LE COÛT DE LA DÉGRADATION DE LA
ZONE CÔTIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST:
BÉNIN, CÔTE D’IVOIRE, SÉNÉGAL ET TOGO


Lelia Croitoru, Juan José Miranda et Maria Sarraf




MARS 2019
LE COÛT DE LA DÉGRADATION DE LA
ZONE CÔTIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST:
BÉNIN, CÔTE D’IVOIRE, SÉNÉGAL ET TOGO



           Lelia Croitoru, Juan José Miranda et Maria Sarraf

                   Avec Fadi Doumani et Jia Jun Lee


                             MARS 2019
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Photos en couverture: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos                                                                                                     v
Remerciements                                                                                                   vii
Résumé analytique                                                                                               ix
Chapitre 1: Introduction                                                                                         1
Chapitre 2: Méthodologie                                                                                         5
  2.1. Objectif et portée                                                                                        5
  2.2. Que mesure le CDE?                                                                                        6
  2.3. Limites de l’étude                                                                                       10
Chapitre 3: La pollution                                                                                        13
  3.1. L’air                                                                                                    13
  3.2. L’eau                                                                                                    16
  3.3. Les déchets                                                                                              19
Chapitre 4: Les inondations et l’érosion                                                                        25
  4.1. Les inondations                                                                                          25
  4.2. L’érosion                                                                                                28
Références                                                                                                      32
ENCADRÉS
Encadré 3.3.1: Les déchets électroniques (e-déchets) et les plastiques sont des préoccupations croissantes en
Afrique de l’Ouest                                                                                              20
CARTES
Carte 1: Zones côtières des quatre pays de l’Afrique de l’Ouest couverts par l’étude                             1
Carte 4.1.1: Inondations fluviales pendant une période de retour de 1/10 ans par pays                            26
Carte 4.2.1: Taux d’érosion moyen à long terme (1984–2016) par pays                                             29
TABLEAUX
Tableau 1: Estimation du CDE (en millions de USD, prix courants, 2017)                                           x
Tableau 1.1.1: Données socio-économiques des quatre pays ouest-africains                                         2
Tableau 2.2.1: Dégradation de l’environnement et méthodes d’évaluation utilisées                                 8
Tableau 3.1.1: Coûts de santé liés à la pollution de l’air ambiant (PM2,5), 2017                                16
Tableau 3.2.1: Facteurs de risque des populations côtières et des maladies d’origine hydrique                   17
Tableau 3.2.2: Coût des eaux usées domestiques non traitées                                                     18
Tableau 3.2.3: Coût de la dégradation des eaux côtières, 2017                                                   19
Tableau 3.3.1: Coût des déchets municipaux non collectés sur la côte                                            21
Tableau 3.3.2: Coût de l’élimination des déchets municipaux sur la côte                                         22
Tableau 3.3.3: Coût de la gestion sous-optimale des déchets municipaux sur la côte, 2017                        23
Tableau 4.1.1: Fonction de dommage par profondeur d’eau                                                         27
Tableau 4.1.2: Répartition des flux et des stocks par utilisation du sol et par an (pourcentage)   27
Tableau 4.1.3: Coût unitaire par utilisation du sol (USD/ha)                                      28
Tableau 4.1.4: Coût économique des inondations sur la côte, 2017                                  28
Tableau 4.2.1: Taux d’érosion à long terme (1984–2016)                                            30
Tableau 4.2.2: Prix unitaire du terrain (USD/m2)                                                  30
Tableau 4.2.3: Coûts économiques associés à l’érosion, 2017                                       31
FIGURES
Figure 1: Estimation du CDE par catégorie, 2017                                                   ix
Figure 2: Estimation du CDE par pays, 2017                                                         x
Figure 2.1.1: Valeurs économiques des zones côtières                                               6
Figure 3.1.1: Mortalité due à l’exposition à de fines particules (PM2,5), par ville                14
Figure 3.1.2: Mortalité par groupe d’âge                                                          15
Figure 3.3.1: Dépréciation de la valeur des terrains associée à l’élimination des déchets         22
AVANT-PROPOS

La dégradation de l’environnement est coûteuse pour les individus, les communautés
et l’environnement. En Afrique de l’Ouest, la dégradation des zones côtières pèse
lourdement sur la santé et la qualité de vie des populations. De la Mauritanie au
Gabon, des millions d’habitants de la côte souffrent énormément à cause de
l’érosion, des inondations et de la pollution. Ces phénomènes emportent des terres,
des maisons et des vies. Le changement climatique et sa variabilité, caractérisés
par la montée du niveau de la mer et par des tempêtes plus fréquentes et plus
violentes, aggravent ces problèmes.

Quelle est l’ampleur des impacts de cette dégradation? Auparavant, lorsque les repré-
sentants de gouvernements posaient cette simple question, la réponse était souvent
catégorique: “grande!”. Cette étude quantifie en termes économiques la taille de cette
ampleur. Par conséquent, elle devrait attirer l’attention des décideurs pour améliorer
l’élaboration des politiques côtières en Afrique de l’Ouest.

Croitoru, Miranda et Sarraf apportent une contribution importante à la littérature en
rendant ce travail disponible. Pour la première fois dans la région, ils présentent une
approche cohérente pour estimer les impacts de la dégradation de l’environnement
dans les zones côtières de quatre pays, à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal
et le Togo. Leurs résultats montrent l’urgence de trouver les connaissances, de réunir
les fonds et de stimuler la collaboration nécessaire pour protéger les zones côtières et
éviter de futurs dommages.

Benoît Bosquet
Directeur, Environnement et Ressources Naturelles
Banque mondiale




Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo   v
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
REMERCIEMENTS

Ce rapport a été préparé par une équipe composée de Lelia Croitoru (éco-
nomiste de l’environnement, consultante) et Juan José Miranda (économiste de l’en-
vironnement), sous la direction de Maria Sarraf (directrice sectorielle, Afrique de
l’Ouest, environnement et ressources naturelles), avec les précieuses contributions de
Fadi Doumani (économiste de l’environnement, consultant) et Jia Jun Lee (analyste de
recherche).

C’est avec gratitude que l’équipe reconnaît le soutien de Benoît Bosquet (directeur),
Peter Kristensen (spécialiste principal de l’environnement), Dahlia Lotayef (spécialiste
principale de l’environnement) ainsi que celui des examinateurs, Richard Damania
(conseiller économique principal) et Raffaello Cervigni (économiste principal de l’en-
vironnement), qui ont fourni des commentaires utiles.

Des contributions et observations précieuses ont été fournies par Idriss Deffry (spécia-
liste en gestion des ressources naturelles), John Dixon (économiste principal de l’envi-
ronnement, retraité), Abdoulaye Gadiere (spécialiste principal de l’environnement),
Medou Lo (spécialiste principal de l’environnement), Brigitte Mobongol (spécialiste
de l’environnement) et Stefano Pagiola (économiste principal de l’environnement).
Nous remercions tout particulièrement Madjiguene Seck (chargée de communica-
tion), Marie José Glibert (traductrice) et Will Kemp (graphiste) pour leur inestimable
contribution à la publication. Le rapport a été financé par le programme de ges-
tion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (West Africa Coastal Areas, WACA) de la
Banque mondiale.




Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo   vii
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Les zones côtières de l’Afrique de l’Ouest accueillent environ un tiers de la population
de la région et génèrent 56 pour cent de son produit intérieur brut (PIB). Elles abritent
des zones humides précieuses, des pêcheries, des réserves de pétrole et de gaz et un
potentiel touristique élevé. Cependant, ces zones sont soumises à de fortes pressions:
l’urbanisation rapide le long de la côte a augmenté la demande en terres, en eau et
autres ressources naturelles; les infrastructures artificielles et l’extraction de sable
ont entraîné un important recul des côtes; de plus, le changement climatique et les
risques de catastrophe exacerbent ces menaces. En conséquence, les zones côtières
subissent une dégradation environnementale alarmante entraînant des décès
(dus aux inondations, à la pollution de l’air et de l’eau), ainsi que des pertes d’ac-
tifs (maisons, infrastructures) et des dommages aux écosystèmes critiques (mangroves,
habitat marin).

Cette étude estime en termes monétaires le Coût de la Dégradation de l’Environne-
ment (CDE) des zones côtières du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du
Togo. 1 Plus précisément, elle évalue les impacts de la dégradation qui se produit au
cours d’une année typique, en raison de trois facteurs principaux: les inondations,
l’érosion et la pollution (liée à l’eau, à l’air et aux déchets). Les résultats finaux sont
exprimés aux prix de 2017. Ils sont reflétés en termes absolus (dollars americains,
USD) et en termes relatifs, comme pourcentage du PIB des pays.

Globalement, le CDE des quatre pays est
                                               2               FIGURE 1: ESTIMATION DU CDE PAR CATÉGORIE, 2017
estimé à environ 3,8 milliards de USD,
soit 5,3 pour cent de leur PIB en 2017.                                   2,5%
Les inondations et l’érosion sont les                                               2,1%
principales formes de dég radation, qui                                   2,0%
représentent plus de 60 pour cent du
coût total (Figure 1). En outre, la dég radation                          1,5%                   1,4%       1,3%
                                                               % du PIB




des zones côtieres provoque plus de 13 000
décès par an, principalement dus à                                        1,0%
la pollution de l’eau, de l’air, et aux
inondations.                                                              0,5%                                     0,3%    0,3%

                                                                          0,0%
1 Ces pays font partie du projet d’investissement dans
                                                                                 Inondations   Érosion      Eau    Air    Déchets
la résilience des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest       Source: Estimations de la Banque mondiale.
(WACA ResIP), qui vise à renforcer la résilience des com-
munautés et des zones pilotes de la côte ouest-africaine. Le
projet couvre le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, les
îles de São Tomé-et-Príncipe, le Sénégal et le Togo.
2 Si nous ajustons ce chiffre aux parités de pouvoir
d’achat des pays, nous obtenons une perte totale de 10
milliards de dollars internationaux en 2017.


Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                           ix
FIGURE 2: ESTIMATION DU CDE PAR PAYS, 2017

           8%                                                        7,6%
           7%                                                                              6,4%
           6%
                                              4,9%
           5%
% du PIB




           4%
           3%        2,5%
           2%
           1%
           0%
                     Bénin               Côte d’Ivoire             Sénégal                 Togo

                          Inondations            Érosion         Eau        Air      Déchets
Source: Estimations de la Banque mondiale.



Au niveau national, la dégradation des zones côtières                                   inondations pluviales. Dans les autres pays, les
impose des coûts allant de 2,5 pour cent du PIB au Bénin                                zones inondées et les profondeurs d’eau associées
à 7,6 pour cent du PIB au Sénégal en 2017 (Figure 2 et                                  sont inférieures, ce qui entraîne des coûts d’inon-
tableau 1).                                                                             dation comparativement moins élevés.
                                                                                      » L’érosion est le résultat de facteurs naturels
Ces estimations résultent de trois facteurs majeurs affec-                              et humains. Certaines zones n’ont aucune éro-
tant la zone côtière:                                                                   sion, d’autres ont des pertes de terres (érosion) et
     » Les inondations dues aux fortes précipitations                                   d’autres ont des gains en terres (accrétion). Au
        (inondations pluviales) et aux débordements de ri-                              Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo,
        vières (inondations fluviales) provoquent des morts                             environ 56 pour cent du littoral est soumis à une
        et des dommages importants aux habitations, in-                                 érosion moyenne de 1,8 mètre par an. L’érosion
        frastructures et écosystèmes critiques, tels que les                            est le facteur le plus dommageable au Bénin, Séné-
        plages et les mangroves. Les inondations sont ex-                               gal et Togo, principalement en raison de la perte de
        trêmement nuisibles en Côte d’Ivoire, avec un coût                              terrains urbains de grande valeur. Le coût le plus
        estimé à 1,2 milliard de USD par an, principale-                                élevé, estimé à 0,5 milliard de USD est associé au
        ment en raison de vastes zones touchées par les                                 Sénégal. Dans tous les pays, on s’attend à ce que le


TABLEAU 1: ESTIMATION DU CDE (EN MILLIONS DE USD, PRIX COURANTS, 2017)
                                                                       Bénin           Côte d’Ivoire            Sénégal                 Togo
 Inondations                                                              29                 1183                  230                    10
 Érosion                                                                 117                   97                  537                   213
 Eau                                                                      53                  485                  375                    36
 Air                                                                      10                  166                   17                    23
 Déchets                                                                  20                   53                   90                    28
 Total                                                                   229                 1985                 1250                   310

Source: Estimations de la Banque mondiale.



x                                            Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
       coût de l’érosion augmente considérablement dans                     les inondations (par exemple, les dommages causés par les
       les années à venir, puisque le phénomène est sus-                    inondations dues à la montée du niveau de la mer et aux
       ceptible d’affecter de plus grandes zones urbaines.                  ondes de tempête); et l’érosion (par exemple, le ralentisse-
     » La pollution liée à l’air, à l’eau et aux déchets                    ment de la croissance du PIB à l’avenir en raison de moins
       pèse lourdement sur la santé et la qualité de vie                    d’immobilier sur la zone côtière).
       des personnes. Son coût peut atteindre 0,7 milliard
       de USD en Côte d’Ivoire. Dans les quatre pays de                     Par conséquent, les résultats de cette étude doivent être
       l’étude, le manque d’approvisionnement adéquat                       considérés comme des estimations prudentes, qui ne
       en eau, l’assainissement déficient et l’hygiène                      capturent que partiellement la totalité du CDE. Pour affi-
       inappropriée sont des facteurs particulièrement                      ner et compléter ces estimations, il serait important que
       nocifs, causant plus de 10 000 décès par an; ils                     les travaux futurs couvrent les aspects susmentionnés, les
       touchent principalement la Côte d’Ivoire et le Sénégal,              effets du changement climatique sur les inondations et
       où ils génèrent plus de 4000 décès par pays. La                      l’érosion, ainsi que les impacts combinés de l’érosion et du
       pollution de l’air et la gestion sous-optimale des                   changement climatique sur la disponibilité de l’eau.
       déchets sont également des formes de dégradation
       importantes, mais considérablement sous-estimées:                    L’étude démontre que les inondations, l’érosion et la pol-
       le coût de la pollution atmosphérique (2500 décès)                   lution sont des défis majeurs pour les zones côtières de
       concerne uniquement les impacts des particules                       l’Afrique de l’Ouest. Ils causent la mort, réduisent la qua-
       fines dans les capitales des pays, alors que le coût                 lité de vie des citoyens et entraînent des dommages écono-
       des déchets n’en couvre que les effets de la collecte                miques considérables représentant plus de 5,3 pour cent
       insuffisante et d’élimination inappropriée des                       du PIB des quatre pays. Développer tôt la résilience des
       déchets municipaux.                                                  côtes permettra de réduire ces dommages et d’économiser
                                                                            des milliards de USD en dommages futurs. Le programme
Enfin, il convient de noter que les limitations de don-                     de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (West
nées ont empêché d’estimer plusieurs coûts liés à la pol-                   Africa Coastal Areas, WACA) récemment mis en place est
lution de l’air (par exemple, les impacts de la pollution de                conçu pour créer des communautés côtières résilientes. Le
l’air dans d’autres villes que les capitales des pays; les pol-             programme investit dans les murs de protection, les brise-
luants atmosphériques autres que les PM2,5 ambiantes); la                   lames, les barrières de sable, la protection des routes, la
pollution de l’eau (par exemple, les dommages causés par                    restauration de la mangrove, la reconstitution des plages
le rejet d’eaux usées agricoles et industrielles non traitées);             et la prévention de la pollution.
la gestion des déchets (dommages causés par l’élimination
inappropriée ou insuffisante de déchets médicaux, indus-                    Investir dès maintenant dans l’adaptation côtière évitera
triels, de construction et de démolition, et électroniques);                de perdre des milliards de USD en dommages à l’avenir.




Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                             xi
Photo: Banque mondiale/Idriss Deffry.
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
La côte ouest-africaine, qui s’étend de la Mauritanie au Gabon, couvre 17 pays,3 dans
lesquels les situations économique, politique et conflictuelle sont diverses. La zone
côtière abrite un tiers de la population et génère 56 pour cent du PIB (UEMOA,
2010). Cette étude couvre quatre pays (Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo), avec
une population totale de 56 millions d’habitants et un littoral de 1223 km (Carte 1).
Les zones côtières de ces pays — qui ont été définies ici comme tous les districts
de la côte — abritent 36 pour cent de la population totale des pays (tableau 1.1.1).

CARTE 1: ZONES CÔTIÈRES DES QUATRE PAYS DE L’AFRIQUE DE
L’OUEST COUVERTS PAR L’ÉTUDE




Source: Le staff de la Banque mondiale, sur la base de CIESIN Gridded Population of the World (GPWv4) (2015) et
ESA Global Land Cover (2015).




3 Ces pays sont le Bénin, le Cap Vert, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée Équatoriale, le Gabon, le Ghana, la
Guinée, la Guinée- Bissau, le Libéria, la Mauritanie, le Nigéria, les îles de São Tomé-et-Príncipe, le Sénégal, la Sierra
Leone, la Gambie et le Togo.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                   1
TABLEAU 1.1.1: DONNÉES SOCIO-ÉCONOMIQUES DES QUATRE PAYS OUEST-AFRICAINS
                                                                                                                                           Population côtière
                                            Population                                                Population          Population
                        PIB (USD/                                  Littoral            Districts                                              urbaine (% de
       Pays                                    totale                                                   côtière             côtière
                         capita)
                                             (millions)
                                                                    (km)              côtiers (#)
                                                                                                       (millions)        (% du total)
                                                                                                                                              la population
                                                                                                                                                 côtière)
 Bénin                       830                 10,9                  121                5                 1,9                17                    97
 Côte d’Ivoire              1662                 22,7                  515                8                 8,2                36                    57
 Sénégal                    1033                 15,0                  531               15                 7,8                52                    61
 Togo                        617                  7,2                   56                2                 2,0                28                   100
 Moyenne/                   1196                 55,7                 1223               30                19,9                36                    67
   Total

Sources: data.worldbank.org; www.cia.gov; CIESIN Gridded Population of the World (GPWv4) (2015) et ESA Global Land Cover (2015).



Ces zones côtières abritent des zones humides précieuses,                                Ces pays font partie du Projet d’investissement pour
des pêcheries riches, des réserves de pétrole et de gaz et un                            la résilience des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest
potentiel touristique élevé (UNIDO, 2011). Cependant,                                    (WACA-ResIP), qui regroupe six pays6 et vise à renfor-
elles subissent de fortes pressions: l’urbanisation rapide et                            cer la résilience des communautés et des zones côtières de
la migration vers la côte ont augmenté la demande en                                     l’Afrique de l’Ouest. Les quatre pays ont été sélectionnés
terres, en eau et autres ressources naturelles (Banque                                   en raison d’une meilleure disponibilité des données sur les
mondiale, 2015a); les infrastructures artificielles et                                    problèmes côtiers par rapport aux autres pays du projet,
l’extraction de sable ont contribué à un recul important                                 fournies par l’évaluation des risques effectuée par Inter-
du littoral, qui pourrait atteindre 10 mètres par an dans                                national Marine & Dredging Consultants (IMDC), des
les zones très vulnérables (Giardino et al., 2017); de                                   plans d’investissement multisectoriels et des statistiques
plus, le changement climatique et les risques de                                         nationales, etc. Dans l’ensemble, l’estimation du CDE en
catastrophe exacerbent ces menaces. En conséquence, les                                  termes monétaires donnera une indication de l’ampleur
zones côtières subissent une grave dégradation de                                        réelle des dégâts et de l’urgence des mesures à prendre
l’environnement entraînant des morts (dues à la                                          pour protéger les zones côtières. Le chapitre 2 fournit un
pollution de l’air et de l’eau), des pertes d’actifs (maisons                            aperçu des méthodes utilisées pour estimer le CDE et les
et infrastructures) et des écosystèmes critiques                                         limites de l’étude. Le chapitre 3 évalue les impacts de la
(mangroves). Par exemple, les inondations au Sénégal                                     pollution, tandis que le chapitre 4 aborde le coût des inon-
toucheraient 200 000 personnes par an; alors que les                                     dations et de l’érosion sur la côte.
inondations extrêmes en 2009 ont causé des dommages
de 104 millions de USD seulement à Dakar.4

La sensibilisation sur l’ampleur de la dégradation des
côtes est une étape cruciale vers l’adoption de
changements positifs. Cette étude contribue à cette
nécessité en estimant en termes monétaires le
Coût de la Dég radation Environnementale
(CDE) des zones côtières de certains pays
d’Afrique de l’Ouest5: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et
Togo.

4 https://www.gfdrr.org/senegal
5 Cette étude actualise et complète les travaux antérieurs sur le coût de la dégra-
dation de l’environnement en Mauritanie (Banque mondiale, 2017) et au Togo               6 Le projet couvre le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, les îles de São
(Banque mondiale, 2015b).                                                                Tomé-et-Príncipe, le Sénégal et le Togo.

2                                               Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
CHAPITRE 2
MÉTHODOLOGIE
Un cadre méthodologique solide est nécessaire pour garantir que les coûts imposés à
la société par la dégradation de l’environnement soient saisis de manière aussi précise
et cohérente que possible. Ce chapitre décrit la méthodologie utilisée pour estimer le
CDE. La section 2.1 présente l’objectif et la portée d’évaluation environnementale ;
la section 2.2 expose la cohérence méthodologique et les méthodes d’évaluation utili-
sées ; quant à la section 2.3, elle illustre les limites de l’étude.


2.1. OBJECTIF ET PORTÉE
Cette étude vise à estimer en termes monétaires le CDE annuel des zones côtières du
Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Togo. Elle évalue les dommages à trois
niveaux : économique, tels que les dégâts aux actifs (tels que les bâtiments et les routes)
dus aux inondations côtières ; environnemental, par exemple la valeur esthétique réduite
dans les zones situées à proximité de sites de décharges insalubres ; et social, tels que
les décès prématurés causés par l’exposition à des niveaux élevés de pollution de l’air
et de l’eau.

Il convient de noter que certaines activités ont des impacts à court terme : par exemple,
la pollution de l’eau cause souvent des problèmes de santé (comme la diarrhée et l’al-
lergie cutanée) allant de quelques jours à plusieurs semaines. D’autres activités ont des
impacts à long terme, par exemple, les pertes d’actifs entraînées par l’érosion des zones
côtières. Cette étude estime la valeur actualisée des impacts actuels et futurs causés
par des activités ayant eu lieu au cours de la dernière année pour laquelle des données
sont disponibles. L’analyse utilise un taux d’actualisation de 3 pour cent en raison de la
grande importance accordée aux impacts futurs de l’érosion et un horizon temporel de
30 ans.7 Les résultats sont exprimés en prix de 2017. Ils sont reflétés en valeur absolue
(USD) et en termes relatifs, comme pourcentage du PIB des pays.




7 En supposant qu’une personne d’âge moyen bénéficiera de services environnementaux pendant encore 30 ans.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo    5
L’étude estime les impacts de la dégradation de l’environ-                          tique (par exemple, une augmentation des inondations à
nement survenue en 2017 en raison de la pollution (liée à                           la suite de précipitations plus abondantes). Cependant, il
l’air, à l’eau et aux déchets), des inondations et de l’érosion                     est important de noter que: (i) les impacts du changement
sur la côte. Elle se concentre sur la dégradation induite                           climatique ne peuvent pas être séparés de ceux d’autres
tant par l’homme (pollution de l’air à la suite des activités                       facteurs; (ii) étant donné que l’évaluation ne porte que sur
industrielles, pollution de l’eau par le rejet d’eaux usées                         une année, ces impacts seront probablement mineurs.8
non traitées), que par les facteurs naturels (tels que les
inondations).
                                                                                    2.2. QUE MESURE LE CDE?
En tant que telles, les valeurs estimées fournissent une
image plus complète de la situation de la dégradation de                            La figure 2.1.1 illustre la valeur économique des zones
l’environnement par rapport à d’autres travaux du CDE                               côtières. À tout moment, ces zones offrent certains avan-
axés principalement sur la dégradation induite par les acti-                        tages (tels qu’une production industrielle et agricole, une
vités humaines (Croitoru et Sarraf, 2010). Par exemple, le                          valeur récréative), en fonction du type de gestion et du
fait de savoir que les inondations pourraient causer des                            contexte socio-économique. La première colonne montre
dommages importants sur les côtes déclencherait un appel                            la valeur économique de ces avantages pour une année
urgent en faveur de l’installation de mesures de protec-                            donnée.
tion, ce qui n’aurait pas été le cas si le CDE n’avait couvert
que les pertes causées par l’homme.                                                 La deuxième colonne présente la valeur de ces avantages
                                                                                    pour l’avenir; ils sont supposés être moins élevés à cause
En outre, l’évaluation du CDE couvre également, dans                                de la dégradation, en raison d’une gestion sous-optimale
une certaine mesure, les effets du changement clima-                                (par exemple, évacuation des eaux usées municipales



FIGURE 2.1.1: LA VALEUR ÉCONOMIQUE DES ZONES CÔTIÈRES

    USD

                                                          Avantage de
                                                        l’intervention
                                  Coût de la
                                  dégradation




                                                                                         Coût
                                                                                    d’intervention
                    2017                          2018                                2018
                                              avec gestion                        avec gestion
                                             sous-optimale                         améliorée
Source: Pagiola et al. (2004).


8 Pour incorporer les impacts globaux du changement climatique sur la côte, une étude devrait utiliser des projections d’impacts sur un horizon temporel beaucoup
plus long (par exemple, de 30 à 50 ans).

6                                           Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
non traitées, ou pollution de l’air causée par des activités                approches non basées sur la courbe de demande, évaluant
industrielles), ou à des facteurs naturels, accrus par le                   les dommages environnementaux via des méthodes basées
changement climatique (par exemple, l’érosion côtière                       sur les coûts, tels que le coût de remplacement (Markan-
et les inondations). La différence entre les deux valeurs                   dya et al., 2002). Dans les cas où aucun prix du marché
représente le coût des dommages causés par la dégrada-                      n’est disponible pour estimer la valeur des dommages, la
tion actuelle, à savoir le CDE.                                             présente étude utilise des approches basées sur la courbe
                                                                            de demande (mesures du CAP) pour évaluer les impacts
Il est important de noter que les coûts de dégradation ne                   de la dégradation de l’environnement. Par exemple, le
font qu’indiquer l’étendue des dégâts et les zones néces-                   coût dû aux déchets municipaux non collectés est estimé
sitant des interventions urgentes pour être améliorées. Ils                 par le biais du CAP de la communauté pour une collecte
ne fournissent aucune information sur le meilleur choix                     améliorée. Seulement dans deux cas, l’étude applique
d’interventions ou leur rentabilité. La troisième colonne                   des méthodes fondées sur les coûts,9 tout en veillant à ce
en est le reflet, montrant que la rentabilité des interven-                 qu’elles fournissent des résultats prudents par rapport à
tions doit être mesurée en comparant leurs avantages aux                    d’autres mesures du CAP.10
coûts d’intervention.
                                                                            Les approches basées sur la courbe de demande com-
Cette étude estime uniquement le CDE, à travers la                          prennent : des méthodes des préférences révélées, basées
difference entre la première et la deuxième colonne. Les                    sur l’observation du comportement réel des consom-
interventions potentielles pour l’amélioration de l’envi-                   mateurs sur les marchés des biens et des services; et les
ronnement sont identifiées et leur rentabilité est évaluée                  méthodes des préférences déclarées, basées sur l’estima-
dans l’analyse coûts-avantages du document d’évaluation                     tion du CAP des consommateurs pour un bénéfice, ou
du projet WACA ResIP (Banque mondiale, 2018a).                              le consentement à recevoir (CAR) une compensation
                                                                            pour une perte (Bateman, 1994). Les mesures basées sur
                                                                            le comportement observé sont généralement préférées à
2.2.1. COHÉRENCE MÉTHODOLOGIQUE                                             celles reposant sur un comportement hypothétique, ce
                                                                            dernier pouvant entraîner des réponses biaisées. En outre,
L’étude estime les dommages causés aux biens et services
                                                                            la perception de la valeur du service (dommage) diffère
ayant une valeur marchande (tels que maisons et terrains
                                                                            selon que l’on utilise le CAP ou le CAR. Le groupe d’ex-
perdus à cause de l’érosion), et à d’autres qui ne l’ont pas
                                                                            perts de l’Administration nationale des océans et de l’at-
(tels que la pollution due aux déchets municipaux non
                                                                            mosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration,
collectés). Alors que l’évaluation des biens marchands
                                                                            NOAA) a suggéré que le CAP devrait toujours être utilisé
tende à être simple (par exemple, en utilisant le prix du
                                                                            pour évaluer un service; il est généralement avancé que
marché après avoir éliminé les distorsions), il est souvent
                                                                            cela constitue l’option la plus conservatrice, et par consé-
difficile d’estimer la valeur des biens et services non mar-
                                                                            quent, préférée (Arrow, 1993; Carson et al., 1996). Cette
chands. Cela a longtemps été reconnu dans la littérature
                                                                            étude utilise l’approche du CAP, dérivée des études
environnementale et un large éventail de méthodes d’éva-
                                                                            disponibles dans les quatre pays ou dans la région de
luation ont été développées (Dixon et al., 1994; Freeman,
                                                                            l’Afrique de l’Ouest.
2003; Willis et Garrod, 2012; Johnston et al., 2015). Dans
un exercice d’évaluation tel que le CDE, il est essentiel
d’assurer la cohérence des méthodes d’évaluation
                                                                            9 Il s’agit d’une approche fondée sur les revenus perdus (pour évaluer le coût
pour obtenir des résultats valides.                                         de la morbidité d’origine hydrique) et sur le coût du traitement des eaux usées
                                                                            (pour évaluer l’impact du rejet des eaux usées non traitées).
Les méthodes d’évaluation existantes sont généralement                      10 Une attention particulière doit être portée lors de l’application de méthodes
divisées en approches basées sur la courbe de demande,                      basées sur les coûts. Par exemple, lorsque les coûts de restauration sont appli-
                                                                            qués, l’utilisation des dépenses réelles peut sous-estimer les dommages, car les
qui cherchent à estimer la valeur des biens et services en
                                                                            remplacements substituent rarement tous les services provenant de l’écosystème
mesurant de manière explicite la demande des consom-                        d’origine; il peut aussi surestimer, si le remplacement est entrepris de manière
mateurs, ou leur consentement à payer (CAP), et en                          inefficace.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                                 7
TABLEAU 2.2.1: DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT ET MÉTHODES D’ÉVALUATION
               UTILISÉES
                              Dégradation de l’environnement                          Méthodes utilisées pour l’évaluation
Pollution               Air
                        Impact de la pollution de l’air ambiant (PM2,5) sur la      Mortalité: VVS
                          santé: infections des voies respiratoires inférieures;    Morbidité: CAP
                          cardiopathie ischémique; accident vasculaire
                          cérébral; maladie pulmonaire obstructive
                          chronique; cancer de la trachée, des bronches et du
                          poumon; et diabète sucré de type 2.
                        Eau
                        Impact de l’insuffisance de l’approvisionnement en          Mortalité: VVS
                          eau, de l’assainissement et de l’hygiène sur la santé:    Morbidité: revenu perdu
                          diarrhée.
                        Rejet d’eaux usées non traitées dans l’environnement.       Coût du traitement des eaux usées
                        Déchets
                        Dommages dus aux déchets municipaux non                     CAP pour une meilleure collecte des déchets
                          collectés.
                        Dommages dus à une élimination inappropriée des             Prix hédoniques
                          déchets municipaux.
Inondations             Dommages aux actifs et productivité économique              Prix du marché
                        Mortalité                                                   VVS
Érosion                 Perte d’actifs, de terres et de productivité économique     Prix du marché



Bien que la discussion ci-dessus fournit un aperçu des                 Cette section évalue l’impact de l’exposition aux PM2,5
efforts déployés pour parvenir à une cohérence métho-                  dans l’atmosphère sur la santé dans les capitales des quatre
dologique dans cette étude, il est important de consacrer              pays. En utilisant les plus récentes relations de cause à
des efforts supplémentaires à examiner spécifiquement les              effet développées dans la littérature épidémiologique, elle
méthodes utilisées dans le CDE et dans des études simi-                estime l’impact sur la mortalité prématurée causée par: les
laires, et à classer les méthodes d’évaluation en fonction             infections des voies respiratoires inférieures; la cardiopa-
de leur cohérence avec d’autres méthodes, leurs avantages              thie ischémique; l’accident vasculaire cérébral; la maladie
relatifs, la probabilité que les données soient disponibles,           pulmonaire obstructive chronique; le cancer de la trachée,
et le type de biais que les estimations résultantes pour-              des bronches et du poumon; et le diabète sucré de type 2
raient contenir.                                                       (GBD 2017 Risk factor collaborators, 2018). Le coût de la
                                                                       mortalité est estimé sur la base de la valeur d’une vie sta-
                                                                       tistique (VVS), qui reflète le CAP de la communauté pour
2.2.2. MÉTHODES D’ÉVALUATION                                           éviter le risque de décès. En outre, le coût de la morbidité
                                                                       est évalué comme une fraction (10 pour cent) du coût de
Le CDE est estimé sur la base des méthodes d’évaluation                la mortalité, sur la base des études disponibles estimant
résumées dans le tableau 2.2.1 et décrites ci-dessous.                 le CAP pour la réduction de la morbidité due à la pollu-
                                                                       tion atmosphérique (Banque mondiale, 2016; Hunt et al.,
La pollution de l’air. La pollution de l’air ambiant est               2016).
un des principaux facteurs de mortalité et de morbidité
humaine. L’exposition aux particules fines (PM2,5) est par-            La pollution de l’eau. L’approvisionnement en eau,
ticulièrement nocive pour la santé, car elle peut franchir             l’assainissement et l’hygiène insuffisants ou inappropriés
les barrières pulmonaires et pénétrer dans la circulation              peuvent affecter la santé humaine (en raison de maladies
sanguine.                                                              d’origine hydrique) et l’environnement (par exemple, en

8                                  Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
raison du rejet d’eaux usées non traitées). Cette section                   côte,11 à travers: (i) le coût de la mortalité, estimé sur la base
évalue les impacts sur la santé liés à la charge des maladies               du nombre de décès dus aux inondations et à la VVS; et
d’origine hydrique causées par une eau insalubre dans les                   (ii) les dommages aux actifs et à la production économique, basés
zones urbaines et rurales côtières des quatre pays.                         sur: la zone inondée pendant une année typique, un fac-
                                                                            teur de dommage (coefficient de perte) et la valeur éco-
Premièrement, la section quantifie la mortalité (nombre                     nomique unitaire des terres. Ces indicateurs sont dérivés
de décès prématurés) et la morbidité (nombre d’années                       comme suit:
de vie vécues avec de l’incapacité, AVI) sur la base des                           » La zone inondée est calculée sur la base des résultats
données tirées de l’étude 2017 relative à la charge de                                d’un modèle de risque d’inondation global (SSBN
morbidité mondiale (Global Burden of Disease, GBD). Elle                              Global Flood Hazard Model) appliqué à l’Afrique de
estime ensuite le coût économique de la mortalité (sur la                             l’Ouest. Ces résultats montrent la profondeur d’eau
base de la VVS) et la morbidité (sur la base de l’approche                            maximale prévue pour les inondations fluviales et
du revenu perdu). En outre, la section évalue l’impact des                            pluviales et la surface correspondante pendant six
rejets d’eaux usées non traitées sur l’environnement à travers                        périodes de retour différentes (entre un an sur cinq
le coût local du traitement des eaux usées dans la région.                            et un an sur cent). La zone inondée est ensuite clas-
                                                                                      sée en zones rurales et urbaines.
La gestion des déchets pose des problèmes complexes,                               » Un facteur de dommage, dont l’ampleur varie en fonc-
car elle concerne un large éventail de déchets — tels que                             tion de la profondeur de l’eau, est utilisé pour esti-
les déchets municipaux, médicaux, industriels, de démoli-                             mer la partie de la valeur économique perdue lors
tion, électroniques — qui doivent être traités de manière                             d’inondations (Huizinga et al., 2017).
distincte. Une gestion inappropriée de ces déchets peut                            » La valeur économique des terres est estimée sur la base
entraîner: une réduction d’opportunités touristiques,                                 de l’évaluation des risques liés à de multiples aléas
la contamination des poissons, la pollution des nappes                                disponible sur la côte ouest-africaine (IMDC, 2018
phréatiques et parfois même la mort de personnes. Cette                               a, b, c). Elle capture la valeur des actifs (exemple:
section n’aborde que l’impact d’une gestion inappropriée                              bâtiments, routes, autres infrastructures) et des flux
                                                                                      économiques (production industrielle et agricole)
des déchets ménagers.
                                                                                      pour 2017, tant pour les zones côtières rurales que
Premièrement, les dommages dus à la collecte insuffisante                             pour les zones urbaines.
de déchets ménagers sont estimés sur la base de la quan-
                                                                            L’érosion. Les zones côtières ouest-africaines sont tou-
tité de déchets non collectés et du CAP de la communauté
                                                                            chées par l’érosion en raison de la croissance démogra-
pour améliorer la collecte des déchets.
                                                                            phique, de l’activité économique et de l’élévation du
Deuxièmement, le coût d’élimination des déchets dans                        niveau de la mer. L’estimation du coût de l’érosion sup-
des décharges insalubres est évalué sur la base de la dépré-                pose que les terres, les actifs et les flux économiques soient
ciation observée de la valeur des terres situées à proximité                perdus à long terme.12 L’évaluation repose sur les indica-
                                                                            teurs suivants:
des décharges.
                                                                                » La surface érodée est estimée en tant que valeur
Les inondations. Les pays d’Afrique de l’Ouest                                     moyenne annuelle des terres perdues du fait de
connaissent des inondations fluviales, qui se produisent
                                                                            11 Il ne traite pas des impacts des inondations causées par l’élévation du niveau
lorsque les rivières débordent sous l’effet de précipitations
                                                                            de la mer à la suite d’exercices de modélisation limités.
abondantes ou prolongées, et des inondations pluviales,                     12 En réalité, ces pertes peuvent être remplacées par la reconstruction d’actifs
qui surviennent lorsque de fortes précipitations saturent                   similaires dans des zones proches. Toutefois, cela n’est souvent pas possible, par
                                                                            exemple, en raison de la rareté des terres (dû au taux d’urbanisation élevé sur
les systèmes de drainage, en particulier dans les zones
                                                                            la côte). Même lorsque la reconstruction est possible, le budget est détourné
plates et urbaines. L’analyse évalue l’impact des inonda-                   d’autres investissements qui auraient autrement été réalisés, d’où la perte d’op-
tions fluviales et pluviales qui se produisent le long de la                portunités économiques.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                                   9
       l’érosion, sur la base d’une étude analysant l’évolu-            Tous les efforts ont été déployés pour que les dommages
       tion du littoral de 1984 à 2016, en comparant des                environnementaux soient estimés en appliquant des
       images historiques Landsat sans nuage avec une                   méthodes d’évaluation cohérentes, comme expliqué dans
       résolution de 30 m (Luijendijk et al., 2018).                    la section 2.2.1. Malgré cela, l’étude en est affectée, du fait
     » La valeur économique unitaire des terres érodées tient           de certaines limitations.
       compte de: la valeur des actifs (immeubles, routes,
       autres infrastructures); la valeur actualisée des flux           Par exemple, lorsque les données sur le CAP de la société
       économiques pour les 30 prochaines années; et de                 n’étaient pas disponibles pour les quatre pays, l’évaluation
       la valeur de la terre nue.                                       reposait sur le transfert des avantages de mesures similaires
                                                                        en provenance d’autres pays de la région, ce qui implique
                                                                        un certain degré d’inexactitude.13 En outre, malgré les
2.3. LIMITES DE L’ÉTUDE                                                 récentes améliorations considérables de la GBD 2017 par
                                                                        rapport à la GBD 2016,14 l’utilisation de cette méthode est
                                                                        toujours affectée par certaines limitations, telles que l’ab-
L’étude a été menée entre septembre 2018 et février 2019,
                                                                        sence d’intégration de certains facteurs (p.ex. tabagisme)
sur la base des informations secondaires disponibles. En
                                                                        dans la stratégie de charge proportionnelle (GBD 2017
raison de contraintes de temps et de budget, il n’a pas été
                                                                        Risk factor collaborators, 2018).
possible de collecter des données primaires. Malgré cela,
tous les efforts ont été déployés pour utiliser des données             Une autre limite est liée à l’évaluation de la mortalité.
fiables et fournir des estimations comparables d’un pays                Évaluer la vie en termes monétaires pourrait être contro-
à l’autre.                                                              versée. Le concept de VVS a été développé dans la littéra-
                                                                        ture économique en utilisant le CAP des personnes pour
Il convient de noter que le manque de données a
                                                                        éviter le risque de décès (Viscusi et Aldy, 2003; Viscusi et
empêché l’estimation de plusieurs coûts liés à: la pollu-
                                                                        Masterman, 2017). Cependant, même si ce concept est
tion de l’air (p.ex. les impacts de la pollution de l’air dans
                                                                        maintenant couramment utilisé, son application reste
d’autres villes que les capitales des pays; les effets des pol-
                                                                        sujette à des difficultés, par exemple: (i) dans les pays où
luants atmosphériques — autres que PM2,5 — dans les
                                                                        des enquêtes primaires ont été menées, son application a
zones côtières; les impacts de la pollution de l’air intérieur
                                                                        souvent généré une grande variété de résultats, en fonc-
sur la santé); la pollution de l’eau (dommages causés par
                                                                        tion des approches utilisées, types d’enquêtes, etc.; (ii)
le rejet d’eaux usées agricoles et industrielles non traitées);
                                                                        dans les pays ne disposant pas d’enquêtes primaires, la
la gestion des déchets (dommages résultant d’une élimi-
                                                                        VVS a généralement été obtenue par le transfert d’avan-
nation inappropriée/insuffisante de déchets autres que
                                                                        tages d’une valeur d’un pays différent. C’est le cas de la
les déchets municipaux, tels que les déchets médicaux,
                                                                        présente étude, où la VVS des quatre pays a été obtenue
industriels, de construction et de démolition, déchets
                                                                        par le transfert d’avantages d’une valeur de base des pays
électroniques); les inondations (dommages causés par les
inondations dues à la montée du niveau de la mer et aux
                                                                        13 En général, la précision du transfert des bénéfices dépend de plusieurs para-
ondes de tempête); et l’érosion (ralentissement de la crois-            mètres, tels que la fiabilité des techniques de l’étude initiale, la similarité du
sance du PIB à l’avenir en raison de la diminution de l’im-             contexte entre le site d’origine et le site où la valeur est transférée, les caractéris-
mobilier sur la zone côtière).                                          tiques de la population, etc. (Johnston et al., 2015).
                                                                        14 Les améliorations apportées à GBD 2017 par rapport à GBD 2016 com-
                                                                        prennent: la mise à jour des réponses d’exposition intégrées pour inclure les
Par conséquent, les résultats de cette étude doivent être
                                                                        données de nouvelles études (p.ex., les études publiées après l’achèvement de
considérés comme des estimations prudentes, qui ne                      GBD 2016, les examens systématiques de toutes les cohortes de fumeurs, etc.),
couvrent que partiellement la totalité du CDE. Malgré                   l’inclusion de diabète sucré de type 2 comme nouveau résultat (basé sur une
ces limites, les résultats sont considérés comme des esti-              recherche systématique de la littérature scientifique), étalonnage des mesures
                                                                        satellites avec des mesures au sol (en utilisant un modèle d’intégration de don-
mations raisonnables de l’ampleur du CDE, qui reflètent
                                                                        nées pour la qualité de l’air), a!nement des fractions attribuables à la popu-
les véritables priorités environnementales des                          lation en utilisant une approche proportionnelle réduisant les risques de
zones côtières de ces pays.                                             surestimation (GBD 2017 Risk factor collaborators, 2018).

10                                  Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
de l’OCDE, conformément aux directives de la Banque                         ments due à l’érosion) et les flux (p.ex., la perte de pro-
mondiale (2016). Il convient de noter que les résultats                     ductivité économique) pour l’année de l’analyse, alors que
sont des estimations très conservatrices de la VVS et ne                    le PIB est une mesure du flux annuel. Dans cette étude,
reflètent pas la valeur réelle de la vie dans ces pays.                     exprimant le CDE en pourcentage du PIB vise unique-
                                                                            ment à comparer les dommages causés à un indicateur macroécono-
Il convient également de noter que le CDE prend en                          mique bien connu et non à comparer directement les deux
compte à la fois les pertes de stocks (p.ex., la perte de bâti-             valeurs.




Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.




Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                11
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
CHAPITRE 3
LA POLLUTION

3.1. L’AIR
La pollution de l’air ambiant est l’un des principaux facteurs de mortalité et de morbidité
humaine. À l’échelle mondiale, les particules en suspension dans l’air ont causé environ 2,9
millions de décès prématurés en 2017, soit 8,6 pour cent du nombre total de décès (GBD
2017 Risk factor collaborators, 2018). En Afrique de l’Ouest, elles ont été responsables d’envi-
ron 79 800 décès prématurés au cours de la même année (IHME, 2018). Dans cette région,
la qualité de l’air se dégrade de plus en plus dans les zones côtières agglomérées du fait de
l’urbanisation, du transport et du développement industriel. Cette section estime en termes
monétaires l’impact des particules fines15 ambiantes (PM2,5) sur la santé dans les capitales des
quatre pays: Cotonou (Bénin), Abidjan (Côte d’Ivoire), Dakar (Sénégal) et Lomé (Togo). Les
impacts de la pollution atmosphérique sur la santé dans d’autres régions n’ont pas pu être
estimés en raison de la rareté des données. De plus, les effets des polluants atmosphériques
autres que les PM2,5 n’ont pas pu être estimés non plus, en raison de la non-disponibilité
d’une méthodologie robuste reliant les niveaux de concentration aux impacts sur la santé.


3.1.1. COÛT DE LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE URBAINE

Nous estimons l’impact de l’exposition aux PM2,5 sur la mortalité, en termes de décès pré-
maturés dus aux infections des voies respiratoires inférieures; à la cardiopathie ischémique;
à la maladie pulmonaire obstructive chronique; au cancer de la trachée, des bronches et du
poumon; à l’accident vasculaire cérébral; et au diabète sucré de type 216 (GBD 2017 Risk
factor collaborators, 2018); et sur la morbidité, due à des problèmes tels que la bronchite
chronique, les admissions à l’hôpital, les journées d’arrêt de travail, les journées d’activité
restreinte et les infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez les enfants (Hunt et
al., 2016; Banque mondiale, 2016). L’estimation est réalisée en quatre étapes, présentées
ci-dessous.


15 Particules avec un diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 microns.
16 Les preuves suggèrent que l’exposition aux PM2,5 peut être liée au diabète sucré de type 2 par une altération de la fonction
pulmonaire, une inflammation vasculaire et une sensibilité à l’insuline (Rajagopalan et Brook, 2012)

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                         13
FIGURE 3.1.1: MORTALITÉ DUE À L’EXPOSITION À DE FINES PARTICULES (PM2,5), PAR VILLE

        1800
        1600
        1400
        1200
        1000
Décès




         800
         600
         400
         200
           0
                        Cotonou                     Abidjan                         Dakar                  Lomé

               IVRI        Cancer du poumon                   MPOC             CI           AVC     Diabète sucré type 2

Source: Auteurs, d’après les données d’IHME (2018) et GBD 2017 Risk factor collaborators (2018).
Notes: CI = cardiopathie ischémique; IVRI = infections des voies respiratoires inférieures; AVC = accident vasculaire cérébral; MPOC = maladie pulmonaire obstructive
chronique.



Étape 1. Mesurer la concentration en PM2,5. En                                          pour Cotonou indique une proportion de 2,3.20 En utili-
Afrique de l’Ouest, la surveillance de la qualité de l’air au                           sant la même proportion pour Lomé, la concentration en
sol est limitée à quelques stations de surveillance dans les                            PM2,5 est estimée à environ 32 µg/m3.
zones urbaines les plus agglomérées.
                                                                                        Étape 2. Identifier la population exposée. Les
Les plus récentes mesures au sol disponibles indiquent des                              données sur la population exposée à la pollution de l’air
PM2,5 moyennes annuelles de 21 µg/m3 à Dakar (OMS,                                      ambiant ne sont disponibles pour aucune station de
2018b17), de 32 µg/m3 à Abidjan et de 32 µg/m3 à Coto-                                  mesure dans les villes considérées. En conséquence, on
nou (Djossou et al., 201818).                                                           suppose que le niveau moyen de concentration des pol-
                                                                                        luants calculé à l’étape précédente s’applique à la popula-
Aucune donnée de mesure pour Lomé n’était disponible.                                   tion totale de chaque ville. Les données démographiques
En son absence, les données satellitaires indiquent une                                 proviennent du dernier recensement démographique des
concentration de PM2,5 de 75 μg/m3 en 2017.19 Il est                                    quatre pays et reflètent la population totale de chaque
toutefois important de noter que les données dérivées de                                ville: 1,1 million d’habitants à Dakar (ANSD, 201721);
satellites ne peuvent fournir des estimations fiables au                                601 000 à Cotonou,22 4,5 millions à Abidjan23 et 1,5 mil-
niveau de la ville que seulement après avoir été calibrées                              lion à Lomé.
par rapport aux observations issues de la surveillance au
sol (Banque mondiale, 2016). Bien que cet étalonnage ne                                 Étape 3. Quantifier les impacts de l’exposition
soit pas possible pour Lomé, une comparaison entre les                                  aux PM2,5 sur la santé. Plusieurs études épidémiolo-
données mesurées au sol et celles obtenues par satellite                                giques ont révélé de fortes corrélations entre l’exposition

                                                                                        20 Obtenu en tant que 74 μg/m3 (données dérivées de satellite)/32μg/m3 (don-
                                                                                        nées de mesures au sol) à Cotonou. La même proportion est appliquée à Lomé,
                                                                                        en raison des similitudes entre les contextes géographique et environnemental
17 D’après les mesures effectuées par trois stations (industrielle, routière et         des deux villes.
urbaine) en 2018.                                                                       21 La population est liée au département de Dakar.
18 Selon les mesures des stations représentatives de la circulation en 2015–2017.       22 http://www.insae-bj.org/population.html.
19 Basé sur les données satellites de la Banque mondiale.                               23 http://www.ins.ci/n/templates/Pub/annuaire%20demo.pdf

14                                            Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
FIGURE 3.1.2: MORTALITÉ PAR GROUPE D’ÂGE
                 95+
               90–94
               85–89
               80–84
               75–79
               70–74
               65–69
               60–64
Groupe d'âge




               55–59
               50–54
               45–49
               40–44
               35–39
               30–34
               25–29
               20–24
               15–19
               10–14
                 5–9
                 0–4
                       0    100             200              300                400           500          600           700
                                                                    Décès

Source: Auteurs, sur la base des données de IHME (2018) et GBD 2017 Risk factor collaborators (2018).


à long terme aux PM2,5 et la mortalité prématurée (Apte                               La figure 3.1.1 résume les résultats. Dans les quatre villes,
et al., 2015; Cohen et al., 2017, etc.). Des recherches                               l’exposition aux PM2,5 est responsable d’environ 2500
récentes ont associé l’exposition aux PM2,5 à la mortalité                            décès en 2017: environ 190 à Cotonou, 1550 à Abidjan,
liée à cinq maladies chez les adultes de plus de 25 ans: la                           270 à Dakar et 490 à Lomé. La plus grande proportion
cardiopathie ischémique, l’accident vasculaire cérébral, la                           (62 pour cent) des décès est survenue à Abidjan, en raison
maladie pulmonaire obstructive chronique, le cancer de la                             de la forte population exposée à des niveaux de pollution
trachée, des bronches et du poumon, et le diabète sucré de                            élevés. Dans toutes les villes, les infections des voies respi-
type 2; et aux infections des voies respiratoires inférieures                         ratoires inférieures sont la principale cause de mortalité:
pour tous les âges (GBD 2017 Risk factor collaborators,                               elles sont responsables de près de la moitié des décès, dont
2018).                                                                                la moitié touchant des enfants de moins de cinq ans (figure
                                                                                      3.1.2).
Nous estimons le nombre de décès imputables à la pollu-
tion atmosphérique (PM2,5) à l’aide de données sur: (i) la                            Étape 4. Évaluer les impacts de l’exposition aux
mortalité par maladie et par groupe d’âge, sur la base de                             PM2,5 sur la santé. Nous estimons en termes moné-
l’étude 2017 sur la charge de morbidité dans le monde                                 taires l’impact de PM2,5 sur la santé comme suit:
(IHME, 2018); (ii) la proportion de décès dus aux PM2,5                                    » Le coût de la mortalité est évalué sur la base de
calculée sur la base des fonctions intégrées de réponse à                                     la valeur de la vie statistique (VVS), qui reflète le
l’exposition, développées par GBD 2017 Risk factor col-                                       CAP de la communauté pour réduire le risque de
laborators (2018), qui sont disponibles par maladie, âge et                                   décès. Le coût de la mortalité pour chaque pays est
concentration24 en PM2,5.                                                                     présenté dans le tableau 3.1.1.
                                                                                           » Le coût de la morbidité inclut les coûts en ressources
24 Pour plus de détails, voir GBD 2017 Risk Factor Collaborators, 2018. Sup-                  (c.à.d. les coûts financiers pour éviter ou traiter les
plément à: GBD 2017 Risk Factor Collaborators. Évaluation comparative des                     maladies associées à la pollution), les coûts d’oppor-
risques aux niveaux mondial, régional et national de 84 risques ou groupes de                 tunité (à savoir les coûts indirects liés à la perte de
risques comportementaux, environnementaux, professionnels ou métaboliques
                                                                                              temps de travail et de loisirs) et les coûts de désutilité
pour 195 pays et territoires, 1990–2017: analyse systématique pour la Global
Burden of Disease 2017. Lancet 2018; 392: 1923–1945. doi: http://dx.doi.                      (le coût de la douleur, de la souffrance ou de l’in-
org/10.1016/S0140-6736(18)32225-6                                                             confort). La littérature évaluant le lien de causalité

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                            15
TABLEAU 3.1.1: COÛTS DE SANTÉ LIÉS À LA POLLUTION DE L’AIR AMBIANT (PM2,5), 2017
                                                    Bénin                    Côte d’Ivoire                   Sénégal                        Togo
                                                  (Cotonou)                   (Abidjan)                      (Dakar)                       (Lomé)
 Mortalité* (millions de USD)                           8,9                        150,5                        15,3                          20,9
 Morbidité (millions de USD)                            0,9                         15,0                         1,5                           2,1
 Total (millions de USD)                                9,8                        165,5                        16,8                          23,0
 Total (% du PIB)                                      0,1%                        0,4%                         0,1%                          0,5%

Notes: * Sur la base des données de la VVS de 46 100 USD pour le Bénin; 97 300 USD pour la Côte d’Ivoire; 78 100 USD pour le Sénégal et 31 500 USD pour le Togo
(estimations très prudentes obtenues à partir du transfert des avantages tirés des études de l’OCDE, sur la base de la Banque mondiale, 2016).


        entre l’exposition aux PM2,5 et la morbidité est                           l’intensité de chaque source de pollution varie en fonction
        beaucoup plus limitée que celle liée à la mortalité                        de la saison: la pollution liée aux incendies domestiques,
        (Hunt et al., 2016).                                                       au trafic et à la combustion des déchets survient proba-
                                                                                   blement toute l’année, alors que le transport d’émissions de
Jusqu’à présent, aucune méthode communément accep-                                 biomasse et de poussières sahariennes devrait avoir un
tée n’a été développée pour évaluer le coût global de                              impact principalement pendant la saison sèche (Djoussou
la morbidité due à la pollution de l’air (OCDE, 2014).                             et al., 2018; Doumbia et al., 2012; Liousse et al., 2010).
Toutefois, les résultats d’études conduites dans plusieurs
pays de l’OCDE indiquent que les coûts de la morbidité                             Globalement, la pollution de l’air ambiant sur les zones
représentent un faible pourcentage des coûts de la morta-                          côtières ouest-africaines est un problème qui risque de
lité (Hunt et al., 2016; OCDE, 2014; Banque mondiale,                              s’aggraver à l’avenir. Bien que les estimations actuelles
2016). Sur cette base, l’OCDE a estimé le coût de la                               ne se rapportent qu’à quatre villes — les seules pour les-
morbidité à environ 10 pour cent du coût de la mortalité                           quelles des mesures ou des estimations ont pu être effec-
(Hunt et al., 2016). En utilisant cette hypothèse, le coût de                      tuées — d’autres zones urbaines subissent également les
la morbidité est estimé et présenté dans le tableau 3.3.1.                         effets néfastes de la pollution atmosphérique. Conscient
                                                                                   de ce défi grandissant, l’Agence nationale du Togo pour la
                                                                                   gestion de l’environnement, en partenariat avec le PNUE,
3.1.2. CONCLUSIONS
                                                                                   a lancé un programme de surveillance de la qualité de
Dans l’ensemble, le coût de la santé résultant de l’exposi-                        l’air, qui devrait mettre en place un réseau de stations de
tion aux PM2,5 dans les quatre villes est estimé à environ                         surveillance des PM2,5 et autres polluants à Lomé (ANGE,
215 millions de USD, soit 0,3 pour cent du PIB des                                 2018).
quatre pays. La plus grande part de ce coût revient à
Abidjan, en raison de la plus grande population exposée,                           3.2. L’EAU
des niveaux de pollution élevés et d’une VVS nettement
supérieure à celle des autres pays. Dans toutes les villes,                        La dégradation des ressources en eau sur les zones côtières
ce coût est dû à la fois à des facteurs anthropiques (e.g.                         est souvent due aux activités humaines, par exemple: la
trafic, incinération des déchets) et à des facteurs naturels                       mauvaise qualité des services d’approvisionnement en
(e.g. poussières sahariennes).                                                     eau et d’assainissement, les activités minières, le tourisme,
                                                                                   l’agriculture25 — aux facteurs naturels — par l’élévation
La distinction entre les PM2,5 d’origine anthropique et                            du niveau de la mer menant à une intrusion d’eau salée
d’origine naturelle est importante pour orienter les poli-                         dans les eaux souterraines. Cette dégradation affecte à la
tiques d’amélioration de la qualité de l’air et de la santé.                       fois la qualité et la quantité de l’eau, ainsi que la santé des
Cependant, faute d’études sur le classement des sources,                           personnes et les services fournis par les écosystèmes. En
il est impossible de distinguer la contribution de chaque
source de pollution à l’impact global. Cette tâche est parti-                      25 Excès de pompage et d’irrigation ainsi que de ruissellement de pesticides,
culièrement difficile pour les zones urbaines africaines, où                       d’engrais et de fongicides.

16                                         Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 3.2.1: FACTEURS DE RISQUE DES POPULATIONS CÔTIÈRES ET DES MALADIES
               D’ORIGINE HYDRIQUE
                   Catégorie                                    Unité                   Bénin           Côte d’Ivoire                Sénégal                    Togo
 Population côtière                           # million                                  1,88                   8,17                     7,84                    1,97
 Population urbaine côtière                   # million                                  1,79                   4,57                     4,89                    1,71
 Population rurale côtière                    # million                                  0,09                   3,60                     2,95                    0,26
 Facteurs de risque WASH
 Limite inférieure de mortalité (urbaine)    #/100 000                                   45,7                   38,7                     39,5                    34,2
 Limite supérieure de mortalité (rurale)     #/100 000                                   86,0                   71,3                     74,5                    67,9
 Limite inférieure de morbidité (urbaine) AVI/100 000                                     95                   106,2                    106,7                   105,8
 Limite supérieure de morbidité (rurale)   AVI/100 000                                  139,9                  156,1                    159,4                   155,8
 Évaluation physique
 Mortalité dans les zones côtières               #                                       899                   4338                      4127                    762
 Morbidité dans les zones côtières           AVI perdu                                  1833                  10 476                     9915                   2216
 Évaluation économique
 VVS estimée                                    USD                                     46 100                97 300                   78 100                  31 500
 Revenu annuel, 2017                            USD                                      1600                  2700                     1200                    1200
 Coût estimé de la mortalité              Millions de USD                                 41                    422                      322                     24
 Coût estimé de la morbidité              Millions de USD                                  3                     28                       12                      3
 Total                                    Millions de USD                                 44                    450                      334                     27

Sources: CIESIN Gridded Population of the World (GPWv4) (2015) et ESA Global Land Cover (2015) pour la population côtière; https://vizhub.healthdata.org/gbd-
compare/pour les facteurs de risque WASH.
Notes: Pour donner un meilleur contexte aux estimations ci-dessus, la mortalité au niveau des pays due à des maladies d’origine hydrique a été estimée à 7278 au Bénin,
13 237 en Côte d’Ivoire, 7830 au Sénégal et 3638 au Togo.

raison du nombre limité de données, ce chapitre ne quan-                                   Avec le temps, on s’attend à ce que les changements cli-
tifie que les effets de la dégradation de l’eau sur la santé                               matiques augmenteront le risque de maladies d’origine
humaine et ceux des eaux usées domestiques non traitées                                    hydrique: par exemple, les inondations côtières peuvent
sur l’environnement.                                                                       propager des contaminants fécaux et augmenter le risque
                                                                                           d’épidémie de choléra, tandis que les pénuries d’eau dues
                                                                                           à la sécheresse pourraient accroître les risques de maladies
3.2.1. MALADIES D’ORIGINE HYDRIQUE
                                                                                           diarrhéiques.
Au niveau global, la charge des maladies d’origine
                                                                                           Cette analyse s’appuie sur les données de GBD 2017, qui
hydrique diminue, 26 mais reste d’une importance capitale
                                                                                           fournissent le nombre de décès et d’années de vie vécues
en Afrique subsaharienne,27 en particulier dans les taudis,
                                                                                           avec de l’incapacité (AVI) associées à l’accès à WASH ina-
les zones périurbaines et les zones rurales. Elle provient de
                                                                                           déquat au niveau des pays. Le tableau 3.2.1 indique la
l’accès à l’eau insalubre, aux services d’assainissement non
                                                                                           population côtière dans les zones urbaines et rurales et les
sécuritaires et à une hygiène inadéquate (water, sanitation
                                                                                           facteurs de risque disponibles pour les maladies d’origine
and hygiene, WASH).28
                                                                                           hydrique. Il est important de noter que dans les quatre
                                                                                           pays, l’accès aux services WASH améliorés est nettement
26 Selon IHME, le nombre de décès dus à des problèmes d’approvisionnement
en eau, d’assainissement et d’hygiène est passé de 2,8 millions en 1990 à 1,6
million en 2017 au niveau mondial (https://vizhub.healthdata.org/gbd-com-                  lisations domestiques. Les services d’assainissement désignent la gestion des
pare/).                                                                                    excréta provenant des installations utilisées par les individus, par la vidange et le
27 http://apps.who.int:gho:data:view.main.INADEQUATEWSHv?lang=en                           transport des excréta aux fins de traitement, puis leur évacuation ou leur réuti-
28 Définition UNICEF-OMS: les services d’eau potable désignent l’accessibi-                lisation; et hygiène fait référence aux conditions et pratiques qui contribuent au
lité, la disponibilité et la qualité de la principale source utilisée par les ménages      maintien de la santé et à la prévention de la propagation des maladies, notam-
à des fins de consommation, de cuisson, d’hygiène personnelle et autres uti-               ment le lavage des mains, et l’hygiène alimentaire.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                                                    17
plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones                               3.2.3. EAUX USÉES NON TRAITÉES
rurales.29
                                                                                    Les eaux usées domestiques, agricoles et industrielles non
Ainsi, l’estimation de la mortalité et de la morbidité utilise                      traitées polluent l’environnement et affectent la capa-
la limite inférieure des facteurs de risque pour les zones                          cité de charge du milieu marin, notamment des lacs, des
urbaines, et la limite supérieure pour les zones rurales.                           lagunes et de la mer. En raison de la disponibilité limitée
                                                                                    des données, cette section estime uniquement l’impact des
Comme au chapitre 3.1, l’évaluation économique de la                                eaux usées domestiques non traitées sur l’environnement
mortalité (décès dus à des maladies d’origine hydrique)                             dans les zones côtières urbaines et rurales.
repose sur la VVS. L’estimation de la morbidité (AVI
perdue) est basée sur l’approche du manque à gagner —                               Le tableau 3.2.2 présente les calculs. Pour les zones
le salaire moyen par habitant en 2017 — au lieu du coût                             urbaines et rurales, la quantité d’eaux usées domestiques
de la maladie. Cette approche est conservatrice, car elle                           non traitées est estimée comme différence entre: la quan-
n’inclut pas la valeur des coûts médicaux et de transport,                          tité totale d’eaux usées, calculée à partir de la consom-
de la douleur et de la souffrance associées aux retombées                           mation moyenne d’eau par habitant et de la population
des maladies d’origine hydrique. En conséquence, le coût                            côtière; et la quantité d’eaux usées traitées, estimée sur la
des maladies d’origine hydrique est estimé entre 27 mil-                            base de la proportion de la population utilisant des ser-
lions de USD au Togo et 450 millions de USD en                                      vices d’assainissement gérés de manière adéquate.30
Côte d’Ivoire.


TABLEAU 3.2.2: COÛT DES EAUX USÉES DOMESTIQUES NON TRAITÉES
                    Catégorie                                     Unité               Bénin          Côte d’Ivoire             Sénégal                 Togo
 Quantité d’eau consommée                  Litres/habitant/jour                          38                   37                    59                   40
 Urbaine
 Quantité d’eaux usées générées               Millions m3/an                             24                   62                   105                   25
 Quantité d’eaux usées traitées               Millions m3/an                             0,1                   0                    25                    0
 Quantité d’eaux usées non traitées          Millions m3/an                              24                   62                   80                    25
   des zones urbaines (1)
 Rurale
 Quantité d’eaux usées générées               Millions m3/an                              1                   49                    63                    4
 Quantité d’eaux usées traitées               Millions m3/an                              0                    0                    14                    0
 Quantité d’eaux usées non traitées          Millions m3/an                               1                   49                    49                    4
   provenant des zones rurales (2)
 Total
 Estimation des eaux usées non traitées de    Millions m3/an                             26                  111                   129                   29
   la zone côtière (1 + 2)
 Coût moyen du traitement des eaux usées         USD/m3                                  0,3                  0,3                  0,3                   0,3
 Coût des eaux usées domestiques            Millions de USD                               8                   35                   41                     9
   non traitées

Source: https://data.worldbank.org and Dodane (2012). Les totaux peuvent ne pas correspondre exactement en raison de l’arrondissement.



29 Par exemple, les données concernant le Bénin montrent des différences            30 “On entend par «assainissement géré de manière adéquate» l’utilisation
d’amélioration de l’accès à l’eau (81 pour cent en milieu urbain contre 71 pour     d’une installation d’assainissement améliorée qui ne soit pas partagée avec
cent en milieu rural), d’assainissement (59 pour cent en milieu urbain contre 15    d’autres ménages et dans laquelle: i) les excrétas sont évacués sur place en toute
pour cent en milieu rural) et d’hygiène (30 pour cent en milieu urbain contre       sécurité ou ii) sont transportés et traités hors site (https://www.who.int/water_
21 pour cent pour les zones rurales) (https://washdata.org/data/household#!/        sanitation_health/monitoring/coverage/explanatorynote-sdg-            621-safema-
ben)                                                                                nagedsanitationsServices161027.pdf ? ua = 1).

18                                            Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 3.2.3: COÛT DE LA DÉGRADATION DES EAUX CÔTIÈRES, 2017
                                                                  Bénin           Côte d’Ivoire             Sénégal          Togo
 Maladies d’origine hydrique (millions de USD)                      44                   450                  334             27
 Eaux usées non traitées (millions de USD)                           8                    35                   41              9
 Total (millions de USD)                                            53                   485                  375             36
 Total (% du PIB)                                                  0,6%                 1,2%                 2,3%            0,7%




La valeur économique des eaux usées peut être estimée                       disponibles. De multiples aspects tels que: les rejets d’eaux
à travers les avantages tirés d’une amélioration du trai-                   de ballast, les déversements de pétrole, les eaux usées
tement des eaux usées (mesures du CAP), de dommages                         industrielles non traitées, les infiltrations agricoles et les
réels à la productivité (dus par exemple, à une irrigation                  impacts du lixiviat issu des déchets n’ont pas été quan-
avec des eaux usées de qualité insuffisante) ou du coût du                  tifiés. En conséquence, les résultats obtenus ci-dessus
traitement des eaux usées (UNEP, 2015). Des exemples                        sous-estiment le coût réel de la dégradation de l’eau dans
d’études estimant le CAP de la communauté pour le trai-                     la zone côtière.
tement des eaux usées fournissent un CAP annuel de 53
USD par ménage à Hanoi, Vietnam (Trang et al., 2018);
10 USD par ménage à Nairobi, Kenya (Ndunda et Mun-                          3.3. LES DÉCHETS
gatana, 2013) et 1,3 USD par ménage dans la municipa-
lité de Chandernagore, située sur les rives du Gange, en                    La gestion des déchets est un défi complexe, car elle
Inde (Birol et Das, 2010). Le large éventail d’estimations                  concerne un large éventail de déchets qui nécessitent des
illustre la difficulté de les transférer à notre analyse. En                méthodes de traitement distinctes: déchets municipaux,
conséquence, nous préférons utiliser une estimation basée                   médicaux, industriels, de transport, agricoles, de construc-
sur le coût local du traitement des eaux usées. Cela a été                  tion, de démolition, etc. Une gestion inappropriée de ces
évalué à environ 0,32 USD/m3, d’après Dodane et al.                         déchets peut avoir des conséquences graves. Dans les
(2012), ajusté à 2017. L’estimation est similaire au coût                   zones côtières et marines, cela peut causer des problèmes
unitaire de traitement des eaux usées domestiques au                        tels que la détérioration de la qualité de l’eau de mer, la
Maroc (Khattabi et Croitoru, 2015).                                         réduction des opportunités touristiques, la contamination
                                                                            des poissons, la pollution des nappes phréatiques et par-
En conséquence, le coût des eaux usées domestiques non
                                                                            fois même la mort humaine. De plus, au niveau mondial,
traitées varie entre 8 millions de USD au Bénin et 41
                                                                            le problème de la gestion inappropriée des déchets est
millions de USD au Sénégal.
                                                                            devenu encore plus grave récemment, en raison des pré-
                                                                            occupations croissantes liées à d’autres types de déchets,
3.2.4. CONCLUSIONS                                                          tels que les plastiques et les déchets électroniques. Ces flux
                                                                            de déchets posent également des problèmes croissants en
Le coût total dû à la dégradation de l’eau est estimé entre                 Afrique de l’Ouest, où les pays n’ont généralement ni les
36 millions de USD au Togo et 485 millions de USD en                        ressources ni les infrastructures pour les gérer (encadré
Côte d’Ivoire (tableau 3.2.3). Lorsqu’ils sont agrégés d’un                 3.3.1).
pays à l’autre, le coût de la dégradation de l’eau le long
des zones côtières s’élève à 949 millions de USD, ce                        Cette section estime le coût de la dégradation associée à
qui représente 1,3 pour cent du PIB des quatre pays                         une collecte de déchets municipaux insuffisante ou ina-
en 2017.                                                                    déquate et à une élimination inappropriée sur la côte.
                                                                            En raison du nombre limité de données, elle ne s’at-
Comme indiqué précédemment, cette analyse se limite                         taque pas: aux impacts des déchets marins et côtiers sur
à quelques catégories pour lesquelles les données étaient                   l’industrie du tourisme; le lixiviat non traité susceptible

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                              19
  ENCADRÉ 3.3.1: LES DÉCHETS ÉLECTRONIQUES (E-DÉCHETS) ET LES PLASTIQUES SONT
                 DES PRÉOCCUPATIONS CROISSANTES EN AFRIQUE DE L’OUEST
  E-déchets. La croissance rapide des technologies, de                                blement une grande quantité de déchets d’origine terrestre,
  l’information et de la communication a apporté de nombreux                          y compris la pollution plastique, lorsqu’ils se dirigent vers
  avantages socio-économiques, mais elle a également causé des                        l’océan. Le Sénégal, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Nigéria
  problèmes environnementaux liés aux déchets électroniques,                          ont les taux les plus élevés de déchets plastiques mal gérés en
  ou e-déchets. Ces derniers contiennent diverses substances                          Afrique, supérieurs à 0,8 kg par personne et par jour. Dans de
  toxiques pour la santé humaine et pour l’environnement,                             nombreux pays de la région, plus de 80 pour cent des déchets
  telles que les retardateurs de flamme au brome, les métaux                          plastiques sont éliminés de manière inadéquate. Cela a de
  lourds (plomb, nickel, chrome, mercure) et les polluants orga-                      multiples impacts: lorsque les sacs en plastique remplis d’eau
  niques persistants (tels que les biphényles polychlorés, BPC).                      de pluie se jettent, ils peuvent attirer les moustiques porteurs
  Le Ghana, le Kenya et le Nigéria ont les taux les plus élevés de                    du paludisme; quand ils sont jetés, ils peuvent étouffer et
  déchets électroniques en Afrique subsaharienne. Au Sénégal,                         tuer la vie marine et le bétail;2 les déchets plastiques peuvent
  une gestion inappropriée des e-déchets a causé de graves pro-                       bloquer les bouches d’égout et par consequent, pourraient
  blèmes de santé dans les sites de recyclage autour de Dakar,                        provoquer des inondations. Une inondation dévastatrice au
  par exemple 10 000 cas d’intoxication au plomb résultant de                         Ghana en 2015, provoquée par des égouts obstrués par des
  décharges de piles usagées à Thiaroye sur Mer; 745 cas de                           déchets plastiques, a fait 150 morts.3
  tuberculose et d’insuffisance respiratoire fatale à Mbeubeusse;
                                                                                      Les effets néfastes des plastiques se poursuivent alors qu’ils
  et de multiples cas d’intoxication à la dioxine et au plomb à
                                                                                      se photo-dégradent: des microplastiques ont été trouvés dans
  Colobane. La production de déchets électroniques dans les
                                                                                      l’eau du robinet et en bouteille, le lait, le poisson et d’autres
  pays d’Afrique de l’Ouest ne cesse d’augmenter,1 appelant à
                                                                                      aliments, ainsi que dans les selles humaines, posant donc des
  la mise en place d’un système de gestion spécialisé.
                                                                                      risques de toxicité pour la chaîne alimentaire mondiale et
  Plastique. Avec l’urbanisation croissante et la croissance                          pour la santé humaine.
  économique, l’Afrique développe de grands marchés de
                                                                                      Sources: Banque mondiale (2015c); Banque mondiale (2014a and b); Jambeck
  consommation pour les produits et les emballages en plas-                           et al. (2018); Andrady (2011); Kosuth et al. (2018); Schwabl et al. (2018).
  tique. Une gestion inadéquate des déchets autour des bassins
  hydrographiques, tels que les fleuves Niger, Congo et Séné-
  gal, signifie également que ces fleuves transporteront proba-                       2 On estime que 70 pour cent des décès de bovins et d’ovins à Nouakchott,
                                                                                      en Mauritanie, résultent de l’ingestion de sacs en plastique. https://earthpo-
                                                                                      licyinstitue.wordpress.com/page/2
  1 En Côte d’Ivoire, la production de déchets électroniques a presque doublé,        3      https://www.plasticpollutioncoalition.org/pft/2017/4/11/how-coun-
  passant de 7400 tonnes en 2010 à environ 14 000 tonnes en 2019.                     tries-in-africa-are-winning-the-fight-against-plastic-pollution




de contaminer les plans d’eau; les occasions manquées                                 3.3.1. DÉCHETS MUNICIPAUX NON
de collecter et de réutiliser les matières recyclables, de                            COLLECTÉS
capturer le méthane et de générer de l’énergie à partir
des sites d’enfouissement,31 ainsi que des effets des déchets                         La collecte insuffisante de déchets municipaux sur les
autres que les déchets municipaux.32                                                  zones côtières de l’Afrique de l’Ouest est un défi majeur,
                                                                                      qui génère des mauvaises odeurs, une pollution de l’envi-
                                                                                      ronnement (par exemple l’eau) et des problèmes potentiels
31 Lorsque les déchets municipaux ne sont pas collectés correctement, il est          de santé. Dans les quatre pays, le manque de collecte des
courant de les brûler dans la rue pour les éliminer, ce qui provoque une pollu-
                                                                                      déchets municipaux affecte 36 à 60 pour cent de la popu-
tion de l’air qui est capturée sous la section de l’air.
32 Les déchets médicaux, industriels, de transport (bateaux, trains et avions),
                                                                                      lation urbaine côtière et 55 à 85 pour cent de la popula-
agricoles, d’abattoir, de construction et de démolition, les pneus, les huiles, les   tion rurale (tableau 3.3.1). Cette section porte sur le coût
déchets dangereux, électroniques, les cendres et les boues doivent faire l’objet      de la collecte insuffisante de déchets municipaux dans les
d’un traitement spécifique; mais en raison d’une gestion, d’une réglementation
                                                                                      zones urbaines et rurales côtières des quatre pays.
et d’une mise en application médiocres, ils se retrouvent souvent dans les flux de
déchets municipaux formels et informels.

20                                              Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 3.3.1: COÛT DES DÉCHETS MUNICIPAUX NON COLLECTÉS SUR LA CÔTE
                   Catégorie                                  Unité                  Bénin         Côte d’Ivoire           Sénégal      Togo
 Urbaine
 Population côtière urbaine                                 Millions                   1,79                4,57                  4,89    1,71
 - dont, sans service                                           %                       50                  52                    60      36
 Revenu disponible dans les zones urbaines               USD/habitant                  578                 810                  1,387   1,043
 - dont, CAP pour une collecte améliorée                        %                      1,25                1,25                 1,25    1,25
 Coût des déchets urbains non collectés (1)              Millions de USD                6,4                24,0                  50,8     8,0
 Rurale
 Population côtière rurale                                  Millions                   0,09               3,60                  2,95    0,26
 - dont, sans service                                          %                        85                 65                    72      55
 Revenu disponible dans les zones rurales               USD/habitant                   272                553                   459     482
 - dont, CAP pour une collecte améliorée                       %                       1,25               1,25                  1,25    1,25
 Coût des déchets ruraux non collectés (2)              Millions de USD                 0,3               16,2                  12,1     0,9
 Coût total (1+2)                                      Millions de USD                 6,7                40,2                  62,9    8,9

Sources: IIS (2015); INSEED (2017); IMF (2017); IMF (2018); Banque mondiale (2018b); Banque mondiale (2018c) et Raich (2009).




L’évaluation du coût d’une collecte insuffisante de déchets                        3.3.2. ÉLIMINATION DES DÉCHETS
municipaux est fondée sur le CAP de la communauté                                  MUNICIPAUX
pour améliorer la collecte de déchets. La méthode d’éva-
luation contingente a souvent été utilisée pour estimer le                         L’élimination inappropriée des déchets municipaux peut
CAP de la population en vue d’une meilleure collecte des                           entraîner de nombreuses externalités négatives, telles que
déchets en Afrique, avec des résultats variables: 3,1 USD                          la pollution des eaux souterraines, la pollution atmosphé-
par habitant pour améliorer la gestion des déchets solides                         rique et la dépréciation de la valeur des terrains et des
à Mekele, Éthiopie (Hagos et al., 2012); 2,7 USD par habi-                         maisons entourant les décharges insalubres. Cette section
tant pour améliorer la collecte des déchets solides dans la                        évalue l’impact des décharges insalubres situées près des
ville de Kampala, en Ouganda (Banga et al., 2011); 0,9                             capitales des pays sur la valeur des terres. Il se concentre
USD par habitant pour améliorer la collecte des déchets                            uniquement sur les grands sites de stockage et ne traite
solides dans le gouvernement local d’Akinyele, au Nige-                            pas des effets des petites décharges sur les zones côtières
ria (Olojede et Adelayo, 2014). Malgré les exemples dis-                           rurales.
ponibles, il est difficile de transférer ces estimations aux
quatre pays en raison des différences de situation géogra-                         L’estimation est basée sur les prix hédoniques, en
phique, environnementale et socio-économique. Ainsi,                               comparant les prix moyens des terrains dans des zones
l’évaluation utilise la valeur de référence de la Banque                           urbaines ou périurbaines similaires à ceux situés autour
mondiale de 1,25 pour cent (1 à 1,5 pour cent) du revenu                           des décharges. Habituellement, une propriété a un
disponible annuel comme indicateur indirect du CAP de                              ensemble d’attributs: caractéristiques physiques (surface,
la population pour une collecte améliorée (Raich, 2009).                           matériaux de construction, etc.), emplacement (proximité
                                                                                   des commerces, écoles, hôpitaux, etc.) et autres caracté-
Sur la base de la proportion de la population non couverte                         ristiques environnementales (air pur, belle vue, etc.). Le
par le service et de 1,25 pour cent de leur revenu annuel                          prix de la propriété dépend du niveau de ses attributs.
disponible, le coût de la collecte des déchets municipaux                          Si la qualité de l’environnement entourant la propriété
dans les zones urbaines et rurales varierait d’environ                             diminue, on s’attend à ce que la valeur de la propriété
7 millions de USD au Bénin à 63 millions de USD                                    diminue également.
au Sénégal.


Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                       21
TABLEAU 3.3.2: COÛT DE L’ÉLIMINATION DES DÉCHETS MUNICIPAUX SUR LA CÔTE
                                                                                                        Perte de      Perte de
                                                                                                         valeur        valeur
                          Zone                                      Surface          Surface          foncière (A1) foncière (A2) Perte totale
                    d’enfouissement                                   (A1)             (A2)           (millions de (millions de (millions de
 Nom de la décharge       (m2)                                       (m2)             (m2)                USD)          USD)         USD)
 Bénin
 - Cotonou Ouesse                           800 000                   97 900          250 500                 2,9                    5,0               7,9
 - Porto-Novo Takon                         400 000                   70 100          169 700                 2,1                    3,4               5,4
         Sous-total Bénin                                                                                                                             13,3
 Côte d’Ivoire
 - Cocody Akouedo                         1 000 000                 109 200           276 700                 2,8                    4,8               7,6
 - Abidjan Kossihouen                        33 000                  22 100            73 700                 1,7                    3,8               5,5
 Sous-total Côte d’Ivoire                                                                                                                             13,2
 Sénégal
 - Dakar Sindia                           1 040 000                 111 300           281 600                 8,7               14,6                  23,3
 - Saint Louis                               25 000                  44 600           112 500                 0,7                1,5                   2,2
 - Thies                                     12 000                  14 500            55 800                 0,5                1,3                   1,7
       Sous-total Sénégal                                                                                                                             27,2
 Togo
 - Lomé Akepe                               800 000                   97 900          250 500                 7,0               12,0                  19,0
          Sous-total Togo                                                                                                                             19,0

Sources: Banna et Ansermet (2018); Brisoux et Elgorriaga (2018); Rodrigue et al. (2018); et Banque mondiale (2018b).

Nous estimons l’impact des décharges insalubres à tra-                                 3.3.3. CONCLUSIONS
vers la dépréciation de la valeur des terres dans les zones
situées à proximité des décharges.33 Une étude menée au                                Le coût total dû à la gestion sous-optimale des déchets est
Sénégal par Banna et Asermet (2018) a évalué le niveau                                 estimé entre 20 millions de USD au Bénin et 90 millions
de dépréciation de la valeur de ces zones, en fonction de                              de USD au Sénégal (tableau 3.3.3).
leur distance aux sites d’enfouissement: dépréciation de
15 pour cent du prix des terrains dans les zones situées                               FIGURE 3.3.1: DÉPRÉCIATION DE LA
dans un rayon de 30 mètres autour des sites d’élimina-                                 VALEUR DES TERRAINS ASSOCIÉE À
tion (considéré comme ayant une vue sur les sites); et une                             L’ÉLIMINATION DES DÉCHETS
dépréciation de 10 pour cent dans un second rayon de 30
à 100 mètres (figure 3.3.1).
                                                                                                                           A2
Le tableau 3.3.2 illustre la surface de chaque site d’enfouis-
sement sélectionné, la zone A1 (dans un rayon de 30 m)
                                                                                                                           A1
et la zone A2 (dans un rayon de 30 à 100 m) (colonnes 2 à
4). Il estime également les pertes de valeur foncière sur la                                                                         R1 = 30m à 15%
                                                                                                      Décharges
base des paramètres ci-dessus appliqués aux prix urbains
moyens de chaque emplacement (colonnes 5 à 7). En
                                                                                                                                           R2 = 70m à 10%
conséquence, le coût total de l’élimination inappropriée
des déchets est estimé entre 13 millions de USD en
Côte d’Ivoire et 27 millions de USD au Sénégal.

33 La distance linéaire est la mesure de proximité la plus utilisée (Chèze, 2008).     Source: Adapté de Banna et Ansermet (2018).


22                                             Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 3.3.3: COÛT DE LA GESTION SOUS-OPTIMALE DES DÉCHETS MUNICIPAUX SUR
               LA CÔTE, 2017
                     Type de coût                                 Bénin            Côte d’Ivoire                 Sénégal                    Togo
 Déchets non collectés (millions de USD)                             7                     40                       63                         9
 Élimination des déchets (millions de USD)                          13                     13                       27                        19
 Total (millions de USD)                                            20                     53                       90                        28
 Total (% du PIB)                                                  0,2%                   0,1%                     0,6%                      0,6%



Globalement, la collecte insuffisante et l’élimination inap-                Comme indiqué précédemment, ces chiffres ne couvrent
propriée des déchets municipaux génèrent un coût écono-                     qu’une partie des conséquences de la mauvaise gestion
mique estimé à environ 192 millions de USD, soit 0,3                        des déchets municipaux dans ces pays. Comme ils n’in-
pour cent du PIB des quatre pays. En termes absolus,                        cluent pas d’autres effets liés aux déchets municipaux
les coûts les plus importants reviennent au Sénégal, en rai-                (comme par exemple la pollution des nappes phréatiques
son notamment de la forte proportion de la population ne                    et les émissions de méthane provenant de décharges) ni
recevant pas la collecte des déchets municipaux (60 pour                    l’impact d’autres types de déchets (déchets électroniques,
cent en milieu urbain et 72 pour cent en zone rurale) et                    microplastiques, etc.), les résultats finaux sous-estiment
des impacts de la décharge insalubre près de Dakar. La                      considérablement le coût réel de la gestion des déchets
Côte d’Ivoire contribue également de manière significa-                     dans les quatre pays.34
tive à ce coût, principalement en raison de la forte popula-
tion exposée à une faible couverture du service de collecte.




                                                                            34 Une meilleure gestion des déchets pourrait contribuer à accroître le tourisme
                                                                            côtier. Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont signé la Charte africaine du
                                                                            tourisme durable et responsable lors de la COP22 à Marrakech en novembre 2016
                                                                            (BAD, https://www.afdb.org/en/news-and-events/la-charte-africaine-du-tou-
                                                                            risme-durable-et-responsable-voit-le-jour- a-la-cop22-a-marrakech-16562/).

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                                23
Photo: Banque mondiale/Vincent Tremeau.
CHAPITRE 4
LES INONDATIONS ET L’ÉROSION

4.1. LES INONDATIONS
À l’échelle mondiale, les chocs les plus fréquemment signalés sont les catastrophes natu-
relles, en particulier les inondations. Les impacts immédiats des inondations comprennent:
les pertes ou dommages matériels, les pertes en vie humaine, la destruction des cultures et
la détérioration des conditions de santé dues aux maladies d’origine hydrique. Alors que les
liaisons de communication et les infrastructures (telles que les centrales électriques, les routes
et les ponts) sont endommagées et perturbées, certaines activités économiques peuvent être
paralysées, des personnes sont contraintes de quitter leur domicile et la vie normale est per-
turbée.35 Les basses terres côtières sont sujettes aux inondations naturelles. Les zones côtières
inondables sont dynamiques, l’érosion et l’accumulation quotidiennes affectent les contours
de la côte, qui sont exacerbés par les activités humaines liées à l’utilisation et à la couverture
des sols.

Les pays d’Afrique de l’Ouest sont gravement touchés par les inondations. La fréquence des
inondations a augmenté au cours des 50 dernières années et devrait augmenter à l’avenir
(Niang et al., 2014). Cette section estime en termes monétaires l’impact des inondations
au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo. Elle se concentre sur les inondations
fluviales et pluviales dans les zones côtières. Les inondations fluviales se produisent
lorsque les rivières débordent à la suite de précipitations soutenues ou intenses. Les inonda-
tions pluviales surviennent lorsque de fortes précipitations saturent les systèmes de drainage,
en particulier dans les zones plates et urbaines. Les inondations côtières causées par l’eau de
mer ne sont pas incluses dans l’analyse en raison du nombre limité de données.36

4.1.1. COÛT DES INONDATIONS CÔTIÈRES
Lorsqu’elles sont traduites en termes socio-économiques et environnementaux, les inonda-
tions côtières affectent les moyens de subsistance (activités économiques non-entreprises),

35 Gouvernement du Queensland (2011), Comprendre les inondations: questions et réponses, juillet 2011. Lien: https://www.
chiefscientist.qld.gov.au/publications/understanding-floods/flood-consequences/ (consulté le 1er mars 2019).
36 Les exercices de modélisation disponibles sont principalement pertinents pour la planification à long terme.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                   25
CARTE 4.1.1: INONDATIONS FLUVIALES PENDANT UNE PÉRIODE DE RETOUR DE 1/10 ANS
             PAR PAYS




                                Sénégal                                                                    Côte d’Ivoire




                                                                  Togo et Bénin
Source: SSBN Modèle global de risque d’inondation.


les actifs publics et privés (infrastructures, entreprises et                   Étape 1. Mesurer les zones inondables. La surface
terrains), le bien-être des personnes (blessures, noyade,                       de la zone inondée dans les districts côtiers a été calculée
stress psychophysique, migration, adaptation, dislocation                       sur la base des résultats du modèle de risque d’inonda-
sociale, etc. ) et les services écosystémiques.                                 tion global du SNRS appliqué à l’Afrique de l’Ouest. Ces
                                                                                résultats montrent la profondeur maximale attendue pour
Dans cette étude, nous abordons l’impact des inondations                        les crues fluviales et pluviales et la surface correspondante
fluviales et pluviales selon trois catégories principales:                      pour six périodes de retour différentes (entre un sur cinq
le manque à gagner dû aux activités économiques non                             et un sur cent ans).37
entreprises, les dommages aux biens et la mortalité. L’es-
timation est réalisée en trois étapes, présentées ci-dessous.                   37 Les inondations peuvent être mesurées en termes de vitesse (événement
                                                                                extraordinaire prenant la population au dépourvu ou événement naturel déter-
                                                                                minant la rapidité des phénomènes d’inondation), durée (nombre de jours)
                                                                                et profondeur (élévation du niveau de l’eau déterminant pour la zone côtière

26                                          Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 4.1.1: FONCTION DE DOMMAGE                                                     Étape 2. Traduire les inondations en pertes
               PAR PROFONDEUR D’EAU                                                    d’actifs. Les inondations ne sont pas toutes des inonda-
      Profondeur d’eau                   Fonction de dommage                           tions graves. La profondeur des eaux de crue et la zone
          (mètres)                                (%)                                  correspondante sont traduites en pertes, en utilisant des
                    0                                     0                            fonctions de dommage. Pour estimer les dommages dus
                   0,5                                  0,22                           aux inondations dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, nous
                    1                                   0,38                           nous basons sur le travail de Huizinga et al. (2017), qui a
                   1,5                                  0,53                           passé en revue la littérature sur les fonctions de dommage
                    2                                   0,64                           dû aux inondations dans le monde entier. Le tableau 4.1.1
                    3                                   0,82                           montre ces fonctions, selon la profondeur de l’eau.
                    4                                    0,9
                    5                                   0,96                           Étape 3. Quantifier les impacts des inondations.
                    6                                     1                            Les impacts des inondations sont estimés en termes de
                                                                                       dommages causés aux actifs et à la production écono-
Source: Huizinga et al. (2017).
                                                                                       mique, et de coût de la mortalité.

Les intrants du modèle incluent les inondations passées,                               Les dommages causés aux actifs et à la production économique sont
les précipitations, ainsi que les caractéristiques géogra-                             estimés en fonction de la zone inondée (calculée de l’étape
phiques permettant de modéliser les futures inondations.38                             1), de la fonction de dommage (dérivée de l’étape 2) et de
La carte 3.1.1 illustre les inondations fluviales estimées                             la valeur unitaire des terres. Cette dernière a été dérivée
pour une période de retour de 1/10 ans par pays et la                                  par IMDC (2018a, b et c) pour une cellule de grille d’un
zone inondée correspondante.                                                           hectare au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Togo. Elle a été
                                                                                       obtenue en combinant la valeur des flux économiques (à
Chaque période de retour renseigne sur la probabilité                                  savoir le PIB par hectare, basé sur la valeur ajoutée par
d’inondation. Par exemple, une période de retour de                                    employé par hectare) avec celle des stocks (à savoir la
20 ans indique une probabilité d’occurrence de 5 pour                                  valeur des actifs par hectare) pendant un an. Nous avons
cent par an, tandis qu’une période de retour de 100 ans                                appliqué une approche similaire pour le Sénégal. Le
suggère une probabilité d’occurrence de 1 pour cent par                                tableau 4.1.2 montre la répartition des flux et des stocks
an. En combinant la probabilité d’occurrence d’inonda-                                 économiques pour les terres urbaines et rurales. Dans les
tion avec les zones touchées associées, nous estimons le                               zones rurales, les valeurs des stocks sont plus importantes
nombre total de zones inondées pour chaque période de                                  que les valeurs des flux (82 pour cent contre 18 pour cent);
retour, pour une année typique. Ces zones sont ensuite                                 tandis que dans les zones urbaines, les valeurs de flux sont
classées en zones rurales et urbaines. Environ 99 pour                                 légèrement supérieures à celles de stock (58 pour cent
cent des inondations se produisent dans les zones rurales.                             contre 42 pour cent).


TABLEAU 4.1.2: RÉPARTITION DES FLUX ET DES STOCKS PAR UTILISATION DU SOL ET
               PAR AN (POURCENTAGE)
   Rurale/Urbaine                     Flux/Stock               Côte d’Ivoire             Bénin                 Togo                Sénégal   Moyenne
 Rurale                                    Flux                        15                   19                   26                  12        18
                                           Stock                       85                   81                   74                  88        82
 Urbaine                                   Flux                        59                   53                   63                  57        58
                                           Stock                       41                   47                   37                  43        42

Sources: IMDC (2018a,b,c) et estimations de la Banque mondiale.

touchée, compte tenu de la morphologie de la région). Cet exercice est basé sur la dernière approche.
38 Les informations sur les inondations passées en Afrique de l’Ouest sont limitées et biaisées en faveur d’événements extrêmes.

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                            27
TABLEAU 4.1.3: COÛT UNITAIRE PAR UTILI-                                                   10 millions de USD au Togo et 1,2 milliard de USD en
               SATION DU SOL (USD/HA)                                                     Côte d’Ivoire. Cela correspond à une fourchette com-
                                  Urbaine                     Rurale                      prise entre 0,2 pour cent et 2,9 pour cent du PIB des pays
 Bénin                             190 100                      11 700                    (tableau 4.1.4).
 Côte d’Ivoire                     347 800                      23 900
 Sénégal                           260 700                      12 800
                                                                                          Au total, les dommages causés par les inondations repré-
 Togo                               96 000                      11 500
                                                                                          sentent 1,45 milliard de USD, soit 2,1 pour cent du
                                                                                          PIB des quatre pays.
Sources: IMDC (2018a,b,c) et estimations de la Banque mondiale.


Sur la base de la distribution ci-dessus, le tableau 4.1.3                                4.2. L’ÉROSION
fournit une estimation de la valeur unitaire des terres
pour chaque pays. Ces valeurs sont utilisées pour estimer                                 L’érosion côtière est un problème environnemental majeur
les dommages causés aux actifs et à la production écono-                                  dans toute l’Afrique de l’Ouest. À l’échelle mondiale, 24
mique par les inondations fluviales et pluviales. Les résul-                              pour cent des zones côtières s’érodent à des taux supérieurs
tats sont présentés dans le tableau 4.1.4.                                                à 0,5 m par an (Luijendijk et al., 2018). En conséquence,
                                                                                          les arbres et les infrastructures disparaissent progressive-
Coût de la mortalité. Selon IMDC (2018a, b, c), on s’attend                               ment; les villes et les villages situés à proximité du littoral,
à 0,16 décès pour 1000 personnes exposées, sur la base                                    où se déroule l’essentiel de l’activité économique, sont éga-
du nombre moyen de décès lors des inondations de 2009                                     lement menacés. Les zones côtières ouest-africaines sont
et 2010 au Togo (0,25) et au Bénin (0,07). Nous utilisons                                 davantage exposées à l’érosion en raison de la croissance
cette fonction de dommage pour estimer le nombre de                                       démographique accrue et de la migration vers les zones
victimes des inondations côtières dans les quatre pays. En                                côtières, de la concentration de l’activité économique39 et
conséquence, le nombre total de décès est estimé à 640                                    de l’élévation du niveau de la mer.
par an en moyenne. De même qu’au chapitre 3.1, le coût
de la mortalité est estimé sur la base de la VVS, qui reflète                             Cette section estime en termes monétaires l’impact de
le CAP de la société de réduire le risque de décès. Les                                   l’érosion sur les zones côtières des quatre pays.
résultats sont présentés dans le tableau 4.1.4.
                                                                                          4.2.1. COÛT DE L’ÉROSION
4.1.2. CONCLUSIONS
                                                                                          L’évaluation du coût de l’érosion suppose que les terres,
En additionnant les dommages causés aux actifs, à la                                      les actifs et les flux économiques sont perdus à long
production économique et à la mortalité, le coût total                                    terme. L’estimation est réalisée en trois étapes, présentées
des inondations dans les districts côtiers est estimé entre                               ci-dessous.


TABLEAU 4.1.4: COÛT ÉCONOMIQUE DES INONDATIONS SUR LA CÔTE, 2017
                                                                                              Bénin          Côte d’Ivoire             Sénégal                Togo
 Dommages* dus aux inondations pluviales (millions de USD)                                       9                    760                   77                   4
 Dommages* dus aux inondations fluviales (millions de USD)                                      18                    398                  134                   5
 Mortalité due aux inondations pluviales et fluviales (millions de USD)                          3                     25                   20                   2
 Total (millions de USD)                                                                        29                   1183                  230                  10
 Total (% du PIB)                                                                              0,3%                  2,9%                 1,4%                 0,2%

Source: Estimations de la Banque mondiale. Note: * Ils font référence aux dommages causés aux actifs et à la production économique. Les totaux peuvent ne pas corres-
pondre exactement en raison de l’arrondissement.

39 Les zones côtières abritent la plupart des capitales et des principales industries, notamment l’agroalimentaire, la pêche, l’exploration et la production de pétrole ainsi
que le tourisme.

28                                             Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
CARTE 4.2.1: TAUX D’ÉROSION MOYEN À LONG TERME (1984–2016) PAR PAYS




                                 Sénégal                                                                Côte d’Ivoire




                                                                       Togo et Bénin

Source: SSBN Modèle global de risque d’inondation.


Étape 1. Estimer le taux d’érosion. La surface éro-                               Chaque pays est sujet à l’érosion des terres. Cependant,
dée est estimée en tant que valeur moyenne annuelle des                           le littoral est affecté différemment. La carte 4.2.1 montre
terres perdues du fait de l’érosion, sur la base d’une étude                      pour chaque pays le niveau d’érosion et son hétérogénéité
qui a quantifié l’évolution du littoral de 1984 à 2016, en                        d’un endroit à l’autre. Certaines zones n’ont aucune éro-
comparant des images Landsat historiques sans nuage                               sion, d’autres ont perdu des terres (érosion) et d’autres ont
avec une résolution de 30 m (Luijendijk et al., 2018).40                          gagné des terres (accrétion). Le tableau 4.2.1 estime les
Pour chaque transect de 500 m, les auteurs ont calculé                            taux d’érosion à long terme uniquement pour les zones
les taux de changement de rivage (m/an) en appliquant                             exposées à la perte de terres (transects espacés de 500 m).
une régression linéaire à toutes les positions de rivage à                        La colonne 2 fournit les taux d’érosion moyens, exprimés
cet endroit.                                                                      en mètres/an.

40 Luijendijk et al. (2018) est la seule étude qui mesure l’érosion à l’échelle
                                                                                  Comme indiqué dans le tableau, les taux d’érosion moyens,
mondiale, permettant des comparaisons entre pays.                                 par transect, sont bien plus élevés au Bénin (près de 4

Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                   29
TABLEAU 4.2.1: TAUX D’ÉROSION À LONG TERME (1984–2016)
                                                                   % de littoral sujet à                   Taux d’érosion à long terme
                               Pays                                     l’érosion                        Moyenne (m/an)     Total (ha/an)
 Bénin                                                                         65                                 –4,06                         –29,0
 Côte d’Ivoire                                                                 47                                 –1,40                         –33,4
 Sénégal                                                                       65                                 –1,60                         –50,6
 Togo                                                                          52                                 –2,40                          –7,8

Source: Luijendijk et al. (2018).


mètres/an) et au Togo (2,4 mètres/an) par rapport à la                              TABLEAU 4.2.2: PRIX UNITAIRE DU
Côte d’Ivoire (1,4 mètre/an) et au Sénégal (1,6 mètre/an).                                         TERRAIN (USD/m2)
                                                                                                                        Urbaine                   Rurale
La colonne 3 indique que la superficie totale érodée varie                           Bénin                                  200                        5
de 8 hectares (Togo) à 50 hectares (Sénégal) en moyenne.                             Côte d’Ivoire                          200                       50
Nous utilisons ces estimations dans les prochaines étapes                            Sénégal                                515                       20
de l’évaluation.                                                                     Togo                                   460                       15

Étape 2. Classer les terres érodées en zones                                        Source: Estimations de la Banque mondiale.

urbaines et rurales. Les terres urbaines ont une valeur
économique intrinsèque plus élevée que les terres rurales
et toutes les zones côtières ne sont pas urbanisées. Nous                           valeur actualisée des flux économiques au cours des 30
divisons les terres côtières érodées en zones urbaines et                           prochaines années; et (iii) la valeur de la terre nue.
rurales, en utilisant la base de données relative à la classifi-
cation de la couverture terrestre de l’Agence spatiale euro-                        Pour estimer la valeur des terres nues dans les zones
péenne Global Land Cover41 ainsi que la définition des                              côtières, nous avons effectué une évaluation rapide des
zones urbaines donnée par la Commission européenne                                  prix des terres côtières dans les quatre pays. Le tableau
(c’est-à-dire les zones dont la population est supérieure                           4.2.2 présente les résultats. La valeur des terrains nus est
à 300 habitants par km2). En conséquence, les zones                                 estimée comme valeur actualisée des loyers annuels pour
urbaines côtières sont prédominantes au Togo (70 pour                               les 30 prochaines années, sur la base des hypothèses sui-
cent), comparées aux trois autres pays: Bénin (16 pour                              vantes: un rapport loyer/prix de 8 pour cent;42 une aug-
cent), Côte d’Ivoire (2 pour cent) et Sénégal (17 pour cent).                       mentation annuelle moyenne de 8 pour cent de la valeur
                                                                                    des terrains urbains et de 5 pour cent de la valeur des ter-
Étape 3. Estimer les impacts de l’érosion. À l’instar                               rains ruraux;43 une augmentation annuelle de 3 pour cent
de l’estimation des dommages causés par les inondations                             du PIB; la croissance annuelle de l’urbanisation pour la
(chapitre 4.1), nous utilisons également la valeur annuelle                         période 2014–2050, estimée par les Nations Unies;44 et un
des terres à l’hectare pour estimer le coût de l’érosion.                           taux d’actualisation de 3 pour cent, pour tenir compte de
Il convient de noter que l’évaluation des inondations se                            la grande importance des impacts de l’érosion à l’avenir.
concentre sur ce qu’il y a sur la terre, sans tenir compte de
la valeur de la terre elle-même. Cependant, cette section
                                                                                    42 Cette valeur correspond à l’une des plus basses des États-Unis (voir: https://
inclut également la valeur de la terre nue, étant donné
                                                                                    smartasset.com/mortgage/price-to-rent-ratio-in-us-cities) et la moitié du ratio
qu’elle est perdue de manière permanente. Ainsi, le coût                            dans un pays en développement d’Amérique du Sud, comme le Pérou (BCRP,
de l’érosion comprend: (i) la valeur des actifs perdus (bâti-                       2018).
ments, routes, autres infrastructures, par exemple); (ii) la                        43 Bien qu’il n’y ait pas de données systématiques sur ces valeurs, au Pérou,
                                                                                    l’augmentation annuelle des terres urbaines est estimée à 9 pour cent (BCRP,
                                                                                    2018).
                                                                                    44 Nations Unies (2014). Perspectives de l’urbanisation mondiale: la révision
41 Lien: https://www.esa-landcover-cci.org/                                         de 2014.

30                                            Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo
TABLEAU 4.2.3: COÛTS ÉCONOMIQUES ASSOCIÉS À L’ÉROSION, 2017
                                                                           Bénin              Côte d’Ivoire               Sénégal                    Togo
 Actifs perdus (millions de USD)                                               1                       1                       1                      0,2
 Production perdue* (millions de USD)                                         35                      16                      103                      25
 Terre perdue (millions de USD)                                               81                      80                      432                     188
 Total (millions de USD)                                                     117                      97                      537                     213
 Total (% du PIB)                                                           1,3%                     0,2%                    3,3%                    4,4%

Source: Estimations de la Banque mondiale. *Analyse basée sur une période de 30 ans. Les totaux peuvent ne pas correspondre exactement en raison de l’arrondissement.




4.2.2. CONCLUSIONS

Le coût total de l’érosion est estimé entre 97 millions de
USD en Côte d’Ivoire et 537 millions de USD au Sénégal
(tableau 4.2.3). Dans l’ensemble, le coût de l’érosion dans
les quatre pays s’élève à 964 millions de USD, soit
1,4 pour cent de leur PIB.




Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo                                                         31
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