Service-conseil pour l'investissement etranger Etude speciale No SF La privatisation des entreprises publiques et l'investissement etranger dans les pays en developpement, 1988-93 , . " .< Frank Sader Service-conseil pour l'investissement etranger service commun de la Societe financiere internationale et de la Banque mondiale Service-conseil pour l'investissement etranger Etude speciale No SF Service-conseil pour l'investissement etranger service commun de la Societe financiere intemationale et de la Banque mondiale La privatisation des entreprises publiques et l'investissement etranger dans les pays en developpement, 1988-93 Frank Sader Banque mondiale Washington, D.C. © 1995 Societe financiere intemationale et Banque mondiale 1818 H Street, N.W., Washingto~ D.C. 20433, Etats-Unis d' Amerique Tous droits reserves Imprime aux Etats-Unis d' Amerique Premier tirage : decembre 1995 La Societe financiere intemationale (SPI), institution affiliee Ii la Banque mondiale, a pour mission de promouvoir Ie developpement economique de ses pays membres par des investissements dans Ie secteur prive. Elle est Ia plus grande institution multilaterale au monde qui offre une assistance financiere directe sous Ia forme de prets et de dotations en capital a des entreprises privees des pays en developpement. La Banque mondiale est une institution multilab~rale de developpement qui a pour but d' aider ses pays membres en developpement a poursuivre leur progres economique et social afin que leurs populations puissent vivre mieux et plus pleinement. Les constatations, interpretations et conclusions presentees dans cette publication n'engagent que leurs auteurs et ne representent pas nEkessairement les opinions et politiques de la Societe finandere intemationale ou de la Banque mondiale, ni celles de leurs Administrateurs ou des pays quIlls representent. La SPI et la Banque mondiale ne garantissent pas I'exactitude des donnees contenues dans cette publication et declinent toute responsabilite quant aux consequences de leur utilisation. La presente publication est protegee par la legislation sur les droits d'auteur. Les demandes d'autorisation d'en reproduire des passages doivent etre adressees au Directeur general, Service-conseil pour l'investissement etranger (FIAS), Ii l'adresse indiquee dans l'avis de copyright ci-dessus. Le FlAS encourage la diffusion de ses travaux et accorde generalement son autorisation sans tarder, Ii titre gratuit, lorsqu'un texte est reproduit a des fins non commerciales. L'autorisation de reproduire des passages pour les utiliser en cIasse est donnee par Ie Copyright Clearance Center, Inc., Suite 910, 222 Rosewood Drive, Danvers, Massachusetts 01923 (Etats-Unis d'Amerique). La liste complete des publications de la Banque mondiale et de certaines publications de ses filiales figure dans l'edition annuelle de l'[ndex of Publications, qui peut etre obtenue Ii l'adresse suivante: Distribution Unit, Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street, N.W., Washington, D.C. 20433 (Etats-Unis d' Amerique), ou aupres de Publications, Banque mondiale, 66, avenue d'Iena, 75116, Paris (France). Edition fran~aise : ISBN 0-8213-3555-3 La Bibliotheque du Congres des Etats-Unis a catalogue I'edition anglaise comme suit: Sader, Frank. Privatizing public enterprises and foreign investment in developing countries, 1988-93 / Frank Sader. p. em. - (Occasional paper / Foreign Investment AdvisOry Service; 5) Includes index. ISBN 0-8213-3362-3 1. Privatization-Developing countries. 2. Investments, Foreign- Developing countries. I. Foreign Investment Advisory Service. II. Title. m. Series: Occasional paper (Foreign Investment Advisory Service) i 5. HD4420.8.S23 1995 338.9'2--dc20 95-23164 CIP TABLE DES MATIERES Ahrege v Preface vii Resume analytique ix 1. INTRODUCTION 1 2. ETENDUE DES PRIVATISATIONS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT 4 Amerique latine et Caraibes 6 Europe et Asie centrale 7 Asie de l'Est et Pacifique 9 Asiedu Sud 9 Afrique du Nord et Moyen-Orient 10 Afrique subsaharienne 10 3. REPARTITIONSECTORIELLEDESPRIVATISATIONS 11 Infrastructure 12 Le secteur financier 13 Le secteur primaire 14 Transformation 14 4. PARTICIPATION ETRANGERE AUX PROGRAMMES DE PRIVATISATION DES PAYS EN DEVELOPPEMENT 15 Investissements participatifs de portefeuille 17 Investissement etranger direct 19 iii 5. TECHNIQUES DE PRIVATISATION ET PARTICIPATION ETRANGERE 22 Techniques utilisables 22 Emploi effedif des differentes techniques 24 Participation etrangere suivant Jes tecbniques de privatisation 27 6. LES PRIVATISATIONS ATTIRENT-ELLES DES INVESTISSEURS ETRANGERS? 30 7. CONCLUSION 38 APPENDICE 39 REFERENCES 50 iv Abrege Les privatisations dans les pays en developpement sont l'une des causes profondes de la hausse rapide de l'investissement etranger direct observee dans ces pays au cours des dernieres annees. L' Amerique latine, l' Asie de I'Est et les pays d'Europe orientale ont reussi it attirer d'importants montants d'investissement etranger en redant des entreprises publiques it des acquereurs etrangers. Cependant, les pays qui ont entrepris de vigoureux programmes de privatisation ont vu egaiement les flux d'investissement etranger direct augmenter au-delit meme de l'impact direct de la participation etrangere aux achats de ces entreprises. La privatisation des services d'infracstructure, en particulier, semble avoir influe fortement sur les decisions des investisseurs etrangers et donne aux pays engages dans cette voie l'image d'une destination plus attrayante pour l' investissement. v Preface La privatisation a ete 1'un des moteurs de la hausse rapide de l'investissement etranger direct dans les pays en developpement au cours des dernieres annees. De nombreux pays ont recherche activement la participation des investisseurs etrangers it leurs programmes de privatisation dans Ie but de renforcer les effets produits par les ventes, qu'il s'agisse de maximiser les recettes realisees ou d'assurer la viabilite future des entreprises cedees. Beaucoup de grandes entreprises ont vu dans la participation de societes multinationales renommees Ie moyen indispensable de recevoir I' apport de competences de gestion, de savoir-faire technique et de ressources d'investissement dont elles avaient Ie plus grand besoin mais qu'elles ne pouvaient trouver sur place. Avee I' appui du Departement de I' economie intemationale de la Banque mondiale, Ie Service-conseil pour l'investissement etranger (FlAS) a etabli une base de donnees sur les operations de privatisation dans Ie monde entier depuis 1988. Ce corps de donnees laisse totalement de cote les operations de privatisation par distribution des bons et se borne aux operations de vente, comprenant la vente des actifs proprement dits ou, simplement, la cession du droit d'usage d'un bien par contrat de concession ou de louage. Cette base de donnees est actuellement tenue it jour par Ie Departement de l'economie intemationale de la Banque mondiale. vii Remerciements De nombreux fonctionnaires du Groupe de la Banque mondiale et agents d' organismes de privatisation du monde entier ont apporte un precieux concours ala collecte d'informations sur la privatisation. Sans leur contribution, l'etude ici presentee aurait ete impossible. Que soient aussi remercies specialement Joel Bergsman et Dale Weigel, pour leurs observations et suggestions toujours t:res pertinentes, ainsi que Juan Carlos Estevez, pour sa collaboration en qualite d'assistant de recherche. viii Resume analytique Depuis la fin des annees 80, Ie nombre des pays en developpement qui dereglementent leur economie, en l'ouvrant it l'entreprise privee et aux forces du marche ne cesse de croitre. La privatisation des entreprises publiques est l'une des pieces mattresses de ces reformes : elle reduit Ie role de l'Etat dans l'economie et allege les tensions qui s'exercent sur les budgets pUblics. Au cours des six demieres annees, les ventes d'entreprises publiques ont augmente rapidement. Durant 1a periode 1988-93, les gouvemements de soixante-neuf pays en developpement ont vendu pres de 2.300 entreprises (ce chiffre exclut les privatisations de masse par distribution de bons, qui n'entrent pas dans les statistiques utilisees pour la presente etude). Ces ventes ont rapporte environ 96 milliards de dollars, les meilleurs resultats ayant ete enregistres dans plusiems pays d' Amerique latine et d'Europe de l'Est. Ces recettes substantielles sont, bien entendu, un apport des plus opportuns pour les budgets actuels, mais les ventes d'entreprises ont egalement ravantage d'alh~ger la pression sur les budgets futurs en reduisant Ie besoin de finance]' des entreprises publiques deficitaires. En outre, les privatisations ont aide de nombreux pays en developpement it retrouver l'acces aux marches financiers intemationaux. La participation etrangere aux privatisations a generalement ete !res importante, procurant environ 33 milliards de dollars de devises durant la periode examinee, sous la forme de prises de participation de portefeuille et d'investissement etranger direct. L'interet des investisseurs etrangers pour les programmes de privatisation des pays en developpement n'a cesse de se renforc€:r, surtout parmi les societes des Etats-Unis et d'Europe occidentale. Malgre une legere baisse du total des recettes de privatisation en 1993, Ie montant de la participation etrangere a continue d'augmenter, atteignant un niveau record de 11 milliards de dollars et une pro]Jortion de 44 % du total des recettes de privatisation. Les ventes directes it des investisseurs individuels et les offres publiques en bourse sur les marches locaux ou intemationaux sont les techniques de privatisation les plus courantes, appliquees dans plus de 90 % de toutes les ventes de privatisation. Ces formules sont egalement celles qui attirent Ie plus la participation aux programmes de privatisation des investisseurs etrangers auxquels elles permettent d'acquerir Ie controle qu'ils desirent sur les entreprises vendues. Toutefois, d'autres techniques comme les coentreprises, les concessions et meme les contrats de louage - ont reussi, dans certains cas, it susciter l'interet des investisseurs etrangers. Les autorites responsables les ont utilisees avec succes lorsqu'elles preferaient conserver la propriete des entreprises tout en attirant des partenaires du secteur prive pour renforcer l' efficacite et la gestion. Etant donne la tendance croissante it privatiser les services d'infrastructure comme les transports, les telecommunications et l' approvisionnement en energie, les accords de concession et les contrats de louage pourraient s'affirmer comme d'importantes techniques de privatisation, capables d'interesser e1les aussi les investisseurs etrangers. ix Les privatisations ne sont pas seulement une source directe de devises : elles attirent egalement des investissements etrangers qui viennent s'ajouter it ceux que provoque directement la vente it des etrangers d'actifs appartenant it l'Etat. Une analyse econometrique revele en effet une forte correlation entre la taille des programmes de privatisation et les entrees totales d'investissement etranger direct. En particulier, les privatisations dans l'infrastructure affichent une correlation etroite avec l'augmentation des flux d'investissement etranger direct. Elles oment en effet la possibilite d'abaisser les couts de fonctionnement tout en fournissant des services flables et de haute qualite dans les communications, les transports et I'approvisionnement en energie, et elles augmentent par consequent la rentabilite previsionnelle des projets d'investissement. Les ventes d'entreprises industrielles provoquent aussi des apports supplementaires d'investissement etranger, en sus du montant obtenu directement de la privatisation. Dans ce cas, cependant, Ie surcroit d'apports semble etre du moins it I'arrivee d'autres investisseurs qU'au transfert, au cours des annees qui suivent l' acquisition, des ressources supplementaires necessaires pour transformer et moderniser les entreprises rachetees,. Ces deux conclusions, qui procedent de l'analyse exposee dans Ie present document, recoupent les constatations circonstancielles sur Ie comportement des entreprises individuelles. Les privatisations effectuees dans plusieurs pays ont constitue un moyen important d' attirer I'investissement etranger, directement, par la vente d'actifs it des etrangers, et indirectement, en incitant les acheteurs a de nouveaux investissements, mais egalement en attirant des investisseurs totalement nouveaux. La privatisation n' est donc pas une mesure isolee apres Iaquelle les flux d'investissement etranger retombent a leur niveau d'origine, une fois Ie programme acheve. Elle peut, en fait, stimuler un interet vif et durable chez les investisseurs etrangers et elever pour longtemps les apports de capitaux a un palier superieur en offrant it l'investissement etranger un contexte ouvert et rentable. x 1. Introduction Pour de nombreux pays en developpement, les annees 80 ont ete marquees par la crise de l'endettement et Ie manque de capitaux. En revanche, les annees 90 se caracterisent, jusqu'it present, par la reprise des apports de capitaux prives. Les pays it revenu intennediaire, en particulier, beneficient d'un afflux rapide de capitaux d'investissement venus de l'etranger. L'investissement etranger direct et l'investissement participatif de portefeuille ont augmente it un rythme annuel moyen estime it 44 % (Banque mondiale 1994, p.192). L'investissement prive est devenu la premiere source de financement pour l' ensemble des pays en developpement. La part de l'investissement prive dans les flux de ressources nets agreges vers ces pays est passee de tout juste 6 % en 1980 it environ 40 % en 1993 (Banque mondiale 1994, p.l70). Cet essor de l'investissement prive s'explique par la stabilisation et la liberalisation macroeconomiques largement repandues. Beaucoup de pays en developpement cherchent it ameliorer leur competitivite internationale et souhaitent etablir un climat plus propice it l'activite economique privee. L'un des aspects importants de cet effort de liberalisation est un mouvement marque vers la reduction de la taille du secteur public. La liberalisation actuelle va au rebours des tendances apparues dans les annees 50. A cette epoque, en effet, les gouvemements des pays en developpement ont elargi leurs interventions dans I' economie, esperant accelerer Ie processus de developpement en investissant dans des secteurs cles cornme les matieres premieres, les telecommunications, les finances, les transports et l'industrie lourde. Le plus souvent, cependant, les entreprises publiques qu'ils ont creees ont eu des resultats decevants : Ie laxisme des regles budgetaires et la primaure donnee aux objectifs politiques (procurer des emplois et des biens et services subventionnes, par exemple) ont trop souvent condamne les entreprises publiques a une inefficacite flagrante. La plupart d' entre elles sont ainsi devenues deficitaires, pesant lourdement sur les budgets publics deja fortement eprouves et freinant Ie progres du developpement economique qu'elles etaient censees favoriser. Sous la contrainte des pressions macroeconorniques engendrees par la crise de I' endettement des annees 80, les pays en developpement ont dft, de plus en plus, reduire leurs depenses. En moyenne, la part de l'investissement public dans l'investissement total est tombee d'it peu pres 45 % au debut des annees 80 a environ 38 % en 1992 (Millet et Sumlinski 1994, p.23). Cette evolution est due en partie it la strategie suivie par les gouvemements des pays en developpement pour se debarrasser de leurs secteurs publics hypertrophies et inefficaces en privatisant les entreprises publiques. Outre les gains d' efficacite attendus pour I' ensemble de I' econornie, les privatisations donnent aux pouvoirs publics les moyens de fmancer leurs budgets actuels avec les recettes procurees par les ventes et leur pennettent de soulager les budgets futurs en eliminant Ie besoin de depenses d'investissement et de subventions destinees aux entreprises publiques. Jusqu'a la fin des annees 80, seuls quelques pays avaient entrepris un programme de privatisation systematique. Le Chili fut I'un des pionniers du mouvement de privatisation. Le regime militaire, sous I' autorite du general Augusto Pinochet, a lance un vaste programme de privatisation en 1974, en reaction aux mesures prises par Ie gouvemement socialiste de Salvador Allende qui avait nationalise quelque 350 entreprises entre 1970 et 1973, ce qui avait place pres de 50 % du PIB sous Ie controle de l'Etat (Nankani 1988, p.18). Depuis lors, Ie Chili a cede la plupart de ses entreprises publiques par vagues successives, generant des recettes totales d'environ 1,4 milliard de dollars (Sader 1993, p.7). D'autres pays en developpement ont entrepris, a leur tour, des programmes de privatisation des Ie debut des annees 80. Une etude de la Banque mondiale recense un total de 456 operations de privatisation dans 64 pays en developpement durant la periode 1980-87 (Candoy-Sekse 1988). II a fallu generalement attendre la fin des annees 80 pour que les pays en developpement utilisent la privatisation comme un outil de liberalisation macroeconomique. Depuis lors, cependant, les privatisations se sont multipliees dans un nombre de pays qui augmente rapidement. Ce phenomene contribue a creer un environnement des affaires attrayant dans de nombreux pays en developpement et renforce l'interet des investisseurs etrangers. Le Groupe de la Banque tient une base mondiale de donnees sur la privatisation qui enregistre les operations de privatisation effectuees dans les pays en developpement depuis 1988. La Banque recueille l'essentiel des donnees aupres des organismes responsables de la privatisation dans les differents pays. Cette information est completee par les renseignements diffuses par ailleurs dans Ie public et par les donnees disponibles dans les differents services de la Banque mondiale. Aux fins de la presente etude, la privatisation se definit comme la cession totale ou partielle au secteur prive, contre paiement, du controle d'actifs appartenant a 1a collectivite publique. Elle englobe toutes les ventes directes de biens publics a des investisseurs prives par voie d'offre publique ou de placement prive. Elle inc1ut egalement la sous-traitance de services publics dans Ie cadre d'accords de concessions ou de licences d' exploitation. Pour que la base de donnees garde une dimension raisonnable, la Banque ne comptabilise generaIement pas les petites privatisations pour lesquelles la vente n'atteint pas un montant de 50.000 dollars. Elle ne tient pas compte non plus des operations de denationalisation dans lesquelles les entreprises publiques cessent tout simplement de fonctionner et les actifs sont mis en sommeil. Malgre l'extreme importance prise aujourd'hui par les privatisations de masse suivant la fonnule des bons dans la transformation des economies d'Europe de l'Est, ces operations sont exc1ues de l'analyse ici presentee. D'une part, en effet, i1 n' existe pas de statistiques fiables sur les privatisations de masse, pas meme dans la plupart des pays concemes. D'autre part, les privatisations par la formule des bons s' adressent a la population du pays meme et ne sont donc pas, dans un premier temps, accessibles directement aux investisseurs etrangers. L'appendice contient une presentation detaillee des donnees d'ensemble, reparties par region, par secteur, par type d'investisseur et par origine de l'investisseur. 2 La privatisation progresse rapidement depuis 1988. II existe cependant de profondes differences, d'un pays a l'autre et d'une region a l'autre, quant a l'intensite avec laquelle la politique de privatisation s'applique. La presente etude montre que la privatisation peut etre un important moyen d'augmenter les apports d'investissement etranger dans les economies des pays en developpement. Les investisseurs etrangers ont, en effet, participe directement aux grands programmes de privatisation facilement accessibles. En outre, les programmes de privatisation bien geres semblent egalement avoir attire des flux suppIementaires d'investissement en provenance de l'etranger, independamment du programme de privatisation lui-meme, en repandant l'image du pays comme une destination seduisante pour l' investissement. 3 2. Etendue des privatisations dans les pays en developpement Le nombre des operations de privatisation dans Ie monde entier a augmente rapidement : parti de 62 en 1988, il atteignait 868 en 1993 1. Globalement, pour on total de 93 pays, 2.655 operations ont ete recensees dans cette periode, Ie produit des ventes per9u par les pouvoirs publics s'elevant au total it 271 milliards de dollars 2• La plupart de ces privatisations ont eu lieu dans les pays en developpement. Sur l' ensemble de la periode, Ie chiffre est superieur it 2.200 ventes, soit environ 85 % de toutes les operations conclues dans Ie monde entier (voir Figure 1 et Tableaux A-I et A-3 de l'appendice). Les ventes dans les pays industrialises entrent pour one grande part dans Ie total des recettes tirees des ventes de privatisation: les ventes des pays industrialises ont rapporte 175 milliards de dollars et celles des pays en developpement 96 milliards de dollars. Figure 1. Les privatisations dans Ie monde, 1988-93 D'a pres Ie nom bre d'operations 1.000 r--r-;::::;1P.iV~irliIi:~~~----r---------"] o 800 • Pays en de\eloppement 600t---------------~==~===, -I 400T-----------r====r • I 200 t----~==:;_ • I I I o l1iiiiiiiiiiiiiiiiiiL I I I I I 1988 1989 1990 1991 1992 1993 I Les statistiques des privatisations dans les pays industriaIises viennent de Fin Mark Research, Inc. 2 Les privatisations dans l'ex-RepubJique democratique allemande ne sont pas prises en compte faute de disposer de renseignements dtStailles. Seion Ies estimations, Ia Treuhandanstalt a vendu environ 12.000 entreprises pour un montant proche de 28 milliards de dollars depuis Ie lancement du programme en 1990. 4 D'apres Ie montant des recettes rrilIlanbdedolln 80~~~~~~~==~__________~ o 70 • Pays en developpement !-------i 60+-~==============~------~ 50 +--------------1 40+r-~~-----~ 30 20 10 0-/.111.....14 1988 1989 1990 1991 1992 1993 Source: Base de donnees de /a Banque mondiale sur la privatisation. Malgre la predominance des pays industriels dans les ventes des grandes entreprises, les efforts de privatisation du monde en developpement ont ete remarquables. Sur l' ensemble de Ia periode, les privatisations des pays en developpement ont augmente plus vite, d'apres Ie nombre des operations et Ie montant des recettes obtenues. Le volume des ventes, qui n'etait que de 2,6 milliards de dollars en 1988, a atteint un niveau record de 29,0 milliards de dollars en 1992. En 1993, les recettes ont flechi legerement, tombant a24,5 milliards de dollars. Le repli a ete provoque par une baisse du volume des ventes en Amerique latine, en Europe et en Asie centrale. Dans les autres regions, Ie montant des recettes de privatisation a augmente, mais insuffisamment pour rattraper Ie recul observe ailleurs. Sur I'ensemble de Ia periode, l' Amerique latine, l'Europe de l'Est et, dans une certaine mesure, I' Asie de l'Est, viennent en tete pour les privatisations des pays en d6veloppement, tant d'apres les recettes des ventes que pour Ie nombre des operations. La Figure 2 illustre Ie decalage entre l' Afrique subsaharienne, l'Asie du Sud et Ie Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, et les regions les plus actives. (Voir egalement les Tableaux A-I et A-3 de l'appendice.) 5 Figure 2. Les privatisations dans Ie monde en developpement, par region, 1988-93 Recettes totales : $ 96 milliard; Nombre total d'operations : 2.279 Afnque Afnque Asie de I'Es! e! s ubsaharienne Asic de l'Est et Pac~~ue Pacifique J73 Asic du Sud $ 3,6 mds Amerique laune et Caraibes 561 Euro pc et As ie centrale Amenque latine $ 18,Omds et CaraYbes S 55,2 mds Moyen-Onent et Afrique du No rd Europe et As ie Afrique du Nord 55 centrale $ 0,7 md t097 Source . Base de donnees de la Banque mondiale sur fa privatisation Amerique latine et Caraibes La region Amerique latine et Cara'ibes a ete la plus dynamique de toutes dans la privatisation si l'on considere Ie volume des ventes. Dans la periode 1988-93,561 entites appartenant ala collectivite publique, d'une valeur de 55,2 milliards de dollars, ont ete vendues, ce qui represente environ 58 % de toutes les recettes de privatisation dans Ie monde en developpement pour la periode. Les ventes ont atteint leur chiffre record en 1991 (18 milliards de dollars), puis ont diminue, tombant a 10 milliards de dollars en 1993. Ce deciin s' explique par Ie fait que plusieurs grands pays d' Amerique latine avaient alors vendu la plupart de leurs actifs appartenant it I, Etat. Le mouvement de hausse suivie d'une baisse a ete Ie plus perceptible au Mexique ou Ie programme de privatisation s'est accelere rapidement a l'entree en fonction du President Carlos Salinas, en decembre 1988. Entre cette date et 1993, les pouvoirs publics ont vendu 194 entreprises, realisant des recettes de 26,5 milliards de dollars. L' annee 1991 a ete la plus active: la compagnie de telephone TELMEX et les deux plus grandes banques, Banarnex et Bancomer, ont ete vendues. A elle seule, Banamex a ete ceclee pour 3,2 milliards de dollars, faisant de cette operation la plus grande vente de privatisation realisee dans Ie monde en developpement. En 1993, cependant, la plupart des entreprises publiques du Mexique avaient ete vendues et Ie nombre des operations, de meme que les recettes de privatisation, ont chute rapidement. Toutefois, Ie mouvement pourrait reprendre en raison de la privatisation intensive des biens d'infrastructure (en particulier les routes, les voies ferrees et les installations portuaires) par voie de concessions. 6 L' Argentine est I'autre pays de la region a s'etre engage activement sur Ia voie de la privatisation. Apres son election en 1989, Ie President Carlos Menem a promis de reduire serieusement la taille du secteur public. Les entreprises du secteur public etaient hypertrophiees et deficitaires, en 1989, leurs pertes avoisinaient les 4 milliards de dollars (Clutterbuck 1991, p.59). En 1993, les pouvoirs publics avaient vendu 106 entreprises, realisant pres de 17 milliards de dollars de recettes et reduisant simultanement la dette exterieure du pays d'environ 17 milliards de dollars grace a des operations de conversion de dettes en participations. Ayant deja privatise de nombreuses societes, dont les compagnies aeriennes, les societes d' electricite, la compagnie du telephone et les chemins de fer, l' Argentine a entrepris sa plus grande privatisation en 1993 en cedant 45 % de sa compagnie petroliere, YPF, par une offre publique d'un montant total de 3 milliards de dollars. Tout comme Ie Mexique, l' Argentine avait vendu la plupart de ses entreprises publiques a la fm de 1993. La privatisation en etait a des stades differents dans les autres pays de Ia region a Ia meme echeance. Le programme de privatisation du Perou a commence en 1991 et, de cette date it Ia fm de 1993, les autorites ont vendu 28 entreprises pour environ 350 millions de dollars. Des pays p]us petits, comme Ie Honduras, Ia JamaIque et Ie Nicaragua, ont entrepris egalement des operations de privatisation importantes, mais dans plusieurs economies de Ia region, Ie mouvement n'a pas encore commence ou s'est arrete. Au Venezuela, la privatisation avait pris un depart prometteur avec Ia vente de Ia compagnie du telephone, CANTV, en 1991. Entre cette date et 1993, cependant, seuls des actifs mineurs ont ete vendus, en raison des difficultes politiques traversees par Ie pays. Le Bresil, de son cote, a privatise 27 societes entre 1988 et 1993, se procurant des recettes de 6,9 milliards de dollars. Aussi substantiel qu'un tel montant puisse etre par rapport aux pays voisins, il est neanmoins bien en de<;a du potentiel du Bresil qui est une grande economie avec de nombreuses entreprises publiques. Europe et Asie centrale Pour sortir du regime socialiste, les economies plani:fiees d'Europe de l'Est et les republiques d' Asie centrale de l' ex-Union sovietique ont lance une campagne de denationalisation massive. Entre 1989 (date du lancement de la privatisation en Hongrie) et 1993, ces pays ont vendu plus de 1.000 entreprises, realisant pres de la moitie de toutes les operations de privatisation dans Ie monde en developpement (sans compter Ies privatisations par la fonnule des bons). Apres une vive croissance, les recettes de privatisation dans la region Europe et Asie centrale sont tombees de leur chiffre record de 6,2 milliards de dollars en 1992 a 4,6 milliards de dollars en 1993. Toutefois, cette baisse provient d'un ralentissement des ventes en Grece, au Portugal et en Turquie, qui :figurent egalement dans cette region. Les ex-economies planifiees ont, en effet, poursuivi leurs vigoureux efforts de privatisation en 1993, vendant 297 entreprises pour 3,7 milliards de dollars, contre 126 entreprises pour 2,9 milliards de dollars en 1992. Si l'on considere Ie nombre enonne de ventes realisees en Europe de I'Est et dans les ex- republiques sovietiques, les recettes n' ont pas ete particulierement elevees. Le nombre 7 d'operations temoigne moins du degre d'intensite avec lequella politique de privatisation est poursuivie par les pouvoirs publics que du poids considerable que Ie secteur public avait pris dans l' economie. En Amerique latine et en Asie de rEst, rEtat etait present principalement dans l'infrastructure ou dans les !res grandes entreprises industrielles. Aussi la valeur moyenne des ventes dans ces regions est-elle tres elevee. En revanche, dans les pays OU les entreprises publiques operaient dans des secteurs tres divers, les petits etablissements etaient inevitablement tres nombreux, et Ie montant moyen des ventes est donc sensiblement plus faible. Concretement, Ie montant moyen des ventes de privatisation en Europe de I'Est et dans les ex-republiques sovietiques a ete extremement bas, quasiment identique au prix moyen obtenu dans les privatisations en Afrique subsaharienne (voir Figure 3). Figure 3. Montant moyen des privatisations par region, 1988-93 Afrique subsaharienne Europe et Asie centrale Moyen-Orient et Afrique du Nord Asie du Sud Asie de "Est et Pacifique Amerique laline et Cara"Jbes o 20 40 60 80 100 120 Millions de dollars Source: Base de donnees de la Banque mondiale sur la privatisation. Des pays d'Europe de rEst et d'Asie centrale, c'est la Hongrie qui a ete Ie pays Ie plus actif dans la privatisation, vendant 164 entreprises pour 4,3 milliards de dollars entre 1989 et 1993. Le programme hongrois est celui de la region qui a ere Ie plus resolument toume vers Ie marche, optant pour la realisation de recettes de preference it la privatisation de masse par la formule des bons. En 1993, Ie programme a continue de fonctionner it un niveau eleve malgre les difficultes politiques, rapportant 1,8 milliard de dollars dans Ie cadre de 62 ventes. La Hongrie a conclu la plus grande operation de privatisation dans I 'histoire de la region en 1993, lorsqu'eUe a cede 30 % de sa compagnie de telecommunications, MATAV, pour 961 millions de dollars. Le consortium d'achat, conduit par la societe allemande Telekom, s'est engage en outre it investir 4,3 milliards de dollars dans MATAV d'ici la fin de 2002. 8 L'ex-Tchecoslovaquie a choisi, quant a elle, un panachage de ventes directes a des investisseurs strategiques et de programme de distribution de bons. Depuis Ie lancement de la campagne, a la fm de 1990, quelque 80 entreprises ont ete vendues directement, rapportant 2,6 milliards de dollars de recettes. Cependant, si l'activite a ete plus intense en Republique tcheque, les privatisations en Slovaquie ne progressent guere depuis la scission du pays. En 1993, la Slovaquie n'a vendu que huit entreprises pour environ 60 millions de dollars, tandis que la Republique tcheque en a vendu 32 pour 650 millions de dollars. La Pologne vient au troisieme rang pour les privatisations dans la region, ayant cede 154 entreprises pour un total de 1,4 milliard de dollars entre 1990 et 1993. Malgre les difficultes, Ie programme s'est poursuivi vigoureusement en 1993 : 81 societes ont ete privati sees pour plus de 700 millions de dollars de recettes. Parmi elies figure Bank Slaski, cedc5e pour 141 millions de dollars a l'occasion de la premiere vente d'un etablissement bancaire au titre du programme de privatisation. La Bulgarie, la Croatie, l'Estonie, la Lituanie, la Roumanie et la Slovenie ont egalement adopte des programmes de privatisation. En 1993, cependant, les actifs vendus ne representaient encore que des sommes mineures. Le pays qui a Ie plus fort potentiel, la Russie, a opte quasi exclusivement pour des programmes de privatisation par la fonnule des bons et n'a procede qu'a un petit nombre de ventes directes. Asie de PEst et Pacifique La Region Asie de l'Est et Pacifique est la seule ou les recettes de privatisation ont augmente en 1993, leur total atteignant 7,5 milliards de dollars contre 5,2 milliards de dollars en 1992. Apres un depart relativement lent par rapport aux autres regions, la privatisation s'est acceleree au debut des annees 90. Les recettes totales entre 1988 et 1993 ont ete de 16,2 milliards de dollars. D'apres Ie produit des ventes, les pays les plus actifs dans la privatisation ont ete la Malaisie, les Phi1ippines et la Chine. Entre 1988 et 1993, les ventes de privatisation de la Malaisie ont rapporte 5,8 milliards de dollars de recettes, soit plus d'un tiers du total pour la region. Les Philippines ont, elles aussi, r6duit sensiblement la propriete publique, vendant 63 entreprises pour 2,8 milliards de dollars entre 1988 et 1993. Les autorites chinoises, quant a elles, ne parlent pas officiellement de «privatisation » mais, en pratique, ont reduit la propriete publique en offrant des parts de societes aux investisseurs nationaux et etrangers sur les marches boursiers de Shenzhen, Shanghai et Hong Kong. De 1991 a 1993, les pouvoirs publics ont vendu des actions de 61 societes appartenant a l'Etat et encaisse un total de 4,1 milliards de dollars. Asie du Sud En 1993, les privatisations en Asie du Sud sont tombees a un montant de 974 millions de dollars pour 54 entreprises, au lieu de 1,6 milliard de dollars pour 83 ventes en 1992. L'Inde 9 a tenu la premiere place, vendant 47 entreprises pour 2,9 milliards de dollars entre 1991 et 1993. Cependant, meme la privatisation de 29,4 % de la State Bank of India en 1993 n'a pas pu contrebalancer Ie ralentissement des autres programmes de privatisation dans la region, principalement au Pakistan et it Sri Lanka. Afrique du Nord et Moyen-Orient Les privatisations en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont ete peu importantes, tant par Ie montant que par Ie nombre des operations, mais elles ont augmente rapidement en 1993. La Tunisie, premier pays de Ia region it privatiser systematiquement, a ete rejointe par l'Egypte et Ie Maroc qui ont, eux aussi, fait preuve d'un dynamisme relatif dans les ventes d'entreprises publiques en 1993. Au total, cependant, seules 54 operations, pour un montant de 740 millions de dollars, ont ete enregistrees dans Ia region en 1988-93. Afrique subsaharienne L'activite de privatisation s'est legerement renforcee en Afrique subsaharienne en 1993. Hormis les deux seules ventes realisees en Afrique du Sud en 1989, la cession de 200 entreprises entre 1988 et 1993 a rapporte pres d'un milliard de dollars it la region. D'apres Ie montant des ventes, Ie Nigeria vient au premier rang, avec des recettes totales de 740 millions de dollars dont 500 millions de dollars venant de la cession it Elf Aquitaine du gisement petrolier de NNPC. Le Benin, la Cote d'Ivoire, Ie Ghana, Ie Kenya, l'Ouganda, Ie Togo et la Zambie ont egalement lance des programmes de privatisation qui rencontrent un succes variable. Le Mozambique est Ie pays qui a vendu Ie plus grand nombre d'entreprises, et son programme s'est accelere ces dernieres annees : i1 a privatise 276 entreprises, mais toutes pour des montants relativement bas 3. 3 Sur ees 276 entreprises, 82 seulement ont ete cedees a un prix d'au moins 50.000 dollars et soot done incluses dans la base de donnees. 10 3. Repartition seetorielle des privatisations Le poids inegal du secteur public dans I' economie provoque egalement de profondes differences d'une region a I'autre dans Ia repartition sectorielle des privatisations (Figure 4). Les ventes dans Ie secteur de l'infrastructure, comprenant les telecommunications, l'energie, les eaux et les transports, ont tenu une grande place en Amerique latine et aux Carai'bes, de meme qu'en Asie de I'Est et Pacifique. Les autres regions ont privatise principalement des entreprises manufacturieres et des activites du secteur primaire. En Europe de l'Est et Asie centrale, les ventes d'entreprises industrielles ont represente la moitie de toutes les ventes durant la periode (voir l'appendice, Tableaux A-5 a A-IO). Figure 4. Repartition seetorielle des privatisations (par region en proportion des recettes totales, 1988-93) Asie de rEst ElD'ope & Amerique Moyen Asie duSud Afrique sub- & Pacifique Asie latine & Orient & $3,6mds saharienne $16,2 mds centrale Caraibes Afrique (*) $1,Omd $18,0 mds $55,2 mds Nord $0,7 (") Afrique du Sud B n rastructure • rvlCes FinanCiers 0 cteur pnmaire non comprise • Industrie III Services • Divers Note: «Infrastructure» comprend l'electricite, les telecommunications, les transports et I'eau. «Secteur primaire» comprend l'agroindustrie, les hydrocarbures et l'extraction miniere. « Divers» regroupe les ventes qui n'ont pas pu etre classees. Source: Base de donnees de fa Banque mondiale sur fa privatisation. D'apres Ie nombre des operations, les ventes d'entreprises publiques industrielles viennent au premier rang dans la privatisation dans Ie monde en developpement. En revanche, d' apres Ie 11 produit des ventes, 1'infrastructure vient en tete, ayant rapporte 32 milliards de dollars, soit un tiers de toutes les recettes de privatisation en 1988-93 (Figure 5). Les ventes d'entreprises industrielles ont procure 27 % du total des recettes de vente, principalement a cause de la cession d'entreprises particulierement grandes en Asie de 1'Est et en Amerique latine, et d'un grand nombre d'entreprises de taille moyenne en Europe de rEst. La privatisation des entreprises financieres a rapporte 20 milliards de dollars, provenant principalement des ventes de banques commerciales en Amerique latine. Figure 5. Repartition sectorielle des privatisations dans les pays en developpement, 1988-93 Services Divers $ 3,3 mds $2,9 mds Industrie $ 25,7 mds Infrastructure $ 32,0 mds Secteur primaire 512,1 mds Services financiers $20,0 mds Source: Base de donnees de fa Banque mondiafe sur fa privatisation. Infrastructure De nombreux economistes du developpement esperent que la privatisation des services d'infrastructure aura un effet positif sur Ie developpement economique. Les activites telles que la production et la distribution d'energie, l'eau, l'assainissement, les transports et les telecommunications contribuent a definir Ie climat de l'investissement et exercent une influence determinante sur les possibilites d' affaires dans Ie reste de l' economie. Les autorites des pays en developpement ont, tres tot, pris conscience du besoin de teis services et, Ie plus souvent, ont cherche a y repondre en creant des entreprises publiques. Dans la plupart des cas, cependant, ces entreprises sont devenues hautement inefficaces. Faute d'investissements et d'une amelioration reguliere des installations, ces secteurs ont souvent agi comme des freins au lieu de produire des effets multiplicateurs aux extemalites positives. 12 La privatisation des equipements de telecommunications, qui a rapporte 15,5 milliards de dollars en 1988-93, est celIe qui a donne lieu aux plus grandes ventes d'infrastructures dans les pays en developpement. Le nombre des operations dans les telecommunications a ete relativement petit mais, en general, la compagnie du telephone des pays it revenu intermediaire a une valeur elevee. La plus grosse operation a ete la vente de TELMEX, au Mexique, pour un montant total de 4,9 milliards de dollars, par plusieurs offres dans Ie public en 1990 et 1991. L' Argentine a vendu elle aussi son entreprise de telecommunications apres l'avoir scindee en ENTEL Nord et ENTEL Sud en 1990. La vente des deux societes a rapporte un total de 3,3 milliards de dollars. Seul veritable succes de la privatisation au Venezuela, la vente de 40 % de CANTV it un consortium ayant it sa tete GTE et AT&T a rapporte 1,9 milliard de dollars en 1991. Cependant, les privatisations des telecommunications n'ont pas ete l'apanage exclusif des grands pays latino-americains. La Barbade, Ie Belize et la Jamaique ont egalement cede leurs compagnies du telephone durant la periode etudiee. Dans les pays d' Asie de PEst, les ventes d'entreprises de telecommunications ont ete etonnamment rares. Seules de petites participations minoritaires ont etc vendues dans Korea Telecom, Syarikat Telekom Malaysia et Eastern Visayas Telephone des Philippines. A la fin de 1993, les pays des autres regions n'avaient procede it aucune privatisation notable de leurs telecommunications. Globalement, les privatisations dans la production, Ie transport et la distribution d'energie ont ete importantes egalement, les ventes ayant represente 9,6 milliards de dollars dans l'ensemble du monde en developpement en 1988-93. Le pays Ie plus actif dans ce domaine a ete l' Argentine, qui a vendu ses compagnies d'electricite pour 2,1 milliards de dollars et son reseau de distribution du gaz pour 1,8 milliard de dollars. La Coree, la Malaisie et les Philippines ont aussi privatise certaines de leurs entreprises d' electricite. La plus grosse vente de ce type a ete l' offre dans Ie public de 21 % de Korea Electric Power Corporation, qui a rapporte 2,1 milliards de dollars en 1989. Les plincipales operations de privatisation dans les transports ont e16 les ventes de compagnies aeriennes nationaIes, qui ont rapporte 5,4 milliards de dollars, soit 80 % du total des rec:ettes des privatisations dans les transports. Aerolineas Argentinas s'est vendue en 1990 pour 1,9 milliard de dollars et Malaysia Airlines a e16 rachetee en 1992 et 1993 pour 1,4 milliard de dollars. Divers autres pays, comme Ie Guatemala, la Hongrie, Ie Mexique, Ie Panama, les Philippines et la Thwlande, ont privatise eux aussi leurs compagnies de transport aerien durant la meme periode. En outre, les concessions de chemins de fer, d'installations portuaires et d' entretien des routes sont devenues de plus en plus courantes durant la periode, principalement, une fois encore, en Amerique latine. Le secteur financier En 1988-93, les ventes d' etablissements financiers appartenant it la collectivite publique ont represente pres de 20 milliards de dollars, soit 20 % du total des recettes de privatisation des pays en developpement. La majeure partie de cette somme est venue de la privatisation de banques commerciales en Amerique latine, principalement au Mexique. Ce pays a entrepris de privatiser son secteur bancaire en 1991 et 1992, et recueilli 12,1 milliards de dollars en 13 vendant 18 banques commerciales. Les Philippines ont privatise sept etablissements bancaires pour 800 millions de dollars. En Europe, Ie Portugal a ete particulierement actif : depuis 1989, 19 banques et compagnies d'assurances ont ete vendues pour environ 3,3 milliards de dollars. Le secteur primaire Aux premiers stades du developpement, les pouvoirs publics de nombreux pays sont intervenus massivement dans Ie secteur primaire. La vente ai' exterieur des ressources naturelles comme les mineraux ou Ie petrole etait souvent Ie seul moyen facile d' obtenir des devises. La privatisation des activites du secteur primaire prend donc une forte valeur symbolique, attestant, pour les investisseurs prives, de la sincerite et de I' intensite avec lesquelles les pouvoirs publics poursuivent la privatisation. Les compagnies petrolieres, en particulier, symbolisent souvent la richesse et l'independance nationales, et la plupart des gouvemements n'ont donc pas ose y toucher. Aussi, lorsque l'Argentine a commence a vendre des zones de forage en 1990, puis a finalement privatise YPP en 1993, les marches internationaux ont·ils vu dans ces mesures un signe convaincant que Ie pays etait desormais ouvert a l'investissement prive. Les ventes du secteur petrolier ont rapporte 4,3 milliards de dollars a I' Argentine entre 1990 et 1993. Au Mexique, des restrictions constitutionnelles interdisent la privatisation des activites petrolieres de base mais les pouvoirs publics ont entrepris de vendre diverses entreprises intervenant en aval. Le pays a cede egalement onze societes minieres entre 1989 et 1993, dont sa principale mine de cuivre, Cananea, pour 475 millions de dollars. Le Perou a entrepris lui aussi des privatisations substantielles dans Ie secteur minier, y compris celle de Hierro Peru, vendu au groupe chinois Shougang pour 120 millions de dollars. Transformation Dans Ie secteur manufacturier, les pays d' Amerique latine ont affiche Ie volume de ventes Ie plus eleve, bien que les privatisations en Europe de l'Est se soient concentrees dans ce domaine. Les privatisations de grandes entreprises industrielles comme les compagnies chimiques et petrochimiques et les usines siderurgiques en Argentine, au Bresil et au Mexique ont rapporte des recettes proches de 10 milliards de dollars en 1988-93. Le Bresil a egalement encaisse environ 6,5 milliards de dollars a l' occasion des ventes d' entreprises publiques dans ces deux branches d' activite et, notamment, de Ia cession du geant siderurgique Usiminas, vendu pour 1,5 milliard de dollars en 1991, et celIe de CSN, premiere acierie complete construite en Amerique latine, privati see en 1993 pour 1,3 milliard de dollars. 14 4. Participation etrangere aux programmes de privatisation des pays en developpement Les investisseurs etrangers peuvent participer aux operations de privatisation soit par I'investissement etranger direct soit par I'investissement participatif de portefeuille. Ce dernier type d'investissement est de nature purement financiere, la part de chaque investisseur ne devant pas depasser 10 %. Au contraire, l'investisseur etranger direct cherche normalement it acquerir un interet strategique afin d'exercer une influence substantielle sur Ie fonctionnement de I' entreprise. La participation des investisseurs etrangers aux programmes de privatisation est un sujet politiquement delicat. Dans la plupart des pays, les principales entreprises publiques sont souvent considerees comme des tresors nationaux, et les projets de privatisation de ces entreprises suscitent frequemment une opposition politique interne. Neanrnoins, la participation des etrangers peut offrir de nombreux avantages. Tout d'abord, elle renforce la concurrence dans Ie deroulement de Ia vente en augmentant Ie nombre des soumissionnaires. Cela pennet generalement d' obtenir un prix plus eleve pour l'entreprise publique et des conditions plus favorables pour les autres elements du contrat de vente, qu'il s'agisse des engagements d'investissements futurs ou des conventions avec les salaries. Dans une analyse econometrique de 346 ventes reaIisees au Mexique, L6pez-de- Silanes (1994) a montre que la participation etrangere permettait d'obtenir des prix sensiblement plus eleves qu'en cas d'appel d'offres limite aux seuls soumissionnaires nationaux. Ensuitf:, les investisseurs etrangers sont generalement une importante source de moyens d'investissement et de competences de gestion. L'une des principales raisons de privatiser une entreprise publique est que l' entreprise n' est pas concurrentielle. Les investisseurs etrangers peuvent apporter les competences necessaires pour la rendre capable de soutenir la concurrence aux niveaux du marche mondial. Ils peuvent aussi procurer les res sources financieres indispensables pour realiser des ameliorations technologiques. La panicipation des investisseurs etrangers presente donc un double avantage, en ce sens qu'elle pennet aux autorites d'obtenir un meilleur prix pour I'entreprise publique et it l' entreprise d' ameliorer ses perspectives d' avenir. Toutefois, pour profiter de cet avantage, les autorites doivent etre bien detenninees it operer la privatisation et pretes it affronter Ie mecontentement politi que de certains secteurs de I'electorat. Des pays comme l' Argentine et Ie Mexique ont tres bien reussi de ce point de vue, tandis que dans d'autres, comme Ie Bresil et de nombreux pays africains, la vie politique semble avoir ete trop compliquee pour permettre aux investisseurs etrangers de participer facilement aux privatisations. Malgre ces problemes, la participation des investisseurs etrangers a ete generalement forte et a augmente au fil du temps. En 1988-93, 671 des 2.279 privatisations recensees dans les pays en developpement ont comporte la participation d'investisseurs etrangers. D'apres Ie volume des ventes, I'investissement etranger a represente 33 milliards de dollars, soit pres de 35 % du total des recettes procurees par la privatisation (Figure 6). Alors que les recettes de 15 privatisation ont diminue legerement en 1993, les gains de devises provenant de la privatisation ont continue d'augmenter, atteignant pres de II milliards de dollars. La part des devises dans Ie total des recettes est ainsi passee de 9 % en 1988 a 44 % en 1993 (voir appendice, Tableaux A-I a A-4, A-II et A-12). Figure 6. Recettes de privatisations pour I'ensemble des pays en developpement, 1988-93 30 25 20 15 10 5 0 1988 1989 1990 1991 1992 1993 Source: Base de donnees de la Banque mondiale sur la privatisation. L'investissement etranger direct a ete Ie principal mecanisme par lequel les investisseurs etrangers ont participe aux programmes de privatisation. Durant l'ensemble de la periode examinee, 22,5 milliards de dollars sont entres dans les pays en developpement sous forme d'investissement etranger direct dans les entreprises publiques. Ces entrees ont diminue Iegerement en 1993, mais sensiblement moins que les recettes de privatisation d'origine nationale. Cependant, l'eIement moteur de l'augmentation de la participation etrangere a ete l'investissement participatif de portefeuille, qui a litteralement explose, passant d'a peine 100 millions de dollars en 1990 a 4,6 milliards de dollars en 1993. La participation des investisseurs etrangers a ete tres variable d'une reglOn a l'autre (Figure 7). Elle a ete au plus fort en Europe de l'Est et Asie centrale, ou elle a represente 57 %. Considerees isoIement, les economies en transition d'Europe de l'Est et des ex- republiques sovietiques font apparaitre une proportion beaucoup plus elevee encore puisqu' elle atteint 77 % pour la periode examinee. Ces pays, qui souffrent d'un manque fondamental de capitaux d'investissements nationaux, ont ete particulierement ouverts a la participation d'acquereurs etrangers. En Asie du Sud, au contraire, la proportion de l'investissement etranger a ete extremement basse, d'une part parce que la participation etrangere a ete limitee dans certains pays et d'autre part parce que la region dans son ensemble n'attire guere les investisseurs etrangers. 16 Investissements participatifs de portefeuille Les investissements participatifs de portefeuille dans les pays en developpement ont augmente rapidement ces dernieres annees. Les principaux operateurs, des investisseurs institutionnels tels que les compagnies d'assurances et les fonds communs de placement, sont it la recherche de possibilites de diversifier leurs portefeuilles en investissant dans les pays en developpement. Eux aussi ont tenu un role important dans Ie processus de privatisation poursuivi par les pays en developpement. Les flux de capitaux participatifs de portefeuille provoques par la privatisation durant la periode examinee se sont concentres surtout sur I' Amerique latine et I' Asie de l'Est (voir Figure 7), grace it la presence de marches boursiers fonctionnant bien et raisonnablement solides dans la plupart des pays de ces regions. L' Afrique subsaharienne, Ie Moyen-Orient, l' Asie du Sud et l'Europe de I'Est n'ont guere attire de flux de cette nature, principalement it cause de I'absence de marches boursiers d'une taille suffisante et en raison egalement du volume relativement limite des offres dans ces pays. Figure 7. Participation etrangere par region, 1988-93 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Asie de rEst Europe et Amerique M:Jyen-Orient Asie du Sud Afrique sub- et Pacifique Asie centrale latine et etAfrique du saharienne Carabes Nord I .lrivestissements int~neurs 0 Investissements etrangers directs • .Investissements participatifs de portefeuille ~: La participation etrangere a ete calculee a partir du montant des ventes. Source: Base de donnees de la Banque mondiale sur la privatisation. Les pays qui privatisent tentent generalement d'attirer les investisseurs institutionnels vers les grandes ventes de privatisation pour lesquelles il serait difficile de trouver des investisseurs straregiques individuels ayant les capitaux necessaires. La premiere offre de participation de ce type a eu lieu en 1990, lorsque Ie Gouvernement chilien a vendu la part restante de Telefonos de Chile it la Bourse de New York pour 98 millions de dollars, achevant ainsi la privatisation de la societe. Cette operation a marque egalement la premiere offre internationale de titres participatifs faite par un pays latino-americain depuis 25 aDS. 17 En 1991, l' Argentine a ete Ie premier pays a utiliser les certificats de titres mondiaux en depot (Global Depository Receipts - GDR) en emettant des titres d'une valeur nominale de 4 364 millions de dollars pour Ia privatisation de Telef6nica de Argentina • Cette operation a ete suivie de la vente de 30 % de Telecom Argentina avec une nouvelle emission de GDR et une emission de certificats americains d'actions etrangeres (American Depository Receipts - ADR) a hauteur de 270,3 millions de dollars. En mai 1991, Ie Mexique a procede a Ia plus grande emission d' ADR jamais realisee, lorsque les autorites ont privatise les 15 % restants de TELMEX pour un montant total de 2,4 milliards de dollars. En outre, Ie Mexique a emis pour 638 millions de dollars de GDR en 1991 lors de la privatisation de Bancomer, vendue pour un total de 2,5 milliards de dollars. Au milieu de 1993, l' Argentine a lance sa plus grande privatisation : la vente de 30 % de sa compagnie petroliere nationale, YPF, pour un total de 3,04 milliards de dollars, dont 75 % obtenus par des offres internationales. Cependant, les emissions de titres dans les operations de privatisation n' ont pas conceme seulement les grandes entreprises d' Amerique latine. Le Gouvemement chinois autorise en effet la cession partielle de la propriete de certaines entreprises aux investisseurs etrangers par l'emission d'actions de type B sur les bourses de Shenzhen et de Shanghai, et d'actions de type H a Hong Kong. Cinquante-quatre offres de cette nature, d'une valeur totale de 3,4 milliards de dollars, ont eu lieu entre 1991 et 1993. Rien qu'en 1993, les autorites chinoises ont emis des titres pour une valeur proche de 2,4 milliards de dollars, principalement en offrant des actions de Maanshan Iron and Steel Company, pour une valeur de 585 millions de dollars, et de Shanghai Petrochemical et Yizhen Fibre pour plus de 300 millions de dollars dans chaque cas. Au total, 69 operations d'investissement participatif de portefeuille ont ete recensees pour la periode 1988-93, d'un montant total de 10,6 milliards de dollars. Ce chiffre represente 11 % du total des recettes de privatisation pour Ie monde en developpement et presque un tiers des entrees totales de devises provoquees par les operations de privatisation. Dans certains cas (TELMEX, Aerovias de Mexico), les societes recemment privati sees ont profite du dynamisme du marche pour emettre des titres supplementaires. II faut s'attendre a ce que les entrees sous la fonne d'investissements participatifs continuent d'augmenter dans l'avenir, a l'occasion de nouvelles grandes operations de privatisation, principalement pour Ies entreprises du secteur de l'infrastructure, et en raison d'offres de titres participatifs d'entreprises deja privatisees. 4 Les GDR sont des instruments negociables bases sur les fonds propres d'une entreprise, echanges pUbliquement sur plusieurs marches boursiers dans Ie monde. Les ADR sont des instruments du meme type, mais echanges seulement sur les marches boursiers americains. 18 Investissement etranger direct Les 619 autres operations it participation etrangere qui ont ete recensees ont correspondu it un investissement etranger direct (lED) qui a represente 22,5 milliards de dollars pour Ia penode 1988-93. Les flux de cette categorie sont passes de 230 millions de dollars en 1988 it 6,8 milliards de dollars en 1992, avant de retomber legerement, it 6,1 milliards de dollars en 1993. Cependant, Ie montant de l'investissement etranger direct dans les operations de privatisation a varie sensiblement d'une region it I'autre. Tableau 1. Investissement etranger direct (lED) dans les privatisations, 1988-93 (en millions de dollars et en pourcentage) Region 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1988-93 Europe et Asie centrale -lED dans les privatisations 18,9 641,2 615,0 2.076,9 3.705,7 3.074,8 10.132,5 -en proportion de I'IED total (%) 0,8 18,4 13,3 29,7 44,7 35,9 29,4 dont Economies en transition -lED dans les privatisations 14,3 461,5 475,5 1.868,2 2.697,9 2.979,8 8.497,2 -en proportion de !'IED total (%) 1,4 31,2 33,5 49,8 46,4 49,0 43,4 Amerique latine et Caraibes -lED d,ms les privatisations 2l3,7 183,3 2.461,0 3.264,3 2.414,5 1.107,4 9.644,2 -en proportion de I'IED total (%) 2,7 2,6 32,1 27,1 16,6 7,0 14,9 Asie de It Est et Pacifique -lED d;ms les privatisations 1,3 0,0 0,7 77,1 522,7 1.076,4 1.678,2 -en proportion de I'IED total (%) 0,0 0,0 0,0 0,6 2,6 3,0 1,7 Asiedu Sud -lED dims les privatisations 0,0 0,1 10,6 4,2 41,8 16,2 72,9 -en proportion de I'IED total (%) 0,0 0,0 2,3 0,9 7,4 2,2 2,4 Afrique subsaharienne (s) -lED dims les privatisations 0,0 13,8 38,2 11,1 49,8 544,7 657,6 -en proportion de I'IED total (%) 0,0 0,5 4,5 0,6 3,1 24,1 6,4 Moyen-Orient et Afrique du Nord -lED dans les privatisations 0,0 1,0 0,0 3,2 19,2 302,0 325,4 -en proportion de I'IED total (%) 0,0 0,1 0,0 0,3 1,2 16,6 4,1 TOTAL -lED dans les privatisations 233,9 839,4 3.125,5 5.436,8 6.753,7 6.121,5 22.510,8 -en proportien de I'IED total (%) 1,1 3,4 11,9 14,8 14,3 9,5 10,2 a) Afrique du Sud non comprise. Source: Base de donnees de fa Banque mondiale sur Ia privatiSalion. 19 En Amerique latine et aux Caraibes, l'investissement etranger direct dans les operations de privatisation a baisse fortement, tombant de 3,3 milliards de dollars en 1991 a 1,1 milliard de dollars en 1993. Toutefois, ce recul n'est pas dfi. a une baisse de l'interet manifeste par les investisseurs etrangers. II s'explique simplement par Ie fait que les pays de la region les plus actifs dans la privatisation, comme I' Argentine et Ie Mexique, avaient deja vendu la plupart de leurs grandes et moyennes entreprises capables d'interesser les investisseurs etrangers. Sur l' ensemble de la p6riode, les privatisations ont tenu une place importante dans les entrees d'investissement etranger direct en Amerique latine, representant en moyenne 15 % du total, avec une pointe a 32 % en 1990. En Europe de l'Est et en Asie centrale, egalement, l'investissement etranger direct s'est legerement ralenti en 1993 mais, comme pour l' ensemble des recettes de privatisation, cette evolution s'explique par la diminution des mises en vente en Grece, au Portugal et en Turquie. Les ex-pays socialistes de la region ont continue a tirer des privatisations pres de la moitie de leurs entrees d'investissement etranger direct. Ce type d'investissement lie aux privatisations a atteint pres de 3,0 milliards de dollars en 1993. Entre 1988 et 1993, ces pays ont realise 8,5 milliards de dollars de recettes de privatisation venant des investisseurs etrangers directs. Dans les autres regions, la privatisation a pris une part mineure dans Ie total des entrees d'investissement etranger direct. Les pays d' Asie de l'Est sont generalement tres attrayants pour les investisseurs etrangers, et la contribution des operations de privatisation a donc ete marginale. En outre, les marches fmanciers internes sont generalement bien developpes, de telle sorte que la participation des en-angers n'est pas essentielle pour tirer un prix correct des entreprises publiques mises en vente. L'investissement etranger direct n'a porte que sur des montants marginaux en Afrique subsaharienne jusqu'a 1992. II a toutefois augmente de fa~n spectaculaire en 1993, oil l'investissement etranger direct lie aux privatisations a atteint 545 millions de dollars. Cependant, ce resultat a ete dfi. uniquement a la vente a Elf Aquitaine du gisement petrolier de NNPC du Nigeria pour 500 millions de dollars. Sans cette operation, les investissements etrangers directs lies aux privatisations n'auraient pas represente plus de 2 % du total des entrees d'investissement etranger direct, soit une proportion moindre qu'en 1992. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, I'expansion rapide de l'investissement etranger provoquee par les privatisations durant la periode examinee a ete due principalement aux grandes ventes intervenues en Egypte et au Maroc. L'Egypte a cede 54 % de Ia Commercial International Bank dans Ie cadre d'une offre publique pour 144 millions de dollars, avec la participation d'investisseurs d' Arabie saoudite et de la Societe financiere internationale (SFI). Quant au Maroc, il a privatise sa societe des ciments (CIOR) qui appartient aujourd'hui principalement a Swiss Holderbank. Ce pays a egalement cede ses participations de 50 % dans Shell Maroc et Total Maroc en les vendant a des partenaires europ6ens pour un total de 148 millions de dollars. 20 Les investisseurs amencains viennent au premier rang dans les flux d'investissement etranger direct provoques par les privatisations, avec un total de 7,6 milliards de dollars en 1988-93, soit plus d'un cinquieme des apports. La moitie des flux est venue des pays europeens, avec, en tete, la France, suivie de l' Allemagne et de 1'Italie. Comme on I' observe pour les courants d'investissement etranger direct en general, chaque pays a eu tendance a privilegier certaines regions determinees. Pres des deux tiers des investissements americains dans les operations de privatisation a l'etranger sont alles a I' Amerique latine, representant pres de la moitie du total des recettes de privatisation de la region provenant des investisseurs etrangers directs. En revanche, les pays europeens se sont montres beaucoup plus interesses par les privatisations en Europe de l'Est. Certains pays investisseurs, comme I' Allemagne, se sont concentres presque exclusivement sur cette region. Au total, la region a reyu environ les deux tiers de ses recettes etrangeres de privatisation de l'Europe de l'Ouest. A la difference de l' Allemagne, la France et l'Espagne ont aussi manifeste un vif interet pour les privatisations latino-americaines. 21 5. Techniques de privatisation et participation etrangere II n'est pas rare que les pays privatisent les actifs appartenant it l'Etat en procedant au coup par coup, montant et executant chaque operation individuellement. La plupart des pays d'Europe de l'Est et d' Asie centrale ont donne, par ailleurs, la preference it un systeme de bons suivant lequel ils vendent les entreprises publiques par un programme de privatisation de masse. Independamment des considerations d'tSquite en rapport avec la propriete privee des outils de production industriels, cette formule est peut-etre plus pratique dans les pays qui doivent privatiser la totalite de leur economie. Meme dans ces cas, cependant, les mecanismes de privatisation de masse ne s'appliquent generalement qu'aux petites et moyennes entreprises. Les entreprises d'importance strategique ou particulierement grandes sont vendues individuellement, dans Ie cadre de vastes programmes de privatisation ponctuels. La demarche au coup par coup utilise plusieurs techniques de privatisation. La formule retenue depend avant tout des objectifs du pays, concernant, en particulier, Ie degre de privatisation et la diffusion de la propriete privee des ex-biens publics. Le choix depend egalement des caracteristiques propres it I' entreprise consideree : sa taille et sa situation financiere, Ie secteur OU elle opere et la structure du marche. Les techniques utilisees Ie plus couramment sont les ventes directes, les offres pubUques, les coentreprises, les concessions et les contrats de louage, les rachats par la direction et les salaries et les ventes des actifs combinees avec la liquidation. Techniques utilisables La vente directe est la vente (en tout ou partie) d'une entreprise it un investisseur ou it un groupe d'investisseurs. La vente elle-meme a lieu generalement dans des conditions concurrentielles, par appel d'offres ou aux encheres, afin que les pouvoirs publics obtiennent un juste prix pour les biens mis en vente tout en assurant Ie caractere equitable de l' operation du point de vue des acquereurs potentiels. Les investisseurs participent a la vente parce qu'ils souhaitent acquerir une participation dominante dans l'entreprise pour detenir Ie controle de son avenir economique. Pour les entreprises particulierement grandes et financierement saines, une offre publiQue d'actions peut etre plus interessante du point de vue de l'Etat. En pareil cas, il est parfois difficile de trouver des investisseurs individuels capables d'acquerir l'entreprise it eux seuls. En outre, les autorites peuvent rechercher de preference une diffusion plus large de la propriete. L' introduction en bourse des titres de la societe peut etre limitee au marche interieur ou s'etendre aux marches internationaux. La vente d'une entreprise it un vaste public d'investisseurs depend de la rentabilite de l'entreprise ou, it tout Ie moins, de l'existence d'un fort potentiel de rentabilite future. En general, pour mettre les investisseurs en conflance et pour creer la base d'une authentique restructuration de la societe, une offre publique est precedee d'une vente directe partie lIe par laquelle un investisseur strategique acquiert une part importante de la societe et conc1ut un contrat de gestion de l'entreprise. 22 La participation it une coentre.;prise est souvent, pour les investisseurs etrangers, un moyen seduisant de prendre une participation dans une entreprise publique particulierement grande, hautement diversifiee et traversant des difficultes financieres ou d' organisation. L'investisseur exterieur peut alors acquerir Ie controle d'une branche particuliere de l'entreprise sans devoir prendre en charge la societe tout entiere. En outre, l'investisseur n' est pas tenu de rembourser les dettes sociales anterieures puisque l' accord de coentreprise cree une societe nouvelle. Si les pouvoirs publics trouvent plus facilement des investisseurs interesses par les coentreprises plutot que par des reprises completes, l'inconvenient de l'operation est que Ie secteur public risque de ne conserver que la propriete des parties les plus deficitaires de I' entreprise. Les concessions et conventions de 10llage sont les techniques les plus frequemment utilisees lorsque les autorites ne souhaitent pas ceder totalement la propriete. Dans de nombreux cas, en particulier pour les entreprises qui exploitent des ressources naturelles ou qui sont chargees de l'infrastructure, une vente totale peut etre politiquement difficile, surtout avec la participation d'investisseurs etrangers. Les autorites ont alors la possibilite de donner les actifs it bail pour une periode determinee : l'Etat en conserve la propriete mais un exploitant prive est responsable de la gestion et opere les ameliorations souhaitees. Si, en general, les investisseurs sont davantage interesses par l' acquisition de la propriete totale ou partielle, une concession ou une convention de louage peut etre rendue attrayante si elle est assortie d'une option donnee it l'investisseur d'acquerir l'entreprise it l'expiration du contrat. Les rachats par la directionlles salaries sont souvent, politiquement, la maniere la plus facile pour un pays de ceder la propriete publique d'une entreprise. Les autorites n'ont pas alors it ouvrir des negociations sur l'avenir de l'emploi dans l'entreprise, laissant les decisions sur ce point aux salaries et it la direction. Le principal inconvenient de cette formule est que la procedure d' appel d' offres n' est generalement pas concurrentielle dans la me sure ou les investisseurs exterieurs en sont exclus. Ce manque de concurrence peut aboutir it une sous- evaluation du prix. En outre, rien ne garantit que des gains d' efficacite interviendront en I' absence des apports de capitaux, de technologie et de competences de gestion qui accompagnent generalement un investissement etranger direct. Lorsqu'une restructuration ne parmt pas viable, la liquidation de l'entreprise, suivie d'une vente des actifs peut etre la meilleure option. Cependant, comme dans Ie cas des coentreprises, les autorites courent Ie risque de ne pouvoir vendre que les elements les plus attrayants de l' entreprise. En general, les ventes des actifs interessent davantage les investisseurs locaux qui peuvent utiliser un ou plusieurs biens pour leurs propres activites. Les investisseurs etrangers ne seront interesses par une vente de cette nature que s'ils desirent acquerir la plupart des actifs dans la perspective de reconstruire l'entreprise. Bien que les privatisations par bons soient exc1ues de la presente etude en raison des modalites tres particulieres de cession de la propriete qu' elles comportent, elies constituent cependant une tres importante technique de privatisation. Des programmes de bons existent dans Ia plupart des pays d'Europe de l'Est et dans les republiques de l'ex-Union sovietique, ou les privatisations de ce type concement des dizaines de milliers d'entreprises. En dehors 23 de ces pays, seule la Bolivie cherche serieusement a appliquer un programme de bons. La technique est particulierement seduisante dans Ie cas ou un tres grand nombre d'entreprises publiques doivent etre cedees ades proprietaires prives alors que la population n'a pas acces aux mecanismes de financement des investissements. Pour tourner la difficulte, les autorites distribuent des « bons » a la population (generalement moyennant seulement une redevance administrative) qui peut les echanger ensuite contre des actions des entreprises lors d'encheres publiques. Certains pays ont cree des fonds d'investissement qui agissent comme intermediaires pour simplifier la procedure. Dans la mesure ou les bons sont des effets negociables, les investisseurs etrangers pourraient, theoriquement, acheter suffisamment de bons pour acquerir une participation strategique dans certaines entreprises. Toutefois, rien n'indique qu'un tel phenomene se soit produit dans une mesure notable. Dans la pratique, les investisseurs etrangers interviennent une fois que la privatisation a bien eu lieu, en acquerant des blocs d'actions par l'intermediaire d'un fonds d'investissement. S'il est difficile d'obtenir des renseignements fiables sur ce type d'operation, il semble toutefois que les fonds d'investissement de la Republique tcheque aient assez bien reussi a attirer les investisseurs etrangers. En outre, beaucoup d'autres pays, dont la Russie, cherchent a interesser les investisseurs strategiques etrangers par ce mecanisme, une fois acheve leur programme de privatisation par bons. Emploi etTedif des ditTerentes techniques Les ventes directes ont predomine parmi les techniques de privatisation envisagees ci·dessus durant la periode 1988·93. Les 1.846 ventes directes recensees, qui ont represente plus de 80 % de to utes les operations, ont procure environ 58 % du total des recettes realisees (Figure 8). Les offres publiques viennent au second rang: ayant servi pour seulement 12 % de toutes les operations, elles ont neanmoins rapporte pres de 39 % du total des recettes de privatisation. Les autres techniques sont loin derriere, tant pour la frequence de leur utilisation que pour Ie montant des recettes produites (voir l'appendice, Tableaux A-13 a A-I7). Le montant moyen des operations varie seion la technique employee. Les offres publiques ont tenu la premiere place durant Ia periode examinee, avec un produit moyen par operation de 132 millions de dollars. La preparation d'une premiere offre publique exige d'importantes ressources : il faut rediger un prospectus, organiser la souscription et effectuer la campagne de commercialisation. Un tel effort, qui necessite souvent l'aide exrerieure de banques d'investissement, ne se justifie que pour les entreprises particulierement grandes. Cette formule sert frequemment pour les grandes privatisations dans Ie secteur de l'infrastructure, par exemple pour les compagnies du telephone. Les 41 offres publiques recensees dans Ie secteur de I' infrastructure ont eu une valeur moyenne superieure a 300 millions de dollars. 24 Figure 8. Utilisation des techniques de privatisation, 1988-93 (% des ressources procun!es) Concession Location 2.18 0,05% OtTre publiq Vente directe 38,49% 57,74% RD 0,07% RD : Rachat par la directionlles salaries, Source: Base de donnees de fa Banque mondiale sur fa privatisation. Les ventes directes n'ont rapporte en moyenne que 30 millions de dollars par operation. Comme il est possible de normaliser en grande partie les procedures de demande et d'offre, cette technique convient mieux it la privatisation des entreprises de taille moyenne, dont la vente n' exige pas de preparatifs compliques. Elle se prete done particulierement bien aux cessions dans l'industrie ou, en effet, 80 % de toutes les operations se font par vente directe. Les concessions sont apparues, elles aussi, comme une methode de privatisation viable pour les actifs importants. Dans certains cas, comme ceux des gisements de minerai et de petrole ou des entreprises particulierement grandes telles que les compagnies du telephone, les autorites jugent souvent politiquement plus simple de preserver la propriete publique, tout en attribuant it des entrepreneurs prives une concession d' exploitation des actifs pour une duree determinee. Dans d' autres cas, notamment dans l'infrastructure, les investisseurs preferent en fait louer plutot qu'acquerir en propre. Les entites comme les chemins de fer, les installations portuaires ou les services portuaires se caracterisent par des couts massifs qui creent un investissement hautement immobile, tres difficilement transportable ailleurs. Dans ces conditions, l'investisseur est fortement expose au risque d'expropriation administrative par les autorites en cas de modification des reglementations, apres qu'il s'est engage en effectuant de lourds investissements. Environ 80 % de toutes les concessions ont concerne des projets d'infrastructure et ont rapporte 1,4 milliard de dollars de recettes publiques durant la periode 1988·93. En 1992-93, I' Argentine a utilise largement les concessions pour privatiser ses principales voies ferrees, voies de desserte et installations portuaires. Les contrats ont generalement une duree de 15 it 25 30 ans et prevoient des redevances annuelles et des obligations d'investissement furor. Le Mexique a conclu Ie plus grand contrat de concession de la periode en accordant it un groupe d'investisseurs nationaux une concession d'une valeur de 641 millions de dollars pour un reseau de television comprenant une station de television, deux chaines de television et 126 salles de cinema. Figure 9. Valeur moyenne des ventes suivant ditJerentes techniques de privatisation (pour l'ensemble des pays en developpement, 1988-93) Liquidation Vente directe Concession o 50 100 150 millions de dollars Source: Base de donnees de fa Banque mondiale sur la privatisation Les accords de coentreprise sont une technique relativement specialisee qui necessite des ressources considerables, en particulier parce qu'ils donnent lieu it des negociations souvent longues. Cette methode s'applique donc aussi, generalement, aux projets de grande taille, comme l'atteste la valeur moyenne des operations de coentreprise qui s'etablit it 48,5 millions de dollars. Plus de la moitie de toutes les operations de coentreprise se situent dans l'industrie, mais les operations qui ont produit les recettes les plus elevees ont eu lieu dans Ie secteur primaire. En Chine, les coentreprises ont ete un moyen majeur d'attirer l'investissement etranger 5. Des differences marquees existent entre les regIOns quant it l'utilisation des diverses techniques de privatisation. La plupart des economies d' Asie de l'Est ont des marches boursiers inteneurs relativement bien developpes qui permettent d'employer largement les offres publiques comme methode de privatisation. En 1988-93, pres de 60 % du total des recettes de privatisation de la region sont venus d' operations faites par offre publique. L'usage de cette technique est encore plus repandu en Asie du Sud, oil pres de 90 % du total des recettes sont venus de ventes d'entreprises publiques sur les marches boursiers internes. 5 II est cependant difficile d' obtenir des renseignements sur les operations de coentreprises realisees en Chine, et les donnees statistiques ici presentees ne tiennent done pas compte de ces operations. 26 L'lnde et Sri Lanka, qui ont privatise tres activement, ont fait des offres publiques leur principal mecanisme de privatisation. Dans les pays d'Europe de l'Est, au contraire, ce sont les ventes directes qui ont procure pres de 70 % du total des recettes de privatisation. Le cas Ie plus extreme est celui de l'Afrique subsaharienne, ou les offres publiques n'ont pas produit plus de 2 % des recettes totales. A cause du sous-developpement des marches financiers locaux et de I' absence quasi totale de marches boursiers importants, presque toutes les operations de privatisation ont eu lieu par vente directe. Participation etrangere suivant les techniques de privatisation L'investisseur accepte generalement une plus grande part d'incertitudes dans ses decisions d'investissement lorsqu'il choisit de s'implanter a l'etranger. A la difficulte habituelle d'apprecier la rentabilite future de l'entreprise s'ajoutent les incertitudes causees par les fluctuations des changes et les risques politiques dans un environnement qui ne lui est generalement guere familier. Pour contrebalancer ces risques, les investisseurs etrangers souhaitent generalement acquerir un pouvoir de controle sur les biens qu'ils achetent, afin de maximiser leur aptitude it determiner l'avenir de l'investissement. Le nombre des ventes directes de societes appartenant ala collectivite publique realisees avec la participation d'acquereurs etrangers durant la peri ode etudiee est passe de seulement six operations en 1988 a 212 en 1993. Au total, les investisseurs etrangers ont participe a 531 ventes directes recensees dans Ie monde en developpement, pour un montant de 20,6 milliards de dollars. Ils sse sont portes acquereurs dans des ventes directes dans tous les secteurs, et pour les entreprises relativement petites comme pour les tres grandes. On a vu tres frequemment des etrangers acquerir des entreprises manufacturieres vendues it un prix de 100.000 dollars ou moins dans les pays d'Europe de l'Est. Les investisseurs etrangers se sont aussi associes en consortiums pour acquerir des parts par vente directe dans les tres grandes compagnies du telephone ou d'electricite, et dans les compagnies aeriennes. La plus grande vente directe a conceme la privatisation de la societe venezuelienne CANTV en 1991 : un consortium ayant a sa tete GTE, AT&T et Telef6nica de Espana a paye pres de 1,4 milliard de dol1ars pour la compagnie. De meme, un consortium conduit par Deutsche Telekom a acquis un tiers de la compagnie hongroise Matav pour pres d'un milliard de dollars en 1993. Les e(:hanges de dettes contre des participations se sont reveles etre un mecanisme particulierement attrayant pour les investisseurs etrangers en Argentine, surtout pour acquerir des positions dans les societes d'electricite et les reseaux de distribution du gaz. Les offres publiques ont, elles aussi, attire des montants substantiels d'investissement etranger. Ces dernieres annees, il a ete relativement facile d'introduire les grandes entreprises des pays en developpement sur les principaux marches boursiers internationaux, ce qui a donne lieu it d'importantes emissions de certificats mondiaux de titres en depot (GDR) et de certificats americains d'actions etrangeres (ADR). En outre, les investisseurs des pays industriels se sont interesses de plus en plus aux marches des valeurs dynamiques de nombreux pays en developpement, qui ont fait des emissions de titres purement internes un autre moyen efficace d'attirer les investisseurs de l'exterieur. 27 En 1988-93, les investissems etrangers ont pris part a plus d'un tiers de toutes les offres publiques liees a la privatisation dans Ie monde en developpement. Les chiffres recueillis indiquent un total de 99 privatisations par offre publique, representant un volume global de ventes de 11,9 milliards de dollars. En general, les nouveaux pays industrialises d'Amerique latine et d' Asie de l'Est ont eu largement recours aux offres publiques pour privatiser leurs grandes entreprises. A cote des grandes emissions ayant reyu une vaste publicite et ayant porte sur un volume de I' ordre de 100 millions de dollars, des offres publiques de moindre portee ont suscite egalement I'interet de l'etranger. La Chine, par exemple, a utilise principalement la technique des offres publiques dans son programme de denationalisation. Alors que la plupart des entreprises offertes sur les places boursieres de Hong Kong et de Shenzhen ont eu une valeur de I' ordre de lOa 100 millions de dollars, un petit nombre de ventes ont porte sur des montants ne depassant parfois pas 500.000 dollars. En Asie du Sud, Sri Lanka a offert plusiems petites societes sur Ie marche local des valeurs et a !res bien reussi a attirer les etrangers, principalement des pays d' Asie de I'Est. Les plus grandes coentreprises avec des investissems etrangers ont conceme Ie secteur primaire. Avant la vente d'YPF, Ie Gouvemement argentin avait decide de trouver des investisseurs prives pour participer a la prospection de zones de forage primaire, et plusieurs compagnies petrolieres etI'angeres ont repondu favorablement. A la fin de 1993, Ie Chili a conc1u un accord de coentreprise pour la mine de cuivre d'EI Abra avec Cyprus Minerals (Etats-Unis) et Lac Minerals (Canada). Cet accord de coentreprise, d'une valeur totale de 555 millions de dollars, est Ie plus important qui ait ete conclu a l'occasion des privatisations dans les pays en developpemene. La Republique democratique populaire lao a axe essentiellement son programme de privatisation sur la formule de la coentreprise. Malgre la valeur peu elevee des operations, Ie pays est parvenu a attirer des investisseurs des pays voisins pour neuf privatisations representant pres de 14 millions de dollars. 6 Ces valeurs doivent etre considerees comme des estimations prudentes de l'investissement etranger effectif dans les privatisations par offie publique. Pour un relativement grand nombre d'otrres publiques sur Ie marche boursier interne, il a ete impossible d'obtenir des renseignements sur la nationalite des acquereurs. Des elements suffisants pennettent de penser que Ia grande majorite des investisseurs etaient des ressortissants du pays lui-meme. Afm de ne pas exagerer I'importance des offres pubUques pour les investisseurs etrangers, tous les cas de ce type ont ete reputes constituer des operations d'investissement exclusivement internes. 7 Cette operation n'est pas incorporee Ii la base de donnees car l'accord n'est devenu definitif qu'au debut de 1994. 28 La participation etrangere aux conventions de concession liees a la privatisation n' a pas ete tres forte : six cas seulement sont recenses. L' Argentine s' est placee au premier rang, employant cette technique pour privatiser plusieurs gisements petroliers et un reseau ferroviaire. Le Perou a reussi a conclure un accord de concession en 1992 avec une filiale chilienne d' Anglo-American pour sa mine de Quellaveco, mais la valeur totale du contrat n'a eM que de 12 millions de dollars. Les regimes de concession devraient cependant prendre de l'importance comme technique de privatisation dans l' avenir proche, compte tenu de la tendance croissante aprivatiser les services d'infrastructure. Le Iouage d'actifs publics n'est generalement utilise que pour les entreprises relativement petites. En 1988-93, neuf operations de ce type avec participation etrangere ont ete signalees dans les pays en developpement, la plupart pour une valeur inferieure a un million de dollars. Ici encore, la Republique democratique populaire lao se signale par son originalite. Entre 1990 et 1993, Ie pays a conclu huit accords de Iouage, dont cinq avec des investisseurs etrangers. Les contrats ont generalement une duree de dix a quinze ans et prevoient un paiement annuel fixe. Le Ghana a ete Ie seul pays d' Afrique subsaharienne a conclure un accord de Iouage avec un etranger : la prise a bail d'une verrerie par un investisseur britannique pour trois ans. En 1993, Ie Perou a conclu l'accord de louage Ie plus important de la periode examinee en donnant a bail, a la societe americaine Petrotech, la societe de produi1s petrochimiques Petromar pour une duree de vingt ans a un prix de 10 millions de dollars. Le contrat prevoit des engagements d'investissements futurs d'une valeur de 65 millions de dollars. 29 6. Les privatisations attirent-elles des investisseurs etrangers? Les pays qui ont applique des programmes de privatisation dynamiques ont assiste generalement a une hausse rapide des entrees d'investissements etrangers au-dela des apports lies directement a la cession des entreprises publiques a des etrangers. Les privatisations n'ont donc pas seulement une influence immediate sur Ie montant total des apports d'investissement etranger direct, mais produisent aussi un efIet indirect en attirant encore d'autres investissements. Cet effet indirect s'explique notamment par Ie fait que les operateurs etrangers qui investissent dans une societe privatisee consacrent generalement des capitaux supplementaires a renover et ameliorer les installations existantes. En outre, les privatisations attirent d' autres investisseurs de I' etranger a cause du message qu' elles adressent au marche. Un solide effort de privatisation tend en effet a signifier qu'un pays est devenu plus ouvert a l'initiative privee et que les autorites sont davantage desireuses d'accepter et de soutenir l' activite economique privee. Les investisseurs etrangers peuvent donc compter sur un cadre reglementaire ameliore. IIs peuvent aussi s' attendre a une meilleure rentabilite generale des projets d'investissement dans la mesure oil les distorsions du marche sont reduites par la cession au secteur prive d'entreprises publiques qui etaient mal gerees. Tel est particulierement Ie cas lorsque la privatisation touche des activites qui sont d'interet collectif parce qu'elles procurent des services qui influent sur la rentabilite de tous les autres secteurs economiques. Chez l'investisseur etranger, la decision de participer a un projet dans un pays en developpement repose sur de multiples considerations. Cependant, la disponibilite de certains biens et services fondamentaux, indispensables a la reussite de toute entreprise privee, est toujours un element determinant. Ainsi l'investisseur etranger sera-t-il dissuade de s'engager si l'infrastructure est insuffisante et compromet la rentabilite previsionnelle du projet en raison de l'incertitude de l'approvisionnement en energie, de la mauvaise qualite des communications ou de l'insuffisance des reseaux de transports. La privatisation des services d'infrastructure de ce type peut donc avoir un effet puissant pour attirer des investissements supplementaires, stimules par la perspective d'un environnement economique plus favorable. Pour determiner l'impact des privatisations sur Ie total des flux d'investissement etranger direct, il faut, tout d' abord, distinguer cet effet des autres variables dont on considere generalement qU'elles determinent (au moins en partie) la decision d'entreprendre un investissement etranger direct. Un modele utilise initialement par Edwards (1990) a servi ici pour estimer l'importance de la privatisation comme determinant de l'investissement etranger direct dans les pays en developpement. A partir de travaux empiriques et theoriques sur l'investissement etranger direct, Edwards a choisi un ensemble de variables structurelles a prendre en compte, selon lui, dans Ie processus de decision de l'investisseur etranger. II a ensuite utilise ces variables pour estimer Ie niveau moyen d'investissement etranger direct (lED) par rapport au PIB, ainsi que la proportion en pourcentage de l'investissement etranger direct total, pour un echantillon de 58 pays en developpement durant la periode 1971-81. Les variables independantes utilisees par Edwards dans ses calculs sont les suivantes : 30 • Le revenu par habitant, pris comme valeur representative du rendement du capital, avec la perspective d'un coefficient negatif. S'il semble evident que les investisseurs etrangers directs baseront leur decision d'investir sur Ie taux de rentabilite attendu, les donnees correspondantes ne sont cependant generalement pas disponibles, surtout pour les pays relativement pauvres. Edwards a donc utilise a la place de ce taux Ie revenu par habitant, en considerant que les pays ayant un revenu par habitant plus bas tendront a recevoir une part plus elevee d'investissement etranger direct acause du coilt reduit des facteurs . • Le commerce exterieur, pris comme mesure de l'ouverture du pays; pour cette variable, on s'attend a trouver un coefficient positif. Si l'on suppose, en effet, que la majeure partie de l'investissement etranger se situe dans Ie secteur des biens echangeables, Ie degre d'ouverture du pays au commerce international devrait etre egalement un facteur pris en consideration dans la decision de l'investisseur. • L' investissement interieur, pris comme indicateur du climat general de l' investissement. Etant donne que les investissements interieur et exterieur sont complementaires, Ie coefficient devrait etre positif. • La consommation pub/ique, prise comme mesure de la taille de l'administration publique, avec un coefficient negatif attendu. La taille du secteur public par rapport a l'activite economique interne a ete consideree, par hypothese, comme une grandeur representative de l'attitude du pays envers l'initiative privee. • Le taux de change reel, mesure par la methode de Summers et Heston (1987), pris comme indicateur du degre de competitivite internationale du pays, la depreciation du taux de change reel devant indiquer une amelioration de la competitivite. Comme dans Ie cas de la variable commerce exterieur, l'investisseur etranger s'interessant essentiellement au secteur des biens echangeables, il s'ensuit que les fluctuations du taux de change auront une incidence sur la decision d'investir. A l'aide des memes variables independantes, ce modele a ete reestime (avec seulement des modifications mineures) pour un echantillon de 36 pays pour la periode 1988-93 8 . Le choix des pays s'est fonde sur l'existence de programmes de privatisation d'une taille suffisante durant la periode etudiee et sur la disponibilite des donnees voulues. Suivant la demarche adoptet~ par Edwards, les determinants de l' investissement etranger direct ont ete estimes pour Ie niveau de l'investissement etranger direct (lED par habitant) et toutes les variables 8 Les pays sont les suivants : Argentine, Benin, Bolivie, Bresil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cote d'Ivoire, Egypte, Ghana, Grece, Honduras, Hongrie, Inde, Indonesie, Jamarque, Kenya, Malaisie, Maroc, Mexique, Mozambique, Nigeria, Pakistan, Perou, Philippines, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovenie, Sri Lanka, ex- Tchecoslovaquie, Thailande, Tunisie, Turquie, Venezuela et Zambie. 31 ont ete calculees sous fonne de moyennes pour les observations de 1988-93, et ponderees par . s, · 910 L" equatlOn Ia populatlOn'. . comme smt exprune . : FDI; A GD~ s: lNV; "" CONi EXIM, +v--+'I'--+c:p....., .J;VV - - = a + 1-'--+ X .... '1 +8 PO~ PO~ PO~ PO~ PO~ oil EXIM represente la somme des exportations et des importations, INV represente la fonnation interieure brute de capital fIxe, CON est la consommation publique, EXR est Ie taux de change effectifreel et POP represente la population. L'indice i indique Ie ieme pays. Les resultats, decrits au Tableau 2, sont tres sembI abIes a ceux d'Edwards, R2 ressortant a 0,65 au lieu de 0,56 chez Edwards. Comme dans Ie modele d'Edwards, la variable commerce exterieur est positive et statistiquement signifIcative dans I'estimation de l'IED par habitant, indiquant que l'ouverture economique est un aspect important de la decision de I'investisseur etranger. L'investissement a ete statistiquement plus signifIcatif que dans Ie modele original ll . Alors que, d'apres les estimations d'Edwards, la variable investissement n'est pas significative, dans nos calculs, les investissements sont apparus hautement signifIcatifs statistiquement comme detenninants de l'lED par habitant. Des resultats analogues ont ete obtenus pour la consommation publlque 12 • Dans Ia reestimation, la variable a ete, comme on s'y attendait, negative et signifIcative alors que, dans Ie modele d'Edwards, la consommation publique n'est pas signifIcative. 9 Edwards pondere l'investissement etranger direct (lED) par Ie PIB plutot que par la population mais les resultats obtenus ici sont tout a fait similaires a ceux obtenus en utilisant Ie PIB comme masse de ponderation. L'utilisation de la population a generalement donne un meilleur ajustement, peut-etre a cause des difficultes de mesure du PIB, surtout calcule en dollars. 10 Edwards a estime egalement une regression de la part arm de determiner l'eff'et de ces variables sur Ia part relative des entrees totales d'investissement etranger direct re~ues par un pays donne. Une reestimation a produit des resultats similaires mais Ie raisonnement tbeorique a I'origine de cette formulation parait sujet it caution et I'analyse ici presentee ne tient done pas compte des resultats obtenus par cette demarche. II Defini comrne la formation de capital interieur fixe dans les comptes nationaux du FMI. 12 Derivee des comptes nationaux du FMI. 32 Tableau 2. Reestimation du modele d'Edwards Variable depend ante lED par habitant Constante 0,5239 (0,0412) PIB par habitant ·0,002 (-0,131) Commerce exterieur 0,0146 ** (2,0045) Investissement 0,1268 *** (2,8321) Consommation -0,08 * publique (-1,83) Taux de change -0,135 (-0,844) Rau carre 0,6418 Note: Le coefficient est indique entre parentheses. ** * Significatif au seuil de 98 %. ** Significatif au seuil de 95 %. * Significatif au seuil de 90 %. Comnu: dans les resultats d'Edwards, la variable revenu par habitant a ete statistiquement non significative, et a meme pris Ie mauvais signe dans la regression de la part. Ceci veut dire que Ie PIB par habitant n'est peut-etre pas une bonne valeur representative de la rentabiJite, comme Edwards Ie laisse entendre lui-mSme. II releve en effet que les investisseurs seront attires egalement par les marches de grande taille, qui permettent it I' entreprise de realiser des benefices sur les ventes dans Ie pays meme, plutot que de ne produire it bas coOt que pour l'exportation. Dans ces conditions, Ie coefficient du PIB par habitant finit par etre non significatif parce qu'il subit les deux effets simultanement. D'autre part, la variable competitivite internationale, qui etait regulierement positive et significative dans l'ctude d'Edwards, est, en revanche, non significative dans nos calculs, bien qu'elle ait Ie signe attendu 13 . Ceci s'explique tres probablement par la nature des donnees, Edwards ayant utilise l'indice du taux de change reel de Summers et Heston (1987) alors que cette 13 La mesure du taux de change reel de Summers et Heston se defmit comme la quantite de monnaie nationale par dollar US, tandis que la mesure du FMI a la d6fmition inverse. En consequence, Ie signe du coefficient devrait etre negatif. 33 mesure n'etait pas disponible pour les annees 1988 et suivantes et a ete remplacee ici par Ie taux de change effectifreel calcule par Ie FMl14. Cependant, ces resultats ne tiennent toujours pas compte de l'existence des programmes de privatisation. Or, la taille du programme de privatisation est Ie moyen Ie plus direct et Ie plus evident par lequella privatisation dans un pays en developpement peut influer sur la decision d'investissement etranger direct. Plus un pays privatise, plus Ie flux d'investissement dans les activites privati sees recemment devrait etre grand, et plus Ie message re9u par les investisseurs etrangers potentiels, indiquant que Ie c1imat de l'investissement s'ameliore, devrait etre entendu. On a donc ajoute comme variable les recettes de privatisation par habitant afin d'estimer l'effet que la taille des programmes de privatisation produit sur les decisions d'investissement etranger. II faut relever que la variable dependante change: Ie but etant d'estimer les effets indirects, secondaires, produits sur l'IED par la privatisation, on a recalcule l'IED par habitant en retranchant du total des flux d'lED pour chaque pays l'lED resultant de la privatisation. L' equation estimee a donc ete modifiee comme suit : (FDI; - PFDI;) r:t GDp; EXIM; s: lNV; ,j., CON; .1;'Yl) PRlY; ...:.-----!~--:..:....=a + 1-'--+ X +u--+"'--+