33478 Etude Spéciale no 8 juillet 2004 institutions financières poursuivant un « double objectif de resultat » : implications pour l'avenir de la microfinance PRÉCISION IMPORTANTE : « Ce rapport fait état d'un nombre de comptes d'épargne et de crédit nettement plus élevé qu'on ne l'aurait pensé dans les institutions financières qui ciblent une clientèle dont les revenus sont généralement inférieurs à ceux des clients des banques commerciales -- probablement bien Le CGAP, Groupe consultatif supérieur à 750 millions. Il est apparu clairement, avant même la publication de d'assistance aux pauvres, est un consortium formé par 28 cette étude, que, si les données n'étaient pas présentées et comprises dans le détail, agences de développement un tel résultat pourrait être interprété de manière erronée. Il pourrait en effet être qui appuient la microfinance. tentant de penser, au vu des chiffres très élevés qui sont cités ici, que les efforts De plus amples informations sont disponibles sur le site web déployés pour atteindre une clientèle à faible revenu, et en particulier une clientèle du CGAP : www.cgap.org. pauvre, ont abouti puisqu'un nombre considérable de personnes bénéficient déjà de tels services. Pourtant, les données présentées dans cette étude ne permettent Le CGAP vous invite à lui faire part de vos commentaires, de aucunement de tirer une telle conclusion. Les institutions considérées ici fournissent vos contributions et de toute leurs services à un grand nombre de clients qui ne sont ni pauvres ni quasi-pauvres demande d'envoi d'autres et qui, pour certains, pourraient probablement faire appel aux services d'une banque études de cette série. commerciale. (Il n'est généralement pas possible d'avoir des informations sur la répartition socioéconomique des clients de ces institutions.) Par ailleurs, les quatre 1818 H Street, N.W. cinquièmes des comptes recensés sont des comptes d'épargne, et les problèmes posés Washington, DC 20433 par l'accès aux services ont toutes les chances d'être plus importants pour le crédit Tel : 202 473 9594 que pour l'épargne. » Fax : 202 522 3744 Courriel : « Il convient donc de formuler la principale conclusion de cette étude en ces termes : cgap@worldbank.org plus de 750 millions de comptes sont ouverts dans différentes catégories d'institutions financières qui ciblent, de manière générale, une clientèle dont les revenus sont Web : www.cgap.org inférieurs à ceux des clients des banques commerciales, et une part notable de cette clientèle est probablement pauvre ou quasi-pauvre. Il faut en conclure, non pas que la tâche est pratiquement accomplie (toute personne ayant une expérience de terrain CGAP Bâtir des services financiers pour les pauvres sait pertinemment que ce n'est pas le cas), mais que ces institutions peuvent offrir d'importantes opportunités. » « Le CGAP demande de ne pas citer ce rapport, ni les données qu'il présente, sans préciser ce point fondamental. » Mettre en place des services financiers pour les pauvres Résumé IFA. Les IFA peuvent être des caisses agricoles ou postales ou des banques de développement Pour la plupart des participants au secteur de la appartenant à l'État ; des institutions d'épargne et microfinance depuis quelques dizaines d'années, de crédit appartenant à leurs membres ; d'autres l'objectif consiste à accroître l'offre et la qualité types de caisses d'épargne ; des banques locales des services financiers dont peuvent bénéficier et/ou rurales ayant une faible dotation en capital ; les pauvres et les quasi-pauvres. À ce jour, le et des institutions et des programmes spécialisés mouvement cible son attention essentiellement sur dans la microfinance (IMF) de divers types. une catégorie relativement nouvelle d'institutions Jusqu'à présent, presque toutes ces institutions spécialisées dans la microfinance (IMF) qui traitent ont été établies dans le but explicite de servir des directement avec cette catégorie de clientèle. La clients qui n'avaient pas accès au service de banques plupart, mais non la totalité, de ces IMF sont commerciales et de sociétés de financement. des organisations non gouvernementales (ONG) Toutes les catégories d'IFA, y compris les sans but lucratif dont les activités consistent IMF, présentent certains points communs. Elles principalement à consentir des crédits. ciblent généralement une clientèle peu fortunée Le CGAP a récemment examiné le rayon et ne cherchent pas à maximiser leurs bénéfices. d'action, dans le monde, d'une catégorie plus vaste Les données nécessaires pour quantifier la d'institutions qui visent toutes, à des degrés divers, à distinction entre clients pauvres et clients fournir des services financiers à une clientèle dont la quasi-pauvres dans ces institutions ne sont situation économique est moins favorable que celle pratiquement jamais disponibles. Les IMF des clients habituels des banques commerciales. Ces spécialisées diffèrent des autres types d'IFA en ce institutions recherchent donc un « double objectif sens que les IMF ciblent leurs efforts généralement de résultat » : outre leur objectif financier, elles plus précisément sur les pauvres et les quasi- poursuivent un objectif social, de développement. pauvres et non pas seulement sur les particuliers S'il était demandé à leurs dirigeants lequel des deux qui n'ont pas recours à des services bancaires. est leur principal objectif, la plupart d'entre eux feraient valoir que c'est l'objectif non financier -- Comme cela est expliqué dans la suite de cette étude, le nombre total de clients actifs est probablement considérablement inférieur c'est-à-dire l'offre de services à une clientèle qui n'a au nombre total de comptes. Les pays dits « en transition » sont les généralement pas accès aux services de banques -- pays qui ont entrepris d'abandonner le socialisme pour se doter d'une et que l'obtention de solides résultats financiers économie de marché plus libre. Les pays inclus dans la présente étude sont indiqués à l'annexe . est un moyen de parvenir à cette fin et non une L'expression « institution de microfinance » et le sigle « IMF » sont fin en soi. La présente étude fait référence à ces utilisés dans la présente étude de manière restrictive pour désigner institutions sous le nom d'« institutions financières les ONG, les institutions financières non bancaires (IFNB) et les banques commerciales spécialisées dans la microfinance, ainsi que alternatives » (IFA). les programmes de microfinance gérés de manière distincte par des Les travaux de recherche du CGAP ont permis banques multiservices. Le terme « microfinance » tel qu'il est utilisé d'identifier un nombre surprenant de comptes dans cette définition désigne les services financiers axés sur une clientèle disposant de faibles revenus, qui ont recours aux méthodes mises au dans les pays en développement et en transition -- point au cours des 5 dernières années. puisqu'ils ont recensé bien plus de 750 millions Aucun effort n'a été déployé dans le but de définir en termes de comptes d'épargne et de crédit dans les quantitatifs les « pauvres », les « quasi-pauvres » et les « non clients de banque ». Ces termes ont été adoptés uniquement pour faire ressortir deux faits : ) la clientèle des IMF comprend certains clients dans le niveau de revenu est supérieur au seuil de pauvreté national ou international, et ) dans de nombreux pays, les banques commerciales Bien que la présente étude ne traite que de l'épargne et du crédit, fournissent leurs services à une petite minorité de personnes se situant d'autres services financiers -- notamment les transferts de fonds et les dans les catégories de revenus supérieures, mais elles laissent non servis assurances -- revêtent également de l'importance pour les clients qui de nombreux clients potentiels qu'il ne serait pas justifié de classer dans ont de faibles revenus. la catégorie des « pauvres » ou des « quasi-pauvres ». Les données sur la répartition en pourcentage d'IMF très performantes, il importe également de la clientèle entre pauvres et non pauvres sont qu'ils considèrent les opportunités et les défis insuffisantes même pour les IMF. Étant donné présentés par les autres IFA. que de nombreuses IMF orientent leur action Pour le CGAP, l'objectif de la microfinance particulièrement sur la pauvreté, il est probablement est de promouvoir un monde dans lequel le plus vrai, au niveau national, que les clients des IMF grand nombre possible de ménages pauvres et sont, en moyenne, plus pauvres que les clients quasi-pauvres ont un accès permanent à une des autres IFA. Il est toutefois évident que ces gamme suffisante de services financiers de qualité autres IFA comptent également un nombre dans le domaine non seulement du crédit, mais très élevé de clients pauvres. La montant moyen aussi de l'épargne, des assurances et des transferts des comptes n'est pas systématiquement plus faible de fonds. Considérées sous cet angle, les IFA ne dans les IMF que dans les autres IFA. contribuent guère à cette mission. Malgré leur Étant donné la date à laquelle elles ont été vaste portée, elles ne servent probablement créées et leur taille, les IMF détiennent une part qu'une petite fraction de la clientèle qui n'a pas impressionnante (de l'ordre de %) des comptes accès aux services bancaires et qu'elles ont pour de crédit identifiés ; la part de l'ensemble des vocation de servir, et nombre d'entre elles ont comptes (toutes catégories) qui leur revient n'est d'importants points faibles, tels que le manque de toutefois que de 8 %. convivialité des services financiers, des procédures Si l'on se base, comme c'est généralement le cas, inadéquates de collecte des montants prêtés, le sur le montant total des actifs du système financier, besoin systématique d'importantes subventions, les IFA ne sont pas des intervenants importants l'ingérence d'intérêts politiques, et l'insuffisance dans la plupart des pays. La situation se présente des efforts de ciblage sur la clientèle pauvre. néanmoins de manière tout à fait différente si Or, les IFA qui ne sont pas des IMF bénéficient l'on compte le nombre de personnes concernées souvent d'une portée et d'une infrastructure telles et non les montants en cause. La clientèle des qu'elles offrent de vastes possibilités d'étendre la IFA constitue probablement une fraction portée et d'améliorer la qualité de la microfinance. importante -- parfois même la majorité -- des Le moyen le plus évident de saisir ces possibilités clients du système financier dans la plupart des consisterait à faire adopter par les autres IFA les pays en développement et en transition. Ces techniques de microcrédit éprouvées mises au point institutions méritent, de ce fait, de recevoir une par les IMF au cours des 0 dernières années. attention plus importante que ce n'est parfois Cette étude présente les résultats de l'enquête le cas de la part des décideurs nationaux et des consacrée par le CGAP à la portée mondiale bailleurs de fonds extérieurs. des IFA, puis examine plus en détail les aspects Les travaux de recherche présentés dans cette caractéristiques des catégories d'institutions étude permettent de penser que les IMF spécialisées étudiées, pour finalement suggérer certaines représentent une part relativement faible de tous orientations stratégiques à l'intention de ceux qui les services d'épargne et de crédit fournis par des souhaitent contribuer au développement de systèmes IFA. S'il est vrai que les pouvoirs publics, les financiers adaptés aux pauvres. La méthode suivie, bailleurs de fonds et les autres parties prenantes ainsi que certaines limites importantes des données au développement des services de microfinance présentées ici, sont examinées dans l'annexe. doivent continuer de promouvoir la croissance Les données institutions comme la Banque mondiale, l'Agence La présente section analyse le nombre de comptes des États-Unis pour le développement international de crédit et d'épargne indiqués par plus de 000 (USAID), le Conseil mondial de coopératives IFA regroupées par région : d'épargne et de crédit (WOCCU), le Sommet du n Asie de l'Est et Pacifique (EAP) microcrédit, et d'autres réseaux. Les statistiques n Europe de l'Est et Asie centrale (ECA) ont été mises à jour et complétées au moyen n Amérique latine et Caraïbes (LAC) des données communiquées directement par un n Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) grand nombre d'institutions, notamment lorsque n Asie du Sud (SA) les auteurs connaissaient l'existence d'importantes n Afrique subsaharienne (AFR) institutions n'apparaissant pas dans les bases de et par catégorie d'institutions : données existantes. n IMF (y compris ONG et institutions Les données présentées sont les plus récentes financières non bancaires agréées [IFNB], disponibles. Dans certains cas, elles remontent à banques commerciales spécialisées dans la 997 mais, le plus souvent, elles se rapportent à microfinance, et programmes de microfinance 000 ou aux années suivantes. des banques commerciales multiservices) La fiabilité et l'exhaustivité des informations n Coopératives financières/mutuelles (y compris présentées ici sont limitées à certains égards, les mutuelles de crédit et les coopératives comme indiqué en détail dans l'annexe. Deux municipales d'épargne et de crédit) des problèmes rencontrés sont particulièrement n Banques rurales et/ou locales à faible importants : dotation en capital n Leur couverture n'est pas exhaustive. Il ne n Banques publiques agricoles et de fait aucun doute qu'un grand nombre développement d'institutions sont passées entre les mailles du n Caisses d'épargne postale (les caisses d'épargne filet. non postales sont examinées séparément à la n Les nombres communiqués sont fin de cette section.) généralement ceux des comptes, et non pas Les catégories d'institutions sont décrites ceux des clients. De nombreuses institutions en détail dans la section qui suit, qui compare n'ont pas fourni le nombre de leurs clients. Il également les IMF aux autres types d'IFA. est important de faire la distinction entre comptes et clients. Le nombre de clients actifs Méthode et limites est inférieur au nombre de comptes car Il est difficile d'obtenir des chiffres fiables sur le certains clients peuvent avoir plusieurs nombre d'emprunteurs et d'épargnants des IFA. comptes dans une ou plusieurs institutions ; Nombre de ces institutions ne rendent compte à de nombreux comptes d'épargne sont par aucun organisme central, de sorte que les auteurs ailleurs inactifs. ont dû collecter des informations auprès de centaines Au vu de ces limites et parce que, comme de sources. La majeure partie de ces informations indiqué plus haut, les données se rapportent à proviennent de bases de données tenues par des une clientèle composée de pauvres et de non- pauvres dans des proportions indéterminées, il 5 Lorsque cette étude sera publiée sur le site web du CGAP est absolument essentiel de souligner que cette (www.cgap.org), elle s'accompagnera d'une liste des pays et des institutions considérées. Certaines institutions ont indiqué le nombre enquête n'a pas identifié 750 millions et plus de de leurs clients ou de leurs membres plutôt que le nombre de leurs comptes. Les services de transferts de fonds et d'assurance ciblant les La plupart des IMF spécialisées ont communiqué le nombre de leurs clients à faibles revenus n'ont pas été inclus dans l'étude parce qu'il s'est clients. Les mutuelles de crédit ont généralement indiqué le nombre avéré trop difficile d'obtenir des informations dans ces domaines. de leurs membres. clients de microfinance (c'est-à-dire pauvres ou Nombre de comptes de crédit et d'épargne quasi-pauvres) bénéficiant de services d'épargne Les figures et indiquent, respectivement, le et de crédit d'IFA. Si nous insistons autant sur nombre de comptes de crédit et le nombre de ce point, c'est parce que lors des discussions comptes d'épargne, par catégorie d'IFA et par consacrées aux données avant la publication de région. La figure combine les données sur les l'étude, nous avons constaté une tendance presque comptes de crédit et sur les comptes d'épargne, inéluctable à simplifier par trop, et partant à mais les chiffres indiqués ne sont pas, toutefois, exagérer la conclusion de l'enquête. le résultat d'une simple addition. Lorsque les Il n'en reste pas moins clair que les IFA, y compris institutions ont fourni des informations sur leurs celles auxquelles on ne pense pas généralement en comptes de crédit et leurs comptes d'épargne, le tant que prestataires de microfinance, offrent des type de compte retenu a été celui pour lequel les services à un nombre de clients pauvres ou quasi- comptes étaient les plus nombreux. Cet ajustement pauvres très élevé, même s'il n'est pas possible nous a permis d'éviter de compter deux fois les d'estimer le pourcentage de leur clientèle rentrant clients titulaires à la fois d'un compte d'épargne et dans ces catégories. L'infrastructure et la mission d'un compte de crédit dans une même institution des IFA autres que les IMF offrent d'importantes et, partant, fournit une indication probablement opportunités pour l'amélioration de l'accès des plus proche de la réalité du nombre de clients, par pauvres aux services financiers. opposition au nombre de comptes. Il ne permet Enfin, l'étude n'a porté que sur le nombre et toutefois pas de prendre en compte le cas des le montant des comptes d'épargne et de crédit. clients qui détiennent des comptes dans plus d'une D'autres observations, sur la nature et les limites des institution, des clients qui détiennent plusieurs différents types d'IFA, sont le fruit d'observations comptes d'épargne dans une même institution ni ponctuelles rassemblées par les auteurs et leurs les comptes d'épargne inactifs. collègues dans le cadre d'autres travaux. 7 Au total, plus de 70 % des IFA ont indiqué gérer à la fois des comptes d'épargne et des comptes de crédit. figure 1 nombre de crédits actifs* des ifa (milliers) Région IMF** Coopé. et Banques Caisses d'État Caisses Total Pourcentage mutuelles rurales /agricoles/de postales du total de crédit développement AFR 3 956 857 33 348 -- 5 193 3 % EAP (Chine comprise) 18 292 1 069 3 147 65 624 -- 88 133 58 % Chine seule 153 18 0 46 570 -- 46 741 31 % ECA 430 90 -- 28 -- 548 0 % LAC 4 464 655 162 51 -- 5 332 4 % MENA 909 11 -- 5 912 -- 6 832 4 % SA (Inde comprise) 22 366 355 1 467 22 030 -- 46 217 30 % Inde seule 3 961 51 -- 19 748 -- 23 760 16 % TOTAL 50 415 3 037 4 809 93 994 -- 152 255 100 % % 33 % 2 % 3 % 62 % -- 100 % Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud * Comprend généralement les comptes au titre desquels des montants ont été décaissés mais n'ont pas été remboursés ou passés en perte. ** Comprend les ONG, banques et institutions financières non bancaires spécialisées dans la microfinance, ainsi que les programmes de microfinance des banques commerciales multiservices. 5 Le chiffre le plus surprenant apparaît dans nombre de comptes. Comme indiqué dans la la figure : plus de 0 millions de comptes suite de la présente section, ces caisses d'épargne d'épargne et de crédit ont été recensés auprès des ont un nombre considérable de comptes de très institutions qui ont communiqué leurs données, faible montant. Il s'ensuit que le nombre total de abstraction faite des comptes ouverts dans les comptes ouverts dans des IFA est considérablement caisses d'épargne (non postales) pour lesquelles supérieur à 0 millions. on disposait du montant des actifs mais non du figure 2 nombre de comptes d'épargne ouverts dans des ifa (milliers) Région IMF** Coopé. et Banques Caisses d'État Caisses Total Pourcentage mutuelles rurales /agricoles/de postales du total de crédit développement AFR 3 958 5 648 1 113 343 12 854 23 915 4 % EAP (Chine comprise) 78 708 12 130 6 019 15 772 141 005 253 634 44 % Chine seule 15 200 -- -- 110 000 110 215 19 % ECA 163 5 691 -- -- 11 503 17 357 3 % LAC 1 298 8 466 48 50 179 10 041 2 % MENA 713 -- -- 29 16 525 46 230 8 % SA (Inde comprise) 18 728 1 620 11 495 53 773 136 383 221 99 39 % Inde seule 3 927 389 -- 50 021 124 010 178 347 31 % TOTAL 103 568 33 553 18 675 98 930 318 450 573 176 100 % % 18 % 6 % 3 % 17 % 56 % 100 % Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud ** Comprend les ONG, banques et institutions financières non bancaires spécialisées dans la microfinance, ainsi que les programmes de microfinance des banques commerciales multiservices. figure 3 nombre combiné de comptes de crédit et d'épargne ouverts dans des ifa (milliers) Région IMF** Coopé. et Banques Caisses d'État Caisses Total Pourcentage mutuelles rurales /agricoles/de postales du total de crédit développement AFR 6 246 5 940 1 117 634 12 854 26 790 4 % EAP (Chine comprise) 81 430 12 145 6 054 78 772 141 005 319 406 48 % Chine seule 154 200 - 46 570 110 000 156 924 24 % ECA 495 5 692 - 28 11 503 17 718 3 % LAC 5 156 8 620 162 81 179 14 198 2 % MENA 1 422 11 - 30 712 16 525 48 670 7 % SA (Inde comprise) 25 825 2 434 11 623 61 980 136 383 238 245 36 % Inde seule 5 589 392 - 57 821 124 010 187 812 28 % TOTAL 120 573 34 843 18 955 172 207 318 450 665 028 100 % % 18 % 5 % 3 % 26 % 48 % 100 % Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud * Lorsqu'une institution a indiqué le nombre de comptes de crédit et le nombre de comptes d'épargne, seul le plus élevé de ces deux nombres a été retenu dans le tableau. ** Comprend les ONG, banques et institutions financières non bancaires spécialisées dans la microfinance, ainsi que les programmes de microfinance des banques commerciales multiservices. Épargne et crédit Répartition géographique Globalement, les comptes d'épargne ouverts dans De toutes les régions du monde, c'est l'Asie qui des IFA sont approximativement quatre fois plus affiche le plus grand nombre de comptes puisque nombreux que les comptes de crédit. C'est le les cinq sixièmes de tous les comptes d'épargne et cas dans le monde entier et il n'existe guère de de crédit des IFA sont recensés dans cette région. différences au niveau des régions. De tous les pays de cette région, ce sont la Au cours des 0 années qui ont suivi son Chine et l'Inde qui arrivent en tête grâce à la apparition, le « mouvement » de la microfinance détermination forte, bien que pas toujours efficace, a mis beaucoup plus l'accent sur le crédit que sur des pouvoirs publics à développer la portée des l'épargne pour trois raisons principales : services financiers. À eux deux, ces pays détiennent n Le mouvement avait pour objet d'aider les 5 % des comptes des IFA en Asie et plus de la pauvres, qui, pensait-on, ne pouvaient guère moitié de ce type de comptes à l'échelle mondiale. épargner. Le nombre de comptes ouverts dans des IFA, n Dans la plupart des pays, ce sont les nouvelles par rapport à la population régionale, est élevé en techniques de crédit et non pas les nouvelles Asie et faible en Afrique, en Amérique latine et en techniques d'épargne qui ont lancé le Europe de l'Est/Asie centrale. mouvement. Figure 4 Nombre total de comptes par Région n La majeure partie des institutions impliquées était des ONG qui, juridiquement, n'étaient SA AFR** pas habilitées à collecter l'épargne. (Inde 4 % comprise) On comprend toutefois mieux depuis quelques 36 % EAP années que la plupart des familles pauvres (Chine comprise) économisent, souvent sous une forme non financière 48 % (en constituant des réserves de biens). Ceci non pas parce que les pauvres préfèrent épargner sous une forme non financière, mais parce qu'ils n'ont souvent pas accès à des établissements d'épargne formels offrant des services satisfaisants. MENA On a pu observer dans les faits que la 7% LAC prédominance, dans les IFA du monde entier, des 2 % ECA 3 % comptes d'épargne sur les comptes de crédit se retrouve également dans de nombreuses institutions Répartition par catégorie d'institution dont les activités ciblent plus précisément les clients La plupart des analyses consacrées à la microfinance les plus pauvres. Lorsque ces institutions offrent à -- et des bases de données sur les performances la fois de bon services de crédit et de bons services de ce secteur -- portent essentiellement sur les d'épargne volontaire, la demande est généralement ONG, les IFNB et les banques commerciales plus importante pour les services d'épargne que qui se spécialisent dans la microfinance, ainsi pour les services de crédit, ne serait-ce que parce que sur les programmes de microfinance des que, lorsque les ménages pauvres ont besoin de banques commerciales multiservices. Ce groupe disposer d'une somme relativement importante, il d'« IMF » détient approximativement 8 % du est moins risqué pour eux d'utiliser leur épargne que nombre total de comptes identifiés dans le cadre de contracter une dette assortie d'une obligation de la présente étude. (Les ONG détiennent environ de remboursement fixe. % du nombre total des comptes du groupe.) 7 Les coopératives financières détiennent six autres de % environ des crédits (5 % des crédits pour cent. Les IFA publiques, notamment proviennent d'ONG). La part des IMF passe à 57 % les caisses d'épargne postales, jouent un rôle si l'on fait abstraction de la Chine et de l'Inde. Ce prédominant, puisqu'elles détiennent environ les résultat est pour le moins impressionnant si l'on trois-quarts du nombre de comptes. considère que, dans l'ensemble, les IMF sont plus Il n'est peut-être pas surprenant que les IMF récentes et de plus petite taille que les autres IFA. ne détiennent qu'une petite fraction du nombre Dans le même temps, on sait de façon sûre qu'un total de comptes, puisque la plupart de ces derniers grand nombre de crédits sont accordés à des clients sont des comptes d'épargne et que la plupart des pauvres et quasi-pauvres par des institutions autres IMF sont uniquement des institutions de crédit. que les IMF. (Les niveaux de pauvreté des clients Lorsque l'on considère uniquement ce dernier type des IFA sont examinés ci-après.) de service, on constate que les IMF sont à l'origine figure 5 comptes ouverts dans des ifa par habitant et par région Région Population Nombre total Comptes pour cent de comptes personnes AFR 666 27 000 000 4 EAP (Chine comprise) 1 866 319 000 000 17 Chine seule 1 280 975 000 157 000 000 12 ECA 385 369 332 18 000 000 5 LAC 515 988 980 14 000 000 3 MENA 377 797 840 49 000 000 13 SA (Inde comprise) 1 372 806 710 238 000 000 17 Inde seule 1 048 279 000 188 000 000 18 TOTAL 5 183 731 692 665 000 000 13 Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud Figure 6 Total des comptes Figure 7 Comptes de crédit par par catégorie d'institution catégorie d'institution IMF** Caisses IMF** 18 % Mutuelles et d'État/agricoles/de 33 % développement Mutuelles et Caisses coopératives 62 % coopératives postales de crédit de crédit 48 % 5 % 2 % Banques communautaires 3 % Caisses Banques d'État/agricoles/de communautaires développement 3 % 26 % 8 Taille des comptes et niveaux de pauvreté Caisses d'épargne des clients Les caisses d'épargne non postales remplissent La microfinance désigne généralement les services généralement les conditions requises pour être financiers accordés à une clientèle pauvre ou quasi- considérées comme des IFA selon la définition pauvre. Pour la plupart des IFA examinées, il utilisée dans cette étude : la plupart ont été créées n'existe pas de moyen sûr d'estimer le pourcentage dans le but de fournir des services à des clients qui des clients qui rentrent dans cette catégorie. Il est n'en obtiennent pas des banques commerciales. toutefois très probable que les clients pauvres Elles ne cherchent pas en général à maximiser ou quasi-pauvres représentent une part non leurs bénéfices. Toutefois, bien que ces caisses négligeable de la clientèle des IFA -- voire d'épargne offrent leurs services à un nombre même des IFA qui ne sont pas des IMF. important de clients à faibles revenus, elles n'ont Cette assertion est validée non seulement par les pas été incluses dans les données présentées informations collectées sur les clients des IFA et jusqu'ici parce qu'il n'a pas été possible, dans la les lieux d'implantation de leurs agences dans un plupart des cas, d'obtenir des informations sur le certain nombre de pays, mais aussi par les données nombre de comptes ouverts dans ces institutions. sur la taille moyenne des comptes relevées dans le La figure 0 indique le montant des actifs détenus cadre de cette étude. dans les caisses d'épargne des pays inclus dans Il existe une corrélation significative, bien que l'étude. Ces chiffres sont basés sur les informations mal définie, entre la taille des comptes et le communiquées par l'Institut mondial des caisses niveau des actifs et des revenus des clients. On d'épargne (IMCE). Les quelques membres de a calculé la taille moyenne des comptes dans le l'IMCE dont les données ont été relevées dans groupe d'institutions (80 % du total environ) ayant d'autres catégories d'institutions n'ont pas été pris communiqué des données à la fois sur les soldes des en compte dans ces chiffres. comptes de crédit ou d'épargne et sur le nombre de Lorsque l'on n'inclut pas les données relatives à comptes de crédit ou d'épargne. Les soldes moyens ces caisses d'épargne non postales dans le calcul des des comptes d'épargne indiqués dans la figure 8 chiffres totaux, les actifs des IFA sont généralement sont très faibles pour certaines institutions. Les très faibles par rapport au niveau total des actifs du soldes des comptes de crédit indiqués dans la figure système bancaire. Dans le cas des pays examinés, 9 sont plus faibles pour les IMF que pour les autres ils ne représentent, en moyenne, que ,5 % des IFA, à quelques exceptions près : en Afrique et en actifs du système bancaire. La figure 0 montre, Europe de l'Est, les mutuelles de crédit affichent en revanche, que les caisses d'épargne sont des soldes de prêt plus faibles que les IMF. d'importants intervenants financiers dans la plupart des régions : presque un cinquième des actifs 8 Les institutions prises en compte pour établir les chiffres des figures 8 bancaires sont imputables aux caisses d'épargne et 9 ne constituent pas un échantillon aléatoire des institutions incluses dans la série de données : elles ont été sélectionnées uniquement dans les pays considérés. parce que l'on disposait d'informations sur la taille moyenne de leurs Bien que l'on ne dispose pas d'informations comptes. sur le nombre de comptes ouverts dans des caisses Le solde moyen des comptes d'épargne actifs est sans doute relativement d'épargne non postales, ces derniers établissements plus élevé que celui porté dans la figure 8, car les données recouvrent un nombre indéterminé de comptes d'épargne inactifs dont le solde ont probablement un grand nombre de clients moyen est probablement beaucoup plus faible que celui des comptes « caractéristiques des IFA » -- c'est-à-dire de actifs. clients auxquels les banques commerciales ne Les soldes des comptes de crédit correspondent aux montants décaissés qui n'ont pas encore été remboursés ou passés en perte. Cet encours fournissent généralement pas leurs services. La s'établit en moyenne à un peu plus de la moitié du montant initialement seule manière d'estimer l'ordre de grandeur de décaissé. 9 cette clientèle implique l'adoption de certaines Transferts de fonds des migrants hypothèses qui sont davantage des conjectures que En raison du peu de données disponibles, l'étude le fruit d'observations. Les auteurs estiment que les n'a pris en compte ni les transferts de fonds hypothèses présentées ci-après sont prudentes, mais internationaux ni les transferts d'argent intérieurs. les lecteurs sont invités à les remplacer par toute Le volume des fonds faisant l'objet de ces services, hypothèse qui leur paraîtrait plus plausible. Les qui présentent une grande importance pour auteurs ne prétendent aucunement avoir produit les clients pauvres, est toutefois très élevé. De une estimation fiable. nombreux ménages pauvres survivent grâce aux Premièrement, on peut supposer que jusqu'à sommes envoyées par les membres de leur famille 90 % des actifs des caisses d'épargne proviennent de partis travailler à l'étranger. En 00, le montant leurs fonds propres et des gros comptes de dépôt estimé des transferts de fonds à destination de pays qui sont plus typiques des banques commerciales en développement était de 80 milliards de dollars, que des IFA. Les 0 % restants des actifs, qui soit le double du montant des aides fournies par les seraient imputables à des comptes de plus petite pays riches. Le montant réel des transferts d'argent taille, se chiffreraient à 90 milliards de dollars de l'étranger est probablement considérablement environ. On peut à ce stade poser en hypothèse que supérieur à ce chiffre, car ce dernier ne comprend la taille moyenne des comptes est de 00 dollars, pas les fonds transférés par l'intermédiaire de soit une valeur proche de la limite supérieure de la porteurs ou de tout autre mécanisme informel. Les répartition des tailles moyennes des comptes établie services de transferts intérieurs revêtent aussi de par l'étude. Sur la base de ces hypothèses à caractère l'importance, notamment pour les familles rurales conjectural -- mais probablement prudentes -- il qui bénéficient du soutien financier d'un membre s'avère que les caisses d'épargne non postales de la famille travaillant en ville. compteraient 50 millions de comptes, ce qui porterait le nombre total des comptes ouverts dans 9 Banque mondiale, Global Development Finance 2003 (Washington ; des IFA à bien plus de 750 millions. Banque mondiale 00), p.98. figure 8 solde moyen des comptes d'épargne des ifa en pourcentage du revenu national brut par habitant Région IMF** Coopératives et Banques Caisses d'État/ Caisses mutuelles de crédit communautaires agricoles/ de postales développement AFR 29% 27% 11% -- 8% EAP (Chine comprise) 9% 64% 6% -- 42% Chine seule -- -- -- -- 41% ECA 25% 7% -- -- 318% LAC 15% 16% 2% -- -- MENA -- -- -- -- 13% SA (Inde comprise) 10% 2% 4% 37% 18% Inde seule 2% 0% 0% 37% 18% Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud ** Comprend les ONG, banques et institutions financières non bancaires spécialisées dans la microfinance, ainsi que les programmes de microfinance des banques commerciales multiservices. 0 figure 9 solde moyen des comptes de crédit des ifa en pourcentage du revenu national brut par habitant Région IMF** Coopératives et Banques Caisses d'État/agricoles/ mutuelles de crédit communautaires de développement AFR 137 % 55 % 34 % 143 % EAP (Chine comprise) 14 % 74 % 58 % 23 % Chine seule 8 % 13 % -- 22 % ECA 68 % 15 % -- -- LAC 43 % 57 % 39 % 69 % MENA 131 % -- -- 1 % SA (Inde comprise) 17 % 12 % 18 % 66 % Inde seule 13 % 9 % -- 66 % Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud ** Comprend les ONG, banques et institutions financières non bancaires spécialisées dans la microfinance, ainsi que les programmes de microfinance des banques commerciales multiservices. figure 10 total des actifs des caisses d'épargne en comparaison du total des actifs bancaires par région (millions usd) Région Total des actifs des caisses Total des actifs bancaires§ Pourcentage du total des d'épargne actifs bancaires EAP USD 649 338 USD 2 217 064 29,3 % SA USD 65 039 USD 302 184 21,5 % LAC USD 47 689 USD 985 179 4,8 % AFR USD 821 USD 152 055 0,5 % ECA USD 100 275 USD 367 099 27,3 % MENA USD 15 279 USD 484 673 3,2 % Total USD 878 441 USD 4 508 255 19,5 % Légende AFR Afrique (subsaharienne) EAP Asie de l'Est et Pacifique MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord LAC Amérique latine et Caraïbes ECA Europe et Asie centrale SA Asie du Sud §Source : Institut mondial des caisses d'épargne, données relatives aux années 2000 à 2003, selon le pays. Caractéristiques institutionnelles : les sont avérées utiles aux fins des travaux de recherche IMF et les autres IFA présentés ici. n IMF spécialisées. Ces IMF sont constituées Regroupement des IFA en catégories en organisations non gouvernementales ou Les institutions de microfinance spécialisées sont les en institutions financières non bancaires dernières nées d'une série d'institutions financières agréées par l'État. La plupart d'entre elles alternatives créées au cours des siècles par des ont été créées dans le sillage de la « révolution philanthropes, d'autres entrepreneurs soucieux de la microfinance » qui a commencé à du bien-être collectif, les pouvoirs publics et prendre de la vitesse dans les années 80. Elles les communautés pour fournir des services aux ciblent leurs activités en général sur le crédit, ménages qui n'ont pas accès à des services adéquats en employant des techniques nouvelles et dans les banques commerciales et les sociétés de extrêmement performantes pour consentir et financement. Les catégories retenues dans le cadre recouvrer des crédits de très faibles montants de cette étude ne sont ni exhaustives ni totalement sans exiger de garantie. Les dépôts se limitent hermétiques et dénuées d'ambiguïté, mais elles se souvent aux montants qui servent d'assurance pour le crédit. Certaines IMF ont été agréées, au Pérou) ont également été incluses dans et sont supervisées par les autorités financières cette catégorie. publiques, de manière à pouvoir offrir des nBanques rurales et/ou locales ayant une services de dépôt volontaire à la clientèle faible dotation en capital. Plusieurs pays qu'elles ciblent et financer leurs propres accordent une licence spéciale aux petits activités au moyen de l'épargne du public ou intermédiaires financiers non coopératifs de financements obtenus sur le marché. détenus par des intérêts locaux (par exemple, nIMF constituées en banque commerciale. Les les banques rurales philippines, les PBR banques commerciales, en tant que groupe, indonésiennes, les banques communautaires ne partagent pas les objectifs sociaux qui nigérianes, les banques rurales ghanéennes et caractérisent la plupart des IFA. Toutefois, les coopératives de crédit rurales chinoises). un certain nombreux d'IMF spécialisées sont Certaines de ces institutions appartiennent à constituées en banques commerciales, et un des intérêts privés, tandis que d'autres certain nombre de banques commerciales se relèvent à la fois d'administrations publiques sont dotées de programmes ou de services de locales et régionales. Elles peuvent microcrédit spécialisés qu'elles gèrent en plus généralement être agréées dès lors que leur de leurs opérations habituelles. Ces capital atteint quelques dizaines de milliers de institutions et programmes ont été pris en dollars. Bien que quelques unes d'entre elles compte parce qu'ils visent une clientèle moins puissent prendre de l'envergure, ces banques aisée que celle que servent généralement les restent de taille limitée en comparaison des banques commerciales. Ces programmes sont autres intermédiaires financiers réglementés souvent, mais pas toujours, établis pour des d'un pays. À l'exception de la structure de motifs sociaux. leur gouvernance généralement concentrée nCoopératives financières (y compris mutuelles entre les mains de quelques actionnaires, elles de crédit). Cette catégorie recouvre une large sont assez similaires aux mutuelles de crédit gamme d'institutions d'épargne et de crédit de par l'échelle et la portée de leurs services. appartenant à leurs membres. Parce que ces nBanques d'État agricoles et de développement. derniers forment généralement une Dans le but de servir des secteurs non « communauté » (par exemple, parce qu'ils desservis par les banques commerciales, de travaillent dans une même société ou qu'ils nombreux pays ont créé des banques d'État vivent dans le même village), les coopératives pour promouvoir l'agriculture ou d'autres financières sont souvent relativement petites. domaines jugés prioritaires pour le Les établissements solides orientent souvent développement. Ces banques sont souvent de davantage leurs activités sur l'épargne que sur grande taille. Beaucoup d'entre elles le crédit. Leur mode de gouvernance repose s'intéressent plus au crédit qu'à l'épargne, ce habituellement sur le principe d'une voix à qui les expose tout particulièrement à une chaque membre. Certaines organisations ingérence des intérêts politiques. Les pouvoirs d'épargne et de crédit relevant des publics se sont souvent montrés prêts à municipalités (comme les Cajas Municipales subventionner les pertes systématiques affichées par ces institutions, de sorte que spécifique de servir une clientèle qui ne recevait leur gestion peut manquer de rigueur. Il s'est pas de services adéquats des banques commerciales avéré particulièrement difficile d'obtenir des et des sociétés de financement. La très grande informations à leur sujet, si bien qu'un majorité des IFA poursuit un « double objectif nombre non négligeable de ces dernières ne de résultat » : elles visent, outre leur objectif figure pas dans la base des données retenues financier, un objectif de type social ou public. Elles pour cette analyse. ne cherchent donc pas à maximiser leurs profits. n Caisses d'épargne postales. La distribution du En termes très généraux, leur clientèle dispose courrier exige un large réseau de bureaux de souvent de revenus et d'actifs moins importants poste, couvrant aussi les zones rurales, ainsi que les clients ayant accès aux services des banques qu'un système opérationnel de transfert de commerciales. La taille moyenne des comptes et des documents et d'informations entre bureaux. transactions est habituellement moins élevée dans Dans certaines postes, les employés ne sont les IFA que dans les banques commerciales. Toutes pas occupés à plein temps par le traitement les catégories d'IFA fournissent probablement des du courrier. De nombreux pays exploitent services à un grand nombre de clients pauvres, mais leur infrastructure postale pour offrir des la part que représentent ces derniers dans le total de services financiers. Les caisses postales ne leur clientèle peut rarement être déterminée sur la consentent généralement pas de prêts : leurs base des informations disponibles. services se limitent aux dépôts d'épargne et Les IFA qui sont agréées et peuvent accepter des aux opérations de paiement/transfert. Les dépôts ne sont généralement pas supervisées par le montants en compte et ceux des transactions même organe que les banques commerciales. Elles sont, en général, très faibles. sont habituellement placées sous la supervision n Caisses d'épargne non postales. Cette d'un service distinct non bancaire de l'organisme catégorie comprend des institutions privées public de contrôle bancaire, voire même d'un ainsi que des institutions publiques. Ces organisme différent. Les organes de réglementation dernières sont souvent très importantes. et de contrôle considèrent souvent que les IFA Comme leur nom l'indique, leurs activités n'appartiennent pas au secteur financier principal sont essentiellement axées sur l'épargne. du pays. Le contrôle auquel elles sont assujetties est Certaines ont des portefeuilles de crédit, mais fréquemment moins rigoureux et moins bon que ils se composent essentiellement de gros prêts celui dont font l'objet les banques commerciales. d'investissement plutôt que de petits crédits aux particuliers. Comme il s'est avéré trop Dans quelle mesure les IMF diffèrent-elles difficile d'obtenir des données globales sur le des autres IFA ? nombre de comptes ouverts dans des banques La différence la plus importante tient au fait que, en d'épargne, il a été décidé d'examiner cette raison de leur mission, les IMF ciblent généralement catégorie indépendamment du reste des IFA. les pauvres, ou les pauvres et les quasi-pauvres, et non pas seulement les clients à faibles revenus ou Quels sont les points communs des ceux qui n'ont pas accès à des services bancaires. différentes catégories d'IFA ? Si la plupart des IMF ne communiquent pas de Toutes ces catégories d'institutions (y compris les données sur le niveau de pauvreté de leurs clients, IMF) ont initialement été constituées dans le but il est probable que ces derniers, considérés en tant que groupe, sont en moyenne plus pauvres, voire de manière à pouvoir conserver cet accès (tant que même probablement beaucoup plus pauvres que l'IMF subordonnera l'octroi d'un nouveau crédit les clients d'autres IFA (bien que des exceptions au respect du calendrier de remboursement du puissent exister au niveau régional). crédit précédent). Le Sommet sur le microcrédit gère la plus Les IMF ont étonné le monde entier non importante base de données sur les IMF. Les seulement en montrant que les pauvres remboursent informations dont il dispose sur la portée de ces les crédits de faible montant qui leur sont accordés, institutions lui sont directement communiquées mais aussi en prouvant que ces opérations de crédit, par ces dernières, et il est difficile de savoir dans pour autant qu'elles soient menées correctement, quelle mesure elles ont été validées de manière peuvent être une activité rentable et leur permettre de recouvrer leurs coûts et de servir une population indépendante. Selon le Sommet, à la fin de l'année considérable sans avoir à bénéficier régulièrement 00, plus de 0 % des emprunteurs des IMF étaient d'injections de subventions aléatoires des pouvoirs « très pauvres » lorsqu'ils ont obtenu leur premier publics ou de bailleurs de fonds. Si la plupart des crédit. La catégorie « très pauvre » comprend les IMF ne sont pas viables sur le plan financier, celles individus figurant dans la moitié inférieure du qui le sont tendent à élargir leur portée de sorte groupe de population vivant en dessous du seuil que, à l'échelle mondiale, un pourcentage élevé et de pauvreté national, ou ceux dont le revenu est croissant des clients des IMF sont clients d'IMF inférieur à un dollar par jour0. rentables. Contrairement à certaines des autres IFA, la Globalement, les IMF affichent, à ce jour, des résultats bien plus satisfaisants pour l'octroi de plupart des IMF ont, au départ, axé principalement crédits que pour la fourniture de services d'épargne leurs activités sur le crédit. Cela n'est guère volontaire de qualité, pour des raisons d'ordre surprenant puisque l'accroissement considérable juridique et parce qu'elles avaient, au départ, du nombre et de la portée des IMF a été entraîné pour vocation d'accorder des crédits. Elles sont par la mise au point de nouvelles technologies néanmoins de plus en plus conscientes des besoins qui se sont avérées très efficaces pour l'octroi et de leur clientèle dans des domaines autres que le recouvrement de crédits de très faible montant le crédit, comme l'épargne, les assurances et les à des emprunteurs ne pouvant fournir aucune mécanismes de transfert de fonds. Certaines autres IFA ont plus d'expérience et une plus grande des garanties habituelles. L'idée-force est que portée en ce domaine que les IMF, qui pourraient l'accès à un bon mécanisme de crédit est si toutefois tirer parti de la situation en demandant précieux pour les clients pauvres que ceux-ci ont à ces IFA de partager avec elles leur savoir ou de tout intérêt à rembourser scrupuleusement leurs forger des partenariats. emprunts, même s'ils n'ont fourni aucune garantie, Contrairement à certaines des autres IFA qui accordent des crédits, la plupart des IMF 0 Sam Daley-Harris, State of the Microcredit Summit Campaign Report 2003 (City: Publisher, 00), p. , -7. http://www.microcreditsummit. considéraient au départ que leur mission consistait org/ pubs/reports/socr/00/SOCR0-E [txt].pdf. à accorder des prêts à des entreprises de (très) petite Le fait que les méthodes utilisées par les IMF pour fournir des crédits soient qualifiées de « nouvelles » ne signifie pas qu'elles n'avaient jamais taille : elles voulaient financer des microentreprises été employées antérieurement. qui permettraient à leurs clients d'échapper à n La viabilité financière, c'est-à-dire la la pauvreté, ou du moins de se protéger de la tarification des services financiers de manière à vulnérabilité associée à celle-ci. On sait, depuis assurer le recouvrement des coûts et la poursuite quelque temps, que même lorsque des crédits sont des activités lorsque les bailleurs de fonds ou les explicitement consentis à des fins commerciales, un pouvoirs publics ne sont plus disposés ou en grand nombre -- parfois la plupart -- des clients mesure de verser des subventions. utilisent en fait les liquidités générées par ces crédits à des fins autres que commerciales dans le cadre Dans quelle mesure les IFA atteignent-elles de l'économie du ménage. C'est probablement ces objectifs ? une bonne chose si l'on part de l'hypothèse, très La portée des services (couverture du marché) plausible, que les emprunteurs sont généralement Si les IFA ont ouvert plus de 750 millions de mieux placés que les institutions pour déterminer comptes dans le monde entier, quel est le degré comment utiliser les fonds au mieux pour accroître de couverture du marché des clients potentiels le bien-être du ménage. -- c'est-à-dire des clients dont le niveau de revenu est inférieur à celui des clients qui ont normalement Les IFA et les objectifs de la accès aux services des banques commerciales et des microfinance sociétés de financement ? Il n'a pas été possible, du moins dans le cadre des présents travaux de De l'avis du CGAP, le défi que doit relever recherche, d'établir une estimation fiable de la la microfinance consiste à mettre en place un demande mondiale de services d'IFA et, partant, environnement dans lequel autant de ménages du pourcentage de ce marché actuellement servi pauvres et quasi-pauvres que possible ont en par des IFA. permanence accès à une gamme adéquate de Pour évaluer de manière très approximative services financiers de qualité. Quatre éléments l'ordre de grandeur de la couverture du marché, doivent être pris en considération : il est nécessaire d'adopter des hypothèses qui n La portée ou l'échelle des services, c'est-à-dire résultent de spéculations mais ne reposent que sur la fourniture d'un accès à autant de personnes des observations très limitées. La figure présente que possible les résultats de calculs effectués à partir d'une série n Le degré de portée des services, c'est-à-dire la d'hypothèses qui, chacune, soulèvent des questions fourniture de services à des individus aussi auxquelles les auteurs ne peuvent pas apporter de pauvres que possible réponse à l'heure actuelle. Les lecteurs sont invités n La qualité de service, c'est-à-dire l'offre d'une à utiliser toute autre hypothèse qu'ils pourraient gamme adaptée de produits financiers juger plus plausible. (épargne, crédit, transferts de fonds des migrants, et assurances) répondant aux besoins effectifs des clients 5 figure 11 estimation de la couverture du marché des ifa Demande 1. Population mondiale 6 milliards 2. Moins clients des pays riches et des banques commerciales des autres pays (1 milliard) 3. Moins population trop jeune ou trop âgée pour travailler (2 milliards) 4. Égal marché cible des IFA 3 milliards Offre 5. Nombre combiné de comptes d'épargne/de crédit ouverts dans des IFA, caisses d'épargne 750 millions comprises (voir tableau 2), plus estimation pour les caisses d'épargne non postales 6. Moins comptes d'épargne inactifs (100 millions) 7. Égal nombre de comptes d'épargne et de crédit actifs 650 millions 8. Moins ajustement au titre des clients détenant plusieurs comptes [1/5 du chiffre de la ligne 7] (130 millions) 9. Égal nombre de clients actifs ~500 millions des IFA Couverture du marché 10.Clients actifs en pourcentage du marché cible [ligne 9 : ligne 4] 17 % 11.Particuliers ayant accès aux services en pourcentage du marché cible [ligne 10 x 2] ~33 % Côté demande, on peut partir d'une population des estimations) sont inactifs. Si l'on déduit ces mondiale de l'ordre de milliards de personnes 00 millions de comptes inactifs du nombre total de dont on déduit le nombre d'habitants des pays comptes (c'est-à-dire 750 millions) (tableau , plus riches et de clients de banques commerciales 50 millions de comptes ouverts dans des caisses d'autres pays, soit environ un milliard de personnes. d'épargne), on aboutit à 50 millions de comptes Des 5 milliards restants on soustrait les individus actifs. Enfin, si l'on suppose qu'un cinquième âgés de moins de 5 ans ou trop âgés pour de ce chiffre représente des comptes d'épargne travailler, dont le nombre a été estimé à multiples détenus dans une même institution par milliards, pour parvenir à un marché qui, pour un seul client ou des comptes détenus par un seul les IFA, se compose de peut-être milliards de client dans différentes institutions, on aboutit à une personnes en âge de travailler mais sans accès aux estimation de l'ordre de 500 millions de clients services des banques commerciales. actifs à tout moment, alors que le marché cible Côté offre, on peut partir de l'hypothèse extrême compte environ milliards de clients potentiels. que les plus de 750 millions de comptes ouverts Sur la base de ces hypothèses, les IFA ne dans les IFA sont détenus par des clients qui fourniraient effectivement de services qu'à environ n'ont pas accès à des banques commerciales. On un sixième de leurs clients potentiels. Toutefois, service effectif n'est pas synonyme d'accès : un suppose qu'un septième (00 millions) des 700 grand nombre de personnes ont accès à des services millions de comptes d'épargne (les 550 millions financiers auxquels ils peuvent ne pas souhaiter indiqués dans le tableau plus les 50 millions recourir à un moment donné. Si l'on suppose que de comptes d'épargne bancaires indiqués par les clients actifs des IFA ne représentent que la Les personnes trop jeunes ou trop âgées pour travailler peuvent moitié des individus qui ont accès aux services de avoir des comptes de crédit ou, plus vraisemblablement, des comptes ces institutions lorsqu'ils le souhaitent, le nombre d'épargne. Nous avons toutefois supposé qu'ils utilisent ces services dans de personnes ayant accès à des services d'IFA une bien moindre mesure que les membres de la population d'âge actif. Il faut noter ici que, pour estimer le nombre des clients des caisses indiqué par les estimations passe alors à un milliard, d'épargne, on s'est efforcé dans la section précédente d'exclure les soit un tiers du marché ciblé. titulaires de comptes importants. On pourrait donc faire valoir, sur la base de ce qui concerne la mobilisation de l'épargne, mais ces hypothèses, pour le moins spéculatives, que beaucoup d'entre elles n'offrent pas de produits les IFA n'ont toujours pas réussi à atteindre d'épargne suffisamment liquides et faciles à utiliser les deux tiers de la population sans accès à des pour satisfaire aux besoins des pauvres qui souhaitent services bancaires qu'elles ont pour mission de avoir immédiatement accès à leur argent lorsqu'ils servir. Certains individus inclus dans l'estimation de doivent faire face aux événements imprévisibles qui la demande vivent dans un dénuement trop profond caractérisent leur existence précaire. pour pouvoir recourir à des services financiers. D'autres vivent dans des régions tellement isolées La qualité des services ou peu peuplées qu'il est difficile en pratique de L'étude du CGAP ne fournit aucun nouvel leur fournir des services financiers formels. Mais éclaircissement en la matière. Toutefois, les même lorsque l'on prend ces situations en compte observations réunies permettent de penser que et, de manière plus générale, la forte marge les services de nombreuses IFA -- en particulier d'erreur dont sont assorties les estimations retenues les IFA publiques -- pourraient être de piètre pour calculer cette estimation, il est évident que les qualité. Au nombre des problèmes couramment efforts déployés pour offrir un accès financier au cités figurent le coût élevé des transactions pour plus grand nombre de personnes possible sont très les clients (notamment le temps nécessaire pour loin d'avoir abouti. accéder aux services) ; l'offre de produits d'épargne et de crédit inutilement rigides, non adaptés aux Le degré de portée des services : toucher différents besoins de la clientèle ; l'impossibilité les pauvres d'avoir accès à des informations sur les comptes ou Selon l'estimation très hypothétique établie dans la d'obtenir des informations fiables ; et le manque section précédente, les deux tiers de la population ne de courtoisie avec laquelle les employés traitent bénéficiant pas de services bancaires n'ont pas accès les clients. La gamme des produits disponibles est à des services financiers formels. On peut supposer également problématique : les IFA sont loin de que la proportion des pauvres et quasi-pauvres fournir tous les services qu'elles pourraient, par sans accès à des services est considérablement plus exemple en ce qui concerne les transferts de fonds élevée. Les IMF, en tant que groupe, ciblent en depuis l'étranger et les assurances. principe une clientèle pauvre et quasi-pauvre, ce qui n'est pas le cas de la plupart des autres types d'IFA, La viabilité financière même si la taille moyenne de leurs comptes laisse Beaucoup d'IFA ne tirent pas suffisamment de penser qu'elles fournissent des services à un grand revenus de leur clientèle pour couvrir le coût de nombre de clients rentrant dans ces catégories. la prestation de leurs services financiers. D'aucuns Les crédits non garantis et l'épargne liquide font valoir que cette situation est justifiée par la sont deux produits financiers qui revêtent une mission sociale de ces institutions. Cette opinion importance particulière pour les pauvres. La majeure serait moins contestable si l'on pouvait supposer partie des IFA publiques, qui détiennent une très que les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds grande partie des infrastructures et fournissent disposent de ressources suffisantes pour verser une très forte proportion des services, n'accordent des subventions assurant un accès financier à tous pas de crédits sans garantie ou le font mal. Leurs les ménages pauvres ou quasi-pauvres, et que la prestations sont, en général, plus satisfaisantes en continuité de ces subventions est garantie à long 7 terme. Toutefois, ces hypothèses cadrent mal avec adéquates ; en effet, les pouvoirs publics décrètent la réalité. parfois, à des fins politiques, l'annulation des De toute évidence, les institutions qui ne dettes contractées par les clients auprès des IFA pourront recouvrer leurs coûts devront puiser sur publiques. leur capital et finiront par disparaître, à moins De manière plus générale, les desseins politiques que les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds peuvent introduire des distorsions dans de ne continuent à leur verser des subventions. Mais nombreux aspects des activités des IFA publiques, même dans ce cas, les subventions ne sont presque tels que la sélection des directeurs, les lieux jamais assez importantes pour satisfaire plus d'une d'implantation des agences et les relations entre petite fraction de la demande, de sorte que le employeurs et employés. service doit être rationné (par exemple, par le biais d'une allocation décidée au niveau politique ou par Implications pour la stratégie de le prélèvement de frais de transaction élevés auprès promotion de la microfinance des clients). Il n'y a aucune raison de penser que les subventions accordées par les pouvoirs publics Les informations collectées dans le cadre de cette étude et les bailleurs de fonds aux fins de l'octroi de laissent penser que les promoteurs de la microfinance financements à une clientèle pauvre augmenteront aussi bien que les banques centrales et les ministères considérablement à l'avenir ; de fait, il semblerait des finances devraient accorder une plus grande plutôt qu'elles évoluent à la baisse. attention aux IFA qu'ils ne le font actuellement. Par contre, les institutions financières qui Au cours des 0 années qui ont suivi l'émergence couvrent leurs coûts, y compris le coût estimé du mouvement moderne de la microfinance, les des financements commerciaux, peuvent continuer parties prenantes ont en général concentré leurs de fournir leurs services et de les développer efforts sur les nouvelles techniques de crédit et en attirant des capitaux non subventionnés, aux sur les « institutions de microfinance » privées conditions du marché. À toutes fins pratiques, il -- essentiellement les ONG -- qui ont piloté n'existe pas de limite aux volumes de financements l'élaboration de ces techniques. L'attention se qui peuvent être obtenus sur le marché. Il existe porte à présent de plus en plus sur d'autres services un fossé considérable entre l'offre actuelle de financiers -- en particulier l'épargne -- et d'autres financement aux pauvres et la demande émanant institutions. En particulier, les trois quarts des de ces derniers. Ce fossé ne sera jamais comblé comptes ouverts dans des IFA et les deux tiers par des intermédiaires financiers qui affichent des comptes de crédit gérés par ces institutions se systématiquement des pertes, comme le font de trouvent dans des IFA publiques. Même si l'on nombreuses IFA. considère uniquement la clientèle pauvre et quasi- L' un des principaux obstacles à la viabilité pauvre ou, de manière encore plus restrictive, les financière tient au fait que la plupart des IFA crédits à cette clientèle, il est possible que ce ne soit publiques et certaines institutions privées ne pas les IMF qui fournissent l'essentiel des services. maîtrisent pas suffisamment les opérations d'octroi En règle générale, les autorités financières et de recouvrement de petits crédits non garantis publiques ne considèrent pas que les IFA font partie pour pouvoir éviter des taux d'impayés intolérables. du système financier au sens classique du terme et Il n'est pas rare que ce problème ait une cause autre peuvent donc manifester à l'égard de ces dernières que la simple ignorance des techniques de crédit une « indifférence bienveillante ». Les activités de contrôle, en particulier, sont souvent moins 8 rigoureuses dans le cas des IFA. Cette attitude peut Les informations sur la portée des IMF ne être justifiée si l'on considère que ces institutions réservent guère de surprise : elles proviennent, (à l'exception des caisses d'épargne) ne détiennent pour la plupart, de la base de données du Sommet qu'un pourcentage minime des actifs du système du microcrédit qui les publie chaque année sous financier. Toutefois, le volume des actifs n'est pas forme résumée. Il est plus surprenant (en tout cas le seul indicateur de la dimension d'un système pour les auteurs) de constater l'ampleur du rayon financier. Lorsque l'on considère le nombre de d'action des autres IFA. clients plutôt que le volume de capitaux, les IFA Les IMF, qui ciblent plus activement une passent au premier plan : leur clientèle comprend clientèle pauvre que la plupart des autres IFA, probablement une large proportion-- dans certains méritent de faire l'objet d'une promotion et cas la majorité -- des clients du système financier d'un appui systématiques. Toutefois, à l'heure dans un grand nombre des pays considérés dans actuelle, ce sont les autres IFA qui ont la plus le cadre de cette étude. Vues sous cet angle, les grande portée et l'infrastructure la plus développée. IFA devraient être les principaux organismes (Bien que beaucoup de leurs clients ne soient ciblés par les programmes de réforme et de pas pauvres, ces IFA sont plus susceptibles que modernisation du secteur financier. les banques commerciales d'avoir des agences L'équipe chargée des travaux de recherche n'a dans les régions habitées par des groupes de pas pu trouver d'informations sur le nombre de population pauvres.) C'est pourquoi les bailleurs comptes ouverts dans des banques commerciales de fonds, les pouvoirs publics et les autres ou dans l'ensemble du système bancaire, dans parties prenantes souhaitant promouvoir des la plupart des pays considérés. Il n'a donc pas services financiers ciblant une clientèle pauvre été possible de procéder à des comparaisons et quasi-pauvre devraient considérer avec la internationales du nombre de comptes ouverts plus grande attention les opportunités et les dans des IFA et du nombre de comptes ouverts problèmes associés à toutes les IFA. dans des banques commerciales. Les exemples Beaucoup des limites caractérisant les IFA portés dans la figure montrent toutefois le rôle représentent aussi des opportunités : elles présentent important que jouent ces institutions, même en un fort potentiel d'amélioration de la viabilité excluant les caisses d'épargne pour lesquelles nous financière, du ciblage d'une clientèle pauvre et manquons de données. de la qualité de leurs produits (en particulier le recouvrement des prêts). figure 12 comptes ouverts dans des ifa et comptes bancaires Pays Comptes IFA Comptes bancaires Comptes IFA en pourcent. du (non IFA) total des comptes Bolivie 686 716 601 565 53 % Burkina Faso 1 099 883 328 994 77 % Colombie 1 769 425 29 065 495 6 % Côte d'Ivoire 1 243 917 659 642 65 % Nicaragua 248 725 495 526 33 % Niger 1 527 363 29 057 98 % Pologne 713 812 8 951 100 7 % Sources : organes de contrôle bancaire pour la Bolivie, le Nicaragua et la Colombie ; Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest ; Centre de la microfinance (Varsovie). 9 Il existe également de vastes possibilités Le problème est que, d'un côté, les institutions d'échanges fertiles entre les IFA. Les IMF ont mis publiques semblent offrir de vastes opportunités au point un modèle très performant de prestation -- elles comptent la grande majorité des clients de crédit sans garantie aux emprunteurs pauvres. et possèdent l'essentiel des infrastructures -- mais Exploiter ce modèle par le biais des infrastructures de l'autre, elles font rarement de bons prestataires développées par les autres IFA pourrait donner lieu de microcrédit. Sachant cela, on pourrait penser à un accroissement considérable des services de que les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds crédit. À l'inverse, la plupart des IMF n'ont que doivent accroître leurs efforts pour améliorer les peu d'expérience des services de dépôt et pourraient services d'épargne des IFA publiques, en particulier apprendre beaucoup des IFA compétentes dont les pour fournir des services adaptés aux besoins activités privilégient l'épargne -- ou former des spécifiques d'une clientèle pauvre. Des progrès partenariats avec ces dernières. considérables pourraient être accomplis par certains La réforme des institutions publiques soulèvera intermédiaires publics en ce domaine, d'autant des problèmes de gouvernance. Il est notoirement plus que ce type de réforme ne va généralement difficile de réformer des établissements financiers pas à l'encontre d'intérêts politiques particuliers. publics fournissant des services aux particuliers, Nous savons par ailleurs que les clients pauvres, surtout lorsqu'il s'agit de leur faire adopter des voire même très pauvres, attachent une très grande pratiques de prêt rationnelles, parce que le cadre importance à la possibilité de bénéficier de bons des incitations politiques ou autres dans lequel services d'épargne formels. opèrent leurs dirigeants et leurs gestionnaires n'est Les banques d'État en cours de privatisation pas toujours favorable à l'offre de services financiers peuvent présenter des perspectives intéressantes. de qualité aux groupes de population pauvres. De Leurs acquéreurs préféreront souvent fermer les nombreuses banques d'État fournissent néanmoins agences rurales qui ne sont pas rentables alors déjà des services d'épargne de qualité tout à fait que les pouvoirs publics souhaitent ardemment respectable, de sorte que bien d'autres institutions maintenir une offre de services financiers dans ces pourraient être en mesure d'améliorer leurs résultats régions. L'offre de bons services de microcrédit en ce domaine. dans ce type d'agences pourrait contribuer à Côté crédit, la situation semble moins favorable. considérablement réduire les pertes sur crédits Très peu d'IFA publiques fournissent actuellement et à augmenter les revenus desdites agences sans des services de crédit satisfaisants malgré les trop accroître les dépenses de personnel et les nombreux efforts déployés à des fins de réforme. frais d'administration et, partant, à sensiblement Quelques-unes ont réussi à développer des pratiques améliorer la rentabilité de ces établissements. saines de crédit au sein d'un vaste réseau d'agences, Le problème auquel sont confrontées les avec des résultats spectaculaires. Elles sont toutefois mutuelles de crédit et autres coopératives financières rares ; il faut bien reconnaître qu'une toute petite appartenant à leurs membres tient au fait que, fraction des IFA contrôlées par l'État présentent les parce que leur structure implique l'homogénéité conditions nécessaires à la mise en place de bons des membres, ces institutions sont extrêmement services de microcrédit. nombreuses mais relativement petites. Bien que les fédérations et les organes réglementaires d'État 0 contrôlent dans une certaine mesure les mutuelles de crédit, il n'en reste pas moins que la réforme des mutuelles de crédit précaires est effectuée une institution après l'autre, et est donc tributaire de décisions prises par de nombreux administrateurs et équipes dirigeantes. Mais, s'il peut être plus facile de réaliser des transformations dans des agences placées sous le contrôle d'une autorité centrale que dans une série d'institutions autonomes, il ne faut pas exagérer l'ampleur du problème. Certaines initiatives de renforcement de mutuelles de crédit ont été menées avec beaucoup de succès, surtout dans les dernières années. En particulier, un nombre croissant de mutuelles de crédit adoptent des techniques de microcrédit pour servir une clientèle plus pauvre. La conclusion principale qui peut être tirée de cette étude est que, pour pouvoir offrir des services financiers adaptés aux pauvres, il faut qu'une large gamme d'institutions offre des services financiers diversifiés. Pour promouvoir ce processus, il importe d'ouvrir de nouvelles perspectives et d'adopter une démarche créatrice. n n n Annexe : méthodologie et limites des données Il est difficile d'obtenir des chiffres fiables sur le moindre envergure. L'enquête a certainement omis nombre d'emprunteurs et d'épargnants des IFA. des milliers de très petites ONG qui ne rendent Nombre de ces institutions ne rendent compte à compte à aucun réseau central. Toutefois, même aucun organisme central, de sorte que les auteurs si ces petites institutions sont nombreuses, elles ont dû collecter des informations auprès de centaines n'ont probablement pas un impact significatif sur de sources. La majeure partie de ces informations la situation générale. proviennent de bases de données tenues par des Comme c'est le cas dans d'autres domaines de institutions comme la Banque mondiale, l'Agence l'activité économique, un nombre relativement des États-Unis pour le développement international limité de grandes institutions semblent être (USAID), le Conseil mondial de coopératives responsables de l'essentiel des activités. Lorsque l'on d'épargne et de crédit (WOCCU), le Sommet du considère la série de données du CGAP qui couvre microcrédit, et d'autres réseaux. Les statistiques plus de 000 IFA, on constate que deux tiers des ont été mises à jour et complétées au moyen comptes sont détenus par les cinq organisations les des données communiquées directement par un plus importantes, et quatre cinquième des comptes grand nombre d'institutions, notamment lorsque par les principales. En Amérique latine, où les auteurs connaissaient l'existence d'importantes l'inventaire institutionnel a été plus poussé parce institutions n'apparaissant pas dans les bases de qu'il s'est inscrit dans le droit fil d'un inventaire données existantes. antérieur, les estimations montrent que les petites Les données présentées sont les plus récentes ONG qui n'ont pas été prises en compte dans disponibles. Dans certains cas, elles remontent à l'étude constituent entre 75 et 80 % de toutes les 997 mais, le plus souvent, elles se rapportent à institutions mais ne possèdent qu'environ 5 % du 000 ou aux années suivantes. nombre total de clients effectifs. L'inventaire des La fiabilité et l'exhaustivité des informations IMF réalisé au Bangladesh a permis d'obtenir des présentées ici sont limitées à certains égards. Pour données sur plus de 57 IMF ; les 0 institutions commencer, leur couverture n'est pas exhaustive. les plus importantes réunissent toutefois 80 % des Il ne fait aucun doute qu'un grand nombre clients. d'institutions sont passées entre les mailles du L'opération de collecte de données pour les filet. L'enquête a pris fin lorsque les informations besoins de cette étude a pris fin en septembre supplémentaires collectées ne semblaient plus avoir 00. Les données présentées sont les plus récentes d'impact sur la configuration générale relevée. disponibles pour chaque institution. Dans 78 % Les efforts déployés pour obtenir des chiffres ont été plus importants dans les pays de grande taille Y compris les clients de la Grameen Bank (décembre 00) et 57 ONG (juin 000) pour lesquelles des informations sont que dans les pays plus petits, et pour les réseaux présentées dans CDF Statistics, vol. (novembre 000), Credit and d'institutions plus vastes que pour les réseaux de Development Forum. des cas, elles se rapportent à 000 ou aux années clients peuvent avoir plusieurs comptes. Un suivantes. Les données indiquées correspondent client peut avoir un compte d'épargne et un à 000 ou à des années ultérieures dans le cas de compte de crédit dans une même institution, ou 78 % des institutions. plusieurs comptes de dépôt, voire même plus d'un L'étude a consisté en un inventaire unique. Le compte de crédit. Enfin, certains clients détiennent CGAP n'a pas pris de décision concernant la mise des comptes dans plus d'une institution. à jour des données ou la poursuite d'un processus Le nombre de comptes d'épargne est quatre itératif. fois plus élevé que celui des comptes de crédit. La plupart des IFA ont été créées pour fournir Cependant, l'existence d'un compte d'épargne des services à une clientèle dont le niveau de sur les registres d'une institution ne signifie pas revenu était, dans l'ensemble, moins élevé que nécessairement que le titulaire de ce compte celui de la clientèle des banques commerciales à utilisait les services de l'institution à la date à l'époque. Toutefois, il existe manifestement certains laquelle les données ont été collectées. La plupart chevauchements entre la clientèle des IFA et celle des institutions d'épargne affichent une proportion des banques commerciales. En particulier, certaines non négligeable de comptes inactifs, dans lesquels banques commerciales ont réagi à la libéralisation un petit montant peut être conservé ne serait-ce financière en développant leurs services à une que pour permettre au client de rester membre ou clientèle de particuliers intéressés par de petites d'utiliser le compte à une date future. transactions. La clientèle des banques commerciales Les informations disponibles sur le niveau n'a cependant été prise en compte dans cette étude socioéconomique de la clientèle des différentes que lorsque que les banques en question étaient institutions sont très limitées. spécialisées dans la microfinance (au sens strict du Enfin, les informations collectées dans le cadre terme « microfinance », tel qu'il est employé dans de cette étude sont des indicateurs de la portée le reste de l'étude) ou présentaient des données des services (il s'agit généralement du nombre distinctes sur leurs activités de microcrédit. de comptes) et du portefeuille ou du volume C'est en général le nombre de comptes, et non des actifs. Les observations sur la nature et les pas le nombre de clients, qui sont indiqués dans difficultés associées aux différents types d'IFA ont cette étude. De nombreuses institutions n'ont pas été rassemblées non pas dans le cadre de l'étude, été en mesure de fournir le nombre de leurs clients. mais par les auteurs et leurs collègues lors de Il est important de faire la distinction entre travaux antérieurs. comptes et clients. Le nombre de clients actifs La liste des pays et des institutions figurant dans est inférieur au nombre de comptes car certains la base de données figurent avec la présente étude sur le site web du CGAP. Les IMF les plus spécialisées ont indiqué le nombre de leurs clients tandis que les mutuelles de crédit ont en général communiqué le nombre de leurs membres. Étude Spéciale No 8 Étude spéciale N° 8 Les auteurs de cette étude spéciale sont Robert Peck Christen et Richard Rosenberg, tous deux conseillers sénior au CGAP, et Veena Jayadeva, assistante de recherche, également au CGAP. La présente étude a bénéficié de très importantes contributions de Gautam Ivatury et Rani Deshpande. Les auteurs souhaitent également remercier Marguerite Robinson, Frank DeGiovanni, Brigit Helms, Elizabeth Littlefield, et Ousa Sananikone de leurs précieux commentaires. N'hésitez pas à faire lire cette Étude spéciale à vos collègues ou à nous demander des exemplaires supplémentaires. Toutes les publications du CGAP sont disponibles sur son site web, à l'adresse www.cgap.org.