BANQUE MONDIALE Groupe d'Evaluation Indépendant 41790 L'appui de la Banque à l'agriculture en Afrique subsaharienne Examen de l'IEG GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE OEUVRER POUR UN MONDE SANS PAUVRETÉ Le Groupe de la Banque mondiale comprend cinq institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), la Société financière internationale (IFC), l'Association internationale de développement (IDA), l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Sa mission est de lutter contre la pauvreté pour obtenir des résul- tats durables et d'aider les populations à se prendre en charge et à maîtriser leur environnement par la fourniture de ressources, la transmission de connaissances, le renforcement des capacités et la mise en place de partenariats dans les secteurs public et privé. LE GROUPE INDÉPENDANT D'ÉVALUATION RENFORCER L'EFFICACITÉ DU DÉVELOPPEMENT EN PROCÉDANT EN TOUTE INDÉPENDANCE À DES ÉVALUATIONS DE QUALITÉ Le Groupe indépendant d'évaluation (IEG) est une unité indépendante au sein du Groupe de la Banque mondiale. Elle comprend trois entités : l'IEG-Banque mondiale est chargé de l'évaluation des activités de la BIRD (Banque mondiale) et de l'IDA, l'IEG-IFC se consacre principalement à l'évaluation du travail de l'IFC sur le développement du secteur privé et l'IEG-MIGA s'occupe de l'évaluation des projets bénéficiant de la garantie et des services de la MIGA. L'IEG rend compte aux Administrateurs de l'institution par l'intermédiaire du Directeur général chargé de l'évaluation. Les évaluations visent à tirer les leçons de l'expérience, à fournir des données objectives à partir desquelles évaluer les résultats du travail du Groupe de la Banque et à rendre compte de la réalisation des objectifs fixés par l'institu- tion. L'IEG contribue également à améliorer l'action de la Banque en tirant et en diffusant les leçons de l'expérien- ce et en formulant des recommandations à partir des conclusions de ses évaluations. B A N Q U E M O N D I A L E -- G R O U P E I N D É P E N D A N T D ' É V A L U A T I O N L'appui de la Banque à l'agriculture en Afrique subsaharienne Examen de l'IEG 2007 Banque mondiale http://www.worldbank.org/ieg Washington ©2007 The International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Site web : www.worldbank.org Courriel : feedback@worldbank.org Tous droits réservés 1 2 3 4 5 10 09 08 07 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale. Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont présentées ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque mondiale ou des pays qu'ils représentent. La Banque ne garantit pas l'exactitude des données contenues dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent document n'impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d'un territoire quelconque et ne signifient nullement qu'elle reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de cette publication fait l'objet d'un dépôt légal. Aucune partie de la présente publication ne peut être reproduite ou transmise sans l'autorisation préalable de la Banque mondiale. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale encourage la diffusion de ses études et, normalement, accorde sans délai l'autorisation d'en reproduire des passages. Pour obtenir cette autorisation, veuillez adresser votre demande en fournissant tous les renseignements nécessaires, par courrier, au Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, États-Unis ; téléphone : 978-750-8400 ; télécopie : 978-750-4470 ; site web : www.copyright.com. Pour tout autre renseignement sur les droits et licences, y compris les droits dérivés, envoyez votre demande par courrier à l'adresse suivante : Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, États-Unis ; par télécopie : 202-522-2422 ; ou par courriel : pubrights@worldbank.org. Photographie de couverture : Au Mozambique, une femme prépare le sol pour les semailles. Photographie d'Eric Miller reproduite avec l'aimable autorisation de la Banque mondiale. ISBN: 978-0-8213-7595-2 e-ISBN: 978-0-8213-7596-9 DOI: 10.1596/978-0-8213-7595-2 Service d'information et de documentation de la Banque mondiale Groupe indépendant d'évaluation Courriel : pic@worldbank.org Programmes de connaissances et renforcement Téléphone : 202-458-5454 des capacités d'évaluation (IEGKE) Télécopie : 202-522-1500 Courriel : eline@worldbank.org Téléphone : 202-458-4497 Télécopie : 202-522-3125 Imprimé sur du papier recyclé Table des matières vii Abréviations ix Remerciements xi Avant-propos xiii Préface xv Synthèse xxiii Réponse de la direction xxix Rapport de synthèse du Président : Comité pour l'efficacité du développement (CODE) xxxv Aperçu de l'évaluation en quelques langues 1 1 Introduction 3 Le rôle de l'agriculture en Afrique 5 Objet de l'étude 5 Portée de l'étude 6 Méthodologie 7 2 L'agriculture africaine et la Banque 9 Le secteur agricole en Afrique 11 L'architecture de l'aide pour l'agriculture en Afrique 12 L'approche stratégique de la Banque mondiale 15 Principaux obstacles au développement de l'agriculture en Afrique 21 3 Le soutien de la Banque à l'agriculture, et la performance du portefeuille 23 Les travaux d'analyse 26 Activités de conseil 26 Les prêts 29 Performance globale des projets agricoles 33 4 Principaux facteurs de performance 35 Facteurs endogènes (internes à la Banque) 42 Les facteurs propres aux pays i i i L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E 51 5 La contribution de la Banque -- évaluation par thème 53 Diversité agro-écologique 54 Variabilité des précipitations et sécheresses 58 Fertilité des sols 64 Crédit et financements ruraux 65 L'infrastructure des transports 67 Vulgarisation 71 Les réformes agraires 73 Réforme des prix et de la commercialisation 79 6 Conclusions et recommandations 81 Principales conclusions 83 Recommandations 85 Annexe 87 A: Méthodologie Les annexes suivantes sont disponibles en anglais sur le site Web de l'IEG : http://www.worldbank.org/ieg 81 B: Categorization of Countries by Factor Endowments and Agriculture's Share of GDP 85 C: Agro-Ecological Diversity, Production Systems, and Growth Rates of Food and Cash Crops 89 D: The Bank Portfolio and Its Performance 97 E: Lending to Agriculture from Bilateral and Multilateral Donors 99 F: Bank Staff Survey Results 107 G: Sector Staffing Analysis 109 H: Selected Extension Approaches 111 I: Cotton Sector Reforms: An Unfinished Story 113 J: Marketing Reform 121 K: Irrigation Data 123 L: Cassava Transformation in Nigeria 125 M: Preparation Costs and Risk Ratings for Agriculture Projects 93 Notes de fin de section 101 Références Encadrés 18 2.1 Les contraintes qui entravent le développement de l'accès au crédit et aux financements en milieu rural en Afrique 28 3.1 Système de codification de la Banque. Des activités agricoles importantes sont mal prises en compte 45 4.1 L'insuffisance de volonté politique a pesé sur les résultats des opérations 47 4.2 Historique et problèmes que posent les capacités nationales de recherche en Afrique 57 5.1 Le soutien de la Banque au Projet Fadama I du Nigéria : un bilan en demi-teinte faute d'une approche diversifiée 59 5.2 Le manioc : une occasion manquée pour la Banque de contribuer à la sécurité alimentaire i v TA B L E D E S M AT I È R E S 70 5.3 Le nouveau système de vulgarisation adopté par l'Ouganda améliore l'efficience, mais soulève de nouveaux problèmes 72 5.4 Le projet pilote du Zimbabwe pour la réforme agraire n'a pas pu décoller 74 5.5 La réforme des marchés agricoles en Afrique : les anticipations 76 5.6 Les effets préjudiciables de la chronologie des réformes sur les secteurs traditionnels d'exportations agricoles du Cameroun Figures 10 2.1 Variation de la production céréalière liée à la variation des superficies en culture et des rendements 1961-2001 (1961 = 100) 27 3.1 Répartition sectorielle des prêts à l'investissement en Afrique, ex. 91-06 30 3.2 Notes attribuées aux résultats et à la viabilité des projets 30 3.3 Résultats des projets de la Banque ayant un volet agricole supérieur à 50 % 58 5.1 Production de maïs et de manioc dans six pays de l'Afrique australe affectés par les sécheresses v Récolte de riz au Sénégal. Photo de Ray Witlin, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Abréviations ADR Département de l'agriculture et du développement rural BAfD Banque africaine de développement BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement CAADP Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine CAD Comité d'aide au développement CARP Crédit à l'appui de la réduction de la pauvreté CAS Stratégie d'aide-pays CDD Développement mené par la communauté CGAP Groupe consultatif d'aide aux populations les plus pauvres CGIAR Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement CODE Comité pour l'efficacité du développement DPL Prêts à l'appui des politiques de développement DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté EDP Examens des dépenses publiques FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture FARA Forum pour la recherche agricole en Afrique FIDA Fonds international de développement agricole FMI Fonds monétaire international IDA Association internationale de développement HR Département des ressources humaines IED Investissements étrangers directs IEG Groupe indépendant d'évaluation NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique NERICA Nouveau riz pour l'Afrique OCDE Organisation de coopération et de développement économiques ODM Objectifs de développement pour le Millénaire ONG Organisation non gouvernementale OPCS Politique opérationnelle et services aux pays PAA Plan d'action pour l'Afrique PIB Produit intérieur brut PSRAA Programme spécial pour la recherche agricole en Afrique QAG Groupe d'assurance de la qualité R&D Recherche et développement RFE Rapport de fin d'exécution S&E Suivi et évaluation SIRAN Service international de la recherche agricole nationale v i i Remerciements Ce rapport a été préparé par une équipe Gershon Feder a procédé à l'examen par les pairs composée de Nalini Kumar (chef de projet), du rapport. d'April Connelly et de Ridley Nelson sous la direction d'Alain Barbu (chef, Service Évaluation, Des collègues de la Banque ont émis des études sectorielles et thématiques et programmes observations et apporté des informations à mondiaux du Groupe indépendant d'évaluation différents stades. Il s'agit notamment de : (IEGSG]). Kavita Mathur et Tara Lonnberg ont Jonathan Agwe, IIhem Baghdadli, Mary A. assuré un soutien au niveau de la recherche. En Barton-Dock, Karen McConnell Brooks, Frank sus de l'équipe centrale, Shawki Barghouti et Fulgence K. Byamugisha, Derek R. Byerlee, Mark Jumana Farah ont apporté un précieux concours E. Cackler, Luc Christiaensen, Sanjiva Cooke, et d'autres collègues d'IEG dont les travaux ont Christine E. Cornelius, IJsbrand Harko de Jong, appuyé le rapport, notamment Petros Aklilu, Christopher Delgado, Ariel Dinar, Olivier Chris Gerrard, Kieth Oblitas, et Keith Pitman. Durand, Bleoue Nicaise Ehoue, Madhur Gautam, William Hurlbut a procédé à la mise en forme Steven Jaffee, Willem Janssen, Renate rédactionnelle du rapport initial et Caroline Kloeppinger-Todd, Patrick Labaste, Stephen McEuen à celle du manuscrit en vue de sa Mink, Renato Nardello, David Nielson, Nwanze publication ; Marie Charles a fourni un appui Okidegbe, Andrea Pape-Christiansen, Jeeva A. administratif. Perumalpillai-Essex, Christophe Ravry, Samjhana Thapa, Robert Townsend, John M. Underwood L'équipe a bénéficié dans une mesure considé- et Martien Van Nieuwkoop. Plusieurs retraités de rable des conseils d'Ajay Chhibber, de Sharoukh la Banque ont fourni de précieuses indications Fardoust, de Patrick Grasso et de Vinod Thomas basées sur leur longue expérience, notamment ainsi que des précieux commentaires formulés Jock Anderson, Stephen Carr, Cornelis de Haan, par Denis Carpio, Ken Chomitz, Victoria Elliott, Laurie Effron, Sushma Ganguly, Jacob Kampen, Ali Khadr, James Sackey, et Klaus Tilmes d'IEG. Satish Kumar, Uma Lele et Jeffrey Lewis. Directeur général, Évaluation : Vinod Thomas Directeur, Groupe indépendant d'évaluation, Banque mondiale : Ajay Chhibber Chef, IEGSG : Alain Barbu Chef de projet : Nalini Kumar i x Transport de bananes à bicyclette en Tanzanie. Photo de Scott Wallace, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Avant-propos L'Afrique subsaharienne est une région très gique pour satisfaire aux besoins variés d'un complexe et d'une grande diversité qui, parce secteur qui appelle des interventions coordon- qu'elle compte quelques-uns des pays les plus nées dans divers domaines. Les prêts consentis pauvres au monde et accuse un retard dans la par la Banque ont été « dispersés » entre réalisation de la plupart des objectifs de dévelop- différentes activités agricoles, telles que la pement pour le Millénaire (ODM), est une recherche, la vulgarisation, le crédit, les priorité essentielle pour la communauté du semences et les réformes de l'espace rural, mais développement. Les mauvais résultats du secteur sans guère tirer parti de leurs synergies névralgique de l'agriculture, qui est à l'origine éventuelles pour favoriser valablement le d'une large part du PIB et de l'emploi dans la développement agricole. En conséquence, région, constituent un frein majeur au dévelop- malgré la réussite comparative affichée dans pement du continent. La présente étude évalue certains domaines, comme la recherche, les l'efficacité de l'aide apportée par la Banque résultats ont été limités en raison des liens ténus mondiale pour remédier aux obstacles au avec la vulgarisation et de la disponibilité insuffi- développement agricole en Afrique pendant la sante d'intrants complémentaires et critiques période comprise entre les exercices 91 et 06. tels que les engrais et l'eau. La mauvaise gouver- nance et les conflits qui sévissent dans plusieurs L'étude aboutit à la conclusion fondamentale que pays ne font que compliquer la situation. le secteur agricole a été négligé tant par les autorités nationales que par la communauté des Pour appuyer efficacement l'exécution du Plan bailleurs de fonds, Banque mondiale comprise. d'action pour l'Afrique et de l'objectif prioritaire La stratégie de la Banque pour l'agriculture a qu'il a judicieusement choisi, le développement progressivement été intégrée à un projet rural agricole, l'étude formule trois recommandations de plus grande envergure où elle est passée au à l'intention de la Banque mondiale. Elle doit second plan. Les compétences techniques d'abord axer ses efforts sur l'amélioration de la nécessaires à l'appui du développement agricole productivité agricole. Il lui faut ensuite augmen- se sont en conséquence amenuisées au fil du ter la quantité et la qualité des études temps, phénomène qui a entretenu à son tour analytiques, veiller à ce que ses opérations de cette situation. L'aide modérée -- et, jusque conseil et de prêt soient fondées sur ses observa- récemment, en repli -- apportée par la Banque tions, et restaurer ses compétences techniques. mondiale pour remédier aux problèmes de l'agri- Enfin, elle doit établir des indicateurs précis pour culture n'a pas été utilisée de manière straté- mesurer les progrès. Vinod Thomas Directeur général, Évaluation x i Ferme de démonstration au Nigeria. Photo de Yosef Hadar, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Préface L'examen par l'IEG de l'assistance apportée par la programmes d'aide internationaux et les orienta- Banque mondiale à l'agriculture en Afrique a une tions stratégiques futurs. Les conclusions de double finalité. Il s'agit en premier lieu d'une étude l'examen ont également guidé la discussion du pilote préalable à l'analyse de l'aide de la Banque Conseil des Administrateurs portant sur le Rapport mondiale à l'agriculture en général, que l'IEG sur le développement dans le monde 2008 : l'Agri- prévoit d'effectuer durant l'exercice 09. Il apporte culture au service du développement. ensuite des informations actualisées sur des questions particulières qui présentent un intérêt Au cours des deux dernières décennies, le pour la Banque dans le cadre du recentrage de ses nombre de pauvres a doublé en Afrique, passant activités sur l'agriculture en Afrique, tel qu'exprimé de 150 millions à 300 millions. L'Afrique accuse dans le Plan d'action pour l'Afrique notamment. un retard dans la réalisation de la plupart Par ailleurs, l'Union africaine a formulé un projet et des objectifs de développement pour le un cadre stratégique pour le renouveau de Millénaire (ODM) et a peu de chance de les l'Afrique -- le Nouveau partenariat pour le atteindre d'ici à 2015. Quelque 70 % de la popula- développement de l'Afrique (NEPAD). Le tion ciblée par les ODM vit en milieu rural et, pour Programme détaillé pour le développement de la plupart des habitants pauvres des zones l'agriculture africaine est au centre des efforts rurales, l'agriculture est un moyen capital déployés par les gouvernements africains dans le d'atteindre des ODM. Il est donc indispensable cadre du NEPAD en vue d'accélérer la croissance et de procéder à une évaluation du concours de la d'éliminer la pauvreté et la faim. Les enseigne- Banque mondiale au développement agricole de ments dégagés de l'expérience de la Banque la région, pour comprendre l'histoire du dévelop- mondiale alimenteront le débat entourant ces pement de ce secteur et en dégager des enseigne- projets et seront de nature à inspirer les ments pour l'avenir. x i i i Pâtres dinkas veillant sur leur bétail près de Mapourit, au Soudan. Photographie de Douglas Engle reproduite avec son autorisation. Synthèse L 'Afrique subsaharienne est une région très complexe composée de 47 pays ayant connu sept histoires coloniales distinctes. Elle est également très diversifiée puisqu'elle compte 700 millions d'habitants issus d'au moins un millier de groupes ethniques. Le développement de l'Afrique est une priorité stratégique. Le continent compte quelques-uns des pays les plus pauvres au monde. Au cours des vingt dernières années, le nombre de pauvres y a doublé pour atteindre 300 millions -- soit plus de 40 % de la population totale. L'Afrique accuse un retard dans la réalisation de la plupart des objec- tifs de développement pour le Millénaire (ODM) et a peu de chances de les atteindre d'ici à 2015. Les mauvais résultats du secteur de l'agriculture plan. Les compétences techniques nécessaires à constituent l'un des principaux freins au l'appui du développement agricole se sont en développement de l'Afrique. Ce secteur revêt conséquence amenuisées au fil du temps, une importance de premier plan pour la région phénomène qui a lui-même entretenu cette du fait qu'il représente une part notable du situation. produit intérieur brut (PIB) et de l'emploi. Sa mauvaise performance tient à différents L'aide modérée -- et, jusque récemment, en problèmes qui sont particuliers à l'agriculture repli -- apportée par la Banque mondiale pour africaine et font de son développement un enjeu remédier aux problèmes de l'agriculture n'a pas complexe. La mauvaise gouvernance et les été utilisée de manière stratégique pour satisfaire conflits qui sévissent dans plusieurs pays ne font aux besoins divers d'un secteur qui appelle des que compliquer la situation. L'IEG a mesuré l'effi- interventions coordonnées dans divers domaines. cacité de l'aide apportée par la Banque mondiale Les prêts consentis par la Banque ont été en vue de résoudre les obstacles au développe- « dispersés » entre différentes activités agricoles, ment agricole en Afrique entre les exercices 91 et telles que la recherche, la vulgarisation, le crédit, 06 dans le cadre d'une étude pilote préalable à les semences et les réformes de l'espace rural, une évaluation plus générale de l'assistance mais sans guère tirer parti de leurs synergies qu'elle fournit à l'agriculture à l'échelle éventuelles pour favoriser valablement le dévelop- mondiale. pement agricole. En conséquence, malgré la réussite comparative affichée dans certains La conclusion essentielle de l'étude est que le domaines, comme la recherche, les résultats ont secteur agricole a été négligé tant par les gouver- été limités en raison des liens ténus avec la nements que par la communauté des bailleurs vulgarisation et de la disponibilité insuffisante de fonds, Banque mondiale comprise. La straté- d'intrants complémentaires et critiques tels que gie de la Banque pour l'agriculture a progressive- les engrais et l'eau. La Banque mondiale n'est ment été intégrée à un objectif rural de plus donc pas parvenue véritablement au développe- grande envergure où elle est passée au second ment de l'agriculture africaine. x v L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Les problèmes de l'agriculture africaine tion alimentaire n'a pu s'adapter à la flambée La production agricole africaine a progressé, démographique, et les importations ont rapide- mais il est difficile de calculer un taux qui rende ment augmenté. Dans le même temps ses réellement compte de cette progression à exportations, essentiellement composées de l'échelle de la région pour la période couverte produits agricoles, ont fléchi ; sa part du marché par l'étude, en raison des disparités importantes mondial pour plusieurs produits de base, dont le entre les pays et des variations dans le temps. café, s'est volatilisée. Les subventions agricoles Dans certains pays, comme le Gabon, les des pays membres de l'Organisation de coopéra- résultats médiocres enregistrés entre 1990 et tion et de développement économiques (OCDE) 2000 se sont redressés entre 2000 et 2004. ont puissamment contribué à maintenir le prix de D'autres, comme le Malawi, ont connu une plusieurs de ces produits à un bas niveau ce qui, évolution inverse. La mutation a souvent été entre autres facteurs, a pénalisé la rémunération spectaculaire, ce qui fait que les taux de des agriculteurs. croissance agrégés sont trompeurs. En Angola, par exemple, l'agriculture a progressé de 13,7 % En Afrique, l'agriculture est principalement une par an entre 2000 et 2004, alors qu'elle avait activité familiale. La majorité des agriculteurs reculé de 1,4 % par an entre 1990 et 2000. Un sont de petits exploitants qui possèdent entre quart seulement des pays de la région, dont le 0,5 et 2 hectares de terre, selon les facteurs Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Nigéria et la socioculturels. Les femmes constituent environ Tanzanie, affichent une croissance agricole 50 % de la main d'oeuvre et produisent l'essentiel régulière de plus de 3 % pour la période des cultures vivrières consommées par la famille. comprise entre 1990 et 2004. Les terres agricoles se répartissent entre plusieurs Les cultures vivrières constituent l'essentiel de la zones agro-écologiques qui couvrent différents production agricole totale de l'Afrique. Les pays. La pauvreté des sols, la forte variabilité des cultures d'exportation en représentent moins de précipitations et la fréquence élevée des 10 %. Si certaines cultures d'exportation, dont le sécheresses en sont les principales caractéris- coton, ont concouru à l'allègement de la pauvreté tiques. L'infrastructure de transport est insuffi- dans des pays tels que le Burkina Faso, le sante, l'accès à l'irrigation limité et, en cas rendement des cultures vivrières a été médiocre d'agriculture pluviale, l'insécurité alimentaire presque partout. Même pendant la période chronique est une réalité pour des millions de comprise entre 2003 et 2005, les rendements petits agriculteurs. Pour survivre dans cet céréaliers de l'Afrique ont été inférieurs de plus environnement hostile, la plupart des agricul- de moitié à ceux de l'Asie du Sud et d'un tiers teurs ont recours à des stratégies d'adaptation à ceux de l'Amérique latine. L'Afrique est diversifiées. Pour être certains d'obtenir un également en retard par rapport à d'autres minimum de produits de leur terre, ils plantent régions en termes de pourcentage de terres habituellement plusieurs variétés végétales (une agricoles irriguées, d'utilisation d'engrais, et de dizaine au moins en général) ayant des cycles de productivité du travail et de la terre par travailleur. maturation différents, ainsi que des arbres. Le Alors que les progrès remarquables de la produc- bétail est aussi pour eux une source importante tion agricole de l'Asie du Sud entre 1961 et 2001 de sécurité, surtout en période difficile. L'accès ont essentiellement été dus à la hausse des au crédit du petit exploitant type est aussi rendements, l'augmentation de la production extrêmement restreint. Les cultures rustiques, alimentaire en Afrique a principalement tenu à comme le millet, le sorgho, le manioc et d'autres l'expansion des terres cultivées. Pendant ce plantes à racines, sont plus importantes que des temps, les rendements agricoles ont stagné. céréales telles que le riz et le blé, qui ont été à la base de la Révolution verte en Asie. En 1973, l'Afrique est devenue importatrice nette de produits alimentaires. Par la suite, la produc- Dans ce contexte, pour inciter les agriculteurs à x v i SY N T H È S E pratiquer une agriculture intensive et à prendre le données de l'OCDE montrent que si la contribu- risque de semer de nouvelles variétés, plusieurs tion globale des bailleurs de fonds bilatéraux a facteurs doivent être réunis, ou tout du moins été comparativement supérieure, la Banque s'enchaîner de manière optimale, à savoir : mondiale a été le principal donateur à l'agricul- l'accès à des semences des semences améliorées, ture africaine entre 1990 et 2005, les plus gros à l'eau, à des crédits et aux marchés ; de judicieux bailleurs de fonds bilatéraux étant les États-Unis conseils de vulgarisation ; et des rendements et le Japon. suffisants, en l'absence de distorsion des prix des intrants et des extrants. Une stratégie de dévelop- Les apports de capitaux étrangers privés sont pement de l'agriculture en Afrique doit tenir modestes en comparaison aux apports bilatéraux compte de chacun de ces facteurs dans le cadre et multilatéraux (Hazell et von Braun 2006). des particularités propres au continent et des L'investissement commercial privé dans l'agricul- situations locales spécifiques. ture africaine s'est en grande partie cantonné aux cultures d'exportations et aux zones présentant L'agriculture africaine : approches un meilleur potentiel. Plusieurs entreprises antérieures semencières internationales ont investi dans la Jusque très récemment, le développement multiplication de semences de maïs et, en agricole de l'Afrique a été négligé tant par les septembre 2006, la fondation Rockefeller et la autorités nationales que par les bailleurs de Fondation Bill et Melinda Gates ont donné le fonds. Dans les années 60, tout de suite après coup d'envoi à un nouveau partenariat pour l'indépendance, les gouvernements de plusieurs aider l'Afrique à développer son agriculture. pays africains voyaient avant tout dans l'agricul- ture un moyen de produire des ressources pour Le potentiel de l'agriculture l'industrialisation. Plus tard, dans les années 70, et la stratégie de la Banque mondiale la Banque mondiale a été la première à adopter Pour que l'Afrique atteigne les ODM, il faudra pour le continent un modèle de développement réaliser le potentiel du secteur agricole et prêter plus large, qui s'inscrivait dans l'évolution plus l'assistance nécessaire pour que celui-ci con- générale de la théorie du développement. L'insti- coure à la croissance et à la lutte contre la tution a ainsi adhéré au développement rural pauvreté. Les études de Dorosh et Haggblade intégré pour s'attaquer de front à la pauvreté et (2003) et de l'IFPRI (2006a) ont constaté que les au sous-développement ruraux en Afrique. Au investissements dans l'agriculture sont générale- milieu des années 80, alors que les pays africains ment plus bénéfiques aux pauvres que des étaient confrontés à de graves crises budgétaires, investissements équivalents dans l'industrie les bailleurs de fonds ont donné priorité à l'allo- manufacturière. cation plus efficiente des ressources et ont appelé à des réformes du système de commer- La Banque mondiale n'a pas adopté de stratégie cialisation des produits agricoles. Les réformes particulière pour l'agriculture en Afrique, si ce structurelles n'ont cependant pas permis de n'est dans le cadre de ses stratégies globales de produire les résultats souhaités en termes de développement rural et, avec le temps, sa straté- croissance. gie agricole a été intégrée à un projet rural de plus grande ampleur. Plus récemment, toutefois, Le rôle de l'aide le Plan d'action pour l'Afrique a pris le potentiel Entre 1981 et 2001, l'aide bilatérale et multilaté- de croissance du secteur agricole en considéra- rale au développement de l'agriculture africaine tion. a diminué, passant de 1 921 millions de dollars à 997 millions de dollars (en dollars de 2001). Les L'assistance globale de la Banque prêts émanant de ces deux sources ont mondiale et son évaluation augmenté depuis lors suite au recentrage des Entre les exercices 91 et 06, la Banque mondiale priorités sur le développement de l'Afrique. Les a consenti aux pays de la région Afrique des prêts x v i i L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E à l'investissement (par opposition aux prêts l'interdépendance des activités agricoles. Au d'ajustement) dans l'agriculture d'un montant contraire, ils ont été répartis sur un éventail de 2,8 milliards de dollars, soit 8 % du montant d'opérations portant sur le secteur rural, total des prêts à l'investissement qu'elle a notamment la recherche, la vulgarisation, la accordés à la région. Une part substantielle de réforme de la commercialisation, la lutte contre ces prêts a revêtu la forme de composantes la sécheresse, le développement de semences et agricoles de projets ruraux. La Banque a par les transports, mais ont fait peu de cas des liens ailleurs approuvé 77 prêts à l'appui des qui les unissent et de la nécessité de développer politiques de développement comportant un ces domaines simultanément, ou tout du moins volet agricole. Dans 18 d'entre eux, l'agriculture selon un enchaînement optimal, pour favoriser était une composante appréciable. efficacement le développement agricole. Si, à compter du milieu des années 80, la stratégie Ces prêts limités à l'investissement ont obtenu rurale plus globale de la Banque se justifiait, elle des résultats insuffisants. Selon les données de a eu pour conséquence imprévue de faire perdre l'IEG, le pourcentage de projets d'investissement de vue la nécessité de conduire certaines activi- essentiellement agricoles dont les résultats ont tés essentielles au développement de l'agricul- été jugés satisfaisants entre 1991 et 2006 (60 %) ture dans l'espace rural simultanément ou selon est inférieur à celui des projets d'investissement un agencement optimal. non agricoles dans la région (65 %). Il est aussi inférieur à celui de projets d'investissements L'examen de l'IEG a constaté qu'aucun des dix similaires dans d'autres régions de la Banque premiers pays emprunteurs, dont la Côte mondiale, dont 73 % ont affiché des résultats d'Ivoire, l'Éthiopie, l'Ouganda et la Tanzanie, satisfaisants. Leurs notes de viabilité ont n'avait bénéficié d'une aide homogène et également été inférieures à la moyenne. Bien simultanée dans tous les sous-secteurs critiques. que d'autres analyses s'imposent, l'étude a Il ne s'agit pas de proposer que la Banque observé que les projets à forte composante mondiale apporte seule ce type d'assistance (un agricole conduits dans les pays où les conditions partenariat serait selon toute probabilité plus sont moins propices à l'agriculture ont enregis- efficace), mais on pourrait s'attendre à ce qu'elle tré de meilleurs résultats que des projets prenne l'initiative d'encourager une démarche analogues exécutés dans des pays où les pluridimensionnelle de cette nature, fondée sur conditions sont plus favorables. son avantage comparatif en tant qu'institution de prêt multisectorielle. Pour appuyer le développement agricole en Afrique, la Banque mondiale a axé ses opérations Les résultats par domaines sur les prêts, les études analytiques et les activi- Une évaluation des réussites et des lacunes de tés de conseil. Jusque très récemment, les études l'aide apportée par la Banque mondiale dans analytiques -- nécessaires au diagnostic des chaque grand domaine dévoile un bilan mitigé : problèmes et à la définition d'interventions, ainsi qu'à la formulation de conseils stratégiques et Diversité agro-écologique. L'assistance de la aux opérations de prêt -- étaient rares, disper- Banque mondiale a permis de renforcer la sées, de qualité variable et peu accessibles. L'IEG capacité des systèmes nationaux de recherche et a en outre constaté qu'il n'existait pas de de mettre sur pied des stations dans les procédures particulières pour vérifier que les différentes zones pour orienter les études sur dialogues avec les autorités et les négociations l'agro-écologie. Il ne semble cependant pas que de prêts prennent systématiquement en compte ses projets dans des domaines autres que la les conclusions de ces études. recherche aient systématiquement adapté les opérations aux spécificités agro-écologiques L'IEG a observé que les prêts accordés par la variées des différents pays. L'attrait essentiel des Banque mondiale ne tenaient pas compte de projets qui font appel à des stratégies com- x v i i i SY N T H È S E munautaires était leur aptitude à s'adapter aux Semences améliorées. La Banque mondiale a situations locales, mais rien ne permet d'affirmer participé au Groupe consultatif pour la que ces stratégies, telles qu'appliquées dans les recherche agricole internationale (CGIAR), dont projets conduits au Ghana et en Tanzanie, par le concours dans ce domaine a été notable. Les exemple, soient capables de tenir compte de la projets qu'elle a conduits ont également offert la diversité agro-écologique. possibilité de tester les technologies et de les développer, comme en Éthiopie et au Togo. Cela Variabilité des précipitations et des sécheresses. étant, les opérations associées aux semences Les projets que la Banque mondiale avait mené à n'ont à ce stade apporté qu'une modeste contri- terme à la fin de l'exercice 06 ont tenu compte bution à l'augmentation de la production des situations d'urgence créées par les agricole. Les projets de la Banque mondiale n'ont sécheresses, et ont aidé les autorités à établir des pas non plus été en mesure de résoudre le dispositifs de gestion des sécheresses. Ils n'ont problème de l'usage limité que les agriculteurs cependant pas été en mesure d'aider des pays font des semences en raison de l'accès difficile tels que le Malawi, par exemple, à élaborer une aux intrants complémentaires. approche stratégique de long terme pour remédier aux causes fondamentales de l'insécu- Accès des agriculteurs au crédit et à la finance rité alimentaire -- autrement dit, à aider les pays rurale. Globalement, l'aide de la Banque à augmenter suffisamment leur productivité mondiale dans ce domaine stratégique a été agricole afin de mettre un terme à la diminution limitée. Outre l'insuffisance des capacités institu- des ressources alimentaires par habitant. À cet tionnelles des pays clients, cette faiblesse égard, si la Banque a concouru au développe- s'explique par les mauvais résultats des projets ment de variétés améliorées de millet et de dans ce domaine qui tiennent, entre autres, à manioc au travers de son aide à la recherche, elle l'application déficiente des directives de la n'a pas su mesurer le rôle capital que le manioc Banque, surtout en ce qui concerne les critères peut jouer au service de la sécurité alimentaire de sélection des intermédiaires financiers et de dans la majorité des pays. leurs prestations. La Banque mondiale doit élaborer et superviser plus soigneusement ces Faible fertilité des sols. La Banque mondiale a opérations, et continuer d'examiner toutes les participé à plusieurs projets internationaux et solutions envisageables pour définir au mieux régionaux dans ce domaine, notamment à comment donner aux agriculteurs les moyens l'initiative régionale TerrAfrica, lancée en 2005. dont ils ont besoin pour accroître leur producti- Ce partenariat pluridimensionnel est censé vité et leurs revenus. favoriser une approche collective à la gestion durable des terres dans la région. Les opérations Médiocrité de l'infrastructure de transports. Les de prêt de la Banque semblent toutefois avoir interventions financées par la Banque mondiale abordé la fertilité des sols sous un angle dans le secteur agricole n'ont que faiblement écologique plutôt qu'en termes de productivité concouru à l'amélioration de l'infrastructure de agricole. transport pour faciliter l'accès aux marchés et, partant, le développement de l'agriculture. Approvisionnement en eau. Bien que la Banque mondiale ait établi que des investissements dans Insuffisance des opérations de vulgarisation l'irrigation s'imposaient, elle n'a consacré que agricole. La Banque mondiale a sensibilisé les très peu de prêts à cet objectif. Ses interventions clients à l'importance de la vulgarisation pour le à l'appui de la gestion de l'eau dans les zones non développement agricole. Elle appuie actuelle- irriguées ont atteint des objectifs matériels mais, ment divers projets conduits en partenariat étant donné la médiocrité du suivi et de l'évalua- (partenariats public-privé ou déterminés par la tion, il est difficile de définir ce qui a fonctionné demande, organisations non gouvernementales, ou pas. etc.), en Ouganda par exemple. Il faudrait toute- x i x L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E fois systématiquement évaluer les coûts, l'effica- Conclusions essentielles quant aux cité et la viabilité de ces projets. facteurs de performance de la Banque mondiale et des pays Réforme des prix et de la commercialisation. Bien que les résultats varient selon les pays, les Les facteurs de performance de la Banque mesures appliquées par la Banque mondiale ont mondiale permis d'améliorer la conjoncture macroécono- · La stratégie de l'institution pour le dévelop- mique et la discipline budgétaire dans plusieurs pement du secteur agricole s'inscrit dans le pays. Ces réformes n'ont cependant pas suffi à cadre de sa stratégie rurale et, avec le temps, stimuler l'investissement privé dans divers la place de l'agriculture dans cette stratégie a domaines stratégiques d'où le secteur privé s'est rétréci. En conséquence, les compétences tech- retiré. Par conséquent, la plupart des pays niques nécessaires pour oeuvrer valablement africains font face aux prix exorbitants des en- au développement agricole se sont peu à peu grais, à la production insuffisante de semences, à émoussées, phénomène qui a à son tour en- un système de transports défectueux, et à l'accès tretenu cette situation. Selon les chiffres com- limité au crédit. Si le processus de réformes n'a muniqués par le Département des ressources eu que peu de retombées favorables sur la pro- humaines de la Banque mondiale, 17 experts duction alimentaire, il a dynamisé la production techniques du Département de l'agriculture et de cultures d'exportation non traditionnelles, du développement rural étaient chargés de comme les mangues au Mali et les fleurs au l'Afrique subsaharienne en 2006, alors qu'ils Kenya. Au-delà de son action à l'échelle de étaient 40 en 1997. chaque pays, la Banque est intervenue pour que · C'est essentiellement au travers d'études ana- le cycle de négociations de Doha serve véritable- lytiques que la Banque définit l'état de déve- ment le développement et a plaidé en faveur de loppement d'un pays et les priorités dans le la suppression des subventions à l'agriculture secteur agricole. Jusque très récemment, ces des pays de l'OCDE dans les instances interna- études étaient peu nombreuses et difficile- tionales. Elle n'a toutefois obtenu que peu de ment accessibles. Qui plus est, leurs conclu- résultats à ce jour. sions n'ont guidé ni le dialogue de la Banque avec les autorités des pays clients, ni l'élabo- Précarité du régime foncier. Les études ration des programmes de prêt. analytiques réalisées ont permis de mieux · Les conseils de la Banque semblent avoir for- appréhender les régimes de droits fonciers. tement influencé l'orientation du développe- Étant donné ses sensibilités politiques, sociales ment agricole dans les pays africains, et culturelles, la Banque mondiale a cependant notamment ceux associés au programme jugé difficile d'apporter une aide efficace dans d'ajustement. Les résultats n'ont toutefois pas ce domaine. été à la hauteur des attentes en raison, no- tamment, d'un appui politique insuffisant et En 2005, le Groupe de travail sur la faim (ODM) d'une appréciation incomplète des réalités sur du projet objectifs du Millénaire a abouti à la le terrain. conclusion que l'ODM consistant à diminuer la · Les systèmes de données de la Banque mon- faim de moitié d'ici à 2015 était réalisable. Le diale et l'aide au suivi et à l'évaluation n'ont pas développement de l'agriculture africaine est permis d'éclairer de manière satisfaisante les l'élément capital à la concrétisation de cet objectif. opérations engagées par l'institution pour dé- La Banque mondiale est en mesure d'y apporter velopper l'agriculture sur un large front en un concours essentiel, puisqu'elle est l'une des Afrique. Les systèmes de données actuels ne lui sources majeures de financement du développe- permettent pas de suivre suffisamment en dé- ment pour l'agriculture et peut conseiller les tail les montants alloués à la mise en place autorités quant aux mesures à adopter. d'opérations spécifiques comme le dévelop- x x SY N T H È S E pement des semences et le crédit. Le suivi et développement agricole qu'il s'est judicieuse- l'évaluation à l'échelon des projets n'ont guère ment fixé, l'IEG formule à l'intention de la Banque permis de répondre aux questions fonda- mondiale les recommandations suivantes : mentales portant sur leurs résultats, leurs re- tombées et leur efficacité, pour savoir par 1. Privilégier l'amélioration de la productivité exemple quels en ont été les bénéficiaires, agricole : quelles cultures ont bénéficié d'une aide et · Établir des objectifs réalistes en matière selon quelles modalités, quelle a été leur ren- d'expansion de l'irrigation et prendre tabilité comparative, et à quels facteurs les conscience de la nécessité d'augmenter la progrès sont imputables. productivité de l'agriculture non irriguée par l'amélioration de la qualité des terres et Les facteurs nationaux par la gestion de l'eau et des sécheresses. · Malgré les failles persistantes de la gouver- · Participer à l'élaboration de mécanismes ef- nance dans plusieurs pays africains, l'engage- ficients, dont des partenariats public-privé, ment politique des pays clients envers le pour fournir aux agriculteurs les intrants développement de l'agriculture semble plus indispensables, notamment des engrais, de ferme qu'auparavant. Les gouvernements afri- l'eau, des crédits et des semences. cains, dont beaucoup allouaient moins de 1 % · Appuyer le développement des infrastruc- de leur budget à l'agriculture, ont convenu au tures de commercialisation et de transport. Sommet de l'Union africaine, qui s'est tenu 2. Améliorer ses études dans le domaine de l'agri- en juillet 2003, d'affecter au moins 10 % des culture : ressources budgétaires nationales à des pro- · Augmenter la quantité et la qualité des grammes destinés à favoriser la croissance agri- études analytiques portant sur l'agriculture cole au cours des cinq prochaines années. et veiller à ce que ses opérations de conseil · La capacité de recherche agronomique exis- et de prêt se fondent sur leurs conclusions. tante est considérable, mais la viabilité des · Appuyer les analyses des dépenses pu- opérations soutenues par la Banque reste aléa- bliques de manière à évaluer les ressources toire. Dans l'ensemble, la capacité de l'admi- disponibles pour l'agriculture et à définir ses nistration publique de plusieurs pays demeure propres priorités. insuffisante, et les ministères de l'agriculture · Restaurer ses compétences techniques à sont encore des partenaires relativement ineffi- partir d'une évaluation complète de ses la- caces pour favoriser le développement du sec- cunes actuelles. teur agricole. Bien que d'autres analyses 3. Établir des indicateurs afin de mesurer les s'imposent, l'étude a révélé que les projets à progrès : forte composante agricole exécutés dans les · Perfectionner les systèmes de données pour pays où les conditions sont moins propices à mieux suivre les opérations qu'elle finance. l'agriculture ont enregistré de meilleurs ré- · Consolider le dispositif de suivi et d'éva- sultats que des projets analogues conduits luation pour rendre compte des activités dans des pays aux conditions plus favorables, conduites dans le cadre des projets dans di- ce qui semble indiquer que d'autres facteurs, verses zones agro-écologiques, et pour dif- tels que l'économie politique et la capacité na- férentes cultures et catégories d'agriculteurs, tionale, font également obstacle au dévelop- y compris les femmes. pement de l'agriculture en Afrique. · Mettre sur pied un système permettant de coordonner les opérations agricoles à Recommandations l'échelle des pays en fonction de leur réseau Pour appuyer utilement la mise en oeuvre du Plan routier, de la proximité des marchés et des d'action pour l'Afrique et l'objectif prioritaire de conditions édaphiques. x x i La culture des champs au Sénégal. Photo de Ray Witlin, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Réponse de la direction L a direction approuve et applique déjà le principal message de cet exa- men -- à savoir que la Banque mondiale devrait augmenter son appui à l'agriculture en Afrique subsaharienne. La direction a des observations à faire sur plusieurs éléments de l'analyse de l'IEG et ne partage pas certains de ses avis sur la manière d'atteindre les objectifs communs. Les principaux points sont les suivants : · La direction est d'accord sur le fait que, pour La section suivante approfondit ces points et atteindre les objectifs de développement pour répond aux recommandations de l'IEG. le Millénaire (ODM) en Afrique subsaharienne, l'agriculture doit jouer un rôle plus détermi- Les vues de la direction sur l'analyse nant. La Région, en collaboration étroite avec et les conclusions de l'IEG les dirigeants africains et les partenaires du La direction adhère à l'idée que l'agriculture doit développement, a déjà réorienté notablement être davantage mise au service du développement le travail de la Banque dans cette direction, en si l'on veut que l'Afrique atteigne les ODM. Ce procédant notamment à une importante ré- secteur contribue encore pour environ un tiers à la organisation, évoquée plus loin. Les nouveaux croissance globale en Afrique (hors Afrique du responsables de la Banque et de la Région Sud). Plus des deux tiers de la population pauvre sont résolus à accroître leurs efforts pour ac- d'Afrique habite encore en milieu rural et est célérer la croissance de l'agriculture et ren- largement tributaire de l'agriculture pour sa subsis- forcer la contribution de ce secteur à la tance. Comme le note le rapport de l'IEG, les réduction de la pauvreté. dirigeants africains reconnaissent qu'il faut · S'appuyant sur l'analyse du projet de Rapport accroître les efforts pour stimuler la croissance sur le développement dans le monde 2008 : agricole. Ils ont exprimé cet avis à travers le l'Agriculture au service du développement Programme intégré pour le développement de (Banque mondiale 2007c)1, la direction note de l'agriculture en Afrique, élaboré dans le cadre du nombreux domaines où les avis se rejoignent. Nouveau partenariat pour le développement Elle attire également l'attention sur quelques de l'Afrique (NEPAD). La Banque et les autres différences avec le rapport de l'IEG au sujet de partenaires accompagnent le processus du NEPAD certaines de ses conclusions et de ses et aident les pays à mettre au point des recommandations. programmes intégrés à l'échelon national et · La direction estime que l'examen de l'IEG aurait régional. La productivité agricole fait partie des pu utilement faire une plus large place aux ques- huit domaines prioritaires identifiés par la Région tions de l'adhésion nationale, des partenariats Afrique. Les auteurs du Rapport sur le développe- entre donateurs, de l'alignement de l'aide sur les ment dans le monde 2008 : l'Agriculture au priorités nationales, et de l'harmonisation de service du développement font également valoir l'aide des donateurs, qui constituent des aspects que l'agriculture peut et doit contribuer davantage essentiels de la Déclaration de Paris et de nos pro- au développement de l'Afrique, et ils présentent grammes d'aide actuels et futurs. un programme d'action pour atteindre cet objectif. x x i i i L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Dans ce contexte, la direction a des observations à économiques et institutionnels plus généraux. formuler sur sa vision de la problématique Les caractéristiques agro-écologiques et géogra- générale, par rapport à l'IEG, et sur la manière phiques de l'Afrique présentent autant d'aspects dont la Banque a réorienté son travail pour y faire positifs que négatifs ; qu'ils aient constitué un face. Elle a aussi des commentaires à faire sur frein à la croissance est la conséquence de plusieurs domaines techniques de l'examen de carences institutionnelles, d'un sous-inves- l'IEG. tissement chronique et de politiques comportant encore des éléments discriminatoires. Le RDM Difficultés et résultats récents examine de façon relativement détaillée en quoi La direction convient qu'il faut faire davantage. les changements introduits dans la politique Toutefois, élaborer des stratégies pour accélérer macroéconomique et sectorielle ont contribué à la croissance suppose de comprendre les accélérer la croissance pendant la période changements déjà en cours. Le rapport de l'IEG considérée, et attire l'attention sur le décalage présente des données par pays pour démontrer temporel qui existe entre une cause et ses effets. que les performances de l'agriculture sont faibles Bien que le cadre de l'action publique se soit d'une manière générale2. En se fondant sur les amélioré depuis une quinzaine d'années, il faut mêmes Indicateurs du développement dans le renforcer les efforts dans le domaine de la monde, l'équipe du RDM montre que le taux de politique publique et des institutions pour croissance du secteur a progressé, passant de augmenter les chances d'accélérer la croissance 2,3 % dans les années 80, à 3,3 % en moyenne et d'intensifier la productivité du secteur agricole dans les années 90, puis à 3,8 % par an après l'an en Afrique. L'immense éventail des actions à 2000 -- niveau dépassé seulement par le Moyen- mener dans le domaine de l'agriculture et les Orient et l'Afrique du Nord parmi les Régions de synergies qui existent entre et à l'intérieur des la Banque. Cette croissance est imputable à une interventions rendent la tâche extrêmement série d'évolutions des dispositifs d'incitation difficile à organiser. Les problèmes rencontrés provoquées par des changements dans la dépassent ainsi le cadre de l'examen de l'IEG et politique publique au cours des années 90, à la nécessiteront des travaux d'analyse importants hausse des cours des produits de base, à sur les pays et sur des thèmes particuliers. La l'augmentation des surfaces cultivées, et à des Banque travaille à résoudre ces problèmes avec changements dans la composition de la produc- ses partenaires et ses clients. tion. Une part trop faible de la croissance a été générée par des augmentations de la producti- Le rôle de l'aide et la stratégie de la Banque. Les vité des sols et du travail. L'équipe du RDM auteurs du rapport notent que pour des raisons indique que les taux de pauvreté rurale ont de moyens, l'évaluation n'a porté que sur les commencé à décliner dans 10 des 13 pays pour prêts directs à l'investissement et les activités lesquels des données ont été analysées, mais que hors prêt. En outre, le fait que la période la croissance agricole par habitant, bien que examinée soit traitée en un seul bloc ne permet positive en moyenne depuis 2000, reste loin pas de tenir compte des changements intervenus derrière celle des autres Régions et est trop lente au cours des années considérées -- par exemple pour permettre d'atteindre les ODM. dans les modalités de fourniture de l'aide. De nouvelles orientations ont été prises depuis cinq Obstacles à la croissance. Dans son examen, l'IEG ans, et le rythme du changement s'accélère avec attribue le retard de croissance à des obstacles deux faits marquants. Tout d'abord, en 2003, les liés à la diversité agro-écologiques, à la pauvreté chefs d'État africains se sont engagés à augmen- des sols, à la variabilité des précipitations et à la ter les montants alloués à l'agriculture (qui fréquence élevée des sécheresses. La direction en passeront à 10 % des budgets publics alors qu'ils convient, mais fait remarquer également que les dépassaient rarement les 4 %). Ensuite, le proces- performances de l'agriculture sont affectées par sus de consultation du Programme détaillé pour des paramètres techniques et par des facteurs le développement de l'agriculture en Afrique x x i v R É P O N S E D E L A D I R E C T I O N (CAADP) a été mis en place pour aider à la d'élaboration des programmes et de principes formulation de programmes plus solides. Le d'établissement des coûts pour les cinq grands processus de consultation, pris en charge par les domaines thématiques sur lesquels est construit pays avec un soutien régional, est engagé au tout programme agricole intégré. Ce travail sera Bénin, au Burkina Faso, au Burundi, en Éthiopie, achevé durant l'exercice 08 et servira de guide au Ghana, au Kenya, au Malawi, au Mali, au Niger, lors des tables rondes du CAADP et dans les au Nigéria, en Ouganda, au Rwanda, au Sénégal, stratégies d'aide-pays de la Banque. et en Zambie. Les programmes définis lors de ces tables rondes seront financés conjointement par Résultats par domaines les gouvernements nationaux, des donateurs Dans un certain nombre de domaines bilatéraux, des institutions financières internatio- techniques, les auteurs du rapport de l'IEG nales (notamment la Banque mondiale) et des présentent des conclusions et des recommanda- fondations privées. En fonction de la formulation tions qui ne sont pas totalement en phase avec des programmes et de la demande des clients, la les opinions de la direction. Les principaux Banque en tiendra compte dans ses stratégies points de divergence sont exposés ci-dessous : d'aide-pays. Avec d'autres partenaires, la Banque s'est totalement impliquée dans ce processus, Décentralisation. Les auteurs concluent que la tant sur le plan technique que financier, et décentralisation ne permet pas d'améliorer est déterminée à accroître ses engagements. sensiblement la prise en compte de la diversité L'analyse et les recommandations formulées par agro-écologique, et que la Banque n'a pas fait l'IEG dans son rapport pourraient laisser grand-chose pour favoriser l'augmentation de la entendre que la Banque aurait un rôle à jouer productivité dans un cadre décentralisé. La (notamment, en augmentant les prêts à l'investis- direction estime que la décentralisation offre des sement dans le cadre de projets autonomes ciblés perspectives très prometteuses dans la mesure sur des problèmes techniques particuliers) qui où les autorités locales jouent un rôle grandis- ne laisserait pas une place suffisante à l'adhésion sant et où un grand nombre d'agents de vulgari- des pays et à l'alignement et l'harmonisation de sation ne rendent maintenant plus compte aux l'aide des donateurs. ministères centraux mais aux fonctionnaires locaux. Le rapport de l'IEG pointe le peu d'appui Réorganisation. Pour mieux appuyer un accordé aux efforts d'amélioration de la produc- programme d'action intégré et harmonisé, la tivité et indique que les programmes de la Banque a lancé récemment une réorganisation Banque ont privilégié l'aide alimentaire de ses services. Avec la création du Département d'urgence. La direction est d'avis que les petits du développement durable durant l'exercice 07 exploitants s'adaptent aujourd'hui au change- au sein de la Région Afrique, les quelque ment, par exemple en plantant des variétés 80 collaborateurs qui travaillaient à l'agriculture différentes et en modifiant les dates de semis, et et au développement rural ont été rassemblés en qu'un surcroît d'assistance dans ce domaine une seule unité dirigée par une seule personne permettra d'obtenir de meilleurs résultats. afin de faciliter l'affectation des compétences et les échanges d'expérience au niveau de la Engrais, semences et eau. Dans son rapport, l'IEG Région. Au sein du département, des respon- indique que le manque d'engrais et de semences sables de secteur basés sur le terrain ont été améliorées est un frein à la productivité. C'est chargés d'organiser la coordination entre les bien entendu exact, et il faut être plus actif dans équipes techniques concernées (agriculture, ce domaine. La direction signale les solutions eau, urbanisme, transport, énergie, environne- originales qui ont été trouvées pour y remédier ment, post-conflit et social). Les membres de -- dont certaines sont financées par des l'unité « agriculture et développement rural » ont programmes de la Banque -- et note également entamé un exercice stratégique dans l'optique les obstacles majeurs qui existent au niveau du d'identifier les pratiques optimales en matière cadre de la politique publique et en dehors du x x v L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E secteur agricole (par exemple les coûts de sous-estime souvent le temps nécessaire pour transport), qui diminuent les gains générés par mener à bien les réformes foncières. La direction les intrants. Au sujet de l'irrigation, les auteurs du considère qu'un certain nombre de mesures rapport de l'IEG citent des travaux concluant à la peuvent toutes contribuer à accroître la produc- possibilité d'étendre les périmètres irrigués pour tivité, notamment la reconnaissance officielle de un coût acceptable. La direction, se fondant sur la l'occupation coutumière, la simplification des vaste analyse inter-agence conduite sur l'expé- procédures d'immatriculation sur le plan des rience passée de l'irrigation en Afrique, ainsi que documents à fournir, le renforcement des sur l'analyse présentée dans le RDM, conclut qu'il mécanismes de règlement des différends et une est absolument nécessaire d'accroître les investis- plus grande attention donnée aux droits fonciers sements dans l'irrigation, mais de façon ciblée, des femmes. après un examen approfondi du contexte économique et écologique. Principales conclusions et recommandations Finance agricole et vulgarisation. Les auteurs du La direction estime que les recommandations de rapport de l'IEG voient dans la microfinance une l'IEG portent sur des questions importantes pour solution prometteuse aux handicaps financiers faire avancer l'agriculture en Afrique subsaha- des petits exploitants. La direction reconnaît rienne mais qui ne sont pas directement tradui- l'importance de la microfinance pour certains sibles en mesures opérationnelles. Les réponses producteurs, mais estime qu'elle ne peut pas précises de la direction aux recommandations de constituer l'élément essentiel de la finance l'IEG sont présentées dans le Relevé des interven- rurale, en particulier pour la production agricole. tions de la direction ci-joint3. La volonté de la La direction met beaucoup d'espoir dans direction de faire de l'aide à l'agriculture africaine d'autres mécanismes, comme les contrats l'une de ses priorités est déjà établie et a été réciproques dans la chaîne de valeur, la mobilisa- soulignée récemment dans les déclarations du tion de l'épargne locale, et des produits nouveau Vice-président de la Région Afrique. novateurs tels que les porte-monnaie électro- niques pour l'achat des intrants. En ce qui Prochain examen de l'IEG. La direction indique que, concerne la vulgarisation, le rapport de l'IEG est puisque cette évaluation doit servir de pilote à critique vis-à-vis de la méthode « formation et l'analyse de l'aide de la Banque mondiale à l'agri- visites », et estime qu'aucune autre solution culture en général que l'IEG prévoit d'effectuer viable ne s'est pour l'instant dégagée. La durant l'exercice 09, l'IEG pourrait utilement direction est moins pessimiste et indique que de examiner plusieurs points dans la perspective de nouvelles approches, fondées sur la demande, ce travail futur : a) l'évaluation devrait être fondée ont été suffisamment testées sur le terrain -- par sur l'analyse la plus approfondie possible ; b) les exemple -- et sont prometteuses. moyens humains et financiers mis en oeuvre devraient être à la mesure du défi technique que Droits fonciers. La direction est d'accord sur le fait représente la tâche à accomplir ; et c) la structure que les droits fonciers sont importants. Les de l'évaluation devrait tenir compte du cadre auteurs du rapport de l'IEG relèvent que l'on harmonisé dans lequel travaille la Banque. x x v i R É P O N S E D E L A D I R E C T I O N Relevé des interventions de la direction Recommandation de l'IEG Réponse de la direction Pour appuyer utilement la mise en oeuvre du Plan d'action pour Acceptée avec les précisions suivantes : l'Afrique et l'objectif prioritaire de développement agricole qu'il La direction accepte de prendre les mesures suivantes, qui sont s'est judicieusement fixé, l'IEG formule à l'intention de la Banque conformes à l'esprit des recommandations de l'IEG mais sont fon- mondiale les recommandations suivantes : dées sur les principes de l'adhésion nationale et de l'alignement et de l'harmonisation de l'aide sur lesquels repose le travail de Privilégier l'amélioration de la productivité agricole : la Banque. · Établir des objectifs réalistes en matière d'expansion de l'ir- · La Région a élaboré un projet de Plan stratégique pour l'ir- rigation et prendre conscience de la nécessité d'augmenter rigation qui identifie les pays et les projets prioritaires dans la productivité de l'agriculture non irriguée par l'amélioration lesquels l'irrigation peut être étendue pendant la période com- de la qualité des terres et par la gestion de l'eau et des sé- prise entre les exercices 08 et 12. Le plan sera examiné cheresses. avec les partenaires et, avec leur accord, intégré dans les fu- · Participer à l'élaboration de mécanismes efficients, dont tures stratégies d'aide-pays. des partenariats public-privé, pour fournir aux agriculteurs les · Dans le cadre de ses activités d'assistance technique à intrants indispensables, notamment des engrais, de l'eau, des l'agriculture et d'aide aux associations d'agriculteurs, la Ré- crédits et des semences. gion finance des subventions de contrepartie et diverses · Appuyer le développement des infrastructures de commer- formes de subventions intelligentes à l'achat d'intrants de cialisation et de transport. meilleure qualité auprès du secteur privé. Elle utilise les opérations à l'appui de réformes pour aider les pays à orga- niser un cadre réglementaire adapté pour les achats d'intrants. · Durant l'exercice 07, les Administrateurs ont approuvé plus de 2,5 milliards de nouveaux prêts à l'Afrique subsaharienne pour des infrastructures dont une bonne part desservent des zones rurales. La direction note que, par exemple, les gou- vernements africains font maintenant fréquemment appel à la Banque dans le secteur des transports pour engager le mi- nistère de l'Agriculture à identifier les investissements prio- ritaires. À l'avenir, une attention particulière continuera d'être accordée aux synergies entre les infrastructures et l'agriculture commerciale dans l'aide apportée par la Banque sur les exercices 08 à 10. Améliorer ses études dans le domaine de l'agriculture : Acceptée avec les précisions suivantes : · Augmenter la quantité et la qualité des études analytiques La priorité en Afrique est d'aider les pays à élaborer leurs propres portant sur l'agriculture et veiller à ce que ses opérations de programmes intégrés pour améliorer la productivité agricole. conseil et de prêt se fondent sur leurs conclusions. · La Banque s'emploiera avant tout à aider les autorités na- · Appuyer les analyses des dépenses publiques de manière à tionales à élaborer, chiffrer et mobiliser les ressources né- évaluer les ressources disponibles pour l'agriculture et à cessaires à la mise en oeuvre de programmes intégrés de définir ses propres priorités. développement agricole. · Restaurer ses compétences techniques à partir d'une éva- · Dans le domaine des études, d'ici l'exercice 10, la priorité luation complète de ses lacunes actuelles. de la Région sera d'aider les clients d'au moins cinq pays à évaluer les dépenses publiques dans l'agriculture et à repé- rer les lignes budgétaires insuffisantes par rapport aux x x v i i L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Relevé des interventions de la direction (suite) Recommandation de l'IEG Réponse de la direction objectifs de croissance définis pour le secteur. Il s'agit d'un travail nouveau et complexe sur le plan méthodologique, qui sera mené en collaboration avec le Département de l'agriculture et du développement rural et d'autres partenaires du développement, et dans le contexte du processus de consultation du CAADP. · La Région fait régulièrement le point sur les besoins et les déficits de compétences. Actuellement, les principales lacunes concernent la connaissance des questions liées aux dé- penses publiques sectorielles, tant du point de vue des pra- tiques opérationnelles que de l'analyse. Établir des indicateurs afin de mesurer les progrès : Acceptée avec les précisions suivantes : · Perfectionner les systèmes de données pour mieux suivre les · Tous les projets de la Région Afrique présentés au Conseil opérations que la Banque finance. pour approbation doivent maintenant comporter des don- · Consolider le dispositif de suivi et d'évaluation pour rendre nées de référence pour le cadre de résultats. compte des activités conduites dans le cadre des projets dans · Un ensemble d'indicateurs clés au niveau national a été éla- diverses zones agro-écologiques, et pour différentes cul- boré pour suivre les progrès accomplis dans le cadre du Plan tures et catégories d'agriculteurs, y compris les femmes. d'action pour l'Afrique (PAA). Pour l'agriculture, ces indica- · Mettre sur pied un système permettant de coordonner les opé- teurs comprennent des données en moyenne glissante sur rations agricoles à l'échelle des pays en fonction de leur ré- cinq ans sur la croissance du PIB agricole, la productivité à seau routier, de la proximité des marchés et des conditions l'hectare et la productivité par employé. édaphiques. · La Région expérimente des systèmes de suivi et d'évaluation fondés sur le suivi de données de SIG (système d'informa- tion géographique), qui pourraient permettre de collecter des informations sur les zones agro-écologiques et d'établir des liens avec le secteur des transports. Toutes les interventions indiquées ci-dessus en réponse aux trois recommandations de l'IEG s'inscrivent dans la composante de productivité agricole du PAA (l'une des mesures opération- nelles phares du PAA). La direction considérera que les actions qu'elle a convenu de poursuivre ont été menées à leur terme si elles sont mises en oeuvre avec succès au cours des trois pro- chaines années. La direction informera les Administrateurs des résultats obtenus en matière de productivité agricole dans le cadre du dispositif global de suivi et de communication de données du PAA. x x v i i i Rapport de synthèse du Président : Comité pour l'efficacité du développement (CODE) L e 3 octobre 2007, le Comité pour l'efficacité du développement (CODE) a examiné le rapport intitulé World Bank Assistance to Agriculture in Sub-Saharan Africa: An IEG Review, préparé par le Groupe indépen- dant d'évaluation (IEG), ainsi que le projet de Réponse de la direction. Rappel des faits que l'IEG prévoit d'effectuer durant l'exercice Le CODE a examiné l'évaluation de l'IEG intitu- 2009. lée « L'appui de la Banque mondiale au renforce- ment des capacités en Afrique » le 23 mars 2005. La présente étude évalue l'efficacité de l'aide L'IEG a également préparé l'étude spéciale The apportée par la Banque mondiale pour remédier World Bank's Assistance to Agricultural Water aux obstacles au développement agricole en Management (1994­2004), datée du 7 juillet Afrique subsaharienne pendant la période 2006. comprise entre les exercices 91 et 06. L'étude conclut que le secteur agricole a été négligé aussi Le projet de document Rapport sur le dévelop- bien par les autorités nationales que par la pement dans le monde 2008 : l'Agriculture au communauté des donateurs, Banque mondiale service du développement a été examiné par le comprise. Elle constate que l'aide modérée de la Conseil le 12 juin 2007 et doit être publié le Banque -- en repli il y a peu encore -- a été 19 octobre. Son principal message est que l'agri- largement apportée au coup par coup et culture reste un instrument de développement « saupoudrée » entre plusieurs domaines essentiel qui nécessite, en Afrique, qu'on lève les essentiels tels que la recherche, la vulgarisation, obstacles à l'augmentation de la productivité le crédit, les semences, les routes et les réformes, agricole des petits exploitants -- qu'ils produi- mais sans guère tirer parti des synergies existant sent essentiellement pour leur consommation entre eux. En conséquence, malgré la relative ou qu'ils pratiquent déjà une agriculture réussite affichée dans certains domaines, comme commerciale. la recherche, les résultats sur le terrain ont été limités en raison du manque d'interaction avec la Rapport de l'IEG vulgarisation et de la disponibilité insuffisante de La première finalité de l'étude de l'IEG était de facteurs complémentaires critiques tels que les faire un premier bilan du recentrage des activités engrais, l'eau et l'accès aux marchés. De de la Banque sur l'agriculture en Afrique, tel nombreux autres éléments entrent en ligne de qu'exprimé notamment dans le Plan d'action compte pour expliquer les performances pour l'Afrique. Cet examen aidera par ailleurs à médiocres de l'agriculture en Afrique, à savoir la établir le schéma directeur de l'étude sur l'aide mauvaise gouvernance et les conflits qui de la Banque mondiale à l'agriculture en général sévissent dans plusieurs pays, les capacités x x i x L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E institutionnelles insuffisantes, la sous-estimation constat, mais note également que les perfor- par les États de l'importance de l'agriculture mances de l'agriculture sont affectées par certains pour le développement, mais aussi le manque de paramètres techniques et par des facteurs coordination entre les donateurs. économiques et institutionnels plus généraux. La direction estime que les recommandations de L'étude note également qu'au fil du temps, les l'IEG abordent des points importants pour faire compétences techniques nécessaires à l'appui au progresser l'agriculture en Afrique, mais que développement agricole se sont amenuisées au plusieurs d'entre elles (par exemple assurer un sein de la Banque, et que ses travaux d'analyse ont accès satisfaisant aux intrants) ont besoin d'être été peu nombreux, de qualité variable et n'ont pas précisées avant de pouvoir être mises en oeuvre. servi de fondement stratégique à l'élaboration des Pour la direction, il convient d'appuyer ces efforts programmes de prêts et aux activités de conseil. de précision des recommandations dans le cadre L'étude recommande que la Banque : i) favorise de l'aide actuellement apportée aux pays pour l'augmentation de la productivité agricole en leur permettre de définir des programmes aidant à élaborer des mécanismes susceptibles de intégrés. Par rapport à l'IEG, la direction estime fournir aux agriculteurs tout un ensemble de qu'il convient de mettre davantage l'accent sur facteurs, notamment des semences améliorées, l'adhésion des pays aux programmes et sur de l'eau, des crédits et des services de vulgarisa- l'harmonisation des actions avec les autres tion de qualité, de façon coordonnée ; partenaires de développement. ii) s'emploie à renforcer ses propres capacités afin de pouvoir apporter une aide appropriée au Conclusions générales développement de l'agriculture, en augmentant Les membres du Comité ont apprécié l'examen le nombre et la qualité de ses travaux d'analyse de cette étude et les échanges de vues sur l'agri- pour mieux définir les priorités dans chaque pays culture en Afrique qui viennent à point nommé, et en veillant à ce que ses activités de conseil et de se félicitant en particulier que le président prêt se fondent sur leurs conclusions, et en restau- compte en faire l'un de ses principaux messages rant ses compétences techniques, et iii) perfec- lors des Assemblées annuelles, et ont salué le tionne ses systèmes de données pour mieux regain d'attention porté au développement suivre les opérations qu'elle finance, et consolide agricole pour favoriser la croissance économique le dispositif de suivi et d'évaluation pour rendre et la réduction de la pauvreté. Les membres ont correctement compte des activités conduites dans estimé que cet examen complétait bien le le cadre de projets dans différents pays. Rapport sur le développement dans le monde 2008, le Plan d'action pour l'Afrique et les actions Projet de Réponse de la direction menées en vue de la réalisation des ODM. Ils ont La direction souscrit dans leurs grandes lignes aux souligné la nécessité de veiller à ce que la Banque conclusions et recommandations formulées par adopte une approche intégrée de la question l'IEG et a déjà commencé à les appliquer pour agricole pour remédier aux problèmes beaucoup d'entre elles. L'exercice stratégique systémiques, en repérant les obstacles les plus engagé par la direction en vue d'identifier et de pénalisants dans chaque contexte national et en dimensionner des programmes agricoles intégrés répondant aux besoins urgents des pays pauvres sert de guide lors des tables rondes du CAADP et d'Afrique par une démarche plurisectorielle et aide nos clients à élaborer leurs propres multidimensionnelle. De l'avis général, des programmes. La direction ne partage pas l'avis de objectifs réalistes doivent être définis pour les l'IEG sur l'importance donnée à certains aspects. interventions de la Banque, et un juste équilibre Le rapport de l'IEG attribue le retard de doit être trouvé entre les travaux d'analyse et les croissance à des handicaps associés à la diversité activités de conseil. Les Administrateurs se sont agro-écologique, à la pauvreté des sols, à la également déclarés favorables à l'idée de redyna- variabilité des précipitations et à la fréquence des miser l'intervention de la Banque en se fondant sécheresses. La direction est d'accord avec ce sur ses avantages comparatifs en matière de x x x R A P P O RT D E SY N T H È S E D U P R É S I D E N T : C O M IT É P OU R L' E F F I C AC IT É D U D É V E L O P P E M E N T ( C O D E ) promotion du développement agricole, mais Banque mondiale à l'agriculture en général que dans le cadre d'une coordination et d'une l'IEG prévoit d'effectuer durant l'exercice 09, coopération claires avec d'autres partenaires de bien que quelques intervenants aient demandé développement comme la FAO. que ce rapport soit examiné plus tôt. Les membres du Comité ont indiqué qu'il Les grands points ci-après ont été soulevés importait de prendre en compte l'avis des autori- durant la réunion : tés nationales, de définir la place du service public par rapport au secteur privé, et de s'adapter à Le secteur agricole en Afrique l'architecture de l'aide internationale et promou- Les membres du Comité ont souligné l'impor- voir la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris, tance du secteur agricole pour l'Afrique, sa en évitant la fragmentation de l'aide. Ils ont contribution à la croissance, à la réduction de la également souligné l'importance de s'attaquer pauvreté, et à la réalisation des objectifs de aux problèmes de la gouvernance, de la corrup- développement pour le Millénaire (ODM). Ils tion et des régimes fonciers, reconnaissant ont rejoint l'analyse de l'IEG que l'agriculture toutefois qu'il s'agissait là de questions sensibles était largement négligée par les autorités du point de vue social, économique et politique. nationales et les donateurs, et relevé que le Dans le même esprit, tout en convenant de la volume des prêts à l'investissement accordés par nécessité d'obtenir l'adhésion des pays et de la Banque au secteur avait été relativement répondre à une demande, les membres ont modeste. Quelques membres ont fait observer exprimé des opinions diverses sur le rôle et que le problème de l'agriculture dépassait le l'implication de la Banque. Les membres du cadre du continent africain. L'un d'entre eux a Comité ont aussi mis en avant les enjeux que demandé un complément d'information sur représentent l'adaptation aux changements l'encours des prêts. La direction a répondu que climatiques, l'accès au crédit pour les petits le portefeuille de la Banque sur l'agriculture en agriculteurs, et la mise au point d'instruments Afrique comprenait 49 projets pour un montant financiers novateurs, en particulier pour la de 2,2 milliards de dollars. Les nouveaux prêts, gestion du risque, et l'importance d'avancer sur crédits et dons octroyés ces deux dernières le dossier du commerce. Un certain nombre années (exercices 06 et 07) ont dépassé les d'autres questions ont été évoquées par plusieurs 550 millions de dollars chaque année, soit une intervenants, à savoir les moyens financiers augmentation de 80 % par rapport à la nécessaires, l'utilisation de fonds fiduciaires et le moyenne des exercices 01 à 05. rôle des prêts et des dons de l'IDA ; le dévelop- pement de nouvelles technologies et le transfert Contribution de la Banque de technologies ; la différenciation des pays en Des déclarations ont été entendues sur la fonction de leur niveau de développement ; les nécessité d'améliorer et étendre l'aide de la capacités institutionnelles et la viabilité des Banque à l'agriculture en Afrique, de lancer un réformes de la politique publique ; et des appel d'offres pour rationaliser l'intervention de la questions transversales telles que les infrastruc- Banque, et de préparer un rapport d'avancement tures, les transports, l'eau, l'accès aux marchés et sur les actions menées pour accroître la producti- la promotion de la femme. vité agricole dans la Région. Un membre du Comité a insisté sur le fait qu'il importait d'abor- Prochaines étapes der le dossier de l'agriculture africaine dans le Il a été demandé que la Stratégie de développe- contexte de l'Exercice stratégique à long terme ment rural fasse l'objet d'un réexamen, le dernier engagé par le Groupe de la Banque mondiale sous bilan de l'exécution de la stratégie sectorielle la direction de son Économiste en chef. Dans le ayant eu lieu en 2005 ainsi que l'a rappelé la même ordre d'idées, le Groupe devrait maintenir direction. Les membres du Comité ont déclaré ses efforts de coordination et de cohérence dans attendre avec intérêt l'étude sur l'aide de la la programmation des activités pour chaque pays. x x x i L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Une question a été soulevée sur la nécessité le transfert de technologies permettant éventuelle d'analyser les aspects organisationnels d'accroître la productivité étaient également et les systèmes de gestion de la Banque. importants. La nécessité de renforcer les savoirs et les capacités institutionnelles, y compris pour Approche stratégique de la Banque les petits exploitants, ainsi que la viabilité, a aussi Les membres du Comité ont souligné l'importance été mentionnée. Des remarques ont été d'adopter une approche totalement intégrée de formulées par ailleurs sur l'importance de l'accès l'agriculture, tout en assurant des échanges des agriculteurs au crédit, du développement du féconds entre les secteurs. Ils ont proposé l'inté- microcrédit, et des instruments de gestion du gration d'autres secteurs, en particulier ceux risque. À cet égard, un intervenant a noté le rôle associés à la pauvreté rurale : la nutrition, la santé majeur de l'IFC dans la finance agricole. et l'éducation, et les infrastructures et les transports liés à l'accès aux marchés. Une Architecture de l'aide approche globale était nécessaire pour remédier Plusieurs intervenants ont évoqué le rôle de la aux problèmes systémiques. De même, une Banque et son avantage comparatif dans le secteur approche multidimensionnelle était également agricole par rapport aux autres partenaires de indispensable compte tenu de la complexité de ce développement. Quelques-uns ont estimé que la secteur. Un certain nombre d'intervenants ont Banque pouvait jouer un rôle de coordination demandé que l'on reste dans la ligne du RDM, et dans certains domaines, par exemple les finance- notamment de l'accent qui y est mis sur le besoin ments accordés par les donateurs, ou d'autres d'augmenter la productivité des petits agriculteurs engagements tels que la mise en oeuvre de la et sur l'amélioration de la gouvernance. Déclaration de Paris sur l'alignement et l'harmoni- sation de l'aide. Un membre du Comité a signalé Résultats par domaines l'importance de travailler en phase avec la FAO et Certains intervenants ont estimé que l'étude de le FIDA, qui ont procédé récemment à des évalua- l'IEG aurait dû analyser davantage l'importance tions de leurs stratégies pour l'agriculture. de la promotion de la femme, et comporter D'autres ont souligné la nécessité pour la Banque notamment des recommandations sur la d'intégrer les contributions d'autres organismes manière de mieux intégrer cet aspect dans l'aide comme le CGIAR et les centres de recherche de la Banque. Plusieurs membres ont souligné nationaux. Il a aussi été fait référence à la fragmen- l'importance de l'intervention de la Banque dans tation importante de l'aide de la Banque et des le domaine des régimes fonciers et de la gestion autres donateurs dans ce secteur. durable des terres, tout en reconnaissant le caractère politiquement et socialement sensible Spécificités nationales du problème, auquel il revient aux pays de s'atta- Certains membres du Comité ont insisté sur quer. De nombreux intervenants ont noté que la l'importance d'intervenir en réponse à une Banque avait un rôle à jouer pour ce qui était demande, en fonction des priorités définies par d'encourager les pays à s'adapter aux change- chaque pays. La Banque devrait aider les pays à ments climatiques, de faire face aux sécheresses repérer les obstacles les plus pénalisants dans et d'améliorer les infrastructures, notamment leur contexte national. Il fallait également dans les transports, le réseau routier et la gestion repenser la place du secteur public par rapport de l'eau. À ce sujet, un membre a fait remarquer au secteur privé dans l'économie. Une certaine que la Banque ne possédait pas d'avantage prudence a été demandée pour ce qui est de comparatif dans l'industrie agroalimentaire ni promouvoir la libéralisation de l'agriculture. Un dans les produits « orientés marché ». La Banque membre a proposé de réaliser des évaluations en devait continuer à accroître ses investissements différenciant plusieurs catégories de pays. On directs dans l'irrigation, la vulgarisation et la pouvait ainsi caractériser les pays comme étant fourniture d'engrais et de semences améliorées. des sociétés à dominante agraire, riches en Le développement de nouvelles technologies et ressources ou relativement avancées, comme x x x i i R A P P O RT D E SY N T H È S E D U P R É S I D E N T : C O M IT É P OU R L' E F F I C AC IT É D U D É V E L O P P E M E N T ( C O D E ) l'Afrique du Sud. Ce membre a jugé que l'étude suffisantes, y compris à travers l'IDA, les fonds aurait pu gagner à présenter les opinions des fiduciaires et les dons, pour s'attaquer aux autorités nationales, notant toutefois que les avis problèmes de l'agriculture dans les pays africains des services de la Banque portaient davantage les plus pauvres. Un membre du Comité a regretté sur les facteurs internes. le déclin progressif des compétences techniques du personnel, saluant néanmoins les efforts faits Travaux d'analyse par la direction et la réorganisation entreprise Certains membres ont souligné la nécessité récemment. Quelques membres ont demandé des d'axer les travaux d'analyse et les activités de éclaircissements sur la différence entre le nombre conseil sur l'avantage comparatif de la Banque. À d'experts techniques indiqué par la direction et cet égard, des intervenants ont estimé qu'il celui donné par l'IEG. L'IEG a expliqué qu'il existait de nombreuses études, et que la Banque utilisait les données du service des ressources devrait se spécialiser dans ce qu'elle sait faire humaines, qui montrent que les compétences bien, à savoir la gestion de projet, et le suivi et techniques ont diminué depuis 1997. La direction l'évaluation. Un intervenant a indiqué que l'étude a fait observer que sur les 79 membres du person- de l'IEG aurait pu couvrir les activités du WBI, qui nel, 37 (47 %) étaient décentralisés. Elle a indiqué fait le lien entre recherche et application. La également qu'elle était en train d'entreprendre direction a répondu que les travaux d'analyse un état des lieux complet des compétences. sur l'agriculture entrepris dans le cadre du Plan d'action pour l'Afrique restaient une tâche Données importante à laquelle on s'employait à donner Un membre du Comité a demandé des éclaircis- une orientation plus stratégique et plus qualita- sements sur l'écart entre les chiffres totaux et les tive. Elle a fait remarquer également que le suivi données sur les pays fournis par la direction et et l'évaluation faisaient partie intégrante du par l'IEG. L'IEG a déclaré que l'IEG et la Plan d'action pour l'Afrique, en particulier direction tiraient tous les deux leurs chiffres des pour ce qui est de la mesure de la productivité. Indicateurs du développement dans le monde, mais que la direction utilisait les taux de Financement et personnel croissance globaux, tandis que l'IEG présentait Certains intervenants ont insisté sur l'importance des données selon trois catégories de pays de disposer de ressources humaines et financières classés en fonction de leurs performances. Jiayi Zou, Président x x x i i i Femmes récoltant le coton à Madagascar. Photo de Yosef Hadar, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Aperçu de l'évaluation en quelques langues Anglais English · Underperformance of agriculture has been various agricultural activities such as re- a major limitation of Africa's development. search, extension, credit, seeds, and policy For most of the past two decades, both gov- reforms in rural space, but with insufficient ernments and donors, including the World recognition of the synergies among them. Bank, have neglected the sector. · The Bank now has an opportunity, drawing · The Bank's limited--and, until recently, de- on its comparative advantage as a multi- clining--support to agriculture has not been sector lending institution and as the single strategically used to meet the diverse needs largest donor to African agriculture (dur- of a sector that requires coordinated inter- ing 1990­2005), to help ensure a coordi- ventions across a range of activities. Lend- nated and multifaceted approach to ing from the Bank has been sprinkled across agriculture development in Africa. Français French · Les mauvais résultats de l'agriculture ont rentes activités agricoles telles que la re- été un frein essentiel au développement cherche, la vulgarisation, le crédit, les se- de l'Afrique. Les autorités nationales et les mences et les réformes de l'espace rural, bailleurs de fonds, dont la Banque mon- mais sans tenir suffisamment compte de diale, ont négligé ce secteur pendant l'es- leurs synergies. sentiel des vingt années écoulées. · La Banque mondiale a aujourd'hui la pos- · L'aide modérée et, jusque récemment, en sibilité, en s'appuyant sur l'avantage com- recul de la Banque mondiale à l'agriculture paratif qu'elle détient en tant qu'institution n'a pas été utilisée de manière stratégique de crédit plurisectorielle et premier bailleur pour répondre aux besoins variés d'un sec- de fonds à l'agriculture africaine (de 1990 à teur qui nécessite des interventions coor- 2005), d'adopter une approche coordonnée données dans des domaines très divers. et pluridimensionnelle au développement Ses crédits ont été dispersés entre diffé- de l'agriculture sur ce continent. x x x v L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Português Portuguese · O fraco desempenho da agricultura tem agrícolas, tais como, a investigação, a ex- sido uma limitação importante para o de- tensão, o crédito, as sementes e as reformas senvolvimento da África. Durante a maior de política no espaço rural, mas não houve parte das duas últimas décadas, tanto o go- um reconhecimento suficiente das siner- verno como os doadores, incluindo o Banco gias existentes entre elas. Mundial, negligenciaram este sector. · O Banco tem agora a oportunidade, apro- · O apoio limitado, e até recentemente de- veitando a sua vantagem comparativa como crescente, do Banco à agricultura não foi uti- instituição de crédito multilateral e sendo lizado estrategicamente para suprir as o maior doador para a agricultura africana diversas necessidades de um sector que re- (durante o período compreendido entre quer intervenções coordenadas através de 1990 e 2005), de assegurar que seja seguida várias actividades. Os empréstimos do Banco uma abordagem coordenada e multifacetada têm sido espalhados por várias actividades ao desenvolvimento da agricultura na África. x x x v i Chapitre 1 Points saillants de l'évaluation · L'Afrique subsaharienne est une Région diverse et complexe, qui accuse du retard pour la plupart des objectifs de développement pour le Millénaire. · Le développement agricole peut contribuer de façon importante au recul de la pauvreté et à la crois- sance. · L'augmentation de la productivité agricole est d'une importance fon- damentale pour améliorer la sécurité alimentaire des populations rurales et des pauvres des zones urbaines. Cueillette des tomates dans des champs irrigués. Bassin du Sénégal. Photo de Scott Wallace, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Introduction L 'Afrique subsaharienne est une Région diverse et complexe de plus de 700 millions d'habitants, qui compte au moins 1 000 groupes ethniques répartis dans 47 pays ayant sept histoires coloniales clairement différentes. Certains des pays les plus pauvres du monde sont situés dans la Région et, pendant les deux dernières décennies, le nombre des pauvres a doublé en Afrique, passant de 150 millions à 300 millions, ce qui représente plus de 40 % de la population de la Région (Banque mondiale 2005e). D'après le Rapport sur le développement dans le rendements céréaliers en Afrique, même pendant monde 2008, le taux de pauvreté dans les zones la période 2003-2005, étaient inférieurs de moitié rurales de la Région s'établissait à 82 % en 20021. aux rendements d'Asie du Sud et du tiers à ceux L'Afrique est à la traîne pour la plupart des d'Amérique latine. L'Afrique est aussi distancée objectifs de développement pour le Millénaire par d'autres Régions si l'on considère le pourcen- (ODM). C'est pourquoi la Région et son dévelop- tage des terres irriguées, l'utilisation des engrais, pement sont une priorité pour la communauté et la production de la terre et de la main-d'oeuvre internationale. par travailleur (tableau B.4, annexe B). La sous- performance du secteur a suscité au départ un L'une des principales raisons qui explique le certain scepticisme quant à la capacité de l'agri- retard pris par l'Afrique par rapport aux autres culture de contribuer à la croissance et au recul de régions est la sous-performance de son agricul- la pauvreté dans le continent (Diao et autres ture, qui représente 30 % du produit intérieur 2006). Mais les médiocres résultats de l'agricul- brut (PIB) et emploie 75 % de la population ture dans le continent tiennent à un ensemble de (Commission pour l'Afrique 2005). Les piètres facteurs qui sont particuliers à ce secteur dans résultats du secteur tiennent à un ensemble de cette Région. L'évaluation de la contribution de la contraintes qui sont propres au secteur agricole Banque mondiale au développement du secteur africain, et qui font de son développement une agricole en Afrique subsaharienne fournit des gageure complexe. Les déficiences de la gouver- éclaircissements sur ces différents facteurs à la nance et les conflits qui affectent plusieurs pays lumière de l'expérience de la Banque mondiale. rendent les choses encore plus difficiles. Le rôle de l'agriculture en Afrique La production totale de l'agriculture en Afrique Pour que l'Afrique puisse atteindre les ODM, il porte essentiellement sur les produits vivriers ; faut développer son agriculture. Jusqu'à une les cultures d'exportation ne représentent que période récente, le secteur a été négligé parce 8 % de la production agricole totale (Peacock, que ni les dirigeants ni les bailleurs de fonds Ward et Gambarelli 2007). Certaines cultures, n'ont fait de son développement une telles que le coton, sont souvent considérées priorité. Dans la période qui a suivi Pour atteindre les ODM comme une réussite (voir annexe I), mais les immédiatement l'indépendance, les en Afrique, il est impératif cultures vivrières ont des résultats particulière- années 60, les gouvernements de de réaliser le potentiel de ment décevants dans la plupart des pays. Les plusieurs pays africains ont traité l'agriculture. 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E l'agriculture essentiellement comme une source l'essentiel une affaire familiale, et la plupart des de ressources pour l'industrialisation, convain- paysans disposent de 0,5 à 2,0 hectares de terres. cus que l'industrialisation était la clé du dévelop- Pour la plupart d'entre eux, le petit lopin qu'ils pement et que l'aide alimentaire permettrait de cultivent (que ce lopin leur appartienne ou pas) pourvoir aux besoins des villes et de parer aux est leur seul bien matériel. Il y a en cela un situations d'urgence2. La production des cultures contraste frappant avec la situation en Asie du marchandes était encouragée car c'était une Sud, où la plupart des pauvres n'ont pas de terre source de devises pour le développement. à cultiver (Lipton et autres 2003)4. En Afrique, c'est la faible productivité qui pose problème, et Puis, dans les années 70, le Président de non le fait que les paysans ne disposent pas de L'agriculture a des effets laBanquemondiale,RobertMcNamara, terres. Il est donc possible de faire reculer indirects importants présida au passage du paradigme d'une sensiblement la pauvreté dans la région si l'on sur la croissance croissance économique au paradigme accroît la productivité des petits lopins de terre. d'autres secteurs. plus large du développement en Afrique. Cela engageait la Banque à En Afrique, il existe une forte corrélation entre le promouvoir le développement rural intégré afin recul de la pauvreté et l'agriculture. Mais d'attaquer directement le problème de la pauvreté nombreux sont ceux qui ne se rendent pas en milieu rural et le sous-développement du suffisamment compte que les gains de producti- continent (Eicher 1999). Alors qu'en Asie cette vité permettent non seulement d'améliorer la optique plus large du développement a suivi la sécurité alimentaire des pauvres des régions focalisation initiale sur la production vivrière et la rurales, mais qu'ils ont aussi des effets positifs mise en place d'institutions, les bailleurs de fonds pour les pauvres des villes étant donné que, pour ne se sont pas véritablement intéressés au ces citadins, l'augmentation de la production se développement agricole en Afrique à cause de ce traduit par une baisse du prix des denrées changement de priorités3. alimentaires5. Sur la base des travaux effectués dans huit pays de la Région, Dorosh et Plus tard, lorsque les pays africains se Haggblade (2003) ont constaté que les investis- L'agriculture en Afrique sont heurtés à de graves crises sements dans l'agriculture favorisent davantage est pour l'essentiel aux budgétaires au milieu des années 80, les pauvres que des investissements similaires mains de petits les bailleurs de fonds ont donné dans le secteur manufacturier6. Les recherches exploitants, et c'est le priorité à l'efficience de l'allocation de l'IFPRI (2002b) montrent qu'une augmenta- manque de productivité des ressources. Dans le secteur tion de 10 % de la productivité des petits qui pose problème agricole, les réformes de la commer- paysans en Afrique peut faire passer près de 7 et non pas le fait que les cialisation ont pris le pas sur le millions de gens au-dessus du seuil de pauvreté paysans n'aient pas de développement de toutes les activités d'un dollar par jour. Les récents travaux d'analyse terre à cultiver. pertinentes du secteur. Le succès des de la Banque montrent aussi que l'augmentation réformes de commercialisation a été de la productivité agricole a des effets favorables considéré comme un déterminant fondamental analogues sur la pauvreté (Banque mondiale de la réaction générale de l'économie au change- 2005j). Hartmann (2004) va même jusqu'à noter ment des incitations économiques. que, si la communauté du développement avait à choisir une seule activité pour atteindre le Pour aller de l'avant, il est d'une premier ODM, qui est de réduire l'extrême L'augmentation de la importance cruciale de centrer pauvreté et la faim en Afrique, ce devrait être de productivité agricole l'action sur l'agriculture pour faire produire davantage de denrées vivrières. renforce la sécurité reculer la pauvreté et promouvoir la alimentaire tant pour les croissance dans la Région. La croissance pauvres des régions Les travaux de recherche récents montrent que rurales que ceux des La réduction de la pauvreté l'effet de l'agriculture sur une croissance plus zones urbaines. L'agriculture en Afrique est pour diversifiée est sans doute substantiel lui aussi. 4 I N T RO D U C T I O N Christiaensen et Demery (2007) établissent une la catégorisation des pays), et une aptitude distinction entre les effets directs et indirects de variable à s'engager politiquement en faveur de cette croissance et ils montrent que, si l'agriculture programmes d'action axés sur l'augmentation de progresse en général plus lentement que les activi- la croissance et la réduction de la pauvreté tés non agricoles, les effets indirects de l'agriculture (Banque mondiale 2002a). Compte tenu de cette sur les secteurs non agricoles sont sensiblement diversité, l'étude est essentiellement centrée sur plus importants que les effets de rétroaction en les questions qui sont communes à l'ensemble sens inverse. Ces effets tiennent aux liens avec des pays et qui présentent un intérêt pour le l'agroindustrie et la production d'intrants par développement du secteur agricole de la Région, exemple, ainsi qu'à « l'effet des biens de grande d'après ce qui ressort en général d'un ensemble consommation », ce qui signifie que la baisse des restreint de communiqués stratégiques de la prix alimentaires se traduit par une augmentation Banque. D'autres facteurs influent aussi sur le de l'épargne pour un niveau donné de revenu et champ d'action de l'examen : qu'elle peut stimuler la demande des biens produits par le secteur non agricole. · Seuls les prêts directs et les activités hors prêts sont pris en compte dans le cadre de cette Objet de l'étude étude. La Banque a été le plus important L'objet de ces examens de l'IEG est double. bailleur de fonds pour l'agriculture africaine Premièrement, servir d'avant-projet pour l'étude pendant la période 1990-2005, et une évalua- sur l'assistance de l'ensemble des services de la tion de ses activités peut fournir des indications Banque à l'agriculture que l'IEG prévoit d'effec- précieuses sur les problèmes que peut poser tuer au cours de l'exercice 09. Deuxièmement, le développement agricole de la Région. Le fournir en temps voulu des indications sur soutien de l'Institution pourrait sans doute certaines questions particulières qui entrent dans être d'une plus grande valeur ajoutée s'il était le cadre du renouveau d'intérêt que porte la évalué en parallèle avec les activités soutenues Banque à l'agriculture en Afrique, en particulier par d'autres bailleurs de fonds. Mais il serait dif- dans l'optique du Plan d'action pour l'Afrique. En ficile de le faire compte tenu des modestes outre, l'Union africaine a lancé une initiative et un ressources disponibles. D'autres organisations cadre stratégique qui illustrent sa vision pour le multilatérales telles que l'Organisation des Na- renouveau de l'Afrique -- le Nouveau partenariat tions Unies pour l'alimentation et l'agriculture pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le (FAO), la Banque africaine de développement Programme détaillé pour le développement de (BAfD) et le Fonds international de dévelop- l'agriculture en Afrique est au centre des efforts pement agricole (FIDA) ont entrepris d'évaluer déployés par les gouvernements africains dans le de leur côté leur soutien au secteur de l'agri- cadre du NEPAD pour accélérer la croissance et culture en Afrique. Lorsque ces évaluations se- éliminer la pauvreté et la faim. Les enseignements ront terminées, elles seront utilisées pour les tirés de l'expérience de la Banque permettront besoins de la future étude de l'IEG sur l'assis- de nourrir les discussions autour de ces initiatives tance apportée par l'ensemble des services de et ils guideront sans doute l'élaboration des la Banque à l'agriculture. futurs programmes internationaux d'aide et les · Le rapport prend appui sur les conclusions choix d'orientation à venir. d'autres études de l'IEG portant sur les pro- grammes régionaux et mondiaux mis en place Portée de l'étude pour soutenir le développement agricole, mais L'objet de l'étude est le développement agricole il ne passe pas en revue lui-même tous les pro- en Afrique, et non la question plus large du grammes régionaux et mondiaux qui s'y rap- développement rural, sur la période 1991-2006. portent. Les 47 pays de la Région se caractérisent par une · Bien que le rapport traite de la sécurité ali- grande diversité des ressources et des dotations mentaire, il ne discute pas des avantages ou des en facteurs (voir tableau B.1 de l'annexe B pour inconvénients de l'aide alimentaire. 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E · L'analyse de l'accès aux marchés pour les pro- conclusions de l'analyse du portefeuille et des duits agricoles se limite à l'infrastructure des examens au niveau des pays. transports et ne couvre pas d'autres obstacles · L'enquête de l'IEG auprès des services de la Banque. tels que les contraintes liées à la conformité aux L'IEG a cherché à connaître le point de vue des normes exigées par les supermarchés. services de la Banque (tant ceux du Siège que ceux basés sur le terrain) sur les facteurs in- Méthodologie ternes et les incitations touchant l'assistance de L'évaluation se fonde sur quatre grandes sources la Banque. Une enquête a été envoyée à 258 d'information : agents qui travaillaient sur les problèmes agri- coles de la Région Afrique et dans le Réseau · L'examen du portefeuille. En consultation avec ARD en tant que spécialistes de l'agriculture ou le Département de l'agriculture et du déve- en tant que chefs de projets comportant des loppement rural (ADR), l'IEG a identifié un volets agricoles, et notamment de projets portefeuille de projets comportant des volets concernant des secteurs tels que les trans- agricoles à examiner. L'évolution tendancielle ports ou des opérations plurisectorielles. des prêts concernant le portefeuille de 262 projets a été examinée. En outre, un échan- Limitations de l'étude tillon aléatoire stratifié de 71 projets clos et en L'étude comporte deux points faibles. Première- cours du portefeuille a été retenu pour un ment, bien que les évaluations des projets examen détaillé. Les activités hors prêt de la comportent des données d'information re- Banque (avec les documents pertinents sur la cueillies sur le terrain et indiquent les points de stratégie rurale), les stratégies d'aide-pays et vue des responsables gouvernementaux et les documents de stratégie pour la réduction d'autres parties prenantes sur le soutien apporté de la pauvreté ont aussi été analysés afin d'éva- par la Banque au secteur agricole, l'étude est en luer l'approche stratégique adoptée par la grande partie fondée sur une analyse documen- Banque pour le développement du secteur taire effectuée pendant plus de huit mois avec un agricole. budget restreint (par rapport à d'autres études · Les examens au niveau des pays. Deux pays sectorielles/thématiques classiques de l'IEG). d'Afrique de l'Est (Kenya et Malawi) et deux Deuxièmement, le pourcentage des réponses pays d'Afrique de l'Ouest (Cameroun et Nigé- obtenues pour l'enquête auprès du personnel ria) ont été choisis pour les examens sectoriels n'était que de 22 %. Comme l'existence d'un biais afin d'obtenir des indications propres aux pays. dans les réponses est inhérente aux question- Les évaluations de 13 projets agricoles inté- naires d'opinion, il est difficile de déterminer si ressant divers pays africains ont aussi été in- ceux qui ont répondu sont représentatifs des cluses dans le programme de l'IEG pour 258 agents qui ont reçu le questionnaire initiale- l'exercice 07. ment. Étant donné le nombre restreint de · L'examen des travaux publiés. Les travaux pu- réponses et le biais probable qu'elles contiennent, bliés de la Banque et d'autres entités ont fourni les résultats de l'étude ne sont utilisés que pour une base de départ pour comprendre les com- illustrer et/ou corroborer les conclusions d'autres plexités de l'agriculture africaine et le rôle joué sources d'information. L'annexe A donne des par la Banque, ainsi que pour confirmer les détails sur la méthodologie. 6 Chapitre 2 Points saillants de l'évaluation · Du fait de la diversité agro- écologique de l'Afrique, de la varia- bilité du climat, de la pauvreté du sol et de l'extension limitée de l'irri- gation, le développement de l'agri- culture dans le continent est une gageure complexe. · La stratégie de développement agricole en Afrique devra être fondée sur la prise en compte des caractéristiques particulières de la Région. · Si l'ont met à la disposition du conti- nent, en même temps, ou selon un ordre chronologique optimal, des semences améliorées, de l'eau, des équipements d'infrastructure, du crédit et des services de vulgarisa- tion, entre autres mesures, les revenus agricoles pourront rapide- ment augmenter en Afrique. Un minibus transportant des piles de marchandises et d'animaux, Burkina Faso. Photo de Curt Carnemark, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale L'agriculture africaine et la Banque C ette section présente une description succincte du secteur agricole en Afrique subsaharienne, suivie par l'examen de l'approche stratégique adoptée par la Banque pour le développement du secteur. Elle recense aussi les principales contraintes qui entravent le développement agricole de la Région. Le secteur agricole en Afrique agricole située entre 2 et 5 % par an ; La croissance du secteur En Afrique, l'agriculture est surtout une affaire et ceux dont la performance est agricole a été familiale, essentiellement aux mains de petits médiocre ou négative, avec une extrêmement irrégulière exploitants. Les femmes fournissent à peu près la croissance agricole très faible (voir le dans l'ensemble de la moitié de la main-d'oeuvre et produisent la plupart tableau B.2, annexe B). Région et dans le temps. des denrées vivrières consommées par la famille. Dans certains pays, la part des femmes dans les Mais les pays les plus performants ne l'ont pas activités agricoles est encore plus importante. toujours été au cours de la dernière décennie. Dans la République du Congo par exemple, elle Certains pays très peu performants pendant la atteint 70 % de la main-d'oeuvre employée dans période 1990-2000, ont enregistré des résultats les cultures vivrières. La production agricole relativement satisfaisants pendant la période augmente en Afrique, mais la productivité du 2000-2004, tandis que d'autres ont pris le chemin travail dans le secteur est faible, et elle a stagné inverse. Les variations sont souvent spectacu- pendant la plus grande partie des deux décennies laires, de sorte que les taux de croissance globaux passées (Banque mondiale 2002a). peuvent induire en erreur. En Angola par exemple, la croissance de l'agriculture a atteint Il est difficile de calculer un taux de croissance un rythme de 13,7 % par an entre 2000 et 2004, fiable pour l'agriculture africaine pendant la mais elle a reculé de 1,4 % pendant la période période étudiée en raison des importantes 1990-2000. La forte progression enregistrée dans variations observées d'un pays à l'autre et dans le la seconde période tient au fait que le temps. Les 47 pays de la Région peuvent être pays partait d'une base extrêmement L'augmentation de la répartis en trois catégories : ceux dont la perfor- faible après une période de conflit1. production agricole mance est relativement satisfaisante, avec une Une douzaine de pays seulement, pendant la période 1961- croissance agricole de plus de 5 % par an dont le Bénin, le Burkina Faso, le 2001 était essentiellement pendant la période 2000-2004 ; ceux dont la Ghana, le Nigéria et la Tanzanie liée à la mise en culture performance est moyenne, avec une croissance affichent des taux de croissance de nouvelles superficies. 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Figure 2.1 : Variation de la production céréalière liée à la variation des superficies en culture et des rendements 1961-2001 (1961 = 100) Asie du Sud 200 180 tage)n 160 ce ur 140 po ne 120 1981 = 172 n 100 1971 = 125 1991 = 222 2001 = 282 1961 = 100 iatior 80 (va 60 Production 40 (superficie x rendement) ficiesr 100 peuS 20 0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 Rendements (variation en pourcentage) Afrique subsaharienne 200 2001 = 246 tage)n 180 ce 160 ur 140 1991 = 204 po ne 120 n 1971 = 125 100 1981 = 146 iatior 1961 = 100 80 (va Production 60 (superficie x rendement) ficiesr 40 100 peuS 20 0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 Rendements (variation en pourcentage) Source : Henao et Baanate 2006. agricole homogènes de plus de 3 % pendant la période a augmenté surtout grâce à la mise en période 1990-2004 (tableau B.3, annexe B)2. culture de nouvelles superficies, tandis que les rendements agricoles stagnaient dans l'ensemble La production agricole en Afrique a augmenté (Eilitta 2006). Au cours des dernières années depuis les années 60, mais cette croissance est toutefois, l'extension des cultures a stagné elle clairement différente de celle d'autres Régions. aussi, ce qui indique que la frontière des terres Les progrès importants dans la production arables a peut-être été atteinte, dans certains pays céréalière de l'Asie de l'Est pendant les 40 années tout au moins. de la période 1961-2001 par exemple sont attribuables pour l'essentiel à la hausse des La rapidité de la croissance démographique a rendements (voir la figure 2.1 et tableau B.4, aussi réduit les superficies cultivables par annexe B). La production africaine de céréales et habitant. Paradoxalement, même avec l'augmen- de racines et tubercules pendant la même tation de la population, l'incidence importante 1 0 L'AG R I C U LT U R E A F R I C A I N E ET L A BA N Q U E du VIH et du SIDA et de maladies telles que le au volume de l'aide fournie. Les Du fait que la paludisme a engendré des pénuries de main- données de l'Organisation de co- productivité a stagné, les d'oeuvre pour l'agriculture dans plusieurs pays opération et de développement importations de produits (Banque mondiale 2000 ; Shapouri et Rosen économiques montrent que bien que alimentaires ont 2001). Les conséquences de ce problème de les donneurs bilatéraux en tant que augmenté. capacité doivent toutefois être examinées de groupe jouent un rôle comparative- façon plus systématique (IFPRI 2004b). ment important, la Banque (l'Association internationale de développement, IDA) a été le Les importations ont progressé rapidement plus important pourvoyeur de fonds en faveur pendant la période couvrant les exercices 1991 à de l'agriculture africaine pendant la période 2006. La production vivrière de la Région 1990-2005. Les plus gros donneurs bilatéraux considérée dans son ensemble n'a pas suivi la étaient les États-Unis et le Japon (tableau E.2, croissance démographique, et les importations annexe E). Vingt-cinq pour cent des projets de denrées alimentaires ont comblé le déficit. Au soutenus par la Banque dans le secteur agricole même moment, les exportations africaines, qui sont cofinancés par d'autres bailleurs de fonds sont essentiellement basées sur l'agriculture, ont bilatéraux et multilatéraux. diminué et, pour plusieurs produits de base, dont le café, la Région a perdu sa part de marché Les apports du secteur privé étranger à l'Afrique mondial au profit de ses concurrents. À partir de sont modestes par rapport à l'aide bilatérale et 1973, l'Afrique est devenue un importateur net multilatérale (Hazell et von Braun 2006). Sur les de produits alimentaires, et c'est ainsi qu'est investissements étrangers directs (IED) qui se apparu un déficit vivrier chronique pour la dirigent vers le monde en développement Région (Eicher 1999). considéré dans son ensemble, moins de 1 % se sont orientés sur l'Afrique au début des années L'architecture de l'aide pour l'agriculture 2000 (IFPRI 2002a). Les liens de l'Afrique avec en Afrique l'économie mondiale moderne sont ténus et Les organisations multilatérales (Banque l'investissement commercial privé mondiale, FIDA, FAO, BAfD) comme les bailleurs dans l'agriculture se limite pour La Banque est un acteur de fonds bilatéraux (tels que les membres de la l'essentiel aux cultures d'exportation important dans Direction de la Coopération pour le développe- et aux zones dont le potentiel est l'architecture générale de ment du Comité d'aide au développement, ou relativement élevé. Même dans ce cas, l'aide en faveur de DCD-CAD) ont apporté leur soutien pour accélé- les marchés internationaux de l'agriculture, mais les rer le développement de l'agriculture en Afrique. produits de base ont continué à se bailleurs de fonds Mais l'aide de ces deux sources en faveur de développer, mais les exportations bilatéraux et l'agriculture africaine a diminué entre 1981 et africaines se sont contractées dans le multilatéraux jouent 2001 (annexe E). Avec le regain d'intérêt que temps et, à l'heure actuelle, le volume aussi un rôle substantiel. suscite le développement du continent, l'aide total des exportations de produits bilatérale tout comme l'aide multilatérale en agricoles du continent (arachides, huile de faveur de l'agriculture africaine a repris depuis palme et sucre, entre autres) est inférieur à ce 2000. Plus récemment, la Chine est devenue un qu'il était il y a 30 ans (IFPRI 2002a). bailleur de fonds bilatéral important pour l'agri- culture africaine. Les apports annuels d'aide au La tenue de certaines exportations non tradition- continent considéré dans son ensemble pendant nelles -- telles que les fleurs du Kenya, les la période 2000-2005 étaient supérieurs de 13 % crevettes du Nigéria, les mangues du Mali, les à ceux enregistrés pendant la période 1995-2000 ananas et les haricots de plusieurs (données de la CNUCED). pays -- est bonne. Les investisse- La coordination des ments privés dans la recherche et le stratégies des bailleurs Les bailleurs de fonds bilatéraux et multilaté- développement (R&D) agricole sont de fonds est encore loin raux sont des acteurs d'importance égale quant modestes. Ils ne représentaient que d'être un fait acquis. 1 1 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E 2,3 % environ des dépenses totales consacrées à dent pas le problème de la coordination des la R&D en 2000, et une bonne partie d'entre eux interventions des bailleurs de fonds dans le se sont orientés vers l'Afrique du Sud. Plusieurs secteur agricole. Les documents qui évoquent sociétés internationales ont investi dans la cette question ne s'étendent guère sur les multiplication des semences de maïs, et les détails. Autrement dit, s'ils mentionnent l'enga- fondations Rockefeller et Bill et Melinda Gates gement des bailleurs de fonds de coordonner ont lancé conjointement, en septembre 2006, un leurs activités, rien n'est dit sur la forme que nouveau partenariat pour aider l'Afrique à doivent prendre les relations entre la Banque et développer son agriculture. les autres bailleurs de fonds dans le cadre de leurs interventions. Les organisations non gouvernementales (ONG) jouent aussi un rôle de plus en plus grand dans le L'examen de l'échantillon des rapports d'évalua- développement de l'agriculture en Afrique et en tion et d'achèvement des projets montre aussi particulier dans les activités qui supposent la que, si la question théorique de la coordination mobilisation des communautés et des services avec certaines activités des bailleurs de fonds a de vulgarisation. Certaines ONG participent été abordée au stade de l'évaluation, elle n'a aussi à des activités de recherche et de dévelop- guère été poursuivie. Au stade de l'achèvement pement pour les chaînes de commercialisation des projets, le rapport ne fournit que peu d'infor- et de la fourniture des intrants. Toutefois, l'effica- mations, ou pas du tout, sur le soutien apporté cité des ONG en tant qu'acteur contribuant par d'autres bailleurs de fonds dans le secteur, efficacement au développement dans ces ou sur la façon dont l'action de la Banque domaines reste à évaluer. s'intègre dans les activités des autres donneurs dans le secteur agricole. Les rapports d'achève- Coordination des bailleurs de fonds ment concernant les projets de la Banque La diversité des stratégies et priorités des donnent rarement des indications, si tant est bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux qui qu'ils en donnent, sur les activités financées au soutiennent le développement de l'agriculture titre du même projet par d'autres bailleurs de africaine constitue en soi une véritable gageure. fonds. Les publications tendent à indiquer qu'il y a eu, au fil des années, une amélioration de la coordi- L'approche stratégique de la Banque nation entre les bailleurs de fonds, mais plutôt mondiale pour les procédures que pour les politiques et La Banque n'a pas de stratégie distincte pour le les stratégies3. secteur de l'agriculture. En règle générale, elle énonce plutôt les objectifs qu'elle se fixe pour Ce sont en principe les pays concernés qui ce secteur dans le contexte de stratégies de définissent la stratégie de développement d'un développement rural de plus grande portée. Il secteur. Les progrès varient d'un pays à l'autre, existe aussi plusieurs documents de stratégie mais peu d'éléments systématiques permettent sous-sectorielles et directives opérationnelles, de penser que le soutien de la Banque au secteur tels que ceux qui concernent la foresterie et la agricole entre dans le cadre d'une approche gestion des ressources de l'eau. coordonnée entre les bailleurs La Banque n'a pas de fonds pour soutenir les Dans les documents de stratégie de développe- élaboré de stratégie stratégies élaborées par les ment rural, la place accordée à l'agriculture varie distincte pour pays pour le développement dans le temps. L'examen des trois documents de l'agriculture -- son de leur secteur agricole. Il ce type (Rural Development Sector Strategy approche est définie dans ressort de l'examen des straté- Paper, 1975 ; Vision to Action, 1997; et Reaching la stratégie plus large gies d'aide-pays (CAS) effectué the Rural Poor, 2003) montrent que, dans les concernant le pour cette étude que les deux années 70, l'agriculture avait une place plus développement rural. tiers des documents n'abor- importante dans le cadre du développement 1 2 L'AG R I C U LT U R E A F R I C A I N E ET L A BA N Q U E rural que dans les années qui ont suivi, surtout Agriculture in Sub-Saharan Africa Avec l'augmentation de parce que les activités de la Banque dans les and a Focus for the World Bank la place accordée au secteurs ruraux étaient au départ essentielle- (Banque mondiale 1993c) insistait sur développement rural à ment centrées sur l'agriculture. Le document de la nécessité d'instaurer un environne- partir des années 80, la politique générale sur le développement rural ment porteur pour accroître l'intérêt part des prêts en faveur (Banque mondiale 1975, p. 18) notait : du secteur privé, et de restructurer les de l'agriculture entreprises paraétatiques et d'autres n'a cessé de diminuer. Le concept fondamental du développe- services pour lesquels la gestion du ment rural présenté ici est celui d'un secteur privé est probablement plus efficiente. Il processus qui permet d'atténuer la encourageait aussi une plus grande intégration pauvreté en milieu rural grâce à une régionale des marchés agricoles et mettait augmentation soutenue de la producti- davantage l'accent sur le régime foncier. Tant vité et des revenus des travailleurs et des Vision to Action que Reaching the Rural Poor ménages à faible revenu des régions présentaient des stratégies de développement rurales . . . . Dans les régions rurales, les spécifiques pour l'Afrique, et ils reconnaissaient moyens d'existence de la plupart des tous deux qu'il était important d'accroître groupes à faible revenu dépendent dans la productivité agricole pour promouvoir le une très large mesure de l'agriculture. développement de l'agriculture. C'est la raison pour laquelle de nombreux programmes axés sur l'amélioration des Plus récemment le Plan d'action pour l'Afrique revenus ruraux doivent être centrés sur le de la Banque mondiale (Banque mondiale 2005e) développement agricole. reconnaissait que le secteur agricole pouvait détenir la clé de la croissance. Les documents de La Banque ayant commencé à développer ses Le Programme détaillé pour le stratégie incluent un activités dans le secteur du développement développement de l'agriculture certain nombre humain au milieu des années 80, l'environne- africaine (CAADP) est au coeur de d'objectifs généraux pour ment et le développement durable sont devenus l'initiative lancée par le Nouveau l'agriculture. À partir de des concepts importants au milieu des années partenariat pour le développement de là, il est possible 90. Dans le deuxième document de stratégie l'Afrique (NEPAD) afin d'accélérer la d'identifier l'ensemble rurale, Vision to Action (1997) accorde une place croissance et d'éliminer la pauvreté et des obstacles qui plus importante au développement rural4, qui la faim. Dans la ligne du CAADP, le Plan entravent l'agriculture est maintenue dans Reaching the Rural Poor d'action pour l'Afrique donne priorité en Afrique et sur lesquels (2003). Cela s'est traduit par une augmentation aux mesures tendant à accroître la s'est fondée la Banque progressive des prêts de la Banque au secteur productivité de l'agriculture et à pour définir le rural, et la part de l'agriculture dans le renforcer sa viabilité. Entre autres programme de prêts et portefeuille rural a diminué. La localisation dans choses, le Plan d'action met l'accent d'activités hors prêts de le temps de ce changement de perspective a eu sur l'augmentation de l'investissement la Banque dans la région. d'importantes répercussions sur le soutien des public et privé pour accroître, d'ici à la bailleurs de fonds en faveur du développement fin de l'exercice 08, les superficies irriguées de agricole en Afrique, comme on l'a vu dans le 50 % par rapport à l'exercice 05, grâce au premier chapitre. concours de la Banque en tant que principal bailleur de fonds. Le NEPAD préconise aussi de La Banque n'a pas élaboré de document de renforcer l'intégration régionale pour remédier à stratégie agricole formel pour la Région Afrique, la fragmentation du continent et réduire la bien qu'elle ait produit des documents marginalisation économique de l'Afrique. Le Plan techniques et des documents de synthèse qui d'action de la Banque reconnaît qu'il est ont influé sur les réflexions stratégiques de la important de soutenir ces initiatives. Banque au sujet de l'agriculture dans la région. Le document intitulé A Strategy to Develop À partir de ces divers documents de stratégie 1 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E rurale, cet examen a permis de dégager les terres irriguées d'ici à 2011 », qui a remplacé objectifs stratégiques plus larges que la Banque a l'objectif de 50 % mentionné plus haut. On poursuivis dans le secteur de l'agriculture en ignore comment les progrès concernant Afrique pendant la période allant de l'exercice 1991 « l'augmentation des terres irriguées » pourront à l'exercice 2006. Un large éventail de questions être évalués en l'absence d'objectif spécifique. est couvert, comme le montre le tableau A.1 de l'annexe A. Le traitement À partir de l'analyse comparative des documents La Région présente des de ces questions varie selon de stratégie, l'IEG a identifié une série zones agro-écologiques les documents. Les différents d'obstacles très importants qui entravent le variées, avec différents documents font en outre développement de l'agriculture en Afrique, et sur systèmes de production et apparaître certaines incohé- lesquels s'est fondée la Banque pour définir son d'agriculture. rences quant aux priorités approche stratégique. L'examen des ouvrages retenues. Il est difficile de savoir publiés vient encore corroborer le fait que ces par exemple pourquoi le Plan d'action pour contraintes étaient des obstacles fondamentaux l'Afrique fait de l'irrigation une priorité alors que au développement de l'Agriculture dans le deux ans plus tôt, la stratégie régionale Reaching continent. Ces contraintes sont les suivantes : the Rural Poor soulignait que priorité devait être donnée à l'aridoculture étant donné que « plus de · la diversité agro-écologique 95 % des terres cultivées sont non irriguées... · la pluviosité et les sécheresses l'augmentation de tout juste 10 % des rendements · la fertilité des sols des terres non irriguées aurait un impact bien plus · l'eau important sur la production totale de l'agriculture · les semences que le doublement des superficies irriguées » · le crédit et les financements ruraux (Banque mondiale 2003d, p. 101-102). · l'infrastructure des transports · la vulgarisation Le récent rapport d'étape sur le Plan d'action · la réforme agraire pour l'Afrique (CAD 2007) souligne à juste titre à · les prix et la réforme de la commercialisation. quel point il est important d'accroître la produc- tivité de l'agriculture en Afrique, mais il est Ces contraintes sont détaillées ci-après, et elles ont difficile de dire quelle est l'importance accordée servi pour évaluer l'action de la Banque au chapitre à cet objectif par rapport à d'autres priorités 5. En plus de ces contraintes, l'étude couvre les identifiées dans le Plan d'action étant donné que questions liées aux capacités de la Banque et des les progrès se font attendre. Le rapport d'étape emprunteurs, et notamment le renforcement des note explicitement « qu'à l'exception de deux capacités de recherche, au chapitre 4. thèmes (productivité agricole et parité homme/femme) le PAA (Plan d'action pour Certaines des questions qui apparaissent comme l'Afrique) est en bonne voie pour atteindre les prioritaires dans les documents de stratégie ne résultats attendus dans les neuf domaines sont pas couvertes comme des questions thématiques correspondant à cet axe du Plan autonomes dans l'évaluation thématique du d'action » (CAD 2007, p. 6). Le rapport laisse chapitre 5. Il s'agit notamment des questions aussi entendre que le Plan d'action soutiendra touchant l'agroforesterie, l'agroindustrie, l'élevage aussi bien l'irrigation que les cultures pluviales, et la gestion des ressources naturelles. La question mais on ne voit pas bien comment les ressources de la parité hommes/femmes, dont l'importance limitées seront réparties entre est reconnue dans les documents de stratégie, La variabilité climatique les deux types d'agriculture n'est pas traitée séparément, mais abordée est forte en Afrique et les et comment il sera possible lorsqu'il y a lieu. Enfin, la décentralisation et l'auto- sécheresses y sont plus de mobiliser des ressources nomisation des organisations de producteurs ne fréquentes que dans toute suffisantes pour atteindre l'ob- sont pas traitées parce qu'elles entrent dans le autre Région. jectif d'une « augmentation des cadre d'autres études de l'IEG. 1 4 L'AG R I C U LT U R E A F R I C A I N E ET L A BA N Q U E Principaux obstacles au développement diversifiées d'ajustement, qui influen- La faible fertilité des sols de l'agriculture en Afrique cent les décisions concernant le choix pèse lourdement sur la des cultures, les intrants utilisés et les productivité -- seulement La diversité agro-écologique activités non agricoles adoptées7. 6 % des terres ont un L'Afrique subsaharienne couvre une superficie de Contrairement aux paysans d'Asie du potentiel agricole élevé en 2 455 millions d'hectares, dont 41 % classés Sud, où l'irrigation est largement Afrique. comme terres agricoles. La Région se caractérise répandue, la plupart des agriculteurs par une gamme diversifiée de zones agro- africains ne cultivent pas qu'un seul produit tel écologiques qui s'étendent à travers le continent. que le riz ou le blé dans une saison. Pour être Un pays peut avoir des terres qui appartiennent à assurés de tirer quelque chose de leur terre, ils diverses zones agro-écologiques, comme l'Éthio- plantent habituellement plusieurs variétés de pie par exemple. La zone écologique aride et semi- produits (en général une dizaine ou aride du continent couvre 43 % des terres, la zone davantage) dont les périodes de Environ 5 % seulement sèche subhumide, 13 % des terres, et les zones récoltes sont différentes, ainsi que des terres cultivées sont humides subhumides et humides, 38 % (FAO quelques arbres. Le mil, le sorgho, le irriguées et 86 % des 2001)5. Sur la base des ressources naturelles, des maïs, le manioc et d'autres racines et terres subissent un stress moyens d'existence dominants et du degré d'inté- tubercules comptent au nombre des hydrique. gration entre l'agriculture et l'élevage, plusieurs cultures les plus importantes de la systèmes de production/d'agriculture ont été Région8. Les céréales, telles que le riz et le blé, définis pour la Région (voir tableau C.2 de pilier de la Révolution verte d'Asie, sont l'annexe C). cultivées, mais elles sont d'une importance secondaire. L'élevage constitue aussi un élément Pluviosité et sécheresses crucial de ce système diversifié, et c'est une L'un des plus grands problèmes qui se pose au source de richesse qui permet de survivre petit paysan africain moyen est celui de l'insécu- lorsque tout le reste est perdu. rité alimentaire liée au risque de perte des cultures qu'impliquent les variations de la pluviométrie et La fertilité du sol des sécheresses. La variabilité climatique est un Le manque de fertilité du sol est un facteur problème particulier dans les zones écologiques majeur qui explique la faiblesse de la producti- arides et semi-arides. Même dans les années où vité des systèmes de production africains les précipitations sont suffisantes dans l'ensemble, (Sanchez et autres 1997 ; Donovan et Casey la pluie peut commencer à tomber tardivement 1998 ; Scoones 2001 ; Mekuria et Waddington ou cesser précocement, avec les conséquences 2002 ; et Sasakawa African Association 2004a). Six désastreuses qui s'ensuivent pour l'agriculture. La pour cent seulement des terres de la Région ont variabilité des précipitations en Afrique est à peu un potentiel agricole élevé (Tegene et Webe 2003 près deux fois plus importante que dans les cité dans Ehui et Pender 2005). régions tempérées (Banque mondiale 2004a). Les sécheresses qui frappent la Région sont aussi Plusieurs facteurs contribuent à réduire la beaucoup plus fréquentes que partout ailleurs fertilité des sols. Comparativement aux sols de dans le monde6. Les ennemis des cultures et les certaines régions de l'Amérique du Nord, de maladies ajoutent à la vulnérabilité des cultures à l'Europe et de l'Asie, la plupart des terres laquelle les paysans sont confrontés. Par exemple, africaines sont naturellement pauvres en azote, des invasions de criquets pèlerins frappent et elles ont une carence en phosphore, en régulièrement la région du Sahel, et elles ont souffre, en magnésium et en zinc (Grant 1981, déclenché des famines dans plusieurs pays cité par Donovan et Casey 1998). En outre, d'Afrique de l'Ouest. presque partout en Afrique, la couche arable est peu profonde, ce qui laisse peu d'espace pour Pour survivre dans un environnement aussi rude, permettre aux cultures de s'enraciner et d'ex- les paysans doivent adopter des stratégies traire les nutriments et l'eau dont elles ont 1 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E besoin (ECA 2003). Les sols sont aussi très Unis (Eilitta 2006). Dans la période qui a précédé lessivés, ils sont très acides et leur contenu les prêts à l'ajustement, de nombreux pays organique est faible (Donovan et Casey 1998). africains ont recouru aux subventions pour L'insuffisante fertilité du sol était moins cruciale permettre aux agriculteurs d'obtenir des engrais à pour le développement agricole lorsqu'il était un prix raisonnable. Avec la suppression des possible d'étendre en toute liberté la frontière subventions, le prix des engrais est monté en des superficies cultivées et de laisser certaines flèche. terres agricoles en jachère. Mais la rapidité de la croissance démographique et les pénuries de Faute d'accès à l'eau, les paysans hésitent aussi à terres ont réduit les possibilités de jachère ainsi utiliser des engrais car leur application sans eau que la durée des périodes de jachère, ce qui a accroît le risque de perte des cultures (Camara et contribué à appauvrir encore les sols. Heinemann 2006)9. De ce fait, l'intensité moyenne de l'utilisation des engrais dans Il est bien évidemment possible d'améliorer la l'ensemble des pays d'Afrique reste inférieure à fertilité des sols avec l'application d'engrais celle d'autres Régions -- à peu près neuf organiques et inorganiques et l'adoption de kilogrammes par hectare contre 86 en Amérique pratiques améliorées de gestion de la terre, latine, 104 en Asie du Sud et 142 en Asie du Sud- notamment avec l'utilisation des techniques Est, et elle est restée pratiquement stable au locales qui permettent d'accroître la fertilité des cours de la dernière décennie10. sols et la rétention de l'eau telles que les billons transversaux. Mais il n'y a rien eu de tel en L'eau Afrique. Contrairement aux autres continents où La majorité des sols du continent retiennent et l'appauvrissement des sols a été compensé par libèrent mal l'humidité. Du fait de la variabilité des l'application d'engrais, l'Afrique a extrait de la précipitations et de la médiocre qualité des sols, terre des quantités phénoménales d'azote et de on estime que 86 % environ des terres africaines phosphore qui n'ont pas été retournées (IFPRI subissent un stress hydrique. En outre, les 2004b). Dans bien des cas, la pénurie de main- méthodes de conservation et de gestion de l'eau d'oeuvre dissuade aussi les paysans d'investir dans les terres non irriguées laissent à désirer. dans les méthodes locales d'intensification à faible coefficient d'intrants, et les engrais En Afrique, moins de cinq millions d'hectares organiques ne sont pas disponibles en quantité sont irrigués -- soit à peu près 4,9 % des terres suffisante pour fournir les nutriments de base cultivées contre 40 % en Asie du Sud. Plus de nécessaires (Sanders et autres 1996). Les trois millions d'hectares de ces terres irriguées maladies du bétail et la diminution des exploita- se trouvent dans deux pays seulement -- tions restreignent les possibilités d'accès de Madagascar au Soudan (Wiggins 2005). Dans la nombreux paysans aux engrais, ce qui accroît le plupart des régions d'Afrique, la production besoin d'engrais inorganiques (SIDA 2006). agricole se passe d'irrigation. Les superficies irriguées représentent une faible partie des La plupart des pays d'Afrique recourent à des terres potentiellement irrigables dans la plupart engrais importés, achetés à des prix internatio- des pays (tableau K.1, annexe K), qui disposent naux extrêmement variables, et les problèmes en outre d'une infrastructure de stockage d'infrastructure alourdissent encore le coût de ces limitée. produits, de leur distribution et de leur commer- cialisation, de sorte que les agriculteurs n'ont pas Les coûts élevés de l'investissement sont l'un des les moyens de les acheter. Le coût principaux obstacles à l'extension de l'irrigation. Les engrais organiques moyen de la tonne d'engrais est de 336 Il varient selon les estimations entre 5 000 dollars sont rares et les dollars au Nigéria, 321 dollars au et 25 000 dollars à l'hectare, soit un coût engrais inorganiques sont Malawi, 333 dollars en Zambie et 828 nettement plus élevé qu'en Asie (cité dans IFPRI très coûteux. dollars en Angola, contre 227 aux États- 2005a), bien qu'une étude récente de l'Institut 1 6 L'AG R I C U LT U R E A F R I C A I N E ET L A BA N Q U E international de gestion des ressources en eau des programmes de développement Des variétés améliorées montre qu'il est possible de concevoir et de agricole (Banque mondiale 2005c). de semence ont été mises mettre en oeuvre des projets en Afrique dont le au point, mais elles ne coût unitaire est comparable à celui des projets Avant la période des prêts à l'ajuste- sont pas très utilisées asiatiques. ment, plusieurs pays de la Région pour diverses raisons. avaient mis en place divers De plus, une importante partie des terres actuel- programmes de crédit aux intrants, qui ont lement irriguées ont un faible rendement à cause entraîné des déficits publics énormes à cause des notamment du manque d'entretien des réseaux très faibles taux de remboursement (Kelly, d'irrigation, du peu d'intérêt porté à l'améliora- Adesina et Gordon 2003). Pendant la phase tion de la fiabilité et de la maîtrise de l'eau, de la d'ajustement, ces programmes ont été faible utilisation des intrants et du manque de en grande partie abandonnés. De plus, le possibilités d'accès au marché (Peacock, Ward et programme des réformes structurelles liées à Gambarelli 2007). l'ajustement a, entre autres, débouché sur la privatisation des entreprises Les semences paraétatiques responsables de La demande de crédit et L'utilisation soutenue des variétés de semence à la commercialisation de de financements en haut rendement a été l'élément moteur de la cultures telles que le coton. milieu rural est en Révolution verte en Asie. En Afrique, la Ces entreprises pourvoyaient grande partie insatisfaite recherche a aussi contribué au développement normalement aux besoins de dans la plupart des pays de variétés améliorées pour la plupart des crédit des agriculteurs pour de la Région, de sorte que cultures vivrières et marchandes importantes au l'achat des intrants, et leur les paysans ont du mal à cours des 20 dernières années. Les variétés de privatisation a aussi créé un se procurer des intrants maïs à haut rendement et les nouvelles variétés vide, qui n'a pas été comblé. et des semences, ou à de riz (le Nouveau riz pour l'Afrique, NERICA), Contrairement à ce qui se investir dans des qui sont aussi des variétés précoces, qui résistent passe en Asie, il y a peu de améliorations à long aux ennemis et aux maladies des cultures et qui prêteurs sur gages dans la terme. supportent la sécheresse ont été saluées comme plupart des pays d'Afrique des succès importants dans plusieurs régions. (Collier et Gunning 1997). En outre, un certain Mais l'insuffisance d'intrants et de crédit, les nombre de contraintes (encadré 2.1) freinent le déficiences de la vulgarisation et la grande développement de nouvelles sources de crédit variation des caractéristiques requises selon les pour les petits exploitants. zones agro-écologiques empêchent l'utilisation généralisée et soutenue des variétés améliorées. Toutefois, les difficultés que soulève la fourni- ture de crédit aux paysans ne signifie pas qu'il Le crédit et les financements ruraux n'existe pas de modalités institutionnelles Dans presque tous les pays d'Afrique, la viables et durables pour assurer la distribution demande de crédit agricole et de financements du crédit aux petits exploitants dans les en milieu rural est en grande partie insatisfaite. conditions difficiles que l'on connaît en Afrique. Avec des financements à court terme insuffisants, Les travaux de recherche récents du Groupe les paysans ont du mal à se procurer des intrants consultatif d'aide aux populations les plus et des semences. Sur le long terme, ils ne pauvres (CGAP2005) montrent qu'il peut y avoir peuvent investir dans l'amélioration de la terre, des distributeurs de microfinancements les technologies améliorées11, ou le développe- efficaces pour l'agriculture, encore que ce point ment de l'irrigation. L'amélioration du crédit et mérite d'être analysé de façon plus approfon- de l'accès aux financements pour l'agriculture die. Les recherches du CGAP relèvent certaines permettrait de répondre à un ensemble de caractéristiques particulières de ces presta- besoins, et des mesures en ce sens peuvent être taires, qui peuvent contribuer à surmonter les d'une importance déterminante pour le succès difficultés énumérées dans l'encadré 2.1, entre 1 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Encadré 2.1 : Les contraintes qui entravent le développement de l'accès au crédit et aux financements en milieu rural en Afrique Du côté de l'offre : priété et les droits d'utilisation des terres sont mal définis, que 1. L'importance des risques covariants interdépendants induits les procédures d'enregistrement sont longues et coûteuses par la variabilité de la pluviométrie et le manque d'irrigation, et que des contraintes sociales rendent les saisies difficiles. les ennemis et les maladies des cultures, les fluctuations des 7. Le sous-développement de l'infrastructure des communica- prix et les difficultés d'accès des petits exploitants aux in- tions et des transports trants, aux conseils et aux marchés 8. Les risques liés aux aléas climatiques et aux prix (qui re- 2. La petite taille des exploitations et des transactions présentent une contrainte aussi bien du côté de l'offre que individuelles de la demande). 3. La dispersion de la demande de services financiers qu'im- plique la faible densité de la population Du côté de la demande : 4. Le coût élevé des transactions pour les prestataires de ser- 9. L'insuffisance de moyens dont disposent les paysans pour vices du fait de l'éloignement des clients et de l'hétérogénéité payer les taux d'intérêt du marché des communautés et des exploitations 10. L'insuffisance de planification des flux de trésorerie 5. Le caractère saisonnier de la production agricole, qui crée 11. Les difficultés que soulèvent les calendriers d'amortisse- un décalage entre les besoins d'investissement et les recettes ment du fait qu'ils ne sont pas adaptés à la saisonnalité du attendues cycle des cultures 6. Le manque de garanties utilisables parce que les droits de pro- 12. Les risques liés aux aléas climatiques et aux prix. Sources : Banque mondiale 2005a, 2005c ; travaux de recherche. autres le découplage des remboursements et estiment que, pour 51 % des villages du Ghana et de l'utilisation des prêts, les techniques basées 60 % des villages du Malawi, la distance de sur le caractère, conjuguées à des critères marche jusqu'au point de ramassage le plus techniques pour la sélection des emprunteurs, proche pour les services de transport motorisés l'instauration de mécanismes d'épargne, la est supérieure à deux kilomètres, elle est diversification des risques de portefeuille, supérieure à 10 kilomètres pour 10 % des villages l'ajustement des conditions des prêts, et ghanéens et 19 % des villages malawiens. l'aménagement des conditions du crédit pour tenir compte du caractère cyclique des flux de L'examen récent de la stratégie des transports trésorerie. par L'IEG (IEG 2007o) montre que le coût des transports représente 11,5 % de la valeur des L'infrastructure des transports importations africaines contre 7,2 % en Asie et Les déficiences de l'infrastructure des transports 6,7 % en Amérique du Nord. Du côté des sont l'obstacle le plus crucial peut-être parmi exportations, dans de nombreux pays d'Afrique, ceux qui entravent l'accès au marché en Afrique. au moins 20 % du coût des exportations sont Contrairement à l'Asie du Sud et à l'Amérique directement liés aux transports. Pour des pays latine, l'Afrique a hérité, depuis l'ère coloniale, enclavés tels que le Malawi, ce chiffre peut d'une infrastructure très dispersée et inégale- atteindre jusqu'à 55 %. Cela pénalise grandement ment répartie (IFPRI 2005a). Dans la plupart des les termes de l'échange de ces pays. Sur la base pays d'Afrique, moins du tiers des denrées de leurs travaux sur la croissance, la distribution vivrières produites entre dans des circuits de et la pauvreté en Afrique, Christiaensen et autres commercialisation commerciale extérieurs à la (2002) concluent que l'accès des ménages à zone locale (Sasakawa Africa Association 2004a). l'infrastructure et aux marchés urbains est un Dans un exemple qui illustre la gravité de l'isole- déterminant fondamental de la croissance de ment des paysans africains, Hine et Rutter (2000) leurs revenus. 1 8 L'AG R I C U LT U R E A F R I C A I N E ET L A BA N Q U E Vulgarisation commercialisation inefficaces mis en Il existe sans doute des Le manque d'accès des paysans aux technologies place par l'État (comme le montre modalités institutionnelles améliorées et aux pratiques de gestion des terres l'analyse plus détaillée du chapitre 5). viables et durables pour se révèle une contrainte majeure en Afrique, et assurer la distribution du les travaux publiés identifient un certain nombre La terre crédit au petits exploitants de produits, dont le manioc, la patate douce, le Les régimes formellement codifiés des dans les conditions mil et le riz, pour lesquels les variétés à haut droits de propriétés demeurent assez difficiles observées en rendement sont sous-utilisées, ou alors les rares en Afrique et la propriété de la Afrique. paysans opèrent à l'intérieur de la frontière de plupart des terres est régie par le droit production (Evenson et Gollin 2003 ; Christiaen- coutumier (van den Brink et autres 2005), mais la sen et Demery 2007). Malgré l'importance situation varie grandement selon les énorme des besoins en matière de vulgarisation, pays. La plupart des terres qui relèvent La plupart des méthodes la plupart des approches qui ont été essayées du droit coutumier sont considérées de vulgarisation qui n'ont rencontré qu'un succès limité. En outre, comme propriété de l'État et, comme ont été essayées en une partie importante de la production vivrière la terre devient une ressource rare du Afrique n'ont rencontré est assurée par les femmes et, dans le passé, la fait de l'accroissement démogra- qu'un succès limité. plupart des systèmes de vulgarisation n'ont pas phique, des personnes étrangères à la défini leurs méthodes d'approche en fonction communauté peuvent s'approprier la terre en des besoins spécifiques des femmes. manipulant les lois sur la délivrance des titres de propriété. La terre est aussi un élément clé de la La réforme des prix et de la commercialisation pratique du népotisme en ce qu'elle L'une des principales raisons pour lesquelles une permet de récompenser les faveurs Les contraintes liées aux réforme des prix et des marchés s'impose tient politiques, et la sécurité du régime transports limitent au fait que les incitations à augmenter la produc- foncier peut pâtir des décisions l'accès aux marchés, et tion agricole sont faibles. Aussi bien les prix (ceux politiques (IFPRI 2004b). Dans ces les distorsions du marché de la production et ceux des intrants) que les conditions, le développement de intérieur réduisent facteurs indépendants des prix (accès aux l'agriculture peut devenir une les profits tirés des marchés, crédit entre autres) déterminent les question politique très sensible. cultures marchandes. incitations des agriculteurs à produire. Mais c'est surtout à cause des possibilités limitées d'accès Plusieurs pays, dont le Ghana et l'Ouganda en au marché qu'implique la contrainte liée aux particulier, s'efforcent de remédier à cette transports, que la majorité des petits exploitants contrainte en faisant une large place au droit produisent essentiellement pour leur propre coutumier, mais les progrès sont lents. Bien que consommation. Dans les régions où l'accès au les activités agricoles en Afrique marché est relativement facile, les cultures reposent en général sur les femmes, Les droits de propriété marchandes deviennent aussi intéressantes, elles ont rarement des droits sur la formels sont rares dans mais ce sont les rendements possibles des terre au plein sens du terme et elles la Région, et les femmes cultures vivrières et des cultures marchandes qui doivent négocier en tant que doivent en général déterminent les superficies que les paysans requérant secondaire par l'intermé- négocier ces droits par consacrent aux unes et aux autres. Toutefois, diaire d'un parent du sexe masculin l'intermédiaire d'un plusieurs distorsions des marchés intérieurs et (Toulmin 2006). parent de sexe masculin. diverses subventions des pays de l'OCDE empêchent les paysans de tirer des profits La nature du développement agricole intéressants de la production qu'ils commerciali- en Afrique subsaharienne sent. Les réformes de la commercialisation et Le développement agricole a de multiples autres avaient pour but d'améliorer les incita- facettes. Il nécessite des interventions coordon- tions des agriculteurs en réduisant les distorsions nées dans un ensemble d'activités, tant à l'inté- du marché intérieur et en encourageant les rieur du secteur que dans d'autres secteurs qui négociants privés à remplacer les offices de soutiennent l'agriculture afin de traiter les 1 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Le développement contraintes mentionnées plus haut. tés disponibles de semences hybrides ne garantit agricole exige des Plus que tout autre secteur, l'agricul- pas que les semences seront effectivement interventions ture exige pour son développement la utilisées à moins que les paysans ne soient coordonnées dans tout un contribution efficace et concomitante, assurés que l'augmentation de la production ensemble d'activités. ou étalée au moins selon une n'augmentera pas les risques qu'ils courent. séquence optimale, des activités de Confrontés à l'éventualité d'une sécheresse et divers sous-secteurs ou d'autres secteurs aux incertitudes liées aux aléas climatiques, les pertinents. Par exemple, les paysans peuvent agriculteurs hésitent à adopter des technologies difficilement acheter des intrants s'ils ne peuvent à haut risque et, dans bien des cas, ils peuvent s'adresser à une institution de crédit compétente renoncer à des technologies impliquant l'emploi pour répondre à leurs besoins. Les marchés d'engrais qui accroîtraient leur production, mais restent inaccessibles si les routes sont dans un qui supposent un risque plus élevé (Dercon et mauvais état et si les agriculteurs restent dans Christiaensen 2005). Si cette considération peut l'ignorance des technologies améliorées, ou s'ils peser lourd dans le processus de décision des ne peuvent s'adapter parce qu'il n'existe pas de agriculteurs dans d'autres Régions aussi, en bons services de vulgarisation. Pour améliorer la Afrique, la fréquence des sécheresses et le faible fertilité des sols, il faut non seulement taux d'irrigation rendent l'environnement plus Avec les intrants, avoir accès aux technologies amélio- risqué dans de nombreuses parties de la Région. l'infrastructure, les rées, mais aussi à des intrants amélio- incitations et les rés et en particulier à l'eau. Le Groupe de travail sur la faim lié aux ODM technologies appropriés, (PNUD 2005) concluait en 2005 que le monde il est possible d'accroître Plusieurs des problèmes auxquels se pourrait atteindre l'ODM consistant à réduire de rapidement les revenus heurte l'Afrique aujourd'hui n'étaient moitié la faim d'ici à 2015. Le développement de de l'agriculture en pas des facteurs majeurs en Asie la petite agriculture en Afrique est d'une Afrique. lorsque cette région a développé son importance cruciale pour atteindre cet objectif. agriculture parce que des pays tels Les ouvrages publiés montrent qu'il est possible que l'Inde étaient dotés d'un minimum indispen- d'améliorer rapidement les revenus agricoles en sable d'infrastructure, de réseaux d'irrigation et Afrique avec l'adoption de technologies amélio- de capacités industrielles pour produire entre rées et de techniques modernes, l'accès aux autres des engrais et, avec les semences amélio- intrants agricoles et l'investissement dans l'infra- rées qu'a apportée la Révolution verte et la structure (Howard et autres 1999 ; Palmer 2004). vulgarisation, l'agriculture a pu décoller. La petite agriculture est le principal moyen d'exis- tence en Afrique, elle a prouvé qu'elle était au Par conséquent, le soutien au développement de moins aussi efficiente que celle pratiquée par des l'agriculture en Afrique doit tenir compte des exploitations plus importantes lorsque les problèmes particuliers auxquels le continent est paysans bénéficient de services d'appui et confronté. Si l'attention accrue portée par la d'intrants (semences, engrais et crédit) similaires Banque au développement rural à partir du à celles que reçoivent ces exploitations (IFPRI milieu des années 80 se justifiait, le résultat 2002b). Mais les succès enregistrés ont rarement involontaire est que cela a conduit à négliger duré (Wiggins 2005). La diversité des situations dans une certaine mesure l'importance de en Afrique signifie aussi qu'il n'existe pas de diverses activités qui doivent impérativement solution unique pour améliorer de façon specta- être réunies en même temps ou au moins selon culaire l'agriculture africaine et qu'il faudra une séquence optimale dans l'espace rural pour mettre en place un ensemble cohérent de straté- le développement agricole. gies (InterAcademy Council 2004). La plupart des initiatives réussies comportent un programme Le facteur risque dans l'agriculture ajoute encore d'action pour réduire la vulnérabilité, la volatilité à la complexité du développement agricole en et le risque dans le secteur agricole (Commission Afrique. Par exemple, l'augmentation des quanti- pour l'Afrique 2005). 2 0 Chapitre 3 Points saillants de l'évaluation · Les travaux d'analyse sur l'agricul- ture auraient pu éclairer le dialogue sur les mesures à prendre et les politiques de prêt, mais ils n'ont pas répondu à ces attentes. · Les activités de conseil qui accom- pagnent les ajustements financés par la Banque ont eu une incidence très profonde sur le développement agricole en Afrique. · Les opérations de prêt limitées de la Banque sont fragmentées et ne tiennent pas compte de la diversité et de l'interdépendance des activi- tés agricoles. Une femme arrose un champ au Ghana. Photo de Curt Carnemark, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Le soutien de la Banque à l'agriculture, et la performance du portefeuille L es activités menées par la Banque pour soutenir le développement agri- cole en Afrique subsaharienne peuvent être groupées en trois catégories : les travaux d'analyse, les activités de conseil et les activités de prêt. Sur ces trois catégories, les travaux d'analyse sont peut-être les plus critiques pour diagnostiquer les problèmes qui se posent et présenter d'éventuelles solutions. Ils ont pour but d'éclairer les activités de conseil et les opérations de prêt. Les travaux d'analyse Qualité et quantité des travaux d'analyse Pendant la période étudiée, la Banque a produit Malgré l'apparente diversité des analyses toute une série de travaux d'analyse intéressant concernant l'agriculture en Afrique, la quantité l'agriculture en Afrique. Certains de ces travaux et la qualité de ces travaux laissent à désirer. Les concernaient la Région en général et d'autres, des examens de l'ADR et du Groupe d'assurance questions intéressant des pays en particulier. de la qualité (QAG) de la Banque indiquent que Certaines analyses couvraient l'ensemble du les travaux d'analyse concernant l'agriculture secteur agricole, d'autres étaient concentrées sur en général sont quantativement insuffisants. des sous-secteurs tels que la vulgarisation. Toutefois, compte tenu de l'importance ac- D'autres encore étaient axées sur des produits cordée à l'accroissement de ces travaux dans la particuliers tels que le coton, le café, le tabac et la Stratégie rurale (2003) de la Banque (Banque noix de cajou. Une grande partie des travaux a été mondiale 2003d), et du regain d'intérêt que menée par la Région Afrique de la Banque et par le suscite depuis peu le développement agricole Département de l'agriculture et du développe- de la Région, les activités de ment rural (ADR), mais le Département de la recherche ont augmenté au cours de Les travaux d'analyse recherche de la Banque a aussi effectué plusieurs ces dernières années, encore qu'elles intéressant l'agriculture études. Depuis que le Département du commerce couvrent inégalement les pays en Afrique ont augmenté a été créé en 2002, le nombre des travaux concernés1. Ceci dit, les partenariats récemment, mais ils d'analyse sur les échanges présentant un intérêt régionaux et mondiaux pourraient couvrent inégalement les pour l'agriculture a considérablement augmenté. permettre d'accroître les ressources pays du continent. 2 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E consacrées aux travaux d'analyse, en particulier étude. Plus de 55 % de ceux qui ont répondu à dans les petits pays. l'enquête indiquent que la conception et la mise en oeuvre des projets d'agriculture en Afrique ne La qualité des travaux La qualité des travaux disponibles est s'appuient pas, en général, sur des recherches d'analyse concernant variable, mais elle s'améliore, ainsi que suffisamment approfondies et rigoureuses. l'agriculture est inégale, le notent les examens annuels du mais elle s'améliore. Groupe d'assurance de la qualité Même les travaux les plus récents de la Banque depuis la fin des années 90, lorsque la sur le commerce n'ont guère influé sur les prêts Direction de la Banque a reconnu que ce ou le dialogue avec les Autorités nationales. Une problème était préoccupant. L'agriculture étude récente de l'IEG (IEG 2006a) notait que les n'occupe aussi qu'une place modeste dans les observateurs extérieurs qui suivaient les négocia- travaux plurisectoriels, tels que les examens des tions de l'Organisation mondiale du commerce dépenses publiques (EDP)2. Le grand thème estimaient que la Banque était un acteur d'analyse à l'heure actuelle semble être le important du fait des travaux qu'elle avait commerce. Une bonne partie des travaux dans effectués pour les négociations, mais que ces ce domaine a été produite pour soutenir les travaux n'avaient pas trouvé d'application efforts déployés par la Banque pour faire avancer pratique au niveau des pays. véritablement la cause du programme de Doha pour le développement et supprimer les subven- Les travaux d'analyse n'ont pas permis d'établir tions agricoles des pays de l'OCDE. l'ordre des priorités des prêts ou le calendrier chronologique des prêts en fonction de l'évolu- Les travaux d'analyse, le dialogue tion des besoins propres aux pays concernés, sur les mesures à prendre ainsi que le signalent les évaluations effectuées et les activités de prêt par le Groupe d'assurance de la qualité5. Les Quelle que soit la quantité ou la qualité des mêmes conclusions se dégagent des travaux de travaux de recherche sur l'agriculture, ils sont l'IEG. Signalant par exemple la médiocre qualité d'une utilité limitée. Si les travaux disponibles de la note sur la stratégie agricole, la stratégie mettent l'accent sur l'agriculture pour le d'aide au Rwanda (IEG 2004a, p. 19) précise : développement de l'Afrique, ils ne semblent pas avoir l'influence qu'ils auraient dû Le programme rwandais n'était pas unique Les travaux d'analyse avoir sur les activités de prêt et le de ce point de vue. Une évaluation interne concernant l'agriculture dialogue avec les Autorités nationales des études économiques et sectorielles des semblent avoir eu une concernant le développement différents services de la Banque effectuée à influence restreinte sur agricole de la Région. Les examens la fin des années 90 explique en partie les activités de prêt et sur mondiaux (qui incluent l'Afrique) des pourquoi les travaux d'analyse se voient le dialogue avec les travaux d'analyse qu'a effectués le attribuer depuis peu des ressources relati- Autorités nationales. Groupe d'assurance de la qualité vement moins importantes peut-être que les mettent aussi cette déficience en activités de prêt. L'évaluation note que c'est lumière3. Un examen récent des travaux pour les Régions Afrique et Amérique latine d'analyse effectué par ce Groupe souligne et Caraïbes que les études économiques et l'importance relativement faible attribuée aux sectorielles ont le plus laissé à désirer et elle travaux d'analyse de l'ADR dans les programmes- propose une conclusion applicable à pays4. L'examen du portefeuille effectué pour l'ensemble de la Banque. « Enfin, il est cette étude montre aussi qu'un tiers seulement difficile de dire quelle est la priorité (des des documents d'évaluation des projets signale études économiques et sectorielles) au sein que les responsables de la conception des de la Banque. Trop souvent les chefs de opérations se sont appuyés sur des travaux projet estiment que leurs responsabilités d'analyse. Cette observation est corroborée par pour les études économiques et sectorielles l'enquête menée auprès des services pour cette sont secondaires par rapport à la prépara- 2 4 L E S OUT I E N D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E , ET L A P E R F O R M A N C E D U P O RT E F E U I L L E tion des opérations de prêts. Les Les Réunions décisionnelles sont Les travaux d'analyse programmes d'études économiques et normalement un cadre de dialogue n'ont pas permis de sectorielles sont donc les premiers que l'on pour s'assurer que les conclusions de hiérarchiser la priorité abandonne ou que l'on diffère dans les ces travaux sont bien incorporées des prêts en fonction de périodes de grande presse. Comme les dans la conception du projet, mais il l'évolution des besoins agents sont habituellement surchargés de serait sans doute possible de s'assurer propres aux pays travail, ces études passent au second rang, que ce lien existe vraiment si le point concernés. et c'est pourquoi leur qualité peut en de vue des spécialistes était explicite- souffrir ». ment sollicité pour savoir dans quelle mesure un projet envisagé tient compte des conclusions des Cela explique aussi en partie pourquoi peu de études internes et externes. Une autre solution pays africains ont régulièrement demandé des pourrait consister à instituer un registre plus études analytiques au fil des ans. formel, analogue à la présentation par la direction de l'IEG/Banque du relevé des mesures Il y a quatre raisons pour lesquelles les travaux de la Direction ou d'autres documents institu- d'analyse ne semblent pas avoir éclairé correcte- tionnalisés. Actuellement, l'incorporation des ment les activités de la Banque en matière de conclusions des travaux d'analyse dépend trop conseil et de prêt. des intérêts des agents concernés de la Banque ou des experts qui examinent les projets et de la Premièrement, les travaux d'analyse sont relative- mémoire changeante de l'institution quant aux ment peu nombreux et il n'est pas facile de se les thèmes abordés et aux pays étudiés. procurer, même à l'intérieur de l'Institution, principalement en raison des déficiences des Troisièmement, l'organisation sectorielle de la bases de données de la Banque. Les examens des Banque empêche l'interaction entre les services travaux d'analyse effectués par le Groupe d'assu- chargés de différents secteurs. De ce fait, les rance de la qualité confirment ce fait6. La base de travaux d'analyse de qualité effectués dans données de la Banque ne contient même pas d'autres secteurs pertinents, tels que le d'état systématique des travaux de recherche sur commerce et les transports, ne sont pas suffisam- l'agriculture et le développement rural produits ment pris en ligne de compte dans les décisions en Afrique. Lors de l'examen concernant le Mali relatives aux prêts. Les rapports du Groupe pour cette étude par exemple, il a été très difficile d'assurance de la qualité sur ces travaux confir- de localiser des travaux de recherche sur l'agri- ment ce point8. Des examens internes soulignent culture, et les agents de la Région ont confirmé en outre que la Banque ne s'appuie que que plusieurs documents n'avaient pas été rarement sur les travaux de recherche produits entrés dans la base de données de la Banque. en dehors de l'Institution. Dans les bases de données, il n'existe pas non plus de fichiers pour les travaux d'analyse Quatrièmement, la qualité technique des travaux informels effectués en tant que documents de d'analyse concernant l'agriculture a apparem- base pour la préparation des projets. Dans une ment pâti de la diminution des compétences institution fondée sur le savoir telle que la techniques au sein de l'Institution (comme on le Banque mondiale, il est surprenant que le fichier verra de façon plus détaillée dans le chapitre 4). des travaux d'analyse contienne si peu Les services de la Banque ont tenté de compen- d'éléments d'informations7. ser cette pénurie de qualifications en recrutant des experts de l'extérieur et en nouant des Deuxièmement, les entretiens avec les agents de la accords de coopération avec des organisations Banque révèlent que les données d'information telles que l'Organisation des Nations Unies pour que contiennent les travaux de recherche ne l'alimentation et l'agriculture, mais la coordina- sont pas bien intégrées dans les opérations de tion et la production d'éléments d'information prêt et le dialogue avec les Autorités nationales. de qualité en temps voulu laissent à désirer. 2 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Le caractère relativement Activités de conseil dite n'ont atteint que 4,5 milliards de dollars confidentiel des travaux Au cours du siècle dernier, les pays en environ, soit 32 % de 14,31 milliards de dollars d'analyse a réduit leur développement se sont tournés vers la (tableau D.1, annexe D). influence, et les Banque mondiale non seulement pour procédures suivies pour lui demander un soutien financier, mais Sur le total des prêts agricoles (4,5 milliards de s'assurer que ces travaux aussi pour solliciter des conseils sur les dollars) consentis à l'Afrique, seulement éclairent les activités de mesures à prendre pour promouvoir le 2,8 milliards de dollars (8 % des prêts à l'investis- prêt et le dialogue avec développement économique et social. sement de la Banque en faveur de l'Afrique ; voir les Autorités nationales Il est difficile d'évaluer la qualité des tableau D.1 de l'annexe D) sont des prêts à ne fonctionnent pas bien. conseils que les différents pays ont l'investissement et 1,72 milliard de dollars sont reçus pendant la période 1991-2006 des prêts à l'ajustement structurel ou des prêts à parce que ce n'est écrit nulle part et que ces l'appui des politiques de développement (DPL)9. conseils entrent souvent dans le cadre du dialogue S'agissant des prêts à l'investissement, un entre la Banque et le client qui accompagne le montant de 247,2 milliards de dollars a été processus de préparation du projet. Dans bien des consacré à des opérations d'urgence pour aider cas, ce processus est lui-même peu documenté. des pays sinistrés. De ce fait, le volume des fonds Mais, comme on le verra dans le chapitre 5, véritablement « investis » dans le développement certains des conseils de la Banque, tels que ceux de l'agriculture africaine représente une qui ont accompagné les réformes structurelles à moyenne de 67,6 millions de dollars pour l'ajustement, ont eu une incidence très profonde chacun des pays inclus dans le groupe où la sur le développement agricole des pays africains. Banque a effectué des investissements agricoles Les résultats n'ont cependant pas été à la hauteur quelconques pendant ces 15 années. Cela ne des attentes. représente qu'un peu plus du montant moyen des prêts accordés pour des interventions L'organisation de la Plus récemment, dans le cadre du agricoles en Afrique pendant la période 1991- Banque empêche NEPAD, la Banque a fourni des services 2006 (55,5 millions de dollars). Ces prêts relati- l'interaction entre les de conseil pour l'harmonisation du vement modestes ont en outre été saupoudrés secteurs. commerce et des politiques et pour sur un grand nombre d'activités -- de sorte qu'ils aider au renforcement des capacités suffisent à peine pour avoir un impact durable. des communautés économiques régionales et sous-régionales d'Afrique (Kritzinger-van Niekerk Les analystes font valoir que le soutien de la et Houdart 2005). Banque au développement de l'agriculture doit être remis en perspective. Premièrement, ce Les prêts soutien représente souvent un élément modeste de l'action engagée par de multiples donneurs Volume global et évolution tendancielle pour développer le secteur agricole. C'est peut- Pendant la période couverte par les exercices être vrai, mais il est important de considérer ce fait 1991 à 2006, la Banque a soutenu 262 projets dans le contexte de la diminution générale des comportant des volets agricoles en Afrique. prêts à l'agriculture de l'ensemble de la Plusieurs projets étaient des éléments relative- communauté des donneurs pendant presque ment modestes d'interventions rurales plus toute la période couverte par l'étude, et du peu de larges soutenues par la Banque. Par conséquent, coordination entre les bailleurs de fonds, comme bien que le volume global investi pendant cette on le verra dans le chapitre 2. Deuxièmement, la période dans les projets comportant un volet Banque a contribué à des programmes internatio- agricole se soit élevé à 14,31 milliards naux et régionaux en Afrique, et ces contributions Entre 1991 et 2006, la de dollars (à peu près 28 % du total viennent s'ajouter aux ressources consacrées au Banque a soutenu 262 des prêts accordés à la Région, soit développement agricole. Mais aucune évaluation projets comportant un 50,49 milliards de dollars), les prêts en n'a été faite pour montrer comment ces volet agricole en Afrique. faveur de l'agriculture proprement programmes complètent les interventions au 2 6 L E S OUT I E N D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E , ET L A P E R F O R M A N C E D U P O RT E F E U I L L E niveau des pays. Cet aspect sera examiné dans pour occuper le terrain alors que Les prêts à l'étude du soutien apporté par l'ensemble des « l'investissement réel » dans le l'investissement effectués services de la Banque à l'agriculture, étude qui développement devait nécessaire- par la Banque au cours devrait être achevée au cours de l'exercice 09. ment concerner le secteur urbain des 15 dernières années des grandes industries. L'aide dans le secteur de Les prêts de la Banque à l'agriculture africaine étrangère a attiré l'attention sur l'agriculture ne (prêts à l'investissement et prêts DPL) ont l'importance cruciale de la représentent en moyenne diminué de 419 millions de dollars pendant production agricole pour l'amélio- que 67,6 millions de l'exercice 91 pour s'établir au point le plus bas de ration du bien-être du corps social. dollars par pays. 123 millions de dollars en 2000 (voir le tableau Elle a aussi renforcé la position des D.3 de l'annexe D pour de plus amples détails dirigeants nationaux conscients de sur l'évolution tendancielle des prêts). Ce fléchis- l'importance fondamentale de l'agricul- sement s'inscrivait dans une tendance baissière ture et du pouvoir qu'elle avait de suppri- générale parmi les bailleurs de fonds. En valeur mer le goulet de la production alimentaire absolue, comme l'indique le chapitre 2, l'assis- en Asie (Mellor 1998, p. 58). tance fournie à l'agriculture africaine par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux a Les prêts de la Banque en faveur de l'agriculture diminué régulièrement pendant les années 90 (prêts à l'investissement et DPL) ont repris au (tableau E.1 de l'annexe E). Plusieurs raisons début de l'exercice 01 et fortement augmenté au sont avancées dans les travaux publiés pour cours de l'exercice 06 pour atteindre expliquer ce recul, notamment le taux d'échec 685 millions de dollars, contre 295 Avec la diminution des élevé de nombreux projets agricoles, le biais en millions de dollars en 2005. Cette prêts pendant les années faveur des zones urbaines, la négligence des progression est sans doute attribuable 90, l'agriculture a perdu gouvernements à l'égard de l'agriculture, l'insta- à la revigoration des programmes de l' importance aux bilité politique et, de manière plus générale, le ruraux de la Banque, comme l'indique yeux de nombreux recentrage des priorités des bailleurs de fonds la nouvelle stratégie de développe- acteurs. en faveur du développement rural (IFPRI 1993 ; OCDE 2001 ; Banque mondiale 2002a ; DfID 2004). Figure 3.1 : Répartition sectorielle des prêts à l'investissement en Afrique, ex. 91-06 Quelle que soit la raison de ce recentrage, il signifie non seulement que les ressources Eau, assainissement et Agriculture protection contre 8 % fournies au secteur étaient insuffisantes, mais les inondations aussi que cette tendance baissière s'est nourrie 10 % d'elle-même. Comme le volume des prêts Éducation continuait de diminuer, les gouvernants des pays 9 % concernés en sont venus, eux aussi, à remettre Transports en question l'importance centrale de l'agricul- 19 % Énergie et industries ture dans le développement en Afrique. minières 13 % Le succès de la Révolution verte [en Asie] exigeait aussi un soutien politique et une Finances Droit, justice et politique macroéconomique favorable des 3 % administrations publiques pouvoirs publics. L'aide étrangère a été 19 % Santé et autres services sociaux utile à cet égard. Dans les années 60, 16 % l'action gouvernementale dans la plupart Information et communication Industrie et commerce des pays en développement était largement 1 % 2 % axée sur les zones urbaines. L'agriculture Sources : Données de la Banque mondiale. était considérée une solution d'attente 2 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E ment agricole et rural de 2003 (Banque mondiale de données de la Banque comprend huit sous- 2003d). Elle tient aussi sans doute à la prise de secteurs agricoles, mais c'est insuffisant pour conscience de la communauté internationale, déterminer le niveau du soutien apporté à qui s'est rendu compte que l'Afrique se laissait certaines activités cruciales qui entravent le distancer et que le secteur agricole était d'une développement agricole -- crédit, semences, importance fondamentale pour promouvoir la régime foncier, recherche et vulgarisation entre croissance et faire reculer la pauvreté dans la autres. L'examen de la catégorisation actuelle Région. montre que la catégorie « générale » représente approximativement 29 % des prêts consacrés à Principaux sous-secteurs et influence l'agriculture en Afrique pendant la période des directeurs des opérations couvrant les exercices 1991 à 2006 (figure D.4 de Les bases de données de la Banque ne l'annexe D). Les bases de données de donnent pas une image détaillée des la Banque ne donnent diverses activités soutenues par l'Insti- Sur la base de la catégorisation de la base de pas une image fidèle des tution dans le secteur agricole. La données de la Banque, le sous-secteur recherche activités soutenues par la codification des sous-secteurs, qui et vulgarisation occupe la deuxième place par Banque -- la catégorie devrait permettre d'obtenir des ordre d'importance quant au volume des prêts « générale » représente la informations sur ces activités, est accordés (23 % pour l'ensemble du sous- majeure partie des prêts. présentée dans l'encadré 3.1. La base secteur), suivi par la commercialisation et le Encadré 3.1 : Système de codification de la Banque. Des activités agricoles importantes sont mal prises en compte Le système de catégorisation de la Banque permet aux chefs de due. L'ADR a souligné à maintes reprises ce problème de codi- projet de donner jusqu'à cinq codes sous-sectoriels par projet. fication. Si les activités d'un projet couvrent plus de cinq sous-secteurs, Le système de codification réduit les données d'information ils doivent utiliser la catégorie générale. Par conséquent, bien disponibles pour déterminer l'importance du soutien apporté que la catégorie générale soit un moyen pratique de gérer les par la Banque aux activités qui visent à lever des obstacles données, l'information sur les détails concernant une proportion cruciaux dans le secteur agricole en Afrique. importante des prêts à l'agriculture et à d'autres secteurs est per- Domaines d'une importance cruciale Codes sous-sectoriels de la Banque pour le développement agricole en Afrique pour l'agriculture Accès aux marchésa Vulgarisation et recherche agricoles (AB) Irrigation Culture (AH) La base de données de la Banque Drainage Irrigation et drainage (AI) subsume ces domaines dans différents Recherche Production animale (AJ) codes sous-sectoriels et sectorielsd Vulgarisation Foresterie (AT) Il est difficile de déterminer le volume Créditb Agriculture générale/pêche/foresterie(AZ) des prêts effectivement consacrés à Semences Commercialisation et commerce agricoles (YA) ces activités. Incitations au développement agricolec Agroindustrie (YB) Régime foncier a. La codification des routes, qui ouvrent l'accès aux marchés, n'entre pas dans l'agriculture. b. Le crédit à l'agriculture est inclus sous le code AZ (ci-dessus) ou avec les financements aux petites et moyennes entreprises (FE). c. La restructuration du Ministère de l'agriculture est incluse sous le code de l'administration centrale (BC). d. Par exemple, l'irrigation et le drainage sont regroupés, ainsi que la recherche et la vulgarisation. Il n'est pas possible de distinguer les montants effectivement consacrés à chacune des activités. 2 8 L E S OUT I E N D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E , ET L A P E R F O R M A N C E D U P O RT E F E U I L L E commerce (14 %). Globalement, l'irrigation et le systèmes de données de la Banque ne La notation attribuée aux drainage n'ont reçu que 7 % du total des prêts à permettent pas d'établir les montants résultats obtenus par l'agriculture africaine, mais c'est le sous-secteur qui ont été affectés à diverses activités les projets le plus important au sein de l'agriculture dans cruciales. Cela limite les possibilités de d'investissement agricoles l'ensemble de la Banque (Banque mondiale coordonner sérieusement ces activités. est inférieure à la 2005e). Une étude récente sur la gestion de l'eau moyenne, mais elle dans l'agriculture (IEG 2006g) montre que, Performance globale des projets s'améliore depuis 2000. pendant la période 1994-2004, 3 % seulement agricoles des engagements de la Banque en faveur de l'irri- Comme on l'a noté plus haut, dans de nombreux gation et du drainage concernaient l'Afrique. projets, les montants investis en faveur de l'agri- culture représentent une partie relativement La Tanzanie a été le principal bénéficiaire des modeste des financements attribués pour des prêts agricoles à l'Afrique pendant les exercices activités rurales plus larges. Pour évaluer les 1991-2006 (10 % environ). Elle est suivie par la résultats des investissements agricoles, l'IEG n'a Côte d'Ivoire et l'Ouganda. Certains pays africains examiné que les projets clos du portefeuille (Botswana, Cap-Vert, Comores) n'ont obtenu Afrique dans lesquels les investissements aucun prêt à l'agriculture pendant cette période. agricoles représentaient 50 % ou plus du volume Pour plusieurs autres pays (tels que l'Angola, la des prêts. Les données de l'IEG ont été utilisées République démocratique du Congo, la Guinée- pour examiner le bilan de ces projets au regard, Bissau, le Lesotho, le Mozambique, la République a) des projets africains sans volet agricole approu- du Congo et la Sierra Leone), le montant effectif vés pendant la même période, et b) des projets des prêts agricoles a été très modeste. où les investissements agricoles représentaient 50 % ou plus des prêts dans d'autres Régions et Pas un seul pays parmi les 10 premiers n'a bénéfi- qui avaient été approuvés pendant la même cié d'un soutien constant et simultané pour tous période (figure 3.2). les sous-secteurs d'importance cruciale identifiés plus haut dans ce rapport (tableau D.4, annexe L'examen montre que, pendant les Pas un seul pays, parmi D). L'examen des stratégies d'aide-pays (CAS) exercices 1991 à 2006, les résultats de les 10 premiers, n'a effectué pour les besoins de cette étude montre 60 % environ des projets clos en bénéficié d'un soutien aussi que la discussion des problèmes agricoles a Afrique ont été jugés satisfaisants. C'est constant et simultané rarement été accompagnée d'une évaluation une proportion inférieure aux 65 % pour tous les sous- holistique du secteur agricole ou d'indications obtenus pour les projets sans volet secteurs critiques. explicites sur la façon dont les priorités agricoles agricole de la Région. Elle est inférieure seraient liées aux budgets. Sur les 31 CAS aussi aux 73 % de projets jugés satisfaisants pour examinées, seule une (Éthiopie 1995) reconnaît les investissements agricoles dans les autres pratiquement le caractère intégré des activités Régions (tableaux D.5, D.6 et D.7, annexe D.) agricoles pertinentes pour la promotion du développement agricole. Les données font apparaître une certaine amélio- ration des notations depuis 2000, mais le nombre Près de 83 % des personnes qui ont répondu à des projets d'investissement agricoles (avec un l'enquête de l'IEG auprès des agents de la Banque volet agricole supérieur à 50 %) est trop faible ont indiqué que les directeurs des opérations pour tirer une conclusion solide (tableau D.8, pour les pays africains ne tenaient pas suffisam- annexe D). ment compte de la complexité et du caractère plurisectoriel des activités agricoles lorsqu'il La performance du portefeuille africain pour les s'agissait de répartir les fonds de l'IDA entre les projets agricoles comme pour les autres projets secteurs. Cette absence de vision d'ensemble est plus mauvaise que celle des autres Régions, tenant compte des multiples aspects du problème mais ce n'est guère surprenant puisque la qualité est un élément. Un autre élément est que les de ce portefeuille est inférieure à celle des autres 2 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Figure 3.2 : Notes attribuées aux résultats et à la viabilité des projets Résultats Viabilité 100 100 79 % 77 % 80 73 % 80 60 % 65 % 63 % tagen 60 tagen 60 53 % 40 % ce 40 ce 40 ur ur Po 20 Po 20 0 0 Afrique subsaharienne Autres régions Afrique subsaharienne Autres régions Prêts à l'investissement (50 % ou plus consacrés à l'agriculture) Prêts à l'investissement sans volet agricole Source : Données de l'IEG. Note : Comme ces notes concernent l'univers des projets agricoles et non agricoles, les tests de signification n'ont donc pas été effectués. Mais certains analystes no- tent que, même si l'on présente les résultats pour l'univers, il peut être instructif d'effectuer un test de signification statistique afin de savoir si la performance de la Banque ou les facteurs exogènes ont sensiblement varié dans le temps. L'argument avancé est que les résultats satisfaisants ou insatisfaisants d'un projet donné sont en par- tie le produit de facteurs aléatoires ou imprévisibles et que le test statistique nous dirait si la variation d'une année à l'autre est plus importante que celle que l'on pour- rait attendre avec une variation aléatoire, si la probabilité sous-jacente d'un résultat satisfaisant pour chaque projet était la même que le pourcentage moyen pour l'année. régions depuis plusieurs années (Banque projets de la Banque dans les pays où les mondiale 2004a). Toutefois, ce constat tend aussi conditions qui prédominent dans l'agriculture à indiquer que ce n'est pas seulement la nature sont relativement favorables par rapport à des des projets agricoles qui en fait des opérations pays où ces conditions sont moins favorables. difficiles à exécuter de façon satisfaisante dans la Chose surprenante, comme le montre la figure Région. L'examen des ouvrages publiés, les 3.3, les projets de la banque dans les pays où les conclusions des examens du secteur agricole au conditions agricoles sont moins favorables niveau des pays, de même que les examens obtiennent de meilleurs résultats que ceux des passés de l'IEG indiquent que l'économie pays où les conditions agricoles sont plus politique, l'instabilité et la faiblesse des capacités favorables ; mais il faudrait faire une analyse plus institutionnelles ont pesé sur les résultats des approfondie de la question, éventuellement avec projets de la Région (voir chapitre 4). des observations sur le terrain, dans le contexte d'une étude plus large de l'IEG sur l'agriculture, Compte tenu de la grande diversité des car le nombre de projets clos dans les pays où les conditions de l'agriculture dans les pays, cet conditions sont moins favorables est relative- examen a aussi visé à comparer les résultats des ment petit. Toutefois, la différence des notations tend à montrer que ce n'est pas seulement la dotation en facteurs qui fait du développement Figure 3.3 : Résultats des projets de la Banque agricole une gageure en Afrique. ayant un volet agricole supérieur à 50 % 100 L'examen annuel de la performance du 81 % 80 portefeuille effectué par QAG en 2006 conclut tagen 50 % 60 aussi que la faible proportion de résultats jugés 44 % 39 % ce 40 satisfaisants dans la Région Afrique tient à la fois à ur Po 20 des facteurs locaux sur lesquels la banque n'a pas de prise et à des facteurs liés à la Banque, et 0 Résultat (% de projets jugés Viabilité (% de projets notamment à la forte proportion d'États fragiles satisfaisants) probablement viables) confrontés à une situation difficile (sur laquelle la Pays dont les conditions agricoles Pays dont les conditions agricoles sont moins favorables sont plus favorables Banque n'a pas de prise) et à la notation plus faible Source : Données de l'IEG. attribuée pour la qualité à l'entrée et la supervi- sion. Un document de synthèse de l'ADR sur 3 0 L E S OUT I E N D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E , ET L A P E R F O R M A N C E D U P O RT E F E U I L L E l'agriculture et la croissance servant les besoins (telles qu'une infrastructure déficiente et des des pauvres note que: « si la croissance tirée par marchés sous-développés ou dysfonctionnels) l'agriculture se heurte à plusieurs contraintes affectent aussi l'ensemble de l'économie » fondamentales, beaucoup de ces contraintes (Banque mondiale 2005k, p. 45). 3 1 Chapitre 4 Points saillants de l'évaluation · Le cadre institutionnel interne de la Banque n'est pas d'un grand appui pour le développement agricole. · Si la volonté politique des pays clients paraît plus ferme qu'aupa- ravant, les capacités générales disponibles au niveau national pour soutenir le développement agricole sont maigres et les ressources budgétaires allouées au soutien des activités axées sur le développe- ment agricole sont insuffisantes. · Les capacités de recherche exis- tent, mais leur maintien et leur renforcement relèvent de la gageure. Jeune adolescent en train d'irriguer un champ manuellement. Photo de Curt Carnemark, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Principaux facteurs de performance Facteurs endogènes (internes à la Banque) Q uatre facteurs liés à l'organisation interne de la Banque influent sur son aptitude à soutenir le développement de l'agriculture en Afrique. Ces facteurs sont les relations entre les pays et les unités sectorielles, les relations entre les unités sectorielles et au sein de ces unités, les compé- tences techniques des agents de l'Institution et le système de suivi et d'éva- luation des activités de la Banque. Relations entre les pays et les unités processus des CAS a pour fonction d'assurer la sectorielles synergie, le présent examen a montré qu'il La structure de gestion de la Banque répartit les n'existait qu'un lien ténu entre la préparation de obligations de rendre des comptes et les respon- la CAS et les prêts à l'agriculture ou les activités sabilités pour la conception et l'exécution des hors prêt. Comme le note une évaluation récente opérations entre le pays concerné et les agents par l'IEG de trois projets agricoles en Tanzanie chargés du secteur en question. Dans cette (IEG 2007k), les stratégies retenues pour le pays « gestion de matrice », ce sont les unités et la liste des projets financés par la Banque sectorielles qui s'occupent des activités de prêt donnent l'impression qu'ils ont été élaborés et des travaux d'analyse, mais ce sont les unités indépendamment et que l'on s'est efforcé par la de gestion-pays, dirigées par les directeurs des suite d'établir une correspondance entre les opérations pour chaque pays, qui décident de unes et les autres. Un examen du Groupe d'assu- l'allocation des ressources entre les unités rance de la qualité semble confirmer cette sectorielles concurrentes dans leurs pays conclusion lorsqu'il note que les études respectifs. sectorielles sont souvent entreprises pour justifier des opérations à un stade avancé de Les chefs des projets agricoles de la Région préparation, au lieu de devancer le travail de Afrique interrogés dans le cadre de cette étude préparation (QAG 2004). ont indiqué qu'il n'existait pas de procédures bien définies pour assurer la synergie entre les Les examens au niveau des pays effectués dans le unités sous-régionales et les unités sectorielles, cadre de la présente étude soulignent également ce qui avait une incidence négative sur le secteur ce problème : il ressort de l'examen sur le Kenya de l'agriculture. Si l'on peut soutenir que le que, dans plusieurs des CAS concernant ce pays, 3 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Le système de gestion de sauf les plus récentes, la relation activités hors prêt (tiré de la communication avec matrice a apparemment logique entre la stratégie et le l'ADR, en date du 12 décembre 2006). une effet négatif sur le programme de prêt pour l'agriculture secteur de l'agriculture. n'était pas très bien explicitée. Par Les ressources allouées à un secteur dans un exemple, dans la CAS de 1998, si le programme-pays sont fonction de deux Projet d'urgence El Niño, les projets routiers et éléments : la conviction de l'unité-pays qu'un un autre projet d'investissement dans le secteur secteur particulier vaut la peine d'être soutenu agricole n'étaient pas forcément incompatibles et la demande d'investissement émanant du pays avec les objectifs de la stratégie nationale et des concerné pour le secteur en question. L'enve- CAS, il ne semble apparemment pas que ces trois loppe des ressources mises à disposition par opérations aient fait l'objet d'un processus de l'IDA est aussi une contrainte parce qu'elle sélection rigoureuse aux fins d'établissement des définit la limite supérieure des financements priorités. Rien n'indique que d'autres options qu'il est possible de répartir entre les secteurs. aient été écartées. Le constat est le même pour le En général, il n'y a pas plus d'un projet financé Cameroun. dans un secteur donné pendant une année donnée. Cela conduit souvent les services de la Les CAS comportent L'analyse des CAS effectuée à l'occasion Banque à élaborer des projets complexes, car ils rarement une évaluation de cet examen a permis de relever sont incités à inclure autant d'activités que holistique du secteur d'autres éléments de preuve attestant possible dans un projet donné. agricole, pas plus qu'elles du manque de synergie entre l'unité- n'établissent le lien entre pays et les unités sectorielles. Comme Un examen interne de la qualité de la supervi- les priorités sectorielles et on l'a déjà vu dans le chapitre 3, sion pour le projet de politique agricole et de le budget. l'examen des CAS effectué pour les renforcement des capacités intéressant le besoins de cette étude montre que la Lesotho note la tendance à réaliser des CAS élaborée pour l'Éthiopie en 1995 est celle qui opérations complexes de ce genre dans les petits se rapproche le plus des pratiques optimales en ce pays parce que chaque projet peut être une qu'elle tient compte de l'interdépendance étroite occasion unique de travailler dans un secteur des différentes activités de développement pendant plusieurs années. Un examen interne agricole. Cette CAS reconnaît que le Projet national analogue pour le projet mauritanien de renforce- de production d'engrais (1995) et que le Projet de ment des capacités du secteur financier/privé développement de l'industrie semencière (1995) (ex. 05), qui comportait un volet agricole, ont été conçus pour accroître la productivité conclut lui aussi que les responsables du projet agricole et la sécurité alimentaire grâce à l'augmen- ont tenté d'en faire trop dans un pays dont les tation de l'utilisation des semences et des engrais capacités administratives étaient faibles. Le améliorés, reconnus comme les deux intrants les responsable de l'examen note avec inquiétude plus importants pour accroître les rendements. que le projet a tenté de prendre en charge la Mais il y a une absence totale de coordination entre réforme judiciaire, le code minier, des travaux de les deux projets. Il semble que la logique de la CAS recherche sur les ressources halieutiques, la n'ait eu aucune influence sur la préparation et la chambre de commerce et la surveillance des mise en oeuvre de ces opérations. Il n'est donc pas établissements bancaires -- le tout dans le cadre surprenant que les données concernant particuliè- d'une opération unique. rement l'Afrique, sur lesquelles se fondait l'examen rétrospectif par l'ADR des CAS élaborées au cours Un récent rapport de l'ADR (Banque mondiale des exercices 03 et 04 aient conduit à 2005g) sur des entretiens avec des directeurs Les contraintes internes conclure que la majorité de ces straté- d'opérations, dont la majorité étaient basés en encouragent l'élaboration gies (respectivement 57 % et 63 %) Afrique, constate que ces derniers manifestent de projets complexes aient été insatisfaisantes pour ce qui est relativement peu d'intérêt pour les projets couvrant de nombreuses de la taille et de la composition des agricoles, car la conception et l'exécution de ces activités. programmes de prêts ruraux et des opérations exigent davantage de temps, compor- 3 6 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E tent plus de risques et sont plus coûteuses que souvent d'opérations plurisecto- La demande de prêts les autres. Les projets impliquent aussi plus de rielles. Les deux dernières années ont émanant des pays clients risques de contentieux que ceux d'autres été marquées par un regain d'intérêt de la Banque n'est pas secteurs, en particulier lorsqu'ils couvrent la des pays africains pour obtenir de la importante. foresterie ou des équipements d'irrigation. Banque un soutien pour le dévelop- pement agricole, ce qui s'est traduit par une Un autre document récent de l'ADR (Banque augmentation des prêts accordés en faveur de ce mondiale 2005i) reconnaît la complexité des secteur (voir chapitre 3). projets agricoles et le coût élevé de leur prépara- tion. Les informations sur les coûts de prépara- Relations entre les unités sectorielles tion des projets tirées des bases de données de la et au sein de ces unités Banque confirment que les interventions La récente évaluation par l'IEG des stratégies de agricoles en Afrique sont plus coûteuses que les développement basées sur les communautés et projets concernant d'autres secteurs. Ce des stratégies de développement de proximité document constate par ailleurs que les projets (IEG 2005a) attire l'attention sur les effets agricoles sont plus risqués (voir annexe M). Près négatifs que peut avoir l'organisation de la de 63 % des agents qui ont répondu à l'enquête Banque sur la coordination entre les équipes qui menée par l'IEG auprès des agents de la Banque travaillent dans des secteurs différents. Le conviennent que les coûts pour la Banque de la Rapport annuel sur l'efficacité du développe- supervision et de la préparation des projets ment 2006 de l'IEG (IEG 2006i) note aussi que la agricoles sont nettement plus importants que structure de gestion de matrice de la Banque ceux des projets réalisés dans d'autres secteurs n'encourage pas les agents à travailler sur dans la Région Afrique. Certains directeurs plusieurs secteurs ou à traiter des problèmes d'opérations trouvent aussi que la stratégie rurale intersectoriels. Compte tenu de l'interdépen- de l'Institution (Reaching the Rural Poor, dance des activités qu'elle couvre et des Banque mondiale 2003d) avait manqué une multiples aspects de ces activités, l'agriculture occasion d'être véritablement opérationnelle risque plus que d'autres secteurs de pâtir de ce (Banque mondiale 2005g). L'opinion des problème. Comme on l'a déjà vu, les résultats du directeurs d'opérations et des agents de la secteur dépendent non seulement de la Banque s'est trouvé renforcée par la médiocre combinaison de diverses activités liées à l'agri- performance des projets agricoles dans les culture -- telles que la vulgarisation, le crédit et années 90 et semble avoir contribué à inciter la les semences -- mais aussi des activités de Banque à se désengager de l'agriculture. secteurs tels que les transports, qui contribuent notablement au développement agricole. Jusqu'à une époque très récente, la demande de prêts émanant des pays clients de la Banque pour L'interaction entre l'agriculture et le secteur des le secteur agricole n'était guère importante. transports en offre un exemple. Selon les agents Dans un rapport trimestriel de 2003 à la qui ont répondu à une question ouverte de Direction, le directeur de l'ADR note que, selon l'enquête de l'IEG auprès des services de la beaucoup de directeurs d'opérations, la diminu- Banque, le manque d'infrastructure en milieu tion des investissements purement agricoles rural est une contrainte fondamentale au reflète la demande des emprunteurs, qui optent développement de l'agriculture. Parmi les pour d'autres types de soutien de l'Institution, raisons données pour expliquer la négligence en particulier le soutien à l'ajustement (lequel a dont souffre ce secteur, il y a le fait que les agents substantiellement augmenté dans la Région), du secteur de l'agriculture escomptent que les ainsi que la nouvelle orientation des projets routes rurales seront prises en charge par ceux agricoles, qui mettent davantage l'accent sur le des transports. Mais, comme il y a peu de coordi- développement de proximité. Lorsque la Banque nation entre ces deux secteurs, il n'y a pas grand- soutient d'importants investissements, il s'agit chose de fait dans les projets de transport de la 3 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Banque pour le développement stratégique des projet. Aucun des rapports n'indique de quelle routes rurales pour faire en sorte que les manière les deux projets harmoniseraient leurs interventions de l'Institution visant à accroître la activités, et il y a eu peu de discussion sur les productivité agricole dans une zone donnée dispositions à prendre pour établir la liaison permettent aussi d'assurer l'écoulement du avec d'autres activités -- telles que la vulgarisa- surcroît de production sur les marchés. tion, la recherche et le crédit -- indispensables pour s'assurer que les activités des projets Ce manque de suite dans les opérations se permettraient d'accroître la productivité retrouve dans le secteur financier. Ceux qui ont agricole. Le rapport national sur le Cameroun, répondu à l'enquête de l'IEG ont qui s'appuie sur des études antérieures de l'IEG L'organisation sectorielle indiqué que les agents du secteur sur le secteur forestier de ce pays (Essama-Nssah de la Banque entrave la financier n'avaient guère cherché à et Gockowski 2000) conclut aussi que le coordination suggérer une stratégie réaliste pour programme d'action pour le pays ignore la intersectorielle. élargir l'accès aux services financiers diversité des activités agricoles et les liens afin de soutenir la croissance du d'interdépendance qui les unissent, ainsi que secteur agricole. l'impact majeur qu'a eu la faible productivité du secteur sur le déboisement. De même, la formation agricole dans les universi- tés relève du secteur de l'éducation, et l'agricul- De quelle manière la connaissance des liens ture n'en a pas la principale responsabilité. Il n'y a d'indépendance entre les activités agricoles que donc apparemment que peu de tentatives faites couvrent les interventions dans ce secteur peut- pour lier le soutien à la formation elle le mieux influer sur la conception des futurs Quatre-vingt pour cent technique en agriculture aux besoins projets agricoles ? Une approche sectorielle, telle des agents qui ont du secteur agricole. Plus de 80 % des que celle retenue pour le Programme d'investis- répondu à l'enquête ont agents qui ont répondu à l'enquête de sement du secteur agricole en Zambie n'est pas indiqué que la l'IEG se sont accordés à reconnaître nécessairement la meilleure solution si elle coordination entre que la coordination entre les services conduit à concevoir des projets complexes. Elle les secteurs n'était pas de l'agriculture et les services d'autres risque d'être incompatible avec les capacités satisfaisante. secteurs n'était pas satisfaisante au sein limitées du pays. Les procédures adoptées dans de la Région Afrique. le passé par les bailleurs de fonds rendaient impossible la mise en commun des ressources, Même dans un programme d'intervention comme on a tenté de le faire initialement dans le sectoriel concernant un pays, il y a peu de coordi- cadre de l'intervention zambienne. nation entre les différents projets. Le rapport d'évaluation effectué par l'IEG pour le projet de Une fois que la liste globale des activités est développement de l'industrie semencière et le dressée, il est aussi possible de prévoir des projet national de production d'engrais en interventions séparées, encore que cela présente Éthiopie (tous deux approuvés en juin 1995) un gros problème de coordination compte tenu conclut que l'une des caractéristiques communes de l'organisation sectorielle de la Banque. Il est aux deux projets est l'absence de lien et de indispensable que toutes les équipes de la coordination au niveau de la conceptualisation, Banque qui travaillent sur différents projets dans de la conception et de l'exécution, et entre toutes un pays donné prennent conscience du fait que les parties concernées (IEG 2007a, 2007b). le développement de l'agriculture exige une approche diversifiée et coordonnée. Même dans un Les rapports d'évaluation des deux programme sectoriel projets ont été soumis au Conseil des Au-delà de la Banque, comme on l'a vu dans le concernant un Administrateurs de la Banque à la chapitre 2, lorsque d'autres bailleurs de fonds pays, la coordination même date, mais chacun ne fait interviennent pour soutenir le développement laisse parfois à désirer. qu'une référence minimale à l'autre agricole en général, la coordination entre les 3 8 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E donneurs pose des problèmes majeurs du fait spécialistes techniques pour soutenir L'élargissement du qu'il faut dégager un consensus sur la stratégie l'exécution des projets agricoles. programme rural s'est et les priorités. Avec les prêts-programmes et les accompagné d'une prêts au soutien budgétaire, qui sont désormais La diminution des capacités techniques réduction des capacités en augmentation en Afrique, la coordination de la Banque tient en partie à l'élargis- techniques dans sera probablement plus difficile. Cela tient au sement du programme d'action rural l'agriculture. fait que l'allocation de ces fonds relève des examiné au chapitre 2. Le développe- ministères, qui sont dans la plupart des cas ment social, le développement rural élargi et moins coopératifs que les unités sectorielles de d'autres interventions de ce genre sont certes des la Banque. questions importantes pour l'espace rural, mais l'importance accordée à ces nouveaux domaines Les capacités techniques au sein de la Banque dans les stratégies rurales a conduit à donner la Au cours des 20 dernières années, deux grandes prééminence aux généralistes plutôt qu'aux réorganisations de l'Institution se sont traduites spécialistes de l'agriculture. Les données des par une réduction notable des capacités Ressources humaines montrent que les techniques dont disposait la Banque pour personnels travaillant sur le nouveau Les importantes soutenir l'agriculture. Dans les années 60 et 70, programme d'action sont passés de réorganisations de la les aspects techniques des différents volets des 51 % environ des agents de l'ADR en Banque ont nettement projets agricoles ont été traités avec une grande 1997 à 71 % en 2006. Compte tenu des réduit ses capacités attention. De ce fait, la Banque a maintenu un moyens techniques limités dont techniques dans le solide cadre d'agents techniques, qui ont rejoint dispose l'ADR, la Banque a des difficul- domaine agricole. la Banque au milieu ou à la fin de leur carrière, et tés à fournir aux pays une orientation et la qualité de leur soutien a été reconnue par de des conseils pertinents sur les questions nombreux pays clients et le monde dans son techniques agricoles, d'autant que les fonction- ensemble (Banque mondiale 1991a). La réorga- naires du secteur agricole qui sont les interlocu- nisation majeure de la Banque en 1987 a entraîné teurs de la Banque sont encore pour la plupart des une réduction substantielle des effectifs spécialistes techniques. À peu près 65 % des agents techniques de l'Institution1. Une étude sur l'aide qui ont répondu à l'enquête de l'IEG auprès du à l'agriculture africaine effectuée à la fin des personnel de la Banque se sont déclarés d'accord années 80 (Banque mondiale 1991b) reconnaît ou tout à fait d'accord pour dire que la décision que cette diminution d'effectifs a posé des stratégique de la Banque de centrer son action sur problèmes. le développement rural au sens large avait dilué l'attention portée aux questions techniques liées Une décennie après la première réorganisation, la aux prêts à l'agriculture en Afrique. Banque a lancé une deuxième réorganisation, basée sur le modèle de la matrice, qui a encore La décentralisation semble aussi avoir affaibli réduit les personnels techniques. L'analyse des l'aptitude de la Banque à soutenir le développe- données du Département des ressources ment rural3. La décentralisation des personnels humaines montre que le nombre des agents de l'Institution dans les années 90 a conduit à techniques (ingénieurs en irrigation et pédologues, recruter davantage d'agents locaux dans les spécialistes de la vulgarisation, de l'élevage et représentations de la Banque à l'étranger. Elle a d'autres domaines) affectés à l'ADR dans la Région permis de mieux comprendre les problèmes des Afrique a diminué de façon spectaculaire depuis différents pays et de réduire les coûts de person- 1997. Cette année-là, il y avait 40 experts techniques nel. Si ces deux objectifs sont souhaitables, ils affectés au Département de l'ADR en Afrique, mais ont conduit à réduire l'influence des experts en 2006, il n'en restait que 17 (annexe G)2. Plus de recrutés sur le marché international et qui 67 % de ceux qui ont répondu à l'enquête de l'IEG avaient une grande expérience et une connais- auprès du personnel reconnaissent que la Région sance approfondie des bonnes pratiques Afrique ne dispose pas d'un nombre suffisant de internationales. 3 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E La diminution des La diminution des capacités tech- l'agriculture, contre 27 % pendant la période capacités techniques a niques a apparemment affecté la antérieure à cette date. Sur l'ensemble des une incidence qualité du dialogue engagé avec les projets pour lesquels des indicateurs ont été préjudiciable sur la départements ministériels des pays au construits, la plupart comportent des indicateurs qualité du dialogue avec sujet de l'agriculture. Plus de 66 % de de production, mais le nombre des indicateurs les Autorités nationales. ceux qui ont répondu à l'enquête de de résultats et d'impact a augmenté depuis 1996. l'IEG conviennent que le dialogue de la Région Afrique avec les Autorités nationales Les types d'indicateurs de production et de sur le développement rural n'aborde pas résultats que comportent les projets agricoles suffisamment les questions techniques de la sont très variables, ce qui tient sans doute à la productivité de l'agriculture (telles que la fertilité grande diversité des objectifs et des composantes des sols, la gestion de la terre, les régimes des projets. En général, les documents des fonciers, l'irrigation et les semences améliorées). projets ne précisent pas la façon dont les indica- teurs ont été sélectionnés et, dans bien des cas, La baisse des capacités techniques a aussi affecté les indicateurs mentionnés ne sont pas définis de la qualité du programme des prêts à l'agriculture. façon précise. L'ADR a entrepris de préparer des De nombreux directeurs d'opérations interrogés directives pour la construction des indicateurs, par l'ADR ont indiqué que la commercialisation mais aucune directive de ce genre n'a encore été des intrants et de la production posait des diffusée à ce jour. problèmes majeurs dans les pays dont ils étaient chargés tout en estimant que les agents de la Même lorsqu'il y a des indicateurs, l'information Banque étaient incapables de résoudre ces que contiennent les rapports d'achèvement est problèmes (Banque mondiale 2005g). D'autres rarement d'une grande utilité pour répondre à directeurs d'opérations ont noté qu'ils ne des questions fondamentales sur les résultats et trouvaient pas auprès des agents ruraux l'éven- l'impact des opérations, telles que la désignation tail des qualifications dont ils avaient besoin pour des bénéficiaires, les cultures qui ont bénéficié des produits tels que les crédits à l'appui de la d'un soutien et de quelle manière elles en ont réduction de la pauvreté (CARP), et ils indiquent bénéficié, ou les effets positifs qui peuvent être que la réduction des programmes ruraux tenait attribués aux projets de la Banque, etc. Un en partie au manque d'attention des agents examen interne effectué par l'ADR en 2004 ruraux lors de l'élaboration des CAS (Banque confirme ce constat. mondiale 2005g). Une mission de supervision récente (février Suivi et évaluation 2006) couvrant la phase II du Projet de gestion La Banque demande que tous les projets approu- des terres arides au Kenya fait état de déficiences vés soient dotés d'un système de suivi et dans l'élaboration des rapports, précisant que d'évaluation (S&E). Depuis janvier 1996, lorsque ces rapports portent essentiellement sur les le Département Politique opérationnelle et activités entreprises et non sur leur impact. services aux pays a fourni aux agents de la L'évaluation par l'IEG du premier Projet de Banque des directives sur la préparation des gestion des terres arides au Kenya (IEG 2005b) indicateurs, la plupart des respon- avait aussi noté que cinq indicateurs seulement Le pourcentage des sables des projets s'intéressent sur 19 étaient des indicateurs d'impact. Dans son projets agricoles davantage à la question du suivi et de rapport, l'IEG concluait qu'il pourrait y avoir une comportant des l'évaluation. L'examen de 54 projets meilleure évaluation des aspects qualitatifs liés à indicateurs liés à sur un échantillon de 71 opérations la réceptivité des institutions de district et des l'agriculture a (voir annexe A sur les critères de activités axées sur la pauvreté, avec des considérablement sélection des 54 projets) montre que précisions sur la question de savoir si les augmenté depuis la fin 73 % des projets financés depuis 1996 avantages du projet avaient été accaparés par les des années 90. comportent des indicateurs liés à élites. 4 0 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E En outre, lorsqu'il y avait des indicateurs et que tion commercial dans les petites exploitations, le ces indicateurs étaient pertinents, les informa- rapport note (p. 7 et 8) : tions fournies à leur sujet étaient souvent succinctes, ce qui tenait souvent aux faibles Lorsque l'on envisage Toutefois, lorsqu'il y a des capacités des pays ou aux déficiences de la d'appliquer des méthodes indicateurs, supervision de la Banque. Sur les rapports d'exploitation commer- l'information qu'ils d'achèvement examinés, 72 % mentionnent des ciales dans les petites exploi- fournissent est souvent problèmes de suivi et d'évaluation qui ont tations, il est important de d'une valeur limitée. empêché l'équipe chargée du rapport de fin tenir compte du fait que le d'exécution d'évaluer intégralement les résultats petit paysannat zambien ne constitue pas ou l'impact du projet. De ce fait, les enseigne- un groupe homogène d'agriculteurs. Pour ments que l'on peut tirer sont limités, de même élaborer des stratégies viables d'exploita- que les possibilités d'élaborer des mesures de tion commerciale dans les petites exploita- suivi réalistes des interventions. tions, il est crucial de comprendre l'hétérogénéité des ménages ruraux Des déficiences du S&E des projets agricoles en zambiens et les différents potentiels qu'ils Afrique ont également été relevées dans une ont en tant que producteurs agricoles. Il y a étude interne de l'ADR, ainsi que par le Groupe des différences notables dans les actifs, d'assurance de la qualité. Les problèmes consta- le capital humain et les possibilités de tés au niveau du S&E ne sont pas spécifiques au génération de revenus des secteur de l'agriculture, mais étant donné que ménages des petits paysans, Les projets examinés les résultats des interventions dans ce secteur tout comme dans les straté- tendent aussi à traiter les sont influencés par les interventions dans gies qu'ils élaborent pour bénéficiaires comme des d'autres secteurs, ainsi que par des facteurs subvenir à leurs besoins. groupes peu différenciés. naturels et autres, il est d'une importance capitale que l'information relative aux activités Du fait de l'intérêt accru qui est porté à la de la Banque soit exacte. L'examen des rapports promotion des exportations agricoles non d'achèvement des projets relève plusieurs cas où traditionnelles et de la rigueur croissante des les déficiences du système de S&E ont empêché normes exigées par les importateurs, il sera l'équipe RFE de distinguer la contribution du encore plus important d'avoir une idée exacte projet aux résultats finaux de la part prise par des capacités de production des petits d'autres facteurs exogènes (tels que les exploitants. évènements climatiques), ou par d'autres projets qui étaient exécutés pendant la même période et Il y a aussi une dimension sexiste dans la descrip- visaient des objectifs similaires. tion qui est faite des agricul- teurs. Près de 50 % de la Presque la moitié de la Un autre problème de mesure commun aux production vivrière en Afrique production vivrière de la projets examinés est la tendance à traiter les est assurée par les femmes, et Région est assurée par les bénéficiaires comme des groupes indifférenciés. les problèmes auxquels elles femmes, et bien que Rares sont les documents de projet qui donnent se heurtent pour avoir accès à certains des problèmes la description des paysans qui seront les bénéfi- la terre, au crédit et à la vulgari- auxquels elles se heurtent ciaires du projet. Habituellement, ces documents sation sont différents de ceux soient particuliers à leur parlent des bénéficiaires en termes généraux, tels que rencontrent les hommes. sexe, lorsque le terme que les agriculteurs, les parties prenantes ou les Pourtant, l'examen du « paysan » est employé petits exploitants. Il est important de différencier portefeuille montre que, dans dans les documents d'un les catégories d'exploitants agricoles comme le la plupart des cas, lorsqu'il est projet, il est difficile de souligne une étude sectorielle récente effectuée question d'agriculteurs dans dire si l'analyse concerne en Zambie (Banque mondiale 2007e). À propos les documents des projets, il des agriculteurs ou des de la possibilité d'instaurer un mode d'exploita- est difficile de dire s'il s'agit agricultrices. 4 1 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E d'hommes ou de femmes. Sur les 71 documents ou de zones agro-écologiques. En outre, l'infor- examinés, seulement deux établissent clairement mation sur le projet n'indique pas les critères le lien entre le sexe des bénéficiaires et les retenus pour choisir les cultures mentionnées objectifs du projet, incluent des composantes dans les rapports. Dans de nombreux cas, la spécifiques pour les femmes et comportent des section relative à l'analyse économique des indicateurs pour mesurer l'impact du projet sur documents du projet donne aussi des indications les femmes. sur certaines cultures, mais, comme pour les indicateurs de rendement, il est difficile de dire Les ouvrages publiés montrent aussi que les si ce sont les seules cultures soutenues par le changements dans la répartition des tâches se projet ou si elles ont été choisies pour calculer le produisent dans le temps pour plusieurs raisons taux de rentabilité économique. Cet examen (Doss 1999). Les hommes peuvent se tourner corrobore la conclusion d'un examen interne de vers des activités qui sont traditionnellement du l'ADR effectué en 2004, qui note que, tant que la ressort des femmes lorsque de nouvelles Banque ne prendra pas de mesures pour opportunités se présentent et que les activités remédier à l'utilisation insuffisante des indica- auparavant réservées aux femmes deviennent teurs axés sur les résultats, aux déficiences du plus productives ou plus rentables (Doss 1999). suivi et de l'évaluation et à la conception Cela montre qu'il est nécessaire de fournir une inappropriée des rapports, qui ne facilitent pas la description plus complète des ménages visés par description des résultats des projets, il est peu les projets afin de pouvoir concevoir des probable que la Banque puisse suivre efficace- interventions qui ciblent les besoins des paysans ment et utilement les résultats de ses interven- et indiquer les différences d'impact des interven- tions dans la Région Afrique. tions sur les différentes catégories de bénéfi- ciaires. Les facteurs propres aux pays En l'absence de volonté politique, d'engagement L'accent mis récemment sur les méthodes et de moyens d'action dans les pays que la d'approche réceptives aux besoins des clients en Banque soutient, il y a peu de chances que les matière de développement agricole exige de activités qu'elle organise pour soutenir le porter une attention encore plus grande aux développement agricole soient efficaces. détails concernant les ménages agricoles. Les Comme la Région Afrique compte 47 emprun- équipes chargées des projets pourraient faire teurs potentiels, il serait difficile de s'attaquer valoir que ces détails sont parfois inclus dans les aux problèmes propres à chacun d'entre eux. enquêtes auprès des bénéficiaires et dans les Cette section est donc plutôt centrée sur deux autres documents établis pour ces interventions. facteurs importants communs à l'ensemble des Mais ces documents ne sont pas facilement pays. Il s'agit des aspects critiques de la question accessibles et, comme l'information n'est pas plus large de la gouvernance qui, selon les fournie dans la phase d'achèvement, il est conclusions des évaluations et les travaux difficile de dire dans quelle mesure l'information publiés, freinent le développement de l'agricul- qu'ils contiennent est éclairante ou constitue un ture en Afrique4. Si la volonté politique, l'engage- élément de l'évaluation de la contribution de la ment et la stabilité sont relativement peu Banque. sensibles à l'influence extérieure, la Banque peut contribuer à renforcer les capacités dont L'examen du portefeuille montre aussi que 40 % disposent les pays pour formuler et mettre en des projets clos fournissent des indications sur la oeuvre des politiques rationnelles en finançant variation des rendements par le biais des indica- des programmes de formation et d'assistance teurs, mais les rendements pour chaque culture technique. sont donnés globalement. Il est donc impossible de distinguer les différences entre différents Volonté politique et engagement types d'exploitation, de systèmes de production La nécessité d'une volonté politique aux niveaux 4 2 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E les plus élevés est l'un des enseignements les urbaine. Mais elle était financièrement insoute- plus importants que l'on peut tirer de l'expé- nable et n'a pas contribué au développement de rience asiatique dans le domaine du développe- l'agriculture. ment agricole. Elle se traduit directement par un contexte globalement favorable de l'action Puis, au milieu des années 80, les pays africains gouvernementale et des dotations budgétaires ont été confrontés à des crises graves -- aux institutions agricoles et aux infrastructures appauvrissement alarmant des populations, qui s'y rapportent (IFPRI 2004b). Avec le NEPAD pénuries de denrées alimentaires et et le CAADP, il semble qu'il y ait maintenant un faibles niveaux d'alphabétisation et de La volonté politique et engagement politique de la part des gouverne- santé, baisse des prix des produits de l'engagement en faveur ments africains de soutenir le développement de base et alourdissement de la dette du développement leur secteur agricole. L'examen des documents publique qui les garrottait (IEG agricole semblent de stratégie pour la réduction de la pauvreté 1998a). La performance de l'agricul- progresser en Afrique. (DSRP) effectué par l'IEG (IEG 2003b) montre ture a faibli à mesure que les superfi- aussi qu'une grande majorité des documents cies mises en culture augmentaient et que les examinés (94 %) identifie les questions agricoles meilleures terres étaient épuisées. Il s'en est suivi comme un élément central de la lutte contre la une période d'ajustement structurel lorsque, pauvreté. Les gouvernements africains, dont sous les pressions exercées par la Banque et le beaucoup consacrent moins de 1 % de leur FMI, plusieurs pays ont entrepris des réformes budget à l'agriculture, ont décidé lors du majeures. Sommet de l'Union africaine, en juillet 2003, d'allouer d'ici cinq ans au moins 10 % des L'engagement politique tant en faveur des ressources budgétaires nationales à la mise en réformes sectorielles qu'en faveur du développe- oeuvre de politiques et de programmes pour ment agricole était souvent tiède pendant la soutenir l'agriculture. Reste à savoir si ces pays période d'ajustement structurel. De nombreux seront en mesure d'honorer leur engagement. gouvernants n'ont pas accepté le principe des réformes et ne faisaient pas confiance au La volonté politique de développer l'agriculture fonctionnement des mécanismes du marché n'était pas très affirmée au début de la période (Jayne et autres 1999). Les ministres de l'agricul- qui a suivi les indépendances, ainsi qu'en ture n'ont pas accepté la réduction de leurs témoignent le soutien budgétaire et le contexte attributions, préférant conserver leur budget et global de l'action gouvernementale pour le leur pouvoir même lorsqu'eux-mêmes ou l'admi- secteur. Si les politiques adoptées par les pays de nistration centrale avaient pris l'engagement la Région différaient, l'agriculture était de verbal d'engager des réformes de libéralisation manière générale lourdement taxée et, dans bien (Foster et autres 2001). Les organisations de la des cas, les offices paraétatiques qui détenaient société civile se sont souvent opposées aux le monopole de la commercialisation fixaient les réformes au motif qu'elles pénalisaient les prix à un niveau inférieur à celui du marché. pauvres, et certaines ont exprimé leurs craintes que les réformes ne leur fassent perdre des Toutefois, les gouvernements ont aussi transféré sources de recettes publiques (Kherallah et des ressources via les subventions aux intrants et autres 2002). les crédits bonifiés. C'est pourquoi, certains analystes disent que les pays d'Afrique ont suivi Au Sénégal par exemple, l'État a tout fait pour une stratégie contradictoire, qui consiste à conserver le contrôle de la transformation et de extraire des surplus d'un côté et à transférer des la commercialisation des arachides, principal ressources de l'autre. Cette stratégie a permis produit pourvoyeur de recettes d'exportation aux gouvernants de pourvoir aux besoins des (IFPRI 2000). Au Mozambique, une évaluation petits exploitants et de fournir des denrées des projets effectuée par l'IEG (IEG 2002a) alimentaires à bon marché à la population révèle que, selon une opinion largement 4 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E répandue dans le pays, un programme de projets de gestion du secteur agricole, de réformes soutenu par la Banque pour libéraliser réforme des entreprises paraétatiques et de le secteur des noix de cajou avait « tué » l'indus- réforme économique et du secteur public est trie économiquement viable de transformation que l'arme de la conditionnalité pour promou- de ce produit. Les conclusions de la Banque et voir les réformes n'est pas efficace en tant que des travaux publiés sur la question diffèrent et, si telle, et qu'il faut instaurer des mécanismes pour des éléments d'appréciation récents indiquent faciliter la communication Banque-client et que la production augmente grâce aux technolo- consulter davantage les milieux politiques et la gies intermédiaires, le processus de réforme lui- société civile. même a clairement contribué à La timidité de envenimer les relations entre la L'examen des rapports d'achèvement des l'engagement politique Banque et le Gouvernement. Globale- opérations d'ajustement structurel et d'investis- s'est manifestée à de ment, il semble que ce soit un cas où sement dans plusieurs pays fait apparaître nombreux égards. les conditions de la Banque ont été plusieurs manifestations de l'insuffisance de poussées trop loin alors que les volonté politique : insuffisance des fonds de Autorités nationales n'étaient ni convaincues ni contrepartie pour les projets, retards dans engagées. Un document du Bureau national de l'adoption de réglementations importantes et le recherche économique (McMillan, Rodrik, and démantèlement des entreprises paraétatiques, Welch 2002, p. 28) note : incohérence des directives et retards dans l'adoption de différentes mesures, entre autres. Pour les réformes, il n'a pas été tenu L'examen des évaluations de la supervision des grand compte des imperfections substan- projets d'agriculture effectué par le Groupe tielles du marché. Pratiquement personne d'assurance de la qualité confirme que le peu ne s'est soucié de la crédibilité des d'empressement des Autorités nationales a posé réformes et des mesures à prendre pour un problème substantiel pendant la supervision. renforcer cette crédibilité. Le Gouverne- Dans 56 % des projets clos pour lesquels l'action ment a fait peu d'efforts pour gérer les de l'Emprunteur a été jugée insatisfaisante à retombées politiques qui auraient dû être l'achèvement des opérations, le manque de relativement faciles à prévoir ex ante. Et volonté politique a pesé sur les résultats (voir la Banque mondiale n'a pas pris la bonne encadré 4.1). mesure de l'inefficacité qu'il y avait d'acheter une réforme avec une aide Le manque d'engagement des Autorités assortie de conditionnalité. De tous ces nationales explique en partie l'insuffisance des points de vue les noix de cajou mozambi- dotations budgétaires allouées à des systèmes de caines fournissent une étude de cas recherche et de vulgarisation d'importance instructive des infortunes qui pouvaient cruciale dans plusieurs pays africains. L'examen arriver aux réformes que les pays du secteur agricole au Nigéria montre que, si le africains ont engagées au cours des deux pays dispose du plus important système de décennies précédentes. recherche de la région, les crédits alloués à ce système ont fortement diminué dans les années Le manque d'enthousiasme des dirigeants 80 avec la chute des cours du pétrole. L'évalua- africains pour les réformes dans un premier tion récente par l'IEG du deuxième projet de temps traduisait probablement leurs doutes recherche agricole (ex. 08) et du second projet quant à la réactivité de l'économie face à ces national de vulgarisation agricole (ex. 97) montre réformes (Jayne et autres 1997). Dans bien des que la viabilité demeure le problème le plus cas, les réformes ont donc été engagées parce préoccupant du fait que les responsables concer- qu'elles conditionnaient l'octroi d'un prêt. nés n'ont pas vraiment cherché à faire des projec- L'examen du secteur agricole du Kenya montre tions réalistes pour ajuster en conséquence la que l'un des enseignements importants tirés des taille des activités du secteur public. 4 4 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E Encadré 4.1 : L'insuffisance de volonté politique a pesé sur les résultats des opérations Le rapport d'achèvement du Projet togolais de services agricoles avait été précédemment déchargée de ces fonctions » (Banque (ex. 98) juge l'action de l'emprunteur insatisfaisante et note : « Le mondiale 2003f, p. 12). Gouvernement n'a pas fourni en temps voulu et de manière ap- L'étude du secteur de l'agriculture au Kenya effectuée par propriée les fonds de contrepartie nécessaires aux agents d'exé- l'IEG en 1998 (IEG 1998c) conclut aussi que le peu d'adhésion au cution et, pour des raisons encore mal élucidées, il a déchargé projet a été un handicap qui a grandement compromis l'efficacité l'ICAT des services de vulgarisation pour la production de coton au plan du développement des opérations soutenues par la Banque pour en confier de nouveau la responsabilité à la SOTOCO, qui au Kenya. Dans certains cas, le manque de volonté guerre civile qui a éclaté dans le nord Le manque d'engagement politique traduisait un problème de gouver- et l'est de l'Ouganda par exemple a explique aussi en partie nance plus profond, ce dont il n'a pas toujours contraint le Gouvernement à re- l'insuffisance des crédits été tenu compte pour la mise en oeuvre des déployer des ressources et même à alloués à des systèmes de projets de la Banque. Les examens du secteur de ignorer certaines composantes de la recherche et de l'agriculture du Cameroun, du Kenya et de la libéralisation telles que l'interdiction vulgarisation d'une Tanzanie montrent que les interventions de la d'imprimer de la monnaie pour importance cruciale. Banque indiquent que l'Institution ne se rend couvrir les déficits budgétaires pas bien compte du temps qu'il faut pour mener (Bazaara 2001). Le Malawi a réinstauré les à terme des réformes importantes. Dans de subventions aux engrais qui avaient été progres- nombreux cas, les rapports d'achèvement des sivement supprimées dans le milieu des années projets et les évaluations des projets par l'IEG 80 à cause de la dévaluation de la monnaie, et montrent aussi que le rythme et la portée des l'interruption des liaisons routières à travers le réformes préconisées dans les pays de la Région Mozambique a entraîné une hausse dépassaient les capacités des pays concernés. substantielle du prix des engrais Les chocs exogènes ou des (IFPRI 2000). Au Ghana, le rapport facteurs internes ont Au Kenya par exemple, les réformes ont pris du d'évaluation des projets effectué par conduit de nombreux retard et souffert des revirements liés à des l'IEG (IEG 2001) conclut que, si l'ajus- pays à revenir sur les raisons politiques parce que les prévisions tement structurel a été un élément réformes. concernant les mesures à prendre pour faire majeur du soutien apporté au pays adopter des réformes par le Parlement et les après 1990, en 1992, en pleine période électo- exécuter étaient irréalistes. En Zambie, l'évalua- rale, les dépenses publiques financées par les tion des projets relatifs aux premier et deuxième emprunts au secteur bancaire ont augmenté de crédits pour la privatisation et la réforme façon substantielle avec la hausse des rémunéra- industrielle montre que les programmes de tions de la fonction publique. Cette politique, qui réformes inclus dans les deux projets a entraîné une forte progression de la masse dépassaient les intentions du Gouvernement et monétaire et des taux d'inflation élevés, niait les les capacités dont il disposait pour les mener à principes de la réforme. terme. Au Cameroun et au Nigéria, d'autres facteurs ont joué. Les examens sectoriels des Capacité des pays à soutenir le développement pays montrent que l'engagement en faveur du de l'agriculture secteur de l'agriculture a augmenté et diminué La volonté et l'engagement en eux-mêmes ne sont en même temps que les recettes pétrolières. pas suffisants pour soutenir le développement de l'agriculture. Encore faut-il disposer des capacités De nombreux pays sont revenus sur les réformes nécessaires. Dans de nombreux pays africains, à la suite de chocs exogènes ou d'une évolution l'insuffisance des capacités empêche les pouvoirs de la situation économique (IFPRI 2000). La publics de mener efficacement les tâches de 4 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Dans de nombreux pays planification et de préparation du turation des ministères techniques et la privatisa- africains, l'insuffisance budget, de gestion de l'aide au dévelop- tion des offices de commercialisation des des capacités empêche les pement et de l'organisation des céréales et des denrées agricoles (un domaine pouvoirs publics de services (Commission pour l'Afrique critique de gouvernance), la mise au point de mener efficacement les 2005). Certains pays souffrent d'une systèmes de gestion et la capacité à améliorer tâches de planification et pénurie de cadres scientifiques et l'allocation et l'utilisation des ressources de préparation du techniques compétents. Ce problème budgétaires et humaines, ainsi que pour renfor- budget, de gestion de tient en partie à la qualité de l'enseigne- cer la capacité à formuler des politiques et des l'aide au développement ment dispensé dans les universités, qui stratégies rurales et agricoles. La contribution à et de l'organisation des n'entre pas dans le cadre de cet la formulation des stratégies en particulier a services. examen, mais qui là encore renforce la augmenté depuis l'exercice 2002. dépendance du développement agri- cole à l'égard d'autres secteurs. Parfois, la privatisation et la restructuration des ministères techniques ou des entreprises Le renforcement des capacités institutionnelles paraétatiques entrent dans le cadre d'un des pays a occupé une priorité élevée dans le programme de réformes économiques plus large programme d'action des bailleurs de fonds au dans le pays, comme ce fut le cas par exemple cours des deux dernières décennies, et c'est des premier et second crédits zambiens pour les aussi un volet important de nombreux projets réformes industrielles et la privatisation (ex. 92 agricoles de la Banque. La présente étude a et 93). Dans d'autres cas, les projets agricoles ont permis de répertorier un certain nombre d'acti- été principalement axés sur les institutions du vités de la Banque axées sur la formation pour secteur, comme pour le projet tanzanien de soutenir la mise en place de systèmes d'alerte gestion du secteur agricole (ex. 04). Le projet précoces pour les sécheresses et d'autres éthiopien de développement du secteur catastrophes naturelles, améliorer les capacités semencier (ex. 95) mettait aussi surtout l'accent des systèmes de suivi et d'évaluation, élaborer sur le renforcement des capacités institution- des systèmes d'information et renforcer les nelles et humaines. La principale activité du capacités des ressources humaines en organisant projet visait la restructuration et la décentralisa- entre autres des programmes d'enseignement tion de l'Ethiopian Seed Enterprise afin de créer supérieur. Les projets de la Banque ont aussi une agence fondée sur un mode d'exploitation fourni un appui pour la revitalisation et la commercial. restructuration des capacités de la recherche agricole afin d'en améliorer la cohérence et la Le soutien au renforcement des capacités des qualité, et pour la formation d'agents de administrations régionales et infrarégionales a recherche5. La Banque a aussi fourni un soutien pris de l'importance avec la vague de décentrali- pour le CGIAR, qui a investi plus de 3,2 milliards sation dans les pays clients de la Banque. En de dollars en valeur nominale pour la recherche outre, plusieurs projets, en particulier à partir de et le renforcement des capacités en la fin des années 90, ont fourni un appui pour La contribution de la Afrique depuis 1971 (voir encadré renforcer les organisations de producteurs et les Banque mondiale à la 4.2). En outre, depuis que la Banque a groupes d'agriculteurs ou d'usagers, soit pour formulation des commencé à défendre la cause des les aider à assumer davantage de responsabilités politiques s'est renforcée pays en développement dans les au niveau de l'exploitation et de l'entretien, depuis 2002. accords commerciaux internationaux, comme pour les groupes d'usagers de l'eau, soit le renforcement de leurs capacités à pour améliorer les capacités de négociation des négocier les questions commerciales est aussi organisations de producteurs comme dans le cas devenu un élément du programme d'action des tentatives faites pour renforcer les produc- centré sur le renforcement des capacités. teurs de coton ou de café. Ces projets étant devenus populaires, les projets de la Banque ont La Banque fournit aussi un appui pour la restruc- visé à fournir une assistance sous forme de 4 6 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E Encadré 4.2 : Historique et problèmes que posent les capacités nationales de recherche en Afrique Le CGIAR est un réseau de 15 centres internationaux de re- ministères d'exécution dans une période marquée par l'austérité cherche agricole, qui ont tous des programmes en cours en budgétaire et la réorganisation des budgets publics. L'efficacité de Afrique, bien que seulement quatre d'entre eux soient implan- la recherche en Afrique dépend non seulement du lien entre les tés dans le continent. En outre, certains pays africains sont institutions du CGIAR, mais aussi de la solidité des systèmes de aussi dotés de systèmes nationaux de recherche agricole. recherche nationaux. La Banque mondiale est le principal pour- Au début des années 60, 10 % des chercheurs agricoles en voyeur de fonds de ces systèmes. Mais après plus de 40 ans d'in- Afrique étaient Africains et 90 %, des agents expatriés. Mais au dépendance, beaucoup d'entre eux sont peu solides et début des années 90, les programmes de formation à l'étranger ont financièrement instables. Des réformes prometteuses ont été en- permis de renverser ce ratio. gagées pour consolider les systèmes de recherche dans plu- Cet effort massif de renforcement des capacités est un im- sieurs pays et une attention accrue est portée à l'établissement portant succès, mais les observateurs avertis s'accordent en gé- d'alliances et de partenariats avec les universités et le secteur privé. néral pour penser que la recherche agricole en Afrique aujourd'hui Les programmes de dons compétitifs se développent rapidement est plus faible et à un stade de maturité moins avancé que la re- eux aussi. cherche en Asie et en Amérique latine. Actuellement, 80 % (4 800) En 1985, un groupe de bailleurs de fonds a décidé, lors de la des chercheurs agricoles africains sont concentrés dans 13 pays, réunion du CGIAR à Tokyo, de créer le Programme spécial pour la tandis que les 20 % restants (1 200) sont dispersés dans 35 pays recherche agricole en Afrique (SPAAR). Ce programme visait à du continent. améliorer la coordination de l'assistance des bailleurs de fonds à Peu de temps après l'indépendance, de nombreux gouverne- la recherche agricole en Afrique et à renforcer les capacités des ments ont nationalisé ou supprimé les instituts régionaux de re- systèmes nationaux à utiliser la nouvelle technologie du système cherche de l'ancienne puissance coloniale. Les 20 années qui du CGIAR. La décision de créer le Forum pour la recherche agri- ont suivi l'indépendance ont été marquées par un développement cole en Afrique (FARA) a été prise en 1997 lors de la dix-septième substantiel des systèmes nationaux de recherche agricoles, mais session plénière du SPAAR. Le FARA a été conçu comme un forum ce n'était pas systématiquement planifié et l'efficacité de la re- facilitateur et un cadre d'échanges d'informations entre les or- cherche en a quelque peu souffert. Le processus a été fragmenté ganisations sous-régionales, ainsi que comme une institution faî- du fait que les départements au sein des différents ministères ont tière représentant l'Afrique. cherché à renforcer leurs propres capacités de recherche. Les activités de ce partenariat n'ont pas été évaluées par une Pendant la période d'ajustement en Afrique, la réforme de la entité indépendante. Toutefois, le problème le plus important qui fonction publique a fourni l'espace politique nécessaire pour se pose tient au fait que les systèmes nationaux sont désormais consolider et restructurer la recherche agricole dans une grande tributaires des bailleurs de fonds, dont les financements repré- partie du continent. Cette période a aussi été marquée par un re- sentent une grande partie de leurs ressources, et il est difficile de gain d'intérêt de la part des bailleurs de fonds pour la recherche dire si ces ressources resteront disponibles à l'avenir pour sou- agricole nationale en Afrique. C'est ainsi que des unités, des tenir et renforcer leurs activités. Le même problème se pose pour agents et des équipements de recherche ont été enlevés à diffé- les projets coopératifs de recherche au niveau local -- c'est le rents ministères, dont ceux de l'agriculture et de l'élevage en par- cas par exemple de la collaboration des institutions du CGIAR ticulier, et regroupés au sein d'une structure semi-autonome. telle que celle qui lie le CIAT et le Réseau de recherche sur le ha- En 1991, 28 des 47 pays d'Afrique avaient adopté cette struc- ricot en Afrique centrale et orientale. La Banque soutient ce genre ture pour leurs programmes de recherche nationaux. Les finan- de travail en réseau, mais, du fait de la persistance du problème cements des bailleurs de fonds ont facilité ce processus, mais ils de la viabilité financière de la recherche agricole africaine, il faut ont aussi conduit la recherche agricole à dépendre de cette as- un ciblage et un soutien plus déterminés de ces options de co- sistance puisqu'elle a perdu ses budgets traditionnels au sein des opération régionale. Sources : Eicher et Rukuni 2003 ; Ndiritu et autres 2004 ; http://www.fara-africa.org/about-us/ 4 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Les objectifs irréalistes ou formation aux fonctionnaires de l'État jugés insatisfaisants. Dans plusieurs projets de la trop ambitieux retenus afin de renforcer leurs capacités à Banque, l'évaluation des ressources disponibles pour les projets pèsent sur organiser des services efficaces par pour soutenir les activités une fois le projet achevé leur performance. rapport aux coûts pour les est irréaliste. Pour le projet tanzanien de gestion communautés rurales et les organisa- du secteur agricole (ex. 94) par exemple, le tions de producteurs. rapport d'évaluation prévoyait que les économies réalisées grâce au dégraissage du ministère de Les auto-évaluations de la Région Afrique et les l'Agriculture permettraient de financer l'alourdis- évaluations de projets effectuées par l'IEG sement des charges récurrentes, mais l'évaluation montrent que le volet renforcement des capaci- récente du projet montre que les ministères de tés dans le cadre du soutien de la Banque a eu l'agriculture semblent aussi à court de fonds beaucoup moins de succès que prévu. Un Précis d'exploitation qu'ils ne l'étaient avant le projet. de l'IEG sur le renforcement des capacités dans le secteur agricole en Afrique note : « si certains La Banque a une longue habitude de ce succès ont été obtenus dans la mise en oeuvre problème, en particulier dans les pays d'Afrique, des programmes d'ajustement structurel avec la où le Trésor tend à s'approprier les économies réduction des activités gouvernementales à des réalisées grâce au dégraissage des ministères. Les proportions plus gérables et la libéralisation des financements sont en général étroitement liés politiques économiques, qui ont amélioré l'allo- aux effectifs. La même situation se retrouve au cation des ressources et les incitations, le bilan Kenya, où les économies dégagées grâce aux des interventions conduites pour accroître les réformes du Département des forêts ont été capacités des institutions publiques est plus redéployées ailleurs. Puisque la Banque effectue nuancé » (IEG 1999c, p. 2). des examens des dépenses publiques, elle devrait pouvoir subordonner l'approbation des projets Les déficiences des Même à l'heure actuelle, les sectoriels à l'adoption de normes d'évaluation programmes de ministères de l'agriculture locaux plus rigoureuses pour la viabilité financière en formation des capacités restent des partenaires faibles et relati- fonction des contraintes budgétaires connues ont aussi pesé sur les vement inefficaces pour la promotion (IEG 1999c). résultats des opérations du développement du secteur de renforcement des agricole. La faiblesse des capacités des Les déficiences des programmes de formation capacités. emprunteurs est un point noir organisés dans le cadre des activités de la Banque important dans 77 % des cas où les ont aussi pesé sur les résultats des opérations de interventions soutenues par la Banque ont été renforcement des capacités. Dans certains cas, la qualifiées d'insatisfaisantes. Cette conclusion est formation voulue n'a pas été organisée ; dans particulièrement préoccupante à l'heure du d'autres, les agents formés n'ont pas été utilisés recentrage des prêts de la Banque en faveur du de façon efficace. Un examen effectué par la soutien budgétaire, ce qui implique que ces Région Afrique en 1997 conclut que la formation ministères faibles seront amenés à assumer un est souvent la composante la plus mal définie plus grand nombre de décisions de gestion pour d'un projet (Banque mondiale 1997a). Un l'établissement des priorités. Pour ce genre de examen des rapports d'achèvement fait projets, il est indispensable que la Banque apparaître que, dans 15 % des projets achevés procède à une analyse réaliste des capacités dont les résultats ont été jugés insatisfaisants, les institutionnelles existantes dans la phase de déficiences de la formation ont aussi été identi- préparation des opérations et que les documents fiées comme étant un élément du problème. Par d'évaluation évaluent clairement ces capacités. exemple, l'objectif global du projet malien de promotion de l'irrigation (ex. 97) était d'amélio- La conception irréaliste et trop ambitieuse des rer la petite irrigation à travers des activités de projets est un problème majeur, qui affecte près renforcement des capacités et d'en promouvoir de la moitié des projets dont les résultats ont été le développement afin de faciliter la diversifica- 4 8 P R I N C I PAU X FAC T E U RS D E P E R F O R M A N C E tion des investissements, la productivité et la un emploi dans le secteur privé, les ONG ou sécurité alimentaire dans les exploitations. Tout même à l'étranger une fois que le projet avait été en notant que le bilan du volet renforcement des achevé (IEG 2003e). capacités est insatisfaisant, le rapport précise que les activités de formation étaient sporadiques et Les responsables concernés n'ont pas On n'a pas suffisamment insuffisamment intégrées dans un programme suffisamment tenu compte des incita- misé sur les incitations adapté aux besoins de formation des organisa- tions et d'autres facteurs tels que le pour retenir les agents tions de producteurs. niveau des rémunérations et les très qualifiés. promotions professionnelles, qui sont Le rapport d'achèvement du projet gambien de importants pour retenir les agents très qualifiés. services agricoles (ex. 93) constate que les agents Il est maintenant largement reconnu que le qui avaient été spécifiquement formés à l'étran- niveau trop faible de la rétribution des fonction- ger pour améliorer les capacités d'analyse naires explique les problèmes de capacités dans sectorielle avaient été affectés à d'autres départe- la plupart des pays d'Afrique et que cela réduit ments. Au Malawi, l'impact des mesures prises gravement l'efficacité des interventions axées sur pour renforcer les capacités, notamment au le renforcement des capacités (IEG 1999c). Mais ministère de l'Agriculture, a été limité en raison la plupart de ces facteurs ne peuvent pas être de la rotation rapide du personnel de contrepar- traités de manière appropriée dans des interven- tie, en particulier parmi les économistes (IEG tions sectorielles et, pour les régler, il faut 1998d). Dans d'autres cas, tels que le projet souvent engager des réformes de la structure des malien de gestion des ressources naturelles (ex. rémunérations de la fonction publique, de la 92), l'IEG a constaté que les fonctionnaires qui notation des agents et des systèmes de avaient bénéficié d'une formation avaient obtenu récompense. 4 9 Chapitre 5 Points saillants de l'évaluation · La Banque a apporté son appui à un grand nombre de domaines qui ont une incidence sur le développement agricole, mais dont l'évolution est parfois difficile à suivre. · Toutefois, ces interventions sont éparpillées et il n'existe entre elles aucun lien qui tienne compte des l'interdépendance des activités agricoles. · Compte tenu des déficiences des systèmes de données de la Banque, il est difficile de déterminer l'impor- tance du soutien fourni dans diffé- rents domaines. Calebasse de manioc. Photo de R. Koenig, reproduite avec l'autorisation du photographe et de Still Pictures. La contribution de la Banque -- évaluation par thème À partir des éléments d'appréciation présentés dans les chapitres 3 et 4, le présent chapitre évalue les activités de la Banque sur la base de leur contribution à la levée des contraintes au développement agricole telles qu'elles sont identifiées dans le chapitre 2. Diversité agro-écologique projet malawien de services agricoles (ex. 93) Les examens du portefeuille montrent que, grâce visait à mettre au point des technologies pour à certaines interventions de la Banque, la les différentes conditions agro- recherche tient davantage compte de la diversité écologiques, mais il est difficile de direGrâce à l'intervention de agro-écologique de l'Afrique -- la plupart des s'il a réussi dans cette entreprise la Banque, la recherche systèmes nationaux de recherche ont désormais puisque la description donne peu tient davantage compte des responsabilités de station zonale. Mais il ne d'informations sur la façon d'évaluer de la diversité agro- semble guère établi que les projets appuyés par les effets positifs du projet. La seule écologique. la Banque, en dehors de ceux qui sont axés sur la référence à la diversité agro- recherche, aient adapté leurs activités en écologique dans le rapport d'achèvement du fonction des diverses zones agro-écologiques et projet est que des essais simples d'engrais ont été des systèmes de production des pays concernés. inclus dans une activité et qu'ils ont permis de créer une base de données sur les recommanda- Bien que l'analyse contenue dans les documents tions concernant les engrais spécifiques utilisés des projets se réfère souvent aux différentes dans la région, mais aucune indication n'est zones agro-écologiques, il n'en est plus question fournie sur la façon dont cette information a été dans la description du projet, et aucun lien n'est communiquée aux paysans ou utilisée par eux. établi entre ces zones et les activités du projet1. L'examen du portefeuille montre que, sur les 71 Les agents de la Banque n'ignorent manifeste- projets de l'échantillon étudié, seuls huit ment pas qu'il est important de s'adapter à la incorporaient au niveau de la conception des diversité des zones agro-écologiques, mais ils activités spécifiques liées aux différentes semblent avoir du mal à intégrer le concept au conditions agro-écologiques. De plus, dans la niveau de la conception du projet. Les rapports plupart des cas, les rapports sur les projets ne d'achèvement des projets considèrent que le donnent que peu d'indications sur les progrès défaut d'attention aux conditions agro- accomplis dans la prise en compte des diverses écologiques explique en partie les résultats conditions agro-écologiques. Par exemple, le décevants des projets. Le rapport d'achèvement 5 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Il ne semble guère établi du projet de privatisation agricole et recherche et de diffusion de variétés de semences que les projets autres que de développement des petites exploi- résistantes aux sécheresses (projet ghanéen de les projets de recherche tations de Sao Tomé-et-Principe (ex. recherche agricole, ex. 91 ; projet malien de aient adaptés leur 92) attribue en partie la performance recherche agricole, 1994 ; et projet tanzanien de programme d'action insatisfaisante de la Banque au fait que recherche agricole, 1998). Avec le soutien de la en fonction des les semences livrées n'étaient pas Banque, le CGIAR a lui aussi apporté une contri- conditions agro- adaptées à la diversité agro-écologique bution majeure dans ce domaine. D'autres activi- écologiques différentes du pays. De même, le rapport d'achè- tés visaient notamment à mettre en place des des pays concernés. vement du projet soudanais de systèmes d'alerte précoce, comme c'est le cas secours d'urgence aux sinistrés de la pour le projet de gestion des terres arides du sécheresse (ex. 92) note que le projet incluait des Kenya (ex. 96). variétés de fourrage qui n'étaient pas adaptées à des conditions de sécheresse, d'où les faibles taux Ces activités ont peut-être contribué à réduire la de germination. vulnérabilité, mais le manque de viabilité des projets agricoles de la Banque en Afrique tend à La capacité d'adaptation aux réalités locales est le indiquer que la contribution à long terme de ces principal attrait des projets fondés sur des opérations à la sécurité alimentaire a été limitée méthodes de développement de proximité ou (voir figure 3.2 du chapitre 3). Parmi les raisons décentralisées. Pourtant, l'examen des projets avancées, l'IEG cite, dans les examens des agricoles censés être impulsés par les pays ne fait rapports d'achèvement qu'il a effectués, l'insuffi- apparaître que de rares tentatives, même dans sance des ressources disponibles pour conduire ces interventions, pour tenir compte de la des activités une fois que les projets de la Banque diversité agro-écologique. Par exemple, le sont clos, ou l'insuffisance de détermination des document d'évaluation concernant le projet de autorités nationales. Dans le projet de secours développement rural de proximité du Ghana d'urgence aux sinistrés de la sécheresse du (ex. 05) ne tient pas compte de la diversité agro- Zimbabwe (ex. 92), la viabilité des opérations était écologique du pays, pas plus que le projet douteuse parce que rien n'était prévu pour mettre tanzanien de développement du secteur agricole en place une politique détaillée et un cadre institu- (ex. 06). Plus de 51 % des agents qui ont répondu tionnel permettant au pays de se doter de capaci- à l'enquête de l'IEG auprès du personnel de la tés d'intervention en cas de sécheresse et Banque ont déclaré que les projets agricoles de d'atténuer l'impact des sécheresses. Le projet l'Institution en Afrique ne tiennent pas suffisam- soudanais de secours d'urgence aux sinistrés de la ment compte de la diversité agro-écologique et sécheresse (ex. 92) a été jugé peu viable car il des besoins des divers systèmes de production. n'avait pas réussi à rallier l'adhésion des dirigeants politiques, adhésion indispensable pour soutenir Variabilité des précipitations durablement les efforts déployés pour élaborer et sécheresses une politique de sécurité alimentaire. D'après l'étude effectuée récemment par l'IEG sur les catastrophes naturelles (IEG 2006c), sur Les évaluations de l'IEG ont aussi montré que la les 262 projets africains qui comportaient un volet viabilité était un problème majeur. Elles agricole, 19 soutenaient des activités liées aux soulignent par exemple qu'un système d'alerte sécheresses. Plusieurs autres projets agricoles précoce et de réaction rapide avait bien été mis en comportaient aussi des activités qui devaient place dans le cadre du Projet kényan de gestion permettre de renforcer les capacités des ressources des terres arides, mais que, pour Sur les 262 projets des pays à réduire l'impact des les 11 districts les plus touchés par la sécheresse : africains comportant un situations d'urgence (notamment « en l'absence d'un soutien plus important du volet agricole, 19 celles imputables aux maladies et aux système public pour fournir des ressources, soit soutenaient des activités ennemis des cultures). Les opérations sur les propres deniers de l'État, soit grâce à la liées aux sécheresses. incluaient notamment des activités de mobilisation de l'aide extérieure, les améliorations 5 4 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E apportées par le projet s'amenuiseront progressi- un système de gestion des Ces activités peuvent vement » (IEG 2005b, p. 17). sécheresses sur le long terme. Mais avoir réduit la ces opérations ne visaient en général vulnérabilité mais leur Les conclusions des évaluations des projets et de pas à accroître la productivité agricole. viabilité est incertaine. l'examen du portefeuille montrent que les activi- tés agricoles soutenues par la Banque en Afrique Lorsque des activités spécifiques pouvaient ont en général tendu à traiter les problèmes améliorer la productivité sur le long terme -- d'insécurité alimentaire graves lorsqu'ils se recherche et diffusion de variétés résistantes aux produisaient plutôt qu'à aider les pays à élaborer sécheresses et aux maladies par exemple -- , les une stratégie à long terme pour remédier aux résultats ont été très décevants. Ces médiocres problèmes qui créent l'insécurité alimentaire2. performances s'expliquent notamment par Dans les vastes régions d'Afrique où les précipi- l'insuffisance de coordination entre les centres tations sont très variables, l'irrigation est de recherche du CGIAR et les interventions de la extrêmement limitée et les sécheresses Banque4, les déficiences de la vulgarisation et la fréquentes, l'insécurité alimentaire grave3 et répugnance des paysans à adopter des technolo- l'insécurité alimentaire chronique sont inextrica- gies améliorées parce qu'il leur était très difficile blement liées. La sécheresse aggrave encore la d'obtenir des intrants complémentaires et du situation de millions de gens qui souffrent crédit. Il aurait été possible de traiter plus énergi- chroniquement de l'insécurité alimentaire. quement le problème du crédit si les activités de la Banque avaient tenu compte de la grande Les activités soutenues par la Banque ont permis diversité des activités liées au développement dans une certaine mesure d'aider les pays à agricole. mettre en place des systèmes d'alerte et de gestion des sécheresses, mais là aussi le Dans les pays où les sécheresses sont très problème de viabilité se pose. Le bilan des fréquentes, comme au Malawi, la principale opérations axées sur l'insécurité alimentaire mesure prise par la Banque a été d'accorder des chronique est très décevant. Bien qu'elle soit prêts d'urgence. À peu près 80 % du crédit présente depuis plus de deux décennies dans accordé au Malawi pour le projet de secours plusieurs pays, la Banque n'a pas été en mesure d'urgence aux sinistrés de la sécheresse (ex. 03) de les aider à accroître la productivité de l'agri- étaient des financements à décaissement rapide culture afin d'enrayer la diminution des quanti- pour des intrants agricoles afin d'apporter une tés de denrées alimentaires disponibles par aide immédiate. La Banque a aussi fourni une habitant. Dans la plupart des pays d'Afrique, assistance technique afin d'atténuer et de l'insécurité alimentaire est directement liée à prévenir les risques liés aux aléas climatiques. l'insuffisance de la production vivrière totale, Elle n'a toutefois apporté qu'un appui limité à contrairement à l'Asie du Sud et d'autres Régions travers d'autres projets agricoles pour le Malawi où l'insécurité alimentaire est essentiellement et n'a guère contribué à améliorer la productivité imputable à des problèmes de distribution et au agricole du pays5. Entre-temps, le problème de manque de pouvoir d'achat des populations sécurité alimentaire du pays s'est encore (Sanchez 2002). aggravé6. Dans son évaluation du projet malawien de secours d'urgence aux sinistrés de Dans une très large mesure, les investissements la sécheresse, l'IEG observe que : « Depuis les 10 liés à des projets sécheresse ont été entrepris ou 15 dernières années, le Malawi est dans des situations d'urgence. Sur les 19 projets passé d'une situation de producteur Les projets tendent comportant un programme d'action visant à de maïs autosuffisant dans les années généralement à traiter les remédier aux effets d'une sécheresse, neuf avait où il n'y avait pas catastrophe à celle problèmes d'insécurité exclusivement pour but de répondre à une d'un importateur net tributaire de alimentaire graves plutôt situation d'urgence et, dans les 10 autres, l'aide extérieure pour atteindre l'équi- qu'à remédier à leurs plusieurs tentatives ont été faites pour instaurer libre alimentaire au niveau national » causes profondes. 5 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E (IEG 2007f, p. 3). Plusieurs facteurs expliquent ce conservation des sols et la collecte de l'eau. Une changement, mais le manque d'attention aux méthode d'approche basée sur le concept du problèmes liés au développement agricole a joué développement communautaire devait per- un rôle important. La croissance agricole au mettre au projet d'atteindre ce double objectif. Malawi a chuté de 8,1 % par an pendant la Mais, pour que les paysans puissent « demander » période 1990-2000 à 1,8 % pendant la période des microprojets axés sur la gestion des sols, il 2000-2004 (IEG 2007f)7. faudrait qu'ils soient au courant des options viables qui leur permettraient d'obtenir des Les mesures prises par la En Éthiopie, où les sécheresses et la résultats rapides. C'est rarement le cas. Le Banque pour aider les variabilité des précipitations sont aussi rapport sur l'examen à mi-parcours présenté par pays à se doter de des facteurs d'insécurité alimentaire, le ministère de l'Agriculture pour le projet systèmes d'alerte et de la Banque, là encore, n'a pas adopté (septembre 2006) montre que peu des projets gestion ont rencontré un d'approche stratégique pour réduire retenus étaient effectivement conçus pour certain succès. la vulnérabilité. La stratégie d'aide accroître la productivité de la terre. élaborée en 1995 pour le pays notait que l'objectif central était de faire reculer la Les premières conclusions de l'évaluation en pauvreté. L'amélioration de l'aptitude des cours de la stratégie d'aide à l'Éthiopie effectuée populations rurales à affronter les sécheresses par l'IEG tendent à indiquer que, considérée périodiques et le renforcement durable de la dans son ensemble, l'action engagée par la sécurité alimentaire étaient une composante Banque dans le secteur agricole a eu des résultats fondamentale de cette stratégie. décevants. La CAS 2003 reconnaît : « Non seulement les niveaux de pauvreté sont parmi Cette stratégie reconnaissait aussi que l'agricul- les plus élevés du monde, mais la population ture éthiopienne est pour l'essentiel une agricul- éthiopienne est extrêmement vulnérable, en ture pluviale et que la grande variabilité des particulier parce qu'elle est tributaire d'une précipitations et les sécheresses périodiques économie basée sur des cultures pluviales... impliquent un niveau élevé de risque pour les Certes, c'est à cause des sécheresses que les paysans et font peser une incertitude quant au groupes vulnérables ont beaucoup augmenté, volume de la production vivrière intérieure. Ces mais il faut s'attaquer aux causes fondamentales forces ont engendré une série sans fin de famines de la vulnérabilité et aux déficiences connexes à grande échelle, qui ont prélevé un tribut qui affectent la sphère économique et sociale et dévastateur sur les populations. Les mesures les activités de développement » (Banque visant à améliorer la sécurité alimentaire et mondiale 2003e, p. 3). notamment l'utilisation en plus grandes quanti- tés des ressources en eau en période de La Banque n'a pas su élaborer une approche sécheresse sont donc un élément central de la stratégique à long terme pour maîtriser les stratégie de développement de l'Éthiopie. problèmes liés aux sécheresses et à la sécurité alimentaire, en partie parce qu'elle n'a pas Toutefois, pendant la période étudiée, la Banque adopté de stratégie diversifiée pour promouvoir n'a fourni que très peu de financements pour le développement de l'agriculture. De ce fait, le soutenir le développement de l'irrigation (via un soutien de l'Institution, qui aurait pu déboucher fonds social) dans un pays qui n'a jusqu'à présent sur des réussites majeures, a donné des résultats aménagé que 170 000 hectares nettement plus décevants que prévu (voir Dans les pays où les irrigués sur un potentiel estimé à 2-3 encadré 5.1 à titre d'exemple). sécheresses sont très millions d'hectares (Banque mondiale fréquentes, la Banque a 2006a). Un projet de sécurité alimen- Un examen récent par l'IEG des CAS concernant généralement réagi en taire a été approuvé au cours de l'exer- 12 pays africains où la Banque a financé des projets fournissant des prêts cice 02. Il comportait, entre autres, un d'agriculture comportant des volets sécheresse d'urgence. programme d'action centré sur la montre que la plupart des débats sur la sécurité 5 6 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E alimentaire portaient sur la distribution d'une aide L'examen du portefeuille effectué Les financements alimentaire (IEG 2006c). Aucune des CAS ne pour la présente étude montre que, si accordés par la Banque mentionne le rôle que des secteurs tels que celui plusieurs projets sont axés à la fois sur pour le développement de des transports peuvent jouer en améliorant la sécurité alimentaire et la sécheresse, l'irrigation ont été très l'accessibilité aux zones sujettes aux sécheresses peu traitent de façon appropriée les limités. ou en diminuant leur vulnérabilité. De ce fait, le liens de cause à effet entre les deux développement des routes rurales, qui pourrait éléments. L'amélioration de la sécurité alimen- accroître de façon substantielle les capacités des taire figure certes parmi les objectifs de huit des pays en matière de gestion des sécheresses, n'est 71 projets de l'échantillon, mais, sur ces huit généralement pas inclus dans une approche straté- opérations, une seule établit spécifiquement le gique de gestion des sécheresses. En outre, lien entre la sécurité alimentaire et la sécheresse, l'examen du portefeuille effectué pour l'étude malgré la fréquence des sécheresses dans la récente sur les transports (IEG 2007o) conclut que Région Afrique8. l'exposition aux sécheresses n'était pas un facteur important pour déterminer la localisation des En partie à cause des insuffisances des travaux routes rurales. En fait, les rapports d'achèvement d'analyse déjà notées, les documents d'évalua- des projets contiennent très peu d'indications sur tion des projets de la Banque ne montrent pas la façon dont le tracé de certaines routes rurales a qu'il est tenu compte des différentes stratégies été choisi. d'ajustement traditionnellement adoptées par Encadré 5.1 : Le soutien de la Banque au Projet Fadama I du Nigéria : un bilan en demi-teinte faute d'une approche diversifiée Le soutien apporté par la Banque à l'irrigation des fadama au ont aussi pesé sur les résultats. Nigéria vise à rendre la production agricole moins tributaire Le Projet Fadama II (ex. 04) vise à remédier à certains des des précipitations, qui sont très irrégulières. Les terres de la ré- points faibles en adoptant une approche basée sur le principe du gion sont des plaines d'inondation et des bas fonds couvrant des développement de proximité. Il prévoit aussi de soutenir les acti- aquifères peu profonds dans le bassin hydrographique du Nigéria. vités de recherche et de vulgarisation menées par les populations Dans le nord du pays, les agriculteurs utilisent depuis long- locales et d'élargir l'accès aux intrants et aux marchés. Il devrait temps l'eau tirée de puits peu profonds ou des cours d'eau pour permettre de résoudre les problèmes qui ont bridé la production irriguer les fadama, où ils cultivent de petits lopins de terre pen- agricole dans le premier projet, mais il n'est pas dit qu'il puisse le dant la saison sèche. faire. Lors des évaluations précédentes des projets de dévelop- Une initiative pilote financée par la Banque dans le cadre des pement de communautaires, l'IEG avait souvent conclu que ces projets nationaux de développement agricole (PDA) et lancée projets ne permettaient pas de prêter une attention suffisante aux avant la période d'étude pour cet examen a permis de forer des questions techniques propres au secteur. puits tubulaires à faible coût et d'introduire des pratiques d'irrigation Il est prématuré de se prononcer sur le succès du projet Fa- avec des pompes dans les zones de cultures traditionnelles du fa- dama II. Le dernier en date des rapports de supervision note que dama. Le volet fadama a été le plus réussi des composantes des rares sont les sous-projets qui ont commencé à avoir des effets PDA et il a été transposé à plus grande échelle en tant que projet positifs pour les communautés. Les déficiences des programmes autonome pour constituer le Premier projet national de dévelop- d'entretien et l'insuffisance des capacités des facilitateurs et des pement des fadama (Fadama I, ex. 93). prestataires privés de services sont eux aussi une source de pré- Le projet Fadama I a permis d'accroître les rendements, mais occupation, car les paysans risquent de ne pas recevoir un sou- les profits ont été maigres parce que les paysans n'avaient pas d'ac- tien technique adéquat. Si la Banque peut s'attribuer le mérite cès aux marchés et que l'on ne s'était pas assez préoccupé des d'avoir maintenu sa présence pendant une longue période de opérations de transformation et de commercialisation en aval. temps dans les fadama, elle n'a pas suffisamment tenu compte de Les incertitudes concernant le régime foncier, qui attisaient les ten- la diversité des activités que comporte l'agriculture, ce qui a pesé sions traditionnelles entre les paysans et les éleveurs nomades, sur les résultats. 5 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Plusieurs projets sont les paysans pour minimiser les risques devrait normalement viser à concentrer les axés sur la sécurité d'insécurité alimentaire. Dans les efforts sur le développement des cultures alimentaire et la systèmes de cultures diversifiés, particulièrement importantes pour les pauvres. sécheresse, mais rares certaines cultures, telles que le sont ceux qui traitent de manioc et le mil, sont particulière- De même, il y a des projets qui soutiennent des manière appropriée des ment importantes du fait de leur activités axées sur le développement de liens de cause à effet résistance à la sécheresse. La figure 5.1 l'élevage, mais peu d'entre eux (le projet kényan entre les deux éléments. compare les rendements du manioc de terres arides est peut-être la seule exception) et du maïs dans les années de reconnaissent la valeur de l'élevage dans les sécheresse. La Banque a certes contribué au systèmes de production diversifiés que les développement des variétés améliorées de mil et paysans utilisent en cas de sécheresse, et du manioc, mais l'évaluation n'a pas permis prévoient un programme d'action pour accroître d'établir que les projets de la Banque suivaient l'efficience de la production de l'élevage. une approche stratégique à long terme établis- sant le lien entre le développement du manioc Fertilité des sols ou du maïs et l'amélioration de la sécurité L'examen des CAS et des documents des projets alimentaire dans les pays considérés individuel- montrent que la Banque n'a apparemment pas lement, ou visant à renforcer la résistance d'un engagé un dialogue de fond sérieux avec les système traditionnel en y intégrant des mesures clients africains au sujet de la baisse de fertilité de sécurité. des sols de la Région. Approximativement 68 % des CAS qui ont été examinées ne mentionnent La Banque semble avoir manqué une occasion pas la fertilité des sols. L'examen du portefeuille en s'abstenant de contribuer efficacement au montre que moins de 10 % des documents de développement de la culture du manioc projet analysent le problème des limitations des (encadré 5.2)9. Une stratégie rationnelle de lutte sols africains. Les documents d'évaluation de 27 contre la pauvreté dans les situations de perte de projets sur les 71 inclus dans l'examen du fertilité des sols et de coûts élevés des intrants portefeuille mentionnent la baisse de fertilité des qui caractérisent de nombreux pays africains sols, mais la plupart (25) ne reconnaissent pas Figure 5.1 : Production de maïs et de manioc dans six pays de l'Afrique australe affectés par les sécheresses 12 000 000 Sécheresse de 1992 Sécheresse de 2002 10 000 000 es Sécheresse de 1983 nn to 8 000 000 de sn 6 000 000 Millio 4 000 000 2 000 000 0 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Maïs Manioc Source : FAO site Web 2005. Note : Ces pays incluent le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe. La sensibilité du maïs aux variations d'humidité est comparée à celle du manioc, qui représente les racines et tubercules. 5 8 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E Encadré 5.2 : Le manioc : une occasion manquée pour la Banque de contribuer à la sécurité alimentaire Le manioc est le deuxième aliment africain de base quant aux Où est la Banque ? calories consommées par habitant, et la Région entre pour la moi- Les institutions du CGIAR et les projets de recherche soutenus par tié de la production mondiale de cette denrée. Le manioc four- la Banque ont contribué à des activités axées sur la production nit une source fiable de nourriture pendant les sécheresses (en de variétés améliorées et la lutte contre les maladies/ennemis des raison de la flexibilité des récoltes), les attaques d'acridiens et cultures pour le manioc, mais les liens entre la recherche du la période de soudure -- qui précède celle où les cultures vi- CGIAR et les projets de la Banque sont ténus. Des facteurs locaux vrières saisonnières peuvent être récoltées. ont clairement joué un rôle clef dans la transformation du manioc Le manioc est cultivé dans une quarantaine de pays par des au Nigéria, et la Banque semble n'avoir joué qu'un rôle minime. millions de paysans pauvres, dont beaucoup de femmes, souvent Entre 1993 et 1999, la Banque n'a approuvé aucun nouveau pro- sur des terres marginales. Bien que les estimations diffèrent, à peu jet au Nigéria en raison des problèmes de gouvernance qui af- près 70 % de la production africaine de manioc provient du Nigé- fectaient ce pays. Elle n'a pas non plus financé de travaux d'analyse ria, où plusieurs facteurs se conjuguent pour transformer une cul- qui pourraient contribuer à jeter les bases d'opérations futures de ture de subsistance à faible rendement en une culture à haut soutien à l'agriculture dans cette région. Les travaux d'analyse ac- rendement produite essentiellement pour les marchés citadins. La tuels de l'Institution concernant le Nigéria ne montrent même pas mise sur le marché de variétés améliorées et résistantes aux ma- que la Banque a une idée exacte des raisons qui expliquent l'aug- ladies ne représente qu'un des facteurs qui ont permis cette trans- mentation de la production de manioc (annexe L). formation (voir annexe L). Les examens pays par pays du Cameroun, du Kenya et de la Les dirigeants africains et la plupart des organismes bailleurs Tanzanie montrent aussi que les déclarations stratégiques et les de fonds ont négligé le manioc pour de nombreuses raisons (FAO activités de la Banque ignorent le rôle important que jouent le ma- et FIDA 2005) jusqu'à la fin des années 80, lorsque la Fondation nioc et d'autres racines et tubercules au niveau de la sécurité ali- Rockefeller a lancé une Étude collaborative sur le manioc en mentaire. L'examen du portefeuille montre que, si les documents Afrique. Puis, au milieu des années 90, la FAO a officiellement re- des projets de la Banque reconnaissent l'importance de la culture connu l'importance du manioc pour sa contribution à la sécurité dans le système agricole local, les projets n'ont pas adopté d'ap- alimentaire. Cette reconnaissance a été suivie par la Stratégie proche stratégique pour exploiter les aspects positifs de cette mondiale de développement du manioc (GCDS), une initiative culture et en faire un élément de sécurité alimentaire. lancée par la FAO et le FIDA et formalisée en 2002 afin d'identi- En tant qu'organisation, la Banque ne fait même pas partie de fier les possibilités de production et de transformation du manioc l'initiative de la FAO et du FIDA concernant la GCDS. Il est difficile et les obstacles qui pouvaient freiner ces activités. La stratégie d'en expliquer la raison. Toutefois, de nombreux analystes occi- fournit un cadre de référence pour la coopération technique dans dentaux des politiques alimentaires considèrent encore le manioc ce secteur de la recherche et les transferts de technologie, ainsi comme un aliment inférieur, dont la consommation par habitant de- que pour les débats futurs sur les problèmes mondiaux qui ont une vrait diminuer à mesure que les revenus par habitant augmentent, incidence sur le manioc. Le NEPAD a aussi désigné le manioc et il est possible que leur point de vue ait influencé l'approche de comme un facteur de lutte contre la pauvreté (NEPAD 2004 ; la Banque. Étant donné l'augmentation spectaculaire de la pro- Whingwiri 2004), il a élaboré, sur les principes de la GCDS, une duction et de la consommation du manioc en Afrique et du rôle qu'il stratégie fondée sur le jeu du marché pour développer la pro- joue dans la sécurité alimentaire, il y a manifestement peu de duction de cette denrée. chances que la consommation diminue dans un avenir proche. Sources : http://www.fao.org/ag/AGP/AGPC/gcds/GCS.htm (21 mars 2007) ; FAO et FIDA 2005 ; travaux de recherche. l'importance centrale du problème pour le vulgarisation agricole (ex. 97) était de « continuer développement agricole. Il ressort du présent à améliorer la prestation des services de vulgari- examen que, dans la plupart des cas, la fertilité sation aux petits paysans afin d'accroître leurs des sols a été « ajoutée » après coup comme un revenus et leur productivité tout en améliorant la problème pour le projet. Par exemple, l'objectif pertinence, la viabilité et l'efficacité du projet par de la deuxième phase du projet tanzanien de rapport aux coûts », mais l'évaluation précise que 5 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Le dialogue sur l'action à « grâce à la diffusion des messages sur plutôt que comme une question de productivité mener face à la baisse de l'amélioration des jachères, le agricole. Il ressort de l'examen du portefeuille fertilité des sols est resté boisement et les techniques anti- que, lorsque les documents de projets analysent limité. érosion, le projet aura un effet positif le problème de la fertilité des sols, l'accent est sur la fertilisation des sols, la conser- plutôt mis sur les mesures à prendre pour vation, et la gestion de l'eau ». (Banque mondiale enrayer la dégradation des sols et les atteintes à 2006l, p. 14)10. l'environnement qui en résultent que pour traiter directement la question du lien entre La Banque a souvent montré la voie à suivre en la fertilité des sols et le développement engageant ses clients et la communauté interna- agricole12, . Cela tient apparemment en partie 13 tionale dans des discussions et des débats sur les au fait que la préservation de l'environnement questions d'une importance mondiale et est devenue une priorité au sein de la Banque à régionale telles que la fertilité des sols. Il est donc la suite de la Conférence des Nations Unies sur surprenant que la question ait reçu si peu l'environnement et le développement, qui s'est d'attention. Les services de la Banque tenue à Rio de Janeiro en 1992. La Banque semble avoir n'ignorent toutefois pas l'importance considéré que la fertilité du problème, et les institutions de Les préoccupations que suscite la baisse de la des sols était davantage recherche du CGIAR on identifié et fertilité des sols conduisent maintenant certains une considération testé de nouvelles pratiques de pays, tels que le Malawi et la Tanzanie, à réinstau- environnementale qu'un gestion des sols pendant un certain rer les subventions aux engrais, politique courante problème de productivité temps. Plus récemment, la Banque est dans des périodes antérieures, comme on l'a vu des terres. devenue partie prenante à l'Initiative au chapitre 2. De nombreux gouvernements régionale TerrAfrica. Lancée en 2005, africains et certains bailleurs de fonds pensent que cette initiative est un partenariat pluridimension- les subventions aux intrants permettraient de nel qui devrait permettre de promouvoir une remédier à certains problèmes de sécurité alimen- démarche collective pour la gestion durable des taire et d'environnement (Kelly, Adesina et terres en Afrique. La Banque a même soutenu Gordon 2003)14. Un partisan influent des subven- l'Initiative pour la fertilité des sols11 en Afrique, tions aux intrants préconise de lancer un vaste mais elle n'a pas prolongé l'initiative en programme de distribution d'engrais peu coûteux engageant un dialogue sérieux sur l'action à ou gratuits pour aider les petits paysans à mener avec ses clients ou en apportant un échapper à la trappe de pauvreté (Banque soutien financier important. mondiale 2007a). Compte tenu de la précarité actuelle de la situation des pays africains -- Il ressort des entretiens avec les agents du diminution rapide de la fertilité des sols, prix très département de l'agriculture de la Région élevés des engrais et pas de mesure facile à Afrique et de l'ADR que plusieurs problèmes ont appliquer dans l'immédiat pour ramener les prix à peut-être contribué à négliger la un niveau raisonnable -- , il est à l'honneur de la Les préoccupations question de la fertilité des sols. À ce Banque d'avoir commencé à étudier comment suscitées par la baisse de sujet, il convient notamment de citer distribuer des engrais à des prix abordables aux fertilité des sols ont les contraintes financières de l'IDA, la petits paysans. Les études sectorielles susmen- conduit certains pays à pénurie d'agents techniques, le tionnées de la Banque (Banque mondiale 2007a) réinstaurer les sentiment partagé par la direction et résument certains des enseignements tirés et des subventions aux intrants. le personnel de la Banque que ce directives élaborées pour élargir l'accès des petits serait un autre accessoire qui s'ajoute- exploitants africains aux engrais, mais il est difficile rait à bien d'autres, et l'impression que c'est un de déterminer dans quelle mesure les recomman- problème relevant essentiellement de la FAO. dations sont incorporées dans les prêts de l'Insti- tution. À ce sujet, il serait aussi instructif d'étudier La Banque semble avoir considéré la fertilité des dans le contexte de l'étude à paraître du IEG sur sols comme une question environnementale l'agriculture comment le Kenya a réussi à accroître 6 0 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E l'utilisation des engrais dans de très fortes propor- ont un maximum de terres irriguées, Peu de projets sont tions, ainsi qu'il en ressort des travaux publiés la Banque a fourni un soutien pour le purement axés sur (Ariga, Jayne et Nyoro 2006). développement de l'irrigation à l'irrigation. travers trois projets représentant un L'eau total de 37,95 millions de dollars. Un quatrième La Banque a soutenu 31 projets comportant un projet, axé sur la gestion de l'irrigation et des volet irrigation dans la Région pendant la période bassins versants, a été approuvé en novembre couvrant les ex. 91 à 06 ; peu de projets sont 2006. Le soutien de la Banque à Madagascar a exclusivement axés sur l'irrigation, et ce n'est essentiellement porté sur la réforme institution- que dans huit projets que la composante irriga- nelle et plus précisément sur la privatisation des tion représente au moins 45 % du projet. La plus organismes d'irrigation publics et paraétatiques grande partie des financements en faveur de au début des années 90, ainsi que sur l'améliora- l'irrigation (343,5 millions de dollars) concernent tion des activités d'exploitation et d'entretien, en le Mali pour quatre projets (17 %). Madagascar se particulier via le transfert des programmes de classe en deuxième position avec 11 % du total. gestion de l'irrigation à des associations des usagers de l'eau. Le projet pilote de promotion de l'irrigation privée (ex. 97) au Mali avait pour but d'accroître Le dernier projet en date vise à adopter une les capacités des institutions privées engagées approche contractuelle qui responsabilise les dans la fourniture de matériel, de services et de parties prenantes et clarifie leur rôle. Il est certes financements pour les investissements de petite trop tôt pour émettre un avis sur les hydraulique. Les conclusions d'une évaluation résultats des projets ; mais, lors d'une La Banque a aussi récente de l'IEG indiquent que le projet n'a pas récente mission à Madagascar, l'IEG a contribué à promouvoir atteint ses objectifs. Il était prévu que les investis- pu constater que les transports et le développement du sements au niveau des exploitations, stimulés l'accès aux marchés sont des secteur privé dans par le programme d'assistance technique du contraintes majeures pour les intrants l'irrigation. projet, permettraient de régénérer à peu près et la production, de même que la 400 hectares de terres et d'étendre l'irrigation distribution du crédit agricole à une échelle sur environ 600 hectares supplémentaires. Mais suffisante. L'expérience d'autres pays d'Afrique seulement 10 hectares de terres ont été régéné- montre que l'insuffisance d'attention à ces rés, il n'y a eu aucun investissement dans la petite facteurs a souvent pesé sur les résultats des hydraulique et l'impact sur le développement du projets d'irrigation de la Banque. secteur privé a été négligeable (IEG 2007i). Dans certains autres pays, dont le Ghana et le La Banque a aussi contribué à promouvoir le Nigéria en particulier, la Banque a soutenu un développement du secteur privé dans l'irrigation volet d'irrigation dans le cadre d'un projet de dans des pays tels que le Burkina Faso et le Niger développement communautaire ou d'un fonds en Afrique de l'Ouest. Des projets pilotes ont social (projet de développement rural de entre autres soutenu la fourniture de services proximité au Ghana, projet Fadama II au Nigéria pour la démonstration de matériels et de et projet de fonds social en Éthiopie). L'évalua- techniques de petite hydraulique ; la promotion tion des méthodes de développement de marchés pour les produits, les intrants et les communautaire ou de développement de services de petite hydraulique ; et la facilitation proximité effectuée par l'IEG (IEG de l'accès aux services financiers. Ces activités 2005a) souligne le problème de Il est difficile avec les ont semble-t-il connu un succès appréciable, viabilité qui se pose pour les sous- bases de données mais aucun de ces projets n'a fait l'objet d'une projets élaborés dans le cadre de ces actuelles d'identifier évaluation rétrospective indépendante. interventions en raison de l'insuffi- l'appui de la Banque à la sance des capacités des communau- gestion de l'eau dans les À Madagascar, l'un des deux pays d'Afrique qui tés locales et des ressources dont elles zones non irriguées. 6 1 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E disposent pour les activités d'exploitation et mais il y avait aussi une poignée de crédits à d'entretien. Les projets ghanéen et nigérian sont l'ajustement qui visaient à libéraliser la produc- encore en cours d'exécution, mais le projet tion et la commercialisation des semences, ou à éthiopien est clos et le rapport d'achèvement lui- élaborer un cadre administratif pour la distribu- même juge qu'il ne sera sans doute pas viable. tion des semences fondée sur le jeu du marché. Ces derniers mettaient aussi l'accent sur la La mise au point de Le soutien de la Banque à la gestion de participation du secteur privé dans les systèmes nouvelles variétés de l'eau dans les zones d'aridoculture est de livraison des intrants. semences est surtout le difficile à déterminer car il n'existe pas fait du CGIAR, mais la de système pour assurer le suivi de ce La mise au point de nouvelles variétés de Banque a fourni des genre de projets. L'analyse des codes semences est essentiellement attribuable aux possibilités de tester les « thématiques » de la gestion des travaux du CGIAR, auxquels la Banque apporte semences et de passer à ressources en eau et de l'environne- son soutien15. Toutefois, les projets de la Banque une plus grande échelle ment (voir annexe A) effectuée à l'occa- ont fourni l'occasion de tester et de déployer les de production. sion de cet examen a permis de technologies mises au point ailleurs, en particulier recenser plusieurs interventions com- pour des cultures telles que celle du maïs. Parmi portant de petits sous-éléments pour l'améliora- les activités soutenues par les projets identifiés tion de la gestion des ressources naturelles. dans le cadre de l'examen du portefeuille, il y avait des opérations de recherche et de diffusion de Les projets identifiés étaient axés sur la récolte de variétés améliorées, de multiplication et de l'eau et la gestion des ressources en eau (c'est le production de semences, de fourniture de cas par exemple du projet mauritanien de gestion semences en cas d'urgence ou dans le cadre de la des ressources naturelles des zones pluviales (ex. mise en place d'un filet de sécurité, et d'améliora- 97) et du deuxième projet de protection de l'envi- tion de la qualité des semences grâce à la ronnement à Madagascar (ex. 97). Dans la plupart construction d'installations de stockage ou à la de ces interventions, les objectifs physiques sont mise en place de services d'inspection de la atteints ou dépassés, mais les projets eux-mêmes qualité. Le projet togolais de services agricoles (ex. ne sont pas suffisamment intégrés dans la straté- 98) par exemple avait pour but de soutenir la gie de développement agricole des pays concer- production de semences pour les principales nés. En outre, les activités de suivi et d'évaluation cultures pratiquées dans le pays. Le projet sont très insuffisantes, de sorte qu'il est difficile éthiopien concernant le secteur des engrais (ex. de déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne 95) visait à soutenir la mise au point et la diffusion fonctionne pas. Les ouvrages publiés tendent de programmes technologiques améliorés toutefois à indiquer que les systèmes technique- (semences incluses). ment simples de gestion de l'eau à petite échelle peuvent être efficaces dans les zones pluviales Bien que la Banque, le CGIAR et d'autres (Sasakawa Africa Association 2004a ; IFPRI 2005a). bailleurs de fonds aient travaillé à la mise au point et à la diffusion de variétés de semences amélio- Les semences rées, les éléments d'appréciation contenus dans La base de données de la Banque ne permet pas les ouvrages publiés tendent à indiquer que le de suivre les projets axés sur la nombre des agriculteurs qui utilisent régulière- Quarante-et-un pourcent production, la distribution et la ment ces semences demeure très restreint (Kelly, des projets du portefeuille promotion des semences améliorées. Adesina et Gordon 2003) ; Maredia et Raitzer traitent des semences Pour identifier ces projets, l'IEG a 2006). Les superficies totales plantées en variétés exploité les éléments d'information améliorées produites par le CGIAR pour 10 inclus dans l'examen du portefeuille. Il a trouvé cultures vivrières importantes dans les pays que 41 % des projets du portefeuille compor- subsahariens représentaient à peu près 11 % du taient des éléments centrés sur les semences. La total des superficies plantées à la fin des années plupart étaient des projets d'investissement, 90, contre 55 % en Asie, 30 % en Amérique latine 6 2 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E et 48 % dans la Région du Moyen-Orient et de tenté de jeter les bases d'une Le nombre des l'Afrique du Nord (Maredia et Raitzer 2006). Les industrie semencière compéti- agriculteurs qui utilisent effets documentés sur les rendements varient tive, mais le secteur public et ces semences demeure selon les cultures. Evenson (2003) estime que la le secteur privé sont restés des restreint. contribution du CGIAR à l'augmentation des concurrents inégaux. Dans ce rendements sur la base de l'amélioration projet, des semences et des engrais étaient livrés génétique des cultures africaines se situe entre aux services publics de vulgarisation agricole. Les 0,11 % et 0,13 % par an. C'est nettement moins agriculteurs avaient aussi accès au crédit pour que la croissance annuelle moyenne des acheter des semences aux services de l'État, ce rendements dans l'ensemble des régions en qui n'était pas le cas pour les semences achetées développement, qui varie entre 0,30 % et 0,33 %. au secteur privé. Cela a réduit la demande de semences provenant des entreprises privées, qui Le manque de capacités pour la multiplication se sont désengagées du marché (IEG 2007b). des semences est un handicap très important dans plusieurs pays. Au cours de deux dernières Les ouvrages publiés montrent aussi que la plupart décennies, la plupart des pays de la Région des pays d'Afrique ont instauré tout un ensemble Afrique ont fermé leurs compagnies de de réglementations pour l'enregistrement et la semences publiques en pensant que le secteur certification afin que les paysans n'achètent pas de privé prendrait la relève. Mais cela ne s'est semences de mauvaise qualité. Toutefois, le coût produit que dans un petit nombre de pays dotés élevé de l'obtention des certificats de qualité ainsi d'une infrastructure relativement bonne, et pour que l'étroitesse des marchés de semences ont eu un nombre très restreint de cultures, telles que un effet dissuasif sur le secteur privé (Poulton et le maïs hybride, pour lesquelles les marges autres, 2006). Plus récemment, des projets comme bénéficiaires sont relativement larges. Les projets le projet tanzanien de développement de l'agricul- de la Banque n'ont pas eu beaucoup de succès ture participative et d'autonomisation des paysans dans l'action engagée pour promouvoir la (ex. 2003) ont commencé à associer des groupes participation du secteur privé dans la production de paysans à la production et la distribution de de semences pour la plupart des autres cultures. variétés améliorées (Anderson et autres 2005). Mais le projet est encore en Les contraintes imputables à l'insuffisance des cours d'exécution. Reste à Les capacités de capacités de production des semences posent savoir si ces interventions multiplication et la aussi un problème dans certains pays, comme le peuvent contribuer à mettre en production des semences note l'IEG dans son évaluation du projet place des systèmes viables de posent problème dans ghanéen de vulgarisation agricole (ex. 92 ; IEG multiplication et de distribution certains pays. 2001). Au Ghana et ailleurs, l'incapacité des des semences. pouvoirs publics à établir des conditions transpa- rentes pour l'entrée sur le marché a rendu Les moyens financiers nécessaires pour acheter difficile la participation du secteur privé. les engrais sont un élément qui contribue à dissuader les paysans d'utiliser des semences Le seul projet du portefeuille purement axé sur améliorées. La recherche au Malawi montre que, la production de semences, à savoir le projet si les agriculteurs n'adoptent pas les semences éthiopien de production de semences (ex. 95), hybrides, même lorsqu'elles sont disponibles, n'a guère permis de faire avancer l'objectif du c'est à cause du coût élevé des engrais (Peters Gouvernement de privatiser le secteur 2002)16. Les femmes ont encore plus de mal à semencier. La production informelle de acheter des engrais parce qu'elles ne peuvent en semences par les agriculteurs ne s'est pas général pas utiliser l'argent provenant de la vente développée, les grossistes et les détaillants privés des cultures marchandes (Gladwin 2002). sont sortis du marché et aucune nouvelle entreprise privée ne s'y est présentée. Le projet a Le manque de crédit ou d'argent pour acheter les 6 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E L'insuffisance de l'accès semences améliorées est un autre les 262 projets comportant un volet agricole. Au aux engrais et le manque facteur qui restreint l'utilisation de ces cours de cette analyse, l'IEG a constaté que, sur d'argent ou d'accès au semences. Selon un usage établi de ces 262 projets en Afrique, 38 (soit 14 % du crédit des paysans longue date, les semences utilisées par portefeuille) comportaient des activités concer- restreignent l'utilisation les agriculteurs africains sont collectées nant le crédit agricole et les services financiers, des semences. à la fin de la campagne agricole et mais qu'il n'y avait aucune opération purement stockées dans les exploitations. Avec axée sur le crédit parmi les 262 projets. les semences hybrides, en particulier pour des cultures telles que le maïs, les paysans doivent Il y a très peu d'opérations d'investissement acheter de nouvelles semences tous les ans, mais parmi les 38 projets identifiés comme compor- rares sont ceux qui ont assez d'argent ou accès au tant des mesures visant à lever les contraintes de crédit pour financer ces achats. Plusieurs crédit des petits exploitants. Citons à ce titre tentatives ont été faites pour atténuer la deux exemples, le projet Éthiopien de produc- contrainte liée au manque de moyens tion d'engrais (ex. 95) et le projet rwandais de Les perceptions du risque financiers des paysans dans des pays développement de l'agriculture et des marchés dissuadent les paysans tels que le Zimbabwe en fournissant ruraux (ex. 2000). Le projet rwandais ouvre aux d'acheter des intrants. des semences en petits paquets (Kelly, agriculteurs l'accès à des coopératives de crédit Adesina et Gordon 2003), mais elles ne pour l'acquisition d'intrants. Plus récemment, le convenaient pas. projet malien axé sur la diversification et la compétitivité de l'agriculture (ex. 06) vise à facili- La vulnérabilité des variétés hybrides de plusieurs ter l'accès au capital et aux services financiers des cultures aux maladies et aux ennemis des cultures acteurs privés qui font partie des chaînes d'offre semble aussi poser un problème17, . Compte18 agricoles. tenu de la fragilité de l'environnement et de l'aversion des paysans africains moyens pour le D'autres projets, tels que le projet guinéen de risque, ils n'achèteront des intrants disponibles promotion des exportations agricoles (ex. 93) et sur le marché que s'ils estiment pouvoir tirer un le projet industrie et agroindustrie du Lesotho bon prix de ce qu'ils vendent19. L'expérience avec (ex. 91), ont tenté d'atténuer les contraintes le maïs en Afrique montre que les petits paysans financières des paysans qui pratiquaient la n'utilisent des semences améliorées et des culture d'exportation. Le projet du Lesotho par intrants complémentaires que si la technologie, exemple visait à encourager les investissements l'infrastructure et l'environnement étrangers et locaux dans les secteurs de l'indus- La Banque n'a apporté macroéconomique en général sont trie et de l'agroindustrie. qu'un soutien limité pour appropriés (IFPRI 2005b). Les dé- lever les principales ficiences de la vulgarisation peuvent Dans les cas où le crédit et les services financiers contraintes financières aussi être un handicap important20. étaient inclus dans une intervention axée sur auxquelles se heurtent les C'est pourquoi la disponibilité des l'ajustement structurel, l'accent était surtout mis agriculteurs. semences améliorées ne suffit pas sur l'instauration d'un environnement globale- pour accroître les rendements. ment porteur pour le développement d'un secteur financier solide. Crédit et financements ruraux Avec le système de codification actuel de la Les projets tels que le projet ghanéen de services Banque, il est difficile de dresser un tableau financiers ruraux et le projet béninois d'épargne complet du soutien apporté par l'Institution rurale fournissaient un appui au crédit rural dans pour financer des activités dans ce domaine. le cadre de l'approche axée sur les systèmes Pour cet examen, il a été possible de vérifier les financiers21. Le projet ghanéen, qui est toujours codes pour le « secteur bancaire », le « finance- actif, vise à promouvoir la croissance et à réduire ment général » et la « microfinance » dans la base la pauvreté dans le pays en élargissant l'intermé- de données de la Banque par recoupement avec diation financière dans les régions rurales. Mais il 6 4 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E ne fournit pas de soutien pour le développement et le crédit dans la boîte à outils La performance des de l'agriculture22. de la Banque, et il faudrait éléments axés sur le continuer d'explorer toutes les crédit est décevante. Dans le système de données de la Banque, il n'y options possibles afin de a pas de code pour l'agriculture tant pour le trouver la façon la plus appropriée de fournir aux projet ghanéen que pour le projet béninois. agriculteurs les moyens nécessaires pour accroître Certains pourraient considérer qu'il s'agit leur productivité et leurs revenus. essentiellement d'un problème de codification, compte tenu de l'organisation sectorielle de Les résultats décevants enregistrés dans le passé l'institution (comme on l'a vu au chapitre 4), n'impliquent pas que la Banque soit incapable de mais cela peut facilement conduire à un manque soutenir efficacement les activités dans ce de coordination entre les activités liées à ces domaine. Comme noté au chapitre 2, la recherche interventions et d'autres activités soutenues par du CGAP (que la Banque soutient) a contribué à la Banque dans le secteur agricole, ce qui est un identifier des modalités viables et durables pour sérieux motif de préoccupation pour le présent distribuer du crédit agricole aux paysans, ce qui examen. pourrait aider à surmonter les problèmes mentionnés dans l'encadré 2.1. L'étude de l'IEG Les études passées de l'IEG ont noté que le sur les lignes de crédit montre niveau du soutien de la Banque était faible et que la demande des pays reste Il y a peut-être assez de continuait de diminuer, en particulier pour le forte dans ce domaine. L'étude place pour les deux crédit rural en Afrique23. Ce faible niveau du note que « la ligne de crédit instruments que sont les soutien de la Banque s'explique en partie par les peut être un instrument utile dons et le crédit dans la résultats décevants des interventions dans ce dans la mesure où elle est boîte à outils de la domaine, comme l'ont montré un examen des correctement utilisée et, bien Banque. rapports d'achèvement et les conclusions de que les lignes de crédit soient l'étude de l'IEG sur les lignes de crédit (IEG généralement mal agencées et donnent des 2006h). Les résultats insatisfaisants des éléments résultats médiocres, il faudrait les conserver dans des projets axés sur le crédit peuvent être la panoplie des instruments de prêts de l'Institu- attribués entre autres au non respect des tion » (IEG 2006h, pp. 32 et 33). Mais la Banque directives de la Banque, en particulier celles qui doit prêter davantage d'attention au montage et à concernent l'éligibilité et la performance des la supervision de ces opérations, et les directives intermédiaires financiers ; au manque de suivi de la Banque en la matière doivent être systémati- approprié des réformes engagées ; à l'insuffisance quement suivies. d'adhésion des autorités nationales au processus des réformes ; et aux déficiences de l'environne- En 1996, l'examen du crédit à l'agriculture ment macroéconomique pour soutenir des effectué par l'IEG tendait aussi à montrer que les institutions financières viables. subventions pourraient être appropriées dans certaines conditions, et la Banque elle-même s'est Dans son examen des activités de financement en engagée à l'époque à calculer un indice de milieu rural, l'IEG note une diminution générali- dépendance à l'égard des subventions pour sée des lignes de crédit dans tous les départe- toutes les lignes de crédit rurales. En dépit de cet ments de la Banque et une augmentation de l'aide engagement, il ressort de l'étude de 2006 sur les apportée sous forme de don. L'augmentation des lignes de crédit effectuée par l'IEG que la Banque dons en ce moment n'est peut-être pas une a rarement entrepris une analyse de la subvention, mauvaise chose -- ce pourrait être une politique ce qui indique un manque de transparence dans appropriée pour lever les nombreux obstacles les opérations de subvention de l'Institution. qu'implique la mise en place d'un système de crédit rural robuste et viable dans de nombreux L'infrastructure des transports pays. Il y a peut-être assez de place pour les dons Les projets comportant des volets agricoles n'ont 6 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E contribué que de façon limitée à améliorer l'infra- concernent soit des ajustements structurels ou structure des transports pour l'accès aux sectoriels, soit des prêts au redressement marchés24. L'examen des investissements effectués économique. Les ajustements structurels ont des par 262 projets dans ce secteur montre que 54 caractéristiques associées aux réformes projets seulement comportent des volets réglementaires, institutionnelles et de gestion du infrastructure et que le montant global de ces secteur des transports. Lorsque ces réformes investissements pendant une période de 15 ans visaient à réduire le coût des transports et à s'élève à 634,1 millions de dollars. Dans les 208 améliorer les services, comme dans le troisième projets restants (près de 80 % des projets ayant des projet d'ajustement structurel du Cameroun, volets agricoles), aucun investissement n'a été elles ont sans doute stimulé indirectement les effectué dans l'infrastructure des transports. activités agricoles. Mais il ne s'agissait en l'occur- Certains pourraient faire valoir que les projets de rence pas d'une approche stratégique visant à transport exécutés dans la même région promouvoir le développement agricole. Les projets comportant un que les 208 projets agricoles auraient pu volet agricole n'ont contribuer à élargir l'accès des paysans Pour les prêts d'urgence à des pays sinistrés, contribué que de façon aux marchés. Toutefois, compte tenu de l'objectif était de répondre à une situation limitée à répondre aux l'organisation sectorielle de la banque et d'urgence plutôt que de promouvoir le dévelop- besoins de transports de l'insuffisance de coordination entre pement à long terme de l'agriculture. Dans le qu'implique le les diverses unités sectorielles de la projet érythréen de reconstruction d'urgence (ex. développement agricole. Banque et les ministères des pays 01) par exemple, 20 % du crédit étaient alloués concernés, rien ne permet d'affirmer aux transports, mais l'opération visait surtout à que le processus de sélection des routes rurales remettre en état ou à réhabiliter les principaux dans les projets de transport entre dans le cadre axes routiers et ponts endommagés par la guerre, d'une démarche délibérée et coordonnée pour ouvrir ou rouvrir l'accès aux établissements développer l'agriculture. humains et aux campements et construire des routes d'accès améliorées aux zones touchées par L'évaluation du secteur des transports (IEG 2007o) des sécheresses et des famines récurrentes. que l'IEG a récemment achevée montre qu'aucune évaluationd'impactn'aétéeffectuéedanslaRégion Un pourcentage important des investissements Afrique pour les interventions intéressant les restants dans l'infrastructure des transports sont transports, de sorte qu'il est très difficile de dire effectués dans le cadre d'interventions qui visent quoi que ce soit au sujet de la contribution de ces à financer des infrastructures à la demande des interventions au développement de l'agriculture. communautés, telles que la construction de En outre, 80 % de ceux qui ont répondu à l'enquête routes et de ponts locaux. À cet égard, citons menée par l'IEG auprès des services de la Banque notamment le projet malawien de fond d'action se sont accordés à reconnaître que la coordination sociale (ex. 03), le projet nigérian de gestion entre les agents qui travaillent sur l'agriculture et de l'environnement et d'autonomisation des ceux qui travaillent dans d'autres secteurs de la communautés locales (ex. 04) et le projet malien Région Afrique n'est pas bonne. d'infrastructure rurale (ex. 2000). Le développe- ment stratégique du secteur agricole n'est pas Lorsque des Même lorsque des investissements l'objectif de ces interventions, qui visent princi- investissements ont été ont été effectués dans les transports palement à renforcer les capacités locales et à effectués dans les au titre d'un projet agricole, ils fournir aux communautés des possibilités transports, ils n'entraient n'entraient en général pas dans le d'accès à l'infrastructure économique et sociale. en général pas dans le cadre d'une approche diversifiée cadre d'une approche visant à promouvoir le développe- Certains des investissements effectués au début diversifiée visant à ment agricole dans le pays. Sur les 54 de la période étudiée, tels que le projet de promouvoir le projets comportant un élément axé services agricoles (1992) de la République développement agricole. sur l'infrastructure des transports, 18 centrafricaine, visaient à étendre le réseau 6 6 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E routier dans le but d'accroître la productivité des projets influeront sur le développement agricole régions rurales. Mais le bilan du projet susmen- d'autres pays. tionné est limité, car les troubles civils en ont perturbé l'exécution. Vulgarisation La politique de la Banque dans le domaine de la Certains autres projets récents ont été spécifi- vulgarisation a évolué dans la période 1991- quement conçus pour améliorer l'accès des 200625. Avant que le système de formation et de agriculteurs aux marchés par la route. Le projet visites ne passe de mode à la fin des années 90, la malien de compétitivité et de diversification de Banque mondiale a fourni un soutien substantiel l'agriculture (ex. 06) est l'exemple d'un projet à cette méthode d'approche dans plusieurs pays qui vise à améliorer les chaînes de l'offre pour d'Afrique. tout un ensemble de produits de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de la cueillette, pour Le système de formation et de visites fournissait lesquels le Mali dispose d'un avantage compara- des services de vulgarisation aux agriculteurs par tif solide. Le projet prévoit d'améliorer les routes l'intermédiaire d'agents de vulgarisation qualifiés rurales pour la cueillette du coton et la récolte de la fonction publique. L'un des problèmes d'autres produits agricoles. Un autre exemple majeurs de cette méthode était l'incapacité des est fourni par le Programme sectoriel de gouvernements à couvrir les lourdes charges développement de l'agriculture en Zambie (ex. récurrentes qu'elle impliquait une fois les projets 06), qui vise à stimuler la commercialisation des achevés. Dans les premières années, le système produits des petites exploitations en améliorant de formation et de visites était aussi un système la productivité, la qualité et l'efficience des institué par les autorités et la participation des chaînes de valeur auxquelles participent les paysans était aléatoire, mais ce problème a été petits exploitants. Le projet fournira des finance- en partie résolu par la suite. Les projets de ments pour remettre en état des routes de vulgarisation de la Banque approuvés à la fin des dessertes et des routes de district d'une certaine années 90 prévoyaient une participation plus importance économique dans les régions importante des agriculteurs. C'est le cas par dotées d'un fort potentiel agricole. Il est exemple du deuxième projet tanzanien de prématuré d'émettre un jugement sur le bilan vulgarisation agricole (ex. 97) et du deuxième de ces interventions. projet de vulgarisation agricole (ex. 98) du Burkina Faso. Compte tenu de la petite taille de plusieurs pays d'Afrique, les programmes régionaux peuvent En dehors de la question de la participation des jouer un rôle très important pour assurer une agriculteurs, les années 90 ont été marquées par couverture suffisante des transports. La Banque l'intérêt plus important porté à la promotion de soutient un programme régional sur la politique nouveaux concepts de vulgarisation caractérisés des transports en Afrique afin d'améliorer la par une participation plus importante, un performance du secteur des transports par des pluralisme plus marqué et des organismes mesures visant à promouvoir une réforme de publics de plus petite taille (Anderson, Feder et l'action gouvernementale et des changements Ganguly 2006). L'annexe H donne des exemples institutionnels dans 32 pays de la Région. Lors de prestataires de services d'un genre nouveau d'un examen récent des programmes régionaux, qui sont devenus populaires. l'IEG (IEG 2007n) a constaté que le programme avait largement contribué à accroître les connais- Sur la base des examens pays par pays et des sances et les compétences dans le secteur des évaluations des projets, l'IEG a constaté que les transports. La banque soutient aussi d'autres emprunteurs de la Banque de la Région Afrique interventions régionales liées à l'agriculture, tels appréciaient le rôle important que joue la que Africa Trade and Transport Facility (ex. 6). Il diffusion de la technologie au plan de l'augmen- est trop tôt pour savoir dans quelle mesure ces tation de la production agricole. Cela rejoint les 6 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Les emprunteurs de la conclusions de travaux précédents de teurs ont besoin d'être informés sur les technolo- Banque dans la Région l'IEG (IEG 1997b). gies à faible coût et à faible teneur en capital qui Afrique apprécient le rôle existent pour la récolte de l'eau. Les transferts de important que joue la La diffusion du savoir continuera sans connaissances peuvent aussi jouer un rôle diffusion de la aucun doute à jouer un rôle extrême- important pour la réhabilitation et l'entretien des technologie pour ment important pour le développe- infrastructures d'irrigation. l'augmentation de la ment agricole de l'Afrique. Les production agricole. nouvelles technologies par exemple Malgré toutes les méthodes d'approche fondées peuvent aider à combler l'écart sur la demande et les partenariats que la Banque important qui existe entre les rendements a soutenues depuis l'abandon du système de potentiels et les rendements effectifs des formation et de visites, il reste à trouver une récoltes. Le Rapport de l'InterAcademy Council formule viable et durable pour remplacer ce (2004)26 trouve que les écarts de rendement système en Afrique. En dehors d'un ensemble de entre les pays d'Afrique sont bien plus importants combinaisons d'approches pluralistes, dont que les écarts cités entre l'Afrique et le reste du certaines incluent des stages pratiques pour monde. Il note aussi que « la technologie agriculteurs27, de nouvelles pistes de réflexion existante pourrait accroître la productivité de la s'ouvrent sur ce qu'on appelle en général les terre en Afrique dans la mesure où elle est « systèmes d'innovation en milieu rural ». adaptée et ajustée en fonction des spécificités locales » (p. 75). L'approche est soutenue par la FAO et le Service international de la recherche agricole nationale La diffusion du savoir permet aussi d'améliorer les (SIRAN) et elle vise à identifier les contraintes pratiques de gestion -- avec des résultats specta- auxquelles se heurtent les différents acteurs situés culaires. Lorsque les variétés appropriées sont le long de la chaîne des produits afin d'élaborer un utilisées avec de bonnes techniques cadre de référence pour établir l'ordre de priorité La vulgarisation peut de gestion des cultures, une moins des investissements. Il reste à tester l'impact de cet aider à améliorer les grande quantité d'engrais produit un angle d'attaque un peu différent pour un vieux rendements et les rendement plus élevé. Heerink (2005) problème, puis d'évaluer son incidence tant sur la pratiques de gestion. note qu'en Afrique de l'Ouest les croissance que sur la pauvreté. cultures n'utilisent que 30 % de l'azote contenu dans les engrais. Toutefois, les effets Bien que les idées créatrices puissent être très positifs que peut avoir sur les ménages la sécurité utiles, l'expérience tend à montrer qu'il y a alimentaire qui résulte d'une utilisation accrue certains risques à suivre une mode. L'examen du des engrais et des semences hybrides ne secteur agricole kenyan effectué pour la présente pourront sans doute pas être exploités pleine- étude montre que, tant en ce qui concerne ment tant que des mesures ne seront pas prises l'adoption que le rejet systématique et abrupt du pour accroître l'efficience de l'utilisation des système de formation et de visites par la Banque, engrais (Orr 2000). La période et les méthodes il y a eu une réaction excessive à des engoue- d'épandage des engrais posent des problèmes ments, ou aux oscillations du balancier, et qu'on importants, qu'une bonne vulgarisation permet n'a pas suffisamment cherché à réexaminer la aussi de résoudre. question fondamentale de savoir si les pauvres ne pourraient pas être servis d'une autre Les paysans peuvent aussi améliorer la gestion de manière et de façon plus efficiente. l'eau s'ils ont accès à des pratiques améliorées. Au Sahel, seulement 10 à 15 % de l'eau de pluie sont Le bulletin de la Sasakawa Africa Association utilisés pour la croissance des plantes, (organisme à but non lucratif) (2005) note que la Une alternative viable au le reste étant perdu à cause du ruissel- sous-traitance des services de conseil agricoles système de formation et lement, de l'évaporation des sols ou du privés s'est développée en Afrique en partie de visites reste à trouver. drainage (Heerink 2005). Les agricul- parce que des organisations telles que la Banque 6 8 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E mondiale préconisent cette approche. Le certaines soulignent qu'il reste des Les approches pluralistes bulletin note que des questions fondamentales questions à résoudre et qu'il faut en matière de restent sans réponse. « La sous-traitance au notamment renforcer les capacités vulgarisation sont secteur privé permettra-t-elle d'améliorer les des prestataires de services, détermi- populaires, mais elles conditions d'emplois des vulgarisateurs concer- ner comment assurer la transparence posent plusieurs nés ? Se sentiront-ils plus responsables de et une juste concurrence dans l'attri- problèmes. répondre aux besoins et aux demandes des bution des contrats dans un environ- paysans ? Sera-t-il possible de recouvrer les coûts nement institutionnel peu solide et comment auprès des agriculteurs ou sous forme d'aliment déterminer les rémunérations pour les services de base de subsistance ? Enfin, sera-t-il possible rendus. d'atteindre une plus grande proportion d'agri- culteurs à travers des accords contractuels sur les Le maintien de la qualité du soutien apporté par normes de performance ? ». la Banque à la vulgarisation avec de multiples prestataires de services demeure peut-être le Les approches pluralistes en matière de vulgari- problème le plus important. Le document sation connaissent une grande vogue, mais leur d'évaluation du projet zambien de soutien au mise en oeuvre soulève plusieurs problèmes. Le développement agricole (ex. 06) passage de programmes entièrement financés reconnaît : « dans certains cas, les Et leur viabilité et leur par des sources publiques à de nouvelles modali- services de vulgarisation fournis par efficacité par rapport aux tés de vulgarisation assorties d'incitations les ONG ont réduit le contrôle que les coûts restent à établir. améliorées exige aussi un temps d'investisse- agroindustries ont sur les normes des ment important -- de l'ordre de plusieurs services fournis ou le contenu des conseils et de dizaines d'années (Chapman et Tripp 2003). l'assistance techniques fournis. Dans bien des L'Ouganda fait à maints égards figure d'avant- cas, cela a entraîné des incohérences dans les gardiste en Afrique avec le lancement d'un conseils fournis, ce qui a semé la confusion dans nouveau programme de vulgarisation agricole les esprits et eu un impact préjudiciable sur la fondé sur la demande, et son expérience illustre production. Lorsque des ONG ou des bailleurs certains des problèmes qui se posent (encadré de fonds s'occupent des services de vulgarisa- 5.3). tion, la situation se complique encore lorsque le projet ou les financements prennent fin et qu'il L'expérience d'autres pays montre aussi qu'il n'existe pas de stratégie solide pour s'assurer n'est pas facile d'appliquer des méthodes de que les services seront assurés de manière vulgarisation qui impliquent de renforcer les durable » (Banque mondiale 2006m, p. 12). organisations de producteurs et de sous-traiter les services à des prestataires privés ou semi- La formation des prestataires de services de privés. Le rapport d'achèvement du projet vulgarisation est d'une importance cruciale pour sénégalais des services agricoles et des organisa- assurer un soutien de haut niveau aux activités tions de producteurs (ex. 99) note que, bien de vulgarisation. L'évaluation par l'IEG du qu'une agence semi-privée de services de conseil deuxième projet tanzanien de vulgarisation agricole ait été créée pour remplacer les anciens agricole (ex. 97) note que la stratégie du services de vulgarisation, l'agence n'était pas « pluralisme » paraît comporter un plan d'action entièrement responsable devant les produc- tacite qui laisse supposer que l'approche teurs. En outre, les activités qui devaient poussera aussi loin que possible la vulgarisation apporter un soutien direct aux organisations de soutenue par le secteur privé et les ONG et la producteurs n'occupaient pas une place priori- vulgarisation financée par les agriculteurs. taire dans les travaux de l'agence. Parmi les conclusions des dernières supervisions en date Toutefois, le passage au secteur privé soulève de l'action engagée dans des projets tels que le d'autres problèmes. Les services de vulgarisation projet kényan de productivité agricole (ex. 04), privés et les services basés sur les ONG consistent 6 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Encadré 5.3 : Le nouveau système de vulgarisation adopté par l'Ouganda améliore l'efficience, mais soulève de nouveaux problèmes À mesure que les services nationaux de conseil aux agriculteurs disposeront des ressources nécessaires pour soutenir ces (NAADS) lancés en 2001 se développent, ils devraient rempla- services. cer l'ancien système de vulgarisation, qui continue à fonction- L'examen à mi-parcours reconnaît que le programme « se ner dans les districts non encore couverts par les NAADSa. heurtera sans aucun doute à des difficultés lorsqu'il se dévelop- L'examen à mi-parcours du programme, achevé fin 2005, montre pera à l'échelle nationale ». Se basant sur leurs travaux en Ouganda, que les NAADS sont plus efficaces par rapport aux coûts que Ellis et Bahigwa (2003) notent que : « certes, les méthodes de sou- l'ancien système. tien aux secteurs et aux sous-secteurs dogmatiques et imposées Malgré son efficience apparente, le nouveau système est d'en haut, ont été abandonnées, mais on s'appuie maintenant aussi confronté à plusieurs problèmes, note le rapport. Ces pro- beaucoup trop sur un concept idéalisé de processus participatifs blèmes incluent notamment les insuffisances des déficiences de dans les communautés pour amener les conseils locaux à appli- services et l'insuffisance de ressources pour assurer le bon quer les principes de bonne gouvernance et les agents de la fonc- fonctionnement des NAADS. La plupart des financements que re- tion publique à fournir des services efficaces au niveau local ». çoivent ces services à l'heure actuelle sont fournis par les Bahigwa et autres (2005) s'interrogent aussi sur l'aptitude des bailleurs de fonds, mais les administrations locales et les paysans NAADS à réduire les désavantages dont souffrent les pauvres par devraient normalement assumer des responsabilités plus im- rapport aux non pauvres. Enfin, Whyte et Kyaddondo (2006) consta- portantes au fil du temps. Toutefois, les nombreuses parties pre- tent que, malgré des initiatives successives, ni l'accès aux services nantes du système ne comprennent pas bien les principes des de vulgarisation, ni l'adoption de la technologie n'a atteint les ni- NAADDS et il est difficile de dire si les administrations locales veaux de 1970. a. Les NAADS devraient faciliter la formation de groupes de paysans locaux et l'organisation de forums de paysans au niveau des sous-comtés et des districts et au ni- veau national. Les groupes de paysans devraient exprimer leurs besoins et y pourvoir via des achats à des prestataires de services privés. Les services seront payés par le secteur public via des institutions publiques locales décentralisées. La formation des actuellement à acheter et compléter Il sera nécessaire d'assurer un suivi et une évalua- prestataires de services des services de vulgarisation publics en tion efficaces des projets financés par la Banque de vulgarisation est d'une payant les suppléments de salaire et les afin de déterminer si les approches fondées sur la importance cruciale. déplacements. Les services publics de demande et le partenariat permettront de vulgarisation ont fini par mourir pourvoir aux besoins des agriculteurs pauvres lentement, mais les ONG et le secteur privé pratiquant une agriculture de subsistance. Les devront adopter d'autres approches plus services de vulgarisation privés comportent en coûteuses pour attirer les mêmes qualifications. général un biais en faveur des régions bien De fait, ils utilisent gratuitement les qualifications, dotées, qui produisent des cultures à haute la formation et les salaires des services publics de valeur ajoutée, et ils ne se préoccupent pas vulgarisation sous-utilisés. Cette solution peut beaucoup des régions écartées et des agricul- être efficiente dans un premier temps, mais elle teurs pauvres, en particulier de ceux qui produi- ne sera sans doute pas durable sur le long terme. sent des cultures à faible valeur ajoutée, ne La sous-traitance des services de vulgarisation dégageant qu'un faible excédent commerciali- permet de tirer parti de toute l'expérience sable (Muyanga et Jayne 2006). L'examen du accumulée sur le terrain, mais elle ne supprime secteur agricole kényan entrepris pour la pas le rôle de l'État. Outre les finance- présente étude note que le pays doit élaborer Il faudra un système ments, l'État est garant de l'assurance assez rapidement une stratégie de vulgarisation efficace de suivi et de la qualité, il assure la surveillance réaliste qui définisse clairement le rôle du d'évaluation nécessaire des prestataires de services sous-traités secteur public, sinon la vulgarisation s'atrophiera pour déterminer et leur fournit l'information (Muyanga et il ne sera pas possible de la remettre d'aplomb. l'efficacité des approches et Jayne 2006). Il est en outre d'une fondées sur la demande importance cruciale d'assurer une Après le système de formation et de visites, il est pour les paysans pauvres. liaison adéquate avec la recherche. difficile de déterminer ce qu'une approche 7 0 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E pluraliste en matière de vulgarisation signifiera malien effectué pour la présente Les travaux d'analyse pour les pauvres. Il n'est pas certain non plus que étude montre que le Gouvernement récents de la Banque les agriculteurs de subsistance (qui sont dans avait remanié la législation sur les mondiale sur les leur grande majorité des femmes) auront les droits fonciers pour assurer une questions touchant la moyens de payer les services fournis, au moins meilleure sécurité de ces droits et politique foncière ont dans un avenir proche28. Il est aussi difficile de attirer les investissements privés dans permis de mieux dire s'ils pourront s'organiser efficacement pour le foncier et que cette initiative était comprendre les régimes créer une « demande » de services de vulgarisa- été prise en partie à cause de la des droits de propriété. tion qui amélioreront la productivité du manioc, Banque. Mais dans la plupart des pays, du sorgho, du mil et d'autres cultures vivrières. la Banque a eu beaucoup de mal à accorder des prêts pour la réforme agraire car c'est un La Banque et les gouvernants doivent comparer domaine politiquement, socialement et culturel- l'efficacité par rapport aux coûts et la validité des lement sensible. diverses formules de vulgarisation publiques et privées, en particulier par les moyens de la radio L'IEG a pu établir une liste de projets axés sur les et de la télévision, afin de pouvoir saisir les réformes agraires ou les questions de politique différentes opportunités qui se présentent sur le foncière qui ont été exécutés pendant la période court et le long terme et de résoudre les 1991-2006 en combinant les travaux de recherche problèmes que posent la production alimentaire effectués par l'ARD et le Groupe thématique sur et les cultures marchandes29. Une compilation la politique foncière. Pendant la période 1999- récente d'études de cas sur la vulgarisation 2006, il n'y a eu que quatre projets purement axés effectuée par l'ADR (Banque mondiale 2004b) sur « la terre » : un projet de gestion des terres souligne aussi la nécessité d'étudier de façon plus rurales en Côte d'Ivoire (ex. 97), qui a approfondie les diverses approches avant d'enga- été récemment clos, mais pour lequel Seuls quatre projets ger des réformes30. Il est indispensable d'agir avec il n'y a pas encore de rapport d'achè- étaient purement axés sur prudence pour élargir le champ d'application des vement ; un projet de soutien à la la terre. méthodes d'approche fondées sur la demande et réforme agraire au Zimbabwe (ex. le partenariat avant que les bailleurs de fonds et 2000), qui n'est pas entré en vigueur ; et deux les emprunteurs puissent être raisonnablement projets actifs, le projet ghanéen d'administration assurés que les rendements seront à la mesure des terres (ex. 04), et le projet malawien d'aména- des coûts et qu'il n'y aura pas lieu de « rejeter » les gement des terres rurales basé sur les nouvelles approches à l'avenir. Ce processus de communautés (ex. 04). Dans tous les autres cas, comparaison de l'efficacité par rapport aux coûts le soutien aux réformes agraires entre dans le et de la validité des méthodes ne sera pas cadre d'un programme d'action plus large ou nécessairement long, mais il peut être entrepris d'une intervention concernant l'agriculture. assez rapidement avec une contribution critique des emprunteurs. Certains crédits à l'appui de la réduction de la pauvreté (CARP), tels que le deuxième CARP pour Les réformes agraires la Tanzanie (ex. 05), visent aussi à élaborer un plan Les travaux d'analyse récents de la Banque stratégique pour la mise en oeuvre de réformes mondiale sur les questions touchant la politique agraires. En outre, certaines interventions d'ur- foncière ont permis de mieux comprendre les gence, telles que le projet de démobilisation et régimes des droits de propriété et leur d'intégration de l'Érythrée (ex. 01), ont pour but importance pour le développement agricole. En d'ouvrir plus largement l'accès des soldats outre, certains éléments d'appréciation donnent invalides à la terre, mais il est trop tôt pour émettre à penser que les conseils de la Banque ont contri- un jugement sur le succès de ces interventions. bué à inscrire les questions foncières dans le programme d'action politique de nombreux L'une des conclusions des évaluations de l'IEG et pays. Par exemple, l'examen du secteur agricole des rapports d'achèvement des projets est que 7 1 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E les réformes agraires sont importantes pour renforcé la position de propriétaires terriens promouvoir une croissance diversifiée. Dans son individuels aux dépens des autres détenteurs de évaluation du deuxième projet d'ajustement droits (van den Brink et autres 2005). Dans un structurel du Zimbabwe (ex. 93), l'IEG note en autre exemple, le projet malawien d'aménage- particulier que les réformes de la commercialisa- ment des terres rurales basé sur les communau- tion agricole ne sauraient à elles seules assurer tés (ex. 04) visait à accroître les revenus de une telle croissance. Il faut remédier à la réparti- quelque 15 000 familles rurales pauvres en tion inégale des terres parce que les effets mettant en oeuvre une approche décentralisée, positifs des réformes de la commercialisation ont basée sur les communautés et volontaire pour surtout bénéficié aux quelques milliers de fermes lancer une réforme agraire dans le sud du pays. commerciales qui ont été en mesure de s'adap- Les progrès en direction de l'objectif de dévelop- ter rapidement à ces réformes (IEG 2003d)31. La pement ont été lents, notamment à cause des Banque semble en avoir eu conscience problèmes liés à l'acquisition des terres et des longtemps avant que le projet ne soit évalué. retards à portés à effectuer les levés topologique Immédiatement après le projet de réformes de la des exploitations offertes à la vente. commercialisation, la Banque a voulu tester une approche pilote en matière de réforme agraire. Les activités incluses dans les projets de la Mais la mise en oeuvre de cette intervention n'a Banque montrent que l'Institution n'a pas pas été facile (encadré 5.4). correctement apprécié le temps nécessaire pour réaliser un consensus au sujet de questions Dans d'autres pays, la mise en oeuvre des sensibles telles que la réforme agraire. Le projet interventions axées sur les réformes agraires a de politique agricole et de renforcement des aussi été compliquée par des facteurs sociopoli- capacités du Lesotho (ex. 98) comportait un tiques. En Côte d'Ivoire, pour le projet de gestion élément visant à faciliter l'élaboration d'une des terres rurales, la Banque a fourni un soutien nouvelle politique foncière et d'une législation pour la délivrance des titres de propriété compatible avec des systèmes viables de faire- coutumiers. Mais il n'était pas facile d'apporter la valoir. Le Gouvernement a fait des progrès preuve de tous les droits « secondaires » des substantiels en ce qui concerne l'élaboration de groupes appartenant à une même communauté. la politique foncière, mais la nouvelle législation De ce fait, le projet a simplement réussi à simpli- n'était pas encore adoptée lorsque le projet a été fier les droits. Cette opération a en général plutôt déclaré clos. La conception du projet ne tenait Encadré 5.4 : Le projet pilote du Zimbabwe pour la réforme agraire n'a pas pu décoller Le projet de soutien à la réforme agraire (ex. 2000) du Zimbabwe La note rédigée pour l'achèvement du projet indique qu'après était conçu pour tester des approches expérimentales pour des ré- l'amendement à la Constitution et la Loi portant sur l'achat des terres formes agraires basées sur le marché. Il aurait permis d'introduire au milieu de l'année 2000, le Gouvernement a abandonné le prin- plusieurs innovations pour accroître la participation directe des bé- cipe de l'acquisition des terres à la valeur du marché et le lance- néficiaires finaux et des Conseils de district ruraux dans la plani- ment de projets expérimentaux impulsés par les communautés fication et la mise en oeuvre des programmes de réinstallation. pour adopter une approche basée sur l'acquisition obligatoire à un Compte tenu de l'importance de la question agraire dans le pays, prix inférieur à la valeur du marché. Le Gouvernement a perdu la la date d'entrée en vigueur du projet a été reportée quatre fois afin volonté politique de suivre l'approche convenue, car la situation po- de permettre au Gouvernement de satisfaire à six conditions (opé- litique du pays avait changé avec la création d'un parti d'opposi- rationnelles). Mais ces conditions n'ont jamais été remplies et le tion résolu. Ces évènements ont complètement sapé le concept du crédit est devenu caduc avec l'assentiment des parties concernées. projet. 7 2 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E pas compte du temps qu'il fallait pour mener les varie selon les pays et les cultures. L'un des enseignements longues consultations indispensables avec le Bien qu'il soit difficile d'établir des tirés est que les réformes parties prenantes pour réaliser un consensus sur catégories, certains aspects des foncières sont la législation foncière. réformes ont eu relativement plus de importantes pour succès que d'autres (l'annexe J récapi- promouvoir une Au Ghana, l'objectif du projet d'administration tule les réformes et les résultats des croissance diversifiée. des terres (ex. 04) était de mettre au point un crédits accordés par la Banque). Dans système viable et bien géré d'administration des les ouvrages publiés, les auteurs concernés terres qui soit équitable, efficient et décentralisé (Eicher 1999 ; Mkandawire et Soludo 1999, tels et qui améliore la sécurité des droits fonciers. Les que cités dans Kherallah et autres ; IFPRI 2000) missions de supervision ont noté que l'objectif sont unanimes à reconnaître que le programme était ambitieux pour un projet de cinq ans et que de réformes n'a pas atteint les résultats attendus. l'intervention ne pouvait constituer qu'une première phase permettant de jeter les bases de Le processus des réformes en La Banque a réformes accélérées dans le secteur. Tanzanie et dans plusieurs autres pays généralement sous-estimé africains a amélioré de manière le temps qu'il fallait pour Réforme des prix générale l'environnement macroéco- mener à bien une réforme et de la commercialisation nomique et introduit une discipline concernant un problème La réforme des prix et des marchés des produits budgétaire plus rigoureuse en rationa- aussi sensible. et des intrants afin d'améliorer les incitations à la lisant le rôle du secteur public et en production agricole est un domaine majeur favorisant l'adoption d'un régime de change basé d'intervention de la Banque en Afrique. Cette sur le jeu du marché. D'après l'Examen annuel réforme a été en bonne partie engagée à la fin de l'efficacité du développement 2003 (ARDE ; des années 80 et des années 90 à travers des IEG 2004b), les politiques appliquées en Afrique activités de conseil et des crédits à l'ajustement se sont en général légèrement améliorées, et ces structurel et sectoriel (appelés désormais prêts à améliorations ont été maintenues. Les données l'appui des politiques de développement), mais des évaluations de la politique et des institutions les projets sectoriels ont aussi joué un rôle nationales (CPIA) montrent que les notations important. Les réformes axées sur l'ajustement globales de ces évaluations se sont améliorées visaient à améliorer les incitations des agricul- pour l'Afrique depuis la fin des années Plus de 30 pays ont teurs à accroître leur production en réduisant les 90, mais qu'elles restent inférieures à engagé des réformes de la distorsions qui faussaient le marché intérieur et celle des autres Régions. L'évaluation politique agricole depuis en encourageant les négociants privés à rempla- par l'IEG du projet tanzanien de 1980. cer les offices publics de commercialisation gestion du secteur de l'agriculture (ex. inefficaces (encadré 5.5). Depuis 1980, plus de 94) conclut que, dans l'optique plus large du 30 pays ont engagé des réformes de la politique développement institutionnel, les « règles du agricole dans le cadre d'un programme d'ajuste- jeu » en Tanzanie ont changé de façon substan- ment plus large (Jayne et Jones 1997). tielle dans un sens positif au cours de la dernière décennie et que le mérite peut en être attribué L'analyse ex post, basée essentiellement sur les en partie au projet de la Banque. conclusions des rapports d'évaluation rétrospec- tive des projets, l'examen du portefeuille, les Les réformes ont aussi conduit à décharger les examens du secteur de l'agriculture dans les offices de commercialisation de leurs responsabi- différents pays et les éléments d'appréciation lités en matière de fixation des prix et contenus dans les ouvrages publiés, montre que de commercialisation dans plusieurs Les réformes ont été les réformes ont été poussées plus ou moins loin pays, à assouplir les contrôles quanti- poussées plus ou moins dans différents pays et met en relief les tatifs et à supprimer les contrôles loin et elles ont eu à la influences positives et négatives induites par le réglementaires sur les marchés des fois des influences processus de réforme. Le bilan des réformes intrants et des produits. Ces change- positives et négatives. 7 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Encadré 5.5 : La réforme des marchés agricoles en Afrique : les anticipations L'ajustement structurel a d'abord été considéré comme un moyen l'investissement du secteur privé dans le secteur agricole. De de réformer des entreprises paraétatiques trop dépensières, façon générale, les réformes avaient pour but de : mais il a par la suite été utilisé à d'autres fins, à mesure que les déficits du compte des transactions courantes des pays se sont 1. Libéraliser les prix des intrants et de la production en rédui- creusés. Lorsque les effets déflationnistes de la hausse des sant ou en éliminant les subventions aux intrants agricoles, prix à l'importation sont devenus évidents, la suppression d'autres en réalignant les prix intérieurs des cultures sur les cours distorsions des prix (subventions et taxes) et l'amélioration du mondiaux, en supprimant le système de fixation des prix cadre réglementaire régissant les entreprises privées sont aussi pour la totalité de la campagne agricole et la totalité du ter- devenues importantes. Ces mesures devaient permettre d'ac- ritoire et en réduisant la surévaluation du taux de change. croître l'efficience de l'allocation des ressources en faisant en 2. Supprimer les contrôles réglementaires sur les marchés des sorte que les signaux des prix reflètent soigneusement leur va- intrants et des produits, lever les restrictions limitant les leur réelle pour la société et en donnant aux entreprises privées mouvements internes des cultures vivrières et assouplir les la possibilité de concurrencer et même de remplacer les en- contrôles quantitatifs tels que les quotas de livraison et les treprises paraétatiques. accords de licence. Le secteur agricole a occupé une place importante dans le pro- 3. Restructurer les entreprises publiques et retirer aux offices gramme des réformes, pour deux raisons. Premièrement, il re- de commercialisation la responsabilité de la fixation des prix présentait un élément substantiel de la production intérieure dans et de la commercialisation, et confiner leur rôle à des acti- la plupart des pays africains et la réaction de l'offre dans le sec- vités davantage axées sur le soutien. teur était un déterminant fondamental de la réaction de l'écono- mie en présence d'un changement d'incitations. Deuxièmement, Les résultats attendus sur le long terme étaient les suivants : la plupart des économistes et des gouvernants étaient convain- 4. L'amélioration des incitations pour les paysans du fait de cus que les politiques commerciales et sectorielles introduisaient l'augmentation des prix des produits et de la diminution du une discrimination à l'encontre du secteur de l'agriculture. La coût des intrants, obtenues principalement en encourageant suppression de ce biais est devenue une priorité du programme les négociants privés à se substituer aux offices publics de de réformes structurelles. Un type d'ajustement structurel sain, basé commercialisation. sur les exportations et l'augmentation des revenus et non pas sur 5. L'augmentation de l'investissement privé. la contraction des importations et de la demande, devait débou- 6. L'obtention de gains d'efficience économique liés à la sup- cher sur une performance forte du secteur agricole. Dans la plu- pression des distorsions de prix et des subventions aux prix part des pays d'Afrique, les projets d'investissement soutenus des intrants et à l'élimination du contrôle des importations. par la Banque pour promouvoir l'ajustement visaient à supprimer 7. L'amélioration des balances commerciales par suite de la sti- progressivement les services agricoles publics au profit des ser- mulation des exportations et de la réduction des importations. vices plus efficaces du secteur privé et à soutenir la révision des 8. L'augmentation de la production agricole et des revenus des réglementations afin d'instaurer un environnement porteur pour paysans, et l'amélioration de la sécurité alimentaire. Sources : Sanders et autres 1996 ; Mellor 1998 ; Kherallah et autres 2002 ; travaux de recherche. ments ont grandement amélioré les incitations à la commercialisation, en particulier pour le la production de certains produits d'exportations coton. traditionnels tels que le coton. Dans plusieurs pays, les planteurs de coton peuvent obtenir une Globalement, le bilan est variable selon les pays et proportion plus importante des cours mondiaux les cultures. En Ouganda, la production de café pour leur production (voir annexe I pour l'histo- par exemple a semble-t-il augmenté après la rique de la réforme du secteur cotonnier). Les libéralisation et, au Cameroun, les réformes de la quelques études disponibles, dont certaines de la politique agricole ont eu des effets préjudiciables Banque mondiale (Baffes 2005) confirment en sur les secteurs du cacao et du café (encadré 5.6). général les changements positifs introduits dans Dans l'évaluation du crédit à l'ajustement structu- 7 4 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E rel de l'Ouganda (ex. 91), l'IEG conclut que le coût des transactions était élevé, qu'il Les réformes ont aussi projet a soutenu le remplacement du monopole n'avait pas accès à l'information et conduit à décharger les de commercialisation du café par des négociants qu'il n'existait aucune législation pour offices de privés agréés, avec d'excellents résultats. Après la sécuriser les contrats et les droits de commercialisation de réforme de la commercialisation, les planteurs de propriété (IFPRI 2000). L'évaluation leurs responsabilités en café ont pu obtenir, avant l'achèvement du projet, du projet éthiopien de production matière de fixation des 65 % du prix à l'exportation contre 30 % aupara- d'engrais (ex. 95) montre qu'il n'a pas prix et de vant. Dans des pays tels que le Mozambique, été en mesure de promouvoir un commercialisation dans l'histoire des noix de cajou est bien plus marché compétitif des engrais parce certains pays. complexe, comme le montre le chapitre 4. que le secteur privé, qui opérait déjà dans un marché concentré et dominé par l'État, Le processus de réforme a aussi dynamisé les a été contraint de se retirer, et que l'importation exportations de cultures non traditionnelles et la distribution des engrais sont devenues un telles que les fleurs du Kenya et les mangues du domaine exclusif de l'État. « L'inefficience et les Mali. Aujourd'hui, ces cultures entrent pour une abus qui prévalaient à l'époque des régimes de part modeste mais croissante de la valeur ajoutée subvention qui a précédé les réformes sont agricole dans plusieurs pays. Le secteur privé maintenant remplacés par la faible joue un rôle important dans ce domaine. Mais, rentabilité et le niveau élevé des Le processus de réforme a comme pour le reste du secteur agricole, la risques qu'implique l'utilisation des aussi permis de croissance des exportations non traditionnelles engrais » (IFDC 2006). dynamiser les cultures est bridée par la faiblesse des institutions, les non traditionnelles, mais déficiences des transports et le prix élevé des Les prix des intrants payés par les il n'a eu qu'un impact intrants. La concurrence de pays extérieurs au agriculteurs ont augmenté en flèche. limité sur la production continent se fait également sentir. Mais les Les ratios valeur/coût d'un bon nombre vivrière. normes sanitaires et phytosanitaires de plus en de cultures dans plusieurs pays plus rigoureuses des marchés mondiaux posent d'Afrique de l'Ouest ont apparemment diminué un problème encore plus important pour depuis les années 80, la plupart des cultures l'Afrique. Les acteurs concernés prennent de vivrières ayant des valeurs inférieures à 2 au milieu plus en plus conscience de la nécessité d'intro- des années 90 (Heerink 2005)32. De nombreuses duire une cohérence dans la chaîne de l'offre et options technologiques viables par ailleurs pour d'accroître l'efficience dans la commercialisation l'Afrique qui ont été produites par les travaux de des exportations. La Banque aide certains pays recherche passés demeurent sous-exploitées à dans ce domaine (comme le Sénégal par cause du niveau élevé du prix des intrants et du exemple), mais il y a encore beaucoup à faire. bas niveau des prix de la production (InterAca- demy Council 2004). Les analystes notent que, Le point le plus faible peut-être des réformes tient pour la promotion du développement agricole, les au fait qu'elles ont eu une incidence limitée sur la gouvernements ont un important rôle à jouer dans production vivrière. Le taux de croissance annuel les systèmes d'information sur les moyen de la valeur ajoutée de l'agriculture est marchés des intrants et des produits, Le secteur privé n'est pas resté négatif tout au long des années 80 et des les réformes fiscales et la coopération entré sur le marché parce années 90 (IFPRI 2000). Dans la plupart des pays régionale lorsque les marchés sont trop que les risques étaient qui ont engagé des réformes, le secteur privé n'est étroits pour attirer les investissements excessifs, que le coût des pas intervenu pour remplir le vide laissé par le privés. Si ces services n'existent pas, le transactions était élevé, retrait du secteur public. L'examen du portefeuille secteur privé ne peut pas se dévelop- qu'il n'avait pas accès à montre que 30 % au moins des RFE examinés ont per autant qu'il le pourrait (Breman et l'information et qu'il souligné ce fait comme un point préoccupant. Debrah 2003). n'existait aucune législation pour Le secteur privé n'est pas entré sur le marché En Afrique, la plupart des denrées gouverner les contrats et parce que les risques étaient excessifs, que le alimentaires sont produites pour la les droits de propriété. 7 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E Encadré 5.6 : Les effets préjudiciables de la chronologie des réformes sur les secteurs traditionnels d'exportations agricoles du Cameroun La Banque a joué un rôle important dans la libéralisation de la et la libéralisation de facto des marchés des pesticides ont non seu- commercialisation du cacao et du café au Cameroun. Dans le lement alourdi les coûts des producteurs, mais aussi réduit les premier prêt à l'ajustement structurel qu'elle a accordé au pays, quantités disponibles du fait du développement insuffisant du sec- elle a provoqué le démantèlement de l'Office national de com- teur privé. Les quantités de fongicides utilisées pour lutter contre mercialisation (ONCPB) par le biais de la conditionnalité atta- la pourriture noire des cabosses ont fortement chuté, tombant de chée au prêt. La réforme préconisait aussi la dévaluation, qui a plus de 30 millions de paquets distribués gratuitement par l'État au finalement été annoncée en janvier 1994. Malheureusement, à milieu des années 80 à moins de trois millions achetés à des four- cause de l'économie politique de la libéralisation et de la déva- nisseurs privés en 1993. luation, la chronologie de ces réformes a été moins qu'optimale Enfin, lorsque la dévaluation a été annoncée en 1994 et que les pour les producteurs de café et de cacao. prix nominaux à la production ont doublé, la réaction de l'offre a La première mesure appliquée a été la suppression de la sub- été atténuée à cause de la baisse de la capacité productive des vention de 50 % aux engrais. Les subventions ont été progressi- plantations de café et de cacao, qui avaient été, au mieux, entre- vement supprimées entre 1988 et 1992. Cette réforme a été suivie tenues au plus juste pendant la période 1989-1994 en raison de la en 1990 par une réduction de 40 % des prix officiels à la produc- politique de l'État. tion pour le café et le cacao offerts par l'Office de commerciali- En somme, la conditionnalité attachée au prêt à l'ajustement sation, qui était incapable de maintenir la stabilité des prix à la structurel a eu pour conséquence involontaire de pénaliser gra- production à cause de la surévaluation du franc CFA, et dont les vement le secteur des petits planteurs camerounais du fait de la réserves étaient amenuisées par un État financièrement à court. dépréciation importante du stock d'arbres des producteurs. Lorsque Les producteurs ont réagi en réduisant substantiellement les les prix ont augmenté au milieu et à la fin des années 90, les plan- ressources consacrées aux agroforêts caféières et cacaoyères, teurs ont été incapables de réagir avec vigueur. et en particulier aux engrais. Les cours mondiaux du café et du Au lieu de se demander où se situerait probablement l'avan- cacao étant tombés à leurs plus bas niveau, le système de fixa- tage comparatif du Cameroun à la fin des années 80 et 90, lorsque tion des prix pour la totalité du territoire national, qui était géré par les prix des produits de base étaient à un niveau historiquement l'État a été progressivement supprimé en 1992 pour le café, mais bas, et éventuellement de décider que les secteurs économique- pas avant 1995 pour le cacao. La libération des prix alors que les ment importants des petites plantations de café et de cacao pour- cours mondiaux étaient à leurs plus bas niveaux historiques et que raient avoir besoin d'un soutien pour les aider à faire face à un choc le taux de change était surévalué a fait chuter les prix à la pro- temporaire sur les marchés mondiaux de produits de base, la duction à un niveau inférieur de plus de la moitié à leur niveau no- Banque a insisté pour imposer son programme de libéralisation. minal de 1988. Les planteurs n'ont même pas récolté leur café. Cela a entraîné une sérieuse extensification de ses systèmes Dans le même temps, la libéralisation des marchés des engrais agroforestiers du café et du cacao. Source : Essama-Nssah et Gockowski 2000. consommation familiale par des femmes, qui ne tique locale. Mais cette entreprise a réduit la sentiront sans doute pas directement les effets gamme de ses activités pour se concentrer sur positifs que peuvent avoir les réformes sur l'envi- les opérations de base du coton à la fin des ronnement macroéconomique. Toutefois, les années 90, et le soutien aux céréales a été paysans ont été pénalisés par la hausse du prix interrompu, ce qui a entraîné une forte baisse de des engrais. La rationalisation et la privatisation l'utilisation des engrais pour le maïs et d'autres des activités des entreprises paraétatiques du céréales entre 1999 et 2000. secteur cotonnier notamment ont encore réduit l'accès aux engrais. L'examen du secteur agricole Les importantes quantités de céréales que malien par exemple montre que les deux types plusieurs pays ont dû importer pour pourvoir de cultures (le coton et les céréales) ont reçu des aux besoins du marché intérieur ont sérieuse- intrants, du crédit et des services de vulgarisa- ment entamé les réserves de change de tion fournis par l'entreprise cotonnière paraéta- nombreux pays du continent. De ce fait, l'amélio- 7 6 L A C O N T R I B UT I O N D E L A BA N Q U E -- É VA L UAT I O N PA R T H È M E ration attendue de la balance commerciale dont qui sont le mieux assurées par les Les exploitants ont il est fait état dans l'encadré 5.5 ne s'est pas organismes publics et celles qui souffert du prix élevé des concrétisée. pourraient être les mieux prises en engrais. charge par le secteur privé, ou pour Le niveau élevé du prix des intrants a aussi eu un évaluer l'assise du secteur privé dans chaque effet préjudiciable sur les cultures d'exportation. pays concerné. Comme ces questions et d'autres Avant les réformes, particulièrement en Afrique questions fondamentales n'ont pas été de l'Ouest, les entreprises paraétatiques qui examinées, les promoteurs des réformes d'ajus- s'occupaient de cultures telles que le coton tement structurel ont eu des difficultés à pourvoyaient aux besoins des paysans en proposer des mesures et des actions susceptibles intrants et en crédit et leur assuraient un de contribuer à renforcer et à promouvoir le débouché pour leurs produits. Depuis la privati- développement du secteur privé afin de lui sation, les producteurs de cultures d'exportation permettre de prendre efficacement en mains de certains pays sont maintenant confrontés au diverses fonctions économiques précédemment même problème que les producteurs de cultures assumées par les entreprises paraétatiques. vivrières pour ce qui est de l'accès aux intrants et au crédit. L'évaluation de la stratégie d'aide au La conclusion de Tshibaka est Le prix élevé des intrants Sénégal par exemple (IEG 2006f) montre que le corroborée par l'évaluation récente a eu des effets secteur privé ne s'est pas engagé dans la fourni- du projet tanzanien de gestion du préjudiciables sur les ture d'intrants, la commercialisation ou le secteur agricole (ex. 94). Cette évalua- cultures d'exportation. marketing à la suite de la liquidation de l'entre- tion note : « la question ne tenait pas prise paraétatique qui s'occupait de la distribu- simplement à la question de savoir quelles activi- tion des semences et des engrais et de la collecte tés pouvaient être mieux gérées par le ministère des arachides. L'accès des paysans au crédit s'en central/les ministères centraux, mais aussi à la est trouvé réduit. question de savoir quelles étaient les activités qui pouvaient être les mieux gérées par le secteur Dans certains pays, des organisations de produc- privé, des partenariats ou des organisations de teurs sont intervenues avec le soutien de la produit plus indépendantes compte tenu des Banque pour s'occuper de ce problème au nom capacités respectives de ces différents presta- de leurs membres, mais tel n'a été le cas ni pour taires de service à l'époque » (Banque mondiale toutes les cultures ou ni pour tous les pays. Cela 2007d, p. 8). Si ce point apparaît comme une s'explique en partie par le temps qu'il faut pour déficience fondamentale de la conception du monter des organisations de producteurs projet tanzanien, c'était le symptôme d'un efficientes. Et, compte tenu de la diversité des problème plus large de conception dans la systèmes de cultures en Afrique, les agriculteurs plupart de projets analogues. ne peuvent pas toujours constituer des associa- tions pour un seul produit. L'évaluation de l'aide au Kenya de 1998 effectuée par l'IEG (IEG 2000b) notait aussi que la Banque Pourquoi les résultats sont-ils en deçà des et l'emprunteur ne s'étaient pas suffisamment attentes ? À cause de l'insuffisance des travaux préoccupés de la capacité du secteur privé à d'analyse de base, de la tiédeur du soutien assumer les fonctions laissées vacantes du fait du politique et du fait que les incitations du système désengagement de l'État. Par exemple, la n'ont pas été correctement appréciées. suppression du monopole national des céréales et des produits (NCPB), qui était réclamée depuis En ce qui concerne l'insuffisance des travaux 1980, ne s'est pas accompagnée d'une analyse d'analyse de base, Tshibaka (2003, pp. 275 à 276), suffisamment approfondie de ce qui se produirait parlant du processus de privatisation soutenu ensuite compte tenu de l'insuffisance de dévelop- dans les projets de la Banque, note : « Peu pement du réseau des négociants et de stockage. d'efforts ont été faits pour identifier les fonctions Certaines sociétés ont bien investi pendant une 7 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E courte période de temps, mais devant le risque des systèmes coordonnés et viables de livraison permanent d'une intervention du NCPB, elles se des intrants, des moyens de financement des sont abstenues d'effectuer tout nouvel investisse- exploitations et des marchés fiables des produits, ment depuis 10 ans. et non pas se contenter de compter sur le marché pour prendre la relève. L'évaluation rétrospective de l'aide au Sénégal (IEG 2006f) note en outre : « Un problème majeur Comme on l'a déjà vu au chapitre 4, l'incidence qui a retardé la libéralisation du négative que peut avoir l'insuffisance de soutien Les résultats ont été en secteur arachidier tenait à la question politique et des capacités de l'emprunteur n'a deçà des attentes à cause de savoir si les réformes pourraient pas été correctement appropriée. Le manque de de l'insuffisance des avoir des conséquences préjudiciables volonté politique de plusieurs gouvernements a travaux d'analyse, de la sur la répartition des revenus pour les conduit à adopter des réformes partielles et tiédeur du soutien paysans pauvres. La Banque aurait dû retardé leur mise en oeuvre. Dans plusieurs cas, politique et du fait que entreprendre plus tôt des travaux elles ont même été remises en cause. les incitations du système d'analyse sur ces questions compte n'ont pas été tenu de l'importance de ce secteur sur Au niveau sectoriel, les gouvernants ont correctement appréciées. les moyens d'existence des popula- considéré les changements de prix comme des tions rurales » (p. 25). incitations, alors que les paysans considérés individuellement étaient motivés par des En outre, pour recueillir tous les fruits du proces- considérations de revenus, dont les prix et les sus de réforme, il fallait un soutien actif du coûts sont un élément (Donovan et Casey 1998). Gouvernement et des bailleurs de fonds pour Un grand nombre d'agriculteurs dont les développer et intégrer les marchés, et non pas produits n'entrent jamais sur le marché n'ont pas seulement pour les « libéraliser »33. Cela signifie bénéficié de l'augmentation des prix à la produc- qu'il fallait veiller au développement des équipe- tion, mais ils ont souffert de l'augmentation des ments d'infrastructure afin de mettre en place prix des intrants. 7 8 Chapitre 6 Arachides récoltées au Mali. Photo de Ray Witlin, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Conclusions et recommandations Principales conclusions L e développement agricole en Afrique est un problème technique, éco- nomique, social et politique complexe, qu'il faut maîtriser pour que la Région puisse faire reculer l'extrême pauvreté et la faim -- afin d'atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire. · En Afrique, les terres agricoles couvrent de superficies cultivées plutôt qu'à la hausse des nombreuses zones agroécologiques et elles rendements et elle n'a pas progressé au même se caractérisent en général par des sols pauvres, rythme que la croissance démographique. Au des précipitations extrêmement variables et cours des dernières années toutefois, les su- de fréquentes sécheresses. Les possibilités perficies cultivées ont stagné aussi, ce qui in- d'accès des paysans aux infrastructures d'irri- dique que la frontière des terres arables a gation et de transports sont restreintes, tout peut-être été atteinte, tout au moins dans cer- comme leurs possibilités d'accès au crédit, aux tains pays. À mesure que la terre se raréfie, les semences améliorées et aux engrais. Le soutien questions de possession des terres et de droits apporté par les services de vulgarisation pour de propriété prennent plus d'importance. Dans améliorer les pratiques de gestion du sol et de la plupart des pays d'Afrique, la propriété de l'eau est faible. Les agriculteurs sont pour la plu- la terre est déterminée par des facteurs so- part des petits exploitants qui travaillent entre cioculturels et politiques. Les facteurs sociaux 0,5 et 2,0 hectares de terres et qui ont recours déterminent aussi la répartition des tâches à des stratégies d'ajustement diversifiées, qui agricoles entre hommes et femmes. supposent de cultiver plusieurs variétés de cultures ayant des périodes de récolte diffé- · L'engagement politique en faveur du dévelop- rentes et de pratiquer l'élevage. La produc- pement du secteur agricole est généralement tion agricole totale de l'Afrique porte tiède. Les gouvernements utilisent plutôt l'agri- essentiellement sur les cultures vivrières ; les culture comme une source de ressources pour cultures d'exportation représentent moins de la croissance et n'ont pas assez investi dans le 10 % de la production totale. développement de ce secteur. Les capacités des États sont faibles et le taux de change, les · L'augmentation de la production agricole de la distorsions des marchés et le manque d'incita- Région est principalement liée à l'expansion des tions brident le développement du secteur privé 8 1 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E et empêchent aussi les paysans de prendre des tenir le développement agricole de façon ap- risques et d'intensifier la production agricole. propriée a aussi diminué dans le temps. Compte tenu des diverses contraintes qui freinent le · Le diagnostic posé par la Banque quant au développement agricole en Afrique, la stratégie de stade de développement d'un pays et à ses développement du secteur doit être diversifiée, avec priorités se fonde principalement sur les tra- des interventions coordonnées dans un ensemble vaux d'analyse. Jusqu'à une période très ré- d'activités. cente, ces travaux ont été peu nombreux et ils n'étaient pas facilement accessibles. Les conclu- · Il faut convaincre les agriculteurs qu'ils ont in- sions de ces travaux n'ont pas servi non plus térêt à adopter les nouvelles technologies avant à éclairer véritablement le dialogue avec les Au- d'intensifier l'agriculture pour améliorer la torités nationales et la conception des pro- productivité et d'adopter de nouvelles variétés grammes de prêts. de cultures qui sont plus risquées et qui exigent des engrais et de l'eau. Pour cela, ils doivent ré- · Le programme de prêts de la Banque montre unir un certain nombre de facteurs simulta- qu'elle avait peu conscience de la nécessité nément, ou tout au moins selon une séquence d'adopter une stratégie diversifiée pour déve- optimale : semences améliorées, eau, crédit et lopper l'agriculture, mais que son aide a été accès aux marchés ; conseils de vulgarisation « saupoudrée » entre diverses activités agri- appropriés ; et profits suffisants avec des prix coles telles que la recherche, la vulgarisation, rémunérateurs pour les intrants et les produits. le crédit, les semences et les réformes secto- rielles, sans tenir grand compte apparemment · Il faut développer/renforcer les partenariats des synergies entre ces activités. En partie publics-privés et les partenariats avec les faute d'avoir adopté un angle d'approche di- bailleurs de fonds, avec des acteurs qui inter- versifié pour le développement agricole, l'Ins- viennent dans des domaines où ils jouissent titution n'a pas été en mesure de définir une d'un avantage comparatif. approche stratégique à long terme pour trai- ter les problèmes liés aux sécheresses et à la Les efforts déployés par la Banque pour aider les sécurité alimentaire. De ce fait, malgré le bilan pays à maîtriser les problèmes du développement comparativement plus positif enregistré dans agricole en Afrique se soldent par un bilan en demi- certains domaines -- comme celui de la re- teinte. cherche par exemple -- , les résultats sont mi- tigés en raison du manque de liaison avec la · La stratégie de l'Institution pour le dévelop- vulgarisation et de l'insuffisance d'intrants pement du secteur agricole entre dans le cadre complémentaires tels que les engrais et l'eau. de sa stratégie rurale et, au fil des années, la place de l'agriculture dans cette stratégie ru- · Les systèmes de données de la Banque et le rale de la Banque a diminué. Si l'attention ac- soutien aux activités de suivi et d'évaluation crue que la Banque a porté au développement sont insuffisants pour guider l'action engagée rural à partir du milieu des années 80 se justi- par l'Institution sur un large front pour déve- fiait, elle a eu pour conséquence de l'amener lopper l'agriculture en Afrique. À l'heure ac- à négliger dans une certaine mesure l'impor- tuelle, les données des systèmes ne lui tance de diverses activités cruciales, qui doivent permettent pas de suivre de façon suffisam- impérativement être réunies simultanément ment détaillée les ressources consacrées au ou tout au moins selon une séquence opti- développement d'activités spécifiques liées à male dans l'espace rural pour promouvoir le l'agriculture. Les systèmes de suivi et d'éva- développement agricole. À la fois cause et luation au niveau des projets ne sont que d'une conséquence de cette situation, le capital des utilité restreinte pour répondre à des ques- compétences techniques nécessaires pour sou- tions fondamentales sur les résultats, l'impact 8 2 C O N C L U S I O N S ET R E C O M M A N DAT I O N S et l'efficience des opérations, telles que la dé- grais, de l'eau, du crédit et des semences. signation des bénéficiaires, les cultures qui · Soutenir le développement des infrastructures ont reçu un soutien et de quelle manière elles nécessaires pour la commercialisation et les en ont bénéficié, ou les effets positifs qui peu- transports. vent être attribués à la Banque et aux autres intervenants. 2. Améliorer ses travaux sur l'agriculture : · Améliorer quantitativement et qualitativement Recommandations les travaux d'analyse sur l'agriculture et veiller La Banque a la possibilité de contribuer de façon à ce que les activités de conseil et les prêts tien- substantielle au développement de l'agriculture nent dûment compte des conclusions de ces africaine étant donné qu'elle est l'une des travaux. sources les plus importantes du financement du · Soutenir les analyses des dépenses publiques développement et qu'aucun autre bailleur de afin d'évaluer les ressources disponibles pour fonds international ne peut rivaliser avec elle l'agriculture et faciliter l'établissement des prio- pour la qualité des conseils fournis aux gouver- rités de la Banque. nements. Pour soutenir efficacement la mise en · Reconstituer le capital de compétences tech- oeuvre du Plan d'action pour l'Afrique et assurer niques de l'Institution sur la base d'une éva- la place qu'il accorde à juste titre au développe- luation détaillée des besoins actuels. ment de l'agriculture en tant que priorité fondamentale, l'IEG formule les recommanda- 3. Établir des critères indicatifs pour mesurer les tions suivantes à l'intention de la Banque. progrès : · Améliorer les systèmes de données pour mieux 1. Centrer les efforts sur l'amélioration de la produc- suivre les activités soutenues par la Banque. tivité agricole : · Renforcer le système de suivi et d'évaluation · Fixer des objectifs réalistes pour l'extension de pour faire le point des activités des projets l'irrigation et tenir compte de la nécessité d'ac- dans diverses zones agroécologiques, ainsi que croître la productivité de l'agriculture pluviale pour différentes cultures et différentes caté- en améliorant la qualité des terres, ainsi que la gories d'agriculteurs, et plus particulièrement gestion de l'eau et des sécheresses. les femmes. · Aider à concevoir des mécanismes efficients, · Pour coordonner les activités de l'agriculture et notamment des partenariats publics-privés, dans un pays, mettre au point un système in- pour fournir aux agriculteurs les intrants d'une diquant les routes d'accès, la proximité des importance cruciale, et notamment des en- marchés et les conditions pédologiques. 8 3 Une femme arrose une unique plante. Photo de Ray Witlin, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. Annexe ANNEXE A : MÉTHODOLOGIE ´ Quatre instruments principaux ont été utilisés rie et le secteur industrie et commerce. Les sous- pour l'évaluation : l'examen des prêts et des secteurs du premier groupe sont l'agriculture, la activités hors prêt de la Banque, les examens vulgarisation et la recherche (AB) ; la production sectoriels de l'agriculture par pays, l'examen des animale (AJ) ; les cultures (AH) ; la foresterie ouvrages publiés pertinents de la Banque ou (AT) ; l'irrigation et le drainage (AI) ; et l'agricul- d'autres entités, et l'enquête conduite auprès ture générale, la pêche et la foresterie (AZ). Les des agents de la Banque. L'IEG a en outre sous-secteurs qui relèvent de l'industrie et du effectué 13 évaluations rétrospectives de projets commerce sont la commercialisation et les agricoles exécutés dans divers pays d'Afrique au échanges agricoles (YA) et l'agroindustrie (YB). cours de l'exercice 07. Comme le note l'ADR, les problèmes liés au L'annexe décrit ces instruments. Elle comporte système de codification des secteurs de la Banque en outre une section indiquant comment l'IEG a peuvent entraîner une sous-comptabilisation des déterminé l'approche stratégique de la Banque prêts accordés au secteur de l'agriculture. Les en Afrique pour le secteur agricole. investissements pour la réforme des services de l'agriculture, l'administration des terres et les L'examen du portefeuille finances rurales en particulier ne sont pas L'examen du portefeuille est une étude sur toujours entièrement saisis avec les codes documents de projets inclus dans le portefeuille sectoriels. agricole de l'Afrique subsaharienne. L'équipe chargée de l'étude a tout d'abord répertorié tous Dans la base de données de la Banque, les codes les projets agricoles intéressant l'Afrique, puis sectoriels s'excluent mutuellement, mais pas les elle a sélectionné un échantillon pour un examen codes thématiques. Ces codes thématiques sont détaillé des documents d'évaluation et d'achève- donc utilisés pour identifier les projets qui doivent ment. faire l'objet d'un examen plus approfondi, mais non pour présenter un état des volumes de prêts. Identification du portefeuille de l'agriculture L'examen couvre une période de 15 ans, qui va de Sélection de l'échantillon pour l'examen du l'exercice 91 à l'exercice 06, et il est circonscrit portefeuille aux projets financés par la BIRD et l'IDA. Sur la La base de données a permis de recenser 262 base des données de la Banque mondiale, projets d'agriculture approuvés pour l'Afrique l'équipe chargée de l'étude a recensé les projets pendant la période allant de l'exercice 91 à l'exer- agricoles du portefeuille en utilisant les codes cice 06. Mais elle ne permet pas d'assimiler un sectoriels standard de la Politique opérationnelle projet supplémentaire à un projet additionnel -- et services aux pays (OPCS), conformément à la seul le montant du prêt/crédit est inclus. La méthodologie utilisée par le Département de logique est que, puisque le projet parent est déjà l'agriculture et du développement rural (ADR). dans le système, point n'est besoin de comptabili- Les codes de l'agriculture sont groupés sous deux ser le projet supplémentaire séparément. Pour secteurs : le secteur agriculture, pêche et foreste- son examen, l'IEG a donc inclus les projets supplé- 8 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E mentaires lorsque leur projet parent avait été L'analyse des activités de suivi et évaluation (S&E) : approuvé avant l'exercice 91 en tant que projet en janvier 1996, les clarifications de l'OPCS ont distinct. Si le projet parent a été approuvé fourni aux agents de l'Institution des indications pendant la période étudiée (ex. 91­06), le projet sur la façon de préparer des indicateurs. C'est supplémentaire n'a pas été comptabilisé comme ainsi que les 54 projets inclus dans l'échantillon un projet distinct parce que cela aurait conduit à des 71 projets ont été examinés pour détermi- comptabiliser deux fois le même projet. Par ner dans quelle mesure les instructions de conséquent, 10 projets supplémentaires de plus l'OPCS avaient été prises en ligne de compte ont été ajoutés à l'univers identifié, ce qui porte le pour la conception et la mise en oeuvre des total des projets retenus à 272. projets, et comment la tendance s'était infléchie après 1996. Les indicateurs ont été classés en Un échantillon aléatoire stratifié de 71 projets a trois groupes : été sélectionné à partir de l'univers des 272 projets pour un examen plus approfondi. La 1. Les indicateurs de production -- essentiellement stratification est fondée sur deux critères : le représentés par des objectifs quantitatifs tels nombre de sous-secteurs et le type de pays. que le nombre de marchés établis, le nombre L'échantillon comprend 54 projets d'investisse- des vulgarisateurs, le nombre des petits ex- ment et 17 projets d'ajustement. Lors de ploitants, le nombre des associations créées, l'examen de l'échantillon, nous avons découvert le nombre des agriculteurs bénéficiaires at- que la codification de projet agricole avait été teints, le nombre des prêts, le nombre des attribuée par erreur à deux opérations. Le banques villageoises établies, la réduction des premier, le projet béninois de réhabilitation et subventions aux engrais, etc. de gestion urbaines (ex. 92, P000097) a été codé 2. Les indicateurs de résultats -- par exemple, AI, mais l'élément concernant le curage des l'amélioration des capacités du ministère visé, collecteurs d'eaux pluviales n'était pas un l'amélioration des capacités de recherche, élément d'irrigation et de drainage lié à l'agricul- l'adoption plus large des engrais, l'amélioration ture. Le second, qui est le projet d'urgence El de l'accès au crédit, l'amélioration des services Niño pour le Kenya (ex. 99, P056595) était codé de vulgarisation, la cession d'entreprises pa- AI, mais les éléments du projet liés à la recons- raétatiques, l'augmentation de la production de truction des équipements ruraux d'adduction jeunes plants, etc. d'eau (puits, caniveaux) ne concernaient pas 3. Les indicateurs d'impact -- tels que l'augmen- l'eau utilisable pour l'agriculture. Ces projets ont tation de la productivité, l'augmentation de la été remplacés par les deux projets suivants dans fertilité des sols, l'augmentation des superficies la liste aléatoire numérotée : le projet ougandais cultivées, l'augmentation de la sécurité ali- de gestion du secteur agricole (ex. 02, P073604) mentaire, le redressement de la balance des et le projet érythréen de démobilisation et de paiements, l'augmentation du revenu des agri- réintégration d'urgence (ex. 96, P037582) culteurs, etc. Autres éléments de l'examen du portefeuille L'examen a porté exclusivement sur les indica- Examen des rapports de fin d'exécution (RFE) teurs liés à l'agriculture. La place relative de l'agri- effectués par l'IEG : Une analyse approfondie de la culture varie grandement selon les projets, de performance des projets a été effectuée sur la sorte que nous n'avons pas quantifié le nombre base des examens des RFE de l'IEG pour 144 des indicateurs inclus dans les documents de projets agricoles africains achevés. L'analyse était projets, et l'inclusion même d'un seul indicateur centrée sur les enseignements tirés des projets est enregistrée dans l'analyse. agricoles, les raisons expliquant le jugement `moins que satisfaisant' porté sur l'action de la Données sur les ressources humaines. Les données Banque et de l'emprunteur, et les questions de concernant les agents affectés au Département viabilité. de l'ADR dans la Région Afrique ont été obtenues 8 8 A N N E X E A : M ET HO DO L OG I E ´ auprès du Département des ressources Examen des projets humaines (HR). Ils ont été classifiés soit comme L'examen s'est fondé sur les conclusions de 13 économistes et généralistes, soit comme agents évaluations rétrospectives (RERP) effectuées au techniques en fonction de leur titre. cours de l'exercice 07 : Examen des données du Groupe d'assurance de la · Éthiopie : Secteur de la production d'engrais qualité (QAG). Les rapports du Groupe concer- (RFE, ex. 03) nant l'évaluation de la qualité initiale (QEA) et · Éthiopie : Développement de la filière l'évaluation de la qualité de la supervision (QSA) semencière (RFE, ex. 03) ont été passés en revue pour tous les projets · Madagascar : Soutien au programme de agricoles du portefeuille intéressant l'Afrique qui vulgarisation agricole (RFE, ex. 01) ont été évalués par le QAG. Trente-sept projets · Madagascar : Réhabilitation des réseaux d'ir- ont été examinés pour la QEA et 43 pour la QSA. rigation (RFE, ex. 95) · Madagascar : Deuxième projet de Réhabilita- Les examens au niveau des pays tion des réseaux d'irrigation (RFE, ex. 01) · Malawi : Projet d'aide d'urgence après la Examen des CAS/DSRP sécheresse (RFE, ex. 05) Examen des CAS : Pour évaluer l'évolution de la · Mali : Projet d'appui à la valorisation et à la com- place occupée par l'agriculture et les questions mercialisation des produits agricoles (RFE, ex. 03) liées à l'agriculture dans les stratégies-pays de la · Mali : Projet national de recherche agricole Banque, deux CAS (stratégies d'aide-pays) ont (RFE, ex. 02) été examinées pour chaque pays. Pour qu'un · Mali : Projet pilote de promotion de l'irrigation pays soit sélectionné, il fallait qu'il existe une CAS privée (RFE, ex. 04) concernant ce pays pour deux périodes, l'une · Tanzanie : Projet de recherche agricole 2 (RFE, datant des années 90 et l'autre datant des années ex. 05) 2000. Comme il n'existait qu'une CAS datant de · Tanzanie : Gestion du secteur agricole (RFE, la deuxième période pour la Sierra Leone, il n'a ex. 02) pas été possible d'établir une comparaison pour · Tanzanie : Projet national de vulgarisation 2 ce pays. Trente CAS ont été examinées pour les (RFE, ex. 04) 15 pays restants, pour un total de 31 CAS. · Zambie : Projet d'aide d'urgence après la sécheresse (RFE, ex. 06). L'examen des DSRP : En juillet 2006, seize pays africains avaient établi un document complet de Ces évaluations ont permis de faire le point sur stratégie pour la réduction de la pauvreté les enseignements pratiques tirés de l'expé- (DSRP). Les documents sélectionnés ont été rience sur le terrain et de connaître les points de utilisés pour évaluer la place accordée par les vue des responsables gouvernementaux et emprunteurs à l'agriculture et aux questions d'autres parties prenantes sur le soutien de la liées à l'agriculture. Banque à l'agriculture dans les pays étudiés. Examen approfondi du programme Examen des ouvrages publiés Le programme de prêts totaux de la Banque a été L'examen des ouvrages publiés par la Banque et passé en revue dans quatre pays où l'agriculture d'autres institutions a été entrepris afin de avait bénéficié d'un volume de prêts substantiel fournir une base théorique permettant d'étayer de l'Institution. L'objectif était d'avoir une idée les connaissances du secteur agricole en Afrique exacte de la contribution de la Banque au dévelop- et de comprendre le rôle de la Banque dans le pement de l'agriculture dans ces pays au fil du développement de ce secteur. Les ouvrages temps. Pour cette analyse, deux pays ont été publiés ont en outre fourni un moyen de retenus en Afrique de l'Est (Kenya et Malawi) et « tester » les conclusions tirées de l'analyse du deux en Afrique de l'Ouest (Cameroun et Nigéria). portefeuille et des examens pays par pays. 8 9 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E D'importantes recherches sur les questions l'eau (à l'exclusion des ingénieurs en eau et as- concernant l'agriculture et le développement sainissement, des spécialistes et des analystes agricole en Afrique ont été entreprises dans le financiers) monde et la Banque a effectué sa part. Compte · Les agents qui ne sont pas essentiellement des tenu de la diversité des situations en Afrique et spécialistes de l'agriculture, mais qui ont contri- du potentiel variable de croissance de l'agricul- bué d'une certaine façon au développement ture dans les 47 pays de la Région, cette triangu- agricole en Afrique en tant que membres d'une lation des données d'observations est essentielle équipe travaillant sur des projets agricoles ou pour répondre aux questions de l'évaluation. des investissements connexes dans le secteur des transports, du commerce ou d'autres sec- L'examen a aussi pris appui sur des évaluations teurs ; des crédits à l'ajustement structurels ; pertinentes de l'IEG, des études sectorielles et des études sectorielles ; ou la recherche. thématiques et les CAS ; tous documents sont énumérés dans les références, à la fin du présent L'enquête a été envoyée par courriel aux agents rapport. de la Banque. Les résultats ont été communiqués à la Direction de la Région et au Département de L'enquête auprès des agents l'ADR. L'annexe F indique le taux des réponses et de la Banque les résultats de l'enquête. Cette enquête avait pour but de connaître les points de vue des agents concernés de la Banque Comment a été déterminée l'approche sur les facteurs internes et les incitations liées à stratégique de la Banque dans le secteur l'assistance apportée par la Banque au secteur de agricole l'agriculture en Afrique. Elle a été précédée par Les grands objectifs stratégiques que la Banque a des entretiens structurés avec des agents clés de poursuivis dans le secteur agricole africain pendant la Région et du Département de l'ADR, qui ont la période allant de l'exercice 91 à l'exercice 06 ont fourni des indications utiles pour l'élaboration été déterminés à partir de cinq documents de du questionnaire. Un total de 258 agents et stratégie rurale. Ces documents couvrent un large consultants du Siège et des représentations éventail de questions, qui sont traitées de manière extérieures ont été recensés pour l'enquête sur différente d'un document à l'autre. Le tableau A1, la base des critères suivants : qui est basé sur les analyses comparatives des documents stratégiques effectuées par l'IEG, · Les agents attachés au Département de l'ADR montre la série de contraintes cruciales sur la base et les agents de l'agriculture affectés à l'ADR desquelles a été définie l'approche stratégique de · Les agents attachés à la division de l'eau et les la Banque pour le développement agricole en agents de l'agriculture affectés à la division de Afrique pendant la période. 9 0 A N N E X E A : M ET HO DO L OG I E ´ Tableau A.1 : Identification des principaux obstacles/domaines prioritaires pour le développement agricole De l'action à Stratégie pour le l'impact ; développement de Stratégie rurale Servir les Plan d'action l'agriculture en De la théorie à de la Région ruraux pour l'Afrique Contrainte/priorité Afrique, 1993 la pratique, 1997 en Afrique, 2002 pauvres, 2003 2005 Nécessité d'une réforme des prix et des marchés X X X X Recherche X X X X X Vulgarisation X X X X Gestion des ressources naturelles Dégradation/conservation des sols, fertilité des sols X X X X X Systèmes de gestion de l'eau/ conservation X X X X Irrigation X X X X X Sécheresse couverte, mais les risques et la vulnérabilité sont considérés comme une question plus large X X X X Sécurité alimentaire X X X Diversité agro-écologique X X X X Infrastructure des transports X X X X X Crédit X X X X Politique/réforme foncière X X X X Les annexes B à M sont disponibles en anglais sur le site Web de l'IEG : http://www.worldbank.org.ieg 9 1 Manioc séché, Côte d'Ivoire. Photo d'Ami Vitale, avec l'aimable autorisation de la photothèque de la Banque mondiale. NOTES DE FIN DE SECTION Réponse de la direction idées de nombreux économistes occidentaux du dé- 1. Voir le projet de document Rapport sur le déve- veloppement des années 50, qui pensaient que l'agri- loppement dans le monde 2008 : l'Agriculture au ser- culture était un secteur passif, une boîte noire dans vice du développement, du 21 mai 2007. La version laquelle on pouvait puiser pour financer l'industrie ». finale du RDM est prévue pour être publiée le 19 octobre (Eicher 1999, p. 17) 2007. 3. « En Afrique, au lieu de mettre l'accent sur la pro- 2. L'IEG fait remarquer que son rapport présente des duction alimentaire et la création d'institutions de base données par pays pour montrer les écarts de perfor- pour bâtir une agriculture moderne pendant une pé- mances entre trois catégories de pays, classés selon riode de plusieurs dizaines d'années, les bailleurs de leurs performances (comparativement meilleures, fonds ont oublié une bonne partie des enseignements moyennes et médiocres). Il est difficile de faire la somme tirés du développement de l'agriculture en Asie et, dans des taux de croissance agricole pour l'ensemble de les années 70, ils ont introduit de nouveaux programmes, l'Afrique subsaharienne dans la mesure où ces taux et tels que la mise en place en ordre dispersé de services les origines de la croissance varient de façon importante ciblés sur les pauvres, le développement rural intégré, d'un pays à l'autre (voir le chapitre 2 et le tableau B.2 les programmes spécialement centrés sur les femmes en annexe au rapport de l'IEG). et une charge contre les problèmes environnemen- 3. L'IEG fait remarquer que certaines recommanda- taux. Ces programmes ne faisaient aucun cas de la né- tions de son étude qui ont une immense portée sur le cessité de traiter concomitamment les questions de développement de l'agriculture en Afrique subsaha- productivité agricole et de viabilité » (Mellor 1998, p. 59). rienne, par exemple l'importance d'augmenter la pro- 4. « Comme, en Afrique, la majeure partie des terres ductivité de l'agriculture pluviale, ne sont pas mentionnées sont des terres communales, l'inégalité rurale n'est gé- dans le Relevé des interventions de la direction. néralement pas imputable à de grandes inégalités dans La direction se déclare entièrement d'accord sur la taille des avoirs fonciers. Elle reflète plutôt des diffé- l'importance d'augmenter la productivité de l'agriculture rences géographiques dans la qualité des terres, les pluviale. Les éléments des actions qu'elle est en train d'en- conditions climatiques et l'accès aux marchés, ainsi que gager pour appuyer des programmes agricoles intégrés les envois de fonds des zones urbaines (Banque mon- au niveau des pays et de la région, tels qu'indiqués dans diale 2000, p. 93). le Relevé des interventions de la direction, sont définis 5. En Afrique, de nombreux pauvres des régions ru- pour accélérer la croissance et la productivité. Comme rales et des zones urbaines sont des acheteurs nets de c'est le cas aujourd'hui, la plupart des améliorations se- denrées alimentaires (Christiaensen et Demery 2007). ront obtenues dans des zones non irriguées, même 6. Diao et autres (2006) débouchent sur des conclu- avec l'extension prévue des périmètres irrigués. sions similaires. Chapitre 1 Chapitre 2 1. Sur la base d'un seuil de pauvreté de 2,15 dollars 1. Au Mozambique aussi, le taux de croissance a fait par jour. un bond pendant la période 2000-2004 avec la réins- 2. « Mais la décision des nouveaux dirigeants africains tallation des réfugiés dans les régions rurales après le d'investir dans l'industrie sans tenir compte de l'agri- conflit et l'augmentation de la production qui s'en est culture villageoise et des industries rurales rejoignait les suivie (Banque mondiale 2006g). 9 3 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E 2. La Direction reconnaît aussi que la croissance et hautement spécialisés et ne cultivent qu'une ou deux la productivité agricoles doivent dépasser les niveaux ac- cultures. De même, les ménages qui vivent dans la zone tuels et elle fait observer que le taux de croissance du sahélienne de l'Afrique de l'Ouest sont plus diversifiés PIB agricole en Afrique subsaharienne a atteint une que les ménages installés dans les zones où les préci- moyenne de 2,3 % par an pendant la période 1980- pitations sont plus régulières (Collier et Gunning 1997, 1990. Ce taux est passé à 3,3 % par an entre 1990 et 2000 p. 15). et à 3,8 % par an entre 2000 et 2005 (Rapport sur le dé- 8. Le mil est cultivé dans des situations agro- veloppement dans le monde, 2007). L'IEG note que écologiques difficiles (faibles précipitations, tempéra- ces chiffres masquent des variations importantes d'un tures élevées et sols dégradés), où la production du maïs pays à l'autre et dans le temps. et du sorgho n'est pas toujours possible ou aussi pro- 3. Un document de référence produit pour le rap- ductive. Il peut aussi prendre l'eau à une profondeur port de la Commission pour l'Afrique (2005) montre que bien plus grande du sous-sol que le mais et le sorgho. les efforts déployés par la communauté internationale Cela signifie que, si les nitrates filtrent au-delà de la pour harmoniser les procédures de décaissement et de profondeur effective du système racinaire du sorgho (ce passation des marchés des différents bailleurs de fonds qui est courant dans les tropiques semi-arides), les et les aligner plus étroitement sur les procédures des plantes de mil peuvent encore utiliser ces nitrates (Yang- pays d'Afrique ont permis d'améliorer la coordination. gen et autres 1998). Les gouvernements d'Afrique apprécient ces change- 9. La réaction des engrais baisse aussi à mesure que ments, mais ils considèrent que ces efforts sont plutôt la santé du sol et en particulier son contenu organique centrés sur l'harmonisation des procédures que sur diminuent. l'alignement des politiques des bailleurs de fonds sur 10. L'intensité moyenne d'utilisation d'engrais est su- les stratégies des gouvernements africains (Johnson, Mar- périeure à 25 kilogrammes par hectare dans quatre tin et Bargawi 2004). pays subsahariens : le Kenya, le Swaziland, le Malawi et 4. « Nous ne nous contenterons plus de nous occu- le Zimbabwe. L'utilisation des engrais a augmenté de per que de l'irrigation et du drainage, nous nous oc- façon considérable au Kenya, en particulier depuis le cuperons aussi de la répartition des ressources en eau début des années 90 (Ariga, Jayne et Nyoro 2006). et de la gestion globale de ces ressources. Nous ne trai- 11. La recherche a ouvert toute une série d'options terons plus séparément l'agriculture, la foresterie ou l'éle- d'intensification pour les agriculteurs considérés indi- vage, mais nous les associerons avec la gestion des viduellement. Elle se situe le long d'un continuum qui ressources naturelles dans le cadre de systèmes de pro- va de l'adoption de l'agriculture extensive uniquement duction durables. Nous nous préoccuperons des en- (s'il y a un surplus de terres) à une approche viable à trepreneurs ruraux au lieu de traiter isolément le crédit faible intensité d'intrants (qui utilise un minimum de la- agricole, les possibilités d'emploi en dehors des ex- bour, le recyclage à fort coefficient de main-d'oeuvre des ploitations, les agroindustries et la commercialisation. nutriments avec la culture en bandes, les engrais verts Et nous intégrerons le développement du capital hu- et le compostage, et peu ou pas d'utilisation d'engrais, main, l'infrastructure et le développement social dans de pesticides ou d'herbicides) et à une approche à les stratégies et programmes de développement rural ». forte intensité d'intrants (engrais, pesticides, etc.). (Banque mondiale 1997c, p. 17). L'agriculteur individuel peut se situer n'importe où 5. Les zones agro-écologiques partagent des carac- dans ce continuum, selon sa situation propre, entre téristiques similaires pour ce qui est des conditions du autres pour l'accès à la terre et la vulgarisation, le niveau sol, du relief et du climat. d'instruction et le régime foncier, la nécessité d'étaler 6. La Direction note que les dotations physiques de les risques et l'accès aux intrants et au crédit entre l'Afrique sont plus favorables pour l'agriculture que autres choses. cette caractérisation ne le donne à penser. 7. « Le fait que la diversification soit en partie attri- Chapitre 3 buable au risque climatique transparaît dans les diffé- 1. L'examen des données de la Banque montre que, rences de diversification des cultures entre les zones dans certains pays, il n'y a qu'une seule activité d'ana- écologiques : dans les zones boisées humides où les pré- lyse et de conseil par an, et aucune dans certaines an- cipitations sont régulières, les ménages sont souvent nées. 9 4 N OT E S D E F I N D E S E C T I O N 2. « Dans le cas des EDP par exemple, qui sont cen- 2004, p.12). Dans sa rétrospective annuelle des travaux sés grouper les thèmes pour divers secteurs, l'apport d'analyse concernant l'agriculture et les régions ru- scientifique des spécialistes sectoriels de l'ADR se limite rales, l'ADR constate aussi que, sur les 186 rapports souvent à l'examen des avant-projets à un stade avancé concernant les études économiques et sectorielles des opérations, lorsque cet apport est moins efficace. axées sur ces domaines qui ont été produits entre l'exer- Même dans les pays où la Banque est très présente cice 00 et l'exercice 04, un peu moins de la moitié dans des domaines tels que l'infrastructure rurale, l'édu- étaient disponibles dans la base de données de la cation et la santé en milieu rural, l'intégration des tra- Banque et dans ImageBank. vaux sectoriels de l'ADR est souvent difficile à déceler 7. Les rapports internes notent aussi que la Banque (QAG 2004, p. 6). manque des occasions de diffuser des travaux d'analyse 3. Les rapports du QAG notent aussi la faiblesse des susceptibles d'intéresser les clients, en particulier parce liens avec les opérations de prêt, « les études sectorielles qu'elle ne traduit pas les rapports dans les langues lo- sont souvent entreprises pour justifier/soutenir des cales et qu'elle ne les publie pas officiellement. opérations qui sont à un stage avancé de la préparation 8. « Les `silos' sectoriels sont très apparents dans le au lieu de devancer ces travaux ». (QAG 2004). Le même programme d'analyse et de conseils, avec peu ou pas rapport souligne aussi que « l'impact limité des travaux d'indication d'une interaction entre les départements d'analyse sur le client et la Banque en raison de l'in- sectoriels » (QAG 2004, p. iii ; QAG 2005, p. 35, présente suffisance de la diffusion, de la courte durée de vie des des constatations analogues). rapports « sur les rayons » et des déficiences des systèmes 9. Les montants en dollars attribués à l'agriculture d'archivage, de mise à jour et d'accès aux rapports sur dans un prêt à l'appui des politiques de développe- les activités d'analyse et de conseil (p. 3). ment ne sont pas significatifs en tant que tels car ils sont 4. L'examen par le QAG de la qualité des activités basés sur les tâches sectorielles des chefs de projets. d'analyse et de conseil concernant les pays (QAG 2005) note que « tant l'analyse des évaluations par pays que Chapitre 4 l'examen approfondi de huit pays qui ont été identifiés 1. « Il y a une diminution sensible du nombre des en raison de leur importance pour le programme de la agents techniques et en particulier des techniciens de Banque dans le domaine de l'agriculture et du déve- grande valeur du fait de leur longue expérience, pour loppement rural (ADR), conduisent à penser qu'il y a lesquels aucun poste n'a pu être trouvé au grade où ils un sous-investissement dans les travaux d'analyse concer- avaient auparavant été promus sur la base de leur per- nant ce secteur au regard de son importance au plan de formance. Ces cadres supérieurs ont eu le choix entre la réduction de la pauvreté. C'est surtout pour les Ré- un poste de moindre échelon ou une indemnisation mo- gions Afrique et Asie du Sud que l'écart est le plus mar- nétaire substantielle s'ils choisissaient de quitter la qué (p. 71). Banque. Cela a encore aggravé l'attrition des agents 5. « La Banque met du temps avant de modifier les techniques très expérimentés consécutive aux départs activités d'analyse et de conseil nationales pour les adap- en retraite ». (Banque mondiale 1991a, p. 4 et 5). ter aux changements politiques, économiques ou autres 2. Le Direction note qu'il est plus facile d'apprécier qui se produisent dans les pays » (QAG 2005, p. 35). les compétences techniques d'un agent d'après son 6. L'évaluation par le QAG des programmes d'ana- CV et son niveau d'instruction qu'en se fondant sur la lyse et de conseil de l'ADR note que « la Banque paraît base de données des Ressources humaines. En outre, avoir une mémoire institutionnelle très poreuse et un les équipes de la Banque travaillent régulièrement avec système de classement tout à fait insuffisant (électro- des agents techniques d'autres institutions telles que la nique ou autre). De nombreux rapports manquent ou FAO. n'ont pu être localisés qu'avec difficulté ». L'étude invite 3. La décentralisation a consisté à affecter une pro- instamment l'ADR à faire « davantage d'efforts pour en- portion importante des agents de la Banque dans les re- registrer correctement les activités d'analyse et de présentations extérieures. La logique de la décentralisation conseil dans le SAP (système de gestion des données était de transférer les pouvoirs, les fonctions et les res- de la Banque) et s'assurer que les rapports sont cor- sources humaines aux représentations extérieures en rectement archivés et que les services de la Banque et comparant au cas par cas les avantages d'une plus grande les pays clients peuvent facilement se les procurer (QAG faculté d'adaptation au niveau local et la nécessité de 9 5 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E conserver notre perspective internationale -- et d'éta- cès à ces stocks ou leur utilisation pour un individu blir un bon équilibre entre ces deux éléments et les donné. L'insécurité chronique se caractérise par un considérations de coût (Banque mondiale 2001b). Plus accès limité aux denrées alimentaires sur une longue pé- de 70 % des directeurs d'opérations de la Région Afrique riode ; c'est la conséquence de la pauvreté, de la médiocre sont actuellement basés dans les pays clients. fertilité des sols et du coût unitaire élevé des systèmes 4. Un programme de recherche établi de longue de production et de distribution des denrées alimentaires. date par l'Institut de la Banque mondiale et le Dépar- 4. Une étude récente (Anderson et autres 2005) des tement de la recherche de la Banque mondiale définit liens qui existent entre les produits du CGIAR et les opé- la gouvernance comme l'ensemble des traditions et rations de la Banque note que ces liens sont importants, institutions qui régissent l'exercice du pouvoir dans un mais aussi que « les liens et les synergies qui existent pays. La recherche montre que six indicateurs globaux entre les projets financés par la Banque mondiale, les permettent de capter les dimensions politiques, éco- programmes de recherche des centres internationaux nomiques et institutionnelles de la gouvernance : le fait de recherche agricole (CIRA) et les systèmes nationaux d'être à l'écoute et de rendre des comptes, la stabilité de recherche agricole (SNRA) en Afrique de l'Est le politique et l'absence de violence, l'efficacité des pou- sont souvent par accident plutôt que de par leur concep- voirs publics (notamment la qualité de la fonction pu- tion » (p. 35). blique, la formulation des politiques et l'engagement de 5. L'évaluation de la stratégie d'aide pour le Malawi l'État), la qualité de la réglementation (notamment l'ap- (IEG 2006e), qui jauge l'assistance fournie par la Banque titude de l'État à formuler et mettre en oeuvre des po- au Malawi pendant la période 1996-2005, conclut que l'Ins- litiques et des réglementations rationnelles), la primauté titution n'a fait aucune contribution effective au déve- du droit et la lutte contre la corruption (Banque mon- loppement du secteur agricole pour diverses raisons : diale 2006i). Certains de ces éléments sont examinés ici, mais d'autres sont repris au chapitre 5 dans la section Premièrement, le bilan de l'exécution des projets sur la réforme des politiques et de la commercialisation. de la Banque concernant le secteur agricole n'est 5. Depuis le début des années 90, dans le cadre du pas bon ; il y a six projets achevés depuis l'exer- Programme spécial pour la recherche agricole en Afrique cice 96, mais il n'y en a qu'un pour lequel les ré- (PSRAA), de nombreux systèmes de recherche nationaux sultats ont été jugés satisfaisants. Deuxièmement, ont entrepris de repenser leur modèle institutionnel et la Banque a cessé d'investir directement dans le d'abandonner les modèles directifs, fondés sur l'offre secteur, choisissant de traiter les questions d'agri- et financés sur les ressources publiques au profit de sys- culture et d'économie rurale essentiellement par tèmes plus ouverts, fondés sur la demande des clients le biais des prêts multisectoriels à l'investisse- (CGIAR 2002). ment. Cette approche a réduit l'importance et l'impact des interventions de l'Institution. Troi- Chapitre 5 sièmement, la Banque a effectué très peu d'ana- 1. La Direction note que les projets de technologie lyses des politiques jusqu'en 2003. Quatrièmement, agricole soutiennent l'adoption d'un ensemble de les tentatives faites pour améliorer la qualité du technologies adaptées à différentes conditions agro- tabac Burley et renforcer les liens entre les ex- écologiques. ploitations agricoles et les marchés n'ont pas 2. Une récente étude de l'IEG sur l'aide apportée à donné de résultats. Enfin, les efforts déployés la suite de catastrophes naturelles (IEG 2006c) conclut pour développer les marchés financiers ruraux aussi que de nombreux projets de la Banque peuvent au Malawi n'ont pas abouti. Pour ces différentes être qualifiés de projets de circonstance. Elle constate raisons, le bilan des objectifs secondaires tels que en outre que c'est la Région Afrique qui compte le plus l'amélioration de la productivité agricole et de grand nombre de projets catastrophes financés par la l'efficience de la commercialisation, n'est pas Banque et que les résultats de ces projets sont parti- satisfaisant ». (IEG 2006e, p. 32). culièrement décevants. 3. L'insécurité alimentaire aiguë est imputable à des Il est utile de noter que les nombreuses analyses des chocs à court terme (tels que la sécheresse), qui rédui- politiques effectuées au début des années 90 n'ont pas sent les stocks de denrées alimentaires disponibles, l'ac- débouché sur des résultats tangibles sur le terrain. 9 6 N OT E S D E F I N D E S E C T I O N 6. Ce n'est que dans le courant de l'exercice 06 que sion du système de fixation des prix à l'échelle nationale la Banque a approuvé un projet d'irrigation, d'amélio- pour le maïs et les subventions aux engrais ont joué un ration des moyens d'existence dans les régions rurales rôle déterminant. Ces réformes ont incité les paysans et de développement agricole, qui devrait contribuer à à abandonner le maïs pour le manioc dans de nom- améliorer la productivité agricole. breuses régions marginales où la culture du manioc 7. La Direction note que, dans les deux dernières an- convient mieux. Le soutien de la Banque aux services nées, le Malawi a eu des récoltes exceptionnelles et de conseils et à la diffusion des technologies par exemple qu'il a exporté du maïs. Ce succès ne tient pas seulement dans le cadre du projet ougandais de services conseil au bon niveau des précipitations. Il est aussi attribuable à l'agriculture est le type d'action qui aide les paysans au lancement d'un programme public visant à ouvrir l'ac- à obtenir l'information dont ils ont besoin pour décider cès des petits paysans aux intrants, d'un programme en- du type de culture à planter. La Direction note aussi dans grais contre travail lancé dans le cadre d'un projet ce contexte que la Banque sert d'agent d'exécution d'irrigation et d'amélioration des moyens d'existence ru- pour le projet tubercules et racines financé par le FIDA raux financé par l'IDA, et à l'amélioration globale du au Ghana. Enfin, comme le manioc peut être stocké dans cadre de la politique macroéconomique. La Direction le sol sans être récolté pendant plusieurs années dans note en outre que la nouvelle génération des opérations les régions relativement sèches où il est produit, la pro- financées par l'IDA contribue à améliorer la sécurité ali- duction contracyclique du maïs indiquée dans la figure mentaire et à réduire l'impact des sécheresses en sou- 5.1 est sans doute largement accrue du fait de la récolte tenant l'irrigation et la récolte de l'eau, en améliorant plutôt que de la production en tant que telle. l'accès aux intrants et l'offre d'intrants et en soutenant 10. Outre l'examen du portefeuille, qui a été effec- plusieurs réformes institutionnelles et des mécanismes tué à partir d'un échantillon de projets, le présent exa- novateurs de gestion des risques (notamment avec les men couvre les objectifs de tous les projets clos et n'en récépissés d'entrepôt, l'assurance-climat et les contrats a trouvé qu'un seul qui inclut l'amélioration de la ferti- à terme de produits de base). L'IEG note que l'année lité de la terre dans les objectifs visés. 2004-2005 a été marquée par la production de maïs la 11. L'initiative a été lancée en 1996 pour répondre plus faible qui soit depuis 1996-1997 (Voir l'évaluation aux préoccupations de diverses parties prenantes, avec du projet malawien de redressement d'urgence après le soutien de la Banque mondiale, de la FAO, d'autres la sécheresse effectuée par l'IEG, IEG 2007f) et que bailleurs de fonds, du CGIAR (représenté par l'ICRAF), plusieurs des initiatives mentionnées sont toujours en de l'IFDC et d'ONG telles que SG2000, et il avait initia- cours d'exécution et qu'il est trop tôt pour émettre un lement pour objectif de faciliter l'introduction et l'adop- jugement quant à leur impact. tion des pratiques durables de gestion de la fertilité 8. L'étude de l'IEG sur les catastrophes naturelles des sols par les petits paysans. conclut que l'Afrique était aussi la seule Région où les 12. L'importante accordée à l'environnement a aussi emprunts contractés à l'occasion de catastrophes conduit à accroître la place de la gestion des ressources l'étaient le plus souvent pour les sécheresses. naturelles dans les initiatives agricoles de la Banque 9. La Direction se félicite de ce que l'IEG recon- dans les années 90 (Banque mondiale 1991c). D'autres naisse le rôle joué par la Banque en soutenant la mise travaux d'analyse à la fin des années 90 (Banque mon- au point de variétés de manioc améliorées, résistantes diale 1997a, p. 3) notent aussi que « la plupart des ou- aux maladies. Toutefois, elle ne considère pas que le ma- vrages publiés reconnaissent maintenant que le principal nioc soit une occasion manquée par la Banque. L'Insti- problème d'environnement qui se pose actuellement à tution ne cible pas spécifiquement la production de la plupart des pays d'Afrique est la dégradation combi- manioc ou d'autres cultures. Elle soutient plutôt les née du sol, de l'eau, des forêts et des pâturages dans les pays dans les efforts qu'ils déploient pour renforcer le régions rurales. Ce problème est surtout imputable à l'ex- cadre institutionnel de l'agriculture, générer des amé- pansion des terres cultivées qui résulte de l'augmenta- liorations technologiques et améliorer l'information tion des populations rurales et aux pratiques culturales mise à disposition des producteurs pour leur permettre qui minent souvent les sols et conduisent à abattre les de prendre des décisions au sujet de la production et arbres des forêts pour le bois de chauffe et l'agriculture ». de la commercialisation. Dans ce contexte, les réformes 13. « À la fin des années 80, la viabilité est apparue soutenues par la Banque qui encouragent la suppres- comme un problème crucial dans les milieux politiques 9 7 L'A P P U I D E L A BA N Q U E À L'AG R I C U LT U R E E N A F R I Q U E S U B SA H A R I E N N E africains du fait de la famine, des manifestations de tés locales à grains vitreux. L'introduction au milieu des plus en plus nombreuses de la dégradation des terres, années 90 de variétés semi-flint, plus résistantes aux cha- du déboisement et de la désertification, et aussi du fait rançons, a rendu les hybrides plus populaires qu'au- du regain d'inquiétude des pays développés face aux pro- paravant. Mais, comme ils ne sont pas aussi résistants blèmes de l'environnement. Ces forces se sont tra- que les variétés locales, la plupart des agriculteurs pré- duites par des pressions sur les organismes d'aide fèrent encore cultiver les deux variétés. Si l'avancée étrangers pour qu'ils lancent des programmes de pré- que représente la production d'hybrides semi-flints re- servation de l'environnement et que, dans leurs inter- présente un progrès important, les agriculteurs ont des action avec les dirigeants africains, ils insistent sur difficultés à cultiver plus de variétés hybrides que le maïs l'urgence qu'il y avait de traiter les problèmes d'envi- local à cause de la montée en flèche du coût des engrais ronnement » (Reardon 1998, p. 446). et des autres intrants (Peters 2002). 14. Le rapport de l'InterAcademy Council (2004, 18. Les risques de sécheresse et d'autres incerti- p. 202) note aussi : « Les subventions sélectives pour des tudes liées au climat dissuadent les agriculteurs d'adop- intrants stratégiques tels que les engrais peuvent se ter des technologies à haut risque et ils renoncent justifier jusqu'au moment où il sera possible d'amélio- souvent aux technologies disponibles qui impliquent rer les infrastructures au point que les prix payés et reçus d'utiliser des engrais qui permettraient d'accroître les par les paysans africains se rapprocheront plus de ceux rendements, mais qui sont aussi plus risquées (Dercon payés et reçus par leurs concurrents internationaux ». et Christiaensen 2005). 15. Une étude récente (Anderson et autres 2005) 19. « Les investissements publics dans les infra- montre que, de manière générale, bien plus de la moi- structures de commercialisation et de transports per- tié du matériel génétique utilisé dans la Communauté mettraient de réduire les coûts et d'augmenter les prix de l'Afrique australe pour l'amélioration des cultures à la production du fait qu'ils entraîneraient une baisse telles que le maïs, le manioc, les haricots, le blé, le riz, des coûts de transports ». (Ahmed, Sanders et Nell les légumes et les produits d'agroforesterie a été four- 2000, p. 62). nie directement par les Centres du CGIAR aux pro- 20. La plupart des paysans africains savent encore peu grammes nationaux concernés. de choses sur les variétés de plantes qui sont mises au 16. L'Institut international d'agriculture tropical a point et proposées dans le cadre de programmes na- entrepris une étude pour évaluer le degré d'adaptation tionaux d'amélioration des cultures (Tripp et Rohrbach et de diffusion d'une nouvelle technologie pour une va- 2001). Les systèmes efficaces de fourniture de semences riété de maïs ultra précoce depuis qu'elle a été intro- aux paysans font aussi grandement défaut en Afrique (Sa- duite dans les villages du nord du Nigéria en 1997. sakawa Africa Association 2004b). L'étude a examiné le taux d'adoption des variétés de maïs 21. Dans le cadre d'une approche de systèmes fi- ultra précoce et a déterminé les facteurs qui influent sur nanciers, le financement de l'agriculture est considéré l'adoption de ces variétés et les contraintes qui frei- comme faisant partie d'un marché plus large de finan- nent l'adoption. Les données ont été recueillies auprès cement rural. Dans cette approche, le rôle que doit de 220 ménages de paysans dans 14 villages. Sur les 220 normalement jouer le secteur public est celui d'un ac- agriculteurs sélectionnés dans l'échantillon aléatoire, 20 teur faisant en sorte que l'environnement favorise la créa- seulement cultivaient le maïs à l'époque de l'étude. Les tion et le développement d'institutions adhérant aux principales contraintes qui freinaient l'adoption des va- principes commerciaux. riétés ultra précoces dans les villages étudiés étaient liées 22. Les rapports de supervision reconnaissent que aux intrants. Les problèmes très souvent cités par ceux les banques rurales et communautaires ne sont pas ou- qui avaient adopté les nouvelles variétés incluaient no- tillées pour s'occuper correctement des prêts à l'agri- tamment l'indisponibilité des engrais (86,67 %), le culture. manque de semences de maïs ultra précoce (63,63 %), 23. Dans un examen effectué en 1996, l'IEG constate les problèmes de main-d'oeuvre (36,67 %), et les pro- que la baisse de régime du soutien de la Banque au cré- blèmes liés à la propriété foncière (26,67 %)(IITA 2004). dit agricole, qui a débuté au début des années 80 et a 17. Les hybrides de maïs denté sont bien plus sen- persisté jusqu'en 1992, a continué au milieu des années sibles aux charançons dans les entrepôts que les varié- 90. Une autre étude de l'IEG souligne aussi le faible ni- 9 8 N OT E S D E F I N D E S E C T I O N veau des prêts pour les lignes de crédit en Afrique pen- Tanzanie, il est douteux qu'une telle approche puisse dant les exercices 93 et 03 (IEG 2006h). réduire suffisamment la charge budgétaire au haut de 24. La Direction note que la Banque a fait un enga- l'échelle pour permettre aux paysans du bas de l'échelle gement important en faveur des transports en Afrique d'être suffisamment couverts. et que la quasi-totalité de cet engagement profite à 29. « Les critiques du développement imposé d'en l'agriculture. En particulier, pour que les routes ter- haut et les partisans d'une approche partant de la base tiaires puissent jouer leur rôle, il faut d'abord que les ou participative devraient nous ordonner de ne pas grands axes et les routes secondaires soient praticables. opposer la science/les chercheurs à la tradition/aux pay- L'amélioration des routes de desserte entre les exploi- sans, mais de contribuer à élaborer des méthodes col- tations agricoles et les marchés s'est fait attendre parce laboratives entre les producteurs ruraux et les hommes que les ressources sont restreintes et qu'il est nécessaire de science/vulgarisateurs pour identifier, affiner et dif- de financer les investissements prioritaires en premier fuser un savoir utile et `ce qu'il y a de mieux à faire'. L'ob- lieu. Depuis ces dernières années, les ministères des jectif est non pas d'identifier la meilleure solution pour transports africains soutenus par les équipes de la tous les temps est tous les lieux, mais de reconnaître que Banque travaillent généralement en étroite liaison avec des situations multiples exigent des réponses multiples ces dernières pour déterminer les priorités dans le do- et que celles-ci changent par la force des choses ». maine des transports. (Peters 2002, p. 35). 25. Cette section présente une évaluation de l'ap- 30. Les stratégies pluralistes impliquent souvent des proche globale adoptée en matière de vulgarisation, et changements de rôles et peuvent susciter l'opposition non pas des domaines pour lesquels des conseils de vul- active d'organismes publics suspicieux. En suivant une garisation ont été fournis par le biais des projets de la stratégie de ce type, le gouvernement doit mieux com- Banque. prendre les services de vulgarisation existants et la plu- 26. À la demande de Kofi Annan, Secrétaire général part des cas tendent à montrer qu'une politique de des Nations Unies, l'InterAcademy Council a patronné une vulgarisation qui favorise un système pluraliste doit com- étude pour comprendre comment améliorer la produc- mencer par l'inventaire des acteurs pour déterminer tivité de l'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique. qui fournit quoi à qui, et une évaluation de la qualité des 27. « Les stages pratiques pour agriculteurs sont une services rendus avant de décider d'engager quelque re- forme d'éducation des adultes, qui a évolué à partir du forme que ce soit ». (Banque mondiale 2004b, p. vii). concept que c'est par l'observation et l'expérimentation 31. Sur la base de leurs travaux en Afrique, Chris- sur le terrain que les paysans apprennent le mieux. Ces tiaensen et autres (2002) constatent aussi que ce sont stages ont été mis en place pour aider les agriculteurs les ménages qui sont le mieux lotis, avec des dotations à adapter leur pratiques de lutte intégrée contre les telles que la terre, qui ont plus de chances de profiter parasites à des conditions écologiques diverses et dy- des nouvelles opportunités créées par la libéralisation namiques ». http://www.fao.org/docrep/006/ad487e/ et les réformes institutionnelles. ad487e02.htm#P20_3691 32. Le ratio valeur/coût indique la rentabilité de l'ap- 28. L'évaluation du deuxième projet tanzanien de vul- plication des engrais sur les cultures. garisation agricole note que, si la vulgarisation s'atrophie 33. Que le « bon niveau des prix » ne permette et meurt, ceux qui en souffriront le plus, et de loin, se- pas -- en soi -- de mettre l'agriculture africaine sur ront a priori les paysans pauvres et ceux qui produisent le sentier de la croissance a été souligné par l'étude essentiellement des cultures vivrières. D'après les don- Managing Agriculture Development in Africa (MADIA) nées d'observation mondiales, il est à penser que la vul- financée par la Banque, qui remonte à aussi loin garisation de type privé tend, comme on pouvait s'y que 1989, mais apparemment les enseignements n'ont attendre, à cibler les agriculteurs aux revenus élevés. En pas été retenus. 9 9 RÉFÉRENCES Une bibliographie complète indiquant toutes ------. 2007c. World Development Report 2008: Agri- les sources consultées pour la présente étude est culture for Development. Washington : Banque disponible sur le site web de l'étude. mondiale. ------. 2007d. "Tanzania-- Pilot Rural Investment Cli- Ahmed, M. M., J. H. 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Consulter le site suivant pour les autres langues : http://www.worldbank.org/ieg ISBN 978-0-8213-7595-2 Groupe d'Evaluation Indépendant BANQUE MONDIALE SKU 17595