Document de La Banque Mondiale A N'UTILISER QU'A DES FINS OFFICIELLES FILE COpy Rapport No. 1243-HA SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES DE L'ECONOHIE HAITIENNE Bureau regional Amerique 1atine et Antilles Ce rapport est fonde sur 1es conclusions d'une mission economique qui s'est rendue en Haiti en avril 1976 sous 1a conduite d'A1exandre Nowicki. La mission comprenait les ulembres suivants: Alberto Eguren (Economiste), Jean-Paul Pinard (Economiste), Laszlo Garamfa1vi (fl1I - Finances puh1iques) et Hichael Zuntz (OEA - Balance des paiements). La mission profita brieve­ ment de l'assistance de Gerardo Soto (Agriculture) • .. TRADUCTION NON·OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION Le present document fait I'objet d'une diffusion restreinte, et ne peut etre utilise par ses destinataires que dans I'exercice de leurs fonctions officielles. Sa teneur ne peut etre autrement divulguee sans J'autorisation de la Banque Mondiale. cmrnDENTIEL A N'UTILI:.~;\ QU' A DES FIi'lS OFFICIELLES Rapport No l243-HA ... SITUATlOii' ACTUELLE ET PERSPECTIVES DE L'ECONOMIE HAITIENNE Bureau regional Amerique latine et Antilles Ce rapport est fonde sur les conclusions d'une mission economique qui s' est rcr,.~~e en Haiti en avril 1976 sous la conduite d' Alexandre Nowicki. La nission comprenait lcs membres suivants: Alberto Eguren (Economiste), Jean-Paul Pinard (Economiste), Laszlo Garamfalvi (FMI - Finances puhliques) et rlichael Zuntz (OBA - Balance des paiements). La mission profita brieve­ ment de l'assistance de Gerardo Soto (Agriculture). Le present document fait l'objet d'une diffusion restreinte, et ne peut etre .. utilise par ses destinataires que dans l'exercice de leurs fonctions offi­ cielles. Sa teneur ne peut etre autrement divulguee sans l'autorisation de la Banque Mondiale. TLBLE DES r-IATIERE:; Pages RESUME J.::T CONCLUSIONS • • • 11.4; •••••••••••••••••••••••••••• i-v I. INVENTAIRE DES RESSOURCES DE DEVELOPPE~1El'iT ............. 1 II. TENDANCES A LONG TERME • •• w . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Tendances economiques ••.•••••••••••••••••••••••••• 5 Te~dances sociales ••••••••••••••••••••.••••••••••• 8 III. EVOLUTION RECEL'lTE...................................... 11 Croissance .................................. ..... " 15 Cammerce exterieur •• ••••••••••••••••••••••••••••• ~ 15 La consommation privee et ses unplications soci:ales et economiques ••••••••••••••••••••••••• 16 Comparaisons internationales •••••••••••••••••••••• 18 IV. GESTION ECONOMIQUE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 20 Institutions Hannaie et prix ...................................... ................................... 20 29 Finances publiques ................................ 33 Balance des paiements ............................. 49 v. STRUCTURE DE L'ECONOMIE ............................... . 72 Agriculture • • • • • • • • • • • • • It • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 73 Industrie manufacturiere 80 Infrastructure •.•••••••••••••••••••••••••••••••••• 83 Transpol.. t ••••.••• '" ••••••• Itt • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 84 T61ecOMDlunications ••••••••••••••••••••••••••• ~ •••• 86 Approvisionnement en eau et assainissement •••••••• 86 Secteurs sociaux •••••••••••••••••••••••••••••••••• 87 Education ............... ... ..................... . ~ , 90 VI. PERSPECTIVES FUTURES ................................... 94 Reorganisation de l'Administration des finances publiques ....................................... Investissement requis .............................. 95 96 Financement de l'investissement public 101 TABLE DES HATIERES (suite) LISTE DES TABLEAUX DU TEXTE Pages Tableau 1. Agregats de base de developpe~ent ~'Haiti •••• 13 Tableau 2. Financement de la consommation privee •••••••• 17 Tableau 3. Indicateurs economiques fondamentaux compares aux valeurs TYPE ••••••••••••••••••••••••••• 19 Tableau 4. Perception des recettes publiques en Haiti ••• 23 Tableau 5. Perception et utilisation des recettes publiques et role des institutions publiques ••••••••• 25 Tableau 6. Execution des programmes d'investissement •••• 26 Tableau 7. Mouvements de la monnaie et des prix ••••••••• 32 Tableau 8. Demande transactionne11e de monnaie •••••••••• 32 Tableau 9. Sources de financement du credit interieur net du systeme bancaire •••••••••••••••••••••••• 33 Tableau 10. Augmentation des depenses de l'administration centrale ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 34 Tableau 11. Deficit de l'administration centrale et son financement •••••••••••••••••••••••••••••••• 35 Tableau 12. Epargne de l'ensemble du secteur public en 1974-1975 •••••••••••••••••••••••••••••••••• 36 Tableau 13. Recettes exprimees en % du PIB ••••••••••••••• 38 Tableau 14. Augmentation des re.c.ettes de l' administration publique en 1971-75, en % par an ••••••••••• 38 Tableau 15. Composition des recettes fiscales •••••••••••• 39 Tableau 16. Perception des droits de douane •••••••••••••• 40 Tableau 17. Recettes et deficit de l'administration centrale 41 Tableau 18. Depenses budgetaires ordinaires de l'administra­ tion centrale par fonctions •••••••••••••••• 42 TABLE DES MATIERES (suite) LISTE DES TABLEAUX DU TEXTE (suite) Pages Tableau 19. Depenses extra-budgetaires de l'administration centrale - depenses de developpement et depenses ordinaires •••••••••••••••••••••••• 43 Tableau 20. Depenses consacrees a l'education •••••••••••• 44 Tableau 21. Depenses ordinaires consacrees a l'enseignement pr imaire •••••••••••.•••••..•••••..••••.•••• 45 Tableau 22. Depenses consacrees a la sante ••••••••••••••• 46 Tableau 23. Depenses sanitaires 46 Tableau' 24. Financement des depenses de developpement du secteur public ••••••••••••••••••••••••••••• 47 Tableau 25. Financement du deficit du secteur public ••••• 49 Tableau 26. Resume de 1a balance des paiements d'Haiti ••• 51 Tableau 27. Exportations nettes et brutes 1970-75 •••••••• 52 Tableau 28. Exportations de la petite industrie, y compris 1es articles assembles ••••••••••••••••••••• 58 Tableau 29. Tourisme: Indicateurs de tendance, 1973-75 •• 60 Tableau 30. Importations de marchandises ••••••••••••••••• 62 Tableau 31. Importations par categories generales de produits 63 Tableau 32. Importation des biens d'equipement en Haiti •• 65 Tableau 33. Estimation des llllportat ions de biens non essen­ tielles •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 67 Tableau 34. Mouvements de capitaux et reserves du systeme bancaire d'Haiti ••••••••••••••••••••••••••• 70 Tableau 35. Indices de sante dans quelques pays selectionnes 88 Tableau 36. Investissement public ........................ 100 Tableau 37. Finances publiques, 1976-80................... 102 Tableau 38. Financement des depenses de developpement du secteur public: 1976-30 ••••••••••••••••••• 103 Tableau 39. Epargne publique requise ••••••••••••••••••••• 104 RESUME ET CONCLUSIONS 1. Comptant parmi les trente pays les plus pauvres du monde, Haiti est surpeuplee, possede peu de terres arables et de ressources minerales . prouvees et cornmercialement exploitables; sa population est en grande par­ tie illettree. L'ecart entre les villes et les campagnes, la resistance a laquelle se heurtent le progres technique et la modernisation de l'adminis­ tration, les longues periodes d'insecurite qui ont marque son histoire et le systeme d'education elitiste en vigueur ont entrave son developpement. 2. Le nouveau Gouvernement haitien qui a assume ses fonctions il y a cinq ans, a reoriente vers une voie positive les politiques du passe. C'est ainsi que le pays a accueilli des specialistes etrangers et slest ouvert aux investissements exterieurs directs tout en s'effor~ant d'obtenir d'importants fonds a des conditions de faveur pour de grands projets. 3. Halgre ces facteurs favorables, un certain nombre d 'obstacles con­ tinuent a freiner le developpement economique et social. Le domaine le plus important sur lequel le passe continue a peser est celui de l'agriculture qui entre pour pres de 50 % dans le PIB et fait vivre 80 % de la population. La croissance du secteur, qui a ete negative pendant les annees soixante en partie en raison de catastrophes naturelles, s'est quelque peu acceleree lors des annecs soixante-dix pour atteindre 1,2 7. par an de 1971 a 1975. Cml~e l' accroissement demographique des campagnes a ete de l' ordre de 1,1 ~~ par an, le revenu par habitant dans les zones rurales n'a pratiquement pas progresse depuis long temps. Le revenu moyen de quelque 90 % de la population des cam­ pagnes n'atteignait pas plus de 45 dollars en 1970, niveau inferieur au seuil de pauvrete absolue en liaiti. On estime que ce chiffre est maintenant passe a 80 dollars, mais cette augmentation pourrait etre attribuee presque e~clu­ sivement a l'inf1ation. 4. La dynamiaue des secteurs implantes dans les zones urbaines justi­ fie plus d'optimisme. Les industries manufacturieres et la construction no­ tamment, bien qu'etant encore en formation, se sont developpees a un rythme plus rapide. Le secteur manufacturier, qui constitue 12 % seulement du PIB, a progresse de 6,8 % par an depuis 1971. En plus de quelques usines d'impor­ tance moyenne, fabriquant des articles simples destines au marche local, le secteur comprend aussi quelque 150 petites fabriques travaillant pour l'ex­ portation qui assemblent des elements importes et qui sont en grande partie entre les mains d'etrangers. Le secteur dynamique de la construction a pro­ gresse de quelque 18 % par an et a realise cette derniere annee de grands projets d'infrastructure, finances en majorite par des organisations d'aide etrangcrej en dehors de cela, il a surtout touche les classes moyenne et superieure de Port-au-Prince qui ont beneficH~ au premier chef de la crois­ sance concentree ces dernieres annees dans les villes. - ii ­ 5. Haiti a une economie ouverte. Les entrees de capitaux etrangers et les mouvements de devises ne sont soumis a aucun contrale. La monnaie nationale est entierement convertible. Grace au regain d'interet manifeste par la conmunaute internationale a l'egard d'Haiti, les mouvements de capi­ taux prives et publics se sont acceleres et ont commence a se repercuter sur l'economie et la vie sociale du pays. Premierement, les entrees nettes dans Ie pays ont atteint en 1975 Ie niveau record de 40 miilions de dollars, soit 4,6 % du PIB, et ont suffi a combler l'important deficit de ressources etrangeres cette annee-la. Ces transferts ont ete composes en partie de capitaux rapatries par les residents haitiens rentrant dans Ie pays et en partie de dons provenant d'organisations publiques et privees. Deuxiemement, les decaissements nets de capitaux a moyen et a long terme, en grande partie publics, se sont eleves a 21 millions de dollars en 1975, montant bien supe­ rieur aux quelque 3 millions de dollars a peine atteints les quatre annees precedentes. Troisiemement, les emprunts contractes par les banques haitien­ nes a lfetranger ont aussi ete importants. Les trois dernieres annees, l'en­ dettement etranger net du systeme bancaire a augmente de quelque 20 millions de dollars par an. La plus grande partie de ces fonds a ete utilis.ee pour financer l'augmentation des credits interieurs, accordes avant tout au sec­ teur prive et exclusivement a court terme. Quatriemement, les investisse­ ments prives directs ont commence a s'implanter dans Ie pays. Les montants sont relativement reduits, ne depassant jamais 8 millions de dollars par an, mais ils ont perl'1is a un grand n6mbre de petites entreprises d'acquerir du materiel peu couteux. 6. Ces mouvements de capitaux ont eu des effets tres varies. De ma­ n1cre generales ils ont fortement augmente les ressources a la disposition du pays. C'est ainsi que Ie PIB haitien a progresse, selon les estimations de la mission, de 2,5 % seu1ement par an de 1971 a 1975 tandis que les res­ sources disponib1es augmentaient de 5,2 % pendant 1a meme periode. Cela a permis d'accelerer 1es investissements publics, lesquels ont augmente de 32 % par an depuis 1971. Une partie des ressources provenant du secteur exterieur est allee a l'augmentation de la consommation, objet pour lequel une partie des transferts prives avaient sans aucun doute ete effectues. La consomroa­ tion globale a progresse de plus de 4 % par an et la conson~ation privee de plus de 5 %, tandis que la consrnnmation publique enregistrait une baisse re­ guliere. Presque toute l'augmentation totale de la consomroation privee est allee a la population de Port-au-Prince ou la consomroation par habitant a augmente de pres de 10 % par an. 7. Ce phenomene a accentue les ecarts entre la ville et la campagne. La consommation par habitant a Port-au-Prince etait Ie double de celIe des zones rurales en 1970 mais en 1975 elle etait'3,2 fois superieure. Le nom­ bre d'emplois dans les secteurs productifs de la zone metropolitaine a aug­ mente depuis 1971 de que1que 9.000 unites dans les industries manufacturie­ res et de 12.000 dans 1a construction alor.s que pendant la meme periode l'ef­ fectif de la main-d'oeuvre augmentait a Port-au-Prince de 80.000 personnes - l.~l. ­ dont les deux tiers avaient quitte 1a campagne. ilien qu'en dehors des sec­ teurs mentionnes ci-dessus, de nouveaux emplois se soient crees dans celui ~es services qui augmente rapidement, et dans les activites marginales, Ie taux du choma~e declare a Port-au-Prince serait superieur a 16 % et jusqu'a 60 % de la population vit dan& des logements ou l'espace par personne ne de­ passe pas huit metres carres et ou la consommation d'electricite par habitant est limitee a 0,4 kWh par mois. 8. La difference de revenus par habitant enrre la classe la plus aisee et la plus pauvre a Port-au-Prince est de 1 a 27, 2,5 % de la population re­ cevant pres de 20 % du revenu et 54 % n'obtenant que 15 %. Le groupe a re­ venu moyen - c'est-a-dire en Haiti, dont Ie revenu annuel etait de 240 dol­ lars par habitant en 1970 - s'est developpe rapidenent. II est compose en grande pa::Uc d1intermediaires et d'employes travaiilant dans les differents services de la capitale. Une rapide injection de richesse dans la region de Port-au-Prince et l'inegalite de la distribution des revenus se sont reper­ cutes sur 1a facture des importations; les groupes a revenus eleves et moyens ont absorbe une bonne partie des importations de biens de consommation non essentiels. 9. L'ecart entre les categories de revenus super~eures et inferieures est considerable mais a l'encontre d'autres pays en voie de developpement, Ie nombre de personnes obtenant des salaires de quelque 1.200 dollars (1970) par an est reduit - en fait 4.000 personnes en tout, dont les trois quarts se trouvent dans 1a capitale. Comme ce groupe obtient une fraction relativement reduite du revenu global du pays, la redistribution des revenus ne pourrait ameliorer Ie sort des pauvres que si les recettes provenant de l'augmentation ues impots sur les objets de luxe etaient utilisees pour aider Ie secteur ru­ ral a augmenter la production agricole. 10. La situation de la balance des paiements est precaire. Tout d'abord, les transferts courants nets comprennent des elements temporaires comme des dons effectues par des organisations privees et Ie rapatriement des capitaux haitiens de l'etranger; l'on ne peut done compter qu'a l'avenir ces elements se maintiendront au niveau eleve de l'annee derniere. Deuxiemement, l'aug­ mentation des benefices des industries et de la construction ainsi que l'ecart croissant entre les prix interieurs et les prix exterieurs font qu'il est a la fois possible et rentable pour les Haitiens de placer leurs benefices a l'etranger. Le poste de la balance des paiements afferent aux transactions non enregistrees, qui ne mesure qu'imparfaitement ce phenomene, pourrait etre retenu comme un indice de eette tendance. Les transactions non enregistrees ant grimpe d'environ 9 millions de dollars par an au debut des annees 1970 a plus de 40 millions par an vers 1975. - tv ­ 11. L'evolution recente des echanges rend la balance des paiements en­ core plus vulnerable. Les exportations haitiennes de biens traditionnels: cafe, sucre, cacao et sisal, ont vu leur volume baisser et au mieux stagner. L'augmentation parallele des exportations industrielles n'a contribue qu'a ralentir a 2 % par an Ie declin des exportations globales en valeur reelle depuis 1971. Les exportations de produits manufactures legers, assembles a partir de pieces importees, sont passees de 13 millions de dollars en 1971 a 38 millions en 1975, mais la moitie seulement de ces exportations peut etre consideree comme cornportant urte valeur ajoutee interieure et une partie des benefices realises a ce titre a souvent aussi ete transferee a l'etranger. A l'inverse, les importations haitiennes ont augmente rapidement de 1971 a 1975 au rythme de 9,1 % par an en valeur reelle, et l'elasticite des impor­ tations par rapport au PIB a atteint Ie niveau eleve de 3,6. Une bonne par­ tie de ces importations, environ la moitie, consistait en biens de consomma­ tion dont 45 % de nature non essentielle. Les importations de marchandises non essentielles equivalant a 30 millions de dollars en 1975 et destinees avant tout a la consommation de Port-au-Prince ont depasse de loin celles des biens d'equipement. 12. De maniere generale, l'administration economique du pays doit etre renforcee si l'on veut resoudre les graves problemes qui se sont accumules au fil des annees. A cette fin, il faudra ameliorer la fonction publique, ce qui sera impossible a moins d'arreter la recente baisse des traitements et de les revaloriser pour que Ie secteur public soit en mesure d'attirer et de garder du personnel qualifie. L'influence des institutions publiques sur Ie secteur de l'activite economique qui les interesse n'est pas claire, soit parce qu'il y a longtemps qu'elle n'a pas ete definie, soit parce que les decisions prises au sommet recouvrent plusieurs de ces secteurs ou enfin parce qu'aux echelons les plus eleves de la prise de decision economique on dispose de renseignements incomp1ets. 11 n'y avait que 200 fonct1onna1res en HaIti ayant un traitement superieur a 400 dollars par mois (1972) et Ie revenu de la majorite des fonctionnaires se situait a 40 % au-dessous du re­ venu moyen du travail a Port-au-Prince. Le Ministere des finances ne tenait les comptes ou n'exer~ait un controle que pour 47 % des recettes f1scales de ses agences et pour 32 % des depenses publiques de fonctionnement ou de deve­ loppement. Le Conseil national de developpement et de planification (CONADEP) a eu une influence directe sur l'ordre de priorite du dixieme seulement des investissements publics; c'est peut-etre pour cette raison que seuls 52 % des objectifs"d'investissement fixes par Ie CONADEP pour les secteurs produisant des biens cles, surtout dans l'agriculture, ont ete atteints de 1971 a 1975. 13. L'avenir immediat d'Haiti repose sur Ie developpement de l'agri­ culture. Ce developpement devrait permettre a l'economie haitienne de reta­ blir l'equilibre entre les importations et les exportations en arret ant tout d'abord l'augmentation des importations de produits alimentaires et plus - v ­ tard en produisant des excedents exportables. II devr,"lit aussi s' ensuivre un meilleur equilibre entre les revenus urbains et ruraux et par suite entre la consommati011 dans les villes et les campagnes. II est imperieux pour at­ teindre ces objectifs que l'administration pub11que reserve une plus grande partie des depenses de developpement aI' agricul.ture de maniere a faire pas­ ser sa part du budget a plus des 9 % seulement enregistres de 1973 a 1975. Les autorites ont annonce au milieu de 1975 qu'elles se proposaient de faire passer la part de l'agriculture a 20 % en moyenne des depenses de developpe­ ment au cours de la periode 1976-81. 14. Haiti a une autre tache toute aussi importante, celIe de redonner a la fonction publique son role de direction et son efficacite. Actuellement, environ 48 millions de dollars, soit plus d'un tiers des depenses publiques, sont decaisses en dehors des controles et de la comptabilite officielles. II est souhaitable qu'une bonne partie de ces depenses reintegre Ie budget officie! de maniere qu'une partie au moins serve a augmenter les traitements des fonctionnaires et financer les travaux d'entretien dont l'absence a pro­ voqUe la deterioration des principaux ouvrages d'irrigation et des routes du pays. 15. Les organisations internationales ont deja engage - ou prevoient d'engager - d'importants credits pour Haiti. Ces fonds devaient s'elever a 60 millions de dollars par an - 41 millions sous forme de credits et 18 mil­ lions sous forme de dons - somme qui represente la plus grande partie des 87 millions de dollars necessaires au secteur public pour financer les inves­ tissements, l'assistance technique et les transferts a l'agriculture et a l'industrie privees. Pour que l'epargne du secteur public atteigne une Inoyenne annuelle de 28 millions de dollars de 1976-80 - contre 7 millions de dollars ces deux dernieres annees - un important effort devra etre entrepris par l'administration haitienne pour augmenter les droits de douane, dont Ie prelevement et Ie recouvrement n'ont pas suivi la montee rapide des importa­ tions. 16. Une Commission conjointe representant Ie Gouvernement haitien et les organisations d'aide etrangere a ete creee l'annee derniere afin de co­ ordonner l'assistance etrangere en Haiti. Les autorites haitiennes attachent beaucoup d'importance au travail de cette Commission et les organisations etrangeres qui en font partie cooperent etroitement les unes avec les autres. Par ailleurs, les responsables haitiens semblent prendre conscience des priorites urgentes du pays et decideront peut-etre de prendre les mesures necessaires pour concevoir et appliquer de nouvelles politiques suivant, esperons Ie, les orientations ebauchees ci-dessus. CHAPITRE PREMIER INVENTAIRE DES RESSOURCES DE DEVELOPPEMENT 1. HaIti est Ie pays Ie plus pauvre des Ameriques et l'un des trente pays les plus pauvres au monde. C'est aussi un pays surpeuple. Avec une superficie totale de 27.750 kilometres carres seulement et une population d'environ 4,6 millions d'habitants en 1975, la densite moyenne de la popula­ tion est d'environ 170 personnes par kilometre carre, comparable a celIe des pays les plus peuples du monde. La rarete de terres arables empire la si­ tuation de la population d'Halti. Le terrain arable representant a peine Ie tiers du territoire, la densite moyenne de la population haitienne s'eleve en fait a environ 515 habitants par kilometre carre, contre 445 personnes par kilometre carre de terre arable au Salvador, deuxieme pays Ie plus densement peuple de l'hemisphere occidental. 2. Les richesses rninerales prouvees du pays sont limitees a la fois en etendue et en valeur. La bauxite, Ie mineral Ie plus abondant, est ex­ ploitee depuis 1957. Environ 700.000 tonnes de bauxite sont exportees an­ nuellement. Le minerai de cuivre - en sediments et en filons que l'on trouve habituellement en HaIti en conjonction avec l'or et Ie molybdene - est ex­ ploite depuis Ie debut des annees soixante et exporte en quantites negligea­ bles. Deux importantes societes minieres internationales effectuent d'autres prospections de cuivre et cherchent du petrole en mer. Ces ressources ne se­ ront probablement pas exploitees commercialement avant la fin de la decennie. Dans differentes parties du pays, des quantites moderees de calcaire, sable, gravier, argile, pierres a batir et sel sont produites de maniere intermit­ tente pour la consommation locale. Les vastes gisements de lignite et les quelques gisements de manganese ne sont pas exploites. 3. L'agriculture etait et demeure Ie seul moyen de subsistance des quatre cinquiemes de la population haitienne. Les principales cultures ali­ mentaires sont Ie riz et Ie mais qui representent ensemble 40 % de la valeur de la production agricole. Les produits principaux d'exportation, cafe et sucre de canne, representent 30 % de la production. Les rendements agricoles sont extremement faibles. Le terrain a beaucoup souffert de l'erosion apres que les arbres eurent ete abattus pour la production du charbon de bois. Les methodes eulturales en usage sont celles du sieele dernier. L'etendue moyenne des fermes n'etant que de 1,4 hectare et 88 % des paysans etant en­ core illettres, il n'y a eu jusqu'iei presque pas d'eneouragement ni de pos­ sibilite pour la modernisation de l'agrieulture. La valeur moyenne des rc­ coltes annuelles est d'environ 290 dollars par hectare actuellement et les deux tiers des fermiers ayant 0,64 hectare par famille, Ie revenu annuel moyen par personne sur ces petites propri6tes se situe autour de 45 dollars f (aux prix de 1975), soit Ie quart environ du PNB. - 2 ­ 4. Le capital productif actuel ainsi que l'infrastructure du pays sont maigres, mais, malgre son insuffisance, Ie capital d'investissement haitien demeure sous-utilise. Au cours des deux dernieres decennies, 1955-1975, Ie coefficient marginal de capital s'eleva a 5,2 pour la periode entiere. Eu egard a la periode pour laquelle ce coefficient a ete calcule, Ie coefficient integral de production se rapproche sans doute beaucoup du coefficient margi­ nal. Ce taux ne soutient guere la comparaison avec Ie coefficient de produc­ tion de 3,1, calcule pour les pays en developpement pour la periode 1950-64.!/ 5. Le reseau routier du pays mesure environ 3.700 kilometres, dont 560 seulement sont asphaltes. La route principale reliant Port-au-Prince au Cap-Ha'Itien - Ie port Ie plus septentrionnal - est de 275 kilometres. Pour parcourir cette courte distance, Ie voyage dure sept heures. Aucun ouvrage routier i:Jportant n I a ete construit de 1955 a 1974, et entre-temps le reseau routier s'est deteriore a cause du manque presque complet d'entretien. Le parc des moyens de transport du pays est reduit. II y a, par example, trois voitures pour 1.000 habitants. Du nombre de ports haltiens qui, dans Ie passe, assuraient les liaisons cotieres et internationales, seul celui de Port-au­ Prince est actuellement en etat d'expansion. Malgre l'augmentation du nom­ bre des bateaux de croisiere qui pourralent faire escale dans les ports haltiens et bien que Ie cabotage represente 18 % de tout Ie fret, Cap-Haitien, deuxieme port du pays et principale attraction touristique, ne peut recevoir qu'un bateau a la fois. 1/ Selon Hollis B. Chenery et Nicholas G. Carter, Ie coefficient marginal pour 1960-70, calcule pour 37 PVD etait de 3,2 (Internal and External Aspects of Development Plans and Performance, 1960-70, Table 6, Develop­ ment Policy Staff \l1orking Paper No 141, \.Jorld Bank, Washington, D.C., February 1973). Alors qulil est clair que Ie coefficient marginal de capital depend du taux de croissance de l'economie, et alors que ce dernier ne depend pas exclusivement du capital mais de facteurs exoge­ nes tels que l'effet du temps sur les recoltes ou l'influence de la si­ tuation du marche international sur les exportations d'un pays, 11 est aussi vrai que Ie coefficient de production calcule pour Ie groupe de 13 pays accusant les taux de croissance les plus faibles etait encore aussi bas que 4,0, de beaucou~ plus favorable que Ie rythme de crois­ sance d'Raiti. De ces 37 pays, deux seulement (Ie Ghana et l'Argentine) accusent un coefficient de production comparable a celui d'Raiti. - 3 ­ 6. vans l'industrie manufacturiere, le capital fixe n'est distribue qu'entre un petit nombre d'usines d'importance moyenne - une cimenterie, une minoterie, une grande et deux petites raffineries de sucre, et une usine pour l'egrenage du coton. Des montants de capital fixe ont ete investis dans de nombreuses petites entreprises, fabriquant des produits de consommation (sa­ von, chaussures, vetements) et dans des usines de montage de pieces importees travaillant pour l'exportation. 7. La capacite de l'energie electrique dtHaiti est encore a ses debuts, approximativement 70 NIl en tout. Cette capacite comprend 47 !>1H' d 'hydro­ electricitc installee, le reste etant distribue entre les vieilles usines diesel. La moyenne nationale de la consommation d'electricite par habitant est actue1.1ement de 32 klVh, ce qui represente le tiers de la consommation en Inde. Le =eseau de telecommunications est maigre, comprenant seulement 14.500 l~gnes telephoniques dont tautes, a l'exception de 500, sont situees dans la region metropolitalne. 11 y a une ligne pour 45 habitants dans la region de Port-au-Prince, alors que le reste du pays n'a qu'une ligne pour 7.200 hab~tants. Alors qu'il y a 16 stations de radiodiffusion et une sta­ tion de television a deux chaines, on ne comptait que 17 appareils de recep­ tion radiophonique pour 1.000 personnes au debut des annees soixante-dix, ce qui representait un septieme du nombre disponible au Guatemala ou au Salvador. 8. Un inventaire des maisons en HaIti montre qu'il y a 908.000 maisons dans le pays, dont 721.000 dans les zones rurales. La moyenne nationale est par consequent de 4,7 personnes par maison, et ce rapport est a peu pres le meme dans les regions urbaines et rurales. Cependant, la majorite de ces maisons sont petites, et, quand on tient compte du nombre de chambres, le surpeuplement du pays devient evident par rapport a n'importe quelle norme, avec 2,3 personnes par chambre (2,5 dans la region metropolitaine). 9. Des occupations sauvages pullulent aux environs de Port-au-Prince et il est eVident que, au debut des annees soixante-dix, un cinquieme de la population au maximum etait loge d'une maniere adequate. Alors qu'aucun chiffre n'existe Quant aux materiaux utilises dans la construction des mai­ sons, des enquetes demontrent que, a la campagne comme dans les classes labo­ rieuses des communautes urbaines, le materiau le plus frequemment utilise est le "clissage", ordinairement recouvert d'une couche de boue ou de platre et quelquefois peint a la chaux. Peu de maisons urbaines, et presque aucune maison rurale, ont l'electricite. Une majorite de la population depend des lampes a petrole pour l'eclairage de leurs maisons. L'eau provient des sour­ ces ou des puits a la campagne, et dans les villes, beaucoup de foyers depen­ dent des vendeurs d'eau. - 4 ... 10. Finalement, l'equipement medical est aussi tres inadequat. En moyenne, il y a un lit d'hopital pour 1.300 personnes. En dehors des cen­ tres urbains ou se trouvent les hopitaux de district, il y a peu de person­ nel et de centres sanitaires disponibles. 11. La main-d'oeuvre est probablement la ressource la plus importante ­ et surement la moins utilisee du pays. La population d'Haiti etait approxi­ mativement de 4,6 millions en 1975. II Y avait 1,9 million de personnes dans Ie pays en 1919 et 3,1 millions en 1950. Son taux de naissance brut est eleve, 3,6 %, mais ceci est grandement compense par l'un des taux de mortalite les plus eleves au monde (1,6 %), par une mortalite infantile de­ passant celIe de l'lnde (150 par 1.000 naissances vives) et par un taux d'emigration de 0,4 %. L'accroissement net de la population est estime a 1,6 % par an. C'est une population jeune; 42 % des Haitiens ont moins de 14 ans. 12. Le chOmage sevit dans Ie pays, et Ie taux connu du chOmage etait a lui seul estime a 12,3 % dans tout Ie pays en 1971 et meme plus, 16,2 % a Port-au-Prince. Presque 80 % de la population active est employee dans l'agriculture, a raison de 1,7 travailleur sur cinq par hectare. On a cal­ cule qu'avec une bonne rotation des cultures, Ie besoin reel de main-d'oeuvre dans l'agriculture pourrait etre reduit a 0,4 travailleur seulement par hec­ tare. Cela montre que Ie sous-emploi agricole atteint peut-etre jusqu'a 75 % de la population active rurale, mais la realite est un peu moins tragique si l'on tient compte du fait que la main-d'oeuvre familiale a ete incluse dans les calculs, que 10 a 20 % des cultivateurs travaillent en plus dans d'autres domaines et que l'elevage, la sylviculture et la peche pourraient fournir 10 a 15 % des emplois qui ne sont pas inclus dans les chiffres susnentionnes. Toutefois, meme avec les estimations les plus optimistes l'on obtient des taux extremement eleves de chomage declare et occulte equivalant a quelque 49 % en agriculture et a 62 % pour la totalite du pays.!! 13. Seulement 19, 6 ;~ de la population du pays etait alphabetisee au debut des annees soixante-dix. Alors que Ie taux de scolarisation est en­ core bas, 37 %, les abandons sont nombreux. Cinq pour cent seulement des enfants scolarises terminent l'ecole primaire. Bien qu'il leur soit diffi­ cile d'acceder a l'cducation, de subvenir a leurs besoins pendant leurs etu­ des, d'obtenir un diplOme et ensuite de trouver un emploi, et que ces obsta­ cles se compliquent au long du processus, Ie peuple haitien attache beaucoup de prix a l'education. Mais, quoiqu'elle soit grandement privee des bien­ faits de l'education, la population haitienne est remarquablement perceptive, facilement educable et laborieuse. l:.,/ HaIti - Problemes de main-d'oeuvre et d'emploi, OIT, Geneve, 1976, p. 16. - 5 ­ CHAPITRE II TENDANCES A LONG TER."fE 14. Si les tendances economiques a long terme du passe n'etaient pas favorables a Haiti, c'etait en partie a cause de la rarete des ressources prouvees exploitables du pays, de l'aridite du sol, ou de la surpopulation. II y eut aussi d'autres raisons moins evidentes. Elles se trouvent dans l'histoire sociologique d'Halti. Ce rapport serait incomplet si ces raisons n'etaient pas evoquees au moins brieva~ent. Tendances econoniques 15. La base statistique actuelle du pays est encore tres insuffisante et les renseignements concernant son passe Ie sont encore plus. Cependant, il suffit de rnentionner que la production de chacune de ses deux principales cultures d'exportation - cafe et sucre - etait aussi elevee ou plus elevee il y a plus d'un siecle qu'elle ne l'est a present.l/ 16. Des comparaisons limitees a une periode un peu plus courte, compre­ nant seulement 50 annees du siecle present, sont tout aussi defavorables. Ainsi, pendant la periode 1916-26, les exportations annuelles d'Halti s'ele­ verent a 15 millions de dollars. Depuis lors, les prix des exportations haltiennes augmenterent de 3,8 fois et sa population 2,3 fois. Par conse­ quent, si les exportations par tete etaient maintenues en termes reels, elles auraient du atteindre en principe quelque 131 millions de dollars en 1975. En fait, leur montant brut n'etait que de 93 millions de dollars et leur mon­ tant net de 76 millions de dollars. Ce dernier ne comprend que la valeur ajoutee des produits montes et reexportes au lieu de la valeur entiere des ventes. La valeur reelle d'exportation par tete diminuait, suivant la me­ thode de calcul utilisee, de 0,6 a 1 % annuellement durant la derniere moitie du sieele. 17. La reussite ou l'echec des exportations a toujours eu une influence marquee sur la conjoncture haitienne. Par consequent, Ie lent declin a long terme des exportations combine avec des fluctuations cycliques causa, pendant 36 ans (entre 1921 et 1956), huit ans de crise economique aigue, neuf ans de depression/et treize ans de recession, avec seulement six ans de prosperite relative.I 1/ Ragatz, L. J. Fall of the Planter ~l.s~--A-StuiY. in Social and Economic History. (New York, 1928, p. 125). 2/ J. Vilgrain, Les fluctuations cycliques de l'economie haitienne: etude econometrique, Port-au-Prince (non date) p. 45. - 6 ­ 18. Dans ces circonstances, on ne pouvait guere s'attendre a une aug­ mentation du revenu par habitant. II n'y a pas de chiffres surs pour 1a pe­ riode precedant 1955, excepte que, de 1921 a 1956, i1 Y eut six annees seu­ 1ement de croissance economique. Pendant 1es deux decennies suivantes, de 1955 a 1975, Ie produit interieur d'Haiti a augmente en valeur ree11e d'en­ viron 1,7 % par an, ce qui imp1ique qu'il n'y a eu pratiquement pas d'aug­ mentation du revenu par habitant. 19. La quasi-stagnation qui a marque cette longue periode est due avant tout a la lenteur du developpement de l'agriculture. La production du sec­ teur agricole qui representa 49 % du PIB en 1955 et 45 % en 1975 a augmente de 1,3 % par an durant la periode entiere. L'influence compensatrice prin­ cipale fut exercee par trois secteurs - industrie manufacturiere, construc­ tion et commerce - dont la croissance combinee a ete de 2,4 % par an durant la meme periode. Les fruits mediocres de la croissance contribuee par ces trois secteurs profiterent principalement a la minorite urbaine de Port-au­ Prince. 20. Pendant Ie cycle 1955-75, la croissance a long terme des exporta­ tions de marchandises et de services non facteurs estimee a 2,7 % par an a ete plus favorable que celIe de la production interieure. Cependant, il faut se rappeler qu'une partie considerable des plus recentes exportations a consiste en produits montes a partir de pieces importees, ce qui gonfle la valeur brute des chiffres d'exportation. Les resultats des autres pro­ duits exportes sont moins dynamiques. Ainsi, de 1955 a 1975,1.1 Ie volume d'exportation du cafe a diminue de 1,8 % par an, celui du sucre de 2,2 % par an et celui du sisal de 7,1 % par an'. La culture de. ces produits, qui re­ presentaient globalement en 1955' jusqu'a 88 % de toutes les exportations, profita principalement a la population rurale et les exportations furent par consequent Ie principal stimulant de la croissance de la production agricole. Ces produits furent supplantes par la bauxite et des articles montes par de petites industries et reexportes. Globalement, ceux-ci representerent envi­ ron 45 % du total des exportations a la fin des annees 1955-1975. Le mon­ tage de produits par les petites industries profita a environ 20.000 travail­ leurs~1 embauches a Port-au-Prince, ou, si l'on ajoute les personnes a charge, environ 80.000 personnes en tout contre 3,4 millions d'habitants des zones rurales qui participent a la production du cafe, du sisal et de la canne a 11 Pour eliminer l'incidence des annees de mauvaise recolte, on a pris la moyenne de deux annees au debut et a la fin du cycle de 20 ans. 21 Haiti - Problemes de main-d'oeuvre et d'emploi, OIT, Geneve, 1976. - 7 ­ sucre. 11 est vrai qu 'un pays d,oit diversifier ses exportations mais Haiti n'est pas, nl ne sera pour quelqae temps ellcore, dans une situation Oll la diversification des exportations implique Ie deplacement d'un article par un autre. Compte tenu de la main-d'oeuvre abontiante d'Haiti, la diversifi­ cation de ses exportations aurait du impliquer l'adjonction de nouveaux ar­ ticles, les articles existants continuant leur progression. Ce ne fut pas Ie cas. 21. Pendant les deux dernieres decennies, Ie processus d'urbanisation d'Haiti devint particulierement prononce. La population de Port-au-Prince augmentait de 5,8 % par an, en comparaison avec Ie taux de croissance de 1,1 % par an de la population rurale. La repartition par professions de la population active changea un peu durant cette periode. L'effectif de la classe moyerme augmenta legerement. Si les professions liberales, les tech­ niciens e'~ les employes de bureau sont consideres comme les representants de la cla~se moyenne, leur part du nombre total des emplois augmenta de 1,1 % en 1950 a 1,8 % en 1971. Cependant, en meme temps, la part relative de la population aspirant a faire partie de la cIasse moyenne - commer~ants, re­ vendeurs, et les personnes employees dans les services non productifs et souvent non categorises - a plus que double: de 7 % en 1950 a 16,4 % du to­ tal des emplois en 1971. 22. Ii. Y a quelques raisons principales qui expliquent la deterioration de l'agriculture haitienne et, partant, la situation arrieree de la paysanne­ rie. Parmi celles-ci il faut citer d'abord la fragmentation des terres. La distribution initiale des terres prit place au moment de l'independance quand on divisa les plantations et que de petits lots de terre furent donnes ou vendus aux anciens esclaves et soldats. Le morcellement qui suivit fut in­ fluence par les lois sur la succession basees sur Ie Code Napoleon, et par les lois signees par les Presidents haitiens. Le President Louis Felicite Salomon (1879-88) decreta que les squatters pourraient recevoir Ie titre de propriete s'ils cultivaient certains produits, et Ie President Stenio Vincent (1930-41) promulga 1a 10i du bien-etre de 1a fami11e rura1e qui prevoyait des donations par l'Etat de terres domaniales ne depassant pas 4,9 hectares aux fermiers qui travaillaient effect1vement la terre pendant au mains cinq ans. A la suite de ces mesures, 95 % de la region agricole est maintenant divisee en parce11es de moins de 13 hectares, dont un tiers en parcelles de moins de 1,3 hectare. Dans ces conditions, l'irrigation et la gestion de l'eau sont difficiles. L'analphabctisme predomine et les services de vulgarisation ap,ricole sont tres insuffisants; il y a un vulgarisateur pour 8.000 agricul­ teurs, alors que 1:150 est considere comme un ratio d'encadrement efficace. II est done presque inevitable que la gestion et la technologie agricoles soient toutes deux desuetes et que la production qui en resulte soit inade­ quate. On estime que, suivant les cultures, la productivite de la terre - 8 ­ pourrait etre doublee et souvent triplee avec la diffusion et l'adoption de methodes culturales plus modernes. Tendances sociales 23. Une source egalement importante du manque de progres economique reside dans Ie clivage entre les villes et les zones rurales qui remonte tres loin dans l'histoire haitienne. Alors que Haiti fut Ie premier pays de l'Amerique latine a gagner son independance et Ie premier Etat dans Ie monde etabli a la suite d'une revolte d'esclaves, elle a ete egalement, du­ rant plus de cent cinquante ans apres la revolution de 1804, un pays ayant une structure sociale plutot rigide. Environ 10 % de sa population etait une elite cultivee francophone. Les autres 90 % etaient les masses illet­ trees et parlant creole. Celle-la vit dans les villes et celles-ci surtout dans les zones rurales. Les programmes scolaires etaient, et sont encore, orientes vers les besoins et les preferences de celle-la. Le clivage entre les villes et les regions rurales d'Haiti a par consequent une signification non seulement economique mais aussi, peut-etre par dessus tout, sociale. De plus, il est aggrave par la situation physique ou la plupart de l'infra­ structure du type integrant villes et villages (communications, energie elec­ trique ou autres) s'est a peine etendue en dehors de Port-au-Prince. Meme Ie reseau routier, qui constitue d'ordinaire la principale partie d'une telle infrastructure d'integration, est en etat de delabrement. 24. Pour saisir Ie mieux les differences entre les regions urbaines et rurales, il faut analyser la repartition des revenus pour 1970 (voir Tableau 1.4). Ceux qui gagnaient moins de 240 dollars par an (120 dollars en moyenne par per sonne occupant un emploi lucratif) representaient 87 % de la main­ d'oeuvre totale du pays. lIs representaient cependant jusqu'a 92 % de la population professionnelle active des zones rurales et 54 % de celIe de Port­ au-Prince. Leurs revenus representerent jusqu'a 72 % du revenu total des zones rurales, mais a Port-au-Prince les revenus de ceux qui gagnent moins de 240 dollars par an ne representerent que 15 % des revenus totaux. Le re­ venu annuel moyen (pour toutes les categories de revenus) par per sonne em­ ployee etait equivalent a 153 dollars dans les zones rurales et 437 dollars a Port-au-Prince. Cette difference est quelque peu attenuee par Ie fait que dans les zones rurales une personne sur trois dispose d'un revenu de quelque sorte tandis qu'a Port-au-Prince il n'y a qu'une per sonne employee dans une famille de cinq personnes. Par consequent, en fin de compte, Ie salaire moyen par habitant, y compris les personnes non employees, etait de 55 dol­ lars dans les zones rurales et de 118 dollars a Port-au-Prince. Ces revenus excluent les profits sur Ie capital ou les commissions, mais incluent les re­ venus provenant de services professionnels ou similaires. - 9 ­ 25. L'insuffisance desastreuse de ces revenus devient evidente quand on les compare aux depenses de consommation de la meme annee (voir Tableau 1.5). La depense annuelle moyenne pour l'alimentation s'eleva a 43 dollars dans les regions rurales et a 48 dollars a Port-au-Prince en 1970. Alors qu'a Port-au-Prince une marge bubstantielle rest~it disponible pour d'autres depenses, dans les regions rurales la marge etait negligeable - 12 dollars par an, dont 9 dollars etaient absorbes par Ie loyer et les combustibles. La situation etait pire pour les~ groupes ruraux ou Ie membre salarie de la famille gagnait en moyenne 120 dollars, ce qui equivaut a 40 dollars par per­ sonne, niveau infefieur a la consommation alimentaire moyenne. Quand on se rappelle que la depense moyenne d'alimentation permet de se procurer seule­ ment 1.700 calories par jour, ou 77 % des besoins normaux dans cette partie du globe, il devient evident que 87 % de la population totale - celIe dont un membrc de famille sur trois gagnait en moyenne 120 dollars par an - vi­ vaient en 1970 au niveau absolu de pauvrete ou au-dessous. 26. Alors que la pauvrete sevit en Haiti d'une maniere ecrasante, beau­ coup plus que dans tout autre pays de l'hemisphere occidental, l'inegalite de la repartition des revenus y est moins perceptible que dans la plupart des autres pays. Ainsi, ceux qui se trouvaient a l'echelon superieur des revenus (1970) etatent peu nombreux, quoique leur situation ffit clairement meilleure que celIe du groupe etudie ci-dessus. La categorie des revenus moyens, ou Ie revenu par membre de famille atteignait 200 dollars par an, ne representait que 13 % de Ia population totale et 39 % du revenu total du pays, mais 8 % et 27 % respectivement de la population et du revenu des zones rurales. Le groupe de l'echelon superieur de revenu, gagnant 1.200 dollars par personne par an, ne comprenait en 1970 que 4.000 personnes pour tout Ie pays - soit 13.000 personnes si l'on inclut leurs familIes. Deux tiers de ce groupe re­ sident a Port-au-Prince. Quoique leur revenu par personne ne semble pas exor­ bitant, il est de 28 fois plus eleve que celui de la portion de la population qui gagne Ie moins et compte Ie plus de personnes. Les revenus des couches les mieux payees de la population representent a peine 5 % du total.ll 11 II faut y ajouter les profits sur Ie capital, quoiqu'ils fussent insi­ gnifiants en Haiti. 11 suffit de dire que l'ensemble des salaires re­ presente 70 % du PNB. La depreCiation du capital represente environ les deux tiers des autres 30 % du PNB, laissant seulement 10 % du PNB comme profits. On ne peut ajouter aux revenus de l'echelon superieur qu'une partie de ces profits, precisement ceux des proprietaires d'entreprises privees. Par consequent, cet echelon ne represente qu'une portion insi­ gnifiante du revenu total meme quand on tient compte des profits. - 10 ­ 27. On voit donc que, a cause du nombre restreint de gens aises et de leur part comparativement faible du revenu total, l'incidence de la redistri­ bution des revenus par l'impot sur Ie revenu demeurera vraisemblablement li­ mitee et que l'augmentation de lh production agricole peut etre Ie seul moyen d'ameliorer Ie sort des indigents. Mais on ne peut atteindre cet objectif qu'en canalisant une plus grande portion des recettes publiques vers les in­ vestissements et les credits agricoles. On pourrait obtenir ces recettes ad­ ditionnelles en augmentant les impots sur les produits de luxe et ainsi on pourrait renverser Ie cours de la deterioration des revenus. 28. II serait possible de produire en HaIti quelques produits de con­ sommation de base, pourvu que la technologie en jeu soit simple et a fort coefficient de main-d'oeuvre pour des articles tels que les vetements, Ie savon et les detergents qui sont consommes a grande echelle dans les regions rurales. Ainsi, sur 30 millions de dollars depenses pour les vetements, les articles de toilette et de nettoyage par la population haitienne en 1970, la population rurale depensa 19 millions de dollars. Ceci implique encore que Ie seul moyen de developper la production industrielle pour l'approvisionne­ ment du marche interieur est l'augmentation de la production agricole et l'expansion du marche rural qui en resulte pour ces produits industriels. Les autres possibilites de substitution des importations sont extremement maigres pour l'instant. 29. L'urgence d'une solution au probleme de la pauvrete rurale n'inpli­ que pas qu'on peut negliger Ie probleme de la pauvrete urbaine. Celui-ci existe sous une forme tres aigue. II se reflete principalement dans l'insuf­ fisance alimentaire, quoiqu'il soit un peu moins aigu qu'a la campagne. Si l'on fixe a 45 dollars par personne par an (au niveau des revenus et des prix de 1970) Ie niveau absolu de pauvrete dans les regions urbaines, 58 % au moins des citadins vivent au-dessous de ce niveau, alors que ce pourcentage s'eleve a 72 % dans les communautes rurales.ll Jusqu'a 60 % de la population de Port-au-Prince vit dans des logements surpeuples: l'on a calcule que cha­ que personne dispose d' environ 8 m2 •· 11 II n'a pas ete possible d'ajuster ces comparaisons en fonction du niveau relatif des prix dans les villes et les campagnes. L'on sait que les prix varient considerablement d'une region a l'autre mais i1 n'existe pas d'indice des prix permettant d'effectuer des comparaisons. - 11 ­ CHAPITRE III EVOLUTION RECENTE 30. Depuis l'avenement au pouvoir de l'actuel gouvernenent en avril 1971, l'atmosphere de violence politique s'est lentement dissipee au profit d'un climat de confiance 1argement repandu. Le gouvernement a mis frein A une pratique de mefiance vis-A-vis de l'assistance technique et economique etrangere. Des experts etrangers ont commence A arriver en nombre croissant dans Ie pays et, vers 1976, on y comptait 75 experts relevant des Nations Unies. Ce chiffre est eleve compare a l'effectif global des hauts fonction­ naires haltiens dont 1e nombre n'excede pas 200. Les entrees d'investisse­ ments etrangers venus du secteur prive sont passees d'une moyenne de 2 mil­ lions de dollars par an dans les annees soixante a 5,5 millions de dollars dans les annees soixante-dix. Certains Haltiens sont retournes de l'etran­ ger avec leurs fonds d'epargne estimes a quelque 22 millions de dollars en 1975. Les organismes bilateraux ont accru leurs dons, qui auraient atteint 20 millions de dollars en 1975. Les prets consent is par les institutions sous forme d'aide bilaterale et multinationale ont augmente rapidement, et en termes de debours nets, ils ont atteint Ie chiffre record de 20 millions de dollars en 1975, compare au debours nettement negatif de ces memes insti­ tutions dans les annees soixante. Ces donnees apparemment insignifiantes de­ viennent importantes quand on les oppose au stade du developpement de l'eco­ nomie haltienne. Par example, les investissements publics en HaIti ont ete evalues a 9 millions de dollars par an dans la periode de 1965-1970 et a 22 millions de dollars de 1971 a 1975. On a cree un climat qui doit finalement - sinon immediatement - favoriser la croissance economique et Ie developpement social. 31. A plus court terme, la croissance economique pour la periode 1971­ 1975 ne representait qu'une legere amelioration sur Ie passe. BIle est eva­ luee a un taux annuel de 2,5 %, soit 0,8 % par personne par an. Cette crois­ sance decevante resultait encore principa1ement du faible rendement de la production agrico1e qui, durantla periode 1971-1975, a augmente a raison de 1,2 % lean contre 0,8 % pendant la periode immediatement precedente.ll Tan­ dis qu'i1 constituait encore 49 % du PIB en 1971, ce secteur n'entrait que pour 23 % dans l'augmentation du PIll durant les quatre dernieres annees. De plus petits secteurs, tels que les industries manufacturieres et la construc­ tion, ont chacun contribue au PIB presque autant que l'agriculture. 11 Estimation de la mission. D'apres les statistiques d'Haiti, cette aug­ mentation serait plus e1evee: de ltordre de 1,4 % par an. - 12 ­ 32. Le developpement rapide des industries oanufacturieres et des entre­ prises de construction est dO a Ia recente stabilite et a l'ouverture du pays. Ainsi, la plupart des biens manufactures recemment sont reexportes apres leur montage dans quelque 150 petites usines a partir de pieces importees. Ces usines ont ete etablies avec la participation d'investisseurs etrangers venus du secteur prive. La construction, qui croissai;:. au rythme de 18 % l' an, avait trois sources principales. Elle consistait d'abord en constructions liees a l'assistance internationale, largement orientee vers la refection du reseau routier, lequel vers 1975, representait 47 % des investissements pu­ blics. Puis. viennent les batiments eriges en vue d'abriter Ie capital fixe apporte par les petits investisseurs etrangers. Ces batiments avaient ete finances surtout par des ressortissants haItiens et loues aux investisseurs etrangers, qui hesitaient a engager leurs capitaux, si minimes Hoient-ils, dans les hiens immobiliers. Troisiemement, une partie substantielle de l'ac­ tivite de construction est allee a l'erection de residences privees pour les Haitiens, specialement ceux-la qui rentraient au pays avec un certain capital. 33. Gette structure de croissance relevait inevitablement plus des ap­ ports externes que du financement et de la production internes. Pour cette raison, elle affecta une bien plus petite fraction de la population que ne l'eut fait Ie developpement agricole. Le clivage entre ces deux tendances est imputable a l'augmentation du deficit des ressources de 1971 a 1975. Les exportations - en grande partie d'origine agricole - diminuaient en valeur reelIe de 9 % en 1975 par rapport a 1971, tandis que les importations - des­ tinees en grande partie a la consommation urbaine et aux investissements ­ augmentaient d'une proportion aussi elevee que 42 % en termes reels. Par consequent, l'insuffisance des ressources s'est considerablement agrandie durant cette periode, passant de 0,9 % a 4,1 % du PIB. La disponibilite des ressources augmenta d'un tiers plus vite que Ie PIB du pays (voir Tableau 1). 34. L'apparition d'une grande insuffisance des ressources s'est accom­ pagnee d'un nombre de phenomenes economiques paralleles et connexes. Ainsi, tandis que l'insuffisance des ressources empirait au rythme de 3,2 % du PIB, environ les deux tiers (2,1 % du PIB) en sont imputables au declin relatif des exportations. L'augmentation relative des importations d'environ 1,1 % du PIB ne representait que Ie tiers de l'accroissement du deficit des ressour­ ces durant cette periode. 35. Ce tableau ne se verifie que pour Ie calcul des prix courants, car Ie deflateur implicite du PIB et les prix des importations et des exportations ont considerablement diverge, compte tenu de l'augmentation de 4,2 % par an du deflateur du PIB et de l'augmentation des prix d'importation de 2,1 % du­ rant la periode de 1955 a 1975. La divergence de ces tendances s'est parti­ culierement accentuce depuis "1972. De cette annee jusqu'en 1975, la crois­ sance du PIB, des prix a l'importation et a l'exportation etait de 20,2 %, _ 13 _ Tableau 1: AGREGATS DE BASE nu DEVELOPPEMENT D'HAITI Croissance Pro2ortions (en 2ourcenta~e du PIB) (en pourcentage Prix constants par an, prix Prix courants de 1955 constants de 1955) 1965 1971 1975 1965 1971 1975 1965-1970 1971-1975 PIB 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 ..hQ... 2,5 (Secteur Non disponibles agricole) en prix courants (49,3) (47,7) (45,4) (0,8) (1,2) Consommation 98,0 92,0 92,9 97,3 89,2 94,9 (0,3) 4,1 Privee (89,0) (81,8) (86,1) (88,S) (79,3) (87,9) (0,1) (5,1) Publique (9,0) (10,2) (6,8) (8,8) (9,9) (7,0) (1,9) (-6,0) Investissements 6,9 8,9 11,2 6,4 10,1 15,4 11,7 13 ,8 Prives (3,9) (6,4) (5 ;5) (2,8) (7,3) (7,6) (26,6) (3,3) Publics (3,0) (2,5) (5,7) (3,6) (2,8) (7,8) (-9,5) (32,5) Ressources dis20nibles 104,9 100,9 104,1 103,7 99,4 110,3 1,2 5,2 Deficit des res sources 4,9 0,9 4,1 3,6 1,3 7,1 6,2 57,5 Gains provenant des termes de l'echange sans objet 0,1 -1,9 3,2 dim. augm. Revenu interieur brut " " " 100,1 98,1 103,2 1,3 3,8 Echan~es Importations de biens et de SNF 17,6 16,5 17,6 21 ,6 23,8 30,6 3,9 9,1 (Exportations de biens et de SNF) (12,7) (15,6) (13 ,5) (18,0) (24,5) (20,3) (3,4) (-2,3) Capacite d'importation sans objet 18,1 22,S 23,5 5,0 3,5 - 14 ­ 11,9 % et 22,8 % respectivement par an. Des lors, aux prLx constants de 1955, la dependance a l'egard des res sources ctrangeres apparait plus pronon­ die. La part des importations dans le PIB augmenta de 23,8 7~ en 1971 a 30,6 % en 1975 tandis que celIe des exportations diminua de 24,S % a 20,3 % du PIB. Durant 1a meme periode, l'amelioration des termes de l'echange est estimee a 5,1 % du PIB et Ie deficit des ressources etrangeres a accuse une augmentation de 5, 8 ~, du PI:1. Comme suite aces chang er,lent s , les ressources disponibles augmenterent au taux de 5,2 % l'an, soit Ie double du taux de croissance du PIB et Ie revenu national brut augmenta de 3,8 % par an pour la periode 1971-1975. 36. La consommation et les investissements ont taus 1es deux beneficie de l'accroissement des ressources disponibles, mais a un degre different. Ainsi, la consommation a augmente de 4,1 ~~ par an pour 1a periode 1971-1975 contre 13,8 % pour les investissements. Cependant, un grave descquilibre dans l'emploi des ressources ne devient apparent que quand ces donnees generales sont dccomposees en leurs differents elenlents. Ainsi, 13 consommation dans Ie secteur prive a augmente de 1971 a 1975 de plus de 5 % l'an, tandis que dans Ie secteur public e1le a diminue de 6 7~ l' an, toutes les deux en termes reels. Les tendances relatives .ble que pe.·'ldant t.:ne breve Sf elle se pouJ:4,;uiv.?,it .. elle deviendrait un important obstacle a Ie. croissance du PIB. 44. ~:E~1s:?E1m.atio:;....J2.£J~_ee et ses lmulications soc-ialer> e..:: ccoE~miques. Lf; situf) ticr. social€: 'fl.e s ~ est pas amEniorelf~ au caurs des qua(.l:"e J.err.:i.eres an­ nee~, tant: en ce '{ui cone.erne les dIfferences er.tre Ie niveau de v:i.e urbain et lural qu' en ce 'lui a trait a 1a reparci::ion du revenu naticn.".:" a .i i inte­ rieur de ces group{;:ls. Air-st. si 1a consc.mrnat:iDr.. -par habitant ddnG les re­ gions rurales etait de BO dollars en moyen::!", .an 1970, elle semble avc:1..r aug­ meo."I.te de maillS de 50 cent imes en 1975. Au mellle moment. on es time que la con­ sommation par habitant a Poct-au-Prince. egale a 162 dollars en :.i.970, est pas­ see a 261 dollars t".n 1975 (Ie tout aux prix de 1970). Le ra?port de la con­ sommation par habitant, ref1etant la comparaison entre les regions t'urales et Port-au-Prince, est done passe de 2 en 1970 a 3;2 en 1975. 45. Une aggravation de l'ecart entre Port-au-Prince et les regions ru­ ra1es ntast guere supportable. La croissance annue11e de la consommation globa1e privee a ete de S,l % durant la periode 1971-1975. Cette augmenta­ tion s'est repartie entre les regions rurales ou la croissance annuelle de 1a consommation etait contrecarree par une croissance annue11e de la produc­ tion agrico1e de 1,2 %, et Port-au-Prince, ou 1a croissance annue1le globa1e de 1a consommation privee s'est chiffree a environ 16 % - Ie tout en termes - 17 ­ reels. La croissance annuelle du revenu interieur brut a ete de 3,8 % et Ie tiers de ce pourcentage a ete ~U a un renversement de tendance favorable dans les termes de l'echange. Tandis que la croissance de la consommation privee a Port-au-Prince a ete dans un certain degre financee grace aux nouveaux re­ venus fournis par Ie develop~cment rapide de l'industrie manufacturiere et de la construction, elle a ete aussi, et, dans una plus large mesure, finan­ cee par le deficit de devises. 46. £;:1 c:;iffres absolus, cette situation apparatt meme plus frappante. Ainsi, dur~n~ 1a periode 1971-1975, l'augmentation globale du PIB a atteint 82 millions de jollars, et la disponibilite globale des ressources, 111 mil­ lions de dollars, le tout allX prix de 1975. Durant Is. merne periode, la con­ somma ti or, privee a augmenta de 104 millions de dollars dont 84 % (soit 87 mil­ lions de dol:"c.,:s) sont aJ.les aI' accroissement de la consommation a Port-au­ Prince. Cela a ete finance d'une part, par Ie declin de la consommation pu­ blique (,:nviron 20 millions de dollars) qui a reduit l' augmentation de la consommation globale a 84 millions de dollars, et d'autre part, par le defi­ cit de ressources. Tableau 2: FINANCEMENT DE LA CONSOMMATION PRIVEE (aux prix de 1975) Accroissement 1971 197:5 1971-75 Millions Millions Millions Millions Millions Millions de de dol- de de dol- de de dol­ gourdes lars gourdes lars gourdes lars Consonunation 3.659 732 4.077 815 418 84 puhlique 406 81 300 60 -106 -20 privee 3.253 651 3.777 755 524 104 (Port-au-Prince) (727) (145) (4.217) (232) (440) (87) Investissements 355 71 490 98 135 27 PIB 3.978 796 4.386 877 408 82 Disponibilite des ressources 4.014 803 4.567 913 553 111 (Deficit des ressources) (36) (7) (181) (36) (145) (29) - 18 ­ 47. La continuation de cette tendance, selon laquelle l'augmentation de la production nationale est plus petite que celle de la consommation a Port-au-Prince, n'est ni desirable ni possible. Une telle situation aurait pu etre empechee. L'augmentation de la consommation urbaine privee n'a pas ete suffisamment taxee. Les droits d'entree et les impots de consommation qui constituent les principales taxes a la consommation baissaient d'environ 0,3 % par an, en termes reels, durant la periode 1971-1975 alors que les importations des biens de consommation et de produits alimentaires - essen­ tiels seulement en partie - atteignaient rapidement le chiffre 69 millions de dollars en 1975, dont une portion substantielle a ete canalisee vers la consommation a Port-au-Prince. Comparaisons internationales 48. Comme il a ete remarque plus haut, les statistiques de l'economie haitienne sont insuffisantes et toutes conclusions basees sur celles-ci ne peuvent etre que tres provisoires. Neanmoins, une comparaison entre Haiti et d'autres petits pays - pauvres - met en evidence les memes caracteristi­ ques du developpement haItien, lesquelles ont ete considerees comme des obs­ tacles au developpement economique et social du pays et comme etant insuppor­ tables a long terme. Ainsi, la consommation d'Haiti daqs le secteur prive est d'environ 11 % superieure a celle d'un pays "type"l.l tandis que le volume de ses exportations est inferieur d'environ 7 % a celui de ce pays "type". L'emploi dans le secteur agricole montre qu'HaIti depasse le pays "type" de 14 points, ce qui, compare a l'apport relatif de la production primaire au PIB, indique que la productivite de l'agriculture d'Haiti est d'environ 10 % inferieure a celles de pays analogues. Les depenses affectees a l'education en Haiti sont nettement inferieures a celles d'un pays "type" - 1,1 % pour Haiti contre 3,2 ~~ pour le pays "type". Enfin, les recettes fiscales en Haiti sont inferieures a ce11es d'un pays "type" - 12,6 % du PIB pour Haiti compare 11 13,7 % pour le pays "type". 1/ 75 petits pays ont ete choisis pour cette analyse. Les criteres requis d'un pays "type" sont les suivants: 5 millions d'habitants, PNB de 100 dollars par habitant. Pour plus de details sur la methode utilisee, voir Hollis Chenery et Moises Syrquin "Patterns of Development", World Bank and Oxford University Press, 1975, pp. 3-18. - 19­ Tableau 3: HAITI: INDICATEURS ECONOKIQUES FONDAKENTAUX COMPARES AUX VALEURS TYPES (calcules en pour cent aux prix courants) HAITI 1/ PAYS TYPE 2/ (PNB/habitant aux-prix de 1964 (PNB/habitant aux prix de 1964 - 94 dollars - 100 dollars Population - 4,4 millions Population - 5 millions Deficit de ressources - 4,1 % du PIB) Deficit de ressources - 5 %du PIB) A. Structure de la production Production primaire 45,4 42,3 Production industrielle 17,1 14,2 Services publics 6,4 6,4 Production de services 31,1 36,9 PNB 100,0 100,0 B. Strur.ture des depenses Consommation privee 86,1 75,1 Consommation publique 6,8 14,7 Epargne interieure brute 7,0 7,2 Investissements interieurs bruts 11,1 15,1 C. Finances publiques Recettes publiques generales 12,6 1/ 15,8 Recettes finales 10,8 13,7 D. Commerce exterieur Exportations 13,5 20,3 Exportations primaires 4,1 14,9 Exportations de produits manufactures 5,6 1,6 Exportations de services 3,8 3,3 Importations 17,6 25,S E. Emploi Secteur primaire (agriculture et industries extractives) 85,0 71, '3 Taux d'emp1oi de 1a population active totale Secteur industriel (transformation et construction) 7,1 9,4 Taux d'emploi de la population active totale Services: taux d'emploi de la population active tota1e 7,9 19,4 F. Structure sociale Depenses enseienement - ordinaires et d'equipement (% du PIB) 1,1 3,2 Taux d'urbanisation -(population urbaine/popu1ation tota1e) 21,3 20,3 Taux de nata1ite 44,0 46,0 Taux de morta1ite 16,3 18,5 Taux de sco1arisation (dans Ie primaire et Ie secondaire) 32,0 35,2 analyse de regression effectuee a partir de 75 petits pays de moins de 15 millions d'habitants. Regie du tabac. - 20 ­ CHAPITRE IV GESTION ECONOMIQUE Institutions 49. Pour comprendre enti~rement Ie role que les institutions haltiennes jouent dans la gestion de l'economie du pays, on doit considerer trois fac­ teurs. Ce sont d'abord Ie manque de permanence dans l'exercicedes fonctions publiques, ensuite l'insuffisance des traitements des fonctionnaires et enfin l'absence d'une definition claire des attributions des principales institu­ tions. 50. II n'existe pas de carri~re de la fonction publique en Haiti, parce que les fonctionnaires ne sont pas promus dans Ie cadre de leurs institutions respectives. II est donc difficile de mettre en place un corps efficace de fonctionnaires dont la titularisation garanyirait les droits et dont l'avan­ cement de grade sera it base sur Ie merite. l J:/ Certains effets de cette situation sont mis en relief par exemple, dans "HaIti: Mission d '.assistance technique integree," rapport prepare par l'Organisation des Etats americains (OEA) , Washington, D.C., 1972 p. xi. L'Organisation generale du gouvernement telle qu'elle est definie par les lois est suffisante; neanmoins, il existe un hiatus appreciable en­ tre les dispositions theQriques et l'organisation qui existe et fonc­ tionne dans la pratique. Ces insuffisances de structure sont aggravees par une centralisation excessive du pouvoir de decision aux niveaux les plus eleves et des problemes irresolus de coordination a l'interieur des ministeres causes par la proliferation excessive des unites administra­ tives. De plus, les agences autonomes Ie sont trop dans les domaines ou leurs fonctions sont etroitement liees a celles du gouvernement cen­ tral. L'administration publique est entravee par Ie manque de personnel ayant suffisamment de capacites techniques et de capacites de direction et la carence d'elements de travail d'une part, et par une plethore de personnel administratif d'autre part. En 1974, Ie gouvernement a nomme une commission administrative chargee de definir Ie statut des fonction­ naires. En avril 1976, la commission n'avait encore formule aucune re­ commandation a ce sujet. - 21 ­ 51. Les traitementa des agents publics sont bas. Ainsi, en 1973, sur 16.500 de ces agents 16.300 (soit 99 %) recevaient en moyenne un traitement mensuel de 120 dollars. Deux cents fonctionnai~es seulement, y compris les fonctionnaires du Cabinet, touchaient un trait~ent brut mensuel de 400 a 1.000 dollars. La grande majorite (84 %) des membres de la fonction publi­ que tombaient dans la categorie de traitement mensuel de 55 40llars, ce qui correspondait, quand on tient compte des personnes a charge, a un revenu an­ nuel de 130 dollars par habitant en 1973, soit pres du revenu annuel moyen par habitant pour tout Ie pays cette annee (100 dollars), et considerable­ ment au-dessous du revenu moyen par habitant - aux prix courants - a Port­ au-Prince a cette epoque (210 dollars). Dans une telle situation, la solu­ tion evidente pour la plupart des fonctionnaires etait de chercher d'autres sources de revenu et de consacrer moins de temps a l'exercice de leurs attri­ butions officielles. Cela conduisit inevitablement a un travail mediocre, surtout aux echelons inferieurs du personnel, a tel point qu'il n'y a souvent personne a qui un cadre pourra deleguer son pouvoir ou confier des taches specifiques. 52. Les institutions cles responsables de la gestion de l'economie haltienne seront examinees ci-dessous. Elles ont ete divisees en cinq cate­ gories: i) finances publiques, ii) affaires bancaires, iii) planification, iv) statistiques, et v) activite economique. Institutions de finances publiques 53. Le Ministere des finances et des affaires economiques est au cen­ tre de la gestion des finances publiques en HaIti. Mais, en comparaison a d'autres pays, son role est limite. Pour la mobilisation des ressources, 11 compte sur deux principaux organismes publics autonomes: 1 'Administration generale des contributions (AGe) et l'Administration generale des douanes (AGO). Des deux autres organismes de mobilisation de ressources, la Banque nationale de la Republique d'Haiti (BNRH) et la Regie du tabac et des allu­ mettes (RTA), Ie premier sert de receveur de l'AGC et de l'AGD alors que Ie second per~oit lui-meme ses ressources. Et la BNRH et la RTA recueillent une partie substantielle des recettes, qui autrement auraient ete recueillies par l'AGC et l'AGD. 54. L'Administration generale des contributions s'occupe de recueillir les taxes interieures qui sont affectees au budget courant, au budget de de­ veloppement et a un certain nombre de comptes extra-budgetaires. Son homo­ logue au Ministere des finances est Ie Bureau des recettes publiques. Ce Bureau doit preparer des estimations de recettes chaque annee, soumettre des propositions pour la modification des impots existants ou pour la mise en application de nouveaux impots. Cependant, son action est limitee parce qu'il re~oit des renseignements insuffisants de l'AGC. L'AGe n'enregistre - 22 ­ que les recettes allouees au budget courant et au budget de developpement, qui, globalement, ne representent qu'une partie ae l'ensemble des recettes publiques recueillies en Haiti. L'AGD est UTi organisme public autonome charge de recueillir les droits de douane. Comme l I AGC, elle enregistre non pas Ie montant total des impots recue::f.llis mais Sf.iulement Ie montant affecte au bud­ get. 55. Le total des recettes recueill'ies en Haiti en 1975 par tous les organismes de perception etait environ:de 475 millions de gourdes (95 mil­ lions de dollars) dont 47 % seulement, soit 225 miJ1.ions de gourdes (45 mil­ lions de dollars) etaient consacres au budget. Alors que la presque tota­ lite des recettes a ete recueillie - ou du mOinr./la quasi-totalite des roles a ete envcye - i,ar l' AGD et l' AGC, les comptesAiisponibles de ces deux ins­ titutions indiquent la perception de 247 millions de gourdes, c'est-a-dire les contributions et ressources budgetaires ,ttilisees dans leur propre admi­ nistratiou. Par consequent, presque la moi1ie des recettes recueillies par ces institutions n' a pas ete inscrite. Le{ recettes non inscrites sont de­ posees directement sur environ 300 compteS"speciaux aupres de la Banque na­ tionale et utilisees a une uultitude de fins non specifiees. Le Ministere des finances n'a ni un aper~u de ces com~tes r ni leur supervision. 56. Du cote des depenses, l'info~ation et l'influence du Ministere des finances sont egalement insuffisa~es. Les depenses budgetaires sont constituees principalement par les sa~aires et les traitements detailles dans chaque budget annuel. Ce sontpratiquement I les seuls articles entiere- ment preyus au budget. Les autresdepenses budgetaires ordinaires inscrites au budget au titre de depenses de fonctionnement pourraient atre considerees comme residuelles apres la deducti~n des traitements. La totalite des depen­ ses ordinaires du budget est aussf un reliquat. qui reste apres que les re­ cettes totales recueillies ont ebe affectees aux depenses extra-budgetaires qui doivent etre payees des comptes speciaux de la Banquenationale. On peut clairement tirer cette conclusion du fait que la portion des depenses extra­ budgetaires augmente et par consequent jouit de la priorite d'acces aux re­ cettes disponibles (voir Tableau 5). Ainsi, ces depertses representerent 34 % des depenses ordinaires du gouvernement en 1971 et 55 % en 1975, laissant respectivement 66 % et 45 % pour les depenses budgetaires ordinaires •.1l 1/ Somme des postes B.i. et B.iii. du Tableau 5. Ne sont pas comprises dans l'ensemble des depenses ordinaires les depenses de la Regie dont l'addition reduit encore davantage la portion des depenses ordinaires inscrites au budget de 56 % en 1971 a 38 % en 1975. - 23 ­ a Tableau 4: PERCEPTIOH DES RECETTES PUBLIQUES EN HAITI / ImEots Eerli us en millions de ~ourdes~ ~1975 Pour les comptes Organismes de perception Pour le extra-bud­ Depenses des recettes Total budget % getaires % internes % Recettes internes (Adminis­ tration generale des con­ tributions - AGC) 111,1 92,5 83 3,4 3 15,2 14 Douanes (Admini!=;tration generale des douanes - AGD) 361 1 7 130 al 36 222,6 61 M 2 Total . t.72 222 1 6 47 226,0 48 24,2 5 z8 ~/ Ce tableau est base sur des conclusions et des deductions de la mission parce que des renseignements statistiques sur les comptes extra­ budgetaires n'etaient pas disponibles. 57. La Regie du tabac et des allumettes a son propre systeme de ges­ tion et de collection des impots, et preHSve des taxes appeles "commissions" sur beaucoup de marchandises produites localement ou importees. Ses recet­ tes et depenses ne sont pas rendues publiques et on ne peut que les estimer (voir Tableau 5). Les operations de la Regie ne sont pas controlees par le Ministre des finances et, par consequent, ne peuvent pas etre incluses dans Ie processus d'affectation planifiee des ressources, quoique ses recettes representent 15 % du total des recettes publiques et, au moins en principe, doivent etre considerees comme telles. La Regie fixe les commissions sans consulter Ie Ministere des finances. Les autorites ont recemment cree une commission pour verifier les comptes de la Regie et recommander l'adoption de mesures qui affecteraient ses recettes au financement des investissements publics. Banque nationale 58. Les activites de la Banque nationale en HaIti se divise en deux parties principales. La premiere concerne le processus central bancaire pro­ prement dit, lequel comprend les operations bancaires commerciales; la se­ conde se rapporte a la gestion des comptes speciaux. C'est cette fonction, qui comporte l'administration de quelque 230 millions de gourdes (46 millions - 24 ­ de dollars) de recettes extra-budgetaires ou 6 % du PIB, qui fait 1a Banque nationa1e une institution vraiment puissante. Son consei1 d'administration est nomme par 1e President de 1a Repub1ique, a10rs que 1e Ministre des fi­ nances est Ie President honoraire du conseil et n'a pas de droit de vote. 59. Les recettes extra-budgetaires que la Banque nationale administre sont depensees sans aucune methode analytique de comptabilite. Par conse­ quant, 1a fonction operationne11e specifique de ces depenses pub1iques est a peine connue et 1e role de la Banque nationa1e se limite a verifier les comptes en vue de deceler d'eventuels decouverts. P1anification 60. Le Consei1 national de deve10ppement et de p1anification (CONADEP) a ete cree par decret du 17 jan~ier 1963 dans Ie but de formu1er une po1iti­ que generale de deve10ppement economique et social de 1a Nation et de presen­ ter 1es principa1es options de p1anification. Une autre 10i, ce11e du 15 mai 1973, impose une collaboration entre l'Office du budget et 1e CONADEP. Ce­ pendant, jusqu'a present, cette co11ab oration ne s'est pas tota1ement mate­ rialisee et en son absence 1es projets d'investissement ne sont pas pourvus de fonds suffisants pour 1es depenses d'entretien et d'autres depenses ordi­ naires. 61. L'activite du CONADEP differe de ce11e qu'on observe genera1ement dans 1es bureaux de p1anification centrale. Son analyse sectorie11e et 1e cadre economique global utilise ne paraissent pas etroitement lies au cadre macroeconomique reel d'Haiti, en partie parce qu'i1 reste a construire une base statistique. Le CONADEP n'arrive pas non plus a decider des projets sectorie1s ni meme de leur priorite relative a l'economie, parce que ceux-ci sont ordinairement elabores independamment par les ministeres interesses. Par consequent, 1e CONADEP n'est pas capable d'offrir des remedes au desequi­ 1ibre de 1a structure macroeconomique du pays ni ne 1aisse son empreinte sur 1es macropriorites des projets pub1ics.l' Concernant ce dernier point, ses possibi1ites sont aussi 1imitees du fait de l'etonnante modicite de 1a frac­ tion des investissements publics ou dont i1 est directement responsab1e l' ttL'administration de 1a p1anification et du budget national souffre de l'absence d'un plan contenant des objectifs bien precis, des strategies et des moyens determines. Le CONADEP doit assumer une grande et inutile diversite de fonctions mais ne dispose pas de res sources suffisantes. Le systeme national de statistique doit etre ame1iore en ce sens qu'i1 doit fournir des renseignements economiques et sociaux plus opportuns et plus exacts. Le budget doit integrer et conso1ider tous 1es program­ mes du secteur public dans 1e but d'augmenter l'efficacite de 1a plani­ fication et de l'uti1isation des res sources financieres internes et ex­ ternes. De meme, 1e systeme de comptabi1ite publique a besoin d'etre modernise. It (Rapport d'Assistance Technique de l'OEA, ibid). - 25 ­ Tableau 5: PERCEPTION ET L.ILISATION DES RECETTES PUBLIOUES: ROLE DES INSTITUTIONS PUBLIQUES (aux prix courants en millions de gourdes) 1971 1973 1975 Augmentation }lillions· - - " - ­ Mil lions-=----­ Mi11io~--- 1971-75 de gourdes % de gourdes I. de gourdes % (en %) A. Sources Recettes tota1es de l'administration -puhiiiJue-~-- 305 356 555 i. Comptabilisees par Ie Ministere des finances, principalement 11 des fins budgetaires (droits de douane et recettes interieures) 156 191 247 il. Non comptabi1isees et versees Bur 1es comptes de 1a Banque centrale "{iii'" 107 112 228 lii. Non comptabilisces et versees sur Ie compte de 1a Regie du tabac 42 80 B. Affectation Dcpenses tota1es de l'administration publ1que 353 100,0 El 746 i. Budget ordinaire (depenses ordinaires) 152 ...ih!. 172 ...!!hl 204 StH:&He-e Sa1alres et traitements 95 26,7 112 30,0 123 16,5 6,7 Matieres. etc. 28 7,9 28 7,5 41 5,5 10,0 Transferts, etc. 29 8,2 32 8,6 40 5,4 8,4 li. Budget de developpement (depenses d'investissement) 81 a) CONADEP 13 3,7 2,9 1,7 zero b) Autres minis teres et organismes, Banque centrale 68 19,3 87 23,3 201 26,9 31,1 lii. Depenses ordinaires extra-budgetaires non comptabilisees (paiements finances grace aux comptes de la Banque centrale) 78 50 248 iv. Non comptabilisees - Regie du tabac 42 53 80 C. MUd):. 48 17 D. Rappel PIB 2,226 2,844 4,386 18,5 Indice des prix a 1a consommation 100,0 135,6 169,7 14,1 Indice des prix d'lnvestlssement 100,0 146,2 146,8 10,1 - 26 ­ (13 millions de gourdes ou 4,5 % des investissements publics), ou pour 1es­ que1s i1 s'occupe des comptes (pour 9 autres % des investissements publics). Le CONADEP n'a donc aucune influence directe sur 87 % des investissements publics. Tableau 6: EXECUTION DES PROGRAMMES D'INVESTISSEMENT Degre d'execution Investissement total des investissements 1971-75 prevus Moyenne Previsions Realisations des (en millions de gourdes) ecarts Secteurs ------~%~ % Pondere annue1s 2.f Secteurs de production de biens 213,7 25,3 109,9 15,2 51,8 Agriculture 150,2 17,8 79,2 11,0 52,7 48,4 Industrie 55,9 6,6 25,4 3,5 45,4 44,6 Tourisme 7,6 0,9 5,3 0,7 69,7 67,2 Infrastructure 383,9 45,5 399,5 55,3 104,1 117,1 Energie 75,0 8,9 97,1 13,4 129,5 134,1 Transports 200,6 23,8 209,2 29,0 104,3 98,4 Telecommunications 55,8 6,6 82,7 11,4 148,2 126,9 Eau 52,5 6,2 10,5 1,4 20,0 22,8 Secteurs sociaux 186.3 22.1 162,5 22,5 87,2 Education 30,8 3,6 41,8 5,8 135,7 111,1 Sante 97,3 11,5 68,7 9,5 70,6 77 ,9 Deve10ppement commu­ nautaire 54,3 6,4 49,9 5,9 91,9 84,6 Logement 3,9 0,4 2,1 0,3 53,8 98,6 Etudes de preinvestissement 59,6 1.d 49,9 hl Investissement total 843,5 100,0 721,8 100,0 af Cette methode vise a eliminer l'influence de l'inflation sur les resu1­ tats. - 27 ­ Statistiqu,::s 62. Lilnstitut haitien de 1a statistique est responsable de tout le travail statistique de la Republique. 11 compte plus de 70 employes, dont environ 20 sont des fonctior.:::L..ires superieurs. Quoique ses responsables soient particulierement compeo;ents, l'Institut souffre d'une insuffisance de donnees stc:.istiques due en partie a la rarete de fonds (le total de ses depenses ordin~ires inscrites au budget, en dehors des salaires et des trai­ tements, s'esc cleve a 26.000 dollars seulement en 1975/76) et en partie ayx autres institutions qui hesitent a les lui fournir ou en sont incapables.~ Donc, l'Institut ne dispose que de peu de renseignements sur le secteur pu­ blic. Ce~te lacune est une source de nombreuses confusions importantes. Par exemple, l'Institut a estime la croissance economique durant la periode 1971-75 a 4,6 i; par an en termes reels. Cependant, des quelque 51 millions de dollars d'augmentation du PIB au cours de cette periode (prix de 1955), 24 millions - soit presque 1a moitie - ont ete attribues a la croissance reelIe du secteur gouvernemental. On expliqua ceci par une augmentation des depenses publiques que l'Institut considera equivalente a la contribution materie1le du secteur public a la croissance. Une analyse plus complete des activites du secteur public par la mission a montre que cette these n'a pas de fondements solides et lorsque cette augmentation de contribution de l'ad­ ministration publique au PIB a ete maintenue au niveau de 1971 dans les ca1­ culs de la mission, la croissance du PIB a ete reduite a 2,5 % par an. 63. De meme, la connaissance statistique de la croissance du secteur agrico1e est insuffisante. Les calcu1s sont bases sur l'hypothese se10n la­ quelle les trois quarts au moins de la croissance agricole sont diriges vers le maintien de 1a consommation alimentaire par habitant dans les zones rura­ les et, par consequent, 1a croissance de la production agricole est regula­ risee dans les series statistiques. Par contre, la mission a utilise un groupe type de produits agricoles et a trouve que 1a croissance agricole a subi parfois de violentes fluctuations, conclusion qu'etaye 1a rea1ite: les desastres naturels de 1973 et 1975 auxquels s'est ajoute l'arr~t de l'irri­ gation ont ralenti 1a production agricole. 1/ En depit de ces difficultes, l'Institut a pu publier ces dernieres an­ nees d'importants documents statistiques comme l'enquete socio-economique de 1970. le guide statistique de 1971, le recensement de la population, du logement et de l'agriculture de 1971, les enquetes demographiques de 1971 et 1974, l'enquete industrie1le de 1971 et une importante revision des comptes nationaux pour la periode 1955-75. - 28 ­ Administration economigue 64. Le Ministere du commerce et de l'industrie est l'un des plus impor­ tants ministeres economiques. Le Ministere a souffert principalement de per­ tes de personnel, probablement parce que son personnel hautement qualifie n'a peut-etre pas eu de difficultes a occuper les emplois disponibles dans les secteurs industriel et commercial en pleine croissance alors que les traitements verses par l'administration etaient insuffisants. L'administra­ tion de l'industrie est basee sur des lois que Ie Ministere ne peut parfois pas appliquer effectivement - a cause de sa carence de personnel, ce qui a un effet particulierement nuisible sur la solidite de nouveaux investisse­ ments etrangers. Les nationaux et les etrangers qui posent leur candidature en vue de beneficier d'importants avantages fiscaux ne sont pas examines avec soin. II existe une commission des investissements etrangers qui se reunit chaque semaine, mais elle dispose de peu de donnees pour prendre ses decisions puisqu'il n'y a pas de systeme de classement et de controle. Le Ministere est suppose ~ontroler les importations de fa~on a encourager la production nationale de biens simples. II est possible qu'il ne puisse pas y parvenir, d'une part parce que les importateurs representent un groupe tres influent et d'autre part parce que Ie ministere ne dispose pas d'un personnel qualifie suffisant pour entreprendre les analyses appropriees et etablir Ie niveau adequat des droits d'entree. L'inactivite dans ces domai­ nes contraste avec une divergence des tendances de prix, qui a ete notee du­ rant les cinq dernieres annees et qui s'est particulierement acceleree recem­ ment quand les prix des produits nationaux augmenterent de 20,1 % par an du­ rant la periode 1972-75 alors que les prix des importations n'augmentaient que de 8,8 % durant la meme periode. La constance du taux de change, l'in­ flation nationale, Ie bas niveau des droits d'entree et la facilite d'obte­ nir des exonerations de droits s'unirent pour faire de l'importation une activite de plus en plus rentable. 65. On a recemment revitalise quelque peu le Ministere de l'agriculture, grace a la creation d'un Bureau de la programmation au DARNDR!I avec l'assis­ tance de l'ACDI, de la FAO, de l'IICA et d'autres institutions, au renforce­ ment du Bureau du credit agricole (BCA) par l'USAID et la proposition de creation d'un institut de commercialisation au'DARIIDR. Cependant, il en faut beaucoup plus pour ameliorer les capacites de planification, d'executionet de soutien des organismes agricoles, particulierement dans les domaines de la promotion et de la vulgarisation rurales qui sont essentiels a tout effort de developpement agricole. 11 Departement de l'agriculture, des ressources naturelles et du developpe­ ment rural. - 29 ­ 66. La Plan quinquennal de developpement agricole propose reconnait ce besoin de renforcement du sec:eur agricole public et essaie de s'attaquer a quelques-uns des principaux obstacles au developpement agricole, grace a une serie de programmes destines a renforcer et ameliorer les services agricoles, l'infrastructure rurale ainsi ~ue la planification sectorielle, a la mise en oeuvre d'une politique de regionalisation et la creation d'ilots de develop­ pement dans l'ensemble du pays. Les mesures envisagees sont Ie prolongement direct des efforts deployes precedemment en vue de reduire certaines contrain­ tes dans Ie secteur agricole - modification des taxes a l'exportation sur Ie cafe et Ie sucre, elimination des impots sur les ventes interieures de pro­ duits essentiels, adoption d'une loi rendant obligatoire la culture de tou­ tes les terres arables, augmentation du prix de la canne a sucre paye aux producteurs. Toutes ces mesures constituent un effort important en vue de l'amelioration du secteur agricole et temoignent de l'attention qui a ete accordee a la planification agricole au cours de ces dernieres annees. Ce­ pendant, etant donne les ressources financieres et humaines considerables qu'exige l'execution de ce plan ambitieux, il serait bon d'etablir avec soin un ordre de priorite parmi les divers programmes, ce qui contribuerait a exe­ cuter ledit plan dans les limites du budget approuve et de la capacite d'ab­ sorption du secteur agricole public. En outre, Ie besoin crucial de renfor­ cement du DARNDR et de ses organismes affilies, sur lequel Ie Plan insiste constamment, est intimement lie au developpement de l'education agricole a la fois aux niveaux superieur et intermediaire, aussi bien qu'a la politique generale des traitements dans la fonction publique. 67. Tant que l'on n'aura pas pris de telles mesures, Ie secteur agri­ cole continuera a dependre en grande partie de la reussite des projets agri­ coles en cours. Cependant, l'incidence de ces projets pourrait etre limitee par les contraintes clairement reconnues dans Ie plan de developpement. Monnaie et prix 68. Prix. L'inflation des prix etait relativement peu connue en HaIti avant 1972:--Pendant la periode 1967-72, Ie coefficient de deflation impli­ cite du PIB et l'indice des prix a la consommation l / n'ont enregistre qu'une augmentation annuelle de 1,6 et 2,4 % respectivement. Puis a suivi une pe­ riode d'acceleration accentuee de l'inflation en 1972-75 quand Ie coefficient de deflation du PIB et l'indice des prix a la consommation augmentaient de 20,3 et 17,6 % par an. La moyenne des augmentations de l'indice des prix a la consommation etait de 17,6 % durant la merne periode et quand on tient 1/ Calcule pour Port-au-Prince seulement. - 30 ­ compte egalement dee. augmentations de la consommation privee a Port-au-Prince d'une moyenne reelle de 16 % par an, cela suggere l'influence d'une augmenta-, tion rapide de la demande sur l'inflation des prix a la consommation. 69. Les prix a la consommation refletent en Haiti principalement des changements dans Ie prix de la nourriture et des vetements qui constituent respectivement 69 % et 20 % de l'indice des prix. Le brusque rencherissement des aliments a ete partiellement dO a l'augmentation substantielle des prix des produits alimentaires importes, dont la moyenne etait de 35 % par an en 1972-75. La faiblesse de l'offre interieure de produits alimentaires a con­ tribue a pousser vers Ie haut les prix alimentaires, la production de quatre denrees principales (mais, millet, haricots et bananes) diminuant ou restant stagnante et la production insuffisante d'autres produits (lait, riz, pois­ sons seches, graisse et huile) devant etre completee par des importations. 70. D'autres prix suivirent la tendance sur la schene nationale. Apres une stagnation de plus de dix ans, les taux de salaires journaliers minimums augmenterent de 30 %, passant de 1 a 1,30 dollar en janvier 1974 pour com­ penser les augmentations de prix alimentaires survenus au cours de l'annee precedente. Le coOt de construction augmentait de 16 % annuellement et celui de l'habillement, de 21 %. Quoiqu'il existe peu de donnees statistiques, Ie deroulement des evenements tend a suggerer que 1a demande privee a Port-au­ Prince, non restreinte et augmentant rapidement, a exerce une pression sur l'offre domestique de produits aliment aires et a deborde sur les importations de produits alimentaires. Les prix de ces derniers ont augmente brusquement sur les marches etrangers durant les trois dernieres annees et il semble que ce soit l'un des facteurs importants a la s?urce de l'augmentation brusque des prix haitiens depuis 1973 (Tableau 7).~ Une regression lineaire compte tenu de l'indice des prix a la consomma­ tion a Port-au-Prince et l'indice d'inflation internationale montre une correlation tres etroite: y = Indice des prix a la consommation x • Indice d'inflation internationale y - 5,4 ... 0,9 x R 2 = 0,976; t . 19,2 Nombre d'observations: 20 - 31 ­ 71. l~onnaie. Contrair€.lent aux autres pays de 1 'hemisphere occidental, il semble clue l' expansion de 1a masse monetaire n' ait exerce qu 'une influence negligeable sur les prix. L'ofire de monnaie a augmente en 1972-75 au taux de 10,2 % par an alors que Ips prix augmentaient a un taux a peu pres double; durant les cinq annees preceG~ntest quand l'offre de monnaie augmentait de 16 % par an, les prix etaient presque stables. Donc, les prix ont augmente a des taux plus bas quand l'expansion de la masse monetaire a ete la plus forte et vice v~::!rsa. L'expansion monetaire etait egalement bien au-dessous de l'augmentation annuelle moyenne du PIB nominale en 1972-75, alors que l'inverse ecait vrai pour les ciriq annees precedentes. De 6,6 % du PIB en 1967, l'offre de monnaie est passee a un maximum de 9,5 % du PIB en 1972 pour diminuer progressivement ensuite et atteindre 6,7 % du PIB en 1975 (voir Tableau Ar~exe 6.4). 72. Une diminution graduelle de la demande transactionnelle d'encais­ ses, c'est-a-dire une augmentation rapide de la vitesse de circulation de la monnaie, a rendu possible une expansion de la masse monetaire lente pen­ dant une periode de hausse de prix brusquement acceleree. Une raison prin­ cipale de 1a diminution de la demande transactionnelle a ete la tentative des deposants de proteger la valeur reelle de leurs avoirs financiers contre les effets de l'inflation. On a assiste a un renversement de tendance en faveur des depots productifs d'interet qui furent davantage stimules par une augmentation des taux d'interet de 2-4 % a 6-8 % pour les depots a terme et les depots d'epargne. 73. Le secteur prive a ete Ie principal beneficiaire du credit interieur net pendant la periode 1973-75 et a absorbe 64 % de l'augmentation totale de credit. L'acceleration de la demande de credit du secteur prive au cours de ces annees est due en partie a l'acceleration de l'inflation des prix. - 32 ­ Tableau 7: MOUVEMENTS DE LA MONNAIE ET DES PRIX (croissance 'annue11e, en %) 1967-'12 1972-75 PIB Croissance nominaIe 4,6 23,9 Coefficient de deflation imp1icite 1,6 20,3 Prix Consommation 2,4 17,6 Alimentation 2,9 18,5 Hab i11ement 5,3 21,0 Logement -1,5 11,6 Investissement -3,5 15,9 Materiel importe -5,7 12,3 Construction -0,7 16,1 Produits a1imentaires importes ~I 6,2 35,2 Indice international des prix 5,0 16,9 Monnaie et credit Monnaie et quasi-monnaies 18,7 22,9 Monnaie 16,0 10,2 Quasi-monnaies 25,3 43,8 Credit domestique net 8,0 44,0 Secteur public 6,0 24,5 Secteur prive 10,4 70,0 al Choix d'importations a1imentaires representant environ 80 % des importa­ tions a1imentaires en 1975. Tableau 8: DEHANDE TRANSACTIONNELLE DE MONNAIE 1972 1973 1974 1975 Demande transactionne11e 0,095 0,093 0,086 0,067 - 33 ­ SOURCES DE FIN&~CEMENT DU CREDIT INTERIEUR NET Tableau 9: DU SYSTEME BANCAIRE (augmentation en millions de gourdes au cours de la periode) 1971-72 1973-75 Credit interieur net 53,1 562,0 Avoirs exterieurs nets 69,8 Total 102,9 562,0 Financement: 102,9 562,0 Monnaie 76,9 74,5 Quasi-monnaies 46,0 199,9 Engagements exterieurs nets 287,6 Si Ie remplacemerit des encaisses par des depots productifs d'interet avait ete la seule raison de Is diminution de la demande transactionnelle de mon­ naie, la masse monetaire et non les engagements exterieurs, aurait enregis­ tre une augmentation supplementaire de 288 millions de gourdes. Les benefi­ ciaires du credit ont donc utilise une partie des fonds obtenus du systeme bancaire pour financer des operations a l'etranger et, pour compenser cette fuite, ont dO augmenter la rotation de leurs encaisses. 74. Ce credit a ete utilise au moins de trois fa~ons. D'abord, 11 a servi de credit normal a court terme pour des operations commerciales inter­ nes. Deuxiemement, il a ete lie a une augmentation tres rapide des importa­ tions et en particulier des prix a l'importation. Les importations de biens et de services non facteurs ont augmente durant les trois dernieres annees au taux de 24 % par an aux prix courants, les prix a l'importation passant de 1,8 % par an durant 1a periode 1967-72 a 11,8 % par an durant lea anneea 1972-75. Le systeme bancaire a du par consequent augmenter lea ¢redita de financement des importations et une part beaucoup plus grande de l'augmenta­ tion du credit interieur net a ete utilisee pour Ie financement des importa­ tions. Troisiemement, une partie de ces credits a pu etre incluse dans les sorties de capitaux prives et les importations non enregistrees qui ont re­ presente quelque 82 millions de dollars durant la periode 1973-75. Finances publiques 75. L'influence des institutions publiques centrales sur la mobilisa­ tion et l'usage des fonds en HaIti est insuffisante. Get etat de fait reduit - 34 ­ par trop 1e role du budget de fonctionnement dans l'a110cation des ressour­ ces pour 1es depenses ordinaires et dans l'ame1ioration de l'efficacite du secteur public. Ce role limite s'affaib1it encore, et l'ana1yse des tendan­ ces recentes des finances pub1iques 1aisse apparaitre une deterioration sen­ sible. Les depenses ordinaires du budget ont baisse de 5,7 % par an en ter­ mes reels au cours desdlWltee annees passees. Les recettes pub1iques ont augmente beaucoup plus 1entement que 1es depenses et 1e deficit du gouverne­ ment central a plus que double en termes reels pour atteindre 4,3 % du PIB en 1975. 76. Les recettes du gouvernement central ont augmente de 15,9 % par an durant 1a periode 1971-75, c'est-a-dire moins que 1e PIB nominal. En conse­ quence, 1e rapport recettes/PIB est passe de 11,8 en 1971 a 10,8 en 1975. (Tableau 13). Pendant 1a meme periode, l'augmentation des depenses a cons­ tamment ete superieure a l'augmentation des recettes et 1e deficit annue1 qui etait de 47,2 millions de gourdes en 1971 a atteint 191,1 millions de gourdes en 1975. Toutes 1es trois composantes des depenses tota1es - depen­ ses budgetaires, depenses extra-budgetaires, et depenses de deve10ppement ­ ont evo1ue bien differemment pendant 1a periode. Les depenses de deve10ppe­ ment ont connu une augmentation importante qui a represente presque 1a moi­ tie (45 %) de l'augmentation des depenses tota1es. On peut attribuer 1a grande partie (40 %) des autres 55 % a l'augmentation des depenses ordinai­ res extra-budgetaires, et seu1ement une faib1e fraction (15 %) a l'augmenta­ tion des depenses budgetaires ordinaires. Tableau 10: AUGMENTATION DES DEPENSES DE L'ADMINISTRATION CENTRALE (en millions de gourdes) Augmen- Taux d'aug­ tation mentation 1971 1972 1973 1974 1975 1971-75 % E·a. Depenses tota1es 310,7 326,3 328,7 440,5 666,6 355,9 21,0 Depenses ordinaires 1/ 256,8 264,2 263,6 328,6 452,6 195,8 15,2 Budgetaires 152,3 159,9 171,8 176,8 204,3 52,0 7,6 Extra-budgetaires 104,5 104,3 91,8 151,8 248,3 143,8 24,2 Depenses de deve10ppe­ ment J:./ 53,9 62,1 65,1 111,9 213,9 160.0 41.1 l/ Depenses tota1es moins depenses de deve10ppement. J:./ Chiffres bases sur 1es donnees fournies par 1e CONADEP. Pour 1es annees 1971, 1972, et 1973, on a suppose que l'Administration centrale a finance 1es deux tiers des investissements du secteur public. Pour 1es annees 1974 et 1975, on a utilise 1es donnees disponib1es. '. ~ I Tableau 11: DEFICIT DE L'ADMINISTRATION CENTRALE ET SON FINANCE~ffiNT (en millions de gourdes) Source: Fstimati()ns de la mission d 'apres les statistiques de la BNRH. _ 36 ­ Tableau 12: EPAR(;NE DE L'ENSEMBLE DU SECTEUR PUBLIC EN 1974/1975 1/ . (en millions de gourdes, aux prix courants) ­ i 1974 7 Entrepri- Total Entrepri- Total Administration ses publi- secteur Administration ses publi- secteur centrale ques public centrale ques public l. Recettes tota1es 334,7 14,6 349,3 475,4 14,0 489,4 2. Depenses ordinaires 328,6 0,5 329,1 452,6 3,8 456,4 1. J~_a.-rgne appar..ente _6, 1 14,1 ].9,2 ]2,~ 10,2 3l,~ moins 1es depenses causees par l'assistance technique 36,6 36,6 40,7 40,7 4. !~<~y