Rapport sur la situation économique en Mauritanie Tirer parti du secteur privé pour favoriser la transformation économique et la création d'emplois Première partie Développements récents et perspectives économiques Messages clés • L’expansion du secteur extractif et l'accélération des investissements publics soutiendront la croissance à moyen terme. • Améliorer l'exécution du budget, en particulier l'investissement public pour soutenir la croissance • Réajuster le cadre des subventions pétrolières pour réduire l'impact des chocs du COVID 19 et du conflit en Ukraine • Mettre en place des mesures structurelles liées à l'économie de l'offre et explorer de nouveaux marchés pour l’importation, afin de faire face à la hausse de l'inflation à court et moyen terme • Continuer à renégocier les dettes peu avantageuses pour améliorer les conditions des prêts tout en renforçant la gestion de la dette La reprise économique de la Mauritanie a été forte en 2021 Croissance de +2,4% en 2021 (après une contraction de 0,9% en 2020) Du côté de l'offre, la croissance a été impulsée Du côté de la demande, la croissance a été impulsée par par le secteur tertiaire. la hausse de la consommation privée et les investissements. Contribution au PIB (côté offre) Contribution au PIB (côté demande) 10 9 9 8 7 7 6 5 Pourcentage (%) Pourcentage (%) 5 4 3 3 2 1 1 -1 2015 2016 2017 2018 2019e 2020e 2021p 0 -1 2015 2016 2017 2018 2019e 2020e 2021p -3 -2 -3 -5 Agriculture Industries extractives Consommation privée Consommation publique Investissement privé Services Impôts nets Investissements publics Exportations Importations Industries non extractives PIB PIB Source : Macro Poverty Outlook, Banque mondiale. 2022. La situation budgétaire est restée excédentaire en 2021, grâce à de solides recettes fiscales et minières. Excédent de 2,1% du PIB en 2021, au même niveau qu'en 2020 Les recettes totales ont augmenté pour Les dépenses totales ont augmenté pour atteindre 21,2 % du PIB en 2021, en raison des atteindre 19,1 % du PIB en 2021. hausses du revenu des industries extractives. Composition des recettes totales (% of PIB) Composition des dépenses (% du PIB) 30 30 25 25 Pourcentage (%) Pourcentage (%) 20 20 15 15 10 10 5 0 5 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Dons Recettes extractives Recettes non fiscales Salaires et traitements Biens et services Recettes fiscales (hors industries extractives) Transferts courants Intérêts Recettes totales Autres Investissement (Ext.) Investissement (Int.) Dépenses totales Source : Ministère des finances et Banque Mondiale. La politique de la dette en 2021 est axée sur la réduction de l'encours de la dette et le maintien de la viabilité de la dette. La dette publique totale par rapport au PIB est passée de 55,8 % en 2020 à 51,7 % en 2021. • Une grande partie de la dette publique est contractée à des conditions preferentielles, les paiements d'intérêts ne représentant que 3,7 % des recettes totales. • La dette de la Mauritanie est viable, mais elle reste exposée à un risque élevé de surendettement extérieur Dette publique (en % du PIB) 70 60 Pourcentage (%) 50 40 30 20 10 0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021e Extérieur Intérieur Dette publique Les pressions extérieures se sont accrues en 2021 avec l'augmentation des importations d'énergie et de denrées alimentaires. L'inflation annuelle moyenne est passée de 2,4 % en 2020 à 3,5 % en 2021. • Alors que les exportations ont diminué en raison de la baisse de la production d'or et de cuivre, la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ont entrainé une augmentation des importations. Exportations (Millions de MRU) Importations (Millions de MRU) 35,000 50,000 30,000 40,000 25,000 20,000 30,000 15,000 20,000 10,000 10,000 5,000 0 0 Autres Cosmétiques et produits chimiques Autres biens de consommation Véhicules Minerai de fer Poisson Or Matériaux de construction Equipements Produits pétroliers Produits alimentaires Cuivre Autres Total Total Source : ANSADE et calculs des services de la Commission. La Mauritanie reste en deçà de ses pairs structurels en matière d'inclusion financière • Le niveau des créances douteuses a augmenté depuis le début de la pandémie. • La microfinance n'est pas développée par rapport à ses pairs : la part des comptes dans les institutions de microfinance représente 60 % du total des comptes dans les pays pairs, contre 37,7 % en Mauritanie en 2020. • En juin 2021, une nouvelle loi a permis aux acteurs bancaires et non bancaires de proposer des services de monnaie et de paiement électroniques conformes aux normes internationales. Inclusion financière 90 Pourcentage de la population (%) 80 70 60 50 40 30 20 10 0 2015 2020 2015 2020 Taux de bancarisation strict Taux de bancarisation élargi Mauritanie Sénégal Bénin Source : Rapport annuel de la BCM et de la BCEAO L'activité économique devrait poursuivre son redressement à court et moyen terme. • La croissance devrait atteindre une moyenne de 5,8 % à moyen terme, grâce à la production de gaz, au succès du déploiement de la vaccination et à l'augmentation des investissements du secteur public. • Le gouvernement devrait rechercher la viabilité budgétaire en mettant l'accent sur l'élargissement de l'assiette fiscale pour le recouvrement des recettes. Perspectives de croissance, 2022-23 6 7.0 5 6.0 4 5.0 3 4.0 2 3.0 1 2.0 0 1.0 -1 0.0 -2 -1.0 -3 -2.0 -4 -3.0 2019 2020 2021 2022 2023 Monde Afrique sub-saharienne Mauritanie Niveau 2019 Source : Macro Poverty Outlook et Global Economic Prospects, Banque mondiale. 2022. Les perspectives macroéconomiques sont soumises à des incertitudes et à des risques de détérioration. • Pandémie prolongée du COVID-19 • Conflit en Ukraine • Faiblesse des marchés mondiaux des produits de première nécessité • Lenteurs dans la mise en œuvre des réformes de l’environnement des entreprises • Risques d'insécurité régionale au Sahel • Cycle récurrent de sécheresse Deuxième partie Secteur privé et transformation économique pour des emplois de qualité Messages clés • Un secteur privé développé et compétitif est essentiel pour la création d'emplois et la réduction de la pauvreté, créant la résilience nécessaire pour atténuer les incertitudes mondiales. • En comparaison avec d'autres économies, le secteur formel privé ne représente qu'une faible partie de l’économie mauritanienne, et celui-ci est principalement représenté par de petites entreprises basées à Nouakchott, opérant dans le commerce et les services. • Le secteur privé a fait preuve d'une forte résilience pendant la pandémie de COVID 19, avec une création stable d'entreprises et un bon rythme de création d'emplois et de revenus tirée par les grandes entreprises. Le secteur privé, et notamment les PME, est freiné par l'adoption ou l'utilisation des technologies, limitant sa capacité à contribuer de manière significative à la croissance économique et à la création d'emplois. • L'accès au financement est un autre obstacle majeur qui affecte principalement les petites entreprises, qui pourraient croître plus rapidement si soutenues correctement Messages clés • Le manque de concurrence entrave le développement du secteur privé et la diversification économique. Pour favoriser des marchés plus compétitifs et soutenir le développement du secteur privé, il est nécessaire de travailler sur un cadre réglementaire pro-concurrentiel La population mauritanienne est majoritairement jeune, et sans emploi ou sous-employée. • >60 % des Mauritaniens en âge de travailler ont moins de 35 ans et ont un risque élevé de se retrouver au chômage ou dans le secteur informel. • L’emploi est caractérisé par des niveaux élevés d'informalité • Les autorités mauritaniennes considèrent le programme Emplois et transformation économique comme le fondement du développement du pays. Taux d'occupation avant, pendant et après COVID-19 (en pourcentage) Source : Office national des statistiques. Enquête sur les conditions de vie des ménages 2020. le secteur privé formel est mince avec les plus grandes entreprises qui stimulent la croissance et la création d'emplois. • La plupart des entreprises en Répartition du nombre d'entreprises, de l'emploi et des Mauritanie sont petites, revenus essentiellement informelles et concentrées dans le secteur du commerce et des services. • Il y a environ 30,000 entreprises actives et formelles, mais seulement environ 1400 sont sur la liste des contribuables. • La plupart des entreprises formelles ont connu une évolution positive de leurs revenus dans tous les secteurs en 2014-19. Le secteur privé mauritanien a également fait preuve d'une forte résilience et d'une croissance modeste Source : Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l'ensemble de données de l'administration fiscale 2014-19. au lendemain de la pandémie. La faible adoption des technologies au niveau des entreprises limite la contribution à la croissance économique et à la création d'emplois • L'enquête FAT 2022 indique que les entreprises mauritaniennes ont une marge de manœuvre importante pour améliorer la technologie, en particulier au sein des PME. • La technologie pour les fonctions commerciales générales reste faible en 2021, sauf pour les procédures administratives et les méthodes de paiement numériques. • Les services financiers numériques ne sont pratiquement jamais utilisés en raison d'un manque de valeur perçue, de sensibilisation ou de compréhension. Part des entreprises disposant d’internet, de leur propre site et de réseaux sociaux Source : Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l'enquête FAT 2022. Obstacles à l'adoption de technologies au niveau des entreprises Le manque d'information, le manque de financement et le coût sont les plus cités. Source : Calculs des services de la Banque mondiale basés sur l'enquête FAT 2022. L'amélioration de la qualité des emplois par l'adoption des technologies reste une question essentielle, davantage encore après le COVID-19 • Ni l'économie de subsistance traditionnelle ni l'économie axée sur l'exportation n'ont été en mesure de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. • La main-d'œuvre et les ressources doivent être transférées des activités à faible productivité vers les activités à forte productivité. • Il faut mettre davantage l'accent sur le développement du capital humain L'accès insuffisant des PME au financement reste structurel et profondément enraciné en Mauritanie • Imperfection du système d'infrastructure de crédit pour évaluer la solvabilité des PME • Faiblesse de l'environnement juridique et judiciaire et mauvaise exécution des contrats • Manque de délégation de crédits et processus de décision différents entre les grandes et les petites entreprises La concurrence intérieure en Mauritanie est l'une des plus faibles de la région et au-delà de celle-ci Concours national 2019, 1-100 (100 = meilleur) • Le secteur privé fonctionne selon des structures de marché concentrées, souvent dirigées par des entreprises puissantes et bien connectées. • La Mauritanie se classe140e sur 141 pays en ce qui concerne la perception du degré de concurrence intérieure, selon le dernier rapport sur la compétitivité mondiale. • Avec la SCAPP (2016-30), le gouvernement a mis l'accent sur un secteur privé plus compétitif pour une croissance inclusive. Source : Élaboration des services de la Banque mondiale à partir des ensembles de données 2018 et 2019 de l'indice de compétitivité mondiale 4.0 du Forum économique mondial. Les politiques publiques doivent être dynamisées pour renforcer le soutien nécessaire au secteur privé • Le gouvernement identifie le secteur privé comme une priorité absolue dans les stratégies de reprise et de croissance à moyen et long terme, mais il est possible d'améliorer la mise en œuvre des politiques permettant au secteur privé d'être le moteur d'une croissance inclusive, en encourageant l'expansion des entreprises, la formalisation et l'adoption de technologies. Aujourd'hui, aucun ministère ou agence ne supervise la stratégie et la coordination des différents éléments nécessaires à la promotion de la croissance du secteur privé. • Depuis la publication de la SCAPP en 2016, le gouvernement a mis en place quelques initiatives pour soutenir le secteur privé, mais il n'y a pas de champion gouvernemental palpable en charge de superviser la stratégie et la coordination des différents éléments nécessaires à la promotion de la croissance du secteur privé. Evolution du cadre de la politique du secteur privé en Mauritanie Renforcer la viabilité budgétaire, en mettant l'accent sur l'amélioration de la collecte des recettes non extractives en élargissant 1 l'assiette fiscale pour inclure les groupes ou les entreprises qui échappent à l'impôt à cause de l'informalité ou des exonérations fiscales. Faciliter l'adoption de la technologie par les entreprises pour améliorer LES leur compétitivité aux niveaux national et mondial en soutenant des MESURES CLÉS À programmes de vulgarisation qui favorisent une plus grande sensibilisation PRENDRE EN 2 aux types et aux utilisations potentielles des technologies et à l'adoption CONSIDÉRATION des technologies numériques, ainsi qu’en fournissant une assistance technique ou facilitant l'accès au financement pour une plus grande introduction et adoption des technologies. Améliorer l'accès au financement pour les PME, tout en réformant 3 la politique de concurrence afin que les entreprises puissent développer d’advantage leur production, leur productivité et leur croissance. Merci de votre attention http://www.banquemondiale.org/fr/country/mauritania