RAPPORT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN MAURITANIE Le secteur privé au centre de la transformation économique et de la création d’emplois. RAPPORT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN MAURITANIE Le secteur privé au centre de la transformation économique et de la création d’emplois. © 2022 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone: 202-473-1000; Internet: www.worldbank.org Certains droits réservés Ce travail est un produit de l’équipe de la Banque mondiale. Les constatations, interprétations et conclusions figurantes dans ce rapport ne représentent pas nécessairement l’opinion des administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données contenues dans ce rapport. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations figurant sur les cartes n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire ou l’approbation ou l’acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le contenu de cet ouvrage est protégé par le droit d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connaissances, cet ouvrage peut être reproduit, en totalité ou en partie, à des fins non commerciales, à condition d’en faire dûment mention. Attribution: veuillez citer le travail comme suit: “Banque mondiale. 2022. Cinquième rapport sur la situation économique de la Mauritanie: mettre le secteur privé au service de la transformation économique et de la création d’emplois © Banque mondiale. “Toutes les demandes concernant les droits et les licences, y compris les droits subsidiaires, doivent être adressées au Bureau de l’éditeur, Banque mondiale, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA, fax 202-522-2422, e-mail pubrights@ worldbank.org. 202-522-2625; courriel: pubrights@worldbank.org. Avant-propos Le rapport sur la situation économique en Mauritanie (RSEM) est une publication périodique de la Banque mondiale qui met en évidence les tendances économiques récentes et discute des questions de développement pertinentes pour le pays. Le RSEM s’appuie sur les rapports analytiques existants de la Banque mondiale pour présenter les questions économiques et sociales actuelles. Il est destiné au grand public et sert de véhicule pour lancer un débat factuel sur les choix économiques parmi les principales parties prenantes nationales, notamment les décideurs politiques et les citoyens. Cette cinquième édition du RSEM se compose de deux parties. La première partie présente un compte rendu de la situation économique en 2021 et les perspectives économiques pour 2022-24, ainsi qu’un aperçu des risques et des défis et de certaines options politiques. La deuxième section examine le potentiel et les contraintes du secteur privé pour soutenir la transformation économique et la création d’emplois. La deuxième section a été réalisée avec le soutien financier de l'Union européenne. Ce rapport a été préparé par une équipe multisectorielle de la Banque mondiale dirigée par Felix Oppong. Le chapitre 1 a été rédigé par Felix Oppong, Urbain Thierry Yogo, Maria Elkhdari et Djibril Ndoye. Le chapitre 2 a été rédigé par Cristina Navarrete Moreno, Sarah Zekri, Aarti Reddy, Teslem Zein et Graciella Miralles Murciego. Marcio Cruz, Kyung Min Lee, Antonio Soares Martins Neto et Santiago Reyes Ortega ont apporté un soutien important à la mise en œuvre de l’enquête sur l’adoption de technologies par les entreprises, notamment en fournissant des données et des conseils analytiques pour le chapitre 2. L’équipe remercie Edouard Al-Dahdah, Ernest Sergenti, Daniel Reyes, et Olivia-Kelly Lonkeu pour leurs commentaires et réactions. L’équipe remercie également les pairs examinateurs Vincent Palmade, Zeljko Bogetic et Stefka Slavova. L’équipe est reconnaissante à Loana Billeux et Khadijetou Cisse pour leur soutien pendant la préparation et la diffusion du rapport. L’équipe tient à exprimer sa reconnaissance aux autorités mauritaniennes pour leur soutien, en particulier le Ministère des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, le Ministère des Finances, et la Banque Centrale de Mauritanie. Le rapport a été préparé sous la direction générale de Nathan Belete, Cristina Santos, Theo Thomas et Consolate Rusagara. L’équipe remercie Micky Ananth et Theresa Bampoe pour leur soutien administratif. Les projections macroéconomiques datent de mai 2022. Les données historiques datent de décembre 2021. Des informations sur la Banque mondiale, ses activités en Mauritanie, ainsi que des copies électroniques de cette publication sont disponibles via ce lien: www.worldbank.org/en/country/mauritania. Table des matières LISTE DES ABRÉVIATIONS 10 RÉSUMÉ EXÉCUTIF 13 L’Etat de l’économie 15 Développer le secteur privé pour une transformation structurelle créatrice d’emplois 18 Recommandations pour renforcer la stabilité macroéconomique et dynamiser le secteur privé 20 ‫ملخص تنفيذي‬ 22 CHAPITRE 1: DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES RÉCENTS ET PERSPECTIVES 27 1.1. Alors que l’activité économique reste en deçà des niveaux d’avant COVID-19, la croissance a repris en 2021, soutenue par une demande plus forte et une amélioration de l’activité dans le secteur tertiaire 28 1.2. Les pressions inflationnistes se sont intensifiées en 2021 due à la hausse des prix des produits alimentaires et énergetiques. 34 1.3. Les pressions extérieures se sont accentuées en 2021 avec l’augmentation des importations d’énergie et de denrées alimentaires. 36 1.4. La politique monétaire a été favorable à la reprise économique en 2021, tandis que le secteur bancaire a souffert de l’effet de la crise sur la qualité des actifs. 42 1.5. La situation budgétaire est restée solide grâce à l’amélioration du recouvrement des recettes et des revenus miniers, bien que l’exécution du budget ait rencontré des difficultés. 48 1.6. 1.6. La politique de la dette en 2021 a été axée sur la réduction de l’encours de la dette et le maintien de la viabilité de la dette. 51 1.7. 1.7. Perspectives économiques pour 2022-24: Le cadre macroéconomique est favorable mais soumis à des risques importants. 53 CHAPITRE 2: SECTEUR PRIVÉ ET TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE POUR DES EMPLOIS DE QUALITÉ 59 2.1. La Mauritanie fait face à une opportunité majeure pour développer le secteur productif et accélérer la création d’emplois. 60 2.2. Un petit secteur privé formel, tiré par les plus grandes entreprises qui stimulent la croissance et la création d’emplois. 64 2.3. Adoption limitée des technologies par les entreprises 70 2.3.1. Électricité, technologies de l’information et de la communication (TIC) et réseaux sociaux 71 2.3.2. Obstacles à l’adoption des technologies 75 2.4. Accès aux services financiers et développement des marchés financiers 76 2.5. Les politiques publiques ne fournissent pas le soutien nécessaire au secteur privé 84 2.6. Options de politiques publiques et actions à envisager 87 ANNEXE A. Résumé de la Stratégie pour une croissance accélérée et une prospérité partagée et du Programme présidentiel prioritaire. 90 90 ANNEXE B. Tableaux statistiques 91 91 ANNEXE C. Informations complémentaires sur les entreprises 92 Annexe D. Sélection de recommandations parmi les récents travaux analytiques de la Banque mondiale sur le secteur privé. 98 Annexe E. Analyse preliminaire de l’impact de la COVID-19 sur le secteur privé (mai 2020) 100 100 Références 104 Liste des figures Figure 1: La reprise de la croissance a été tirée par l’assouplissement des mesures de confinement et la hausse des prix des produits de base 31 Figure 2: L’industrie et les services ont soutenu la croissance du côté de l’offre 32 Figure 3: Du côté de la demande, la croissance a été impulsée par la reprise des investissements et de la consommation 32 Figure 4: La production de poisson a maintenu une tendance à la baisse 33 Figure 5: Le trafic aérien a repris en 2021 mais reste inférieur à son niveau avant la pandemie 33 Figure 6: Diminution significative des cas du COVID-19 33 Figure 7: Augmentation du taux de vaccination 33 Figure B1: Évolution trimestrielle de l’indice des prix à la consommation 38 Figure B2: Évolution trimestrielle de l’indice des prix à la consommation par composante 39 Figure B3: Ménages confrontés à des hausses de prix alimentaires 39 Figure B4: Évolution de l’inflation alimentaire et de la pauvreté 39 Figure 8: Les exportations ont connu une diminution due à la baisse de la production d’or et de cuivre 40 Figure 9: Les importations ont augmenté tirées par la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires 40 Figure 10: La diversification des exportations a diminué en Mauritanie au cours de la dernière décennie 41 Figure 11: La pandémie et les prix sur les marchés internationaux ont entraîné un changement de partenaires commerciaux au cours des deux dernières années 41 Figure 12: La croissance du crédit s’est accélérée en 2021, impulsée par les secteurs de la pêche et des services 46 Figure 13: Les prêts à court terme ont fortement contribué à la croissance des crédits en 2021 46 Figure 14: Le niveau des prêts non productifs (PNP) a augmenté depuis le début de la pandémie 46 Figure 15: Les prêts non productifs sont plus élevés en Mauritanie que dans les pays pairs 47 Figure 16: La Mauritanie reste en dessous de ses pairs structurels en termes d’inclusion financière 47 Figure 17: La solde budgétaire est restée excédentaire en 2021. 49 Figure 18: Augmentation des recettes minières et fiscales 50 Figure 19: Augmentation des dépenses, compensée par les recettes 50 Figure 20: Le ratio dette/produit intérieur brut a diminué en 2021 avec la reprise de la croissance 52 Figure 21: La croissance augmentera encore en 2022 mais restera inférieure au niveau pré-pandémique 57 Figure 22: Indicateurs de la dette extérieure publique et garantie par l’État par rapport au PIB (a) et du service de la dette par rapport aux recettes (b) en cas de choc extrême, 2021-31 57 Figure 23: Taux d’occupation avant, pendant et après le COVID-19 (en pourcentage) 63 Figure 24: Cadre pour l’emploi et transformation économique 63 Figure 25: Création d’entreprises formelles 2015-21 68 Figure 26: Densité des nouvelles entreprises par rapport au produit intérieur brut par habitant 68 Figure 27: Répartition sectorielle des entreprises mauritaniennes 69 Figure 28: Répartition du nombre d’entreprises, de l’emploi et des revenus 69 Figure 29: Les marges extensive et intensive varient selon les fonctions commerciales 74 Figure 30: Part des entreprises disposant d’internet, d’un site web propre et de médias sociaux 74 Figure 31: Obstacles perçus à l’adoption de la technologie 75 Figure 32: Accès au compte financier par catégorie 82 Figure 33: Politique de concurrence et de lutte contre les monopoles basée sur le marché 2020, 1-10 (10 = meilleur) 82 Figure 34: Concurrence nationale 2019, 1-100 (100 = meilleur) 83 Figure 35: Risques pour les entreprises mauritaniennes liés à la faiblesse des politiques de concurrence, 0-4 (4 = Risques les plus élevés) 83 Figure 36: Evolution du cadre de la politique du secteur privé en Mauritanie 85 Figure 37: Acteurs mauritaniens du soutien aux écosystèmes 86 Figure C1: Répartition de l’âge, de la localisation et de la taille des entreprises formelles (basé sur le nombre d’employés) 93 Figure C2: Part de l’emploi et du chiffre d’affaires par secteur, grandes entreprises et autres services 93 Figure C3: Score Doing Business 2020 (Min = 0 et Max = 100) 94 Figure C4: Score global de l’indice mondial de l’entrepreneuriat pour la Mauritanie, l’Afrique de l’Ouest et la moyenne mondiale 95 Figure C5: Indice de compétitivité globale 2017-18 95 Figure C6: Les fonctions générales de l’entreprise et leurs technologies 96 Figure C7: Indice d’insécurité alimentaire (approche FIES) 96 Figure C8: La Mauritanie prend du retard sur ses pairs en matière de gestion de la dette publique et de transparences pratiques 97 Figure C9: Les marges extensive et intensive varient pour les fonds d’entreprises 97 Liste des tableaux Tableau1: Évolution de la structure du système financier (2014-20) 80 Tableau 2: Sélection d’indicateurs macroéconomiques (variation en %, sauf indication contraire) 91 Tableau 3: Répartition sectorielle d’entreprises de différentes tailles 92 Tableau 4: Distribution des entreprises par taille et par secteur (Enquête 2022 sur l’adoption de technologies par les entreprises) 94 Liste des encadrés Encadré 1: Impact de l’inflation sur la pauvreté monétaire 38 Encadré 2: Sources des données sur les entreprises 66 Liste des abréviations AVD Évaluation de la viabilité de la dette BCM Banque centrale de Mauritanie (Banque centrale de Mauritanie) CAR Ratio d'adéquation des fonds propres DPO Opération de politique de développement DTS Droit de tirage spécial ENESI Enquête nationale sur l'emploi et le secteur informel en Mauritanie FADES Fonds arabe pour le développement économique et social FMI Fonds monétaire international G/A En glissement annuel GRAS Enquête sur l'adoption de la technologie au niveau des entreprises GTA Grande tortue/Ahmeyim IDE Investissement direct étranger ISSD Initiative de suspension du service de la dette JET Emplois et transformation économique LCR Ratio de couverture des liquidités MPME Micro, petite et moyenne entreprise NFNCPRS Système national de prévention et de réponse aux crises alimentaires et nutritionnelles ONU Organisations des Nations Unies PIB Produit intérieur brut PME Petites et moyennes entreprises PNP Prêt non productifs PROPEP Programme de priorités présidentielles RSEM Rapport sur la situation économique en Mauritanie Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée SCAPP (Strategy for Accelerated Growth and Shared Prosperity) SNIM Société Nationale Industrielle et Minière SOE Entreprise d'État TIC Technologies de l'information et des communications UN-GSDSTF Enquête mondiale de l'ONU sur la facilitation du commerce numérique et durable Résumé R exécutif La Mauritanie mise sur le Ce cinquième rapport sur la situation économique de la Mauritanie s’inscrit développement du secteur privé en droite ligne des objectifs de développement définis dans le cadre de pour accélérer la diversification la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) et de son économie et promouvoir propose une analyse des contraintes et opportunités du secteur privé comme une croissance forte, durable et moteur de transformation économique et de création d’emplois. La première inclusive. partie du rapport analyse les développements économiques récents et les perspectives pour 2022-24, tout en soulignant quelques facteurs de risque, notamment la résurgence des cas de COVID-19 et les retombées du conflit en Ukraine. La deuxième partie examine les principaux moteurs et obstacles au développement du secteur privé. Enfin, le rapport propose des options de politique pour promouvoir une croissance durable et inclusive afin de réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Le rapport utilise les données macroéconomiques disponibles auprès du gouvernement à fin mai 2022 et intègre une première évaluation de l’impact du conflit en Ukraine. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 14 L’Etat de l’économie Selon les estimations, la croissance est remontée à 2,4% (-0,3% par habitant) La reprise de l’activité économique en 2021, après une contraction de 0,9% en 2020 (-3,6% par habitant), a été forte en 2021, mais en alimentée par une hausse de la consommation privée et de l’investissement, dessous de sa moyenne historique ainsi que par une meilleure performance du secteur des services due en et de son potentiel de croissance. partie à l’assouplissement des mesures de confinement. La croissance a été affectée par la baisse de la production d’or de la mine de Taziast, celle- ci ayant toutefois été partiellement compensée par l’augmentation de la production artisanale d’or et de fer, qui a réagi positivement à la hausse des prix mondiaux des produits de base. L’impact négatif de la pandémie sur les activités humaines, économiques et sociales a nettement diminué en 2021, reflétant la reprise de la croissance et l’efficacité des mesures d’atténuation mises en œuvre par le gouvernement. Le nombre de personnes tombant dans l’extrême pauvreté a diminué et est estimé à 7 200 contre 38 000 en 2020. L’inflation globale est passée de 1,4% en glissement annuel (g/a) en octobre L’inflation a poursuivi sa tendance 2020 à 8,2% (g/a) en avril 2022, principalement en raison de la hausse des haussière tout au long de 2021 et au prix des denrées alimentaires. L’inflation moyenne annuelle est passée de premier trimestre 2022, catalysée 2,4% en 2020 à 3,5% en 2021, sous l’effet de la hausse des prix des denrées par un rebond de la demande, la persistance des contraintes alimentaires, contribuant à hauteur de 2,9 points de pourcentage à l’indice en d’approvisionnement liées au 2021. La réponse du gouvernement à la pandémie a contribué à faire baisser COVID-19 et de la hausse des prix les prix des services de santé, diminuant de 5,5 points de pourcentage entre des produits de base due au conflit 2020 et 2021. en Ukraine. Les autorités ont continué à maintenir une marge de fluctuation étroite En 2021, la politique monétaire a avec le dollar américain, les réformes visant à accroître la flexibilité du taux visé à garantir la stabilité du taux de change, à approfondir le marché interbancaire de change et à mettre en de change par des interventions sur œuvre un autre cadre de politique monétaire ayant été retardées en raison le marché des changes. de la pandémie. Le taux de change s’est apprécié de 3% en glissement annuel par rapport au dollar américain en 2021.1 La Banque centrale de Mauritanie (BCM) a fourni des devises sur le marché officiel pour les transactions en compte courant au début de 2021, tout en maintenant des réserves adéquates. 15 Rapport sur la situation économique en Mauritanie La situation budgétaire est restée Le solde budgétaire global a enregistré un excédent de 2,1% du produit excédentaire en 2021, grâce à intérieur brut (PIB) en 2021, au même niveau qu’en 2020. Les dépenses de solides recettes minières et totales ont augmenté pour atteindre 19,2% du PIB en 2021, contre 18,2% fiscales. en 2020, grâce à l’augmentation des dépenses d’investissement financées sur ressources propres et des transferts courants. Toutefois, l’exécution n’a atteint que 85% du budget révisé, en raison d’une sous-exécution des dépenses en biens et services, des transferts ainsi que des difficultés de mise en œuvre des projets d’investissement. Les recettes totales ont augmenté, passant de 20,4% du PIB en 2020 à 21,4% en 2021, sous l’effet de la hausse des impôts directs, notamment ceux sur les biens et services, et des taxes sur le commerce international, reflétant l’amélioration de l’activité économique et le renforcement de la demande intérieure. Les recettes non fiscales ont augmenté en raison des paiements élevés de dividendes par les Etablissements et Entreprises publics (EEP) résultant de la hausse des prix internationaux. Les subventions ont légèrement augmenté, passant de 2% du PIB en 2020 à 2,1% en 2021. Le ratio dette/PIB a diminué en La dette publique totale par rapport au PIB a diminué, passant de 55,8% en 2021 en raison de la reprise de la 2020 à 51,7% en 2021. La majeure partie de la dette publique mauritanienne croissance et d’un solde budgétaire est concessionnelle, les paiements d’intérêts ne représentant que 3,7% des excédentaire. recettes totales en 2021. Cependant, avec 85% de la dette publique libellés en devises étrangères, la vulnérabilité du profil de la dette à la volatilité des taux de change reste élevée. En août 2021, la Mauritanie a conclu un accord final avec le Koweït concernant la restructuration d’une dette passive de longue date, estimée à 12,4% du PIB à la fin de 2020. L’accord comprend: (i) l’annulation de 95% des intérêts dus cumulés; et (ii) l’étalement du remboursement du principal sur 20 ans, y compris un délai de grâce de deux ans, avec un taux d’intérêt de 0,5%. L’évaluation conjointe Banque mondiale- Fonds monétaire international (FMI) de la viabilité de la dette (AVD), réalisée en décembre 2021, a conclu que la dette de la Mauritanie est viable mais qu’elle reste exposée à un risque élevé de surendettement extérieur. Toutefois, l’accord de restructuration de la dette avec le Royaume d’Arabie saoudite annoncé en avril 2022, convertissant un dépôt non concessionnel de 300 millions de dollars américains à la Banque centrale en un prêt concessionnel, devrait passer l’évaluation du risque de viabilité de la dette, qui passera alors d’élevé à modéré. À moyen terme, la croissance La croissance économique devrait poursuivre sa reprise en 2022 pour devrait s’établir à 5,8% en moyenne atteindre 4,5%, grâce au renforcement de la production du secteur du fait d’une expansion du secteur extractif, au succès du déploiement des vaccins et à l’augmentation des extractif et des services. investissements du secteur public. Les secteurs extractif et tertiaire resteront les principaux contributeurs de la croissance, dans l’hypothèse d’une forte augmentation de la production minière entre 2022 et 2025. Le secteur des services continuera d’afficher une bonne reprise, avec une croissance de 5,8% en 2022, grâce à une nouvelle expansion du secteur des transports et du commerce brut et de détail. La politique budgétaire devrait s’assouplir à moyen terme, sous l’effet de la hausse des dépenses d’investissement, mais le ratio dette/PIB devrait suivre une tendance à la baisse, soutenue par une augmentation progressive du PIB nominal. La politique de la dette devrait rester axée sur le recours à des financements concessionnels et sur l’allongement du profil de la dette afin de garantir que le risque de détresse extérieure se stabilise à un niveau modéré à moyen terme. 1 La BCM applique un régime de change géré mais prévoit d’introduire des enchères compétitives régulières et une plus grande flexibilité des taux de change sur le marché des changes. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 16 Une pandémie de COVID-19 plus longue, une persistance du conflit en Ukraine Les perspectives et la volatilitéé des prix des produits de base pourraient se traduire par une macroéconomiques sont soumises baisse des activités économiques, des revenus, des réserves extérieures, à des incertitudes et à des catalyser des pressions inflationnistes et augmenter la pauvreté. En outre, risques qui pourraient affecter négativement la croissance et une mise en œuvre insuffisante ou lente des réformes de l’environnement d’autres agrégats. des affaires pourrait compromettre les perspectives de croissance non extractive. En outre, bien que la construction de la première phase du projet gazier offshore Grand Tortue - Ahmeyim (GTA) soit en cours, les deuxième et troisième phases pourraient connaître des retards, ce qui ralentirait les entrées d’investissements directs étrangers (IDE) et pèserait négativement sur la croissance et les perspectives budgétaires à moyen terme. Les risques d’insécurité régionale au Sahel restent une préoccupation, qui, s’ils se matérialisent, pourraient avoir un impact négatif sur l’économie et entraîner une augmentation des dépenses militaires. La Mauritanie est également exposée à des cycles récurrents de sécheresse qui ont un impact sur la production agricole et les revenus des ménages. Malgré un taux de croissance moyen de 3,7% au cours de la dernière Une croissance tirée par le décennie, la croissance n’a pas été inclusive. Ni l’économie traditionnelle secteur privé est essentielle pour de subsistance, basée sur l’élevage, l’agriculture et le petit commerce, réduire la pauvreté par la création ni l’économie orientée vers l’exportation, reposant sur les abondantes d’emplois tout en garantissant une soutenabilité budgétaire à moyen ressources naturelles du pays, n’ont été en mesure de créer des emplois plus et long terme. nombreux et de meilleure qualité pour satisfaire la demande croissante. Le degré de réussite de la Mauritanie en termes de réduction de la pauvreté et de croissance dépendra intrinsèquement de sa capacité à faciliter la transformation économique, à élargir la base économique au-delà de la croissance des secteurs public et extractif, à atténuer les incertitudes et à partager les impacts positifs de la croissance économique avec la majorité des citoyens. La dépendance excessive à l’égard des ressources naturelles a laissé l’économie peu diversifiée et vulnérable aux chocs mondiaux, tels que les chocs du COVID-19 et du conflit ukrainien. Un secteur privé bien développé et compétitif est essentiel à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté, surtout si le gouvernement s’associe au secteur privé pour réaliser des investissements publics traditionnels, canalisant ainsi les rentes du secteur extractif vers d’autres secteurs productifs de l’économie. Ceci permettrait de créer la résilience nécessaire pour atténuer les incertitudes mondiales grâce aux exportations de produits de base et de créer davantage d’emplois. 17 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Développer le secteur privé pour une transformation structurelle créatrice d’emplois Le secteur privé mauritanien est La plupart des entreprises en Mauritanie sont de petite taille, essentiellement de taille modeste, entravé par la informelles, et concentrées dans les secteurs du commerce et des services. taille des entreprises et un secteur Le pays se caractérise par des niveaux élevés d’informalité parmi les emplois informel prépondérant. principalement indépendants et salariés (84% de l’emploi total). Le secteur privé formel reste relativement faible en comparaison avec les pays pairs (2021). Le taux de création d’entreprises et la part des entreprises formelles qui paient des impôts sont faibles comptes tenus du statut de revenu intermédiaire inférieur. Selon les données de l’administration fiscale (2019), il y a environ 30 000 entreprises formelles actives dans le pays, mais seulement environ 1 400 (4,7%) sont enregistrées dans le système de paiement des impôts et paient des impôts. Parmi ces dernières, la plupart des entreprises formelles sont concentrées à Nouakchott (près de 90%), sont jeunes (près de 60% ont entre 6 et 10 ans), de petite taille (50% ont moins de 5 employés et 70% ont moins de 10 employés) et opèrent dans le commerce général et les services (respectivement 53% et 33%). Le développement d’entreprises En 2020, environ 57% de la population mauritanienne (15-64 ans) était en formelles de grande taille dans les age de travailler et avait besoin d’emplois bien rémunérés pour assurer leurs secteurs autres que l’extractif et la moyens de subsistance. La plupart des emplois privés formels sont fournis par pêche est essentiel pour stimuler la quelques grandes entreprises, notamment dans les secteurs de l’extraction création d’emplois et la génération et de la pêche. La valeur ajoutée aux exportations étant minime, le pays n’est de revenus. pas en mesure de créer dans le secteur privé les emplois nécessaires dans l’agriculture, le textile et la transformation du cuir. Les recettes sont générées principalement par le commerce et les autres services (60%) ainsi que par l’exploitation minière (20%). Ce dernier secteur a récemment connu une croissance importante en raison des activités d’exploitation artisanale de l’or. La participation des femmes à la main-d’œuvre et à la gestion dans le secteur privé formel est limitée. Le développement du secteur Dans le secteur privé formel, les défis à la croissance comprennent le privé, particulièrement des manque d’accès au financement, l’accès inadéquat à l’information sur PME, est également freiné par la les opportunités technologiques et les faibles niveaux d’innovation et faible adoption et utilisation des d’adoption des technologies. L’adoption des technologies par les PME est technologies. restée faible en 2021, en particulier en ce qui concerne l’utilisation des technologies soutenant les fonctions commerciales principales, telles que les ventes, l’approvisionnement, le contrôle de la qualité et le marketing. Cependant, l’adoption des technologies à des fins d’exécution de fonctions telles que l’administration, le traitement des paiements et la planification de la production, est relativement répandue, bien que l’utilisation reste limitée. L’adoption et l’utilisation des technologies sont plus faibles dans les petites entreprises que dans les grandes entreprises comptant plus de 10 employés. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 18 On observe les gains de la transformation économique lorsque la main- L’amélioration de la qualité d’œuvre et les ressources passent d’activités à faible productivité à des emplois par l’adoption des des activités à plus forte productivité. Des emplois de meilleure qualité technologies reste une question permettraient d’augmenter le revenu et le niveau de vie des ménages afin essentielle que le gouvernement doit aborder parallèlement aux de réduire la pauvreté et de redistribuer les gains provenant des secteurs réformes de croissance inclusive. extractifs. Pour améliorer la qualité des emplois, il faut mettre davantage l’accent sur le développement du capital humain afin de créer une plus grande flexibilité de mouvement entre les entreprises et les secteurs. En adoptant de meilleures technologies et en améliorant leurs capacités, les travailleurs restant dans les entreprises existantes pourraient également bénéficier de la croissance de la productivité au sein de l’entreprise. La faiblesse de la transformation économique en Mauritanie s’explique en partie par des investissements insuffisants dans le capital humain et la protection sociale, ainsi que par l’incapacité à mobiliser le soutien du secteur privé pour le développement. Le manque d’accès au financement est dû à un système d’infrastructure de Le problème de l’accès au crédit imparfait,2 qui rend plus difficile l’évaluation de la solvabilité des PME financement des PME reste par les intermédiaires financiers. De même, le secteur privé est limité par un structurel et profondément environnement juridique et judiciaire faible, ainsi que par une faible exécution enraciné. des contrats. L’accès au financement est difficile pour la vaste économie informelle, qui ne dispose pas de bilans financiers et fiscaux fiables, rendant difficile pour les banques l’évaluation du risque d’accorder un financement. Enfin, l’absence de délégation de crédit et les différents processus décisionnels entre les grandes et les petites entreprises augmentent le coût et le temps nécessaire pour obtenir un crédit. Ces contraintes structurelles continuent d’empêcher un financement opportun, moins coûteux et à long terme des projets des PME. Les prêts bancaires et les lignes de crédit sont les principales sources de Les contraintes d’accès au financement du secteur privé en Mauritanie. Selon l’enquête Firm-Level financement du secteur privé Adoption of Technology (FAT) de la Banque mondiale en 2022, seulement 15% freinent la croissance inclusive et la des entreprises ont déclaré avoir eu recours à un prêt au cours des années productivité. précédentes, tandis que 12% ont déclaré avoir eu besoin d’un prêt pour accroître leur production sans pour autant y avoir eu accès. Les contraintes d’accès au financement affectent surtout les petites entreprises, qui pourraient se développer plus rapidement si elles étaient soutenues par un environnement approprié. En 2018, la BCM a noté que les PME ne recevaient que 12% des prêts aux entreprises, les 88% restants allant aux grandes entreprises. Les PME qui déclarent avoir besoin d’un prêt s’abstiennent de s’adresser aux banques car elles ne disposent pas des garanties (sûretés) et des informations comptables exigées. 2 Le registre de crédit est distinct des fonctions du bureau dínformations sur le crédit, qui sont gérées par la BCM. 19 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Recommandations pour renforcer la stabilité macroéconomique et dynamiser le secteur privé Les mesures politiques clés Rechercher la viabilité budgétaire, en mettant l’accent sur l’amélioration du suivantes peuvent être envisagées. recouvrement des recettes non extractives en élargissant l’assiette fiscale pour inclure les groupes ou les entreprises qui échappent à l’impôt en raison de l’informalité et des exonérations fiscales. Le vaste secteur informel et les entreprises formelles qui ne paient pas d’impôts pourraient être atteints en renforçant l’administration fiscale pour qu’elle soit plus efficace dans la collecte des recettes, en rendant la déclaration électronique obligatoire pour les gros et moyens contribuables et en promouvant les paiements électroniques et mobiles, fournissant des données d’informations fiscales secondaires pour les contrôles fiscaux. En outre, le gouvernement devrait surveiller et publier chaque année les exonérations fiscales accordées aux entreprises afin de minimiser ces dépenses dans le temps. Se concentrer sur la réalisation de la transformation économique et des emplois de qualité en facilitant l’adoption et l’utilisation des technologies par les entreprises. Pour cela, le gouvernement doit mettre en œuvre des réformes permettant un partenariat avec le secteur privé, intégrer la culture de l’adoption et de l’utilisation des technologies, ainsi que le développement continu des compétences dans l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’adoption des technologies par les entreprises. À court terme, le gouvernement pourrait soutenir des projets qui intègrent la technologie dans les entreprises, automatisent les processus commerciaux et influencent les entreprises homologues pour qu’elles adoptent ces technologies. À moyen terme, le gouvernement pourrait soutenir les programmes de vulgarisation des technologies numériques qui favorisent une plus grande sensibilisation aux types et aux utilisations potentielles des technologies et l’adoption des technologies numériques, en particulier celles appliquées aux fonctions générales des entreprises, tels que l’administration des affaires, la planification de la production, le commerce électronique, les paiements numériques et le contrôle de la qualité. Renforcer l’accès au financement pour les PME tout en réformant la politique de concurrence qui permettrait aux entreprises de développer leur production, leur croissance et leur productivité. Le gouvernement a besoin d’une stratégie visant à résoudre le niveau élevé de prêts non performants (PNP) dans le secteur bancaire, pour permettre aux banques de fournir des financements aux PME qui sont perçues comme étant à haut risque. Le gouvernement pourrait rendre opérationnel le Fonds de garantie du crédit aux PME soutenu par la Banque mondiale par le biais de l’opération de politique de développement (DPO) d’urgence. Le gouvernement pourrait également soutenir les PME en créant un registre du crédit exhaustif et en offrant aux petites entreprises des formations qualifiantes, tels que la tenue de livres, la comptabilité, l’audit et les cadres de suivi. En outre, le gouvernement pourrait soutenir le développement d’institutions spécialisées, telles que des sociétés de crédit-bail ou d’affacturage et des institutions de crédit spécialisées dans les prêts aux PME et aux jeunes entreprises locales. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 20 Créer un système de sauvegarde de données qui recueille, surveille et publie des informations fiables et actualisées sur les entreprises. La sauvegarde de données des entreprises triangule les données des entreprises, tels que leurs importations, leurs prêts, leurs achats et leurs bénéfices, ce qui pourrait constituer un atout pour les agents des impôts. Cela réduirait les asymétries d’information, montrerait la reconnaissance des entreprises par l’État, réduirait les risques de prêter à ces entreprises et rendrait les données du secteur privé facilement accessibles. À moyen terme, cela inciterait également les entreprises à déposer leurs comptes annuels au registre du commerce et réduirait les coûts de conformité liés à l’application du Code général des impôts. 21 Rapport sur la situation économique en Mauritanie ‫ملخص تنفيذي‬ ‫ينسجم هذا التقرير الخامس حول الوضعية االقتصادية ملوريتانيا مع أهداف التنمية املحددة يف إطار إسرتاتيجية النمو‬ ‫‪ .1‬تعول موريتانيا عىل تنمية القطاع الخاص لترسيع تنوع‬ ‫املتسارع والرفاه املشرتك ويقرتح تحليال إلكراهات وفرص القطاع الخاص كمحرك للتحول االقتصادي وخلق الوظائف‪ .‬ويحلل‬ ‫اقتصادها وترقية منو قوي ومستدام وشامل‪.‬‬ ‫الجزء األول من التقرير التطورات االقتصادية الحديثة واآلفاق بالنسبة ل ‪ ،2024 – 2022‬مع إبراز بعض عوامل املخاطر‪،‬‬ ‫خاصة عودة ظهور حاالت كوفيد – ‪ 19‬وتأثريات النزاع يف أوكرانيا‪ .‬ويدرس الجزء الثاين محركات وعوائق تطوير القطاع‬ ‫الخاص‪ .‬ويقرتح التقرير يف األخري خيارات سياسة لرتقية منو مستدام وشامل من أجل تقليص الفقر وترقية رفاه مشرتك‪.‬‬ ‫ويستخدم التقرير بيانات االقتصاد الكيل املتوفرة لدى الحكومة يف نهاية مايو ‪ 2022‬ويدمج تقييام أول لتأثري النزاع يف‬ ‫أوكرانيا‪.‬‬ ‫وضعية االقتصاد‬ ‫وحسب التقديرات‪ ،‬فقد ارتفع النمو إىل ‪ -0,3%( 2,4%‬منو لكل رأس) يف ‪ ،2021‬بعد انكامش بنسبة ‪ 0,9%‬يف ‪-3,6( 2020‬‬ ‫‪ .2‬كان االنتعاش االقتصادي قويا يف ‪.2021‬‬ ‫‪ %‬منو لكل رأس)‪ ،‬يغذيه ارتفاع يف االستهالك الخصويص واالستثامر وكذا أداء أفضل لقطاع الخدمات ناجم جزئيا عن تخفيف‬ ‫إجراءات الحجر‪ .‬وتأثر النمو بهبوط إنتاج ذهب منجم تازيازت‪ ،‬رغم أن هذا االنخفاض تم تعويضه جزئيا بزيادة اإلنتاج‬ ‫التقليدي للذهب والحديد الذي تفاعل إيجابيا مع صعود األسعار العاملية للمواد األساسية‪ .‬وتراجع التأثري السلبي للجائحة‬ ‫بشكل ملموس عىل النشاطات البرشية واالقتصادية واالجتامعية يف ‪ ،2021‬عاكسا انتعاش النمو وفعالية إجراءات التخفيف‬ ‫املنفذة من طرف الحكومة‪ .‬وانخفض عدد األشخاص الذين نزلوا إىل الفقر املدقع ويقدر ب ‪ 7200‬مقابل ‪ 38000‬يف ‪.2020‬‬ ‫وارتفع التضخم العام من ‪ 1,4%‬عىل أساس سنوي يف أكتوبر ‪ 2020‬إىل ‪ 8,2%‬يف إبريل ‪ ،2022‬أساسا بسبب ارتفاع أسعار‬ ‫‪ .3‬واصل التضخم اتجاهه يف الصعود عىل طول ‪ 2021‬والفصل‬ ‫املواد الغذائية‪ .‬وارتفع متوسط التضخم السنوي من ‪ 2,4%‬يف ‪ 2020‬إىل ‪ 3,5%‬يف ‪ 2021‬تحت تأثري ارتفاع أسعار املواد‬ ‫األول من ‪ ،2022‬محفزا من طرف انتعاش الطلب وتواصل‬ ‫الغذائية‪ ،‬ما ساهم ب ‪ 2,9‬نقاط نسبة مئوية يف املؤرش يف ‪ .2021‬وساهمت استجابة الحكومة للجائحة يف هبوط أسعار‬ ‫إكراهات التموين املرتبطة بكوفيد – ‪ 19‬وارتفاع أسعار املواد‬ ‫الخدمات الصحية‪ ،‬حيث انخفضت ب ‪ 5,5‬نقاط نسبة مئوية بني ‪ 2020‬و‪.2021‬‬ ‫األساسية بسبب النزاع يف أوكرانيا‪.‬‬ ‫استمرت السلطات يف الحفاظ عىل هامش تقلب ضيق مع الدوالر األمرييك‪ ،‬ألن اإلصالحات الرامية إىل زيادة مرونة سعر‬ ‫‪ .4‬يف ‪ ،2021‬ركزت السياسة النقدية عىل ضامن استقرار سعر‬ ‫الرصف وتعميق سوق الرصف بني البنوك وتنفيذ إطار سياسة نقدية آخر تأخرت بسبب الجائحة‪ .‬وارتفع سعر الرصف بنسبة‬ ‫الرصف من خالل تدخالت يف سوق الرصف‪.‬‬ ‫‪ 3%‬عىل أساس سنوي مقارنة بالدوالر األمرييك بني ‪ 2020‬و‪ .2021‬لقد وفر البنك املركزي املوريتاين عمالت صعبة يف السوق‬ ‫الرسمية ملعامالت الحساب الجاري يف بداية ‪ 2021‬مع االحتفاظ باحتياطات النقد األجنبي مناسبة‪.‬‬ ‫وسجل رصيد امليزانية العام فائضا قدره ‪ 2,1%‬من إجاميل الناتج املحيل يف ‪ ،2021‬عند املستوى نفسه يف ‪ .2020‬وزادت‬ ‫‪ .5‬ظلت وضعية امليزانية يف فائض يف ‪ 2021‬بفضل إيرادات‬ ‫النفقات اإلجاملية لتبلغ ‪ 18,2%‬من إجاميل الناتج املحيل يف ‪ 2021‬مقابل ‪ 19,1%‬يف ‪ 2020‬بفضل زيادة نفقات االستثامر‬ ‫معدنية ورضيبية قوية‪.‬‬ ‫املمولة من املوارد الذاتية والتحويالت الجارية‪ .‬ومع ذلك‪ ،‬مل يبلغ التنفيذ إال ‪ 85%‬من امليزانية املراجعة بسبب نقص تنفيذ‬ ‫النفقات من السلع والخدمات والتحويالت وكذا مصاعب تنفيذ مشاريع االستثامر‪ .‬وزادت اإليرادات اإلجاملية فارتفعت‬ ‫من ‪ 20,3%‬من إجاميل الناتج املحيل يف ‪ 2020‬إىل ‪ 21,2%‬يف ‪ 2021‬تحت تأثري ارتفاع الرضائب املبارشة‪ ،‬خاصة الرضائب‬ ‫عىل السلع والخدمات والرسوم عىل التجارة الدولية‪ ،‬ما يعكس تحسن النشاط االقتصادي وتعزيز الطلب الداخيل‪ .‬وزادت‬ ‫اإليرادات غري الرضيبية بسبب املدفوعات املرتفعة لألرباح من طرف املؤسسات والرشكات العمومية الناجمة عن ارتفاع‬ ‫األسعار العاملية‪ .‬وزادت اإلعانات بشكل طفيف فارتفعت من ‪ 2%‬من إجاميل الناتج املحيل يف ‪ 2020‬إىل ‪ 2,1%‬يف ‪.2021‬‬ ‫لقد انخفضت نسبة الدين العام اإلجاميل من إجاميل الناتج املحيل فهبطت من ‪ 55,8%‬يف ‪ 2020‬إىل ‪ 51,7%‬يف ‪ .2021‬وميثل‬ ‫‪ .6‬تراجعت نسبة الدين من إجاميل الناتج املحيل يف ‪2021‬‬ ‫الجزء األكرب من الدين العام املوريتاين دينا ميرسا‪ ،‬حيث أن مدفوعات الفائدة ال متثل سوى ‪ 3,7%‬من اإليرادات اإلجاملية يف‬ ‫بسبب انتعاش النمو والفائض يف رصيد امليزانية‪.‬‬ ‫‪ .2021‬ومع ذلك‪ ،‬ونظرا لكون ‪ 85%‬من الدين العام مقوم بالعمالت الصعبة األجنبية‪ ،‬فإن تأثر شكل الدين بتقلبات أسعار‬ ‫الرصف يظل كبريا‪ .‬ويف أغسطس ‪ ،2021‬أبرمت موريتانيا اتفاقا نهائيا مع الكويت يتعلق بإعادة هيكلة دينيقدر ب ‪12,4%‬‬ ‫من إجاميل الناتج املحيل يف نهاية ‪ .2020‬ويتضمن االتفاق‪ )3( :‬إلغاء ‪ 95%‬من الفوائد املرتاكمة؛ و(‪ )4‬إعادة جدولة تسديد‬ ‫األصل عىل ‪ 20‬سنة‪ ،‬مبا يف ذلك فرتة سامح من سنتني‪ ،‬مع نسبة فائدة قدرها ‪ .0,5%‬وقد خلص التقييم املشرتك من طرف‬ ‫البنك الدويل وصندوق النقد الدويل لقدرة تحمل الدين املنجز يف ديسمرب ‪ 2021‬إىل أن موريتانيا قادرة عىل تحمل دينها‬ ‫ولكنها تظل معرضة ملخاطر مرتفعة لرتاكم املديونية الخارجية‪ .‬ومع ذلك‪ ،‬من املتوقع أن يؤدي اتفاق إعادة هيكلة الدين مع‬ ‫اململكة العربية السعودية املعلن عنه يف ابريل ‪ 2022‬والذي يحول وديعة غري ميرسة ل ‪ 300‬مليون دوالر أمرييك يف البنك‬ ‫املركزي إىل قرض ميرس إىل تحسني تقييم مخاطر القدرة عىل تحمل الدين التي ستنتقل من مرتفعة إىل متوسطة‪.‬‬ ‫ومن املتوقع أن يواصل النمو االقتصادي انتعاشه يف ‪ 2022‬ليبلغ ‪ 4,5%‬بفضل تعزيز إنتاج القطاع االستخراجي ونجاح نرش‬ ‫‪ .7‬عىل املدى املتوسط‪ ،‬ينتظر أن يستقر النمو عند متوسط‬ ‫اللقاحات وزيادة استثامرات القطاع العام‪ .‬وسيظل قطاع االستخراج وقطاع الخدمات املساهمني الرئيسيني يف النمو يف ظل‬ ‫‪ 5,8%‬بسبب توسع يف قطاع االستخراج والخدمات‪.‬‬ ‫فرضية زيادة كبرية لإلنتاج املعدين بني ‪ 2022‬و‪ .2025‬وسيواصل قطاع الخدمات إظهار انتعاش جيد‪ ،‬مع منو قدره ‪ 5,8%‬يف‬ ‫‪ 2022‬بفضل توسع جديد لقطاع النقل ولتجارة الجملة والتقسيط‪ .‬ومن املتوقع أن تشهد السياسة امليزانية مرونة عىل املدى‬ ‫املتوسط تحت تأثري ارتفاع نفقات االستثامر‪ ،‬ولكن نسبة الدين من إجاميل الناتج املحيل ستسلك اتجاها نحو الهبوط يدعمه‬ ‫تزايد تدريجي إلجاميل الناتج املحيل االسمي‪ .‬ومن املنتظر أن تظل سياسة الدين مركزة عىل اللجوء إىل متويالت ميرسة ومتديد‬ ‫شكل الدين من أجل ضامن استقرار مخاطر ضائقة خارجية عند مستوى متوسط عىل املدى املتوسط‪.‬‬ ‫وقد تؤدي جائحة كوفيد – ‪ 19‬أكرث طوال واستمرار للنزاع يف أوكرانيا وتقلب أسعار املواد األساسية إىل هبوط يف النشاطات‬ ‫‪ .8‬تخضع اآلفاق االقتصادية لشكوك ومخاطر قد تؤثر سلبا عىل‬ ‫االقتصادية واإليرادات واالحتياطات الخارجية وتحفيز ضغوط تضخمية وزيادة الفقر‪ .‬وفضال عن هذا‪ ،‬قد يؤدي تنفيذ ناقص‬ ‫النمو وعىل مؤرشات أخرى‪.‬‬ ‫أو بطيء إلصالحات مناخ األعامل إىل تعريض آفاق النمو غري االستخراجي إىل الخطر‪ .‬وإىل جانب هذا‪ ،‬ورغم أن بناء املرحلة‬ ‫األوىل من مرشوع الغاز املسال البحري “غران توريت – آحميم (‪ ”)GTA‬هو قيد التنفيذ‪ ،‬فقد تشهد املرحلتان الثانية والثالثة‬ ‫بعض التأخر‪ ،‬ما قد يبطئ دخول االستثامرات املبارشة األجنبية ويؤثر سلبا عىل النمو وعىل آفاق امليزانية عىل املدى املتوسط‪.‬‬ ‫وتظل مخاطر انعدام األمن اإلقليمي يف الساحل محل اهتامم‪ ،‬ألن هذه املخاطر‪ ،‬إذا تجسدت‪ ،‬قد يكون لها أثر سلبي عىل‬ ‫االقتصاد وتقود إىل زيادة يف النفقات العسكرية‪ .‬كام أن موريتانيا معرضة لدورات متكررة من الجفاف تؤثر عىل اإلنتاج‬ ‫الزراعي وإيرادات األرس‪.‬‬ ‫رغم متوسط معدل منو قدره ‪ 3,7%‬خالل العقد األخري‪ ،‬إال أن النمو مل يكن شامال‪ .‬فال اقتصاد سبل العيش التقليدي املعتمد‬ ‫‪ .9‬منو يحفزه القطاع الخاص أسايس لتقليص الفقر من خالل‬ ‫عىل التنمية الحيوانية والزراعة والتجارة الصغرية وال االقتصاد املوجه نحو التصدير واملعتمد عىل املوارد الطبيعية الوافرة‬ ‫خلق الوظائف مع ضامن ميزانية مستقرة عىل املدى املتوسط‬ ‫للبلد مل يتمكنا من خلق وظائف أكرب عددا وأكرث جودة لتلبية الطلب املتزايد‪ .‬وستعتمد درجة نجاح موريتانيا يف مجال‬ ‫والطويل‪.‬‬ ‫تقليص الفقر والنمو بشكل جوهري عىل تسهيل التحول االقتصادي وتوسيع القاعدة االقتصادية إىل أبعد من منو القطاعني‬ ‫العام واالستخراجي وتخفيف الشكوك وتقاسم اآلثار اإليجابية للنمو االقتصادي مع غالبية املواطنني‪ .‬إن االعتامد املفرط عىل‬ ‫املوارد الطبيعية جعل االقتصاد قليل التنوع وعرضة للصدمات العاملية مثل صدمتي كوفيد – ‪ 19‬والنزاع يف أوكرانيا‪ .‬ويعد‬ ‫وجود قطاع خاص متطور وتنافيس أمرا أساسيا لخلق الوظائف وتقليص الفقر‪ ،‬خاصة إذا اشرتكت الحكومة مع القطاع الخاص‬ ‫لتحقيق استثامرات عامة تقليدية‪ ،‬موجهة إيرادات القطاع االستخراجي نحو قطاعات إنتاجية أخرى من االقتصاد‪ .‬وقد يسمح‬ ‫هذا بخلق الصمود الرضوري لتخفيف الشكوك العاملية بفضل صادرات املواد األساسية وخلق املزيد من الوظائف‪.‬‬ ‫يطبق البنك املركزي نظام رصف مسري ولكنه ينص عىل إدخال مناقصات تنافسية منتظمة ومرونة أكرب لسعر الرصف يف سوق الرصف‪.‬‬ ‫‪3‬‬ ‫سجل القرض منفصل عن وظائف مكتب القرض التي يسريها البنك املركزي املوريتاين‪.‬‬ ‫‪4‬‬ ‫‪23‬‬ ‫‪Rapport sur la situation économique en Mauritanie‬‬ ‫تطوير القطاع الخاص من أجل تحول هيكيل‬ ‫خالق للوظائف‬ ‫إن معظم املؤسسات يف موريتانيا ذات حجم صغري‪ ،‬وهي أساسا غري مصنفة ويرتكز نشاطها عىل قطاعي التجارة والخدمات‪.‬‬ ‫‪ .10‬القطاع الخاص املوريتاين حجمه متواضع‪ ،‬يعيقه حجم‬ ‫ويتميز البلد مبستويات عالية من عدم التصنيف يف الوظائف املستقلة واملأجورة أساسا (‪ 84%‬من إجاميل الوظائف)‪ .‬فمعدل‬ ‫املؤسسات وقطاع غري مصنف طاغ‪.‬‬ ‫إنشاء مؤسسات وحصة املؤسسات املصنفة التي تدفع رضائب ضعيفان نظرا لوضع الدخل املتوسط األدىن يف البلد‪ .‬وبحسب‬ ‫بيانات اإلدارة الرضيبية (‪ ،)2019‬هناك نحو ‪ 30000‬مؤسسة مصنفة نشطة يف البلد‪ ،‬لكن فقط نحو ‪ )4,7%( 1400‬مسجلة يف‬ ‫نظام دفع الرضائب وتدفع رضائب‪ .‬ومن بني هذه األخرية‪ ،‬تركز معظم املؤسسات املصنفة نشاطها يف نواكشوط (قرابة ‪،)90%‬‬ ‫وحديثة النشأة (قرابة ‪ 60%‬عمرها ما بني ‪ 6‬و ‪ 10‬سنوات)‪ ،‬وصغرية الحجم (‪ 50%‬لديها أقل من ‪ 5‬عامل و‪ 70%‬لديها أقل‬ ‫من ‪ 10‬عامل)‪ ،‬وتعمل يف التجارة العامة والخدمات (عىل التوايل ‪ 53%‬و‪.)33%‬‬ ‫يف ‪ ،2020‬كان حوايل ‪ 57%‬من السكان املوريتانيني (‪ 64 – 15‬سنة) من ضمن الطبقة العاملة وكانوا يحتاجون وظائف‬ ‫‪ .11‬تطوير مؤسسات مصنفة كبرية الحجم يف القطاعات األخرى‬ ‫ذات تعوض جيد لتأمني وسائل عيشهم‪ .‬وتوفر بعض كربيات املؤسسات معظم الوظائف الحرة املصنفة‪ ،‬خاصة يف قطاعي‬ ‫غري القطاع االستخراجي والصيد أمر أسايس لتحفيز خلق‬ ‫االستخراج والصيد‪ .‬ومبا أن القيمة املضافة للصادرات ضعيفة‪ ،‬فليس البلد قادرا عىل خلق الوظائف الحرة الرضورية يف الزراعة‬ ‫الوظائف وإدرار الدخل‪.‬‬ ‫واملنسوجات ومعالجة الجلود‪ .‬وتدر اإليرادات أساسا من طرف التجارة والخدمات األخرى (‪ )60%‬وكذا من طرف االستغالل‬ ‫املعدين (‪ .)20%‬وقد شهد هذا القطاع األخري مؤخرا منوا مهام بفضل نشاطات االستغالل التقليدي للذهب‪ .‬وتعد مشاركة‬ ‫النساء محدودة يف اليد العاملة ويف التسيري يف القطاع الخاص املصنف‪.‬‬ ‫يف القطاع الخاص املصنف‪ ،‬تتضمن التحديات يف وجه النمو نقص الولوج إىل التمويل والولوج غري املالئم إىل املعلومة‬ ‫‪ .12‬كام أن تطوير القطاع الخاص‪ ،‬وخاصة املؤسسات الصغرى‬ ‫حول الفرص التقنية واملستويات الضعيفة لالبتكار وتبني التقنيات‪ .‬لقد ظل تبني التقنيات من طرف املؤسسات الصغرى‬ ‫واملتوسطة‪ ،‬يعرقله ضعف تبني واستخدام التقنيات‪.‬‬ ‫واملتوسطة ضعيفا يف ‪ ،2021‬وخاصة فيام يتعلق باستخدام التقنيات لدعم الوظائف التجارية الرئيسية مثل املبيعات‬ ‫والتموين ومراقبة الجودة والتسويق‪ .‬ومع ذلك‪ ،‬يعترب تبني التقنيات ألغراض تنفيذ وظائف مثل اإلدارة ومعالجة املدفوعات‬ ‫وتخطيط اإلنتاج منترشا نسبيا رغم أن االستخدام يظل محدودا‪ .‬ويعد تبني واستخدام التقنيات أكرث ضعفا يف املؤسسات‬ ‫الصغرية مقارنة باملؤسسات الكبرية التي تضم أكرث من ‪ 10‬عامل‪.‬‬ ‫تربز فوائد التحول االقتصادي عندما تنتقل اليد العاملة واملوارد من نشاطات ضعيفة اإلنتاجية إىل نشاطات أكرث إنتاجية‪ .‬فقد‬ ‫‪ .13‬يظل تحسني جودة الوظائف من خالل تبني التقنيات‬ ‫تسمح وظائف ذات جودة أعىل بزيادة دخل ومستوى معيشة األرس من أجل تقليص الفقر وإعادة توزيع الفوائد املرتتبة‬ ‫مسألة أساسية يتعني عىل الحكومة معالجتها موازاة مع‬ ‫من القطاعات االستخراجية‪ .‬ومن أجل تحسني جودة الوظائف‪ ،‬يجب الرتكيز بشكل أكرب عىل تنمية رأس املال البرشي بهدف‬ ‫إصالحات النمو الشامل‪.‬‬ ‫خلق مرونة أكرب للتحرك بني املؤسسات والقطاعات‪ .‬فبتبني تقنيات أفضل وتحسني قدراتهم‪ ،‬قد يتمكن العامل الباقون يف‬ ‫املؤسسات املوجودة أيضا من االستفادة من منو اإلنتاجية داخل املؤسسة‪ .‬وميكن تفسري غياب التحول االقتصادي يف موريتانيا‬ ‫جزئيا باالستثامرات الضعيفة يف رأس املال البرشي والحامية االجتامعية وكذا عدم القدرة عىل حشد دعم القطاع الخاص من‬ ‫أجل التنمية‪.‬‬ ‫يكمن سبب الولوج املحدود إىل التمويل يف نظام بنى تحتية للقرض ناقص يزيد صعوبة تقييم مصداقية املؤسسات الصغرى‬ ‫‪ .14‬يشكل الولوج الناقص للمؤسسات الصغرى واملتوسطة إىل‬ ‫واملتوسطة من طرف الوسطاء املاليني‪ .‬كام أن القطاع الخاص مقيد مبناخ قانوين وقضايئ ضعيف وبتنفيذ ضعيف للعقود‪.‬‬ ‫التمويل إكراها هيكليا يف موريتانيا‪.‬‬ ‫ويعد الولوج إىل التمويل أمرا صعبا بالنسبة لالقتصاد غري املصنف الواسع الذي ال يتوفر عىل حسابات مالية ورضيبية موثوقة‪،‬‬ ‫ما يصعب عىل البنوك تقييم مخاطر منح التمويل‪ .‬ويف األخري‪ ،‬يزيد غياب تفويض االئتامن ومختلف عمليات القرار بني‬ ‫املؤسسات الكربى والصغرى التكلفة والوقت الكايف للحصول عىل قرض‪ .‬وتواصل هذه اإلكراهات الهيكلية الحيلولة دون قرض‬ ‫مالئم وأقل كلفة وعىل املدى الطويل ملشاريع املؤسسات الصغرى واملتوسطة‪:‬‬ ‫القروض املرصفية وخطوط االئتامن هي مصادر التمويل الرئيسية للقطاع الخاص يف موريتانيا‪ .‬فبحسب دراسة العتامد‬ ‫‪ .15‬تعيق إكراهات ولوج القطاع الخاص إىل التمويل النمو‬ ‫التكنولوجيا عىل مستوى الرشكة ‪ - )Firm-Level Adoption of Technology (FAT -‬للبنك الدويل يف ‪ ،2022‬فقط ‪15%‬‬ ‫الشامل واإلنتاجية‪.‬‬ ‫من املؤسسات رصحت بحصولها عىل قرض خالل السنوات األخرية يف حني رصحت ‪ 12%‬بأنها كانت تحتاج إىل قرض لزيادة‬ ‫إنتاجها دون أن تحصل عليه‪ .‬وتؤثر إكراهات الولوج إىل التمويل بشكل خاص املؤسسات الصغرى التي كان بإمكانها التطور‬ ‫بشكل أرسع لو أنها حصلت عىل الدعم من طرف مناخ سيايس مالئم‪ .‬ويف ‪ ،2018‬سجل البنك املركزي املوريتاين أن املؤسسات‬ ‫الصغرى واملتوسطة التي ترصح بحاجتها إىل قرض متتنع عن التوجه إىل البنوك بسبب نقص يف الضامنات واملعلومات‬ ‫املحاسبية التجارية املالمئة‪.‬‬ ‫توصيات وخيارات سياسة لتعزيز استقرار‬ ‫االقتصاد الكيل وتنشيط القطاع الخاص‬ ‫وميكن بلوغ القطاع غري املصنف الواسع واملؤسسات املصنفة التي ال تدفع رضائب من خالل تعزيز اإلدارة الرضيبية حتى‬ ‫‪ .16‬البحث عن االستدامة امليزانية من خالل الرتكيز عىل تحسني‬ ‫تكون أكرث فعالية يف جمع اإليرادات وجعل الترصيح االلكرتوين إلزاميا لدافعي الرضائب الكبار واملتوسطني وترقية الدفع‬ ‫تحصيل اإليرادات غري االستخراجية عن طريق توسيع الوعاء‬ ‫االلكرتوين واملتنقل وتوفري بيانات معلومات رضيبية ثانوية ملصالح الرقابة الرضيبية‪ .‬وفضال عن هذا‪ ،‬يجب عىل الحكومة‬ ‫الرضيبي ليشمل املجموعات أو املؤسسات التي تتهرب من‬ ‫القيام مبتابعة منتظمة ونرش اإلعفاءات الرضيبية املمنوحة للمؤسسات يف كل سنة من أجل تقليل هذه النفقات يف الوقت‪.‬‬ ‫الرضيبة بسبب عدم التصنيف واإلعفاءات الرضيبية‪.‬‬ ‫ومن أجل هذا‪ ،‬يجب عىل الحكومة تنفيذ إصالحات تسمح برشاكة مع القطاع الخاص ودمج ثقافة تبني واستخدام التقنيات‬ ‫‪ .17‬الرتكيز عىل إنجاز التحول االقتصادي والوظائف ذات‬ ‫وكذا التطوير املستمر للكفاءات يف التحكم يف تقنيات اإلعالم واالتصال وتبني التقنيات من طرف املؤسسات‪ .‬وعىل املدى‬ ‫الجودة من خالل تسهيل تبني واستخدام التقنيات من طرف‬ ‫القصري‪ ،‬ميكن للحكومة دعم مشاريع تدمج التقنيات يف املؤسسات وتؤمتت العمليات التجارية وتؤثر عىل املؤسسات النظرية‬ ‫املؤسسات‪.‬‬ ‫ليك تتبنى هذه التقنيات‪ .‬وعىل املدى املتوسط‪ ،‬ميكن للحكومة أن تدعم برامج التعريف بالتقنيات الرقمية التي تشجع‬ ‫توعية أكرب حول أنواع التقنيات واستخداماتها املحتملة وتبني التقنيات الرقمية‪ ،‬خاصة تلك املطبقة عىل الوظائف العامة‬ ‫للمؤسسات مثل إدارة األعامل وتخطيط اإلنتاج والتجارة االلكرتونية والدفع الرقمي ومراقبة الجودة‪.‬‬ ‫فالحكومة بحاجة إىل إسرتاتيجية قادرة عىل تخفيض املستوى املرتفع من القروض املتعرثة يف القطاع املرصيف للسامح للبنوك‬ ‫‪ .18‬تعزيز الولوج إىل التمويل بالنسبة للمؤسسات الصغرى‬ ‫مبنح متويالت للمؤسسات الصغرى واملتوسطة التي ينظر إليها عىل أنها ذات مخاطر مرتفعة‪ .‬وميكن للحكومة تفعيل صندوق‬ ‫واملتوسطة مع إصالح سياسة املنافسة التي قد تسمح‬ ‫ضامن القرض للمؤسسات الصغرى واملتوسطة الذي يدعمه البنك الدويل بواسطة عملية سياسة التنمية للطوارئ‪ .‬وميكن‬ ‫للمؤسسات بتطوير إنتاجها ومنوها وإنتاجيتها‪.‬‬ ‫للحكومة أيضا أن تدعم املؤسسات الصغرى واملتوسطة من خالل إنشاء سجل متكامل للقروض وتوفري تكوينات مؤهلة‬ ‫للمؤسسات الصغرى مثل ضبط السجالت واملحاسبة والتدقيق وأطر املتابعة‪ .‬وإىل جانب هذا‪ ،‬ميكن للحكومة أن تدعم تطور‬ ‫مؤسسات متخصصة مثل رشكات للقرض‪-‬إيجار أو للتخصيم ومؤسسات قرض متخصصة يف القروض للمؤسسات الصغرى‬ ‫واملتوسطة وللمقاوالت املحلية حديثة النشأة‪.‬‬ ‫يقيس حفظ بيانات املؤسسات البيانات مثل الواردات والقروض واملشرتيات واألرباح‪ ،‬وهو ما ميكن أن يشكل رصيدا لوكالء‬ ‫‪ .19‬إنشاء نظام لحفظ البيانات يجمع ويراقب وينرش معلومات‬ ‫الرضائب‪ .‬وسيسمح هذا بتقليص عدم تناسق املعلومة وإظهار االعرتاف باملؤسسات من طرف الدولة وتقليل مخاطر القرض‬ ‫موثوقة ومحينة حول املؤسسات‪.‬‬ ‫لهذه املؤسسات وتسهيل الولوج إىل بيانات القطاع الخاص‪ .‬وعىل املدى املتوسط‪ ،‬سيشجع هذا أيضا املؤسسات عىل إيداع‬ ‫حساباتها السنوية يف السجل التجاري ويخفض تكاليف االمتثال املرتبطة بتطبيق املدونة العامة للرضائب‪.‬‬ ‫‪25‬‬ ‫‪Rapport sur la situation économique en Mauritanie‬‬ Chapitre 1 1 Développements économiques récents et perspectives 1.1. Alors que l’activité économique reste en deçà des niveaux d’avant COVID-19, la croissance a repris en 2021, soutenue par une demande plus forte et une amélioration de l’activité dans le secteur tertiaire. La croissance a été positive (+2,4%) Selon les estimations, la croissance est remontée à 2,4% (-0,3% par habitant) en 2021, grâce à l’assouplissement après une contraction de 0,9% en 2020 (-3,6% par habitant). Toutefois, des mesures de confinement et une la reprise a été modeste par rapport aux moyennes des pairs régionaux bonne performance des services. (4,7), des pairs structurels (7,1), des pairs aspirants (5,8), du monde (5,5) et de l’Afrique subsaharienne (3,5).5 En outre, la croissance en 2021 est restée nettement inférieure au potentiel (5,3%) et au taux de croissance de 2019 (5,8%). La croissance a également été stimulée par la plus forte réactivité à la hausse des prix internationaux de certains minerais tels que le fer et le cuivre (figure 1). 5 Les pairs régionaux sont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les pairs structurels sont le Bénin, le Nicaragua et le Sénégal. Les pairs aspirationnels sont le Laos et la Moldavie. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 28 Selon les estimations, l’investissement privé a augmenté de 37,5%, Du côté de la demande, la soutenu par une croissance plus forte du crédit (12,6% à la fin de 2021), croissance a été soutenue par une l’assouplissement des mesures strictes de lutte contre la pandémie, les reprise des investissements privés progrès de la vaccination dans le monde (figure 6) et la diminution des cas et une hausse de la consommation et des investissements publics. de COVID-19 (figure 7). L’investissement public a augmenté de 52,2%, grâce à la mise en œuvre du programme prioritaire du gouvernement6 pour stimuler la reprise.7 De même, la consommation publique a augmenté de 31,1%, en raison de la hausse des achats de biens et de services et de l’augmentation des transferts. Le secteur extractif s’est contracté de 14,5%, les productions d’or et de cuivre Du côté de l’offre, la croissance a ayant diminué respectivement de 55,4% et 34,4%, en partie en raison d’un été impulsée par une activité plus incendie à la mine d’or de Tasiast en juin 2021. Le secteur non extractif a soutenue dans le secteur tertiaire. progressé de 2,6%, principalement soutenue par une activité plus importante dans le secteur tertiaire, qui a progressé de 6,4% en 2021, contre une contraction de 0,3% en 2020 (figure 2 et figure 3). Cette reprise est principalement dûe à l’augmentation de l’activité dans les ports et du trafic aérient, reflétant en partie la réouverture des frontières en septembre 2020 (figure 4). 6 Le Programme prioritaire du gouvernement (PROPEP) a été adopté en septembre 2020 pour soutenir la reprise et stimuler la croissance inclusive à long terme en se concentrant sur de nouvelles dépenses dans les secteurs sociaux (éducation, santé et logement) et les transferts sociaux, les infrastructures, le soutien à l’agriculture et à la pêche, l’aide aux entreprises et les interventions environnementales, pour un total de 670 millions de dollars US sur 2021-23. Les secteurs prioritaires les plus importants sont l’éducation (113 millions de dollars US), l’industrie de la pêche (109 millions de dollars US) et la mobilité urbaine (83 millions de dollars US). 7 Le programme de relance adopté en septembre 2020 était axé sur les secteurs sociaux, les infrastructures, le soutien à l’agriculture et à la pêche, l’aide aux entreprises et les interventions environnementales. Ce plan, dont le coût total était estimé à environ 670 millions de dollars (7% du PIB), était centré sur le renforcement du rôle du secteur privé en tant que moteur de la croissance inclusive et sur le développement des infrastructures numériques pour une meilleure prestation de services. 29 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Quel que soit le secteur, l’activité Si environ 90% du trafic portuaire a été rétabli, le trafic aérien en 2021 ne économique reste nettement représente que 45% du niveau observé en 2019. La croissance du secteur inférieure à son niveau pré- primaire (y compris l’agriculture et la pêche) a été négative (-3,6 pour cent), pandémique. partant d’une base très faible (-4,0% en 2020), en raison d’une baisse continue de la production de la pêche. En 2021, le total des poissons (capturés) a diminué respectivement de 38% et de 30,9% par rapport à la même période en 2019 et 2020 (Figure 5). Plusieurs contraintes empêchent Parmi ces contraintes figurent l’offre insuffisante d’intrants de qualité, le secteur agricole de contribuer l’utilisation inadéquate des machines agricoles, le manque de systèmes fortement à la croissance de financement et d’assurance agricole, ainsi que les faiblesses dans la économique. fourniture de services de vulgarisation et d’encadrement aux agriculteurs. En outre, le secteur souffre de faiblesses en aval, tels que l’absence d’installations de stockage et de conservation ou de réseaux de transport efficaces mais également de la faible commercialisation des produits agricoles. En l’absence aussi bien d’interventions gouvernementales visant à résoudre les problèmes fonciers auxquels est confronté le secteur privé, que de réformes institutionnelles pour faciliter le financement, l’assurance et la supervision, il est peu probable que le secteur agricole améliore sa contribution à la croissance à court et moyen terme. Des mesures réfléchies sont nécessaires pour soutenir l’adaptation et la résilience du secteur face aux chocs climatiques volatils. De même, le secteur de la pêche La pêche ne représente qu’une petite fraction de l’emploi et les perspectives reste non inclusif et ne represente de croissance sont principalement terrestres (services et transformation). qu’une petite fraction de l’emploi Avant l’émergence du COVID-19, le secteur de la pêche contribuait à environ en 2021. un tiers des exportations de biens. On estime que la production réelle de la pêche a diminué en 2021 par rapport à 2018-19. Il existe quelques engagements en aval en faveur de la transformation mais les activités en amont pour fournir des intrants au secteur sont inexistantes. L’un des principaux axes de la stratégie sectorielle (2020-24) met en évidence les défis affectant le développement des activités de pêche et des chaînes de valeur. Le secteur pourrait être plus inclusif en renforçant la commercialisation des produits mauritaniens et en améliorant leur valeur sur les marchés mondiaux. Cela pourrait se faire en modernisant les infrastructures de débarquement et de transformation et en améliorant l’acquisition de certification d’exportation. Globalement, le gouvernement pourrait mettre en œuvre une stratégie visant à renforcer la formation des travailleurs du secteur, afin de leur permettre d’ajouter de la valeur à leurs produits. La vigueur de la reprise a été Le nombre de cas quotidiens du COVID-19 a augmenté d’environ 54% considérablement freinée par la entre 2020 et 2021, sous l’effet de la recrudescence des infections liées hausse des cas de COVID-19 dues à aux variants Delta et Omicron. Cependant, le nombre de décès a diminué l’émergence de variants. de moitié en raison d’une accélération significative de la campagne de vaccination. Le déploiement de la vaccination a commencé fin mars 2021 mais s’est accéléré rapidement. Au 12 mai 2022, 24,4% de la population éligible avaient reçu deux doses (figure 6). Les taux de vaccination sont plus élevés que la moyenne en Afrique (16,7%), mais ils sont encore loin de l’objectif gouvernemental des 65% de la population entièrement vaccinés à la mi-2022. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 30 Figure 1: La reprise de la croissance a été tirée par l’assouplissement des mesures de confinement et la hausse des prix des produits de base Indice de rigueur Covid-19 100 80 60 40 20 0 1/21/2020 1/21/2020 1/21/2020 Mauritanie Tunisie Maroc Sénégal Prix des produits de base, 2019-21 250 12000 11000 10000 200 9000 8000 150 7000 6000 5000 100 4000 3000 50 2000 1000 0 0 1/2019 3/2019 5/2019 7/2019 9/2019 11/2019 1/2020 3/2020 5/2020 7/2020 9/2020 11/2020 1/2021 3/2021 5/2021 7/2021 9/2021 11/2021 1/2022 1/2019 3/2019 5/2019 7/2019 9/2019 11/2019 1/2020 3/2020 5/2020 7/2020 9/2020 11/2020 1/2021 3/2021 5/2021 7/2021 9/2021 11/2021 1/2022 Minerai de fer, cfr spot($/dmtu) Cuivre ($/mt) Or ($/oz troy) Source: Notre monde en données (2022) et les marchés de matières premières de la Banque mondiale Figure 2: L’industrie et les services ont soutenu la croissance du côté de l’offre Contribution au PIB (côté offre) 9 8 7 6 5 Pourcentage (%) 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 2015 2016 2017 2018 2019e 2020e 2021p Agriculture Industries non extractives Industries extractives Services Taxes nettes GDP Source: Macro Poverty Outlook, Banque mondiale (2022) Figure 3: Du côté de la demande, la croissance a été impulsée par la reprise des investissements et de la consommation Contribution au PIB (côté demande) 25 20 15 10 Pourcentage (%) 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 2015 2016 2017 2018 2019e 2020e 2021p Consommation privée Consommation publique Investissement privé Investissement public Exportations Importations PIB Source: Autorités mauritaniennes Figure 4: La production de poisson a Figure 5: Le trafic aérien a repris en 2021 mais maintenu une tendance à la baisse reste inférieur à son niveau avant la pandemie Production de poisson (milliers de tonnes) Activité aérienne et portuaire 400 140000 700 120000 600 300 100000 500 Trafic portuaire Trafic aérien 80000 400 200 60000 300 40000 200 100 20000 100 0 0 0 T1-16 T3-16 T1-17 T3-17 T1-18 T3-18 T1-19 T3-19 T1-20 T3-20 T1-21 T3-21 1/1/2019 4/1/2019 7/1/2019 10/1/2019 1/1/2020 4/1/2020 7/1/2020 10/1/2020 1/1/2021 4/1/2021 7/1/2021 10/1/2021 Trafic aérien (nombre de passagers) Trafic portuaire (milliers de tonnes) Figure 6: Diminution significative des cas Figure 7: Augmentation du taux de vaccination du COVID-19 COVID-19 cas quotidiens et décès associés Taux de vaccination au 14 mai 2022 1400 21 70 65% 1200 18 60 1000 15 50 Pourcentage (%) Pourcentage (%) Cas quotidiens 40 800 12 30 600 9 20 400 6 10 200 3 0 0 0 Africa Mauritania Senegal Tunisia World 1/1/2019 4/1/2019 7/1/2019 10/1/2019 1/1/2020 4/1/2020 7/1/2020 10/1/2020 1/1/2021 4/1/2021 7/1/2021 10/1/2021 Part des personnes ayant un protocole initial complet Part des personnes partiellement vaccinées Cas quotidiens de COVID-19 Décès en pourcentage du nombre de cas Objectif gouvernemental Source: Autorités mauritaniennes 1.2. Les pressions inflationnistes se sont intensifiées en 2021 due à cause de la hausse des prix des produits alimentaires et énergetiques. Le taux de change est resté stable L’Ouguiya mauritanien s’est apprecié de 3% en glissement annuel par en 2021, les autorités ayant rapport au dollar américain en 2021.8 La BCM est intervenue sur le marché périodiquement intervenu sur le officiel de change pour les opérations de compte courant afin de maintenir marché des changes compte tenu une marge étroite avec le dollar américain et ainsi limiter les effets de de leur importante réserve de transmission de la dépréciation sur l’inflation. L’impact de la crise du change. COVID-19 a retardé les réformes visant à approfondir le marché interbancaire des changes et à mettre en œuvre un cadre de politique monétaire alternatif. La position extérieure de la Mauritanie était modérément plus forte que ses fondamentaux, puisque soutenue par les revenus élevés des exportations extractives et l’abondance des financements externes. Les facteurs liés à l’offre et les L’inflation globale a fortement augmenté, passant de 1,4% (a/a) en octobre attentes d’une hausse des prix 2020 à 6% (a/a) en janvier 2022, principalement en raison de la hausse à l’importation ont maintenu des prix des denrées alimentaires. L’inflation moyenne annuelle est passée l’inflation sur une trajectoire de 2,4% en 2020 à 3,5%, sous l’effet des prix des denrées alimentaires, croissante tout au long de 2021. contribuant à hauteur de 2,9 points de pourcentage à l’indice en 2021. La réponse du gouvernement au COVID-19 a contribué à la baisse des prix des services de santé, diminuant de 5,5 points de pourcentage entre 2020 et 2021. Les autorités ont également pris plusieurs mesures pour atténuer les pressions inflationnistes, notamment des opérations de résorption des liquidités menées par la BCM et la distribution de marchandises pour mettre fin aux pratiques de thésaurisation. L’impact relatif de l’inflation est L’impact négatif de la pandémie sur les activités humaines, économiques et plus important pour les pauvres, sociales a nettement diminué en 2021, reflétant une reprise de la croissance bien que moins de personnes soient et les mesures d’atténuation mises en œuvre par le gouvernement. Le passées dans les tranches de nombre de personnes tombant dans l’extrême pauvreté est estimé à 7 200 revenus inférieures et les niveaux en 2021 contre 38000 en 2020. Depuis 2021, le gouvernement a mis en œuvre de pauvreté supérieurs en 2021. un programme prioritaire (PROPEP) pour soutenir la reprise économique et la croissance en 2022. Ce programme a favorisé la création d’emplois inclusifs, la préparation de l’exploration gazière en 2024 et l’atténuation de l’impact des chocs climatiques sur le secteur agricole, notamment la pêche. Le secteur agricole, qui emploie 57% des travailleurs pauvres, s’est contracté de 3,6%. Le secteur tertiare, avec une croissance de 2,5%, emploie une proportion importante de pauvres (42%). Le résultat est une évolution mitigée de la pauvreté. Les estimations internationales basées sur une parité de pouvoir d’achat de 1,90 USD et de 3,20 USD en 2011 suggèrent que l’extrême pauvreté et les taux de couverture de la pauvreté sont restés inchangés en 2021 à leurs niveaux respectifs de 5,8% et 23,8% en 2020. 8 La BCM applique un régime de change géré mais prévoit d’introduire des enchères compétitives régulières et une plus grande flexibilité des taux de change sur le marché des changes. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 34 Ces mesures étaient (i) la création de la Commission de régulation du marché Pour atténuer l’impact de l’inflation chargée de surveiller les prix, et (ii) la publication d’un arrêté ministériel fixant sur les pauvres en 2021, deux la liste des biens et services de base faisant l’objet d’un contrôle des prix (blé, mesures clés ont été prises pour sucre, lait thermisé et lait en poudre, huiles comestibles, riz, médicaments, stabiliser les prix. électricité, eau, hydrocarbures, gaz et frais de justice). Un numéro vert a été mis à la disposition des citoyens pour signaler, le cas échéant, le non-respect des prix de l’arrêté par une entreprise ou un magasin de détail. 35 Rapport sur la situation économique en Mauritanie 1.3. Les pressions extérieures se sont accentuées en 2021 avec l’augmentation des importations d’énergie et de denrées alimentaires. Les pressions sur la balance des Le déficit des comptes courants s’est creusé, passant de 6,7% du PIB en paiements ont augmenté en 2020 à 9,4% du PIB en 2021, sous l’effet d’une augmentation du déficit 2021 en raison de l’importance commercial due à la baisse de la production extractive et à la hausse des importations d’énergie et de des prix de l’énergie et des importations alimentaires. Le déficit de la denrées alimentaires. balance courante a été financé par des IDE dans l’industrie extractive, une augmentation du financement des donateurs et une suspension du service de la dette grâce à l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD). En outre, la Mauritanie a reçu 123,4 millions de droits de tirage spéciaux (DTS) (2% du PIB) en réserves supplémentaires dans le cadre de l’allocation de DTS par le FMI pour soutenir la reprise économique et renforcer la résilience après la pandémie. En conséquence, les réserves internationales sont passées de 4,8 mois d’importations de biens et services en 2020 à 6,9 mois en 2021. La hausse des prix à l’exportation Les exportations ont diminué, passant de 30,1% du PIB en 2020 à 28,9% a contribué à atténuer l’impact du PIB en 2021, en raison d’une baisse importante de la production d’or et négatif de la baisse de la production de cuivre due en partie à l’incendie de la mine de Tasiast. Cette baisse a extractive et de la hausse des prix été légèrement compensée par la flambée des prix des produits miniers de l’énergie et des importations sur les marchés internationaux, entraînant une augmentation de 76% alimentaires sur la balance des exportations de minerai de fer en valeur, principale exportation de la commerciale. Mauritanie, tandis que les exportations de cuivre en valeur ont augmenté de 15% (figure 8). Les exportations de poisson ont enregistré une légère baisse de 1%. En revanche, les importations ont augmenté pour atteindre 39,3% du PIB en 2021, contre 35,5% en 2020 (figure 9), en raison de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires, ainsi que des importations d’équipements pour l’industrie extractive. L’effet net a été un déficit plus important de la balance commerciale d’environ 7,2% du PIB en 2021, contre 3,6% du PIB en 2020. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 36 La part des recettes extractives dans le total des recettes d’exportation La Mauritanie est un preneur de dépasse 70% en 2021, le minerai de fer étant le principal produit d’exportation prix sur le marché international, (55%). L’indice de diversification des exportations est plus faible en Mauritanie et pourtant ses exportations que dans les pays pairs (figure 10), ce qui reflète un portefeuille d’exportations restent relativement homogènes, largement dépendantes des non diversifié.9 Au cours de la dernière décennie, la diversification des industries extractives. exportations a diminué en Mauritanie, où l’indice de diversification des exportations a augmenté de plus de 10%, accroissant la vulnérabilité du pays aux chocs mondiaux sur les marchés des matières premières. Le manque de diversification, conjugué à l’augmentation considérable des coûts de transport international à laquelle le pays est confronté en raison de la pandémie et de la flambée des prix du pétrole résultant de la crise ukrainienne, pourrait compromettre la position extérieure du pays au cours des deux prochaines années. L’augmentation des coûts de transport risque de se répercuter sur les utilisateurs par une hausse de l’inflation, ce qui nuira aux moyens de subsistance des classes à faibles revenus. Bien que les principales destinations des exportations de pêche et d’or La structure des partenaires de la Mauritanie soient respectivement les pays européens et la Suisse, commerciaux a changé pendant on a constaté durant la pandemie une augmentation des exportations la pandémie pour refléter vers d’autres regions, telles que l’Asie et l’Amerique. (Figure 11) La part des les mouvements des prix internationaux. exportations vers les pays européens a diminué de 46% en 2020 à 31% en 2021, tandis que la part vers l’Asie a augmenté de 42% à 52%. L’augmentation des exportations vers l’Asie est due aux exportations de minerai de fer et de cuivre vers la Chine, représentant 41% des exportations totales en 2021. Les exportations vers l’Amérique représentent une part moins importante des exportations. Cependant, elles ont connu une grande progression, passant de 3% à 11% des exportations totales entre 2020 et 2021, grâce aux exportations d’or vers le Canada. Ces changements ne se sont pas accompagnés d’une augmentation des volumes d’exportation mais reflètent principalement l’augmentation des prix respectifs des matières premières en 2021. Le commerce intra-africain a diminué de 2,5% en 2021, ce qui indique la présence continue de barrières non tarifaires dans les pays africains. Selon l’enquête mondiale des Nations unies sur la facilitation du commerce La facilitation des échanges s’est numérique et durable (UN-GSDSTF), le score de la Mauritanie en matière de améliorée en 2021 grâce à des facilitation du commerce est passé de 24,7% en 2019 à 54,8% en 2021. Cela dispositions institutionnelles. reflète une amélioration significative de la transparence, de la rationalisation des formalités, de l’arrangement institutionnel et de la coopération , mais également du commerce sans papier, y compris transfrontalier. Si le score de la Mauritanie est légèrement supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (54,5%), ses performances sont inférieures à la moyenne en termes de transparence, de formalités et d’arrangement institutionnel, mais aussi de coopération. Certaines faiblesses persistent, notamment l’absence de mesures d’information liées au commerce pour les PME, la collecte dématérialisée des paiements à partir d’un crédit documentaire, le paiement électronique des droits et redevances de douane et l’absence de demande électronique de remboursement des droits de douane. 9 L’indice de diversification prend des valeurs comprises entre 0 et 1. Une valeur proche de 1 indique une plus grande divergence par rapport au modèle mondial. 37 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Encadré 1 Impact de l’inflation sur la pauvreté monétaire L’année 2021 a marqué la deuxième phase de la La menace d’insécurité alimentaire, qui se traduit pandémie, qui correspondait à une période de forte généralement par une inflation des prix des denrées inflation. Fin 2019, l’inflation avait commencé à se alimentaires, a pesé sur les ménages pendant la stabiliser, mais la pandémie s’est accompagnée d’une pandémie et risque d’être exacerbée par le conflit réapparition de l’inflation au troisième trimestre 2020, en Ukraine. La hausse des prix s’est traduite par une se poursuivant tout au long de 2021. Les produits augmentation de l’insécurité alimentaire. De 44 % alimentaires ont été le principal moteur de l’inflation. en 2019, la prévalence de l’insécurité alimentaire Certaines dépenses non alimentaires ont également est passée à 64 % en novembre 2020. Malgré la contribué à l’inflation, comme la santé et l’éducation légère baisse observée en janvier 2021, l’insécurité (figures B1.1 et B1.2). alimentaire touche davantage de ménages qu’avant la pandémie. Le milieu urbain, qui était relativement L’inflation alimentaire a touché de nombreux ménages épargné par l’insécurité alimentaire, a vu sa situation pendant la pandémie et a augmenté la pauvreté d’un se dégrader pour atteindre un niveau comparable à point de pourcentage. Un peu plus de la moitié des celui des populations rurales. La capitale Nouakchott ménages (53 %) a été confrontée à une hausse des prix a moins bien résisté à l’insécurité alimentaire que les des denrées alimentaires dès le début de la pandémie. autres zones urbaines. En janvier 2021, la proportion de En juillet 2020, la hausse des prix a été plus importante ménages en situation d’insécurité alimentaire sévère à dans les zones rurales, mais a progressivement touché Nouakchott était de 22 %, soit identique à celle des presque tous les ménages. En 2020 et 2021, le riz, la zones rurales, mais sept points de plus que dans les viande, l’huile, le sucre et les pâtes, qui représentent autres zones urbaines. Les populations les plus pauvres 41 % de la consommation totale des ménages, ont restent les plus exposées à l’insécurité alimentaire, connu une inflation de 4 %, 5 %, 8,6 %, 3,3 % et 1,6 même si la part des ménages touchés a fortement % respectivement par rapport à leur niveau de 2019 augmenté chez les plus riches (47 % en janvier 2021 pré-COVID-19. Cela a entraîné une augmentation d’un contre 24 % en 2019). Le conflit en Ukraine fait grimper point de pourcentage de la prévalence de la pauvreté, les prix mondiaux de manière significative et limite de 31,8 % à 32,8 %, toutes choses égales par ailleurs. La l’approvisionnement en céréales et en engrais, ainsi pauvreté rurale était plus répandue, augmentant de 1,4 qu’en pétrole, ce qui aggravera l’insécurité alimentaire point de pourcentage, contre une augmentation de 0,6 en Mauritanie et dans toute la région du Sahel à court point dans les zones urbaines. et moyen terme. Figure B1: Évolution trimestrielle de l’indice des prix à la consommation 120 1115 110 105 100 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 Source: Calculs des auteurs à partir des données de l’indice des prix à la consommation de l’ANSADE Figure B2: Évolution trimestrielle de l’indice des prix à la consommation par composante 150 Communication Logement 130 Vêtements et chaussures Transport 110 Ensemble Alimentation 90 Education Santé 70 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 Source: Calculs des auteurs à partir des données de l’indice des prix à la consommation de l’ANSADE Figure B3: Ménages confrontés à des hausses de prix alimentaires 100 80 60 40 Juillet 2020 Novembre 2020 Janvier 2021 Mars 2021 Mai 2021 Nouakchott Autre urbain Rural Figure B4: Évolution de l’inflation alimentaire et de la pauvreté 8.6 9 6 5.1 4.0 3.3 3 1.6 1.4 1.0 0.6 0 Huile Viande Riz Sucre Pates Rural National Urbain Inflation (Pourcentage) Evolution de la pauvreté (en Point de pourcentage) Figure 8: Les exportations ont connu une diminution due à la baisse de la production d’or et de cuivre Exportations (Millions de MRU) 35000 30000 25000 20000 15000 10000 5000 0 Q1-18 Q2-18 Q3-18 Q4-18 Q1-19 Q2-19 Q3-19 Q4-19 Q1-20 Q2-20 Q3-20 Q4-20 Q1-21 Q2-21 Q3-21 Q4-21 Minerai de fer Poisson Or Cuivre Autres Total Source: ANSADE et calculs des services de la Commission Figure 9: Les importations ont augmenté tirées par la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires Importations (Millions de MRU) 50000 40000 30000 20000 10000 0 Q1-18 Q2-18 Q3-18 Q4-18 Q1-19 Q2-19 Q3-19 Q4-19 Q1-20 Q2-20 Q3-20 Q4-20 Q1-21 Q2-21 Q3-21 Q4-21 Produits alimentaires Produits pétroliers Equipements Matériaux de construction Véhicules et pièces détachées Autres bien de consommation Cosmétiques et chimiques Autres produits Total Source: ANSADE et calculs des services de la Commission Figure 10: La diversification des exportations a diminué en Mauritanie au cours de la dernière décennie Indice de diversification 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 Q1-18 Q2-18 Q3-18 Q4-18 Q1-19 Q2-19 Q3-19 Q4-19 Q1-20 Q2-20 Q3-20 Q4-20 Q1-21 Q2-21 Q3-21 Q4-21 Mauritanie Pairs structurels Pairs aspirationnels Pairs régionaux Source: CNUCED Figure 11: La pandémie et les prix sur les marchés internationaux ont entraîné un changement de partenaires commerciaux au cours des deux dernières années Évolution de la part des exportations dans les partenaires commerciaux entre 2020 et 2021 Amérique // 1 Moyen Orient // 0 Afrique // -2 Asie // 10 Europe // -9 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 Source: Office national des statistiques ANSADE et calculs des services de la Commission 1.4. La politique monétaire a été favorable à la reprise économique en 2021, tandis que le secteur bancaire a souffert de l’effet de la crise sur la qualité des actifs. En 2021, la BCM a adopté une L’offre monétaire est passée de 15% en 2020 à 23,1% en 2021, en raison de: politique monétaire accommodante (i) l’augmentation des liquidités en circulation résultant de l’achat massif de visant à soutenir la reprise réserves de change et d’or par la banque centrale, et (ii) la baisse du taux d’intérêt effectif global de 12,5% en décembre 2020 à 12,1% en octobre 2021. Pour éviter une nouvelle hausse des prix, la BCM a augmenté de manière préventive les réserves obligatoires et a mené des opérations de gestion des liquidités pour absorber l’excès de liquidités. La croissance du crédit au secteur Après avoir décéléré à 2% en décembre 2020 (en glissement annuel), privé s’est accélérée en octobre contre 14% en décembre 2019, la croissance du crédit s’est accélérée pour 2021, se rapprochant de son niveau atteindre 12,6% en 2021 (figure 12). Cette augmentation reflète la hausse pré-pandémique. de l’offre monétaire et les efforts de la BCM pour soutenir le secteur privé dans le contexte de la pandémie en réduisant son taux directeur et les réserves obligatoires des banques. La hausse de la croissance du crédit est principalement due aux prêts accordés aux ménages, à la pêche, au commerce de détail et au secteur tertiaire. Toutefois, la croissance du crédit a été plus faible dans le secteur de la construction. La composition du crédit alloué au cours des 10 premiers mois de 2021 montre que le secteur de la pêche, les ménages et les secteurs du commerce de détail et des services sont les principaux bénéficiaires, avec 62,5% des crédits contractés, la plupart étant des crédits à court terme (64% du total des crédits) (figure 13). Le secteur bancaire est bien En 2020, la réglementation bancaire a été renforcée pour améliorer la capitalisé, et la plupart des solidité et la résilience des banques face aux chocs. Ainsi, les nouveaux ratios banques ont suivi les nouvelles d’adéquation des fonds propres et de liquidité de Bâle III ont été introduits. normes de Bâle III. Le ratio global d’adéquation des fonds propres (CAR) est resté élevé, à 19% en juin 2021 (19,9% en décembre 2020), soit 9,9 points de pourcentage au-dessus de l’exigence minimale de 10%. Les banques ont un niveau de liquidité confortable, avec un ratio de couverture de liquidité (LCR) de 144,1% en juillet 2021, dépassant l’exigence de Bâle III de 100%. La conformité aux nouvelles exigences est très bonne, 15 banques sur 18 satisfaisant la nouvelle exigence de la CAR et 17 à celle du LCR. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 42 43 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Toutefois, la qualité des actifs et le Les prêts non productifs (PNP), en baisse depuis 2010 (passant de 45% à provisionnement des banques se 21,5% en 2019), n’ont cessé d’augmenter depuis le début de la pandémie, sont détériorés en 2021. pour atteindre 24,2% en juin 2021 et 24,1% fin décembre 2021 (figure 14). Il est inquiétant de constater que le pool de prêts en souffrance augmente plus rapidement que les créances saines. En particulier, les prêts douteux représentent à eux seuls 19% des prêts bruts et 78% des prêts en souffrance à la fin de 2021. L’augmentation des impayés globaux est faiblement corrélée à la crise sanitaire: fin décembre 2020, neuf mois après le début de la pandémie, les impayés récents (de moins d’un an, c’est-à-dire douteux et pré-douteux) diminuaient en valeur absolue. Au contraire, ce sont les créances en souffrance accumulées au cours des exercices 2017, 2018 et 2019 qui ont rarement été résolues. Ces données révèlent plusieurs faiblesses structurelles du système bancaire mauritanien: (i) l’absence de gestion prudente d’un nombre important de banques; (ii) la mauvaise gestion des contrats (garanties mal appliquées, estimations immobilières peu fiables) et des litiges (dossiers incomplets, gestion lente des réclamations); (iii) l’absence de gestion efficace des risques, tant au niveau des mandataires sociaux que des dirigeants; et (iv) le manque d’anticipation dans la supervision du secteur. Par ailleurs, si la couverture des provisions était bonne en 2019 avec 76,1%, elle a baissé à 68,1% en juin 2021. Dans l’ensemble, le niveau des PNP en Mauritanie reste supérieur à celui des pays pairs (Tunisie, Algérie, Maroc) (Figure 15), ce qui suggère que des efforts importants sont encore nécessaires pour protéger le secteur financier de la dépréciation du portefeuille.10 La Mauritanie reste en dessous Le taux de bancarisation, qui mesure le pourcentage de la population adulte de ses pairs structurels en termes (âgée de 15 ans et plus) détenant un compte dans les banques, les services d’inclusion financière. postaux, les caisses d’épargne nationales ou le Trésor public, était de 16,9% en Mauritanie en 2020 contre respectivement 19,6% et 31,2% au Sénégal et au Bénin (figure 16). L’écart s’est creusé au cours des cinq dernières années, puisque le ratio n’a augmenté que de 8% entre 2015 et 2020 en Mauritanie, contre 15% et 18% au Sénégal et au Bénin, respectivement. L’examen du “taux de bancarisation élargi “, qui représente le pourcentage de la population adulte détenant un compte dans les institutions de microfinance, montre que l’écart est encore plus élevé, reflétant le fait que la microfinance n’est pas très développée en Mauritanie par rapport au pays pairs. La part des comptes dans les institutions de microfinance représente plus de 60% du total des comptes dans les pays pairs, contre 37,7% en Mauritanie en 2020. 10 Alors que la loi de 2018 sur les établissements de crédit (loi bancaire) aligne les normes prudentielles sur les principes de Bâle II et III et renforce le mécanisme de gestion de crise en établissant un nouveau cadre pour la résolution des banques et la protection des déposants, la mise en œuvre de la loi (règlements ainsi que personnel et budget dédiés à ces questions) a fait défaut, notamment en ce qui concerne les filets de sécurité financière (gestion des risques, préparation aux crises, programme d’assurance-dépôts , etc.) Rapport sur la situation économique en Mauritanie 44 En juin 2021, le parlement mauritanien a adopté une nouvelle loi qui permet Le gouvernement a pris des aux acteurs bancaires et non bancaires d’offrir des services de monnaie et de mesures importantes pour remédier paiement électroniques conformes aux normes internationales actuellement à l’absence d’un cadre juridique et appliquées par la Banque centrale européenne et la Banque centrale des États réglementaire approprié afin de développer le crédit aux entreprises d’Afrique de l’Ouest. La loi comprend également des dispositions relatives et de stimuler l’inclusion financière à la protection des consommateurs et fait référence à une réglementation numérique. adéquate en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, qui a été revue et renforcée en Mauritanie. Cette réforme a également favorisé l’inclusion financière des femmes en renforçant leur engagement dans l’économie formelle et en améliorant leur bien-être économique général, comme cela a été le cas dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne.11 En Mauritanie, les contraintes de financement touchent particulièrement les ménages ruraux, puisque seulement 1% d’entre eux vivent à proximité d’une banque traditionnelle, contre 22% en milieu urbain (Amendola et al 2017). Les femmes représentant 54% de la population rurale, les réformes financières numériques devraient donc davantage leur bénéficier et leur permettre un meilleur accès aux services financiers. L’accès des entreprises au financement reste limité, point largement abordé dans la section suivante. 11 Au Kenya, lorsque les ménages dirigés par des femmes ont adopté l’argent mobile, la pauvreté a diminué, l’épargne a augmenté et elles ont obtenu des postes mieux rémunérés dans le commerce et la vente au détail que dans l’agriculture (Suri et Jack 2016). 45 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 12: La croissance du crédit s’est accélérée en 2021, impulsée par les secteurs de la pêche et des services Contribution à la croissance du crédit (par secteur) 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 -2 -4 2018 2019 2020 2021 Agriculture-Elevage Pêche Exploitation minière Industrie Construction Transport-transit Commerce Prestations de service Ménages PIB Source: BCM et calcul des services Figure 13: Les prêts à court terme ont fortement Figure 14: Le niveau des prêts non productifs (PNP) contribué à la croissance des crédits en 2021 a augmenté depuis le début de la pandémie Croissance des crédits par échéance des prêts PNPs par rapport au total des prêts (pourcentage) 16 30 12 28 8 26 4 24 0 22 -4 20 2018 2019 2020 Oct-2021 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Court terme Moyen et long terme Source: BCM et calcul des services Source: BCM et calcul des services Figure 15: Les prêts non productifs sont plus élevés en Mauritanie que dans les pays pairs PNPs par rapport au total des prêts (pourcentage, 2020) 25 20 15 10 5 0 Mauritanie Pairs régionaux Pairs structurels UEMOA Source: Article IV, FMI. Pairs régionaux (Algérie, Maroc, Tunisie); Pairs structurels (Bénin, Nicaragua, Sénégal). Figure 16: La Mauritanie reste en dessous de ses pairs structurels en termes d’inclusion financière Inclusion financière 80 Pourcentage de la population (%) 60 40 20 0 2015 2020 2015 2020 Taux de bancarisation strict Taux de bancarisation élargi Mauritanie Sénégal Bénin Source: Rapports annuels de la BCM et de la BCEAO 1.5. La situation budgétaire est restée solide grâce à l’amélioration du recouvrement des recettes et des revenus miniers, bien que l’exécution du budget ait rencontré des difficultés. La situation budgétaire est restée La Mauritanie est entrée dans la crise du COVID-19 avec un solide espace excédentaire en 2021. budgétaire pour répondre au choc, ayant réalisé des excédents budgétaires primaires (hors dons) au cours des dernières années (figure 17). Malgré les effets négatifs de la pandémie, le solde budgétaire primaire (hors dons) est resté excédentaire à 1,1% du PIB en 2020, et à 0,8% du PIB en 2021. L’excédent budgétaire est dû à Les recettes totales sont passées de 20,4% du PIB en 2020 à 21,4% du PIB une augmentation des recettes en 2021, grâce à l’augmentation des recettes fiscales et des dividendes des minières et fiscales. sociétés minières. Les recettes fiscales ont augmenté, soutenues par la hausse des taxes sur les biens et services et des taxes sur le commerce international, ce qui reflète l’amélioration de l’activité économique et le renforcement de la demande intérieure (figure 18). Les recettes non fiscales ont augmenté grâce aux paiements élevés de dividendes par les entreprises d’État, résultant de conditions de marché favorables avec des prix internationaux élevés et une forte demande. Les subventions sont passées de 2% du PIB en 2020 à 2,1% du PIB en 2021. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 48 Les dépenses ont augmenté pour atteindre 19,2% du PIB en 2021, contre En revanche, les dépenses ont 18,2% du PIB en 2020 (figure 19). Cette augmentation des dépenses a été augmenté en 2021 en raison de soutenue par des dépenses d’investissement plus importantes financées la hausse des transferts et des par le pays pour soutenir la reprise économique. Elle s’est accompagnée investissements publics. d’une augmentation des transferts courants pour modérer l’impact de la crise sur l’économie et contenir l’augmentation de l’extrême pauvreté (1,90 USD par jour, en parité de pouvoir d’achat 2011), passant de 5,4% en 2020 à 6% en 2021. Cependant, l’exécution budgétaire n’a atteint que 85% de ce qui était prévu dans le budget complémentaire. Cela est dû à une sous-exécution des dépenses en biens et services, ainsi qu’aux transferts et aux difficultés de mise en œuvre qui affectent l’exécution des dépenses d’investissement financées par le pays. Le ministère des finances est conscient des contraintes de capacité des départements à mettre en œuvre certains postes budgétaires. Le Fonds Spécial de Solidarité et de Lutte contre le Coronavirus (FSS), créé La réponse de la politique dans le cadre du plan de réponse multisectoriel du gouvernement pour lutter budgétaire à la crise du COVID-19 contre le COVID-19, a exécuté environ 91,9% de son budget programmé en a été efficace pour soutenir les décembre 2021. Le dernier rapport d’exécution montre qu’en décembre services de base (eau et électricité) des ménages vulnérables. 2021, les recettes perçues ont atteint 9,5 milliards de MRU (260 millions de dollars US), tandis que les dépenses ont atteint 3 milliards de MRU (83 millions de dollars US) sur un budget programmé de 3,3 milliards de MRU (91,3 millions de dollars US). L’objectif de dépenses a été atteint pour trois des cinq composantes, à savoir le paiement des factures d’électricité, les exonérations fiscales et la composante d’aide aux ménages. Figure 17: Le solde budgétaire est resté excédentaire en 2021 Solde budgétaire primaire (hors dons) 4 3 2 Pourcentage (%) 1 0 -1 -2 -3 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Source: Ministère des finances et calculs des services 49 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 18: Augmentation des recettes minières et fiscales Composition des recettes totales (% du PIB) 25 20 15 Pourcentage (%) 10 5 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Recettes fiscales (hors industries extractives) Recettes non fiscales Revenus des industries extractives Subventions Total des revenus Source: Ministère des finances et calculs des services Figure 19: Augmentation des dépenses, compensée par les recettes Composition des dépenses (% du PIB) 30 25 20 Pourcentage (%) 15 10 5 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Salaires et traitements Biens et services Transferts courants Intérêt Autre Investir (Ext.) Investir (Int.) Dépenses totales Source: Ministère des finances et calculs des services En 2021, le focus à été mis sur la réduction de 1.6. l’encours de la dette et le maintien de sa viabilité. Le ratio de la dette publique totale au PIB a diminué, passant de 55,8% en La dette publique a diminué en 2021 2020 à 51,7% en 2021 (figure 20), grâce à une situation budgétaire solide avec la reprise de la croissance. et à un PIB nominal plus élevé. La majeure partie de la dette publique mauritanienne est assortie de conditions concessionnelles, ce qui rend les paiements d’intérêts sur la dette publique gérables, à 3,7% des recettes totales en 2021. Toutefois, comme 85% de la dette publique sont libellés en devises, la vulnérabilité de la dette aux risques de change reste très élevée. Ce moratoire sur la dette incluait la dette envers le Fonds arabe pour le Dans le cadre de l’ISSD, la développement économique et social, la Chine, l’Allemagne, la France, le Mauritanie a bénéficié de la Koweït, l’Arabie saoudite, l’Espagne et les Émirats arabes unis. Il a permis suspension du service de la dette de libérer environ 95,6 millions de dollars US (1,1% du PIB) en 2020 et un du 1er mai 2020 au 31 décembre 2021. montant estimé à 119,7 millions de dollars US (1,2% du PIB) en 2021. 51 Rapport sur la situation économique en Mauritanie La politique de la dette en 2021 Le cadre des autorités met l’accent sur le maintien d’une stratégie d’emprunt s’est concentrée sur la réduction de prudente consistant à ne pas contracter de prêts non concessionnels, l’encours de la dette et le maintien comme convenu dans le cadre de l’ISSD et de la politique de financement du de la viabilité de la dette dans le développement durable. En outre, la Mauritanie a poursuivi des discussions cadre de la mise en œuvre des bilatérales avec plusieurs créanciers pour renégocier des conditions plus programmes prioritaires. favorables. En août 2021, elle a conclu un accord final avec le Koweït concernant la restructuration d’une dette passive de longue date estimée à 12,4% du PIB à la fin de 2020. L’accord comprend: (i) l’annulation de 95% des intérêts dus cumulés, et (ii) l’étalement du remboursement du principal sur 20 ans, y compris un délai de grâce de deux ans, avec un taux d’intérêt de 0,5%. De même, un accord avec le Royaume d’Arabie saoudite convertissant le dépôt saoudien de 300 millions de dollars américains en un prêt concessionnel a également été conclu en avril 2022. Par conséquent, la gestion efficace de la dette a permis de ne pas accumuler de nouvelles dettes coûteuses, d’en annuler et de recourir à des financements extérieurs concessionnels. Deux facteurs pourraient atténuer Premièrement, la Mauritanie n’a pas accès aux marchés des capitaux le risque de surendettement. financiers, ce qui l’oblige à s’appuyer sur les donateurs bilatéraux et les partenaires de développement. Deuxièmement, les prêts concessionnels ont tendance à avoir des échéances plus longues, ce qui minimise les risques de refinancement. Toutefois, des chocs externes forts et durables sur les prix des produits de base que le pays exporte pourraient constituer un risque, étant donné que leur impact pourrait se traduire par une baisse des recettes extractives et des déficits budgétaires potentiels. Sans financement concessionnel, les autorités pourraient devoir recourir à des options d’endettement plus coûteuses. Cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l’encours de la dette et le niveau déjà élevé du surendettement extérieur. Figure 20: Le ratio dette/produit intérieur brut a diminué en 2021 avec la reprise de la croissance Dette publique (% du PIB) 80 70 60 50 40 30 20 10 0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021e Externe Domicile Dette publique Source: FMI et calculs des services du FMI. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 52 Perspectives économiques pour 2022-24: Le 1.7. cadre macroéconomique est favorable mais soumis à des risques importants. La croissance économique devrait poursuivre sa reprise en 2022 pour L’activité économique devrait se atteindre 4,5%, grâce à la hausse des prix des produits extractifs (minerai redresser à court et moyen termes. de fer et or), conséquence du conflit en cours en Ukraine, au succès du déploiement des vaccins et à l’augmentation des investissements du secteur public dans les projets prioritaires. Toutefois, les projections de croissance sont inférieures de 0,2 point de pourcentage par rapport aux prévisions antérieures à la crise Ukrainienne, en raison de l’impact négatif du conflit sur l’inflation, la consommation privée et l’investissement. La croissance devrait ensuite atteindre une moyenne de 6,5% en 2023-24, en raison de la préparation en cours pour la production de gaz et de l’expansion continue de la production minière. Les projections tablent sur une forte augmentation de la production minière Les secteurs des industries entre 2022 et 2025 avec: (i) l’expansion de la mine d’or 24k de Tasiast;12 extractives et des services seront (ii) la mise en œuvre du plan d’action de la Société Nationale Industrielle les principaux moteurs de la et Minière pour augmenter la production de fer; et (iii) le démarrage de la croissance à moyen terme. production de gaz du champ gazier offshore de la GTA en 2024. Le secteur des services continuera d’afficher une forte reprise, avec une croissance de 5,8% en 2022, grâce à la poursuite de l’expansion du secteur des transports et du commerce brut et de détail. Cette croissance comprend: (i) une reprise de la consommation et de La croissance du secteur non l’investissement privé, ainsi que le déploiement du vaccin couvrant une plus extractif devrait être généralisée au grande partie de la population, et (ii) l’amélioration de l’environnement des cours de la période de projection. affaires, le renforcement du capital humain et une économie plus diversifiée, soutenus par le programme d’investissement public des autorités et les réformes structurelles prévues dans le cadre de la stratégie à long terme du gouvernement, la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2022-25. En outre, les réformes visant à améliorer le capital humain, à renforcer la spécialisation et l’indépendance de la justice commerciale, à améliorer le cadre juridique des transactions sécurisées et à promouvoir la moyenne numérique des services de paiement devraient améliorer l’environnement des affaires, stimuler l’investissement privé et soutenir la croissance à moyen terme. 12 Le projet Tasiast 24k devrait permettre d’augmenter la production de la mine à 21 000 tonnes par jour d’ici le premier trimestre 2022, puis à 24 000 tonnes par jour d’ici le milieu de l’année 2023, prolongeant ainsi la durée d’exploitation de la mine de quatre ans, jusqu’en 2033. 53 Rapport sur la situation économique en Mauritanie L’inflation devrait rester élevée en L’inflation devrait atteindre 5,3% en 2022, contre 3,8% avant le conflit 2022 mais se modérer à moyen en Ukraine, en raison de la hausse des prix des importations de denrées terme, car les contraintes liées alimentaires et de pétrole brut. Les écarts de production devraient se à l’offre et les perturbations résorber à moyen terme grâce à une production plus forte et à une baisse mondiales devraient être résolues. de l’inflation des produits alimentaires importés. La BCM devrait améliorer le fonctionnement du marché interbancaire pour favoriser l’absorption de l’excès de liquidités. Si le conflit en Ukraine se prolonge, les effets de répercussion sont susceptibles d’exercer une pression supplémentaire sur l’inflation intérieure. Cela pourrait entraîner un mécontentement social généralisé, une insécurité alimentaire et une augmentation de la pauvreté. La situation budgétaire devrait se Le déficit budgétaire devrait passer à 0,3% en 2022, en raison de la hausse détériorer à moyen terme. des dépenses d’investissement et de la baisse des recettes non fiscales et des subventions. Bien que les recettes fiscales devraient augmenter, le deficit budgétaire devrait se creuser avec la hausse des dépenses engendrée par l’impact du conflit en Ukraine sur les subventions pour le carburant et les aliments de base, ainsi que par les priorités du gouvernement visant à augmenter les dépenses d’investissement et les dépenses sociales, comme indiqué dans le plan de développement national et le projet de budget 2022. À moyen terme, les recettes fiscales devraient augmenter grâce à la mise en œuvre des réformes de mobilisation des recettes intérieures. L’effet net des nouvelles politiques fiscales à moyen terme devrait être une augmentation progressive des recettes fiscales (hors extractions), qui passeront de 11,8% du PIB en 2021 à 13,1% en 2024. Du côté des recettes extractives, même si la production de gaz devrait débuter en 2024, l’augmentation des recettes sera attenuer par la baisse des prix internationaux du fer et le cuivre. À moyen terme, le gouvernement s’est engagé à améliorer l’efficacité des dépenses publiques, conformément aux recommandations de l’évaluation de la gestion des investissements publics (FMI 2020) et de la revue des dépenses publiques de la Banque mondiale, récemment achevée. Le gouvernement doit maintenir Le vaste secteur informel et les entreprises formelles qui ne paient pas d’impôts la viabilité budgétaire, en mettant pourraient être visés en renforçant l’administration fiscale pour qu’elle soit l’accent sur l’amélioration de plus efficace dans la collecte des recettes, en rendant la télédéclaration la collecte des recettes non obligatoire pour les gros et moyens contribuables et en encourageant les extractives en élargissant l’assiette paiements électroniques et mobiles fournissant des données d’informations fiscale pour inclure les groupes ou fiscales secondaires pour les contrôles fiscaux. En outre, le gouvernement les entreprises qui échappent aux impôts en raison de l’informalité et doit contrôler et publier chaque année les exonérations fiscales accordées des exonérations fiscales. aux entreprises afin de minimiser ces dépenses dans le temps. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 54 Le déficit du compte courant devrait se détériorer, passant de 10,4% Le déficit de la balance courante du PIB en 2021 à 12,3% du PIB en 2022, sous l’effet de la hausse des prix devrait se réduire à court terme, mondiaux des produits de base. Bien que les exportations vers la Russie en raison de l’augmentation des et l’Ukraine soient faibles, l’augmentation induite du prix des importations exportations de produits extractifs et de la baisse des importations de de produits alimentaires et pétroliers, combinée aux investissements dans biens d’équipement. le secteur des hydrocarbures et aux projets de partenariats public-privé,13 devraient fortement contribuer à la détérioration de la balance commerciale. Cette situation devrait être partiellement compensée par la vigueur des exportations d’or et de minerai de fer en 2022, les prix internationaux continuant à augmenter, sous l’effet du conflit en Ukraine. À moyen terme, le déficit de la balance courante devrait se réduire à environ 6,7% du PIB en 2024. Plusieurs facteurs devraient contribuer à cette diminution: (i) la baisse des importations de biens d’équipement, avec l’achèvement de la phase de développement du champ gazier offshore GTA; (ii) le début des exportations d’hydrocarbures; et (iii) l’augmentation de la production minière. Les IDE liés à l’industrie extractive et les emprunts concessionnels resteront des sources de financement essentielles. Ainsi, les réserves devraient rester supérieures à six mois d’importations de biens et de services au cours de la période considérée. Les autorités restent déterminées à achever les réformes du marché des La dynamique de réforme visant à changes afin d’établir un marché des changes interbancaire et à y introduire renforcer les politiques monétaires régulièrement des adjudications compétitives pour améliorer l’accès aux et de change devrait se poursuivre devises étrangères. La BCM continuera également à développer son cadre à moyen terme. opérationnel pour la politique monétaire, notamment par la mise en œuvre d’une plateforme technique intégrée pour les opérations de politique monétaire avec le soutien de la Banque africaine de développement. Ces réformes doivent encore produire des résultats tangibles et requièrent l’attention du nouveau gouvernement pour développer et rendre efficace le marché de la dette intérieure. L’avantage de ce marché va au-delà de la mobilisation des ressources nationales pour le développement, mais il aide aux opérations d’open market de la BCM. L’AVD conjointe de la Banque mondiale et du FMI de décembre 2021 a conclu Si le risque de surendettement que la Mauritanie reste exposée à un risque élevé de surendettement, car externe et global reste élevé, la le ratio service de la dette/recettes et le ratio valeur actuelle de la dette/ dette publique est viable. PIB dépassent leurs seuils respectifs (avec des dépassements marginaux de l’indicateur de solvabilité). Néanmoins, la dette extérieure et la dette publique continuent d’être considérées comme viables, car tous les indicateurs de la dette devraient suivre une tendance constante à la baisse ou être inférieurs à leurs seuils respectifs d’ici 2026. En outre, la dette publique est sur une trajectoire decroissante à moyen terme et devrait passer en dessous de 46% du PIB en 2031 (en termes nominaux). L’AVD souligne la nécessité de suivre des politiques économiques prudentes, notamment une stratégie qui évite les emprunts non concessionnels et s’appuie plutôt sur des dons et des financements concessionnels. L’accord annoncé avec le Royaume d’Arabie saoudite le 17 avril 2022 devrait améliorer la viabilité de la dette, qui sera réévaluée avec une nouvelle AVD en temps voulu. La note de risque devrait donc passer d’élevée à modérée. 13 Comme l’extension des installations de stockage de pétrole à Nouakchott ou la réalisation d’un complexe agro-industriel pour la production de sucre. 55 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Le gouvernement s’est engagé Pour améliorer la transparence et la gestion de la dette, le gouvernement à renforcer la gestion et la prévoit de mettre en œuvre les mesures suivantes: (i) publier une évaluation du transparence de la dette. risque budgétaire des passifs éventuels liés à la dette qui pourraient émaner des cinq plus grandes entreprises d’État; (ii) s’engager à ne pas contracter de nouvelles dettes extérieures publiques et non concessionnelles garanties par l’État en 2022; et (iii) établir un mécanisme de financement sous la forme d’un fonds éventuel pour réduire l’impact budgétaire des chocs climatiques sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre du système national de prévention et de réponse aux crises alimentaires et nutritionnelles. Le gouvernement doit poursuivre la stratégie de renégociation bilatérale des termes de sa dette onéreuse, tout en publiant sa dette car cela favorise sa crédibilité et sa responsabilité. Les perspectives La prolongation de la pandémie du COVID-19 et du conflit ukrainien, macroéconomiques sont soumises ainsi que l’affaiblissement des marchés mondiaux des produits de base à des incertitudes et à des risques pourraient se traduire par une baisse de l’activité économique, des recettes de détérioration qui pourraient et des réserves extérieures, par la poursuite des pressions inflationnistes affecter la croissance et d’autres et par une augmentation de la pauvreté. En outre, l’échec de la mise en agrégats clés. œuvre des réformes de l’environnement des affaires pourrait compromettre les perspectives de croissance non extractive. Par ailleurs, bien que la construction de la première phase du projet gazier offshore GTA soit en cours, les deuxième et troisième phases pourraient connaître certains retards, ce qui ralentirait les entrées d’IDE et pèserait négativement sur la croissance et les perspectives budgétaires à moyen terme. Les risques d’insécurité régionale au Sahel restent une préoccupation, qui, s’ils se concrétisaient, pourraient avoir un effet négatif sur l’économie et entraîner une augmentation des dépenses militaires. La Mauritanie est également exposée à des cycles récurrents de sécheresse qui ont un impact sur la production agricole et les revenus des ménages. Les perspectives à moyen terme exigent que le gouvernement se concentre sur la viabilité budgétaire, en mettant l’accent sur la mobilisation des ressources des recettes non extractives, l’amélioration de l’exécution du budget par un partenariat solide avec le secteur privé pour l’exécution des projets publics, et l’amélioration de l’environnement des affaires pour faciliter la compétitivité et la prudence dans la gestion de la dette. Le secteur privé a besoin de l’adoption et de l’utilisation de la technologie par les entreprises, de la mécanisation de l’agriculture, de la valorisation du secteur de la pêche et du soutien financier aux PME pour augmenter leur production tout en créant des emplois formels. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 56 Figure 21: La croissance augmentera encore en 2022 mais restera inférieure au niveau pré-pandémique 6 4 2 Pourcentage (%) 0 -2 -4 2019 2020 2021 2022 2023 Le monde Afrique Sub-Saharienne Mauritanie Source: Macro Poverty Outlook et Global Economic Prospects, Banque mondiale 2022 Figure 22: Indicateurs de la dette extérieure publique et garantie par l’État par rapport au PIB (a) et du service de la dette par rapport aux recettes (b) en cas de choc extrême, 2021-31 a. PV du ratio dette extérieure/PIB b. Ratio service de la dette/recettes 70 35 60 30 50 25 40 20 30 15 20 10 10 5 0 0 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2021 2023 2025 2027 2029 2031 Ligne de base Scénario historique Choc MX Standard & Tailored Seuil Source: AVD conjointe FMI-Banque mondiale, décembre 2021 Chapitre 2 2 Secteur privé et transformation économique pour des emplois de qualité 2.1. La Mauritanie fait face à une opportunité majeure pour développer le secteur productif et accélérer la création d’emplois. Objet de ce chapitre Le chapitre 2 détaille les principales contraintes et opportunités pour le développement du secteur privé, en tant qu’acteur clé pour soutenir une croissance inclusive et créer les emplois dont lepays a besoin. Le chapitre propose des mesures politiques qui pourraient être mises en œuvre pour faire face à ces contraintes et créer des meilleurs emplois pour les citoyens mauritaniens. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 60 Plus de 60% des Mauritaniens en âge de travailler ont moins de 35 ans (ONS La population mauritanienne est 2017) et courent le risqué d’etre au chômage. Les taux de chômage les plus majoritairement jeune et sans élevés (environ 20%)14 sont parmi la population jeune, et près de la moitié de emploi ou sous-employée, ce qui l’ensemble de la population jeune ne travaille pas ou ne va pas à l’école. Ceux constitue à la fois une opportunité et un risque majeur pour le pays. qui travaillent ont tendance à le faire de manière informelle (seulement 16% de leurs emplois sont dans le secteur formel) s’exposant de fait aux risques associés, notamment la violation des droits de l’homme et le sous-emploi. Le marché du travail est en outre freiné par un faible taux de participation des femmes, qui ne représentent qu’un emploi sur quatre (Banque mondiale 2018b). Les filles et les jeunes femmes sont également plus susceptibles d’abandonner l’école et souffrent de normes sociales restrictives qui favorisent l’exclusion des femmes des activités économiques, notamment dans le secteur formel (Banque mondiale 2021). Selon les données de l’Enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel Malgré des taux de croissance en Mauritanie (ENESI) de 2012 et 2017, et contrairement à ce qui est antérieurs respectables (en habituellement observé dans la plupart des pays, la Mauritanie a souffert moyenne 3,9% par an sur la période d’une transformation structurelle inverse dans laquelle la main-d’œuvre 2009-19), le pays n’a pas été en mesure de créer des emplois plus a été contrainte de se déplacer vers des secteurs moins productifs. Les nombreux et de meilleure qualité travailleurs sont passés de l’agriculture aux secteurs non exportables, pour sa population. tels que la construction, le commerce de détail et les services publics, où la productivité a diminué au fil du temps (Banque mondiale 2020). La productivité globale de la main-d’œuvre - exprimée par le PIB par personne employée - ne s’est pas améliorée au cours de la dernière décennie et est relativement faible, environ 5 366 dollars US par employé et par an, ce qui est inférieur aux chiffres observés chez les pairs régionaux, comme le Maroc (10 042 dollars US) ou la Tunisie (14 634 dollars US) (Dieppe, Kilic Celik et Kindberg-Hanlon 2020). Avant la pandémie du COVID-19, les données montraient que la plupart des En plus des faibles niveaux de emplois indépendants et salariés du pays étaient informels, représentant productivité et de ce qui pourrait 84% de l’ensemble des emplois. Les emplois salariés sont également y être corrélé, la Mauritanie est largement informels, représentant 36% des emplois. L’emploi indépendant caractérisée par des niveaux élevés d’informalité. reste précaire, avec des niveaux de pauvreté variables parmi les travailleurs, en particulier ceux qui travaillent dans l’agriculture, les indépendants et les travailleurs domestiques (Banque mondiale 2018b). Le secteur public reste le plus grand employeur formel, le secteur privé ne représentant qu’environ 4% des emplois du secteur formel (ONS 2017). Selon l’enquête sur les conditions de vie des ménages réalisée entre La pandémie du COVID-19 a novembre 2019 et avril 2020, 42 personnes sur 100 en âge de travailler (14- considérablement limité l’emploi en 64 ans) avaient un emploi. Les premières estimations réalisées pendant la Mauritanie. pandémie en juillet 2020 ont fait état d’un taux d’occupation des emplois de 34%, correspondant à une baisse de 8 points de pourcentage par rapport à la période pré-COVID-19. Cette baisse s’est poursuivie en novembre 2020 (début de la deuxième vague du COVID-19), où le taux d’occupation était de 33%. Une légère reprise en janvier 2021 a conduit à une augmentation de 2 points de pourcentage du taux d’occupation, dont le niveau est resté bien inférieur aux chiffres pré-COVID-19. Les grandes villes, comme Nouakchott et Nouadhibou, ont été plus touchées par la baisse de l’occupation des emplois, mais ont connu une reprise plus rapide (figure 23). 14 Le taux d’emploi global des dernières données disponibles (2017) est de 36,6 pour cent, ce qui signifie que près des deux tiers de la population en âge de travailler ne participent pas directement à l’activité économique du pays. Le taux de chômage s’élève à 10,1 pour cent. 61 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Actuellement, deux réalités D’une part, il existe une économie traditionnelle de subsistance basée sur économiques opposées coexistent l’élevage, l’agriculture et le petit commerce. De l’autre, il y a une économie plus dans le pays, avec très peu de liens moderne qui s’appuie sur les ressources naturelles abondantes du pays et sur entre elles. les IDE et les exportations de produits peu complexes qui y sont liés, à savoir les produits extractifs et les produits de la pêche. Alors que les exportations et les IDE sont souvent associés à d’importants effets de retombées dans les domaines de la technologie et de la productivité, ces effets ne se sont pas bien transférés à l’économie hors extractif en Mauritanie, et les liens entre le secteur extractif et le reste de l’économie sont presque négligeables. Ainsi, le défi reste de s’orienter vers des activités à plus forte valeur ajoutée pour encourager la transformation économique (Banque mondiale 2020). Le programme pour l’emploi et la Par conséquent, ce programme mérite une attention analytique particulière. transformation économique (JET), Il existe une base analytique large et récente en Mauritanie, notamment défini comme “l’objectif à moyen à travers le mémorandum économique pays (Banque mondiale 2020) terme de créer des emplois plus et la note de politique générale sur la transformation de la trajectoire des nombreux et de meilleure qualité emplois pour les jeunes vulnérables (Banque mondiale 2017) qui analysent grâce à des investissements privés les questions liées à la croissance et à l’emploi. Cependant, les travaux productifs et à l’amélioration du capital humain”, a été identifié d’analyse sur le secteur formel et plus productif sont limités.15 Les autorités par les autorités mauritaniennes ont réalisé quelques études pour quantifier et catégoriser le secteur informel comme le fondement du ces dernières années. Néanmoins, les données sur le secteur privé, y compris développement du pays. sur les PME,16 n’existent qu’au niveau macro et il est impossible de trouver des informations générales ou désagrégées sur le tissu d’entreprises en Mauritanie auprès de n’importe quelle source publique17 ou privée. En s’appuyant sur des données Premièrement, le rapport examine les principales caractéristiques et la de première main au niveau des dynamique de croissance du secteur privé mauritanien. Ensuite, il détaille entreprises, ce rapport vise à des sujets importants pour catalyser l’investissement privé et la création enrichir le corpus de connaissances d’emplois, qui ont jusqu’à présent reçu une attention analytique limitée existant en ce qui concerne le en Mauritanie -, la politique de concurrence, l’innovation et l’adoption de programme du JET sur la connexion technologies, et l’accès au financement. Ces domaines sont essentiels aux marchés et la création de marchés (Figure 24) de deux pour une croissance inclusive du secteur privé, afin de jeter les bases d’une manières. augmentation de la productivité et d’initier une transformation économique souhaitable. 15 Une enquête de la Banque mondiale sur les entreprises a été menée en 2014, couvrant 150 entreprises. Si les résultats de l’enquête ont fourni des données utiles sur les contraintes affectant les entreprises, les statistiques étaient limitées sur la composition et les tendances du secteur privé, notamment la croissance, l’âge, la productivité et l’intégration dans l’économie mondiale. 16 Il n’existe pas de définition officielle des MPME ou des PME en Mauritanie. Bien que certains textes juridiques y fassent référence (comme le code des investissements ou le code des impôts), aucune n’est universellement reconnue. Par conséquent, il y a un manque de suivi et, en l’absence de collecte de données réglementaires, les données analytiques ne peuvent être obtenues que par des enquêtes. 17 Les seules informations nationales et publiques sur le secteur privé du pays se trouvent au guichet unique pour la création d’entreprises (http://guichetunique-mr.info/index.php/donnees- statistiques). D’autres administrations, telles que le registre du commerce, ne contrôlent pas et ne mettent pas à disposition d’informations sur le secteur privé. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 62 Figure 23: Taux d’occupation avant, pendant et après le COVID-19 (en pourcentage) 50 40 30 20 10 0 National Nouakchott/Nouadhibou Autres centres urbains Rurale Pre-COVID EPCV 20219 COVID Juillet 2020 COVID Novembre 2020 COVID Janvier 2021 Source: Office national des statistiques. Enquête sur les conditions de vie des ménages 2020 Figure 24: Cadre pour l’emploi et transformation économique De meilleurs emplois pour plus de personnes Investissement privé Transformation Travailleurs et entrepreneurs créateur d’emplois Économique plus productifs Connexion et Renforcer les capacités et création des marchés relier les travailleurs aux emplois Politique macroéconomique Governance Améliorations du Réglementation du et stabilité budgétaire capital humain marché du travail Infrastructures Intégration régionale, et logistique Protection sociale commerce et chaînes de valeur mondiales La politique de concurrence Climat des affaires Accès au financement Adoption et innovation de la technologie Source: Adapté du thème spécial de l’IDA: JET 2019; document du comité de développement sur le JET, octobre 2019 2.2. Un petit secteur privé formel, tiré par les plus grandes entreprises qui stimulent la croissance et la création d’emplois. La création d’entreprises a été Malgré l’épidémie du COVID-19 et le ralentissement économique, le nombre stable. de nouvelles entreprises immatriculées par le Guichet Unique de Nouakchott a été constant, avec une moyenne de plus de 3 700 entreprises créées par an (Figure 25). Depuis 2015, plus de 26 000 entreprises ont été créées en Mauritanie, dont la plupart se sont immatriculées sous forme d’entreprise individuelle (67%). Environ 8 entreprises créées sur 10 étaient dans le secteur du commerce, et seulement 1 sur 10 était dirigée par des femmes. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 64 La création d’entreprises est relative à ce que l’on pourrait attendre compte Par rapport à la moyenne mondiale tenu du niveau de développement du pays (Figure 26): 0,4 immatriculation et à celle d’Afrique subsaharienne, pour 1 000 personnes âgées de 15 à 64 ans en 2018 contre, par exemple, la création d’entreprises en 1,4 en Afrique subsaharienne. Cet indicateur permet de mieux comprendre Mauritanie est légèrement inférieure. la dynamique des entreprises privées en Mauritanie et est cohérent avec d’autres indicateurs d’entrepreneuriat, tel que l’indice mondial de l’entrepreneuriat, où la Mauritanie est en retard par rapport aux pays pairs - 11,56 contre 19,65 pour le Sénégal, 25,68 pour le Maroc et 40,53 pour la Tunisie. Malheureusement, il n’existe pas de données sur la fermeture des entreprises, ce qui empêche d’évaluer le niveau de renouvellement des entreprises. Selon les données de l’administration fiscale (2019), il y a environ 30 000 Alors que le secteur informel entreprises actives et formelles dans le pays, mais seulement environ 1 400 est important, le secteur privé dans le système de paiement des impôts selon les données disponibles formel est peu développé et sur les entreprises. La plupart des entreprises formelles sont concentrées à principalement constitué de petites entreprises basées à Nouakchott. Nouakchott (près de 90%), sont jeunes (près de 60% ont entre 6 et 10 ans) et petites (50% ont moins de 5 employés et 70% moins de 10 employés). Le commerce général et le commerce de détail sont les secteurs les plus La plupart des activités des courants parmi les micro et petites entreprises (respectivement 53% et 41%). entreprises sont concentrées L’activité des moyennes et grandes entreprises est plus diversifiée, avec un dans le commerce général et les certain degré de concentration dans les autres services. Compte tenu de services, mais la concentration des entreprises varie en fonction de leur la concentration de l’économie, la création d’emplois est principalement taille (figure 27). portée par les autres services dominés par les grandes entreprises. La génération de revenus est principalement impulsée par le commerce et les autres services (60% combinés), suivis par le secteur minier (20%), qui a connu une croissance significative ces dernières années en raison des activités d’extraction de l’or. Le potentiel de développement et de création d’emplois à long terme de Les grandes entreprises formelles l’économie mauritanienne dépendra de sa capacité à générer des économies sont essentielles pour stimuler la d’échelle, à promouvoir les exportations et à favoriser l’innovation. La structure création d’emplois et la génération actuelle de l’économie montre que la création d’emplois est principalement de revenus. le fait des grandes entreprises, qui sont généralement plus anciennes que les petites entreprises et qui opèrent dans d’autres services. Celles-ci sont concentrées dans des sous-secteurs employant des travailleurs peu qualifiés et présentant de faibles niveaux d’innovation (annexe C). Dans l’indice de compétitivité mondiale 2019 du Forum économique mondial, la Mauritanie se classe au dernier rang des pairs structurels et régionaux pour la “ croissance des entreprises innovantes “ (2,9 contre 3,8 pour l’Afrique subsaharienne) et à l’avant-dernier rang pour la “ facilité à trouver des employés qualifiés “ (3,7 contre 4,8 au Sénégal). Enfin, bien que les grandes entreprises ne représentent que 4% du monde des affaires en Mauritanie, elles ont contribué à la création de près de 60% des emplois et de 43% des revenus entre 2014-19 (figure 28). Cette situation, associée au système éducatif traditionnel du pays et à l’écart de compétences de la main-d’œuvre,18 entrave la capacité du secteur privé à innover et souligne la tendance du pays à la concentration des entreprises et au faible niveau de concurrence intérieure. 18 40% des entreprises considèrent le manque de main-d’œuvre comme une contrainte majeure, contre une moyenne de 11,3% pour l’Afrique subsaharienne. 65 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Le secteur privé mauritanien a Après la croissance économique de l’ère pré-COVID-19 et sur la base des fait preuve d’une forte résilience données de l’administration fiscale, la plupart des entreprises formelles et d’une croissance modeste au ont connu une évolution positive de leurs revenus dans tous les secteurs lendemain de la pandémie. en 2014-19, mais cette évolution a été principalement portée par le secteur minier et, dans une moindre mesure, par le commerce et les autres services. De même, les données basées sur l’enquête FAT 2022 suggèrent que les entreprises ont également continué à créer des emplois et à se développer pendant la période du COVID-19. Même si les informations recueillies grâce à l’enquête ne représentent qu’une partie du secteur privé, du secteur formel et des entreprises qui ont survécu à la pandémie, les données préliminaires montrent une résilience importante et une reprise rapide du secteur privé deux ans après la pandémie. L’annexe E détaille les impacts de COVID-19 sur le secteur privé au début de la pandémie. Encadré 2 Sources des données sur les entreprises Ce rapport s’appuie sur différentes sources de 730 entreprises ont été contactées et 403 ont données sur les entreprises pour analyser les répondu à l’enquête FAT 2022 et constituent principales caractéristiques du secteur privé la base de l’analyse menée. L’échantillon n’est mauritanien. Les données pour la première représentatif que des PME formelles comptant partie de l’analyse générale de la structure 5 travailleurs ou plus dans le pays et ne saisit du secteur privé dans le pays proviennent pas l’ensemble du secteur privé du pays, de la base de données de l’Administration comme les micro-entreprises et les entreprises fiscale pour les années 2014 à 2019. La base de informelles. La base de sondage utilisée pour données couvre les entreprises formelles ayant l’enquête est basée sur une liste d’entreprises payé des impôts et soumises au régime réel, fournie par l’administration fiscale en 2021 à Nouadhibou, Nouakchott, et Trarza durant et l’enquête ANSADE COVID-19 en 2020. Les cette période. Bien que limitée en termes résultats présentés dans ce rapport sont d’univers d’entreprises (1 446 entreprises au basés sur des données non pondérées et total), cette base de données représente le sont qualitativement cohérents avec les secteur privé formel et structuré pour lequel résultats obtenus à l’aide d’un échantillonnage des données sont disponibles. pondéré pour ajuster le biais de non-réponse, selon la population des entreprises par région La deuxième partie du rapport présente les (Nouakchott, Dakhlet Nouadhibou et Trarza), résultats d’une enquête sur l’adoption des la taille (petite: 5-19; moyenne: 20-99; et technologies au niveau des entreprises (FAT) grande: 100 employés et plus) et le secteur menée en Mauritanie entre décembre 2021 ( agriculture, transformation des aliments, et avril 2022. L’échantillonnage comprend autres industries manufacturières, vente au tous les établissements de cinq employés détail et services). Voir le tableau 3 de l’annexe ou plus, soit 1,100 entreprises au total. Sur C pour une ventilation par taille d’entreprise et les 600 entreprises, 403 ont répondu à par secteur. l’enquête FAT de 2022 et constituent la base de l’analyse réalisée.Parmi ces entreprises, Rapport sur la situation économique en Mauritanie 66 La plupart des cadres supérieurs ont tendance à avoir un diplôme Enfin, les chefs d’entreprise universitaire (77%) et une grande partie d’entre eux ont étudié à l’étranger diplômés de l’enseignement pendant plus d’un mois (59%). Ces proportions sont plus importantes dans supérieur et ayant plus de deux les grandes entreprises que dans les petites. Les dirigeants ont également décennies d’expérience sont majoritairement des hommes. un nombre considérable d’années d’expérience dans le même secteur, avec une médiane de 21 ans dans les grandes entreprises, 18 ans dans les entreprises moyennes et 16 ans dans les petites entreprises. En outre, étant donné qu’une grande partie des entreprises sont détenues par le fondateur ou la famille du fondateur (deuxième génération), les opportunités pour les jeunes d’accéder à des postes de direction sont susceptibles d’être relativement rares. Les résultats de l’enquête FAT 2022 suggèrent également que les femmes ne représentent que 11% des travailleurs de l’échantillon de l’enquête, les grandes entreprises ayant une plus grande proportion de femmes (26%) que les petites entreprises (8%). De même, les grandes entreprises sont plus susceptibles d’avoir au moins une femme cadre supérieur (15%) que les petites entreprises (5%). Si l’on considère la propriété, une part importante des entreprises compte au moins une femme (42% des grandes entreprises et 12% des petites entreprises), mais la plupart de ces entreprises sont des entreprises familiales ou appartiennent au fondateur ou à la famille du fondateur. Ce décalage entre la propriété et la gestion suggère que les femmes peuvent encore avoir un pouvoir de décision ou occuper des postes limités avec un pouvoir de décision dans le secteur privé formel. Enfin, les données montrent que les grandes entreprises ont une plus grande proportion de travailleurs ayant au maximum un niveau d’études secondaires (40%), tandis que les entreprises moyennes ont une plus grande proportion de travailleurs ayant au maximum un niveau d’études professionnelles (34%) et ayant un diplôme universitaire ou plus (25%). 67 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 25: Création d’entreprises formelles 2015-21 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Établissement Société à responsabilité limitée Cociété Anonyme Source: Base de données sur la création d’entreprises, Guichet Unique, février 2022 Figure 26: Densité des nouvelles entreprises par rapport au produit intérieur brut par habitant 20 ZAF 20 Nouvelles entreprises enregistrées pour 1 000 personnes en âge de travailler (15-64 ans, échelle logarithmique) 5 KEN COL MYS RWA 1 KHM VNM -5 SEN LKA MRT PHL -1 BGD 2500 5000 15000 30000 60000 PIB par habitant (échelle logarithmique) Source: Indicateurs du développement mondial, comparaison entre pays, 2018 Figure 27: Répartition sectorielle des entreprises mauritaniennes Services de santé Services financiers Services terrestres et transport Autres services Commerce en gros et au détail Mines  Autres industries Industrie pharmaceutique Industrie du textile Industries agroalimentaire Elevage Pêche Agriculture   0% 10% 20% 30% 40% 50% Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’ensemble de données de l’administration fiscale 2014-19 Figure 28: Répartition du nombre d’entreprises, de l’emploi et des revenus 100 80 Pourcentage (%) 60 40 20 0 Entreprises Emplois Revenus Micro Petite Moyenne Grande Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’ensemble de données de l’administration fiscale 2014-19 2.3. Adoption limitée des technologies par les entreprises Le développement de la technologie En Afrique, le nombre de startups tech obtenant des financements a numérique et de l’entrepreneuriat été multiplié par six entre 2015-21 (Maher et al 2021), avec le potentiel de numérique local peut améliorer développer des solutions numériques pour un meilleur accès aux soins de la productivité et l’efficacité santé, aux services financiers, à l’éducation et à l’énergie, malgré le rude des entreprises, leur accès à environnement commercial du continent. Pourtant, de nouvelles données des marchés plus importants et issues de l’enquête FAT 2022 suggèrent que les entreprises mauritaniennes de meilleure qualité, ainsi que la transformation économique ont une marge de manœuvre importante pour améliorer la technologie dans inclusive. les domaines suivants. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 70 2.3.1. Électricité, technologies de l’information et de la communication (TIC) et réseaux sociaux Selon l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale pour la Mauritanie L’accès à l’électricité pour le secteur en 2014, 58% des entreprises ont identifié l’électricité comme une contrainte privé formel (avec cinq travailleurs majeure pour faire des affaires. Bien que la plupart des entreprises formelles ou plus) est presque universel, y aient accès, la production insuffisante d’électricité et la fiabilité restent des mais les pannes persistent, ce qui conduit un nombre important problèmes (Gakusi, Delponte et Houetohossou 2015; OMC 2018). L’enquête d’entreprises à utiliser des FAT le confirme: en 2022, toutes les entreprises étaient connectées au réseau générateurs. électrique, et 93% ont déclaré avoir subi des coupures de courant en 2021. Face à une alimentation électrique peu fiable, 52% des entreprises ont utilisé un générateur en 2020, les grandes entreprises y étant plus susceptibles (85%) par rapport aux petites entreprises (36%). Outre le manque de fiabilité de l’approvisionnement, le problème est encore aggravé par le niveau des coûts. Comme compilé par Doing Business 2020, le coût de l’électricité en 2019 était d’environ 17,6 cents US par kilowattheure, ce qui est nettement plus élevé que les comparateurs régionaux (comme le Maroc à 12,49 dollars US) et légèrement supérieur à la moyenne régionale. Alors que la plupart des grandes entreprises de l’échantillon disposent L’accès aux outils technologiques d’un site web, seules 63% des moyennes entreprises et 36% des petites de base, tels que les ordinateurs et entreprises en ont un (figure 29). Les petites entreprises sont plus l’internet, est omniprésent, quelle susceptibles de s’appuyer sur les réseaux sociaux, qui constituent un mode que soit la taille de l’entreprise, mais l’étendue et les fonctions de marketing et de communication en ligne moins coûteux et plus facile que pour lesquelles ils sont utilisés - en les sites web. La part des petites entreprises qui utilisent les réseaux sociaux particulier, l’adoption et l’utilisation ou un site web à des fins commerciales n’est encore que de 51%, contre de la technologie - varient selon la 75% pour les moyennes entreprises et 96% pour les grandes entreprises. La taille. possession d’un ordinateur est également quasi universelle, et la majorité des entreprises ont accès à internet. Toutefois, il existe un écart entre les petites (91%) et les grandes entreprises (100%) en matière d’accès à Internet. Les données suggèrent donc que la création de sites web et l’utilisation des réseaux sociaux à des fins commerciales restent faibles dans le pays, en particulier pour les PME. L’annexe C6 détaille les technologies correspondant à chaque fonction Afin d’analyser le niveau d’adoption commerciale. L’indice (Cirera et al 2021), varie entre 1 et 5, où 1 correspond des technologies et d’utiliser au niveau le plus basique d’utilisation des technologies et 5 au niveau le plus les données de manière plus sophistiqué. Deux indices fondamentaux sont calculés: la marge extensive systématique, les informations relatives à chaque fonction et la marge intensive. La marge extensive détermine si l’entreprise adopte commerciale, étant des tâches une technologie pour effectuer une tâche donnée. La marge intensive est communes à toutes les entreprises, basée sur la technologie dominante utilisée pour effectuer la tâche, c’est-à- ont été converties en un indice dire l’intensité avec laquelle les entreprises utilisent la technologie. technologique. 71 Rapport sur la situation économique en Mauritanie L’adoption par les entreprises de Il existe une marge pour une plus grande adoption de la technologie dans la technologie pour les fonctions une série de fonctions commerciales, ainsi qu’une plus grande intensité commerciales générales est de son utilisation dans ces fonctions. L’écart entre les marges extensive et faible en Mauritanie, sauf pour les intensive varie fortement selon les fonctions (figure 30). Bien que certaines processus administratifs et les entreprises adoptent des technologies plus sophistiquées pour une fonction méthodes de paiement numériques. commerciale donnée (comme les méthodes de paiement numérique), ces technologies ne sont pas utilisées de manière intensive. Les entreprises ont surtout recours à des technologies moins sophistiquées pour chaque fonction commerciale clé. L’administration: L’adoption de la technologie pour les procédures administratives, y compris les finances, la comptabilité et les ressources humaines, est importante: 86% des entreprises utilisent des ordinateurs avec des logiciels standards, 72% des entreprises utilisent des logiciels spécialisés et 45% des logiciels de planification des ressources de l’entreprise. Cependant, il existe un écart dans l’intensité de l’utilisation de ces technologies: 55% des entreprises utilisent principalement des ordinateurs pour les fonctions administratives, 18% des logiciels spécialisés et seulement 10% des progiciels de gestion intégrés. Planification de la production: De même, l’adoption de la technologie pour la planification de la production est relativement élevée, avec plus de 77% des entreprises utilisant des ordinateurs avec des logiciels standards, 39% utilisant des logiciels spécialisés et 33% utilisant des logiciels de planification des ressources de l’entreprise. L’intensité de l’utilisation est également faible, puisque seulement 11% des entreprises utilisent principalement des logiciels spécialisés et 7% des progiciels de gestion intégrés. Approvisionnement: Plus de 60% des entreprises utilisent des fonctions informatiques standards, mises à jour manuellement, pour gérer les chaînes d’approvisionnement, et environ 30% utilisent les réseaux sociaux et des applications spécialisées. Seule une entreprise sur quatre environ utilise un logiciel de gestion des relations avec les fournisseurs, leur permettant de gérer et d’évaluer systématiquement les capacités des fournisseurs afin de créer des chaînes d’approvisionnement plus rationnelles et efficaces. Comme on pouvait s’y attendre, les petites entreprises sont moins susceptibles d’utiliser un logiciel de gestion des relations avec les fournisseurs, et les petites entreprises qui l’utilisent l’ont adopté plus récemment. Le marketing: La collecte et l’analyse des informations provenant des clients à des fins de marketing ou de développement de produits sont importantes pour le succès à long terme des entreprises et pour suivre l’évolution des demandes du marché. Presque toutes les entreprises utilisent le chat en face à face et le chat en ligne, et plus de 90% des entreprises utilisent principalement l’une de ces deux méthodes. Les enquêtes structurées et les logiciels de gestion de relation client sont moins courants (respectivement 47% et 24% des entreprises utilisent ces technologies) et seulement 5% des entreprises utilisent principalement ces deux méthodes. Ventes: L’utilisation de méthodes de vente numériques (réseaux sociaux, plateformes de vente numériques, propres sites web ou commandes électroniques) est faible, les réseaux sociaux étant les plus courants. Les méthodes de vente numériques sont encore moins courantes si l’on considère la marge intensive. Par exemple, alors qu’environ 17% des Rapport sur la situation économique en Mauritanie 72 entreprises utilisent les réseaux sociaux pour vendre, seulement 4% d’entre elles en font leur principale méthode de vente. La majorité des entreprises (90%) recourent principalement à la vente directe sur place, par téléphone, par courriel ou par un représentant. Les petites entreprises utilisent les technologies numériques de vente de manière moins importante et moins intensive que les grandes entreprises. Le paiement: Les solutions de paiement numérique sont très répandues. Plus de 75% des entreprises interrogées utilisent des virements ou des plateformes bancaires en ligne pour effectuer leurs paiements. Cependant, l’argent liquide reste la méthode la plus courante pour les transactions (44% des entreprises l’utilisent le plus souvent). La Mauritanie reste une économie largement dépendante de l’argent liquide, avec une faible pénétration financière19 et des taux élevés d’informalité (GAFI 2018; Amendola et al 2017). Le contrôle qualité: Le contrôle manuel et visuel ainsi que l’inspection humaine avec l’aide d’ordinateurs ou de téléphones sont les méthodes les plus courantes pour le contrôle qualité (76 et 69% respectivement). Quarante-huit% des entreprises utilisent le contrôle statistique des processus avec un logiciel de surveillance et de gestion des données. Les systèmes automatisés d’inspection, tels que les systèmes à laser, à capteurs et à commande vocale, sont rares (13%). Dans la marge intensive, l’utilisation de ces deux technologies est faible - seulement 14% des entreprises utilisent l’une ou l’autre. La plupart des entreprises utilisent principalement l’inspection manuelle ou assistée par téléphone ou par ordinateur. Les petites entreprises ont tendance à avoir une adoption et une utilisation L’adoption globale de la technologie plus faibles que les grandes entreprises, mais l’écart varie selon la fonction fournit une base pour améliorer son commerciale. Par exemple, pour les paiements, l’adoption des technologies utilisation effective. est répandue quelle que soit la taille de l’entreprise, et l’utilisation est faible également quelle qu’en soit la taille. Pour la gestion des ventes et de la chaîne d’approvisionnement, l’adoption et l’utilisation sont plus faibles pour les petites entreprises. Dans l’ensemble des entreprises, l’écart entre les marges extensive et intensive est particulièrement élevé pour les paiements et peut refléter la nécessité d’établir des systèmes qui répondent aux besoins de quelques clients importants utilisant des technologies plus sophistiquées (tels que les clients étrangers ou les multinationales), tout en traitant avec de nombreux clients dépendant de l’argent liquide. L’adoption de la technologie est faible pour d’autres fonctions, tels que les ventes, l’approvisionnement, le contrôle de la qualité et le marketing, et modérée pour des fonctions telles que l’administration commerciale et la planification de la production. Des efforts sont nécessaires pour accroître la sensibilisation et réduire les obstacles à l’acquisition de technologies, ainsi qu’un soutien pour assurer leur utilisation efficace. Étant donné que cette enquête ne concerne que les entreprises formelles de cinq travailleurs ou plus, et qu’il est probable qu’il y ait une certaine sélection d’entreprises mieux loties, l’adoption et l’utilisation des technologies dans le secteur privé devraient être globalement plus faibles. 19 Selon la banque de données de la Banque mondiale, Global Financial Inclusion, seuls environ 19% des individus âgés de 15 ans et plus avaient un compte dans une institution financière en 2017, 10% avaient une carte de débit et 3% une carte de crédit. 73 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 29: Les marges extensive et intensive varient selon les fonctions commerciales Gestion d’entreprise Contrôle qualité Plannification de la production 1 Paiement Approvisionnement 2 3 4 5 Ventes Marketing Marge Extensive Marge Intensive Source: 2022 FAT survey Figure 30: Part des entreprises disposant d’internet, d’un site web propre et de médias sociaux Connexion Internet Réseaux sociaux en ligne Propre site web 0% 20% 40% 60% 80% 100% Grand (100+) Moyen (20-99) Petit (5-19) Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’enquête FAT 2022 2.3.2. Obstacles à l’adoption des technologies L’accès aux marchés est un facteur plus souvent cité par les PME que Les raisons les plus courantes par les grandes entreprises. Dans le secteur primaire, l’amortissement et de l’acquisition de nouveaux le remplacement étaient plus importants, tandis que pour les secteurs équipements ou de nouvelles manufacturier et des services, la concurrence et l’accès à de nouveaux marchés technologies sont le remplacement d’articles amortis, la concurrence et étaient aussi importants que l’amortissement et le remplacement. Les raisons l’accès à de nouveaux marchés. les moins fréquentes d’acquérir de nouveaux équipements ou de nouvelles technologies étaient la production de nouveaux produits, la réduction des coûts et le fait que d’autres entreprises aient adopté ces technologies. Les sources d’information les plus courantes pour les décisions relatives à l’acquisition de technologies et de machines étaient les autres entreprises et les consultants privés. Ainsi, l’apprentissage par les pairs et les effets de démonstration influencent les types de technologies et de machines qui prolifèrent dans l’économie mauritanienne. Une plus petite partie des entreprises s’appuie également sur les associations industrielles ou commerciales, les services publics de vulgarisation technologique, les foires, les événements et les missions. Près de la moitié des entreprises interrogées le citent comme l’obstacle le Le manque d’information est un plus important à l’adoption de nouveaux équipements, machines, logiciels ou obstacle majeur à l’adoption des processus (figure 30).Les PME sont plus susceptibles de signaler le manque technologies d’informations comme un obstacle, ce qui reflète leur faible capacité interne et leur besoin de technologies plus complexes. Comme prévu, les petites entreprises sont plus susceptibles de déclarer Le manque de financement et le que le manque de financement et le coût sont des obstacles à l’adoption coût sont également des obstacles des technologies, par rapport aux moyennes et grandes entreprises. Une importants. proportion non négligeable d’entreprises ont déclaré que les réglementations (17%) et le manque d’infrastructures (17%) étaient des obstacles à leur adoption. Enfin, environ 17% des entreprises estiment qu’elles n’ont pas besoin d’adopter de technologie. Figure 31: Obstacles perçus à l’adoption de la technologie Manque d’information / capacité technique Incertitude de la demande Coût Manque de financement Règlements gouvernementaux Manque d’infrastructures Autre Aucun obstacle / pas besoin d’adopter Ne sait pas N/A 0% 20% 40% 60% 80% 100% Grand (100+) Moyen (20-99) Petit (5-19) Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’enquête FAT 2022 75 Rapport sur la situation économique en Mauritanie 2.4. Accès aux services financiers et développement des marchés financiers Les prêts bancaires et les lignes Selon l’enquête FAT 2022, seulement 14% des entreprises ont déclaré avoir de crédit restent les principales contracté un prêt au cours des années précédentes, et environ 12% ont déclaré sources de financement externe avoir besoin d’un prêt pour accroître leur production mais ne pas pouvoir y pour le secteur privé. accéder. Dans tous les secteurs, une plus grande proportion d’entreprises des secteurs du transport et de la santé a déclaré avoir contracté un prêt, mais avoir également besoin d’un prêt pour accroître leur production, ce qui montre que leurs besoins ne sont que partiellement satisfaits. La section précédente a abordé l’accès au financement comme une contrainte critique pour l’adoption de technologies. Des preuves supplémentaires20 confirment que l’accès au financement reste une contrainte pour le secteur privé mauritanien, en particulier pour les petites entreprises (figure 32). Les preuves montrent également que de nombreuses PME ont besoin d’un prêt mais s’abstiennent de demander un crédit - certaines PME s’excluent elles- mêmes de la demande parce qu’elles n’ont pas de projets d’investissement rentables, et d’autres pensent que leur demande de crédit n’aboutira pas parce qu’elles n’ont pas assez de garanties ou ne peuvent pas fournir toutes les informations requises. 20 L’enquête ERIFM de la banque centrale de Mauritanie en 2020 a ciblé toutes les entreprises privées modernes situées à Nouakchott et Nouadhibou. Son profil des PME a montré que l’accès aux comptes devient plus difficile pour les plus petites entreprises, 46,9% des microentreprises déclarant avoir au moins un compte, et 88% d’entre elles dans une banque. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 76 Selon les données comparables les plus récentes, le crédit à l’économie Si la plupart des PME ont accès s’est contracté à 12,8% en 2019 (année/année), contre 19,4% en 2018, et à des services bancaires de base sensiblement en dessous de ses pairs régionaux, comme le Sénégal (29,2% (et beaucoup travaillent avec en 2020 et 29,5% en 2019), et plus généralement, de la moyenne d’Afrique différentes banques), le secteur bancaire mauritanien fournit peu subsaharienne (hors revenus élevés) (24,3% en 2020 et 23,9% en 2019). Le de crédit et n’en alloue qu’une crédit au secteur privé est également faible, à 22,8% du PIB en 2019, contre petite partie aux PME. 22,4% en 2018 et 21,1% en 2017. Selon les données de la BCM, en 2018, seuls 12% des prêts aux entreprises sont allés aux PME, tandis que les grandes entreprises en ont reçu 88%. En 2020, cette proportion reste la même. Même si la structure du secteur et donc la demande potentielle de crédit des PME peuvent différer d’un pays à l’autre, les PME mauritaniennes semblent mal servies. Le manque d’accès au financement peut s’expliquer par de multiples raisons. L’accès insuffisant des PME au Premièrement, un système d’infrastructure de crédit imparfait (registre du financement reste structurel et crédit séparé des fonctions du bureau d’information sur le crédit, géré par la profondément enraciné. Banque Centrale) rend plus difficile l’évaluation de la solvabilité des PME par les intermédiaires financiers. Deuxièmement, un environnement juridique et judiciaire faible et une mauvaise exécution des contrats en limitent l’accès. Troisièmement, une importante économie informelle et le manque de bilans financiers et fiscaux fiables, ainsi que les relations entre certaines banques et sociétés ou personnes apparentées en rendent l’accès plus difficile. Enfin, l’absence de délégation de crédit et les différents processus décisionnels entre les grandes et les petites entreprises augmentent le coût et le temps nécessaires pour obtenir un crédit. Dans ce cas, la réduction d’échelle peut être coûteuse et inefficace. Ces restrictions génèrent également des retards importants pour les projets des PME. Les banques en Mauritanie offrent une large gamme de produits (à L’offre de services financiers est l’exception des produits d’assurance), sont généralistes et se concentrent structurellement limitée aux PME. sur les entreprises formelles, les particuliers et, dans une moindre mesure, les PME. Cependant, les produits et services spécifiques aux entreprises, tels que le crédit-bail mobilier et la couverture de change ou l’affacturage, sont quasiment absents. Les produits de monnaie électronique sont proposés par deux opérateurs bancaires et uniquement aux particuliers depuis 2020 (après une interruption de quatre ans imposée par la banque centrale). Le secteur de la microfinance, qui est le seul à pouvoir offrir des solutions de financement aux travailleurs informels et aux plus petites PME, a cessé de croître et d’innover en raison de contraintes de financement (les fonds propres globaux du secteur sont négatifs), de coûts opérationnels élevés, de ressources informatiques insuffisantes et de capacités et d’expertise de gestion limitées. Enfin, la finance islamique joue un rôle positif dans la diversification de l’offre de services financiers, mais n’a pas encore trouvé de modèle de croissance durable capable de stimuler de manière significative l’accès aux services financiers pour les populations et les entreprises précédemment exclues. 21 La Mauritanie avait un modèle dirigé par les banques jusqu’à l’adoption de la loi sur les paiements électroniques en 2021. Cependant, la banque centrale n’a encore accordé aucune licence aux opérateurs de réseaux mobiles qui ont tenté de devenir des émetteurs de monnaie électronique. 77 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Les services financiers numériques Comme nous l’avons vu précédemment, l’utilisation des méthodes de vente ne sont pratiquement jamais numériques, y compris les plateformes de vente numériques, est faible dans utilisés par les entreprises le pays. Une récente enquête de l’Agence nationale pour les statistiques et mauritaniennes. l’analyse démographique et économique a également confirmé le manque d’utilisation des enquêtes financières numériques par les entreprises. Selon cette enquête, seulement 4,7% des entreprises interrogées ont utilisé des services financiers numériques. Les répondants à l’enquête ont déclaré utiliser les services financiers numériques principalement pour payer des factures (47%), pour transférer de l’argent (41%), ou dans une moindre mesure, pour effectuer des opérations liées à la gestion de l’entreprise (6%). La plupart des entreprises mauritaniennes ne perçoivent pas la valeur ajoutée des services financiers numériques, manquent de sensibilisation ou les trouvent trop compliqués.21 La petite taille et la fragmentation Le système financier national compte plusieurs banques qui se concentrent du système financier mauritanien sur les grands clients et un réseau dispersé de petites institutions financières empêchent également le qui servent les petites entreprises et les ménages à faible revenu (tableau 1). développement de l’intermédiation Le secteur financier est moins profond, le total des actifs du secteur financier financière. représentant 40,9% du PIB en 2020, contre 48,3% en 2014. Les banques dominent le secteur financier, en représentant plus de 90% des actifs. Le secteur bancaire est exclusivement privé: sur 18 banques commerciales, 7 sont des filiales de groupes étrangers et 7 sont des banques islamiques. Cinq grandes banques représentaient moins de 40% des actifs totaux des institutions financières supervisées. Parallèlement, 48 institutions financières non bancaires supervisées (par exemple, la microfinance ou l’assurance) représentent moins de 2% des actifs. Nombre de ces institutions ne réalisent pas d’économies d’échelle et certaines sont limitées par le manque de sources de financement. Cependant, elles jouent un rôle important dans l’accès aux clients, notamment dans les zones les plus reculées où les coûts de transaction pourraient être jugés excessivement élevés pour les banques (par exemple, Mauripost). Rapport sur la situation économique en Mauritanie 78 En 2021, avec le soutien de la Banque mondiale, par le biais du DPO d’urgence L’opérationnalisation d’un nouveau en réponse aux impacts du COVID-19, les autorités ont établi un cadre fonds de garantie du crédit pourrait juridique pour mettre en place un fonds de garantie de crédit pour les PME contribuer à ouvrir l’accès au crédit qui sera géré de manière privée par le Fonds africain de garantie, selon un aux PME. modèle de délégation. L’opérationnalisation du fonds a été retardée mais est prévue pour mi-2022. Le fonds de garantie du crédit offrira des garanties aux institutions financières participantes (c’est-à-dire les banques et les institutions de microfinance) pour atténuer leurs risques de crédit sur les prêts aux PME (dérisquage). Bien que la Mauritanie soit relativement ouverte au commerce et qu’elle ait La concurrence intérieure en adopté des réformes pour libéraliser des secteurs clés de l’économie (par Mauritanie est perçue comme l’une exemple, dans le secteur des télécommunications), il existe encore des des plus faibles de la région et au- obstacles majeurs qui affectent la concurrence nationale et internationale. delà de celle-ci. Les dernières données de l’indice de transformation de Bertelsmann Stiftung indiquent que les fondamentaux de la concurrence basée sur le marché (c’est-à-dire les interventions réglementaires qui permettent la concurrence) sont perçus comme moins développés en Mauritanie par rapport aux pairs régionaux et aux pairs structurels. En outre, la politique de concurrence et la législation visant à prévenir les comportements anticoncurrentiels des entreprises semblent également plus faibles que dans tous les pays de comparaison (figure 33). Les données du dernier rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial confirment que le degré de concurrence sur les marchés mauritaniens est perçu comme faible et nettement inférieur à celui de tous les pays de comparaison (figure 34). Au niveau mondial, la Mauritanie se classe 140e sur 141 pays en termes de degré perçu de concurrence intérieure selon le dernier rapport sur la compétitivité mondiale, ne faisant mieux qu’Haïti. Bien qu’un projet de loi sur la concurrence existe, il doit encore être approuvé et mis en œuvre, notamment par la création d’une autorité de la concurrence. 79 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Les données montrent que Ces marchés comprennent les produits alimentaires importés, la le secteur privé dans divers construction, les services d’hôtellerie et de restauration, et le secteur bancaire secteurs économiques fonctionne (Banque mondiale 2009).22 Les données de l’enquête sur les entreprises de selon des structures de marché la Banque mondiale indiquent que près de 40% des entreprises du secteur concentrées souvent dirigées par manufacturier pensent être en concurrence dans des structures de marché des entreprises puissantes et bien oligopolistiques. En outre, le gouvernement intervient dans l’économie par connectées (Banque mondiale 2018a). le biais d’entreprises publiques sur de nombreux marchés commerciaux généralement desservis par le secteur privé. Lorsque cela se produit, il est essentiel que les opérateurs publics et privés soient sur un pied d’égalité. Certaines réformes ont eu lieu récemment, par exemple concernant les conditions d’accès aux marchés publics, mais il reste encore beaucoup à faire. L’accès des PME aux marchés publics reste faible ou inexistant, la plupart des contrats étant attribués à de grands groupes familiaux bien connectés. Dans ce contexte, les risques Selon les données de l’Economist Intelligence Unit (2022), les perceptions commerciaux auxquels est des investisseurs concernant les risques liés à la pratique des affaires en confronté le secteur privé en Mauritanie - en particulier l’existence d’intérêts personnels et du clientélisme Mauritanie en raison de l’absence - sont relativement élevées par rapport aux pays pairs, le niveau global de de concurrence sont élevés. perception des risques liés aux affaires étant resté inchangé au cours des cinq dernières années (figure 35). Tableau1: Évolution de la structure du système financier (2014-20) Institutions 2014 2020 Actifs Actifs Numéro Actifs/PIB Numéro Actifs/PIB (MRU Md) (MRU Md) Banques 1.5 63.4 40% 18 114,1 37,1% Caisse de Dépôts et de Développement (CDD) 1 10.5 6.6% 1 5.8 1,9% Microfinance 24 0,7 0,4% 31 1,5 0,5% Assurance 13 0,9 0,6% 17 1,8 0,6% Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) 1 0,9 0,6% 1 1,8 0,6% et Caisse Nationale de Sécurité Social (CNSS) Mauripost 1 0,4 0,2% 1 0,6 0,2% Total - 76,7 48,3% - 125,6 40,9 Source: Rapport annuel 2020 de la Caisse de Dépôts et de Développement (CDD), actifs de la banque centrale de Procapec et des cinq principales institutions de microfinance, Mauripost, et estimations de l’auteur. 22 La forte concentration de la propriété des groupes d’entreprises mauritaniens trouve ses racines dans les réseaux sociaux traditionnels qui existent en Mauritanie. Cela peut s’expliquer par les structures hiérarchiques au sein des groupes ethniques et la concentration du pouvoir entre les mains de quelques élites, qui forment des alliances qui concentrent davantage les ressources entre quelques groupes et étendent les avantages au sein de leurs réseaux sociaux (Ould Cheik 2006). Rapport sur la situation économique en Mauritanie 80 Il existe environ 50 entreprises d’État de différents types, dont des entreprises En outre, lorsque des entreprises commerciales publiques, des entreprises nationales entièrement détenues privées sont en concurrence avec par l’État et des entreprises partiellement détenues par l’État (Banque des entreprises d’État, l’égalité des mondiale 2013, partie vi). Les entreprises d’État sont présentes dans les chances n’est pas garantie. industries de réseau, telles que l’électricité et le gaz, les télécommunications et l’eau, ainsi que sur les marchés généralement pris en charge par le secteur privé, comme le lait, le poisson, la production industrielle et le transport aérien. Pourtant, une mise en œuvre limitée du principe de neutralité concurrentielle peut entraver la capacité des entreprises privées à concurrencer les entreprises d’État.23 Au niveau des entreprises, les lacunes en matière de neutralité concurrentielle sont liées à l’absence de séparation des activités commerciales et non commerciales pour les entreprises d’État qui fournissent les deux. Au niveau réglementaire, l’absence de neutralité en matière de fiscalité et de dette semble profiter indûment aux entreprises d’État et même à certains opérateurs privés sélectionnés (Banque mondiale 2018a). 23 La neutralité concurrentielle repose sur le principe selon lequel toutes les entreprises - publiques ou privées, nationales ou étrangères - doivent être soumises au même ensemble de règles. Ses principes sont interdépendants et englobent: (i) des principes au niveau de l’entreprise, et (ii) des principes inscrits dans des cadres réglementaires transversaux et des politiques sectorielles. L’application des principes au niveau de l’entreprise implique tout d’abord la séparation des activités commerciales et non commerciales des entreprises d’État pour permettre l’identification des coûts de chaque activité et leur répartition claire entre les activités afin d’atténuer les risques associés au statut d’entreprise d’État, en particulier lorsque l’entreprise d’État dispose d’un pouvoir de marché important, de renforcer la neutralité et de soutenir la confiance des investisseurs dans le caractère concurrentiel d’un marché donné. Les principes inscrits dans les cadres réglementaires transversaux et les politiques sectorielles doivent s’appliquer à tout opérateur et comprennent la neutralité fiscale, la neutralité réglementaire, la neutralité de la dette et l’interdiction d’accorder des subventions directes ou indirectes aux entreprises d’État sans justification économique claire. Un cadre garantissant le contrôle des mesures de soutien de l’État aux entreprises d’État minimiserait les distorsions de concurrence car il contribuerait à réduire le soutien à une production inefficace ou à des technologies obsolètes que les entreprises d’État pourraient parfois utiliser. Il pourrait également minimiser les barrières à l’entrée pour les concurrents potentiels associées, par exemple, aux subventions aux investissements accordées à certaines entreprises d’État. De même, l’accès des entreprises d’État aux marchés publics et leur traitement général lors de la passation des marchés publics doivent être ouverts, transparents et non discriminatoires. Parallèlement, un examen régulier du rôle de l’État dans l’économie peut également permettre de s’assurer que les entreprises d’État opèrent dans les domaines ou secteurs où le secteur privé n’a pas d’incitations ou n’est pas disposé à investir. Voir également OCDE 2012. 81 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 32: Accès au compte financier par catégorie Total Moyenne Entreprise 64% 36% Grande Entreprise 100% Moyenne Entreprise 95% 5% Petite Entreprise 81,9% 18,1% Micro Entreprise 46,9% 53,1% 0% 20% 40% 60% 80% 100% Oui Non Source: Étude ERIFM 2020 Figure 33: Politique de concurrence et de lutte contre les monopoles basée sur le marché 2020, 1-10 (10 = meilleur) 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 Moldavie Laos Zambie Bénin Sénégal Maroc Tunisie Nicaragua Algérie Mauritanie Concurrence basée sur le marché (valeur plus élevée = meilleur environnement propice à la concurrence) Politique anti-monopole (valeur plus élevée = politique plus forte en place) Source: Élaboration des services de la Banque mondiale à partir de l’indice de transformation 2020 de Bertelsmann Stiftung. Note: L’indice est un indicateur de perception basé sur des évaluations approfondies des pays et est géré par Bertelsmann Stiftung. Les réponses reflètent la situation du pays à la fin du mois de janvier 2019. Figure 34: Concurrence nationale 2019, 1-100 (100 = meilleur) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Top 5 pays Moyenne Maroc Bénin Tunisie Sénégal Algérie Moldovie Laos Zambie Nicaragua Mauritanie de l’OCDE OECD 2018 2019 Source: Élaboration des services de la Banque mondiale à partir des ensembles de données 2018 et 2019 de l’indice de compétitivité mondiale 4.0 du Forum économique mondial Note: Les scores de la concurrence nationale varient de 1 (pas du tout concurrentiel) à 100 (extrêmement concurrentiel) Figure 35: Risques pour les entreprises mauritaniennes liés à la faiblesse des politiques de concurrence, 0-4 (4 = Risques les plus élevés) 15 12 9 6 0 Algérie Nicaragua Zambie Laos Bénin Moldovie Mauritanie Sénégal Maroc Tunisie Moyenne Top 5 pays OECD de l’OCDE Intérêts acquis / copinage Discrimination envers les sociétés étrangères Pratiques concurrentielles déloyales Contrôle des prix Source: Élaboration des services de la Banque mondiale à partir de l’indice de transformation 2020 de Bertelsmann Stiftung. Note: L’indice est un indicateur de perception basé sur des évaluations approfondies des pays et est géré par Bertelsmann Stiftung. Les réponses reflètent la situation du pays à la fin du mois de janvier 2019. 2.5. Les politiques publiques ne fournissent pas le soutien nécessaire au secteur privé La capacité du secteur privé Les gouvernements jouent un rôle important en encourageant l’innovation, à s’établir, à se développer en contribuant à la dynamique des entreprises (entrée, croissance et sortie et finalement à survivre est des entreprises du marché) et en favorisant la concurrence. La Mauritanie ne intrinsèquement liée au cadre fait pas exception à la règle, et le gouvernement doit mettre en œuvre des politique et réglementaire dans politiques de soutien pour permettre au secteur privé d’être aux commandes lequel il se trouve. d’une croissance inclusive favorisant l’expansion des entreprises, la formalisation et l’adoption de technologies. Le gouvernement considère le Dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté du pays (2001-15), puis secteur privé et l’esprit d’entreprise dans la SCAPP (2016-30), le gouvernement a mis l’accent sur la promotion comme une priorité absolue dans d’un secteur privé plus compétitif pour générer et soutenir une croissance les stratégies de relance et de inclusive. La promotion de l’entrepreneuriat et de l’innovation a donc été la croissance à moyen terme du pays. pierre angulaire de la poursuite de la croissance inclusive par le gouvernement pendant plus de deux décennies, y compris sa reconnaissance comme un élément structurant de la reprise économique du pays après le COVID-19 (Annexe A). Avant la SCAPP, la promulgation du L’axe fondateur du cadre réglementaire et juridique du secteur privé dans code des investissements (2012) le pays a été le Code des investissements, conçu pour encourager et et l’amélioration de la facilité de protéger les investissements nationaux et internationaux et simplifier les création d’entreprise (2014) ont été procédures administratives connexes. Il prévoyait une délivrance rapide les évolutions les plus significatives des certificats d’investissement (dans un délai n’excédant pas 10 jours) et de l’écosystème entrepreneurial améliorait la sécurité des investissements. En 2014, la Mauritanie a facilité mauritanien. la création d’entreprise en mettant en place un guichet unique, en réduisant considérablement les coûts liés au lancement d’une nouvelle entreprise (par exemple, les frais d’obtention d’un numéro d’identification fiscale) et en simplifiant les procédures d’enregistrement des entreprises (par exemple, en supprimant l’obligation d’obtenir une attestation bancaire). D’autres réformes ont suivi, notamment la première loi sur la propriété en Mauritanie, qui était une condition préalable au développement du crédit basé sur les actifs mobiliers et immobiliers, et d’autres réformes importantes visant à améliorer la qualité et la transparence de la justice commerciale (par exemple, la refonte du cadre de l’insolvabilité). La figure 36 montre l’évolution du cadre politique du secteur privé en Mauritanie et les principales réglementations qui ont façonné l’écosystème actuel de l’entrepreneuriat dans le pays. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 84 Bien que les réalisations dans le domaine du climat d’investissement aient Depuis la publication de la SCAPP été encourageantes, les initiatives de soutien au secteur privé gérées par le en 2016, le gouvernement a mis gouvernement24 se sont concentrées sur les micro-entreprises de subsistance en place quelques initiatives à au détriment des PME à forte croissance. Bien que la mission et les programmes faible impact pour soutenir le développement du secteur privé et de soutien de diverses agences gouvernementales soient largement définis de l’entrepreneuriat. et pourraient s’appliquer aux entrepreneurs, les ressources humaines et financières limitées obligent ces institutions à consacrer leur attention exclusivement à l’entrepreneuriat de subsistance et de nécessité. “Mon projet, Mon avenir” est un exemple de ces initiatives intéressantes, mais axé sur le micro-entreprenariat: le programme a soutenu 500 projets au cours de sa première phase pilote, en accordant des prêts par le biais du réseau national de caisses d’épargne et de crédit sans garantie sur trois ans, mais plafonnés à moins de 14 000 USD. Plusieurs initiatives en faveur du développement des PME et du secteur privé sont au point mort depuis plusieurs années, comme les discussions en cours à la banque centrale sur la possibilité de créer un fonds de garantie (OPD d’urgence, 2020) et l’élaboration d’un cadre juridique adapté aux réalités et aux besoins des startups sur le terrain. L’enquête FAT 2022 confirme l’absence de programmes ciblés pour le secteur privé (84% des entreprises déclarent ne pas être au courant des programmes de soutien gouvernementaux) et un nombre limité d’entre elles confirment avoir reçu un soutien gouvernemental pour l’adoption de technologies (63% de celles qui connaissent les programmes gouvernementaux). Le programme du secteur privé, en termes d’acteurs impliqués et de leurs Un manque général de vision rôles et responsabilités, est largement répandu. Dans le secteur public, un stratégique et de coordination nombre stupéfiant de ministères contribuent directement ou indirectement entre les agences des secteurs privé au programme d’entrepreneuriat du gouvernement, avec bien sûr des et public a un impact négatif sur la chevauchements occasionnels. Aujourd’hui, aucun ministère ou agence promotion de l’esprit d’entreprise et le développement du secteur ne supervise la stratégie et la coordination des différents éléments privé dans le pays. nécessaires pour promouvoir la croissance du secteur privé, que ce soient les réglementations, l’accès au financement, l’accès aux marchés, les capacités des entreprises, le soutien à l’entrepreneuriat ou encore la promotion des investissements. Dans le secteur privé, la plupart du soutien est fourni par des organisations intermédiaires largement représentées par des incubateurs sur la formation managériale et le renforcement des capacités des entreprises en phase de développement. Globalement, la Mauritanie doit améliorer la cohérence et le ciblage des activités de soutien aux MPME. Figure 36: Evolution du cadre de la politique du secteur privé en Mauritanie Code des droits réels & Code des Droit des Partenariats Loi révisée investissements Public-Privé sur l’insolvabilité 2014 2019 2012 2017 2020 Création d’entreprise Code général des impôts Guichet Unique & réforme révisé & diverses réformes des sociétés commerciales sur la justice commerciale (Code de Commerce) Source: Élaboration de l’auteur basée sur un résumé de la législation mauritanienne 24 De 2015 à 2019, d’importantes réformes des entreprises (17 au total) ont été mises en œuvre dans le pays en matière de justice commerciale, de création d’entreprise, d’accès au financement, etc. Pourtant, les réformes des entreprises se sont arrêtées depuis 2019; l’environnement des affaires reste en deçà de son potentiel compte tenu du niveau de revenu du pays. 85 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure 37: Acteurs mauritaniens du soutien aux écosystèmes Instituts Associations du Secteur Gouvernement Organisations d’enseignement secteur privé financier et de recherche Ministère Union nationale Incubateurs Commercial Banks Université de des affaires du patronat Ilab Micro-finance Nouakchott économiques et mauritanien institutions Institut Supérieur Hadina de la promotion Club des d’Enseignement Kosmos Sahel Invest  des secteurs Entrepreneurs Technologique de productifs Innovation Center Mauritaniens Rosso Ministère des Fablab-Innovrim Associations Ecole Supérieure finances sectorielles Polytechnique inistère de la M Accelerateurrs École navale Transformation Intaj Institut Numérique, de Universitaire l’Innovation et de Prestataires Professionnel la Modernisation de l’Administration de services aux Université libanaise entreprises Ministère du Commerce, de OppAfrica l’Industrie, de Mauritanian l’Artisanat et du Institute for Tourisme Innovation Training Chambre du & Technology Commerce Le bureau Club Ministère de l’Éducation Plaidoyer/ nationale et de Réseautage la Réforme du Rim Youth Climate système éducatif Women Ministère de TechMakers l’Emploi et de la Formation Professionnelle Banque centrale de Mauritanie + ministères sectoriels (i.e. mines, pêche, agriculture, élevage) Source: Elaboration propre de l’auteur Options de politiques publiques et actions 2.6. à envisager Comme indiqué dans le présent rapport, le pays bénéficie d’un secteur privé Malgré une croissance respectable formel résilient et créateur d’emplois, les grandes entreprises ou les groupes dans le passé, la Mauritanie familiaux étant le moteur de l’économie. Cependant, les acteurs du secteur présente toujours une structure formel sont peu nombreux, ne représentent qu’une petite partie de l’activité économique qui ne partage pas l’impact positif de sa croissance économique et sont confrontés à des contraintes majeures, notamment le économique avec la majorité de ses manque d’accès au financement et l’absence de règles du jeu équitables qui citoyens. entravent la poursuite de leur croissance et la création d’emplois. La création d’emplois est impulsée par les grandes entreprises des autres secteurs de services, qui emploient des travailleurs peu qualifiés et présentent de faibles niveaux d’innovation et d’adoption de technologies. Les comparaisons entre pays suggèrent que plusieurs entreprises formelles entrent chaque année dans l’économie mauritanienne, mais ces entreprises font preuve d’un faible dynamisme en termes de mise à niveau technologique. Le succès du pays dans la réduction de la pauvreté et la croissance à l’avenir dépendra de sa capacité à maximiser le potentiel des PME, en remédiant aux défaillances du marché et des institutions, en mettant en place un environnement des affaires et des politiques pour rendre les PME plus productives, et en réduisant les disparités de productivité et d’accès aux marchés entre les PME et les grandes entreprises. 87 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Ces options et actions politiques Des questions plus larges de développement du secteur privé ont été visent à promouvoir une croissance traitées dans les recherches récentes de la Banque mondiale et des plus inclusive en se concentrant recommandations appropriées ont été fournies dans ces rapports. Ces sur la mise en place des bases recommandations portent sur: (i) le renforcement de l’éducation et des institutionnelles d’un secteur compétences; (ii) le renforcement du potentiel et des opportunités des privé plus productif et créateur femmes et des filles; (iii) l’amélioration de l’environnement des affaires; et (iv) d’emplois. le développement d’une politique commerciale orientée vers l’exportation. L’annexe D présente une sélection de recommandations liées à la croissance du secteur privé issues des travaux analytiques de la Banque mondiale. Ces recommandations sont toujours valables et ne sont pas mentionnées ici pour éviter les répétitions. Les options stratégiques Mettre en place un soutien efficace au développement du secteur privé. suivantes se concentrent sur les La mise en œuvre de l’agenda du secteur privé est répartie entre différents politiques complémentaires et ministères et souffre d’un manque de programmes opérationnels et prioritaires qui peuvent soutenir d’appropriation. Bien que certains organismes d’exécution aient vu le l’esprit d’entreprise et l’adoption jour, comme l’agence de promotion des investissements ou un comité du de technologies au niveau des climat d’investissement, il est encore nécessaire de désigner un organisme entreprises. bénéficiant d’un soutien politique fort et disposant de ressources humaines et financières adéquates pour planifier et superviser les programmes et les réformes du gouvernement. De même, une lacune importante à combler est le développement d’un dialogue public-privé efficace pour identifier les réformes politiques et institutionnelles qui contribuent à un environnement plus propice au développement du secteur privé. Il est essentiel de passer du discours et de la stratégie politiques à la mise en œuvre d’actions politiques spécifiques qui soutiendront le développement du secteur privé. Concentrer stratégiquement les ressources publiques sur un nombre limité d’activités qui auront le plus d’impact est une tâche ardue mais nécessaire. Renforcer l’accès au financement pour les MPME. Les entreprises mauritaniennes identifient l’accès au financement comme la première contrainte limitant leur développement. La Mauritanie souffre particulièrement du financement des PME, qui reste extrêmement limité en raison de défis structurels au sein du secteur bancaire. Les options politiques pour soutenir le financement des PME en Mauritanie incluent: Renforcer le registre du crédit ainsi que le cadre de comptabilité et d’audit pour améliorer le financement des PME. ccélérer l’opérationnalisation du Fonds de garantie des crédits aux PME, A qui offrira des garanties de réduction des risques aux banques et aux institutions de microfinance pour qu’elles accordent des prêts aux MPME (garanties individuelles et de portefeuille). Améliorer l’accès aux services financiers et accroître la concurrence dans le système bancaire. Les PME bénéficieraient du développement d’institutions spécialisées, telles que les sociétés de crédit-bail et d’affacturage et les établissements de crédit spécialisés dans les prêts aux PME. uivre le financement et l’évolution des PME et guider les décideurs S politiques. Fournir une définition juridique des PME et élaborer une stratégie pluriannuelle de haut niveau pour soutenir le développement, la croissance et le financement des PME. évelopper des sociétés de capital-risque pour aider les PME à lever des D fonds pour leur croissance. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 88 Réformer la politique de concurrence. Le manque de concurrence entrave le développement du secteur privé et la diversification économique. Pour favoriser des marchés plus compétitifs et soutenir le développement du secteur privé, il est nécessaire de travailler sur trois piliers politiques complémentaires: Encourager les réglementations pro-concurrentielles pour ouvrir les marchés et supprimer les réglementations sectorielles anticoncurrentielles. Adopter une loisur la concurrence et mettre en place une autorité de la concurrence pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, contrôler les effets négatifs des fusions et promouvoir la concurrence par des actions de sensibilisation. Promouvoir la neutralité concurrentielle entre les opérateurs publics et privés. Faciliter l’adoption des technologies au niveau des entreprises. Pour soutenir la compétitivité des entreprises au niveau national et mondial, une politique gouvernementale ciblant l’adoption des technologies numériques peut être justifiée. Les domaines initiaux de soutien pourraient inclure: Soutenir les programmes de vulgarisation des technologies numériques qui favorisent une plus grande sensibilisation aux types et aux utilisations potentielles des technologies et l’adoption des technologies numériques, en particulier celles appliquées aux fonctions commerciales générales, tels que l’administration des affaires, la planification de la production, le commerce électronique, le paiement numérique et le contrôle de la qualité. outenir des projets pilotes visant à introduire des technologies dans des S entreprises ayant une influence sur leurs pairs, ainsi que des dispositions visant à aider d’autres entreprises à adopter ces technologies afin de catalyser leur prolifération. Ce soutien pourrait consister à envisager une assistance technique ou à faciliter l’accès au financement pour l’adoption des technologies (par exemple, par des subventions de contrepartie ou des instruments financiers remboursables). Définir les PME et investir dans la collecte de données réelles fiables et actualisées sur le secteur privé. Actuellement, les autorités mauritaniennes ne recueillent pas d’informations complètes sur les entreprises et les PME. Le guichet unique de Nouakchott pour la création d’entreprises et le guichet unique de la zone franche de Nouadhibou fournissent quelques statistiques sur la création d’entreprises, mais ils ne comprennent pas de détails sur la performance des entreprises. De plus, les entreprises ne respectent pas leur obligation légale de déposer leurs états financiers au registre du commerce. Bien que ce rapport ait tenté d’élargir l’étendue des connaissances sur ce sujet, les lacunes dans les données sur le secteur privé sont un problème persistant et récurrent. Tout d’abord, les autorités gouvernementales devraient établir une définition claire et communément acceptée des PME. Ensuite, le gouvernement devrait investir pour s’assurer que les bons mécanismes et incitations sont en place pour pouvoir collecter des données sur la démographie (y compris les naissances, les décès et les taux de rotation des entreprises), et sur la contribution à l’économie (en termes d’emploi ou de valeur ajoutée), ventilées par taille d’entreprise et par secteur. De même, des recherches supplémentaires sont nécessaires dans certains domaines, telles que les opportunités potentielles de retombées des IDE par le biais de liens en amont ou de statistiques spécifiques sur les performances des entreprises. Toutes ces actions sont nécessaires pour concevoir des mesures de soutien ciblées, faciliter l’accès au financement et mesurer l’impact des mesures de soutien public et/ou les corriger. 89 Rapport sur la situation économique en Mauritanie ANNEXE A. Résumé de la Stratégie pour une croissance accélérée et une prospérité partagée et du Programme présidentiel prioritaire. La Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) préparée par le gouvernement mauritanien à l’issue du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, couvre la période 2016-30, qui correspond à celle de l’Agenda 2030 pour le Développement Durable. La vision prospective de la stratégie vise une croissance économique robuste, inclusive et durable, destinée à satisfaire les besoins fondamentaux de tous les citoyens et à améliorer leur bien-être. Pour réaliser cette stratégie, trois “leviers” ou piliers convergents permettent d’obtenir une croissance capable de générer une prospérité partagée par tous: promouvoir la diversification et la transformation de l’économie, développer des infrastructures de soutien à la croissance et promouvoir un secteur privé compétitif. Dans le domaine de la promotion d’un secteur privé compétitif (budgétisé à environ 750 millions de dollars US), l’objectif du gouvernement était de mettre en œuvre des politiques visant à promouvoir un secteur privé compétitif et dynamique, capable de jouer son rôle de moteur de la croissance dans une économie. La priorité a été donnée à l’amélioration du climat d’investissement, à l’amélioration de l’accès au financement, à l’attraction des IDE et à la promotion des PME, de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Le plan de relance économique, également connu sous le nom de Programme présidentiel prioritaire (PROPEP) pour 2020-22, est également conforme aux piliers du SCAPP. Le plan se concentre sur les secteurs sociaux, les infrastructures, le soutien à l’agriculture et à la pêche, le soutien au secteur privé et les interventions environnementales, pour un total de près de 7 % du PIB. Le soutien au secteur privé comprend des mesures spécifiques de soutien financier aux entreprises dues au COVID-19, au soutien à l’entrepreneuriat et à l’emploi. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 90 ANNEXE B. Tableaux statistiques Tableau 2: Sélection d’indicateurs macroéconomiques (variation en %, sauf indication contraire) 2019 2020 2021e 2022f Croissance du PIB réel, à prix constants du marché 5.3 -0.9 2.4 4.5 Consommation privée 2.7 2.7 2.7 2.3 Consommation du gouvernement 1.0 9.2 26.1 5.7 Investissement brut en capital fixe 23.5 4.4 39.2 5.2 Exportations, biens et services 16.7 -8.6 -11.7 3.4 Importations, biens et services 11.9 2.1 25.1 2.4 Croissance du PIB réel, aux prix constants du marché 6.1 -0.1 0.8 4.5 Agriculture 7.4 -2.6 -3.6 0.9 Industrie 6.0 2.5 -6.6 3.9 Services 5.5 -0.3 6.4 6.4 Inflation (indice des prix à la consommation) 2.3 2.4 3.6 5.3 Balance des comptes courants (% du PIB) -10.3 -6.9 -9.3 -8.9 IDE net (% du PIB) 11.0 11.0 7.1 11.4 Solde budgétaire (% du PIB) 2.0 1.8 2.1 -1.2 Dette (% du PIB) 55.7 55.8 51.7 56.7 Solde primaire (% du PIB) 2.9 3.0 2.9 0.1 Source: Banque mondiale, Poverty Global Practice et Macroeconomics, Trade & Investment Global Practice. Les données sur les émissions proviennent du CAIT et de l’OCDE. Note: e = estimation, f = prévision. (a) Calculs basés sur les VPC 2008 et VPC 2014. Données réelles: 2014. Prévisions actuelles: 2015-21. Les prévisions vont de 2022 à 2024. (b) Projection utilisant l’élasticité point à point au niveau régional avec pass-through = 0,7 sur la base du PIB par habitant en LCU constant. 91 Rapport sur la situation économique en Mauritanie ANNEXE C. Informations complémentaires sur les entreprises Tableau 3: Répartition sectorielle d’entreprises de différente taille Toutes les Micro Petites Entreprises Grandes entreprises entreprises entreprises moyennes entreprises Agriculture 1% 1% 1% 1% 3% Pêche 3% 3% 2% 9% 2% Bétail 0% 0% 0% 0% 0% Fabrication de produits alimentaires 4% 2% 7% 8% 8% Fabrication de vêtements 0% 0% 0% 0% 0% Fabrication de produits pharmaceutiques 0% 0% 1% 2% 0% Autres industries manufacturières 3% 2% 4% 5% 2% Mines 1% 1% 1% 1% 3% Services: commerce de gros et de détail 44 % 54 % 42 % 24 % 11 % Autres services 33 % 32 % 31 % 40 % 44 % Services: terrains et transports 5% 5% 6% 3% 5% Services: services financiers 3% 0% 4% 7% 23 % Services: santé 1% 1% 2% 1% 0% Rapport sur la situation économique en Mauritanie 92 Figure C1: Répartition de l’âge, de la localisation et de la taille des entreprises formelles (basé sur le nombre d’employés) 0.35% 58.7% 10,03 60% 89.62% 45% Pourcentage (%) 26.4% 30% 14.4% 15% 0.5% 0% 0-5 6-10 11-20 Plus de 20 ans Nouakchott Nouadhibou Rosso 50% 44% 40% Pourcentage (%) 30% 21% 18% 20% 8% 6% 10% 3% 0 1-3 4-6 7-9 10-49 50-149 >150 Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’ensemble de données de l’administration fiscale 2014-19 Figure C2: Part de l’emploi et du chiffre d’affaires par secteur, grandes entreprises et autres services 100% 80% 60% 40% 20% 0% BTP Consignation Sécurité Télécom Autres services Entreprises Emplois Revenus Source: Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l’ensemble de données de l’administration fiscale 2014-19 93 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Tableau 4: Distribution des entreprises par taille et par secteur (Enquête 2022 sur l’adoption de technologies par les entreprises) Nombre d’entreprises interviewé Secteur Taille (nombre de travailleurs) Primaire Secondaire Tertiaire Total Grande (100+) 0 15 11 26 Moyenne (20-99) 2 98 58 158 Petite (5-19) 9 130 80 219 Total 11 243 149 403 Pourcentage d’entreprises Secteur Taille (nombre de travailleurs) Primaire Secondaire Tertiaire Total Grande (100+) 0 3.72 2.73 6.45 Moyenne (20-99) 0.5 24.32 14.39 39.21 Petite (5-19) 2.23 32.26 19.85 54.34 Total 2.73 60.3 36.97 100 Source: Enquête FAT 2022. Le secteur primaire comprend l’agriculture (sauf l’élevage); le secteur secondaire comprend l’industrie manufacturière, les autres services ou la construction, l’industrie alimentaire, les produits pharmaceutiques, les véhicules à moteur, les vêtements; le secteur tertiaire comprend le commerce de gros ou de détail, l’hébergement, les services de santé, les services financiers et le transport terrestre. Figure C3: Score Doing Business 2020 (Min = 0 et Max = 100) Création Obtention Raccordement Transfert de Obtention Protection des Paiement Commerce Exécution des Règlement de d’entreprise d’un à l’électricité propriété d’un prêt investisseurs des taxes et transfrontalier contrats l’insolvabilité permis de minoritaires impôts construire Topic Scores (0-100) - Mauritania 92.2 66.9 49.2 61.4 40.0 32.0 42.6 60.3 66.0 0.0 Source: Doing Business 2020 Rapport sur la situation économique en Mauritanie 94 Figure C4: Score global de l’indice mondial de l’entrepreneuriat pour la Mauritanie, l’Afrique de l’Ouest et la moyenne mondiale 1. Perception d’opportunité 14. Capital-risque 2. Compétences de démarrage 13. Internationalisation 3. Acceptation des risques 12. Forte croissance 4. La mise en réseau 0,1 11. Innovation de processus 5. Soutine culturel 0,2 0,3 10. Innovation du produit 6. Opportunité de démarrage 0,4 9. Competition 0,5 7. Absorption de la technologie 8. Capital humain Monde Afrique de l’Ouest Mauritanie Source: Indice mondial de l’entrepreneuriat 2018 Figure C5: Indice de compétitivité globale 2017-18 Source: Indice de compétitivité mondiale, édition 2017-18 95 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Figure C6: Les fonctions générales de l’entreprise et leurs technologies 1. Administration 2. Planification 3. Recherche de 4. Marketing/ (processus des opérations de 6. Méthodes de fournisseurs et Informations sur 5. Ventes 7. Contrôle qualité RH, finances, production ou de paiement achats les clients comptabilité) service Procédures Procédures Recherche Chat informel Cash Vente manuscrites manuscrites (face à face) Processus manuels, manuelle de directe dans visuels ou écrits fournisseurs, l’établissement sans le soutien sans base Chèque, pièce des technologies Ordinateurs avec Ordinateurs de données justificative Chat en ligne numériques. logiciels standard avec logiciels centralisée. ou virement (par exemple, Vente directe standard bancaire WhatsApp ou par téléphone Internet) ou par e-mail Applications Ordinateurs Processus manuels, mobiles ou avec logiciels Applications Carte prépayée, visuels ou écrits plateformes standard mobiles ou de crédit ou de avec le soutien numériques Enquêtes Ventes par le biais débit des technologies plateformes structurées de plateformes ou numériques. numériques auprès des d’applications de Médias sociaux clients médias sociaux en ligne, Applications Paiement en ligne applications mobiles ou ou électronique/ Contrôle statistique Applications spécialisées ou plateformes Argent mobile des processus mobiles ou plateformes Gestion de la Ventes en ligne à numériques numériques plateformes relation client l’aide de plateformes numériques (CRM) numériques externes En ligne via des Systèmes plateformes automatisés Ordinateurs avec Gestion des d’inspection des logiciels Logiciels relations avec Analyse des Vente en ligne spécialisés spécialisés pour les fournisseurs big data / (e-commerce) en Monnaie virtuelle installés la planification (SRM) Intelligence utilisant son propre ou crypto-monnaie de la demande, artificielle site web la prévision de la demande Planification SRM intégré à la des ressources planification de la production Commandes de l’entreprise électroniques (ERP) Planification intégrées à la chaîne des ressources d’approvisionnement de l’entreprise (ERP) Source: Cirera et al 2021 Figure C7: Indice d’insécurité alimentaire (approche FIES) 80 60 40 20 0 National Nouakchott Autre urbain Rural 20% les plus pauvres 20% les plus riches Zone de résidence Quintile de Bien être EPVC 2019 HFS Novembre 2020 HFS-Janvier 2021 Source: Calcul de l’auteur à partir de l’EPCV 2019 et de l’HFS pour l’analyse d’impact COVID-19 Rapport sur la situation économique en Mauritanie 96 Figure C8: La Mauritanie prend du retard sur ses pairs en matière de gestion de la dette publique et de transparences pratiques Bénin Laos Mauritanie Moldovie Nicaragua Sénégal Accessibilité Couverture des Couverture Infos sur Périodicité Durée Stratégie de Plan Passifs des données instruments sectorielle les derniers gestion de la d’emprunt contingents emprunts dette annuel contractés Source: Carte thermique des rapports sur la dette de la Banque mondiale 2021 Figure C9: Les marges extensive et intensive varient pour les fonds d’entreprises Gestion d’entreprise Contrôle qualité Plannification de la production 1 Paiement Approvisionnement 2 3 4 5 Ventes Marketing Marge Extensive Marge Intensive Source: 2022 FAT survey 97 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Annexe D. Sélection de recommandations parmi les récents travaux analytiques de la Banque mondiale sur le secteur privé. Rapport sur la Situation Economique en Mauritanie (2019): Améliorer le climat des affaires pour favoriser le développement du secteur privé. Améliorer l’efficacité et renforcer l’indépendance des institutions judiciaires. Former, Justice commerciale spécialiser et stabiliser les magistrats. Disponibilité des Moderniser et informatiser les registres du commerce et mettre en place le registre informations central. Améliorer la politique foncière. Concevoir une politique visant à clarifier et à sécuriser les Foncier droits et les transactions foncières. Faciliter le transfert de propriété. Numériser les titres fonciers, les titres de propriété et le cadastre dans tout le pays. Associer systématiquement le secteur privé à la conception, à la mise en œuvre et à Dialogue public-privé l’évaluation des réformes. Faciliter un dialogue plus inclusif (y compris avec les PME). Explorer la possibilité d’adhérer à l’Organisation pour l’harmonisation du droit des sociétés en Afrique (OHADA) afin de faciliter les échanges avec les autres membres Intégration régionale de l’organisation ainsi qu’avec les investisseurs internationaux opérant dans ces pays. Bénéficier d’un corpus de droit moderne, inspiré des meilleures pratiques internationales. Lutte contre la Améliorer la mise en œuvre du cadre juridique de la lutte contre la corruption (la loi anti- corruption corruption de 2016). Banque mondiale (2019): Le potentiel inexploité de l’écosystème entrepreneurial mauritanien. Mettre en place un statut de startup, reconnaissant les particularités et les difficultés du Cadre juridique de la lancement d’une idée innovante en entreprise. Assurer la protection juridique des droits startup de propriété intellectuelle. Accès au financement Soutenir le développement de produits financiers pour les startups. Organisations Professionnaliser les structures existantes. intermédiaires Réseau et Mettre en place un canal officiel pour partager les ressources et collaborer. Penser à collaboration l’écosystème de manière holistique. Rapport sur la situation économique en Mauritanie 98 Mémorandum économique pays de la Banque mondiale (2020): Accélérer la croissance par la diversification et les villes productives Soumettre une “déclaration de mise en œuvre” pour informer les membres de l’Organisation mondiale du commerce des lois pertinentes concernant les procédures Politique commerciale commerciales. Convenir d’un tarif extérieur commun avec la Communauté économique axée sur l’exportation des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Éliminer les taxes non transparentes à l’importation. Désigner un point d’information sur la facilitation des échanges. Mettre en œuvre le programme de réformes 2019-20 pour renforcer l’accès au Environnement des financement et les mécanismes de politique monétaire. Supprimer les procédures et affaires politiques anticoncurrentielles. Note de politique générale de la Banque mondiale (2018): Transformer la trajectoire de l’emploi pour les jeunes vulnérables. Introduire des mécanismes axés sur la demande, tels que le financement axé sur les Des compétences résultats, pour cibler et modifier les ensembles de compétences nécessaires à mesure axées sur la demande que les marchés évoluent. Adapter les programmes scolaires, l’enseignement et les investissements à la demande de main-d’œuvre. Renforcer le rôle du secteur privé dans la mise en œuvre et la certification des programmes de formation professionnelle et de qualification dans les quatre grands Travail centres de formation de Mauritanie et avec les organisations non gouvernementales entrée sur le marché locales. Adapter les programmes de formation continue aux besoins des plus vulnérables avec les prestataires locaux des régions de l’Ouest et du Sud (coopératives, entreprises, organisations non gouvernementales). Moderniser la réglementation du travail, y compris les contrats, dans le cadre du Politique du travail dialogue social. Rapport sur la Situation Economique en Mauritanie (2021): Pourquoi est-il essentiel de permettre aux femmes de participer pleinement à l’activité économique ? Obstacles juridiques Adopter une loi sur la violence à l’égard des femmes. Accorder aux femmes des droits à l’émancipation égaux au sein du foyer et en matière d’accès au divorce (code du statut personnel). économique des Éliminer toutes les inégalités et discriminations dans l’accès à l’emploi, au financement femmes et aux revenus (code du travail et loi sur la discrimination). Améliorer l’éducation des jeunes filles et lutter contre le mariage des enfants et les grossesses précoces. Veiller à ce que les filles restent à l’école jusqu’à la fin de L’éducation des filles l’enseignement secondaire en améliorant la qualité de l’enseignement et en offrant des incitations à l’éducation des filles défavorisées. Promouvoir les initiatives visant à renforcer et à développer le leadership des femmes. Représentation des Mettre en œuvre des campagnes de plaidoyer sur le genre et les droits des femmes et femmes des filles. 99 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Annexe E. Analyse preliminaire de l’impact de la COVID-19 sur le secteur privé (mai 2020) Ampleur de Secteur Contexte Impact économique actuel (preuves anecdotiques) l’impact Hôtellerie et lus de 50 P ’activité a totalement cessé (impossibilité de livraison à L Haut restauration entreprises domicile pour les restaurants). formelles Nombre important de licenciements Importants problèmes de liquidités pour payer les coûts fixes Risque élevé de faillites Tourisme, rès de 800 P Les revenus se sont effondrés en raison du manque d’activité Haut sports et loisirs entreprises es licenciements ont commencé et devraient continuer à L formelles augmenter dans les mois à venir. Pêche 4,11 % du PIB P erturbations critiques des chaînes d’approvisionnement en Moyen-haut Contribution élevée raison de la fermeture des frontières et de l’annulation des à l’emploi (environ vols (par exemple, toutes les exportations vers les marchés de 55 000 personnes, l’Union européenne et du Japon ont été interrompues). dont 30% de a baisse de la demande des consommateurs, notamment en L femmes) Europe et en Asie, ciblant le secteur de l’hospitalité. 100+ f-entreprises éduction des captures globales en raison de la réduction des R Contribution heures de travail, principalement des pêcheurs artisanaux. importante aux Les licenciements ont commencé exportations Baisse attendue des prix du poisson à moyen terme es stocks de poisson dans les installations terrestres L devraient augmenter en raison de la réduction de la demande locale et internationale et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement Construction 5,63 % du PIB P erturbations ou retards dans l’importation des principales Moyen-haut P rès de 800 matières premières. entreprises éduction de la productivité en raison de la réduction des R formelles heures de travail des travailleurs mploie environ 5,5 E es déplacements du personnel et des équipements sont L % de la population affectés par les restrictions de voyage dans le pays. active totale. e nombreux contrats de construction sont mis en attente ou D retardés, ce qui entraîne des retards dans les paiements. es licenciements ont commencé et devraient continuer à L augmenter si les restrictions se poursuivent. isque élevé de détresse financière en raison de niveaux R d’endettement élevés Rapport sur la situation économique en Mauritanie 100 Ampleur de Secteur Contexte Impact économique actuel (preuves anecdotiques) l’impact Commerce eprésente plus de R mpacts significatifs dus à la baisse de la consommation et I Moyen-haut 50% du total des de la demande locales (par exemple, réduction des heures entreprises d’ouverture, difficultés de livraison dans les Wilayas, semi- 15,6 % du PIB fermeture des commerces). ne certaine pénurie et des retards dans les importations de U marchandises es licenciements ont commencé et devraient continuer à L augmenter si les restrictions se poursuivent. Une exception: les entreprises d’épicerie et de consommation alimentaire ont connu une augmentation des ventes en mars. Moins susceptibles d’être affectées en raison des mesures prises par le gouvernement pour assurer la sécurité alimentaire. Énergie et eau 2,72 % du PIB erturbations ou retards dans l’importation des principales P Moyen-haut (prestation matières premières. de services éduction de la productivité en raison de la réduction des heures R publics) de travail des travailleurs es déplacements du personnel et des équipements sont L affectés par les restrictions de voyage dans le pays. etards causés par des retards dans les contrats ou des contrats R mis en attente Secteur Environ 86 éduction importante sur l’activité générale: baisse des R Moyen bancaire et établissements demandes de crédit, baisse des dépôts, difficultés à canaliser institutions de formels les fonds et les paiements à l’intérieur du pays, défauts de microfinance paiement, etc. es licenciements ou des réductions du temps de travail D ont commencé en raison de la baisse d’activité et de considérations d’hygiène a liquidité et la solvabilité des banques devraient diminuer L dans les mois à venir Fabrication aux d’emploi élevé, T éduction croissante de l’activité en raison de la baisse de la R Moyen notamment pour demande locale les plus vulnérables onnaître une certaine pénurie et des retards dans les C 9,65 % du PIB importations de marchandises es licenciements ont commencé et devraient continuer à L augmenter si la demande continue à baisser. Logistique 3,65 % du PIB Aucun impact sur la logistique liée à l’alimentation Moyen lus de 200 P e transport de marchandises a diminué en raison de L entreprises la réduction du commerce mondial et des restrictions gouvernementales sur les voyages à l’intérieur des pays (nécessitant une autorisation pour le transport de produits non alimentaires). ucun licenciement majeur à ce jour pour la logistique des A marchandises es licenciements ont commencé dans le secteur du transport L de passagers et du transport aérien, l’activité ayant été réduite en raison des restrictions. 101 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Ampleur de Secteur Contexte Impact économique actuel (preuves anecdotiques) l’impact Éducation et lus de 100 écoles P ’activité, et donc la plupart des revenus, se sont effondrés L Moyen formation d’enseignement pour les garderies, et notamment pour les écoles primaires et privé secondaires. a formation professionnelle et l’enseignement supérieur L ont maintenu une activité minimale en raison du passage à l’enseignement à distance et de la mise à disposition d’équipements pour l’utilisation d’Internet. Autres services lus de 600 P éduction importante de l’activité générale et de la demande R Moyen entreprises de services formelles es licenciements et les problèmes de liquidités risquent L d’augmenter si l’activité continue à être réduite Industries 9,28 % du PIB Pas de perturbation majeure de l’activité Faible extractives rès de 300 P ugmentation des investissements dans les stocks A entreprises d’équipement et de matériel par précaution formelles Aucun impact sur les exportations ou les prix mondiaux mploie environ 10 E erturbations futures potentielles si la possibilité de P 000 personnes mouvements internationaux de personnel se poursuit, en particulier pour le fer et l’or. Agriculture et C ombiné 17,8% du P as de perturbation de la production ou de réduction de la Faible élevage PIB demande locale grâce à l’attention particulière portée par le Environ 50 gouvernement aux questions de sécurité alimentaire. entreprises a disponibilité de la main-d’œuvre (sénégalaise) et les L formelles importations de biens et d’équipements ne devraient pas être E stimation de 29% affectées. de la main-d’œuvre a demande de légumes locaux pourrait augmenter si le L active totale commerce régional est affecté, notamment avec le Maroc. as d’informations réelles sur les activités informelles liées au P bétail Les prix de la viande sont contrôlés et n’ont pas fluctué. Le coût des têtes n’a pas encore fluctué Rapport sur la situation économique en Mauritanie 102 103 Rapport sur la situation économique en Mauritanie Références Amendola, A., M. Boccia, G. Mele, et L. 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