EDUCATION FINANCE WATCH 2021 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Introduction Pour atteindre les objectifs éducatifs nationaux et inter- nationaux, de nombreux pays devront investir davantage dans leur système éducatif. Au cours de la dernière décennie, les dépenses publiques en matière d’éducation ont connu une augmentation constante, mais la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur les finances publiques, et les perspectives de maintien de cette augmentation se sont détériorées. Cependant le défi du financement de l’éducation ne consiste pas seulement à mobiliser des ressources, mais aussi à améliorer l’efficacité du financement lui-même. Malheureusement, les hausses récentes des dépenses publiques d’éducation ont été associées à des amélio- rations relativement faibles en termes de résultats scolaires. Bien que l’accès à l’éducation se soit amélioré, 53 % des enfants de 10 ans dans les pays à faible et moyen revenu sont incapables de lire un texte court et adapté à leur âge (Banque Mondiale 2019).1 La lutte contre l’inefficacité des dépenses et les inégalités communes à Banque Mondiale / Ousmane Traore (MAKAVELI) de nombreux systèmes éducatifs sera déterminante pour parvenir à faire un meilleur usage des ressources et renforcer le lien entre les changements intervenus dans l’année dans les principales sources dépenses et les résultats obtenus dans l’éducation. de financement de l’éducation (à savoir les pouvoirs publics, les ménages et l’aide au développement).2 Chaque année, le rapport Ce rapport Éducation Finance Watch (EFW) est le fruit EFW mettra également en lumière une question clé liée au d’une collaboration entre la Banque mondiale et l’équipe du financement de l’éducation. Cette année, l’EFW met l’accent sur Rapport mondial de suivi sur l’éducation (GEM) de l’UN- l’impact de la Covid-19 et donne un aperçu de l’évolution des ESCO. Il compile et propose une synthèse des informations budgets de l’éducation en réaction à la pandémie.3 disponibles en matière de modèles et de pratiques de financement de l’éducation dans le monde. L’EFW paraîtra chaque année Deux tiers des pays à faible et moyen revenu inclus dans après la publication des données principales sur les dépenses les données collectées pour l’EFW ont réduit les budgets publiques et l’aide au développement en fin d’année. Chaque alloués à l’instruction publique depuis le début de la EFW sera publié sous un format similaire et se penchera sur les pandémie de COVID-19. À titre de comparaison, un tiers 1 Les projections suggèrent que les fermetures d’écoles liées à la Covid-19 risquent de porter cette proportion à un niveau compris entre 56 et 63 pour cent, selon l’efficacité des mesures mises en place pour en compenser les effets. (Banque mondiale 2020c). 2 Ce rapport EFW étant le premier, il présente une rétrospective de l’évolution des dépenses au cours de la dernière décennie, mais les EFW à venir se concentreront sur l’évolution annuelle des dépenses. 3 La pandémie de Covid-19 touchant toutes les sources de financement de l’éducation, l’évaluation de son impact est présentée séparément pour chaque source. seulement des pays à revenu moyen supérieur et élevé ont réduit leur budget. Ces coupes ont été relativement modestes jusqu’à présent mais elles risquent de s’accentuer à mesure que la pandémie continue de prélever son tribut sur le plan économique et que les rentrées fiscales se détériorent. Ces différentes tendances creusent sensiblement les disparités déjà importantes en matière de dépenses entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé. La qualité et la couverture des données relatives au financement de l’éducation sont faibles. Les données de bonne qualité dont on dispose sur les indicateurs de dépenses essentielles sont limitées, comme le montre la section 3. Il peut donc s’avérer difficile de mesurer les niveaux de finance- ment dans leur ensemble et la manière dont les fonds sont employés. Ainsi, au cours des trois dernières années, moins d’un cinquième des pays ont communiqué à l’UNESCO ou au FMI le montant de leurs dépenses consacrées à l’ensei- gnement primaire, secondaire et supérieur. Les informations en temps réel sur les modifications budgétaires, si impor- tantes pour assurer le suivi et la réaction aux crises, ne sont pas systématiquement disponibles. L’EFW suivra également l’évolution de la qualité et de la couverture des données interna- tionales sur les dépenses d’éducation et mettra en évidence les efforts déployés pour améliorer les systèmes et les démarches de collecte et d’utilisation des données sur les dépenses. Les données et les analyses présentées dans chaque EFW seront accessibles au public, et les commentaires des lecteurs sont les OIT/Minette Rimando bienvenus afin d’apporter des améliorations futures.4 UNICEF Rwanda/2020/Saleh 4 Une note technique est également disponible, précisant les sources des données, la manière dont elles ont été rassemblées et les méthodes d’estimation. 2 1 Mobiliser EDUCATION FINANCE WATCH 2021 des ressources pour l’éducation GPE/Tabassy Baro 1.1. Comment les dépenses représentent environ deux tiers des dépenses mondiales en matière d’éducation, ont seulement enregistré une légère augmentation d’éducation ont elles évolué au de leurs dépenses au cours de la dernière décennie (figure 1). En cours des dix dernières années ? revanche, les taux de croissance ont été beaucoup plus rapides dans les pays à faible et moyen revenu, où les dépenses d’éducation ont Avant la pandémie de Covid-19, les dépenses mondiales en augmenté de 5,9 % par an, de sorte qu’à la fin de la période elles matière d’éducation augmentaient régulièrement, les pays à étaient supérieures de plus de 77 % en valeur absolue à leur niveau faible et moyen revenu enregistrant la croissance la plus rapide. initial. La contribution des ménages, des pouvoirs publics et de Les dépenses mondiales d’éducation ont progressé de 2,6 % par l’aide au développement aux dépenses mondiales consacrées à l’éd- an en valeur absolue entre 2009 et 2019.5 Ce taux d’augmentation ucation est restée relativement stable dans le temps, les pouvoirs est plus lent que les taux de croissance économique mondiaux et publics contribuant à hauteur de 82 %, les ménages à hauteur recouvre deux tendances divergentes. Les pays à revenu élevé, qui de 17 % et l’aide au développement à hauteur de moins de 1 %.6 Figure 1 : Les dépenses réelles consacrées à l’éducation ont augmenté régulièrement au cours des dix dernières années Dépenses des pouvoirs publics, des ménages et de l’aide Croissance des dépenses réelles consacrées à publique au développement consacrées à l’éducation, en l’éducation, par niveau de revenu (2009=100) dollars US constants de 2018 (billions), 2009 à 2019 5,0 220 5 4,7 4,7 4,6 LIC 4,5 28.000 mills. USD 4,2 4,1 200 4,0 4,1 4,1 LMIC 4 3,8 314.000 mills. USD 180 UMIC 1,367 milliards. USD Billions USD 3 160 140 2 120 HIC 3,315 milliards. 1 USD 100 0 80 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Gouvernement Aide au développement Ménage Total Source : Estimations réalisées par l’équipe EFW à partir de données provenant des bases de données en ligne de l’OCDE, de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Notes : Pour évaluer les dépenses globales, des estimations sont utilisées en cas de données manquantes au niveau des pays (voir la note tech- nique de l’EFW). Les classifications par groupes de revenus de la Banque mondiale en 2020 sont utilisées pour regrouper les pays : PFR = pays à faible revenu, PRII = pays à revenu intermédiaire inférieur, PRIS = pays à revenu intermédiaire supérieur, et PRE = pays à revenu élevé. 5 Les dépenses mondiales d’éducation font référence aux dépenses consacrées aux services éducatifs par les pouvoirs publics, les ménages et les bailleurs de fonds et sont conformes aux définitions de l’Institut de statistique de l’UNESCO. 6 La part de l’aide au développement dans les dépenses totales d’éducation est de 18 % dans les pays à faible revenu, de 2 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et de 0,3 % dans les pays à revenu intermédiaire supérieur. 3 Figure 2 : En dehors des pays à faible revenu, les pouvoirs publics assurent la majeure partie des dépenses d’éducation Répartition des dépenses totales d’éducation selon la source, en dollars US constants de 2018 (milliards), 2018 à 2019 100 % 509 285 94 80 % 10 4 Ménage 7 60 % 5 Aide publique au développement 40 % 2.724 1.029 200 20 % 12 Gouvernement 0% LIC LMIC UMIC HIC Source : Estimations réalisées par l’équipe EFW à partir de données provenant des bases de données en ligne de l’OCDE, de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Notes : Pour évaluer les dépenses globales, des estimations sont utilisées en cas de données manquantes au niveau des pays (voir la note technique de l’EFW). On considère que 60 % des dépenses d’aide sont répercutées dans les budgets publics (et donc retranchées des dépenses publiques), les 40 % restants étant alloués par d’autres canaux. Les pouvoirs publics, les ménages et les partenaires du dével- 1.2. Comment les dépenses oppement - dans l’ordre indiqué - sont les principaux acteurs publiques d’éducation ont elles du financement de l’éducation. Leurs contributions diffèrent sensiblement selon la catégorie de revenu du pays (figure 2). Les évolué au cours des dix dernières pouvoirs publics sont les principaux contributeurs au finance- années ? ment de l’éducation dans toutes les catégories de revenus, tandis Le financement public de l’éducation rapporté au revenu que la contribution directe des ménages aux dépenses d’éducation intérieur n’a pas changé de manière significative au cours de tend à être plus importante dans les pays les plus pauvres. Ainsi, la dernière décennie pour l’ensemble des groupes de revenus.7 en 2018-19, dans les pays à revenu élevé, la part des ménages ne Ainsi, entre 2010-11 et 2018-19, les dépenses publiques d’éd- représentait que 16 % des dépenses totales d’éducation, contre ucation exprimées en pourcentage du PIB se sont maintenues 38 % dans les pays à faible revenu. Les dépenses des ménages en à 4,3 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, et n’ont matière d’éducation sont nettement supérieures à la part de l’aide que légèrement augmenté, passant de 3,2 à 3,5 % du PIB dans publique au développement, tant dans les pays à faible revenu les pays à faible revenu (figure 3). Néanmoins, ces moyennes par que dans les pays à revenu intermédiaire inférieur. L’importance groupes de revenus masquent des différences dans les tendances que revêt l’aide dans le financement de l’éducation est également d’un pays à l’autre. Dans le groupe des pays à faible revenu, la très différente selon les catégories de revenus. Dans les pays à part des dépenses publiques dans le PIB est passée de 3,9 à 5,5 % faible revenu, l’aide à l’éducation représente 18 % des dépenses au Burkina Faso, par exemple, entre 2014-15 et 2018-19, mais totales d’éducation alors que dans les pays à revenu intermédiaire a diminué de 5,2 à 4,4 % au Malawi sur la même période. inférieur, elle n’en représente que 2 %. La section suivante traite de l’évolution du financement par les pouvoirs publics, les ménages Les niveaux actuels de dépenses publiques dans les pays à et l’aide au développement au cours des dix dernières années et de faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur sont en deçà la manière dont la pandémie de Covid-19 affecte le financement des niveaux requis pour atteindre les ODD. Les gouverne- actuel et à venir de l’éducation provenant de ces trois sources. ments des pays les plus riches ont tendance à consacrer une plus 7 En raison du caractère limité des données disponibles, l’EFW ne rapporte pas les dépenses publiques par niveau d’éducation (voir Figure 11). Toutefois, les grandes tendances montrent qu’environ 40 % des dépenses publiques totales sont consacrées à l’enseignement primaire, 40 % à l’enseignement secondaire et 20 % à l’enseignement supérieur. 4 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Figure 3 : Les dépenses publiques d’éducation exprimées en pourcentage du PIB sont restées stagnantes au cours des dix dernières années Dépenses publiques d’éducation exprimées Montant total des dépenses publiques d’éducation en % du PIB par groupe de revenus par habitant (dollars US constants de 2018) 5,5 1.200 1.093 1.052 995 1.000 937 UMIC 4,7 % HIC 4,7 % 850 4,5 4,3 % LMIC 800 4,3 % UMIC 4,2 % 4,3 % 600 3,5 LIC 400 3,2 % 3,5 % 261 276 241 248 218 LMIC 200 37 38 43 43 48 LIC 2,5 0 2010-11 2012-13 2014-15 2016-17 2018-19 2010-11 2012-13 2014-15 2016-17 2018-19 Source : Estimations réalisées par l’équipe EFW à partir de données provenant des bases de données en ligne de l’OCDE, de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Note : Pour évaluer les dépenses globales, des estimations sont utilisées en cas de données manquantes au niveau des pays (voir la note technique de l’EFW). Les chiffres par habitant tiennent compte de l’ensemble de la population en âge de suivre une scolarité allant du pré-primaire au supérieur. grande part du revenu national à l’éducation que ceux des pays Les différences sont encore plus marquées entre les pays à faible à faible revenu (figure 3). En 2018-19, les dépenses publiques revenu et les pays à revenu élevé. En 2018-19, les pays à faible d’éducation dans les pays à revenu élevé étaient de 4,7 %, contre revenu ont dépensé environ 48 dollars US par enfant d’âge 3,5 % dans les pays à faible revenu. La population des pays à faible scolaire, contre 8 501 dollars US dans les pays à revenu élevé. revenu et à revenu intermédiaire étant beaucoup plus impor- En outre, dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire tante, la part du PIB consacrée à l’éducation est insuffisante pour inférieur, les tendances moyennes des dépenses par habitant parvenir à l’amélioration de la qualité de l’éducation - et de l’accès divergent en termes relatifs et absolus de celles des pays à revenu à cette dernière - prévue par les ODD. Une étude réalisée par le intermédiaire supérieur et à revenu élevé. A titre d’exemple, Rapport mondial de suivi sur l’éducation en 2015 a établi que l’écart de dépenses par habitant entre les pays à faible revenu les dépenses d’éducation dans les pays à faible revenu et à revenu et à revenu intermédiaire supérieur est passé de 813 dollars à intermédiaire inférieur devraient passer de 3,5 % à 6,3 % du PIB 1 045 dollars en termes réels entre 2010-2011 et 2018-2019 entre 2012 et 2030 pour garantir un enseignement pré-primaire, (figure 3). Les différences dans la progression des dépenses primaire et secondaire universel (UNESCO 2015). d’éducation par enfant ou par jeune sont en partie dues aux différences de taux de croissance de la population entre les pays Les disparités dans les dépenses d’éducation par enfant ou à faible revenu et les pays à revenu élevé. Entre 2009 et 2019, par jeune entre pays riches et pays pauvres sont importantes les dépenses publiques d’éducation ont doublé en valeur absolue et ont continué à se creuser.8 Les niveaux de dépenses varient dans les pays à faible revenu (figure 1), mais cela s’est traduit par énormément entre d’un pays à l’autre dans les différentes une augmentation des dépenses par habitant de seulement 30 % catégories de revenus. Ainsi, en 2018-19, les gouvernements (de 37 dollars US en 2010-2011 à 48 dollars US en 2018-19). des pays à revenu intermédiaire supérieur ont dépensé 20 fois En revanche, les dépenses engagées dans les pays à revenu élevé plus par enfant ou par jeune que les pays à faible revenu et n’ont augmenté que de 16 % environ, mais les dépenses par quatre fois plus que les pays à revenu intermédiaire inférieur. habitant ont augmenté de 13 % (de 7 544 à 8 501 dollars). 8 Les tendances en matière de dépenses sont analysées en fonction des dépenses publiques globales d’éducation par enfant ou par jeune (défini comme la population en âge de fréquenter l’école pré-primaire, primaire, le secondaire et le supérieur). Cela permet de comparer les niveaux de financement entre les pays ou les groupes de pays, de tenir compte des différences de taille et de croissance des populations d’enfants et de jeunes d’un pays à l’autre, et également d’évaluer si le financement est adapté pour tous les enfants et pas seulement pour ceux qui peuvent fréquenter les écoles, les universités et les autres établissements d’enseignement. 5 Figure 4 : Les moyennes par région et par groupe de revenus occultent des différences considérables d’un pays à l’autre en ce qui concerne les tendances en termes de dépenses. Évolution des dépenses publiques d’éducation par habitant (en dollars PPA constants de 2017), 2013 à 14 et 2017 à 2018 Pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur Bhoutan Phillippines Sri Lanka Moldova Mongolie Tunisie Népal Cabo Verde Nicaragua République Kirghize Sierra Leone Pakistan Pays à revenu intermédiaire supérieur Myanmar Cambodge Costa Rica Burkina Faso Rep. Islamique d'Iran El Salvador Géorgie Viet Nam Turquie Kenya Chine Ouzbékistan Bulgarie Honduras Gabón Tanzanie Sao Tomé-et-Principe Albanie Cameroun Pérou Timor-Leste Féd. de Russie Malí Malaisie Togo Belize Rive occidentale et Gaza Sainte-Lucie Madagascar Arménie Gambie Serbie Ouganda Bélarus Libéria Brésil Guinée Colombie Bénin Guinée-Bissau Guyana Zimbabwe Argentine Afganistan Guatemala Mozambique Jamaica Zambie Mexique Haití Indonésie Rép. Dém. du Congo Jordanie Malawi Azerbaïdjan Sénégal Thaïlande Côte d’Ivoire Kazakhstan Vanuatu Afrique du Sud Tchad République du Congo $0 $1.000 $2.000 $3.000 $4.000 $5.000 $6.000 Níger Rwanda Ghana Burundi Papouasie-Nouvelle-Guinée Ucrania $0 $500 $1.000 $1.500 $2.000 $2.500 $3.000 $3.500 $4.000 $4.500 Source : bases de données en ligne de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Note : Les chiffres par habitant tiennent compte de l’ensemble de la population en âge de suivre une scolarité allant du pré-primaire au supérieur. Les flèches bleues indiquent une hausse, les flèches orange une baisse. Les pays sont classés en fonction de l’ampleur du changement. Voir la note technique de l’EFW pour de plus amples informations sur la compilation de l’ensemble des données. 6 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Les moyennes par région et par groupe de revenus occultent des globales au sein du PIB. Les dépenses publiques d’éducation différences considérables d’un pays à l’autre en ce qui concerne exprimées en pourcentage du PIB correspondent au produit l’évolution des dépenses (figure 4). Dans près de 40 % des pays à de la part des dépenses publiques totales dans le PIB et de la faible revenu, les dépenses par enfant ou par jeune ont diminué part des dépenses publiques totales consacrée à l’éducation. Les ; au Tchad, par exemple, ces dépenses sont passées de 104 à 79 écarts conséquents entre les pays à faible revenu et les pays à dollars par an entre 2013-14 et 2017-18. Parallèlement, dans revenu élevé ne sont pas imputables à des différences dans la la plupart des pays à faible revenu, les dépenses par enfant ou priorité accordée à l’éducation au sein de leurs budgets. La part par jeune ont légèrement augmenté au cours de cette période, des dépenses publiques totales exprimées en pourcentage du PIB certains pays enregistrant même des améliorations importantes. est beaucoup plus élevée dans les pays à revenu élevé que dans En Sierra Leone, par exemple, les dépenses publiques en matière les pays à faible revenu. En 2018-19, par exemple, dans les pays d’éducation par enfant ou par jeune sont passées de 99 dollars à faible revenu, la part des dépenses d’éducation dans le budget PPA à 207 dollars PPA entre 2013-14 et 2017-18. Au cours global était de 15 %, tandis que les dépenses publiques totales de la même période, les dépenses par enfant ou par jeune ont en pourcentage du PIB s’élevaient à 22 %. En revanche, les pays baissé - quoique faiblement en règle générale - dans moins d’un à revenu élevé consacrent une part légèrement inférieure de leur quart des pays à revenu intermédiaire inférieur, principalement budget à l’éducation (13 %), mais les dépenses publiques totales en Afrique. Au Ghana, par exemple, les dépenses publiques par en pourcentage du PIB sont beaucoup plus importantes (30 %). habitant sont passées de 500 dollars PPA à 467 dollars PPA Autrement dit, la principale différence entre les pays à revenu au cours de cette période. Tous les pays d’Asie du Sud et de élevé et les pays à faible revenu réside dans la différence de taille nombreux pays d’Asie de l’Est, d’Europe et d’Asie centrale ont globale du secteur public, et non dans la priorité accordée à l’édu- enregistré une augmentation des dépenses réelles par habitant, cation. En outre, un PIB plus élevé et des générations d’enfants et comme au Sri Lanka, où les dépenses publiques d’éducation par de jeunes d’âge scolaire moins nombreuses se traduisent par des habitant sont passées de 620 dollars PPA à 1 013 dollars PPA dépenses d’éducation par habitant beaucoup plus élevées dans les au cours de cette période. pays à revenu élevé que dans les pays à faible revenu. Les écarts conséquents dans les dépenses d’éducation La capacité à mobiliser davantage de fonds publics est souvent exprimées en pourcentage du PIB entre les pays à faible revenu limitée par le manque de recettes. La figure 5 donne à voir et les pays à revenu élevé ne sont pas dus à des différences de le volume des dépenses publiques en proportion du PIB, et priorité accordée à l’éducation dans les comptes publics, mais la part de ces dépenses consacrée à l’éducation. Certains pays à des différences dans la proportion des dépenses publiques (comme l’Ouganda ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée) se Figure 5 : La marge de manœuvre budgétaire permettant de mobiliser des fonds plus importants pour l’éducation varie considérablement d’un pays à l’autre Part de l’éducation dans le budget global de l’État et part des dépenses publiques dans le PIB des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur (%), 2017-18 25 combinaisons égales aux dépenses publiques L'éducation en pourcentage du budget (%) d'éducation de 6% du PIB 20 15 10 combinaisons égales à 4% du PIB faible revenu et revenu intermédiaire inférieur 5 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Dépenses publiques en pourcentage de PIB(%) Source : Données EFW tirées des bases de données en ligne de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Voir la note technique de l’EFW pour obtenir la liste des codes ISO. 7 situent en dessous des moyennes des groupes de revenus établis devra à la fois prendre de l’ampleur et être plus pointu à l’avenir, en fonction des deux indicateurs, tandis que d’autres (comme le car il présente encore certains défauts.Tout d’abord, les données Honduras ou l’Ouzbékistan) se situent bien au-delà. Les lignes comprennent les ressources mobilisées par les gouvernements en pointillés de la figure 5 représentent les deux indicateurs de centralisés, y compris les transferts au profit des collectivités dépenses permettant de délimiter la fourchette entre deux points locales (s’ils font partie du budget de l’éducation), mais excluent de référence - respectivement 4 et 6 % du PIB - associés à des les dépenses d’éducation effectuées par les collectivités locales sur dépenses publiques adéquates en matière d’éducation dans les leurs propres ressources.10 Par ailleurs, ce sont les programmes pays qui affichent de bons résultats. Pour de nombreux pays, budgétaires qui sont utilisés, plutôt que les dépenses réelles ou atteindre de tels niveaux exigerait une augmentation générale de les allocations semestrielles (sauf dans le cas de l’Indonésie), ce la mobilisation des ressources domestiques (dépenses publiques qui peut avoir son importance dans certains pays. Cependant, totales en proportion du PIB) en plus de l’augmentation de la les programmes budgétaires donnent des indications claires sur proportion du budget consacrée à l’éducation. Par exemple, au la priorité accordée aux dépenses d’éducation et peuvent donc vu du niveau actuel de ses dépenses publiques totales, l’Ouganda être considérés comme un indicateur précoce des changements devrait consacrer plus d’un quart de son budget global à l’édu- dans les tendances des dépenses d’éducation.11 cation pour atteindre le seuil minimum de 4 %. Considérant les autres priorités en matière de dépenses publiques, il semble peu Une simple comparaison de la croissance des budgets de probable que des augmentations significatives du financement l’éducation avant et depuis le début de la Covid montre une de l’éducation soient réalisées en accordant simplement une plus tendance positive : en moyenne, les budgets annuels ont grande priorité à l’éducation dans les comptes publics. Dans de augmenté de 4 % après la Covid, contre 1,1 % avant la Covid. nombreux pays, il faudra également déployer des efforts plus Toutefois, la part des pays qui ont réduit leur budget d’éducation importants de mobilisation des ressources domestiques pour est passée de 45 à 52 %. L’ampleur des changements a égale- augmenter les recettes publiques. ment été globalement positive : en moyenne, les diminutions dans les pays qui ont réduit leur budget ont été plus faibles Les effets de la Covid-19 sur les budgets alloués à (-8,3 % contre -4,6 %) et les augmentations légèrement plus l’instruction publique importantes (8,7 % contre 13,2 %). Toutefois, la ventilation de Afin de comprendre l’impact à court terme de la pandémie l’échantillon par groupe de revenus fait apparaître des différences de Covid-19 sur les budgets de l’éducation, des informations importantes derrière ces chiffres d’ordre général. ont été recueillies pour un échantillon de 29 pays dans l’en- semble des régions.9 L’échantillon représente environ 54 % Les budgets de l’éducation ont diminué après le début de la de la population mondiale d’âge scolaire et universitaire. Les pandémie de Covid-19 dans 65 % des pays à faible revenu informations recueillies ont ensuite été soumises à la vérifica- et à revenu intermédiaire inférieur, contre seulement 33 % tion des équipes locales de la Banque mondiale. Les données des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire supérieur comprennent des éléments budgétaires pour les deux années (tableau 1). Même si les pays à faible revenu et à revenu inter- précédant la crise de Covid-19 ainsi que le premier budget après médiaire inférieur ont été plus nombreux à réduire leur budget, que celle-ci a éclaté, ce qui permet de comparer les tendances en moyenne les réductions ont été moins importantes après le avant et après le début de la crise. Il s’agit d’un premier effort début de la Covid qu’avant (-9,1 % contre -3,6 %). Les hausses pour dresser un tableau général des tendances en matière de moyennes du budget de ces pays ont été légèrement plus impor- budgets de l’éducation après la période Covid-19 : effort qui tantes dans la période post-Covid (12,4 % contre 8,7 %).Toutefois, 9 L’échantillon comprend trois pays à faible revenu (Afghanistan, Éthiopie, Ouganda) ; 14 pays à revenu intermédiaire inférieur (Bangladesh, Égypte, Inde, Kenya, République kirghize, Maroc, Myanmar, Népal, Nigeria, Pakistan, Philippines, Tanzanie, Ukraine, Ouzbékistan) ; 10 pays à revenu intermédiaire supérieur (Argentine, Brésil, Colombie, Jordanie, Indonésie, Kazakhstan, Mexique, Pérou, Russie, Turquie) ; et deux pays à revenu élevé (Chili, Panama). 10 Sauf pour l’Éthiopie et le Kazakhstan, pour lesquels les données relatives aux dépenses au niveau local étaient disponibles pour 2021. La part du budget de l’éducation des pays suivants est inférieure à 10 pour cent et il est donc probable qu’ils aient d’autres sources de financement principales que le budget alloué par le gouvernement central : Argentine, Brésil, Égypte, Inde, Myanmar, Nigeria, Pakistan et Russie. 11 Le calendrier de l’exercice budgétaire du pays et la date d’approbation du budget sont utilisés pour définir les périodes pré- et post-Covid. On comprend par budgets pré-Covid ceux qui ont été approuvés avant mars 2020, avant le début de la crise Covid-19. Il s’agit d’une précision importante car l’année fiscale peut varier d’un pays de l’échantillon à un autre, et cela signifie que les premiers budgets post-Covid ont été approuvés à des moments différents selon le pays:en février 2021 pour ceux dont les années fiscales vont d’avril à mars, en juillet/août 2020 pour ceux dont les années fiscales vont d’octobre à septembre, en avril/mai 2020 pour ceux dont les années fiscales vont de juillet à juin, et fin 2020 pour ceux dont les années fiscales vont de janvier à décembre. 8 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Tableau 1 : Évolution des budgets de l’éducation avant et après la Covid-19 (%) Revenu élevé et revenu Faible revenu et revenu Tous pays confondus intermédiaire supérieur intermédiaire inférieur Pré-Covid Post-Covid Pré-Covid Post-Covid Pré-Covid Post-Covid Budget total de l’éducation Évolution du budget de l’éducation 1.1 4.0 2.2 6.7 0.3 2.0 Part des pays dont le budget de l’éducation diminue 44.8 51.7 41.7 33.3 47.1 64.7 Baisse moyenne dans les pays dont le budget a diminué -8.3 -4.6 -6.9 -7.4 -9.1 -3.6 Hausse moyenne dans les pays dont le budget a augmenté 8.7 13.2 8.8 13.8 8.7 12.4 Part de l’éducation dans le budget global Variation moyenne en points de pourcentage -0.5 0.1 -0.3 -0.1 -0.6 0.2 Part moyenne 13.4 13.5 13.7 13.6 13.2 13.4 Source : Documents de présentation des budgets nationaux de pays déterminés. Note : Les évolutions budgétaires sont exprimées en valeur absolue. les tendances dans les pays à revenu élevé étaient plus positives. Cerdan-Infantes et Lehe 2019). Ainsi, les pays dont les perfor- Non seulement une plus grande proportion de pays à revenu inter- mances macroéconomiques étaient faibles pré-Covid risquent médiaire supérieur et à revenu élevé ont augmenté leur budget, d’avoir des performances bien plus mauvaises post-Covid, ce qui mais l’augmentation moyenne était plus élevée que dans les pays affectera probablement leurs budgets d’éducation post-Covid. à revenu intermédiaire inférieur et à faible revenu (13,8 % contre On peut donc s’attendre à ce que, dans le cas où les budgets 12,4 %). Ces tendances divergentes vont exacerber les inégalités étaient à la baisse pré-Covid, la tendance se poursuive, à moins préexistantes entre les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire d’un changement de politique radical. En revanche, une tendance inférieur et les pays à revenu intermédiaire supérieur et à revenu à la hausse pré-Covid ne permet pas de prédire de manière aussi élevé en matière de dépenses d’éducation (figure 3). évidente la situation post-Covid, qui sera plus vraisemblablement déterminée par l’impact de la crise sur le pays. Un résumé de La part du budget total consacrée à l’éducation n’a pas beau- l’évolution des tendances est présenté dans le tableau 2. coup changé. Si l’on tient compte de l’ampleur des change- ments décrits ci-dessus, on constate que les budgets totaux ont L’analyse des tendances dans les différents pays révèle une augmenté plus rapidement dans les pays à revenu intermédiaire image très contrastée. Le tableau 2 montre la répartition des pays supérieur et à revenu élevé après la crise (6,7 % contre 2,0 % dans qui ont augmenté ou diminué leur budget post-Covid, en les pays à revenu intermédiaire inférieur et à faible revenu) et que, fonction de leurs tendances pré-Covid. Sur l’ensemble de cet malgré la part plus faible de cette hausse affectée à l’éducation, échantillon, on constate qu’un peu plus de la moitié des pays l’augmentation qui en résulte a été plus importante que dans les (52 %) ont maintenu la tendance antérieure (à la baisse pour 24 % pays à faible revenu (tableau 1). Une fois encore, ce phénomène d’entre eux et à la hausse pour 28 %). Le reste des pays ont inversé signale un renforcement de l’inégalité des dépenses selon les la tendance : 21 % des pays dont le budget a diminué ont vu leur niveaux de revenus des pays. budget augmenter post-Covid, et 28 % des pays dont le budget a augmenté ont vu leur budget diminuer post-Covid. Il est important de comprendre les déterminants plus larges de ces évolutions budgétaires, mais cela dépasse le cadre de La tendance à la baisse des budgets consacrés à l’éducation se l’EFW pour cette année. Toutefois, il convient dans un premier poursuivra très certainement dans les pays à faibles revenus, temps d’examiner la corrélation entre les tendances antérieures et voire passera d’une tendance positive à une tendance négative postérieures à la crise de la Covid pour chaque pays. La recherche à la suite de la COVID-19. Une fois encore, ces différences a démontré que la hausse des dépenses d’éducation dans le indiquent que les inégalités en termes de dépenses d’éducation monde s’explique en grande partie par la croissance économique sont susceptibles d’augmenter. Alors que la tendance à la baisse et la progression du budget global, plutôt que par l’évolution ne s’est poursuivie que dans 8 % des pays à revenu élevé, elle a de la part du budget consacrée à l’éducation (Al-Samarrai, atteint 35 % dans les pays à revenu plus faible. En outre, alors que 9 Tableau 2 : Evolution des budgets de l’éducation post-Covid-19 par rapport au statut antérieur (%) Tous pays Revenu élevé et revenu Faible revenu et revenu confondus intermédiaire supérieur intermédiaire inférieur Pays à budget Baisse post-Covid 24 8 35 en baisse pré-Covid Augmentation post-Covid 21 33 12 Pays à budget en hausse Baisse post-Covid 28 25 29 pré-Covid Augmentation post-Covid 28 33 24 Total 100 100 100 Source : Documents de présentation des budgets nationaux de pays déterminés. seulement 25 % des pays à revenu élevé ont connu une évolution n’est pas certain que les pays qui ont vu leur budget consacré budgétaire passant du positif au négatif, c’est le cas de 29 % des à l’éducation diminuer seront en mesure de supporter ces pays à revenu plus faible. À l’inverse, alors que 33 % des pays à coûts au surplus des augmentations régulières de finance- revenu élevé sont passés d’une tendance négative à une tendance ment requises pour prendre en charge des populations positive, c’est le cas pour seulement 12 % des pays à faible revenu. d’âge scolaire de plus en plus nombreuses. Malgré le besoin En outre, la proportion de pays à revenu élevé qui affichaient une urgent de financement adéquat pour permettre aux systèmes tendance positive avant l’épidémie a été plus importante que celle scolaires de rouvrir en toute sécurité, environ la moitié des des pays à faible revenu (33 % contre 24 %). pays de l’échantillon ont réduit leurs budgets d’éducation. Cela ne laisse rien présager de bon pour l’avenir, alors que Lorsque l’on compare les évolutions budgétaires des les prévisions indiquent une détérioration des conditions pays en fonction de leur niveau d’années de scolarisation macroéconomiques. ajustées du facteur apprentissage (LAYS) pré-Covid, les pays partant d’un niveau supérieur pré-Covid ont 1.3. Comment l’aide à l’éducation vu leur budget augmenter davantage que ceux partant d’un niveau inférieur. L’échantillon a été divisé en «LAYS a-t-elle évolué ? élevées» et «LAYS faibles» pré-Covid en utilisant la valeur L’aide se maintient à environ 0,3 % du revenu national médiane de l’indice des années de scolarisation ajustées brut des pays donateurs depuis 15 ans. En 2005, les pays du facteur apprentissage dans les pays de l’échantillon.12 de l’Union européenne se sont engagés à allouer 0,7 % de Les pays à faible niveau de LAYS ont augmenté leur budget leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au dével- de 2,5 % en moyenne, contre 5,4 % pour les pays à niveau oppement (APD). Même si d’autres pays ne se sont pas élevé de LAYS. Environ 47 % des pays où le taux de LAYS engagés à atteindre cet objectif, il s’agit d’une référence utile est élevé ont réduit leurs budgets d’éducation, contre 57 % des pour évaluer la priorité qu’ils accordent à l’APD. Les pays du pays où le taux de LAYS est faible.13 Cette analyse porte sur Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE ont un échantillon restreint de pays, et les tendances pertinentes augmenté l’APD de 0,21 % à 0,30 % du RNB entre 2001 et devront donc être suivies de près, néanmoins ces premières 2019 (bien que la majeure partie de cette augmentation ait tendances indiquent que l’inégalité des dépenses et des eu lieu au début des années 2000) ; et les niveaux sont restés résultats éducatifs entre les pays risque de se creuser du fait autour de 0,3 % depuis 2005. Sur les 30 pays du CAD, seuls de la crise provoquée par la Covid. cinq ont atteint l’objectif de 0,7 % en 2019. La lutte contre la crise Covid nécessite des dépenses Depuis 2009, l’aide totale exprimée en pourcentage du supplémentaires pour adapter les écoles aux mesures de revenu national des pays bénéficiaires a augmenté pour les contrôle de la contagion et pour financer des programmes pays à faible revenu mais a diminué pour les pays à revenu visant à compenser les pertes d’apprentissage subies par les intermédiaire inférieur. Entre 2009 et 2019, la part totale élèves pendant la fermeture des écoles (Tanaka 2020). Il de l’APD dans le RNB est passée de 1,2 % à 0,7 % dans les 12 La médiane des LAYS dans notre échantillon est légèrement inférieure à la médiane mondiale (7,6 contre 7,9). Lorsque le classement des pays est établi en fonction de la moyenne des LAYS (7,4 dans notre échantillon) plutôt que de la médiane, les résultats ne diffèrent pas qualitativement. 13 La contraction post-Covid dans les pays qui ont réduit leur budget était en moyenne beaucoup plus importante dans les pays à LAYS élevées (-7,0 %) que dans les pays à LAYS faibles (-2,6 %). 10 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 pays à revenu intermédiaire inférieur. Toutefois, dans les pays La part de l’aide allouée aux différents niveaux scolaires à faible revenu, elle a d’abord diminué, passant de 9,6 % en est restée relativement stable, l’éducation de base recevant 2009 à 7,9 % en 2015, mais a ensuite augmenté pour atteindre 43 % de l’aide totale entre 2009 et 2019. Au cours de la 10,8 % en 2019. Ces dernières années, elle a dépassé 20 %, même période, l’enseignement secondaire a reçu 19 % de en moyenne, en République centrafricaine, au Liberia, au l’aide totale à l’éducation et l’enseignement supérieur les 39 % Malawi et en Somalie. restants. Une grande partie de l’aide allouée à l’enseignement supérieur est constituée de bourses d’études et de prise en L’aide à l’éducation a augmenté de 21 % au cours des dix charge des coûts imputés aux étudiants qui suivent des études dernières années, ce qui se traduit par une augmentation supérieures dans les pays donateurs. Ainsi, 4 milliards de annuelle de 2 %. Les décaissements ont augmenté rapide- dollars US (61 %) de l’aide totale à l’enseignement supérieur ment dans les années 2000, passant de 6 milliards de dollars en 2019 ont été utilisés à ces fins. US en 2002 à un pic de 13,3 milliards de dollars US en 2010, soit plus du double. Toutefois, au cours des cinq années Depuis 2009, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique suivantes, l’aide à l’éducation a stagné, avant de repartir à du Nord a enregistré la plus forte augmentation de l’aide à la hausse en 2016 (figure 6). L’APD globale a diminué de l’éducation de base. Entre 2009 et 2019, l’aide à l’éducation 9 % entre 2010 et 2014 à la suite de la grande crise financière. de base dans la région est passée de 798 à 1 214 millions de Cependant, depuis 2014, l’aide à l’éducation a augmenté de dollars US (figure 7). Sa part dans l’APD consacrée à l’édu- 30 %, atteignant son plus haut niveau jamais enregistré de cation de base globalement est également passée de 18 % en 15,9 milliards de dollars US en 2019. 2009 à 24 % en 2019, en grande partie en réponse aux situ- ations d’urgence, d’abord en Irak, puis en République arabe syrienne et au Yémen. Parallèlement, l’aide à l’éducation en Figure 6 : L’aide a augmenté de 21 pour cent Afrique subsaharienne a connu une tendance à la hausse au au cours des 10 dernières années cours des cinq dernières années. Entre 2014 et 2019, l’aide à l’Afrique subsaharienne est passée de 1,4 à 1,7 milliard de Décaissements totaux de l’aide à l’éducation, par niveau d’éducation, 2009-19 dollars US. Il est probable que cela sous-estime le volume (dollars US constants de 2018 en milliards) total alloué à l’Afrique subsaharienne, car une partie de l’aide qui n’est pas allouée aux pays (aide non spécifiée) dans la base 15,9 16 15,6 6,6 de données de l’OCDE est susceptible d’être versée dans 14,4 14,3 6,2 cette région.14 En ce qui concerne la répartition de l’APD 14 13,4 13,1 12,8 12,8 12,8 5,3 5,5 par groupe de revenus des pays, les pays à faible revenu ont 5,2 5,2 12,1 12,2 12 5,1 5,0 4,9 vu l’aide à l’éducation de base diminuer entre 2009 et 2015. 4,9 4,6 Depuis 2015, l’aide à l’éducation de base dans les pays à USD constant de 2018: milliards 10 faible revenu a augmenté et a atteint 1,6 milliard de dollars US en 2019. Les allocations aux pays à revenu intermédiaire 8 2,8 3,0 3,2 2,4 2,3 2,8 inférieur ont également fluctué mais sont passées de 2,6 2,1 2,6 2,4 6 2,2 2,6 milliards de dollars US en 2016 à 2,2 milliards de dollars US en 2019 (figure 7). 4 6,4 6,5 6,1 5,6 5,9 5,6 5,5 6,1 2 5,0 5,3 5,0 En termes d’allocation par habitant, l’aide à l’éducation de base est plus élevée dans les pays à faible revenu que dans 0 les pays à revenu intermédiaire inférieur. En partant de 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 De base Secondaire Post-secondaire l’hypothèse que tous les bénéficiaires non spécifiés de l’aide à l’éducation de base et à l’enseignement secondaire sont des pays Source : Analyse de l’équipe du Rapport mondial sur l’éducation à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, le montant réalisée à partir du SNPC de l’OCDE (2021). total de l’aide reçue à ces fins par ces pays, en 2019, était de 14 Entre 2009 et 2019, l’aide non spécifiée s’est élevée en moyenne à 1 milliard de dollars par an, dont environ 370 millions de dollars ont été décaissés par le Partenariat mondial pour l’éducation. Environ 79 % des décaissements du GPE ont été effectués au bénéfice de l’Afrique subsaharienne (UNESCO 2020). Les décaissements du GPE à destination des pays bénéficiaires ne sont pas enregistrés dans le base CAD-CRS de l’OCDE et sont donc compris dans la catégorie non spécifiée de la figure 7. 11 7,6 milliards de dollars US. Ces niveaux globaux d’aide se Les effets la Covid-19 sur l’aide à l’éducation traduisent par des dépenses de 14 dollars US par enfant en Il est probable que l’aide à l’éducation se contracte en âge de fréquenter l’école primaire dans les pays à revenu faible raison de la Covid-19. Selon une enquête conjointe de et de 8 dollars US dans les pays à revenu intermédiaire inférieur l’UNESCO, de l’UNICEF et de la Banque mondiale sur les (dollars constants 2018). Dans l’enseignement secondaire, cela réponses nationales en matière d’éducation, 88 % des pays correspond à 7 et 3 dollars, respectivement, par adolescent en à revenu intermédiaire inférieur et 76 % des pays à revenu âge de fréquenter un établissement du secondaire. faible ont reçu une aide au développement pour couvrir les coûts liés au Covid dans l’éducation (UNESCO, UNICEF et Banque mondiale 2020). Une partie de cette aide a pu Figure 7 : L’aide à l’éducation de base a connu la être réaffectée pour faire face à la situation d’urgence. Par plus forte augmentation au Moyen-Orient et en exemple, les décaissements du GPE ayant été inférieurs aux Afrique du Nord. prévisions en 2018-19, le GPE était bien placé pour réagir Décaissements de l’aide à l’éducation de base (dollars avec souplesse à la pandémie en fournissant plus de 500 US constants 2018, en milliards), 2009-2019 millions de dollars US en 2020 pour aider les pays à amortir l’impact des fermetures d’écoles. Cela ne signifie pas pour 2,5 Par région autant que les perspectives en matière d’aide sont favorables. Les pays donateurs sont susceptibles - et certains ont déjà 2,0 Afrique sub-saharienne amorcé le mouvement - de réorienter leur budget de l’aide 1,7 vers les priorités nationales liées au chômage et aux mesures USD constant de 2018: milliards 1,5 Asie du sud de soutien aux entreprises. Les priorités des donateurs 1,2 peuvent évoluer vers la santé ou d’autres secteurs d’urgence, 1,3 1,0 comme le suggère une enquête auprès des membres du 0,9 CAD (OCDE 2020). En outre, la mobilité internationale 0,5 Moyen Orient Non précisé des étudiants - qui représente 3,1 milliards de dollars US et Afrique du Nord des allocations actuelles d’aide à l’éducation - a été réduite 0,0 en raison de la pandémie, ce qui risque d’entraîner une baisse 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 de l’aide à l’éducation. Globalement, selon certaines estima- tions, l’aide à l’éducation pourrait diminuer de 2 milliards de Par groupes de pays en fonction de leurs revenus dollars par rapport à son pic de 2020 et ne pas revenir aux 3,0 niveaux de 2018 avant six ans (UNESCO 2020). Revenu moyen inférieur 2,5 2,2 1.4. Comment les dépenses d’éducation des ménages ont elles USD constant de 2018: milliards 2,0 1,5 Faible revenu 1,6 évolué ? 1,3 Les ménages des pays à faible revenu et à revenu intermédi- 1,0 aire inférieur ont tendance à contribuer à une plus grande 0,5 Non précisé part des dépenses totales d’éducation que ceux des pays à revenu intermédiaire supérieur et à revenu élevé. Exprimées 0,0 en pourcentage du revenu national, les dépenses des ménages 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 consacrées à l’éducation dans les pays à faible revenu sont environ six fois plus importantes que celles des ménages des Source : Analyse de l’équipe du Rapport mondial sur l’éducation réalisée à partir du SNPC de l’OCDE (2020). pays à revenu élevé (figure 8). Les dépenses plus importantes des ménages dans les pays à faible revenu et à revenu inter- médiaire inférieur se retrouvent également dans leur part des dépenses globales d’éducation. Ainsi, en 2018-19, les ménages des pays à faible revenu ont assumé 43 % des dépenses totales d’éducation, contre seulement 16 % pour les ménages des pays à revenu élevé (figure 2). 12 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Figure 8. Les ménages contribuent beaucoup à 0,7 % du PIB entre 2006-10 et 2016-19. La majeure plus à l’éducation dans les pays à revenu faible partie des dépenses éducatives des ménages concerne et à revenu intermédiaire inférieur que dans les enfants scolarisés dans le primaire et le secondaire. les pays à revenu intermédiaire supérieur et à Ainsi, les données de 2012 en Éthiopie montrent que revenu élevé. 72 % des dépenses totales des ménages sont consacrées Total des dépenses des ménages consacrées à l’enseignement primaire et secondaire. à l’éducation, en % du PIB 3,5 Les effets la Covid-19 sur les dépenses d’éducation des ménages 3,0 LIC La pandémie a entraîné un choc de revenu et un choc 2,5 sanitaire importants et particulièrement négatifs pour de nombreux ménages. On prévoit une augmentation 2,0 des taux de pauvreté dans le monde pour la première fois LMIC depuis la crise financière asiatique de 1998. Les prévisions 1,5 indiquent que 93 millions de personnes supplémentaires 1,0 UMIC pourraient basculer dans la pauvreté entre 2020 et 2021 HIC en raison de la pandémie (Banque mondiale 2020d).16 Les 0,5 plus fortes progressions de la pauvreté devraient être enreg- 0,0 istrées en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, où les 2006-2010 2011-2015 2016-2019 systèmes éducatifs reposent largement sur les contributions financières des ménages (voir la figure 8). L’impact de la Source : Calculs de l’EFW à partir de la base de données de l’EFW. pandémie sur les revenus des ménages risque de réduire Note : Les dépenses totales des ménages exprimées en pourcentage leur capacité à supporter les coûts de l’éducation. Si l’on ne du PIB sont calculées en agrégeant toutes les dépenses par niveau s’attaque pas activement à ces problèmes, ils entraîneront scolaire (à savoir primaire, secondaire et supérieur) et en divisant le total par le PIB du pays. Voir la note technique de l’EFW pour très probablement une augmentation des taux de désco- plus de détails sur les calculs. Les données relatives aux PFR ne larisation. Les recherches menées sur les précédents chocs sont pas disponibles pour les années 2016-2019. économiques dans les pays à faible revenu ont mis en évidence la contraction des revenus qui en résulte, la baisse des dépenses d’éducation des ménages et la diminution des Bien que les données disponibles soient limitées, taux de fréquentation scolaire (Banque mondiale 2020a). les dépenses d’éducation des ménages exprimées Ces effets sont susceptibles d’être plus marqués dans le contexte de la crise actuelle, car les systèmes éducatifs sont en pourcentage du PIB ont augmenté dans les pays également confrontés à des coûts supplémentaires liés aux à faible revenu et les ménages contribuent toujours mesures nécessaires pour assurer la réouverture des écoles de manière significative aux coûts de l’éducation. La en toute sécurité, et de nouveaux éléments montrent que, construction de moyennes pour les pays à faible revenu dans certains pays, les ménages devront supporter une partie n’est possible qu’avant 2016 mais elles montrent que de ces coûts supplémentaires liés à la Covid. Même si de les dépenses des ménages exprimées en pourcentage nombreux pays ont renforcé leurs dispositifs de protection du revenu national ont augmenté de 2,8 à 3,6 % entre sociale pour aider les ménages à faire face à la pandémie, la 2006-10 et 2011-15 (figure 8).15 On observe une baisse mobilisation dans les pays à faible revenu a été relativement des dépenses d’éducation exprimées en pourcentage faible. Ainsi, les mesures de protection sociale complémen- du PIB par les ménages des pays à revenu intermédi- taires dans les pays à faible revenu s’élevaient en moyenne aire depuis 2011-15 même si celle-ci reste modérée. à environ 6 dollars US par habitant, contre 28 et 56 dollars En revanche, les dépenses des ménages dans les pays à dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et supérieur revenu élevé ont augmenté régulièrement, passant de 0,5 respectivement (Gentilini, Almenfi et Dale 2020). 15 En 2006-2010, seuls 35 % des pays à faible revenu de la base de données EFW disposaient de données sur les dépenses des ménages exprimées en pourcentage du PIB. Entre 2011 et 2015, cette proportion est tombée à 17 %. Seuls trois pays disposent de données pour les deux périodes. 16 Prévisions établies en fonction du seuil de pauvreté de 1,90 dollar US. Le taux de pauvreté mondial devrait passer de 8,4 % en 2019 à un taux compris entre 8,9 et 9,4 % en 2021. 13 2 Utiliser les fonds de manière équitable et efficace Aulia Erlangga/CIFOR Les dépenses publiques en matière d’éducation sont parfois Figure 9 : Les dépenses publiques très inégales, les groupes les plus riches accaparant souvent consacrées à l’éducation sont inégales une plus grande part des ressources disponibles. Les inégal- Répartition du financement global de l’enseignement ités tendent à être les plus fortes dans les pays les plus pauvres, public par quintile de revenu où les différences dans les schémas de scolarisation par quin- tile de revenu tendent à être les plus prononcées et peuvent LIC entraîner des inégalités significatives dans le financement de l’éducation publique selon la répartition des revenus (Figure LMIC 9). Dans les PFR, par exemple, 40 % du financement total de l’éducation publique profite au quintile le plus riche, et UMIC seulement 10 % au plus pauvre. Ces inégalités peuvent être exacerbées par les différences infranationales en matière de dépenses d’éducation. Il est très fréquent qu’un enfant vivant HIC dans une certaine partie d’un pays fréquente une école qui 30 % 20 % 10 % 0% 10 % 20 % 30 % 40 % reçoit des fonds plusieurs fois supérieurs à ceux d’une école Dépenses publiques sur le quintile plus pauvre Dépenses publiques sur le quintil plus riche à peu près comparable située ailleurs dans le même pays. Par exemple, au Soudan, les dépenses par enfant sont environ six Facteur multiplicateur entre les régions aux dépenses les plus élevées et les régions aux dépenses les plus faibles (en fois plus élevées dans la région où les dépenses sont les plus fonction des dépenses éducatives par habitant). élevées par rapport à la région où elles sont les plus faibles (Figure 9). Les écarts constatés dans les dépenses publiques Sudán infranationales tendent à renforcer les schémas existants de Madagascar pauvreté et d’inégalité. Dans de nombreux pays, les dépenses Nigeria Uganda d’éducation par habitant sont nettement plus faibles dans les Afganistán régions les plus pauvres que dans les régions les plus riches. Par Mauritania exemple, en Ouganda, le rapport entre les dépenses d’éducation Rwanda Tanzanía par habitant des districts et les niveaux de pauvreté est négatif Mozambique Moyenne et statistiquement significatif (Manuel et al. 2019). Burkina faso Filipinas Ghana Il existe de grandes différences entre les pays dans la façon Sri Lanka dont les dépenses publiques consacrées à l’éducation se Viet Nam traduisent en années de scolarité et en résultats d’appren- 0 2 4 6 8 tissage. En moyenne, les pays plus riches tendent à avoir des dépenses plus élevées et de meilleurs résultats d’apprentissage. Source : Volet de gauche : UNICEF (2020). Volet de droite : Toutefois, à niveau de dépenses par habitant similaire, certains Manuel et al. (2019) ainsi que divers rapports d’examen des pays obtiennent des résultats nettement meilleurs. Par exemple, dépenses publiques de la Banque mondiale. Note : Volet de gauche : les lignes noires verticales représentent comme le montre le volet droit de la figure 10, des pays comme 20 % des dépenses publiques - si les dépenses publiques étaient le Tchad et le Niger dépensent des montants comparables réparties de manière égale, les quintiles les plus pauvres et les plus à ceux du Malawi, de l’Afghanistan et de la Sierra Leone, riches en recevraient chacun 20 %. 14 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 mais enregistrent moins de la moitié des années de scolari- éducatifs. Une étude récente a montré que les augmentations sation ajustées du facteur apprentissage. De toute évidence, moyennes des dépenses d’éducation par habitant n’amélioraient de nombreux facteurs expliquent ces différences en termes les résultats scolaires que dans une mesure relativement faible. d’efficacité. Certains facteurs sont liés à des caractéristiques Elle a démontré que l’élasticité des dépenses dans les situations de fourniture de services qui sont difficiles à modifier. Il est où elles avaient augmenté n’était que de 0,08, ce qui signifie que, généralement moins coûteux, par exemple, de fournir des pour chaque augmentation de 10 % des dépenses par enfant, les services éducatifs dans des pays densément peuplés et plus résultats ne s’amélioraient que de 0,8 % (Al-Samarrai, Cerdan- urbanisés que dans des pays moins peuplés. Cependant, de Infantes et Lehe 2019).17 Grâce aux nouvelles données sur les nombreux systèmes éducatifs souffrent également de prob- années de scolarisation ajustées du facteur apprentissage, il est lèmes d’inefficacité des dépenses qui sont le résultat de choix possible d’étudier la façon dont les évolutions des dépenses budgétaires sous-optimaux, d’une transparence limitée et du par habitant ont affecté les résultats de l’éducation au cours détournement des fonds de l’éducation à d’autres fins. des dix dernières années. Bien que les données disponibles ne concernent qu’un petit groupe de pays, elles montrent que seuls L’augmentation des dépenses par habitant au cours des les trois quarts environ des pays qui ont augmenté les dépenses dix dernières années n’a pas toujours amélioré les résultats par habitant ont enregistré une amélioration des résultats. Figure 10 : Les pays diffèrent quant à l’efficacité avec laquelle ils traduisent les financements en résultats. Dépenses par enfant et années de scolarisation ajustées du facteur apprentissage (LAYS), 2020 Tous pays confondus Pays dont les dépenses d’éducation sont inférieures à 3 000 DOLLARS US par enfant (dollars PPA constants de 2017) Les années de scolarisation ajustées du facteur apprentissage Les années de scolarisation ajustées du facteur apprentissage 16 12 14 10 12 ALB MEX ECU PER COL LKA LCA MDA 8 GRD IRN DMA 10 SLV JOR VCT WSM JAM EGY DOM LSO 8 6 GTM ZAF MWI AFG SLE CIV 6 MRT 4 RWA 4 TCD NER MLI 2 2 0 0 0 5.000 10.000 15.000 20.000 25.000 0 500 1.000 1.500 2.000 2.500 3.000 Dépenses par enfant (dollars PPA constant de 2017) Dépenses par enfant (dollars PPA constant de 2017) Source : Calculs de l’EFW fondés sur l’indice de capital humain (ICH) et la base de données de l’EFW, suivant une approche décrite dans Al-Samarrai et al. (2019). Note : Les dépenses par enfant sont calculées en divisant le montant total des dépenses publiques d’éducation pour l’enseignement primaire et secondaire par la population d’âge scolaire. La ligne courbe est une estimation de la frontière stochastique. Plus un pays se situe en dessous de la frontière, moins il est efficace. 17 Les années de scolarisation ajustées du facteur apprentissage (LAYS) sont une mesure qui associe des éléments de quantité (années de scolarisation prévues) et de qualité (résultats d’apprentissage harmonisés). Les années de scolarisation prévues mesurent le nombre d’années de scolarité qu’un enfant né aujourd’hui peut s’attendre à suivre avant l’âge de 18 ans. Cette donnée se fonde sur les taux de scolarisation par âge entre 4 et 17 ans et a une valeur maximale de 14. Entre-temps, les résultats d’apprentissage harmonisés sont calculés à l’aide d’un facteur de conversion. Pour en savoir plus sur la méthodologie employée, voir Filmer et al. (2018) ; Kraay (2018) ; Patrinos et Angrist (2018). 15 3 Assurer le suivi et rendre compte des dépenses d’éducation UNICEF Rwanda/2020/Saleh Les progrès réalisés dans le secteur de l’éducation doivent être Malgré l’importance de ces données pour en assurer le suivi, évalués en fonction des informations relatives aux niveaux de la disponibilité d’informations comparables relatives aux financement et à l’utilisation de ces derniers. Il s’agit également indicateurs fondamentaux du financement de l’éducation d’un élément déterminant pour assurer la transparence et veiller est limitée à un petit nombre de pays.18 L’EFW utilise des à ce que les engagements pris pour améliorer les résultats en informations consolidées sur les dépenses publiques consacrées matière d’éducation s’accompagnent d’un financement adéquat. à l’éducation provenant de trois sources principales : l’Institut Sans ces informations, il est impossible de suivre les tendances de statistique de l’UNESCO (ISU), le Fonds monétaire inter- du financement de l’éducation et de s’attaquer aux inégalités et national (FMI) et la base de données EdStats de la Banque aux inefficacités en matière de dépenses soulignées dans l’EFW. mondiale. Même en utilisant ces trois sources de données Figure 11 : Les informations relatives aux indicateurs essentiels des dépenses d’éducation sont disponibles pour moins de deux tiers des pays. Nombre de pays disposant de données sur les indicateurs de base des dépenses d’éducation, 2016-2019 Dépenses d’éducation exprimées Dépenses d’éducation exprimées en Dépenses par niveau d’éducation en pourcentage du PIB pourcentage des dépenses publiques 100 % 100 % 100 % 90 % 90 % 90 % 34 % 32 % 80 % 39 % 80 % 40 % 40 % 80 % 48 % 55 % 60 % 70 % 70 % 70 % 60 % 14 % 80 % 60 % 60 % 16 % 11 % 7% 83 % 83 % 92 % 50 % 50 % 50 % 32 % 40 % 40 % 23 % 40 % 22 % 15 % 30 % 30 % 30 % 50 % 54 % 49 % 53 % 20 % 20 % 20 % 29 % 13 % 29 % 10 % 10 % 9% 10 % 23 % 25 % 10 % 7% 7% 6% 7% 2% 0% 0% 0% 2016 2017 2018 2019 2016 2017 2018 2019 2016 2017 2018 2019 IEU autres aucune information IEU autres aucune information complet incomplet aucune information Source: Données EFW tirées des bases de données en ligne de l’ISU, du FMI et de la Banque mondiale. Note: Le nombre total de pays couverts dans la base de données EFW est de 218. Pour les données sur les dépenses par niveau, seules celles avec des données complètes sur les niveaux primaire, secondaire et supérieur sont comptées comme 'complètes'; ceux avec au moins un point de données sur l'un des niveaux sont classés comme 'incomplets'. 18 Il n’y a pas de différences importantes ou constantes dans les taux de déclaration des données des pays selon le groupe de revenu. 16 EDUCATION FINANCE WATCH 2021 internationales, seuls 61 % des pays ont communiqué les chiffres pour les pays présentant des informations dans plus d’un de l’éducation publique exprimés en pourcentage du PIB en ensemble de données. Réduire ces différences, en essayant 2018. Les informations portant sur les dépenses engagées aux de faire converger les définitions et les méthodes, pourrait différents niveaux de scolarité n’étaient disponibles que dans permettre d’améliorer sensiblement la couverture et la qualité 17 % des pays, et la plupart d’entre elles étaient incomplètes et des données. La section du rapport EFW consacrée à la parfois incohérentes (figure 11). Si la base de données de l’ISU Covid-19 montre également que, si les informations sur les fournit la majorité des données utilisées dans le rapport EFW dépenses sont souvent disponibles en ligne, elles sont noyées (79 %), d’autres sources se sont avérées plus riches en informa- dans la documentation budgétaire du gouvernement, qui n’est tions pour les dernières années. Pour l’année 2018, par exemple, généralement facile ni à trouver ni à interpréter. Travailler avec elle n’en a fourni que 45 %. Cela semble indiquer que, bien qu’un les pays pour développer des protocoles permettant d’utiliser décalage dans le temps soit inévitable dans la communication de des informations aisément accessibles portant sur les budgets et données transnationales, il est possible de le réduire. les dépenses publiques pourrait également améliorer la qualité et l’actualité des données relatives aux dépenses. Enfin, des Afin d’améliorer la qualité et la couverture des données, progrès significatifs ont été réalisés dans l’élaboration de meil- il faudra garantir la comparabilité des sources de données leurs outils de collecte d’informations sur les dépenses d’édu- existantes et adopter de nouvelles approches. L’EFW cation, par exemple en utilisant une méthode fondée sur des a rassemblé les trois sources principales de données sur les comptes nationaux de l’éducation et en renforçant les modules dépenses publiques, mais les différences de méthodes de portant sur l’éducation dans les enquêtes sur les dépenses des mesure signifient que les unes et les autres fournissent des ménages menées régulièrement par les bureaux nationaux de valeurs différentes pour les indicateurs fondamentaux de statistiques (IIPE, ISU et Pôle de Dakar 2016, Oseni et al. l’éducation. Par exemple, il y avait une différence absolue de 2018). La priorité absolue est maintenant d’encourager une 0,7-0,8 points de pourcentage entre les ensembles de données adoption plus large de ces méthodes en fournissant un soutien de la Banque mondiale, du FMI et de l’ISU dans la valeur technique aux agences de statistiques et de planification au des dépenses d’éducation exprimées en pourcentage du PIB niveau national. GPE/ Kelley Lynch 17 4 En résumé UNICEF/Kanobana Depuis 2010, le financement de l’éducation a augmenté plus rapide- ment dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur, où les Les dépenses mondiales écarts entre les moyens financiers nécessaires pour atteindre les ODD en matière d’éducation et les allocations actuelles sont les plus importants. L’EFW a souligné l’impact de la pandémie sur le revenu des ménages et sur le finance- n’ont cessé d’augmenter ment par les bailleurs de fonds, phénomène qui risque de réduire le en termes absolus au cours financement de l’éducation. L’impact de ces contractions risque de se des dix dernières années, faire sentir de manière plus aiguë dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et faible, où ces sources de financement représentent une part mais il y a lieu de penser importante des dépenses totales d’éducation. Bien que les données que la pandémie pourrait recueillies pour le rapport EFW sur les budgets publics consacrés à l’éducation dressent un tableau contrasté, la détérioration des finances interrompre cette tendance à publiques à moyen terme laisse penser que, sans efforts concertés pour la hausse. donner la priorité à l’éducation, les perspectives de mobilisation des ressources nécessaires à l’éducation vont s’aggraver. La gravité du choc sanitaire et économique causé par la pandémie Les politiques adoptées par déterminera dans une large mesure les politiques requises pour assurer le financement de la réponse à y apporter dans un pays donné, les pays pour sauvegarder et et ainsi atténuer les perturbations du développement de l’éduca- accroître le financement de tion dans ce pays (Banque mondiale 2020b). Cependant, l’EFW a l’éducation seront différentes, mis en évidence que les systèmes éducatifs de nombreux pays sont confrontés à des défis importants en ce qui concerne l’utilisation effi- mais la plupart peuvent faire cace de ces ressources. La pandémie a mis en évidence ces inégalités un meilleur usage des fonds et ce manque d’efficacité au niveau des dépenses, et à moyen terme, alloués à l’éducation. il est essentiel que les dépenses soient plus étroitement associées à l’amélioration des résultats en matière d’éducation. Pour faire face à la crise mondiale de l’apprentissage et évaluer l’impact de la pandémie, il faudra disposer de meilleures informations sur le fonctionnement des systèmes éducatifs. Cela signifie notamment qu’il faut disposer de meilleures informations sur les niveaux et les La pandémie montre sources de financement et sur la manière dont ces derniers sont util- également combien il est isés pour garantir que l’éducation est accessible à tous. Comme l’a important de surveiller les montré l’EFW, il est possible de tirer un meilleur parti des sources de données existantes pour mieux appréhender le financement de modèles et les tendances du l’éducation. Mais il faut également s’efforcer de renforcer les capacités financement de l’éducation. et les systèmes de recueil d’informations et de suivi des dépenses d’éducation afin d’améliorer à la fois la qualité et la couverture des sources existantes. Le rapport EFW de l’année prochaine fera le point 18 sur les progrès réalisés. EDUCATION FINANCE WATCH 2021 Références Al-Samarrai, Samer, Pedro Cerdan-Infantes, et Jonathan UNESCO 2015. « Chiffrer le droit à l’éducation : le coût de David Lehe. 2019. “Mobilizing Resources for Education la réalisation des nouvelles cibles d’ici à 2030 », docu- and Improving Spending Effectiveness: Establishing ment d’orientation 18, UNESCO Rapport mondial de Realistic Benchmarks Based on Past Trends.”Document suivi sur l’éducation, Paris. de travail de recherche sur les politiques de la Banque mondiale, Banque mondiale, Washington D.C. UNESCO 2020. “La COVID-19 représente une grave menace pour la relance de l’aide à l’éducation.” document Filmer, Deon, Halsey Rogers, Noam Angrist et Shwetlena d’orientation 41, UNESCO. Rapport mondial de suivi Sabarwal. 2018. Learning-Adjusted Years of Schooling sur l’éducation, Paris. (LAYS): Defining a New Macro Measure of Education. Washington, DC: Banque mondiale. UNESCO, UNICEF et Banque mondiale. 2020. Qu’avons nous appris? Aperçu des résultats d’une enquête auprès Gentilini, U., M. Almenfi et P.Dale. 2020. “Social Protection des ministères de l’éducation sur les réponses nationales and Jobs Responses to COVID-19: A Real-Time à la COVID-19 Paris, New York, Washington D.C: Review of Country Measures.” 14, Banque mondiale, UNESCO, UNICEF, Banque mondiale Washington D.C. UNICEF. 2020. “Addressing the learning crisis: An urgent IIPE, ISU et Pôle de Dakar. 2016. Méthodologie des need to better finance education for poorest children.” comptes nationaux de l’éducation. Paris : Institut inter- New York, Etats-Unis: UNICEF. national de planification de l’éducation, UNESCO. Banque mondiale. 2019. Ending Learning Poverty: What Kraay, Aart C. 2018. Methodology for a World Bank Will It Take? Washington D.C. Human Capital Index. Washington, DC : Banque Mondiale. Banque mondiale. 2020a. Pandémie de COVID-19 : Chocs pour l’éducation et réponses stratégiques. Washington D.C. Manuel, Marcus, Dan Coppard, Amy Dodd, Harsh Desai, Richard Watts, Zach Christensen, et Stephanie Banque mondiale. 2020b. The Impact of the COVID-19 Manea. 2019. “Subnational investment in human Pandemic on Education Financing. Washington D.C. capital” ODI, Londres. Banque mondiale. 2020c. Learning Poverty in the Time OCDE. 2020. “The impact of the coronavirus (COVID-19) of Covid-19: A crisis within a crisis. Washington D.C. crisis on development finance.” OCDE, Paris. Banque mondiale. 2020d. Rapport 2020 sur la pauvreté et la Oseni, Gbemisola, Friedrich Huebler, Kevin Robert Mcgee, prospérité partagée : revers de fortune. Washington D.C. Akuffo Amankwah, Elise Legault, et Andonirina Rakotonarivo. 2018. Measuring household expenditure on education: A Guidebook for designing household survey questionnaires. Banque mondiale. Patrinos, Harry Anthony, et Noam Angrist. 2018. Global Dataset on Education Quality: A Review and Update (2000–2017). Washington, DC : Banque Mondiale. Tanaka, N. 2020. “Additional Activities and Associated Costs for School Re-Opening under Covid-19 Pandemic – quick glance based on available informa- tion.” Banque mondiale, Washington D.C. 19 Remerciements Le rapport EFW a été élaboré par Samer Al-Samarrai, Pedro Cerdan-Infantes, Aliya Bigarinova, Juanita Bodmer et Marianne Vital (Banque mondiale) et Manos Antoninis, Bilal Barakat et Yuki Murakami (Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO). Il a été réalisé sous la direction d’Omar Arias et de Jaime Saavedra et a été enrichi des commentaires de Cristian Aedo, Jose Cuesta, Peter Darvas, Amer Hassan, Gabriela Inchauste, Silvia Montoya et Lars Sondergaard. Le document a été édité par John Steinhardt et mis en page par Danielle Willis. 20