57047 Pour un développement écologiquement viable en Afrique du Centre-Ouest (traduit de l'anglais) Dans la sous-région de l'Afrique du Centre-Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Niger, Nigeria et Togo), plusieurs pays ont établi un plan national d'action environnementale (PNAE). Certains mettent en oeuvre des programmes d'appui environnementaux fondés sur ces plans, ainsi que des projets plus localisés de gestion des ressources naturelles, de gestion de l'environnement urbain et de conservation de la biodiversité. Mais dans bien des cas, ces stratégies et plans environnementaux ne sont pas véritablement intégrés au processus de planification du développement national et aux stratégies d'aide de la Banque mondiale pour ces pays. En outre, les plans conçus à l'échelon d'un pays ne tiennent pas toujours suffisamment compte des aspects qui transcendent les frontières nationales, ni des possibilités de maximiser les résultats par une coopération au niveau sous-régional. Dans cette perspective, la Banque mondiale a élaboré, en collaboration avec d'autres bailleurs de fonds, des ONG et des experts africains, un document de stratégie environnementale qui a été soumis aux parties prenantes de la sous-région. Cette étude, intitulée Towards Environmentally Sustainable Development in West Central Africa, fait le bilan des efforts de développement déployés au niveau national face à la dégradation des ressources naturelles et au rythme alarmant de la croissance démographique. Le rapport fait état d'un certain nombre de succès. Il conclut toutefois que la croissance démographique accélérée et l'urbanisation rapide, le taux élevé de pauvreté et le fait que la plupart des familles pauvres dépendent directement des ressources naturelles pour leur subsistance, le faible degré de sensibilisation aux problèmes environnementaux à tous les niveaux de la société, les défaillances du marché et des pouvoirs publics, ainsi que les faiblesses institutionnelles sont autant d'éléments qui rendent nécessaires une intensification et une réorientation des actions en faveur de l'environnement. Ces facteurs mettent en relief les problèmes prioritaires de la sous-région, tels que ceux-ci ont été identifiés dans le cadre des exercices de planification nationale : i) dégradation des sols ; ii) déboisement et perte de biodiversité ; iii) disponibilité et qualité de l'eau ; iv) dégradation de l'environnement urbain ; et v) dégradation des ressources côtières. Si rien n'est fait pour remédier à ces problèmes, ceux-ci ne manqueront pas de limiter de plus en plus les possibilités de développement durable. Il ressort de la stratégie que la prochaine étape d'une action en faveur d'un développement écologiquement viable consiste à prendre en compte les considérations environnementales dans la planification du développement national, dans tous les secteurs et à tous les niveaux de la société. À partir de cette analyse, le rapport propose d'axer l'aide de la Banque sur cinq domaines prioritaires : sensibilisation aux problèmes environnementaux ; développement des capacités nationales de gestion de l'environnement ; aide aux gouvernements pour remédier aux problèmes environnementaux prioritaires ; identification des interactions entre problèmes sociaux et environnementaux, et formulation d'interventions appropriées ; et interventions pour résoudre des problèmes environnementaux à l'échelon mondial. Le processus : apprendre par une réflexion commune Méthode. Plutôt que de considérer le document de stratégie comme une fin en soi ou de s'en remettre à la Banque pour organiser un nouvel atelier, il est apparu que le processus de diffusion de ce document devait être conçu de façon à favoriser le développement des capacités et les contacts entre les parties prenantes, pour oeuvrer à un développement écologiquement viable. Le processus de diffusion de la stratégie a été conçu par des représentants de chacun des sept pays africains concernés. Ils se sont fixés pour objectif d'amener les pays appartenant aux mêmes écorégions à entreprendre une action commune, à apprendre les uns des autres et à proposer de nouvelles initiatives. Un fonds fiduciaire financé par la Norvège a fourni les ressources nécessaires pour concrétiser cette idée novatrice. Atelier de planification. Au cours d'un atelier de planification organisé en mars 1996 à Abidjan, trois acteurs clés de chacun des sept pays (généralement le directeur du Service de l'environnement, un responsable de la commission de planification et le directeur d'une ONG s'occupant d'environnement) ont rencontré le président de l'atelier pour discuter du document de stratégie et établir l'ordre du jour de l'atelier principal. Aucun représentant de la Banque n'a pris part à cette réunion de planification. Le groupe a décidé de consacrer la moitié des débats de l'atelier à des questions environnementales de portée transnationale, afin de profiter de l'occasion unique offerte à des pays voisins de mener une réflexion commune sur des problèmes environnementaux communs. Pendant le reste de l'atelier, les participants ont procédé à des échanges de vues sur les pratiques optimales pour faire face aux priorités environnementales nationales. Pour que les discussions restent centrées sur la sous-région et soient de nature à favoriser un processus d'appropriation nationale, le groupe de planification a décidé que la quasi-totalité des communications présentées à l'atelier serait préparée par des experts nationaux. Rôle des missions résidentes de la Banque. Chaque mission résidente a chargé un de ses membres de jouer un rôle de liaison pour apporter un appui aux délégations nationales avant et après la réunion de planification. Tout en encourageant les délégations nationales à prendre en charge le processus et le programme de travail en découlant, il s'agissait pour ces agents de liaison d'établir des liens beaucoup plus solides avec les partenaires nationaux de la Banque pour les questions environnementales. L'atelier de Yamoussoukro L'atelier, qui a eu lieu en juillet 1996 à Yamoussoukro, était la première réunion rassemblant les principaux acteurs de l'environnement des pays aussi bien anglophones que francophones d'Afrique du Centre-Ouest. Dans beaucoup de cas, des spécialistes de l'environnement ont ainsi pu rencontrer pour la première fois leurs homologues des pays voisins. De l'avis de nombreux participants, cela a suffi à conférer un immense intérêt à l'atelier. Le groupe de planification avait également pris la décision capitale d'inviter à cette réunion un ensemble de participants qui ne se limitait pas à la communauté traditionnelle de l'environnement. Les délégations comprenaient des représentants des ministères des Finances, des services de planification économique, des média, des milieux universitaires et du secteur commercial. Il s'agissait d'un pas important vers l'intégration de l'environnement dans le développement national sous tous ses aspects. Les thèmes de portée nationale inscrits à l'ordre du jour étaient les suivants : renforcement des capacités et formation, intégration de l'environnement dans les processus de planification et de budgétisation, et participation des parties prenantes. Les autres thèmes avaient une dimension transnationale : systèmes d'information environnementale, gestion des zones côtières et gestion des écosystèmes terrestres transnationaux. Les coordinateurs de la Banque et du PNUD pour le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) ont organisé séparément une journée d'information spéciale sur le FEM portant sur les questions qui intéressent les pays d'Afrique du Centre-Ouest. D'emblée, les participants ont identifié cinq problèmes qui devront être résolus pour permettre à la sous-région de progresser vers un développement écologiquement viable : suppression des barrières sectorielles et établissement de passerelles multisectorielles ; résolution des problèmes transnationaux ; prise en compte des liens entre la pauvreté et l'environnement ; intégration de l'environnement dans le développement ; et passage à une action concrète. Mesurer les résultats : activités de suivi Le succès du processus sera d'autant plus grand qu'il aura servi de catalyseur pour mettre en place des activités de suivi visant à répondre à la question à l'origine de ce processus : « Comment intégrer les considérations environnementales dans la planification du développement national ? » Dans ce contexte, outre le maintien des réseaux informels établis lors de l'atelier et la mise en oeuvre d'activités nationales, les différents pays se sont engagés à servir de centres de liaison pour les domaines d'action régionaux indiqués dans la « Déclaration de Yamoussoukro » pour faire en sorte que les mesures complémentaires clés soient prises dans les six à huit mois à venir. Ces actions portent le processus de diffusion à un niveau plus technique, élargissent la coopération sous-régionale et renforcent l'intégration des aspects environnementaux dans le développement national. 1. Systèmes d'information environnementale Centres de liaison Ghana et Bénin Le Ghana, qui est l'un des centres de liaison nationaux pour les systèmes d'information environnementale (SIE), organisera en février 1997 un atelier technique en vue de discuter la coordination des bases de données et l'établissement d'indicateurs communs pour les ressources naturelles de la sous-région. 2. Évaluation des effets sur l' environnement Centres de liaison Ä Nigéria et Bénin Le Nigéria et le Bénin proposent d'apporter leur appui à deux importants programmes de formation technique aux évaluations environnementales qui seront organisés à l'intention des secteurs public et privé dans la sous-région. Au niveau bilatéral, le Bénin aide le Niger à organiser un atelier sur ce thème. 3. Gestion des zones côtières Centres de liaisonÄ Togo et Nigéria Le projet PNUD/FEM en cours dans le golfe de Guinée permettra d'établir un centre de données sur les zones côtières et de préparer des plans d'action nationaux pour la gestion de ces zones. 4. Intégration de considérations environnementales dans la planification et les finances Centres de liaisonÄ Niger et Côte d'Ivoire Le Ghana est le premier pays à intégrer les considérations environnementales dans la gestion des finances publiques. Il a en effet créé un secrétariat à l'environnement au sein du ministère des Finances. En août 1996, l'Environmental Protection Agency (EPA) a organisé un atelier sur les aspects économiques de l'environnement à l'intention de 40 participants des secteurs public et privé. Le ministère des Finances a demandé qu'on organise un atelier complémentaire pour que les aspects environnementaux soient pris en compte dans le processus de préparation du budget national. L'EPA du Ghana se propose, en collaboration avec la Commission de planification du développement national, de renforcer les capacités locales pour permettre la prise en considération de l'environnement au niveau des districts. Après avoir participé à l'atelier, le Directeur de l'exécution du budget du Bénin a décidé de prévoir 50 millions de francs CFA (approximativement 1 million de dollars) pour la gestion de l'environnement dans le budget 1997. 5. Problèmes transnationaux Centres de liaisonÄ Ghana et Burkina Faso Durant l'atelier, des rencontres informelles ont eu lieu entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, ouvrant la voie à l'organisation d'une réunion internationale qui permettra à ces pays de discuter de la gestion de l'écosystème transnational. Le réseau informel de gestion des ressources naturelles d'Afrique de l'Ouest envisage d'organiser une réunion avant la fin de l'année. 6. Autres activités de suivi Équipe de la Banque et missions résidentes. L'équipe de la Banque est en train de préparer un compte rendu succinct des débats de l'atelier. Ce document, qui sera largement diffusé, présentera le processus de diffusion et les activités de suivi que doivent entreprendre les pays et la Banque mondiale. Les agents de liaison des missions résidentes continueront d'appuyer les activités de suivi dans les différents pays. Constitution de réseaux. Les participants ont créé des réseaux informels et officiels pour prendre contact avec leurs voisins, échanger des informations sur les pratiques optimales et apprendre les uns des autres. Les ONG présentes à l'atelier sont en train d'établir un réseau d'ONG s'occupant d'environnement en Afrique du Centre-Ouest. De même, des réseaux de média et de consultants privés spécialisés dans l'environnement voient le jour. La plupart des participants ont organisé des séances d'information au sein de leurs institutions pour faire connaître les conclusions de l'atelier. L'équipe chargée de la préparation du PNAE du Niger doit se rendre au Bénin pour tirer parti de l'expérience de ce pays dans ce domaine. Coordination entre le PNUD/FEM et la Banque pour la gestion des zones côtières. À la suite de rencontres qui ont eu lieu au cours de l'atelier, il a été décidé que la Banque serait représentée au sein du Comité directeur du Projet golfe de Guinée PNUD/FEM, dont les opérations concernent les zones côtières de cinq pays de l'Afrique du Centre-Ouest. Cela permettra d'améliorer la communication et d'identifier d'éventuels domaines de collaboration entre le projet PNUD et l'action de la Banque dans le cadre du programme de gestion des zones côtières qui est en train de prendre de l'importance dans la sous-région. Conclusion Il est clair que les participants à l'atelier de Yamoussoukro, venus des horizons les plus divers, ont été exposés à un grand nombre d'idées et d'approches nouvelles, avec lesquelles ils sont repartis dans leurs pays respectifs pour promouvoir l'intégration d'objectifs environnementaux dans leurs programmes de développement national. Comme on l'avait espéré, cet atelier, loin d'être une fin en soi, s'est inscrit Ä en jouant un rôle de catalyseur Ä dans un processus d'initiatives nationales visant à améliorer la gestion de l'environnement dans la sous-région. Vu le succès de la réunion de Yamoussoukro, on se propose d'organiser des ateliers similaires en Afrique orientale et australe. Tout en étant adaptés aux préoccupations et aspirations spécifiques à ces sous-régions, ces ateliers reprendront l'approche de Yamoussoukro et viseront à intégrer l'environnement dans le développement national. Le présent article s'inspire d'études sectorielles sous-régionales effectuées sous la direction de T. Swayze. Pour recevoir le document de travail ou le compte rendu de l'atelier, s'adresser à David Moffat au (202) 458-2310 ou à Colleen Logan au (202) 458-1222 à la Banque mondiale : World Bank, 1818 H Street NW, Washington, D.C. 20433. Adresse Internet : pmohan@worldbank.org.