VOIES D’EXPANSION: DÉVELOPPER L’INCLUSION ÉCONOMIQUE POUR L’EMPLOI ET LA RÉSILIENCE AU SAHEL Par Margaux Vinez, mai 2025 Série de notes politiques du PPSAS NOTE POLITIQUE 14 | MAI 2025 Série de notes politiques du PPSAS 2 Mai 2025 1 PRINCIPALES RECOMMANDATIONS Les programmes d’inclusion économique sont un outil essentiel développement économique en fournissant un ensemble complet pour faire face à la crise de l’emploi au Sahel. La croissance rapide d’interventions. Ces derniers visent à éliminer les obstacles auxquels de la population dans la région, associée à l’instabilité croissante et à elles sont confrontées à plusieurs niveaux : au sein des ménages la dégradation du climat, font de la création d’emplois non seulement (compétences, actifs ou prise de décision limités), des communautés une opportunité, mais une nécessité immédiate. Alors que les (normes sociales restrictives), des économies locales (manque d’accès opportunités d’emploi formel restent rares au Sahel, les programmes aux marchés) et des institutions formelles.2 Grâce à cette approche d’inclusion économique aident les populations vulnérables, y compris globale, les individus peuvent progressivement créer des opportunités les jeunes, à gravir « d’échelle des opportunités » en acquérant des d’auto-emploi durables et accroître la résilience de leur ménage. Au compétences et en créant ou développant leurs propres entreprises. Sahel, ces programmes ciblent principalement les femmes – de plus Le Sahel est confronté à l’un des taux de pauvreté les plus élevés au de 80 % au Sénégal à une participation féminine presque exclusive monde, avec en moyenne 42,5 % de la population vivant en dessous dans d’autres pays – et ont eu de forts impacts pour elles, comme du seuil de 1,90 dollar par jour, un nombre croissant de personnes en nous l’explorons à la section 3 de la présente note. âge de travailler, et des disparités persistantes entre les sexes.1 Dans Les gouvernements sahéliens traduisent désormais ces preuves en ce contexte, les programmes d’inclusion économique offrent aux actes en étendant rapidement ces programmes afin de créer des groupes marginalisés la possibilité de développer des moyens de opportunités économiques. Plusieurs voies de passage à grande subsistance durables et d’accéder à des opportunités d’auto-emploi. échelle ont émergé, impliquant généralement : (i) l’intégration de Il a été largement prouvé que les programmes d’inclusion l’inclusion économique dans les systèmes de protection sociale ; (ii) économique produisent des résultats transformateurs au Sahel. Les l’établissement de modèles de mise en œuvre hybrides dirigés par les programmes d’inclusion économique (également connus sous le nom gouvernements ; et (iii) le développement d’adaptations spécifiques au de programmes d’inclusion productive ou de moyens de subsistance) contexte, adaptées aux capacités locales, aux contraintes budgétaires permettent aux personnes pauvres et vulnérables de participer au et aux vulnérabilités particulières des populations bénéficiaires. Cette note de politique examine les aspects essentiels à prendre en compte pour réfléchir à l’extension durable des programmes d’inclusion économique. En s’appuyant sur l’expérience récente du Sahel, elle dégage six considérations qui peuvent faciliter cette réflexion: 1. Intégrer les programmes d’inclusion économique dans les filets sociaux établis pour maximiser l’impact. L’utilisation des systèmes de mise en œuvre en place permet de réduire les coûts tout en renforçant l’efficacité. Les évaluations d’impact montrent une forte complémentarité entre les transferts réguliers et les composantes d’inclusion économique. Les mesures productives amplifient les impacts des transferts réguliers, tout en permettant aux ménages de tirer pleinement partie des possibilités d’inclusion économique. 2. Concilier qualité et coût. Le gouvernement est le mieux positionné pour assurer la coordination stratégique tout en faisant appel à des prestataires de services spécialisés (notamment les services publics décentralisés, les organisations non gouvernementales (ONG) et les entreprises privées) pour la mise en œuvre des volets techniques spécialisés. 3. Garantir la pérennité grâce à un ancrage fort dans les politiques nationales, à l’institutionnalisation des programmes, à la mobilisation de ressources et au renforcement des capacités. Il s’agit de formaliser les programmes dans le cadre des stratégies nationales de réduction de la pauvreté, de protection sociale et de lutte contre le changement climatique, de créer des lignes budgétaires dédiées pour accroître progressivement le financement national, de consolider les systèmes de collecte de données pour démontrer l’impact et le rapport coût-efficacité, et renforcer les capacités institutionnelles de coordination et de mise en œuvre. 4. Faire de l’adaptation aux changements climatiques un objectif central du programme. Les programmes d’inclusion économique contribuent déjà à la résilience climatique des ménages en favorisant la diversification des revenus, l’épargne et l’éducation financière. Pour amplifier ces impacts, il est important d’identifier et de s’attaquer aux obstacles spécifiques rencontrés par les ménages dans l’adoption de stratégies d’adaptation au climat, tout en positionnant les programmes pour mobiliser les financements climat en s’intégrant dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) et les plans nationaux d’adaptation (PAN). 5. Adapter les interventions aux contextes de fragilité, de conflit et de violence (FCV). Il s’agit de simplifier les opérations en limitant les activités de groupe, en privilégiant le recrutement local, en collaborant avec les ONG locales et les acteurs déjà implantés dans les zones difficiles d’accès, en utilisant des moyens de paiement électroniques et en sécurisant l’épargne. Le contenu doit être modifié pour répondre aux besoins psychosociaux des populations touchées par les conflits et inclure des activités de cohésion communautaire pour renforcer les liens sociaux entre les différents groupes. 6. Lever les contraintes liées au genre grâce à une conception de programme adaptée. Les femmes font face à différentes contraintes dont les programmes doivent tenir compte. Les programmes d’inclusion économique devraient continuer de donner la priorité aux femmes tout en adaptant leur conception pour surmonter leurs obstacles spécifiques, car les données montrent que des approches ciblées pour les femmes peuvent mener à de meilleurs résultats du programme. Série de notes politiques du PPSAS 3 Mai 2025 2 INTRODUCTION Au Sahel, les programmes d’inclusion économique permettent de et ont généré une riche base de leçons opérationnelles5. Ces répondre à des objectifs multiples et gagnent en pertinence dans un programmes ont permis d’augmenter la consommation des contexte de crises multiples. En s’attaquant aux multiples contraintes ménages de 8 à 15 %, de faire croitre les revenus commerciaux des auxquelles sont confrontés les ménages pauvres et vulnérables, femmes, et d‘améliorer considérablement l’épargne. Ils ont aidé ces programmes peuvent leur permettre d’augmenter durablement les ménages à diversifier leurs sources de revenus et à accroître leurs revenus et leurs actifs, et de diversifier leurs moyens de leurs investissements dans les activités non agricoles, générant des subsistance grâce à un ensemble séquencé de mesures de soutien. bénéfices élargis pour les ménages et les communautés. Forts de ces Les programmes comprennent généralement la formation de résultats, les gouvernements de la région élargissent rapidement les groupes d’épargne, la formation à l’entrepreneuriat, la sensibilisation programmes d’inclusion économique, s‘inscrivant dans la dynamique communautaire, du coaching, la formation aux compétences de mondiale d‘expansion de tels programmes, qu’ils soient portés par vie et une subvention productive. Il existe un solide corpus de des gouvernement ou par des acteurs non étatiques6. preuves démontrant que les programmes d’inclusion économique peuvent jouer un rôle critique dans la création d’opportunités et À mesure que les pays affinent leurs stratégies de déploiement l’augmentation de la résilience aux chocs. Par conséquent, ces de l’inclusion économique, ils sont confrontés à des choix programmes sont particulièrement pertinents dans les pays fortement stratégiques déterminants pour l’efficacité et la pérennité des exposés et vulnérables aux impacts du changement climatique et programmes. Cette note examine les données probantes générées ceux affectés par la fragilité, les conflits et la violence (FCV), ces deux au cours de la phase initiale et les diverses trajectoires d’expansion facteurs affectant de manière disproportionnée les ménages pauvres empruntées par les pays sahéliens pour s’adapter aux réalités et les femmes. Le Sahel est l’une des régions les plus vulnérables locales et aux contextes politico-économiques. Elle dégage six axes au climat au niveau mondial, avec des températures en hausse, essentiels pour une expansion efficace : (i) intégrer les programmes des événements météorologiques extrêmes et une dégradation d’inclusion économique dans les filets sociaux établis pour maximiser des terres qui menacent les moyens de subsistance et la stabilité l’impact et renforcer le plaidoyer en faveur d’une protection économique3. Une large part de la population dépend de l’agriculture sociale globale ; (ii) concilier qualité et coût par une coordination et de l’élevage (environ 70 pour cent de la population au Burkina gouvernementale avec des prestataires de services spécialisés ; Faso, au Tchad, au Mali et en Mauritanie, et environ 60 pour cent de (iii) garantir la pérennité grâce à un ancrage fort dans les politiques la population rurale au Sénégal), et la région connaît également de nationales, à l’institutionnalisation, à la mobilisation de ressources multiples conflits et une instabilité. et au renforcement des capacités ; (iv) faire de l’adaptation aux changements climatiques un objectif central du programme ; (v) Les programmes d’inclusion économique ont démontré leur adapter les interventions aux contextes de fragilité, de conflit et de efficacité au Sahel, catalysant des plans d’expansion ambitieux. Au violence (FCV) ; et (vi) lever les contraintes liées au genre grâce à une Sahel, les programmes d’inclusion économique ont produit des effets conception de programme adaptée. probants et durables, documentés par des évaluations rigoureuses4, IMPACT DES PROGRAMMES D’INCLUSION ÉCONOMIQUE ET 3 OPPORTUNITÉ DE MISE À L’ÉCHELLE Des évaluations rigoureuses menées dans plusieurs pays, rentables, générant des avantages économiques qui persistent y compris au Sahel, ont établi une solide base de preuves en dans le temps et dépassent les investissements initiaux, en faisant faveur des programmes d’inclusion économique. Des données des outils efficaces de lutte contre la pauvreté et de développement mondiales montrent que ces programmes ont un impact significatif social et économique au sens large (voir Arévalo-Sánchez et al. sur la sécurité alimentaire, la consommation, les revenus, les revenus 2024 pour un examen des études plus récentes). Ils renforcent aussi des entreprises et l’accumulation d’actifs (voir Andrew et al. 2021 la résilience en favorisant la diversification des sources de revenus pour une synthèse). Des données récentes, notamment au Sahel, et contribuent à l’égalité des sexes, à l’autonomisation des femmes confirment que les programmes dirigés par les gouvernements sont et au bien-être psychosocial. Série de notes politiques du PPSAS 4 Mai 2025 Entre 2017 et 2021, des évaluations d’impact dans cinq pays de mise en œuvre aient varié, les éléments de base sont restés du Sahel ont évalué l’efficacité des programmes d’inclusion les mêmes d’un pays à l’autre : groupes d’épargne, formation à économique intégrés aux programmes de transferts monétaires l’entreprenariat, coaching, sensibilisation communautaire, formation existants. Des études menées au Burkina Faso, en Mauritanie, aux compétences de la vie courante (sauf au Tchad) et subventions au Niger et au Sénégal ont mesuré les résultats 18 mois après productives. Ces programmes ont été mis en œuvre et évalués l’intervention (au Sénégal, les résultats ont également été mesurés avec succès dans divers contextes, notamment dans des zones après 36 mois)7. Une évaluation d’impact a également été menée rurales éloignées des marchés (Tchad, Mauritanie et Niger), des au Tchad, qui a mis en œuvre une version allégée du paquet mise environnements urbains (Sénégal) et dans un contexte de fragilité, en œuvre sur une période plus courte.8 Bien que les modalités de violence et pendant la pandémie de COVID-19 (Burkina Faso). TABLEAU 1. Résumé des résultats d’évaluations d’impact au Sahel Les programmes d’inclusion économique intégrés à des filets sociaux adaptatifs ont donné des résultats remarquables, produisant à la fois des impacts économiques et des retombées communautaires dans tout le Sahel : Retombées positives Impacts économiques étendues pour les ménages et les communautés La participation aux groupes d’épargne a considérablement augmenté Preuve de retombées positives. Dans les villages ciblés du (de 33 à 38 points de pourcentage) et l’épargne des bénéficiaires a Tchad, les ménages qui n’ont pas participé aux activités augmenté, avec des augmentations trimestrielles de 10 à 58 dollars d’inclusion économique ont constaté une augmentation de PPA dans tous les pays. 9 % de leur consommation alimentaire, une augmentation de 10 points de la participation des groupes d’épargne (de 30 % à 40 %), une augmentation des activités économiques et une amélioration de l’autonomisation des femmes. Les revenus commerciaux des femmes ont augmenté de façon Augmentation constante des indices d’action collective spectaculaire, avec des augmentations de 21 à 302 dollars par an par (+0,10 à 0,25 écarts-types) et de soutien financier (0,07 à mois dans tous les pays. (Niger : +21 $/mois, Mauritanie : +170 $/mois, 0,35) écarts-types) dans tous les pays. Tchad : +138 $, Sénégal : +302 $/mois, Burkina Faso : +53 $/mois) La consommation a augmenté de 8 à 15 % au Niger, en Mauritanie et Amélioration du bien-être psychologique des bénéficiaires au Tchad ; sans effet au Burkina Faso, et avec des effets positifs selon au Niger et au Burkina Faso : réduction significative des certaines spécifications au Sénégal. scores de dépression et d’invalidité, avec une augmentation de la satisfaction de la vie et de la paix intérieure Les ménages ont systématiquement diversifié leurs sources de revenus Des résultats prometteurs pour les populations déplacées et augmenté leurs investissements dans les activités non agricoles. Effets et les jeunes chômeurs au Niger (grâce aux programmes importants sur la propriété d’entreprises au Niger, en Mauritanie et au d’inclusion économique mis en œuvre en dehors des Sénégal (augmentation de 10 à 18 points de pourcentage de la propriété). programmes ASP). Effets plus légers au Tchad (+2,4 points de pourcentage) et au Burkina Faso (pas d’effet significatif). Les investissements des entreprises ont fortement augmenté au Sénégal (+71 $ ppa/an), modérément en Mauritanie (+34 $ ppa/an) et au Niger (+13 $ ppa/an), avec une variation minime au Burkina Faso (+6 $ pp/an) - (non rapporté au Tchad). Source: Bossuroy et al. 2025a [Sénégal], 2025b [Mauritanie], 2024 [Burkina Faso]; Premand and Schnitzer 2024 [Tchad]; Bossuroy et al., n.d. [Niger] Série de notes politiques du PPSAS 5 Mai 2025 Les programmes d’inclusion économique gouvernementaux au En Mauritanie, au Niger et au Sénégal, les programmes combinant Sahel produisent des retombées économiques qui dépassent transferts réguliers et volets d’inclusion économique ont montré les investissements de départ et perdurent. Leur coût reste des impacts systématiquement supérieurs sur les revenus, relativement modeste, oscillant entre 250 et 575 dollars par l’épargne et la consommation par rapport aux interventions bénéficiaire. L’intégration dans les programmes gouvernementaux isolées.11 Bien que certains résultats encourageants aient été réguliers s’est révélée déterminante pour contenir les coûts9. obtenus avec les composantes d’inclusion économique mises en Les modalités de mise en œuvre ont un impact significatif sur les œuvre en dehors des programmes de transferts réguliers – par coûts : l’approche reposant sur des volontaires communautaires exemple, le Projet d’emploi et d’inclusion productive des jeunes au Niger s’est montrée très économique, tandis que le recours à (PEJIP) et le Projet d’appui aux réfugiés et aux communautés du personnel qualifié d’ONG et la faible densité de population en d’accueil (PARCA) au Niger – les évaluations d’impact indiquent Mauritanie ont renchéri les coûts. La majorité des programmes généralement des résultats plus solides et pérennes quand les ont affiché des rendements positifs dans les 18 mois. Même en mesures productives reposent sur des transferts monétaires supposant que les bénéfices diminuent de 75 % chaque année (une réguliers. Des résultats mitigés dans les interventions avec des hypothèse prudente), les rendements calculés10 s’échelonnent de transferts monétaires interrompus, comme en Côte d’Ivoire et au 1 % au Tchad à 55 % au Niger et 43 % au Sénégal – les trois pays Yémen, soutiennent davantage cette conclusion12. Compte tenu où la consommation a augmenté suite aux interventions. Si les de cette solide base de données probantes, il existe de solides bénéfices du programme diminuent plus lentement – d’un quart arguments en faveur de l’expansion des programmes d’inclusion annuellement (une hypothèse plus optimiste), les rendements économique dans l’ensemble du Sahel. varient entre 163 % au Tchad à 248 % au Niger et 179 % au Sénégal. QUELLES SONT LES VOIES D’EXPANSION DES 4 PROGRAMMES D’INCLUSION ÉCONOMIQUE ? Les pays sahéliens étendent leurs programmes d’inclusion FIGURE 1. Répartition des participants à l’inclusion économique face aux besoins croissants de leurs populations. économique, par région. Comparaison des résultats Fort des enseignements des évaluations d’impact de l’appui d’enquête entre les rapports du PEI de 2021 et 2024 technique de la Banque mondiale, ces pays étendent leurs programmes d’inclusion économique dans la région, s’inscrivant EAP ECA LAC MENA SA SSA dans la dynamique plus large d’expansion de tels programmes dans le monde (figure 1). Cette expansion se fait principalement 2021 6.0 32.0 58.8 par le biais de systèmes de filets sociaux adaptatifs, avec une intégration croissante, notamment au Tchad, où les éléments productifs sont désormais intégrés comme partie intégrale dans les 2024 6.9 17.3 74.8 filets sociaux réguliers. Le déploiement de programmes d’inclusion 0 20 40 60 80 100 économique séparément des filets sociaux, comme au Niger, a Percent démontré l’adaptabilité et la souplesse de ces programmes. Source : Arévalo-Sánchez et al. 2024 Note : EAP = Asie de l’Est et Pacifique ; ECA = Europe et Asie centrale ; LAC = Amérique Les programmes d’inclusion économique au Sahel et au-delà latine et Caraïbes ; MENA = Moyen-Orient et Afrique du Nord ; SA = Asie du Sud ; SSA suivent des trajectoires d’expansion variées, adaptées aux réalités = Afrique subsaharienne. et priorités locales. Ces programmes ont été mis à l’échelle selon plusieurs dimensions, avec des adaptations qui tiennent compte 202413, nous proposons quatre dimensions de mise à l’échelle : des contraintes locales, de l’économie politique, de l’espace l’extension de la couverture, l’extension fonctionnelle, la budgétaire et des caractéristiques démographiques. En nous coordination et la mise en œuvre à grande échelle, ainsi que les appuyant sur le Rapport sur l’état de l’inclusion économique politiques, stratégies et financement (tableau 2). Série de notes politiques du PPSAS 6 Mai 2025 TABLEAU 2. Évolution des programmes selon quatre dimensions d’expansion Dimension Description Extension de la couverture • Inclusion de nouveaux ménages (à l’intérieur ou à l’extérieur des filets sociaux) (qui et où ?) • Inclusion de nouvelles zones géographiques • Intégration dans un « ensemble intégré de filets sociaux productifs » qui combine des caractéristiques traditionnelles de filet social et les composantes d’inclusion économique Extension fonctionnelle • Ajustements du paquet de base pour faciliter la mise en œuvre à grande échelle (quoi ?) • Ajustements du paquet pour répondre aux besoins spécifiques de certaines populations (par exemple, réfugiés/hôtes, jeunes, urbains/ruraux, personnes handicapées) • Ajout de nouveaux modules/activités et création de liens avec d’autres secteurs Coordination et mise en • Élargissement de la capacité de coordination du programme à différents niveaux et partenariats œuvre à grande échelle avec des fournisseurs de services spécialisés (comment ?) • Renforcement des systèmes de mise en œuvre Politiques, stratégies et • Institutionnalisation par le biais de politiques et de stratégies financement (pourquoi ?) • Mobilisation des ressources Source: original de cette publication QUI ET OÙ ? réguliers du filet social dans des zones sélectionnées, en donnant Les modèles de couverture pour l’inclusion économique évoluent la priorité aux régions présentant des taux de pauvreté plus élevés à mesure que les programmes de filets sociaux sous-jacents et une vulnérabilité aux chocs climatiques. étendent leur portée. Jusqu’à présent, les programmes d’inclusion Les pays dont les filets sociaux réguliers ont une couverture économique au Sahel se sont appuyés sur les filets sociaux en géographique partielle et une durée de participation plus courte place, qui ont connu des évolutions majeures ces dernières années semblent évoluer vers l’intégration de l’inclusion économique : élargissement de la couverture, ajustements de paramètres dans le dispositif habituel, vers un « modèle de filets sociaux clés et à l’adaptation aux contextes de fragilité et de conflit. productifs » intégré. Ces programmes intégrés couvrent Les approches de sélection des bénéficiaires adoptées par les généralement tous les ménages éligibles dans les zones desservies pays reflètent les caractéristiques du système sous-jacent. Cette par le programme. C’est le cas du nouveau Programme national de diversité d’approches de sélection illustre la capacité d’adaptation filets sociaux productifs (PSSNP) au Tchad et cela semble être une des programmes aux contraintes locales tout en maximisant la option à l’étude au Mali et au Burkina Faso. couverture dans les limites budgétaires et opérationnelles : Dans tous les pays, sélectionner les ménages qui ne bénéficient pas déjà des filets sociaux réguliers a été jusqu’à présent Les pays disposant de filets sociaux nationaux établis l’exception. Au Tchad, les phases initiales se sont temporairement (couverture nationale et participation à long terme) s’orientent concentrées sur les ménages non soutenus par les filets sociaux vers la mise en œuvre de composantes d’inclusion économique réguliers pour améliorer l’équité de la couverture dans un en tant qu’interventions complémentaires à des bénéficiaires contexte de besoins très importants relativement au budget ciblés dans des zones géographiques en rotation. C’est déjà disponible, tandis qu’au Sénégal, le gouvernement envisage le cas au Sénégal, qui propose l’inclusion économique en tant d’inclure les ménages qui ne bénéficient pas du programme qu’interventions complémentaires ponctuelles à l’ensemble des national de filets sociaux, afin d’atteindre une masse critique bénéficiaires de filets sociaux dans des zones tirées au sort, avec dans les villages qui participent à l’inclusion économique pour une rotation territoriale dans le temps. La Mauritanie ambitionnait la deuxième fois. initialement de déployer l’inclusion économique auprès de tous les bénéficiaires de ses filets sociaux, avant de se recentrer sur QUOI ? ceux sortant du programme après cinq années de participation lors d’une première phase d’expansion. Elle envisage désormais Vers la simplification du paquet de base et l’introduction de aussi de proposer des dispositifs d’inclusion économique à tous les nouveaux modules pour répondre aux besoins locaux et aux bénéficiaires réguliers de filets sociaux de zones ciblées de fournir objectifs des programmes. Les ménages pauvres sont confrontés des programmes d’inclusion économique à tous les bénéficiaires à de multiples contraintes aux niveaux des ménages, des individus © Curt Carnemark / World Bank Série de notes politiques du PPSAS 7 Mai 2025 et des communautés qui limitent leur capacité à investir dans des risque plus élevée et des normes sociales limitantes. Les paquets investissements rentables dans des activités existantes ou nouvelles d’inclusion économique au Sahel ont été initialement conçus sur (Andrews et al. 2021). Celles-ci incluent un accès limité au capital, la base d’une évaluation régionale des contraintes à l’emploi des compétences limitées, l’exposition à de multiples risques et des productif spécifiques et non spécifiques au genre auxquelles font normes sociales restrictives. Les femmes font face à des obstacles face les ménages pauvres et vulnérables à travers la région.14 Cela supplémentaires spécifiques au genre, notamment une charge a conduit à la conception d’un paquet d’interventions d’inclusion de travail familial plus élevée, une division genrée du travail, un productives qui visent à s’attaquer simultanément à ces obstacles contrôle limité sur les ressources du ménage, une exposition au et se concentrent principalement sur les femmes :15 FIGURE 2. Package of Economic Inclusion Measures Groupes de 12 à 25 personnes Formation des groupes et Préparation et suivi de chaque mesure pour assurer une continuité dans le coaching programme Facilitation des groupes Réunion hebdomadaire des membres pour épargner ensemble et accorder des communautaires prêts d’épargne et de crédit Sensibilisation Projection de la vidéo d’un couple ayant réussi à développer une AGR communautaire sur les malgré les difficultés, suivie d’une discussion animée par un facilitateur aspirations et normes sociales Formation sur les Formation courte (3 à 7 demi-journées) pour les groupes de bénéficiaires sur des compétences de vie sujets comme la communication, la confiance en soi ou les relations de genre Formation en Aide à l’identification d’activités économiques porteuses et formation sur les micro-entrepreneuriat compétences fondamentales de gestion d’une AGR Animation de discussions sur l’achat d’intrants, la vente de produits, etc. Accès aux marchés Dans certains contextes, les coachs ont agi comme intermédiaires pour aider les femmes à accéder aux intrants ou acheteurs Octroi d’une subvention comprise entre 150 et 250 dollars pour permettre aux Subvention en espèces bénéficiaires d’investir dans leurs AGR Source: Adapté de la page Inclusion productive du site web du Programme de protection sociale adaptative au Sahel Depuis la phase initiale, les pays ont ajusté le paquet de base cette région particulièrement exposée aux effets du changement pour répondre aux besoins locaux et aux objectifs de leurs climatique - hausse des températures, modification des régimes programmes et faciliter la mise en œuvre à grande échelle. La pluviométriques, intensification des sécheresses et inondations tendance prédominante consiste à rationaliser les composants de - l’inclusion productive peut considérablement renforcer les base pour réduire les coûts et faciliter la mise en œuvre à grande capacités d’adaptation climatique. Des modules de compétences échelle, tout en introduisant de manière sélective de nouveaux techniques ont par exemple été déployés au Sénégal pour modules pour répondre aux besoins spécifiques au contexte. Par encourager l’adoption de pratiques climato-intelligentes, suite à exemple, le Tchad intègre actuellement un module psychosocial, la demande des populations urbaines et rurales. Les programmes en partie pour répondre aux besoins des populations déplacées. d’inclusion économique contribuent déjà à l’adaptation climatique Les programmes adaptent de plus en plus leurs approches en via la diversification des revenus, le renforcement des capacités fonction des caractéristiques des bénéficiaires, par exemple au d’épargne et l’éducation financière. Pour exploiter pleinement Sénégal, le programme s’est ajusté pour s’étendre des participants ce potentiel d’appui à l’adaptation, une étude est en cours dans urbains aux ruraux, et au Tchad et en Mauritanie, le soutien est plusieurs pays pour analyser les obstacles et opportunités que adapté aux réfugiés et aux communautés d’accueil. On observe rencontrent les ménages pauvres et vulnérables - particulièrement également une demande croissante des pays pour intégrer des les femmes - dans l’adoption de stratégies d’adaptation, et dimensions d’adaptation climatique dans leurs interventions. Dans concevoir des interventions complémentaires. Série de notes politiques du PPSAS 8 Mai 2025 COMMENT ? POURQUOI ? Les modèles de mise en œuvre ont considérablement évolué La pérennité institutionnelle reste problématique. Alors que la de la phase initiale à la mise à l’échelle. Initialement, les pays ont formalisation institutionnelle des filets sociaux réguliers a eu lieu adopté divers modèles de mise en œuvre en fonction des capacités dans certains pays – notamment en Mauritanie et au Sénégal par gouvernementales et locales. Durant la mise à l’échelle, la plupart le biais de décrets formels pour les programmes nationaux de filets des pays ont progressivement évolué vers des structures hybrides, sociaux Tekavoul et (Programme National de Bourses Familiales ; dans lesquelles où le gouvernement pilote la coordination et la PNBSF) respectivement – cela n’a pas été le cas pour la plupart des gestion – en veillant à la cohérence avec les stratégies et la vision activités d’inclusion productives. Plusieurs pays mettent actuellement du gouvernement – tout en collaborant avec des ONG spécialisées à jour leurs stratégies de protection sociale, ouvrant une fenêtre et à des entreprises privées pour les composants techniquement d’opportunité pour définir le rôle des dispositifs d’inclusion complexes. Les données régionales attestent de l’importance du économique et leur articulation ou intégration avec les filets sociaux recours à des prestataires spécialisés pour certaines activités : au existants. Il existe également une opportunité sous-exploitée de Niger, la formation aux compétences de la vie s’est révélée très efficace positionner la protection sociale et l’inclusion économique au cœur quand dispensée par des entreprises spécialisées, tandis qu’au Nigeria des instruments politiques centraux comme leviers essentiels de et en Zambie, la formation entrepreneuriale a donné des résultats lutte contre la pauvreté, les inégalités et de renforcement de la limités quand dispensée par du personnel gouvernemental, mais s’est résilience, y compris les CDN, les PAN et les politiques nationales de avérée très performante lorsqu’elle est facilitée par des entreprises genre. Bien que les gouvernements investissent massivement dans spécialisées au Bénin, au Niger et au Sénégal. La Mauritanie continue les filets sociaux réguliers (en particulier en Mauritanie et au Sénégal), de s’appuyer principalement sur des ONG spécialisées pour la mise en les composantes d’inclusion économique dans la région demeurent œuvre, tandis que le Sénégal est en train de faire appel à des agents largement tributaires du financement externe, révélant la nécessité gouvernementaux décentralisés pour la coordination des programmes d’établir des mécanismes de financement pérennes et de mobiliser afin de compléter le personnel des ONG. Cette approche pragmatique des ressources élargies auprès des gouvernements et bailleurs permet aux gouvernements de maintenir la qualité et la cohérence de manière coordonnée. Combler cette lacune s’avère crucial des programmes tout en renforçant leur capacité de pilotage et de pour garantir la viabilité à long terme et étendre ces interventions supervision à long terme. probantes à une fraction plus importante de la population. FIGURE 3. Évolution des modalités de mise en œuvre Modalités de mise en œuvre Moins d’implication Plus d’implication opérationnelle opérationnelle du gouvernement du gouvernement AGENCE FILETS SOCIAUX AGENCE FILETS SOCIAUX AGENCE FILETS SOCIAUX ONG PERSONNEL DU PROGRAMME ENTERPRISES ONG PRIVÉES TRAVAILLEURS COMMUNITY ENTERPRISES PRIVÉES VOLONTAIRES DE COMMUNAUTÉ SOCIAUX VOLUNTEERS BÉNÉFICIAIRES BÉNÉFICIAIRES BÉNÉFICIAIRES Externalisée Hybride Integrée Évolution des modalités de mise en œuvre Pilote Extensions** Sénégal HYBRIDE HYBRIDE & INTEGRÉE Mauritanie EXTERNALISÉE HYBRIDE Burkina INTEGRÉE & HYBRIDE Faso EXTERNALISÉE Niger INTEGRÉE Tchad HYBRIDE HYBRIDE Source: Chiffre original de cette publication. **Remarque : Consultez la section Notes de fin pour en savoir plus sur l’état actuel de l’extension pour chaque pays16 Série de notes politiques du PPSAS 9 Mai 2025 SIX CONSIDÉRATIONS POUR ÉLABORER LES STRATÉGIES DE MISE À 5 L’ÉCHELLE FUTURES Alors que les pays définissent et affinent leurs stratégies 2) Concilier qualité et coût. d’expansion des programmes d’inclusion économique, les L’identification d’un modèle de mise en œuvre approprié est cruciale décideurs politiques sont confrontés à des choix déterminants et pour l’expansion durable des programmes d’inclusion économique des arbitrages. Nous identifions six considérations clés pour une au Sahel. Le gouvernement devrait être aux commandes pour mise à l’échelle efficace : assurer la cohérence entre les programmes et l’alignement avec les stratégies et la vision nationales. Son rôle principal est la 1) Intégrer les programmes d’inclusion économique dans les coordination et la gestion, mais pas nécessairement la mise en filets sociaux établis pour maximiser l’impact. œuvre de toutes les composantes. Les gouvernements devraient Les programmes d’inclusion économique font désormais partie établir des cadres qui équilibrent une coordination et un contrôle intégrante des filets sociaux à travers le Sahel, créant d’importantes gouvernementaux solides avec l’externalisation stratégique de synergies programmatiques. Cette intégration s’appuie sur les services spécialisés. Plutôt que de renforcer les capacités internes systèmes de mise en œuvre existants, y compris les mécanismes pour toutes les composantes, ce qui nécessite des ressources et d’identification des bénéficiaires, les plateformes de paiement des frais administratifs considérables, les gouvernements peuvent et les ressources administratives, ce qui permet de réduire tirer parti de divers fournisseurs de services – y compris des services considérablement les coûts de mise en œuvre tout en renforçant gouvernementaux décentralisés, des ONG et des entreprises privées l’impact. Les évaluations d’impact démontrent clairement la – pour mettre en œuvre des composantes spécialisées. L’équilibre complémentarité entre les transferts réguliers et l’inclusion optimal dépend du contexte local et des prestataires disponibles. économique. Ces mesures productives amplifient les effets des Les données montrent que la qualité de la prestation a un impact transferts réguliers sur la consommation, le développement du capital significatif sur les résultats, les prestataires spécialisés obtenant humain, les investissements productifs et la résilience des ménages. souvent de meilleurs résultats que le personnel gouvernemental L’intégration avec les programmes de protection sociale habituels pour les composantes complexes. Bien que la sous-traitance de doit être adaptée aux caractéristiques des systèmes sous-jacents. ces services spécialisés puisse augmenter les coûts, l’impact accru Pour les pays qui ont mis en place des programmes nationaux de justifie l’investissement là où il existe des capacités du secteur privé protection sociale conçus pour une mise en œuvre à long terme ou des ONG. Le personnel gouvernemental devrait se concentrer sur (comme au Sénégal et en Mauritanie), l’inclusion économique la coordination, le contrôle de la qualité et le renforcement progressif peut être conçue comme des interventions qui complètent les des capacités pour certaines fonctions tout en maintenant des transferts réguliers pour des bénéficiaires sélectionnés dans partenariats efficaces avec des prestataires externes. des zones géographiques en rotation. À l’inverse, dans les pays 3) Garantir la pérennité grâce à un ancrage fort dans les où la couverture des pauvres est plus limitée et où la durée des politiques nationales, à l’institutionnalisation des programmes, à programmes est plus courte (comme au Tchad), l’intégration avec la mobilisation de ressources et au renforcement des capacités. des filets sociaux réguliers a du sens pour maximiser l’impact pendant les périodes de participation limitée des bénéficiaires. Cette La pérennité des programmes d’inclusion économique au Sahel approche crée des voies visibles vers l’autonomie et la résilience, repose sur leur intégration progressive dans les systèmes et les renforçant l’acceptabilité des interventions de protection sociale budgets nationaux. Malgré les progrès réalisés sous la forme dans l’ensemble du Sahel tout en maintenant les investissements d’institutionnalisation des programmes de protection sociale au essentiels dans les besoins de base et le capital humain.17 Sénégal et en Mauritanie, les programmes d’inclusion économique restent principalement dépendants du financement extérieur et Lorsque les activités d’inclusion économique ne s’inscrivent ne sont pas reflétés dans les cadres politiques ou juridiques. Des pas dans des filets sociaux réguliers ou ne constituent pas un fondations durables nécessitent que les interventions d’inclusion élément d’un filet social productif intégré, les programmes doivent économique soient intégrées dans les cadres nationaux de veiller à ce que les obstacles immédiats à la satisfaction des réduction de la pauvreté et de protection sociale ; plaider en faveur besoins essentiels soient pris en compte dès la conception pour de leur inclusion dans les lois budgétaires nationales ; la création s’assurer que les plus pauvres et les plus vulnérables puissent tirer de lignes budgétaires dédiées pour augmenter progressivement pleinement partie de ces interventions. le financement intérieur ; et le renforcement des capacités institutionnelles de gestion des programmes18. Les mises à jour Série de notes politiques du PPSAS 10 Mai 2025 en cours des stratégies nationales de protection sociale offrent soulignent l’importance d’un contenu programmatique contextualisé des opportunités de solidifier le positionnement institutionnel des et d’ajustements des modalités de mise en œuvre en contextes FCV. programmes d’inclusion économique, tandis que l’inclusion dans Le déploiement réussi en milieux fragiles passe habituellement par des stratégies de développement et de climat plus larges, des CDN des simplifications opérationnelles : limitation des activités collectives et des PAN pourrait potentiellement débloquer des ressources de présentant des risques sécuritaires ; recrutement de personnel local financement climatique. Traiter de ces dimensions institutionnelles maîtrisant l’évolution des conditions sécuritaires ; établissement de pour maintenir les impacts transformateurs démontrés par des partenariats stratégiques avec ONG locales et acteurs déjà implantés évaluations rigoureuses dans toute la région. dans les zones d’accès difficile ; déploiement de systèmes de paiement dématérialisés réduisant les transferts physiques d’espèces 4) Faire de l’adaptation aux changements climatiques un objectif ; et mise en place de dispositifs d’épargne sécurisés protégeant central du programme. les avoirs accumulés. Au-delà des ajustements opérationnels, Les programmes d’inclusion économique contribuent déjà de les programmes efficaces dans les contextes de FCV modifient manière significative à la résilience climatique des ménages, également le contenu pour répondre aux besoins psychosociaux en augmentant la diversification des revenus, l’épargne et spécifiques des populations touchées par les conflits, y compris l’éducation financière. Cependant, pour maximiser l’impact des composantes spécialisées pour aider les bénéficiaires à gérer sur l’adaptation aux changements climatiques des ménages, il les traumatismes et à reconstruire leur bien-être psychologique. En faut comprendre et éliminer les obstacles spécifiques freinant outre, l’intégration d’activités de renforcement de la communauté qui l’adoption de stratégies d’adaptation aux changements facilitent les contacts entre différents groupes s’est avérée précieuse climatiques par les ménages. Ces obstacles vont au-delà des pour renforcer la cohésion sociale dans les communautés divisées. contraintes financières et comprennent des perceptions ancrées Les groupes d’épargne et formations entrepreneuriales requièrent du changement climatique, accès limité à l’information climatique, un calibrage attentif, l’éventail d’activités potentielles pouvant être déficits de connaissances et normes sociales contraignantes. Pour restreint. Ces adaptations permettent aux programmes d’inclusion surmonter ces freins, les programmes d’inclusion économique économique d’opérer efficacement même en environnements devraient intégrer et expérimenter des innovations favorisant sécuritaires contraints, tout en traitant les vulnérabilités spécifiques les décisions climato-intelligentes. Ces innovations peuvent des populations affectées par les conflits. comprendre l’intégration d’informations climatiques dans les sessions collectives ou d’accompagnement individuel, orientant 6) Lever les contraintes liées au genre grâce à une conception les échanges sur les stratégies d’investissement financier et de programme adaptée. productif intégrant les enjeux climatiques, ainsi que des formations Ces programmes doivent maintenir leur priorisation des femmes techniques aux pratiques climato-intelligentes spécifiques. Ces comme bénéficiaires principales, tout en perfectionnant et adaptations requièrent une compréhension fine du contexte et des enrichissant continuellement leurs approches. Capitalisant sur opportunités et contraintes d’adaptation climatique particulières les acquis, les adaptations programmatiques indispensables aux ménages selon les zones. Une fois leur efficacité démontrée, comprennent l’ajustement des horaires et lieux de formation ces innovations peuvent être déployées à plus grande échelle. (intégrant les contraintes temporelles féminines) ; l’adaptation du Avec la révision des CDN, PAN et mécanismes de financement contenu formatif (répondant aux besoins et contraintes particuliers climatique nationaux, positionner les programmes d’inclusion des femmes) ; la garantie d’mécanismes d’épargne ajustés aux économique comme levier d’adaptation climatique performant activités féminines ; et l’octroi de subventions productives sous l’angle du genre constitue également un enjeu majeur. appropriées (compensant l’accès restreint des femmes aux actifs productifs et capitaux). Les formations aux compétences de vie et 5) Adapter les interventions aux contextes de fragilité, de conflit la sensibilisation communautaire aux normes sociales constituent et de violence (FCV). également des volets cruciaux. Ces composantes s’attaquent aux L’expérience de la mise en œuvre de programmes d’inclusion aspirations limitées des femmes ainsi qu’aux normes sociales économique dans les zones touchées par les conflits démontre restrictives communautaires en mobilisant les hommes du foyer, à la fois un potentiel important et des nuances importantes en dirigeants communautaires et autorités religieuses. Les programmes termes d’impact. Bien que des impacts positifs importants aient été pourraient aussi envisager des formations de couple pour documentés dans des environnements difficiles comme l’Afghanistan, approfondir le traitement des enjeux décisionnels intra-ménage. les résultats dans les régions touchées par le conflit au Burkina Faso L’introduction de nouveaux volets programmatiques — comme les et en Côte d’Ivoire ont été plus modestes. De même, les adaptations modules d’adaptation climatique — devrait respecter ces mêmes pour les réfugiés et les communautés d’accueil donnent des principes et s’ancrer dans une compréhension fine des contraintes résultats prometteurs mais contrastés. Ces performances variables et opportunités spécifiques aux femmes pauvres et vulnérables. Série de notes politiques du PPSAS 11 Mai 2025 RÉFÉRENCES Andrews, Colin, Aude de Montesquiou, Inés Arévalo Sánchez, Puja Vasudeva Dutta, Boban Varghese Paul, Sadna Samaranayake, Janet Heisey, Timothy Clay, and Sarang Chaudhary. “The State of Economic Inclusion Report 2021: The Potential to Scale.” Washington, DC: World Bank, 2021. Arévalo-Sánchez, Inés; Heisey, Janet; Chaudhary, Sarang; Clay, Timothy; Strokova, Victoria; Vasudeva Dutta, Puja; Andrews, Colin. 2024. The State of Economic Inclusion Report 2024: Pathways to Scale. © World Bank. http://hdl.handle.net/10986/42408 License: CC BY 3.0 IGO. Boban, Paul Varghese; Dutta, Puja Vasudeva; Chaudhary, Sarang. 2021. Assessing the Impact and Cost of Economic Inclusion Programs: A Synthesis of Evidence. Policy Research Working Paper;No. 9536. © World Bank. http://hdl.handle.net/10986/35109 License: CC BY 3.0 IGO. Bance, Paul, and Ugo Gentilini. “Financing Economic Inclusion Programs in the Sahel: Challenges and Opportunities.” World Bank Social Protection & Jobs Discussion Paper No. 2205, Washington, DC, 2022. Bance, Paul, Patrick Premand, Pascale Schnitzer, Kelsey A. Wright, and Zubin Shroff. “Integrating Social and Economic Assistance: Evidence from an Anti-Poverty Program in Mauritania.” World Bank Policy Research Working Paper, Washington, DC, 2023. Bossuroy, Thomas, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Parienté, Patrick Premand, Chris Udry, Julia Vaillant, and Kelsey Wright. Impact des mesures d’inclusion productive « Yokk Koom Koom » au Sénégal. Documents techniques du PPSAS. Washington, DC: La World Bank,, 17 février 2025a. https://documents1.worldbank.org/curated/en/099758003052512855/pdf/IDU16a4fd7991a1c9141f31be8f116c3ae073b2e.pdf Bossuroy, Thomas, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Parienté, Patrick Premand, Chris Udry, Julia Vaillant, and Kelsey Wright. Impact des mesures d’inclusion productives du programme « Tekavoul » en Mauritanie. Documents techniques du PPSAS. Washington, DC: World Bank, 30 January 2025b. https://documents1.worldbank.org/curated/en/099745504032515732/pdf/IDU-20b55ccc-4a31-4560-b6d6-60b5d4416a64.pdf Bossuroy, Thomas, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Parienté, Patrick Premand, Chris Udry, Julia Vaillant, and Kelsey Wright. Impact des mesures d’inclusion productive du programme Burkin Naong Sa Ya au Burkina Faso (2019–2020). Documents techniques du PPSAS. Washington, DC: L World Bank, Janvier 2024. https://documents1.worldbank.org/curated/en/099836302282427372/pdf/ IDU115bad4921bdf414c131a54a1683d2d194245.pdf Bossuroy, Thomas, Elisa Larcher, Line Le Teuff, Patrick Premand, and the participants of the November 2022 regional workshop. Sept leçons opérationnelles des mesures d’inclusion productive dans le Sahel. Documents techniques du PPSAS. Washington, DC: La Banque mondiale, juin 2023. https:// documents1.worldbank.org/curated/en/099534510262331735/pdf/IDU011d060de0052c0408f0b2ac086fb07b82ee3.pdf Bossuroy, Thomas, Estelle Koussoubé, and Patrick Premand. “Constraints to Productive Employment Faced by Safety Nets Beneficiaries in the Sahel: Results of a Multi-country Qualitative Assessment.” Washington, DC: World Bank, 2016. https://openknowledge.worldbank.org/server/api/ core/bitstreams/73751e5a-7151-537d-8a75-d1b105335a83/content Bossuroy, Thomas, Markus Goldstein, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Parienté, Patrick Premand, Catherine Thomas, Christopher Udry, Julia Vaillant, and Kelsey A. Wright. “Tackling Psychosocial and Capital Constraints to Alleviate Poverty.” Nature 605, no. 7909 (2022): 291-297. Bossuroy, Thomas, Markus Goldstein, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Parienté, Patrick Premand, Chris Udry, Julia Vaillant, and Kelsey Wright. Impact des mesures d’inclusion productive dans les filets sociaux adaptatifs au Niger. Washington, DC: World Bank https://documents1. worldbank.org/curated/en/099537205152414878/pdf/IDU1e4dac7e017d0e143d41ad6e135f99a5041d0.pdf Costella, Cecilia; Clay, Timothy; Donoghoe, Manann; Giron, Liz. 2023. Pathways to Climate-Resilient Economic Inclusion: A Framework for Integrating Climate Action in Economic Inclusion Programs. PEI in Practice; Volume 9. © Washington, DC: World Bank. http://hdl.handle.net/10986/40542 Delavallade, Clara, Marion Gittard, and Julia Vaillant. “Women and Climate Adaptation in Rural Sub-Saharan Africa: Constraints and Research Priorities.” World Bank Policy Research Working Paper, forthcoming. Partnership for Economic Inclusion (PEI). “Operational Guidelines for Economic Inclusion Programming.” World Bank, Washington, DC, 2023. Partnership for Economic Inclusion (PEI). “State of Economic Inclusion Report 2024: Sustaining Impact at Scale.” World Bank, Washington, DC, 2024. Premand, Patrick & Pascale Schnitzer, 2025. “Impacts and Spillovers of a Low-Cost Multifaceted Economic Inclusion Program in Chad,” Policy Research Working Paper Series 11084, The World Bank. Premand, Patrick, and Pascale Schnitzer. Impact des mesures d’inclusion productive des filets sociaux au Tchad (2019). Documents techniques du PPSAS. Washington, DC: World Bank, 15 décembre 2024. https://documents1.worldbank.org/curated/en/099802001242539787/pdf/ IDU19d9ef5141fed914ff51b79613546fe937d65.pdf Premand, Patrick, Oumar Barry, and Marc Smitz. “Financial Inclusion and Resilience: Impact Evaluation of the Projet Filets Sociaux Productifs.” World Bank, Washington, DC, 2020. Série de notes politiques du PPSAS 12 Mai 2025 Sahel Adaptive Social Protection Program. 2025. “Productive Inclusion.” World Bank. Accessed May 14, 2025. https://www.worldbank.org/en/programs/ sahel-adaptive-social-protection-program-trust-fund/thematic-areas/productive-inclusion. World Bank. “Anchoring Economic Inclusion Programs in Social Protection Systems: Lessons from Implementation.” Social Protection and Jobs Global Practice, Washington, DC, 2023. World Bank Group. 2022. “G5 Sahel Region: Country Climate and Development Report.” Washington, DC: World Bank Group, September 19, 2022. World Bank Group. (2024). Senegal Country Climate and Development Report. Washington, DC: World Bank. NOTES DE FIN 1 Pour en savoir plus sur les disparités entre les sexes, consultez : Plateforme de la Banque mondiale sur la pauvreté et les inégalités ; les notes d’information de la Banque mondiale sur la pauvreté et l’équité, par exemple, Sénégal 2023 ; Indice de développement humain : Alliance Sahel. Egalité des sexes et autonomisation des femmes : une opportunité unique pour le Sahel 2 Arévalo-Sánchez et al., 2024 3 Banque mondiale 2022 ; Banque mondiale 2024 4 Bossuroy et al. 2025a, 2025b, 2024 ; Premand et Schnitzer 2024 ; Bossuroy et al., s.d. 5 Bossuroy et al. 2023 6 Arévalo-Sánchez et al., 2024 7 Bossuroy et al. 2025a, 2025b, 2024 ; Premand et Schnitzer 2024 ; Bossuroy et al., s. d. 8 Tchad, Premand & Schnitzer 2025 9 Pour un aperçu du coût des programmes d’inclusion économique, voir Boban et coll. (2021). 10 Les rendements actualisés des investissements sont calculés en valeur actualisée nette à l’aide d’un taux d’actualisation de 5 % et ne comprennent que les effets sur la consommation, et non les impacts sur l’épargne ou les actifs. Ces pourcentages représentent le bénéfice supérieur au coût initial – par exemple, un rendement de 100 % signifie récupérer 2 $ (en dollars d’aujourd’hui) pour chaque 1 $ investi. Nous ne calculons pas les rendements pour les pays où la consommation n’a pas augmenté à la suite des interventions 11 Bossuroy et al. 2022 ; Bance et al., 2023 12 Premand et al. 2020 13 Arévalo-Sánchez et al., 2024 14 Bossuroy, 2016 15 Mise en œuvre dans tous les pays, à l’exception du Tchad, qui a adopté un ensemble simplifié. 16 Statut actuel des extensions pour chaque pays • Sénégal : Le projet pilote a duré 18 mois (2018-2020), suivi de trois prolongations de 18 mois. La phase 1 (2022-2023) est terminée, la phase 2 (2024- 2026) est en cours et la phase 3 (2026-2027) est prévue. • Mauritanie : Le projet pilote a duré 18 mois (2018-2019), avec deux prolongations : une cohorte complète de 12 mois (2023-2025) et une cohorte prévue de 6 mois en 2025. • Burkina Faso : Le projet pilote s’est déroulé pendant 2 ans et 4 mois (2018-2020) et a permis de tester deux méthodes de mise en œuvre. L’extension couvrait les réfugiés et les communautés hôtes. • Niger : Le projet pilote a duré 12 mois en 2018. • Tchad : Le projet pilote a duré 3,5 mois en 2019, suivi de quatre phases d’extension : la phase 1 (2022-2023) et la phase 2 (2024-2025) sont en cours, la phase 3 (2025-2026) est prévue. 17 PEI, 2023 18 World Bank, 2023 Série de notes politiques du PPSAS 13 Mai 2025 © 2025 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Site web : www.worldbank.org Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Banque mondiale, de ses Administrateurs, ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité, ni l’actualité des données citées dans cet ouvrage. Elle n’est pas responsable des erreurs, omissions, ou incohérences qui pourraient apparaître dans les informations qui y sont fournies, ni de l’utilisation ou du défaut d’utilisation des informations, méthodes, procédés ou conclusions présentées dans l’ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent document n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement qu’elle reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue, ni n’implique, ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ou comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. DROITS ET AUTORISATIONS Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. Parce que la Banque mondiale encourage la diffusion de son savoir, le présent ouvrage peut être reproduit, en intégralité ou en partie, à des fins non commerciales, dès lors que sa paternité est pleinement reconnue. Pour tous renseignements sur les droits et licences, y compris les droits subsidiaires, s’adresser à World Bank Publications, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; télécopie : 202-522-2625 ; courriel : pubrights@worldbank.org. REMERCIEMENTS Ce travail a été préparé en soutien et en étroite collaboration avec le Programme de protection sociale adaptative au Sahel (SASPP), hébergé à la Banque mondiale. Le SASPP est un fonds fiduciaire multidonateurs géré par la Banque mondiale qui soutient le renforcement des systèmes de protection sociale adaptatifs au Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal) afin d’améliorer la résilience des ménages et des communautés pauvres et vulnérables face aux impacts du changement climatique. Le programme est soutenu par le Danemark, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. CONCEPTION DE NOTES: ANDRES DE LA ROCHE / ADELAROCHEDESIGNS.COM PHOTO DE COUVERTURE: © Stephan Gladieu / World Bank En savoir plus: saspp@worldbank.org www.worldbank.org/ppsas