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                                                                                      Note sur la Microfinance
                                                                                                          N� 22, f�vrier 2005

                                                                            Contribuer � am�liorer l'efficacit� de l'aide

                      MAXIMISER L'EFFICACITE DE L'AIDE ENMICROFINANCE

Cinq crit�res d'efficacit� sont essentiels pour am�liorer la fa�on dont les organismes d'aide au d�veloppement et autres
donateurs soutiennent les syst�mes financiers con�us pour les pauvres. Ces �l�ments fondamentaux sont apparus dans le cadre
des Revues crois�es de dix-sept bailleurs de fonds de la microfinance organis�es par le CGAP et ils ont �t� r�dig�s
officiellement dans la nouvelle version des � Principes directeurs au sujet des bonnes pratiques en mati�re de microfinance �
l'intention des bailleurs de fonds �.

Pourquoi le soutien des bailleurs de fonds n'a-t-il pas r�alis� son potentiel dans le domaine de la microfinance?
Le probl�me de l'efficacit� de l'aide est l'un des plus �pineux rencontr�s par le d�veloppement international, et la microfinance
ne fait pas exception. En d�pit des investissements importants consacr�s par les bailleurs de fonds publics et priv�s, des
centaines de millions de m�nages d�favoris�s n'ont toujours pas acc�s aux services financiers. Les contraintes sp�cifiques �
chaque pays expliquent en partie cette situation, mais les organismes d'aide portent n�anmoins une part de responsabilit�. Leurs
propres d�cisions en mati�re de m�thodologie, de pratiques et de syst�mes peuvent g�ner l'application des bonnes pratiques. Les
mesures d'incitation sont ax�es sur le d�caissement des fonds, plus que sur la perspective de l'impact final sur la client�le. Bien
qu'un grand nombre d'organismes donateurs souscrivent officiellement aux normes internationales de bonnes pratiques en
mati�re de microfinance, ces principes directeurs sont rarement refl�t�s au niveau op�rationnel.

Quelles sont les caract�ristiques qui rendent un bailleur de fonds efficace?                        Coh�rence et clart�
Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, cinq �l�ments essentiels (regroup�s                       de la strat�gie
sur � l'�toile d'efficacit� � � droite de la page) d�finissent l'efficacit� d'un
op�rateur de microfinance, tout comme, probablement, celle des op�rateurs
des autres domaines du d�veloppement. Au niveau de chaque pays, d'autres              Des outils                          Une comp�tence
                                                                                    d'intervention                          technique du
�l�ments, tels que le niveau d'influence et l'engagement � travailler dans un appropri�s                                     personnel
esprit de collaboration ont �galement leur importance. M�me s'il est                                     Efficacit�
impossible � chaque organisme de satisfaire � chaque crit�re de fa�on �gale, il
est essentiel qu'un bailleur de fonds r�alise un niveau de performance
minimum pour chacune de ces caract�ristiques s'il veut au moins respecter le            Une gestion                    La responsabilit�
principe de � non nuisibilit� �.                                                      appropri�e des                      vis-�-vis des
                                                                                                                            r�sultats
Coh�rence et clart� de la strat�gie: La vision d'ensemble de l'organisation           connaissances

doit �tre conforme aux bonnes pratiques internationales.
La plus grande partie du personnel des bailleurs de fonds ne poss�de qu'une vision �troite de la microfinance et de sa
contribution aux objectifs g�n�raux du d�veloppement. Le cr�dit est per�u comme une simple composante d'un programme plus
vaste, ou comme un m�canisme de transfert ponctuel de fonds vers une population cible sp�cifique. La clart� strat�gique permet
� un organisme de comprendre l'importance qu'il y a � mettre en place des syst�mes financiers inclusifs et � concevoir ses
op�rations dans cette perspective. De tels syst�mes financiers reposent sur l'existence d'institutions viables qui peuvent
continuer � desservir la client�le apr�s la fin des subventions. Au lieu de faire obstacle � la diversit� et � la cr�ativit�, une
approche coh�rente stimule une application continue des principes de bonnes pratiques. Une bonne politique de microfinance est
importante, mais il faut plus: elle doit �tre assimil�e par le personnel et se traduire par des r�sultats visibles sur le terrain.
Une comp�tence technique du personnel: Une expertise technique suffisante pour assurer la gestion op�rationnelle.
En raison de leur manque d'expertise en microfinance, la plupart des organismes bailleurs de fonds ne disposent pas des moyens
techniques n�cessaires � la conception et � la gestion d'un grand nombre de projets. Dans la majorit� des cas, le volet
financement de la microfinance est confi� � un personnel de formation g�n�rale, ou de formation sp�cialis�e mais non
financi�re. Ces organismes ont besoin de faire appel � quelques experts solides en microfinance, qu'il s'agisse d'individus ou
d'une unit� centrale, qui servent de ressource interne offrant conseil technique et assurance de qualit�. Les responsables de
projets devraient poss�der une formation suffisante en microfinance pour pouvoir poser les bonnes questions, choisir des
experts-conseils qualifi�s et interpr�ter les rapports de r�sultats. Les m�canismes d'incitation devraient �tre structur�s de fa�on �
encourager les responsables de projets � faire appel aux experts en microfinance de l'organisme.
La responsabilit� vis-�-vis des r�sultats: La transparence au sujet des programmes et de la performance en microfinance.
La plupart des organismes ne connaissent m�me pas le montant de leurs fonds investis dans la microfinance, et encore moins les
r�sultats des projets concern�s. Ils ont besoin d'un syst�me appropri� qui leur permette d'identifier les projets dot�s d'un volet
de microfinance et d'attribuer aux chefs de projets la responsabilit� de l'int�gration des ressources techniques au stade de la
conception. Les d�cisions relatives � la poursuite, � l'arr�t ou � la reproduction d'un programme ne devraient �tre prises qu'en



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fonction de r�sultats mesur�s par rapport � des objectifs quantifiables, tels que des indicateurs financiers cl�s. Dans un grand
nombre d'organismes, tout particuli�rement les organisations multilat�rales, il est fr�quent que les responsables de projets soient
pouss�s � approuver et d�caisser les fonds des projets au lieu de prendre le temps de mettre en place des syst�mes garantissant la
responsabilisation.
Une gestion appropri�e des connaissances: L'application syst�matique des le�ons tir�es de l'exp�rience.
Il est rare que des id�es et des exp�riences soient communiqu�es efficacement � l'int�rieur des organismes ou entre eux, si bien
que les m�mes erreurs se reproduisent et que les approches r�ussies ne sont pas reprises dans la conception des nouveaux
programmes. La collecte des informations sur ce qui est efficace ne repr�sente que la premi�re �tape. Il est n�cessaire de mettre
en place des strat�gies de communication d�lib�r�es pour garantir que ces informations sont effectivement utilis�es au niveau
op�rationnel. Les organismes doivent communiquer les informations ad�quates aux personnes appropri�es et au moment voulu.
Il est donc n�cessaire de faire de la gestion des connaissances un objectif de performance, par exemple par le biais des
descriptions de postes et de la participation � des r�seaux th�matiques.
Des outils d'intervention appropri�s: La capacit� � collaborer directement avec le secteur priv�.
Les bailleurs de fonds ont plus de difficult�s � satisfaire aux bonnes pratiques de microfinance si le financement qu'ils assurent
doit passer par l'interm�diaire de l'�tat. Cependant, m�me les organisations qui op�rent directement avec le secteur priv�
n'utilisent pas toujours les instruments de financement de fa�on souple et tenant compte des r�sultats. D'autres probl�mes
courants sont dus � des composantes de cr�dit mal con�ues, l'absence de programmation logique des instruments (utilisation de
l'endettement pour fournir l'assistance technique de d�part) et des proc�dures trop lentes et compliqu�es. Les organismes
efficaces s�lectionnent les outils de financement (subventions, pr�ts, garanties, et prises de participation) qui sont les mieux
adapt�s aux besoins du march� et permettent de compl�ter les capitaux priv�s sans leur nuire. Ils associent �galement les
d�caissements � la r�alisation d'objectifs de r�sultat pr�cis.

Comment les bailleurs de fonds peuvent-ils maximiser l'efficacit� de l'aide?
Les bailleurs de fonds devraient utiliser les cinq �l�ments essentiels pour �valuer leurs syst�mes internes et identifier les
domaines � am�liorer. Une telle analyse peut aider les donateurs � identifier leur avantage compar� et � d�terminer le niveau
optimal de leur participation aux projets de microfinance. Parmi les sc�narios possibles:
L'expansion. Les organisations qui ont un score
�lev� pour chacun des �l�ments peuvent d�cider de                                   L'efficacit� de l'aide en pratique
faire de la microfinance une priorit� strat�gique.            � Coh�rence et clart� de la strat�gie. La nouvelle strat�gie de NORAD
Elles devraient proc�der aux investissements                     consolide le financement pour le consacrer � des innovations d'un
n�cessaires pour pouvoir maintenir et am�liorer leur             niveau de risque relativement �lev� et � l'infrastructure industrielle
bonne performance pour ces cinq �l�ments et                      (formation de prestataires et bureaux d'�valuation du cr�dit), par

pourraient avoir une position de leader dans le                  l'interm�diaire d'ONG norv�giennes.

domaine de la microfinance.                                   � Une comp�tence �tablie du personnel. Le FENU/PNUD vient de
                                                                 lancer un cours de formation cibl�e, destin� au personnel
La consolidation. Certaines organisations n'ont                  op�rationnel non sp�cialis� en microfinance.
qu'un avantage compar� limit� mais d�sirent                   � La responsabilit� vis-�-vis des r�sultats. Le FIDA s'est associ� au
n�anmoins conserver une activit� de microfinance.                MIX (www.themix.org) et � des sp�cialistes sur le terrain pour
Pour ces bailleurs de fonds, la meilleure solution peut          assurer le contr�le et la publication de r�sultats des projets.
�tre le cofinancement, ou un autre type d'alliance,           � Une gestion appropri�e des connaissances. La Dutch Microfinance
dans le cadre duquel la conception, la mise en oeuvre,           Platform rassemble des op�rateurs aussi bien publics que priv�s
le contr�le et l'�valuation des projets de                       qui peuvent tirer parti de leur exp�rience mutuelle et �laborer les

microfinance sont d�l�gu�s � une organisation qu'un              grandes lignes de leurs programmes futurs.

avantage compar� visible rend apte � exercer une              � Des outils d'interventions appropri�s. L'AFD a consenti � r�duire la

activit� au sein du secteur financier con�u pour les             taille moyenne de ses projets en faveur des projets de microfinance
                                                                 d'envergure plus r�duite.
pauvres.
Le d�sengagement. Quant aux organisations ne poss�dant qu'un avantage compar� limit� ou inexistant, elles pourraient
d�cider de renoncer � �laborer de nouvelles op�rations de microfinance et de se d�faire de leur portefeuille existant. Elles
augmenteraient ainsi l'efficacit� de leurs ressources financi�res en transf�rant � d'autres domaines de d�veloppement les fonds
consacr�s pr�c�demment � la microfinance.


Auteur: Tamara Cook, avec la participation du personnel du CGAP. Sources: Brigit Helms et Alexia Latortue: � Les �l�ments de l'efficacit�
des bailleurs de fonds en Microfinance: cons�quences au niveau de la politique d�cisionnelle �, Initiative du CGAP pour l'efficacit� de l'aide
(Washington, D.C.: CGAP, avril 2004); �ric Duflos, Brigit Helms, Alexia Latortue et Hannah Siedek: � Global Results: Analysis and
Lessons �, Initiative du CGAP pour l'efficacit� de l'aide (Washington, D.C.: CGAP, avril 2004); Mettre en place des syst�mes financiers
inclusifs: Principes directeurs au sujet des bonnes pratiques en mati�re de microfinance � l'intention des bailleurs de fonds, (Washington,
D.C.: CGAP, d�cembre 2004). Informations compl�mentaires: Sur les revues crois�es des bailleurs de fonds de la microfinance, voir
www.cgap.org/projects/donor_peer_reviews.html. Sur l'efficacit� de l'aide, voir David Dollar et Victoria Levin: � The Increasing Selectivity
of Foreign Aid, 1984-2002 �, in Development Economics (Washington, D.C.: La Banque mondiale, 2004); William Easterly: � Le Cartel des
Bonnes intentions �, Probl�mes �conomiques No. 2782 (2002); Le Groupe de travail du CAD sur l'efficacit� de l'aide et les pratiques des
donneurs, �Harmoniser l'aide pour renforcer son efficacit� �, Lignes directrices et ouvrages de r�f�rence du CAD, (Paris: OCDE, 2003).



                                               Contact du CGAP: helpdesk@cgapdirect.org
                    Centre d'information du CGAP pour les bailleurs de fonds (DIRECT)--www.cgap.org/direct
                                                         www.lamicrofinance.org