Page 1 i BÂTIR DES ALLIANCES POUR UN FINANCEMENT EFFICACE DU DÉVELOPPEMENT FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DANS LE MONDE, 2001 SOMMAIRE La confiance que beaucoup avaient dans les marchés financiers internationaux a été ébranlée par la série de crises financières qui s’est abattue sur les pays en développement pendant la seconde partie des années 90. Dans le même temps, l’aide, en recul pendant toute la décennie, a été de plus en plus critiquée, car jugée inefficace. Ces évolutions ont amené à remettre en cause l’idée bien établie que les transferts internationaux de ressources \01 publiques comme privées — favorisaient beaucoup le développement économique. Dans le présent rapport, nous arrivons, au contraire, à la conclusion que les flux financiers internationaux vers les pays en développement jouent aujourd’hui un rôle peut-être plus important que jamais et que les perspectives continuent de s’améliorer quant à l’efficacité de leur impact. Ces flux permettent de transférer des ressources au-delà des frontières nationales, depuis les pays riches vers les pays pauvres, de créer des possibilités d’investissement et de les concrétiser. Mais ils peuvent encore davantage influer sur la croissance en incitant les pays en développement à améliorer durablement leurs politiques et leurs institutions. En ce sens, ils peuvent renforcer les actions des pays en quête de gains de productivité et d’efficacité. Nous présentons également ici les efforts déployés au niveau international pour que les flux financiers internationaux donnent la pleine mesure de leur immense potentiel. Il s’agit notamment, au niveau mondial, de la réforme de l’architecture financière internationale et, au niveau national, du Cadre de développement intégré, qui met l’accent sur l’importance primordiale d’une approche globale du développement. Dans un cas comme dans l’autre, l’efficacité de la coordination entre les intervenants, l’attention portée aux spécificités locales et l’existence d’antécédents témoignant d’une mise en oeuvre suivie et efficace des réformes seront des éléments déterminants pour réussir. Il faudra alors s’appuyer sur des alliances internationales et nationales pour internaliser les enseignements — et les légitimer. Et même à ce stade, il faudra durablement faire preuve d’une véritable volonté d’aboutir pour que ces initiatives et les autres mesures qui s’y apparentent aient les résultats attendus. Cela étant, nous essayons ici de définir les conditions dans lesquelles les transferts financiers internationaux contribuent au développement. Et nous analysons en quoi les politiques publiques — nationales et internationales — peuvent favoriser des transferts productifs. Les constatations suivantes méritent d’être signalées : • Le ralentissement conjoncturel de l’économie mondiale qui a commencé vers la fin de l’année 2000 est notable car les marchés boursiers, la confiance des consommateurs et les perspectives économiques à court terme aux États-Unis se sont fortement et simultanément dégradés. Une reprise dans le courant de l’année semble possible grâce aux moyens d’action qui existent pour stabiliser la situation. 27748 Page 2 ii • Après une chute marquée en 1998 et 1999, les flux financiers vers les pays en développement ont grossi à un rythme très soutenu en 2000, mais cette reprise reste inférieure à la croissance qu’enregistrent la productivité et le commerce depuis les crises de la fin des années 90. • Dans les pays où le contexte est très favorable à l’investissement, les flux de capitaux privés accentuent les bienfaits des bonnes politiques et des bonnes institutions en accélérant encore la croissance. Mais il faut faire face à l’instabilité de ces flux par un renforcement des systèmes financiers intérieurs et, au besoin, par un accroissement des réserves de change et des sources de crédit conditionnel. • En 2000, les flux d’aide ont augmenté et les allégements de dette se sont accélérés, mais il faudra se montrer vigilant pour préserver durablement ces acquis. La plus grande efficacité de l’aide dans les années 90 plaide en faveur d’un accroissement de ces concours pour atteindre les objectifs internationaux de développement fixés par la communauté internationale. • Les transferts internationaux de ressources apportent environ 5 milliards de dollars par an pour financer des biens publics à caractère mondial tels que la santé, la salubrité de l’environnement, le savoir et la paix. Pour tirer le meilleur parti de ces activités, les institutions financières internationales doivent aborder la question des alliances à bâtir de façon souple et pragmatique. Enjeux du ralentissement conjoncturel pour les pays en développement Commencé pendant le second semestre de l’année 2000, le tassement conjoncturel de l’économie mondiale, provoqué par la hausse des taux d’intérêt et des prix du pétrole, s’est soudainement accéléré vers la fin de l’année. Les changements d’attitude des opérateurs déterminent maintenant davantage les tendances commerciales et la productivité à court terme. Dans le chapitre 1 du présent rapport, nous faisons valoir qu’une reprise dans le courant de l’année est plus probable qu’un ralentissement prolongé de la croissance car les cycles économiques sont aujourd’hui plus courts et les possibilités d’ajustement (mesures de relance budgétaire et monétaire) plus grandes. Toutefois, la situation des marchés des capitaux pourrait continuer à se répercuter sur le secteur réel de l’économie et retarder la reprise. L’ampleur du fléchissement devrait varier d’un pays en développement à l’autre, ce qui sera synonyme à la fois de risques et d’opportunités. Un atterrissage plus violent du monde industriel aurait de graves conséquences pour de nombreux pays en développement, mais pourrait aussi avoir quelques compensations partielles, sous forme d’une baisse des taux d’intérêt, par exemple. Même dans l’hypothèse plus probable d’un atterrissage en douceur, un certain nombre de secteurs et de pays seront durement touchés. Page 3 iii Évolution des flux de capitaux privés Ainsi que le montre le chapitre 2, les transferts de ressources vers les pays en développement se sont accrus en 2000 mais sont restés inférieurs à leur niveau de 1997, avant la série de crises. En 2000, les apports de capitaux privés ont augmenté de façon soutenue après un fort recul en 1998 et 1999, mais cette reprise n’a pas suivi le rythme qu’a connu la croissance de la productivité et du commerce après la crise. Cette régression relative traduit une certaine amélioration qualitative des flux. En effet, les entrées de capitaux à court terme, très mouvants, se sont fortement ralenties. L’évolution des flux de capitaux à partir et à destination des pays en développement répond à trois forces. La première est l’intégration financière plus grande, bien qu’encore imparfaite, de l’économie mondiale. La deuxième est le progrès technologique récent, qui oblige à mettre en place un cadre d’investissement de plus en plus évolué pour assurer l’efficacité des opérations. Enfin, la troisième repose sur des facteurs psychologiques. Le chapitre 2 dresse un certain nombre de constats : • Bien que l’augmentation des entrées de capitaux dans les pays en développement pendant la première moitié des années 90 ait accaparé l’attention, les sorties de fonds se sont également amplifiées. Ce gonflement des apports pourrait être dû, au moins partiellement, à des transactions liées à des sorties de capitaux, peut-être pour des raisons fiscales. Ces sorties témoignent aussi d’une intégration économique plus étroite au reste du monde. • L’explosion mondiale des flux de capitaux transfrontaliers a profité aux pays industriels, surtout aux États-Unis, partiellement en raison de l’optimisme suscité par l’évolution des technologies. La part des pays en développement dans les flux de capitaux a fortement baissé depuis les crises. La concentration des capitaux dans un petit nombre de pays confirme qu’il faut créer un cadre d’activité économique sécurisant pour attirer durablement des investissements directs de l’étranger, lesquels, bien qu’ayant résisté pendant les crises, semblent aujourd’hui plafonner. • L’an passé, sous l’effet d’une légère amélioration de l’apparente capacité d’endettement, les apports des marchés financiers ont augmenté. Mais un manque de liquidités et des signes de nervosité de la part des investisseurs montrent que le souvenir de la crise demeure. Pour les pays ayant un accès limité à des marchés financiers dont ils dépendent pourtant beaucoup, le risque de ne pouvoir reconduire leurs emprunts n’est pas négligeable. Malgré l’accroissement des flux internationaux de capitaux en 2000, la part de ces ressources dans le PIB des pays en développement risque de diminuer au cours des prochaines années. Page 4 iv Flux de capitaux internationaux et croissance économique Les capitaux privés ayant été impliqués dans les graves crises de la fin des années 90, certains se sont demandés si ce type de financement pouvait stimuler efficacement une croissance durable. Au chapitre 3, nous examinons comment les entrées de capitaux privés sont liées, voire contribuent, à l’investissement intérieur, à la productivité et à la volatilité. On y voit que ces capitaux influent beaucoup sur la croissance à long terme, même si, en règle générale, la dynamique était déjà induite par des actions et des initiatives sur le plan intérieur. On peut notamment faire les observations suivantes : • En moyenne, l’investissement intérieur croît parallèlement au volume des apports privés. Cela vaut encore plus pour les pays les moins intégrés aux marchés internationaux des capitaux, dans lesquels les investissements étrangers directs dynamisent l’épargne intérieure, créant et finançant de nouvelles possibilités d’investissement. Le rapport entre l’augmentation des apports extérieurs et l’investissement intérieur est donc étroit en Afrique. Il est moins marqué dans les pays en développement pris dans leur ensemble car, depuis les années 80, la plus grande intégration financière fait que leurs décisions d’investissement intérieur dépendent moins de l’offre de financement extérieur. • À travers les flux de capitaux privés, le potentiel d’accroissement de la productivité a probablement augmenté du fait du rôle croissant du savoir dans la production, mais les principaux bénéficiaires en sont les pays capables d’absorber facilement ces apports. • Par leur caractère fluctuant, les entrées de capitaux peuvent aussi imposer des coûts importants. Bien que l’on sache aujourd’hui mieux faire face à cette instabilité, les règles prudentielles (accroissement des liquidités et mesures visant à limiter l’instabilité financière au plan intérieur) demeurent parmi les préoccupations prioritaires. • La logique de la « politique du pire » ne prévaut pas sur le plan environnemental : les investissements étrangers directs dans les pays en développement ne sont pas avant tout attirés par des normes environnementales peu strictes. L’environnement s’améliore régulièrement dans les pays qui connaissent une croissance rapide des investissements étrangers directs, car la population de ces pays attache de plus en plus d’importance à la protection du milieu naturel et les investisseurs étrangers doivent préserver leur réputation. Accroître l’efficacité de l’aide et des allégements de dette La réalisation des objectifs internationaux de développement passe par une augmentation du volume d’aide — et par une utilisation plus efficace des ressources ainsi mises à disposition. Pendant l’année 2000, l’aide s’est accrue et les allégements de dette se sont accélérés, mais il ne faudra pas relâcher l’effort pour pérenniser ces acquis (chapitre 4). Page 5 v L’efficacité avec laquelle l’aide a été répartie entre les pays s’est également accrue pendant les années 90. Cela tient en partie à une amélioration des politiques dans les pays bénéficiaires — qui s’est traduite par un renforcement de leur capacité d’absorption de l’aide —, et en partie à la diminution de l’assistance aux pays appliquant des politiques déficientes. Il existe aussi de bonnes possibilités de faire reculer la pauvreté en réorientant sur des pays à faible revenu l’aide accordée à des pays à revenu intermédiaire et en augmentant les concours en faveur des pays dans lesquels le niveau d’aide n’a pratiquement pas évolué malgré les bons résultats qu’ils obtiennent. Des ressources plus importantes peuvent aussi être efficacement consacrées aux biens publics à caractère international, ainsi qu’il ressort du chapitre 5. Les initiatives récentes dans le sens d’une spécialisation des bailleurs de fonds peuvent également accroître l’efficacité de l’aide. On favoriserait aussi la réalisation de cet objectif en s’engageant plus résolument à accorder de façon prévisible une aide budgétaire à moyen terme pour soutenir des programmes de développement choisis par chaque pays, en subordonnant cette action à l’obtention de certains résultats et à l’adoption d’un cadre d’action arrêté d’un commun accord. Le passage à une approche par programmes témoigne de l’importance d’une adhésion nationale aux orientations choisies et de la difficulté persistante de coordonner une multitude de projets distincts, avec l’obligation de communiquer à chaque bailleur de fonds des informations sous une forme différente. L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, qui aborde la question de l’efficacité de l’aide sous un angle inédit, laisse envisager un nouveau départ. Le renforcement récent de l’Initiative a permis d’accélérer son application et d’accroître les ressources destinées aux allégements de dette, bien que l’on ne sache pas très bien dans quelle proportion cet instrument permettra d’accroître l’aide totale des bailleurs de fonds. La fragilité des politiques et des institutions étant le principal obstacle à la croissance dans les pays les plus endettés, le lien avec les réformes sera un facteur déterminant de réussite. D’autre part, un meilleur accès aux marchés des pays industriels aidera ces pays à s’intégrer aux marchés mondiaux et à se développer. Financement des biens publics à caractère mondial Au chapitre 5, nous essayons pour la première fois de dresser un inventaire complet de l’utilisation des transferts internationaux de ressources pour financer la création de biens publics internationaux dans les pays en développement. On constate que des transferts d’environ 5 milliards de dollars par an financent des biens publics internationaux dans l’ensemble de ces pays, alors que 11 milliards de dollars supplémentaires sont consacrés aux infrastructures locales d’accompagnement qui sont nécessaires pour absorber ces biens. Ces ressources contribuent essentiellement à des activités dans les domaines de la santé, de la protection de l’environnement, de la création et de la diffusion des savoirs et des opérations internationales de maintien de la paix. Avec le concours actif de fondations caritatives privées, les bailleurs de fonds consacrent davantage de ressources aux biens publics internationaux, dans un contexte pourtant marqué par la réduction des budgets d’aide. Certains des grands biens publics à caractère mondial, tels que la réduction du réchauffement planétaire et le maintien de la stabilité financière, nécessitent plus qu’un financement — ils Page 6 vi supposent l’existence de mécanismes incitant davantage à une action commune. Les fruits d’une coordination plus large peuvent être multiples. Pour fournir efficacement des biens publics internationaux, une triple action est nécessaire. Il faut : • combiner les ressources financières existant au niveau mondial et national • mobiliser des capitaux privés pour compléter les ressources publiques • améliorer les cadres qui incitent à une action responsable. Ce qui vaut pour l’efficacité de l’aide vaut aussi pour les biens publics à caractère mondial : des projets de bonne qualité, dont la mise en oeuvre aura été pensée en détail, sont tout aussi nécessaires dans le cas des biens publics internationaux qu’ils le sont dans celui des activités à l’échelon national. Les institutions financières internationales souhaitant contribuer à la fourniture de biens publics à caractère mondial devront savoir s’adapter à une multitude d’acteurs et de situations impliquant une décision. Elles devront parfois fédérer ces acteurs, parfois s’en remettre à ceux dont les compétences et la légitimité sont plus grandes. En d’autres termes, elles devront agir avec pragmatisme et souplesse pour constituer des alliances. *** De ce rapport, il ressort avant tout que c’est l’environnement du pays bénéficiaire qui conditionne l’absorption efficace des ressources internationales — publiques comme privées. Pour citer Albert Hirschman, les transferts de ressources « se superposent à l’environnement local », ils « ne le façonnent pas ». En outre, de nombreuses imperfections continuant à caractériser les transferts publics et privés internationaux, il faut tabler sur des actions communes et des alliances faisant intervenir différents acteurs à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales pour améliorer la situation. La communauté internationale s’engage précisément sur cette voie en expérimentant des formules très intéressantes. Page 7 vii QUELQUES GRANDS CHIFFRES L’économie mondiale • Un fléchissement marqué de l’activité économique, surtout aux États-Unis et en Asie de l’Est, devrait ramener la croissance du PIB mondial de 4 % en 2000, niveau record de la décennie, à 2,2 % en 2001. La croissance dans les pays industriels devrait ralentir, passant de 3,6 % à 1,6 %, et de 5,4 % à 4,2 % dans les pays en développement et les économies en transition. • Le ralentissement de l’accroissement de la production ne devrait pas durer très longtemps. Le redressement rapide des secteurs à haute technicité (durement touchés par une baisse conjoncturelle à l’échelle mondiale dans le domaine des semi- conducteurs), la baisse des taux d’intérêt, les réductions d’impôts et une certaine détente des prix pétroliers devraient provoquer une reprise de la croissance dans les pays industriels, qui devrait approcher 3 % en 2002-2003. La production des pays en développement et des économies en transition devrait avoisiner 5 %, également en 2002-2003, la croissance du PIB mondial atteignant ainsi 3,3 % environ. Le risque d’un tassement plus prolongé et plus marqué s’est toutefois accru au cours des derniers mois. • La croissance du commerce mondial risque de se réduire de plus de moitié, passant d’un niveau record de 13 % en 2000 à 5,5 % en 2001, pour se stabiliser par la suite à plus de 7 %, un taux toujours solide. La contraction de la demande obligera l’OPEP à réduire la production de pétrole afin de maintenir les prix dans la fourchette cible de 22 à 28 dollars le baril. Les prix du pétrole devraient s’établir en moyenne à 25 dollars le baril en 2001, pour baisser à 21 puis 20 dollars le baril en 2002 et 2003 respectivement. S’agissant des produits de base hors énergie, la reprise n’interviendra qu’à partir de 2002. Le prix de ces produits devrait reculer de 0,3 % en 2001 avant de progresser de 5,5 % par an au cours des années suivantes. Évolution des ressources extérieures de financement • Les ressources financières entrées dans les pays en développement sont passées d’environ 246 milliards de dollars en 1999 à 299 milliards de dollars en 2000. • Les ressources extérieures à court terme, qui avaient atteint le niveau record de 43,2 milliards de dollars en 1996, ont enregistré un solde négatif en 1998 et 1999, et légèrement positif (environ 3,5 milliards de dollars) en 2000. • Les entrées de capitaux à long terme sont tombées à 265 milliards de dollars en 1999, après avoir atteint le niveau record de 342 milliards de dollars en 1997, mais sont remontées à 296 milliards de dollars en 2000. Page 8 viii • La part des pays en développement dans les flux mondiaux de capitaux privés a diminué, passant de 14,4 % en 1997 à 7,6 % en 2000 ; pendant la même période, la part des investissements étrangers directs est tombée de 36,5 % à environ 16 %. • Globalement, la balance des paiements courants des pays en développement a enregistré un excédent important de 60 milliards de dollars, les réserves internationales n’augmentant elles que de 53 milliards de dollars : les entrées de capitaux sont en grande partie compensées par des sorties de fonds, ou ne sont pas adéquatement prises en compte. Financements privés • Les investissements étrangers directs dans les pays en développement ont légèrement faibli (de 4 %) pour la première fois en dix ans, une baisse qui correspond à un ralentissement des fusions-acquisitions et à l’achèvement des grands projets de privatisation. • Au niveau mondial, le volume des investissements étrangers directs a continué à progresser rapidement, accélérant même quelque peu au cours de la seconde moitié des années 90. Les fusions-acquisitions, notamment, se sont multipliées, atteignant 720 milliards de dollars en 1999. Cette poussée tient pour beaucoup aux pays industriels dont la part dans les flux mondiaux d’investissements étrangers directs est passée de 65 % en 1994 à 84 % (estimation) en 2000. • Après leur chute des années 1998 et 1999, les apports des marchés financiers internationaux aux pays en développement se sont redressés en 2000, mais n’ont atteint que les trois quarts environ de leur niveau de 1997. La part des pays en développement dans le volume mondial de ces financements a toutefois baissé. • Le volume des financements à destination de trois pays à revenu intermédiaire (Brésil, Chine et Turquie) s’est accru de 43 milliards de dollars en 2000, soit juste 7 milliards de dollars de moins que l’augmentation totale des apports des marchés financiers aux pays en développement pris collectivement. Ensemble, la République de Corée et l’Afrique du Sud ont reçu 11 milliards de dollars de plus que l’année précédente. Les apports au reste des pays en développement ont diminué de 4 milliards de dollars. Financements publics • Le financement public du développement — concessionnel ou non — au profit des pays en développement est tombé de 45,3 milliards de dollars à 38,6 milliards de dollars en 2000. • Les financements non concessionnels de sources publiques ont chuté, passant de 16,2 milliards, leur niveau record, en 1998 à 5 milliards de dollars en 1999. En 2000, ils sont tombés à -3 milliards de dollars, du fait du recul des nouveaux prêts et du Page 9 ix remboursement anticipé des fonds reçus par certains pays pour endiguer la crise financière. • Les financements publics à des conditions libérales ont légèrement augmenté, confirmant le redressement amorcé en 1998 après six années de baisse consécutive entre 1992 et 1997. L’aide concessionnelle, c’est-à-dire l’aide publique au développement composée de dons et de prêts comportant un élément de don d’au moins 25 %, est passée à 41,6 milliards de dollars. Toutefois, même après cette augmentation, le niveau global de l’aide restait inférieur à celui du début des années 90. Capitaux privés internationaux et croissance • Tout comme cela s’était produit lors de la dernière grande période d’afflux massif de capitaux internationaux il y a un siècle, les flux de capitaux des dernières décennies ont d’une façon générale « accompagné » l’événement plus qu’ils ne l’ont « devancé », que ce soit du point de vue de leur destination ou de leur impact. • Les prêts bancaires et les investissements étrangers directs influent puissamment sur l’investissement intérieur, un apport d’un dollar entraînant un accroissement similaire de cet investissement. • Les comparaisons internationales de la croissance basées sur des analyses de régression montrent que les flux de capitaux privés vont de pair avec une accélération de la croissance. Ainsi, à un accroissement des entrées de capitaux égal à 1 % du PIB correspond une hausse d’environ 0,5 % de la croissance de ce même PIB. Cet impact s’est peut-être accentué au fils du temps. Les études de cas montrent que l’absorption des effets positifs de l’accroissement de la productivité suppose un climat très favorable à l’investissement. • Les comparaisons font également ressortir une relation négative entre l’irrégularité des flux de capitaux et le taux de croissance : un accroissement de la volatilité est synonyme d’un ralentissement de la croissance. • Malgré le grand retentissement des crises récentes, l’instabilité des flux de capitaux ne semble pas avoir sensiblement augmenté pour les pays en développement pris collectivement. En règle générale, les pays savent aussi mieux faire face à cette volatilité. • Si une ouverture aux capitaux étrangers tend à accroître l’instabilité sur les marchés financiers nationaux au cours de la première année, à moyen terme (en général, à partir de la troisième année), les apports extérieurs se traduisent par un gain — et non une perte — de stabilité. Des apports importants des marchés financiers internationaux s’accompagnent, le plus souvent, du développement du secteur financier. Page 10 x • Au cours des 20 dernières années, le niveau de pollution dans les agglomérations brésiliennes, chinoises et mexicaines ne permet pas de conclure à une fuite en avant dans le non-respect de l’environnement : la pollution particulaire recule dans les trois pays, alors même que l’investissement étranger augmente. Évolution des financements publics • Calculée à partir des chiffres des bailleurs de fonds (qui comprennent les dons au titre de l’assistance technique), l’aide publique au développement a augmenté de 5 % en 1999 pour s’établir à 56 milliards de dollars. • Ce chiffre représente 0,24 % des PNB combinés des principaux bailleurs de fonds, à savoir les 22 membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques. • Ce résultat confirme la tendance à la hausse amorcée en 1998, année où l’aide avait augmenté de 3,2 milliards de dollars, et semble marquer la fin de la période de baisse ininterrompue de 1992 à 1997. • L’augmentation la plus forte de l’aide parmi les grands bailleurs de fonds est à mettre au crédit du Japon, du fait du programme d’assistance spéciale que cet État a mis en place au profit des pays touchés par la crise financière en Asie de l’Est. L’aide japonaise a atteint 15,3 milliards de dollars en 1999, soit 4,6 milliards de dollars de plus qu’en 1998. • L’effort international en faveur des réfugiés kosovars est l’autre grand facteur à l’origine de l’augmentation de l’aide en 1999, particulièrement de celle des États- Unis. • En 1999-2000, l’augmentation de l’aide a été particulièrement marquée dans les régions Asie de l’Est et Pacifique et Europe orientale et Asie centrale, qui ont absorbé près de 45 % de l’enveloppe globale distribuée. • Cela s’est fait au détriment de l’Afrique subsaharienne et, dans une moindre mesure, de l’Asie du Sud. • La hausse en Asie de l’Est tient à la montée en flèche de l’aide japonaise. Le principal bénéficiaire en a été l’Indonésie où l’apport net d’aide a doublé une première fois entre 1997 et 1998, une seconde fois entre 1999 et 2000, pour s’établir à 1,9 milliard de dollars en moyenne annuelle. Initiative en faveur des pays pauvres très endettés • En trois ans, de septembre 1996 à septembre 1999, sept pays ont été admis à bénéficier de l’Initiative PPTE initiale. Il s’agit de la Bolivie, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Guyana, du Mali, du Mozambique et de l’Ouganda. Les quinze Page 11 xi autres pays suivants les ont rejoints entre septembre 1999, au moment où l’Initiative PPTE renforcée a été adoptée, et la fin de l’année 2000 : Bénin, Cameroun, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Honduras, Madagascar, Malawi, Nicaragua, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tanzanie et Zambie. • À la fin de l’année 2000, un montant total de 20,3 milliards de dollars en valeur actuelle nette et de 33,6 milliards de dollars en valeur nominale avait été engagé au titre des allégements de dette. Au total, on estime que l’Initiative PPTE devrait coûter 28,6 milliards de dollars en valeur actuelle nette. • Grâce à ces allégements, le service de la dette des 22 pays ayant atteint le point de décision en décembre 2000 sera réduit de 2,1 milliards de dollars par an (en dollars actuels) au cours de la période 2000-2005, soit 25 % de moins que la moyenne en 1998-1999. Par rapport aux recettes budgétaires, le service de la dette devrait diminuer d’environ 10 % au cours de la période 2001-2005 (de 14 points en moyenne par rapport à 1998). Le service de la dette devrait également tomber de 17 à 8 % environ des exportations pendant la même période. Financement des biens publics à caractère mondial Les transferts internationaux de ressources ont financé la création de biens publics internationaux à hauteur de 5 milliards de dollars (soit environ 10 % de l’aide publique au développement). Les fondations privées (1 milliard de dollars), les fonds fiduciaires publics (2 milliards de dollars) et l’aide publique au développement (2 milliards de dollars) financent des biens publics de différente portée. En outre, on estime à 11 milliards de dollars le financement public du développement consacré aux mesures et infrastructures nationales nécessaires à l’absorption efficace des biens publics internationaux. Les fondations consacrent aujourd’hui environ 1 milliard de dollars aux programmes internationaux, soit une progression de quelque 8 % par an pendant les années 90. Il y a dix ans, les dons internationaux des fondations privées étaient de l’ordre de 400 millions de dollars, soit moins de 1 % de l’aide publique au développement. Ils s’élèvent aujourd’hui à environ 2 % de l’aide publique au développement (qui décline) et à quelque 20 % des transferts de ressources pour la création de biens publics internationaux. Les fonds fiduciaires officiels contribuent à hauteur d’environ 2 milliards de dollars par an aux activités régionales et mondiales, soit près de 4 % de l’aide publique au développement, une hausse sensible par rapport au début des années 90. Page 12 xii Les bailleurs de fonds publics contribuent au financement de nombreux fonds fiduciaires administrés par divers organismes. La Banque mondiale détient le plus gros portefeuille de ce type de fonds auxquels les contributions se sont élevées à 1,3 milliard de dollars en 2000, dont 700 millions de dollars consacrés à des programmes régionaux et mondiaux. D’autres organisations internationales administrent des fonds fiduciaires d’un montant total de 200 millions de dollars. À la Banque mondiale, le Mécanisme d’octroi de dons pour le développement, qui mobilise environ 1,1 milliard de dollars par an au profit des biens publics internationaux, est un instrument et un moteur de financement importants des programmes régionaux et mondiaux. Les 900 millions de dollars apportés par les fonds fiduciaires auxquels contribuent plusieurs partenaires portent à environ 2 milliards de dollars le montant total de ressources acheminées chaque année par cette voie. Une part importante de l’aide au développement — estimée à environ 8 milliards de dollars par an à la fin des années 90, soit quelque 15 % de l’enveloppe totale — est consacrée à des dépenses d’accompagnement en rapport avec des biens publics internationaux. Ces dépenses sont passées d’environ 7 % de l’ensemble de l’aide publique au développement à la fin des années 70 à plus de 15 % à la fin des années 90. L’aide de base et l’assistance d’accompagnement accordées au secteur de la santé ont augmenté le plus rapidement, gonflant l’enveloppe totale des dépenses consacrées aux biens publics internationaux. Les prêts aux conditions du marché consentis par des organisations multilatérales sont pour une large part destinés au financement d’activités d’accompagnement. Ce financement, qui depuis quelques années approche les 3 milliards de dollars par an, représente approximativement 8 % du volume des prêts de ces organisations. La communauté financière internationale a affecté plus de 280 milliards de dollars à des programmes de sauvetage destinés à prévenir une catastrophe financière dans les pays frappés par la crise, contribuant ainsi au bien public international qu’est la stabilité financière mondiale.