Public Disclosure Authorized Les impacts sexo-spécifiques du Covid-19 sur le marché du travail en Amérique latine et dans les Caraïbes. Public Disclosure Authorized BANQUE MONDIALE Laboratoire d’innovation sur le genre pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (LACGIL)1 NOTE D’ORIENTATION: janvier 2021 Messages clés • D’après les enquêtes téléphoniques à haute fréquence (HFPS) menées dans 13 pays d’Amérique latine et des Caraïbes (LAC), les femmes employées étaient 44 % plus susceptibles de perdre leur emploi que les hommes au début de la crise du COVID-19. • Au fur et à mesure de l’évolution de la crise, les travailleurs en situation de chômage temporaire ont repris leur travail. Cependant, l’écart entre les femmes et les hommes en termes de perte d’emploi persiste. • 56 % des pertes d’emplois liées au Covid-19 proviennent des secteurs à forte intensité en main d’œuvre Public Disclosure Authorized féminine, tels que le commerce, les services aux particuliers, l’éducation, ainsi que l’hôtellerie et la restau- ration. • Les facteurs de résilience à la perte d’emplois pendant la crise di èrent entre les hommes et les femmes. Par exemple, la présence d’enfants en âge scolaire à la maison est liée à une augmentation des pertes d’emplois chez les femmes mais pas chez les hommes. • Les pertes d’emploi dues à la pandémie de COVID-19 pourraient davantage creuser les écarts déjà existants entre les hommes et les femmes au sein de la région, créant ainsi la nécessité d’élaborer des politiques et des mesures stratégiques qui ciblent spécifiquement les femmes afin de garantir une reprise économique inclusive. Le contexte Dans le monde entier, les femmes bénéficient souvent d’oppor- région malgré les progrès réalisés durant les trente dernières tunités de revenus plus faibles que les hommes. La pandémie de années. Par exemple, la participation des femmes au marché du Public Disclosure Authorized Covid-19 crée une nouvelle dynamique qui pourrait exacerber les travail dans la région a augmenté au cours des trois dernières disparités économiques entre les hommes et les femmes au sein décennies (passant de 41 % en 1990 à 53 % en 2019). Ceci a contri- de la région. Les mesures de distanciation sociale ont perturbé les bué à améliorer les revenus du travail des femmes et à réduire la activités sociales et économiques, ce qui a eu une incidence sur la pauvreté. Cependant, les écarts entre les sexes restent importants capacité des ménages à générer des revenus. Les données sur les au sein de la région. Les hommes ont toujours plus de chances de épidémies antérieures semblent indiquer que ce type de choc participer au marché du travail et d’exercer un emploi formel, de risque de compromettre les progrès accomplis en matière d’opportunités économiques pour les femmes (de Paz et al 2020). Les femmes occupent une part disproportionnée des professions Laboratoire d’innovation sur le genre pour exigeant des interactions directes, comme dans la vente, les soins l’Amérique Latine et les Caraïbes (LACGIL) à la personne et le tourisme. De ce fait, les femmes ont moins de chances de pouvoir travailler depuis la maison et ont un risque Le LACGIL apporte son soutien à la réalisation d’évaluations plus accru de se retrouver au chômage. Les femmes sont plus d’impact et à la recherche inférentielle afin de produire des susceptibles que les hommes d’être employées dans le secteur données concluantes sur les mesures qui fonctionnent pour informel et d’exercer des emplois précaires. Celles-ci ont égale- combler les écarts entre les sexes en matière de capital ment tendance à e ectuer plus de travaux ménagers non rémuné- humain, de participation économique, de normes sociales et rés que les hommes (environ 2,7 heures par jour). Pendant la de capacité d’action. De plus, le laboratoire di use ces pandémie, les prestations de soin et d’assistance non rémunérées résultats en vue d’améliorer les programmes d’actions et ont augmenté, dès lors que les enfants ne pouvaient plus être l’élaboration des politiques afin de concevoir des interven- scolarisés, les personnes âgées avaient davantage besoin de soins tions e caces et rentables destinées à lutter contre les inéga- et les services de santé étaient saturés (Banque mondiale 2020). lités de genre et d’aboutir à des changements durables. Pour y parvenir, le LACGIL travaille en collaboration avec Sans interventions stratégiques avisées et opportunes, la crise di érents services de la Banque mondiale, des organismes pourrait creuser les écarts entre les sexes qui persistent dans la d’aide et des bailleurs de fonds, des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des entreprises du 1 Cette note a été préparée par Emilia Cucagna et Javier Romero. L’équipe remercie Jacobus secteur privé et des chercheurs. Joost De Hoop et Ximena del Carpio pour leurs précieux commentaires. 1 meilleure qualité et mieux rémunéré que les femmes. Par ailleurs, les femmes, en particulier les jeunes femmes, sont plus suscep- tibles d’être au chômage (Banque mondiale 2020). La présente note explore les conséquences de la crise du COVID-19 sur le marché du travail pour les hommes et les femmes, et identifie les éléments qui rendent les travailleurs plus résistants à la perte d’emploi. Ces résultats sont ensuite utilisés pour discuter des implications lors de l’élaboration des politiques. Pour pallier le manque de données généré par l’interruption de la plupart des activités statistiques en raison des mesures de distan- ciation sociale, les enquêtes téléphoniques à haute fréquence (HFPS) recueillies dans la région par le Pôle mondial d’expertise en pauvreté et équité de la Banque mondiale ont été utilisées. Cette note vise à évaluer les e ets di érenciés selon le sexe sur le marché du travail de la récession la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Les données revenus des ménages, l’accès aux services de base, les comporte- ments et les connaissances liés au COVID-19, ainsi que les caracté- ristiques démographiques et des ménages. Entre mai et août 2020, trois séries d’enquêtes téléphoniques L’échantillon couvre en moyenne 1 000 personnes par pays (soit ont été e ectuées dans 13 pays de LAC pour évaluer les e ets et un total de 13 152 observations), lesquelles ont été suivies au les voies de transmission de la crise du COVID-19 dans la région2. cours de trois vagues de collecte de données.3 Pour chaque pays, La première vague d’enquêtes a été menée en mai 2020 (deux l’échantillon est représentatif à l’échelle nationale de personnes mois après l’annonce de quarantaines dans la plupart des pays de âgées de 18 ans ou plus et ayant accès à un téléphone portable. Les LAC, à la mi-mars 2020). La deuxième vague a été recueillie entre données proviennent d’un échantillonnage probabiliste par géné- juin et juillet 2020, et la troisième entre juillet et août 2020. Ces ration aléatoire de numéros.4 Les pondérations ont été étalonnées enquêtes comprennent di érents modules couvrant plusieurs en tenant compte des projections démographiques de la Commis- thématiques, à savoir : le marché du travail, les changements des sion économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). La figure 1.a montre que 63 % des femmes ont déclaré avoir exercé un emploi avant la pandémie, contre 84 % des hommes. Ainsi, dans cet échantillon, les femmes représentaient 45 % de la population active avant la pandémie (cf. figure 1, diagramme b). FIGURE 1.A : TAUX D’EMPLOI AVANT LE COVID-19, EN FONCTION DU GEN 100% 16% 80% 37% 60% 40% 84% 63% 20% DÉFINITIONS 0% • L’analyse est réalisée au niveau régional en regroupant les Hommes Femmes données issues des 13 pays. Parmi les pays inclus dans l’échantil- lon figurent : l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, la Colombie, le Costa Travaillant avant le Covid-19 Sans emploi avant le Covid-19 Rica, le Chili, la République Dominicaine, le Salvador, le Guatema- la, le Honduras, le Mexique, le Pérou et le Paraguay. Les femmes représentent 54 % de l’échantillon. D’après les données dispo- FIGURA 1, B. PARTICIPACIÓN, ANTES DEL COVID-19, DE LA nibles sur l’ensemble de la région, y compris les pays qui ne font POBLACIÓN EMPLEADA, QUE REPRESENTA A CADA GÉNERO pas partie de l’échantillon, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’exercer un emploi avant l’apparition du COVID-19. • La présente étude porte sur les personnes qui étaient employées avant la pandémie, sauf indication contraire. - Par perte d’emploi ou chômage, on entend le fait de ne pas travailler pendant la semaine précédant l’enquête. 45% 55% - Une perte d’emploi temporaire se produit lorsqu’une personne interrogée déclare une perte d’emploi mais pourra reprendre son travail. - Une perte d’emploi permanente se produit lorsqu’une personne interrogée déclare une perte d’emploi mais ne pourra pas reprendre son travail. Femmes Hommes - Les pertes d’emplois totales (la somme des pertes d’emplois temporaires et permanentes) ont des répercussions en termes Source : Données provenant de l’enquête HFPS, 1ère vague. de revenu et de bien-être. 2 Dans la note, « LAC » et « région » font référence à la population représentée par les 13 pays d’Amérique latine et des Caraïbes inclus dans l’analyse. 3 Les taux de réponse lors des deuxième et troisième vagues étaient de 71,6 % et de 68,8 % respectivement. 4 La méthodologie de génération aléatoire de numéros (Random Digit Dialing, RDD, en anglais) sonde des individus en composant des numéros de téléphone au hasard. Pour obtenir plus de détails techniques sur la représentativité, le plan d’échantillonnage et la pondération de l’enquête HFPS, se référer à Flores Cruz (2020), « COVID-19 High Frequency Survey in Latin American Countries ». Note technique: Plan d’échantillonnage et pondération. 2 Conclusions de l’étude Inégalités face à la perte d’emplois La crise du COVID-19 a touché les femmes de façon dispropor- L’ampleur du choc sur les femmes peut être observé dans tionnée et cette di érence perdure. La première vague de collecte l’ensemble des pays de l’échantillon. La figure 3 montre que, dans de données a été réalisée environ deux mois après la mise en place tous les pays, les femmes sont plus susceptibles de perdre leur par les gouvernements des mesures de quarantaine dans la plupart emploi que les hommes entre la première et la troisième vague. La des pays. Celui-ci montre que 56 % des travailleurs ont perdu leur figure 3 se concentre sur les individus qui étaient employés avant la emploi de façon temporaire ou permanente. Ce taux s’avère 44 % pandémie et représente pour chaque pays le pourcentage de plus élevé que le taux correspondant pour les hommes, lequel femmes (en vert) et d’hommes (en jaune) qui ont perdu leur emploi s’établit à 39 % (cf. figure 2). L’écart en matière d’emploi, défini ici pendant la crise, de manière temporaire ou définitive. Les barres comme étant la di érence entre le taux de chômage des femmes grises représentent l’écart en matière d’emploi. Le graphique est et celui des hommes, s’élève à 16 points de pourcentage. classé par pays et par vague d’enquête (première et troisième vagues), ainsi qu’en fonction du niveau d’écart en matière d’emploi Les données provenant des deuxième et troisième vagues lors de la première vague. La figure 3 indique aussi que les pays montrent que lorsque les individus ont commencé à reprendre le n’ont pas tous été touchés de façon égale. Lors de la première travail, les pertes d’emplois temporaires ont diminué mais pas vague au début de la crise, les écarts entre les sexes les plus celles d’emplois permanents. Néanmoins, l’écart entre les hommes prononcés ont été constatés en Honduras et au Costa Rica, pays où et les femmes n’a pratiquement pas changé. Lors de la troisième les femmes étaient 25 % plus susceptibles que les hommes d’être vague de collecte de données en août 2020, la di érence entre les au chômage. L’écart le plus faible s’observe en Bolivie et au Pérou hommes et les femmes en matière de pertes d’emplois totales (avec 10 et 11 points de pourcentage respectivement), mais ces s’établissait encore à 15 %, et la perte d’emplois permanents derniers a chent les taux de chômage les plus élevés de la région. concernait une femme sur cinq. FIGURE 2 : LES TRAVAILLEUSES SONT PLUS SUSCEPTIBLES DE SUBIR DES PERTES D’EMPLOI TEMPORAIRES ET PERMANENTES QUE LEURS HOMOLOGUES MASCULINS 60% 56% 50% 49% En pourcentage 42% 40% 39% 35% Femmes 34% Hommes 30% 27% 28% 26% 23% 20% 21% 21% 21% 19% 16% 13% 13% 12% 10% 0% R1 R2 R3 R1 R2 R3 R1 R2 R3 PERTES D’EMPLOIS TOTALES PERTES D’EMPLOIS TEMPORAIRES PERTES D’EMPLOIS PERMANENTES Source : Données provenant de l’enquête HFPS, vagues 1 à 3. FIGURE 3 : DANS TOUS LES PAYS, LES FEMMES SONT PLUS SUSCEPTIBLES QUE LES HOMMES DE PERDRE LEUR EMPLOI 100% 30 (en points de pourcentage) Pertes d'emplois (en pourcentage) Écart en matière d'emplois 80% 25 20 60% 15 40% 10 20% 5 0% 0 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 R1 R3 HONDURAS COSTA REPÚBLIQUE GUATEMALA PARAGUAY COLOMBIE MEXIQUE SALVADOR CHILI ÉQUATEUR ARGENTINE PÉROU BOLIVI3 RICA DOMINICAINE Écart entre les sexes (droit) Hommes Femmes Source : Données provenant de l’enquête HFPS, vagues 1 à 3. 3 Quels sont les facteurs expliquant les pertes d’emplois? Les femmes ont tendance à travailler dans des secteurs qui derniers représentent quatre des cinq secteurs enregistrant la plus requièrent davantage une présence physique et des interactions forte concentration de main-d’œuvre féminine, lesquels employaient personnelles. Par conséquent, celles-ci risquent davantage de 60 % des femmes avant la crise. Cette tendance semble indiquer que perdre leur emploi avec la mise en place des mesures de distancia- la crise du COVID-19 a accentué les écarts entre les sexes sur le tion physique En e et, les secteurs qui emploient le plus de femmes marché du travail. Les pertes d’emploi chez les femmes creusent non sont à l’origine de la plupart des pertes d’emplois observées (cf. seulement les écarts économiques entre les sexes, mais risquent figure 4). Bien que les répercussions varient en fonction du secteur, également d’exacerber d’autres déséquilibres au sein des ménages, 56 % des pertes d’emplois se concentrent dans le commerce, les en réduisant l’émancipation des femmes ainsi que leur pouvoir de services aux particuliers, l’éducation, ainsi que l’hôtellerie et la restau- négociation au sein du foyer, et en aggravant les violences conjugales ration, d’après les données recueillies lors de la première vague. Ces (Manser et Brown 1980 ; Perova et Reynolds 2017). FIGURE 4 : LES SECTEURS À FORTE MAIN D’ŒUVRE FÉMININE ENREGISTRENT UNE GRANDE PARTIE DU TOTAL DES PERTES D’EMPLOIS COMMERCE 20% Pourcentage total de pertes d’emplois SERVICES AUX PARTICULIERS 15% (1ère vague) 10% ÉDUCATION HÔTELLERIE ET RESTAURATION Source : Données FABRICATION provenant de l’enquête BÂTIMENT HFPS, 1ère vague. Remarque : la perte 5% TRANSPORTS AUTRES ADMIN. PUBLIQUE SANTÉ d’emploi se définit par le ACT. fait de ne pas travailler AGRICULTURE PROFESSIONNELLES une semaine avant ELECTRICITÉ ET EAU INDUSTRIES TOURISME SERVICES FINANCIERS l’enquête. MINIÈRES 0% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Pourcentage de participation des femmes avant le COVID-19 L’emploi salarié, l’accès à internet et le niveau d’éducation augmen- secteurs nécessitant des interactions physiques et exerçaient un tent la probabilité de rester employé, mais certains e ets di èrent travail qui était moins susceptible d’être réalisé à distance. entre les hommes et les femmes (cf. figure 5). En utilisant une régres- sion multivariable, l’étude examine les facteurs qui influent sur la De plus, notre analyse révèle qu’un niveau d’éducation élevé est probabilité de garder un emploi pendant la pandémie (c.-à-d. associé à une plus grande résilience à la perte d’emploi.6 Ceci peut pendant les trois vagues d’enquêtes).5 Notre analyse révèle qu’avoir s’expliquer par le type de travail e ectué par les travailleurs instruits. un emploi salarié avant la pandémie est associé à une plus grande Ces derniers e ectuent potentiellement des tâches cognitives peu probabilité de rester employé après la pandémie, par rapport à un courantes. Ces résultats corroborent également la thèse selon emploi indépendant. Il s’agit de la principale di érence qui ressort de laquelle la productivité des travailleurs les plus instruits est plus élevée notre analyse. Il est probable que l'emploi salarié exercé avant la et le taux de chômage diminue en fonction de l’augmentation du pandémie persiste grâce à la plus grande sécurité d'emploi que nombre d'années d'études augmente. présentent les emplois formels et la capacité des entreprises à s'adap- ter à la crise par rapport aux travailleurs indépendants, plus suscep- Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de perdre leur tibles de détenir des entreprises informelles. emploi en raison de l’augmentation des besoins du ménage en matière de garde d’enfants, dès lors que les normes sociales encou- En outre, notre étude montre que l’accès à internet, lequel facilite la ragent les femmes à devenir les principales dispensatrices de soins possibilité de travailler à distance, est un facteur déterminant pour au sein de la famille.7 Bien que la présence d’enfants en âge scolaire à conserver un emploi pendant la pandémie. Les résultats de notre la maison ne constitue pas un facteur qui soit associé à la probabilité analyse montrent que l’accès à internet augmente la probabilité de de continuer à travailler deux mois après le début de la crise du rester employé. Cependant, cet e et n’est pas statistiquement signifi- COVID-10 (mai 2020) (cf. figure 6), la nécessité de s’occuper des catif pour les femmes. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’avant la crise enfants est devenue un facteur explicatif majeur avec la prolongation du COVID-19, les femmes travaillaient principalement dans des de la crise.8 FIGURE 5 : FACTEURS ASSOCIÉS AU MAINTIEN DE L’EMPLOI PENDANT LA CRISE Augmentation de la probabilité (en points de pourcentage) 0.30 e ne pas perdre l’emploi 0.20 Femmes Hommes 0.10 0.00 Source: Données provenant de l’enquête HFPS, vagues 1-3. Remarque: les barres représentent les -0.10 coe cients de variables inclues dans la MINEUR D’ÂGE ÉDUCATION ACCÈS À L’INTERNET EMPLOI SALARIÉ régression multivariable. Les barres SCOLAIRE SECONDAIRE hachurées indiquent l’absence de signification statistique (p > 0,1). 5 L’analyse est e ectuée au moyen d’un modèle de probabilité linéaire estimé par des minimums carrés ordinaires. La variable dépendante est une variable dichotomique qui indique si l’individu a conservé son emploi pendant les trois vagues de collecte de données. L’analyse se limite aux personnes employées avant la pandémie. Les variables explicatives suivantes ont été incluses : les e ets fixes par pays, l’industrie, l’âge, la composition du ménage (le nombre d’hommes dans le foyer, le nombre de femmes dans le foyer, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans dans le foyer), le nombre de chambres (qui, avec la composition du foyer, peut être interprété comme un indicateur de richesse), le type de travail e ectué (indépendants, salariés, entreprise familiale ou autres), ainsi que les variables indicatrices pour la zone de résidence urbaine, le niveau d’études supérieures (ayant achevé au moins le niveau d’enseignement secondaire), l’accès à internet et la présence d’enfants en âge scolaire présents dans le foyer (enfants âgés entre 5 et 18 ans). Le modèle fait l’objet d’estimations distinctes pour les hommes et les femmes. 6 Un niveau d’éducation élevé est défini par l’obtention d’au moins un diplôme de fin d’études secondaires. 7 Les résultats de la régression ne sont pas statistiquement significatifs pour les hommes. 8 Lors de la première vague, seulement 3 % des femmes et 1 % des hommes ont déclaré la garde d’enfants comme étant le facteur principal de la perte de leur emploi. 4 FIGURE 6 : IMPACT DE LA PRÉSENCE D’ENFANTS EN ÂGE SCOLAIRE AU SEIN DU MÉNAGE, PAR VAGUE D’ENQUÊTE 0.10 perdre l’emploi (en points de pourcentage) Augmentation de la probabilité de ne pas 0.06 0.02 Femmes Hommes -0.02 Source : Données provenant de l’enquête HFPS, vagues 1-3. Remarque : les deux barres de gauche représentent le coe cient des variables -0.06 inclues dans une régression multivariable sur la probabilité de conserver un emploi pendant la première vague d’enquêtes. Les deux barres de droite représentent le coe cient des variables inclues dans une -0.10 régression multivariable sur la probabilité de conserver un emploi durant les trois VAGUE 1 VAGUES 1 - 3 vagues de collecte de données. Les barres hachurées indiquent l’absence de signification statistique (p > 0,1). Premiers signes de reprise? La plupart des secteurs ne montrent aucun signe de reprise pour les employées, jusqu’en août 2020, les rares signes de reprise concernent essentiellement des emplois peu qualifiés. Seulement 42 % des personnes qui avaient repris le travail en août 2020 et qui avaient un emploi avant le COVID-19, travaillent dans le même secteur qu’avant la pandémie. Les secteurs représentant les princi- pales sources d’emploi chez les femmes, tels que le commerce, les services aux particuliers et l’éducation, stagnent à des niveaux d’activités faibles. Par ailleurs, la répartition des femmes entre les di érents types de travail a évolué. Avant le COVID-19, 61 % des femmes avaient un emploi salarié, et 33 % travaillaient en tant qu’indépendantes (cf. figure 7, diagramme a). En août 2020, 53 % travaillaient en tant que salariées, et 38 % en tant que travailleuses indépendantes (cf. figure 7, diagramme b). FIGURE 7.A : TYPE D’EMPLOI AVANT LE COVID- 19 FIGURE 7.B : TYPE D’EMPLOI APRÈS LE COVID-19 6% 9% 33% 53% 38% 61% Indépendant Employé Autre Indépendant Employé Autre Source : Données provenant de l’enquête HFPS, vagues 1-3. 5 Recommandations politiques • La pandémie de COVID-19 risque d’accentuer davantage les politiques pourraient également faciliter l’accès aux prestations écarts entre les sexes déjà existants sur le marché du travail. La de services de garde et de soins aux personnes âgées et présente étude montre que les écarts entre les sexes dans la promouvoir des mesures destinées à reconnaître, réduire et région LAC se sont aggravés pendant la pandémie. redistribuer la charge du travail non rémunéré au sein des Comprendre les e ets du COVID-19 sur l’égalité des sexes appa- ménages (Vaeza, 2020). rait donc essentiel pour orienter la conception et l’élaboration de politiques e caces. Les réponses et les interventions doivent se • Assurer la disponibilité de données ventilées par sexe et repré- concentrer sur la création d’incitations et de conditions sentatives pourrait permettre d’élaborer des politiques favorables à la participation des femmes au marché du travail. e caces et mieux ciblées. Des politiques propres à chaque pays Étant donné la participation plus importante des femmes dans la pourraient être nécessaires afin de maximiser l’impact des prise en charge des enfants et des personnes âgées, ainsi que mesures stratégiques. Les données provenant de l’enquête HFPS dans les tâches ménagères, les mesures politiques pourraient peuvent être utilisées par chaque pays pour identifier des écarts s’atteler à restaurer des incitations et des dynamiques encoura- spécifiques entre les sexes et adapter les réponses politiques. geant le retour des femmes sur le marché du travail. Les résultats Dans cette note, nous nous sommes focalisés sur les conditions de la présente note suggèrent qu’il convient d’adopter une économiques des femmes. Toutefois, la crise du COVID-19 perspective de genre au sein des plans de relance. pourrait également a ecter le pouvoir de décision des femmes et l’accumulation du capital humain, en raison notamment de la • Mettre en œuvre des programmes de protection sociale ciblant détérioration de l’accès aux services de santé et d’éducation. les femmes les plus touchées par la crise (les foyers dirigés par Cette possibilité renforce la nécessité de disposer de données une femme, les femmes travaillant dans le secteur informel et ventilées par genre et représentatives, pouvant aider à mesurer les travailleuses domestiques qui ne bénéficient pas de protec- l’impact de la crise sur di érentes dimensions. Parmi ces dimen- tion sociale, ainsi que les femmes au chômage) pourrait aider sions figurent le décrochage scolaire et le niveau d’instruction, le les ménages à atténuer les e ets négatifs de cette crise et développement de la petite enfance chez les garçons et les filles, garantir la continuité des investissements dans l’éducation des l’accès aux services de santé, le temps consacré aux tâches enfants (Vandeninden et al., 2019 ; Rutkowski, 2020). En outre, ménagères, des modifications potentielles des normes sociales les programmes de transferts monétaires pourraient également et des attitudes, et le risque accru de violence à l’encontre des aider les travailleuses indépendantes à relancer leurs activités, femmes et des filles. notamment si elles travaillent dans des secteurs particulièrement a ectés par les mesures de distanciation sociales (de Paz et al, 2020). Les programmes sociaux pourraient également compor- RESTEZ CONNECTÉ ter des formations et du mentorat, des mesures d’incitations à la formalisation, des concours de plans d’entreprises et des outils Visitez le site Web de LACGIL pour obtenir plus d’informations. d’accès au financement (Rutkowski et Bousquet, 2019). Étant Courriel: lacgenderlab@worldbank.org donné que les transferts monétaires peuvent être réalisés avec peu d’interaction physique et à faible coût, ceux-ci représentent REMERCIEMENTS une mesure e cace à mettre en œuvre dans le contexte du Ce travail a été financé par l’Umbrella Facility for Gender Equa- COVID-19, tout en minimisant la transmission du virus. lity (UFGE), un fonds fiduciaire multidonateurs géré par la Banque mondiale en vue de promouvoir l’égalité des sexes et • À moyen terme, les politiques pourraient s’e orcer de renfor- l’émancipation des femmes par l’expérimentation et la création cer la résilience des travailleurs indépendants et des travail- de connaissances pour aider les gouvernements et le secteur leurs moins instruits, et plus particulièrement des femmes. Ceci privé à élaborer des politiques et des programmes en faveur de pourrait nécessiter un soutien financier, via des lignes de crédit solutions évolutives avec des résultats durables. L’UFGE bénéfi- ou des services financiers destinés à des femmes entrepreneuses. cie de généreuses contributions de l’Allemagne, de l’Australie, du Ces initiatives pourraient également aller de pair avec des forma- Canada, du Danemark, de l’Espagne, des États-Unis, de l’Islande, tions, du mentorat, des incitations à la formalisation et des de la Lettonie, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de concours de plans d’entreprise (Rutkowski et Bousquet, 2019). En la Suède, de la Suisse et de la Fondation Bill et Melinda Gates. outre, à la suite de la reprise des activités économiques, les Les observations, interprétations et conclusions formulées dans le présent rapport sont exclusivement celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de la Banque mondiale et de ses organisations ni des administrateurs de la Banque mondiale et des gouvernements qu’ils représentent. La reproduction et la distribution de ce matériel sont interdites sans UMBRELLA FACILITY FOR GENDER EQUALITY le consentement préalable de la Banque mondiale. 1818 H. St NW Washington, DC 20433. EEUU. 6 RÉFÉRENCES Banque mondiale. 2020. « Closing Gender Gaps in Latin America and the Caribbean ». Rapport no 128525, Banque mondiale, Washington, DC. Copley, A., Decker, A., Delavelle, F., Goldstein, M., O'Sullivan, M. et Papineni, S. (2020). « COVID-19 Pandemic Through a Gender Lens ». de Paz, Carmen, Miriam Müller, Ana María Muñoz-Boudet, et Isis Gaddis. 2020. « Gender Dimensions of the COVID-19 Pandemic ». Note de politique (16 avril), Banque mondiale, Washington, DC. Manser, Marilyn et Murray Brown. 1980. « Marriage and Household Decision-Making: A Bargaining Analysis ». International Economic Review 21 (1) : 31–44. Perova, Elizaveta et Sarah Anne Reynolds. 2017. « Women’s Police Stations and Intimate Partner Violence: Evidence from Brazil ». 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