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  République Démocratique du Congo
Rapport de suivi de la situation
 économique et financière 2014
                                                    2ème édition
Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur
 de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




                       Décembre 2014
          Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                    2ème édition - Décembre 2014




     Table des matières

     Liste des Abréviations	 iv
     Préface	v
     Résumé exécutif	        vi

     Première PARTIE
     Evolutions économiques récentes et contexte SOCIO-politique en rdc.
     Vers une plus grande mobilisation du potentiel minier pour donner à l’état les moyens de sa souveraineté 	                    1
     1. Des performances économiques sur fond de vulnérabilités persistantes	3
        1.1. Une forte croissance économique tirée par l’essor du secteur minier	                                     3
        1.2. Une politique monétaire qui assure la stabilité des prix et un secteur bancaire
             qui se développe progressivement	                                                                        6
        1.3. Une balance extérieure qui s’est améliorée mais qui demeure vulnérable aux chocs externes et internes 	 7
        1.4. Une politique budgétaire prudente qui favorise la stabilisation, mais rendue vulnérable en raison
             d’une faible mobilisation des recettes	                                                                  9
        1.5. Des résultats macro-économiques et financiers dont la soutenabilité sur le long terme est loin
             d’être assurée 	                                                                                        11
     2. Que faut-il pour en faire un levier du développement ? Régulation, Gouvernance, et Performance
        du secteur des ressources naturelles	13
     3. Un contexte politique et social marqué par la fragilité et la violence 	                                                 17
        3.1. Des avancées politiques et sécuritaires sur fond de fragilité persistante 	                                         17
        3.2. Sortir du cycle de la violence et de la fragilité : Démobilisation, Réconciliation et Restauration
             de la cohésion sociale	                                                                                             19
     4. Perspectives d’avenir et risques économiques et politiques	20

     DEUXIèME PARTIE
     LES DEFIS ET LES OPPORTUNITES DE LA RDC A LA LUMIERE DES RESULTATS DE L’ENQUETE DES MENAGES.
     Infrastructures, Mines, éducation et Santé : Des synergies et des opportunités en attente
     d’une gestion publique efficace	                                                                                            23
     5. Infrastructure routière et activités minières : Déterminants parmi d’autres variables
        du niveau de vie des ménages	26
        5.1. Les transports routiers ont un impact positif sur le bien-être des ménages 	     26
        5.2. Les activités minières : Manne ou Malédiction ?	                                 26
     6. Développement humain et accessibilités financières et physiques aux services sociaux	28
        6.1. Une dichotomie rural-urbain presque inexistante au niveau des services sociaux de base 	                   28
        6.2. L’accessibilité financière, obstacle majeur à l’utilisation des services de santé et de scolarisation 	    29
        6.3. L’accessibilité physique aux infrastructures sociales : Problèmes de disponibilité et de facilité d’accès	 29
        6.4. La scolarisation comme vecteur de promotion socio-économique 	                                             30
     7. Les différences liées au genre : Les femmes sont désavantagées en termes de revenus et d’accès
        aux services médicaux et à l’éducation	32
        7.1. Les femmes travaillent presque autant que les hommes mais gagnent beaucoup moins	                     32
        7.2. Une médecine prénatale et natale qui coûte chère et des résultats qui se font attendre 	              33
        7.3. Aller à l’école ou chercher de l’eau et s’occuper de sa famille ? Le dilemme des filles congolaises 	 34

     TROISIèME PARTIE
     CONCLUSIONS PRINCIPALEs
     BRISER LE CERCLE VICIEUX DE LA FRAGILITE 	                                                                                  37
     Bibliographie	39


ii
                      Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




        Liste des Graphiques

Graphique 1.1. Croissance du PIB réel en RDC et en Afrique subsaharienne (en pourcentage)                                                        3
Graphique 1.2. Composition du PIB et contribution des secteurs principaux à la croissance
               (en pourcentage du total) en 2010-13                                                                                              4
Graphique 1.3. Commerce extérieur (Axe de gauche) et balance du compte courant (Axe de droite)
               de 2009 à 2013 - en pourcentage du PIB                                                                                            8
Graphique 1.4. Investissements directs étrangers en RDC de 2009 à 2013 (en million de dollars)                                                   8
Graphique 1.5. Evolution du taux de couverture des importations par les réserves en devises étrangères
               (en semaines)                                                                                                                     9
Graphique 1.6. Taux d’exécution du budget dans l’infrastructure et les secteurs sociaux                                                         10
Graphique 2.1. Taux de prélèvement effectifs sur les industries extractives, le secteur minier (Axe de gauche)
               et le secteur pétrolier (Axe de droite)                                                                                          13
Graphique 6.1. Composition des catégories de salaires par niveau d’éducation des individus                                                      30
Graphique 6.2. Niveau d’instruction du Chef de ménage et nombre d’années d’études des enfants                                                   31
Graphique 7.1. Répartition des femmes en fonction de grossesse suivie, naissance vivante
               et milieu d’habitation                                                                                                           33



        Liste des TABLEAUX
                                                                                                                                                 9
Tableau 1.1 : Evolution du Solde budgétaire entre 2008 et 2013 (en % du PIB)
                                                                                                                                                21
Tableau 4.1 : République Démocratique du Congo – Sélection d’indicateurs économiques
Tableau 5.1 : Services fournis par les Mines dans les communes ayant une activité minière -
              Pourcentage des communes ayant répondu Oui à la question de savoir si les éntreprises                                             27
              minières fournissent le service mentionné
Tableau 5.2 : Problèmes causés par les Mines dans les communes ayant une activité minière -
              Pourcentage des communes ayant répondu Oui à la question de savoir                                                                27
              si les Mines ont causé le problème mentionné
Tableau 6.1 : Répartition des malades en fonction du type de services médicaux utilisés                                                         28
              et du milieu d’habitation
Tableau 6.2 : Relation entre éducation et utilisation des services médicaux – Répartition des individus                                         31
              utilisant les services médicaux par niveau d’instruction du Chef de ménage
                                                                                                                                                32
Tableau 7.1 : Répartition des travailleurs par salaire mensuel, sexe et milieux d’habitation
                                                                                                                                                34
Tableau 7.2 : Taux brut de scolarisation par sexe – En fonction du cycle scolaire et du milieu d’habitation
Tableau 7.3 : Allocation du temps des élèves du primaire et du secondaire qui étudient et effectuent                                            35
              des tâches domestiques - En fonction du niveau de scolarisation et du genre



        Liste des ENCADRES
                                                                                                                                                 5
Encadré 1.1 : Révision des comptes nationaux par l’Institut National des Statistiques
                                                                                                                                                 7
Encadré 1.2 : Résumé des principaux résultats de la dernière mission FSAP de la Banque Mondiale et du FMI
                                                                                                                                                14
Encadré 2.1 : Le Débat autour du Code Minier – Enjeux et orientations
                                                                                                                                                16
Encadré 2.2 : Gouvernance du secteur des ressources naturelles - Mise en place de la matrice de gouvernance
                                                                                                                                                18
Encadré 3.1 : La Propriété de la terre, Enjeux de tous les conflits
                                                                                                                                                25
Encadré 5.1 : L’Enquête 1-2-3 – Principes et Méthodologie



                                                                                                                                                     iii
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                     2ème édition - Décembre 2014




     Liste des Abréviations

     ADF-NALU         Allied Democratic Forces - National Army for the Liberation of Uganda
     AFEDE            Action des Femmes pour le Développement
     ASS              Afrique Subsaharienne
     BCC              Banque Centrale du Congo
     BM               Banque Mondiale
     BTR              Billets de Trésorerie
     DDR              Désarmement, Démobilisation et Réinsertion
     FARDC            Forces Armées de la République Démocratique du Congo
     FC               Franc Congolais
     FINDEX           Global Financial Inclusion Database
     FMI              Fonds Monétaire International
     FRPI             Front de Résistance Patriotique d’Ituri
     FSAP             Financial Sector Assessment Program
     ICA              Investment Climate Assessment
     IDE              Investissements Directs Etrangers
     IDH              Indice de Développement Humain
     INS              Institut National de la Statistique
     ITIE             Initiative de Transparence dans les Industries Extractives
     IISS             International Institute for Strategic Studies
     OCHA             Office of the Coordination of Humanitarian Affairs
     OHADA            Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
     OMD              Objectifs du Millénaire pour le Développement
     PDI              Personnes Déplacées Internes
     PEFA             Public Expenditures and Financial Accountability
     PIB              Produit Intérieur Brut
     PME              Petites et Moyennes Entreprises
     PPTE             Pays Pauvres Très Endettés
     RDC              République Démocratique du Congo
     RNB              Revenu National Brut
     TVA              Taxe sur la Valeur Ajoutée
     WDI              World Development Indicators
     WDR              World Development Report
iv
                     Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




    Préface

Le Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière de la Banque Mondiale est une revue des principaux
développements économiques en RDC. Pour cette édition, la revue s’étend sur l’année 2013 et la première moitié
de 2014. La prochaine édition prévue pour fin 2015 va couvrir l’année 2014 et la première moitié de l’année 2015.

Au-delà de la revue des développements économiques, le Rapport présente les principaux résultats des travaux
analytiques de la Banque Mondiale en RDC et replace l’ensemble dans un contexte d’évolution de l’économie sur
le long terme. Cette édition couvre une variété de sujets, allant des développements des indicateurs macroécono-
miques, jusqu’à l’évolution des indicateurs sociaux et de pauvreté. Le Rapport s’adresse à une large audience qui
comprend les décideurs, les milieux d’affaires, les différents partenaires locaux et internationaux du développement,
les acteurs de la société civile, les milieux académiques, et les praticiens de l’analyse économique et financière.

Le Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière est préparé par l’équipe du Département de la Gestion
Macroéconomique et Budgétaire de la Banque Mondiale - GMFDR. Le Rapport a été rédigé par une équipe dirigée
par Emmanuel Pinto Moreira (Economiste en Chef et Représentant résident a.i), et comprenant Chadi Bou Habib
(Economiste Principal), Moise Tshimenga Tshibangu (Economiste Résident), et Franck Adoho (Economiste, Spécialiste
de Pauvreté). L’équipe a bébéficié des conseils d’Albert Zeufack (Directeur Sectoriel) et d’Eustache Ouayoro (Directeur
des Opérations). Louise Mekonda Engulu (Chargée de Communication), Lucie Lufiauluisu Bobola et Jennifer Ngenyi
(Assistantes) ont pris en charge la coordination logistique, l’impression du document et la coordination avec les
médias.

Les analyses, interprétations, et conclusions exprimées dans le Rapport reflètent le travail de l’équipe en charge de
sa rédaction et ne représentent pas nécessairement le point de vue des membres du Conseil d’Administration de la
Banque Mondiale ou bien des Gouvernements qu’ils représentent.

L’information sur la Banque Mondiale, ses activités en RDC, et les copies électroniques de la présente publication,
sont disponibles sur le lien suivant : http://www.banquemondiale.org/fr/country/drc.

Pour s’inscrire sur la liste de distribution électronique et recevoir le Rapport de Suivi de la Situation Economique
et Financière, veuillez contacter Clara Kisenda Lutambwe (clutambwe@worldbank.org) ou Jennifer Ngenyi
(jngenyiwabidia@worldbank.org).

Pour les questions et commentaires sur le contenu de la publication, veuillez contactez Emmanuel Pinto Moreira
(epintomoreira@worldbank.org).

Les requêtes de la part des médias peuvent être adressées à Louise Mekonda Engulu (lengulu@worldbank.org).




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            Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                2ème édition - Décembre 2014




           Résumé exécutif

     i.	   La RDC continue à afficher de forts taux de                    sociales. En effet, le taux d’exécution du budget
           croissance grâce notamment au dynamisme                        n’était que de 56% en 2013 et celui des secteurs
           retrouvé des activités minières. La croissance                 sociaux et d’infrastructures était de 36%. Ce
           a atteint 7,4% en moyenne en 2010-2013 avec                    taux reste modeste et dénote l’insuffisance de
           un pic à 8,5% en 2013. La croissance est tirée                 l’espace budgétaire pour faire face aux défis
           par le secteur minier qui se serait accru de 10,5%             de développement. En somme, un niveau de
           en moyenne en 2010-2013. Cette dynamique                       dépenses sur ressources domestiques de 12,5%
           du secteur minier reflète une augmentation                     du PIB est bas et ne peut plus être comprimé
           de la production, avec par exemple une hausse                  davantage et un niveau de recettes de 13,0% du
           de la production de cuivre de 52%. Les secteurs                PIB est insuffisant.
           des services et agricole ont aussi enregistré de
           bonnes performances. L’activité dans ce dernier           iv.	Une meilleure mobilisation des recettes,
           secteur permet à la fois d’employer une main                  renforcée par les programmes des bailleurs,
           d’œuvre nombreuse et de mettre à la disposition               pourrait assurer la soutenabilité macroécono-
           de la population des produits alimentaires en plus            mique sans compromettre les objectifs de
           grande quantité et à des prix abordables. D’ailleurs,         développement. La RDC a tout le potentiel
           les projets des pôles de croissance initiés par le            pour sortir d’un équilibre sous-optimal de
           Gouvernement et la Banque Mondiale visent à la                faible mobilisation des recettes domestiques
           mise en valeur du potentiel agricole de la RDC et             compensée par une dépendance vis-à-vis de
           à créer des chaînes de valeurs et d’emplois dans              l’aide internationale. La solution serait de bâtir sur
           l’agriculture et les industries agroalimentaires.             cette aide pour mettre en place les réformes qui
                                                                         pousseraient le pays vers un nouvel équilibre. Cet
     ii.	Cependant, la croissance dans le secteur                        équilibre serait caractérisé par une plus grande
         minier et des ressources naturelles ne se                       mobilisation des potentialités permettant à la
         traduit pas par une forte mobilisation des                      fois : (i) d’assurer un développement économique
         recettes pour le Gouvernement. En effet, la RDC                 et social soutenu ; (ii) des investissements
         se retrouve dans la situation paradoxale où, alors              publics croissants dans les infrastructures et
         que la production minière s’accroit rapidement,                 les secteurs sociaux ; et (iii) le maintien de la
         les recettes minières ne semblent pas suivre et                 stabilité macroéconomique. L’objectif n’est pas
         les recettes totales de l’Etat se tassent. La RDC a             hors d’atteinte car, si la RDC avait maintenu le
         collecté 13,0% du PIB en recettes domestiques                   niveau de 14,9% du PIB de recettes en 2013 et
         en 2013, contre 14,9% en 2012 et 12,5% en                       avait dépensé autant, elle aurait maintenu un
         2011. Les industries extractives ont permis de                  déficit sur recettes domestiques nul et aurait pu
         générer 6% du PIB en recettes pour l’Etat en 2011,              en même temps accroitre le taux d’exécution
         soit près de la moitié des recettes totales (ITIE,              des dépenses sociales et d’infrastructures jusqu’à
         2013). Cependant, ce montant ne représentait                    53%.
         que 14% de la valeur des exportations minières
         et pétrolières, ce qui est relativement bas                 v.	Une meilleure mobilisation des recettes est
         compte tenu de la nature rentière des bénéfices                nécessaire pour améliorer la capacité de l’Etat
         dans ces secteurs. Aussi, la TVA a affiché                     à affronter la fragilité sociale et nationale
         des résultats mitigés en 2013, avec une collecte de            du pays. La fragilité du pays se dessine sur
         3,5% du PIB contre 4,5% en 2012.                               fond de pauvreté et de disparité d’accès aux
                                                                        services sociaux et aux infrastructures. Tous les
     iii.	 L’insuffisance des recettes impose un choix                  indicateurs du développement humain sont à
           difficile entre réduire les dépenses d’infras-               des niveaux très modestes et l’IDH pour 2014
           tructure et sociales pour maintenir la stabilité             place la RDC au 186ème rang sur 187 pays. Les
           macroéconomique ou creuser les déficits                      indicateurs de morbidité illustrent le mieux
           au prix de la stabilité. Dégager un excédent                 la situation de désarroi dans laquelle vit la
           budgétaire de 0,5% du PIB au prix d’un faible                population. L’espérance de vie à la naissance ne
           taux d’exécution du Budget est une source de                 dépassait pas 50 années en 2013 et le taux de
           risques importants pour le développement                     mortalité des femmes à l’accouchement restait
           de long terme dans un pays qui a des besoins                 élevé à 540 pour 100.000 naissances en 2010. La
vi         énormes en infrastructures et en dépenses                    mortalité infantile se situait à 100 pour 1.000 en
                    Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




    2012 (IDH, 2014). Les raisons de cette morbidité                            recettes par plus de responsabilité sociale.
    élevée comprennent entre autres la faiblesse des                            La régulation est aussi indispensable pour
    infrastructures, le paludisme, l’insuffisance des                           maintenir l’impact positif de la prospection
    précautions prises face aux maladies infectieuses                           artisanale en termes d’emploi et de revenus
    transmissibles, la malnutrition et les décès liés à                         tout en limitant ses externalités négatives et sa
    la grossesse.                                                               captation par les milices armées.

vi.	L’activité minière a un effet ambivalent car                         vii.	L’utilisation des services sociaux dépend de
    d’une part elle favorise la dépense et l’offre de                         leur disponibilité, de leurs coûts, et aussi de
    services sociaux, et d’autre part, elle génère                            la disponibilité d’autres infrastructures. Les
    des externalités négatives importantes pour                               services sociaux coûtent chers à la population
    les populations. L’activité minière revêt une                             alors que les résultats restent au mieux modestes.
    importance particulière en RDC, avec près de                              En effet, 52% des personnes ayant besoin de
    14% des communes au niveau national                                       soins médicaux déclarent que ces soins sont
    déclarant avoir une activité minière. Près de                             trop chers. Les frais de scolarité représentent
    20% des communes urbaines et semi-urbaines                                plus de 10% des dépenses non-alimentaires
    ayant une activité minière déclarent que les                              des ménages, et cela malgré la gratuité de
    compagnies minières ont mis en place des                                  l’enseignement primaire. En plus de l’accessibilité
    services sociaux (école, santé, électricité, eau,                         financière, l’accessibilité physique constitue une
    etc.). Dans les zones rurales, où l’activité est                          autre barrière pour les usagers. Ainsi, plus de
    plutôt artisanale, la proportion des communes                             1% des malades renoncent aux soins en raison
    bénéficiant de services sociaux n’est que de 4%                           de la distance et les élèves mettent une heure
    en moyenne. En parallèle, près de deux tiers                              pour atteindre leurs écoles. Ces résultats sont un
    des communes urbaines, 40% des communes                                   exemple sur ce que gagnerait la RDC en termes
    semi-urbaines et 20% des communes rurales                                 de bien-être en améliorant l’infrastructure rou-
    déclarent que l’activité minière est source                               tière et les moyens de transports. Un autre
    de problèmes (maladies, travail des enfants,                              exemple sur la synergie entre infrastructures
    érosion, pollution, conflits, etc.). Ces résultats                        et secteurs sociaux est illustré par le fait que les
    soulignent la nécessité pour l’Etat de réguler le                         filles dans les classes d’âge du secondaire passent
    secteur de façon à accroitre son impact social                            6,8 heures par semaine à chercher l’eau, le
    et de réduire ses externalités négatives. Cette                           bois et à faire le marché. Ainsi, une meilleure
    régulation est importante pour la prospection                             disponibilité de l’eau courante permettrait aux
    industrielle et complète la mobilisation des                              filles de consacrer plus de temps aux études.




                                                                                                                                              vii
Evolutions économiqueS récentes




                                                                                                 premiere PARTIE
et contexte SOCIo-politique en rdc
Vers une grande mobilisation
du potentiel minier pour donner
à l’état les moyens de sa souveraineté

                                  MESSAGES PRINCIPAUX

 •	 La croissance économique reste soutenue, tirée par la dynamique du secteur minier.
 •	 Une meilleure mobilisation des potentialités du secteur des ressources naturelles
    permettrait de soutenir le niveau des réserves étrangères et de maintenir la soutenabilité
    macro-budgétaire.
 •	 Cette mobilisation est aussi indispensable pour donner à l’Etat les moyens matériels
    d’assurer sa souveraineté et le développement du pays ainsi que sa cohésion politique
    et sociale.




                                                                                                 1
         Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                 2ème édition - Décembre 2014




    1.	 La gestion macroéconomique prudente et                   se reflète aucunement au niveau de la mobilisation des
    les réformes structurelles continuent à avoir un             recettes issues du secteur minier, et des secteurs des
    impact positif sur la performance économique                 ressources naturelles en général, qui restent en deçà
    de la République Démocratique du Congo. Depuis               des potentialités. Au-delà de l’impact sur la stabilisation
    2011, le Gouvernement de la RDC poursuit une                 macroéconomique, une meilleure mobilisation des
    politique de stabilisation avec contrôle des déficits        recettes du secteur des ressources naturelles est
    publics et réduction de l’inflation. Cette politique a       indispensable dans un pays fragile faisant face à de
    permis de ramener le déficit budgétaire à des niveaux        nombreux problèmes de développement.
    historiquement bas et même de dégager un excédent
    budgétaire intérieur de 0,2% du PIB en moyenne entre         3.	 Les développements politiques et sociaux
    2010 et 2013. Aussi, l’inflation a décéléré tombant à        illustrent la fragilité de la RDC qui, pour être
    0,8% en 2013. Cependant, bien que bénéfique, cette           surmontée, nécessite beaucoup d’efforts de
    stabilisation reste vulnérable en raison d’un faible         développement soutenus sur le long terme. Le
    niveau de revenus intérieurs ne dépassant pas 13,0%          sous-développement et le manque d’opportunités
    du PIB en 2013 et des réserves en devises de moins de        sont sources de frustrations et de tensions sociales
    deux mois d’importations de biens et services.               et politiques se traduisant en conflits, qui à leur tour
                                                                 nourrissent la fragilité. Briser ce cercle vicieux exige
    2.	 La croissance est tirée par le secteur minier,           du Gouvernement un engagement ferme en faveur
    mais ne se traduit pas par une mobilisation de               du développement équitable pour tous les congolais,
    revenu adéquate pour subvenir aux besoins de                 mais aussi de se doter des moyens pour soutenir un
    développement de la RDC. La croissance économique            tel engagement sur le long terme. Cette soutenabilité
    de la RDC a atteint 7,4% en moyenne par an au cours          ne peut être obtenue avec l’aide internationale seule-
    des quatre dernières années et le secteur des industries     ment mais requiert une mobilisation plus efficace de
    extractives serait responsable d’au moins 20% de cette       l’avantage comparatif du pays, à savoir ses richesses
    croissance. Rien qu’en 2013, la production de cuivre a       naturelles.
    fait un bond de 52%. Cependant, cette performance ne




2
                         Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




1. Des performances économiques sur fond
   de vulnérabilités persistantes

1.1. Une forte croissance économique
     tirée par l’essor du secteur minier

4.	 La forte croissance économique observée en                               grâce à l’entrée en production des gros investissements
2010-2012 a continué en 2013 avec un taux de                                 lancés au cours de la décennie précédente. Les données
croissance de 8,5% (voir Graphique 1.1). Entre 2010                          préliminaires montrent un accroissement de la valeur
et 2013, l’économie de la RDC s’est accrue de 7,4% en                        ajoutée du secteur minier de 28% en 2013, alors que
moyenne par an. L’année 2013 a vu une croissance                             l’indice général de la production minière a augmenté de
remarquable du PIB de 8,5%, ce qui place la RDC parmi                        17%. La production de cuivre à elle seule a augmenté de
les pays performants de l’Afrique Sub-Saharienne. Cette                      52%, ce qui permet de largement compenser une baisse
bonne performance de l’économie est le fruit d’une                           des cours de 7,4% observée en 2013. La production
reprise des investissements publics et privés, nationaux                     d’or se serait accrue de 56% alors que les prix auraient
et internationaux, dans un environnement de stabilité                        baissé de 15,5%. La production de zinc se serait accrue
macroéconomique retrouvée et de relative stabilité                           de 18%, de même que pour la production de coltan1,
sécuritaire et politique.                                                    alors que les prix dans les deux cas auraient baissé
                                                                             de 2,0% et 55,0% respectivement. Le secteur minier
                                                                             est le principal employeur pour 2,1% des travailleurs
5.	 Un secteur minier en plein essor continue d’être                         congolais et 3,1% de ceux qui déclarent avoir un emploi
le principal moteur de l’économie, et représente                             secondaire y travaillent. Cependant, dans les communes
plus de 20% de la croissance du PIB réel (voir                               déclarant avoir une activité minière (voir sous-section
Graphique 1.2). La valeur ajoutée du secteur minier                          5.2 ci-dessous), ces proportions atteignent 15% et 22%
s’est accrue de 10,5% en moyenne entre 2010 et 2013                          respectivement.



          Graphique 1.1. Croissance du PIB réel en RDC et en Afrique subsaharienne (en pourcentage)




Source : Calculs effectués par les auteurs sur la base des données officielles, des données du FMI
         et de la base de données de la Banque Mondiale.




                                                                             1	 Le Coltan ou Colombite-Tantalite, est un minerai dont on extrait le
                                                                                tantale. Le tantale est un métal stratégique utilisé dans la fabrication
                                                                                de condensateurs pour les équipements électroniques et entre
                                                                                également dans la fabrication des réacteurs dans l’aéronautique.
                                                                                La RDC dispose des gisements de Coltan parmi les plus riches du
                                                                                monde et qui sont par conséquence facile à exploiter, notamment
                                                                                par les méthodes artisanales.
                                                                                                                                                           3
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                               2ème édition - Décembre 2014




                 Graphique 1.2. Composition du PIB et contribution des secteurs principaux à la croissance
                                          (en pourcentage du total) en 2010-13




    Source : Calculs effectués par les auteurs sur la base des données officielles, des données du FMI
             et de la base de données de la Banque Mondiale.



    6.	 La production agricole continue à s’accroitre                             en collaboration avec la Banque Mondiale vise à
    et permet à la fois d’améliorer l’alimentation                                revitaliser le secteur agricole en RDC et à accroitre la
    de la population et de générer des revenus                                    productivité et l’emploi tout au long de la chaîne de
    pour les agriculteurs. Bien que la croissance du                              valeur des filières de production essentielles. En effet,
    secteur agricole paraisse se limiter à 3,0%, plusieurs                        le projet se focalise sur la production et l’industrie
    indicateurs suggèrent une dynamique plus accentuée                            agroalimentaire de trois produits principaux, à savoir
    dans ce secteur. En effet, les données disponibles sur                        le riz, le manioc et l’huile de palme. Le projet qui cible
    la production agricole montrent une augmentation                              les provinces du Bas-Congo et de Kinshasa prévoit de
    des productions de café, huile de palme, et farine                            bénéficier directement à 50.000 agriculteurs, dont 40%
    de froment de respectivement 4,8%, 29% et 24%.                                de femmes, à une trentaine de PME, et à une dizaine
    L’agriculture continue à employer le plus grand                               de grandes entreprises. Le bénéficiaire indirect serait
    nombre de travailleurs, et l’agriculture de subsistance                       essentiellement la population de Kinshasa qui aurait
    et d’autoconsommation continue à prévaloir. En                                alors accès à des denrées alimentaires moins chères
    effet, aussi bien l’usage des méthodes traditionnelles                        grâce à de meilleures conditions de transport, de
    de production que l’enclavement persistant de                                 traitement, et de logistiques. Un autre projet de pôles
    larges zones du pays empêchent la circulation et la                           de croissance pour l’Est du pays (BM, 2014) est en
    commercialisation interne des produits de l’agriculture.                      préparation et devra aussi contribuer à l’objectif de la
    A cela s’ajoutent des problèmes endémiques de droits                          stabilisation de cette partie du pays, tout en s’inspirant
    de propriété foncière qui entravent le développement                          largement du projet de l’Ouest.
    agricole (voir Encadré 3.1).
                                                                                  8.	 Les secteurs manufacturiers et tertiaires
    7.	 Une approche basée sur les pôles de                                       ont aussi montré un certain dynamisme en
    croissance2 devrait permettre de générer plus                                 2013. La croissance du secteur manufacturier
    d’emplois et stimuler la création de richesse dans                            aurait atteint 11,4% en moyenne entre 2010 et
    les provinces avec le développement des industries                            2013, avec une performance de 21,4% en 2013. Le
    agroalimentaires. Le projet des pôles de croissance                           secteur manufacturier aurait contribué à 29% de la
    pour l’Ouest (BM, 2013) initié par le Gouvernement                            croissance entre 2010 et 2013. La composante la plus
                                                                                  dynamique des industries manufacturières s’avère être
                                                                                  l’industrie agroalimentaire. Le secteur tertiaire, qui
    2	   Il s’agit en effet de deux projets : le Projet des Pôles de Croissance
         de l’Ouest (http://www.worldbank.org/projects/P124720/dem-rep-           comprend le commerce, les services, les transports, les
         congo-western-growth-poles?lang=en&tab=overview), lancé en               télécommunications et les autres services s’est à son
4        mai 2013, et le Projet des Pôles de Croissance Agricoles de l’Est, en
         cours de montage depuis Mars 2014.
                                                                                  tour accru de 7,1% en moyenne entre 2010 et 2013,
                      Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




alors que sa croissance en 2013 s’est limitée à 4,4%.                     abouti à une révision à la hausse du PIB de 58% qui
Le secteur tertiaire aurait contribué à près de 46% de                    a affecté tous les secteurs. Cependant, la réévaluation
la croissance sur l’ensemble de la période 2010-2013.                     fut substantielle dans le cas du secteur manufacturier.
La composante la plus dynamique du secteur tertiaire                      Ainsi, d’après les chiffres préliminaires, la part de ce
aurait été le commerce, reflétant ainsi la restauration de                secteur est passée à 20% dans les nouveaux chiffres
l’économie de l’échange et de marché, renforcée par la                    contre 4% du total dans les anciens, et la croissance
stabilisation des prix et des cours de change à partir de                 moyenne du secteur entre 2010 et 2012 a été révisée
2010-2011.                                                                à 8,2% contre 2,9%. En somme, la révision a montré
                                                                          que plus de la moitié de l’activité économique en RDC
9.	 La plus grande partie de l’activité en RDC                            est informelle, et le taux atteint un maximum de 96,3%
continue à être générée par le secteur informel, tel                      dans le secteur agricole et forestier, suivi de 51,4% dans
que montre la révision des comptes de la nation par                       le secteur manufacturier, puis des industries extractives
l’INS. La version préliminaire de la révision des comptes                 (50,5%) et du secteur tertiaire (42,5%). Un minimum
nationaux complétée par l’INS en 2013 avait pour                          de 31,6% d’informalité est atteint pour le secteur de
objectif à la fois d’utiliser 2005 comme nouvelle année                   la construction, alors que la distribution de l’eau et de
de base à la place de 1987 et de mieux capter le secteur                  l’électricité apparait comme étant formelle à 100%.
informel (voir Encadré 1.1). Le deuxième objectif a



             Encadré 1.1 : Révision des comptes nationaux par l’Institut National de la Statistique


 Une nouvelle méthode d’estimation des comptes nationaux a été introduite par l’Institut National de la Statistique
 (INS), utilisant le Système de la Comptabilité Nationale des Nations Unies de 1993 (SCN 93) en remplacement de celui
 de 1968 (INS, 2013). Ce nouveau système constitue une amélioration par rapport au système précédent (SCN 68) en
 termes de valorisation des opérations sur les biens et services, et de prise en compte des activités informelles et de
 l’autoconsommation des ménages. Ce système introduit des changements dans les modes de classification et permet une
 meilleure qualité des statistiques.
                                                                  La comparaison entre les comptes nationaux élaborés selon
                                                                  l’ancien système SCN 68 et selon le SCN 93 laisse apparaitre
                                                                  des différences significatives en ce qui concerne le niveau et la
                                                                  répartition du Produit Intérieur Brut (PIB) par branches d’activité
                                                                  économique. Pour l’année de base 2005, le PIB, calculé selon SCN
                                                                  93, a connu une réévaluation de près de 60% (voir graphique
                                                                  ci-contre). Cette différence, d’après l’INS, est imputable à une
                                                                  meilleure qualité des statistiques et au changement de certains
                                                                  concepts ayant un impact sur le calcul aussi bien de la production
                                                                  que de la formation brute de capital fixe. La part du secteur
                                                                  informel dans le PIB est estimée à 55%.


                                                                                       Par ailleurs, la structure du nouveau
                                                                                       PIB semble se caractériser maintenant
                                                                                       par une prédominance du secteur
                                                                                       tertiaire (45% du total), du fait de
                                                                                       l’importance du secteur informel dans
                                                                                       les activités de service et de commerce.
                                                                                       Les parts des secteurs des Industries
                                                                                       Manufacturières et des Transports et
                                                                                       Télécommunications dans le PIB sont
                                                                                       devenues plus importantes avec le
                                                                                       SCN 93, traduisant ainsi une meilleure
                                                                                       captation du développement que ces
 secteurs ont connu ces dernières années, alors que la part de l’agriculture est en recul (voir graphique ci-dessus).
                                                                                                                                                5
         Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                             2ème édition - Décembre 2014




    1.2. Une politique monétaire qui                                 développement des dépôts bancaires est entravé par
                                                                     les craintes sur la solvabilité des banques et, surtout, par
         assure la stabilité des prix et un                          le risque de voir les dépôts saisis par les autorités sous la
         secteur bancaire qui se développe                           pratique de l’« Avis à Tiers Détenteurs » et à la discrétion
         progressivement                                             des inspecteurs du fisc (FSAP, 2014).


    10.	 L’inflation a continué à ralentir en 2013 et                13.	 Le secteur bancaire et le marché monétaire et
    son taux a touché des planchers historiques. L’indice            financier sont encore loin de mettre à la disposition
    des prix à la consommation n’a augmenté que de 0,8%              de l’économie les services et ressources nécessaires
    en moyenne (1,0% en glissement annuel) au cours                  à son développement. Le secteur bancaire reste loin
    de l’année 2013. Ce record historique s’inscrit dans la          de jouer son rôle dans la mobilisation de l’épargne et
    continuité de la décélération de l’inflation observée            son allocation vers l’économie. Les crédits et dépôts
    depuis 2010 et contraste avec les taux observés                  sont concentrés entre les mains d’une minorité. En effet,
    précédemment, notamment de 46% d’inflation en                    les entreprises et les ménages font face à de sérieuses
    2009. L’indice des prix des produits alimentaires est            contraintes pour accéder au crédit. L’enquête Findex
    resté en ligne avec l’indice général, soulignant que la          de 2011 montre que seulement 1,5% des adultes
    réduction des taux d’inflation a bénéficié à l’ensemble          ont pu accéder au crédit bancaire au cours de l’année
    de la société, notamment les plus pauvres dont                   précédente, ce qui est bien en dessous de la moyenne
    l’essentiel de la consommation se concentre sur les              régionale de 11,4%. L’enquête d’entreprise (ICA) de
    produits alimentaires.                                           2010 montre que 73% des entreprises ont répondu
                                                                     que la difficulté d’accès au crédit est une contrainte
    11.	 L’application progressive de politiques moné-               majeure à leur développement. Cette proportion est
    taires crédibles et une gestion budgétaire prudente              au-delà de la moyenne de 45% de réponse similaire à
    ont permis à la RDC de réduire le taux d’inflation.              la même question observée pour l’ASS. D’une manière
    La décélération de l’inflation a coïncidé avec un                générale, le taux de bancarisation de la population
    ralentissement de la croissance de la masse monétaire.           reste faible, bien que la situation ait dû changer avec
    Cette dernière s’est accrue de 18% en 2013, contre               la bancarisation des fonctionnaires qui, à fin Décembre
    21% en 2012, 23% en 2011 et 31% en 2010. Aussi, la               2013 touchaient déjà 634.973 agents et fonctionnaires
    réduction du déficit budgétaire et, par conséquence,             de l’Etat sur 878.2013.
    la restriction du financement monétaire des dépenses
    de l’Etat ont contribué à contenir l’inflation. En effet, le     14.	 Le cadre légal s’améliore mais reste inadé-
    stock des créances nettes sur l’Etat de la BCC a reculé de       quat, et la faible mise en application des régle-
    1,2% du PIB en 2009 à -2,4% en 2013. Cette performance           mentations existantes continuent à handicaper
    souligne une évolution par l’Etat d’une situation                le développement du secteur financier en RDC. La
    d’emprunteur net auprès de la BCC à une situation de             classification de la RDC sur l’indicateur « Obtention des
    créancier net. Dans les faits, ces dépôts nets de l’Etat         Prêts » s’est largement améliorée d’après les indicateurs
    auprès de la BCC correspondent à une stérilisation à             « Doing Business 2014 » de la Banque Mondiale. Cette
    hauteur de 20% de la masse monétaire. En prenant en              amélioration est due à l’évolution de la notation sur la
    compte les dépôts des banques commerciales auprès                force des droits légaux4 de 3 à 6 sur une échelle de 12 en
    de la BCC et les billets de trésorerie (BTR), la stérilisation   2013. Le progrès sur le renforcement des droits légaux
    en 2013 augmente jusqu’à 30% de la masse monétaire,              est dû à plusieurs facteurs, notamment : (i) l’adhésion
    bien au-dessus des 8,4% observés en 2009.                        à l’OHADA qui renforce les lois sur les collatéraux et les
                                                                     saisies ; (ii) la transformation du registre des prêts de
    12.	 Le secteur bancaire a continué à se développer              la BCC en un bureau de crédit/agence d’information
    avec accroissement à la fois des crédits et des                  sur les débiteurs potentiels ; et (iii) des améliorations
    dépôts. Le crédit au secteur privé a augmenté de 26,5%           supplémentaires dans le système d’information de
    en 2013, un taux sensiblement similaire à celui de 2012          crédits avec la mise en place du premier registre des
    qui se situait à 25,2%. Aussi, les dépôts des banques ont        actifs collatéraux mobiles. Cependant, le bureau de
    augmenté de 18,5%, contre 30,2% en 2012. Ces dépôts              crédit et le registre des collatéraux mobiles ne sont
    demeurent essentiellement en devises étrangères,                 pas encore opérationnels. Aussi, le manque d’une
    avec un taux de dollarisation de 85,8% en 2013, en               régulation efficace, notamment à la BCC, constitue
    léger retrait par rapport à 2012 ou il atteignait 86,7%.
    Les niveaux des crédits au secteur privé et des dépôts
    restent très faibles, ne représentant que 5,1% et 9,8%           3	 Source : Ministère du Budget, http://www.budget.gouv.cd/etat-des-
    du PIB respectivement. Le coût du crédit est très élevé,            lieux-de-la-bancarisation/

    et les intérêts effectifs chargés en 2012 sont estimés à         4	 La force des droits légaux mesure la facilité par laquelle les actifs
                                                                        mobilier et immobilier peuvent être utilisés pour mobiliser les fonds,
    15% pour les découverts, à 11% pour les crédits à court
6   terme, et à 20% pour les crédits à moyen terme. Le
                                                                        permettant ainsi à un plus grand nombre d’entreprises et d’individus
                                                                        d’accéder au crédit.
                    Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




une source de faiblesse majeure. D’autres éléments                      non-respect des principes de la supervision bancaire
de fragilité résident dans le risque élevé de liquidité,                efficace, et l’application limitée des lois et règlements
la sous-estimation des crédits non-performants, le                      déjà en place (voir Encadré 1.2).



                  Encadré 1.2 : Résumé des principaux résultats de la dernière mission FSAP
                                      de la Banque Mondiale et du FMI

  Le FMI et la BM ont conduit une mission FSAP au cours de la deuxième moitié de 2013. Cette mission visait à
  examiner les forces et les faiblesses du secteur financier de la RDC. Parmi les points forts du secteur, la mission
  a noté un ratio d’adéquation du capital élevé de 24%, une nouvelle loi bancaire conforme aux meilleures
  pratiques internationales, une amélioration progressive de la capacité de la BCC à évaluer le risque, et des
  efforts récents pour accroitre la stabilité financière.

  Cependant, les analyses du FSAP ont révélé les faiblesses suivantes : (i) les risques de liquidité continuent à
  être significatifs et sont exacerbés par le cadre règlementaire en place ; (ii) les créances douteuses sont sous-
  estimées en raison à la fois d’une insuffisance et d’une faible mise en application des réglementations ; et (iii)
  le crédit est extrêmement concentré ce qui crée un risque significatif si les principaux débiteurs sont confrontés
  à des difficultés substantielles (les cinq plus gros emprunteurs de chaque banque concentrent à eux seuls un
  tiers du total du crédit octroyé par le système). Aussi, les statistiques calculées en moyenne pour l’ensemble
  du secteur masquent les difficultés spécifiques qu’affrontent certaines banques, notamment parmi celles qui
  sont d’une taille plus petite.

  Aussi, l’aptitude à gérer les chocs reste limitée : (i) les banques les plus importantes en taille ne dispose
  pas du soutien externe (forte maison mère étrangère par exemple) qui leur permettrait de tenir des chocs
  importants ; (ii) la profitabilité reste faible, ce qui limite la capacité des banques à générer des ressources
  nécessaires pour renforcer leur capital ; et (iii) absence d’un cadre articulé pour la gestion et la résolution des
  crises, avec notamment l’insuffisance des ressources publiques pour secourir un système fortement dollarisé.

  Enfin, la supervision bancaire reste faible et la RDC n’est en conformité que sur un seul des 29 principes
  fondamentaux de la supervision bancaire. La supervision ne fait pas suffisamment d’attention à la
  compréhension des risques auxquels les institutions font face. La révision de la loi bancaire va permettre de
  régler une partie des problèmes de règlementation et de supervision.




1.3. Une balance extérieure qui s’est
     améliorée mais qui demeure
     vulnérable aux chocs externes
     et internes

15.	 La RDC continue à dégager un déficit du                            En effet, si les importations d’équipements avaient
commerce des biens et services extérieur qui                            gardé leur niveau de 2012, le déficit commercial se
va en se réduisant avec la montée en puissance                          serait transformé en un excédent de 1,8% du PIB. Les
des exportations minières (voir Graphique 1.3). La                      exportations se sont accrues de 16,6% du PIB en 2013,
balance du commerce de biens de la RDC a dégagé en                      notamment grâce à l’accroissement de la production
2013 un léger déficit de 0,15%, en recul par rapport au                 et donc des volumes de cuivre et d’or exportés de 52%
déficit de 0,24% observé en 2012. Le déficit en 2013                    et 32% respectivement. La balance des services reste
est la conséquence d’une dynamique retrouvée des                        fortement déficitaire à 5,9% du PIB en 2013, un niveau
importations qui ont augmenté de 16,3% en 2013. Cette                   sensiblement similaire à celui de 2012 (5,7%). En
augmentation est en partie tirée par l’accroissement de                 somme, le déficit de la balance des biens et services se
l’importation d’équipements qui a augmenté de 15,6%.                    situaient à 6,1% du PIB en 2013 (contre 5,9% en 2012).




                                                                                                                                              7
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                                                         2ème édition - Décembre 2014




     Graphique 1.3 : Commerce extérieur (Axe de gauche)                                                     Graphique 1.4 : Investissements directs étrangers
        et balance du compte courant (Axe de droite)                                                                    en RDC de 2009 à 2013
           de 2009 à 2013 - en pourcentage du PIB                                                                        (en million de dollars)


     60                                                                                               10
     50                                                                                               8
     40
                                                                                                      6
     30
                                                                                                      4
     20
     10                                                                                               2

      0                                                                                               0
     -10                                                                                              -2
     -20
                                                                                                      -4
     -30
                                                                                                      -6
     -40
     -50                                                                                              -8

     -60                                                                                              -10
              2009                  2010                   2011         2012                  2013
            Exportations de biens et services                     Importations de biens et services
            Balance du compte courant, transferts inclus

    Source : Calcul des auteurs sur la base des données du FMI.




    16.	 La combinaison du déficit commercial et                                                            PIB en dons en capital et prêts destinés à financer
    du déficit de la balance des revenus des facteurs                                                       des projets de développement dans le pays. Les IDE
    conduit à une balance du compte courant fortement                                                       vont continuer à s’accroitre dans les années à venir,
    négative (voir Graphique 1.3). En effet, la balance                                                     stimulés par l’attrait croissant du secteur des ressources
    des revenus des facteurs est fortement négative et                                                      naturelles en RDC.
    a enregistré un déficit de 9,3% du PIB. Ce déficit va
    continuer à s’accroitre car il est lié au rapatriement                                                  18.	 Grâce aux IDE, les réserves de devises
    de fonds par les investisseurs étrangers. Or les                                                        étrangères se maintiennent et tendent à s’accroitre.
    investissements réalisés précédemment, notamment                                                        Les IDE et les dons en capital ainsi que les prêts ont
    dans le secteur minier, commencent à produire des                                                       permis à la RDC de couvrir le déficit du compte courant
    revenus substantiels pour les investisseurs, amplifiés                                                  et d’augmenter les avoirs extérieurs du pays de 1% du
    par les règles d’amortissements accélérés prévues par                                                   PIB. Cet accroissement des avoirs extérieurs nets s’est
    la loi. En parallèle, les transferts courants nets, dont la                                             traduit par un accroissement des réserves en devises de
    quasi-totalité (98%) relève de l’aide internationale,                                                   la BCC de 50 millions de dollars US, ce qui a permis de
    représentaient 5,2% du PIB en 2013 (contre 3,7% en                                                      les stabiliser à 7,7 semaines d’importations non liées à
    2012). En somme, le déficit du compte courant de la                                                     l’aide internationale. Ces réserves assurent une bonne
    balance des paiements aurait atteint 10,1% du PIB en                                                    couverture de la masse monétaire en devises nationales
    2013, dont plus de 90% seraient dus au déficit de la                                                    (144%), et des dépôts en devises (65%), permettant
    balance des revenus des facteurs.                                                                       au secteur bancaire de faire face à la fois aux risques
                                                                                                            de conversion vers les devises et aux sorties de dépôts
    17.	 Les investissements directs étrangers (IDE) et                                                     en devises étrangères. Les avoirs extérieurs nets des
    le financement public international des projets de                                                      banques commerciales ont à leur tour augmenté de
    développements permettent à la RDC d’éponger                                                            253 millions de dollars US. La stabilisation des réserves
    son déficit de la balance courante (voir Graphique                                                      de la BCC et le renforcement des avoir extérieurs des
    1.4). La dynamique des importations d’équipement                                                        banques, couplés au contrôle de l’inflation ont permis
    mentionnée plus haut dénote l’importance à la fois                                                      à la RDC de maintenir un taux de change stable, ne
    des investissements domestiques et étrangers. Les IDE                                                   variant que de 915 FC/dollar US à 926 FC/dollar US entre
    se sont maintenus autour d’une moyenne de 7,5% du                                                       fin 2012 et fin 2013, soit une dépréciation faible de la
    PIB entre 2010 et 2013. En 2013, ces IDE ont permis de                                                  monnaie nationale de 1,1%.
    couvrir 75% du déficit de la balance du compte courant.
8   En plus des IDE, la RDC a reçu l’équivalent de 4,4% du
                        Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




                Graphique 1.5. Evolution du taux de couverture des importations par les réserves
                                      en devises étrangères (en semaines)




Source : Calculs effectués par les auteurs sur la base des données officielles et du FMI.




1.4. Une politique budgétaire prudente
     qui favorise la stabilisation,
     mais rendue vulnérable en raison
     d’une faible mobilisation des recettes

19.	 La rupture avec la dominance budgétaire et                             ont été contenues à 12,0% du PIB en 2013 contre
la consolidation par le contrôle des dépenses se                            11,6% en 2012 et 12,6% en 2011. Dans ce contexte,
sont poursuivies en 2013. Le Gouvernement a réussi                          le Gouvernement a pu maintenir un solde bud­   gétaire
à contrôler les dépenses publiques et à éviter tout                         intérieur positif à 0,5% du PIB en 2013 contre 1,5%
financement monétaire du déficit budgétaire par la BCC.                     en 2012 (0,2% et 1,2% respectivement si on inclut les
Ce résultat est la conséquence de la mise en place des                      paiements d’arriérés). Cependant, le solde budgétaire
plans trimestriels de trésorerie qui ont servi de base à                    global est devenu déficitaire de 1,7% du PIB en 2013
des plafonds aux engagements de dépenses. Ainsi, les                        après un excèdent de 0,6% en 2012 (-2,0% et 0,3% si on
dépenses primaires financées sur ressources internes                        inclut les paiements d’arriérés).


                   Tableau 1.1 : Evolution du Solde Budgétaire entre 2008 et 2013 (en % du PIB)



 En % du PIB                                                                       2008        2009        2010       2011       2012        2013

 Solde Budgétaire Global                                                            -1,2       -1,0         4,2        -1,2       0,6        -1,7

 Solde Budgétaire Global - Paiments d'Arriérés Inclus                               -1,7       -1,7         3,4        -1,4       0,3        -2,0

 Solde Budgétaire Domestique                                                        0,9        -0,9         1,8        -0,9       1,5         0,5

 Solde Budgétaire Domestique - Paiements d'Arriérés Inclus                          0,4        -1,5         1,0        -1,1       1,2         0,2

Source : Banque Mondiale, sur la base des données officielles et du FMI.
                                                                                                                                                    9
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                         2ème édition - Décembre 2014




     20.	 Les dépenses totales du Gouvernement                            est due à la réduction des dépenses militaires et de
     ont augmenté de 13,9% du PIB en 2006 à 19,5%                         sécurité à la suite de la baisse des tensions à l’Est du
     en 2012, pour ensuite décliner à 19,1% en 2013.                      Pays. Toutefois, une préoccupation majeure subsiste
     Les dépenses publiques ont fortement augmenté                        quant à la crédibilité du budget de l’Etat telle qu’illustrée
     depuis 2006 sous l’effet des politiques de lutte contre              par son faible taux d’exécution (PEFA, 2012). En effet, le
     la pauvreté, même si une certaine stagnation est                     taux d’exécution du Budget n’était que de 56% en 2013,
     observée à partir de 2011 à la suite du renforcement                 en légère amélioration par rapport au 55% observé en
     de la consolidation budgétaire. La part des dépenses                 2012. Le taux d’exécution est encore plus faible pour les
     publiques domestiques en pourcentage du PIB est                      secteurs sociaux et d’infrastructures et était de 36% en
     passée de 8,1% en 2006 à 13,2% en 2011, puis à                       2013, contre 34% en 2012. Bien qu’en amélioration, ce
     12,1% en 2012 et 12,5% en 2013. Les dépenses                         taux reste modeste face aux grands besoins du pays, et
     exceptionnelles ont, quant à elle, décliné à près d’1%               dénote l’insuffisance de l’espace budgétaire pour faire
     du PIB en 2013 alors qu’elles avaient atteint le pic de              face aux défis de développement.
     2,6% en 2011. Cette baisse des dépenses exceptionnelles



                 Graphique 1.6. Taux d’exécution du budget dans l’infrastructure et les secteurs sociaux




     Source : Banque Mondiale, calculs à partir des données officielles de la RDC.




     21.	 Les recettes intérieures de l’Etat ont reculé de                de la taxe (FMI, 2013). La baisse des revenus est aussi
     1,9 point de pourcentage du PIB en raison d’une                      due à l’absence pour 2013 de bonus de signature des
     mobilisation insuffisante des recettes de la TVA                     contrats miniers qui avait stimulé les recettes de 1,2%
     et de ceux des secteurs des ressources naturelles.                   du PIB en 2012. D’après le dernier rapport publié sur
     Les recettes domestiques ont atteint 13,0% du PIB en                 l’Initiative pour la transparence dans les industries
     2013 contre 14,9% en 2012. Cette baisse est en partie                extractives (ITIE)5, les recettes du secteur extractif
     due à la faible mobilisation de la taxe sur la valeur                (mines et pétroles) auraient atteint 6% du PIB, ou 48%
     ajoutée (TVA) qui reste en dessous de son potentiel                  des recettes totales en 2011. Il s’agit ici de tout ce qui
     attendu (FMI, 2013). En effet, depuis son introduction               est collecté de ces secteurs, y compris les impôts sur les
     en 2012 pour remplacer l’impôt sur le chiffre d’affaires,            revenus. Un examen plus détaillé de la composition de
     la TVA a constitué une part importante dans la structure             ces recettes montre que le secteur pétrolier contribue à
     des recettes du pays. Pour 2013, elle a représenté                   près de 30% du total, alors que la production pétrolière
     27% des recettes domestiques contre 30% en 2012, ce                  reste modeste et stagnante.
     qui correspond à 3,5% et 4,5% du PIB respectivement.
     Cette contreperformance de la TVA serait due essen-
     tiellement : (i) à la persistance de procédures longues
     et fastidieuses ; et (ii) à une mauvaise maitrise du
10
10   portefeuille des assujettis qui affecte les recouvrements
                                                                          5	 Voir : http://www.itierdc.com/lire%20pdf.php?valeur=table_
                                                                             rapport
                      Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




22.	 L’affaiblissement des recettes et la prédomi-                        devises, les réserves ne couvrent cependant que
nance des dépenses courantes dénotent la fragilité                        7,7 semaines d’importations. Une des entraves à
de la consolidation budgétaire. La facture de l’ajuste-                   l’accumulation de ces réserves en devises est les
ment budgétaire a été en grande partie supportée                          transferts de revenus au titre de rémunération des IDE
par une progression lente des investissements publics                     qui, à hauteur de 9,3% du PIB, sont particulièrement
et des dépenses sociales qui restent modestes par                         élevés.
rapport aux grands besoins du pays en capital physique
et en développement humain. En effet, un examen                           25.	 Face à ces défis, le recours au programme de
de la composition des dépenses totales montre que                         consolidation du FMI ou à l’appui budgétaire des
les rémunérations et les achats de biens et services                      bailleurs, y compris la Banque Mondiale, pourrait
représentent respectivement 42% et 27% des dépenses                       s’avérer nécessaire. Si les tendances actuelles
exécutées en 2013. Le premier poste fait partie de la                     d’insuffisance à la fois des recettes budgétaires et des
catégorie des dépenses considérées très rigides à la                      réserves continuent, la RDC pourrait être amenée à
baisse et le second est essentiel au fonctionnement des                   solliciter l’appui budgétaire du FMI et de la Banque
institutions et structures publiques. Dans ces conditions,                Mondiale. Cet appui permettra au pays à la fois de
le Gouvernement est placé face à des choix difficiles :                   financer les dépenses sociales et d’investissements et
soit il satisfait les besoins sociaux et d’infrastructures et             de soutenir les réserves en devises du pays. Cependant,
il fragilise la consolidation budgétaire, soit il n’en fait               un tel appui ne pourra jamais être perçu comme une
rien et maintient les équilibres macroéconomiques                         solution durable.
aux prix du bien-être à long terme de larges franges
de la population. Cette dichotomie pourrait disparaitre                   26.	 Une autre option pour la RDC serait
si des efforts sont réalisés pour accroitre les recettes,                 d’assurer une meilleure mobilisation des recettes,
notamment en provenance du secteur des ressources                         notamment celles des secteurs miniers et des
naturelles, et maintenir les équilibres budgétaires tout                  ressources naturelles. Une meilleure mobilisation
en finançant le développement à long terme.                               des recettes des secteurs des ressources naturelles
                                                                          permettra d’améliorer les balances interne et externe,
                                                                          en générant plus de revenus pour l’Etat et en alimentant
1.5. Des résultats macroéconomiques                                       en devises les réserves de la BCC. En effet, la moyenne
                                                                          des recettes sur PIB pour les pays ayant le même
     et financiers dont la soutenabilité                                  niveau de développement que la RDC est de 15%. La
     sur le long terme est loin d’être                                    RDC avait atteint ce niveau en 2012, avec des recettes
     assurée                                                              intérieures de 14,9% du PIB. Or si le pays avait réussi à
                                                                          maintenir ce niveau de recettes en 2013, soit 1,9% du
23.	 La détérioration lente de l’excédent budgé-                          PIB au-dessus du niveau actuel, il aurait pu accroitre ses
taire vers un déficit souligne la fragilité à long terme                  dépenses entre 2012 et 2013 de 31% au lieu de 12%
des finances publiques. Les limites de la consolidation                   tout en maintenant un déficit zéro. Si l’on suppose que
par le contrôle des dépenses sont désormais appa-                         la dépense supplémentaire aurait été dans les secteurs
rentes, aussi bien sur les plans macroéconomique                          sociaux et l’infrastructure, le taux d’exécution de
que structurel. En effet, sur le plan macroéconomique,                    ces derniers aurait atteint 53% au lieu de 36%6. En
un niveau de dépenses sur ressources domestiques                          parallèle, si la RDC visait à atteindre le niveau standard
de 12,5% du PIB est bas et ne peut davantage être                         de réserves, estimé à au moins trois mois d’importations
comprimé. Sur le plan structurel, dégager un excédent                     par le FMI, il lui aurait fallu avoir des réserves en devises
budgétaire de 0,5% du PIB (0,2% si on inclut les                          en 2013 supérieure de 950 millions de dollars US$
paiements d’arriérés) doit être mis en parallèle avec                     (équivalents à 3,2% du PIB) à leur niveau actuel.
les objectifs de développement de long terme du pays
et de ses besoins en infrastructures et en dépenses                       27.	 Les programmes avec les institutions interna-
sociales. En effet, cet excèdent budgétaire se fait au prix               tionales et les bailleurs auraient un impact durable
d’une compression des dépenses alors que le niveau de                     s’ils soutiennent les mesures favorisant une meil-
recettes de 13,0% du PIB est bas, notamment compte                        leure mobilisation des recettes intérieures. En effet, si
tenu de l’importance des richesses naturelles.                            l’appui budgétaire décrit dans le paragraphe 25 s’inscrit
                                                                          dans le cadre d’un programme à moyen terme pour
24.	 Les réserves en devises restent à des niveaux                        atteindre les objectifs résumés dans le paragraphe 26,
bas notamment pour un pays dollarisé, ce qui est                          alors son impact pourrait être durable. En effet, la RDC a
aussi une source de vulnérabilité sur le long terme.                      tout le potentiel pour sortir d’un équilibre sous-optimal
La RDC a réussi à améliorer son niveau de réserves en                     de faible mobilisation des recettes des secteurs des
devises, mais ces dernières restent modestes. Ainsi,
bien qu’assurant une bonne couverture de la masse
monétaire en devises nationales et des dépôts en
                                                                          6	   Source : Calculs des équipes de la Banque mondiale sur base des
                                                                               données officielles et du FMI.
                                                                                                                                                 11
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     ressources naturelles compensé par une dépendance            par une plus grande mobilisation des potentialités des
     vis-à-vis de l’aide internationale. La solution pourrait     secteurs des ressources naturelles permettant à la fois
     être de bâtir sur cette aide internationale pour mettre en   (i) d’assurer un développement économique et social
     place les réformes de fond dans le secteur des ressources    soutenu ; (ii) des investissements publics croissants
     naturelles qui permettraient au pays d’atteindre un          dans les infrastructures et les secteurs sociaux ; et (iii) le
     nouvel équilibre. Ce nouvel équilibre serait caractérisé     maintien de la stabilité macroéconomique.




12
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                       Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




2. Que faut-il pour en faire un levier du développement ?
   Régulation, Gouvernance et Performance du secteur
   des ressources naturelles

28.	 L’absence de mobilisation soutenue des reve-                          que les recettes collectées des industries extractives par
nus issus des secteurs des ressources naturelles                           l’Etat se chiffraient à 1,4 milliards de dollars US en 2011
contraste avec la dynamique de ces secteurs et                             (6% du PIB). La même année, les exportations de pétrole
reflète des problèmes structurels de fond. La hausse                       et de produits miniers atteignaient 41% du PIB. Ainsi,
des cours des matières premières depuis 2006 a stimulé                     les prélèvements pour le compte des caisses de l’Etat
les IDE dans le secteur minier et la production minière                    sur les secteurs miniers et pétrolier auraient au mieux
s’est considérablement accélérée. Les exportations                         atteint 14% de la valeur de l’ensemble de la production
minières ont plus que doublé entre 2009 et 2013. En                        exportée, ce qui est relativement bas compte tenu de
2013, la production du cuivre a augmenté de 52%                            la nature rentière des bénéfices dans ces secteurs. Un
par rapport à 2012, et les exportations de cuivre ont                      examen plus détaillé montre que les recettes publiques
représenté 63% des exportations nationales en 2013                         du secteur pétrolier représentaient 55% de la valeur des
contre 52% en 2012, et cela malgré une légère baisse                       exportations pétrolières alors que les recettes publiques
de 7% des prix internationaux du cuivre. Cependant,                        du secteur minier ne représentaient que 10,6% de la
la contribution aux recettes publiques de toutes les                       valeur des exportations minières (voir Graphique 2.1).
ressources minières, qui représentent avec le pétrole                      Le prélèvement effectif sur le secteur minier continue
près de 98% des exportations du pays et 32% du                             à progresser, mais la comparaison avec le prélèvement
PIB, demeure encore insuffisante face au défi du                           effectif dans le secteur pétrolier montre qu’il reste bien
développement du pays. Le dernier rapport ITIE montre                      de chemin à faire.   



         Graphique 2.1. Taux de prélèvement effectifs sur les industries extractives, le secteur minier
                           (Axe de gauche) et le secteur pétrolier (Axe de droite)




                                         Secteur Pétrolier                          Secteur Minier
                                         Industries Extractives

Source : Calculs des auteurs sur la base des données ITIE (déclarations des entreprises) et des données du FMI.




                                                                                                                                                 13
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                               Encadré 2.1 : Le Débat autour du Code Minier – Enjeux et orientations


          Le secteur minier est réglementé par l’ordonnance loi du 11 juillet 2002 portant Code minier7, et complété par
          un décret d’application du 26 mars 2003 portant Règlement minier. Dix ans après sa mise en application, le Code
          minier congolais fait aujourd’hui l’objet de discussions pour sa révision. En dépit des grandes avancées observées
          dans son application, certaines dimensions de ce code peuvent être améliorées pour à la fois s’assurer de leur
          conformité aux nouvelles exigences constitutionnelles et aussi permettre une meilleure contribution de ces
          ressources au développement socioéconomique du pays. Le Code actuel prévoit un régime transparent d’octroi
          de titres miniers ainsi qu’un régime fiscal et douanier accordant d’importants avantages aux investisseurs.

          Les discussions en cours sur l’avant-projet de loi devant modifier et compléter le Code Minier de 2002 ont
          impliqué le Gouvernement, la corporation des opérateurs miniers, les organismes publics et privés ainsi que les
          autorités coutumières. Elles portent sur : (i) l’éligibilité aux droits miniers et de carrières ; (ii) les droits miniers et
          de carrières octroyés et la durée de validité des périmètres miniers couverts par ces droits ; (iii) la responsabilité
          sociale et environnementale des entreprises minières vis-à-vis des communautés locales ; (iv) l’assiette de la
          redevance minière ; (v) les taux de certains droits, redevances et taxes dus à l’Etat ; (vi) la problématique de
          l’exploitation artisanale, etc.

          La plupart des révisions proposées par les autorités nationales visent à maximiser les ressources que l’Etat
          entend tirer du secteur minier. Les recettes publiques générées par l’industrie minière comprennent le Pas de
          porte (ou bonus de signature), les dividendes résultant de la participation de l’Etat, les droits superficiaires, les
          redevances minières, les taxes et droits de douane et les impôts sur les bénéfices. A travers ces révisions, les
          autorités s’attendent notamment au relèvement des redevances sur quelques produits clés, à l’instauration de
          taxes exceptionnelles sur les bénéfices, au relèvement de la participation de l’État dans les projets miniers, ainsi
          qu’à la réduction en dessous de dix ans de la durée de la clause de stabilité qui protège les investisseurs des
          évolutions réglementaires et fiscales.

          A ce jour, des points de divergence persistent car les sociétés minières et la fédération des entreprises au Congo
          cherchent à atténuer les changements qui portent sur les taux applicables dans le régime fiscal, douanier et
          de change, ainsi que sur la clause de stabilité. Les préoccupations des investisseurs sont exacerbées par les
          autres défis auxquels ils sont confrontés en RDC, notamment l’instabilité politique et le manque d’infrastructures
          adéquates. Ces investisseurs préviennent contre le risque d’alourdissement des formalités d’obtention de
          droits miniers et des activités minières, et contre des prélèvements fiscaux qui deviendraient dissuasifs à
          l’investissement dans le secteur minier et donc compromettraient la croissance de ce secteur.




     29.	 S’agissant de la prospection industrielle,                           entreprises minières de reporter leurs déficits ordinaires
     une grande partie du problème résiderait dans                             ainsi que leurs amortissements réputés différés en
     les dispositions du code minier qui seraient trop                         période déficitaire sur une période allant jusqu’à cinq
     favorables aux investisseurs. Le nouveau Code                             ans. Dans la mesure où la plupart des vastes projets
     minier promulgué en 2002 (voir Encadré 2.1), et                           miniers n’ont commencé à investir fortement qu’au
     complété par un Règlement Minier en 2003, a permis                        cours de cinq dernières années, ces dispositions ont
     d’améliorer la réglementation du secteur minier et a                      entrainé de manière générale un manque à gagner
     contribué à la relance de la production dans ce secteur.                  sur les recettes publiques. Ainsi, le taux de prélèvement
     Cependant, la répartition équitable des retombées                         effectif devrait normalement augmenter au cours
     des investissements miniers croissants se fait tou-                       des années à venir au fur et à mesure que les projets
     jours attendre. Ainsi, les dispositions du code sont                      complètent leurs périodes d’amortissement accéléré.
     avantageuses aux investisseurs et tendent à largement
     atténuer les retombées fiscales du secteur pendant                        30.	 Une autre partie du problème serait due
     les premières années de développement du projet. A                        à l’incapacité de la RDC à mettre en application
     titre d’exemple, les entreprises peuvent amortir dès                      les dispositions de ce même code minier. Les
     la première année jusqu’à 60% de leurs dépenses                           capacités techniques des administrations fiscales à
     d’investissement. Il y a aussi la possibilité pour les                    contrôler et confronter les déclarations fiscales à la

14
14   7	    Voir : http://mines-rdc.cd/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=76
                           Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




valeur réelle des produits extraits sont limitées. Des                         est à ce jour l’employeur le plus important du secteur,
compétences géologiques et des moyens matériels                                mais malheureusement avec un impact faible sur les
sont indispensables pour mieux encadrer les recettes de                        revenus budgétaires. La prospection artisanale est
l’Etat issues des opérations minières et pétrolières. En                       essentiellement informelle et les comptes nationaux
outre, des conventions parallèles sont souvent signées                         révisées estiment à 50,5 % la part de l’informel dans
avec des opérateurs miniers en dehors du code et créent                        les industries extractives. Cependant, si les revenus
un dualisme du système fiscal avec des conséquences                            des mineurs artisanaux sont bien au-dessus des autres
sur les recettes à recouvrer. Aussi, les dispositions                          secteurs dans les zones rurales, tels que l’emploi agricole,
légales quant au maintien, par les détenteurs des titres,                      leurs conditions de travail sont pourtant déplorables,
de 40% des recettes d’exportation dans le système                              et le travail des enfants est fréquent sur de nombreux
bancaire national ne sont pas souvent respectées.                              sites (voir Chapitre suivant). A l’Est du pays, les activités
Ces dispositions sont fréquemment contournées par                              d’exploitation minière sont parfois captées par des
des montages légaux et des systèmes de facturations                            groupes armés, contribuant ainsi au financement de
internes, occasionnant ainsi une déperdition de                                leurs activités et à la persistance des conflits dans les
capitaux et de devises pour le pays. En conséquence,                           territoires riches en ressources minérales.
non seulement le pays ne trouve pas son compte en
termes de recettes fiscales, mais le déficit du compte                         33.	 En somme, les ressources naturelles en
courant se trouve aggravé par un solde négatif des                             général et le secteur minier en particulier ne sont
revenus des facteurs atteignant 9,3% en 2013, contre                           pas utilisés comme il se doit pour promouvoir la
4,4% en 2010.                                                                  croissance et le développement de la RDC. La hausse
                                                                               des investissements industriels dans le secteur minier
31.	 Une dernière partie du problème serait due                                n’est pas de nature à accroitre l’emploi formel. En effet,
à la faible gouvernance et transparence du secteur                             la prospection industrielle est à forte intensité de capital
et au poids des intérêts établis. En dépit d’un                                avec des retombées faibles en termes d’emploi, mais
engagement fort pour l’amélioration de la gouvernance                          l’augmentation de la production qu’elle a engendrée ne
des industries extractives, cette dernière reste encore                        s’est pas accompagnée d’une hausse substantielle des
une préoccupation de taille empêchant la RDC de tirer                          recettes de l’Etat. Ainsi, le secteur des hydrocarbures, avec
profit des énormes potentialités de ses ressources                             une production stagnante à de faibles niveaux depuis
naturelles. Les conclusions des rapports produits                              plus de 30 ans, contribue légèrement moins aux recettes
par des organisations indépendantes telles qu’Africa                           de l’Etat que le secteur minier. En parallèle, la prospection
Progress Panel et Global Witness, soulignent souvent                           artisanale est de nature à générer des emplois et des
des cas d’opacité et de sous-estimation des prix des                           revenus pour les communautés locales. Rendue possible
actifs tant miniers que pétroliers lors de leur cession à                      grâce aux caractéristiques géologiques de la RDC avec
des compagnies offshore8. Ces rapports soulignent la                           accès facile aux filons dans certaines régions, cette
nécessité d’améliorer la gouvernance et la transparence                        prospection est cependant souvent captée par les milices
dans la gestion des ressources naturelles en RDC. A ce                         armées et s’opère dans des conditions pénibles pour
problème, il y a aussi celui de la gouvernance et de la                        les prospecteurs. Quelle que soit la forme que prend la
redevabilité des entreprises minières du portefeuille de                       prospection minière, la préservation de l’intérêt de l’Etat
l’Etat qui ont été transformées en sociétés commerciales                       et de la population exige une plus grande implication du
et qui, à ce jour, ne semblent pas contribuer à l’amé-                         Gouvernement pour assurer la bonne gouvernance du
lioration des recettes de l’Etat.                                              secteur. Cette gouvernance doit être observée à tous les
                                                                               stades, à savoir : (i) l’octroi des titres ; (ii) la régulation
32.	 Par ailleurs, alors que la prospection                                    des activités avec imposition de normes de sécurité
artisanale a le potentiel de générer de l’emploi et                            et de santé sur le lieu de travail ; (iii) la protection des
des revenus pour les communautés locales, elle                                 prospecteurs contre les groupes armés ; (iv) la mise en
est souvent captée par les groupes armées. En                                  application de la responsabilité sociale des entreprises
dehors des entreprises minières de taille grande ou                            vis-à-vis des communautés avoisinantes ; (v) la collecte
moyenne, une part importante du secteur minier de                              des recettes ; et (vi) l’utilisation des revenus tirés de ces
la RDC demeure artisanale. La prospection artisanale                           secteurs pour des projets durables.

                                                                               34.	 Le Gouvernement a lancé une révision du
8	   D’après le rapport 2013 de la Commission Africa Progress Panel, les
                                                                               code minier et la mise en place d’une Matrice de
     actifs miniers dans les 5 transactions examinées par la Commission
     furent vendus, en moyenne, au sixième de leur valeur commerciale          Gouvernance qui devrait permettre une meilleure
     potentielle sur le marché, occasionnant un manque à gagner pour           mobilisation des recettes (voir Encadré 2.2). Le code
     le pays d’au moins 1,36 milliard de dollars entre 2010 et 2012.
                                                                               minier de 2002 est protégé par une clause de stabilité
     Un autre rapport de l’ONG britannique Global Witness de 2014 a
     indiqué que la RD Congo a conclu en 2012 un accord de rachat              de dix ans. Ainsi, depuis 2012, l’opportunité s’est
     des droits pétroliers d’une société offshore pour un montant              ouverte pour les autorités du pays de tirer les leçons
     probablement des centaines de fois supérieur au prix de 500 000
     dollars, payé pour leur acquisition en 2006.
                                                                               de la conception et de la mise en œuvre du code et                    15
          Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                    2ème édition - Décembre 2014




     d’apporter des solutions aux problèmes constatés.              des ressources naturelles. De plus, des rapports sur
     Ce chantier viendrait compléter la réforme de la               les recettes collectées allant de 2007 à 2011 ont été
     gouvernance économique à laquelle le Gouvernement              produits pour s’inscrire dans les exigences de l’ITIE.
     congolais s’est engagé. Le Gouvernement est en train de        Enfin, les dispositions de l’OHADA, en vigueur en RDC
     mettre en place une liste d’actions visant à renforcer la      depuis septembre 2012, et son adhésion à la Convention
     transparence et l’efficacité de la gestion des ressources      de New-York devraient moderniser le cadre juridique de
     naturelles. A cet effet, le Gouvernement procède depuis        la conduite des affaires et assurer l’accès de la RDC à une
     2011 à la publication trimestrielle des recettes issues        juridiction d’appel et à l’arbitrage internationaux.




                             Encadré 2.2 : Gouvernance du secteur des ressources naturelles -
                                       mise en place de la matrice de gouvernance


       Le Gouvernement congolais a identifié une série de mesures de gouvernance économique contenues dans une
       matrice dont la mise en place est suivie de manière conjointe avec la Banque mondiale. Ces mesures visent à
       améliorer : (i) la responsabilisation et la transparence dans la gestion des ressources naturelles (mines, pétrole
       et forêt) ; (ii) le climat des affaires ; et (iii) l’efficacité et la qualité des dépenses publiques en RDC.

       Des progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre de cette matrice depuis son adoption en 2011 et sa mise à
       jour en mai 2013. Il s’agit principalement de la publication de la quasi-totalité des contrats miniers, soit 134 sur
       135. Tous les titres octroyés et les recettes collectées dans les secteurs des mines, des forêts et des hydrocarbures,
       ainsi que les états d’exécution du budget de l’Etat sont, à ce jour, rendus publics en ligne sur les sites officiels du
       Gouvernement. De plus, l’ITIE a publié son 4ème rapport national pour 2011, couvrant les revenus miniers et
       pétroliers et les recettes de l’État provenant des industries extractives. Les prochaines étapes de la mise en place
       de la matrice verront des efforts continus pour achever la réforme des entreprises publiques transformées en
       société commerciale et adopter des contrats de performance entre l’Etat et les entreprises publiques. En outre,
       la RDC est devenue membre de l’OHADA depuis juillet 2012, ce qui est une étape importante pour améliorer le
       climat des affaires dans le pays.

       Sur le plan des finances publiques, la réforme des marchés publics avance avec la mise place des institutions
       des marchés publics dans les ministères et autres institutions publiques. La revue de la performance dans la
       gestion des finances publiques, PEFA 2012 a été réalisée avec le soutien de la Banque mondiale et a contribué à
       la conception d’un plan d’action pour améliorer la gestion des finances publiques.




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                      Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




3. Un contexte politique et social marqué par la fragilité
   et la violence

35.	 Dans le contexte d’un grand déficit de                               vaste programme de réforme de la police. L’exécutif s’est
développement, le manque de mobilisation des                              engagé en faveur du renforcement de l’armée et de la
revenus des secteurs des ressources naturelles                            police pour une meilleure protection de la population
contribue à la fragilité politique et sociale. Le succès                  et du pays, et les mesures prises dans ce contexte
des FARDC face au M23 reste fragile sans une solution                     commencent à donner des résultats. Cependant,
politique permanente fondée sur des bases sociales et                     malgré les efforts du Gouvernement pour réformer,
économiques solides. Les risques de rechute restent                       professionnaliser et superviser les services de sécurité,
élevés en raison du lien intime entre les tensions                        les organisations de droit de l’homme continuent à
ethniques et les griefs socio-économiques, y compris                      rapporter des cas d’exactions perpétrés par ces services
autour de l’usage et l’appropriation de la terre. Ainsi,                  contre la population.
la stabilisation politique et sécuritaire dépend en
grande partie de l’amélioration des conditions de vie                     38.	 Il n’est cependant pas clair que les opérations
de la population, à travers : (i) un meilleur accès aux                   militaires soient suivies d’une solution politique
services de bases ; (ii) un meilleur accès à la terre ; et                permanente et stable. Les groupes rebelles sont
(iii) une restauration des structures des communautés                     généralement formés le long de lignes de fracture
locales. Dans ce contexte, les secteurs des ressources                    ethniques et plusieurs conflits ont été transposés des
naturelles ne paraissent pas jouer un rôle de levier                      pays voisins vers la RDC. Cependant, au-delà de l’effet de
du développement, devenant eux-mêmes sources de                           débordement transfrontalier, les tensions s’amplifient
conflits et de fragilité politique et sociale. Les commu-                 sur fond de ressentiments socio-économiques notam-
nautés locales considèrent souvent les entreprises                        ment autour de l’usage et de l’appropriation des terres
minières comme source de nuisance et de compétition                       (voir Encadré 3.1). L’Institut International pour les
sur les ressources du sol et du sous-sol, et se plaignent                 Etudes Stratégiques (IISS)9 résume le problème en ces
qu’elles génèrent peu ou pas assez d’emplois, de                          termes : « Le Gouvernement Congolais doit non seulement
revenus, et de services.                                                  mettre en place des plans sous l’accord de Kampala pour
                                                                          amnistier de nombreux rebelles du M23 (à l’exclusion des
                                                                          chefs les plus importants) et les réintégrer dans l’armée,
                                                                          il doit aussi honorer ses promesses prises dans le Cadre
3.1. Des avancées politiques et
                                                                          Régional pour la Paix, la Sécurité et la Coopération de
     sécuritaires sur fond de fragilité                                   réformer son appareil de sécurité, désarmer toutes les
     persistante                                                          milices, et promouvoir la démocratie. Améliorer les droits
                                                                          de propriété et du citoyen pour les Tutsi Congolais dans
36.	 La fin de la guerre dans une grande partie de                        les provinces de l’Est serait fondamental pour réduire les
l’Est de la RDC est une bonne avancée. La déclaration                     possibilités pour une rébellion future ».
de Kampala signée entre le Gouvernement de la RDC
et les rebelles du M23 a mis fin à une grande partie                      39.	 Les concertations nationales devraient
des opérations militaires à l’Est du pays. Le succès                      donner un appui politique aux opérations de
de FARDC contre le M23 n’élimine cependant pas les                        démobilisation, réconciliation et reconstruction10.
risques de retournement de situation, et d’autres grou-                   Le but annoncé des concertations nationales est de
pes armés aussi bien locaux que transfrontaliers (LRA,                    renforcer la « cohésion nationale » et de mettre un terme
ADF/NALU, FDLR, Raia Mutomboki, Simba, FRPI, Bakata                       à la crise sociale, politique, et sécuritaire à laquelle le
Katanga, divers groupes Mai Mai …) sont toujours actifs                   pays fait face. Cinq groupes de travail ont planché sur
et impliqués dans des attaques contre les villages et                     les questions économiques, de la bonne gouvernance,
dans des violations des droits de l’homme. Les FARDC                      du désarmement et démobilisation des groupes
ont étendu leur campagne pour cibler ces groupes et                       armés, de la réconciliation et de la décentralisation.
la mission des Nations-Unies a renforcé ses capacités
militaires en déployant la FIB et du matériel pour le
contrôle et la surveillance des frontières à l’Est du pays.               9	   Voir : http://www.iiss.org/en/iiss%20voices/blogsections/iiss-
                                                                               voices-2013-1e35/november-2013-1d99/end-of-the-road-
                                                                               for-the-m23-447e
37.	 Bon nombre de partenaires internationaux                             10	 Les concertations nationales, qui ont duré un mois avant de
contribuent au renforcement de l’appareil sécuri-                             s’achever le 5 Octobre 2013, ont rassemblé 700 participants de
taire de la RDC. Les Etats Unis, l’Angola, la France, la                      toutes les strates de la société. Etaient cependant absents certains
                                                                              grands personnages de l’opposition comme Etienne Tshisekedi et
Belgique et d’autres contribuent à la formation et à
l’équipement des FARDC. Le Royaume-Uni soutient un
                                                                              Vital Kamerhe qui ont décidé de boycotter le processus. Les groupes
                                                                              armés actifs dans l’Est étaient exclus sur décision de l’exécutif.
                                                                                                                                                     17
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     Les recommandations clés comprennent, entre autres,                          bre 2013 a vu un engagement solennel de mise en
     l’établissement d’un Gouvernement de cohésion                                application de certaines de ces recommandations,
     nationale, la création d’une commission des droits                           notamment une amnistie générale, l’inclusion de la
     de l’homme, la libération des prisonniers politiques,                        société civile et de l’opposition dans un Gouvernement
     la réouverture des chaines de télévision proches de                          de cohésion nationale, et l’imposition d’un quota de
     l’opposition, et la préparation des élections locales. Le                    30% de femmes aux élections.
     discours du Président de la République du 23 Octo-



                                   Encadré 3.1 : La Propriété de la Terre, Enjeux de tous les Conflits


        Les droits fonciers en RDC sont régis par la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973, telle que modifiée et complétée par
        celle du 18 juillet 198011. Cette loi organise le patrimoine foncier de l’État en domaine public et en domaine
        privé. Elle précise en son article 53 que « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de
        l’État ». Conformément à cette loi, l’Etat Congolais est le seul propriétaire des terres, les personnes privées
        ou morales ne peuvent détenir sur les terres qu’un droit de jouissance dénommé « concession ». Cependant,
        la Constitution du 18 février 200612, proclame le droit de souveraineté de l’Etat sur les ressources naturelles
        en lieu et place du principe de l’appropriation comme il en était dans les constitutions antérieures. Cette
        souveraineté n’implique pas nécessairement une propriété. Par ailleurs, la Constitution proclame d’une part
        que la propriété privée est sacrée et que l’Etat doit garantir le droit à la propriété individuelle ou collective,
        acquise conformément à la loi ou à la coutume et, d’autre part, que nul ne peut être privé de sa propriété que
        pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité octroyée dans les conditions
        fixées par la loi.

        En l’absence d’une politique nationale d’aménagement du territoire et de planification des utilisations des
        terres qui pourrait offrir plus de clarté sur la question du statut des terres et des ressources naturelles, l’on
        observe de plus en plus de conflits d’usage des espaces entre les différents ministères en charge de la gestion
        de différents aspects du domaine de l’Etat (mines, hydrocarbures, agriculture, foncier, environnement, forêts,
        etc.). De sorte qu’il n’est pas rare aujourd’hui de retrouver une concession forestière chevaucher avec une
        concession foncière (généralement emphytéotique) ou une concession forestière chevaucher avec une aire
        protégée ou une concession minière. Ainsi, différentes lois sectorielles ayant chacune un volet de compétence
        sur les espaces (les mines, les hydrocarbures, le foncier, les forêts, la faune, la conservation de la nature, les
        ressources en eau) organisent la gestion du domaine de l’Etat (loi minière, loi forestière, loi foncière, etc.).
        Il s’impose alors un travail de mise en cohérence de ces lois sectorielles avec les nouvelles dispositions
        constitutionnelles sus évoquées.




18
18   11	 Voir : http://www.droit-afrique.com/images/textes/RDC/RDC%20-%20Foncier%20suretes.pdf
     12	 Voir : http://democratie.francophonie.org/IMG/pdf/Constitution_de_la_RDC.pdf, articles 9, 34, 67, 122, 123, et 203.
                        Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




3.2. Sortir du cycle de la violence
     et de la fragilité : Démobilisation,
     Réconciliation et Restauration
     de la cohésion sociale

40.	 La RDC vient de lancer son troisième                                   42.	 La démobilisation, l’amélioration des condi-
programme de Démobilisation, Désarmement et                                 tions de vie, et la prévention d’une reprise des
Réintégration (DDR). Le troisième DDR est censé aider                       violences sont indispensables pour la résolution
à restaurer la paix et la cohésion sociale dans les zones                   de la question des déplacés, devenue à son
affectées par les conflits. Ce troisième programme se                       tour source d’instabilité. Plus de 2,9 millions de
caractérise par : (i) un rejet de l’intégration systématique                personnes étaient considérées comme déplacées
des anciens rebelles dans l’armée ; (ii) une attention                      internes (PDI) en 2013, comparé à 2,7 million en 2012
particulière portée à l’amélioration des conditions                         et à 1,7 million en 2011. En parallèle, l’Office de
de vie ; et (iii) une délocalisation des anciens rebelles                   Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA)15 des
loin de leurs régions d’origine pour une période de                         Nations Unis a recensé environ 430.000 Congolais
réhabilitation. Ces nouvelles dispositions sont autant                      réfugiés hors des frontières de la RDC et plus de 250.000
de leçons tirées des autres entreprises de DDR initiées                     réfugiés étrangers en RDC. D’après l’Observatoire des
entre 2004 et 2011 avec le soutien de la communauté                         Situations de Déplacement Interne du Conseil Norvégien
internationale, y compris la BM. En effet, 209.605                          pour les Réfugiés16 : « Les conflits et les épisodes de
anciens miliciens ont dû passer par un processus de                         violence sont les principaux obstacles qui se dressent
vérification, desquels 66.814 ont rejoint l’armée, et près                  devant les PDI à la recherche de solutions durables.
de 140.000 furent démobilisés jusqu’en mars 201113.                         Malgré la reddition des rebelles du M23, d’autres groupes
Cependant, beaucoup de combattants démobilisés ont                          armés poursuivent leurs activités, alimentant l’insécurité
repris les armes et le M23 lui-même était en fait une                       chronique qui règne dans l’Est du pays. Les mauvaises
scission des FARDC initiée par d’anciens miliciens ayant                    conditions de vie, dont l’accès limité aux services de
intégré l’armée.                                                            base, à la terre et à d’autres moyens de subsistance,
                                                                            et l’effondrement des structures communautaires
41.	 Le Gouvernement a aussi lancé avec l’aide                              posent également des problèmes considérables ». Le
de la Banque Mondiale le Projet de Reconstruction                           Gouvernement a mis en place un groupe de travail
de l’Est14. L’objectif de ce projet est de développer                       parlementaire pour rédiger une législation nationale
l’accès aux infrastructures économiques et sociales et                      sur le déplacement interne. Le budget du Plan d’Action
d’améliorer les conditions de vie des communautés                           Humanitaire financé par les bailleurs pour 2013 a
vulnérables dans les provinces de l’Est. Ce projet va                       atteint 893 millions de dollars US dont seulement 69%
financer des activités qui vont à la fois promouvoir                        ont été déboursés. Par ailleurs, les autorités indiquent
l’accès aux services de base à travers des actions                          que l’impunité n’est plus à l’ordre du jour comme le
collectives et générer des opportunités d’emploi. Ce                        confirment les procédures judiciaires à l’encontre de
projet aura ainsi trois composantes : (i) le soutien aux                    certains officiers de l’armée et de la police impliquées
communautés ; (ii) l’amélioration des conditions de                         dans les violations des droits de l’homme.
vie et la création d’emplois ; et (iii) le renforcement des
capacités, notamment dans la gestion de projets.




                                                                            15	 Voir : http://reliefweb.int/report/democratic-republic-congo/dr-
13	Voir : http://www.worldbank.org/en/results/2013/03/11/                       congo-humanitarian-challenges-february-2014
   demobilization-and-reintegration-in-the-democratic-                      16	 Voir : http://www.internal-displacement.org/assets/library/Africa/
   republic-of-congo
14	 Voir : http://www.worldbank.org/projects/P145196?lang=en
                                                                                Democratic-Republic-of-the-Congo/pdf/201401-af-drc-overview-
                                                                                fr.pdf
                                                                                                                                                     19
          Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                 2ème édition - Décembre 2014




     4. Perspectives d’avenir et risques économiques et politiques

     43.	 Grâce au dynamisme du secteur minier, la RDC              pourcent des prix du cuivre aboutirait à une baisse de 50
     pourrait continuer à enregistrer les mêmes taux de             millions de dollars US dans les réserves internationales.
     croissance élevés observés au cours des dernières
     années. Le moteur de la croissance restera le secteur          46.	 La RDC demeure vulnérable à une mobilisation
     minier et, sur le moyen et long terme, une montée              insuffisante des revenus de l’Etat en général et ceux
     en puissance du secteur agricole. Les investissements          en provenance du secteur des ressources naturelles
     relatifs au secteur minier continueront à augmenter            en particulier. Une réduction de la demande et des
     au cours de la période 2013-2016, donnant un élan              prix des matières premières exportées par le pays reste
     majeur à la production minière et à la croissance du           un facteur de risque exogène. Cependant, la faible
     PIB réel, qui pourrait se maintenir à un taux supérieur        mobilisation des revenus et surtout des recettes du
     à 7%. La part des revenus miniers transférée au                secteur des ressources naturelles est essentiellement
     Gouvernement serait dépensée par le secteur public,            endogène. Au-delà de toute argumentation, un ratio de
     notamment sur les infrastructures et les secteurs              14% entre les recettes de l’Etat en provenance du secteur
     sociaux. Dans le secteur agricole, les initiatives prises      des ressources naturelles et la valeur des exportations
     pour stimuler l’investissement privé, couplées aux             de ces ressources est trop faible. Des recettes domesti-
     projets de pôles de croissance auraient pour effet             ques de 13,0% du PIB sont aussi trop faibles. Dans ce
     d’accélérer la reprise progressive de la production            contexte, la consolidation budgétaire ne peut se faire
     agricole déjà observée.                                        qu’au prix d’une compression des dépenses, notamment
                                                                    sociales et d’infrastructure. Aussi, la balance externe
     44.	 Le déficit du compte courant risque de s’accen-           restera vulnérable et le développement de long terme
     tuer à cause de l’augmentation des flux sortants               de la RDC restera trop dépendant de l’aide externe. Une
     des revenus des capitaux. Malgré l’amélioration de             meilleure mobilisation des recettes domestiques et de
     la balance commerciale, la détérioration prévue du             celle du secteur des ressources naturelles permettra à
     solde de la balance des revenus des facteurs aurait            la fois de maintenir les équilibres macroéconomiques
     pour résultat de maintenir un déficit élevé du compte          et de donner à l’Etat les moyens financiers d’une
     courant. Les transferts de capitaux étrangers et les IDE,      politique de développement souveraine et soutenable.
     qui continueraient à un rythme d’au moins 3,5 milliards        La RDC pourra s’appuyer sur le levier de l’aide externe
     de dollars par an, vont financer le déficit du compte          pour renforcer les moyens financiers domestiques et,
     courant sur le moyen terme. Mais cette même hausse             surtout, les appuyer par des ressources institutionnelles
     prévue des investissements, notamment dans le sec-             et humaines capables de formuler des politiques et de
     teur minier, aboutirait à des sorties de revenus plus          les mettre en application.
     élevées pour rémunérer les détenteurs des capitaux,
     maintenant ainsi le déficit du compte courant. La RDC          47.	 La stabilisation sécuritaire à l’Est semble
     pourra cependant maintenir le niveau des réserves              acquise, mais attend d’être consolidée par des
     internationales en devises aux alentours de 2,5 milliards      actions politiques, économiques, et sociales. La
     de dollars US ou 9 semaines d’importations. Enfin, les         situation sécuritaire s’est considérablement améliorée
     analyses du FMI montrent que le taux de change réel            dans le Nord Kivu vers la fin de 2013. Cependant, la
     reste globalement en ligne avec les fondamentaux de            violence au Katanga semble persister. Toute solution
     l’économie de la RDC (FMI, 2014).                              durable exige de traiter à la fois les causes profondes
                                                                    des conflits et leurs conséquences qui les rendent
     45.	 L’accumulation de réserves par la BCC pourrait            difficile à résoudre. Les problèmes de l’utilisation de
     être négativement affectée en cas de hausse des                la terre et de ces richesses qui se dessinent sur fond
     prix internationaux des produits alimentaires,                 de clivages ethniques ou qui opposent investisseurs
     ou de baisse des prix des minéraux. La hausse des              étrangers et populations locales etc… ne peuvent plus
     prix internationaux des produits alimentaires pourrait         être reportés à l’infini. Le traitement du problème des
     menacer l’objectif d’inflation à un chiffre fixé par la BCC.   déplacés et des séquelles des années de conflits sur
     La hausse des prix des produits alimentaires et la baisse      les communautés et les personnes ne peut non plus
     des prix des produits minéraux pourraient ralentir,            être ajourné. Le Gouvernement est en train d’avancer
     voir renverser l’accumulation des réserves en devises.         sur le désarmement des anciens combattants, tout
     En fait, les simulations effectuées par les économistes        en tirant les leçons des expériences passées. Aussi, le
     de la Banque Mondiale montrent qu’une hausse d’un              Gouvernement avec le soutien de la Banque mondiale
     pourcent des prix internationaux des produits alimen-          a lancé le projet de reconstruction de l’Est. Mais la
     taires augmenterait l’inflation de 0,23 point, et réduirait    situation actuelle du Gouvernement qui gère les affaires
     les réserves d’un montant de 36 millions de dollars US.        courantes depuis fin 2013 n’est pas idéale. En effet,
20
20   De même, toutes choses étant égales, une chute d’un            le Gouvernement de cohésion nationale tarde à venir
                      Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




et avec lui la mise en application des recommandations                    49.	 Les défis et les risques auxquels la RDC fait
des Concertations Nationales.                                             face se dessinent sur fond de pauvreté élevée et
                                                                          d’indicateurs de développement humain faibles. La
48.	 Les efforts de réforme déployés pourraient                           RDC est dans un cycle où la fragilité alimente la fragilité,
être entravés par l’opposition de groupes d’intérêt                       et les indicateurs sociaux du pays soulignent l’ampleur
établis. Le Gouvernement a approuvé en 2012 une                           de la tâche pour le Gouvernement. L’enquête 1-2-3
matrice de gouvernance économique pour montrer                            finalisée en 2013 vient corroborer cet état des faits avec
son engagement à assurer une meilleure transparence,                      des chiffres et des données récents. En effet, l’enquête
une plus grande responsabilisation, et la bonne                           1-2-3 donne des informations sur : (i) les conditions
gouvernance. Une mise en œuvre satisfaisante de cette                     de vie et le niveau de dépenses des ménages ; (ii) le
matrice pourrait soutenir l’élan des réformes qui, avec le                niveau de revenu et les conditions d’activités des ména-
temps, parviendrait à affaiblir la résistance des groupes                 ges ; (iii) les conditions de travail et de performance
d’intérêts. Cependant, il y a toujours un risque de voir                  dans le secteur informel ; (iv) les caractéristiques des
l’élan des réformes contré et brisé par ces groupes. Par                  communes quant aux activités qu’elles abritent et la
exemple, le renforcement de la gouvernance et de la                       disponibilité d’infrastructures et de services sociaux
transparence dans les industries extractives marque                       dans leur périmètre ; et (v) des information spécifiques
des progrès certains, mais à un rythme lent et avec des                   sur l’activité agricole et le monde rural. La deuxième
revers. Aussi, la réforme du code minier patine, opposée                  partie de ce document montre que l’analyse de cette
par des groupes d’intérêts aux ramifications multiples                    enquête permet de dégager des axes d’interventions
aux niveaux national et international. Enfin, l’un des                    où l’impact sera maximal sur le niveau de vie de la
sujets les plus débattus est celui de la réglementation                   population et sur la cohésion du pays sur le long
de la cession d’actifs par les entreprises publiques                      terme. Ainsi, les infrastructures (notamment routières),
transformées en SNDP, notamment dans le secteur                           l’éducation, et la santé sont autant des secteurs où les
minier. Or, là aussi, la situation du Gouvernement actuel                 besoins en développement sont énormes. Cependant,
est loin d’être idéale pour la conduite des réformes dont                 ils constituent aussi un triangle de synergies et
le pays a besoin.                                                         d’opportunités au centre duquel une action publique
                                                                          capitalisant sur les potentialités du secteur minier
                                                                          pourrait ouvrir des perspectives de développement et
                                                                          de sortie de la fragilité sur le long terme.

          Tableau 4.1 : République Démocratique du Congo – Sélection d’indicateurs économiques

                                                                         2008        2009        2010         2011         2012      2013 Prél.
 Revenu et Croissance Economique                                                                                                               
 Croissance du PIB (% annuel)                                            6,2%        2.9%        7,1%         6,9%         7,2%            8,5%
 Formation Brute de Capital Fixe (% du PIB)                             17,9%       14,2%       18,2%        16,5%        20,3%           21,3%
 Formation Brute de Capital Fixe - Public (% du PIB)                     2,1%        3,2%        5,5%         4,4%         6,1%            6,4%
 Formation Brute de Capital Fixe - Privé (% du PIB)                     15,8%       11,0%       12,7%        12,1%        14,2%           14,9%
 Monnaie et Prix
 Inflation, Prix à la Consommation (% annuel, en moyenne)               17,3%       46,2%       23,5%        15,5%         2,1%            0,8%
 Masse Monétaire (% annuel)                                             55,7%       50,4%       30,8%        23,2%        21,1%           18,1%
 Taux de Change Nominal (FC/US$, en moyenne)                             563,2       816,8       907,0        918,0        918,7           919,5
 Finances Publiques
 Solde Budgétaire Global, Incluant les dons (% du PIB)                  -1,7%       -1,7%        3,4%        -1,4%         0,3%           -2,0%
 Solde Budgétaire Intérieur (% du PIB)                                   0,4%       -1,5%        1,0%        -1,1%         1,2%            0,2%
 Recettes Publiques, Excluant les Dons (% du PIB)                       11,5%       10,3%       12,1%        12,4%        14,9%           13,0%
 Dette Publique Extérieure (% du PIB)                                   80,9%       83,6%       22,4%        19,2%        16,9%           17,4%
 Comptes Extérieurs
 Exportations de Biens (fob, milliards US$ courant)                        6,6         4,3         8,3         10,0           8,6            10,0
   dont Produits Miniers et Pétrole (milliards US$ courant)                6,2         4,1         8,1          9,7           8,4             9,8
 Importations de Biens (fob, milliards US$ courant)                       -6,7        -4,9        -7,5         -9,3          -8,7           -10,1
 Solde du Compte Courant (% du PIB)                                    -10,6%       -7,8%       -4,9%        -5,9%         -8,0%          -10,1%
 Investissements Directs Etrangers (milliards US$ courant)                1,81        1,19        1,50         1,67          2,17            2,22
 Population, Emploi et Pauvreté
 Population, Total (millions)                                            58,82       60,49       62,19       63,93         65,71           67,50
 Croissance de la Population (annuel %)                                  2,8%        2,8%        2,8%        2,8%          2,7%            2,7%
 Espérance de Vie à la Naissance (années)                                47,56       47,80       48,07       48,37         48,71           49,96
 Pour Mémoire :
 Indice de Développement Humain                                          0,307       0,310       0,319       0,323         0,333           0.338
 Sources : IDS & WDI Central (2013), Estimations du FMI et Projections & Calculs du personnel de la Banque Mondiale                                 21
LES DéFIS ET LES OPPORTUNITéS DE LA RDC




                                                                                                deuxième PARTIE
A LA LUMIèRE DEs RéSULTATS DE L’ENQUêTE
DES MéNAGES
Infrastructures, Mines, éducation et Santé :
des synergies et des opportunités en attente
d’une gestion publique efficace

                                 MESSAGES PRINCIPAUX

 •	 Les synergies entre infrastructures, mines et indicateurs sociaux soulignent la nécessité
    d’une action publique intégrée pour améliorer les indicateurs du développement
    humain.
 •	 L’infrastructure routière accroit l’accessibilité des communes, y compris aux services
    sociaux, et permet l’amélioration du niveau de vie, soulignant ainsi l’importance de
    l’investissement public.
 •	 Les mines ont un effet ambivalent : elles permettent une hausse du niveau de vie, mais
    peuvent générer aussi beaucoup d’externalités négatives, d’où l’importance du rôle
    régulateur de l’Etat.




                                                                                                23
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                               2ème édition - Décembre 2014




     50.	 Le défi de la restauration de la cohésion                              52.	 L’enquête des ménages de 2012 a permis
     sociale en RDC se présente dans le contexte d’une                           d’examiner les indicateurs sociaux et de revenus
     société affectée par des taux de pauvreté élevés                            et d’explorer le rôle des activités minières et de la
     avec d’importants retards de développement.                                 présence d’infrastructures, notamment les routes.
     La fragilité et la fragmentation sociale de la RDC se                       L’enquête des ménages de 2012, dite enquête 1-2-
     dessinent sur fond de pauvreté touchant la plus grande                      3, couvre un échantillon de plus de 23.000 ménages
     partie de la population. Le Revenu National Brut (RNB)                      et donne ainsi des résultats significatifs aux niveaux
     par tête calculé selon la méthode Atlas n’a pu dépasser                     national, provincial, et même au niveau des 26 régions
     400 dollars US en 2013, d’après les comptes nationaux                       prévues par la constitution. Cette enquête révèle les
     révisés. La population de la RDC, estimée à 67 million                      caractéristiques socio-économiques de la population
     d’habitants, est parmi les plus pauvres du monde.                           et les facteurs derrières ces caractéristiques. Ainsi
     Plus de 63,7%17 de la population vit en dessous du                          par exemple, en affectant l’accessibilité aux écoles et
     seuil de pauvreté et 14% des pauvres de l’Afrique Sub-                      services médicaux, l’infrastructure routière joue un rôle
     Saharienne (ASS) vivent en RDC.                                             indirect mais important dans l’évolution des indicateurs
                                                                                 sociaux. Aussi, bien que l’activité minière ait un impact
     51.	 Tous les indicateurs du développement                                  positif sur le niveau de vie des ménages, ses retombées
     humain sont à des niveaux très modestes et l’IDH                            en termes de bien-être social sont ambivalentes, avec
     pour 2013 place la RDC au 186ème rang sur 187 pays.                         beaucoup d’externalités négatives (érosion, travail
     Ceci est vrai pour les indicateurs de santé, d’éducation,                   des enfants, etc.) mentionnés par les communautés
     de morbidité, etc. L’espérance de vie à la naissance est                    concernées.
     de 50 années en 2013. En 2012, la mortalité infantile
     se situait à 100 pour 1.000 et la mortalité pour les                        53.	 L’enquête permet d’identifier quelques
     enfants de moins de 5 ans était de 146 pour 1.000. Le                       aspects relatifs à la situation des femmes et de les
     taux de mortalité des femmes à l’accouchement                               relier à certaines externalités, notamment celles
     restait élevé à 540 pour 100.000 naissances en                              dues à la présence d’infrastructures. L’enquête a mis
     2010. Les raisons de cette morbidité élevée sont                            en exergue les différences liées au genre ainsi que les
     multiples et comprennent entre autres la faiblesse                          synergies entre infrastructures et indicateurs sociaux.
     des infrastructures, l’omniprésence du paludisme,                           Ainsi, le temps alloué à la scolarisation par les filles
     l’insuffisance des précautions prises face aux maladies                     semble être affecté, entre autres, par les corvées d’eau,
     infectieuses transmissibles, la malnutrition, et les décès                  elles-mêmes liées à la difficulté d’accès à l’eau courante.
     liés à la grossesse. Bref, la RDC est loin d’atteindre les                  Les paragraphes qui suivent vont permettre d’explorer
     OMD18 et se trouve particulièrement en retard sur les                       une partie du potentiel de l’enquête 1-2-3 qui ne sera
     OMD 4, 5, et 619.                                                           complètement exploité que dans le cadre d’un travail
                                                                                 analytique futur approfondi sur la pauvreté.




     17	 Source : calculs des équipes de la Banque Mondiale. Ce résultat est
         très proche de celui de l’INS (63,4%) qui reste sujet à modification.
         En effet, l’INS note qu’« un rapport d’analyse approfondie de
         la pauvreté est en préparation dans le cadre de la publication
         détaillée des résultats sur la pauvreté et la consommation des
         ménages avec la Banque Mondiale et les autres partenaires. Des
         ajustements méthodologiques pourraient être faits sur le calcul
         des agrégats » (INS, 2014, page 100).
     18	 Voir : http://hdr.undp.org/sites/default/files/Country-Profiles/COD.
         pdf

24
24   19	 Respectivement : Réduire la mortalité infantile, améliorer la santé
         maternelle, et combattre les maladies.
                   Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




                           Encadré 5.1 : L’Enquête 1-2-3 – Principes et Méthodologie


L’enquête 1-2-3 est une enquête nationale auprès de 23.000 ménages. Elle est scindée en trois phases. La
première phase (phase 1) porte sur l’emploi, le chômage et les conditions d’activités des ménages. La deuxième
phase (phase 2) consiste à réaliser une enquête spécifique auprès des chefs des unités informelles sur leurs
conditions d’activité, leurs performances économiques, leur mode d’insertion dans le tissu productif et leurs
perspectives. La troisième phase (phase 3) est une enquête sur la consommation des ménages en vue d’estimer
leur niveau de vie, l’importance des activités agricoles et leur impact sur l’environnement.

L’objectif principal de l’enquête est de permettre le suivi des conditions de vie des ménages et du fonctionnement
du monde du travail. Elle permet d’établir le profil de pauvreté et de mettre à jour les indicateurs des OMD. De
façon spécifique, il s’agira de :
  -	 Estimer le montant et étudier la répartition des dépenses de consommation des ménages pour évaluer
     leur niveau de vie ;
  -	 Fournir un complément à la comptabilité nationale en établissant les comptes de production et de répar-
     tition du secteur informel ;
  -	 Comprendre les comportements productifs des agents du secteur informel ;
  -	 Analyser le mode d’insertion du secteur informel dans le système productif local ;
  -	 Réaliser des études sectorielles (santé, éducation, nutrition, secteur informel, etc.).

La structure du plan de sondage est adaptée à une enquête auprès des ménages avec un échantillon représentatif
au niveau national. Elle comprend deux strates : la première strate, qui comprend les 26 nouvelles provinces ou
anciens districts et la deuxième strate qui comprend trois catégories : Ville, Cité et Milieu Rural. Le milieu urbain
(Ville et Cité) est subdivisé en quartiers et le milieu rural est subdivisé en secteurs.




                                                                                                                                             25
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                 2ème édition - Décembre 2014




     5. Infrastructure routière et activités minières : Déterminants
        parmi d’autres variables du niveau de vie des ménages

     54.	 La pauvreté a diminué de 71% à 63% mais                  dans des communes ayant une activité minière, contre
     les disparités de revenus et de dépenses entre les            18% des ménages les moins riches. Cependant, toutes
     zones rurales et urbaines persistent. L’enquête 1-2-          choses égales par ailleurs, la présence d’une activité
     3 montre une baisse de la pauvreté jusqu’à 63,7% en           minière dans une commune a peu d’effet sur le niveau
     2012, comparé à 71% en 2005. La disparité entre zones         de vie de l’ensemble des ménages vivant dans cette
     rurales et urbaines reste cependant importante. Ainsi,        commune. Ainsi, alors que les ménages impliqués dans
     la dépense moyenne n’est qu’à 67% de la dépense               l’activité minière profitent de revenus plus élevés, les
     nationale en milieu rural, contre 160% en milieu              externalités négatives de cette activité tirent vers le bas
     urbain. En somme, la dépense moyenne en milieu                le revenu des autres ménages.
     urbain est plus que le double de son niveau en milieu
     rural. La pauvreté en milieu urbain touche 62% de la          57.	 La cohabitation d’un effet positif sur la dispo-
     population alors qu’en milieu rural, elle affecte 65% de      nibilité d’infrastructures sociales et routières et de
     la population20.                                              hauts niveaux d’externalités négatives souligne
                                                                   encore plus l’ambivalence des activités minières.
                                                                   Ainsi, 10% des communes ayant une entreprise minière
                                                                   sur leur territoire déclarent que les sociétés minières
     5.1. Les transports routiers ont un
                                                                   ont construit des écoles, 9% qu’elles offrent les services
          impact positif sur le bien-être                          d’un centre de santé, et 10% qu’elles ont construit des
          des ménages                                              routes (voir Tableau 5.1). Ces taux sont tous plus élevés
                                                                   en milieu urbain et semi-urbain qu’en milieu rural. Cela
     55.	 La disponibilité de transports routiers affecte          serait dû au fait que les activités minières au niveau des
     positivement le niveau de vie des ménages sous                communautés rurales sont plutôt artisanales, mais aussi
     contrôle des autres variables. Toutes choses égales           parce que le poids politique et médiatique des villes et
     par ailleurs, les dépenses par équivalent-adultes sont        cités incite les entreprises minières à y concentrer leurs
     24,6% plus élevées pour un ménage vivant dans une             actions sociales. Mais plus d’infrastructures sociales
     communauté accessible par une route praticable en             ne conduit pas forcément à de meilleurs résultats
     toute saison. Ainsi, la disponibilité d’une infrastructure    sociaux. Ces derniers peuvent en effet être neutralisés
     routière est un facteur de promotion du niveau de vie         par l’ampleur des externalités négatives de l’activité
     des ménages, d’où l’importance de l’investissement            minière.
     public dans ce secteur. En effet, la disponibilité des
     transports facilite non seulement la circulation des
     individus et des marchandises, mais aussi facilite l’accès
     des ménages aux services sociaux, comme l’éducation
     et la santé (voir Section 6 ci-dessous).



     5.2. Les activités minières : Manne ou
          Malédiction ?

     56.	 Les ménages vivant dans les communes du
     pays disposant d’une activité minière subissent
     des effets ambivalents sur leur niveau de vie. Les
     activités minières revêtent une importance particulière
     en RDC. En effet, 14% des communes de la RDC déclarent
     avoir une activité minière. Ce taux atteint 19% pour
     les communautés rurales et souligne une particularité
     importante du pays, car il est peu probable de trouver
     un autre cas dans le monde ou une communauté rurale
     sur cinq déclare avoir une activité minière. Ainsi, 25%
     des ménages ruraux les plus riches déclarent vivre


26
26   20	 Source : op.cité, note No 17, page 33, (INS, 2014).
                       Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




           Tableau 5.1 : Services fournis par les Mines dans les communes ayant une activité minière -
                            Pourcentage des communes ayant répondu Oui à la question de savoir
                                si les entreprises minières fournissent le Service mentionné


 Infrastructure                                                  Urbain             Semi-Urbain                 Rural              National
 Ecole                                                             21,4                   24,0                    3,2                  10.2
 Centre de santé                                                   21,4                   20,0                    2,1                   8,8
 Routes                                                            10,7                   20,0                    6,4                   9,5
 Electricité                                                       21,4                   28,0                    2,1                  10,2
 Eau                                                               21,4                   20,0                    4,3                  10,2
 Maisons                                                           17,9                   20,0                    5,3                  10,2
 Autres services                                                   3,6                     8,0                    0,0                   2,0
Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.



         Tableau 5.2 : Problèmes causés par les Mines dans les communes ayant une activité minière -
                          Pourcentage des communes ayant répondu Oui à la question de savoir
                                   si les Mines ont causé le problème mentionné


 Problèmes                                                       Urbain             Semi-Urbain                 Rural               National
 Maladies                                                         67,9                    36,0                   25,5                  35,4
 Décès                                                            67,9                    32,0                   22,3                  32,7
 Travail des Enfants                                              78,6                    60,0                   29,8                  44,2
 Déperdition Scolaire                                             82,1                    48,0                   34,0                  45,6
 Glissement de Terrain                                            35,7                    36,0                   10,6                  19,7
 Erosion                                                          67,9                    36,0                   12,8                  27,2
 Pollution de l'Environnement                                     71,4                    44,0                   19,2                  33,3
 Insécurité                                                       67,9                    20,0                   16,0                  26,5
 Prostitution                                                     82,1                    64,0                   38,3                  51,0
 Conflit                                                          64,3                    24,0                   29,8                  35,4
Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.



58.	 L’activité minière génère en effet d’impor-                           Ces externalités négatives semblent beaucoup plus
tantes externalités négatives qui semblent neutra-                         importantes en milieu urbain qu’en milieu rural où
liser, voire dépasser leur impact en terme de                              le taux de réponses positives est partout largement
provision de services sociaux. Les communautés                             inférieur à la moyenne nationale. L’importance des
qui disposent d’activités minières sur leur territoire                     externalités négatives suggère que l’activité minière
affichent un niveau substantiel de nuisances sanitaires                    accentue les inégalités. Ainsi, les ménages impliqués
et sociales causées par ces dernières. En effet, les activités             dans l’activité minière seraient mieux lotis, alors que
minières sont présentées comme causes de maladies,                         le reste des ménages se trouverait en train de subir
de décès, de travail des enfants, et de déperdition                        les externalités négatives de cette activité. Ce résultat
scolaire par respectivement 35%, 33%, 44% et 46%                           préliminaire appelle à une analyse approfondie de
des communautés. Le Tableau 5.2 ci-dessus résume                           l’ensemble des effets de l’activité minière sur le bien-
l’ensemble des réponses sur la question à propos des                       être des ménages.
problèmes causés par les mines. Ainsi, alors que 10 %
des communes déclarent que les mines fournissent
des services scolaires (Tableau 5.1), 44% et 45% des
communes associent l’activité minière au travail des
enfants et à la déperdition scolaire, respectivement.                                                                                            27
          Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                       2ème édition - Décembre 2014




     6. Développement humain et accessibilités financières
        et physiques aux services sociaux

     6.1. Une dichotomie rural-urbain                                   rural. Cependant, alors que le recours à la médecine
                                                                        moderne est similaire entre villes et campagnes, la
          presque inexistante au niveau
                                                                        différence réside au niveau du type de médecine
          des services sociaux de base                                  moderne utilisée. En effet, les ruraux ont beaucoup
                                                                        moins accès aux médecins que les urbains et comptent
     59.	 La dichotomie rural-urbain dans le secteur                    plus sur les infirmiers. Ainsi, 35% des malades urbains
     de la santé ne se situe pas au niveau de l’usage                   ont consulté un médecin contre 12,9% des malades
     de la médecine moderne ou traditionnelle, mais                     ruraux (voir Tableau 6.1). Aussi, 70% des malades ruraux
     au niveau du type de médecine moderne utilisée.                    ont recours aux centres et postes de santé comme
     En effet, 89% des malades ayant consulté ont utilisé               premier lieu de consultation contre 40% en milieu
     la médecine moderne et ont été chez un médecin ou                  urbain. Enfin, 49% des malades urbains ont accès à un
     un infirmier en milieu urbain et 86% ont fait de même              hôpital public ou privé et à une clinique contre 20% des
     en milieu rural. Seulement 1,3% des personnes ayant                malades ruraux.
     consulté en milieu urbain ont été auprès d’un guéris-
     seur, un marabout ou un féticheur, et 2,3% en milieu


                     Tableau 6.1 : Répartition des malades en fonction du type de services médicaux
                                                 utilisés et du milieu d’habitation



      Personne consultée pour la première fois                               Urbain                Rural                  National

      Médecin                                                                   34,9                12,9                        20,0
      Infirmier(ère)                                                            54,3                73,0                        67,0
      Sage-femme                                                                  0,1                 0,3                         0,2
      Agent de santé                                                              1,1                 3,1                         2,4
      Pharmacien                                                                  6,0                 3,9                         4,6
      Autre personnel moderne                                                     1,3                 3,2                         2,6
      Guérisseur/tradipraticien                                                   1,3                 2,1                         1,8
      Marabout/féticheur                                                          0,0                 0,2                         0,1
      Autre                                                                       1,2                 1,4                         1,3
      Total                                                                    100,0               100,0                       100,0

     Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.




     60.	 La dichotomie urbain-rural n’est pas non plus                 religieuses, qui gèrent les écoles publiques sous
     perceptible au niveau de l’éducation primaire, mais                convention avec l’Etat, permettant ainsi de maintenir
     se creuse en faveur du monde urbain avec le niveau                 le réseau d’écoles sur tout le territoire. Cependant, les
     d’éducation. Les données de l’enquête 1-2-3 montrent               enfants du monde rural sont défavorisés en termes
     que le taux brut de scolarisation en 2011-2012 dans                d’accès au secondaire, et cela est dû à la fois à la
     le primaire atteignait 109% en milieu urbain et 100%               disponibilité du service et à sa charge financière.
     en milieu rural. Pour le premier cycle du secondaire,
     ces taux sont de 79% et 57% et pour le dernier cycle
     du secondaire, ils sont de 74% et 45% respectivement.
     Ainsi, les différences d’accès à l’éducation primaire sont
     négligeables voire inexistantes entre milieu urbain
     et rural. Cela dénote la décentralisation de-facto du
28
28   système éducatif avec l’implication des communautés
                          Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




6.2. L’accessibilité financière, obstacle                                     6.3. L’accessibilité physique aux
     majeur à l’utilisation des services                                           infrastructures sociales : Problèmes
     de santé et de scolarisation                                                  de disponibilité et de facilité d’accès

61.	 La contrainte financière est un obstacle                                 63.	 L’accessibilité physique exerce une certaine
important qui rend la médecine, aussi bien moderne                            contrainte à l’usage des services médicaux par les
que traditionnelle, hors de portée pour 12% des                               ménages. L’éloignement de l’infrastructure médicale
malades. En effet, 34% des personnes ayant eu un                              est invoqué comme cause de non-consultation dans
problème de santé ont déclaré ne pas avoir consulté un                        3,3% des cas au niveau national (1,2% en milieu urbain
service de santé, un guérisseur ou un marabout. Parmi                         et 4,2% en milieu rural). Ainsi, plus de 1% des malades
ceux-là, 35% mettent le coût élevé de la consultation                         congolais n’ont pas d’accès physique aux infrastructures
en tête des raisons de non-consultation, avec peu de                          médicales. Parmi les individus ayant consulté en milieu
différence entre le milieu urbain (33%) semi-urbain                           rural, 25% ont déclaré avoir parcouru plus de 5 km pour
(32%) et rural (35%). Parmi les 66% de personnes ayant                        atteindre le lieu de première consultation, contre 9%
consulté, 62% invoque le coût élevé de la consultation                        en milieu urbain. Les infrastructures médicales existent
comme un des principaux problèmes confrontés lors de                          en moyenne à une distance variant entre 5 km (centre
la visite, juste après l’inefficacité du traitement (65%)                     de santé) et 28 km (hôpital public). En milieu urbain
et l’absence de médicament (64%). En somme, entre                             cette marge est de 3-17 km et en milieu rural elle est de
personnes n’ayant pas consulté car le coût est très                           8-42 km. Le temps mis pour atteindre ces infrastructures
élevé, et celles qui ont trouvé le coût élevé lors de la                      varie entre 66 minutes (centre de santé) et 148 minutes
consultation, les services de santé sont considérés trop                      (hôpital public) au niveau national. En milieu urbain
chers par 52% des malades.                                                    cette marge est de 66-115 minutes et en milieu rural
                                                                              elle est de 67-203 minutes22.
62.	 Malgré la charge financière de l’éducation qui
représente une portion importante des dépenses                                64.	 La contrainte d’accessibilité physique parait
des ménages, ces derniers consentent à faire des                              être moins forte dans le cas de la scolarisation, avec
sacrifices pour l’enseignement de leurs enfants.                              cependant un temps de déplacement relativement
Les chiffres disponibles montrent que plus de 90%                             long pour accéder aux écoles. L’éloignement de
des individus inscrits dans les écoles et universités de                      l’infrastructure scolaire est invoquée comme obstacle
la RDC paient des frais de scolarité et assimilées, quel                      à la fréquentation scolaire dans seulement 0,4% des
que soit le type de gestion de l’établissement (public                        cas au niveau national (0,2% en milieu urbain et 0,5%
non-conventionné, public conventionné ou privé). Ces                          en milieu rural). Aussi, la distance moyenne à l’école
données suggèrent que, à la différence du cas de la                           ne semble pas excessive. Ainsi, si nous prenons le cas
santé, la très grande majorité des ménages consentent                         des écoles primaires, la distance moyenne à parcourir
à supporter les charges financières nécessaires pour                          pour atteindre l’école est de 1,6 km au niveau national
assurer l’éducation de leurs enfants. Et ces charges                          (1,1 km en milieu urbain et 2,3 km en milieu rural).
sont relativement lourdes pour une population en                              Cependant, le temps passé pour atteindre l’infrastructure
majorité pauvre. En effet, au niveau national, les                            est trop long, atteignant près d’une heure avec peu de
frais scolaires représentent en moyenne 10,3% des                             variations entre la ville et la campagne23. Ce temps de
dépenses non-alimentaires des ménages et 3,8% du                              transit important souligne à la fois la mauvaise qualité
total des dépenses21. Ces ratios augmenteraient de                            des routes et l’insuffisance et/ou la mauvaise qualité
40% si on ajoute les autres dépenses sur l’éducation, y                       des moyens de transports. Dans le cas des villes, de
compris le transport, l’uniforme et les autres dépenses.                      sérieux problèmes de circulation semblent être la raison
Par conséquent, sur les 24% d’enfants en âge scolaire                         d’un temps de transit équivalent à celui de la campagne
qui n’ont jamais été à l’école ou l’ont abandonnée                            alors que la distance à parcourir est inférieure de moitié.
en 2011/2012, un peu moins de la moitié (soit 11%)                            Ce résultat est d’autant plus important que les frais de
n’ont pas été scolarisés en raison de l’impossibilité de                      transports scolaires représentent 0,8% des dépenses
supporter la charge financière.                                               non-alimentaires des ménages urbains.




                                                                              22	 Source : Calcul des équipes de la Banque Mondiale sur la base
                                                                                  des données de l’enquête 1-2-3. Les résultats en intervalles et
                                                                                  moyennes sont cohérents avec les calculs plus détaillés effectués
21	 Source : Calculs des équipes de la BM, tous cycles confondus. Les             par l’INS, page 55 (INS, 2014).
    mêmes ratios pour l’INS sont respectivement de 5,4% et 1,8%,              23	 Source : op.cit., note No 22. Les résultats présentés en moyennes
    reflétant ainsi une différente méthodologie de calcul de la dépense
    d’éducation (INS, 2014, page 119).
                                                                                  sont cohérents avec les calculs plus détaillés effectués par l’INS,
                                                                                  page 54.
                                                                                                                                                        29
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     6.4. La scolarisation comme vecteur
          de promotion socio-économique

     65.	 La scolarisation a un impact important sur                    dans le cas de la RDC (voir Graphique 6.1). En effet, les
     le niveau de revenu des individus, et donc sur la                  données disponibles de l’enquête 1-2-3 montrent que
     réduction de la pauvreté. La part des diplômés dans                56% des individus qui gagnent un salaire mensuel
     les catégories de haut revenu est particulièrement                 de plus de 230.000 FC par mois ont fait des études
     importante, alors que les individus de faibles revenus             supérieures. A l’autre extrême, 70% des individus
     n’ont généralement pas fait d’études ou se sont arrêtés            gagnant moins de 30.000 FC n’ont jamais fait d’études
     au niveau primaire. Cette réalité est aussi perceptible            ou n’ont pas dépassé le primaire.




              Graphique 6.1 : Composition des catégories de salaires par niveau d’éducation des individus




     Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.




     66.	 La scolarisation est un phénomène endogène,                   d’années d’études à leurs enfants est aussi lié au fait
     à savoir que les enfants vivant dans un ménage                     que ces mêmes familles ont plus de moyens financiers.
     où le chef a un niveau d’instruction élevé ont                     Ainsi, nous retrouvons le poids important en RDC de la
     plus de chance de faire des études que les autres.                 charge financière de la scolarisation, qui constitue un
     L’expérience internationale montre que les enfants                 obstacle à une plus longue scolarisation notamment
     nés dans des familles de diplômés ont tendance à                   des plus pauvres. La scolarisation semble créer un cercle
     faire plus d’études. La RDC n’échappe pas à cette règle,           vertueux ou plus de scolarisation donne à la fois une
     (voir Graphique 6.2) avec notamment 80% des enfants                demande sociale pour encore plus de scolarisation et
     ayant fait entre 13 et 16 années d’études appartenant              aussi plus de moyens financiers pour subvenir à cette
     à des familles avec un chef de ménage ayant un niveau              demande. Le rôle de l’Etat est crucial dans la promotion
     d’étude secondaire et/ou supérieur. Aussi, 86% des                 de l’égalité des chances en finançant un enseignement
     enfants ayant fait des études supérieures appartiennent            public de qualité, notamment au profit des plus pauvres.
     aux mêmes catégories de ménages. Cependant, la plus
30
30   grande capacité des familles de diplômés à assurer plus
                        Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




67.	 Une plus grande scolarisation semble aussi                             être de nature financière et influence le recours aux
promouvoir un plus grand usage de la médecine                               services à l’intérieur même de la médecine moderne.
moderne, mais le clivage financier semble                                   En effet, ce n’est que lorsque le chef de ménage a
l’emporter sur le clivage culturel. Le recours aux                          effectué des études supérieures que la consultation
guérisseurs et féticheurs baisse de 2,5% pour les                           auprès des médecins l’emporte sur les consultations
malades vivant dans un ménage dont le chef est non                          auprès des infirmiers. Ces ménages sont ceux aussi qui
scolarisé ou possède un niveau d’éducation primaire                         ont les niveaux de revenus les plus élevés. En somme,
à 0,3% dans le cas d’un chef de ménage ayant fait des                       la population possède la culture de l’utilisation de
études supérieurs (voir Tableau 6.2). Cependant, le                         la médecine moderne, mais n’en a pas toujours les
clivage reste modeste et souligne que la population                         moyens, d’où le rôle escompté de l’Etat dans la livraison
congolaise est dans sa plus grande majorité adepte de la                    de services médicaux de qualité.
médecine moderne. Le clivage le plus important semble


     Graphique 6.2 : Niveau d’instruction du Chef de ménage et nombre d’années d’études des enfants




Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3. Les résultats montrent les mêmes tendances que
         ceux de l’INS, page 45 (INS, 2014). Les différences sont dues à deux éléments : (i) la prise en considération du nombre
         d’années d’études des enfants alors que l’INS considère le cycle ; et (ii) la prise en compte de l’ensemble de la population,
         alors que l’INS se limite aux plus de 25 ans.


               Tableau 6.2 : Relation entre éducation et utilisation des services médicaux –
   Répartition des individus utilisant les services médicaux par niveau d’instruction du Chef de ménage


 Personne consultée                                                 Niveau d'éducation du Chef de Ménage
 pour la première fois                       Non scolarisé            Primaire          Secondaire           Supérieur                Total
 Médecin                                                   16,2                16,1                20,2               48,3                    20,0
 Infirmier(ère)                                            69,2                69,7                67,3               44,4                    67,0
 Sage-femme                                                  0,2                0,3                  0,2                0,0                       0,2
 Agent de santé                                              3,0                3,0                  2,1                1,2                       2,4
 Pharmacien                                                  4,7                3,9                  5,0                3,4                       4,6
 Autre personnel moderne                                     3,0                3,2                  2,2                1,2                       2,6
 Guérisseur/tradipraticien                                   2,2                2,5                  1,5                0,3                       1,8
 Marabout/féticheur                                          0,2                0,1                  0,2                0,0                       0,1
 Autre                                                       1,3                1,3                  1,4                1,3                       1,3
 Total                                                    100,0              100,0               100,0              100,0                    100,0
Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.                                                                       31
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     7. Les différences liées au genre : Les femmes sont désavantagées
        en termes de revenus et d’accès aux services médicaux
        et à l’éducation

     7.1. Les femmes travaillent
          presque autant que les hommes
          mais gagnent beaucoup moins

     68.	 Les disparités de revenus entre hommes et                        En milieu rural, l’inégalité est plus atténuée, mais la part
     femmes sont importantes, notamment en milieu                          des hommes et femmes qui gagnent moins de 30.000
     urbain. Les personnes déclarant travailler consacrent                 FC est le double de ce qui est observé en milieu urbain.
     10 mois par an à leur emploi principal et 35 heures
     par semaine. Ces moyennes varient très peu entre
     les hommes et les femmes qui travaillent, les deux                    69.	 L’éducation améliore la rémunération des
     groupes travaillant 10 mois par an en moyenne et                      travailleurs, mais l’impact chez les femmes est
     36 heures par semaine pour les hommes contre 34                       moindre. La rémunération augmente avec le niveau
     heures pour les femmes24. Cependant, malgré un temps                  d’éducation, cependant, cela est moins vrai dans le
     presque identique passé au travail, les disparités de                 cas des femmes. En effet, alors que 47% des hommes
     rémunération entre les deux groupes sont importantes,                 ayant un niveau d’enseignement supérieur perçoivent
     notamment en milieu urbain. En effet, plus de 63%                     une rémunération mensuelle de plus de 130.000 FC, ce
     des femmes déclarent un salaire mensuel de moins                      ratio n’est que de 38% dans le cas des femmes. Aussi,
     de 30.000 FC contre 43% des hommes. Cette inégalité                   39% des hommes ayant un niveau d’enseignement
     est plus forte en milieu urbain ou la part des femmes                 supérieur gagnent plus de 150.000 FC contre seulement
     qui gagnent moins de 30.000 FC parmi les femmes qui
                                                                           32% des femmes.
     travaillent est presque le double de la part des hommes.


                Tableau 7.1 : Répartition des travailleurs par salaire mensuel, sexe et milieux d’habitation


                                                Urbain                        Rural                             National
      Tranche de salaire
      mensuel (en FC)                  Hommes         Femmes         Hommes        Femmes         Hommes         Femmes           Total

      Moins de 30.000                         22,8          45,0           55,9          70,6           43,3           62,9           53,5

      [30.000 ; 80.000]                       32,0          32,2           33,2          26,1           32,7           27,9           30,2

      [80.000 ; 130 000]                      16,0          10,1            7,4            2,6          10,7            4,8             7,7

      [130.000 ; 150.000]                      7,3            4,4           2,2            0,5            4,1           1,7             2,8

      [150.000 ; 180.000]                      5,8            2,1           0,3            0,1            2,4           0,7             1,5

      [180.000 ; 230.000]                      5,3            2,9           0,5            0,1            2,3           0,9             1,6

      Plus de 230.000                         10,8            3,3           0,4            0,0            4,4           1,0             2,6

      Total                                 100,0         100,0           100,0        100,0          100,0          100,0          100,0

     Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3. Les résultats montrent les mêmes tendances
              que ceux de l’INS, page 72 (INS, 2014), notamment s’agissant de l’écart rural-urbain et homme-femme. La différence
              principale tient au fait que les équipes de la BM ont fait le calcul en fonction des tranches de salaires mensuelles alors que
              l’INS a calculé des salaires moyens et médians.




     24	 Source : Calculs des équipes de la Banque Mondiale sur la base
         des données de l’enquête 1-2-3. Les résultats en moyenne sont
32
32       similaires à ceux présentés en temps médian par l’INS, page 69
         (INS, 2014).
                       Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




7.2. Une médecine prénatale et natale
     qui coûte chère et des résultats
     qui se font attendre

70.	 Une proportion relativement importante des                            71.	 La grossesse et l’accouchement occasionnent
femmes congolaises déclarent ne pas avoir été                              des charges financières considérables pour les
suivies lors de leur grossesse. Au niveau national,                        ménages congolais. Les ménages congolais soutien-
17% des femmes déclarent ne pas avoir été suivies                          nent des frais considérables pour le suivi de la grossesse
pendant la grossesse. Cette proportion atteint 20%                         et l’accouchement. En effet, au niveau national, le suivi
dans le monde rural et 22% chez les femmes n’ayant                         d’une grossesse représente 8% de la dépense annuel
pas fait d’études. Un examen plus détaillé montre                          moyenne et 21% de la dépense non-alimentaire.
que 52% des grossesses qui n’ont pas été suivi                             Cependant, les ménages sont loin d’y retrouver leur
n’ont pas abouti à une naissance vivante, contre                           compte car 1/5 des grossesses suivies, et donc occasion-
20% des grossesses qui ont été suivies, et cela avec                       nant des frais médicaux, n’aboutissent pas à des
peu de différence entre les milieux rural et urbain                        naissances vivantes. Aussi, ces montants élevés des
(voir Graphique 7.1). La proportion des grossesses                         dépenses jouent certainement un rôle important dans
n’aboutissant pas à une naissance atteint 25% au                           le fait que 17% des femmes n’ont pas eu recours à un
niveau national.                                                           suivi pendant leur grossesse. Enfin, l’accouchement
                                                                           représente une charge importante pour les ménages
                                                                           avec 12% du total des dépenses totales et 33% des
                                                                           dépenses non-alimentaires25.


          Graphique 7.1 : Répartition des femmes en fonction de grossesse suivie, naissance vivante
                                            et milieu d’habitation




                                                                                                                      Naissance
                                                                                                                      non vivante




                                                                                                                      Naissance
                                                                                                                      vivante




Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.




                                                                           25	 Source : Calculs des équipes de la Banque Mondiale sur la base des
                                                                               données de l’enquête 1-2-3.
                                                                                                                                                    33
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                                          2ème édition - Décembre 2014




     7.3. Aller à l’école ou chercher de l’eau                                     74.	 L’allocation du temps des filles montrent
                                                                                   que les activités ménagères et d’autres activités
          et s’occuper de sa famille ?
                                                                                   de support à la famille, s’effectuent au détriment
          Le dilemme des filles congolaises                                        de la scolarisation. Mêmes scolarisées, les filles sont
                                                                                   désavantagées par rapport aux garçons, surtout au
     72.	 L’écart du taux de scolarisation entre les filles                        secondaire (voir Tableau 7.3). En effet, pour les élèves
     et les garçons se creuse après le primaire, et l’effet                        du primaire qui étudient et effectuent des tâches
     de la dichotomie urbain-rural semble important au                             domestiques, les garçons allouent 66% de leur temps
     niveau du secondaire. Les données de l’enquête 1-2-                           aux études contre 63% pour les filles. L’écart se creuse
     3 montrent un taux brut de scolarisation au primaire                          au secondaire car les garçons continuent à allouer 63%
     similaire entre les filles et les garçons en milieu urbain.                   de leur temps aux études contre seulement 56% pour
     L’écart entre les deux sexes se creuse en milieu rural                        les filles.
     et avec l’avancement dans le cycle d’étude, comme le
     montre le Tableau 7.2. En effet non seulement le taux                         75.	 La diversion du temps au détriment des
     de scolarisation des filles au secondaire en monde rural                      études pour subvenir aux besoins en eau est un
     est inférieur à celui des garçons, mais l’écart est encore                    exemple éloquent de l’impact des déficiences
     plus important en comparaison avec les filles vivant en                       d’infrastructure sur les indicateurs sociaux. En
     milieu urbain.                                                                effet, une fille du primaire consacre 15% de son temps
                                                                                   pour chercher de l’eau, et une fille du secondaire
     73.	 L’accessibilité financière continue à être une                           consacre 16% de son temps pour cette même activité.
     raison fondamentale de la non-scolarisation des                               Pour les garçons, ces ratios sont de 14% et 13%
     filles, mais la grossesse et le mariage deviennent                            respectivement. Les différences en nombre d’heures
     une raison d’abandon pour les filles du secondaire.                           sont plus frappantes. Ainsi, une fille du secondaire
     Un examen de près du profil des filles en âge scolaire qui                    consacre 6,8 heures par semaine à chercher de l’eau,
     lors de l’enquête ont déclaré avoir abandonné l’école                         du bois et à faire le marché, alors qu’un garçon passe
     en 2011/2012 montre que 49% ont abandonné pour                                2 heures de moins par semaine à effectuer les mêmes
     des raisons financières. Cependant, 33% des filles qui                        tâches. En effet, la corvée d’eau diminuerait le temps de
     étaient en âge scolaire du deuxième cycle du secondaire                       scolarisation de 5% à 10% pour les filles au primaire et
     en 2011/2012 ont abandonné l’école pour cause de                              au secondaire. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs,
     grossesse ou de mariage. Ainsi, les raisons culturelles                       un meilleur accès des ménages à l’eau courante peut
     et sociales contribuent fortement à l’abandon de l’école                      contribuer à l’amélioration des indicateurs du secteur
     par les filles, notamment dans le secondaire, alors                           de l’enseignement et à l’équité du secteur en faveur des
     que dans le cas des garçons, les raisons financières et                       filles.
     économiques continuent à prévaloir26.


      Tableau 7.2 : Taux Brut de Scolarisation par Sexe – En fonction du cycle Scolaire et du Milieu d’Habitation27


                                                                              Urbain                        Rural                      National
      Taux Brut de Scolarisation en 2011-2012
                                                                     Garçons          Filles       Garçons          Filles       Garçons          Filles

      Primaire                                                          109            109            103             97            105            101

      Premier Cycle du Secondaire                                        82             75             69             44             74            57

      Dernier Cycle du Secondaire                                        79             69             59             30             67            47

     Source : Calculs des équipes de la Banque Mondiale sur la base des données de l’enquête 1-2-3. Les chiffres sont proches et
              les tendances sont similaires à ceux présentés par l’INS, page 41 (INS, 2014). Les différences sont dues au fait que les
              équipes de la BM ont considéré les deux cycles du secondaire séparément et à l’utilisation de pondérations différentes.


     27	 Sources : calcul des équipes de la Banque Mondiale sur la base des données de l’enquête 1-2-3. Les chiffres sont proches et les tendances sont
         similaires à ceux présentés par l’INS, page 41 (INS, 2014). Les différences sont dues au fait que les équipes de la BM ont considéré les deux cycles
         du secondaire séparément et à l’utilisation de pondérations différentes.
                                                                                    27 Source : calcul des équipes de la Banque Mondiale sur la base
                                                                                        des données de l’enquête 1-2-3. Les chiffres sont proches et les
     26	 Source : op.cité, note No 22. Les résultats sont comparables à ceux            tendances sont similaires à ceux présentés par l’INS, page 41 (INS,
         de l’INS, page 43. Les équipes de la BM se sont focalisés sur les filles       2014). Les différences sont dues au fait que les équipes de la BM ont
34
34       qui étaient en âge scolaire en 2011/2012, et plus particulièrement
         sur celles en âge scolaire du deuxième cycle du secondaire.
                                                                                        considéré les deux cycles du secondaire séparément et à l’utilisation
                                                                                        de pondérations différentes.
                         Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




            Tableau 7.3 : Allocation du temps des élèves du primaire et du secondaire qui étudient
           et effectuent des tâches domestiques - En fonction du niveau de scolarisation et du genre


                                                                              National                    Garçons                      Filles
 Allocation du Temps
                                                                         Prim.        Secon.         Prim.        Secon.        Prim.       Secon.

 Temps alloués aux études scolaires                                        64,0           59,4         65,7           63,3         62,5         55,9

 Temps alloués aux tâches domestiques, dont :                              36,0           40,6         34,3           36,7         37,5         44,1
    •	 Travaux domestiques dans sa propre maison,
                                                                           16,2           18,5         14,5           15,5         17,7            21,2
       sans rémunération
    •	 Chercher de L'eau ou du bois, faire le marché
                                                                           14,9           14,7         14,3           13,3         15,4            15,9
       pour son ménage
    •	 Construction de sa propre maison                                      1,9            2,9          2,2            3,0          1,7            2,7

    •	 Prestation de services gratuits à sa communauté                       3,0            4,6          3,3            4,9          2,7            4,2

 Total                                                                   100,0          100,0        100,0          100,0       100,0        100,0

Source : Calculs de l’équipe de la BM sur la base des données de l’enquête 1-2-3.




76.	 Il existe une causalité importante entre                                Aussi, la stratégie nationale de lutte contre les violences
la violence contre les femmes et le temps et la                              basées sur le genre notait en 2009 que « les femmes, les
distance à parcourir pour trouver l’eau. En plus de                          jeunes et petites filles parcourent de longues distances
la perte d’heure de scolarisation que provoquent les                         pour des corvées d’eau et de bois de chauffage et/
tâches ménagères et les corvées d’eau, ces dernières                         ou pour des marchés, traversant des espaces isolés et
conduisent à une plus grande exposition des filles aux                       insécurisés ». Enfin, l’ONG OBJECTIF O conclut pour l’ASS
agressions et à l’augmentation de la violence contre                         que : « donner accès à l’eau potable par l’installation de
les femmes. L’enquête 1-2-3 ne permet pas de mesurer                         structures d’approvisionnement (tels que les puits, les
cette causalité entre corvée d’eau et exposition aux                         pompes, etc.), c’est améliorer le quotidien et la condition
agressions, néanmoins plusieurs rapports officiels et                        des femmes en contribuant à l’acquisition de leur
des ONG la confirment. En effet, l’ONG Congolaise AFEDE                      indépendance et en leur offrant des perspectives d’ave-
dans son rapport 2007-2008 appelait à se mobiliser                           nir »29. Ainsi, pour la RDC, investir dans le secteur de
« … afin d’améliorer les conditions de vie des femmes, des                   l’eau est aussi un investissement dans la scolarisation,
filles et des petites filles qui sont la proie des agressions                la sécurité et le bien-être des filles.
sexuelles lors de la corvée de l’eau ... »28.




28	 Voir : http://www.afede.net/                                             29	 Voir : http://www.objectifo.org/leau-ressource-des-femmes/
                                                                                                                                                          35
CONCLUSIONS PRINCIPALES




                                           troisième PARTIE
Briser le cercle vicieux de la fragilité




                                           37
           Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                     2ème édition - Décembre 2014




     77.	 Les défis qu’affronte la RDC sont de nature                   80.	 La mobilisation des recettes des secteurs
     structurelle et couvrent un large spectre de domaines              des ressources naturelles est indispensable
     économiques et sociaux interdépendants. La RDC se                  pour financer le développement à long terme
     trouve confrontée à des problèmes de compétition pour              et maintenir la stabilité macroéconomique. La
     l’utilisation des richesses du sol et du sous-sol qui sont         stabilité macroéconomique est un acquis auquel le
     devenus sources de fragilité et de conflits sur fond de            Gouvernement s’attache à juste titre. En effet, l’Histoire
     pauvreté et de grands retards dans le développement.               de la RDC montre le coût économique que peuvent
     La fragilité est devenue un phénomène autoentretenu                engendrer des déséquilibres macroéconomiques d’une
     ou les griefs suscitent des violences qui génèrent                 grande ampleur. Cependant, contrôler les déficits en
     d’autres griefs, notamment liés aux déplacements, qui              compressant les dépenses sociales et d’infrastructure
     deviennent à leur tour source de nouvelles violences.              aurait des conséquences néfastes sur le long terme.
                                                                        Aussi, miser sur l’aide internationale ne peut qu’être
     78.	 Briser le cercle vicieux exige une présence de                transitoire par définition. La solution pour la RDC
     l’Etat, sous forme sécuritaire, mais aussi pour créer              réside dans une meilleure mobilisation des recettes
     des opportunités de développement durable pour                     domestiques, notamment celles provenant du secteur
     la population. La résolution des problèmes de fragilité            des ressources naturelles. Cette mobilisation ne peut se
     endémique ne peut se faire sans l’intervention de l’Etat, et       faire sans une réforme du cadre légale et institutionnel
     cette intervention exige : (i) la définition d’une stratégie       du secteur des ressources naturelles.
     de développement de long terme avec des objectifs
     clairs sur les court, moyen, et long termes ; (ii) la mise         81.	 La RDC dispose des ressources potentielles
     en place des institutions nécessaires pour la conduite de          pour son développement, et le soutien interna-
     la stratégie et l’atteinte des objectifs ; et (iii) la mise à la   tional ne devrait être qu’un catalyseur permettant
     disposition du Gouvernement des ressources humaines                d’initier les politiques nécessaires. Les ressources
     et matérielles pour faire fonctionner les institutions et          naturelles et l’activité minière, aussi bien aux niveaux
     financer les programmes de développements.                         macroéconomique que microéconomique, artisanal et
                                                                        industriel, sont des sources de promotion économique
     79.	 Pour maximiser l’impact de l’intervention de                  et sociale. L’extraction industrielle devrait mettre des
     l’Etat, il convient de regarder les indicateurs sociaux            recettes importantes à la disposition de l’Etat pour
     et de revenus qui montrent les pistes optimales                    financer ses programmes de développement. La
     d’intervention. La récente enquête 1-2-3 est riche                 prospection artisanale pourrait être source d’emplois
     en enseignement. En effet, elle montre que l’activité              et de revenus pour la population locale et devrait
     minière artisanale est répandue en RDC et qu’elle a un             dynamiser l’économie locale. L’éducation, la santé,
     impact positif sur l’emploi. Cependant, les externalités           et l’infrastructure sont des conditions nécessaires
     négatives sont importantes et exigent l’intervention de            pour relancer une dynamique positive de croissance
     l’Etat en termes de régulation pour maximiser les effets           et de développement. A ce niveau, l’engagement
     positifs pour les communes ayant des activités minières.           du Gouvernement est crucial. Les bailleurs de fonds
     L’enquête montre aussi que l’enseignement et la santé              peuvent jouer le rôle de catalyseur pour la mise en
     coûtent chers à la population. Les résultats des OMD               place des programmes et former les structures capables
     restent toutefois faibles, ce qui suggère non seulement            de les mener à bien sur le long terme. Ceci est vrai pour
     la nécessité de plus de financement public, mais aussi             les infrastructures et les secteurs sociaux, mais aussi
     d’une meilleure utilisation de ces financements pour               pour d’autres projets tels les pôles de croissance et la
     fournir des services de qualité à la population. Enfin,            reconstruction de l’Est. 
     l’enquête montre que les infrastructures exercent
     un rôle positif sur les indicateurs sociaux. Ainsi, de
     meilleures routes faciliteraient à la fois l’accès aux
     services médicaux et aux écoles. Aussi, les corvées
     d’eau, dues à l’absence d’eau courante, réduisent le taux
     de participation scolaire, notamment des filles.




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           Renforcer l’Etat et Transformer la Richesse Minière en Vecteur de Croissance, de Développement et de Cohésion Nationale




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          Rapport de Suivi de la Situation Economique et Financière 	                                 2ème édition - Décembre 2014




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