stratégique changements technologiques entraînent une Des pairs Kenya Abonnements uniques Maroc Ghana (voix) 4G 4G Couverture du sur les nouveaux Ghana Kenya structurel arrivants, car ces derniers ont innovation et une évolution constantes des Couverture du PairsPairs Sénégal Pairs réseau Sénégal Ghana 4G s réseau moins de clients pour répartir leurs coûts fixes. et des marchés, services 3G qui créent de nouveaux du structurel s Éthiopie 3G Éthiopie Sénégal Couverture réseau s Le secteur des Côte Côte d'Ivoire télécommunications d'Ivoire Éthiopie mobiles se modifient la puissance économique des rivaux et 3G 2G 2G caractérise par une technologie Côte d'Ivoire 0 0 50 50 100 perturbatrice 100 150 150 200 200 opérateurs2G existants. 59 Abonnements Abonnements pour 100 habitants 100(voix) pour 50 0 habitants 100 (voix) 150 200 0% 0% 50% 50% 100% 100% Abonnements Abonnements Abonnements pour pour pour 100 100 100 habitants habitants habitants (voix)(données) (données) 0% 50% Pourcentage 100% Pourcentage de la population de la population Abonnements pour 100 habitants (données) Pourcentage de la population Figure 3.12: Les parts de revenus des opérateurs de réseaux mobiles en Côte d'Ivoire n'ont pas changé de manière significative (2016-2019) a. Voix a. a. Voix Voix b. Donnéesb. Données b. Données c. Money c. Money c. Money 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 90% 90% 90% 90% 90% 90% 90% 90% 90% 80% 80% 80% 80% 80% 80% 80% 80% 80% 70% 70% 70% 70% 70% 70% 70% 70% 70% 60% 60% 60% 60% 60% 60% 60% 60% 60% 50% 50% 50% 50% 50% 50% 50% 50% 50% 40% 40% 40% 40% 40% 40% 40% 40% 40% 30% 30% 30% 30% 30% 30% 30% 30% 30% 20% 20% 20% 20% 20% 20% 20% 20% 10% 10% 20% 10% 10% 10% 10% 0% 10% 0% 10% 10% 0% 0% 0% 0% 2016 Q1 Q2Q2 Q3Q3 Q4Q4 Q1Q1 Q2Q2 Q3Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 0% Q3Q1 Q4Q2 Q1Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 Q4Q3 Q1Q4 Q2Q1 Q3Q2 Q4Q3 Q1Q4 2019 Q2Q1 Q3Q2 Q3 Q3 Q4 Q4 Q1 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 0% 2016 Q1 2016 Q2 Q2 Q3 Q4 Q1 2017Q2 2016 Q3 2017Q4 2018Q1 2018Q2 2018Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 Q3Q4 Q4Q1 Q1Q2 Q2Q3 Q3Q4 Q4Q1 Q1Q2 Q2Q3 Q3Q4 2019 Q1 2019 Q2 Q1 Q3 Q2 Q4 2016 2016 2016 2017 2017 2017 2017Q1 2017Q2 2017Q3 Q4 Q1 2017 Q2 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2019 Q1 du marché2019 Q2 2019 Q3 2016Q4 2016 2016 2016 2017 2017 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2019 2019 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 Q1 Q2 Q4 2016 2016 2016 2017 2017 2018 2016 2016 2017 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2019 2016 2017 2017 2017 2017 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2017Q1 2017Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 2018Q4 Q1 2019Q2 Q3 2019Q4 2019 Q3 2019 Q4 2016 2016 2016 2017 2017 2017 2016 2016 Couverture du Couverture 2016 du marché 2016 2017 2017 2018 2018 2019 2017 2017 2018 2018 2018 2019 2019 structurel Des pairs qui 2016 2016 2016 2016 2017 2017 2017 2017 2018 2018 2018 2018 2019 2019 Orange MTN Moov Abonnements uniques Couverture du Couverture Le Viêt Nam structurel Des pairs qui (données) Orange MTNAbonnements Orange Moov MTN uniques Moov aspirent Le Viêt Nam Sri Lanka (données) Abonnements uniques Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l'ARTCI. Note : Interpolation (voix) pour Q2 2017 (Orange) et Q3 2017 simple aspirent Sri Lanka Maroc Abonnements uniques (voix). Maroc Kenya (voix) Kenya Ghana 4G 4G Pairs Ghana Sénégal réseau s 3G Pairs Sénégal Éthiopie réseau s Éthiopie 3G Côte d'Ivoire 38. Le gouvernement a pris des mesures Côte d'Ivoire 2G puissance de marché significative (PMS) au niveau XOF/min 80 150 PPP$ 0 50 100 200 2G Cellulaire mobile - faible XOF/MB 0 Voix Abonnements 50 (droite) 100 100 habitants (voix) 150 pour200 0% 50% 100% importantes pour intégrer les considérations des marchés de gros et de détail présentant des utilisation (70 min ; 20 SMS) XOF/min Abonnements Abonnements pour 100 habitants (voix) 80 (données) 80 pour 100 habitants PPP$ XOF/min 0% Cellulaire50% 100% Pourcentage de la population PPP$ mobilede - faible XOF/MB Abonnements pour 100 habitants Données (données) (lhs) 60 Offre groupée faible utilisation Voix (droite) Pourcentage de Cellulaire mobile - faible XOF/MB la population liées 30à la concurrence Voix dans la politique (droite) caractéristiques 3 utilisation (70 min ; 20 (70demin SMS goulots ; 500 utilisation SMS) d’étranglement. L’ARTCI ; 20MB) (70 min ; 20 SMS) Données (lhs) débit mobile Hautgroupée Offre réservé de faible aux utilisation sectorielle 30 25 et il peut s’appuyer 3 sur Données 2,5ces efforts60 40 (lhs) 60 a également données suivi 1,5 Gode Offre près groupée l’évolution de du marché (y faible utilisation 30 3 (70 min ; 20 SMS ; 500 MB) (70 min ; 20 SMS ; 500 MB) pour 25 améliorer 20 l’accès et le caractère 2,5 2 abordable a. Voix compris les Haut b. Données indices débit mobile de réservé prix aux Haut débit mobile réservé etc. de Money auxconcentration), 25 a. Voix 2,5 40 b. Données données c. Money 1,5 Go des services. 15 100% Le cadre institutionnel 100% en place est 20 100% 40 a évalué 1,5 régulièrementdonnées 1,5 100% la puissance de marché Go 20 90% 2 100% 90% 100% 90% globalement 20 10 90% conforme aux80% meilleures 90% pratiques 1 2 80% 20 0 70% sur un 90% large éventail de 80% marchés et a adapté la 80% 15 80% 1,5 80% 20 régionales et internationales. Le ministère de réglementation pour tenir compte des problèmes 70% 70% 15 1,5 70% Côte d'Ivoire ÉthiopieÉthiopie Kenya Kenya Maroc Maroc Le Viêt Nam Sri Lanka Sénégal Ghana 70% Le Viêt Nam 60% 5 70% 60% 0,5 60% 60% 60% l’économie 10 10 60% numérique et de 50%la poste1 est 50% chargé de 0 1 50% 40% de concurrence. 50% Toutefois,50% 40% il existe un potentiel 0 50% 40% 0 0 la 5 politique40% des TIC dans le pays. La régulation du pour d’autres réformes dans tous les segments de 40% 40% Côte d'Ivoire Sri Lanka Sénégal Ghana Le Viêt Nam 30% 30% q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q430% q1 q2 q3 0,5 q4 30% Côte d'Ivoire Éthiopie Kenya Maroc Sri Lanka Sénégal Ghana 30% 5 30% 0,5 20% 20% secteur 0 est 20% confiée 2017 à l’ A 2018 RTCI, 20% 10% tandis 2019 0 que 20% 10% la gestion 10% la chaîne Pairs 20% de structurels 10% valeur, Des qui pairs qui pourraient 10% aspirent améliorer l’accès 0% 0% 0 10% est assurée par0% spectre du q1 l’Agence Ivoirienne 0% 0 de aux services 0% mobiles et les rendre plus abordables q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q2 q3 0% q4 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 Q1 Q2 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2016Q1 2016Q2 2016Q3 2016Q4 2017Q1 2017Q2 2017Q3 2017Q4 2017 2018 2018 2018 2019 Gestion des Fréquences Radioélectriques . L’ARTCI (figure 3.15). Des pairs qui aspirent 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 Q2 Q3 Q4 2016 2016 2016 2016 2017 2016 2016 2016 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2019 2019 2017 2018 2019 Pairs structurels 2019 2019 2019 0,07 2017 2018 2019 Pairs MTN structurels Des pairs qui aspirent 0,06 réglementé les opérateurs avec a activement une Orange MTN Moov Orange Moov 0,05 US$ 0,07 0,04 Figure Les 0,07 prix moyens des services mobiles en 3.13: 0,03 0,06 Figure 3.14: ... mais sont toujours plus élevés que dans Côte 0,05 d'Ivoire ont baissé ... (2017-2019) 0,02 0,06 la plupart des pays pairs (2018) 0,01 US$ 0,04 0,05 US$ 0 0,03 0,04 BéninCôte XOF/min 80 PPP$ Zambie d'Ivoire Bénin Nigeria Algérie Mauritanie Tchad ZimbabweBurkina Faso Rwanda Zimbabwe Maroc Malawi Botswana Malawi Kenya Mayotte MozambiqueMozambique Réunion Sénégal Cap-Vert Rwanda Ouganda Tunisie Togo d'Ivoire Cameroun Niger Lesotho Tanzanie Tanzanie Afrique du Sud XOF/min 80 PPP$ Cellulaire mobile - faible XOF/MB 0,03 Cellulaire mobile - faible Botswana XOF/MB 0,02 Voix (droite) Voix (droite) utilisation (70 min ; 20 SMS) utilisation (70 min ; 20 SMS) 0,01 0,02 Données60(lhs) groupée de faible utilisationOffre groupée de faible utilisation Offre 60 30Données (lhs) 3 0 30 0,01 3 (70 min ; 20 SMS ; 500 MB) (70 min ; 20 SMS ; 500 MB) 0 Haut débit mobile réservé aux Haut débit mobile réservé aux Zambie Nigeria Mayotte Algérie Mauritanie Burkina Faso Maroc Tchad Kenya Réunion Sénégal Cap-Vert Ouganda Tunisie Togo Cameroun Niger Lesotho du Sud 25 25 2,5 2,5 40 1,5 Go données 1,5 Go 40 données Zambie Côte d'Ivoire Bénin Nigeria Algérie Mauritanie Maroc Sri Lanka Mozambique Tchad Burkina Faso Zimbabwe Botswana Mayotte Malawi Kenya Réunion Sénégal Cap-Vert Rwanda Ouganda Tunisie Côte Togo Cameroun Niger Lesotho Tanzanie Afrique du Sud 20 20 2 2 Afrique 20 20 15 15 1,5 1,5 2 000 10 10 1 0 1 0 Marge brute/perte 1 500 Côte d'Ivoire Éthiopie Kenya Maroc Sri Lanka Sénégal Ghana Le Viêt Nam Côte d'Ivoire Éthiopie Kenya Maroc Sénégal Ghana Le Viêt Nam 5 5 0,5 0,5 Indemnités de Milliers FCFA 0 1 000 0 0 0 déplacement 2 000 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q1 q2 q2 q3 q3 q4 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 Pneus 20172 500 Marge brute/perte 000 2018 2019 2017 2018 2019 Pairs structurels Des pairs qui aspirent Pairs structurels Des pairs qui aspirent 1 500 MaintenanceMarge brute/perte 0 1 500 de la Banque mondiale sur la base des don- Indemnités de Milliers FCFA Source : Élaboration du personnel Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des don- Carburant 1 000 nées de l'ARTCI. Note0,07 0,07 : Les prix des appels comprennent les appels on-net et nées de l'UIT. Note : Les prix déplacement sont ajustésIndemnités de pour tenir compte des différences de Milliers FCFA off-net. 0,06 1 000 0,06 pouvoir d'achat. Pneus déplacement 500 0,05 0,05 Pneus US$ US$ 0,04 500 0,04 Maintenance 0 0,03 0,03 59 Voir Pop et Coelho 0,02 (2020) pour une discussion Maintenance 0,02 sur d’autres caractéristiques importantes du marché qui façonnent la concurrence sur le marché des télécommu- 0,01 0 Carburant nications. 0,01 0 0 Carburant Zambie Nigeria Algérie Tchad Burkina Faso Côte d'Ivoire Zimbabwe Bénin Maroc Botswana Malawi Kenya Mayotte Mauritanie Réunion Sénégal Mozambique Cap-Vert Cameroun Rwanda Ouganda Tunisie Togo Niger Lesotho Tanzanie du Sud Zambie Faso Côte d'Ivoire Bénin Nigeria Algérie Mauritanie Tchad Zimbabwe Maroc Botswana Malawi Kenya Mayotte Mozambique Réunion Sénégal Cap-Vert Cameroun Rwanda Ouganda Togo Niger Tunisie Lesotho Tanzanie Afrique du Sud Burkina Afrique 2 000 2 000 Marge brute/perte 1 500 M é brute/perte C ô t e d ’ I v o i r e Marge morandum Économique I 67 1 500 Indemnités de FA 39. Le fonctionnement des marchés de gros équilibrée que dans les autres pays de la région, en amont s’est amélioré, mais il existe des ce qui permet aux opérateurs de récupérer les possibilités de réformes supplémentaires. investissements réalisés (Pop et Coelho 2020). Le En général, les opérateurs de réseau avec pays attribue le spectre sur la base de l’utilisation, d’importantes puissance de marché sont incités et a récupéré le spectre inutilisé auprès des à entraver la concurrence en refusant aux autres titulaires de licences. En conséquence, les trois opérateurs l’accès à leur réseau (par exemple, opérateurs ont déployé des services 4G en 2016 et en limitant l’accès aux câbles sous-marins ou au se sont mis en concurrence pour de nouvelles part réseau dorsal). Grâce à sa situation côtière, la de marché en même temps. Selon les rapports Côte d’Ivoire dispose de plusieurs passerelles, annuels de l’ARTCI, les revenus de l’internet mobile et l’atterrissage du câble sous-marin d’Afrique ont presque triplé depuis lors, tandis que la part de de l’Ouest et du câble côte africaine - Europe en marché d’Orange dans ce segment a diminué de 2012 a apporté de la concurrence aux services de plus d’un cinquième. bande passante internationale. Le gouvernement a également investi dans la dorsale en fibre 41. Malgré ces réalisations, aucune vente aux optique, mais les conditions d’accès à cette enchères du spectre n’a eu lieu à ce jour. Un infrastructure publique ne sont pas claires. L’ARTCI cadre juridique pour la mise aux enchères du a reconnu Orange et MTN comme fournisseurs spectre est en place mais sa mise en œuvre prend de connectivité internationale avec PMS et du retard (Pop et Coelho 2020). En général, les Orange comme fournisseur de haut débit en enchères du spectre permettent d’attribuer le gros avec SMP. Ces entreprises sont soumises à spectre plus efficacement que par des méthodes des obligations d’accès non discriminatoire à leur administratives. En effet, les enchères révèlent la infrastructure, de transparence, de tarification en volonté des fournisseurs de payer. Le régulateur fonction des coûts et de60 séparation comptable peut obtenir des informations sur le niveau des (dans le cas des services haut débit de gros). Leurs redevances que les nouveaux entrants peuvent offres de référence sont également publiées sur le payer de manière organisée et transparente. En site web du régulateur. conséquence, les ventes aux enchères du spectre réduisent les barrières à l’entrée et maximisent 40. La Côte d’Ivoire a favorisé la concurrence sur l’efficacité. Pour susciter davantage d’intérêt de la les marchés en aval en veillant à ce que les part des fournisseurs de services potentiels, les trois opérateurs de réseaux mobiles (ORM) ventes aux enchères de fréquences pourraient aient accès aux mêmes bandes de fréquences. également être organisées au niveau régional Jusqu’à présent, toutes les bandes de 900 MHz et ou comporter des instruments favorisant la de 1800 MHz ont été attribuées pour les services concurrence, tels que les mises en réserve ou 2G et 3G, ainsi que 23 % de la bande 800 MHz les crédits d’appel d’offres (Pop et Coelho 2020). pour la 4G, 75 % de la bande 2100 MHz pour la 3G Enfin, une utilisation plus efficace du spectre et 50 % de la bande 2600 MHz pour la 4G (Banque pourrait également être encouragée en permettant mondiale 2020b). L’attribution des fréquences a aux opérateurs d’échanger leurs assignations, un été largement symétrique.61 La Côte d’Ivoire est aspect toujours absent cadre réglementaire de la l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest à disposer Côte d’Ivoire. de licences neutres sur le plan technologique, et la durée des droits d’utilisation du spectre est plus 60 Sous réserve de la possibilité d’une régulation des prix par l’ARTCI si les entreprises ne respectent pas cette obligation. 61 Voir Pop et Coelho (2020) pour plus de détails. 68 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Figure 3.15: Quelques obstacles à la concurrence tout au long de la chaîne de valeur des services mobiles Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale. 42. La réglementation des tarifs de terminaison tend à surestimer les redevances de terminaison d’appel mobile entrave également la d’appel car elle intègre des coûts communs non concurrence en aval en renforçant le pouvoir pertinents, ce qui renforce le pouvoir de marché de marché des opérateurs. Les tarifs de des opérateurs qui bénéficient déjà des plus terminaison d’appel mobile (MTR) sont les tarifs grandes réserves de fréquences.62 pratiqués par les opérateurs de réseau pour connecter un appel au réseau d’un concurrent. En 43. Même avec les récentes réductions, les tarifs l’absence de réglementation, les opérateurs sont de terminaison d’appel mobile restent élevés. incités à fixer des tarifs élevés car cela bloque les L’ARTCI a réduit de près de moitié les tarifs de clients. C’est pourquoi l’ARTCI a plafonné les tarifs terminaison d’appel mobile depuis 2015. Ces de terminaison d’appel mobile des trois opérateurs. changements ont été accompagnés d’une baisse Actuellement, ces plafonds sont fixés de manière du prix moyen hors réseau et des différentiels hors symétrique, ce qui signifie que tous les opérateurs réseau/sur réseau de plus de 75 % entre 2017 et de réseau paient le même prix pour se connecter 2019. La baisse des tarifs de terminaison d’appel au réseau d’un concurrent. Toutefois, avec les mobile a encouragé la concurrence au détail, les tarifs symétriques, les opérateurs ayant moins entreprises ayant développé de nouvelles offres d’abonnés ont plus de trafic hors réseau, ce qui pour fidéliser leurs clients et l’ARTCI ayant imposé rends leur position moins favorable et limite leur la portabilité des numéros. Malgré ces réductions, possibilité d’attraper plus de parts de marché. . La les tarifs de terminaison d’appel mobile continuent réglementation des MTR en Côte d’Ivoire n’est pas d’être plus élevés que dans de nombreux pays de non plus totalement conforme à la méthodologie comparaison (figure 3.16). Le tarif de 2,3 centimes des coûts différentiels à long terme. Les MTR sont US en 2019 est plus élevé qu’au Maroc (1,3 fixés selon la méthodologie des coûts différentiels centimes), au Kenya (1 centime) et au Sénégal (0,8 moyens à long terme et en s’inspirant du centimes).63 benchmark de pays sélectionnés. Cette méthode 62 La Côte d’Ivoire a réformé les tarifs de terminaison d’appel en 2020 et ils ont été divisés presque par trois, passant de 13 FCFA/min. (2,1 c/min.) à la fin de 2018, à 5 FCFA/min. en 2021 (0,8 c/min.), et la baisse se poursuivra avec 3 FCFA/min. en 2022 et 2 FCFA/min. en 2024. 63 Données sur la télégélléographie citées par la Banque mondiale (2020b). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 69 30 3 (70 min ; 20 SMS ; 500 MB) Haut débit mobile réservé aux 25 2,5 40 données 1,5 Go 20 2 20 15 1,5 10 1 0 Côte d'Ivoire Éthiopie Kenya Maroc Sri Lanka Sénégal Ghana Le Viêt Nam 5 0,5 0 0 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 2017 2018 2019 Pairs structurels Des pairs qui aspirent Figure 3.16: Les tarifs de terminaison d'appel mobile sont relativement élevés (2019) 0,07 0,06 0,05 US$ 0,04 0,03 0,02 0,01 0 Zambie Nigeria Côte d'Ivoire Bénin Kenya Mayotte Algérie Mauritanie Mozambique Burkina Faso Zimbabwe Maroc Botswana Malawi Réunion Sénégal Tchad Rwanda Ouganda Niger Tunisie Cap-Vert Togo Cameroun Tanzanie Lesotho Afrique du Sud Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base de la Banque mondiale (2020b). 2 000 Marge brute/perte 1 500 44. La concurrence est également entravée par 45. Des frais moins élevés et une Indemnités de fiscalité Milliers FCFA 1 000 les lacunes de l’infrastructure du dernier cohérente pourraient égalementdéplacement renforcer Pneus kilomètre. Actuellement, 500 environ un Ivoirien la concurrence sur les marchés de détail. sur deux vit dans des zones non couvertes par Par rapport aux prestataires de services, qui Maintenance la 4G, et un sur quatre 0 n’a pas accès à la 3G. Le sont soumis à un régime d’autorisation générale réseau 2G est plus largement disponible, mais Carburant les puisqu’ils ne possèdent pas d’infrastructure, reste hors de portée de 7 % de la population. prestataires de services basés sur des installations Comme dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, le sont tenus d’obtenir une licence individuelle. gouvernement a créé un fonds de service universel Bien que ce régime d’autorisation soit conforme pour combler le déficit d’accès dans les zones mal aux meilleures pratiques internationales, de desservies et non desservies. Ce fonds est géré nouveaux fournisseurs de services, y compris un par l’Agence nationale du service universel des quatrième opérateur de réseaux mobiles (ORM) télécommunications et financé par les contributions ou des opérateurs de réseaux virtuels mobiles des opérateurs de réseau à hauteur de 2 % du (ORMV),66 pourraient être attirés par la réduction chiffre d’affaires (Progressus et Dentons 2020). En des droits de licence et la limitation des distorsions principe, les entreprises peuvent se soustraire à causées par les taxes sectorielles. Les frais de ce paiement si elles investissent dans l’expansion renouvellement de la licence GSM s’élevaient à du réseau. Si ce mécanisme «pay or play» 100 milliards de francs CFA en 2015 (environ 167 permet aux opérateurs d’utiliser les fonds plus millions de dollars) et étaient plus élevés que dans efficacement, son fonctionnement pourrait être les pays de comparaison.67 En outre, certaines revu pour permettre une plus grande concurrence. entreprises de télécommunications doivent L’introduction d’enchères inversées pour les actuellement payer une taxe supplémentaire de 5 subventions, par exemple, pourrait permettre à des % en plus du taux normal de l’impôt sur le revenu opérateurs plus efficaces de se faire concurrence des sociétés de 25 % (Banque mondiale 2020b). pour obtenir des fonds.64 Des lignes directrices Ces prélèvements peuvent affecter de manière pour le partage actif des infrastructures65 qui disproportionnée les petits opérateurs et, dans la tiennent compte des effets sur la concurrence et pratique, décourager leur entrée sur le marché. la surveillance d’IHS (une société de construction Plusieurs petits opérateurs ont été contraints de d’antenne cellulaires sur le marché) pourraient cesser leurs activités en 2016 après avoir manqué également réduire les coûts de déploiement des le paiement de leurs redevances. infrastructures. 64 Les enchères inversées sont des enchères dans lesquelles les vendeurs se font concurrence pour obtenir des affaires de l’acheteur en baissant leurs prix. Dans le cas des subventions d’infrastructure, une enchère inversée pourrait permettre d’allouer des fonds à l’entreprise qui a le moins besoin de soutien pour connecter un nombre fixe d’utilisateurs à distance. 65 L’ARTCI exige déjà un partage passif des infrastructures. 66 Les MVNO sont des opérateurs qui ne possèdent pas l’infrastructure de réseau sur laquelle ils fournissent des services aux clients. 67 Dans le cadre du déploiement de la 4G, la Côte d’Ivoire a collecté 300 milliards de francs CFA (environ 500 millions de dollars) pour trois licences technologique- ment neutres valables pendant 17 ans. Le Maroc a collecté 2,8 milliards de dirhams (environ 300 millions de dollars) pour trois licences 4G et un spectre réaménagé. Le Sénégal a collecté 100 milliards de francs CFA (environ 167 millions de dollars) auprès de la Sonatel pour le renouvellement des licences pour 17 ans et des fréquences 4G, plus 27 milliards de francs CFA auprès de Tigo (environ 45 millions de dollars). L’économie du Maroc est environ trois fois plus importante que celle de la Côte d’Ivoire. L’économie du Sénégal est un peu plus de la moitié de celle de la Côte d’Ivoire. Voir Progressus et Dentons (2020) pour plus de détails. 70 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 46. Dernier point, mais non des moindres, mouvements de fret intérieurs. Cela signifie que la l’application des lois sur la concurrence est compétitivité et l’intégration régionale de la Côte limitée en Côte d’Ivoire. Un pilier essentiel de d’Ivoire dépendent du bon fonctionnement du la politique de la concurrence est l’application marché des services logistiques, en particulier du effective du droit de la concurrence, tant ex- camionnage. Un marché des transports dynamique ante (par le contrôle des fusions) qu’ex post (par sera également essentiel pendant la crise de la des sanctions pour abus de position dominante COVID-19 pour protéger les entreprises et les et pour accords anticoncurrentiels). Ceci est consommateurs vulnérables des perturbations particulièrement important dans le secteur des de la chaîne d’approvisionnement. La section télécommunications, où les caractéristiques du suivante se concentre sur le transport international marché telles que les économies d’échelle limitent via la Côte d’Ivoire, mais l’analyse a également des le nombre d’opérateurs et augmentent la probabilité implications pour le transport national. de pratiques commerciales anticoncurrentielles. En effet, il a été constaté que certaines des Les prix élevés et la faible qualité indiquent que des multinationales qui investissent dans le pays ont gains d’efficience peuvent être réalisés dans les services enfreint les règles de concurrence dans l’Union de transport routier européenne et en l’Afrique du Sud. Toutefois, comme nous l’avons vu plus haut, en Côte d’Ivoire, 48. Les prix du transit par la Côte d’Ivoire semblent élevés par rapport aux autres pays de la région. le rôle de la Commission de la concurrence se Il a été démontré que les corridors de transport limite à la surveillance du marché et au plaidoyer routier en Afrique de l’Ouest sont plus chers que en faveur d’un environnement équitable de les corridors comparables dans d’autres parties de concurrence, tandis que la Commission de l’Afrique et du monde (Teravaninthorn et Raballand l’UEMOA s’est concentrée sur l’évaluation des 2009). Bien que les données représentatives sur les fusions et des joint-venture. L’ARTCI, qui a prix en Côte d’Ivoire soient rares, des recherches également le pouvoir d’appliquer les règles de antérieures suggèrent que les expéditeurs concurrence, a pris des décisions ayant des payaient plus cher pour transporter un conteneur implications sur la concurrence, notamment sur standard de 20 pieds au Burkina Faso via le port la discrimination on-net/off-net comme moyen de d’Abidjan que pour transporter des marchandises prévenir le verrouillage du marché en Côte d’Ivoire. via les ports de Tema au Ghana ou de Lomé au Pourtant, ni la Commission de la concurrence, Togo (Banque mondiale 2011). Étant donné que les ni la Commission de l’UEMOA, ni l’ARTCI n’ont couloirs de transit internationaux sont également sanctionné des entreprises pour violation des lois des voies d’acheminement importantes pour les sur la concurrence. marchandises nationales, il est plausible que les prix du transport international soient corrélés aux prix du transport national. Contraintes de concurrence dans 49. Le camionnage représente la moitié du coût les secteurs en amont : Transport total du transit vers la région du Sahel. Des routier de marchandises entretiens avec des entreprises ont révélé que les firmes de camionnage représentaient 53 % des coûts logistiques totaux sur les axes Abidjan- 47. Le secteur des transports est essentiel Ouagadougou et Abidjan-Bamako (Nathan pour le développement de la Côte d’Ivoire Associates 2013). Les frais facturés par les et la réponse à la COVID-19. Les entreprises entreprises de camionnage sont également ceux qui du secteur transportent les produits agricoles contribuent le plus aux différences régionales dans d’exportation et les ressources minérales, livrent les prix de transit.68 Le transport de marchandises les importations et relient les marchés intérieurs. via le port d’Abidjan était plus coûteux si l’on tient Le port d’Abidjan est le quatrième plus grand compte des différences de distance entre le point port d’Afrique de l’Ouest et une importante de départ et la destination finale. Il a également plateforme de transit, reliant le Burkina Faso et été démontré que les prix unitaires facturés par le Mali à des partenaires commerciaux étrangers. les entreprises de camionnage de la région étaient Selon la Banque mondiale (2020a), les routes plus élevés que ceux facturés par les entreprises sont un élément essentiel de l’infrastructure des d’Afrique de l’Est et du Sud. Des69 recherches transports, puisqu’elles assurent plus de 99 % des récentes ont confirmé des niveaux de prix élevés 68 Voir Banque mondiale (2011) pour plus de détails. Les recherches ont également porté sur la manutention, l’expédition et le courtage, les douanes, le chargement et l’escorte, et les frais des syndicats de transport. 69 Teravaninthorn et Raballand (2009). Bien que la recherche n’ait pas porté sur les entreprises opérant en Côte d’Ivoire, elle a des implications importantes pour le pays. Tout d’abord, la recherche compare les entreprises opérant au Ghana, l’un des pairs structurels de la Côte d’Ivoire, avec les entreprises du Kenya, l’un des pairs ambitieux de la Côte d’Ivoire. Deuxièmement, les entreprises de camionnage interrogées au Ghana ont transporté des marchandises vers Ouagadougou et Bamako, deux destinations qui sont également desservies par le port d’Abidjan. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 71 a. Voix b. Données c. Money 100% 100% 100% 90% 90% 90% 80% 80% 80% 70% 70% 70% 60% 60% 60% 50% 50% 50% 40% 40% 40% 30% 30% 30% 20% 20% 20% 10% 10% 10% 0% 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 0% 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 2016 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2017 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2018 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2019 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 et ont estimé les marges typiques sur le corridor du qu’il est possible d’améliorer la dynamique du Burkina Faso à environ 30 % (figure 3.17). Orange MTN marché. Moov Les prix élevés des transports terrestres peuvent s’expliquer par des différences de coûts 50. Malgré des prix élevés, la qualité du service ou de marges bénéficiaires. Si les coûts peuvent est manifestement médiocre. Il a été démontré être en partie hors du contrôle des entreprises que les temps de trajet varient davantage sur (par exemple, le mauvais état des routes peut faire les lignes partant d’Abidjan que sur des lignes augmenter les coûts d’entretien des véhicules, comparables dans la région (Nathan Associates XOF/min 80 et le prix élevé des carburants peut accroître les PPP$ Cellulaire mobile - faible XOF/MB Voix (droite) 2013, Teravaninthorn et Raballand 2009). La grande coûts variables), utilisationles marges (70 min ; 20 SMS)sont plus directement Données (lhs) 60 Offre groupée de faible utilisation variabilité 30 des temps de trajet est aggravée 3 par la (70 min ; 20de liées aux niveaux SMSconcurrence. ; 500 MB) Une tendance variabilité 25 des temps d’escale et des2,5 procédures Haut débit mobile réservé aux à la concentration croissante du marché dans 40 données 1,5 Go aux frontières. Ces différences augmentent le secteur justifie également une analyse plus 20 2 les coûts finaux pour les expéditeurs qui font 20 approfondie des contraintes de concurrence. Alors 15 1,5 passer des marchandises par la Côte d’Ivoire que le secteur du camionnage en Côte d’Ivoire (Nathan 10 Associates 2013). Environ 1trois quarts 0 est dominé par des opérateurs informels et de des camions dans le pays ont plus de 0,5 15 ans, ce Côte d'Ivoire Éthiopie Sénégal Kenya Maroc Sri Lanka Ghana Le Viêt Nam 5 petite taille, l’importance des entreprises de taille qui explique 0 une partie de ces retards 0 (ENSEA moyenne, des groupes logistiques verticalement 2014). Laq1 conteneurisation est q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 q1 q2 q3 q4 car la plupart faible, intégrés et des transporteurs pour compte propre des cargaisons2017 arrivant 2018 port d’Abidjan sont au 2019 a Pairs augmenté structurels au Des cours pairs qui de la dernière décennie aspirent dépouillées avant d’être chargées dans le camion (ENSEA 2014, Hartmann et al. 2018, Banque (Banque mondiale 2020c). Les camions sont mondiale 2020a). Une analyse récente menée 0,07 souvent0,06 surchargés et endommagent les routes. par la Banque mondiale (2020c) montre que Les chargeurs 0,05 ont peu d’options pour atténuer les ces transporteurs professionnels acheminent la US$ 0,04 liés au transport routier à travers la Côte risques 0,03 majeure partie des conteneurs vers la région du (Hartmann et al. 2018). d’Ivoire 0,02 Sahel, et que dans ce segment de marché, les trois 0,01 premiers acheteurs représentent 20 à 40 % de la 51. La 0 persistance de prix élevés et la demande totale. Zambie Côte d'Ivoire Bénin Nigeria Mayotte Algérie Mauritanie Maroc Mozambique Tchad Burkina Faso Zimbabwe Botswana Malawi Kenya Réunion Sénégal Cap-Vert Rwanda Ouganda Tunisie Togo Cameroun Niger Lesotho Tanzanie Afrique du Sud concentration croissante du marché suggèrent Figure 3.17: Les coûts de transport routier vers le Burkina Faso sont plus élevés depuis la Côte d'Ivoire que de- puis le Togo (2019) 2 000 Marge brute/perte 1 500 Indemnités de Milliers FCFA 1 000 déplacement Pneus 500 Maintenance 0 Carburant Source : Banque mondiale (2020c). Le fonctionnement du marché est entravé par des cette capacité est limitée par (i) les accords réglementations et des pratiques commerciales internationaux de partage du fret, les restrictions anticoncurrentielles en matière de backhauling et de cabotage et70 (ii) l’inefficience de l’intermédiation entre les 52. Le fonctionnement du marché est entravé expéditeurs et les transporteurs. L’outil d’évaluation par les restrictions réglementaires et des marchés et de la concurrence du groupe l’absence d’interventions adéquates pour de la Banque mondiale permet d’analyser ces lutter contre les pratiques commerciales contraintes en fonction de leur effet sur les marchés anticoncurrentielles. Les entreprises du secteur (tableau 3.1). La première série de contraintes, du transport routier dépendent de leur capacité les restrictions réglementaires, sont formelles et à obtenir des cargaisons pour fonctionner. Dans imposées par des accords internationaux et des le cas des marchandises qui arrivent à Abidjan, politiques gouvernementales protectionnistes. Ces 70 Le backhauling est le retour d’une destination finale avec une nouvelle cargaison. Le cabotage est le transport de marchandises entre deux endroits dans un autre pays. 72 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique barrières limitent l’entrée, renforcent la domination est principalement régi par des accords bilatéraux des fournisseurs existants et sont discriminatoires entre la Côte d’Ivoire et les pays voisins. Le fret à l’égard des entreprises étrangères. Le second stratégique arrivant à Abidjan en destination du ensemble, les pratiques commerciales, découlent Burkina Faso, par exemple, ne peut être transporté d’interventions gouvernementales inadéquates que par des camionneurs burkinabés. Dans le cas pour remédier aux défaillances du marché et des cargaisons non stratégiques, deux tiers des à la recherche de rentes par les entreprises et cargaisons en transit sont réservés aux camions leurs associations. En plus de limiter l’entrée, étrangers. Sur l’itinéraire de Ouagadougou, les ces barrières facilitent la collusion entre les cargaisons sont attribuées selon le principe du fournisseurs existants, augmentent le coût des premier entré, premier sorti par l’association opérations sur le marché et sont discriminatoires des transporteurs burkinabés, ce qui soulève envers les entreprises non associées. la possibilité de conflits d’intérêts, encourage la collusion et le partage du marché et limite 53. Les restrictions réglementaires sur l’accès au sérieusement la capacité des entreprises plus fret limitent la concurrence entre les camions productives à accroître leur part de marché.72 En étrangers et nationaux, ce qui affecte l’offre conséquence, le marché est formellement divisé et les prix globaux. En principe, la Convention entre les fournisseurs de différents pays, ce qui interétatique de la CEDEAO sur le transport limite l’offre, gonfle les prix et réduit la compétitivité routier vise à créer des conditions de concurrence des ports ivoiriens. équitables pour les camionneurs des États membres de la CEDEAO.71 Toutefois, l’accès au fret Tableau 3.1: Obstacles à la concurrence dans le secteur du transport routier en fonction des effets de marché Obstacles qui faci- Obstacles qui discri- Barrières qui limitent litent la collusion ou minent ou protègent l'entrée ou renforcent augmentent les coûts des intérêts particu- la position dominante pour la concurrence liers Restrictions réglementaires Accords de partage de fret l l l Restrictions en matière de fret à retour l l Restrictions en matière de cabotage l l Pratiques commerciales Accès limité aux informations sur le fret l l Intermédiation par des intermédiaires informels (coxeurs) et des associations l l l de transporteurs Recommandations de prix par les asso- l ciations de transporteurs Source : Analyse du personnel de la Banque mondiale basée sur l’outil d’évaluation des marchés et de la politique de concurrence du Groupe de la Banque mondiale. 54. En outre, les restrictions en matière de matière de backhauling sont relativement moins transport et de cabotage exacerbent les courantes (figure 3.18). En fin de compte, ces deux effets anticoncurrentiels des quotas de types de réglementation entraînent des trajets à fret. Les règles de backhauling et de cabotage vide et limitent la concurrence sur les itinéraires interdisent aux camions ivoiriens de transporter internationaux et nationaux. Cela réduit l’utilisation un chargement de fret de retour de l’étranger des camions, fait augmenter le prix des voyages, ou de déplacer des marchandises entre deux freine les investissements dans de nouveaux destinations étrangères. De même, les camions véhicules et réduit la qualité de service. Des étrangers ne sont pas autorisés à transporter du données antérieures suggèrent, par exemple, que fret sur leurs trajets de retour de la Côte d’Ivoire ou le nombre de trajets par camion en destination du à l’intérieur du pays. Si la plupart des pays limitent Burkina Faso est faible (Banque mondiale 2015).73 le backhauling et le cabotage, les restrictions en 71 Convention de Transport Routier Inter-États, A/P2/5/82. 72 Voir Hartmann et al. (2018) pour plus de détails. 73 Voir également Teravaninthorn et Raballand (2009) pour plus de détails. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 73 Figure 3.18: Les restrictions sur le cabotage sont plus fréquentes que sur les transports de retour Nombre de pays dans le monde entier (la Cote d’Ivoire se situe parmi les restreint) restreint non limité 14 26 50 38 Backhauling Cabotage 55. L’absence d’interventions gouvernementales organisant des files d’attente. En Côte d’Ivoire, les appropriées pour remédier à l’asymétrie associations de transporteurs (syndicats) ont été d’information entre les expéditeurs et les impliquées à la fois dans l’intermédiation à travers transporteurs donne lieu à des pratiques le système de file d’attente (tour de rôle) et dans les commerciales anticoncurrentielles. L’asymétrie recommandations de prix. Le tour de rôle est une de l’information est une défaillance inhérente au forme organisée de partage du marché qui répartit marché des transports, par exemple lorsque les les cargaisons de manière égale entre les opérateurs. transporteurs disposent d’informations fragmentaires Ces systèmes peuvent être utilisés abusivement et incomplètes sur les nouvelles cargaisons. Les pour restreindre l’entrée sur le marché, favoriser entreprises professionnelles de transport routier certaines entreprises par rapport à d’autres et peuvent, dans une certaine mesure, passer des imposer des frais d’intermédiation supplémentaires. contrats directement avec les chargeurs, mais en Le tour de rôle limite également les incitations à la l’absence de bourses de fret, les petits et moyens concurrence sur les prix et à l’augmentation de la opérateurs s’appuient principalement sur des intermédiaires informels appelés coxeurs74. À Abidjan, productivité, car les fournisseurs les plus efficaces ces intermédiaires reçoivent une commission allant ne peuvent pas obtenir davantage de contrats en de 85 à 170 dollars par camion ou 400 dollars par réduisant leurs coûts. mois (jusqu’à 10 % du prix du voyage). Les75 coxeurs se concentrent uniquement sur l’intermédiation 57. Bien que leur rôle d’intermédiaire ait diminué au et n’assument aucune responsabilité pour les fil du temps, les associations de transporteurs cargaisons, et ils ont réussi à préserver leur rôle continuent à émettre des recommandations de malgré leurs commissions élevées. Ils sont moins prix (Teravaninthorn et Raballand 2009, ENSEA nombreux que le nombre de camionneurs (Hartmann 2014, Hartman et al. 2018). Ces recommandations et al. 2018). Les camionneurs ont fait état de frais de prix ne sont pas contraignantes, mais elles d’intermédiation toujours élevés,76 ce qui laisse fournissent un point de référence dans les supposer que les coxeurs détiennent un pouvoir de négociations de prix et encouragent la collusion entre les prestataires de services. En outre, comme marché important. l’adhésion aux associations est très répandue, 56. En outre, les associations de transporteurs elles s’appliquent à un groupe important de participent à l’attribution des cargaisons. Les transporteurs (Teravaninthorn et Raballand 2009, associations et les alliances de transporteurs ENSEA 2014). Le rôle des associations dans la fixation des prix n’a pas été formalisé dans les routiers sont les promoteurs et les responsables réglementations sectorielles (Hartmann et al. 2018). de l’application des prix de référence. Elles jouent aussi souvent un rôle d’allocation du marché en 3.3. Quelles mesures le gouvernement peut-il prendre pour favoriser la concurrence ? 58. La croissance de la productivité exige que les aux utilisateurs les plus efficientes. Dans ce ressources soient utilisées de la manière la plus contexte, le renforcement de la concurrence est efficiente possible et qu’elles soient allouées essentiel pour promouvoir l’augmentation de la 74 Voir Hartmann et al. (2018) et ENSEA (2014) pour plus de détails. 75 Selon les preuves fournies par Nathan Associates (2013) et l’ENSEA (2014). 76 Voir ENSEA (2014) pour de plus amples informations. 74 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique productivité et la croissance économique. Les l’économie et dans des secteurs spécifiques. éléments présentés dans ce chapitre suggèrent Ces réformes doivent se concentrer sur le que les marchés ivoiriens souffrent d’une faible renforcement du cadre réglementaire et contestabilité du marché. Les indicateurs basés institutionnel de la politique de concurrence. sur la perception et les données au niveau des À cette fin, le gouvernement pourrait investir entreprises indiquent des niveaux élevés de dans la capacité des autorités régionales et domination du marché et une entrée limitée nationales de la concurrence à faire appliquer d’entreprises, tandis que les marges de coût ont les lois sur la concurrence. Il pourrait également augmenté au fil du temps, portées par les entreprises réviser sa législation en matière de concurrence de services. Ces mauvais résultats pourraient être conformément aux meilleures pratiques en partie influencés par les interventions directes internationales et chercher à donner aux autorités et indirectes du gouvernement sur les marchés. Par nationales de la concurrence au sein de l’UEMOA exemple, le cadre actuel du droit de la concurrence les moyens d’enquêter et de prendre des décisions en Côte d’Ivoire n’est pas pleinement fonctionnel, sur les pratiques anticoncurrentielles se produisant principalement en raison de la loi régionale sur la sur le territoire national. Le tableau 3.2 résume concurrence de l’UEMOA. les principales recommandations en matière de politiques visant à renforcer le cadre réglementaire et institutionnel tant au niveau de l’UEMOA qu’au niveau national. Si la réponse à la COVID-19 Renforcer le cadre réglementaire et peut nécessiter des mesures temporaires pour institutionnel l’importation sans heurts de biens prioritaires, ou un soutien ciblé à des secteurs spécifiques en difficulté, il est important de préserver la 59. L’amélioration de la concurrence nécessite concurrence à moyen terme (encadré 3.1). la mise en œuvre de réformes à l’échelle de Encadré 3.1: L’impact de la crise COVID-19 et des mesures d’atténuation Dans le contexte de la crise COVID-19, des mesures gouvernementales visant à protéger la concurrence seront essentielles pour éviter de créer des obstacles à la croissance de la productivité à moyen terme. La demande et la production connaissant des contractions drastiques, les gouvernements du monde entier ont mis en œuvre des mesures de soutien d’urgence pour stimuler la reprise économique. Ces mesures comprennent souvent (i) l’approvision- nement auprès de fournisseur unique ou par acquisition accéléré en matériel de soins de santé, médicaments et autres équipements ; (ii) des aides d’urgence de l’État pour soutenir des entreprises et des secteurs spécifiques face aux dom- mages directement causés par des événements exceptionnels et les restrictions imposées ; et (iii) une flexibilité tem- poraire dans l’application de la législation antitrust pour permettre la coordination entre les concurrents afin de garantir des approvisionnements stables en biens et services essentiels. Si toutes ces mesures sont justifiées en circonstances exceptionnelles, elles peuvent déclencher des effets anticoncurrentiels potentiels lorsqu’elles affectent les fondamentaux du marché et affectent éventuellement le processus de destruction créative que la concurrence est censée déclencher. Dans ce contexte, il sera fondamental de s’assurer que les politiques de réponse et de relance prise pour faire face à la crise de la COVID-19 ne soient pas en contradiction avec les principes de la concurrence (Banque mondiale 2020d). Le gouvernement a pris plusieurs mesures d’atténuation dans le cadre de la crise COVID-19 (tableau A2.2 de l’annexe 2). Une analyse approfondie serait nécessaire pour évaluer les conditions spécifiques dans lesquelles les en- treprises auront accès à ces mesures de soutien, et pour mesurer leurs effets de distorsion potentiels sur les marchés. En s’inspirant de la Banque mondiale (2020d), il est encore possible de mettre en évidence certains principes que les autorités devront prendre en considération lors de la mise en œuvre ou, à terme, de l’affinement de la conception de ces instruments afin de minimiser les distorsions du marché tout en préservant les marchés. Premièrement, il est essentiel que les subventions soient mises à la disposition d’un large éventail d’entreprises sur la base de critères objectifs et selon des règles claires, en précisant les types d’aide et les montants maximums autorisés, ainsi que les délais définis. Deuxièmement, les mesures de soutien doivent être conçues et mises en œuvre de manière à remédier aux défaillances actuelles engendrées par la pandémie et à éviter de fausser les règles du jeu en accordant à certains acteurs du marché un avantage concurrentiel indu à moyen ou long terme. À cet égard, il est essentiel de veiller à ce que les mesures de soutien ne soient pas mises à la disposition d’entreprises qui étaient en faillite avant la crise ou qui ont des problèmes structurels sans rapport avec la crise.77 77 Par exemple, la Commission européenne a adopté un cadre temporaire pour permettre aux États membres d’utiliser toute la flexibilité prévue par les règles commu- nautaires en matière d’aides d’État pour soutenir l’économie dans le contexte de l’épidémie de la COVID-19 (https://ec.europa.eu/competition/state_aid/what_is_new/ sa_covid19_temporary-framework.pdf). Le cadre temporaire prévoit cinq types d’aides : (i) les subventions directes, les avantages fiscaux sélectifs et les acomptes ; (ii) les garanties d’État pour les prêts contractés par les entreprises auprès des banques ; (iii) les prêts publics subventionnés aux entreprises ; (iv) les aides d’État à l’économie réelle ; et (v) l’assurance-crédit à l’exportation à court terme. Dans ce cadre temporaire, par exemple, les garanties d’État devraient être limitées dans le temps (6 ans), avec un montant limité aux liquidités nécessaires dans un avenir prévisible et accordées seulement jusqu’à la fin de 2020. Dans des cas spécifiques, les garanties de l’État ne peuvent être appelées qu’après que les intermédiaires financiers aient eux-mêmes fait des efforts de recouvrement (Italie). Voir Banque mondiale (2020d) pour plus de détails. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 75 Améliorer le fonctionnement également être fixés de manière asymétrique afin de faire contrepoids aux opérateurs puissants sur du marché dans le secteur des le marché et de permettre aux petits opérateurs télécommunications mobiles de participer de la concurrence pour les consommateurs plus vigoureusement. D’autres mesures visant à soutenir l’accès aux réseaux, telles 60. Le pays pourrait réduire les barrières à l’entrée que le dégroupage et les tests de compression des en introduisant des ventes aux enchères de marges, pourraient également être envisagées fréquences et en améliorant la tarification du pour permettre l’émergence d’opérateurs de spectre. Une partie du précieux spectre ivoirien, réseaux mobiles virtuels. en particulier au niveau de la bande 800 MHz,78 n’a pas encore été attribuée. Le passage de 63. Enfin, et surtout, la Côte d’Ivoire devrait procédures administratives à des mécanismes renforcer sa capacité à faire respecter les d’attribution des fréquences fondés sur le marché règles de concurrence dans le secteur des pourrait encourager de nouveaux opérateurs à télécommunications. Comme indiqué dans la entrer sur le marché et améliorer l’efficacité de section précédente, l’habilitation des autorités l’utilisation du spectre. Dans le même temps, nationales de la concurrence au sein des États les ventes aux enchères de fréquences peuvent membres de l’UEMOA à enquêter et à prendre des donner aux opérateurs dominants la possibilité décisions sur les pratiques anticoncurrentielles d’écarter leurs concurrents. Ces risques peuvent se produisant sur leur territoire national est une être activement gérés par le biais de mises en première étape nécessaire. Le renforcement de la réserve, de plafonds et de crédits d’enchères, entre capacité à faire respecter les règles de concurrence autres instruments (Pop et Coelho 2020). L’entrée au niveau national est tout aussi important. Dans de nouveaux opérateurs, y compris les MVNO, le cas des télécommunications, cela pourrait être pourrait également être encouragée en réduisant réalisé par des investissements dans la Commission les droits de licence et en autorisant l’échange de de la concurrence et/ou l’ARTCI, car les deux fréquences. institutions partagent les pouvoirs d’application des règles de concurrence dans le secteur. Étant 61. La concurrence pourrait être exploitée pour donné qu’il reste une certaine participation de développer les infrastructures. Les incitations l’État dans le secteur des télécommunications, à l’expansion des infrastructures pourraient ces changements devraient être accompagnés être renforcées en rendant les rendements plus d’efforts visant à accroître l’indépendance de la appropriés et en réduisant les coûts. L’amélioration Commission de la concurrence et de l’ARTCI. du cadre de partage des infrastructures et la prévention d’éventuels comportements anticoncurrentiels de la part des sociétés d’antenne pourraient également contribuer à Réduire les distorsions dans le accélérer l’expansion des réseaux. Le déploiement des infrastructures dans les zones non desservies secteur du transport routier et mal desservies pourrait être renforcé par des enchères inversées pour les subventions 64. Les interventions en faveur de la concurrence aux infrastructures, ce qui pourrait inciter les dans le transport routier devraient comprendre entreprises de télécommunications à réduire leurs des réformes réglementaires, des mesures coûts. antitrust et la création d’institutions de marché. Les réformes du marché du fret routier 62. Les tarifs de terminaison d’appel mobile en Côte d’Ivoire pourraient se concentrer sur trois doivent être fixés de manière asymétrique piliers : (i) l’ouverture du marché à la concurrence et réduits, conformément à la méthodologie internationale ; (ii) la surveillance, la dissuasion et des coûts différentiels à long terme (LRIC),. la sanction des pratiques anticoncurrentielles sur Associée à la portabilité des numéros, la baisse le marché ; et (iii) la création de bourses de fret et des tarifs de gros a encouragé la concurrence au la promotion de contrats types entre les chargeurs niveau du détail en Côte d’Ivoire. Le gouvernement et les transporteurs. Alors que la première réforme pourrait s’appuyer sur ses récentes interventions devrait corriger les effets anticoncurrentiels des et réduire encore les tarifs de terminaison d’appel politiques gouvernementales existantes, les mobile pour limiter les surcoûts hors réseau. Les deuxième et troisième réformes nécessiteront tarifs de terminaison d’appel mobile pourraient l’intervention du gouvernement pour surmonter les 78 Par rapport à la bande des 2 6000 MHz, la bande des 800 MHz nécessite un tiers des investissements pour obtenir la même couverture 4G avec le même niveau de service. Voir Banque mondiale (2020b) pour plus de détails. 76 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique défaillances du marché. Les réformes favorables anticoncurrentiel de la part des acteurs du à la concurrence devraient être accompagnées marché. Bien que les pouvoirs d’exécution d’autres politiques visant à améliorer les de la Commission de la concurrence soient infrastructures, à rationaliser le transit et à faire limités, elle est autorisée à détecter les pratiques respecter les normes de qualité. anticoncurrentielles et à préconiser des politiques favorables à la concurrence. Depuis 65. L’ouverture du marché à la concurrence sa création en 2017/18, la Commission n’a pas internationale nécessitera une action mené d’enquête sur le marché du camionnage. coordonnée des pays d’Afrique de l’Ouest. La Commission pourrait transmettre les résultats Des quotas nationaux de fret ont été établis pour de son étude de marché à la Commission de protéger les intérêts des transporteurs des pays l’UEMOA, et demander le lancement d’enquêtes enclavés. Les règles en matière de backhauling pouvant conduire à des sanctions formelles. et de cabotage protègent principalement les intérêts des entreprises de camionnage 67. La création de bourses de fret et la promotion ivoiriennes. Si les négociations multilatérales de contrats types entre les chargeurs et les visant à libéraliser les services de transport transporteurs sont tout aussi importantes. Le échouent, la Côte d’Ivoire pourrait toujours pouvoir de marché des intermédiaires découle plaider en faveur d’un assouplissement des en partie de l’asymétrie d’information entre quotas nationaux en échange de la levée des les chargeurs et les transporteurs. Palier ces restrictions en matière de backhauling ou de défaillances du marché est susceptible de réduire cabotage sur son territoire. Si les modifications le potentiel de pratiques anticoncurrentielles des accords existants sont difficiles à négocier, dans le transport routier. Les bourses de fret elles devraient être réalisables dans la mesure virtuelles, qui ont été expérimentées au Burkina où les gains et les pertes sont équilibrés. Faso et dans d’autres pays, constituent une Les restrictions en matière de backhauling solution pratique. En outre, l’encouragement étant moins courantes, cela suggère qu’elles des contrats de transport formels (y compris devraient être une priorité pour les réformes. Les les contrats tarifaires à long terme) et la mise défis à court terme ne devraient pas non plus en œuvre de réglementations régionales sur les éclipser les gains à long terme, non nuls, de la lettres de voiture79 augmenteraient la part des libéralisation mutuelle. L’autorisation des fret en transactions directes entre les expéditeurs et les retour a contribué à réduire de moitié les prix transporteurs. du transport de marchandises entre le Malawi et l’Afrique du Sud, par exemple (Vilakazi 2018, 68. Des réformes favorables à la concurrence Kunaka et al. 2013), et les corridors de transport pourraient réduire les coûts de transport de la Côte d’Ivoire pourraient bénéficier de d’environ 30 %. Les réductions potentielles réductions de prix similaires. des marges et des frais d’intermédiation pourraient contribuer à des économies allant 66. La Commission ivoirienne de la concurrence jusqu’à 800 dollars américains par voyage sur pourrait entreprendre une étude de marché l’axe Abidjan-Ouagadougou (Banque mondiale sur le camionnage et la répartition des 2016). Les réformes en faveur de la concurrence cargaisons. L’assouplissement des quotas dans d’autres pays ont eu des effets similaires internationaux et des restrictions sur les sur les prix. Au Mexique, par exemple, le fait camions étrangers peut entraîner une baisse d’autoriser les expéditeurs et les transporteurs des prix et une amélioration de la qualité. à établir des contrats directs entre eux a Toutefois, si les entreprises exercent un pouvoir contribué à une réduction des prix de 23 % sur de marché important, elles peuvent s’approprier cinq ans (Hartmann et al. 2018). En France, la les gains de la libéralisation sous forme de déréglementation du secteur s’est accompagnée rentes. L’intermédiation entre les expéditeurs d’une baisse des prix à long terme de 33 %. Au et les transporteurs semble être coûteuse et Rwanda, les réformes ont permis de réduire les opaque, et la variation des prix pratiqués par prix de plus de 30 % en un an (Teravaninthorn et les intermédiaires et les camionneurs limitée. Raballand 2009). Cela suggère un comportement potentiellement 79 Voir Hartmann et al. (2018) pour plus de détails. Les dispositions relatives aux lettres de voiture sont incluses dans l’Acte unique de l’Organisation pour l’harmo- nisation en Afrique du droit des affaires sur les contrats de transport, la Convention interétatique de transport routier de la CEDEAO et le règlement 14 de l’UEMOA. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 77 Tableau 3.2: Recommandations politiques : Stimuler la croissance de la productivité grâce à de meilleures règles du marché Calendrier de Implications mise en œuvre fiscales Améliorer le cadre réglementaire et institutionnel (UEMOA) - Développer les efforts au sein de l'UEMOA pour approuver une législation délé- Court terme Faible guant des pouvoirs à la Commission de la concurrence de la Côte d'Ivoire pour enquêter et décider des pratiques anticoncurrentielles qui se produisent sur le territoire national et n'ont pas d'effets transfrontaliers. - Travailler à l'élaboration de règles au niveau de l'UEMOA régissant la coopéra- Court terme Faible tion entre la Commission de l'UEMOA et la Commission de la concurrence de la Côte d'Ivoire. - Encourager le renforcement et le financement adéquat de la Commission de Moyen terme Faible l'UEMOA pour améliorer l'application des règles de concurrence. Améliorer le cadre réglementaire et institutionnel (National) - Encourager la Commission de la concurrence à réaliser des études de marché Court terme Faible et à améliorer la communication et la collaboration avec les régulateurs secto- riels et les autres institutions gouvernementales pour résoudre les problèmes liées à la de concurrence. - Dans un scénario où la loi sur la concurrence est devenue exécutoire, révisez la Moyen terme Faible loi sur la concurrence afin de o S’aligner sur les meilleures pratiques internationales (par exemple, dis- positions sur l'abus de position dominante, interdiction des ententes, sanctions adéquates, interdiction des fusions anticoncurrentielles par l'introduction d'un critère de réduction substantielle de la concurrence, conformément aux meilleures pratiques internationales) o Établir que les pratiques unilatérales, y compris la vente à perte, la vente liée, la vente groupée et le refus de négocier, ne doivent être interdites que lorsqu'elles sont mises en œuvre par une entreprise dominante et qu'elles ont des effets anticoncurrentiels sur le marché. - Publier en ligne les rapports annuels et trimestriels de la Commission de la Court terme Faible concurrence de Côte d'Ivoire sur l'application de la loi sur la concurrence. - Rationaliser le rôle consultatif de la Commission de la concurrence en matière Moyen terme de régulation des prix en limitant son intervention à l'atténuation de son impact sur la concurrence. Télécommunications mobiles - Baisser les barrières à l'entrée d’opérateurs supplémentaires, y compris les Moyen terme Moyen MVNO, en réduisant les droits de licence, en limitant les distorsions fiscales et en introduisant des mécanismes de marché pour l'attribution (ventes aux en- chères) et la redistribution (échanges) du spectre. - Clarifier les conditions d'accès aux infrastructures publiques afin d'uniformiser Moyen terme Faible les règles du jeu pour les prestataires de services. - Améliorer le fonctionnement des marchés de gros et de détail par la réduction et Court terme Moyen la fixation des tarifs asymétriques de terminaison d'appel mobile conformément à la méthodologie LRIC. - Assurer l'indépendance de l'ARTCI et renforcer sa capacité à enquêter sur les Moyen terme Faible comportements anticoncurrentiels et à les sanctionner. Fret routier - Ouvrir les marchés à la concurrence internationale en renégociant les accords Moyen terme Faible bilatéraux de partage du fret et les restrictions en matière de backhauling/cabo- tage avec les pays voisins. - Améliorer la transparence et l'efficience en matière d'attribution des cargaisons Moyen terme Faible par la création de bourses de fret et la promotion de contrats types entre les chargeurs et les transporteurs. - Lancer une étude de marché sur le camionnage et l'attribution des cargaisons Moyen terme Faible afin de détecter les pratiques anticoncurrentielles et de plaider pour des poli- tiques favorables à la concurrence. 78 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Annexe 3.1. La marge sur coût de revient comme indicateur du pouvoir de marché : hypothèses théoriques et Li = Pi − MCi Pi empiriques La définition standard (théorique) du pouvoir de marché reproduire pleinement l’indice de Lerner ; toutefois, est la capacité d’une entreprise à maintenir des prix comme le − coût marginal ሺ n’est ∗ ሻ − ሺ ∗ ሻ niveau − ≅ = pas disponible au = ሺ ∗ ሻ supérieurs au coût marginal, qui représente le niveau de l’entreprise, l’expression utilise le coût variable total qui prévaudrait dans des conditions de concurrence pour se rapprocher du coût marginal. Sur la base de parfaite. L’ampleur exacte du pouvoir de marché d’une cette mesure au niveau de l’entreprise, il est possible de entreprise - qui est lié à l’écart entre son prix et son l’agréger pour un secteur I donné sous la forme coût marginal - dépendrait du format de la courbe de demande résiduelle à laquelle l’entreprise est confrontée. തതതതതതതത = 1 ෍ Plus la demande résiduelle est raide, plus l’écart entre le ∈ prix et le coût marginal est important, plus la puissance de marché conservée par l’entreprise est élevée. Certaines mises en garde doivent être soulignées lors de l’interprétation des résultats de la MPC. Premièrement, En suivant cette approche standard, l’écart entre le prix la mesure MPC ne peut être considérée comme un et le coût marginal pourrait être approximé par un indice absolu et ne doit pas être utilisée pour comparer de Lerner qui est calculé comme Pi − MCi Li = différents marchés, car les marges seront naturellement Pi qui reflète l’écart entre le prix d’une entreprise et son plus élevées sur les marchés où une grande partie des coût marginal. coûts sont fixes. À cet égard, il est plus prudent d’utiliser le taux de marge pour illustrer les comparaisons Pour obtenir l’indice de Lerner de manière empirique, d’entreprises au sein des marchés, par exemple l’analyse actuelle suit l’approche − àሺ suggérée l’origine ∗ ሻ − ሺ par∗ ሻ pour − mettre en lumière la corrélation avec d’autres Tybout (2003) où la ≅ marge sur coût (MPC) =au niveau de ሺ ∗ ሻ = caractéristiques d’entreprises et variables économiques l’entreprise est calculée en prenant la différence entre (telles que la productivité, la propriété, la taille ou la la valeur de la production et les coûts variables totaux localisation), ou pour évaluer les changements dans le divisée par la valeur de la production.80 Plus précisément, temps. Deuxièmement, une augmentation de la MPC et en s’appuyant sur les P informations i − MCi disponibles au n’implique pas nécessairement une diminution de la niveau des entreprisesLidans = Plesi തതതതതതതത éditions = 1 ෍ 2009 et 2016 concurrence, car une MPC élevée peut permettre aux de l’enquête sur les entreprises de la Banque ∈ mondiale, entreprises de récupérer des investissements à haut la MPC observée au niveau des entreprises peut être risque(par exemple, des activités de recherche et de calculée par approximation : développement). Dans ce contexte, un environnement plus concurrentiel (et non moins concurrentiel) − ሺ ∗ ሻ − ሺ ∗ ሻ − expliquerait le fait que les grandes entreprises plus ≅ = = ሺ ∗ ሻ efficientes - avec un avantage en termes de coûts ou de qualité - soient capables de dégager des marges Pour l’entreprise i au moment t (2009, 2016) ; où la plus élevées tout en obtenant des parts de marché quantité (q) est simplifiée dans le rapport laissant plus importantes. Ce serait une situation typique des ainsi l’expression en fonction du prix p et du coût marchés du type «gagnant remporte le plus de parts 1 variable unitaire c. Le coût തതതതതതതത = ෍ variable est défini comme la de marché» (Van Reenen 2018), comme les marchés somme des coûts des matériaux, de la main-d’œuvre, ∈ numériques de haute technologie s’engageant dans de l’électricité, du carburant, de l’eau et des services la concurrence sur plates-forme. Dans un tel contexte, de communication ; il ne comprend pas le coût du pour être en mesure de déterminer que les MPC élevés capital (qui est considéré comme un coût fixe). Il reflètent nécessairement un déclin de la concurrence, convient de souligner que, en principe, la variable c il faudrait procéder à une évaluation approfondie pour devrait tenir compte du coût marginal unitaire afin de examiner si ces marchés sont effectivement touchés par des problèmes de concurrence. 80 Il existe une deuxième façon de récupérer l’indice de Lerner de manière empirique : une méthode paramétrique introduite par De Loecker et Warzynski (2012), où la marge de prix, ou marge bénéficiaire, est calculée comme le rapport entre l’élasticité de la production de l’intrant flexible et la part des dépenses dans cet intrant. Cette méthode nécessite l’estimation d’une fonction de production afin de récupérer l’élasticité de la production correspondant à l’intrant flexible. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 79 Annexe 3.2. Analyse empirique à partir des données de l’enquête sur les entreprises Tableau 3.3: Caractéristiques des entreprises et marges de coût en Côte d’Ivoire : corrélations conditionnelles (2009 et 2016) Variable dépendante : (log) PCM (1) (2) (3) Toutes les Entreprises ma- Entreprises non manu- Entreprises nufacturières facturières Groupe de taille d’entreprise : Moyenne : 20-99 0.095 -0.076 0.189* (0.140) (0.260) (0.094) Grande : 100 ou plus -0.767 -1.521* 0.247*** (0.487) (0.863) (0.069) Groupe d’âge de l’entreprise : Mature (6-15 ans) 0.233* 0.321 0.122 (0.115) (0.208) (0.128) Plus âgés (plus de 15 ans) 0.333 0.947* -0.012 (0.230) (0.460) (0.084) Intensité des exportations des entreprises (%) 0.001 0.007 0.005*** (0.008) (0.013) (0.001) % de propriété étrangère des entreprises 0.000 -0.006 0.003*** (0.003) (0.006) (0.000) Gestionnaire féminin 0.176 0.574 0.029 (0.135) (0.333) (0.055) Effets fixes de l’année Oui Oui Oui Effets fixes secteur (code à deux chiffres) Oui Oui Oui Effets fixes région Oui Oui Oui Nombre d’observations 705 239 466 R-carré 0.106 0.197 0.173 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l’Enterprise Survey de 2009 et 2016. Note : Les résultats sont issus d’une régression des moindres carrés ordinaires (MCO) à partir des données des enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale de 2009 et 2016 pour la Côte d’Ivoire. Les pondérations de l’enquête ne sont pas appliquées.81 La variable dépendante est le logarithme de la marge sur coût de revient (MPC), définie comme (ventes - coût total des ventes) / ventes. Lorsqu’il est disponible, le coût total des ventes comprend les coûts des matériaux, de la main-d’œuvre, de l’électricité, du carburant, de l’eau et des services de communication. L’analyse exclut les valeurs négatives de la MPC ainsi que les MPC supérieures à 100. En outre, les observations dans les percentiles supérieur et inférieur de chaque secteur (code à deux chiffres) et dans les distributions annuelles sont exclues comme valeurs aberrantes dans l’analyse. Les erreurs types sont regroupées au niveau du secteur entre parenthèses. ***, ** et * indiquent respectivement une significativité à 1 %, 5 % et 10 %. La catégorie de référence est « petite » (5-19 employés) pour la taille de l’entreprise et « jeune » (1-5 ans) pour le groupe d’âge de l’entreprise. 81 Bien que le consensus dans la littérature soit d’utiliser des poids d’enquête pour les statistiques descriptives, le débat se poursuit sur l’opportunité d’utiliser des poids dans des modèles multivariés tels que l’analyse de régression (voir Kish et Frankel (1974) ; Solon, Haider et Wooldridge (2015) ; et Karr et Berzofsky (2016) pour une discussion plus approfondie). 80 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Tableau 3.4: Concurrence du secteur informel et productivité du travail des entreprises formelles en Côte d’Ivoire : corrélations conditionnelles (2009 et 2016) Variable dépendante : (log) productivité du travail Toutes les entreprises (1) (2) Indice informel de la concurrence 0.384* 0.449*** (0.201) (0.160) (Log) âge de l'entreprise 0.283*** (0.094) Groupe de taille d'entreprise : Taille moyenne : 20-99 0.911*** (0.105) Grand : 100 ou plus 1.841*** (0.350) Effets fixes de l'année Oui Oui Effets fixes secteur (code à 2 chiffres) Oui Oui Nombre d'observations 791 786 R-carré 0.231 0.339 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des données de l’Enterprise Survey de 2009 et 2016. Note : Les résultats sont issus d’une régression MCO utilisant des données regroupées des enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale de 2009 et 2016 pour la Côte d’Ivoire. La variable dépendante est le logarithme de la productivité annuelle réelle du travail des entreprises formelles (c’est-à-dire le chiffre d’affaires par employé en équivalent temps plein). La principale variable explicative d’intérêt est le degré de concurrence informelle auquel sont confrontées les entreprises du secteur formel sur un marché, qui est défini comme la moyenne de l’intensité de la concurrence informelle subie par toutes les entreprises formelles sur un marché. Les erreurs types sont regroupées au niveau du secteur entre parenthèses. ***, **, et * indiquent respectivement une significativité à 1 %, 5 % et 10 %. La catégorie de référence est petite (5-19 employés) pour la taille de l’entreprise et jeune (1-5 ans) pour l’âge de l’entreprise. Tableau 3.5: Caractéristiques des entreprises à forte marge en Côte d’Ivoire (2009 et 2016) Corrélations conditionnelles entre les marges et les caractéristiques des entreprises individuelles Variable dépendante : Variable dépendante : (log) taille (log) productivité du travail Toutes les Entreprises Entreprises Toutes les Entreprises Entreprises entreprises manufactu- non manufactu- entreprises manufactu- non manufac- rières rières rières turières (1) (2) (3) (4) (5) (6) 75e percentile 0.434*** 0.577*** 0.381* 1.481*** 1.356*** 1.514*** supérieur (0.137) (0.179) (0.181) (0.241) (0.236) (0.346) Effets fixes sec- Oui Oui Oui Oui Oui Oui teur (code à deux chiffres) Effets fixes année Oui Oui Oui Oui Oui Oui Nombre d'obs. 734 260 474 734 260 474 R-carré 0.306 0.358 0.229 0.343 0.401 0.310 Source : Élaboration basée sur les données de l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale de 2009 et 2016. Note : Les résultats proviennent de régressions MCO utilisant les données de l’EEBM de 2009 et 2016 pour la Côte d’Ivoire. Les erreurs types sont regroupées au niveau du secteur entre parenthèses. ***, **, et * indiquent respectivement une significativité à 1 %, 5 % et 10 %. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 81 Tableau 3.6: Caractéristiques des entreprises (y compris la productivité) et (le logarithme de) la marge de coût en Côte d’Ivoire : corrélations conditionnelles (2009 et 2016) Variable dépendante : (log) MPC (1) (2) (3) Tous Manufacturières Services Groupe de taille d'entreprise : Moyenne : 20-99 0.014 -0.138 0.122 (0.137) (0.251) (0.095) Grande : 100 ou plus -0.925* -1.671* 0.119 (0.473) (0.800) (0.078) Groupe d'âge de l'entreprise : Mature (6-15 ans) 0.197* 0.296 0.090 (0.100) (0.198) (0.112) Plus âgés (plus de 15 ans) 0.273 0.877* -0.056 (0.233) (0.492) (0.073) Intensité des exportations des entreprises 0.001 0.007 0.002 (%) (0.009) (0.014) (0.002) % de propriété étrangère des entreprises -0.001 -0.007 0.002** (0.003) (0.006) (0.001) Gestionnaire féminin 0.147 0.530 0.008 (0.152) (0.323) (0.075) Effets fixes année 0.107*** 0.099 0.086*** (0.030) (0.091) (0.018) Effets fixes secteur (codes à deux chiffres) Oui Oui Oui Effets fixes région Oui Oui Oui Groupe de taille d'entreprise : Oui Oui Oui Nombre d'observations 705 239 466 R-carré 0.114 0.197 0.210 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale basée sur les données de l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale de 2009 et 2016. Note : Les résultats sont issus d’une régression MCO utilisant les données de l’EEBM de 2009 et 2016 pour la Côte d’Ivoire. Les pondérations de l’enquête ne sont pas appliquées. La variable dépendante est le logarithme de la marge sur coût de revient (MPC), définie comme (ventes - coût total des ventes) / ventes. Lorsqu’il est disponible, le coût total des ventes comprend les coûts des matériaux, de la main-d’œuvre, de l’électricité, du carburant, de l’eau et des services de communication. L’analyse exclut les valeurs négatives de la MPC ainsi que les MPC supérieures à 100 %. En outre, les observations dans le premier et le dernier centile de chaque secteur à deux chiffres et la distribution annuelle sont exclues comme valeurs aberrantes dans l’analyse. Les erreurs types sont regroupées au niveau du secteur entre parenthèses. ***, ** et * indiquent une significativité respectivement à 1 %, 5 % et 10 %. La catégorie de référence est petite (5-19 employés) pour la taille de l’entreprise et jeune (1-5 ans) pour le groupe d’âge de l’entreprise. 82 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Références Aghion, Philippe et Rachel Griffith. 2005. Concurrence et Bourlès, Renaud, Gilbert Cette, Jimmy Lopez, Jacques croissance : Concilier théorie et preuves. Cambridge, MA : Mairesse et Giuseppe Nicoletti. 2013. «La réglementation the MIT Press. des marchés de produits dans les secteurs en amont freine-t-elle la croissance de la productivité ? Panel Data Ahn, Sanghoon. 2002 «Concurrence, innovation et Evidence for OECD Countries” . Review of Economics and croissance de la productivité : A Review of Theory and Statistics 95(5) : 1750-1768. Evidence» (Concurrence, innovation et croissance de la productivité : examen de la théorie et des faits). «Document Buccirossi, P., C. Lorenzo, T. Duso, G. Spagnolo et C. de travail 317 du département économique de l’OCDE. 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Un autre une réduction significative de la pauvreté sans courant d’opinion économique (Easterly et Reshef s’intégrer dans l’économie mondiale (Banque 2014) soutient qu’au lieu de déplacer les ressources mondiale 2020). L’intégration dans l’économie entre les secteurs, l’Afrique devrait se concentrer sur mondiale est à l’origine de la diversification l’amélioration de l’échelle de la qualité (FMI 2017). réussie des pays d’Asie de l’Est dans le secteur La diversification des échanges commerciaux joue manufacturier, qui a permis une réduction de un rôle essentiel dans tous ces choix. la pauvreté sans précédent (Banque mondiale 2020). Un aspect essentiel de ce processus est 3. La diversification et l’amélioration de la la diversification. Une production et une structure qualité seront essentielles pour accroître la d’exportation moins diversifiées augmentent la valeur ajoutée et obtenir des emplois plus volatilité des recettes fiscales et de la balance productifs en Côte d’Ivoire (figure 4.1). En 2019, commerciale et ont des conséquences importantes les produits agricoles représentaient 85 % du sur la croissance et l’industrialisation qui permet total des biens exportés, le cacao représentant aux pays de passer d’une économie à faible 42 % des exportations totales. La valeur ajoutée revenu à une économie à revenu moyen (Banque intérieure des produits agricoles reste faible, mondiale 2020). La diversification des exportations malgré l’avantage comparatif du pays dans la peut soutenir la croissance et entraîner une transformation alimentaire et les produits connexes. transformation structurelle à travers l’augmentation Cela est dû à la faiblesse des investissements de la valeur ajoutée, un effet qui est plus fort dans directs étrangers (IDE) et à la capacité réduite les pays à faible revenu et qui diminue à mesure des entreprises à augmenter leur production par que le niveau des revenus augmente (FMI 2017). l’accès à des investissements en capital et aux Les exportateurs de matières premières comme la connaissances. La prédominance du secteur des Côte d’Ivoire, dont les paniers d’exportation sont exportations de produits de base se reflète dans le concentrés et très sensibles aux fluctuations des faible niveau de complexité économique du pays84 prix internationaux, sont ceux qui ont le plus à vu son niveau de produit intérieur brut (PIB) par gagner de la diversification vers des filières a plus habitant (voir chapitre 1). La diversification des forte valeur ajoutée. produits et des marchés sera essentielle pour créer des emplois dans les secteurs d’échanges les plus 2. Une croissance soutenue implique des productifs. La diversification des exportations changements structurels et une diversification peut donc également être un moteur essentiel axée sur l’exportation. L’un des facteurs clés du de la diversification de la production intérieure, développement économique est que la voie de la comme identifié dans la Stratégie Nationale des transformation structurelle implique le déplacement Exportations.85 La diversification économique des ressources des activités à faible productivité vers est devenue d’autant plus pertinente que la crise celles à forte productivité (la composante «inter »). COVID-19 révèle la plus grande vulnérabilité des Comme nous l’avons vu au chapitre 2, le point de pays dépendants des produits de base aux chocs vue traditionnel est que les ressources devraient mondiaux. d’abord passer de l’agriculture à l’industrie, puis aux services.82 Un autre point de vue suggère de 4. Ce chapitre explore les possibilités pour la réaffecter les ressources de l’agriculture directement Côte d’Ivoire d’utiliser la diversification de ses aux services (Carmignani et Mandeville 2014), étant exportations comme moteur de transformation donné que l’industrialisation basée sur la fabrication structurelle. La section 4.1 examine les principales pourrait ne pas toujours être accessible aux pays en structures commerciales du pays. La section 4.2 développement aujourd’hui.83 Cette option pourrait explore les domaines politiques liés au commerce devenir plus pertinente au moment où le monde et à la logistique qui sont pertinents pour soutenir sortira de la crise COVID-19. Pourtant, le récent une plus grande diversification de l’économie rapport phare sur l’avenir de la croissance tirée et des exportations. La section 4.3 analyse par l’industrie manufacturière en Afrique montre l’impact de la pandémie sur les performances en que la part de tous les produits manufacturés dans termes d’exportation. La section 4.4 fournit des le commerce intra-africain, à 43 %, était environ recommandations politiques. 82 Par exemple : Hansen et Prescott 2002 ; McMillan, Rodrik, et Verduzco-Gallo (2014). 83 Les pays d’Asie de l’Est posent de formidables défis concurrentiels aux pays en développement, notamment en raison de la mondialisation et de la réduction des barrières commerciales pratiquement partout ailleurs. En outre, les nouvelles règles commerciales réduisent la marge de manœuvre des politiques industrielles telles que les exigences en matière de contenu local, les subventions et les restrictions à l’importation, qui ont été déployées de manière agressive par les pays asiatiques dans le passé (Rodrik, 2013, 2014). En outre, le développement technologique de ces dernières décennies a rendu la fabrication elle-même plus exigeante en capital et en compétences que par le passé, ce qui rend les économies pauvres moins bien placées pour exploiter les opportunités dans certaines industries manufacturières. 84 L’indice de complexité économique mesure l’intensité de connaissance d’une économie en considérant l’intensité de connaissance des produits qu’elle exporte. 85 Les indicateurs de diversification basés sur les données d’exportation sont facilement disponibles et comparables entre les pays grâce à la cohérence des données du commerce international. En revanche, la disponibilité, la qualité et la comparabilité des données sur la production, l’emploi et les entreprises varient d’un pays à l’autre et dans le temps, et sont notamment absentes ou de mauvaise qualité dans les pays les plus pauvres. 86 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Figure 4.1: Diversification économique Economic Diversification Output Export Diversification Diversification Cross-sectoral Across Quality New Products Across Markets rebalancing Products Upgrading 4.1. La recherche d’une diversification des exportations86 La Côte d’Ivoire est intégrée dans commerciale - était toujours inférieure en 2016- 2018 à ce qu’elle était en 2005-2007, même si le le système commercial mondial, revenu par habitant a augmenté (figure 4.2). Le mais principalement pour ses taux de croissance a également été beaucoup exportations de biens plutôt que de plus lent que celui de ses pairs structurels et aspirationnels,87 à l’exception du Sri Lanka (figure service 4.4). 6. L’ouverture commerciale dans le domaine des 5. L’ouverture du commerce de marchandises de services s’est détériorée entre 2016 et 2018, la Côte d’Ivoire est élevée compte tenu de son et reste plus faible que prévu étant donné le niveau de développement économique et par niveau de revenu de la Côte d’Ivoire. Malgré la rapport à ses pairs (figure 4.2). Les exportations croissance récente des exportations de services, le de marchandises - c’est-à-dire de biens plutôt pays a enregistré des performances inférieures à que de services - représentaient près de 92 % celles de tous ses pairs structurels et aspirationnels des exportations totales en 2018, dominant ainsi (figure 4.5). Les services représentaient 8,6 % du l’ensemble des exportations du pays. Le total total des exportations ivoiriennes en 2018, ce qui des exportations de biens a plus que doublé ces est considérablement en deçà du niveau de ses dernières années, passant de moins de 8 milliards pairs, les services dépassant 25 % des exportations de dollars US en 2008 à plus de 17 milliards de au Ghana, au Sénégal et en Éthiopie (figure 4.6). dollars US en 2017 ; ce chiffre a atteint un sommet Dans l’ensemble, l’ouverture de la Côte d’Ivoire avant de décliner en 2018. Malgré cette croissance, au commerce des services est restée inférieure à la part du commerce de marchandises dans le PIB celle de tous ses pairs structurels et du Sénégal au - une mesure couramment utilisée de l’ouverture cours de la même période (figure 4.3). 86 Cette section fournit une évaluation quantitative et qualitative des performances commerciales historiques concernant l’évolution du commerce et la participation des entreprises aux chaînes de valeur mondiales (CVM). Plus précisément, l’analyse portera sur cinq aspects : (i) le niveau, la croissance et la part de marché des expor- tations existantes (marge intensive) ; (ii) la diversification des produits et des marchés (marge extensive) ; (iii) la qualité et la sophistication des exportations (marge de qualité) ; (iv) l’entrée et la survie de nouveaux exportateurs (marge de durabilité) ; et (v) l’intégration des chaînes de valeur mondiales et les investissements étrangers directs. La méthodologie comprendra l’utilisation de certains outils de Reis et Farole (2012), ainsi que la littérature plus récente sur les chaînes de valeur mondiales. 87 Voir le chapitre 1 pour une description des pairs structurels et aspirationnels de la Côte d’Ivoire. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 87 Figure 4.2: L'ouverture du commerce de marchandises de la Côte d'Ivoire est plus élevée que prévu compte tenu de son revenu par habitant Source : Indicateurs du développement mondial, calculs des auteurs. Note : L'ouverture commerciale est le rapport de la somme des exportations et des importa- tions (commerce) sur le PIB. Chaque point représente un pays. La courbe montre la moyenne de l'ouverture commerciale pour un revenu par habitant donné. La bande grise représente l'intervalle de confiance à 95 %. Figure 4.3: L'ouverture du commerce des services de la Côte d'Ivoire s'est détériorée au cours des der- nières années Source : Indicateurs du développement mondial, calculs des auteurs. Note : L'ouverture commerciale est le rapport de la somme des exportations et des importa- tions (commerce) sur le PIB. Chaque point représente un pays. La courbe montre la moyenne de l'ouverture commerciale pour un revenu par habitant donné. La bande grise représente l'intervalle de confiance à 95 %. Les produits d’exportation et les dominent les exportations, ce qui reflète la forte concentration des exportations de cacao. Le cacao marchés de destination restent très a conservé l’avantage comparatif révélé (ACR) le concentrés plus élevé au cours des trois dernières décennies (voir tableau 4.6 à l’annexe 4.1). En 2019, 10 produits représentaient plus de 80 % des exportations 7. Quelques produits seulement représentent totales, le cacao en représentant 42 %, le pétrole une majorité écrasante des exportations, le 18,5 % et l’or 9,5 %. La plupart de ces produits ne cacao restant dominant (figure 4.7). Les biens nécessitent qu’une faible valeur ajoutée intérieure primaires continuent à être le principal moteur de et sont vulnérables aux chocs de l’offre et de la la croissance des exportations, représentant plus demande mondiales, ce qui peut facilement mettre de 85 % des exportations totales en 2016-2018. en péril la balance commerciale. Dans le secteur primaire, les denrées alimentaires 88 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Figure 4.4: Les exportations de biens de la Côte Figure 4.5: La croissance des exportations de ser- d'Ivoire ont augmenté plus lentement que celles de vices de la Côte d'Ivoire est presque négative la plupart de ses pairs Source : Données miroirs d'exportation de la «  World Integrated Trade Solu- Source : Données de la CNUCED pour les exportations de services, calculs des tion » (WITS), calculs des auteurs. Note : L'évolution des exportations est com- auteurs. Note : L'évolution des exportations est comparée à l'année 2005 qui parée à l'année 2000, qui est l’année base 100. est l’année base 100. Figure 4.6: Le panier d'exportation de la Côte d'Ivoire continue d'être dominé par les biens Source : Indicateurs du développement mondial, calculs des auteurs. Note : Les données pour le Kenya correspondent à 2017 car les chiffres n'étaient pas dispo- nibles pour 2018. 8. Les exportations de marchandises sont (tableau 4.1). En raison de leur accès préférentiel devenues plus concentrées sur quelques au marché, l’Union européenne (UE) et les produits. Le nombre de produits exportés a eu États-Unis restent les principales destinations tendance à stagner depuis 2005, ce qui indique des exportations. Le commerce régional avec que les exportateurs ivoiriens n’ont pas diversifié les pays de la Communauté économique des leurs produits. La concentration des produits États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de d’exportation de la Côte d’Ivoire, mesurée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine l’indice Herfindahl-Hirschman,88 est supérieure à (UEMOA) est relativement faible. Seuls deux celle de ses pairs, à l’exception de l’Éthiopie et du pays de l’UEMOA figurent parmi les 20 premiers Ghana (figure 4.9). La concentration des produits : le Mali (2,8 %, 11e) et le Burkina Faso (2,5 %, a augmenté ces dernières années, sauf en 2017 14e). Toutefois, la faiblesse des exportations où elle a temporairement diminué en raison de la régionales pourrait s’expliquer par un commerce baisse des prix mondiaux du cacao. transfrontalier, à petite échelle, non documenté au sein de la région, qui reste non comptabilisé. 9. En termes de marchés, la plupart des biens La composition du marché de la Côte d’Ivoire n’a sont exportés vers l’Europe et l’Amérique guère changé au cours des dix dernières années du Nord. Les 20 premiers pays de destination et son rythme de diversification a ralenti ces représentent 80 % des exportations totales dernières années, la dynamique d’exportation 88 L’indice Hirschman-Herfindahl (HHI) est la somme des carrés des parts d’exportation par produit. Ainsi : 075% 80% 10% 10% 10% occidentale centrale orientale Nord inc) 10% 70% 100% 0% Racines et tubercules Producteurs Diversifié Diversifié (<75% (<75% une une Transferts (>75% inc) source) de riz 100% 60% 0% 0% 0% 90% 90% 50% Région Sud Région Région source) Région Autres revenus Région du (>75% 80% 80% Région Sud Région Région Autres Région revenus (>75%Région du agricole (>75% Nord Salaire 70% 40% haricots centrale Céréales etoccidentale Cultures inc) inc) orientale maraîchères 70% occidentale centrale Transferts orientale Transferts (>75% inc)Nord inc) 60% Racines et tubercules Producteurs de(>75% riz inc) 30% 60% Salaire non agricole 50% 50% 20% Racines et tubercules Producteurs Céréales et haricots CulturesSalaire Salaire de agricole agricole maraîchères riz (>75% (>75% (>75% inc) 40% 40% inc) 10% inc) Nonag SE (>75% inc) 30% 30% 0% Céréales et haricots Cultures maraîchères Salaire Salaire non non agricole agricole 20% 20% (>75% inc) (>75% inc) 10% 1 2 3 4 Nonag SE 5 inc) (>75% inc) Dans l'exploitation 10% Nonag SE (>75% 100% 0% 0% WEALTH QUINTILES agricole (>75% Diversifié inc) (<75% une 11 22 33 44 55 Dans Dans l'exploitation l'exploitation Production de cultures de rente 90% 100% WEALTH QUINTILES Production de cultures vivrières agricole agricole (>75% (>75% inc) inc) source) Diversifié (<75% une WEALTH QUINTILES 80% 90% Autres revenus (>75% source) 100% 70% 80% Autresinc) revenus Diversifié (>75%une (<75% inc) Transferts (>75% inc) 90% 60% 70% source) Transferts (>75% inc) 80% 60% Autres revenus (>75% 50% 70% 50% agricoleagricole inc)Salaire Salaire (>75% (>75% 40% 40% inc) (>75% inc) Transferts 60% inc) 30% 30% SalaireSalaire non agricole non agricole 50% 20% (>75% inc)agricole 20% Salaire (>75% inc) (>75% 40% 10% Nonag inc) SE (>75% inc) 10% 0% Nonag SE (>75% inc) 30% Salaire non agricole 0% 1 2 3 4 5 Dans l'exploitation 20% (>75% inc) 1 2 3 QUINTILES 4 WEALTH 5 Dans agricole l'exploitation (>75% inc) 10% Nonag SE (>75% agricole inc) (>75% inc) 0% WEALTH QUINTILES 1 2 3 4 5 Dans l'exploitation 116 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique WEALTH QUINTILES agricole (>75% inc) 11. L’agriculture est dominée par les petits 13. Les cultures sont spécifiques à chaque exploitants. 107 Les petits exploitants représentent région. La Côte d’Ivoire compte deux régions plus de 90 % de l’ensemble des agriculteurs. Ils agricoles distinctes : la région forestière au sud sont dotés de terres et embauchent de la main- (régions du sud et de l’ouest) qui bénéficie de d’œuvre pour pallier le manque de main-d’œuvre précipitations plus importantes et plus fiables et familiale. En moyenne, les ménages de petits de meilleurs sols, et la savane plus sèche au nord. exploitants possédaient 1,6 ha de terres par La région forestière produit la majeure partie des adulte en 2019, ce qui est plus élevé que dans la exportations de cacao et de caoutchouc de la plupart des pays africains, bien que ce chiffre ait Côte d’Ivoire (figure 5.7). Ensemble, les régions diminué depuis 2013 (figure 5.3). Avec une faible de forêt et de savane ont représenté 60 % de mécanisation, les ménages dépendent fortement la valeur totale des exportations agricoles en de la main-d’œuvre non familiale (figure 5.4), et 2018-2019. La production de noix de cajou s’est cela est particulièrement vrai pour la production récemment développée dans le nord. En 2017, la de coton, de riz et de noix de cajou. Les trois Côte d’Ivoire a produit 745 000 tonnes de noix quarts des agriculteurs utilisent une main-d’œuvre de cajou, provenant principalement de la région non familiale sous forme de travail salarié ou non des savanes, dépassant l’Inde (700 000 tonnes) rémunéré (généralement par le biais d’accords et le Vietnam (350 000 tonnes), les deuxième et d’échange de travail mutuel) et seulement 25 % troisième plus grands pays producteurs de noix des ménages agricoles dépendent exclusivement de cajou (Basset 2017). Le développement récent de la main-d’œuvre familiale. L’investissement des activités de transformation de la noix de cajou dans les petites exploitations agricoles est une sur le marché local est une autre opportunité de politique prometteuse pour la création d’emplois création d’emplois non agricoles. Les cultures inclusifs en Côte d’Ivoire, car rien n’indique que vivrières sont moins courantes dans le sud, ce qui les grands exploitants agricoles sont plus efficaces correspond à l’importance accrue des cultures que les petits (figure 5.5). Des données récentes en de rente (en particulier le cacao), et consistent provenance du Mozambique et du Brésil indiquent principalement en racines et tubercules. Les que la production agricole commerciale à grande cultures vivrières sont particulièrement répandues échelle ne génère qu’un nombre limité d’emplois parmi les petits exploitants dans la région du nord, (Christiaensen et Premand 2017). Soutenir les dominée par les céréales et le riz, tandis que les petits exploitants agricoles par la mécanisation racines et les tubercules sont également courants permettrait probablement de créer des emplois dans les régions de l’est et du centre. agricoles de meilleure qualité. 12. Compte tenu des niveaux élevés de participation à la production de cultures de Les pauvres sont surreprésentés rente, les petites exploitations agricoles sont assez bien orientées vers le marché. Quatre dans l’agriculture et ont tendance petits agriculteurs sur cinq vendent au moins une à se spécialiser dans des activités partie de leur production agricole (84 %), et un informelles sur cinq déclare vendre la totalité de sa récolte (figure 5.6). Cela signifie que la majorité des petits exploitants ont dépassé le stade de l’agriculture 14. La participation à l’agriculture diminue avec de subsistance. La part des ménages qui ne la richesse des ménages. Près de 75 % des pratiquent que l’agriculture de subsistance est ménages ruraux participent à la production passée de 19 % en 2013 à 16 % en 2018, ce qui agricole et environ 11 % tirent un certain revenu correspond à l’augmentation des cultures de rente. de l’élevage. Six pour cent sont employés comme La commercialisation est plus importante pour les salariés agricoles. Dans l’ensemble, les ménages cultures d’exportation telles que le cacao, la noix de ruraux de Côte d’Ivoire ont un taux de participation cajou, le caoutchouc et l’huile de palme. La sécurité à l’agriculture légèrement inférieur à ceux du Ghana du régime foncier, l’accès à l’irrigation et l’utilisation (88 pour cent), de l’Éthiopie (89 pour cent) et du d’engrais et de pesticides sont autant de facteurs Kenya (94 pour cent).108 Ce taux est globalement qui augmentent la probabilité qu’un ménage se conforme au niveau d’urbanisation du pays. Au lance dans la production agricole commercialisée cours de la dernière décennie, la Côte d’Ivoire (voir annexe 5.1). a investi dans le développement de ses villes secondaires (définies comme ayant moins d’un 107 Une petite exploitation est une petite ferme. Les petites exploitations sont généralement des fermes qui font vivre une seule famille avec un mélange de cultures de rente et d’agriculture de subsistance. 108 Voir Davies et al. (2014). Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 117 L Points 0,5 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201 201 201 201 201 201 0,1 0,0 CIV CEDEAO Afrique Linéaire (CIV) 80% Côte Côte d'Ivoire 2019 1,6 d'Ivoire Part des ménages embauchant de 70% 2019 Éthiopie 0,4 60% la main-d'œuvre (%) Côte d'Ivoire 2013 2,2 Malawi 50% Ouganda Côte Malawi 0,3 d'Ivoire Niger 40% Niger 2013 1,9 30% Tanzanie Nigeria million 0,3 d’habitants), offrant ainsi aux Éthiopiepopulations d’une combinaison de l’incapacité des ménages à Tanzanie 0,9 20% Ouganda rurales 0,5 davantage de possibilités 10% de trouver des investir dans des actifs clés tels que l’éducation, et y = 0,1087x + 0,3313 emplois non agricoles à 0% proximité. La participation de la rareté relative des activités économiques à 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 des ménages aux activités 0,00 agricoles 0,50 (cultures, 1,00 1,50 2,00 faibles besoins en capitaux dans les zones rurales 2,50 élevage, ou travail salarié agricole) diminue avec la (Reardon et al. 2000). richesse.109 Alors que 88 et 85 % des ménages des 600 000 deux déciles de revenus les plus faibles participent 16. La part du revenu non agricole dans le 100 18 revenu total des ménages ruraux augmente à l’agriculture, ce chiffre tombe 90-99 à moins de 60 % de 14 Part (%) de la récolte vendue (valeur) 500 000 ceux des 20 % les plus riches. 80-89 10 avec la richesse. Les ménages ruraux les plus 400 000 70-79 8 riches tirent 75 % de leurs revenus d’activités Franc CFA 60-69 7 300 000 15. Les ménages les plus pauvres des 50-59 6 zones non agricoles, tandis que les ménages pauvres 40-49 5 200 000 rurales ont tendance à se 30-39 spécialiser5 dans ne gagnent que 25 % de leurs revenus de cette 100 000 le travail salarié et indépendant 20-29 5 agricole, manière. L’importance des sources de revenus 10-19 4 - qui sont en grande partie 1-9 des professions 3 à agricoles telles que les cultures et le bétail diminue 1 2 faible 3 productivité 4 5 (figure 0 5.8). L’agriculture est 16 progressivement et sont remplacées par le travail Quintiles (exploitation des terres, ha) la principale source de revenus 0 de ces 5 ménages. 10 15 20 indépendant 25 non agricole et les revenus salariaux PART DES MÉNAGES (%) Cependant, la spécialisation agricole diminue 110 non agricoles. Des tendances similaires ont été de rente avec la richesse. Un ménage fortement Production de cultures Productionrural sur vivrières de cultures observées dans d’autres pays africains (Davis deux dans le quintile le plus pauvre se spécialise et al. 2014). Cela suggère que les revenus des Cacao dans l’agriculture, 70% 70% Caoutchouc contre seulement un sur ménages ruraux les plus pauvres proviennent Café Coton 60% cinq dans le quintile le plus riche. Cela reflète principalement de l’agriculture, qui est plus volatile Part des ménages (%) 60% Noix de cajou Part des ménages (%) 50% 50% l’importance croissante des emplois non agricoles et moins productive. La contribution substantielle 40% (salariés et indépendants 40% non agricoles) à mesure des transferts au revenu total dans les différentes 30% 30% que les revenus augmentent. Les obstacles à catégories de revenus (5 à 9,4 %) est conforme 20% 20% la participation à des activités non agricoles au rôle croissant des programmes de transferts 10% 10% peuvent empêcher les ménages les plus pauvres d’argent liquide ainsi qu’à l’importance des envois 0% 0% de profiter des opportunités offertes par les de fonds des migrants qui sont partis pour les Région Sud Région Région Région Région du segments les plus productifs de l’économie occidentale centrale orientale zones rurale Nord urbaines et à l’étranger. en Côte d’Ivoire. Ces obstaclesRacines peuvent résulter et tubercules Producteurs de riz Céréales et haricots Cultures maraîchères Figure 5.8: Les ménages les plus pauvres sont les plus susceptibles de se spécialiser dans l'agriculture 100% Diversifié (<75% une 90% source) 80% Autres revenus (>75% 70% inc) Transferts (>75% inc) 60% 50% Salaire agricole (>75% 40% inc) 30% Salaire non agricole 20% (>75% inc) 10% Nonag SE (>75% inc) 0% 1 2 3 4 5 Dans l'exploitation WEALTH QUINTILES agricole (>75% inc) Source : Calculs des auteurs, EHCVM 2019. Note : Un ménage est défini comme spécialisé s'il tire plus de 75 % de ses revenus d'une seule source et diversifié si aucune source unique n'est supérieure à ce niveau. 109 L’indice de richesse des ménages est construit en utilisant l’analyse en composantes principales (Filmer et Pritchett 2001). L’indice prend en considération le fait que le ménage possède ou non des biens durables spécifiques. En outre, il prend en compte le propriétaire du logement, le nombre de pièces du logement, le type de matériaux de construction, la source d’eau, les installations sanitaires du logement, la source principale d’éclairage et la biomasse principale du combustible de cuisson. 110 Nous examinons le degré de spécialisation et de diversification en définissant un ménage comme étant spécialisé s’il tire plus de 75 % de son revenu d’une seule source et diversifié si aucune source unique n’est supérieure à ce niveau (Davies et al. 2014). 118 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Encadré 5.1: Comment les gains agricoles peuvent profiter aux pauvres Le secteur agricole africain est bien placé pour contribuer à accélérer la réduction de la pauvreté s’il est soutenu par des politiques adéquates qui aident à résoudre les contraintes du marché des intrants, des facteurs et des produits qui freinent l’intensification agricole. Les pauvres peuvent bénéficier des gains de productivité agricole et de l’expansion du marché par trois canaux : (i) le canal des revenus, que ce soit directement en tant que producteurs ou indirectement par le biais du marché du travail des salariés ; (ii) le canal des prix, à mesure que les prix des denrées alimentaires baissent ; et (iii) le canal des liens, par le biais de nouvelles possibilités d’emploi hors exploitation. La réaction des prix aux augmentations de productivité dépend de la négociabilité des cultures et donc l’effet net de pauvreté dépendra de cette élasticité et de la part des pauvres parmi les vendeurs/acheteurs. De nouveaux emplois non agricoles peuvent apparaître lorsque l’augmenta- tion des revenus agricoles accroît la demande d’intrants agricoles et de services de production, le développement de l’agro-industrie (liens de production en amont et en aval) et les biens et services produits localement (liens de consom- mation). Les effets indirects des liens sont souvent les plus importants. Ils dépendent du nombre de personnes qui bénéficient de l’augmentation de la productivité (c’est-à-dire de l’ampleur de la croissance agricole) ainsi que de leur propension à consommer des biens et des services produits localement (Delgado et al. 1998). Il a été démontré que l’optimisation de l’effet de réduction de la pauvreté de la réponse de l’Afrique en matière d’appro- visionnement agricole dépend de trois voies : l’augmentation de la productivité des petits exploitants dans les cultures de base, le développement de produits à plus forte valeur ajoutée pour les marchés intérieurs et l’expansion des ex- portations agricoles. Cela nécessite une augmentation des dépenses publiques consacrées à l’agriculture, ainsi qu’une modification de sa composition. Il faut surtout soutenir les biens publics, notamment la recherche et le développement (R&D) agricole, les services de vulgarisation non seulement pour les cultures de base mais aussi pour le bétail, et les investissements dans l’irrigation et les infrastructures rurales. Source : Beegle et Christiaensen (2019), Accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique. 5.2. Productivité : La pièce manquante pour l’agriculture ivoirienne ? La productivité agricole a même période, pour atteindre une moyenne de 2,9 %, en raison des investissements réalisés dans le augmenté ces dernières années, cadre de la mise en œuvre du Programme national mais les rendements restent faibles d’investissement agricole (PNIA I) 2010-2015. Dans l’ensemble, la productivité s’est améliorée depuis 2012. Si la productivité du travail, mesurée 17. La productivité agricole a montré des signes en termes de production par agriculteur, reste d’amélioration depuis 2012, mais elle reste continûment supérieure à celle des autres pays de faible. La productivité peut être simplement la région (figure 5.10), cela reflète principalement la mesurée comme la production par surface de terre grande différence entre les pays en termes de terres cultivée ou la quantité de travail utilisée (figure par travailleur (Gollin et al 2014).111 En revanche, 5.9). La croissance de la productivité, tant pour la la production par hectare reste bien inférieure main-d’œuvre que pour les terres, a augmenté ces à celle des autres pays de la région (figure 5.11). dernières années. Au cours de la période 2012-2018, Le taux de croissance a également été inférieur à le taux de croissance de la production par hectare celui des pays dont le secteur agricole est en forte de terre a été de 2,2 % par an, soit près du double croissance, comme le Kenya et le Ghana. Ces deux de celui de la décennie précédente, bien qu’il reste tendances suggèrent que la nature à forte intensité inférieur aux niveaux des années 1990 (3,1 %). Le de main-d’œuvre de l’agriculture ivoirienne n’est taux de croissance de la production par travailleur peut-être pas efficace. agricole a également augmenté au cours de la 111 Les grandes différences de terres par travailleur expliquent la majorité des disparités de productivité du travail dans l’agriculture (Gollin et al. 2014). Les différences de terres par travailleur sont considérées comme tellement importantes que même si la production par unité de terre était identique d’un pays à l’autre, il y aurait toujours de grandes différences de production par travailleur. Les petits exploitants agricoles de Côte d’Ivoire bénéficient en moyenne d’une dotation foncière plus importante que la plupart de leurs pairs régionaux (figure 5.3), ce qui explique l’écart important avec les autres pays. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 119 18. Les rendements des cultures restent inférieurs cultures vivrières : Les figures 5.12 à 5.14 montrent à ceux de la plupart des autres pays et les la répartition régionale des rendements du riz disparités géographiques sont importantes. Le (figure5.12), du caoutchouc (figure) et du 5.13cacao faible niveau global de la production est également (figure)5.14. Il existe de grandes différences entre visible lorsque l’on mesure la productivité par les zones agroécologiques en ce qui concerne culture alimentaire spécifique, telle que mesurée la productivité des cultures de rente. Les régions par leurs rendements. La Côte d’Ivoire a des du sud et du centre sont plus productives avec rendements relativement faibles par rapport à des cultures de rente comme le caoutchouc et le ses pairs aspirationnels, tant globalement que cacao. Les disparités dans les rendements des pour les cultures individuelles (voir le tableau cultures pourraient être liées à différents facteurs, A4.1 de l’annexe 4). Par exemple, en 2020, les notamment la durée d’exploitation de la variété de 100% du riz, du café et du maïs étaient au rendements culture dans la région ouDiversifié (<75% une les conditions source) climatiques 90% 80% fois moins élevés que ceux de son pair moins deux régionales. Le suivi des disparités régionales Autres revenus (>75% inc) au vietnamien. 70% Pour les ignames, il était d’un tiers de fil du temps peut aider à identifier les facteurs Transferts (>75% inc) celui du60% Ghana. En Côte d’Ivoire, les rendements exogènes liés à une plus grande productivité, tels 50% des cultures varient également de manière que la mécanisation et l’utilisation pesticides de(>75% Salaire agricole inc) ou 40% significative 30% selon les régions, et cela est vrai d’engrais. Salaire non agricole (>75% inc) tant pour20%les cultures commerciales que pour les 10% Nonag SE (>75% inc) 0% 1 2 3 4 5 Dans l'exploitation agricole (>75% inc) Figure 5.9: La productivité par travailleur QUINTILES Figure 5.10: La valeur ajoutée agricole par travail- et par WEALTH hectare a augmenté ces dernières années leur est restée relativement élevée ... (%) (USD 2010 constant) 3,5 3,5 3,1 3,1 3 3 4 000,0 000,0 4 d'Ivoire 2,9 2,9 CÃ'te Afrique CÃ'te de l'Ouest d'Ivoire Afrique de l'Ouest 3 3,5 3 3,1 3 Ghana Éthiopie 2,9 Ghana Éthiopie 2,5 3 2,52,2 2,2 2,2 2,2 3 000,0 Kenya 3 000,0 Kenya 2 4 000,0 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 2,5 2 2,2 2,2 1,5 1,2 2 000,0 Ghana Éthiopie 3,5 2 2 000,0 3,1 1,5 1,2 3 4 000,0 1 2,9 3 000,0 CÃ'te d'Ivoire Kenya Afrique de l'Ouest 3 1,5 1,2 1 000,0 1 Ghana Éthiopie 0,5 2,5 2,2 2,2 1 000,0 0 1 0,5 3 000,0 Kenya 2 000,0 0,0 2 0,51990-1999 2000-2011 2012-2018 0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Production agricole par hectare de terre agricole (USD 2010 0,0 1,5 constant) 1990-1999 1,2 2000-2011 2012-2018 2 000,0 0 Production agricole par travailleur (USD 2010 constant) 1 000,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Production agricole par hectare de terre agricole (USD 2010 1 1990-1999 constant) 2000-2011 2012-2018 Production agricole par travailleur (USD 2010 constant) 1 000,0 0,5 Source : ReSAKSS (2020). Source : ReSAKSS (2020). 800,0 Production agricole par hectare de CÃ'te d'Ivoire terre agricole Afrique (USD 2010 constant) de l'Ouest 0,0 0 Ghana agricole par travailleur Production (USD 2010 constant) Éthiopie 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Figure 5.11 : ... Kenya la2000-2011 mais 800,0 1990-1999 valeur ajoutée CÃ'te d'Ivoire par hectare 2012-2018 Afrique de l'Ouest Figure 5.12: Répartition régionale des rendements 0,0 de terres agricoles 600,0 Production reste agricole bien inférieure à celle Ghanade terre agricole (USD 2010 par hectare Éthiopie des du 2001 2003 2005 2007 2009 riz 2011 (2019) 2013 2015 2017 constant) pays pairs Kenya (kg/ha) (USDpar Production agricole 600,0 2010 constant travailleur ) constant) (USD 2010 400,0 800,0 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 800,0 Ghana CÃ'te d'Ivoire Éthiopie Afrique de l'Ouest 200,0 400,0 Ghana Kenya Éthiopie 600,0 Kenya 600,0 0,0 200,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 400,0 400,0 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 40% 200,0 CIV 1,00 200,0 0,90 CEDEAO 30% 0,80 0,70 20% 0,0 0,60 0,0 40% CIV 0,50 1,00 2001 2001 2003 2003 2005 20072005 2007 2009 2011 20132011 2009 2015 2013 2017 2015 0,402017 0,90 10% CEDEAO 0,30 30% 0,80 0,20 0% Source : ReSAKSS (2020). 0,70 Source : EHCVM 2019. 0,10 20% 0,00 0,60 -10% 0,50 Caoutchouc Cassave Coton Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz 40% 1,00 0,40 -20% 10% CIV 0,90 0,30 CEDEAO 0,80 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 30% 0,20 0% 0,70 0,10 20% 0,60 0,00 -10% 0,50 Caoutchouc Cassave Coton Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz 0,40 10% -20% 0,30 0,20 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 0% Les plus pauvres Rural Femme National 0,10 Homme Urbain 0,00 -10% Caoutchouc Cassave Coton Yam oix de cajou Café Maïs Cacao Palm lobalement Riz -20% CIV 120 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 87,8 Figure 5.13: Répartition régionale des rendements Figure 5.14: Répartition régionale des rendements du caoutchouc (2019) du cacao (2019) (kg/ha) (kg/ha) 19. La croissance globale de la productivité a agricoles en raison de facteurs tels que le également montré des signes d’amélioration. manque de compétences en matière de gestion. Lorsqu’on la mesure au niveau agrégé (encadré 5.2), La technologie pourrait aider les petits exploitants on observe une tendance similaire à l’augmentation à améliorer leurs compétences en matière de globale de la productivité agricole au cours de gestion agricole. Par exemple, les coopératives la période récente. En moyenne, la croissance agricoles chiliennes ont utilisé des SMS pour aider annuelle de la PTF dans l’agriculture a triplé, les petits exploitants à accroître leur productivité, passant de 7 % en 2000-2010 à 22 % en 2012-2016 en leur fournissant des conseils de plantation (figure 5.15). La plupart des gains de productivité ciblés, des mises à jour météorologiques et des ont été obtenus grâce aux économies d’échelle,112 outils de planification (Banque mondiale 2011). avec une faible contribution de l’efficacité technique L’augmentation des investissements publics et de l’allocation des ressources (Goundan et al. dans les services de vulgarisation est un autre 2020). Les améliorations des économies d’échelle moyen d’améliorer les compétences et donc les dans ce contexte sont liées aux gains d’efficacité performances des exploitations agricoles, quelle d’échelle, liés à l’utilisation accrue d’intrants par les que soit leur taille (Julien et al. 2019). petits exploitants, tels que les engrais. L’efficacité technique moyenne de la production agricole 21. La réduction des inefficiences techniques en Côte d’Ivoire est passée de 80 % en 2012 à semble dépendre de l’utilisation de la 67 % en 2016 (figure 5.16), ce qui signifie que technologie, des services de vulgarisation et l’exploitation moyenne n’a pu produire que 67 % de des investissements dans la recherche et le sa production potentielle cette année-là. La Côte développement (R&D) agricole. En utilisant une d’Ivoire a obtenu des résultats inférieurs à ceux du fonction de frontière de production stochastique, Ghana, du Kenya et de l’Éthiopie dans ce domaine. les inefficacités techniques114 en Côte d’Ivoire Il n’est pas surprenant que l’efficacité technique sont associées à la faible utilisation de semences varie selon les cultures, les plus performantes étant améliorées, aux faibles niveaux de diversification les cultures d’exportation comme le coton (figure agricole, à la faible mécanisation et à l’accès limité 5.16).113 au financement. L’utilisation accrue de semences améliorées permet aux producteurs d’améliorer 20. La faible efficacité technique indique une le rendement des cultures. Certaines cultures faible productivité au sein des exploitations (notamment le riz, le maïs, le manioc et l’igname) 112 En ce qui concerne la PTF, le fait que les économies d’échelle soient le principal moteur de la productivité ne signifie pas que les grandes exploitations sont plus productives que les petites ou que la croissance de la productivité résulte de l’expansion des exploitations au fil du temps. Dans une mesure de la PTF axée sur la production, l’économie d’échelle nous renseigne sur le pourcentage d’augmentation de la production en réponse à une augmentation de 1 % de tous les intrants (y compris les terres). La variation de l’économie d’échelle (l’une des composantes de la variation de la PTF) mesure la contribution de l’efficience d’échelle à la croissance de la productivité. 113 La filière cotonnière ivoirienne, organisée en une coopérative appelée INTERCOTON, reste l’un des secteurs les plus dynamiques de l’agriculture ivoirienne. 114 En utilisant une analyse de frontière stochastique, Goundan et al. (2020) ont décomposé la croissance de la productivité totale des facteurs en quatre compo- santes : (i) le changement techniqu e, qui mesure le progrès technologique dans le temps ; (ii) le changement d’efficience technique, qui saisit la croissance de l’efficacité technique dans le temps ; (iii) le changement d’échelle, qui traite de l’influence des économies d’échelle ; et (iv) le changement d’efficacité de l’allocation, ou comment l’allocation des facteurs change dans le temps. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 121 1,5 2 1,2 2 000,0 1,5 1,2 2 000,0 1 1 1 000,0 0,5 1 000,0 0 0,5 0,0 1990-1999 2000-2011 0 2012-2018 0,02009 2011 2013 2015 2017 2001 2003 2005 2007 Production agricole par hectare de terre agricole (USD 1990-1999 2010 2000-2011 2012-2018 constant) 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Production agricole par hectare de terre agricole (USD 2010 Production agricole par travailleur (USD 2010 constant) constant) Production agricole par travailleur (USD 2010 constant) 800,0 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 800,0 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest Ghana Éthiopie Kenya Ghana Éthiopie associées à un rendement sont 600,0 600,0 plus élevé, ce qui Kenya contribué à améliorer l’efficacité des producteurs. peut refléter le fait que ces cultures vivrières ont Ces efforts ont été soutenus par la création de 400,0 d’innovations importantes en termes bénéficié l’Agence de développement du riz et l’élaboration 400,0 de semences améliorées. Dans le cas du riz, les d’une stratégie nationale ambitieuse pour le efforts 200,0 déployés pour diffuser les variétés de développement du riz. semences améliorées 200,0 produites par AfricaRice ont 0,0 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Figure 5.15: Le taux de2001 croissance 2003 2005 de 2007 la 2011 2013 2015 2017 2009 Figure 5.16: Les niveaux d’efficacité technique productivité totale des facteurs a presque doublé varient selon les cultures mais sont globalement entre 1990 et 2016 faibles (2016) 40% 40% CIV 1,00 1,00 CIV 0,90 0,90 CEDEAO CEDEAO 30% 30% 0,80 0,80 0,70 0,70 20% 20% 0,60 0,60 0,50 0,50 0,40 0,40 10% 10% 0,30 0,30 0,20 0,20 0% 0% 0,10 0,10 0,00 0,00 -10% -10% Caoutchouc Cassave Coton Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz Caoutchouc Cassave Coton Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz -20% -20% 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 les Quels sont Les plusmoteurs Femme pauvres de la Les plus pauvres Rural Femme National Rural National compte dans la qualité des terres et des chocs de production aléatoires. Dans l’ensemble, bon productivité agricole ? Homme Homme Urbain Urbain nombre des facteurs identifiés font défaut, ce qui CIV limite la constitution d’actifs et freine les gains de CIV productivité plus élevés. 22. Le capital humain, l’accès au financement 87,8 87,8 65,8 59,7 23. Le 55,6 et l’utilisation de produits agrochimiques 59,7 capital 55,6humain 65,8est un obstacle majeur à et d’engrais figurent SSA parmi les principaux 18,2 la croissance de la productivité 18,2 agricole. Les 9,2 SSA 9,2 2 0 0 9 déterminants de la productivité agricole en 2009 2016 2009 niveaux d’éducation dans les zones rurales sont 2 0 1 6 2016 Côte d’Ivoire. L’analyse est basée sur un modèle 2 0 0 9 2016 20 09 Financement, beaucoup Financement, plus faibles 2016 autres que vente de 2009 biens dans 2016 le reste du pays. et de services 0 50 100 Financement, autres économétrique 0 qui examine 50 les principaux 100 moteurs Au vente Financement, niveau national, Financement, de biens le taux prélèvements sur les produits et organisations de producteurs et de services de scolarisation dans Financement, donateurs et banques dede développement de la croissance de la productivité (voir annexe Financement, prélèvements le primaire sur les produits en 2018/19 et organisations producteurs était supérieur à 100 %, Financement, Financement, donateurs et banques degouvernement développement 5.1, tableau5.4).115 Les12% facteurs identifiés sont et le Financement, taux de scolarisation dans le secondaire a gouvernement conformes 12% aux déterminants 10% les plus classiques connuCultures des gains importants ces dernières années vivrières la productivité agricole tels qu’identifiés dans de 10% (70,5 %), bien que les taux de scolarisation dans 8% Cultures vivrières la littérature 8% (Fuglie et al. 2020). Parmi les autres le secondaire supérieur soient encore très faibles 6% déterminants importants, on peut citer l’utilisation (35 %).116d'exportation Les zones rurales tirent la moyenne vers 6% 4% Cultures de la main-d’œuvre domestique. La taille des terres le bas, avec des taux dix fois inférieurs à ceux des 4% Cultures d'exportation est également 2% un déterminant important : plus la zones urbaines, et bien en dessous de la moyenne superficie des terres est 2% 0%petite, plus la main-d’œuvre de l’Afrique subsaharienne (figure 5.18). Pourtant, Globalement ménagère 0% par hectare est importante, et donc plus Globalementla complexité croissante de la production et de la le niveau de productivité est élevé. Toutefois, il est commercialisation0% agricoles 5% exige 10% une amélioration 15% important de noter que les preuves de la diminution du 0%niveau d’éducation des agriculteurs ainsi qu’un 5% 10% 15% du rendement de la taille en Afrique ne sont pas renforcement des services de vulgarisation. Les concluantes. Gollin et Udry (2019) suggèrent que indicateurs de santé sont également inférieurs les grandes différences de productivité entre les dans les zones rurales, où la prévalence du retard exploitations agricoles incluses dans les enquêtes de croissance, de la sous-alimentation et de sur les ménages peuvent simplement refléter des l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins erreurs de mesure, des différences non prises en de cinq ans est plus élevée. 115 Pour mesurer le principal moteur de la productivité agricole en Côte d’Ivoire, l’analyse fait appel à un modèle de productivité, en supposant une fonction de production Cob Douglas. La spécification des moindres carrés ordinaires (MCO) comprend des valeurs enregistrées de la productivité agricole en FCFA/ha sur les facteurs de production (intrants, accès à la terre, R&D, diffusion et adoption de l’innovation agricole, capital humain, accès au financement, changement climatique, accès aux marchés) et d’autres éléments pertinents avec et sans effets fixes régionaux. Ce programme est mis en œuvre pour (i) toutes les cultures, (ii) les cultures de rente et (iii) les cultures vivrières et pour les ménages dirigés par un homme ou une femme. Pour isoler l’importance relative des différents facteurs, les auteurs suivent Kilic et al. (2014) et décomposent l’écart de productivité en utilisant la méthode de décomposition Oaxaca-Blinder telle que décrite dans Blinder (1973) et Oaxaca (1973). 116 Welmond et al. 2020. Cote d’Ivoire Human Capital Formation for 2030. 122 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Encadré 5.2: Conceptualiser les sources de croissance agricole et mesurer la productivité La croissance de l’agriculture peut être décomposée selon différentes dimensions, comme le montre la figure 5.17. La taille des barres indique la contribution de divers facteurs à la croissance de la valeur totale de la production. Les variations de la valeur réelle de la production agricole sont dues à des changements dans le volume de l’offre (appelés «croissance de la production réelle») et à des changements dans les termes de l’échange agricole et les effets sur les prix. Pendant les périodes d’envolée des prix des produits de base, le PIB agricole peut augmenter, même si le volume de production reste inchangé, mais les performances à long terme du secteur dépendent des éléments qui contribuent à la croissance de la production réelle. La composante inférieure (encadré rouge) saisit la contribution à la croissance de l’expansion des terres (y compris l’augmentation de la qualité des terres par l’irrigation). La composante du milieu saisit la croissance due à l’intensification des intrants sur les terres existantes (par exemple, l’utilisation de plus de capital, de travail et d’engrais par hectare). La composante supérieure (cases vertes) représente la croissance de la productivité totale des facteurs, où la PTF reflète l’efficience moyenne avec laquelle tous les intrants sont transformés en extrants. Figure 5.17: Facteurs déterminant la croissance et la productivité agricoles La croissance de la PTF est la somme de tous les changements de productivité qui se produisent dans les exploita- tions individuelles. Elle peut être décomposée en trois effets (voir l’encadré 2.1 du chapitre 2 pour plus de détails) : (i) la réaffectation des facteurs de production, comme la réaffectation de terres ou d’intrants des exploitations à faible productivité vers les exploitations à forte productivité, ou même de la main-d’œuvre agricole vers d’autres activités ; (ii) l’augmentation de la productivité des exploitations existantes grâce à des améliorations techniques et managériales ; et (iii) l’entrée d’exploitants plus productifs et la sortie d’exploitants moins productifs. L’efficience technique est atteinte lorsque le rendement maximal s’obtient en utilisant une quantité donnée d’intrants. Elle est mesurée comme la différence entre la PTF d’une exploitation donnée et celle de l’exploitation ayant les meil- leures pratiques dans ce pays. L’efficacité allocative fait référence à la manière dont différents intrants sont combinés pour produire un niveau de production donné. Source : Fuglie et al (2020), Harvesting Prosperity ; Christiaensen et Premand (2017), Jobs Diagnostic Côte d’Ivoire. 24. La recherche et développement (R&D) en agriculture a également vu sa part du financement matière agricole doit être renforcée. La bonne gouvernemental diminuer au fil du temps, réduisant nouvelle est que la capacité de recherche en ainsi la capacité de recherche. En moyenne, le matière agricole s’est accrue ces dernières années. financement public représente une part beaucoup Entre 2012 et 2016, le pays a ajouté près de 80 plus faible des dépenses de recherche agricole chercheurs en agriculture titulaires d’un doctorat en comparaison avec les pays pairs (figure 5.19). à son effectif (Domgho et al. 2018). Cependant, Les écarts relatifs au genre dans la recherche les dépenses en R&D en matière agricole ont restent également élevés : en 2016, seuls 17 % des stagné et restent faibles par rapport à celles chercheurs dans le domaine de l’agriculture étaient des pays pairs, et deux fois moins élevées qu’au des femmes. Ghana. Le Conseil national pour la recherche en Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 123 3,5 3,1 3 4 000,0 2,9 CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 3 Ghana Éthiopie 2,5 2,2 2,2 3 000,0 25. L’accès2 au financement est également très Kenya de revenus instables, l’absence d’antécédents de limité pour les agriculteurs. La Côte d’Ivoire a fait crédit formels et le manque de formes de garantie 1,5 2 000,0 des progrès considérables 1,2 en matière d’inclusion acceptables. De plus, les banques commerciales financière, 41 % des adultes ayant un compte 1 hésitent souvent à prêter au secteur agricole 1 000,0 0,5 soit une augmentation de 21 points de financier, en raison de sa grande volatilité due aux chocs pourcentage (ppts) depuis 2014. Bien qu’à égalité externes (tels que les risques climatiques et la 0 avec le Sénégal, ces chiffres sont inférieurs à ceux 0,0 volatilité des prix internationaux des matières 1990-1999 2000-2011 2012-2018 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 de pays plus performants Production agricole par hectare 3,5 comme de terre leagricole Ghana (USD (58 2010 premières). De nombreux agriculteurs ne disposent constant) 3,1 3 2,9 4 000,0 %) et le Kenya (82 3%). Près Production agricole de 44 % des adultes par travailleur (USD 2010 constant) plus pas nonCÃ'te de moyens d'Ivoire d’identification Afrique de l'Ouest adéquats. Ghana Éthiopie ivoiriens n’ont jamais eu recours à des services 27. 2,5 2,2 2,2 3 000,0 Kenya financiers formels 2ou informels, et ces chiffres La conversion des terres coutumières en 800,0 élevés CÃ'te sont plus pour les groupes 1,2 1,5 d'Ivoire historiquement Afrique de l'Ouest propriété privée reste un défi. La terre est le 2 000,0 défavorisés, notamment Ghana 1 les femmes, les pauvres et Éthiopie principal actif productif des ménages ruraux. les personnes Kenya vivant0,5 en milieu rural (Riquet 2018). L’insécurité des droits de propriété sur les terres 1 000,0 600,0 Dans les zones rurales, 0 seuls 13 % des adultes limite la productivité agricole en raison du risque 0,0 avaient accès à un compte 1990-1999 financier 2000-2011 en 2017, ce 2012-2018 d’expropriation, qui freine les incitations à investir ; 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Production agricole par hectare de terre agricole (USD 2010 qui est bien inférieur à 400,0 des constant) pays comme le Maroc de l’activité limitée du marché foncier, qui empêche Production agricole par travailleur (USD 2010 constant) (20 %), l’Éthiopie (32 %) et le Ghana (37 %). La le transfert des terres (par exemple, par le biais de technologie «  mobile ventes ou de locations) aux utilisateurs les plus 800,0 banking  » pénètre toutefois CÃ'te d'Ivoire Afrique de l'Ouest 200,0 productifs ; et de l’utilisation restreinte des garanties rapidement les marchés ruraux Ghana : 30 % des Ivoiriens Éthiopie des zones rurales avaient un compte «  mobile Kenya pour l’accès au crédit, qui réduit les investissements 600,0 money » en 2017 (Findex). productifs (Groupe de la Banque mondiale 2020)117. 0,0 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Les politiques et les institutions foncières pourrait 26. La faible inclusion financière et la domination 400,0 être cités parmi les freins à l’investissement et la des liquidités dans les chaînes de valeur croissance de la productivité. Selon le Diagnostic 200,0 agricoles limitent l’accès des agriculteurs au pays du secteur privé 2020 (Banque mondiale financement. En 2017, seuls 3 % de la population 2020), l’ambiguïté du cadre juridique, notamment 40% 0,0 CIV 1,00 rurale ont déclaré avoir emprunté 2001 de 2003 2005 2007 l’argent 2009 2011 2013 pour 2015 2017 0,90 la valeur d’un certificat foncier par opposition à CEDEAO démarrer, 30% agrandir ou exploiter une exploitation 0,80 un titre foncier, ainsi que la complexité et le coût agricole, contre 8 % au Ghana et 9 % au Kenya 0,70 des procédures relatives aux droits fonciers sont 20% 5.20). Lorsque le crédit est disponible, les 0,60 (figure 0,50 des obstacles à une plus grande disponibilité des 40% CIV 1,00 d’intérêt sont souvent trop élevés taux10% CEDEAO par rapport 0,90 terres. En outre, la délimitation spatiale des villages 0,40 30% 0,80 0,30 au taux moyen de rendement des investissements 0,70 - une condition préalable essentielle pour garantir 0,20 des 0% agriculteurs. 20% Les institutions bancaires 0,60 les droits fonciers - n’a pas été efficace en raison 0,10 0,50 formelles sont freinées 10% dans leur service aux petits 0,40 de procédures et de dispositions institutionnelles 0,00 -10% 0,30 exploitants agricoles par des coûts de transaction 0,20 lourdes et coûteuses. Caoutchouc Coton Cassave Coton Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz 0% -20% de faibles niveaux de capitalisation, des flux élevés, 0,10 0,00 -10% 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 Caoutchouc Cassave Yam Noix de cajou Café Maïs Cacao Palm Globalement Riz -20% Figure 5.18: Les taux bruts de scolarisation dans Figure 5.19: Le financement public de la recherche 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 le secondaire supérieur sont plus faibles dans les et du développement agricoles est faible et en zones rurales en Côte d'Ivoire baisse Les plus pauvres Rural Les plus pauvres Rural Femme Femme National National Homme Homme UrbainUrbain CIV CIV 87,8 87,8 59,7 65,8 55,6 59,7 65,8 SSA 55,6 18,2 9,2 2009 2016 2009 2016 2009 2016 SSA 18,2 9,2 Financement, autres 0 50 100 Financement, vente de biens et de services 2009 016 2prélèvements Financement, 20 sur les 0 9 et organisations produits 2009 2 0 1 6de producteurs 2016 Financement, donateurs et banques de développement Financement, autres Financement, gouvernement 0 50 100 Financement, vente de biens et de services 12% Financement, prélèvements sur les produits et organisations de producteurs 10% Source : Lee (2019). Financement, donateurs et banques de développement Cultures vivrières Financement, gouvernement 8% 12% 6% Cultures d'exportation 117 10% A World 4% to the 2030 Development Strategy, Main Report, 2020. Bank Group Input Cultures vivrières 2% 8% 0% Globalement 6% 4% Cultures d'exportation 0% 5% 10% 15% 2% 124 I C ô t e d ’ I v o i r e 0% Mémorandum Économique Globalement Les plus pauvres Les plus pauvres Rural Rural Femme Femme National National Homme Homme Urbain Urbain CIV CIV 87,8 87,8 59,7 65,8 65,8 59,7 55,6 55,6 SSA 18,2 18,2 9,2 SSA 9,2 2009 2 0 0290 1 6 20126009 200 29016 201 26009 200 29016 2016 Figure 5.20: Très peu d'adultes des zones rurales Figure 5.21 Les écarts de productivité entre les Financement, Financement, autres autres ont emprunté de l'argent pour démarrer, exploiter sexes plus importants sontFinancement, vente pour les cultures 0 0 50 entreprise 50 ou une 100 100 Financement, vente de biens de biens et de et de services services ou développer une ferme (2017) d'exportation Financement, Financement, prélèvements prélèvements sur les sur les produits produits et organisations et organisations de producteurs de producteurs % de personnes âgées de 15 ans ou plus Financement, Financement, banques et donateurs donateurs et debanques de développement développement Financement, Financement, gouvernement gouvernement 12% 12% 10% 10% Cultures vivrières Cultures vivrières 8% 8% 6% 6% 4% Cultures d'exportation Cultures d'exportation 4% 2% 2% 0% 0% Globalement Globalement 0% 0% 5% 5% 10% 10% 15% 15% Source : Findex (2017). Source : Calculs des auteurs basés sur l'EHCVM-2019. 28. L’utilisation d’engrais inorganiques est 30. Les déterminants de la productivité sont relativement faible mais a augmenté ces largement similaires pour les cultures dernières années. En 2015, seuls 18 % des commerciales et alimentaires, mais il existe ménages agricoles déclaraient utiliser des engrais quelques différences. Le nombre d’hommes inorganiques. Cette proportion a augmenté en dans le ménage et la main d’œuvre salariée ne 2019, mais seuls 24 % des ménages ont déclaré compte que pour les cultures d’exportation, tandis en utiliser, ce qui correspond à 17 % des terres que la diversification des cultures semble être un cultivées. Cette part est bien inférieure à celle déterminant plus important de la productivité des de l’Éthiopie (56 %) par exemple. L’association cultures vivrières. L’utilisation d’intrants tels que positive entre l’utilisation d’engrais inorganiques les pesticides, et surtout les engrais chimiques, et la productivité agricole souligne que l’utilisation est plus importante pour la productivité des d’intrants améliorés est rentable dans le cadre des cultures d’exportation, tandis que l’effet positif pratiques agronomiques actuelles. La disponibilité des semences améliorées ne s’applique qu’aux en temps utile et l’application correcte d’intrants cultures vivrières. L’importance des intrants tels de bonne qualité (semences, engrais et pesticides que les semences et les engrais souligne encore la ou fongicides) sont essentielles pour obtenir un nécessité d’un accès accru aux services financiers. rendement correct (Burke et al. 2016 ; Darko et al. Le caractère saisonnier de l’agriculture fait que 2016). L’utilisation des engrais doit être coordonnée l’emprunt et l’épargne sont des éléments essentiels avec d’autres programmes. Le programme de la prise de décision des ménages agricoles, «intelligent» de subvention des engrais en les agriculteurs devant engager des ressources Afrique, par exemple, a eu un impact limité sur la considérables au début de chaque saison de productivité et les taux de pauvreté en raison du croissance. manque d’investissements complémentaires dans la vulgarisation agricole, la R&D et la gestion de 31. La productivité est un peu plus élevée pour la fertilité des sols (Beegle et Christiaensen 2019). les ménages dirigés par un homme que pour ceux dirigés par une femme, ce qui reflète en 29. L’utilisation de produits agrochimiques grande partie les différences de dotations et de a augmenté de façon spectaculaire ces rendement de ces dotations. Dans l’ensemble, dernières années. En 2019, l’utilisation de les ménages dirigés par un homme sont 9 % plus produits agrochimiques était signalée dans 65 % productifs que ceux dirigés par une femme. L’écart des ménages agricoles, contre 37 % en 2015. Ce de productivité est plus important pour les cultures chiffre est nettement plus élevé que dans d’autres d’exportation (noix de cajou, cacao, café, coton, pays africains (Sheahan et al. 2016). En outre, 60 caoutchouc et huile de palme), atteignant 11 % % des ménages agricoles ont déclaré utiliser des (voir figure)5.21. La présence de femmes adultes pesticides, principalement pour les cultures de dans le ménage est également positivement cacao, de coton, de caoutchouc et de riz. corrélée à la productivité des ménages dirigés par Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 125 des hommes, ce qui suggère qu’elles pourraient 33. La voie de la transformation structurelle repose assumer des tâches ménagères supplémentaires en partie sur l’augmentation de la productivité et libérer du temps pour les membres masculins. dans l’agriculture. Quatre agriculteurs sur Pour les femmes chefs de famille, le fait d’être cinq déclarent aspirer à travailler en dehors de divorcé/séparé ou veuf est associé négativement l’agriculture en Côte d’Ivoire. Pourtant, la moitié à la productivité, bien que l’ampleur de l’effet soit de la population dépendant de l’agriculture, une faible. L’utilisation de semences améliorées est productivité accrue dans ce secteur permettrait importante pour les agricultrices. L’analyse de la de créer des emplois de meilleure qualité et décomposition révèle que les différences dans plus inclusifs. Un avantage comparatif potentiel les dotations telles que les terres ou les actifs dans les cultures d’exportation et une demande financiers, et les rendements de ces dotations croissante de produits agricoles transformés expliquent la majeure partie de l’écart, notamment et à haute valeur ajoutée pourraient également un accès plus faible au financement, l’utilisation soutenir la création d’emplois productifs en dehors de pesticides et d’engrais chimiques. Ces derniers de l’agriculture.118Ces derniers peuvent être plus sont encore plus importants pour expliquer l’écart inclusifs et réduire la pauvreté lorsqu’ils sont entre les sexes en matière de productivité des créés dans des villes secondaires, dans des zones cultures d’exportation, alors que l’utilisation de rurales périphériques (Christiaensen et Premand semences améliorées est plus importante pour les 2017). À terme, la transformation professionnelle cultures vivrières. suivra la transformation économique. Les pays qui combinent une transformation structurelle 32. D’autres écarts entre les sexes dans le secteur réussie avec une transformation agricole réussie agricole ont été documentés. Les agricultrices ont historiquement connu la baisse la plus rapide ont généralement des dotations plus faibles, des taux de pauvreté rurale (par exemple la Chine comme l’éducation ou la santé (par exemple, et le Vietnam). la prévalence du VIH est plus élevée chez les femmes). Les différences en matière de propriété 34. Les salaires sont plus bas dans les zones et de contrôle des biens des ménages sont agricoles rurales que dans les centres également des contraintes importantes (Gaddis urbains. L’augmentation des salaires peut résulter et al. 2018), notamment en ce qui concerne la d’améliorations de la productivité au sein d’un propriété des terres et des logements, qui sont secteur ou de mouvements de main-d’œuvre entre les principaux moyens de stockage des richesses secteurs (transformation structurelle ; voir chapitre dans les communautés rurales. Dans les zones 2). Les salaires nominaux dans l’agriculture rurale rurales de Côte d’Ivoire, les hommes ont 1,5 fois restent inférieurs à ceux des villes. Bien qu’il y plus de chances de posséder des terres que les ait eu une augmentation des salaires journaliers femmes, mais 3,8 fois plus de chances de posséder nominaux entre 2013 et 2019, l’écart entre les des terres à titre individuel (Gaddis et al. 2018). zones rurales et urbaines a persisté (tableau 5.2). Les femmes sont 21 ppts plus susceptibles que Conformément à la littérature, les salaires à Abidjan les hommes d’exprimer leur inquiétude d’être sont 2,1 fois plus élevés que les salaires agricoles expulsées de leur propriété après un divorce, et 35 ruraux, ce qui reflète une prime de localisation dans ppts plus susceptibles en cas de veuvage (Copley et les zones urbaines ou une autosélection (Ferreyra Donald 2020). Les écarts entre les sexes s’étendent et Roberts, 2018). Dans les villes secondaires, au-delà de la propriété, à d’autres formes d’actifs, y les salaires sont environ 1,5 fois plus élevés. Plus compris les actifs financiers. Tous ces actifs sont intéressant encore, dans les zones rurales, les des intrants essentiels pour l’agriculture. salaires dans le secteur non agricole sont de 1,4 à 1,5 fois supérieurs aux salaires agricoles. La différence au sein des zones rurales, combinée au fait que la plupart des pauvres sont employés dans Agriculture, transformation l’agriculture, explique en partie l’écart croissant structurelle et réduction de la entre la pauvreté rurale et urbaine. Toutefois, il est important de souligner que les écarts sont plus pauvreté : Trois pièces du même faibles si l’on tient compte du niveau d’éducation et puzzle des différences de coût de la vie.119 118 L’emploi et les activités de revenu «non agricole» en Afrique comprennent une classification sectorielle générale (par industrie ou services, parfois décrits comme secteurs secondaires et tertiaires). Certains se caractérisent par un lien avec l’agriculture (agroalimentaire, commerce de détail et services alimentaires, ou en dehors du système agricole) (Yeboah et Jayne 2018). D’autres mettent l’accent sur le statut de l’emploi (comme le travail salarié ou non salarié dans une entreprise domestique) (Davis, Di Giuseppe et Zezza 2017). Dans ces cadres, on peut discuter plus en détail des concepts de formalité et d’informalité (de Beegle et Christiaensen, 2019). 119 Voir Christiaensen et Premand (2017). 126 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Tableau 5.2: L’écart salarial dans l’agriculture persiste Enquête sur les Enquête sur l'em- Enquête sur les ménages de Salaires nominaux (moyenne) ploi 2013 ménages de 2015 2019 (février 2014) (avril 2015) (avril 2019) Abidjan 3,187 4,235 4,045 Urbain autres 2,687 2,966 3,196 Rurale non agricole 2,365 2,344 3,170 Rurale non agricole 1,698 2,007 2,144 Rapport salarial : Abidjan/agricole 1.88 2.11 1.89 Rapport salarial : Urbain autres/agricole 1.58 1.48 1.49 Rapport salarial : rural non agricole/agricole 1.39 1.17 1.48 Source : Calculs des effectifs, ENSETE 2013, ENV 2015 et EHCVM 2019. 35. L’écart de productivité entre l’agriculture et 36. Les possibilités de gains de productivité dans l’emploi urbain se creuse. La comparaison des l’agriculture restent toutefois importantes. Il distributions de la productivité (nette) du travail a été démontré de manière convaincante que la dans l’agriculture et du travail indépendant à génération de revenus dans l’agriculture réduit Abidjan et dans les zones rurales et autres zones davantage la pauvreté que dans d’autres domaines, urbaines (figure 5.22) montre que la productivité en fonction des politiques et des conditions moyenne du travail (par personne employée) est initiales (encadré 5.1). La productivité nette de la la plus élevée à Abidjan. La productivité moyenne main-d’œuvre agricole dans les ménages opérant du travail non agricole à Abidjan était 9,1 fois au 75e percentile est dix fois supérieure à celle supérieure à la productivité agricole, et elle était des ménages opérant au 25e percentile. Faire 6,4 fois plus élevée dans les autres zones urbaines, passer du 25e au 75e percentile les ménages dont et 5,3 fois plus élevée dans les zones rurales. Ces l’activité principale est le travail indépendant en écarts géographiques se sont creusés depuis 2013, milieu rural multiplierait par 8,7 leur productivité du tandis que les différences au sein de l’agriculture travail. L’hétérogénéité de la productivité du travail ont légèrement diminué. au sein des secteurs est conforme à ce qui a été observé dans d’autres pays.120 Figure 5.22: La productivité du travail a diminué dans tous les secteurs et dans le secteur agricole Productivité nette du travail par secteur (2015) Productivité nette du travail par secteur (2019) Source : Calculs des auteurs, ENV 2015 et EHCVM 2019. Note : La productivité nette du travail est mesurée comme le ratio de la production nette par personne 2 500 par an. Dans le secteur du travail indépendant, la production nette est la valeur du bénéfice annuel. principalement employée 2 000 1 500 1 000 120 Pour l’Ouganda, Christiaensen et Kaminski (2016) ont calculé la productivité nette du travail dans l’agriculture, le travail rural et le travail indépendant à partir de 500 l’étude de mesure du niveau de vie 2009 - Enquête intégrée sur l’agriculture, représentative au niveau national. Ils ont constaté que la moyenne (ainsi que l’écart) de la productivité nette du travail dans l’agriculture était plus faible que celle des travailleurs indépendants dans les zones rurales. Faire passer les agriculteurs du 25e au 75e - percentile de la distribution augmenterait leur productivité du travail de 4,5 fois. Toutefois, une évolution similaire parmi les indépendants des zones rurales multiplierait Ag tenu leur productivité par 10, compte Ind Ag important Serv plus de l’écart Ind Serv Ag Ind Servégalement ; ils commenceraient Ag IndavecServ Ag Ind inférieure Serv Ag une productivité de 40 Ind %. Serv ETHIOPIA_2013-14 MALAWI_2010-11 TANZANIA_2010- OUGANDA_2010- COTE D'IVOIRE COTE D'IVOIRE 11 11 2013-14 2018-19 Agriculture Industrie Services Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 127 Figure 5.23: Les personnes principalement employées dans l’agriculture travaillent moins d’heures, ce qui suggère un sous-emploi 2 500 2 000 1 500 1 000 500 - Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv ETHIOPIA_2013-14 MALAWI_2010-11 TANZANIA_2010-11 OUGANDA_2010-11 COTE D'IVOIRE 2013-14 COTE D'IVOIRE 2018-19 Agriculture Industrie Services Source : Calculs des auteurs basés sur ENSETE 2013 et EHCVM 2019 pour la Côte d’Ivoire, McCullough (2017). Note : La figure montre les heures moyennes fournies par les individus à tous les secteurs, classées par secteur primaire de participation de chaque individu. INDENIE-DJUABLIN HAUT-SASSANDRA YAMOUSSOUKRO WORODOUGOU GRANDS-PONTS AGNEBY-TIASSA KABADOUGOU AUTONOME… LÔH-DJIBOUA SUD-COMOE GONTOUGO MARAHOUE SAN-PEDRO TCHOLOGO MORONOU BOUNKANI GUEMON HAMBOL CAVALLY BAGOUE GBÔKLE BAFING TONKPI FOLON BELIER NAWA GBEKE LA ME IFFOU PORO BERE GÔH N'ZI 37. Pour 4,0% 3,0% combler l’écart de productivité agricole, pourrait créer de meilleurs emplois dans le secteur, il 2,0% faudra s’attaquer au sous-emploi. Les même si cela peut nécessiter un investissement 1,0% personnes 0,0% principalement employées dans plus important dans les compétences. l’agriculture -1,0% travaillent moins d’heures par an que -2,0% celles -3,0% principalement engagées en dehors de 38. Le soutien aux chaînes de valeur non agricoles l’agriculture, -4,0% ce qui explique en partie l’écart de deviendra de plus en plus important. Si productivité par travailleur. Le travailleur agricole Taux de pauvreté (%) Revenu par l’amélioration habitant (%) de la productivité agricole sera moyen travaille environ 1 500 heures par an, essentielle pour réduire la pauvreté, l’urbanisation contre 1 800 à 1 900 heures pour les personnes et l’évolution des modes de consommation travaillant dans le secteur manufacturier ou favoriseront la création d’emplois à plus forte les services (figure 5.23). Le sous-emploi dans valeur ajoutée hors exploitation (Christiaensen et l’agriculture peut s’expliquer par son caractère Premand 2017). Des emplois mieux rémunérés et saisonnier : les pratiques agronomiques actuelles plus inclusifs permettraient d’atténuer le déclin sont caractérisées par des périodes de pointe de la des emplois dans la production de cultures demande de main-d’œuvre, pendant lesquelles les vivrières de base à mesure que le processus gens ne peuvent pas travailler hors de l’exploitation de transformation structurelle se poursuit. Les agricole, combinées à des périodes d’inactivité effets de productivité des transformations de la relative. Les personnes principalement employées chaîne de valeur pourraient avoir des retombées dans l’agriculture peuvent également ne pas avoir positives et négatives. Par exemple, les preuves les compétences et l’expérience nécessaires sont mitigées en ce qui concerne l’inclusion des pour accéder à un emploi salarié dans l’industrie petits exploitants dans ces processus. À mesure et les services pendant la saison sèche. Elles que les normes de qualité augmentent, les peuvent également rencontrer des obstacles pour petits exploitants pourraient être exclus et des participer à un travail indépendant non agricole études menées en Côte d’Ivoire ont constaté une (McCullough 2017). Investir dans la technologie diminution de l’inclusion (Minot et Ngigi 2004). (par exemple par la mécanisation et l’irrigation) Toutefois, même dans ces cas, la pauvreté rurale pourrait aider à surmonter le caractère saisonnier pourrait être réduite par le développement de la de la demande de main-d’œuvre. Investir dans le chaîne de valeur et la croissance de la productivité, développement de la chaîne de valeur, par le biais à mesure que de nouveaux types d’emplois sont du développement des activités de transformation, créés (Fuglie et al. 2020). 128 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 5.3. Que faut-il pour gravir l’échelle ? L’amélioration de la productivité un peu plus que dans les autres secteurs. Cette évolution est compatible avec l’amélioration des agricole offre un grand potentiel conditions de vie dans les zones rurales. Bien qu’il pour la réduction de la pauvreté à semble que tous les secteurs en bénéficieraient, long terme car le processus libérerait de la main-d’œuvre dans les zones rurales, l’ensemble des compétences de la population rurale pourrait ne pas déboucher 39. Se concentrer sur l’augmentation de la sur des emplois dans des secteurs à plus forte productivité dans l’agriculture présente un productivité. On estime que l’impact sur la pauvreté grand potentiel. Une simulation en équilibre est important : la fermeture de l’efficacité technique général calculable121 a permis d’estimer l’impact pour les cultures considérées se traduirait par une des améliorations de la productivité spécifique baisse annuelle moyenne de la pauvreté de 1 point des cultures sur la valeur ajoutée et l’emploi, de pourcentage. Cette baisse serait plus importante d’une part, et sur le revenu des ménages et la dans les zones rurales (1,7 %). La simulation estime 2 500 pauvreté, d’autre part. L’analyse a montré que que 1,4 million de personnes pourraient sortir de la l’augmentation 2 000 de la productivité agricole, par pauvreté dans les zones rurales dans un délai de 10 rapport à un scénario de statu quo, se traduirait 1 500 ans. Si une augmentation du revenu par habitant par une plus 1 grande valeur ajoutée sectorielle dans est attendue dans toutes les régions, certaines 000 l’agriculture, principalement grâce aux cultures de pourraient en bénéficier davantage (Agneby- 500 rente. L’emploi devrait augmenter dans l’agriculture Tiassa) tandis que l’effet pourrait être nul dans - d’autres (figure 5.24). Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv Ag Ind Serv ETHIOPIA_2013-14 MALAWI_2010-11 TANZANIA_2010-11 OUGANDA_2010-11 COTE D'IVOIRE 2013-14 COTE D'IVOIRE 2018-19 Figure 5.24: L’amélioration de l’efficacité agricole permettrait Agriculture Industrie d’augmenter les revenus et de réduire les Services taux de pauvreté dans la plupart des régions INDENIE-DJUABLIN HAUT-SASSANDRA YAMOUSSOUKRO WORODOUGOU GRANDS-PONTS AGNEBY-TIASSA KABADOUGOU AUTONOME… LÔH-DJIBOUA SUD-COMOE GONTOUGO MARAHOUE SAN-PEDRO TCHOLOGO MORONOU BOUNKANI GUEMON HAMBOL CAVALLY BAGOUE GBÔKLE BAFING TONKPI FOLON BELIER NAWA GBEKE LA ME IFFOU PORO BERE GÔH N'ZI 4,0% 3,0% 2,0% 1,0% 0,0% -1,0% -2,0% -3,0% -4,0% Taux de pauvreté (%) Revenu par habitant (%) Source : Résultats des simulations de l’Institut international de recherche sur les programmes alimentaires - document de référence pour ce rapport 40. La COVID-19 a un impact sur l’agriculture par avec une baisse possible de l’utilisation d’engrais, le biais des prix, de la consommation et des d’insecticides et de machines. Les perturbations investissements. Les exportations agricoles sont de la chaîne d’approvisionnement peuvent limiter affectées par la baisse des prix internationaux des l’accès aux principaux intrants. Une enquête produits de base. La crise pourrait également avoir récente indique que 48 à 70 % des entreprises des un impact négatif à long terme sur le développement secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire font du capital humain, car les ménages pourraient état de pénuries d’intrants sur le marché intérieur être contraints de faire des choix difficiles, comme (Banque mondiale 2020). L’encadré 5.3 présente consommer des aliments de moindre qualité et les principaux canaux et les impacts attendus de la vendre leurs actifs. Une crise prolongée pourrait crise en Côte d’Ivoire. également affecter les décisions d’investissement, 121 Document de référence de l’IFPRI. Le modèle est calibré sur une matrice de comptabilité sociale axée sur l’agriculture et construite à partir des données des comptes nationaux de 2015 (Diallo et Ouattara 2019). Il a été mis à jour en 2019 en utilisant les données macroéconomiques du pays. La matrice présente la production de 8 cultures clés - le riz, le maïs, le manioc, l’igname, le cacao, le café, le caoutchouc et les noix de cajou - dans les 33 régions administratives du pays. Les données de l’enquête de 2019 (Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages) sont utilisées pour régionaliser les productions agricoles et les marchés du travail. Les données de l’enquête sont également utilisées pour construire le modèle de micro simulation. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 129 Encadré 5.3: L’impact de la COVID-19 met en exergue la nécessité d’actions additionnelles dans le domaine de l’agriculture Les baisses des prix à l’exportation et les augmentations des coûts intérieurs seront probablement répercu- tées sur les producteurs (sauf pour la récolte de cacao de 2019-20). Une analyse préliminaire indique que la plupart des ménages agricoles pourraient voir leurs revenus globaux diminuer de 10 à 15 % (en supposant que les cultures de rente représentent au moins 50 % de leurs revenus et que le prix des cultures vivrières, vendues sur le marché intérieur, ne baisse pas122). Cela aura un effet négatif sur les ménages déjà pauvres qui pourraient être contraints d’adopter des stratégies de survie très coûteuses, notamment : (i) le report des investissements productifs ou même l’épuisement des actifs productifs existants ; (ii) la réduction de la consommation ; et (iii) le sous-investissement dans le capital humain de leurs enfants, en particulier les filles. L’accès aux intrants agricoles diminue en raison des mesures de verrouillage et des perturbations de l’ap- provisionnement mondial. En avril, les professionnels du coton ont soulevé des questions concernant les retards dans l’approvisionnement en intrants (notamment en urée). Au niveau local, la disponibilité des intrants a commencé à être limitée dans certaines régions du pays. En raison de la réduction des stocks disponibles, certains fournisseurs d’intrants importants (par exemple Callivoire) ont commencé à ne fournir que des produits provenant de leur entrepôt principal dans la capitale Abidjan, aux dépens de revendeurs spécialisés à l’intérieur du pays. Cette situation a pour effet de réduire l’accès des petits agriculteurs aux principaux intrants de qualité. Les restrictions de mobilité réduisent également l’offre de main-d’œuvre pour les principales activités agri- coles. La mobilisation de la main-d’œuvre pourrait être affectée par la fermeture des frontières. L’Institut de recherche agricole CIRAD craint que la fermeture des frontières n’ait un impact important sur la disponibilité de la main-d’œuvre des pays du Nord pendant la mi-campagne actuelle (CIRAD 2020), notamment pour le cacao. Si les restrictions se poursuivent, la préparation de la récolte principale (nettoyage des exploitations) et les récoltes à venir souffriront éga- lement d’une pénurie de main-d’œuvre. Comment COVID-19 pourrait-il affecter les déterminants de la productivité ? La disponibilité des terres et de la main-d’œuvre aura une incidence sur la diversification des cultures : La diversification des cultures et l’amélioration de la productivité nécessitent la disponibilité des terres, ainsi que l’accès à des semences et à une main-d’œuvre de qualité. La situation actuelle réduit l’accès aux travailleurs en raison de la fer- meture des frontières, bien qu’il puisse y avoir une réaffectation de la main-d’œuvre entre les exploitations, en fonction des disponibilités. La diversification des cultures peut toujours avoir lieu si les possibilités qu’elles offrent sont réelles ou perçues comme telles par les agriculteurs : «Cela dépend toutefois de l’existence de possibilités de diversification et de la réaction des agriculteurs à ces possibilités» (FAO 2002). La psychologie des agriculteurs guidera également leurs décisions en matière de diversification, selon qu’ils considèrent que les baisses de prix des cultures de rente sont temporaires ou durables, et qu’ils disposent des facteurs clés leur permettant de s’engager dans la diversification des cultures. Accès à des semences et des engrais améliorés : L’accès aux semences reste le moyen le plus rentable d’accroître la production et la productivité agricoles. L’efficacité d’autres intrants agricoles, tels que les engrais, les pesticides et l’irrigation, est également importante pour accroître la productivité et la production. Si pour certains secteurs, comme les cultures de rente, la disponibilité des semences ne semble pas poser de problème, car la plupart d’entre elles sont des cultures pérennes, et dans le cas du coton, les mesures de riposte ont été prises bien avant le déclenchement de la pandémie, la disponibilité des semences pour les cultures alimentaires stratégiques comme le riz est toujours surveillée pour la prochaine campagne agricole. Crédit informel : les revenus des agriculteurs devraient diminuer de 10 à 15 % pendant cette crise (Banque mondiale 2020) en raison de la baisse des prix des cultures de rente résultant d’une demande plus faible. En attendant, l’impact de la COVID-19 ira au-delà des cultures de rente et de l’agriculture pour toucher l’économie au sens large. La capacité d’épargne des ménages pourrait être mise à défi et, en fin de compte, réduite. Il est donc probable que le crédit sera moins disponible. À l’inverse, la situation actuelle pourrait être l’occasion de nouveaux investissements dans l’agricul- ture car d’autres secteurs de l’économie sont fortement touchés, tels que les transports, l’hôtellerie et les loisirs. La production de cultures de rente pourrait être une alternative pour les investisseurs, en partenariat avec les agriculteurs actuels, par le biais d’investissements dans des intrants tels que les engrais et les pesticides. 122 Étant donné qu’ils achètent également des cultures vivrières, l’effet net dépendra du fait qu’ils soient vendeurs ou acheteurs nets. 130 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique 41. Le tableau 5.3 résume les recommandations Technologie et connaissances politiques. Les réformes politiques sont organisées en quatre catégories : (i) facteurs de production (capital, travail et autres intrants) ; 45. Promouvoir la rotation des cultures et les (ii) technologie et connaissances ; (iii) cadres et systèmes de culture. L’amélioration de la facteurs institutionnels tels que le genre et l’accès productivité en permettant une plus grande au crédit ; et (iv) marchés et intégration. souplesse dans la combinaison des systèmes de culture et des rotations de cultures permettrait d’augmenter le rendement des terres. Les cultures prioritaires dans le cadre du deuxième programme Capital, travail et autres intrants national d’investissement agricole (PNIA II) pourraient être privilégiées. Dans ce domaine, il est essentiel de : (i) d’actualiser et de mettre en œuvre 42. Promouvoir la mécanisation. La promotion la stratégie nationale de développement du riz ; de la mécanisation est considérée comme l’un (ii) d’actualiser et de mettre en œuvre la stratégie des moyens les plus puissants d’accroître la nationale de développement des cultures vivrières productivité agricole. La mécanisation nécessite non rizicoles, en mettant l’accent sur le manioc et la mise en œuvre rapide et efficace de la stratégie l’igname ; et (iii) de renforcer la structuration des nationale pour la mécanisation agricole, qui a secteurs du café-cacao, du coton, de l’anacarde et été construite autour de trois axes stratégiques du caoutchouc. : (i) faciliter l’accès aux machines ; (ii) former les acteurs du sous-secteur de la mécanisation ; et 46. Augmenter les dépenses en R&D. La (iii) améliorer l’environnement institutionnel et diversification des cultures, l’utilisation de réglementaire. Les actions prioritaires de promotion semences améliorées et une plus large adoption de la mécanisation pourraient se concentrer sur des technologies nécessiteront des dépenses l’extension des exploitations agricoles motorisées, plus élevées en matière de R&D. Les dépenses de le soutien à la création d’ateliers de maintenance recherche agricole ont diminué en Côte d’Ivoire dans les zones de production, la mise en place pendant la période de crise politique (Goyal et d’un mécanisme de subvention du prix des Nash 2017). Depuis lors, la situation s’est nettement équipements et des intrants de mécanisation, et la améliorée, le système public de recherche agricole rénovation des structures de formation (telles que bénéficiant d’une plus grande autonomie. Les les équipements et les infrastructures). organisations de producteurs collectent des fonds pour la recherche par le biais des cotisations de 43. Renforcer les capacités et le capital humain leurs membres. En 2014, ces organisations ont des agriculteurs. Ce domaine politique dépend financé environ 45 % de la recherche menée par des politiques nationales transversales visant à le Centre national de recherche agricole (CNRA) améliorer l’éducation et la santé dans les zones de Côte d’Ivoire. En favorisant une plus grande rurales. Toutefois, il pourrait également impliquer participation du secteur privé, le secteur devrait le renforcement d’initiatives spécifiques visant à contribuer à renforcer les systèmes nationaux améliorer les compétences éducatives de base d’innovation dans l’agriculture, mais le financement et les compétences managériales, ainsi que la public s’est avéré essentiel dans les pays où la formation par le biais de services de vulgarisation. croissance de la productivité est plus forte (comme Plus précisément, la Côte d’Ivoire devrait investir au Kenya et au Ghana). dans : (i) la collecte de données et le suivi de la production agricole ; et (ii) les compétences et 47. Adopter une politique d’innovation agricole. la gestion liées à la technologie par le biais des L’adoption de l’innovation est le principal services de vulgarisation. moteur de la croissance de la productivité. Ensuite, l’amélioration de la productivité agricole 44. Améliorer l’accès et le fonctionnement des nécessitera l’adoption et la mise en œuvre marchés des intrants et des infrastructures. Il d’une politique d’innovation visant à soutenir le est essentiel de faciliter et de protéger les droits système d’innovation agricole en fournissant une de propriété et les droits fonciers, en particulier gouvernance, des fonds pour l’introduction de pour les femmes, afin d’éviter que les ménages nouvelles technologies, permettant l’innovation ruraux ne glissent pas dans une spirale de dans les méthodes de production, les produits, la pauvreté. L’extension des installations d’irrigation commercialisation et l’organisation. et l’amélioration de la disponibilité des semences peuvent soutenir la croissance de la productivité des cultures de rente et réduire le sous-emploi des agriculteurs de subsistance. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 131 Cadres et institutions 51. Adopter une politique agricole bien conçue. Bien que le pays ait adopté et mis en œuvre deux plans d’investissement nationaux pour le secteur 48. S’attaquer aux écarts entre les sexes dans agricole, il lui manque encore une politique les dotations. Il s’agit notamment de s’attaquer agricole bien conçue et ciblée. Une politique aux causes sous-jacentes de l’inégalité dans agricole est essentielle pour élaborer des plans la constitution des actifs, telles que les normes stratégiques globaux visant à renforcer les moteurs d’agence et les normes sociales. L’amélioration de la productivité et de la durabilité à long terme. de l’accès à la terre, au crédit et au capital Elle doit comprendre des mesures stratégiques, humain devrait être l’objectif principal à court et notamment le soutien des prix et des revenus, l’aide moyen terme. Il pourrait s’agir de développer des à l’investissement, les subventions aux intrants, la programmes de renforcement des capacités et de gestion des risques, les mesures d’ajustement et concevoir des programmes de microfinancement les mesures agroenvironnementales, ainsi que des (y compris des régimes d’épargne et d’assurance) mesures commerciales spécifiques à l’agriculture. adaptés aux besoins des femmes, mais surtout de La politique agricole devrait clarifier les objectifs mettre l’accent sur l’accès à la terre, principal atout et les responsabilités politiques entre les différents à la base de la croissance agricole. niveaux de gouvernement et le secteur privé, tout en tenant compte des compromis dans les 49. Les coopératives pourraient contribuer interactions entre les domaines politiques. à structurer le secteur en améliorant les compétences de gestion et en facilitant l’accès aux intrants. Cette recommandation est pleinement compatible avec le programme 6 du Marchés et intégration PNIA sur le renforcement du cadre institutionnel, de la gouvernance du secteur et de l’environnement des entreprises. 52. Pour combler l’écart de productivité agricole, il faudra en partie développer la chaîne de valeur. 50. Améliorer l’accès aux services financiers, Le développement des chaînes de valeur sera y compris les assurances, pour favoriser le important pour la création d’emplois en dehors développement de la productivité agricole. de l’exploitation agricole. Elles peuvent offrir aux L’accès aux services financiers facilitera l’accès agriculteurs un accès aux marchés (y compris aux aux intrants et favorisera la modernisation de marchés à plus forte valeur ajoutée) et accroître l’agriculture. Cela devrait inclure les régimes la productivité agricole par divers moyens. Les d’assurance. Les recherches ont montré que, chaînes de valeur modernes nécessitent souvent dans de nombreuses zones agricoles, le risque des innovations institutionnelles pour induire et l’incertitude sont des obstacles majeurs les investissements spécifiques au niveau de à l’adoption et à l’utilisation d’intrants et de l’exploitation agricole qui permettront la production technologies modernes. Pour améliorer l’accès de matières premières à haute valeur ajoutée et, au crédit, un programme de prêt comprenant en fin de compte, de produits finaux (Fuglie et une ligne de crédit pour les producteurs et les al. 2020). Le commerce est un puissant moteur transformateurs de taille moyenne les aiderait à international des chaînes de valeur modernes. Des établir et à développer leurs activités. Cette ligne de investissements continus dans les routes rurales crédit peut être décaissée par l’intermédiaire des et d’autres infrastructures locales sont également banques commerciales locales et s’accompagner nécessaires, notamment dans les capacités de de programmes de formation et de renforcement stockage et de transformation, ainsi qu’un accès des capacités approfondis pour permettre aux fiable et abordable à l’énergie. L’amélioration de banques de financer des projets similaires avec la connectivité entre les zones rurales et urbaines leurs propres fonds. est également cruciale pour le développement des chaînes de valeur nationales. 132 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Tableau 5.3: Recommandations politiques Améliorer la productivité agricole pour une croissance inclusive Chronologie Implications fiscales - Capital, travail et intrants - Mettre en œuvre et garantir le budget de la stratégie nationale pour la mé- Court terme Moyen canisation de l'agriculture. - Accélérer la mise en œuvre de la loi sur les terres rurales afin de garantir la Court terme Faible sécurité du régime foncier. - Renforcer les systèmes de collecte de données et de surveillance. Court à moyen terme Haut - Soutenir le renforcement des capacités liées à la technologie par le renfor- Court à Moyen cement des services de vulgarisation. moyen terme - Renforcer le cadre juridique pour l'utilisation des terres comme garantie. Clarifier la valeur d'un certificat foncier par rapport à un titre foncier, et Moyen terme Moyen s’attaquer à la complexité et le coût des procédures relatives aux droits fonciers. Technologie et connaissances - Adopter une politique d'innovation agricole. Court terme Faible Faible mais moyen - Mettre à jour et appliquer la stratégie nationale de développement du riz. Court à moyen terme pour la mise en œuvre - Mettre à jour et appliquer la stratégie nationale pour le développement Court à Faible mais moyen des cultures vivrières non rizicoles, en mettant l'accent sur le manioc et pour la mise en moyen terme l'igname. œuvre - Numériser les chaînes de valeur de l'agriculture pour favoriser un meilleur accès au crédit en augmentant la transparence des transactions car elle Court à Moyen peut être utilisée comme un indicateur des antécédents de crédit et de la moyen terme solvabilité des agriculteurs. - Veiller à ce que tous les citoyens des zones rurales aient une identité natio- Court à Moyen nale, y compris une identité numérique. moyen terme - Renforcer la structuration des filières café-cacao, coton, anacarde et caout- Moyen terme Moyen à élevé chouc. Cadres et institutions - Mettre en œuvre l'Acte uniforme sur les sociétés coopératives (AUSCOOP), en particulier les modifications qu'il introduit dans l'ancien droit national Court terme Faible régissant les SCOOP. - Fournir un soutien technique aux institutions de microcrédit pour les ac- tivités agricoles des femmes, y compris des programmes d'éducation fi- Court terme Faible à moyen nancière. - La mise en place de l’assurance indicielle pour mieux gérer les risques cli- Court terme Faible à moyen matiques - Renforcer les capacités techniques et humaines des coopératives de pro- Moyen terme Moyen ducteurs agricoles. - Mettre en place un fonds de refinancement des banques commerciales Moyen terme Faible à moyen pour pour soutenir les agriculteurs dans le secteur agricole. la mise en œuvre - Soutenir la création d'institutions de microfinance au sein des organisa- tions professionnelles agricoles. ; et mettre en place une institution éta- Faible à moyen pour Moyen terme tique de régulation des sociétés coopératives, à l’instar du Haut Conseil la mise en œuvre de la Coopération Agricole en France. - Élaborer et mettre en œuvre des programmes de renforcement des capa- Faible à moyen pour cités pour les femmes dans les organisations professionnelles agricoles et Moyen terme la mise en œuvre les organisations interprofessionnelles agricoles. - Adopter une stratégie de politique agricole. Moyen terme Faible Marchés et intégration - Investir dans les routes rurales et la logistique pour accroître les chaînes de Moyen terme Haut valeur et l'intégration des marchés. - Soutenir le développement des villes secondaires avec des initiatives telles que les infrastructures de développement urbain en Côte d'Ivoire et la com- Moyen terme Haut pétitivité des villes secondaires. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 133 Annexe 5.1. Informations complémentaires Tableau 5.4: Facteurs associés à la productivité agricole (2019) Régression des moindres carrés ordinaires (1) (2) (3) Cultures Toutes les Cultures Variable commer- cultures vivrières ciales Chef de famille féminin -0.04 -0.069 -0.096 Log [superficie totale des terres cultivées en ha] -0.232*** -0.093*** -0.137*** Âge du chef de ménage (années) 0.002 0.002 0.002 Marié -0.031 0.006 -0.014 Divorcé/séparé -0.109 -0.089 -0.133 Veuve -0.211** -0.151 -0.297** Taille du ménage - femmes adultes (14-60 ans) 0.035** 0.026 0.008 Taille du ménage - hommes adultes (14-60 ans) 0.001 -0.002 0.022 Utilisation de la main-d'œuvre des ménages ( jours-personnes)/ha 0.188*** 0.133*** 0.271*** Utilisation de la main-d'œuvre enfantine ( jours-personnes)/ha 0.012** 0.018*** -0.001 Utilisation de la main-d'œuvre féminine salariée ( jours-personnes)/ha 0.003*** 0.004*** 0.002** Utilisation de la main-d'œuvre masculine salariée ( jours-personnes)/ha 0.001*** 0.004*** 0.000 Titre foncier (Oui) 0.03 -0.03 0.034 Accès aux services financiers (oui) 0.138*** 0.128*** 0.091** Nombre total de cultures produites 0.009 0.009 0.100*** Le ménage a utilisé toute semence améliorée 0.052 -0.018 0.217*** Parcelles qui utilisent des engrais chimiques (% du total) 0.371*** 0.351*** 0.170* Parcelles qui utilisent des engrais à base de fumier (% du total) 0.257*** 0.318*** 0.017 Parcelles qui utilisent des pesticides (% du total) 0.159*** 0.128*** 0.270*** Variable binaire « cultures d'exportation » (1 si le ménage a produit une 0.583*** culture d'exportation) Constante 10.788*** 11.686*** 9.591*** Effets fixes région OUI OUI OUI F-stat 20.757 10.73 14.993 Prob > F-stat 0.000 0.000 0.000 R-carré 0.168 0.12 0.214 R au carré ajusté 0.160 0.109 0.199 «Écart 3.92 6.67 9.15 Observations 5401 4051 2865 Note : ***/**/* indiquent respectivement une significativité statistique aux niveaux 1/5/10 pour cent. Les valeurs d’écart en % sont obtenues avec la transformation exp(b)-1 (Halvorsen et Palmquist 1980). La variable dépendante est la production par hectare. 134 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Références Bassett, T.J. 2017. «Le boom de la noix de cajou dans le Uganda” . Série de documents de travail 2322, Banque bassin cotonnier du nord de la Côte d’Ivoire. «Afrique africaine de développement. Contemporaine 263-264(3) : 59-83. CIRAD. 2020. «Covid-19 et la sécurité alimentaire : Les Beegle, K. et L. Christiansen. 2019. Accélérer la réduction planteurs de cacao en Côte d’Ivoire craignent une baisse de la pauvreté en Afrique. Washington, D. C. : Groupe de leurs revenus». Site du CIRAD. https://www.cirad.fr/ de la Banque mondiale. https://openknowledge. en/news/all-news-items/articles/2020/science/covid- worldbank.org/handle/10986/32354. 19-and-food-security-what-risks-for-ivorian-cocoa- planters. Burke, M. et K. 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Bien que l'hypothèse selon laquelle le capital public et le capital privé sont des substituts parfaits puisse être forte, cette approche présente deux avantages par rapport aux autres. Premièrement, elle n'exige pas d'hypothèses fortes de forme fonctionnelle sur la fonction de production. Deuxièmement, elle n'exige aucune hypothèse sur le taux de rendement du capital privé. Les hypothèses qui sous- tendent cette approche sont les suivantes : (i) la fonction de production a des rendements d'échelle constants ; et (ii) il existe des marchés concurrentiels pour le travail et pour le capital irréproductible. L'approche 2 estime le produit marginal du capital public en fixant le taux de rendement des investissements privés ajusté au risque. Cette approche modifie l'approche 1 en distinguant le capital public et le capital privé, ce qui permet à leurs taux de rendement d'être différents l'un de l'autre. Le taux de rendement des investissements privés ajusté au risque peut être référencé pour correspondre aux conditions du marché, alors que le taux de rendement des investisse- ments publics ne le peut pas : étant donné que les investissements publics sont souvent concentrés dans des capitaux fournis gratuitement, le gouvernement peut ne pas avoir une bonne estimation du taux de rendement du capital, et peut investir trop ou pas assez. L'approche 3 représente une estimation structurelle des paramètres σ et γ basée sur un échantillon de pays à faible et moyen revenu utilisant un cadre de petite économie ouverte. γє(0,1) est un paramètre régissant l'importance relative du capital public dans la production de capital, tandis que σ régit la substituabilité entre le capital privé et le capital public. L'approche 4 est une approche hybride et utilise la fonction de production estimée dans Eden et Kraay (2014) pour obtenir des estimations du taux de rendement des investissements publics, et réduit encore les paramètres structurels du modèle en fixant le taux de rendement des investissements privés ajusté au risque à un niveau plausible. Dans ces modèles, la réponse de l'investissement privé à l'investissement public reflète le degré de substituabilité entre les deux (σ) : plus le degré de substituabilité est élevé, plus l'effet d'éviction de l'investissement public sur l'investissement privé est important. De même, plus la productivité relative de l'investissement public est élevée (γ), plus l'effet sur la production est important. Les paramètres σ et γ sont déterminés conjointement par les réponses d'équilibre de l'inves- tissement privé et de la production. Source : Eden (2020) "The Rate of Return to Government Investment in Cote d'Ivoire". Note d'information préparée pour le Mémorandum économique pays de la Côte d'Ivoire 2020. Washington, D.C. : Groupe de la Banque mondiale. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 139 Encadré A. 2 : Mauvaise affectation au niveau de l'entreprise : Un exemple illustratif La productivité globale d'une économie ne dépend pas seulement du niveau de productivité des entreprises, mais aussi de l'affectation des ressources productives (par exemple, le capital et le travail) entre ces entreprises. Un exemple simple illustre comment une mauvaise affectation peut réduire la productivité agrégée. Prenons une économie composée de deux entreprises ayant un niveau de productivité différent et dont chacune ne produit qu'en utilisant du capital Yi = Ai K i α où Y est la valeur ajoutée et K l'apport en capital. Considérons le prix de la production normalisé à un, et le coût du capital en l'absence de distorsion à R. Supposons également que les entreprises sont confrontées à une taxe sur leur apport en capital, τki (où τki > 0 est une taxe et τki < 0 est une subvention). Par exemple, certaines entreprises peuvent bénéficier d'un traitement préférentiel de la part du gouvernement à un taux d'intérêt très bas τkf (entreprise favorisée (f)) alors que les entreprises non favorisées (u) doivent emprunter à un taux d'intérêt plus élevé τku c'est-à-dire, τfk < τuk . Les entreprises maximisent leurs profits en choisissant l'apport en capital, K. C'est-à-dire max πi = Yi − (1 + τki )RK i . La condition de premier ordre pour la maximisation du profit donne : MRPK i ≡ αAi K α−1 i = (1 + τki )R (1) La demande optimale d'apport de capital est donnée par : 1 1− ( , ) = ( ) (2) (1 + ) En supposant que le paramètre technologique (α) et le coût du capital non faussé (R) est commune à toutes les entreprises, la demande de capital augmente avec la productivité des entreprises A mais diminue avec le niveau de distorsion ou de taxation τk . • Dans une économie non distordue, où les entreprises sont confrontées à la même distorsion, c'est-à-dire τfk = τuk , l'allocation du 1 K∗ A 1−α capital est basée uniquement sur la productivité relative des entreprises, c'est-à-dire f ∗ ≡ k∗ = ( f ) . Chaque entreprise utilise Ku A u un niveau optimal d'apport de capital et la production totale dans cette économie n'est qu'un agrégat d'entreprises. 1 Kf Af 1+τku 1−α • Toutefois, dans une économie faussée, le ratio de capital entre les deux entreprises est ≡k=( ) l'affectation des Ku Au 1+τkf ressources dépend non seulement des niveaux de productivité relatifs des entreprises, mais aussi des distorsions (idiosyncrasiques) propres à chaque entreprise. Une fraction plus élevée de la demande de stock de capital par une entreprise favorisée est plus que ce qui est justifié par son niveau de productivité. D'autre part, les entreprises non favorisées n'utilisent pas autant de capital qu'elles le feraient sans la distorsion. Si les entreprises bénéficiant d'un traitement préférentiel sont celles qui sont inefficaces, c'est-à-dire Af < Au les pertes de productivité associées à cette politique seraient encore plus importantes (Restuccia and Rogerson 2013). Ainsi, la productivité globale dépend non seulement de la productivité des entreprises individuelles, mais aussi de la part des ressources allouées à chaque entreprise. • Comment mesurer la mauvaise allocation des ressources ? • Pour mesurer empiriquement l'ampleur de la mauvaise allocation, nous utilisons la méthodologie de Hsieh and Klenow. 1 L'hypothèse sous-jacente de cette approche est que si les marchés des intrants et des extrants fonctionnent bien, les produits de revenu marginal des intrants devraient être égaux entre les entreprises. Dans la mesure où l'allocation du capital est déterminée par τk plutôt que A, il y aura des différences dans le produit marginal du capital entre les entreprises. • Compte tenu des données sur la productivité au niveau des entreprises Ai et l'apport en capital K i pour chaque entreprise, αAi Kα−1 nous pouvons utiliser l'équation (1) pour déduire la distorsion du capital, c'est-à-dire i − 1 = τki . R Comment une mauvaise allocation des ressources réduit-elle la productivité globale ? • La présence de distorsions spécifiques à une entreprise peut entraver l'allocation efficace des ressources, ce qui entraîne une perte de PTF au niveau agrégé. Dans cette version simple du modèle, si le capital avait été alloué de manière optimale, la production agrégée aurait augmenté de la région ombrée. Notes : 1. Hsieh et Klenow (2009). "Misallocation and Manufacturing TFP in China and India. "The Quarterly Journal of Economics 124(4) : 1403-1448. 140 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Annexe 2 : Analyses supplémentaires du chapitre 3 A2.1. Concurrence et croissance de la productivité : Une revue de la littérature Les avantages de la concurrence en termes de plus forte en amont peut indirectement encourager les productivité sont bien documentés. Il existe un entreprises en aval à réaffecter les ressources qu’elles ensemble de preuves empiriques solides montrant que ont économisées (à partir d’intrants moins chers) à la concurrence améliore la productivité dans toutes les des activités qui améliorent la productivité, telles que composantes de la croissance de la productivité. Au sein l’innovation, l’adoption de technologies, la formation des entreprises, Nickell (1996) a effectué une analyse des travailleurs et l’adoption de meilleures pratiques de d’environ 670 entreprises britanniques sur la période gestion. 1972-1986 et a trouvé des preuves qu’une plus grande concurrence - représentée par un nombre accru de En revanche, les réglementations anticoncurren- concurrents ou des loyers plus bas - incite les dirigeants tielles peuvent également limiter la croissance de à travailler plus dur dans l’intérêt des actionnaires, ce la productivité. Dans la même étude, Bourlès et al. qui entraîne ensuite une croissance significative de la (2013) ont réalisé une évaluation empirique pour les productivité. Plus récemment, plusieurs auteurs tels pays de l’Organisation de coopération et de développe- que Bloom et Van Reenen (2007), Bloom et Van Reenen ment économiques (OCDE) et ont constaté que les ré- (2010) et Bloom et al. (2015) corroborent la constatation glementations anticoncurrentielles dans les principales selon laquelle une concurrence accrue sur le marché industries de services en amont comme l’énergie, les des produits est positivement corrélée à des scores plus transports, les communications et les services profes- élevés en matière de qualité ou de pratiques de gestion. sionnels ont considérablement limité la croissance de la productivité et les performances à l’exportation des in- Plusieurs études empiriques ont démontré l’effet dustries manufacturières qui utilisaient ces services en positif d’une concurrence plus forte sur les amont de manière plus intensive. L’impact a été plus fort marchés de produits sur une meilleure répartition pour les secteurs qui sont plus proches de la frontière des facteurs de production entre les entreprises, de la productivité. Suivant une approche similaire, Ba- ce qui stimule la croissance de la productivité globale. rone et Cingano (2011) constatent que la réglementation Pour des preuves sur plusieurs pays, voir par exemple anticoncurrentielle des services augmente la croissance Scarpetta et al. (2002) ; Hsieh et Klenow (2009) ; et de la productivité dans les industries de services en aval Arnold, Nicoletti, et Scarpetta (2011). Pour des secteurs dans les pays de l’OCDE. Van der Marel, Kren et Iootty spécifiques, voir Olley et Pakes (1996) pour le secteur (2016) ont également obtenu des résultats similaires des télécommunications aux États-Unis, Syverson pour les pays de l’UE. (2004) pour le secteur du béton prêt à l’emploi aux États-Unis et Foster, Haltiwanger et Krizan (2006) pour Les preuves empiriques confirment également les le secteur du commerce de détail aux États-Unis. En ce effets positifs de l’application de la politique de qui concerne la composante «sélection», Eslava et al. concurrence sur la croissance de la productivité. (2013) constatent que la concurrence accrue résultant Par exemple, Dutz et Vagliasindi (2000) ont constaté de la libéralisation du commerce, introduite dans que l’efficacité de la mise en œuvre de la politique les années 1990, a facilité la sortie des usines moins de la concurrence - mesurée par son application, sa productives en Colombie. promotion et son efficacité institutionnelle - a entraîné l’expansion d’entreprises privées plus efficaces dans Des études empiriques prouvent également qu’une les économies en transition. Bucirossi et al (2009) concurrence plus forte dans les secteurs en amont ont également constaté que l’application du droit de pourrait avoir des effets de retombée substantiels la concurrence a un effet positif et significatif sur la sur la productivité. Bourlès et al. (2013) mettent croissance de la productivité dans plusieurs pays de en évidence deux principaux canaux par lesquels la l’OCDE et que l’effet de la croissance de la productivité concurrence dans les secteurs en amont peut influencer est particulièrement fort pour des aspects spécifiques la productivité des utilisateurs en aval. Une concurrence de l’application du droit de la concurrence liés à la mise plus forte dans les services peut directement générer en place institutionnelle des régimes de politique de des gains de productivité en aval, car les producteurs la concurrence et des activités antitrust (plutôt que le de biens finaux ont accès à des intrants intermédiaires contrôle des fusions). moins chers ou de meilleure qualité. Une concurrence Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 141 Références Arnold, Jens M., Giuseppe Nicoletti et Stefano Scarpetta. Bourlès, Renaud, Gilbert Cette, Jimmy Lopez, Jacques 2011. «Réglementation, réaffectation des ressources Mairesse et Giuseppe Nicoletti. 2013. «La réglementation et croissance de la productivité». «Documents de la des marchés de produits dans les secteurs en amont Banque européenne d’investissement 16(1) : 90-115. freine-t-elle la croissance de la productivité ? Panel Data Evidence for OECD Countries” . Review of Economics Barone, Guglielmo et Federico Cingano. 2011. and Statistics 95(5) : 1750-1768. «Régulation et croissance des services» : Evidence from OECD Countries». Economic Journal 121(555) : 931-957. Buccirossi, P., C. Lorenzo, T. Duso, G. Spagnolo et C. Vitale. 2013. «Politique de la concurrence et croissance Bloom, Nicholas, Carol Propper, Stephan Seiler et de la productivité» : An Empirical Assessment. “Review John Van Reenen. 2015. «L’impact de la concurrence of Economic Studies and Statistics 95(4) : 1324-1336. sur la qualité du management» : Evidence from Public Hospitals.» (L’impact de la concurrence sur la qualité Hsieh, C. -T. et P.J. Klenow. 2009. “Misallocation and de la gestion : preuves des hôpitaux publics). Review of Manufacturing TFP in China and India. “The Quarterly Economic Studies 82(2) : 457-489. Journal of Economics 124(4) : 1403-1448. Bloom, Nicholas et John Van Reenen. 2007. «Mesurer et Nickell, Stephen J. 1996. “Competition and Corporate expliquer les pratiques de gestion dans les entreprises Performance” . Journal of Political Economy 104(4) : 724- et les pays». Quarterly Journal of Economics 122(4) : 746. 1341-1408. 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Tableaux supplémentaires Tableau A2.1 : Composition de l’échantillon des enquêtes sur les entreprises en Côte d’Ivoire (2009 et 2016) Manufacturing Retail Other Services Small Medium Large (100 Small Medium Large (100 Small Medium Large (100 Total Year Region (<20) (20-99) and over) (<20) (20-99) and over) (<20) (20-99) and over) 2009 Abidjan 118 51 30 76 6 4 148 38 12 483 San Pedro 7 3 0 9 2 0 18 3 0 42 Yamoussoukro 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 Total 125 54 30 85 8 4 167 41 12 526 2016 Abidjan 37 23 21 43 17 5 56 50 16 268 Rest of the country 11 6 8 31 7 3 18 9 0 93 Total 48 29 29 74 24 8 74 59 16 361 Total 173 83 59 159 32 12 241 100 28 887 Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale sur la base des enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale, 2009 et 2016. A2.3. COVID-19 et concurrence Tableau A2.2: Exemples de subventions et d’aides d’État approuvées pour atténuer les effets de la COVID-19 en Côte d’Ivoire Montant Type de Approche sectorielle/ Bénéficiaire Description (milliards de mesure horizontale francs CFA) Des me- Agriculture et alimen- Toutes les Soutien aux principaux secteurs de l'éco- 250 sures mul- tation, pêche entreprises nomie nationale (notamment les noix de tiples cajou, le coton, le caoutchouc, l'huile de palme, le cacao et le café). Cet ensemble comprend une subvention pour les expor- tateurs de noix de cajou. Non spé- Agriculture et alimen- Toutes les Soutien à la production alimentaire et frui- 50 cifié tation, pêche entreprises tière, dont 20 milliards de francs CFA pour les intrants. Garanties Horizontal les petites et La mise en place d'un fonds de soutien au 250 d'État pour moyennes secteur privé, dont 100 milliards de francs les prêts entreprises CFA seront consacrés au renforcement (PME) des PME. Sur ces 100 milliards, 40 milliards seront consacrés à des fonds de garantie pour faciliter l'accès aux crédits bancaires et 60 milliards aux fonds d'aide aux PME. 100 milliards de francs CFA seront consa- crés à un fonds de soutien aux entreprises informelles. Avantages Plusieurs secteurs PME Report de 3 mois du paiement des licences N/A fiscaux pour les petits commerçants et artisans (notamment les restaurants, boîtes de nuit, bars, cinémas et salles de spectacles). Avantages Tourisme Toutes les Report des paiements de l'impôt sur le re- N/A fiscaux entreprises venu du capital (IRC) pendant 3 mois pour les entreprises touristiques et hôtelières en difficulté. Source : Élaboration du personnel de la Banque mondiale basée sur le «Suivi des subventions et des aides d’État du Groupe de la Banque mondiale pour atténuer les effets de la COVID-19». Téléchargé le 8 juin 2020. Disponible à l’adresse suivante : https://dataviz.worldbank.org/views/AID-COVID19/Overview?:embe- d=y&:isGuestRedirectFromVizportal=y&:display_count=n&:showAppBanner=false&:origin=viz_share_link&:showVizHome=n#2 Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 143 A2.4. Cadres juridiques de la concurrence de la CEDEAO et de l’UEMOA La Communauté économique des États de l’Afrique de et des règlements d’application concernant les l’Ouest (CEDEAO) a été créée à Lagos le 28 mai 1975 interdictions énumérées à l’article 88 et les sanctions en (modifiée par le traité de Cotonou le 24 juillet 1993) avec cas de violation de ces interdictions. Les règlements et pour mission d’intégrer les économies et les sociétés directives de concurrence suivants ont été adoptés en des États de l’Afrique de l’Ouest afin de stimuler le vertu du traité de l’UEMOA : développement et le bien-être. Bien que le traité n’y fasse pas explicitement référence, le développement Règlement n° 02/2002/CM/UEMOA relatif aux d’une politique régionale de la concurrence et d’un droit pratiques anticoncurrentielles au sein de l’Union de la concurrence peut être compris à la lumière de économique et monétaire ouest-africaine ; l’objectif de la CEDEAO d’établir un marché commun. Règlement n° 03/2002/CM/UEMOA relatif aux L’Acte additionnel A/SA.1/06/08 de la CEDEAO procédures en matière d’ententes et d’abus de s’applique aux «accords, pratiques, fusions et distorsions position dominante au sein de l’Union économique causés par les Etats membres et susceptibles d’avoir et monétaire ouest-africaine ; un effet sur le commerce au sein de la CEDEAO». En Règlement n° 04/2002/CM/UEMOA relatif aux vertu des règles de concurrence de la CEDEAO, les aides d’État dans le cadre de l’Union économique États membres peuvent adopter et appliquer leurs et monétaire ouest-africaine ; propres règles nationales à condition qu’elles ne soient pas incompatibles avec les règles de concurrence la directive n° 01/2002/CM/UEMOA relative à de la CEDEAO et que toutes les incohérences soient la transparence des relations financières entre éliminées dans les plus brefs délais. les États membres et les entreprises publiques et entre les États membres et les organisations Les deux principaux règlements de la CEDEAO en internationales et étrangères ; et matière de droit de la concurrence ont été adoptés en 2008 et consistent en (i) l’Acte additionnel A/SA.1/06/08, Directive n° 01/2002/CM/UEMOA relative à la portant adoption des règles de fond du droit de la coopération entre la Commission et les structures concurrence ; et (ii) l’Acte additionnel A/SA.2/06/08 de concurrence des États membres pour la portant création d’une autorité régionale de la mise en œuvre des articles 88, 89 et 90 du traité concurrence pour la CEDEAO, qui devrait coopérer avec constitutif de l’Union économique et monétaire les autorités nationales et régionales de la concurrence, ouest-africaine. en particulier dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Un autre Acte additionnel Contrairement à la CEDEAO, l’UEMOA a une sur les exemptions au droit de la concurrence pour compétence exclusive pour légiférer sur les questions certaines catégories d’accords et de pratiques dans le de concurrence et sa Commission a des compétences secteur du transport aérien a été adopté en 2012. Le exclusives en matière de veille à l’application dans toute droit de la concurrence de la CEDEAO s’applique aux la région, même lorsque seuls les marchés nationaux accords, pratiques, fusions et distorsions causés par sont concernés. Les États membres de l’UEMOA, en les États membres et susceptibles d’avoir un effet sur revanche, ne peuvent que faire respecter les règles de le commerce au sein de la CEDEAO. Ainsi, les États concurrence déloyale. Ce modèle centralisé ne découle membres de la CEDEAO peuvent adopter et appliquer pas du traité de Dakar mais plutôt de l’avis 003/2000/ leurs propres règles nationales à condition qu’elles ne CJ/UEMOA de la Cour de justice de l’UEMOA, où il a soient pas incompatibles avec les règles de concurrence été décidé que l’Union avait une compétence exclusive de la CEDEAO et que toutes les incohérences soient pour adopter des règlements sur les accords, les abus éliminées dans les plus brefs délais. de position dominante et les aides d’État. Le traité de Dakar de 1994 instituant l’UEMOA Sources: UNCTAD, Voluntary peer review of competition comprenait également des règles de concurrence policies of WAEMU, Bénin and Senegal, 2008; Mor interdisant les accords anticoncurrentiels (article Bakhoum, “Cohérence Institutionnelle et Effectivité 88), les abus de position dominante (article 89) et d’une Politique Régionale de la Concurrence: Le Cas attribuait des compétences de veille à l’application à la de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine Commission de la CEDEAO (article 90). Selon l’article (UEMOA)”, Revue International de droit économique, 89 du Traité de l’UEMOA, le Conseil des ministres peut 2011/3 t.XXV, pp. 305-332. adopter des règles d’organisation de la Commission 144 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Annexe 3 : Analyses supplé- mentaires du chapitre 4 Encadré A3.1: Dispositions relatives aux services de transport123 Une combinaison de réglementations inadéquates et de distorsions du marché a créé un écart important entre les prix et les coûts dans la fourniture de services de transport et un environnement peu propice aux investissements sectoriels. Par conséquent, aucun financement n’est destiné à l’acquisition de camions de meilleure qualité, en particulier pour les petites entreprises ou les entreprises informelles qui font partie du réseau de transport autour du port d’Abidjan. Deux problèmes expliquent cet écart de prix : Distorsion du marché par les opérateurs dominants : La structure du marché est principalement dominée par les entreprises de manutention portuaire qui sont également les plus grandes entreprises de camionnage en Côte d’Ivoire. Cette structure de marché permet aux opérateurs dominants d’allouer du fret à de petites entreprises de camionnage à des prix très bas. En conséquence, les petites entreprises de camionnage sont contraintes d’opérer à des tarifs bas, ce qui crée un comportement défavorable à court terme des chauffeurs de camion pour maximiser leurs profits (par exemple, surcharge des camions, manque de conteneurisation et manque d’investissement dans de nouveaux ca- mions). Outre les grandes entreprises de transport qui desservent le port, les autres sont soit des micro-entreprises, soit des entreprises informelles, dont les chauffeurs sont également les propriétaires - beaucoup d’entre elles vivent souvent à peine au-dessus du seuil de pauvreté et n’ont pas accès au crédit pour investir dans de nouveaux camions. Temps de rotation lents des camions : les longs retards au port d’Abidjan, les infrastructures déficientes et les barrages routiers entraînent de faibles temps de rotation pour les chauffeurs de camions (c’est-à-dire les trajets aller et retour). Les chauffeurs de camions doivent attendre longtemps pour décharger/charger les marchandises et en- treprendre les procédures de dédouanement au port d’Abidjan, ce qui réduit leur temps de transport effectif. D’autres éléments peuvent être ajoutés à l’équation : l’absence de parking pour les camions crée des encombrements à l’entrée du port et les mauvaises infrastructures routières augmentent les coûts de maintenance et de pneus, ainsi que les coûts de carburant. En conséquence, les marges des camionneurs sont limitées, ce qui les oblige à rester sur le marché informel et à ne pas investir dans le renouvellement de leurs biens d’équipement. La nouvelle Autorité de régulation des transports intérieurs (ARTI) est opérationnelle depuis mars 2020 et est chargée de réglementer le secteur des services de transport. L’ARTI doit s’efforcer de renverser la situation actuelle et de s’éloigner des pratiques opaques qui ont cours actuellement sur le marché des transports. Les principaux domaines politiques à prendre en compte sont les suivants : • Accroître l’accès au marché du transport en régularisant l’allocation des marchandises afin de réduire les distorsions de prix engendrées par quelques entreprises dominantes. • Créer l’espace permettant aux opérateurs professionnels d’entrer sur le marché. • Régulariser la profession de camionneur avec des critères clairs pour entrer sur le marché. • Moderniser la flotte de camions. • Augmenter le nombre de conteneurs (main invisible entre les taux de fret et la capacité de transport).124 123 SCD WB 2015 et PSIA 2015. 124 Marché du transport maritime par conteneurs - le commerce maritime est un facteur déterminant qui influe sur la demande de transport maritime. La demande de services de transport maritime modifie le taux de fret. L’augmentation du volume du commerce maritime entraîne une augmentation de la demande de services de transport maritime. Lorsque la demande de transport maritime dépasse l’offre, le taux de fret augmente. Les taux de fret coordonnent la décision des transporteurs et des expéditeurs de faire des affaires pour des services de transport maritime sur le marché du transport maritime par conteneurs. Des taux de fret élevés encouragent la croissance des services de transport. La relation entre les services commerciaux et les taux de fret peut être caractérisée comme la «main invisible» qui contrôle le marché du transport maritime par conteneurs. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 145 Annexe 4 : Analyses complémentaires du chapitre 5 A4.1. Rendements pour certains produits agricoles et pays Le tableau A4.1 présente les rendements et les superficies cultivées pour certains produits en Côte d’Ivoire et dans les pays de référence. Contrairement au reste du rapport, les pays de référence sont ici des pays auxquels les performances de la Côte d’Ivoire sont comparées pour un produit de base donné. Ils sont sélectionnés sur la base de leur rendement et de leur superficie cultivée pour un produit donné. Le Viêt Nam et le Bénin, qui sont les pays de référence de la Côte d’Ivoire, sont également inclus. Tableau A4.1: Rendements et zones de culture pour les produits sélectionnés Commodity Country Area (1000 Ha) Yield (T on/Ha) Côte d’Ivoire 780 2.6 Madagascar 943 4.2 Bangladesh 11,400 4.6 Rice Indonesia 14,600 5.2 Brazil 2,151 5.5 Vietnam 7,760 5.7 Côte d’Ivoire 653 6.4 Angola 880 11.1 Cameroon 344 14.1 Cassava China 290 16.4 Brazil 1,453 14.6 Paraguay 179 15.1 Côte d’Ivoire 1,455 0.42 Cashew India 1,004 0.74 Côte d’Ivoire 657 0.15 Indonesia 1,237 0.54 Coffee Colombia 774 0.91 Brazil 1,987 1.51 Vietnam 594 2.41 Côte d’Ivoire 232 1.6 Philippines 212 2.0 Rubber India 453 2.1 Guatemala 101 3.4 Côte d’Ivoire 1,075 6.1 Yams Nigeria 5,417 8.0 Benin 210 14.2 Source : FAOSTAT (2020). 146 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique A4.2. Tableaux supplémentaires Tableau A4.2 : Déterminants de l’inefficacité technique Variables Coef Erreur Std Fertilité du sol (1 si oui) -0.068 0.131 Usage domestique de phyto (1 si oui) -0.094 0.138 Utilisation d’engrais organiques par le ménage (1 si oui) 0.233 0.289 Utilisation par les ménages de semences améliorées (1 si oui) -0.607** 0.236 Diversification (nombre de cultures par ménage) -1.210*** 0.205 Irrigation à usage domestique (1 si oui) 0.269 0.246 Variable binaire culture (1 pour le riz) -1.847*** 0.441 Variable binaire culture (1 si maïs) 0.125 0.265 Variable binaire culture (1 si manioc) -1.583*** 0.408 Variable binaire culture (1 si igname) -1.813*** 0.395 Variable binaire culture (1 si café) -2.058*** 0.660 Variable binaire culture (1 si hévéa) -0.531* 0.292 Variable binaire culture (1 si noix de cajou) -1.564*** 0.327 Variable binaire culture (1 si cacao) -1.671*** 0.308 Années d’études -0.018 0.013 Sexe du chef de famille (1 si homme) -0.287* 0.159 Taille du ménage -0.015 0.018 Sexe du chef de famille 0.004 0.004 Crédit informel (1 si oui) -0.349* 0.205 Achat d’intrants par coopérative (1 si oui) -1.410*** 0.372 Mécanisé (1 si oui) -0.836*** 0.281 Source : EHCVM-UEMOA-CIV-2019. Tableau A4.3 : Participation à des activités génératrices de revenus, par quintile de richesse des ménages ruraux   Quintiles de richesse des ménages ruraux     1 2 3 4 5 Total Groupe I (1) Agriculture - cultures 0.836 0.812 0.753 0.707 0.532 0.721 (2) Agriculture - élevage 0.141 0.128 0.1 0.106 0.097 0.114 (3) Emploi salarié agricole 0.084 0.063 0.063 0.037 0.045 0.058 (4) Emploi salarié non agricoles 0.149 0.146 0.16 0.196 0.334 0.202 (5) Travail indépendant non agricole 0.231 0.27 0.315 0.346 0.5 0.338 (6) Transferts 0.198 0.26 0.32 0.357 0.412 0.313 (7) Autres 0.036 0.024 0.051 0.048 0.113 0.056 Groupe II (1+2+3) Agriculture : Total 0.885 0.852 0.804 0.744 0.581 0.767 (4 +5+6+7) Hors agriculture : Total 0.491 0.559 0.64 0.695 0.859 0.656 Groupe III (1+2) Total exploitation 0.853 0.823 0.76 0.723 0.554 0.736 (4+5) Total hors exploitation 0.351 0.389 0.434 0.495 0.71 0.484 (6+7) Transferts et autres 0.218 0.274 0.351 0.382 0.463 0.342 (3+4+5+6+7) Total hors exploitation 0.491 0.559 0.64 0.695 0.859 0.656 Observations 1544 1543 1543 1543 1543 7716 Source : Calculs des auteurs, EHCVM 2019. Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 147 Tableau A4.4 : Part des activités génératrices de revenus dans le revenu total, par quintile de richesse des ménages ruraux   Quintiles de richesse des ménages ruraux     1 2 3 4 5 Total (1) Agriculture - cultures 0.551 0.520 0.455 0.386 0.225 0.417 (2) Agriculture - élevage 0.038 0.025 0.018 0.026 0.012 0.023 (3) Emploi salarié agricole 0.037 0.027 0.024 0.015 0.014 0.023 (4) Emplois salariés non agricoles 0.103 0.107 0.118 0.159 0.271 0.158 (5) Travail indépendant non agricole 0.177 0.203 0.240 0.258 0.325 0.245 (6) Transferts 0.077 0.109 0.123 0.145 0.109 0.113 (7) Autres 0.016 0.009 0.022 0.012 0.043 0.022 (1+2+3) Agriculture : Total 0.627 0.572 0.497 0.426 0.251 0.462 (4 +5+6+7) Hors agriculture : Total 0.373 0.428 0.503 0.574 0.749 0.538 (1+2) Dans l'exploitation : Total 0.589 0.545 0.473 0.412 0.237 0.440 (3+4+5+6+7) Total hors exploitation 0.411 0.455 0.527 0.588 0.763 0.560 Observations 1544 1543 1543 1543 1543 7716 Source : Calculs des auteurs, EHCVM 2018. 148 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique Références juridiques - notes de fin de document (chapitre 3) Article 90 du Traité de l’UEMOA. La Commission de l’UEMOA est soutenue par un Comité Consultatif en matière de concurrence, composé de deux représentants de chaque Etat membre de l’UEMOA, qui émet un avis non contraignant avant la décision de la Commission. Les agences nationales de la concurrence sont soumises à plusieurs obligations vis- à-vis de la Commission de l’UEMOA, notamment (i) la transmission des demandes de certificat négatif ; (ii) la transmission des notifications d’exemption et des plaintes ; (iii) l’envoi d’un rapport trimestriel à la Commission avec des informations sur les enquêtes de marché ; (iv) le suivi de la mise en œuvre des décisions imposant une sanction ; (v) la notification des aides d’État et l’envoi d’un rapport trimestriel à la Commission ; et (vi) la publication d’un rapport annuel sur la concurrence dans le pays : voir la directive n° 02/2002/CM/UEMOA relative à la coopération entre la Commission et les structures nationales de concurrence des États membres pour l’application des articles 88, 89 et 90 du traité de l’UEMOA. Directive N° 02/2002/CM/UEMOA Relative à la Coopération entre la Commission et les Structures Nationales de Concur- rence des États Membres pour l’Application des Articles 88, 89 et 90 du Traité de l’UEMOA, Article 3.1. Directive N° 02/2002/CM/UEMOA Relative à la Coopération entre la Commission et les Structures Nationales de Concur- rence des États Membres pour l’Application des Articles 88, 89 et 90 du Traité de l’UEMOA, Article 3.4. WBG, République du Sénégal. 2016. Une évaluation de l’impact à court terme de la CEDEAO-CET et de l’UE-APE au Sé- négal, p. 15. Mor Bakhoum et Julia Molestina. 2011. Cohérence institutionnelle et efficacité d’une politique régionale de la concurrence : le cas de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Institut Max Planck pour la propriété intellectuelle et le droit de la concurrence, document de recherche n° 11-17, p. 4-5. Ordonnance n ° 2019 - 389 du 8 mai 2019 modifiant l’ordonnance n° 2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concur- rence, ratifiée par la loi n° 2013-877 du 23 décembre 2013, le 8 mai 2019. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 43. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, article 11. Les accords ayant des effets anticoncur- rentiels peuvent toutefois être exemptés de l’interdiction du droit de la concurrence, à condition qu’ils contribuent à amé- liorer la production ou la distribution des biens ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux consommateurs une partie équitable du profit qui en résulte. En outre, ils ne peuvent pas être exemptés : (i) imposer aux entreprises concernées des restrictions qui ne sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs ; et (ii) donner à ces entreprises la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie substantielle des produits en cause. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 12. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 12. Commission de la Concurrence, Rapport d’Activité, Janvier–Février–Mars 2020. Les abus d’exploitation désignent les pratiques par lesquelles l’entreprise dominante profite de son pouvoir de marché pour obtenir des loyers des consommateurs d’une manière qu’une entreprise non dominante n’aurait pas pu obtenir (par exemple, prix excessifs ou imposition de clauses et conditions abusives) ; les abus d’exclusion désignent les pratiques diri- gées contre des rivaux qui causent indirectement une perte de bien-être pour le consommateur en limitant la capacité des rivaux à faire face à la concurrence (par exemple, prix d’éviction) Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 15. La législation sur la concurrence déloyale traite de la protection des entreprises contre les pratiques commerciales trom- peuses. Le droit de la concurrence, en revanche, interdit aux entreprises de restreindre la concurrence sur le marché par des accords ou des comportements unilatéraux qui, en fin de compte, nuisent aux consommateurs (par exemple, des prix plus élevés, moins d’innovation, moins de diversité). Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 18. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 22. Directive N° 02/2002/CM/UEMOA relative à la Coopération entre la Commission et les Structures Nationales de Concur- rence des États Membres pour l’Application des Articles 88, 89 et 90 du Traité de l’UEMOA, Article 5.2. La Commission a également une compétence exclusive pour enquêter et adopter des décisions sur les questions visées dans les règlements : 02/2002/CM/UEMOA sur les pratiques anticoncurrentielles au sein de l’UEMOA ; N° 03/2002/CM/UEMOA, sur les règles de procédure applicables aux accords anticoncurrentiels et aux abus de position dominante au sein de l’UEMOA ; et N° 04/2002/CM/UEMOA concernant les aides d’État au sein de l’UEMOA et les critères d’application de l’article 88 (c) du Traité de l’UEMOA concernant les aides illégales (article 5.4). Réglement N° 03/2002/CM/UEMOA relatif aux procédures applicables aux ententes et abus de position dominante à Côte d’Ivoire Mémorandum Économique I 149 l’intérieur de l’UEMOA, Article 28.4. Commission de la Concurrence, Rapport d’activité, Janvier-Février-Mars 2020 : joint venture entre Abidjan Compagnie SA, NSIA Banque Côte d’Ivoire SA et Diamond Bank SA (octobre 2018) ; joint venture entre MTN et Orange (octobre 2018) ; joint venture entre Atlas Services Belgium SA et MTN (Dubaï) Limited pour une plateforme de monnaie mobile (février 2019) ; transfert du contrôle des sociétés détenues par Allianz Africa SA à Sunu Participations Holding SA (mars 2019) Union Européene et UEMOA, Étude pour la Définition d’un Cadre de Référence de la Politiquue Communautaire de la Concurrence de l’UEMOA” . 22; Julia Molestina, Regional Competition Law Enforcement in Developing Countries (Springer, 2019), pp. 175-176. Ibid, article 2. Décret n° 2017-411 portant attributions, organisation et fonctionnement de la Commission de la Concurrence et de la Lutte contre la Vie chère, le 21 juin 2017. Ibid, article 4. Son conseil d’administration est composé de 10 membres nommés par le gouvernement pour une période de 5 ans (renouvelable une fois) ; les membres du conseil sont choisis parmi un groupe de personnes reconnues pour leur compétence et leur intégrité morale (magistrats, hauts fonctionnaires spécialisés dans les questions économiques, de concurrence ou de consommation, ainsi que dans le secteur privé ou la société civile). Ibid, article 20. Ibid, article 37. Décret n° 2017-411 portant attributions, organisation et fonctionnement de la Commission de la Concurrence et de la Lutte contre la Vie chère, le 21 juin 2017, Article 3. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 7. Ordonnance n ° 2019 - 389 du 8 mai 2019 modifiant l’ordonnance n° 2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concur- rence, ratifiée par la loi n° 2013-877 du 23 décembre 2013, le 8 mai 2019, new Article 3 of the Competition law. Bien que certaines juridictions autorisent la régulation des prix dans des circonstances exceptionnelles et limitées dans le temps, il s’agit d’une tâche confiée au gouvernement, et non à l’autorité de la concurrence (par exemple, la Roumanie - voir l’article 4, paragraphe 3, de la loi roumaine sur la concurrence). Décret n° 2017-410 du 21 juin 2017portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil national de Lutte contre la Vie chère. Décret n° 2017-410 du 21 juin 2017portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil national de Lutte contre la Vie chère, Article 1. Décret n° 2017-410 du 21 juin 2017portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil national de Lutte contre la Vie chère, Article 5. Décret n° 2017-410 du 21 juin 2017portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil national de Lutte contre la Vie chère, Article 2. Ordonnance 2013-662, du 30 septembre 2013 relative à la concurrence, Article 5. Commission de la Concurrence, Rapport d’activité, 2019. ARTCI, Décision 2019-0501, Section 9 ; 2018-0454, etc. ARTCI, Décision 2019-0501. Voir aussi OMC (2017). ARTCI, Dossier de presse relatif au retrait des licences des opérateurs défaillants. 2016. Ordonnance 2012-293. ARTCI, Décision 2019-0500, 2019-0489, 2019-0488, 2019-0487, etc. ARTCI, Décision 2019-0500, 2019-0489, 2019-0488, 2019-0487, etc. ARTCI, Décision 2016-218. ARTCI, décision 2019-0501. Ordonnance 2012-29.3. ARTCI, Décision 2017-0261. Commission de la Concurrence, Rapport d’activité, 2019. 150 I Côte d’Ivoire Mémorandum Économique