Findings - Africa Region 31265 No. 76 Janvier 2005 Notes CA fournit des rapports périodiques sur les Initiatives en matière de développement des Savoirs Locaux (IK) en Afrique Sub- Saharienne et occasionnellement sur des initiatives similaires en dehors de la Région. Il est publié par le Africa Region's Knowledge and Learning Center dans le cadre d'un partenariat évolutif entre la Banque mondiale, les communautés, les ONG, les institutions de développement et les organisations multilatérales. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles des auteurs et ne devraient en aucun cas être attribuées au Groupe de la Banque mondiale ou ses partenaires dans cette initiative. Une page web sur les IK est disponible à l'adresse www.worldbank.org/afr/ik/ Encourager l'Innovation Locale: Renforcer la dynamique des IK et leurs liens avec les connaissances scientifiques L'innovation locale se rapporte à la dynamique des IK ­ c.à.d. aux connaissances qui se développent au sein d'un groupe social, constituées des savoirs accumulés de l'expérience pratique pendant des générations mais aussi des connaissances acquises d'autres sources et entièrement intériorisées dans les manières locales de penser et de faire les choses. L'innovation locale est le processus par lequel les individus ou les groupes découvrent ou développent de nouvelles et meilleures manières de gérer leurs ressources ­ ajoutant ainsi à, et faisant toujours reculer les limites de, leurs IKs. L'innovation locale par l'expérimentation informelle a toujours eu lieu, mais ce n'est que tout récemment que l'attention a été accordée à l'identification et à la documentation des innovations et des processus d'innovation. Mais documenter l'innovation locale n'est pas suffisante. Dans le développement rural, le défi est d'aller au-delà des innovations existantes que les agriculteurs1 ont développées, en utilisant leurs IK et leur créativité, et approfondir ces idées par l'expérimentation commune, en y intégrant les informations et les idées pertinentes reçues d'ailleurs. 1 Le mot " agriculteurs " est utilisé ici comme un terme collectif désignant toutes les personnes qui produisent et/ ou tirent des ressources des plantes, des animaux et des organismes aquatiques. Il inclut les paysans / les agriculteurs en famille, les pasteurs, les habitants des forêts et les pêcheurs artisanaux, entre autres. Pourquoi est-il important de reconnaître l'innovation locale? Dans le passé, les efforts de développement rural ont été habituellement centrés sur les interventions techniques basées sur l'utilisation de ressources extérieures. Ces efforts n'ont généralement pas réussi à améliorer les systèmes d'exploitation agricole et la vie des pauvres. La plupart des technologies introduites étaient inappropriées pour l'agriculture pluviale dans des conditions peu favorables telles que les zones sèches ou montagneuses. Dans de tels environnements, les principaux ingrédients pour une gestion rationnelle des ressources ne sont pas les contributions externes mais plutôt les connaissances et les capacités de gestion des agriculteurs et leur manipulation habile des ressources localement disponibles. La plupart des efforts de développement rural n'ont pas mobilisé et n'ont pas accru ces " http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt76.htm (1 of 5)12/12/2005 10:19:51 AM Findings - Africa Region ressources internes ". L'approche dominante à la recherche et à l'encadrement agricole suit toujours le modèle " transfert de technologie ", basé sur l'hypothèse que la connaissance est créée par les scientifiques, pour être empaquetée et diffusée par la vulgarisation et être adoptée par les agriculteurs. Cette approche rejette et étouffe souvent les initiatives locales. Quelques approches alternatives à la IK Notes fournit des rapports périodiques sur les Initiatives en matière de développement des Savoirs Locaux (IK) en Afrique Sub-Saharienne et occasionnellement sur des initiatives similaires en dehors de la Région. Il est publié par le Africa Region's Knowledge and Learning Center dans le cadre d'un partenariat évolutif entre la Banque mondiale, les communautés, les ONG, les institutions de développement et les organisations multilatérales. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles des auteurs et ne devraient en aucun cas être attribuées au Groupe de la Banque mondiale ou ses partenaires dans cette initiative. Une page web sur les IK est disponible à l'adresse :www.worldbank.org/afr/ik/ recherche et développement agricole (R&D) ont capitalisé les connaissances, la créativité et les capacités de gestion des populations locales, et ont lié les IK et les connaissances externes dans l'exploration et l'expérimentation conjointes (par exemple Gupta 2000, Reij et Waters-Bayer 2001). Ils commencent par identifier ce que les agriculteurs font déjà dans leurs propres efforts de développement et d'expérimentation, et favorisent leur apprentissage par l'action et soutiennent les agences d'appui à développer davantage les innovations locales et les techniques complémentaires. L'identification des innovations locales est une première étape vers le changement dans la manière dont les travailleurs du développement voient les agriculteurs et interagissent avec eux. Ils commencent alors à voir les agriculteurs comme des partenaires ayant quelque chose à offrir, et pas seulement à recevoir. Une approche positive qui part des (mais n'est pas limitée aux) idées locales, qui se concentre sur les forces des populations locales et explore les opportunités particulières qui leur sont offertes, plutôt que de s'appesantir sur leurs faiblesses et leurs problèmes, est essentielle pour stimuler les processus d'innovation locale. Le but de l'identification des innovations locales n'est pas d'abord de les diffuser par des campagnes de vulgarisation sur le modèle transfert de technologie ­ en sélectionnant ce qui semble être les technologies les " meilleures ", les plus largement applicables. Une telle approche n'est pas appropriée aux environnements très diversifiés dans lesquels beaucoup de petits exploitants agricoles vivent. Une innovation locale est développée pour s'adapter à un environnement biophysique et socio-économique particulier et habituellement ne peut pas être transférée " telle quel " à d'autres environnements. Cependant, la documentation et le partage des innovations locales peuvent donner des idées et de l'inspiration à d'autres pour essayer d'adapter ces nouvelles idées à leur propre environnement. Points d'entrée pour un développement participatif des innovations locales Les innovations locales offrent des points d'entrée pour relier les IK aux connaissances scientifiques par le développement participatif communautaire des innovations (PID). Ce terme est plus complet que celui de développement participatif des technologies (PTD), une approche que les ONG ont longtemps encouragée. Fondamentalement, les activités impliquées dans le PTD sont les suivantes: q démarrage du processus (faire connaissance les uns avec les autres); q analyse commune de la situation ­ les problèmes et les opportunités; q recherche des approches pour essayer d'améliorer la situation locale; q mise à l'essai de ces approches par l'expérimentation participative communautaire; q analyse commune et partage des résultats; et q http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt76.htm (2 of 5)12/12/2005 10:19:51 AM Findings - Africa Region renforcement du processus, souvent par l'amélioration de l'organisation locale et l'établissement de liens avec d'autres acteurs de R&D, de manière à ce que le processus du PTD se poursuive. Du fait que l'innovation en agriculture et en NRM va bien au-delà des technologies " dures " aux innovations " douces " telles que de nouvelles manières d'accéder aux, ou de réglementer l'utilisation des, ressources naturelles, ou de nouvelles manières d'organiser les agriculteurs (par exemple pour la commercialisation de leurs produits), le terme développement participatif des innovations (PID) est de plus en plus utilisé au lieu du PTD afin d'embrasser cette compréhension plus large de l'approche. L'approche d'innovation locale au PID commence par un examen de ce que les agriculteurs essayent déjà, par leurs propres efforts, de faire pour résoudre les problèmes ou saisir les opportunités qu'ils ont déjà identifiés. L'analyse commune de la situation par les membres et non membres de la communauté est basée sur ces exemples concrets. Les innovations locales deviennent des points de rencontre où les différents groupes de la communauté peuvent examiner les opportunités, planifier des expériences conjointes en vue d'approfondir les idées et évaluer ensemble les résultats. Ce processus, autour d'activités communes concrètes, aide à renforcer l'organisation de la communauté pour le développement. Pour les chercheurs, comme pour les agents du développement, apprendre à reconnaître les innovations locales et les expérimentations informelles par les agriculteurs est une étape importante vers un engagement dans une R&D véritablement participative. Elle lance la collaboration sur une base totalement différente de celle des approches qui commencent par introduire des technologies exogènes pour que les agriculteurs les expérimentent. Dès le départ, les connaissances et la créativité des populations locales sont considérées et appréciées. Les agriculteurs sont reconnus comme des partenaires dans la R&D. Aussi utile que puisse être le PID dans la recherche agricole, il est avant tout une approche au développement. La majeure partie du PID qui se fait aujourd'hui est faite par des agriculteurs et des agents du développement sans la participation des chercheurs formels. Cela devrait être encouragé, dans la mesure où il n'est pas possible pour les chercheurs formels de collaborer avec les millions d'agriculteurs travaillant dans les régions éloignées, marginales et très diversifiées du monde entier. Dans de telles régions, l'expérimentation locale est nécessaire pour voir si de nouvelles idées ­ qu'elles viennent d'autres agriculteurs ou de la recherche formelle ­ peuvent être adaptées à l'environnement local. Par ailleurs, dans la mesure où les conditions changent constamment, toutes les communautés d'agriculteurs doivent pouvoir s'adapter à ces changements. Par conséquent, l'innovation par les agriculteurs doit être un processus perpétuel. Le PID renforce ce processus. Le rôle des ONG dans la promotion du PID Beaucoup d'ONG soutenant le développement ont, pendant longtemps, reconnu le potentiel qu'il y a à s'appuyer sur les IK et l'innovation locale, en combinant ces innovations avec les connaissances exogènes appropriées, de manière à ce que les agriculteurs puissent améliorer leurs moyens d'existence d'une manière durable. Elles se rendent compte que, pour pouvoir intégrer les IK aux systèmes de connaissances scientifiques, les agriculteurs et les ONG engagés dans le PID sur le terrain doivent travailler plus étroitement avec les agences gouvernementales de recherche, de vulgarisation et de formation agricoles. Les ONG soutenant le développement sont bien placées pour réunir différents groupes de parties prenantes dans le PID. Elles ont habituellement établi de bonnes relations de travail avec les individus et les groupes d'agriculteurs, et renforcent activement les organisations d'agriculteurs. Il n'est pas toujours aussi facile d'établir de bonnes relations avec les agences gouvernementales, qui considèrent souvent les ONG avec une certaine réserve. Par contre, en raison de la diminution des fonds et des pressions croissantes pour la décentralisation et la gouvernance locale, beaucoup d'institutions agricoles de R&D cherchent maintenant à s'associer avec les ONG pour pouvoir mener à bien leurs travaux. Les ONG qui pratiquent et militent en faveur du PID ont saisi cette occasion pour entrer dans les arènes nationales et internationales de la R&D agricole et essayer de faciliter la création de partenariats équilibrés entre les agriculteurs, les agents du développement, les scientifiques, les formateurs et d'autres acteurs de la R&D ­ http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt76.htm (3 of 5)12/12/2005 10:19:51 AM Findings - Africa Region en commençant par la reconnaissance des savoirs et de la créativité des agriculteurs. Ces ONG encouragent les processus de développement local dans lesquels les agriculteurs prennent la tête. Tout en renforçant les capacités des groupes de parties prenantes les plus faibles ­ particulièrement les femmes et les agriculteurs les plus pauvres ­ et en les dotant progressivement des moyens de devenir des partenaires égaux des chercheurs et des agents formels du développement, les ONG veillent à ce que les activités de R&D se concentrent sur les préoccupations des groupes les plus faibles. Les exemples de PID sur le terrain fournissent également la base pour le dialogue de politique visant à créer plus d'espace au sein des institutions et dans les politiques du gouvernement pour cette approche. Beaucoup d'ONG accordent maintenant une haute priorité à l'établissement de liens plus étroits avec les agences gouvernementales de manière à stimuler les changements d'attitude et de comportement nécessaires pour promouvoir l'innovation locale, pour capitaliser les synergies potentielles et pour étendre les approches participatives à la R&D. Ceci est un changement fondamental dans la façon de travailler de beaucoup d'ONG d'appui au développement. Dans le passé, elles avaient tendance à travailler parallèlement aux agences gouvernementales et séparées de celles-ci. Maintenant, elles ont reconnu la nécessité d'opérer des changements institutionnels et de politique de manière à ce que le PID soit intégré aux travail régulier des agences gouvernementales. Certaines de ces ONG ont donc pris l'initiative de créer le PROLINNOVA, une plate- forme mondiale pour la promotion de l'innovation locale dans la gestion écologiquement saine de l'agriculture et des ressources naturelles (NRM). L'initiative du PROLINNOVA Il y a quatre ans, lorsque les ONG du nord et du sud se préparaient pour le Forum mondial sur la Recherche Agricole à Dresde, en Allemagne, elles ont conçu l'idée du PROLINNOVA pour former des partenariats multi- parties prenantes pour la R&D agro-écologique. Depuis lors, l'initiative s'est développée d'une manière décentralisée. Des ONG d'Ethiopie, du Ghana et d'Ouganda (Agri-Service Ethiopia, Ecumenical Association for Sustainable Agriculture and Rural Development, and Environmental Alert, respectivement) ont facilité la création de partenariats de R&D pour la promotion de l'innovation locale dans chacun de ces pays. L'appui pour leur travail a été fourni par le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), qui soutient un processus semblable au Niger. Dans chaque pays, les ONG locales ont réuni les agences gouvernementales et non gouvernementales impliquées dans la recherche agricole et sur le NRM, le développement et l'éducation. Des groupes de pilotage multi-parties prenantes ont recueilli les expériences locales de reconnaissance d'innovations et d'expérimentations informelles par les agriculteurs et de mise en pratique du PID. Les groupes ont convoqué des ateliers pour analyser les expériences dans chaque pays et ont élaboré des plans d'action nationaux pour améliorer et étendre les approches participatives à la R&D. Des ONG dans plusieurs autres pays ­ Cambodge, Népal, Afrique du Sud, Soudan et Tanzanie ­ ont récemment élaboré des propositions pour faciliter la conception participative de programmes PROLINNOVA d'une manière semblable. Ensemble, ils ont réussi à obtenir l'appui de la Direction Générale Néerlandaise pour la Coopération Internationale (DGIS) pour mettre en oeuvre leurs plans. Les plans des pays diffèrent, selon les forces et les faiblesses identifiées pour engager la dynamique des IK dans le PID et pour étendre l'approche. Cependant, ces plans ont quelques éléments en commun: q faire un inventaire des initiatives de promotion de l'innovation locale et des organisations impliquées; q renforcer les capacités à identifier et à documenter les innovations locales et les processus d'innovation et à s'engager dans le PID; q mettre en application le PID sur le terrain q http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt76.htm (4 of 5)12/12/2005 10:19:51 AM Findings - Africa Region monitoring et évaluation participatifs des activités conjointes, des résultats et des impacts; q faciliter des plate-formes multi-parties prenantes pour apprendre par l'analyse conjointe des expériences sur le terrain; et q sensibiliser et s'engager dans un dialogue de politique pour créer les environnements favorables pour cette approche. En collaboration avec les réseaux et les bases de données électroniques existants servant des groupes ayant des intérêts semblables, y compris le programme " IK pour le développement " de la Banque mondiale, le PROLINNOVA est en train de créer des plate-formes de discussion des concepts et des expériences en vue de promouvoir l'innovation locale. Pour surmonter l'obstacle de la fracture numérique, des brochures imprimées, des affiches, des livres et des circulaires sont diffusés, et des liens avec d'autres médias tels que la radio, sont établis. Une nouvelle approche passionnante en train d'être explorée est l'utilisation de la vidéo participative afin de donner aux innovateurs locaux l'occasion de documenter leurs innovations dans leur propre perspective, de partager leurs idées avec d'autres communautés et d'influencer les décideurs en matière de politique. Les programmes nationaux fonctionnent de façon autonome mais recherchent l'inspiration et la force les uns des autres. Ils sont soutenus par une équipe internationale composée de quatre organisations: l'Institut International pour la Reconstruction Rurale, ETC Ecoculture, le Centre pour la Coopération Internationale (Université Libre d'Amsterdam) et le Centre Suisse pour la Vulgarisation Agricole (LBL). Leurs rôles comprennent la coordination internationale, le renforcement des capacités, l'appui méthodologique, le plaidoyer, la gestion des connaissances disponibles sur le web, la documentation, l'édition et la publication et encourager l'apprentissage réciproque par l'analyse des expériences. Le PROLINNOVA reste ouvert pour une extension au- delà des neuf pays actuellement participants ­ pour renforcer d'autres initiatives semblables en vue de promouvoir l'innovation locale et pour intégrer cette approche dans la recherche, la vulgarisation et la formation agricole et en gestion des ressources naturelles. Références: Gupta AK. 2000. Grassroots innovations for survival. ILEIA Newsletter 16 (2): 5­6. Reij C & Waters-Bayer A (eds). 2001. Farmer innovation in Africa: a source of inspiration for agricultural development. London: Earthscan. Cet article a été écrit par Ann Waters-Bayer et Laurens van Veldhuizen en consultation avec des membres de l'Equipe Internationale d'Appui au PROLINNOVA : l'Institut International pour la Reconstruction Rurale (IIRR) aux Philippines, le Centre Suisse pour la Vulgarisation Agricole (LBL), le Centre pour la Coopération Internationale de l'Université Libre d'Amsterdam et ETC Ecoculture en Hollande. Pour plus d'information sur le PROLINNOVA consulter le site web: www.prolinnova.net ou contacter : ann.waters-bayer@etcnl.nl ou prolinnova@etcnl.nl http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt76.htm (5 of 5)12/12/2005 10:19:51 AM