56627 NOTE FOCUS Croissance et vulnérabilités en microfinance E ntre 2004 et 2008, la microfinance a connu une croissance sans précédent sur les marchés émergents. Selon les données du MIX (Microfinance financier formel. Néanmoins, quelques pays présentent des signes de faiblesse : là-bas, des crises d’impayés se sont manifestées ces 24 derniers mois à l’échelle Information Exchange), le secteur a progressé à un régionale ou nationale. Ces marchés de la microfinance rythme historique, affichant un taux de croissance annuel ont-ils connu une croissance trop rapide ? Sont-ils moyen de 39 % et totalisant plus de 60 milliards de simplement victimes de la crise financière mondiale ou dollars US d’actifs en décembre 2008. La microfinance leurs difficultés pourraient-elles avoir d’autres causes ? a tiré profit du fait qu’elle est largement reconnue à l’échelle mondiale comme un outil de développement. Cette Note Focus présente les enseignements tirés Promue par de nombreux gouvernements souhaitant de quatre marchés de la microfinance : le Nicaragua, améliorer l’inclusion financière, elle a même été inscrite le Maroc, la Bosnie-Herzégovine et le Pakistan (voir la à l’ordre du jour des Nations unies et du G8. Identifiant figure 1). Tous ces pays sont des marchés importants le potentiel de rendements sociaux et financiers, les de microfinance dans leur région respective et ont bailleurs de fonds et les investisseurs socialement connu une crise de remboursement après une phase responsables lui ont attribué un volume accru de de croissance forte. Pour chacun d’eux, le CGAP financements. La performance mondiale du secteur a a compilé des études comprenant des analyses de été exceptionnelle, avec une excellente qualité et un données et de larges enquêtes auprès de directeurs rendement stable des actifs. d’institutions de microfinance (IMF), d’investisseurs et de spécialistes du secteur. Ces études révèlent L’augmentation des financements commerciaux a que la récession économique mondiale n’est pas permis à la microfinance de se hisser à un niveau qu’elle la première cause des crises d’impayés, même si n’aurait jamais atteint avec le seul soutien des bailleurs elle fait partie des facteurs contextuels affectant la de fonds et des gouvernements (qui, il y a dix ans, capacité de remboursement des emprunteurs. En constituaient les principales sources de financement). fait, elles identifient trois vulnérabilités au sein du Grâce à cette croissance spectaculaire, des millions secteur de la microfinance qui constitueraient le fond de pauvres sont désormais inclus dans le système du problème : Figure 1. Quatre pays récemment touchés par des crises d’impayés en microfinance N° 61 Février 2010 Bosnie- Herzégovine Greg Chen, Stephen Rasmussen et Maroc Pakistan Xavier Reille Nicaragua 2 1. Concentration de la concurrence et davantage de pauvres et de personnes exclues endettement croisé du système bancaire. Mais une autre raison les a 2. Insuffisance des systèmes et des contrôles également poussées à croître : faire partie des grands dans les IMF acteurs à qui reviennent financements, influence 3. Relâchement de la discipline de crédit des IMF nationale et reconnaissance internationale. La figure 2 illustre la rapidité avec laquelle nos quatre pays ont Cette Note Focus commence par décrire brièvement développé leurs portefeuilles de microcrédit : compris la récente croissance dans les quatre pays touchés entre 33 et 67 %, leurs taux de croissance annuels par les crises d’impayés. Dans une deuxième partie, composés (TCAC1) étaient équivalents ou supérieurs elle présente les principaux facteurs contextuels à la moyenne du MIX, s’élevant à 43 % sur la même qui ont déterminé la gravité et l’étendue des crises. période. La troisième partie analyse les trois vulnérabilités du secteur qui constituent le fond du problème. Le moteur de la croissance : S’ensuit une discussion sur la manière dont les services de crédit l’infrastructure de marché et les outils peuvent aider à atténuer certains risques. Enfin, la Note conclut L’expansion du marché de la microfinance a en replaçant ces expériences dans le contexte plus été générée par des IMF offrant des produits de large de la microfinance mondiale et formule des crédit et des méthodes de prestation courants. On recommandations pour renforcer le secteur. distingue cependant des différences importantes dans les méthodologies de crédit employées dans les De 2004 à 2008 : la croissance différents pays. Ainsi, le prêt direct à des particuliers ou à des microentreprises est l’approche privilégiée Ces cinq dernières années, le secteur de la en Bosnie-Herzégovine et au Nicaragua, tandis que le microfinance a progressé à un rythme sans crédit de groupe prédomine au Maroc et au Pakistan. précédent. Cette croissance a été portée par des L’expansion s’est faite tant par la création d’agences IMF de plus en plus compétentes et confiantes dans sur de nouveaux marchés que par la croissance sur l’accomplissement de leur mission sociale : toucher des marchés existants via des prêts de taille plus Figure 2. Croissance des IMF Encours de crédits bruts 900 800 Bosnie-Herzégovine (TCAC 43 %) 700 600 Maroc (TCAC 59 %) Millions USD 500 400 Nicaragua (TCAC 33 %) 300 200 Pakistan (TCAC 67 %) 100 0 2004 2005 2006 2007 2008 Année Source : MIX, les données sur le Pakistan proviennent du Pakistan Microfinance Network. 1 Le TCAC correspond au taux de croissance d’une année ou d’un exercice a l’autre au cours d’une période donnée. 3 Figure 3. Sources de financement des IMF Structure de financement Moyenne pour les IMF dans les quatre pays 70 60 50 Millions USD 40 Épargne 30 Emprunts 20 Participations 10 au capital 0 2004 2005 2006 2007 2008 Année Source : données du panel du MIX. importante et de nouveaux produits. L’augmentation pour croître plus rapidement. Le montant des de la taille des prêts a été particulièrement marquée investissements transfrontaliers en microfinance au Nicaragua, en Bosnie-Herzégovine et au Maroc. a atteint 10 milliards de dollars US en 2008, un Mais le principal dénominateur commun aux quatre chiffre sept fois supérieur à celui des cinq années pays était le fait que l’épargne ne constituait pas précédentes3. Les investissements étrangers se un service majeur ni une source importante de sont concentrés sur quelques pays, dont la Bosnie- financement (voir la figure 3). Le ratio entre dépôts Herzégovine et le Nicaragua4. Nombre d’IMF se d’épargne et encours de crédits y est resté inférieur sont appuyées sur des crédits octroyés par des à 10 % sur l’ensemble de la période, contrastant ainsi prêteurs étrangers pour doper leur croissance. Par nettement avec la moyenne mondiale de 46 % établie ailleurs, elles se sont souvent procuré des capitaux 2 par le MIX . sur les marchés nationaux auprès des banques commerciales et des organisations faîtières locales. Une croissance alimentée par Cette tendance était particulièrement marquée au des financements abondants, Maroc : fin 2008, 85 % des actifs de microfinance notamment des produits de dette y étaient financés par des prêts de banques commerciales5. Au Pakistan, les prêts d’institutions Au cours de cette période, les bailleurs de fonds faîtières et de banques commerciales nationales se et les investisseurs socialement responsables sont largement substitués aux financements des ont commencé à octroyer des financements plus bailleurs de fonds. L’accent ainsi placé sur l’emprunt importants à un certain nombre d’IMF à travers le a contribué à une hausse du ratio de levier (ratio monde. Ils ont ainsi stimulé l’offre et alimenté la entre les actifs totaux de l’IMF et sa base de fonds croissance. L’abondance de financements a donné propres), qui est passé de 3 à 5,5 entre 2004 et 2008 aux IMF la confiance et le capital nécessaires dans les quatre pays6. 2 Calculée en fonction des données de 914 IMF en 2008. Valeur médiane : 29 %. 3 Étude du CGAP sur les flux de financement. 4 En décembre 2008, 51 % des encours de crédits en microfinance des institutions financières de développement (institutions financières créées par les États pour la promotion du développement économique) étaient concentrés sur dix pays (la Russie, la Bulgarie, le Pérou, le Maroc, la Serbie, la Roumanie, l’Ukraine, la Bosnie-Herzégovine, l’Équateur et l’Azerbaïdjan). 5 Banque centrale du Maroc, décembre 2008. 6 Selon les données du MIX, les institutions financières non bancaires ont connu une évolution similaire sur la même période, leur ratio de levier combiné passant de 2,9 à 4,25. 4 Initialement, les performances de crédit ont commencé à se manifester. Si les premiers financières sont restées bonnes signes de tension ont été signalés parmi les acteurs du secteur en 2007, les problèmes d’impayés ne sont Au début de la phase de croissance, les performances apparus dans les rapports des IMF que début 2008 au financières des IMF étaient excellentes dans les quatre Maroc, fin 2008 ou début 2009 dans les autres pays. La pays par rapport aux benchmarks internationaux. Les figure 5 montre le brusque accroissement du portefeuille IMF ont conservé des portefeuilles de qualité, leurs à risque (PAR8) en juin 20099. Dans trois pays, le PAR marges d’intérêt nettes se sont maintenues et leur était supérieur à 10 %, seuil utilisé pour définir une grave rentabilité est restée stable ou a progressé. Associées à crise d’impayés. Seule la Bosnie-Herzégovine affichait un levier financier accru, ces performances ont amélioré un PAR inférieur à 10 %, mais ce résultat était dû à le rendement des fonds propres au Maroc et en Bosnie- une politique agressive d’abandon de créances10. Cette Herzégovine sur l’année 2007, comme en témoigne la montée en flèche du PAR illustre bien à quel point la figure 4. Ces évolutions positives ont donné aux IMF et qualité des actifs de microfinance peut être volatile. 7 aux investisseurs des raisons d’être optimistes , alors même que de nouveaux risques se profilaient à l’horizon. Certains éléments propres à chaque pays permettent de mieux comprendre ce qui s’est passé. Plus tard, la qualité du crédit s’est détériorée et la croissance s’est ralentie • Au Nicaragua, la crise d’impayés a touché les 22 principales IMF. Une large poche d’impayés s’est La croissance a permis d’élargir la portée, objectif de développée dans une région du nord du pays, à longue date de la microfinance. Mais après plusieurs l’épicentre du mouvement no pago (non-paiement). années de hausse, des problèmes de remboursement Là, un groupe d’emprunteurs entretenant des liens Figure 4. Rentabilité des IMF Rendement des fonds propres 30 20 10 Bosnie- Pourcentage Herzégovine 0 Maroc Nicaragua –10 Pakistan Moyenne du MIX –20 –30 2004 2005 2006 2007 2008 Année Source : données du panel du MIX. 7 Si le Microfinance Banana Skins Report 2007 (une publication annuelle sur les risques propres au secteur éditée par le Center for the Study of Financial Innovation) ne le plaçait qu’au huitième rang pendant le boom du crédit, le risque de crédit a atteint la tête du classement lorsque la deuxième étude a été réalisée en avril 2009. http://www. citibank.com/citi/microfinance/data/news090703a1.pdf. 8 Le PAR est calculé à l’aide des sources suivantes : Bosnie-Herzégovine – données du réseau AMFI MCO ; Maroc – données du MIX pour 2004-2008 et JAIDA pour les estimations de juin 2009 ; Nicaragua – données du réseau Asomif ; Pakistan – données du MIX pour 2004-2008, estimations du CGAP pour juin 2009. 9 Dans ce document, nous utilisons la mesure standard du PAR pour des crédits présentant des arriérés de plus de 30 jours (PAR à 30 jours). 10 Le PAR d’une IMF peut être réduit en pratiquant une politique agressive d’abandon de créances. La décision de passer des crédits en perte appartient généralement au conseil d’administration d’une IMF. En juin 2009, les taux d’abandon de créances pour les quatre pays étaient les suivants : Bosnie- Herzégovine, 4,1 % ; Pakistan, 3,66 % ; Maroc, 2,90 % ; et Nicaragua, 1,84 %. Les abandons de créances au Nicaragua ont été calculés à l’aide des données composites des IMF Banex et Pro-Credit ; pour le Pakistan, le chiffre a été obtenu à partir d’un échantillon de cinq IMF. 5 Figure 5. Hausse des impayés dans les IMF Portefeuille à risque à 30 jours 20 18 16 13 % 14 Pourcentage 12 % 12 Pakistan 10 Nicaragua 10 % Maroc 8 7% Bosnie- 6 Herzégovine 4 2 0 2004 2005 2006 2007 2008 juin 2009 Année Source : voir la note de bas de page 8. politiques forts et bénéficiant de l’appui du parti L’influence du contexte au pouvoir a décidé collectivement de passer outre ses obligations de rembourser. Les crises d’impayés sont des événements complexes • Au Maroc, les 12 IMF ont commencé à subir que les facteurs contextuels rendent encore plus une hausse des impayés, mais le problème difficiles à interpréter. Les quatre études de cas s’est aggravé subitement lorsque la fusion et révèlent que trois éléments exogènes ont influé sur l’acquisition d’une grande IMF en difficulté ont le rythme et l’ampleur des crises : l’environnement été rendues publiques11. macroéconomique, les événements locaux et les • Les problèmes de la Bosnie-Herzégovine se sont facteurs de contagion. Ces éléments contextuels ne déclarés fin 2008, dans le sillage de la récession constituaient cependant pas les principales causes. en Europe. La quasi-totalité des 12 principales IMF ont vu leur PAR grimper en flèche pour Environnement macroéconomique : atteindre 7 % en juin 2009. Ce chiffre aurait été récession mondiale encore plus élevé si les IMF n’avaient pas déjà entamé à ce moment une politique agressive La microfinance s’est forgé la réputation d’être un d’abandon de créances. secteur solide, sorti largement indemne de la crise • Fin 2008, au Pakistan, dans le centre de la province de 1997 en Asie de l’Est et de celle de 2000 en du Punjab, plus précisément dans les zones semi- Amérique latine. La récession mondiale qui s’est urbaines entourant la capitale provinciale de déclarée en 2008 a été plus étendue et plus profonde. Lahore, la microfinance a été frappée par une Dans certains cas, les clients de microfinance ont vague d’opposition au remboursement émanant été touchés par le ralentissement économique, de plusieurs groupes d’emprunteurs. Au départ, les suppressions d’emplois et le recul des flux de l’impact s’est limité à une seule IMF. Mais une transfert d’argent. Récemment, les remboursements autre au moins a vu son PAR exploser en 2009. En en retard se sont multipliés à travers le secteur de outre, il est possible qu’au moins trois autres IMF la microfinance. Le PAR médian du MIX a atteint actives dans cette même région soient aujourd’hui près de 3 % en décembre 2008, celui de l’indice confrontées à d’importants problèmes d’impayés. SYM 50 de Symbiotics12 est passé à plus de 4,5 % en 11 Voir Reille (2010). 12 Symbiotics est un intermédiaire pour l’investissement en microfinance basé en Suisse. Depuis décembre 2005, la société publie l’indice SYM 50, calculé en fonction des données de performance mensuelles de 50 grandes IMF. 6 juin 2009 (voir la figure 6). Mais ces augmentations incité des groupes d’emprunteurs à se réunir pour étaient faibles comparées aux crises d’impayés dans protester contre les IMF, voire à aller jusqu’à refuser nos quatre pays, et de nombreuses nations ont réussi de rembourser les prêts octroyés. Le mouvement à maintenir d’excellents niveaux de remboursement no pago, dirigé par un groupe d’emprunteurs tout au long de la récession mondiale. Les quatre politiquement influent, a créé une poche d’impayés études de cas révèlent que le ralentissement relativement importante dans une région du nord économique a été un facteur aggravant des crises du Nicaragua. Au Pakistan, l’annonce d’un abandon d’impayés mais qu’il n’en a pas été la cause majeure. des créances par un responsable politique local La plupart des responsables d’IMF interrogés par le et la circulation de fausses rumeurs ont entraîné CGAP ne l’ont pas cité comme motif premier de leurs des défauts de remboursement en masse. Ces récents problèmes d’impayés. événements locaux ont influé sur les crises et sur le discours public les accompagnant. Cependant, ils Événements locaux : responsables n’étaient que les symptômes de vulnérabilités sous- politiques, chefs religieux et jacentes du secteur de la microfinance, non les causes associations d’emprunteurs premières des crises. Au fur et à mesure de sa croissance, la microfinance a Facteurs de contagion : à quelle inévitablement suscité une attention accrue qui ne s’est vitesse et jusqu’où des crises de pas toujours révélée favorable. Ainsi, les responsables crédit peuvent-elles se propager ? politiques locaux s’y sont parfois opposés et les institutions religieuses ont formulé des objections, En général, les problèmes d’impayés en microfinance affirmant par exemple que les pauvres ne devaient sont des événements relativement isolés qui n’affectent pas avoir à rembourser de prêts, qu’ils n’étaient pas pas les marchés au niveau régional ou national. en position de négocier des conditions favorables, Néanmoins, lorsque des nouvelles ou des rumeurs se que les femmes ne devaient pas avoir accès au crédit propagent rapidement par le biais des médias ou des ou, plus simplement, que la microfinance ne pouvait canaux sociaux, le risque d’une crise d’impayés plus pas résoudre les problèmes des pauvres. Il est aussi profonde et plus étendue augmente et la confiance arrivé que les pratiques des IMF (par exemple, des dans le secteur peut être ébranlée. Au Maroc, le rachat méthodes de recouvrement déplaisantes) s’attirent précipité d’une grande IMF a laissé penser qu’elle ne des critiques. Par moments, de tels agissements ont pourrait peut-être pas continuer à offrir des prêts, ce Figure 6. Crédits impayés dans les IMF à l’échelle mondiale Portefeuille à risque médian à 30 jours 8 Benchmarks du MIX Symbiotics 50 6 Pourcentage 4 2 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Année Source : Symbiotics, novembre 2009 ; benchmarks du MIX, décembre 2008. 7 Tableau 1. Niveaux d’endettement croisé % d’emprunteurs actifs ayant contracté des prêts auprès de >1 IMF Sources Nicaragua 40 (2009) Entretien avec le directeur d’une IMF nicaraguayenne Maroc 40 (2007) Banque centrale et partage des 39 (2008) informations sur la solvabilité des emprunteurs entre les cinq principales IMF 29 (2009) Bosnie-Herzégovine 40 (2009) Enquête auprès des clients des IMF, MiBOSPO Pakistan 21 (2009) à l’échelle du pays Pakistan Microfinance Network 30 (2009) dans les districts touchés par des crises d’impayés qui a atténué la motivation des clients à rembourser. concurrence. Celle-ci était notamment due au fait que L’évocation des faits dans la presse a accéléré la chute les principales IMF ne déployaient pas leurs services de cette IMF et s’est même répercutée sur d’autres partout de manière uniforme, mais qu’elles rivalisaient IMF. Au Nicaragua, le soutien politique apporté par agressivement sur des zones géographiquement le président Ortega au mouvement no pago au début limitées. Cette concentration du crédit a augmenté de la crise a bénéficié d’une couverture médiatique la probabilité que les clients empruntent auprès de qui a accentué et étendu les problèmes d’impayés. Au plusieurs IMF. Au Maroc, la banque centrale a estimé Pakistan, des réseaux sociaux basés sur le téléphone que 40 % des emprunteurs possédaient des prêts mobile ont rapidement transformé un petit problème auprès de plusieurs IMF lorsque la crise d’impayés local en une crise régionale de grande ampleur dans les a commencé. Des estimations similaires ont été communautés semi-urbaines à faibles revenus parlant effectuées au Nicaragua, en Bosnie-Herzégovine et le panjabi. De tels réseaux sociaux peuvent cependant au Pakistan (voir le tableau 1). aussi définir les limites au-delà desquelles une crise est peu susceptible de se propager. Ainsi, le refus de La concentration se résume en partie à une simple rembourser opposé par des groupes d’emprunteurs au probabilité : à mesure qu’elles se développent, les IMF Pakistan n’a pas gagné les zones rurales ni les régions sont plus susceptibles de croiser la route d’autres IMF. possédant des cultures nettement différentes de celles Mais cette tendance est renforcée par des décisions que observées dans les secteurs touchés par la crise. les IMF prennent délibérément. Souvent, elles élaborent des stratégies qui privilégient des marchés où l’activité Le fond du problème économique et la densité de population sont plus importantes. Ce faisant, elles augmentent la possibilité Bien que de nombreux facteurs influencent le de se trouver sur le terrain d’autres IMF ciblant les cours d’une crise, les études de cas révèlent que le mêmes secteurs pour les mêmes raisons. Au Pakistan problème tient essentiellement à trois vulnérabilités et au Maroc, une pratique courante parmi certaines IMF au sein du secteur de la microfinance. consistait à suivre d’autres IMF sur des marchés locaux de manière à pouvoir prêter aux mêmes groupes de Concentration de la concurrence clients. Les premiers entrants sélectionnent et forment et endettement croisé les nouveaux emprunteurs, permettant aux suivants de s’affranchir de ces phases préparatoires. Selon les Dans les quatre pays concernés, la croissance a directeurs, cette approche réduit les coûts d’acquisition naturellement provoqué une intensification de la de nouveaux clients13, du moins à court terme. 13 Cette pratique donne aux investisseurs potentiels l’impression que les coûts d’expansion d’une IMF sont plus faibles et plus attractifs, mais elle minimise l’importance des futurs coûts susceptibles d’apparaître lorsque l’IMF commence à s’implanter sur de nouveaux marchés encore vierges. 8 L’endettement croisé n’est pas un phénomène relation d’emprunt avec d’autres IMF. Il peut même nouveau. Comme décrit dans le livre Portfolios perdre toute motivation à essayer de résoudre le of the Poor, les ménages pauvres empruntent problème avec la première. Dans les quatre pays régulièrement auprès de multiples sources pour étudiés, les relations entre IMF et emprunteurs lisser leurs flux de trésorerie (Collins, Morduch, étaient encore plus délicates, car elles concernaient Rutherford et Ruthven 2009). La concurrence presque exclusivement des prêts et n’étaient pas permet aux clients de bénéficier d’un plus large approfondies par des produits d’épargne, d’autres choix à mesure que la microfinance évolue d’un services financiers voire des services non financiers. marché d’offre vers un marché de demande. Un Lorsque l’incitation à rembourser est réduite, les leader de la microfinance en Inde l’a exprimé en retards de remboursement sont plus susceptibles ces termes : « Souvenez-vous : il y a encore deux de se produire et, dans certains cas, de prendre ou trois ans, les clients n’avaient aucun choix » de l’ampleur jusqu’à déboucher sur une large crise (Srinivasan 2009). En contractant des prêts auprès d’impayés. de plusieurs IMF ou en alternant les prêts, un emprunteur est moins contraint par les stricts Les clients peuvent emprunter des montants totaux calendriers de remboursement caractéristiques plus importants qu’auparavant. L’offre étant plus de la microfinance. Il a même été établi que large, les clients peuvent accroître le montant total l’endettement croisé peut être associé à de de leurs emprunts. Nombre d’IMF, notamment meilleurs taux de remboursement dans certains lorsqu’elles accordent des crédits de groupe, environnements (Krishnaswamy 2007). n’octroient que des prêts de taille réduite parce qu’elles savent que leurs clients pourront compléter Si ses avantages peuvent être considérables, la leur besoin de crédit auprès d’autres sources. Ce concurrence peut aussi introduire de nouvelles principe tacite de multiplication des prêts diminue dynamiques de marché qui ne sont pas toujours l’exposition d’une IMF vis-à-vis d’un emprunteur simples à identifier. Un expert explique : « Les formes donné tout en permettant aux clients d’accéder à populaires de microcrédit ont prospéré parce qu’elles des liquidités supplémentaires pour rembourser leurs imposaient des contraintes aux prêteurs comme aux différents crédits. Dans ce cas, l’endettement croisé emprunteurs, notamment par le biais de cautions peut se révéler bénéfique tant pour les emprunteurs solidaires ou de remboursements hebdomadaires que pour le marché dans sa globalité. fixes... Mais la concurrence a parfois remis en cause ces méthodes, car elle a permis à des personnes Néanmoins, ces mêmes conditions accentuent aussi le d’emprunter tranquillement auprès de plusieurs IMF risque que certains clients empruntent des montants à la fois » (Roodman 2009). excédant leurs capacités. Dans les quatre pays étudiés, les emprunteurs sont souvent passés, en l’espace La croissance dans nos quatre pays a introduit deux de quelques années, d’une situation où ils n’avaient nouvelles dynamiques qui ont altéré le comportement aucune possibilité d’emprunt formel à une situation de base sur le marché. où ils en avaient plusieurs. Leur capacité à emprunter davantage a donc augmenté rapidement. La pratique Les emprunteurs sont moins dépendants d’une courante qui consiste à augmenter progressivement seule IMF. L’un des postulats de la microfinance la taille du prêt pour s’assurer que les emprunteurs est que les emprunteurs remboursent leurs prêts n’excèdent pas leur limite de remboursement est en vue d’établir une relation qui leur permette moins efficace comme outil de gestion du risque si ces d’obtenir un autre prêt, souvent de taille plus derniers peuvent aisément accroître le montant total importante. Ce délicat rapport entre prêteur et de leurs emprunts en s’adressant à diverses sources. emprunteur risque d’être ébranlé lorsque le niveau Un ouvrage concernant la crise du crédit de 1999 en d’endettement croisé augmente sur un marché où Bolivie fait une analogie éloquente : « Apparemment, l’offre est abondante. L’emprunteur peut alors être le crédit est comparable à un bon repas : attablées en impayé auprès d’une IMF, que ce soit par choix devant un festin, nombre de personnes mangent ou par nécessité, sans pour autant mettre en péril sa trop et le regrettent ultérieurement... » (Rhyne 2001). 9 Le large éventail de possibilités de crédit peut conduire Recruter un grand nombre de nouveaux employés certains emprunteurs à assumer des obligations de en un temps réduit peut conduire à dépendre d’un remboursement qui dépassent leurs capacités personnel insuffisamment préparé. Pour croître, les financières. Bien qu’il soit difficile de définir avec IMF doivent recruter, former et promouvoir un grand précision quand une personne tombe dans le nombre d’employés. Dans les quatre pays, les effectifs 14 surendettement ou de mesurer ses obligations en des IMF ont augmenté de près de 40 % chaque termes de prêts informels, il est certain que l’exposition année. C’est au Pakistan que la progression a été la totale à l’endettement de nombreux emprunteurs a plus importante, avec un accroissement net de 9 600 nettement grimpé dans les quatre pays, notamment individus entre 2004 et 2008. Dans des conditions en Bosnie-Herzégovine et au Maroc. Selon une étude, normales, le personnel dispose généralement de trois 16 % des emprunteurs de Bosnie-Herzégovine ont à six mois pour se former sur le tas avant d’assumer de déclaré être sur le point de dépasser leur capacité de nouvelles responsabilités. Mais dans une situation de remboursement (EFSE/MFC 2008). Rétrospectivement, croissance rapide, les IMF sont contraintes d’affecter un responsable d’IMF de Bosnie-Herzégovine a admis : leurs employés plus vite à des postes à responsabilité, « Nous avons donné aux clients plus qu’ils ne pouvaient négligeant parfois un peu le recrutement, la formation gérer. À l’époque, certains d’entre eux pouvaient et la préparation. Les directeurs ont également déclaré payer. Mais maintenant, en raison de la situation que le personnel changeait plus fréquemment d’IMF économique, ils ne le peuvent plus. » à mesure que la demande de nouveaux employés s’amplifiait. Il est plus difficile de maintenir une culture Dans les quatre pays étudiés, l’expérience a montré d’entreprise cohérente dans des environnements à que la concentration des prêts et de la concurrence, forte croissance15 (voir la figure 7). en particulier lorsqu’elle est introduite rapidement, peut diminuer les incitations à rembourser et affaiblir Une croissance rapide exige un encadrement l’efficacité des limites de taille des prêts pour lutter intermédiaire fort. La plupart des IMF performantes contre les risques. De subtils changements dans les ont un siège social qui assure ses fonctions incitations à rembourser et le montant des emprunts solidement. Mais rares sont celles qui disposent peuvent modifier la dynamique de marché et d’un niveau de cadres intermédiaires suffisamment potentiellement engendrer des crises d’impayés. Dans développé pour gérer une croissance rapide. certaines circonstances, les IMF s’adaptent bien à ces Lorsqu’une institution est encore de taille réduite, changements et gèrent correctement les risques. Telle le siège est en mesure de superviser directement a été la réputation de la Bolivie, par exemple, au cours les opérations de terrain. Mais quand la croissance des dix dernières années, suite à une crise d’impayés s’accélère, la situation change : les cadres supérieurs en 1999. Mais nos quatre études de cas montrent sont soumis à une pression croissante de la part que des conditions de marché plus concurrentielles des parties prenantes extérieures comme les peuvent accroître les risques de crédit. investisseurs et les autorités de réglementation, alors que les activités se développent. Il faut alors Insuffisance des systèmes et des cadres intermédiaires compétents capables des contrôles dans les IMF de prendre en charge des opérations à grande échelle plus distantes. En général, les agents de À mesure qu’elles se développent, les IMF doivent terrain sont alors promus aux postes de cadres relever de nouveaux défis. Dans les quatre pays moyens. Bien qu’ayant l’expérience requise en étudiés, trois types de lacunes ont été identifiés en matière de vente et de recouvrement des prêts, ils termes de capacités. doivent aussi acquérir les compétences et l’attitude 14 On entend généralement par surendettement la situation dans laquelle les obligations de remboursement d’un emprunteur concernant le principal et les intérêts excèdent sa trésorerie. 15 Les données du MIX ne révèlent pas de schéma précis en ce qui concerne les ratios entre le nombre total d’emprunteurs et les effectifs. Selon nous, cela est dû au fait que l’introduction rapide de nouveaux employés commençant avec peu de clients est mêlée à la productivité supérieure du personnel plus expérimenté. Il est possible que les deux facteurs combinés s’annulent mutuellement pendant des intervalles de temps significatifs au cours des périodes de croissance forte. 10 Figure 7. Recrutement rapide de personnel par les IMF Total des effectifs : TCAC 39 % Total des quatre pays 30 000 25 000 Nb d’employés 20 000 15 000 10 000 5 000 0 2004 2005 2006 2007 2008 Année Source : données du MIX, Pakistan : données du Pakistan Microfinance Network. qui conviennent pour un cadre. Avec le recul, suivante. Au Maroc, une grande IMF a enregistré une un directeur d’IMF au Pakistan regrette d’avoir croissance de 150 % en 2006 tout en conservant un surchargé ses responsables régionaux en plaçant système d’information de gestion obsolète. Celui-ci sous leur responsabilité pas moins de 75 agences. a généré des rapports trompeurs qui ont contribué Cette IMF repense actuellement toute sa hiérarchie peu de temps après à la crise d’impayés. intermédiaire. Un autre directeur au Pakistan, dont l’IMF semble avoir évité les pires problèmes Dans les pays qui ont déjà subi des détériorations de d’impayés, a souligné : « Toute organisation qui la qualité du crédit, les IMF reconnaissent que leurs croît au-delà de sa capacité de supervision risque de capacités internes n’ont pas suivi. Un directeur d’IMF se retrouver face à d’importants arriérés. » en Bosnie-Herzégovine en a convenu : « Notre priorité était d’affronter la concurrence, non de renforcer La croissance met à rude épreuve les contrôles nos capacités. » Un investisseur a précisé : « Ces internes qui sont essentiels pour maintenir la IMF connaissaient une croissance si rapide qu’elles discipline et minimiser la fraude. Les IMF en Bosnie- n’avaient pas le temps de mettre en place des Herzégovine, au Maroc et au Nicaragua ont cité systèmes adéquats de gestion des risques. Elles n’ont l’inadéquation des contrôles internes comme pas vu arriver la chute. » la faiblesse la plus courante. Entre 2005 et 2008, le personnel d’audit interne d’une grande IMF Relâchement de la discipline marocaine a doublé alors que ses effectifs totaux ont de crédit des IMF été multipliés par cinq. L’acharnement pour atteindre à tout prix les objectifs de croissance ainsi que des Sur des marchés concurrentiels en croissance, les IMF normes de supervision moins strictes ont affaibli les sont susceptibles de prendre davantage de risques contrôles internes. Au Pakistan, les IMF n’ont pas pour acquérir de nouveaux clients et étendre leur mis en œuvre efficacement les politiques imposant offre. Un directeur d’IMF en Bosnie-Herzégovine se de se rendre au domicile des emprunteurs et n’ont souvient : « L’ambiance était à la concurrence. D’autres pas appliqué correctement les règles assurant que les IMF commençaient à s’implanter dans notre région prêts sont décaissés directement aux emprunteurs et à rogner une part de notre activité. Nous avons finaux. Ce relâchement des contrôles internes a donc décidé de réagir et de faire comme elles. » Les ouvert des brèches qui ont conduit aux manquements attitudes et les priorités des directeurs d’IMF ont été à la discipline de crédit décrits dans la section répercutées sur les agents de terrain. Des mesures 11 d’incitation ciblées et à court terme ont été définies Dans le système de crédit de groupe au Pakistan, le qui mettaient l’accent sur la croissance et le gain de problème résidait dans l’augmentation du recours parts de marché. Dans certains cas, ces mesures ont à des agents informels pour gérer les groupes. été prises au détriment de la discipline de crédit, Focalisés sur leurs objectifs quantitatifs, les agents contribuant ultérieurement aux crises d’impayés. de crédit ont progressivement délégué leurs tâches à des représentantes. Celles-ci se sont mises à Les IMF souhaitant dégager des profits et croître accumuler des prêts de multiples IMF, tandis que rapidement privilégient l’efficience opérationnelle. dans certains cas, les emprunteurs membres du Les directeurs cherchent à réaliser des économies groupe n’en obtenaient jamais. L’immense vague de en réduisant la fréquence des réunions de groupe, refus de rembourser, qui a commencé en 2008, a en rationalisant l’analyse des emprunteurs ou en été initiée par ces représentantes qui avaient acquis utilisant de nouvelles infrastructures de prestation. un pouvoir inhabituel sur l’ensemble du processus Souvent, ces nouvelles approches sont appréciées de prêt. Au fil du temps, la relation entre les agents par les clients, qui peuvent accéder aux services plus de crédit et les emprunteurs s’est considérablement rapidement et plus simplement. Cependant, ces affaiblie. De ce fait, lorsque les représentantes se modifications dans les méthodes de souscription et sont révoltées contre l’IMF, il était devenu nettement de prestation de crédit doivent s’accompagner d’une plus difficile de recouvrer les prêts (Burki 2009). Les évaluation précise de la capacité d’endettement emprunteurs, lorsqu’il y en avait, étaient contrôlés d’un emprunteur, laquelle exige une connaissance par des personnes qui n’avaient pas la même loyauté approfondie du comportement et du niveau de vie de envers l’IMF que les agents de crédit. ce dernier. L’un des risques de la croissance est que les IMF négligent les services et les relations avec la Les mesures incitatives destinées au personnel clientèle, supprimant même les rencontres face à face sont efficaces pour améliorer l’efficacité et la si cruciales pour la qualité du crédit. performance globales de l’IMF, mais elles peuvent aussi avoir des effets indésirables. Normalement, Entre 2002 et 2008, les IMF du Maroc et du les systèmes d’incitation mesurent et récompensent Nicaragua ont augmenté la taille des prêts de les volumes de prêt et la qualité du portefeuille 132 % et 68 % respectivement. Ces hausses étaient mensuellement ou trimestriellement. Le personnel dues à un recentrage sur les prêts individuels aux est alors tenté d’accroître sa rémunération à court petites entreprises ainsi qu’à l’ajout de nouveaux terme, parfois au détriment d’une relation plus prêts immobiliers et à la consommation pour les saine et plus durable avec le client. Soumis à une emprunteurs existants. Au Maroc et en Bosnie- forte pression pour remplir les objectifs et profitant Herzégovine, certaines IMF se sont hâtées de d’une supervision limitée, les agents de terrain développer de nouveaux produits, mais sans outils font parfois usage de pratiques de recouvrement éprouvés d’évaluation des besoins des emprunteurs peu honorables qui détériorent durablement ni formation adéquate du personnel. Selon une les relations avec la clientèle. Il existe quelques étude de la Société financière internationale exemples de systèmes d’incitation intégrant 16 (SFI ), 40 % des impayés au Maroc résultaient de la satisfaction à long terme des clients comme changements dans les politiques de crédit tels qu’une indicateur pertinent17. Considérant avec le recul les augmentation de la taille des prêts ou l’introduction récents problèmes d’impayés, un directeur d’IMF de nouveaux produits. Le crédit individuel exige en Bosnie-Herzégovine a déclaré : en outre une analyse plus approfondie des flux de trésorerie des clients que les crédits de groupe, et « Nous avons toléré le fait que certains agents son introduction s’est toujours révélée complexe en de crédit dépassent les bornes. Ils étaient microfinance, même dans les circonstances les plus surchargés parce qu’ils voulaient obtenir favorables. davantage de primes. Mais ils voulaient aussi que 16 Étude privée SFI, novembre 2008. 17 IFMR Trust, en Inde, teste actuellement des mesures du niveau de vie des clients comme base pour les systèmes d’incitation du personnel. 12 notre institution soit la première du marché. Il y a et renforçaient leur expertise sur ce marché en plein deux ans, certains de nos agents géraient plus de essor. Un certain nombre de cabinets d’audit ont 600 clients. C’était trop, et nous nous efforçons constitué des groupes spécialement voués à servir les encore d’alléger cette charge de travail. » IMF. La présentation des états financiers des IMF s’est nettement améliorée, et plus de 250 IMF satisfont Une croissance forte axée sur les objectifs peut désormais aux normes internationales d’information tenter les IMF d’assouplir leur discipline de crédit financière. Pourtant, on ne peut raisonnablement se en vue de dégager davantage de volume, même limiter aux seuls audits financiers pour obtenir une si cela augmente le risque de crédit. Souvent, ces évaluation fiable de la qualité des portefeuilles de crédit problèmes ne sont pas décelés pendant quelque des IMF. Les audits réalisent un examen professionnel temps, ce qui rend les IMF vulnérables à une crise des états financiers, des politiques comptables et des d’impayés de grande ampleur. contrôles internes. Mais en microfinance, ils omettent souvent de rapprocher les comptes de prêts avec Le rôle de l’infrastructure un échantillon significatif de clients. En outre, ils ne de marché peuvent apprécier correctement la qualité sous- jacente de plusieurs milliers (parfois millions) de crédits Ces dix dernières années, des investissements en cours. Aussi essentiels soient-ils, les audits ne sont importants ont été réalisés en vue de développer une guère parvenus à détecter ni à atténuer les crises dans infrastructure de marché solide permettant de fournir nos quatre pays. D’ailleurs, il est peu probable que des aux investisseurs et aux IMF des informations précises, audits classiques puissent jamais prévenir à temps une en temps voulu, sur les performances du secteur de crise d’impayés à grande échelle. la microfinance. Un reporting fiable et comparable sur les IMF est essentiel pour évaluer les risques et Notations. Les notations effectuées par les grandes les opportunités. Les investissements en matière agences du secteur financier général ainsi que par les d’infrastructure de marché ont notamment porté sur quatre agences spécialisées dans la microfinance18 sont les éléments suivants : normes de présentation des désormais monnaie courante dans le secteur. En 2008, performances financières, normes d’audit externe, ces agences ont réalisé collectivement 450 notations notations externes et centrales des risques. De plus en en microfinance. Les méthodologies utilisées par les plus répandus, les outils d’évaluation de la performance agences spécialisées aboutissent à une évaluation sociale peuvent renseigner sur la satisfaction des clients pertinente de la performance institutionnelle des IMF. et améliorer la gestion du risque de crédit. Des progrès Néanmoins, les notations qui ont précédé les crises et des investissements supplémentaires seront toutefois d’impayés dans les quatre pays n’ont pas suffisamment nécessaires pour s’adapter aux changements rapides sur mis en avant les risques et les vulnérabilités évoqués les marchés de la microfinance. La croissance a révélé dans ce document. Ainsi, les notations de deux IMF des vulnérabilités en microfinance dont les initiatives de en faillite au Nicaragua et au Maroc n’ont pas identifié développement de l’infrastructure de marché devront les faiblesses dans la méthodologie de crédit et les tenir compte à l’avenir. Une récente publication du contrôles internes. En Bosnie-Herzégovine, elles ont CGAP indique : « Les IMF opèrent en s’exposant à des certes relevé la concurrence et l’endettement croisé, risques auxquels les investisseurs doivent s’intéresser. mais ont continué d’attribuer d’excellentes notations Malheureusement, les audits externes, les notations, les aux IMF (A ou A - aux sept plus grandes IMF). Au évaluations et même la supervision omettent souvent Pakistan, une agence de notation financière a donné la le risque principal : une représentation erronée de la note BBB+/A - 3 assortie d’une perspective de stabilité qualité du portefeuille... » (Christen et Flaming 2009). à une IMF qui, moins de 12 mois plus tard, s’est retrouvée aux prises avec une grave crise d’impayés. Audits externes. Selon le MIX, la qualité des audits d’IMF a progressé à mesure que les auditeurs se Les agences de notation devraient attacher plus familiarisaient avec le domaine de la microfinance d’importance à l’environnement commercial et à la 18 M-CRIL, Microfinanza, Microrate et Planet Rating. 13 Encadré 1. D’autres pays sont-ils vulnérables ? Le cas de l’Inde. L’Inde est le pays où les IMF enregistrent la croissance la plus rapide. Au cours de l’exercice comptable clôturé en mars 2009, elles ont vu une augmentation nette de 8,5 millions d’emprunteurs actifs. Le pays connaît une vaste polémique sur la probabilité d’une crise de remboursement. En décembre 2009, lors de la conférence Srijan des investisseurs, les participants ont débattu sur le thème « Microfinance et subprime : la comparaison est-elle réelle ? ». Dans les données relatives à la qualité des actifs, rien ne permet de conclure à une large crise de remboursement durant l’exercice clôturé en mars 2009. Néanmoins, un certain nombre d’analystes du secteur ont identifié des vulnérabilités. Croissance du portefeuille de prêts 2 000 1 800 1 600 1 400 Millions USD 1 200 1 000 Moyenne par pays : TCAC 33 % 800 Inde : TCAC 59 % 600 400 200 0 2004 2008 Année Source : données du panel du MIX. Quel est le niveau d’endettement croisé ? L’Inde est un immense marché avec un taux de pénétration total faible. Mais la moitié de l’activité de crédit des IMF est située dans seulement trois des 28 États, avec des zones de concentration plus forte encore au sein même de ces trois États. Les niveaux d’endettement croisé auprès de sources formelles augmentent si l’on prend en compte les vastes systèmes de groupes d’entraide (self-help groups). Début 2009, une crise d’impayés s’est déclarée dans une partie de l’État du Karnataka, à savoir dans les villes où plus de six IMF étaient présentes. Dans le même temps, des efforts sont menés en vue de favoriser l’expansion dans les régions sous-desservies. Une diversification géographique qui permettra peut-être de réduire le degré de concentration du crédit et, éventuellement, d’atténuer certains risques. Ayant reconnu la nécessité d’agir, certaines des principales IMF d’Inde ont récemment fondé une association dont l’objectif est d’investir dans une centrale des risques et d’imposer des plafonds quant au nombre et au montant des prêts qu’une IMF peut octroyer à un individu donné. La capacité institutionnelle est-elle insuffisante ? Les IMF indiennes sont soumises à une étroite surveillance de la part de leurs investisseurs privés, lesquels exercent souvent une vigilance plus rigoureuse que les bailleurs ou investisseurs publics. Dans le même temps, la croissance est sans précédent. Selon les données du MIX, les effectifs totaux des IMF indiennes ont plus que quadruplé depuis 2005, avec une augmentation nette de près de 20 000 employés sur la seule année 2008. Le fondateur de l’une des principales agences de notation en Inde a récemment indiqué que son équipe trouvait des agences dans lesquels des directeurs en apprentissage formaient les nouveaux embauchésa. Les cinq organisations leader du marché restent le moteur de la croissance, même si les dix suivantes connaissent aussi un bel essor. Les IMF relâchent-elles leur discipline de crédit ? Les IMF indiennes, qui pratiquent essentiellement le crédit de groupe, n’ont pas encore osé lancer à grande échelle de nouveaux produits de prêt. Des rapports signalent une hausse abrupte de la taille des prêts dans certains endroits, un accroissement de la charge de travail des agents de crédit ainsi que le recours à des représentants pour gérer les groupes (Srinivasan 2009). CRISILb note un lien entre la pression à croître et l’assouplissement des normes de crédit comme la durée d’attente réduite pour obtenir un prêt, l’arrêt de l’échelonnement des premiers décaissements entre les membres du groupe, et la réduction du nombre de contrôles des emprunteurs après décaissement. Pourtant, les données les plus récentes du secteur, datant de mars 2009, continuent d’indiquer une excellente qualité des actifs. En Inde, les opinions concernant les vulnérabilités en microfinance varient fortement. Au sujet des récents problèmes dans l’État du Karnataka, un directeur d’IMF a affirmé : « Il s’agit là de perturbations externes qui ne modifient pas la qualité sous-jacente du crédit ni le comportement des consommateurs » (Srinivasan 2009). Le rapport de CRISIL met davantage en garde : « Les pratiques de gestion des risques des IMF ont faibli ces deux dernières années en raison d’un recentrage sur le développement des activités et du réseau... La qualité globale des actifs des IMF est bonne, mais un léger recul est à prévoir. » Notes : a. Déclaration de Sanjay Sinha, directeur général de M-CRIL, le 27 octobre 2009, Microfinance India Summit, New Delhi. b. http://www.crisil.com/index.jsp. 14 dynamique de marché. Il est toutefois peu probable problèmes soient là pour créer une centrale de risques. » que les méthodes standards de notation puissent Dans nos quatre pays, toutes les tentatives antérieures anticiper avec fiabilité des détériorations de la qualité aux crises pour renforcer les centrales de risques ont du portefeuille. D’où l’importance pour les directeurs été vaines. Ce n’est qu’après la survenue des crises que d’IMF et les investisseurs de mettre en place leurs les initiatives en la matière ont pris de l’ampleur, car les propres mesures de vigilance pour mieux évaluer les IMF ont alors enfin compris la nécessité de réaliser cet risques de crédit et de marché. investissement. L’expérience montre que les centrales de risques ne sont plus un luxe, mais deviennent Examen du portefeuille. La capacité des audits et des essentielles pour la gestion du risque de crédit. Sur des outils de notation standard à anticiper d’éventuelles crises marchés de plus en plus concurrentiels, elles fournissent d’impayés étant limitée, il est de plus en plus primordial des informations capitales sur l’endettement des pour les IMF et leurs investisseurs d’employer des mesures clients et leurs comportements de remboursement que supplémentaires de la qualité du portefeuille. L’utilisation même les meilleures IMF ne peuvent générer seules. plus fréquente d’outils d’examen du portefeuille tels Les centrales de risques créent les bonnes incitations que ceux mis au point par le CGAP et MicroSave19, par à rembourser et facilitent l’accès au système financier des équipes disposant des compétences appropriées, en constituant l’historique de crédit des clients. Pour améliorerait la confiance dans les rapports sur la qualité autant, leurs avantages ne doivent pas être surestimés. des portefeuilles de microcrédit. Bien que relativement Elles ne peuvent se substituer à une méthodologie ou à coûteux, les examens rigoureux du portefeuille aident à une discipline de crédit rigoureuse. À elles seules, elles réduire les risques et à construire des institutions solides. ne peuvent empêcher les risques liés à une conduite Dans un secteur de la microfinance en plein essor, où irréfléchie des IMF. les enjeux ne cessent de croître, il est désormais temps que ces outils se généralisent et soient utilisés plus Conclusion : quels régulièrement. enseignements la microfinance doit-elle tirer de ces récentes Centrales de risques. Les centrales de risques, qui crises d’impayés ? fournissent l’historique de crédit d’emprunteurs individuels, n’existent pas depuis longtemps en Cette Note Focus décrit des crises d’impayés qui ont microfinance. Seuls quelques pays possèdent des récemment touché des marchés de la microfinance centrales de risques performantes pour le secteur de la en plein essor au Nicaragua, au Maroc, en Bosnie- microfinance. De nos quatre marchés, seul le Nicaragua Herzégovine et au Pakistan. Les études de cas était doté de centrales efficaces. Seulement, celles-ci révèlent que des éléments exogènes, comme les étaient distinctes selon qu’il s’agissait d’une IMF conditions macroéconomiques, la situation politique, réglementée ou non. Au Pakistan, seules les banques de des événements locaux et des facteurs de contagion, microfinance sont tenues de soumettre des données à peuvent influer sur la vitesse et l’étendue d’une crise une centrale de risques. Cette obligation ne s’applique d’impayés. Cependant, ces facteurs contextuels, y donc pas aux organisations non gouvernementales compris la récente récession mondiale, n’étaient pas les qui servent encore la majeure partie des clients de causes premières des crises d’impayés. En fait, celles-ci microfinance. Le Maroc et la Bosnie-Herzégovine ont étaient principalement dues à trois grandes vulnérabilités lancé des projets de centrales de risques en 2005, mais courantes sur les marchés de microfinance en pleine celles-ci n’ont été opérationnelles qu’après le début des croissance : la concentration du crédit et l’endettement crises d’impayés. croisé, l’insuffisance des capacités des IMF et la perte de leur discipline de crédit. La quasi-totalité des directeurs d’IMF qui ont traversé des crises d’impayés auraient voulu avoir accès bien plus tôt Ces quatre crises d’impayés récentes restent des à une centrale de risques performante. Un responsable événements isolés au sein d’un secteur globalement d’IMF au Nicaragua a déclaré : « N’attendez pas que les marqué par la réussite. En effet, la microfinance a 19 http://www.cgap.org/p/site/c/template.rc/1.9.36521/; http://www.microsave.org/toolkit/loan-portfolio-audit-toolkit. 15 prouvé qu’elle pouvait croître tout en maintenant une à elles seules les problèmes d’impayés, elles sont excellente qualité d’actifs et des rendements financiers primordiales pour améliorer la gestion du risque élevés. Elle est en mesure d’attirer des investisseurs de crédit et traiter l’endettement croisé. Leur commerciaux et socialement responsables ainsi que développement et leur utilisation à grande échelle d’offrir à un grand nombre de pauvres des services qui doivent être encouragés au niveau mondial, même leur sont précieux. Le développement de la microfinance avant que les marchés de la microfinance ne apporte donc de multiples avantages qui se révèlent deviennent très concurrentiels ou excessivement essentiels pour les populations marginalisées. concentrés. • Une cartographie de l’accès financier basée Bien que rares, les crises d’impayés à grande échelle sur des informations fiables concernant la comme celles décrites dans ce document ne sont pas pénétration géographique et socio-économique un phénomène nouveau en microfinance. L’histoire des services de microfinance permettrait offre de bons exemples de réaction et d’adaptation. d’identifier les marchés exclus et saturés. De Plusieurs marchés réputés, comme la Bolivie, ont telles données actualisées régulièrement peuvent connu des épisodes notables d’impayés20. La réponse aider à déterminer les risques et les opportunités apportée à ces premières crises a permis au secteur propres à certaines zones géographiques. de s’adapter à l’évolution des conditions de marché Autant de renseignements précieux pour les et des demandes des clients. directeurs d’IMF, les investisseurs et les autorités de réglementation. Les quatre crises plus récentes évoquées dans ce document offrent également des enseignements À elles seules, ces recommandations suffiraient déjà qui pourront nous servir à renforcer le secteur de la à renforcer le secteur de la microfinance dans de microfinance dans les années à venir. Les directeurs nombreux pays. Mais ces récentes crises donnent à d’IMF, les investisseurs et les décideurs devraient voir une leçon plus globale et incitent à une action plus accorder davantage d’attention au modèle de large. Elles nous rappellent que la microfinance reste croissance de la microfinance. Au cours de la première une activité axée sur la gestion des risques. Certes, le décennie de ce siècle, l’accent a été placé sur secteur peut, à juste titre, être fier de ses performances l’expansion de l’accès aux services. En conséquence, financières et sociales passées. Néanmoins, de nouveaux des millions de clients ont pu obtenir des microcrédits risques et problèmes apparaissent à mesure que la grâce à des institutions à forte croissance soutenues microfinance se développe. Les directeurs d’IMF, les par des financements abondants. Pendant la investisseurs et les autorités de réglementation doivent prochaine décennie, la priorité devra être donnée à la être attentifs à ces nouveaux risques, être ouverts à la croissance durable. Pour y parvenir, nous formulons discussion les concernant et s’efforcer de trouver les trois recommandations spécifiques : mesures d’atténuation les plus appropriées. • Dans un environnement de plus en plus Bibliographie concurrentiel, les IMF doivent trouver un juste équilibre entre leurs objectifs de croissance et Burki H-B., “Unraveling the Delinquency Problem la nécessité d’améliorer la qualité des services. (2008/9) in Punjab”, MicroNote n°10, Pakistan Il leur faut s’assurer de la pérennité de leurs Microfinance Network, 2009. relations avec les clients. Pour ce faire, elles doivent prêter davantage attention à évaluer CGAP, CGAP Funder Survey 2009, Washington, régulièrement la satisfaction des clients et la D.C. : CGAP, 2009. http://www.cgap.org/gm/ dynamique comportementale des marchés. document-1.9.40544/Funder%20Surveys%20 • Les centrales de risques sont une composante Snapshots%202009%20Global.pdf (existe en français essentielle de l’infrastructure de marché en sous le titre « Enquête 2009 sur les sources de microfinance. Bien qu’elles ne puissent empêcher financement de la microfinance »). 20 En 1999, la Bolivie a connu une crise d’impayés après plusieurs années d’expansion rapide de la microfinance. Christen R. et Flaming M., Due Diligence Guidelines Lascelles D., Microfinance Banana Skins 2008: Risk in for the Review of Microcredit Loan Portfolios: A Tiered a Booming Industry, Center for the Study of Financial N° 61 Approach, Guide technique, Washington, D.C. : Innovation, 2008. http://www.citibank.com/citi/ Février 2010 CGAP, 2009. microfinance/data/news080303b.pdf. Collins D., Morduch J., Rutherford S. et Ruthven O., ———.Microfinance Banana Skins 2009: Confronting Portfolios of the Poor: How the World’s Poor Live on $2 Crisis and Change, Center for the Study of Financial Nous vous a Day, Princeton, N.J. : Princeton University Press, 2009. Innovation, 2009. http://www.citibank.com/citi/ encourageons à microfinance/data/news090703a1.pdf. partager cette Note Focus avec EFSE/MFC, Pilot Study: Access of Low-Income vos collègues ou Households to Financial Services in BiH. Reille X., The Rise, Fall, and Recovery of the à nous contacter Microfinance Sector in Morocco, Brief, Washington, pour recevoir Holtmann M. et al., Developing Staff Incentive Scheme, D.C.: CGAP, 2010. http://www.cgap.org/gm/ des exemplaires supplémentaires de Microsave, 2002. http://www.microfinancegateway. document-1.9.41164/Morocco_Brief.pdf. ce numéro ou d’autres org/p/site/m//template.rc/1.9.29659. de la même série. Rhyne E., Mainstreaming Microfinance: How Lending Holtmann M. et Grammling M., A Toolkit for to the Poor Began, Grew and Came of Age in Bolivia, Nous vous invitons à nous faire part de Designing and Implementing Staff Incentive Schemes, Kumarian Press, 2001. vos commentaires sur Microsave, 2005. http://www.microfinancegateway. cet article. org/p/site/m//template.rc/1.9.29429. Roodman D., Microfinance Open Book Blog, Chapter 7, Toutes les 2009. http://blogs.cgdev.org/open_book/. publications du CGAP Krishnaswamy K., Competition and Multiple Borrowing sont disponibles in the Indian Microfinance Sector, Center for Srinivasan N., Microfinance India State of the Sector sur son site : Microfinance, IFMR, Chennai, Working Paper, 2007. Report 2009, Sage Publications India, 2009. www.cgap.org. CGAP 1818 H Street, NW MSN P3-300 Washington, DC 20433 États-Unis Tél. : 202-473-9594 Fax : 202-522-3744 E-mail : cgap@worldbank.org © CGAP, 2010 Cette Note Focus a été rédigée par Greg Chen, Stephen qu’Adrian Gonzalez (MIX), Sarah Forster (Geoeconomics), Rich Rasmussen et Xavier Reille, avec l’aide de Christoph Kneiding Rosenberg et Jeannette Thomas (tous deux CGAP) pour leurs et Meritxell Martinez. Les auteurs souhaitent remercier Ann précieux conseils et commentaires. Duval pour son analyse concernant la Bosnie-Herzégovine ainsi Nous suggérons la citation suivante pour cette Note Focus : Chen G., Rasmussen S. et Reille X., « Croissance et vulnérabilités en microfinance », Note Focus n° 61, Washington, D.C. : CGAP, février 2010.