M O B I L I S AT I O N D E S PA R T I E S P R E N A N T E S E N A F R I Q U E D E S PA RT E N A R I AT S S T R AT É G I Q U E S P O U R U N I M PA C T R É E L S U R L E D É V E LO P P E M E N T Organisations de la société civile parlementaires et D ans le cadre de ses activités en Afrique, la Banque mondiale s’efforce de collaborer avec un large éventail de parties prenantes issues ou non des gouvernements nationaux. En favorisant le partage de points de vue et la coopération, cette démarche a pour objectif de renforcer l’impact de ses opérations sur le développement. Les organisations de la société civile, les organisations confessionnelles et les parlements, en particulier, font figure de leviers essentiels pour optimiser l’efficacité du développement dans les pays africains. Depuis quelques années, la Région Afrique de la Banque mondiale s’emploie à nouer des relations plus étroites avec la société civile et les membres des parlements. Le présent recueil revient sur les expériences menées avec succès dans onze pays africains. La spécificité du contexte national définit les modalités de collaboration avec ces parties prenantes, faisant émerger toute une palette d’activités et de meilleures pratiques susceptibles d’être adaptées ailleurs. O R G A N I S AT I O N S DE LA SOCI ÉTÉ LES CIVILE PARLEM ENTAI RES 04 GHANA : Créer une plateforme dédiée pour des relations plus riches et 16 CAMEROUN : Sensibiliser et rallier les parlementaires aux projets de la ciblées avec les OSC Banque mondiale 06 MALAWI : Mobiliser les OSC pour une gouvernance plus responsable 18 MADAGASCAR : Multiplier les interactions avec les parlementaires pour accroître dans l’éducation leur rôle dans le développement 08 MOZAMBIQUE : Se rapprocher des OSC pour bâtir une compréhension 20 NIGÉRIA : Dialoguer avec les parlementaires pour une meilleure réciproque compréhension des projets 10 SÉNÉGAL : Associer les OSC à la planification et à la mise en 22 AFRIQUE DU SUD : Renforcer le dialogue avec les parlementaires autour de œuvre des projets rapports phares 12 TOGO : Collaborer avec les OSC selon une approche à trois niveaux 24 ZAMBIE : Consulter les parlementaires pour partager les connaissances et favoriser la supervision 14 OUGANDA : Coopérer avec les OSC pour une responsabilité, une efficacité et un impact accrus TISSER DES LIENS AVEC les organisations de la société civile Les organisations de la société civile (OSC) sont des partenaires de longue date pour le développement, intervenant au premier comme à l’arrière-plan pour contribuer à résoudre des enjeux parmi les plus pressants en Afrique. Ces organisations plaident pour une bonne gouvernance et plus de transparence, et servent de relais d’expression pour les populations, concourant ainsi à accroître la responsabilité et l’inclusion sociales. La Banque mondiale collabore avec les OSC afin de favoriser : 1. une coopération avec les pays porteuse de solutions de développement locales efficaces 2. la responsabilité sociale grâce au suivi de ses opérations 3. l’insertion sociale des groupes marginalisés 4. une participation accrue des OSC au débat sur le développement La Banque a renforcé sa collaboration opérationnelle avec les parties prenantes en incitant les OSC à participer à la mise en œuvre et au suivi des projets qu’elle finance et en s’assurant leur coopération dans des domaines comme l’éducation, la santé, les infrastructures, etc. Collaborer avec les organisations de la société civile • Concertations sur les politiques et partage d’informations autour de secteurs spécifiques • Forum de la société civile et ateliers pendant les Réunions de printemps et les Assemblées annuelles de la Banque mondiale • Participation à la Journée pour l’élimination de la pauvreté, aux journées portes ouvertes et à d’autres manifestations • Consultations sur les cadres de partenariat avec les pays, les diagnostics-pays systématiques, les rapports de suivi de la situation économique et l’élaboration de projets • Collaboration opérationnelle pour mettre en œuvre les activités de projet • Soutien à travers le Partenariat mondial pour la responsabilité sociale • Ateliers de renforcement des capacités • Accès libre et gratuit aux données de la Banque mondiale et à ses recherches de pointe sur le développement 2 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires TISSER DES LIENS AVEC les parlementaires Parce qu’ils promulguent les lois, débattent des politiques à conduire et approuvent les prêts et les budgets d’aide extérieure, les parlementaires sont des interlocuteurs naturels pour tout ce qui a trait au développement national. Ils influencent et examinent les politiques de développement et tiennent le gouvernement responsable © O. Hebga/Banque mondiale des programmes financés par la Banque mondiale. La collaboration avec les parlementaires permet de forger une volonté politique durable et d’obtenir un soutien Le cadre de partenariat-pays financier pour le mandat et les opérations de la Banque. Le structure le soutien apporté par le renforcement des activités de plaidoyer des parlementaires Groupe de la Banque mondiale à peut conditionner la réussite des programmes et garantir l’un de ses pays membres. Il repose leur adéquation aux attentes des populations. sur un modèle de collaboration qui privilégie systématiquement l’initiative des pays, tout en étant ancré sur des Collaborer avec les parlementaires données probantes, sélectif et axé • Réseau des parlementaires sur la Banque sur la réalisation durable du double mondiale et le Fonds monétaire international objectif de la Banque visant à mettre • Conférences parlementaires et ateliers fin à l’extrême pauvreté et promouvoir pendant les Réunions de printemps et les une prospérité partagée. Assemblées annuelles de la Banque mondiale • Visites de terrain pour constater l’impact des Chaque nouveau cadre de programmes de la Banque mondiale partenariat-pays s’appuie sur les • Consultations sur les cadres de partenariat éléments fournis par le diagnostic- avec les pays, les diagnostics-pays pays systématique. Tiré d’une systématiques et d’autres stratégies et analyse détaillée et nourri par des politiques de la Banque mondiale consultations avec un large éventail • Réunions thématiques de parties prenantes, ce diagnostic • Ateliers de renforcement des capacités identifie les principaux défis et les • Accès libre et gratuit aux données de la meilleures possibilités qui s’offrent Banque mondiale et à ses recherches de à un pays pour atteindre ce double pointe sur le développement objectif. 3 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E GHANA Créer une plateforme dédiée pour des relations plus riches et ciblées avec les OSC La Banque mondiale s’emploie à resserrer ses relations avec les organisations de la société civile ghanéenne pour améliorer les résultats des projets et renforcer la responsabilité. Ses efforts portent sur quatre domaines clés : 1. améliorer la compréhension par les OSC des opérations de la Banque dans le pays (politiques, projets et programmes) 2. accroître la capacité des OSC à suivre et évaluer les projets et programmes de la Banque 3. mettre en place une plateforme pour la société civile plus structurée 4. établir les bases d’une collaboration plus étroite et d’une action de plaidoyer efficace Dans un premier temps, toutes les coordonnées des OSC ont été compilées dans une base de données, afin de faciliter et de mieux organiser les actions de communication sur les tables rondes, journées portes ouvertes et autres manifestations de la Banque mondiale. Cet effort de rationalisation a permis de mettre en place une nouvelle plateforme à l’intention de la société civile, conçue pour mieux cibler les OSC et assurer des interactions spécifiques à différents niveaux. D’accès libre et gratuit, ce dispositif entend faciliter la participation des OSC aux discussions sur les projets de la Banque au Ghana et améliorer l’accès à ses connaissances. Des réunions sont organisées tous les trimestres avec les OSC sur des thèmes précis définis par le groupe de travail (voir graphique ci-dessous). Ainsi, à la demande d’OSC travaillant sur les questions de gouvernance, la Banque mondiale a usé de son pouvoir de mobilisation pour inviter le contrôleur des comptes publics du Ghana à informer les membres de la plateforme sur la gestion des finances de l’État et les solutions permettant de renforcer le rendre compte dans le pays. Les OSC ont ainsi pu nouer des échanges informés avec le ministère des Finances autour des grands enjeux financiers et pour faire des recommandations utiles en vue d’améliorer le contrôle des dépenses. Elles ont également été en mesure d’optimiser 4 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires En avril 2017, la Banque mondiale a invité les OSC du Ghana à discuter de l’examen de la performance du portefeuille- pays et à participer à une « foire des résultats » pour découvrir plus en profondeur les projets qu’elle finance dans le pays. © Kennedy Fosu/Banque mondiale La plateforme de la Banque mondiale pour la leur collaboration avec d’autres organismes société civile multilatéraux et avec le gouvernement sur les aspects budgétaires. COMITÉ DE PILOTAGE En février 2019, les OSC ont notamment fait équipe L’ÉQUIPE DE avec la Plateforme pour la gouvernance économique LA BANQUE Membres élus ou (ancienne plateforme de la société civile sur le programme du FMI) et Oxfam pour une table ronde MONDIALE nommés parmi les membres du groupe de consacrée aux modalités de fonctionnement d’un travail conseil budgétaire au Ghana. Organisée à la suite d’un programme de renflouement du pays soutenu par le FMI, cette table ronde a réuni d’éminents intervenants et une cinquantaine de participants issus de la société civile, de la communauté du développement, GROUPE DE du monde universitaire et de la presse. La rencontre a été l’occasion de partager TRAVAIL des recherches, des analyses et des points de vue, mais aussi d’appeler le gouvernement à renforcer la discipline budgétaire. Un représentant des OSC répertoriées en fonction des secteurs de la Banque Résultats et prochaines étapes mondiale (eau, santé, etc.) La plateforme de la Banque mondiale pour la société civile au Ghana a contribué à étoffer les relations avec les OSC. L’antenne de la Banque à Accra invite désormais les représentants des OSC pour l’examen de la performance du portefeuille-pays, auquel celles-ci n’étaient auparavant pas associées. Les OSC jouent également un MEMBRES rôle plus important pour assurer le retour d’informations sur les investissements Cinq représentants issus de la Banque dans les systèmes de gestion des finances publiques du Ghana. des coalitions/plateformes Leurs précieuses contributions en matière de lutte contre le clientélisme politique nationales et la corruption ont été intégrées dans le diagnostic-pays systématique finalisé en novembre 2018, qui servira à définir le prochain cadre de partenariat de la Banque avec le Ghana. 5 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E MALAWI Mobiliser les OSC pour une gouvernance plus responsable dans l’éducation Depuis plusieurs années, la Banque mondiale collabore avec les organisations de la société civile du Malawi, par le biais du Partenariat mondial pour la responsabilité sociale (GPSA), afin d’améliorer la gouvernance dans le secteur de l’éducation. Le GPSA aide la société civile et les gouvernements à travailler ensemble à la résolution d’enjeux cruciaux. Il apporte un soutien stratégique durable aux actions de responsabilité sociale entreprises par les OSC en vue de renforcer la transparence et le rendre compte. Au Malawi, le principal axe de mobilisation porte sur la gouvernance de l’éducation. Les discussions ont débuté en 2013, lorsqu’une enquête de la Banque mondiale a révélé la place prioritaire de l’éducation et de la gouvernance/corruption dans les préoccupations des parties prenantes. Le GPSA a saisi l’occasion de conjuguer ces deux priorités à travers un projet axé sur la passation des marchés pour les supports d’enseignement et d’apprentissage et sur l’absentéisme des enseignants, deux problèmes qui nuisent aux acquis scolaires des élèves du primaire. Avec le soutien du GPSA, trois organisations — le Malawi Economic Justice Network (une coalition d’OSC au fait des questions de gouvernance), Care Malawi et la Civil Society Education Coalition — ont lancé des activités de renforcement des capacités des OSC et des populations en matière de suivi et de plaidoyer en faveur de la transparence et de la reddition de comptes dans les marchés publics du secteur de l’éducation. Dans le cadre d’une opération couvrant 90 écoles dans 12 districts du pays, elles ont également amélioré le contrôle de l’absentéisme des enseignants grâce à des instruments de responsabilisation sociale (enquêtes d’évaluation par la population, notamment) et aux technologies mobiles. 6 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Des écoliers plongés dans leurs manuels à l’école primaire de Nkasaulo, dans le district de Machinga au Malawi, l’un des districts visés par un programme de fourniture de manuels scolaires. © Zeria N. Banda/Banque mondiale Résultats et prochaines étapes Depuis cette mobilisation ciblée des OSC, la vente illégale de manuels scolaires a été réduite de 80 % et les écoles qui ne recevaient jamais d’ouvrages, faute d’apparaître dans le registre national des établissements scolaires, sont désormais fournies. Plus de 7 600 membres de comités d’école locaux ont été formés au suivi des marchés publics, ce qui a conduit à une responsabilité accrue de la part des enseignants et des administrateurs vis-à-vis de l’achat de fournitures scolaires. Les rapports de suivi des OSC sont désormais partagés avec les autorités locales et le bureau du directeur des marchés publics, ce qui accélère les temps de réaction et évite au ministère de l’Éducation des dépenses inutiles. Le sous-secteur de l’enseignement primaire représente pratiquement les deux tiers des dépenses nationales d’éducation. Dans les écoles couvertes par le projet, l’absentéisme des enseignants a reculé de 15 %. Parents et collectivités s’emploient ensemble à remédier aux causes de cet absentéisme (dont un taux élevé d’élèves par enseignant). Par ailleurs, les relations entre enseignants, parents et élèves se sont améliorées, comme le montre la hausse du taux d’assiduité et l’implication des parents dans les activités scolaires de développement. Prises ensemble, ces améliorations devraient améliorer les résultats d’apprentissage en primaire, avec des conséquences positives en dehors de la seule sphère scolaire. La qualité de l’apprentissage en primaire est corrélée à la progression ultérieure dans le reste du système éducatif et au taux national d’alphabétisation, deux facteurs qui influent sur l’indice de développement humain du pays. 7 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E MOZAMBIQUE Se rapprocher des OSC pour bâtir une compréhension réciproque La Banque mondiale collabore de longue date avec les organisations de la société civile du Mozambique, afin d’affiner sa perception du « terrain » mais aussi des causes profondes des conflits récurrents dans le pays et, ainsi, atténuer les risques. Au fil des ans, plusieurs initiatives ont visé à améliorer la collecte d’informations par la Banque, en renforçant ses capacités d’écoute et en développant le dialogue avec la société civile. La Banque, par le biais de son antenne à Maputo, a ainsi lancé des déjeuners de travail avec des représentants de la société civile mozambicaine pour favoriser le partage de points de vue sur les défis du pays. Ces rencontres font désormais partie de la routine, le personnel invitant régulièrement des intervenants de tous horizons pour recueillir leur opinion. Les thématiques abordées sont très variées, des questions sociales aux problèmes sécuritaires en passant par la culture, l’économie, la politique ou le budget. Pour la Journée internationale des femmes, en mars 2019, la Banque a invité quatre jeunes entrepreneures et deux artistes féminines qui ont évoqué leurs difficultés quotidiennes et leurs réussites. En préambule, l’écrivaine et anthropologue mozambicaine Paulina Chiziane avait présenté les histoires qui se cachent derrière les personnages de ses romans, connus pour leur profondeur anthropologique et leur résonance avec la richesse du patrimoine culturel national. Dans ses rapports avec les acteurs non étatiques du Mozambique, la Banque mondiale privilégie l’écoute et l’apprentissage, mais elle s’efforce également d’informer et éduquer ses interlocuteurs sur son rôle dans le pays. Le partenariat récent avec le programme de journalisme Media Lab est ainsi né de la reconnaissance de la nécessité, pour la Banque, de promouvoir une presse compétente pour renforcer l’information et l’influence des citoyens ainsi que les mécanismes de responsabilisation. Administrée par l’IREX, un organisme international de développement et d’éducation, et financée par l’USAID, cette initiative lancée en 2018 entend aider les futurs 8 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Pour célébrer la Journée internationale des femmes 2019, le bureau de la Banque mondiale au Mozambique a invité des entrepreneures et des artistes locales à partager leurs expériences avec son personnel. © Rafael Saute/Banque mondiale journalistes du Mozambique à mieux comprendre et interpréter les enjeux complexes du développement : gestion des ressources naturelles, économie de la pauvreté, développement humain, dividende démographique, diversification économique, emploi, etc. Ce sont là quelques-uns des thèmes que les experts de la Banque mondiale ont évoqués dans une conférence et une série d’échanges avec de jeunes journalistes. Un an après son lancement, le partenariat s’étoffe grâce aux efforts de recrutement, par le bureau de la Banque au Mozambique, de stagiaires pour son département de la communication et ses pôles d’expertise. Résultats et prochaines étapes S’il est effectivement difficile de mesurer leur impact, ces échanges avec la société civile ont permis à la Banque mondiale de mieux comprendre l’économie politique du pays et lui ont fourni des éléments pour étayer ses interventions et ses opérations d’atténuation du risque. La pratique des déjeuners de travail avec des orateurs invités s’est considérablement développée au sein du bureau local de la Banque. Tous les pôles d’expertise rencontrent désormais régulièrement des experts extérieurs dans leurs domaines d’intérêt pour profiter de leur vision des choses et échanger des idées. Ces intervenants extérieurs sont également invités à participer aux retraites de l’équipe-pays. 9 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E SÉNÉGAL Associer les OSC à la planification et à la mise en œuvre des projets De solides relations avec les organisations de la société civile sénégalaise sont au cœur du travail de la Banque mondiale dans le pays, en particulier pour les projets financés par l’Association internationale de développement (IDA), son fonds pour les pays les plus pauvres. Les OSC participent à l’élaboration des projets conçus pour trouver des solutions qui bénéficieront aux populations, ainsi qu’à leur mise en œuvre, qui nécessite de mobiliser l’action et le soutien des habitants en faveur de la réalisation d’objectifs communs. Le projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (PROGEP), par exemple, s’emploie à minimiser les risques d’inondation dans les quartiers périurbains de Dakar, la capitale, et à améliorer les capacités de planification et de mise en œuvre d’une gestion urbaine durable et adaptée aux enjeux climatiques. Depuis son lancement en 2012, plus de 144 000 personnes et 744 hectares de zones inondables ont été protégés contre les inondations et les risques qui en découlent. La création de comités de citoyens contribuant aux objectifs du projet fait partie des résultats de la collaboration entre la Banque mondiale et les OSC. À Pikine, à l’est de Dakar, le comité local d’initiative et de gestion des eaux pluviales et du changement climatique (COLIGEP) a été pleinement impliqué dans l’élaboration et la mise en œuvre du projet. C’est l’un des neuf comités constitués pour garantir l’adoption et la réalisation des programmes de renforcement des capacités, y compris à travers la formation continue et l’achat d’équipements. Les projets d’investissement communautaires ont été particulièrement productifs, conjuguant espaces et équipements sociaux partagés (terrains de jeu ou de sport) et ouvrages pour l’écoulement des eaux de pluie (bassins ou conduits d’évacuation). Ces comités jouent un rôle de premier plan pour pérenniser les meilleures pratiques introduites par le projet, en garantissant durablement le sentiment d’appropriation et la responsabilisation des populations locales. 10 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Représentante de la communauté à Yeumbeul Nord et membre du PROGEP. © Mademba Ndiaye/Banque mondiale Les OSC ont également joué un rôle clé dans l’achèvement de l’autoroute à péage Dakar- Diamniadio, un tronçon de 24 kilomètres de long qui permet de réduire considérablement le temps de trajet entre les deux villes. Elles ont servi d’interface avec les habitants touchés par le projet et déployé avec succès le plan de réinstallation de ces populations dans la région. Grâce à leur implication et leur détermination, et avec le soutien du gouvernement acquis dès le début du projet, 30 000 personnes ont pu être relogées. Le projet de système de bus rapides sur voie réservée à Dakar s’inspire de cette expérience pour collaborer avec les OSC et faciliter le bon déroulement de la réinstallation des habitants. Résultats et prochaines étapes L’implication des OSC et des citoyens dans les projets continue de se renforcer. L’amélioration de la gestion du mécanisme de règlement des plaintes vise ainsi à associer les OSC en soutien aux populations potentiellement touchées par un projet. Au-delà des projets, le bureau de la Banque mondiale au Sénégal s’est rapproché des OSC pour optimiser les processus d’élaboration du diagnostic-pays systématique et du cadre de partenariat avec le pays. En juin 2017, il a coorganisé avec le CONGAD, une plateforme d’ONG sénégalaises, une consultation sur le diagnostic-pays avec 20 des plus grandes OSC intervenant dans un large éventail de secteurs — jeunesse, femmes, droits de l’homme, développement ou éducation. Un groupe similaire s’est réuni en mars 2019 pour discuter du projet de cadre de partenariat pour la période 2019-24. 11 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E TOGO Collaborer avec les OSC selon une approche à trois niveaux La Banque mondiale a tissé de solides relations avec les organisations de la société civile togolaise. Cette collaboration favorise une participation soutenue des OSC dans la préparation et la supervision des projets, le traitement des enjeux de gouvernance et, plus globalement, dans les débats sur le développement. Elle intervient à trois niveaux distincts : 1. Associations locales et groupes de villageois : les équipes de la Banque rencontrent ces organisations de base à l’occasion des missions de supervision, afin de discuter de leur participation aux projets et de l’impact potentiel de ces opérations sur leurs conditions de vie. Pour préparer un projet visant à améliorer l’accès des pauvres aux services essentiels à travers la mobilisation des usagers, la Banque mondiale a ainsi conduit une série de consultations avec les OSC dans quatre villages cibles. Les habitants ont identifié leurs besoins et leurs priorités à l’aide de questionnaires, ce qui a permis à l’équipe chargée du projet d’élaborer un cadre de résultats destiné à étayer la conception de la proposition de projet. Cet exercice a également incité les communautés à s’organiser et à exiger des prestataires de services publics davantage de responsabilité et de coordination pour améliorer les services rendus. 2. Organisations non gouvernementales et plateformes d’OSC travaillant avec des associations de proximité : les équipes de la Banque mondiale entrent en relation avec ces organisations au cours des processus de consultation menés lors de la préparation des projets, de leur mise en œuvre, des examens à mi-parcours, ou encore des visites de hauts responsables et autres opérations de relations publiques au Togo. Ce niveau intermédiaire de collaboration permet d’enrichir le débat sur le développement de multiples perspectives. Ainsi, deux plateformes d’OSC ont participé à la Journée pour l’élimination de la pauvreté en 2018 et 2019, avec visites de terrain pour constater les résultats de projets agricoles financés par la Banque. 12 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Représentants de la société civile participant à des consultations sur la performance du cadre de partenariat-pays pour le Togo (mars 2019). © Christophe Mawunu 3. Organisations spécialisées de haut niveau : ces groupes, qui tendent à être plus établis, sont à la pointe des revendications pour une meilleure gouvernance et pour la participation des OSC au programme de développement du Togo. Cette forme spécifique d’engagement permet à la société civile de participer aux négociations et de peser sur le processus décisionnel entourant certains projets importants financés par la Banque mondiale. Ainsi, un groupe d’OSC a été étroitement associé à la préparation d’un projet conçu pour résoudre des problèmes critiques de gouvernance économique et de gestion des finances publiques au Togo. Des OSC spécialisées dans la gouvernance, l’éducation, la santé et l’eau ont été invitées aux discussions initiales et deux d’entre elles ont siégé au comité de pilotage du projet afin de renforcer la responsabilité publique et l’engagement citoyen dans la préparation des budgets et le processus d’exécution. Elles ont aussi fait remonter des informations sur la qualité et l’accessibilité des services publics dans des domaines prioritaires. Résultats et prochaines étapes Dans sa collaboration avec la société civile togolaise, la Banque mondiale poursuit une approche multidimensionnelle qui garantit une plus grande implication des OSC et des citoyens dans les projets qu’elle finance et une plus grande efficacité du développement. Le bureau de la Banque à Lomé cherche constamment à étoffer ses relations avec les OSC, notamment par le biais des vastes consultations organisées lors de l’élaboration des diagnostic-pays systématique et cadre de partenariat-pays ou encore à l’occasion de réunions multipartites. Les OSC partagent leurs points de vue sur la stratégie d’implication des citoyens poursuivie par la Banque et apportent leur éclairage sur les réalités du terrain en matière de services publics. 13 O RGAN ISAT ION S D E LA S OC IÉ TÉ CI V I L E OUGANDA Coopérer avec les OSC pour une responsabilité, une efficacité et un impact accrus En Ouganda, la société civile est un acteur majeur du développement national. Elle soutient directement le gouvernement et les partenaires du développement en assurant des services essentiels et en mobilisant les citoyens pour participer aux programmes et exercer un suivi. Le bureau de la Banque mondiale à Kampala a tissé d’étroites relations avec un large éventail d’organisations. Les OSC jouent un rôle clé pour renforcer la responsabilité sociale et la participation citoyenne dans les projets financés par la Banque. Des forums municipaux de développement ont ainsi vu le jour dans le cadre d’un projet de soutien aux infrastructures municipales, qui couvre 14 centres urbains du pays. Ces forums rassemblent les principales parties prenantes, dont les OSC et les communautés bénéficiaires, qui peuvent exprimer leurs préoccupations et participer à la conception et la mise en œuvre de projets adaptés à leurs attentes, garantissant ainsi une meilleure appropriation avec, à la clé, plus de chances de réussite. Le volet Transparence, responsabilité et lutte contre la corruption mis en place dans le cadre du Fonds pour l’action sociale dans le nord de l’Ouganda (NUSAFIII) — un projet piloté par les communautés qui couvre plus de 50 districts dans le nord et l’est du pays — promeut également l’engagement citoyen dans le suivi du processus de sélection des sous-projets et l’allocation des ressources. Dans ce cadre, l’organisme d’inspection du gouvernement travaille avec les OSC pour apprendre aux groupes bénéficiaires à gérer et mettre en œuvre des sous-projets avec, pour objectif à plus long terme, de renforcer les capacités en appui aux efforts publics. L’implication directe des collectivités et des OSC permet de s’assurer que l’aide parvient bien aux plus démunis et vulnérables et qu’elle contribue ainsi à un développement sans exclus. Les OSC soutiennent également le gouvernement pour la mise en œuvre des projets financés par la Banque mondiale lorsque les organes publics n’ont ni les capacités ni le personnel requis pour toucher les communautés sur le terrain. Elles assument, par exemple, différents volets d’un projet axé sur la protection des enfants et baptisé 14 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Des membres du Nkingo Girls’ Club se détendent après leur réunion hebdomadaire où elles ont discuté de la santé de la reproduction et ont été formées à des compétences pour la vie courante et au leadership, avec le soutien du projet SCOPE. © Banque mondiale/Globe Video SCOPE, notamment la sensibilisation des communautés aux abus sexuels et à l’exploitation des filles, la fourniture de services de santé et la formation des prestataires en vue d’améliorer leur réactivité et la qualité de l’offre. Les OSC participent en outre activement aux activités de diffusion des analyses et des connaissances produites par la Banque, essentiellement comme consultants pour des recherches, pairs évaluateurs ou intervenants lors de manifestations de lancement. Cette collaboration permet de renforcer les échanges de connaissances et l’apprentissage, et de collecter des données solides en appui aux activités de plaidoyer et à la conception de projets. La journée portes ouvertes organisée en mai 2017 conjointement par la Banque mondiale et les autorités ougandaises aura permis aux OSC de présenter leurs activités aux côtés des projets exposés par la Banque et, ce faisant, d’obtenir des résultats communs plus efficaces. Enfin, lors des consultations organisées pour l’élaboration du cadre de partenariat- pays, les OSC ont été invitées à faire remonter des informations sur l’efficacité de la Banque mondiale et à suggérer des pistes d’amélioration. Résultats et prochaines étapes L’ensemble de ces relations avec les OSC permettent à la Banque mondiale d’obtenir en temps réel l’avis des bénéficiaires et d’aider le gouvernement à élaborer des programmes plus sensibles à la demande et mieux adaptés à l’évolution des attentes des citoyens ougandais. Les OSC renforcent aussi la position de la Banque mondiale pour contribuer aux objectifs de prospérité partagée et d’élimination de l’extrême pauvreté en Ouganda. 15 L ES PAR L EM E N TAIR E S CAMEROUN Sensibiliser et rallier les parlementaires aux projets de la Banque mondiale La sensibilisation des membres du Parlement est l’une des priorités du bureau de la Banque mondiale à Yaoundé depuis 2013 et les résultats d’une enquête venant montrer que les relations de l’institution avec les parties prenantes au Cameroun étaient perçues comme se réduisant aux cercles gouvernementaux, ce qui limitait la visibilité de ses opérations dans le pays. Soucieuse de tisser des relations avec un large éventail de parties prenantes, la Banque voit dans les parlementaires d’importants alliés pour le développement, auxquels il convient d’accorder davantage d’attention. Les projets de développement n’étant pas débattus à l’Assemblée nationale, les parlementaires camerounais manquent souvent d’informations sur les organisations qui, comme la Banque mondiale, sont spécialistes de ces questions. Beaucoup ne comprennent pas quel est son mandat dans le pays ; et beaucoup n’ont pas pleinement conscience de leur rôle potentiel en tant que tierce partie pouvant contrôler les projets de développement. Pour remédier à ces lacunes, la Banque a créé une équipe dédiée au sein de son bureau local, chargée de tisser des liens avec ces élus. L’antenne camerounaise du Réseau des parlementaires sur la Banque mondiale et le FMI a vu le jour en octobre 2014. Particulièrement active, elle compte aujourd’hui 60 membres, qui participent régulièrement aux activités de la Banque : consultations pour le diagnostic systématique et le cadre de partenariat avec le pays, lancement de rapports phares comme Les Cahiers économiques du Cameroun, ou encore séances d’information sur les opérations sectorielles de la Banque (santé et agriculture par exemple) et dans les territoires, en particulier les régions fragiles du nord du pays. En tenant les parlementaires régulièrement informés des projets et programmes qu’elle finance dans les régions qu’ils représentent, la Banque favorise la compréhension de ses activités, ce qui garantit une action de plaidoyer plus solide et un meilleur contrôle de la mise en œuvre et de l’impact des projets sur le terrain. Le bureau de la Banque mondiale au Cameroun organise pour cela des séminaires régionaux et des visites de 16 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Les députés Pauline Ndoumou, présidente de l’antenne camerounaise du Réseau des parlementaires, et Emmanuel Mbiam en déplacement à Pouss, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, pour constater de visu Le Réseau des l’impact des activités de la Banque mondiale sur le terrain. © O. Hebga/Banque mondiale parlementaires Le Réseau des parlementaires terrain pour les parlementaires, qui peuvent ainsi constater sur la Banque mondiale et par eux-mêmes les résultats obtenus. le FMI offre une plateforme Un atelier récent a permis de mieux faire connaître les aux élus de plus de 140 pays activités menées par la Banque dans la région de l’Extrême- afin qu’ils puissent plaider en Nord afin de résoudre les multiples problèmes de pauvreté faveur d’une transparence et en milieu rural et d’améliorer le quotidien des populations. d’une responsabilité accrues Les parlementaires ont touché du doigt tout l’intérêt des dans les institutions financières projets permettant aux agriculteurs de travailler avec internationales et le financement l’agro-industrie ou protégeant les habitants contre les multilatéral du développement. inondations. Fondé en 2000, le réseau cherche à mobiliser les législateurs du monde entier autour d’une mission Résultats et prochaines étapes commune de lutte contre la Les conclusions de l’enquête-pays 2016 traduisent une pauvreté et de promotion d’une nette amélioration de la perception de la Banque mondiale gouvernance de qualité, dans leurs dans un certain nombre de domaines, notamment la pays et à l’étranger. Dirigé par un mobilisation des parties prenantes. L’institution est conseil d’administration de douze considérée comme un partenaire au long cours et membres élus par leurs pairs, le obtient d’excellentes notes pour sa collaboration avec le Réseau des parlementaires est une gouvernement. Les personnes interrogées ont également organisation non gouvernementale souligné la capacité de la Banque à collaborer avec d’autres indépendante dont le secrétariat donateurs et partenaires et son traitement respectueux des est basé à Paris. parties prenantes. Enfin, les parlementaires comprennent mieux ses activités et sont plus attentifs au suivi de la mise en œuvre des projets dans les régions qu’ils représentent. 17 L ES PAR L EM E N TAIR E S MADAGASCAR Multiplier les interactions avec les parlementaires pour accroître leur rôle dans le développement De par leur mandat législatif et leur proximité avec les bénéficiaires des projets financés par la Banque mondiale, les membres du Parlement sont des partenaires privilégiés à Madagascar. L’élaboration du cadre de partenariat avec le pays pour la période 2017-21 a été l’occasion d’approfondir les relations avec ces élus et de renforcer leur rôle dans le processus de développement. L’actuel cadre de partenariat avec Madagascar, qui porte sur environ 1,5 milliard de dollars de financements sur cinq ans, appelle à renforcer la résilience et réduire la fragilité tout en promouvant une croissance économique sans exclus. Il traduit l’engagement de la Banque auprès du gouvernement et du peuple malgaches et constitue un instrument de transparence et de responsabilisation. C’est pourquoi les parlementaires doivent avoir pleinement conscience de son existence et des bénéfices attendus pour ceux qu’ils représentent. À Madagascar, les parlementaires ont le droit et le devoir de questionner le gouvernement sur la mise en œuvre des projets de développement. Leur compréhension de la présence et du travail de la Banque les aide à exercer un contrôle sur le programme de développement de leur pays. Après l’approbation du cadre de partenariat avec Madagascar par les Administrateurs de la Banque mondiale, en 2017, son bureau à Antananarivo a informé les parlementaires malgaches des engagements pris et des différents projets d’accords de prêt qui seront soumis au vote des deux chambres du Parlement. Résultats et prochaines étapes Les consultations avec les parlementaires ont permis d’élargir les occasions de dialogue avec ces parties prenantes et de susciter un intérêt pour des possibilités de financements en matière de lutte contre l’insécurité, de décentralisation et de 18 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Tiago Peixoto, spécialiste senior sur les questions de gouvernance au bureau de la Banque mondiale à Madagascar, en train d’expliquer aux parlementaires comment la Banque mondiale soutient le processus de décentralisation à Madagascar. © Banque mondiale développement rural. Elles leur ont également permis de mieux comprendre le caractère stratégique de leur rôle. Les parlementaires sont de plus en plus nombreux à assister aux présentations et manifestations de la Banque mondiale dans le pays, à l’image des « foires du savoir » ou du lancement des différentes éditions des Notes de conjoncture économique. À terme, ces élus seront plus systématiquement associés aux consultations régionales et nationales préalables à l’élaboration du cadre de partenariat-pays et pendant le diagnostic systématique. 19 L ES PAR L EM E N TAIR E S NIGÉRIA Dialoguer avec les parlementaires pour une meilleure compréhension des projets La Banque mondiale reconnaît l’importance des membres du Parlement pour renforcer l’efficacité de ses opérations au Nigéria. Le soutien et l’approbation de ces élus sont cruciaux pour la réussite et le déploiement des projets qu’elle finance. La collaboration stratégique avec ces interlocuteurs en amont du cycle de projet (avant son approbation) permet d’intégrer la voix des citoyens dans les programmes de développement afin d’obtenir des résultats plus satisfaisants et renforcer le partenariat de la Banque avec le Nigéria. La Banque mondiale sollicite les parlementaires pour différentes activités : l’objectif est de rechercher un appui politique à ses opérations, mais aussi de s’assurer de précieux alliés pour défendre son double objectif de mettre fin à la pauvreté et de promouvoir une prospérité partagée. Les séminaires et les consultations avec les législateurs sont l’occasion de partager des informations et de recueillir des avis sur les projets. Les assistants parlementaires et les secrétaires de commissions y sont associés, afin d’assurer la pérennité de la communication indépendamment des mandats des élus du Sénat et de la Chambre des représentants. Ces relations complètent la collaboration de la Banque mondiale avec les populations locales et garantissent la prise en compte des préoccupations des citoyens dans le cadre de partenariat avec le Nigéria. La Banque collabore également avec ces élus à travers le Réseau des parlementaires sur la Banque mondiale et le FMI, qui facilite les contacts et permet d’interagir avec d’autres législateurs à l’échelle mondiale. Les parlementaires nigérians participent activement à ses activités. 20 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique discute des priorités de la Banque sur le continent avec des représentants de la société civile, lors d’une visite au Nigéria en 2018. © Banque mondiale Résultats et prochaines étapes Ces efforts de mobilisation sont globalement efficaces et positifs, les membres du Parlement nigérian étant désireux d’approfondir leur collaboration avec la Banque mondiale. Le dialogue soutenu instauré avec les parlementaires a déjà permis de peser sur certaines décisions de politiques publiques, comme la réforme des lois visant à faciliter les investissements dans le pays et à améliorer la compétitivité. La Banque prévoit d’approfondir encore davantage ces relations, notamment à travers des séances d’information sur son portefeuille de projets qui permettront aux parlementaires d’exercer leur rôle de supervision et de suivi de la mise en œuvre des projets qu’elle finance. 21 L ES PAR L EM E N TAIR E S AFR I QUE D U SU D Renforcer le dialogue avec les parlementaires autour de rapports phares La collaboration entre la Banque mondiale et les parlementaires sud-africains s’articule autour de la publication de la Note de conjoncture économique de l’Afrique du Sud, le rapport phare de l’institution sur les perspectives économiques du pays. Chaque édition aborde un thème économique précis et susceptible d’agir sur la réduction de la pauvreté et des inégalités. Cette publication est très largement diffusée et appréciée par un large éventail de parties prenantes, depuis les médias qui lui offrent une excellente couverture au président de la République en passant par les décideurs, le secteur privé ou les universitaires. De nombreuses commissions parlementaires traitant des sujets abordés dans ces notes, une forme naturelle de collaboration a ainsi vu le jour. En tenant l’exécutif responsable de ses actes et décisions, les parlementaires jouent un rôle clé en Afrique du Sud. Ils supervisent l’action du gouvernement afin que les services publics améliorent la qualité de vie de tous les Sud-Africains. À travers sa Note de conjoncture économique, la Banque mondiale leur procure une analyse reconnue pour son sérieux, parfaitement étayée et qui les aide dans leur mission de contrôle. Mise à jour tous les neuf mois environ, chaque nouvelle Note de conjoncture fait l’objet d’une présentation aux commissions parlementaires concernées et à d’autres parlementaires intéressés, lors de réunions ouvertes à la presse et au grand public. Les auteurs présentent les conclusions du rapport avant d’échanger avec les membres des commissions. Les parlementaires, qui représentent tout l’échiquier politique dans la sphère économique, sont ouverts à cette collaboration même si certains, pour des raisons idéologiques, contestent les activités de la Banque mondiale. Leurs commentaires montrent qu’ils apprécient d’être informés des perspectives macroéconomiques et d’avoir accès à une analyse probante avant la présentation du budget au Parlement par le ministère des Finances. Ces élus estiment également que le rapport présente 22 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires Les étudiants de l’université de Pretoria se tournent vers l’avenir. Une étude de la Banque mondiale analyse les enjeux liés à l’enseignement supérieur et au développement des compétences en Afrique du Sud. © Université de Pretoria des solutions novatrices pour résoudre certains défis, notamment en relayant les meilleures pratiques mondiales. Forte de ces succès, la Banque a présenté aux membres du Parlement en 2018 le tout nouveau diagnostic-pays systématique. Cette réunion a permis de mieux comprendre la manière dont l’institution appréhende les défis les plus urgents pour le pays. Intitulé An Incomplete Transition: Overcoming the Legacy of Exclusion in South Africa, le diagnostic a été jugé tout à fait bienvenu alors que le pays connaît une phase de transition. À la demande de diverses parties prenantes (dont les autorités gouvernementales), la Banque mondiale a publié son diagnostic au format livre papier. Résultats et prochaines étapes Les relations entre la Banque mondiale et les parlementaires sud-africains fonctionnent sur la base de la réciprocité. En plus d’entretenir un dialogue permanent avec ces élus, cette collaboration stratégique améliore la compréhension en profondeur, par l’équipe de la Banque, du pays dans lequel elle opère. Les parlementaires apportent leurs visions et leurs perspectives, nourries par la richesse de leur expérience et leur proximité avec les populations, l’exécutif et les dirigeants des partis politiques — et ils y gagnent une meilleure compréhension des opérations de la Banque dans le pays, où le portefeuille de projets est limité. Ce travail de mobilisation servira de levier au moment de la campagne de communication entourant le lancement du prochain cadre de partenariat-pays pour la période 2019-22. 23 L ES PAR L EM E N TAIR E S ZAMBIE Consulter les parlementaires pour partager les connaissances et favoriser la supervision En Zambie, le Parlement supervise le fonctionnement du pouvoir exécutif et dispose de commissions dédiées sur certains sujets précis. Ces commissions ont pour but d’inciter le gouvernement et les institutions non gouvernementales du pays à s’emparer de ces thèmes, pour en discuter. Les parlementaires zambiens sont à l’affût de conseils et de recommandations, que la Banque mondiale leur fournit promptement. L’institution peut ainsi faire connaître son portefeuille de projets dans le pays, ainsi que ses produits intellectuels et ses analyses, à l’image du Bulletin d’information économique, du diagnostic-pays systématique et du cadre de partenariat-pays, et démontrer sa crédibilité en tant que source d’informations. Pour la seule année 2018, la Banque mondiale et les parlementaires se sont retrouvés à trois reprises. Dans une réunion avec la commission parlementaire chargée du budget, la Banque a informé les élus des prêts envisagés pour répondre au mieux à leurs besoins. Une deuxième rencontre était consacrée aux activités de la Banque en soutien au programme de développement national du secteur de l’eau et de l’assainissement et aux efforts d’amélioration de l’accès et de la gestion de ces services. Pour une troisième réunion avec la commission parlementaire chargée des agences paraétatiques, la Banque mondiale a rappelé que les entreprises publiques devaient se doter de conseils efficaces, professionnels et transparents, et œuvrer pour dynamiser l’économie du pays. Ces recommandations sont conformes à l’objectif plus global de développement, qui vise à accroître la transparence et la responsabilité en Zambie. Résultats et prochaines étapes Grâce à ces interactions, les parlementaires sont mieux à même d’apprécier le travail de la Banque mondiale en Zambie, ce dont témoigne le nombre de requêtes et de demandes d’information de leur part reçues par le bureau de la Banque à Lusaka. Cette meilleure connaissance des activités de la Banque mondiale fait également 24 || Mobilisation des parties prenantes en Afrique : Les OSC et les parlementaires La responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Zambie, Ina Ruthenberg, en pleine présentation devant les membres du Parlement. © Royd Sibajene/Banque mondiale progresser la transparence et l’éthique de responsabilité. Durant les sessions parlementaires, les élus sont plus nombreux à réclamer des rapports d’avancement au gouvernement sur les projets financés par la Banque mondiale. À terme, les relations avec les parlementaires joueront un rôle encore plus décisif : une nouvelle loi impose en effet que tous les emprunts contractés par le gouvernement soient approuvés par le Parlement avant d’être mis en place. 25 REM ERCI EM ENTS Fruit d’un travail collectif du département Communication externe et partenariats de la Région Afrique à la Banque mondiale, ce recueil consacré aux relations fécondes entre la Banque mondiale et d’importantes parties prenantes—les organisations de la société civile et les parlementaires—n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de nos collègues de la communication et, notamment, Kennedy Fosu, Zeria Banda, Rafael Saute, Mademba Ndiaye, Sylvie Nenonene, Sheila Kulubya, Odilia Hebga, Olufunke Olofun, Zandile Ratshitanga, Diana Styvanley, et Carlyn Hambuba. Nous adressons des remerciements tout particuliers à l’équipe éditoriale : Selena Batchily, Leslie Ashby, Aby K. Toure et Elena Queyranne.