Pr�cis D � P A R T E M E N T D E L � V A L U A T I O N D E S O P � R A T I O N S � T � 1 9 9 8 N U M � R O 1 7 0 Reconstruction des pays sortant d'un conflit : Le cas de la Bosnie-Herz�govine R�sum� d'une �tude de cas E N BOSNIE-HERZ�GOVINE, LE CONFLIT A FAIT 250 000 morts et provoqu� des d�placements massifs de populations dans le pays et l'exode d'un million de personnes. Ce sont les fortes pressions exerc�es sur les trois par- ties (Serbes, Croates et Bosniaques) par les �tats-Unis et d'autres acteurs cl�s qui ont permis la signature des accords de Dayton. Les textes qui en sont issus rec�lent � dessein de nombreuses ambigu�t�s et �vitent la partition en appelant les trois parties int�ress�es � int�grer un ensemble fortement d�centralis�. Il en ressort une structure bipartite constitu�e de la � F�d�ration croato-musulmane de Bosnie-Herz�govine � et de la � Republika Sprska � serbe, et plac�e sous l'�gide d'un �tat extraordinaire- ment faible. Tout en pr�conisant un effort international majeur en faveur de la reconstruction, les accords ne facilitent ni le proces- sus de reconstruction, ni la t�che de la Banque et des autres organismes qui se proposent de cr�er les conditions �conomiques et sociales propices � une paix durable. La r�ponse apport�e par la Banque aux autorit�s de Bosnie-Herz�govine, les besoins n�s du conflit en Bosnie- autres bailleurs de fonds, les ONG et les Herz�govine a �t� rapide et globale. Les b�n�ficiaires consid�rent pour la plupart 2 D�partement de l'�valuation des op�rations de la Banque mondiale pointe qu'elle a jou� dans la co- ordination de la planification ; � la synchronisation de son ac- tion avec les autres intervenants ; et, enfin, au d�vouement de son personnel. La strat�gie d'aide de la Banque s'est articul�e autour de deux axes, le premier consistant en une s�rie de projets d'urgence visant � amorcer la reconstruction sans attendre la normalisation financi�re ou l'adh�sion du pays � la Banque. Les 16 projets de cette s�rie concernent les principaux as- pects de l'infrastructure et secteurs sociaux. Un programme d'aide de grande envergure a suivi. Il s'agissait notamment de r�gler les arri�r�s � l'�gard de la Banque que sa participation � la reconstruction et au et de formaliser l'adh�sion du pays ; de concevoir et redressement �conomique a �t� fructueuse. Les activit�s mettre en oeuvre � moyen terme une strat�gie d'aide hors pr�ts, consistant par exemple � �laborer un cadre globale pour soutenir le programme de r�forme pour la reconstruction ou � conseiller les bailleurs de syst�mique en Bosnie-Herz�govine ; et de poursuivre la fonds, sont g�n�ralement bien accueillies. On s'accorde contribution au programme de reconstruction du pays en largement � reconna�tre que les projets financ�s par la liaison avec les autres bailleurs de fonds. Banque se sont rapidement concr�tis�s. Citons entre autres �l�ments du succ�s de la Banque : la large R�sultats sur le terrain r�partition des fruits de son action, sur le plan � ce jour, les retomb�es positives des projets soutenus g�ographique et entre les diff�rents b�n�ficiaires ; la par- par la Banque sont perceptibles dans toute la F�d�ration ticipation des int�ress�s ; un recours pr�coce et r�fl�chi � et sont ressenties de plus en plus nettement en Republika des projets sociaux pour la reconstruction du capital Sprska. Rapidement, tout un �ventail de b�n�ficiaires a humain et social ; et le r�le de la Banque dans le r�colt� les fruits de ces projets, tandis que l'on veillait � renforcement des capacit�s d'ex�cution locales. Les faire participer les int�ress�s et � renforcer les capacit�s autorit�s de Bosnie-Herz�govine ont particuli�rement d'ex�cution locales. Au stade actuel, il est toutefois im- appr�ci� la possibilit� qui leur a �t� offerte d'avoir la possible d'�valuer la durabilit� de ces projets ou leur ma�trise de ces projets. contribution au d�veloppement institutionnel. Retour de la Banque Reconstruction de l'�conomie Avant son �clatement et l'arr�t des pr�ts en 1991, la En d�pit des obstacles que constituaient les probl�mes de Yougoslavie �tait un emprunteur attitr� de la Banque gestion �conomique et les divers manquements des par- depuis 1949. La planification de sa reconstruction par la ties � des dispositions importantes des accords de Day- Banque a d�marr� d�s que la direction a eu le sentiment ton, les 18 premiers mois de paix ont �t� caract�ris�s par qu'un accord de paix serait sign� et que la Banque ferait un vigoureux redressement �conomique. Le r�le de la partie int�grante d'une initiative internationale. Banque dans la mobilisation et l'utilisation des Le calendrier du retour � la paix imposait des d�lais ressources externes n�cessaires � cette reprise a �t� extr�mement serr�s pour le lancement des efforts de re- pr�pond�rant. L'exp�rience de la Bosnie-Herz�govine construction. La Banque a pu r�agir dans les temps montre combien il est important d'inclure dans un ac- gr�ce � sa capacit� de planification ; au r�le de cord de paix des dispositions relatives � la gestion de catalyseur jou� par l'Administrateur n�erlandais ; au l'�conomie qui soient susceptibles de stimuler le proces- soutien marqu� et visible de son Pr�sident ; au r�le de sus de redressement. Pr�cis 3 La circulation a repris � l'issue de grands travaux de efficiente. Malgr� des conditions difficiles (structure r�paration des routes et des ponts. Une grande partie des in- politique et administrative mouvante, rotation fr�quente stallations �lectriques a �t� remise en service. La produc- des personnels), le renforcement des institutions a tion et le commerce reprennent vie m�me si, vers la fin de progress� la premi�re ann�e. 1996, le secteur manufacturier ne tournait encore qu'� 10 % de son niveau d'avant-guerre. Avec le soutien de la Dispositions de la Banque sur le plan institutionnel Banque � la balance des paiements ainsi que ses injections En Bosnie-Herz�govine, la Banque a adapt� ses proces- de fonds (et ceux d'autres bailleurs de fonds) dans diff�rents sus institutionnels au contexte instable des situations secteurs, la capacit� d'importation et la demande de biens post-conflictuelles en rationalisant les proc�dures ; en et de services locaux se redressent rapidement, surtout dans assouplissant les modalit�s de financement ; en la F�d�ration. Le ch�mage a recul� mais on estime proposant aux collectivit�s locales inexp�riment�es de g�n�ralement qu'il reste tr�s �lev� (il �tait estim� � 50 % les aider pour l'essentiel des travaux pr�paratoires ; et au d�but de l'ann�e 1997, avec des niveaux encore en simplifiant les proc�dures de passation de march�s. sup�rieurs en Republika Sprska et dans la r�gion de Elle a pu ainsi r�pondre promptement et efficacement Mostar). Bien que les privatisations n'aient pas aux besoins urgents de la reconstruction. suffisamment progress� pour attirer d�j� les investisseurs Si les initiatives de la Banque ont �t� rapidement �trangers dans le secteur des grandes entreprises, les petites men�es � bien, c'est gr�ce � la longue exp�rience et au et moyennes entreprises ont su saisir les opportunit�s d�vouement de son personnel ; au ferme soutien de sa di- apparues � la faveur de la reconstruction. Un nombre rection ; � l'�tablissement d�s le d�part de bonnes rela- consid�rable d'�coles et d'h�pitaux ont �t� reconstruits. tions de travail avec les autres partenaires ; et � l'efficacit� des efforts de diffusion de l'information. Reconstruction du capital humain et social L'attention particuli�re accord�e au sein de la Le programme pour la Bosnie-Herz�govine financ� par Banque � ce programme a contribu� � sa qualit� la Banque se caract�rise par une int�gration pr�coce et globale. Une directrice des op�rations aux comp�tences pond�r�e des aspects sociaux. En mati�re d'�ducation et exceptionnelles a �t� affect�e sp�cifiquement � la Bosnie- de sant�, on peut notamment faire le bilan suivant : Herz�govine. C'est dans une large mesure gr�ce � son n dans l'imm�diat et en raison de la persistance de d�vouement que les d�lais fix�s pour la r�alisation du certaines susceptibilit�s, il est peu probable que projet ont pu �tre respect�s. Les pouvoirs publics, les l'�ducation puisse pleinement contribuer � la bailleurs de fonds et les autres organismes se f�licitent r�conciliation ; vivement de l'aptitude du repr�sentant r�sident � prendre n il importe de r�pondre �quitablement aux diff�rents en compte des approches divergentes et � rechercher des besoins � travers le pays ; solutions sans exclure aucune partie. Il s'est av�r� n les programmes d'investissement con�us par le difficile de maintenir la s�paration qui s'impose entre re- gouvernement de chacune des deux entit�s autonomes construction et politique, mais les services de la Banque forment un cadre propre � assurer un maximum en avaient conscience et ont tent� de r�unir les parties au d'efficacit� aux contributions des bailleurs de fonds. sein du cadre form� par les institutions de gestion des Ils facilitent en effet la coordination de leur action et affaires publiques et par les m�canismes d'ex�cution la collecte des fonds ; sectorielle qui sont les cibles naturelles de l'action de la n il faudra imp�rativement soutenir les minist�res des Banque. deux entit�s pour passer d'une action d'urgence � un � la demande de la Banque, les autorit�s de Bosnie- d�veloppement durable des diff�rents secteurs ; et Herz�govine ont nomm� pour chaque projet un directeur n pour que les efforts d�ploy�s jusqu'� maintenant aient charg� du bureau du projet. Cela a acc�l�r� l'ex�cution des effets durables, une restructuration et une r�forme tout en r�duisant les d�penses (du fait du co�t plus faible s'imposent dans les diff�rents secteurs. du personnel local) et permis aux autorit�s d'am�liorer leurs capacit�s d'ex�cution. L'exp�rience en mati�re de cr�ation d'emplois a �t� concluante, mais il faut encore am�liorer l'information D�minage sur les perspectives d'emploi. Les bons r�sultats du C'est en Bosnie-Herz�govine que la Banque a conduit programme de microcr�dits et de cr�ation d'emplois son premier projet autonome de d�minage. Une montrent que la Banque est sans doute bien plac�e pour pr�cieuse exp�rience a ainsi �t� acquise, mais ce n'est faciliter la coop�ration entre les pouvoirs publics et les pas un domaine dans lequel la Banque jouit d'un interm�diaires au plan local, ce qui, pour les avantage comparatif. Il requiert en effet des comp�tences particuliers, se traduirait par une assistance efficace et techniques et militaires importantes que la Banque ne 4 D�partement de l'�valuation des op�rations de la Banque mondiale poss�de pas. Elle a donc int�r�t � se concentrer sur des les travaux de la prochaine phase plac�s sous la direc- activit�s n'ayant qu'un rapport indirect avec le tion de la Banque, mais celle-ci doit veiller � collaborer d�minage : coordination, information et sensibilisation, effectivement avec ses partenaires, m�me l� o� elle joue formation et renforcement des capacit�s. un r�le pilote. Un des probl�mes fr�quents que pose l'aide d'urgence est la tendance persistante de certains Rapatriements bailleurs de fonds � d�cider seuls de la s�lection des La Banque n'a pas directement particip� � la projets, de l'�tablissement des priorit�s et des m�thodes r�installation des populations, mais les projets relatifs � de passation des march�s. Si la prudence s'impose � cet la d�mobilisation ou aux initiatives locales tentent de �gard, les relations de la Banque avec les ONG et les rem�dier � l'un des principaux probl�mes des r�fugi�s et autres partenaires en Bosnie-Herz�govine sont des personnes d�plac�es regagnant leur r�gion, � savoir n�anmoins excellentes et les r�sultats enregistr�s sont de le manque d'emplois et d'autres possibilit�s d'acc�s � un bon augure. revenu. Comme les op�rations sont sous la tutelle du Travailler dans des pays sortant d'un conflit Haut Commissariat des Nations Unies pour les r�fugi�s, implique de disposer d'un budget suffisant, du ferme la Banque n'a aucune raison majeure de s'engager soutien de sa direction, de proc�dures rationalis�es et davantage dans ce domaine. d'un personnel exp�riment� et d�vou�. L'entreprise de redressement de la Bosnie-Herz�govine a b�n�fici� de Prochaine phase tous ces atouts. Dans l'ensemble, la premi�re s�rie de L'action de la Banque pour donner un cadre � la recons- projets de reconstruction a �t� efficace. Mais la recon- truction et au redressement est appr�ci�e des struction n'est pas termin�e et d�sormais la Banque gouvernements concern�s et de la communaut� devra moins manier � la truelle et le mortier � que se internationale. Il semble que l'on souhaite vivement voir consacrer aux probl�mes de viabilit� et de transition. Pr�cis � The World Bank's Experience in Post-Conflict Reconstruction: Veuillez adresser vos commentaires et demandes de Bosnia and Herzegovina Case Study � par Alcira Kreimer et al., renseignements au r�dacteur en chef, Elizabeth Campbell-Pag�, Rapport n� 17769, 4 mai 1998. Les Administrateurs et les services t�l. : 1-202/473-5365, fax : 1-202/522-3125, email : de la Banque peuvent se le procurer aupr�s de l'Unit� de docu- ecampbellpage@worldbank.org mentation interne et des centres d'information r�gionaux, et le Les commentaires et demandes de renseignements doivent �tre public aupr�s du Service d'information et de documentation de la adress�s � l'OED, t�l. : 1-202/458-4497, fax : 1-202/522-3200, Banque mondiale : email : OED Help Desk@worldbank.org t�l. : 1-202/458-5454 fax : 1-202/522-1500 Ce pr�cis et d'autres publications de l'OED peuvent �tre consult�s email : pic@worldbank.org. sur internet, au site : http://www.worldbank.org/html/oed D�NI DE RESPONSABILIT� : Les Pr�cis de lOED sont produits par le D�partement de l�valuation des op�rations, partenariats et gestion des connaissances (OEDPK) de la Banque mondiale. 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