88086 v2 Volume 2 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe © 2010 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/ Banque mondiale 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Internet : www.worldbank.org Tous droits réservés La présente publication est produite par le personnel de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale. Les constatations, les interprétations et des conclusions exprimées dans ce volume ne reflètent pas nécessairement les points du vue des Directeurs exécutifs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas la véracité des données figurant dans cet ouvrage. 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Conception de la couverture : Hernan Gigena Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Table des matières Préface..............................................................................................................................v Remerciements ............................................................................................................... ix Acronymes et Abréviations.............................................................................................. xi I. Introduction............................................................................................................... 1 1.  Considérations générales ....................................................................................................... 1 2.  Cadre conceptuel........................................................................................................2 3.  Utilisations de l’évaluation des dommages et des pertes..............................................4 4.  De l’évaluation des dommages et des pertes à celle des besoins...................................4 II.  Evaluation secteur par secteur.................................................................................... 7 1. Généralités.................................................................................................................7 2.  Procédure générique d’évaluation ..............................................................................7 2.1  Référence de base avant la catastrophe pour l’évaluation......................................7 2.2  Elaboration d’une situation post-catastrophe.......................................................8 2.3  Estimation des dommages et des pertes................................................................9 III.  Secteurs devant être évalués................................................................................... 11 1  Secteur des infrastructures.........................................................................................11 1.1  Eau et assainissement.........................................................................................11 1.2 Electricité..........................................................................................................16 1.3  Transport et Communications...........................................................................19 iii Note d’orientation DaLA : Volume 2 2.  Secteurs sociaux................................................................................................................ 27 2.1 Logement..........................................................................................................27 2.2 Education..........................................................................................................31 2.3 Santé.................................................................................................................36 3.  Secteurs productifs...................................................................................................41 3.1 Agriculture........................................................................................................41 3.2 Industrie............................................................................................................73 3.3 Commerce.........................................................................................................79 3.4 Tourisme...........................................................................................................84 Figures Figure 1.1 De l’évaluation des dommages et des pertes aux besoins consécutifs à une catastrophe : Tremblement de terre d’Aceh et Tsunami, 2004 .............5 Tableaux Tableau 3.1 Coûts de la réhabilitation et de la reconstruction d’une double-voie, par type de route (US Dollars/kilomètre en 2003)...................................24 Tableau 3.2 Coûts marginaux d’exploitation de différents types de véhicules dans différents types d’état de routes (Centimes d’USD par véhicule-kilomètre en 2003)....................................................................26 Tableau 3.3 Effets des catastrophes dans le sous-secteur des cultures...........................40 Tableau 3.4 Tableau récapitulatif pour l’agriculture....................................................63 Tableau 3.5 Répartition de la pauvreté par régions et type d’établissements, Bangladesh, 2000.........................................................68 iv Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Préface Au cours de ces dernières années, les catastrophes n’ont cessé d’augmenter à travers le monde tant en termes de fréquence que d’impact. Pendant la première décennie du nouveau millénaire une série de catastrophes graves ont frappé de nombreux pays sur tous les continents du monde. Parmi les catastrophes les plus connues figurent le tremblement de terre et le tsunami survenus dans l’Océan indien en 2004 tuant plus de 250 000 personnes, le séisme qui a frappé Haïti et tué plus de 220 000 personnes entrainant des pertes économiques estimées à 120 % du PIB, les inondations au Pakistan qui ont fait plus de 20 millions de sinistrés. On a également assisté à d’autres tremblements de terre en Indonésie, à des inondations et des sécheresses à travers l’Afrique, à des vagues de chaleur et d’incendies en Europe, à des ouragans en Amérique centrale, dans la zone des Caraïbes et aux États-Unis, ainsi qu’à des glissements de terrain déclenchés par des typhons en Asie du Sud-est. L’impact social de ces catastrophes est plus marqué dans les pays en développement, où les populations pauvres sont plus vulnérables et moins résilientes. Les pertes économiques des catas- trophes ont été estimées à 63 milliards de dollars US en 2009. D’ici la fin du siècle, les dommages résultant des risques liés aux conditions météorologiques pourraient tripler, pour atteindre 185 milliards de dollars par an, sans tenir compte des effets du changement climatique. L’intégration du facteur changement climatique pourrait se traduire par une augmentation de l’ordre de 28 à 68 milliards de dommages causés par les seules tempêtes, selon «Natural Hazards, UnNatural Disasters: The Economics of Effective Prevention » (Les aléas sont naturels, pas les catastrophes : L’Économie d’une prévention efficace), un rapport conjoint Banque mondiale-Nations Unies, publié en novembre 2010. Pour réduire la vulnérabilité de l’environnement naturel et bâti, la compréhension des impli- cations sociales, économiques et financières des catastrophes est devenue une priorité pour les gouvernements. La méthodologie d’Évaluation des dommages, des pertes et des besoins (DaLA), conçue par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) dans les années 1970, est devenue un outil reconnu et appliqué au plan mondial pour quantifier les v Note d’orientation DaLA : Volume 2 conséquences des catastrophes, et déterminer les ressources financières nécessaires à la réalisation d’une reconstruction et d’un relèvement complets. L’application cohérente de la méthodologie permet de déterminer l’impact socio-économique de toute catastrophe, mais également d’établir la situation des actifs dans chaque secteur. Elle permet en outre de renforcer la résilience aux catastrophes en promouvant les principes du « Reconstruire mieux »  dans le cadre des efforts de reconstruction et de relèvement. Les Notes d’orientation DaLA présentées dans le présent ouvrage s’inspire de la Méthodologie de la CEPALC. Elle vise à rendre opérationnels les concepts de la méthodologie pour les pro- fessionnels des structures publiques, de la Banque mondiale et d’autres organisations nationales et internationales, chargés d’évaluer les effets des catastrophes, et à faciliter l’élaboration des programmes de relèvement et de reconstruction. En outre, Les Notes d’orientation DaLA élar- gissent la méthodologie initiale de la CEPALC en décrivant les différents processus d’estimation des besoins de relèvement et de reconstruction. Les Notes d’orientation comprennent trois volumes, à savoir i) les lignes Directrices à l’intention des chefs de projet (TTL) relatives à la conception et réalisation d’une évaluation des dommages, pertes et besoins, ii) la conduite des évaluations post-catastrophe des dommages et pertes, et iii) l’estimation des besoins post-catastrophe de relèvement et de reconstruction. Le Volume 1, Lignes Directrices à l’intention des chefs de projet, visent à faciliter leur travail en définissant le cadre d’exécution de l’évaluation. L’ouvrage présente des modèles de TDR sectoriels, de ques- tionnaires d’enquête, et d’autres outils utiles, et décrit dans le détail les processus de planification, d’organisation et d’exécution d’une évaluation. Le Volume 2 guide l’équipe d’évaluation sectorielle à travers les différentes étapes de l’évaluation des dommages et pertes, et contient des modèles types permettant de déterminer les dommages et pertes dans chaque secteur. Il présente des pro- cédures simples d’estimation de la valeur des actifs matériels détruits ainsi que celle des variations et des pertes dans les flux de l’économie touchée. Le Volume 3 décrit le processus d’estimation des besoins financiers de relèvement et de reconstruction. Il s’agit d’une évaluation des dommages et pertes effectuée dans les différents secteurs qui ventilent la répartition des besoins et les objectifs prioritaires selon les zones géographiques, les secteurs de l’économie, et les différents groupes de population dans la zone sinistrée. Il explique également la démarche à suivre pour établir un calendrier d’investissement et identifier les canaux de distribution des financements. Les Notes d’orientation ont été commanditées par la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR) de la Banque mondiale. Le GFDRR accorde un degré de priorité élevé au renforcement des capacités nationales en matière de gestion des risques de catastrophes et d’évaluation des impacts post-catastrophe, qui trouve son expression vi Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe dans l’accord de coopération entre les Nations Unies , l’Union Européenne et la Banque mondiale relatif à l’évaluation des besoins post-catastrophe. Le GFDRR qui est un partenariat regroupant 36 pays et six organisations internationales résolus à aider les pays en développement à réduire leur vulnérabilité face aux aléas naturels et à s’adapter aux changements climatiques, aide depuis 2006 les pays à intégrer la prévention des risques dans leurs stratégies de développement. Il accompagne également les efforts des pays visant à apporter des réponses ex-post aux catastrophes à travers trois axes de financement, à savoir (a) Axe 1, qui encourage les partenariats dans les domaines du plaidoyer et de la sensibilisation ; (b) Axe 2, qui intègre la prévention des risques de catastrophes (PRC) dans les stratégies nationales, finance le travail d’analyse et la préparation des projet de prévention des catastrophes et de financement des risques ; et (c) Axe 3, qui entreprend des évaluations post-catastrophe des besoins à la demande des États, en collaboration avec les Nations Unies, l’Union Européenne et d’autres partenaires. Le GFDRR a effectué plus d’une vingtaine d’évaluations post-catastrophe au cours des trois dernières années dans des pays comme le Bengladesh, le Myanmar, le Burkina Faso, le Sénégal, la République Centrafricaine, le Salvador, Samoa, l’Indonésie, les Philippines, la République démocratique populaire du Laos, le Bhoutan, le Yémen, le Cambodge, la Bolivie, la Namibie, la Moldavie, Haïti et le Pakistan entre autres. Dans ces évaluations, le GFDRR promeut en par- ticulier l’autonomie par le biais du développement des capacités dans les pays à risques élevés, y compris la formation et la sensibilisation des agents de l’État et autres sur la méthodologie DaLA. Les expériences de ces évaluations sont reprises dans ces trois volumes et seront intégrées dans les futures versions afin de renforcer davantage les capacités et d’adapter la méthodologie au contexte spécifique de chaque pays. vii Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Remerciements Les présentes Notes d’orientation ont été élaborées dans le cadre de l’action du GFDRR visant à renforcer les capacités des professionnels et autres spécialistes sectoriels dans la conduite de l’évaluation post-catastrophe des dommages, pertes et besoins, tout en appliquant la méthodo- logie DaLA pour évaluer les conséquences socio-économiques des catastrophes. L’objectif du GFDRR est d’opérationnaliser la méthodologie d’évaluation des dommages, pertes et besoins en s’appuyant sur l’ouvrage initial de la CEPALC intitulé « Manuel Pratique d’évaluation des effets socioéconomiques et environnementaux des catastrophes ». Ces Notes d’orientation entendent contribuer à l’application cohérente et à grande échelle de la méthodologie DaLA. Elles ont été préparées par M. Roberto Jovel, spécialiste en DaLA et doté d’une vaste expérience en évaluation des pays. Mohinder Mudahar a contribué à l’élaboration des directives concernant le secteur de l’agriculture. Nous exprimons également notre reconnaissance pour les contributions et commentaires des experts et professionnels externes qui ont été pour beaucoup dans la finalisation de ces Notes. Sur la base de leur expérience en matière d’évaluation des dommages et pertes ainsi qu’en matière de planification du relèvement, elles ont été affinées pour en assurer l’applicabilité. Nous voudrions remercier tout particulièrement Alicia Barcena, Secrétaire exécutif de la CEPALC, Ricardo Zapata et de nombreux autres collègues de la CEPALC pour leur soutien et leur colla- boration permanents tout au long du processus. La forte expertise institutionnelle et pratique de la CEPALC a été d’un apport précieux dans la révision des présentes Notes. Nous exprimons également notre gratitude à l’égard de nos collègues de la Banque mondiale qui ont fait des remarques et autres observations précieuses sur divers aspects de l’ouvrage. Nous voudrions aussi souligner la contribution de Sofia Bettencourt, Officier principal des Opérations et de Wolfgang Fengler, Économiste principal, qui ont fait office de réviseurs internes, en même temps que les collègues de la CEPALC. ix Note d’orientation DaLA : Volume 2 Le développement de ces Notes d’orientation a été appuyé par le programme de la composante 3 du GFDRR. Katalin Demeter, Doekle Wielinga et Sophie Hermann ont contribué à la réali- sation du présent travail et supervisé sa préparation tout en fournissant des orientations. Nous souhaitons remercier nos partenaires du GFDRR pour leur soutien financier. Max Jira et Alisa Lertvalaikul ont apporté un appui logistique considérable tout au long de sa réalisation. Susanne Quickley est l’éditeur principal de la présente publication dont la couverture a été conçue par Hernan Gigena. Le Bureau de l’Éditeur de la BM a fourni les services d’illustration, de composition, et d’impression sous la supervision d’Adrian Feil. x Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Acronymes et Abréviations BCAH Bureau de la coordination des affaires humanitaires (ONU) BDP Balance des paiements BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement BM Banque mondiale CAF Coût, assurance et fret CE Commission européenne CEPALC Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes DaLA Évaluation des dommages, pertes et besoins PRC Prévention des risques de catastrophe ERL Prêt au relèvement FOB Franco à bord GFDRR Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement AID/IDA Association internationale de développement ONU Organisation des Nations Unies OMD Objectifs du millénaire pour le développement ONG Organisation non gouvernementale PDNA Évaluation des besoins post-catastrophe PIB Produit intérieur brut PME Petites et moyennes entreprises PRI Pays à revenu intermédiaire SIC Crédit d’investissement sectoriel SIL Prêt d’investissement sectoriel TDR Termes de référence TTL Chef de projet UE Union Européenne xi Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe I. Introduction 1.  Considérations générales Au cours des dernières années, des gouvernements membres ont sollicité l’assistance de la Banque mondiale pour la définition et le financement de programmes de relèvement et de reconstruction, consécutifs à une catastrophe. Pour définir le périmètre de ces programmes consécutifs à une catastrophe, la Banque a employé la méthodologie des dommages et des pertes post-catastrophe, initialement élaborée par la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC).1 Cette méthodologie est appliquée avec succès depuis 1972 en Amérique Latine, dans les Caraïbes et dans d’autres régions du monde, essentiellement en Asie et plus récemment en Afrique — pour déterminer quantitativement les effets de catastrophes majeures. La Banque mondiale a participé à l’élaboration, la mise à jour et la simplification constantes de la méthodologie de la CEPALC dans l’intention de la diffuser auprès de son personnel, de la faire partager à d’autres organisations internationales et régionales et de la communiquer aux responsables des gouvernements des pays à risque élevé pour généraliser la connaissance de l’évaluation des effets des catastrophes et la gestion des risques de ces catastrophes. Ce document est une présentation de la version actualisée et simplifiée de la méthodologie d’évaluation des dommages et des pertes au niveau sectoriel.2 1  Manuel d’estimation des effets socioéconomiques et environnementaux des catastrophes, Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC), Santiago, Chili, 2003. 2  Des lignes directrices similaires sont présentées séparément pour la conduite de l’évaluation des effets macroéconomiques, l’esti- mation des effets sur les individus et les ménages et l’estimation quantitative du relèvement et de la reconstruction post-catastrophe 1 Note d’orientation DaLA : Volume 2 2.  Cadre conceptuel Deux types principaux d’effets des catastrophes sur une société et l’économie sont pris en compte dans une évaluation : la destruction (totale ou partielle) des avoirs physiques et les changements ou les modifications qui en découlent pour les flux économiques de la zone affectée. Les définitions suivantes ont été adoptées pour les effets des catastrophes à l’issue d’un examen attentif de l’expérience des quarante dernières années : Dommages : destruction totale ou partielle des biens/actifs matériels existant dans la zone sinistrée.3 Les dommages surviennent pendant ou immédiatement après la manifestation du phénomène naturel qui provoque la catastrophe, et se mesure en unités physiques (par exemple, de mètres carrés d’habitation, kilomètres de routes, etc.). Leur valeur pécuniaire est exprimée en termes de coûts de remplacement selon les prix en vigueur tout juste avant l’événement. Pertes : changements des flux économiques découlant de la catastrophe.4 Elles per- sistent tant qu’un plein relèvement et une reconstruction totale n’ont pas été atteints, dans certains cas, pendant plusieurs années. Les pertes types sont la baisse de pro- duction des secteurs productifs (agriculture, élevage, pêche, industrie et commerce), la baisse de recettes et l’augmentation des coûts opérationnels dans l’offre de services (éducation, santé, eau et assainissement, électricité, transport et communications). Sont également considérées comme des pertes les dépenses imprévues destinées à satisfaire aux besoins humanitaires pendant la phase d’urgence consécutive aux catastrophes. Les pertes sont exprimées en valeur actuelle. La valeur des dommages sert de base à l’estimation des besoins en reconstruction — comme il sera décrit dans les sections suivantes de ces notes d’orientation — tandis que la valeur et le type 3  Les catastrophes détruisent habituellement différents types d’avoirs physiques durables : bâtiments, infrastructures, équipements et machines, mobilier et biens ménagers, moyens de transport et entreposage, travaux d’irrigation, etc. Une liste détaillée de la destruction possible d’avoirs dans les différents secteurs sera fournie dans les sections appro- priées de ces notes d’orientation. 4  Les pertes comprennent habituellement une baisse de production et des ventes, une augmentation des coûts opéra- tionnels et une baisse des recettes issues de la fourniture de services et des dépenses imprévues en réponse aux besoins d’urgence. Des listes des pertes types pour chaque secteur affecté seront fournies dans les sections appropriées de ces notes d’orientation. 2 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe de pertes donnent les moyens d’estimer l’impact socioéconomique global de la catastrophe et les besoins pour le relèvement économique. L’analyse de l’impact socioéconomique comprend une estimation des effets probable de la catastrophe sur la performance économique et les déséquilibres macroéconomiques temporaires susceptibles de survenir ainsi que la baisse provisoire d’emplois, de revenus et de bien-être des particuliers et des ménages. Pour mesurer l’impact sur les variables macroéconomiques, les analyses portent habituelle- ment sur la performance, après la catastrophe, du produit intérieur brut (PIB), la balance des paiements (BDP) et le secteur fiscal. Les effets sur le PIB sont les répercussions négatives temporaires des pertes dues à la catastrophe sur la performance de l’économie et les effets positifs sur la construction et d’autres secteurs par suite du lancement du programme de reconstruction. L’impact des dommages sur les investissements bruts peut ne pas nécessairement se produire la même année que la catastrophe mais être mesuré l’année suivante alors que la restauration ou le remplacement des avoirs est en cours (selon la capacité de construction du secteur et les ressources financières disponibles). L’impact sur la balance des paiements inclut l’estimation de l’augmentation des importations et de la diminution des exportations suite à la catastrophe ainsi que les paiements de réassurance de l’étranger et les dons de secours de la communauté internationale. L’impact de la catastrophe sur le budget du secteur public est estimé en termes d’augmentation des coûts opérationnels et de diminution des recettes chaque fois que le secteur public possède directement des entreprises sectorielles, son budget devant enregistrer des pertes. Eu égard à l’impact sur le bien-être des particuliers ou des ménages — un point de vue différent et distinct des effets et de l’impact de la catastrophe — l’analyse comprend habituellement une estimation de l’emploi et de la baisse de revenus découlant des pertes subies dans les secteurs productifs et des services ainsi que de l’augmentation des dépenses habituelles des familles ou des particuliers.5 5  La valeur des pertes de production sectorielle inclut déjà les pertes de revenus correspondantes à la force de travail formelle. Or, pour fournir un aperçu plus détaillé de l’impact de la catastrophe au niveau des particuliers et des ménages, les pertes de revenus sont estimées séparément et ne doivent pas être ajoutées aux pertes de production sectorielles pour éviter une double prise en compte. 3 Note d’orientation DaLA : Volume 2 3.  Utilisations de l’évaluation des dommages et des pertes Une évaluation des dommages et des pertes suite à une catastrophe peut servir avantageusement à déterminer les besoins consécutifs à cette catastrophe, comme la planification du relèvement économique et la conception des programmes de reconstruction. Elle peut aussi servir ultérieu- rement à suivre la progression de ces programmes.6 Les résultats d’une évaluation des dommages et des pertes peuvent être utilisés éventuellement de deux manières distinctes : à court terme, pour définir les interventions du gouvernement immédiatement après la catastrophe visant à réduire les souffrances des particuliers et initier la relance économique. A moyen et à long terme, l’évaluation sert à définir les besoins financiers nécessaires pour parachever le relèvement et la reconstruction. Outre le fait de révéler l’ampleur des effets causés par une catastrophe, l’évaluation des dommages et des pertes fournit des informations pour la définition des effets et des impacts sur les zones géographiques et les secteurs de l’économie et sur la performance économique globale. 4.  De l’évaluation des dommages et des pertes à celle des besoins Une utilisation subséquente des résultats de l’évaluation est l’estimation des exigences ou des besoins en ressources financières nécessaires pour les activités de relèvement et de reconstruc- tion. La valeur et la répartition spatiale, temporelle et sectorielle des pertes servent à estimer les exigences de la reprise économique et la valeur et la répartition géographique et sectorielle des dommages servent à estimer les exigences de la reconstruction (voir Figure 1.1). Les objectifs habituels d’un programme global de reprise économique sont de restaurer les revenus des particuliers et des familles et de reprendre les services et les activités de production essentiels dans les zones affectées. Le principal objectif du programme de reconstruction est de remplacer ou réparer les avoirs physiques. La description de la procédure d’estimation des besoins pour la reprise économique et la recons- truction figure au Volume 3 de cette série de Notes d’orientation préparée par le GFDRR. Un bon exemple de ce suivi de performance consécutif à une catastrophe est le système récemment mis en route par le 6  Bureau de Djakarta de la Banque Mondiale suite au tsunami de 2004 dans les provinces d’Aceh et de Nias, Indonésie. 4 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe II.  Evaluation secteur par secteur 1. Généralités La méthodologie d’évaluation des dommages et des pertes est basée sur une approche secteur par secteur puis par une approche ascendante pour estimer les effets globaux de la catastrophe et son impact sur la société et l’économie. Une procédure générique d’évaluation des dommages et des pertes dans chaque secteur est décrite ici et sera suivie de procédures détaillées, étape par étape, répondant aux spécificités de chaque secteur. 2.  Procédure générique d’évaluation Les étapes types à suivre lors d’une évaluation des dommages et des pertes sont les suivantes : 1. Définition d’une référence (de comparaison) avant la catastrophe ; 2. Elaboration de la situation après une catastrophe ; 3. Estimation des dommages et des pertes secteur par secteur ; 4. Estimation de la somme globale des effets de la catastrophe ; 5. Estimation de l’impact macroéconomique ; 6. Estimation de l’impact sur l’emploi et les revenus des particuliers/ménages. 2.1  Référence de base avant la catastrophe pour l’évaluation Elle renvoie aux conditions de base qui prévalaient avant la catastrophe et sert de fondement à l’estimation des dommages et des pertes. Trois ensembles de données de référence de base avant la catastrophe sont nécessaires : • Une base de référence des avoirs physiques ; 7 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Une base de référence de la fourniture des services de base ; • Une base de référence de la performance de la production et des ventes. La base de référence des avoirs physiques renvoie aux installations qui se trouvaient dans la zone affectée avant la catastrophe et elle doit inclure le nombre et le type d’unités d’habitation, le nombre et le type d’établissements scolaires et sanitaires, l’étendue des zones agricoles irriguées, le nombre et la capacité des unités d’électricité, des systèmes d’approvisionnement en eau et d’installations sanitaires, la longueur et les types de routes, etc. Dans certains secteurs, cette base de référence doit aussi inclure les installations situées à proximité pouvant être utilisées temporairement pour fournir des services dans la zone affectée. La deuxième base de référence doit décrire comment sont fournis les services de base dans des cir- constances normales ou en l’absence de catastrophe, notamment, par exemple, l’accès à l’éducation (taux de scolarisation) et aux soins de santé (couverture de soins médicaux gratuits ou payants). Le troisième ensemble d’informations de référence renvoie à la performance de toutes les acti- vités économiques dans la zone affectée, telles que prévues avant la catastrophe pour l’année en cours et les deux années suivantes. Ce troisième ensemble est mesuré en volume et en valeur de production et de vente des biens et services, etc. A titre d’exemple, les informations requises sont le calendrier des activités de production agricole et la valeur de production et des ventes dans d’autres secteurs, le volume et la valeur des services essentiels (électricité, eau et assainissement et transport et communications). 2.2  Elaboration d’une situation post-catastrophe La deuxième étape de l’évaluation des dommages et des pertes est l’élaboration d’un scénario post- catastrophe, basé à la fois sur les constats d’une enquête sur le terrain où les spécialistes acquièrent une image exhaustive des effets de la catastrophe dans chaque secteur et sur l’interaction avec les spécialistes des secteurs locaux (du gouvernement et des secteurs privés) qui fournissent les contributions initiales. L’objectif est de définir clairement comment chaque secteur se comportera temporairement après la catastrophe jusqu’à son relèvement complet et sa pleine reconstruction. Les informations suivantes sont nécessaires pour définir le fonctionnement temporaire de la société et de l’économie affectées après une catastrophe : • Temps nécessaire pour la reconstruction des avoirs physiques détruits ; • Plan provisoire et coûts de rétablissement de l’accès aux services sociaux ; • Plan provisoire et coûts de reprise de la production de biens et services. 8 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Deux résultats sont nécessaires à ce stade : un calendrier ou un programme préliminaire de recons- truction des avoirs physiques et des projections de performance préliminaire correspondante après la catastrophe, des activités socioéconomiques de chaque secteur affecté. Les informations suivantes sont recueillies au cours d’une enquête sur le terrain et à partir de consultations auprès de spécialistes locaux, pour élaborer le calendrier de reconstruction préliminaire : • Une typologie des avoirs physiques (par taille, capacité, matériaux de construction, etc.) ; • Leurs prix unitaires de réparation et de reconstruction, non affectés par la rareté ou la spéculation ; • Un calendrier préliminaire de réparation et de remplacement des avoirs physiques, tenant dûment compte de la capacité actuelle de construction du secteur (y compris la disponibilité de main d’œuvre qualifiée, de matériel et de matériaux de construction dans le pays ou la zone en question) et de la disponibilité escomptée de ressources financières adéquates. Pour élaborer les prévisions préliminaires de performance des activités sociales et économiques après la catastrophe, il est essentiel d’estimer de manière réaliste le temps nécessaire pour la reconstruction et le relèvement de chaque secteur et de prendre en considération tous les liens existant entre les secteurs.7 Les prévisions de reprise des activités socioéconomiques sont élaborées sur la base d’un calendrier de réparation et de remplacement des avoirs, la possibilité d’adopter certaines solutions provisoires (par exemple, l’alimentation en eau ou en sources d’énergie alterna- tives venant de zones voisines, l’établissement d’abris provisoires pour les services sociaux comme le logement, l’éducation et les soins de santé, etc.) et la reprise attendue de la production.8 Le calendrier de cette reprise doit comprendre les services, la production ainsi que les coûts y associés. 2.3  Estimation des dommages et des pertes L’estimation des dommages et des pertes de chaque secteur se fait à travers une comparaison des conditions avant et après la catastrophe, comme décrit aux deux étapes précédentes. Les chiffres des dommages sont présentés en termes de valeur de remplacement avant la catastrophe et les pertes doivent être estimées en valeurs actuelles. 7  Tenir compte du fait que la pleine reprise de demande d’électricité, d’eau et de transport ne peut être réalisable tant que la reconstruction des logements et des industries n’est pas achevée. 8  Considérer la combinaison de deux scénarios possibles de reprise dans l’analyse : respectivement la baisse et la reprise de l’offre dues aux dommages et la reconstruction des avoirs physiques (ainsi que la baisse et la reprise de la demande) dans tous les secteurs affectés. 9 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Pour déterminer le montant total des effets de la catastrophe, les dommages et les pertes de tous les secteurs affectés doivent être inclus en évitant de possibles lacunes et des doubles comptes dans l’évaluation.9 Il est important de tenir compte de toutes les interrelations entre les secteurs dans l’estimation des pertes.10 Le montant global des effets de la catastrophe sera ultérieurement comparé aux principales variables macroéconomiques afin de définir la pertinence de chaque effet et ses conséquences sur l’économie et la société. Ce processus sert également à définir les besoins nécessaires pour la reprise économique et la reconstruction. 9  Quelques exemples à prendre en considération : les pertes dans la production primaire doivent être estimées au prix au producteur et non pas aux prix de gros ou de détail ; les chemins agricoles devraient être inclus dans le secteur de l’agriculture et non pas dans celui des transports ; le secteur du tourisme ne devrait pas inclure les dommages subis par les routes et les installations de services (à moins d’appartenir et d’être exploités explicitement par des hôtels). 10  Un cas typique est la chaîne de production alimentaire liant la production primaire de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche à l’industrie et au commerce. De même, les pertes de production industrielle vont entrainer d’autres pertes dans le secteur des échanges commerciaux. 10 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe III.  Secteurs devant être évalués Les secteurs inclus dans l’évaluation des dommages et des pertes sont ceux des activités écono- miques énumérées dans le système des comptes nationaux du pays affecté (voir Notes d’orien- tation, Partie I, Comment conduire une évaluation des dommages et des pertes). Il faut éviter de se focaliser exclusivement sur les secteurs les plus affectés afin d’éviter d’écarter involontairement des secteurs où l’impact peut survenir ultérieurement.11 Dans de tels cas, certains besoins sectoriels peuvent ne pas avoir été pris en compte et un plein relèvement post-catastrophe n’est pas réalisable. Les sections suivantes décrivent les procédures d’évaluation des dommages et des pertes pour les secteurs types de l’activité économique. Le nom et le champ des secteurs pouvant varier d’un pays à un autre l’équipe d’évaluation devra procéder aux adaptations nécessaires en fonction des conditions prévalant effectivement. 1  Secteur des infrastructures 1.1  Eau et assainissement 1.1.1 Généralités Le secteur de l’eau et de l’assainissement comprend trois sous-secteurs distincts nécessaires pour l’approvisionnement et le traitement en eau potable ainsi que la collecte, le traitement et l’éva- cuation des eaux usées et des déchets solides. Chacun de ces systèmes peut subir des dommages et des pertes du fait de catastrophes. Les dommages renvoient à la destruction totale ou partielle d’avoir physiques, les pertes renvoient aux modifications des flux économiques dans le secteur qui pourraient résulter d’une perturbation des opérations normales. 11  Un exemple typique est quand aucune évaluation n’est faite des effets d’une catastrophe dans le secteur de l’industrie au motif que les industries n’ont pas subi de dommages ou de destruction. Et pourtant, les agro-industries peuvent subir des pertes considérables ultérieurement par suite des pertes de production dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. 11 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Les dommages sont initialement mesurés en termes physiques, puis convertis en valeur moné- taire en utilisant les coûts de remplacement d’avant la catastrophe pour les avoirs affectés. Les pertes renvoient aux modifications de la performance opérationnelle des entreprises du secteur et comprennent habituellement à la fois une baisse des recettes (de fourniture de services) et une augmentation des coûts opérationnels. Les pertes sont exprimées en valeurs monétaires actuelles. Ce sont les ingénieurs civils ou sanitaires qui effectuent habituellement l’évaluation des dom- mages alors que l’estimation des pertes se fait d’ordinaire par l’expertise d’économistes ou de comptables intervenant dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. 1.1.2  Informations de base Lors de l’évaluation des dommages et des pertes, il est nécessaire de recueillir les informations de base suivantes : • Les caractéristiques des systèmes d’alimentation en eau et d’assainissement dans la zone affectée elle-même (localisation géographique ou spatiale, production installée, capacités de traitement, de pompage, de transport, de stockage, de distribution et d’évacuation). • Les capacités similaires dans des zones voisines non touchées et pouvant servir de solu- tions alternatives temporaires après les catastrophes. • Les données statistiques sur les demandes d’approvisionnement en eau, les eaux usées et les déchets solides par principaux consommateurs, y compris les variations saisonnières au cours de l’année. • Les projections de ces données pour l’année calendaire en cours et les suivantes. • Les informations financières sur les entreprises fournissant des services dans le secteur, notamment les données opérationnelles mensuelles sur les recettes et les coûts de pro- duction et les différents tarifs appliqués aux consommateurs.12 1.1.3  Situation et performance après la catastrophe La deuxième étape de l’évaluation requiert une visite sur le terrain (ou des visites en fonction de l’étendue de la zone affectée et de la complexité des problèmes) pour vérifier les effets de la catastrophe sur le secteur. 12  Dans le cas d’entreprises privées, les informations sont habituellement disponibles dans les rapports annuels publiés à l’intention des actionnaires. 12 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Après l’enquête sur le terrain et des discussions approfondies avec le personnel expérimenté des entreprises, le spécialiste de l’évaluation doit être en mesure de déterminer la capacité de production restante de chaque sous-secteur et sa performance temporaire jusqu’à ce que les systèmes puissent être réparés ou reconstruits et ramenés à leurs niveaux d’avant la catastrophe. 1.1.4  Estimation des dommages et des pertes Les dommages sont estimés pour chacun des sous-systèmes d’approvisionnement en eau, d’eaux usées et de déchets solides. Une autre subdivision est nécessaire pour les principales composantes individuelles de ces sous-systèmes (barrages, puits, usines de traitement des eaux, stations de pompages, aqueducs, citernes de stockage, réseaux de distribution, installations de traitement des eaux usées, etc.). La valeur de remplacement des avoirs détruits doit être vérifiée au moyen des coûts de construc- tion et de remplacement d’avant la catastrophe qui peuvent être obtenus auprès des entreprises privées intervenant actuellement dans des travaux similaires dans le pays ou la zone en question. Les prix pourraient être éventuellement obtenus auprès du département de planification des services publics qui pourraient avoir des projets similaires en cours. Noter que les valeurs de remplacement à utiliser sont celles qui ne sont pas touchées par la rareté ou l’inflation dans la mesure où les ajustements de ces facteurs seront inclus lors de la discussion sur les besoins globaux de reconstruction post-catastrophe. Pour déterminer les pertes, il est essentiel que les spécialistes de l’évaluation élaborent un calen- drier objectif des réparations et des remplacements des avoirs concernés. Ils doivent prendre en considération la disponibilité et le calendrier de mise à disposition du financement adéquat, des matériaux de remplacement, du matériel et des machines qui permettront de retrouver les niveaux de services antérieurs à la catastrophe. Sur la base de ce qui précède, les spécialistes de l’évaluation élaborent un calendrier ou un chronogramme préliminaire de récupération des capacités et d’accès à l’eau et aux services d’assainissement. Quand la demande de services a été considérablement affectée (par exemple, quand la destruction des logements et des industries est généralisée dans une zone urbaine), les projections de reprise de la demande d’approvisionnement en eau et d’assainissement doit égale- ment être faite et surimposée au calendrier de reprise de l’offre. Les pertes sont ensuite estimées en comparant les performances de chaque sous-système avant et après la catastrophe. Chacun des points suivants doit être analysé : 13 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Augmentation des coûts opérationnels (due à l’utilisation de sources ou des moyens alternatifs d’approvisionnement et d’évacuation, au fonctionnement temporaire des composantes des systèmes endommagés ou au fonctionnement temporairement plus intensif des parties non endommagées du système).13 • Diminution des recettes opérationnelles pour les entreprises sectorielles tant que les services n’ont pas été remis à leurs niveaux normaux (par suite de la suspension totale temporaire des opérations, de l’approvisionnement partiel des services tant que les avoirs sont en réparation et de la diminution temporaire de la demande des consommateurs).14 A noter que, dans la pratique, il est tout à fait possible de réparer et reconstruire les systèmes d’appro- visionnement en eau et assainissement avant que la demande de services ne revienne aux niveaux d’avant la catastrophe. Dans le cas de catastrophes majeures où des villes entières sont détruites, la demande de services d’approvisionnement en eau et d’assainissement ne peut retrouver les niveaux d’avant la catastrophe tant que les logements et l’industrie n’ont pas été pleinement reconstruits. Il en résulte que les recettes de ces entreprises de services ne peuvent pas être retrouvées avant ce moment-là. Le spécialiste de l’évaluation du secteur de l’approvisionnement en eau et de l’assainis- sement doit donc consulter les spécialistes du secteur du logement et de l’industrie pour s’assurer que les pertes estimées dans le secteur couvrent toute la période de reconstruction des secteurs du logement et de l’industrie. Les pertes doivent être estimées en année calendaire, notamment les pertes enregistrées l’année de la catastrophe et des années subséquentes de relèvement et de reconstruction. La propriété des dommages et des pertes est répartie entre le secteur public et le secteur privé. Pendant l’évaluation, il est important d’insister sur le fait que les pertes de production des secteurs consommateurs d’eau (comme l’agriculture, l’industrie, le commerce et le tourisme) doivent être estimées et prises en compte dans chacun de ces secteurs. Elles peuvent être 13  Les points à considérer sous cette rubrique sont les suivants : augmentation des coûts des produits chimiques pour assurer temporairement la qualité de l’eau potable, coûts plus élevés de distribution de l’eau en utilisant des camions- citernes à eau pour atteindre les usagers, fonctionnement plus intensif des systèmes pour compenser les pertes d’eau plus importantes des parties endommagées du système (telles que les composantes de distribution et d’acheminement du système d’approvisionnement en eau), nettoyage des systèmes d’évacuation et des usines de traitement après catastrophe, coûts de transport plus élevés pour collecter et évacuer les déchets solides, etc. 14  Le fonctionnement des services peut entièrement cesser pendant une période initiale suivant immédiatement la catastrophe (quelques heures à quelques jours) et être partiellement repris pendant les réparations et ce jusqu’à l’achèvement de la reconstruction du système. La demande de services peut également chuter suite à la destruction massive des villes et la réduction économique globale. Ces interruptions temporaires ou le fonctionnement partiel de chaque sous-système devrait entraîner des pertes de revenus correspondantes pour les entreprises qui les gèrent. 14 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe considérées comme des pertes de production et/ou des coûts de production plus élevés quand des sources alternatives plus chères d’approvisionnement en eau sont nécessaires comme solutions provisoires. 1.1.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’impact des dommages et des pertes sur la performance macroéconomique doit être estimé dans le cadre de l’évaluation. Des estimations doivent également être faites sur le bien-être des personnes et des ménages en l’absence d’interventions post-catastrophe. Concernant l’impact macroéconomique, l’analyse porte premièrement sur l’impact éventuel sur le PIB et, deuxiè- mement, sur l’impact sur la balance commerciale et la balance des paiements et sur le budget fiscal, en particulier quand les entreprises du secteur sont publiques ou quand elles reçoivent des subventions du gouvernement. L’évaluation des dommages doit comprendre des estimations de la valeur des biens devant être importés de l’étranger en l’absence de production intérieure. Les importations peuvent être du matériel, des machines, des pièces détachées et des matériaux. L’impact des pertes sur le budget du gouvernement est estimé en termes d’augmentation des coûts opérationnels et de diminution des revenus. Si le gouvernement possède directement les entreprises du secteur, les pertes seront subies au niveau du budget fiscal. Quand le fonctionnement d’une entreprise du secteur privé est subventionné, le spécialiste de l’évaluation doit vérifier si les subventions doivent se poursuivre sans interruption et au même niveau pendant le stade de réhabilitation et de reconstruction. Une deuxième analyse de l’impact macroéconomique est faite pour vérifier les effets positifs des activités de relèvement et de reconstruction, une fois que les besoins respectifs en ont été estimés. Cette analyse comprend des estimations de scénarios de financement alternatifs pour répondre aux besoins identifiés. Les équipes sectorielles doivent fournir ces informations au spécialiste chargé de l’analyse de l’impact macroéconomique global. Pour déterminer l’impact sur le bien-être des populations concernées, la baisse des revenus des particuliers ou des ménages et l’augmentation éventuelle des dépenses sont estimées une fois que les pertes de production ont été évaluées. Ces informations doivent être communiquées à l’équipe d’évaluation chargée de l’analyse de l’impact. 15 Note d’orientation DaLA : Volume 2 1.2 Electricité 1.2.1 Généralités Le secteur électrique peut également subir des dommages et des pertes par suite de catastrophes. Les dommages renvoient à la destruction totale ou partielle des avoirs physiques alors que les pertes renvoient aux modifications des flux économiques découlant de l’interruption de l’alimentation électrique et de la baisse temporaire de la demande de consommation. Dans ce secteur, là encore, les dommages sont initialement mesurés en quantités ou en unités physiques, converties par la suite en valeurs monétaires au moyen du coût de remplacement avant la catastrophe des avoirs concernés. Les pertes comprennent la baisse éventuelle de revenus découlant de l’interruption temporaire d’alimentation électrique et de l’augmentation éventuelle des coûts opérationnels jusqu’au rétablissement du fonctionnement des opérations. Ces pertes sont exprimées en valeurs actuelles. Ce sont habituellement des ingénieurs civils ou des ingénieurs électriciens qui estiment la valeur des dommages alors que l’estimation des pertes requiert l’analyse d’économistes et de comptables intervenant dans le domaine du secteur électrique. 1.2.2  Informations de base Les informations suivantes sont nécessaires pour établir la base de référence de l’évaluation des dommages et des pertes : • Les caractéristiques ­— en termes de localisation géographique ou spatiale, de capacités installées et de coûts opérationnels ­— de toutes les composantes des systèmes électriques situés dans la zone affectée par la catastrophe. • Les capacités de réserve dans les zones ou les systèmes sont affectés et dans les zones voisines pouvant être interconnectées au système ou qui ont la capacité de l’être rapi- dement pour offrir une solution alternative provisoire post-catastrophe. • Des statistiques sur la production et la consommation d’électricité des principaux secteurs consommateurs, y compris les variations saisonnières sur l’année. • Les projections de ces données pour l’année calendaire en cours et les suivantes. 16 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe • Les informations financières sur les entreprises du secteur, notamment les données opé- rationnelles mensuelles sur les recettes et les coûts de production par type de centrale électrique, et les tarifs appliqués aux consommateurs.15 1.2.3  Situation et performance après la catastrophe Ce stade de l’évaluation comprend une enquête sur le terrain pour vérifier les effets de la catas- trophe sur les capacités de production, de transmission et de distribution des systèmes élec- triques. Quand une catastrophe cause une destruction majeure de logements et d’autres secteurs consommateurs d’électricité, l’enquête sur le terrain doit également vérifier les caractéristiques et l’étendue de la baisse de demande d’électricité chez ces consommateurs. Lors des visites sur le terrain et des discussions approfondies avec le personnel expérimenté du secteur, les évaluateurs doivent estimer la capacité restante en termes de production, de transmission et de distribution. De même, des projections doivent être faites de la performance provisoire escomptée jusqu’à la réparation du système et son retour à sa pleine capacité ou à sa capacité antérieure à la catastrophe. 1.2.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages doit être estimée pour chacune des composantes du système électrique : centrales énergétiques, sous-systèmes de transmission et réseaux de distribution de l’électricité. Les dommages sont exprimés en termes de coûts de remplacement avant la catastrophe pour chaque composante du système. Ces valeurs peuvent être obtenues des départements de pla- nification des entreprises électriques qui les ont dans leurs plans de développement en cours. Le spécialiste de l’évaluation doit, en outre, contacter des entrepreneurs en bâtiment privés qui ont des informations sur les coûts de remplacement. Les coûts unitaires de remplacement ou de réparation adoptés ne devront pas être affectés par la rareté ou l’inflation résultant de la catastrophe, puisque des ajustements appropriés seront apportés au stade final de la planification globale de la reconstruction. Pour estimer la valeur des pertes, les spécialistes de l’évaluation doivent produire un calendrier objectif des réparations et de la reconstruction des avoirs du secteur électrique, en étroite coordi- nation avec leurs homologues locaux. Ce calendrier devra prendre en compte la disponibilité et le 15  Ces informations sont habituellement indiquées dans les rapports annuels de chaque entreprise d’électricité, publique ou privée. 17 Note d’orientation DaLA : Volume 2 chronogramme des financements adéquats, des machines de remplacement, des équipements et de la main d’œuvre qualifiée pour ramener l’offre de services électriques aux conditions d’avant la catastrophe. Parallèlement à ce calendrier de relèvement, le spécialiste de l’évaluation et ses homologues locaux doivent préparer un calendrier ou un chronogramme préliminaire de reprise de la fourniture d’électricité ainsi qu’une estimation similaire de la performance de la demande d’électricité post- catastrophe. Ces deux calendriers doivent être combinés de manière à définir la performance globale post-catastrophe jusqu’à la pleine reprise de l’offre et de la demande pour tout le secteur. Dans ce processus (similaire à celui du secteur de l’approvisionnement en eau et assainissement), devra être inclue la reprise de la demande de tous les secteurs consommateurs, en particulier les secteurs suivants : résidentiel, agricole, commercial et industriel. A noter que, si une destruc- tion généralisée a été causée par une catastrophe, la demande d’électricité ne retrouvera pas les niveaux d’avant la catastrophe avant la reconstruction intégrale des secteurs consommateurs, même si l’alimentation électrique a été déjà rétablie. Il est donc essentiel que les spécialistes du secteur électrique coordonnent leurs actions et leurs projections avec celles d’autres secteurs économiques et sociaux consommateurs d’électricité pour leur fonctionnement quotidien. Les pertes sont ensuite estimées en comparant les performances avant et après la catastrophe, en veillant à procéder à une analyse approfondie des points suivants : • Jusqu’à l’atteinte des niveaux de demande d’avant la catastrophe, les revenus des ventes aux secteurs consommateurs d’électricité seront plus faibles en raison de l’interruption totale ou temporaire du service, de l’offre partielle d’électricité pendant la réparation ou du rempla- cement des avoirs et de la baisse provisoire de la demande électrique des secteurs usagers.16 • Les coûts opérationnels plus élevés pour les entreprises électriques par suite du recours à des centrales électriques d’appoint qui ont un coût unitaire de fonctionnement plus élevé et/ou des coûts plus élevés d’obtention d’électricité auprès de systèmes électriques non endommagés, situés à proximité.17 16  Noter que l’offre d’électricité peut être immédiatement interrompue à la suite de la catastrophe (de quelques heures à quelques jours) et que l’offre d’électricité reprend partiellement pendant la période de réparation jusqu’à la pleine reconstruction du système. De même, la demande électrique peut chuter par suite de dommages et de destructions considérables subis par les logements, l’agriculture, les industries et les établissements commerciaux et de la baisse globale de l’activité économique de la zone concernée. 17  Tel est typiquement le cas quand la production d’usines d’énergie hydroélectrique endommagées est remplacée par des unités d’appoint ou des usines thermiques à un coût unitaire de fonctionnement plus élevé ou qu’il est nécessaire d’acheter l’électricité à des systèmes voisins non affectés à des prix unitaires plus élevés que les propres niveaux de prix de production des entreprises affectées. 18 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Les pertes sont estimées sur la base d’années calendaires pour l’année de la catastrophe et au moins deux années suivantes. La destination des dommages et des pertes est définie et décomposée par secteurs publics et privés puisque l’impact doit être traité différemment dans l’analyse globale de l’impact de la catastrophe. 1.2.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’évaluation globale de l’impact de la catastrophe nécessite une définition de l’impact des dom- mages et des pertes sur la performance macroéconomique du pays ou de la zone concernés. L’impact de la catastrophe sur le produit intérieur brut d’un pays, sur la balance des paiements et la balance commerciale et sur le budget fiscal fait l’objet d’une estimation par une équipe d’évaluation distincte. Cet aspect est particulièrement important quand le gouvernement pos- sède des entreprises ou quand certaines entreprises reçoivent des subventions du gouvernement. L’évaluation sectorielle des dommages doit inclure des estimations de la valeur des biens de réparation et de reconstruction devant être importés de l’étranger en l’absence de production domestique. Il s’agit d’équipements, de machines, de matériaux de construction et de main d’œuvre qualifiée. Ajoutez également l’impact des pertes sur la balance des paiements quand les exportations d’électricité vers d’autres pays doivent être interrompues. L’impact des pertes sur le budget du gouvernement doit être en outre considéré en termes d’augmentation des coûts opérationnels et de diminution des recettes quand le gouvernement possède directement les entreprises électriques Quand les entreprises du secteur privé sont subventionnées par le gouvernement pour produire de l’électricité, l’évaluation doit déterminer si les subventions se sont poursuivies malgré l’interruption de service ou si leur niveau a été modifié aux stades de réhabilitation et de reconstruction. Ces informations doivent être communiquées au spécialiste chargé de l’analyse de l’impact macroéconomique global. 1.3 Transport et Communications 1.3.1 Généralités Le secteur du transport et des communications18 et ses nombreux sous-secteurs subissent des dommages et des pertes considérables par suite des catastrophes. Les dommages renvoient à la 18  Les communications peuvent être traitées séparément en fonction des spécificités des systèmes des comptes natio- naux prévalant dans le pays concerné. 19 Note d’orientation DaLA : Volume 2 destruction totale ou partielle des avoirs physiques et les pertes aux modifications des flux éco- nomiques du secteur découlant de l’interruption ou des modifications temporaires des flux de transport et de communications. Comme dans les autres secteurs de l’économie, les dommages sont mesurés en quantités ou unités physiques, converties ultérieurement en valeur monétaire à l’aide du coût de réhabilitation ou de reconstruction des avoirs affectés par la catastrophe. Les pertes sont la valeur de l’interruption du trafic et la valeur des coûts opérationnels plus élevés pour les utilisateurs lorsqu’ils adoptent provisoirement des moyens ou des modes de transport différents. Le type le plus courant de pertes dans ce secteur se produit quand le trafic de véhicules doit emprunter des itinéraires alternatifs plus longs qui entraînent des coûts opérationnels plus élevés. D’autres pertes courantes apparaissent quand les usagers empruntent des ports ou des aéroports alternatifs qui ont des coûts opérationnels plus élevés que ceux utilisés dans des conditions habituelles. Des pertes interviennent également quand les produits ne peuvent pas parvenir à temps sur les marchés en raison des dommages subis par les itinéraires de transport habituels. Cela est caractéristique des produits périssables de l’agriculture et de la pêche. Cependant ces pertes doivent renvoyer à la valeur de production plutôt qu’à celle des couts de transport plus élevés et doivent être pris en compte dans le cadre du secteur de production primaire et non dans celui des infrastructures. Il faut distinguer les dommages et les pertes causés dans le secteur du transport et des com- munications de ceux causés dans d’autres secteurs qui se servent de ses infrastructures et de ses services. L’évaluation des dommages et des pertes dans ce secteur doit être faite par des ingénieurs civils, de structure et des transports et l’estimation des pertes par des économistes des transports. Les sous-secteurs suivants sont traités séparément lors d’une évaluation des dommages et des pertes : • Transport routier ; • Transport par eau (navigation maritime, fluviale et lacustre) et ports ; • Transport aérien et aéroports ; • Transport ferroviaire ; • Transport multimodal ; • Communications. 20 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Compte tenu des similarités entre ces sous-secteurs, seule la procédure d’évaluation du transport routier sera pleinement décrite. 1.3.2  Informations de base Les informations suivantes sont essentielles pour l’évaluation des dommages et des pertes : • La situation et les capacités de chacun des sous-systèmes de transport sont énumérées ci-après ainsi que leurs principales composantes individuelles ; • Nombre et capacités du stock de véhicules disponibles dans chacun des sous-systèmes ; • Enquêtes les plus récentes sur les provenances et les destinations dans les zones affectées et les zones voisines ; • Coûts d’exploitation marginaux dans chacun des modes de transport pour différents types de véhicules ; • Rapports annuels de performance des entreprises de communications (privées ou publiques). Ce type d’informations se trouve habituellement auprès des ministères des travaux publics ou du transport, dans leurs départements respectifs chargés des routes, des ports et des aéroports, des entreprises privées exploitant des routes, des voies ferrées, des ports et des aéroports en vertu de dispositions concessionnaires et auprès d’entreprises en bâtiment et d’associations, d’institutions de défense civile et de compagnies d’assurance. 1.3.3  Situation et performance après la catastrophe Il est essentiel d’effectuer une visite sur le terrain pour observer directement les effets d’une catas- trophe sur le secteur du transport et des communications. Dans de nombreux cas, des relevés aériens initiaux peuvent procurer la vue d’ensemble nécessaire pour les visites de terrain détaillées ultérieures et des points essentiels du système de transport et de communications par route, par bateau et à pied. Pendant les visites de terrain, les spécialistes doivent tirer les conclusions de la situation post-catastrophe de tout le système, les exigences de réhabilitation et de reconstruction et la manière dont le système peut fonctionner temporairement dans des conditions anormales suite à la catastrophe. Le spécialiste chargé de l’évaluation devra avoir une expérience préalable de l’analyse des situations post-catastrophe et des scénarios dans le secteur du transport et des communications. 21 Note d’orientation DaLA : Volume 2 1.3.4  Estimation des dommages et des pertes Les procédures détaillées d’estimation des dommages et des pertes ne sont décrites que pour le secteur du transport routier (les effets sur les autres sous-secteurs du transport peuvent être estimés en employant des procédures similaires).19 A noter que pendant l’évaluation, le secteur du transport et des communications est habituel- lement l’un des plus touchés en termes de dommages et de pertes. Il dépasse fréquemment les valeurs du logement et de l’agriculture selon le type et l’étendue du phénomène naturel ayant causé la catastrophe. Il faut garder à l’esprit que ce ne sont pas seulement les revêtements et les structures des routes qui subissent les dommages mais aussi les ponts, les ponceaux et autres infrastructures de drainage. Dans les cas de tremblements de terre, les dommages ne sont pas seulement causés par la faible secousse sismique initiale mais aussi par les répliques. Les inon- dations peuvent causer l’effondrement des structures et l’érosion des revêtements routiers et des terres à remblai. Les dommages ne sont pas nécessairement ceux qui sont observés dans la phase immédiate post-catastrophe car d’autres peuvent n’apparaître qu’après un certain temps. A titre d’exemple, quand l’eau stagne longtemps après une inondation, les revêtements routiers peuvent en être endommagés. Généralement, l’eau suinte par les porosités de la surface du revêtement et érode les fondements et les sous-fondements de la route. Les dommages son aggravés par la pour- suite du trafic, créant un affaissement susceptible de causer de graves accidents. De même, les structures peuvent sembler conserver leur verticalité après un tremblement de terre alors que leurs matériaux de construction peuvent en réalité avoir perdu leur élasticité et leur capacité structurelle. Dans ces deux cas, les structures affectées doivent être démolies et rapidement remplacées. Les glissements de terrain et de boue sont d’autres types de catastrophes naturelles pouvant endommager le transport routier en détruisant le tapis routier, interrompre le trafic et entraîner une augmentation des coûts de transport. Les dommages, dans ce secteur, peuvent être estimés comme étant la valeur de l’investissement nécessaire pour remplacer les avoirs physiques avec les mêmes caractéristiques physiques qu’avant la catastrophe. 19  En temps utile, des notes détaillées pourront être élaborées pour les autres sous-secteurs et ajoutées aux présentes notes d’orientation. 22 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Pendant les enquêtes de terrain, le spécialiste des transports doit vérifier l’étendue et le coût de la réhabilitation ou de la reconstruction en se fondant sur le type et la gravité des dommages subis par les ouvrages du transport routier. Les caractéristiques physiques et d’absorption du trafic de chaque composante (ou section de route) doivent être associées au coût unitaire de la réhabilitation ou de la reconstruction nécessaires. Les coûts unitaires de réhabilitation peuvent être obtenus auprès des départements d’étude, de conception et de maintenance ou du ministère/agence des transports ou des travaux publics. De même, quand des entreprises privées sont chargées de la réhabilitation, elles peuvent être une source d’information sur les coûts unitaires. Les coûts unitaires de reconstruction ne peuvent être obtenus qu’une fois achevée la conception détaillée des nouvelles infrastructures. Mais des projets de construction similaires, récemment élaborés, peuvent servir de point de départ pour les esti- mations préliminaires (les informations sur les coûts de ces projets peuvent être obtenues auprès des départements de planification et de conception du ministère/agence des travaux publics). Pour aider le spécialiste dans l’évaluation des dommages d’une catastrophe, le Tableau 3.1 indique les coûts de réhabilitation et de reconstruction de différents types de routes.20 Soyez particulière- ment attentif quand vous appliquez ces chiffres en tenant dûment compte des conditions locales et des ajustements liés à l’inflation. Les dommages subis par le parc de véhicules : automobiles, bus, camions et autres véhicules de moindre taille, doivent être estimés dans le cadre de l’évaluation du secteur des transports. Le matériel de construction et d’entretien doit également être inclus de même que les tracteurs et les autres équipements employés dans ce secteur. La classification simplifiée suivante peut être adoptée pour faciliter les calculs dans l’estimation des dommages subis par les véhicules : • Véhicules légers • Bus de taille intermédiaire • Grand bus • Camions à deux-trois essieux, rigides • Camions flexibles (quatre essieux ou plus) 20  Ce tableau a été élaboré par la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes pour être utilisé au sein de la région Amérique Latine-Caraïbes. Des valeurs similaires peuvent être utilisées dans d’autres pays en développement situés dans des régions différentes. 23 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe quand les véhicules n’ont été que partiellement détruits, de simples hypothèses sur la valeur de leur réparation par rapport à leur pleine valeur peuvent être formulées. Des consultations avec des ateliers locaux de réparation peuvent aider à établir les coûts unitaires types. Des pertes sont subies dans le secteur et, avec le temps, des travaux de réhabilitation et de recons- truction sont nécessaires. La valeur des pertes peut dépasser celle des dommages et, dans certains cas, donner même lieu à une inflation globale, d’où l’importance de leur estimation. Dans ce secteur, les pertes sont les suivantes : la valeur des flux de transport interrompus et l’augmentation temporaire des coûts de transport par suite de l’utilisation de routes alternatives et/ou de modes de transport alter- natifs. Trois éléments clés sont nécessaires pour estimer les pertes : les flux de volume de trafic, l’augmentation conséquente des coûts d’exploitation après la catastrophe et le temps nécessaire pour la réhabilitation ou la reconstruction. Le temps nécessaire pour la réhabilitation et la reconstruction va de trois mois au minimum pour une pleine réhabilitation à environ six mois pour la reconstruction de courtes sections de route et de un à cinq ans pour la reconstruction intégrale de sections entières de routes (pouvant inclure des travaux d’atténuation d’impact par de nouvelles conceptions et des travaux de renforcement). Il faut connaître les systèmes et les volumes de trafic d’avant la catastrophe pour estimer les flux de trafic pris en compte dans l’évaluation des pertes. Il s’ensuit qu’après la catastrophe, un rapide décompte manuel doit être fait des modifications temporaires du flux de trafic provoquées par la catastrophe. Les flux de trafic avant la catastrophe peuvent être directement obtenus auprès des autorités locales par une division appropriée du ministère/agence des transports ou des travaux publics, à l’aide de l’enquête la plus récente sur les destinations et les provenances, dûment mise à jour chaque fois que nécessaire. Les flux de trafic post-catastrophe doivent être mesurés par le spécialiste des transports en étroite coopération avec les homologues locaux, en gardant à l’esprit le temps nécessaire pour la réhabilitation et la reconstruction des routes endommagées. Le coût marginal d’exploitation des véhicules varie en fonction du type de véhicule, du type de terrain et de la qualité du revêtement routier. Il comprend différentes composantes comme le car- burant, les réparations, les pneus, l’amortissement, les salaires des équipes, le temps supplémentaire des passagers, etc. Ces coûts d’exploitation doivent être disponibles pour être directement appliqués dans l’estimation des pertes. En réalité, les départements de planification des ministères/agences de transport ou des travaux publics disposent habituellement de ces informations. Si elles ne sont pas disponibles, les données du Tableau 3.2 indiquent les fourchettes de valeurs types des coûts marginaux d’exploitation par type de routes et type de véhicules dans les pays en développement 25 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe L’évaluation des dommages dans le secteur des transports doit comprendre les décompositions nécessaires pour qu’en l’absence de production domestique, il soit possible d’estimer la valeur des biens importés pour la réhabilitation et la reconstruction (équipements, machines, matériaux de construction et main d’œuvre qualifiée). Ces biens constituent la composante importée des dommages. L’impact des pertes du secteur des transports sur la balance des paiements et la balance com- merciale du pays doit aussi être estimé à travers l’évaluation de l’augmentation significative des importations (ou la diminution des exportations) de carburants. Dans les cas où le gouvernement ne possède pas directement les entreprises et les services de transport, l’impact des pertes sur le budget du gouvernement est déterminé en termes d’augmentation des coûts opérationnels et de diminution des revenus. Ces informations et l’estimation de l’impact de la catastrophe au niveau des particuliers ou des ménages sont communiquées par l’équipe d’évaluation du secteur des transports au spécialiste chargé de l’analyse de l’impact macroéconomique global. 2.  Secteurs sociaux 2.1 Logement 2.1.1 Généralités Le secteur du logement comprend les unités d’habitation dans les zones urbaines et rurales : unités d’habitations individuelles ou immeubles d’habitations multifamiliales. Ces unités d’habitation et les biens ménagers qu’elles contiennent peuvent subir une destruction totale ou partielle (dom- mages) par suite d’une catastrophe. Outre les dommages subis par les avoirs dans le secteur, les catastrophes peuvent causer des modifications ou des pertes dans les flux de l’économie. Les dommages sont mesurés en termes physiques, ultérieurement convertis en unités monétaires à l’aide du coût de réparation ou de remplacement d’avant la catastrophe (coût à partir des mêmes normes de construction qu’avant la catastrophe22). Les pertes dans ce secteur renvoient habituellement aux coûts de fourniture de refuges provisoires après la catastrophe, d’autres coûts imprévus et une diminution des revenus locatifs des unités d’habitation. Ce sont les architectes 22  Lors de l’estimation des besoins suite à une catastrophe, le coût de reconstruction est néanmoins estimé sur la base de la reconstruction des unités d’habitation détruites ou endommagées selon des normes améliorées en termes de qualité et de résistance aux catastrophes. Cette reconstruction s’inscrit dans le concept du « reconstruire mieux» si telle est la stratégie de reconstruction choisie. 27 Note d’orientation DaLA : Volume 2 ou les ingénieurs civils qui évaluent habituellement les dommages dans ce secteur et les écono- mistes qui en estiment les pertes. 2.1.2  Informations de base Les informations suivantes sont nécessaires pour servir de base de référence à l’évaluation du secteur du logement : • Données sur le nombre et les caractéristiques du parc d’unités d’habitation dans la zone touchée par la catastrophe ainsi que les biens ménagers types des ménages, décomposés en zones urbaines et rurales. • Coûts unitaires de réparation et de construction d’unités d’habitation en cours et valeur de remplacement des biens ménagers types avant la catastrophe. • Valeurs moyennes du loyer mensuel des unités d’habitation dans la zone affectée. Ces informations se trouvent habituellement dans le dernier recensement de la population ou des logements et dans la dernière enquête sur les ménages menée par l’institut des statistiques. Le recensement et les enquêtes sur les ménages n’étant pas nécessairement effectués l’année de la catastrophe, il peut s’avérer nécessaire de faire des projections pour l’année concernée en se fondant sur les taux de croissance de la population. Les coûts unitaires de réparation et de construction des logements et les coûts de remplacement des biens ménagers peuvent être respectivement obtenus localement auprès des entreprises et sur les marchés pendant l’évaluation. Sur la base des informations recueillies, les évaluateurs élaborent une typologie représentative des unités d’habitation. Les critères employés sont la taille et les matériaux de construction et le fait de savoir si les unités sont occupées ou non par leurs propriétaires ou louées ou non à des tiers. La définition de trois à cinq types de logement suffit habituellement, en fonction de la diversité du logement dans le pays. La typologie doit inclure les foyers multifamiliaux et les foyers de familles individuelles ainsi que les foyers urbains et ruraux. 2.1.3  Situation et performance après la catastrophe L’équipe d’évaluation se rend sur le terrain pour vérifier les effets de la catastrophe sur le secteur et permettre la quantification des dommages et des pertes.23 Sur la base des rapports existants 23  Depuis quelques années, le comptage manuel des unités d’habitation totalement ou partiellement détruites est accompagné de techniques de photographie aérienne et d’imagerie satellitaire. Cette méthode peut ne pas être tou- jours totalement exacte. 28 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe sur la phase d’urgence et des données obtenues pendant l’enquête de terrain, il doit être pos- sible d’estimer le nombre d’unités d’habitation de chaque type prédéfini qui ont été totalement ou partiellement détruites. La vérification du contenu des biens ménagers pour chaque type d’unité d’habitation doit se faire également lors de l’enquête sur le terrain. Des consultations sont organisées avec les entrepreneurs privés et les responsables du gouvernement, concernés par la construction d’unités d’habitation pour obtenir les coûts unitaires de réparation et de construction des différents types d’unités. Les marchés locaux sont également visités pour vérifier les coûts de remplacement en cours des biens ménagers types. Un autre point important est l’estimation de l’étendue, de la durée et des coûts d’établissement et de gestion des refuges hébergeant après la catastrophe les personnes affectées qui ne résident pas chez des parents ou des amis. 2.1.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages doit être estimée comme étant le coût de réparation et de reconstruction du nombre d’unités d’habitations partiellement ou totalement détruites, plus le coût de rempla- cement des biens ménagers détruits. A cet effet, le nombre d’unités de chaque type de logement doit être multiplié par les coûts unitaires estimés de réparation et de reconstruction avant la catastrophe, ce qui permettra de reconstruire ces unités au même niveau (d’avant catastrophe) de qualité et d’étendue. Les coûts de remplacement des biens ménagers détruits sont calculés de la même manière et ajoutés à cette estimation des dommages. Les coûts unitaires de réparation, de reconstruction et de remplacement des avoirs détruits et endommagés sont ceux qui prévalaient avant la catastrophe, non affectés encore par la rareté et la spéculation. Des ajustements pluriannuels éventuels seront introduits ultérieurement une fois que les besoins auront été estimés pour la reconstruction. Un calendrier réaliste des réparations et de la reconstruction doit d’abord être établi pour l’estima- tion de la valeur des pertes. Il est basé sur un examen de la capacité du secteur de la construction dans le pays ou la zone en question, tenant compte de la disponibilité locale de matériaux de construction, d’équipements et de main d’œuvre et d’autres contraintes éventuelles concernant la reconstruction (disponibilité d’un financement au moment opportun). Il sert de cadre à la durée et à l’abandon progressif du programme de refuge temporaire et à la normalisation des conditions du secteur. Les pertes suivantes sont caractéristiques du secteur du logement : • Le coût du programme de refuges temporaires, y compris l’investissement et les coûts opérationnels dans le cadre défini : 29 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • coût de l’acquisition de terres quand aucun terrain public n’est disponible pour abriter les camps de réfugiés ; • coût de l’établissement temporaire des services d’ eau , d’assainissement et d’électricité du camp de réfugiés ; • dans certains cas, le transport vers et du camp de refugiés vers et de la ville s’il est gratuit pour les personnes réfugiées ; • coût de la nourriture quand elle est distribuée gratuitement. • Le coût de démolition des unités d’habitation détruites ou endommagées, la collecte et l’évacuation des gravats sans porter atteinte à l’environnement.24 • Dans certains cas d’inondation, le coût d’enlèvement de la boue et les coûts mineurs de réparation et de nettoyage des unités d’habitation. • La perte des produits locatifs des unités d’habitation pendant toute la période où elles sont en réparation ou en reconstruction. 2.1.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’équipe d’évaluation du secteur du logement doit procéder à d’autres estimations qui auraient pu avoir un impact aux niveaux macro et microéconomiques. Pour l’analyse macroéconomique, l’équipe d’évaluation du secteur du logement communique les valeurs suivantes au macro éco- nomiste : • Les coûts des biens importés pour la reconstruction des logements (les éléments non- produits localement mais devant être importés de l’étranger), exprimés en termes de pourcentage (%) des besoins totaux de reconstruction une fois qu’ils ont été estimés. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de l’impact sur la balance des paiements. • L’estimation de la participation du gouvernement central dans les coûts du programme de refuges provisoires et dans les coûts de démolition et d’enlèvement des gravats. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de l’impact sur le budget fiscal. • La perte estimée de revenus locatifs subie par les propriétaires privés du secteur pendant la réparation ou la reconstruction des habitations. Ces informations doivent être utilisées par le macro économiste pour l’estimation de l’impact sur le PIB. 24  L’estimation du coût de démolition et d’évacuation des gravats ne concerne que leur déplacement jusqu’à la rue adjacente. Le coût ultérieur de transport et d’évacuation vers d’autres zones est habituellement inclus dans l’évaluation du secteur de l’environnement. Les équipes d’évaluation des secteurs du logement et de l’environnement doivent se coordonner pour éviter toute duplication des estimations et veiller à ce que le coût total soit dûment considéré dans l’évaluation. 30 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Pour l’analyse de l’impact sur les individus ou sur les ménages, les estimations suivantes doivent être faites et communiquées à l’expert approprié : • La valeur de toute augmentation de paiement des loyers que les familles doivent assumer quand les foyers loués ont été détruits et ne peuvent être utilisés avant d’être reconstruits. • Toute augmentation du coût de transport pour les membres des familles ou des ménages pendant l’occupation temporaire de camps de réfugiés ou d’autres dispositions alter- natives d’habitation. 2.2 Education 2.2.1 Généralités Tous les niveaux d’études — maternelle, primaire, secondaire, technique et universitaire — sont compris dans ce secteur et doivent être traités séparément. Les catastrophes peuvent détruire des avoirs physiques et causer des modifications ou des pertes dans les flux économiques. Les installations physiques existantes — écoles ou autres bâtiments associés et leur conte- nu — peuvent être totalement ou partiellement détruites par la catastrophe. La valeur des dommages est estimée en termes d’unités physiques endommagées, accompagnées des coûts unitaires de réparation et de reconstruction des bâtiments d’avant la catastrophe et du coût de remplacement des biens qui étaient contenus dans les bâtiments au moment de la catas- trophe, en assumant qu’ils doivent être restaurés selon les mêmes normes de qualité qu’avant la catastrophe.25 Les pertes renvoient à des coûts provisoires éventuellement plus élevés pendant la période de relèvement et de reconstruction pour assurer un accès adéquat aux services éducatifs. L’équipe d’évaluation du secteur doit comprendre un architecte ou un ingénieur civil pour estimer la valeur de la destruction des avoirs ainsi qu’un sociologue et un économiste pour l’estimation des pertes. 25  Dans ce cas, comme pour celui du secteur du logement, si la stratégie de reconstruction post-catastrophe implique le concept du « reconstruire mieux », les besoins en reconstruction seront estimés avec les coûts additionnels nécessaires pour garantir l’amélioration des normes de qualité et des normes de construction plus résistantes aux catastrophes. 31 Note d’orientation DaLA : Volume 2 2.2.2  Informations de base Les données suivantes doivent être obtenues pour l’évaluation du secteur de l’éducation : • Nombre et caractéristiques des écoles existantes, par type de bâtiment et niveau d’enseigne- ment ainsi que le mobilier type, les équipements et le contenu du matériel pédagogique, décomposés en zones urbaines et rurales et en secteur public et privé. • Calendrier habituel de l’année scolaire, y compris les petites vacances pendant l’année. • Taux de scolarisation, décomposés par sexe et par âge. • Frais appliqués aux étudiants dans les établissements du secteur privé et du secteur public. • Coût de réparation et de construction appliqués avant la catastrophe (des bâtiments de l’éducation) et coûts de remplacement du mobilier, des équipements et du matériel pédagogique. • Nombre d’enseignants dans les établissements du secteur privé et du secteur public. Ce type d’informations est habituellement disponible auprès du ministère de l’éducation du pays affecté et auprès des établissements publics et privés. Elles se retrouvent aussi dans le recensement de la population le plus récent. Eu égard aux coûts unitaires de réparation et de reconstruction des bâtiments d’enseignement, les informations peuvent être recueillies auprès d’entreprises privées et du ministère en charge de la construction des établissements d’enseignement. Les informations sur les coûts de remplacement du mobilier, des équipements et du matériel pédagogique peuvent être obtenues auprès du ministère de l’éducation et des marchés locaux. Comme dans le secteur du logement, une typologie des établissements d’enseignement est éla- borée, à l’aide de critères tels que le niveau d’enseignement, le nombre d’étudiants, le type de matériaux de construction employés, la situation dans les zones urbaines ou rurales, etc. Trois à cinq types d’établissements scolaires s’inscrivent habituellement dans cette typologie et le coût unitaire de chacun de ces types est ensuite déterminé. 2.2.3  Situation et performance après la catastrophe Pour estimer la valeur des dommages et des pertes de ce secteur, les rapports sur les dommages préparés pendant la phase d’urgence — quelle qu’en soit l’étendue — seront utilisés, accom- pagnés des informations additionnelles recueillies pendant les enquêtes sur le terrain dans les zones affectées. 32 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Ces informations générales sont utilisées pour estimer le nombre d’unités partiellement ou totalement détruites pour chaque type d’établissement pédagogique prédéfini. Le mobilier, les équipements et le matériel pédagogique sont vérifiés pour chaque établissement pendant les visites sur le terrain. Les entrepreneurs privés et les responsables du gouvernement seront consultés pendant les visites sur le terrain pour vérifier les coûts unitaires de réparation et de construction des différents types d’établissements scolaires et des bâtiments annexes. Les marchés locaux sont une source d’informations pour vérifier les coûts unitaires du mobilier, des équipements et du matériel pédagogique. Pendant les visites de terrain, les évaluateurs doivent également déterminer : • L’utilisation temporaire éventuelle d’écoles comme refuges provisoires pour les sans abris et la durée probable d’une telle mesure. • La durée probable de suspension des classes dans les établissements scolaires devant servir de refuges. • Les programmes éventuels et les coûts y associés destinés à réduire l’interruption des services éducatifs et à assurer le plein accès des élèves à l’éducation. • L’utilisation éventuellement plus intensive des bâtiments scolaires non-endommagés pour poursuivre les activités scolaires et éviter les longues périodes d’interruption des études, notamment par l’instauration de quarts dans chaque école. Tous les coûts additionnels y relatifs doivent être pris en compte de même que la possibilité d’utiliser temporairement des tentes, des conteneurs de transport adaptés ou des locaux loués en guise de salles de classe. • Le cas échéant, le coût de la distribution de nourriture aux élèves dans les établissements scolaires, pouvant être financés par le gouvernement. 2.2.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages est estimée sur la base du nombre d’écoles partiellement ou totalement détruites par la catastrophe, les valeurs unitaires des réparations et des constructions en cours avant l’événement,26 plus les coûts associés au remplacement du mobilier, des équipements et 26  Coûts qui prévalaient juste avant la catastrophe. Toute inflation éventuelle due à la rareté et à la spéculation peut être ajoutée quand les besoins pour la reconstruction ont été estimés ainsi que les autres coûts unitaires éventuels dus à la construction d’écoles selon des normes améliorées et plus résistantes aux catastrophes telles qu’énoncées dans la stratégie de reconstruction. 33 Note d’orientation DaLA : Volume 2 du matériel pédagogique détruits. Pour estimer la valeur des pertes, l’équipe d’évaluation doit préparer un calendrier réaliste de réparation et de reconstruction des installations physiques ainsi que du remplacement du mobilier, des équipements et des fournitures pédagogiques. Pendant ce processus, il faut garder à l’esprit que la capacité du secteur de construction (évaluée par l’équipe du secteur du logement) est habituellement limitée et peut ne pas disposer de suffisamment de ressources pour commencer à reconstruire simultanément dans tous les secteurs. De même, la disponibilité de financement pour les réparations et la reconstruction doit être incluse dans le calendrier. Il fournira le cadre d’estimation des pertes dans ce secteur, y compris la durée des dispositions provisoires nécessaires pour assurer l’éducation des élèves. Les pertes suivantes sont caractéristiques du secteur de l’éducation : • Le coût de démolition et d’enlèvement des gravats ou de la boue. • Les coûts additionnels induits par le programme d’éducation provisoire post-catastrophe, tels que : • la location provisoire de locaux ; • l’installation de « tentes de classe » ou autres installations provisoires ; • le paiement de salaires supplémentaires aux enseignants et autre personnel lié à l’éducation quand plusieurs quarts de travail sont intégrés dans le calendrier de l’éducation ; • les autres coûts associés au rétablissement d’une éducation appropriée pour la popu- lation concernée. • Le coût de réparation des écoles ayant pu être sur utilisées lorsqu’elles ont servi de refuges provisoires. • Les pertes de revenus éventuelles des écoles publiques et privées quand elles étaient fermées (dans le cas où les élèves doivent payer des droits fixes). • Les économies éventuellement enregistrées pour ce secteur dans le budget du gou- vernement de par la non-fourniture de nourriture aux élèves pendant les périodes de fermeture scolaire (cela peut, en fait, aboutir à un transfert de ces coûts au budget des ménages pendant la même période et cette situation sera analysée comme un effet de la catastrophe au niveau des particuliers ou des ménages). • Les coûts éventuellement associés à la formation accélérée de nouveaux enseignants pour remplacer ceux qui ont péri pendant la catastrophe.27 27  Cette situation peut survenir dans les cas où le bilan des décès dus à la catastrophe est très élevé comme pour le tsunami en Indonésie (2004), Myanmar (2009) et Haïti (2010). 34 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe 2.2.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’équipe d’évaluation du secteur de l’éducation procède aux estimations additionnelles susceptibles d’avoir un impact au niveau des particuliers ou des ménages et les soumet à l’équipe d’évaluation chargée de produire les estimations de l’impact de la catastrophe au niveau macroéconomique. Les éléments suivants doivent être estimés par l’équipe d’évaluation du secteur de l’éducation pour l’analyse de l’impact macroéconomique : • La valeur des coûts des biens importés pour la reconstruction et le remplacement de l’éducation (pour les éléments non-disponibles localement et devant être importés de l’étranger), exprimée en termes de pourcentage (%) des besoins totaux de reconstruc- tion dès qu’ils ont été estimés. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de la balance des paiements. • La part estimée de l’augmentation des dépenses du gouvernement central après la catas- trophe (excédant les crédits budgétaires habituels pour le secteur) pour les réparations des écoles utilisées comme refuges provisoires, la démolition et l’enlèvement des gravats et le paiement d’heures supplémentaires au personnel du secteur. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de l’impact sur le budget fiscal. • L’économie éventuelle estimée pour le budget du gouvernement, résultant de la non- fourniture de nourriture aux élèves pendant la période d’interruption des classes. Ces informations sont utilisées pour l’analyse de l’impact sur le budget fiscal et pour l’analyse de l’impact sur les individus ou sur les ménages. Pour l’analyse de l’impact au niveau des ménages ou des particuliers, les montants économisés dans le budget du gouvernement entraîneront des coûts supérieurs à la normale pour les familles concernées (pour nourrir les enfants pendant la période d’interruption des classes) et devront être communiqués à l’équipe d’évaluation concernée.28 Une estimation devra en outre être faite de la valeur des heures supplémentaires des soins que les femmes doivent consacrer aux enfants quand les écoles sont provisoirement fermées après les catastrophes puisqu’elles représentent des coûts de renonciation des femmes à leurs travaux productifs. 28  Dans les cas où le gouvernement assure la gratuité de transport aux élèves depuis et jusqu’à leurs établissements scolaires, cette situation représenterait aussi une économie pour le budget du gouvernement pendant la période d’interruption scolaire où les parents doivent prendre en charge ces coûts de transport des enfants, et donc une éco- nomie proportionnelle. Ces estimations additionnelles qui ne sont pas mentionnées dans le texte ci-dessus doivent être faites et communiquées pour l’analyse de l’impact au niveau macro et au niveau micro. 35 Note d’orientation DaLA : Volume 2 2.3 Santé 2.3.1 Généralités Après une catastrophe, les avoirs physiques du secteur de la santé peuvent subir une destruction considérable et le secteur peut enregistrer des pertes dans ses flux économiques résultant de l’augmentation des charges de travail imposées par la catastrophe. Les dommages renvoient à la destruction totale ou partielle des bâtiments et de leur contenu, les pertes renvoient aux modifications des flux du secteur, dus à l’absence provisoire d’avoirs et à l’augmentation de la demande de soins médicaux de la population. Comme dans tous les autres secteurs, les dommages sont d’abord mesurés en unités physiques, puis convertis en termes monétaires au moyen du coût de remplacement des avoirs prévalant avant la catastrophe. Les pertes sont mesurées comme étant la modification des coûts opéra- tionnels de fourniture de soins médicaux après la catastrophe. Elles comportent habituellement l’augmentation des dépenses au-delà des crédits budgétaires habituels pour le secteur de la santé et une diminution des revenus. Pendant l’évaluation du secteur, les dommages devront être estimés pour : • les hôpitaux, les centres de santé, les autres bâtiments • le mobilier • l’équipement médical • les fournitures médicales29 Les pertes à estimer sont les suivantes : • Coût du traitement des blessés (blessures physiques et psychologiques) au-delà de la charge de travail habituelle du secteur. • Diminution éventuelle des revenus des hôpitaux et des autres centres affectés. • Coûts imprévus éventuels de suivi, de prévention et de contrôle de l’augmentation des maladies et des vecteurs correspondants. Les architectes et les ingénieurs civils effectuent habituellement les évaluations des dommages en analysant individuellement chaque composante majeure des avoirs du secteur. Les pertes sont 29  Il s’agit des fournitures médicales directement détruites pendant la catastrophe. Elles ne doivent pas être confondues avec l’utilisation d’une plus grande quantité de fournitures médicales et de médicaments nécessaires pour le traitement des patients pendant et après la catastrophe car cette utilisation est prise en compte séparément au titre des pertes. 36 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe souvent estimées par une combinaison de spécialistes de la santé publique et d’économistes, notamment des médecins et des épidémiologistes. 2.3.2  Informations de base Les informations suivantes doivent être disponibles avant de procéder à une évaluation des dommages et des pertes dans le secteur de la santé : • Les caractéristiques de tous les hôpitaux et autres centres de santé existants telles que leur capacité en lits et d’autres indicateurs, dans la zone affectée. • Ces mêmes capacités dans les zones voisines, pouvant servir de solutions alternatives temporaires pour la dispense de soins de santé. • Une description du système de gestion de la santé, notamment ses sources de finan- cement (si les soins médicaux sont fournis gratuitement à la charge du gouvernement ou si les individus doivent les prendre en charge eux-mêmes et/ou à l’aide de régimes d’assurance maladie) et les crédits annuels du budget du gouvernement. • L’historique des taux de morbidité des différentes maladies dans les zones affectées et non-endommagées voisines. • Les coûts unitaires des soins médicaux, en ambulatoire ou en hospitalisation, pour les maladies courantes dans la zone affectée. • Ces informations peuvent être obtenues auprès des installations et des systèmes publics et privés. 2.3.3  Situation et performance après la catastrophe L’équipe d’évaluation se rend sur le terrain pour déterminer les effets de la catastrophe sur la capacité du secteur à satisfaire la demande de soins de santé. Cette visite de terrain a aussi pour objet de recueillir des informations primaires nécessaires à l’estimation de la valeur des dommages et des pertes. Les résultats de l’enquête sur le terrain et les rapports existants préparés pendant la phase d’ur- gence définissent le nombre et la capacité des hôpitaux et des centres de santé, totalement ou partiellement détruits. La visite sur le terrain doit également vérifier le matériel, le mobilier et les fournitures médicales qui ont été détruits et rendus inutilisables. Des entretiens directs doivent être organisés avec les entrepreneurs privés et les responsables du gouvernement impliqués dans la construction et la réparation des hôpitaux et des centres de santé pour vérifier les coûts unitaires de réparation ou de reconstruction et pour déterminer les coûts de remplacement du mobilier, du matériel et des fournitures. 37 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Pendant l’enquête sur le terrain, les autorités du secteur de la santé devront être consultées pour vérifier comment les soins médicaux devraient être dispensés à la population (en prévoyant éventuellement l’établissement d’hôpitaux ou de centres de soins de santé « de campagne » provisoires). Il est important de déterminer la durée probable de telles mesures ainsi que les coûts y associés. Des discussions devraient être menées avec les autorités en matière de santé pour déterminer la probabilité d’épidémies et d’augmentation des taux de morbidité des maladies habituelles dans les zones affectées. Les coûts de suivi des niveaux de morbidité doivent être établis, à l’instar des coûts des campagnes de sensibilisation visant à faire connaître les mesures préventives et les programmes de contrôle d’éruptions épidémiques éventuelles résultant des conditions de l’envi- ronnement après la catastrophe. Ces coûts incluent les dépenses excédant le budget habituel du secteur, découlant directement ou indirectement de la catastrophe. Un calendrier est ensuite élaboré pour décrire la manière dont le secteur doit retrouver ses capa- cités, comme le délai nécessaire pour reconstruire les avoirs détruits et le temps nécessaire pour suivre et contrôler les modifications éventuelles des niveaux de morbidité. En estimant le temps nécessaire pour reconstruire ou réparer les infrastructures du secteur et rétablir les services, il faut prendre en considération la capacité globale du secteur de la construction du pays à reconstruire les avoirs physiques et la disponibilité du matériel, des matériaux et de la main d’œuvre nécessaires pour cette construction (comme il a été vu dans le cas du secteur du logement).30 2.3.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages dans ce secteur est estimée sur la base du coût de reconstruction ou de réparation de tous les hôpitaux et établissements de soins de santé totalement ou partiellement détruits et de la valeur de remplacement du mobilier, des équipements et des fournitures détruits, en partant du principe de leur remplacement par les mêmes capacités et la même qualité qu’avant la catastrophe.31 La valeur des dommages subis par les bâtiments du secteur de la santé est estimée individuellement en fonction de l’importance et de la spécificité de chacun d’entre eux. 30  La reconstruction consécutive à une catastrophe requiert habituellement la reconstruction de nombreux avoirs physiques. La capacité du secteur de construction et la disponibilité de financement peuvent être limitées ou retardées. 31  L’augmentation des coûts associés à la reconstruction à des normes supérieures et plus résistantes aux catastrophes et à la modernisation des structures existantes doit figurer dans l’estimation subséquente des besoins. 38 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Pour estimer la valeur des pertes, le calendrier de reconstruction globale et de rétablissement de la capacité médicale et des soins de santé habituels sera utilisé ainsi que le calendrier prévu de suivi et de contrôle des maladies et d’augmentation des taux de morbidité (quand les experts du secteur envisagent une telle possibilité). Les types de pertes à estimer sont les suivants : • Augmentation des coûts médicaux et de santé (excédant le budget habituel du secteur) pour : • le paiement d’heures supplémentaires au personnel du secteur de la santé, le cas échéant ; • l’approvisionnement en fournitures médicales et en médicaments, au-delà du niveau habituel d’utilisation pour reconstituer les stocks habituels ; • le traitement des blessés physiquement et psychologiquement pendant la durée nécessaire ; • les coûts de transport des blessés vers des hôpitaux ou des centres de santé alternatifs et non endommagés, situés à proximité, le cas échéant. • Le coût de démolition des bâtiments et de l’enlèvement et de l’évacuation des débris, de la boue et des matériaux présentant un risque biologique dans le respect de l’environnement. • Le coût d’établissement d’hôpitaux provisoires, le cas échéant. • Les coûts des mesures de prévention et d’atténuation : • campagnes de sensibilisation des populations ; • suivi de l’augmentation éventuelle de la morbidité due à des maladies spécifiques (excédant les crédits budgétaires habituels) ; • campagnes de vaccination, le cas échéant ; • campagnes de lutte contre les vecteurs, le cas échéant. • Les coûts directs associés à la lutte contre les épidémies ou l’augmentation des taux de morbidité, par type de maladie. • La baisse provisoire des revenus du secteur de la santé pouvant résulter de : • la destruction des bâtiments et de l’interruption des services de soins de santé ; • l’augmentation éventuelle du nombre de patients par suite de l’interruption de l’accès aux services de transport. Ces estimations des dommages et des pertes doivent être faites pour les installations du secteur public et du secteur privé. 39 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe 3.  Secteurs productifs 3.1 Agriculture Le secteur agricole est habituellement constitué de quatre sous-secteurs : cultures, élevage, pêche et foresterie. Les présentes notes d’orientation ne portent que sur les sous-secteurs des cultures, de l’élevage et de la pêche. Il traite aussi du sous-secteur agroindustriel qui peut ou non faire partie du secteur agricole selon le système des comptes nationaux du pays. 3.1.1 Cultures Considérations générales Dans le sous-secteur des cultures, les effets suivants peuvent être constatés après une catas- trophe : • des dommages comme la destruction des avoirs physiques dans le secteur ; • des pertes comme les pertes de production totales ou partielles et/ou l’augmentation des coûts de production. Le graphique suivant indique les dommages et les pertes type de différents types d’activités agricoles selon qu’il s’agit de cultures annuelles ou permanentes. Types de dommages les plus courants Les dommages consécutifs à une catastrophe dans le sous-secteur des cultures affectent typique- ment les avoirs physiques suivants : • Les terres agricoles (comme l’érosion, la sédimentation, la salinisation des sols) • Système et infrastructures de drainage • Matériel d’irrigation (moteurs, moteurs électriques de propulsion, pompes) • Installations de stockage • Intrants agricoles stockés • Bâtiments et hangars d’exploitations agricoles • Matériel et machines agricoles 41 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Chemins d’exploitations agricoles • Arbres pérennes (plantations)32 Cette liste type d’avoirs pouvant être détruits n’est pas exhaustive mais simplement indicative. La liste des dommages réels devrait varier selon le type, la gravité et le lieu de la catastrophe. Types de pertes les plus courantes Les effets typiques d’une catastrophe classés comme des pertes dans le secteur agricole com- prennent entre autres les effets suivants : • Pertes de production agricole • Perte totale des culturelles annuelles ; • Perte totale des cultures pérennes. • Baisse des rendements agricoles • diminution des rendements des récoltes annuelles sur pied; • diminution des rendements des récoltes pérennes sur pied; • Baisse de qualité de la production agricole (principale et produits dérivés) • Augmentation des coûts de production • nécessité d’utiliser une plus grande quantité d’engrais ; • nécessité d’avoir davantage recours à l’irrigation. Cette liste ne donne que quelques exemples d’effets typiques des catastrophes dans le secteur agricole — les pertes varient selon le type, la gravité et le lieu d’une catastrophe. La perte ou la baisse de rendement des cultures avec le temps renvoient à la destruction d’arbres fruitiers. Comme ils doivent être replantés, plusieurs années sont habituellement nécessaires avant que les nouveaux arbres arrivent à maturité et commencent à produire des fruits. La baisse de qualité de la production agricole (principale ou dérivée) peut ne pas entraîner une baisse de rendement mais peut causer une baisse de revenus due à la baisse des prix sur le marché pour la qualité inférieure du produit agricole. 32  Dans le cas de cultures saisonnières ou annuelles, les plantes ne sont pas considérées comme des biens ou des avoirs durables car elles durent moins d’une année et ne subissent donc aucun dommage selon les définitions de la méthodologie. Il ne peut donc y avoir que des pertes de production dans le cas de cultures saisonnières ou annuelles. Les plantes ou arbres porteurs de fruits ont plusieurs années de vie et leur destruction se mesure en termes de dommages. 42 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Saisonnalité de la production agricole Contrairement aux autres secteurs et sous-secteurs productifs de l’économie — industrie, com- merce et services, la production agricole est de nature hautement saisonnière. Il y a généralement une période optimale pour semer, transplanter les jeunes plants et récolter. Si ces activités ne sont pas effectuées au moment optimal, les rendements des cultures seront inférieurs aux attentes. Les critères d’estimation des pertes de production agricole varient donc en fonction du moment où se produit la catastrophe. Dans les pays tropicaux, le calendrier des cultures est un peu plus flexible que dans les pays de climat tempéré mais, même, pour eux, le caractère saisonnier reste important pour déterminer les pertes de production agricole. Dans certains pays, une culture particulière peut être cultivée plus d’une fois par an. A titre d’exemple, au Bangladesh, les agriculteurs peuvent planter du riz trois fois la même année (Aus, Aman et Boro). Chacune de ces cultures rizicoles est différente en termes de saisonnalité, de pratiques agronomes, de variétés de cultures et de proba- bilités de rendement. Contrairement aux cultures annuelles ou pérennes, la canne à sucre est une autre culture unique puisque le cycle de culture dure une année et que les racines produisent les pousses de la saison suivante. La canne à sucre est replantée tous les trois ou quatre ans. Analyse préliminaire du sous-secteur des cultures Pour donner une large perspective socioéconomique et estimer exactement les dommages et les pertes causés par une catastrophe, il est important, de procéder en premier lieu à une analyse préliminaire du sous-secteur des cultures. L’importance du sous-secteur des cultures varie d’un pays à un autre et même d’une région à une autre dans un même pays. Cette analyse préliminaire doit comprendre, sans s’y limiter, les aspects suivants : • Importance socioéconomique • contribution au PIB ; • contribution à l’emploi ; • contribution à la sécurité alimentaire ; • contribution aux exportations. • Type de cultures agricoles • vivrière ou commerciale ; • annuelle ou pérenne ; • irriguée ou pluviale ; • à forte intensité de main d’œuvre ou mécanisée ; • récoltes simples ou multiples ; • spécialisée ou diversifiée ; • système de culture. 43 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Calendrier de production des cultures • cultures annuelles (plantation à récolte) ; • cultures pérennes (floraison à récolte). Il faut garder à l’esprit que, si le sous-secteur des cultures peut être très important au niveau national, il peut ne pas l’être dans la région où s’est produit une catastrophe, et vice-versa. De même, le type de production de cultures dans la région de la catastrophe détermine la nature et l’ampleur des dommages et des pertes de production. Enfin, en appliquant le moment de la catastrophe au calendrier des cultures, il est possible de définir si la récolte a été totalement ou seulement partiellement perdue à partir de la baisse de rendement de ces cultures. Il est également nécessaire d’analyser (i) la dimension de l’exploitation agricole, la répartition des terres agricoles et la proportion relative de agriculteurs sans terres, des petits agriculteurs et des agriculteurs marginaux (pour dégager un sens d’équité) et (ii) la quantité et la qualité des avoirs physiques (énumérés ci-dessus) et leur répartition par groupes de taille des exploitations agricoles et par région ou province. Cette analyse est importante pour deux raisons : d’une part pour déterminer l’impact d’une catastrophe sur la productivité et la production des cultures agricoles et d’autre part pour déterminer l’impact d’une catastrophe sur la pauvreté rurale. Situation du sous-secteur des cultures avant la catastrophe Pour estimer correctement les dommages et les pertes dans le sous-secteur des cultures, il est impor- tant de rassembler en premier lieu les informations de base pour chacune des cultures (annuelles et pérennes) eu égard aux aspects suivants : • Historique de la production par culture au niveau national • zone ; • rendement moyen ; • production. • Historique de la production par culture et par région (ou provinces ou districts) • zone ; • rendement moyen ; • production. • Prévision de production par cultures au niveau national et régional • zone ; • rendement moyen ; • production. 44 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Ces statistiques ne sont pas seulement essentielles pour l’estimation des pertes de production causées par la catastrophe mais importantes aussi pour valider les informations reçues des diffé- rentes sources. Il est important de disposer d’un inventaire complet de tous les avoirs physiques employés dans le sous-secteur des cultures par région ou province. En l’absence d’informations appropriées, l’estimation des dommages peut ne pas être possible. Ces informations doivent se trouver au ministère national de l’agriculture, dans les départements provinciaux de l’agriculture et dans les agences de statistiques. Situation et performance du sous-secteur des cultures après la catastrophe La définition de la situation consécutive à une catastrophe pour les cultures annuelles et pérennes inclut la définition de la zone et des rendements affectés. Lors de la détermination des dommages subis par les avoirs physiques, un inventaire est fait incluant entre autres le sol (terres), les infras- tructures agricoles (bâtiments, chemins de fermes internes, système d’irrigation, machines et matériel agricoles tels que le matériel d’irrigation, etc.) les cultures pérennes et les stocks agricoles (tels que les semences et d’autres intrants et produits) stockés dans les exploitations agricoles. Ces informations doivent se trouver au ministère national de l’agriculture et dans les départements provinciaux de l’agriculture. Elles doivent toutefois être complétées par des enquêtes, des visites de terrain, des cartes satellitaires et des entretiens avec les exploitants agricoles. Estimation des dommages et des pertes Les dommages subis par les avoirs physiques du sous-secteur des cultures peuvent être estimés en faisant l’inventaire des avoirs endommagés puis en déterminant ensuite l’étendue de ces dommages. Comme indiqué ci-dessus, ces avoirs physiques peuvent être classés en six grandes catégories : • Sols (terres agricoles) • Système d’irrigation • Infrastructures agricoles • Machines et matériel agricoles • Stocks d’intrants agricoles • Cultures pérennes A l’exception des cultures pérennes (que nous aborderons ultérieurement), les dommages peuvent être estimés en multipliant le nombre d’unités d’avoir physiques totalement endommagées par la valeur de remplacement (des sols, du système d’irrigation et des infrastructures) ou par le prix 45 Note d’orientation DaLA : Volume 2 du marché en cours (pour les machines, le matériel et les stocks agricoles). Les avoirs physiques partiellement endommagés mais réparables peuvent être estimés en multipliant le nombre d’unités par leur coût moyen en cours de réparation ou de réhabilitation. Les valeurs estimées des dommages totaux et/ou partiels (dans les régions, les provinces ou les districts) sont ensuite totalisées pour obtenir la valeur estimée des dommages totaux subis par les avoirs physiques dans le sous-secteur des cultures. Estimation des pertes de production des cultures annuelles Critères de détermination de l’ampleur des pertes : Si une catastrophe se produit à la fin de la sai- son des récoltes et si la culture annuelle est affectée par la catastrophe, la perte de production agricole équivaut à • une perte totale si la culture est totalement détruite ; ou • à une perte partielle si l’on n’enregistre qu’une perte du rendement de cette culture. Si la catastrophe se produit au début de la saison des cultures et si cette culture peut être replantée sans affecter la qualité et la quantité de la culture suivante, la valeur des pertes de production équivaut à : • une perte totale si la culture ne peut pas être replantée ; ou • A une perte partielle égale à la valeur des investissements effectués avant la destruction de cette culture par la catastrophe. Ces critères s’appliquent à chacune des cultures annuelles affectées par la catastrophe. Estimation d’une perte totale de production agricole Procédure A : L’estimation d’une perte de production des différentes cultures annuelles comporte les étapes suivantes : • Détermination des données de référence (historique) • de la zone cultivée ; • du rendement cultivé moyen ; • de la production des cultures agricoles ; • du prix producteur du produit agricole. • Obtention des prévisions avant la catastrophe pour 46 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe • la zone cultivée ; • le rendement agricole ; et • la production des cultures agricoles. • Elaboration de prévisions post-catastrophe pour • la zone cultivée ; • le rendement des cultures agricoles ; • la production des cultures agricoles ; • le prix producteur en cours des produits agricoles. La perte de production des cultures agricoles correspond à la différence entre la valeur de la production de ces cultures agricoles après la catastrophe et la valeur de leurs prévisions avant la catastrophe. Cette procédure ne peut être suivie que s’il existe un historique de la zone cultivée, des rendements et des productions unitaires ou si des prévisions des productions annuelles de la zone affectée ont été préparées au début de l’année calendaire. Une procédure alternative doit être suivie en l’absence de telles informations. Procédure B : Cette procédure suit les étapes suivantes pour l’estimation de la perte de production des différentes cultures annuelles totalement détruites par la catastrophe : • Définition après la catastrophe, • de la zone cultivée ; • du rendement moyen des cultures agricoles pendant une année normale ; et • du prix producteur en cours du produit agricole. La perte de production de cultures agricoles équivaut à la valeur (à l’aide du prix producteur en cours) de la production perdue telle que déterminée par la zone cultivée affectée et le rendement moyen de cette culture pendant une année normale. Pour valider la perte estimée de production des cultures agricoles causée par la catastrophe, la bonne pratique veut que ces deux procédures soient utilisées si les données nécessaires sont rapidement et facilement utilisables. Procédure d’estimation des pertes de production due à la baisse des rendements des cultures agricoles: Pour une culture particulière qui n’a enregistré qu’une faible baisse de rendement après la catas- trophe, la perte de production peut être estimée en déterminant : • La zone cultivée affectée par la catastrophe (soit A) 47 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Le rendement moyen de la culture agricole pendant une année normale (soit, Y) • La production de cultures agricoles pendant une année normale (A*Y) • Le pourcentage de la baisse du rendement moyen de la culture agricole (soit p) • La perte probable de production de la culture agricole (p*A*Y) • Prix producteur en cours (P) • Valeur de la perte probable de production de la culture agricole (P*p*A*Y) En d’autres termes, la production estimée d’une culture particulière suite à la catastrophe est la production estimée pour une année normale moins la perte probable de production. La valeur de la perte de production de cette culture peut alors être estimée en multipliant la perte de production par le prix producteur en cours. La valeur des pertes de production des différentes cultures peut être totalisée pour obtenir la perte totale de production sur la base des baisses de rendement. Estimation des pertes de production des cultures pérennes Les cultures pérennes (plantations ou arbres) risquent de suivre trois scénarios post-catastrophe : destruction totale des cultures pérennes (et perte probable de production jusqu’au début de production de la nouvelle culture), perte totale de production de la culture sur pied et perte partielle de production due à une baisse de rendement. Destruction totale de cultures pérennes Dans ce scénario : • Les dommages équivalent au coût de replanter la culture pérenne (les arbres ou les plantes de remplacement doivent être de qualité égale ou supérieure). Il en est de même pour les pâturages considérés essentiellement comme une culture ou un avoir pérenne mais qui sont pris en compte dans le sous-secteur de l’élevage. • La perte est égale à la somme de la valeur de la perte totale de production de récolte sur pied au moment de la catastrophe plus la valeur des pertes de production futures pendant la période nécessaire pour que les arbres ou les plantes arrivent à pleine maturité et commencent à produire des fruits. Perte totale de production : Dans ce scénario, il n’y a pas de destruction d’arbres ou de plantes par la catastrophe naturelle mais la perte est égale à la valeur d’une production de la récolte sur 48 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe pied. La valeur estimée est obtenue en multipliant la zone affectée sous culture pérenne avec un rendement unitaire moyen pendant une année normale par le prix producteur moyen. Perte partielle de production due à une baisse de rendement : Dans ce scénario, la perte de produc- tion est déterminée en suivant la même procédure que celle décrite ci-dessus pour une baisse de rendement de la culture annuelle. Il y a néanmoins une différence. Selon la nature et l’intensité de la catastrophe, le rendement des cultures pérennes peut rester inférieur à la normale pendant plusieurs années. A titre d’exemple, si la culture pérenne dans les zones côtières est affectée par l’intrusion d’eau saumâtre (salées) — en raison du déferlement d’eau causé par un cyclone, comme dans le cas du Cyclone Sidr au Bangladesh — le rendement peut rester inférieur aux niveaux normaux pendant plusieurs années. Répartition entre le public et le privé des dommages et des pertes En général, le sous-secteur des cultures est du domaine du secteur privé puisque les agriculteurs sont des entrepreneurs privés qui possèdent et/ou louent les terres cultivables à des propriétaires fonciers privés. Dans ce contexte, des dommages induits par une catastrophe sur des avoirs phy- siques ou une perte de production des cultures annuelles ou pérennes d’une exploitation agricole sont du domaine du secteur privé. Même dans les économies planifiées, les terres sont générale- ment cultivées par des agriculteurs privés. Mais, dans la plupart des pays en développement à faible revenu, des infrastructures agricoles sélectionnées (en particulier, les infrastructures d’irrigation comme les canaux ou les digues de contrôle des inondations) sont construites et entretenues par le secteur public. Les dommages subis par ces infrastructures incombent évidemment au secteur public. Les dommages ou les pertes pourraient aussi incomber aux stations de recherche ou aux stations expérimentales du secteur public. La principale raison de répartir les dommages et les pertes entre le secteur public et le secteur privé est de déterminer les proportions relatives de l’impact de la catastrophe sur le secteur public et le secteur privé et d’attribuer la responsabilité du relèvement et de la reconstruction en conséquence. Même quand la plus grande partie des dommages et des pertes sont dans le secteur privé, les gouvernements jouent généralement un rôle actif dans le financement des programmes de relèvement et de reconstruction (sur leur propre budget et/ou subventions et sur les crédits et les prêts de bailleurs bilatéraux et multilatéraux). Répartition géographique des dommages et des pertes La répartition géographique des effets et des impacts des catastrophes dépendent, d’une part, de l’intensité et du type de risque naturel ayant causé la catastrophe ainsi que, d’autre part, de la dimension de l’économie. A titre d’exemple, de fréquents cyclones touchent la plus grande 49 Note d’orientation DaLA : Volume 2 partie d’Haïti (petite nation insulaire), a contrario ils peuvent ne toucher que certaines par- ties du Bangladesh ou de l’Inde. Pour élaborer une stratégie appropriée de relèvement et de reconstruction, il est important de déterminer les effets et l’impact spécifiques au lieu de la catastrophe en termes de dommages, de pertes, d’impact macroéconomique et d’impact socioé- conomique. Si plusieurs provinces et districts sont affectés, il peut être important d’attribuer les responsabilités de relèvement et de reconstruction aux administrations locales, provinciales et centrales respectives. Il est en outre important d’affecter les ressources pour le relèvement et la reconstruction en fonction des dommages et des pertes réels plutôt que selon des considérations politiques. L’estimation des dommages et des pertes par zone géographique constitue un critère objectif d’affectation des rares ressources financières suite à une catastrophe, indépendamment de leur origine. 3.1.2 Elevage Les grands principes d’une évaluation des dommages et des pertes dans le sous-secteur de l’élevage sont similaires à ceux précédemment décrits dans le sous-secteur des cultures. Néanmoins une brève description des traits essentiels de l’évaluation des dommages et des pertes pour le sous- secteur de l’élevage est présentée ici. L’élevage est très important pour les pays en développement à faible revenu puisqu’il s’agit d’une agriculture à haute valeur (volaille et laiterie). Il fournit des rentrées de fonds régulières (de la volaille et de la laiterie) et il est une importante source de revenus monétaires pour les paysans sans-terre et les femmes (dans le cadre d’une activité écono- mique « d’arrière-cour »). Contribuant considérablement à la nutrition humaine, les dommages et les pertes subis par le sous-secteur de l’élevage ont de lourdes conséquences sur les niveaux de revenus des ménages ruraux et les niveaux de pauvreté après une catastrophe. Effets caractéristiques d’une catastrophe : dommages Les principales catégories d’avoirs endommagés par une catastrophe sont les infrastructures de l’élevage, les animaux, les pâturages, le matériel, les machines et les stocks. Les dommages les plus courants sont spécifiquement les suivants : • Mort et disparition d’animaux • Pâturages • Grange d’élevage • Entrepôts • Aliments et fourrage conservés • Matériel et machines pour l’élevage 50 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Les dommages sont évalués à la valeur de remplacement (des infrastructures) ou au prix du marché en cours (pour les animaux). Le coût de réparation et de réhabilitation est utilisé dans les cas de dommages partiels des infrastructures. Comme avec les cultures pérennes, la valeur des pâturages est estimée au coût du pâturage replanté. Effets caractéristiques d’une catastrophe : pertes Les pertes caractéristiques du sous-secteur de l’élevage sont similaires aux pertes des cultures pérennes dans le sous-secteur des cultures. Plus spécifiquement, les pertes les plus courantes sont les suivantes : • Perte de production • perte de production de lait ; • perte de production de viande ; • perte de production d’œufs ; • perte de production de miel ; • perte de production de laine ; et • perte de moyens de traction par suite de stress du bétail. • Augmentation des coûts de production • utilisation plus importante d’intrants (alimentation animale) ; et • coût vétérinaire (médicaments et honoraires de consultation) pour les animaux malades. Comme pour les cultures pérennes, suite à la mort d’animaux pendant la catastrophe, la perte de production doit être calculée pour le nombre d’années nécessaires pour la croissance des jeunes animaux jusqu’à leur maturité et qu’ils commencent à produire du lait, de la viande, des œufs, du miel, de la laine ou une force de traction. Pour les animaux de trait, les pertes seront estimées à l’aide de la valeur des services annuels. Mais dans le cas d’animaux ou de volailles destinés exclusivement à la production de viande, la valeur des animaux et des oiseaux morts est estimée à leur prix moyen du marché courant. Cette valeur est incluse dans le cadre des dommages. Analyse préliminaire du sous-secteur de l’élevage Il est essentiel d’effectuer une analyse préliminaire du sous-secteur de l’élevage avant d’estimer les dommages et les pertes dus à la catastrophe. La dimension, la portée et le rôle du sous-sec- teur de l’élevage peuvent varier suivant le pays et les régions au sein d’un même pays. L’analyse préliminaire du sous-secteur de l’élevage doit faire ressortir au moins les aspects suivants : 51 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Importance socioéconomique • contribution au PIB ; • contribution à l’emploi ; • contribution à la sécurité alimentaire ; • contribution aux exportations. • contribution à la nutrition. • Type de production de l’élevage • vivrière ou commerciale ; • rôle des pâturages, du fourrage et des aliments pour animaux ; • spécialisée ou diversifiée ; • rôle des animaux de trait. Il est également important de lier le rôle du sous-secteur de l’élevage à l’économie agricole globale eu égard à sa contribution aux revenus des ménages par catégorie de dimension des exploitations agricoles. Il faut y ajouter les informations sur le type et les quantités d’avoirs physiques dans le sous-secteur de l’élevage par provinces. Situation du sous-secteur de l’élevage avant la catastrophe La situation du sous-secteur de l’élevage avant la catastrophe doit être centrée sur les informations de base relatives aux aspects suivants : • Historique de la production par type d’élevage au niveau provincial et national • nombre d’animaux, d’oiseaux ou d’abeilles ; • rendement moyen ; • production. • Projection de la production par type d’élevage au niveau provincial et national • nombre d’animaux, d’oiseaux ou d’abeilles ; • rendement moyen ; • production. Il est également important de recueillir les informations sur le type de races d’animaux courantes dans la communauté agricole concernée puisque la valeur du marché et la productivité peuvent considérablement varier en fonction des races. Les informations d’avant la catastrophe sur le sous-secteur de l’élevage se trouvent au ministère de l’élevage (ou du ministère de l’agriculture). Elles peuvent également se trouver auprès des administrations chargées de l’élevage au niveau des provinces et des agences de statistiques. 52 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Situation du sous-secteur de l’élevage après la catastrophe Il est important de faire un inventaire du sous-secteur de l’élevage et des dommages et pertes probables dans les zones concernées, qui dépendra du type, de l’étendue et de la gravité de la catastrophe. Les déferlements de cyclones dans les zones côtières et les inondations risquent de tuer des ani- maux par noyade et les longues sécheresses risquent de les faire mourir de faim. Le stress causé aux animaux peut également leur faire perdre du poids et réduire leur productivité en lait, en viande, etc. Outre la perte de production, il est nécessaire de faire un inventaire des dommages subis par les avoirs physiques comme les infrastructures de l’élevage, le matériel et les machines, les stocks d’intrants, d’aliments et de fourrage à la ferme, etc. Les informations post-catastrophe sur le sous-secteur de l’élevage se trouvent au ministère de l’élevage (ou de l’agriculture) et auprès des départements de l’élevage au niveau des provinces. D’autres informations peuvent être obtenues par des enquêtes, des cartes satellitaires, des visites de terrain et des entretiens avec les éleveurs dans les zones touchées par la catastrophe. Estimation des dommages subis par les avoirs physiques Les avoirs physiques du sous-secteur de l’élevage peuvent être classés selon les six grandes caté- gories suivantes : • Animaux • Pâturages • Granges d’élevage • Entrepôts • Aliments et fourrage conservés • Matériel et machines pour l’élevage Les dommages subis par ces avoirs physiques peuvent être estimés en multipliant le nombre d’unités totalement détruites par leur coût de remplacement (pour les hangars et les bâtiments) ou leur prix du marché (dans le cas d’animaux, de volaille et d’abeilles à miel morts, d’aliments et de fourrage). En revanche, la valeur des avoirs physiques détruits ou partiellement détruits peut être estimée en multipliant le nombre d’unités par le coût unitaire moyen de réparation ou de réhabilitation. Les valeurs estimées des dommages subis par chaque avoir physique sont ensuite totalisées pour obtenir la valeur des dommages totaux pour chaque province et pour tout le pays. 53 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Estimation de la perte de production Deux scénarios sont possibles pour estimer la perte de production du sous-secteur de l’élevage : perte totale de production due à la mort d’animaux, d’oiseaux ou d’abeilles et perte partielle de production due à la baisse de rendement causée par le stress, le manque d’abris, la pénurie alimentaire et les problèmes de santé imputables à la catastrophe. Perte totale de production due à la mort d’animaux, d’oiseaux ou d’abeilles : La mort d’animaux mâles et de poulets ne sera incluse que dans la partie du sous-secteur de l’élevage relative aux dommages. Mais la perte de production est estimée pour les animaux mâles de trait, les animaux à viande, les vaches et les bufflonnes laitières, la volaille pondeuse et les abeilles à miel. La perte est égale à la valeur de cette production jusqu’à ce que les jeunes animaux arrivent à maturité et commencent à produire. La valeur perdue de la production laitière, par exemple, peut être esti- mée en multipliant les vaches mortes par le rendement laitier moyen annuel et le prix actuel du lait sur le marché. Cette procédure peut aussi servir à estimer la valeur de la perte de production pour la viande, les œufs, le miel et les moyens de traction. Mais, pour estimer correctement la valeur de la perte de production, il est important de n’inclure dans les calculs que le nombre de vaches effectivement productrices. Il en est de même pour les pondeuses et les animaux de trait. Perte de production partielle due à une baisse de rendement : Dans ce scénario, la perte de produc- tion est déterminée en suivant la même procédure que celle décrite pour l’estimation de la perte de production due à une baisse de rendement des cultures pérennes. Pendant les catastrophes, les animaux peuvent être soumis au stress, ne pas avoir d’abris appropriés, perdre du poids ou tomber malade. Selon la nature et la gravité du problème, la baisse de rendement peut durer une année ou se poursuivre plusieurs années. Avec le temps, le rendement s’améliore généralement au fur et à mesure que la situation de l’élevage revient à la normale. La valeur perdue du lait (et/ ou la valeur perdue d’autres produits de l’élevage) peut être estimée en multipliant le nombre de vaches affectées par la baisse de rendement de lait et le prix du lait à la ferme. Répartition entre le public et le privé des dommages et des pertes Comme le sous-secteur des cultures, le secteur de l’élevage est presqu’entièrement privé. Les exceptions possibles sont les économies planifiées ou les animaux dans les stations de recherche ou expérimentales du secteur public. En d’autres termes, les dommages et la perte de produc- tion du sous-secteur de l’élevage se produisent essentiellement dans le secteur privé. De même, presque tous les avoirs physiques se trouvent dans le secteur privé et, à moins de bénéficier d’un soutien du gouvernement, les entrepreneurs du secteur privé ont la charge de financer les activités de relèvement et de reconstruction. Or, le gouvernement accorde souvent des lignes de crédit 54 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe destinées à aider les agriculteurs à reconstruire leurs avoirs et à restaurer la production. Il le fait à travers le système bancaire du développement ou, indirectement, en incitant les banques privées à accorder un tel financement. Répartition géographique des dommages et des pertes. Pour planifier correctement et équitablement les activités de relèvement et de reconstruction finan- cées par le gouvernement, les sources du secteur privé, les bailleurs et les ONG, il est important d’estimer l’ampleur des dommages et des pertes par province, par région et par district. L’essentiel des activités de production de l’élevage s’inscrivant dans les activités « d’arrière-cour », une catastrophe a de grandes chances d’affecter les revenus des ménages pauvres, en particulier des femmes. Cet état de fait à d’importantes implications sur l’augmentation de la pauvreté des ménages et des régions spécialisés dans l’élevage. Pour répondre à la demande croissante de lait frais et d’autres produits de l’élevage dans les zones urbaines, celui-ci peut s’être développé à proximité de centres urbains et il est également important de prendre en compte les dommages et les pertes dans ces zones. 3.1.3 Pêche Les grands principes d’évaluation des dommages et des pertes dans le sous-secteur de la pêche sont similaires à la méthodologie énoncée pour les sous-secteurs des cultures et de l’élevage. Certains points spécifiques seront néanmoins abordés dans cette section. Comme dans le sous-secteur de l’élevage, le sous-secteur de la pêche est très important dans les pays en développement à faible revenu, étant donné qu’il représente une valeur importante dans l’agriculture (aquaculture de poissons et de crevettes). Il constitue une importante source de rentrée d’argent et de revenus des ménages pour les communautés de pêcheurs sans terre (notamment les femmes) et il représente à la fois une contribution importante à la nutrition humaine et aux recettes d’exportations. Les dommages ou les pertes subis par le sous-secteur de la pêche ont de lourdes conséquences sur les revenus et la pauvreté des ménages ruraux. Le sous-secteur de la pêche est essentiellement constitué de (a) l’aquaculture de poissons et de crevettes, (b) la pêche artisanale (en eau douce et maritime) et (c) la pêche commerciale (essentiellement maritime). L’importance relative de chacune des composantes varie selon les pays ou les provinces. Effets caractéristiques d’une catastrophe : dommages Les grandes catégories risquant d’être totalement ou partiellement endommagées par une catastrophe sont les infrastructures de la pêche, le poisson stocké, le matériel et les stocks. Plus spécifiquement, les éléments les plus couramment endommagés sont les suivants : 55 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Etangs à poissons et/ou à crevettes • Alevinières (poissons et/ou crevettes) • Poissons et alevins d’un an • Congélateurs et entrepôts • Poissons et aliments pour poisson • Moteurs et bateaux • Matériel de pêche Les dommages sont évalués à leur valeur de remplacement (pour les infrastructures) ou aux prix du marché en cours (pour le poisson et le matériel). Effets caractéristiques d’une catastrophe : pertes Les pertes caractéristiquement subies par le sous-secteur de la pêche sont les suivantes : • Perte de production • perte due à la baisse de rendement en poissons de l’aquaculture ; • perte due à la baisse de prise de poissons. • Augmentation des coûts de production • augmentation du coût des intrants pour l’aquaculture ; • augmentation du coût de production dû à la location de matériel ; • augmentation du coût du carburant pour atteindre les poissons après leur migration vers d’autres zones. Contrairement aux cultures pérennes ou aux animaux qui ont besoin de plusieurs années pour mûrir et commencer à produire après une catastrophe, toutes les pertes de production du sous-secteur de la pêche sont saisonnières ou annuelles. L’essentiel des avoirs physiques endommagés de la pêche peuvent être rétablis relativement vite et la production peut reprendre relativement vite également. Analyse préliminaire du sous-secteur de la pêche L’importance relative et le type de pêche peuvent varier par pays et selon les régions d’un même pays. L’analyse préliminaire du sous-secteur de la pêche est extrêmement importante en arrière- plan de l’évaluation des dommages et des pertes et elle porte sur les aspects suivants : • Importance socioéconomique • contribution au PIB ; 56 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe • contribution à l’emploi ; • contribution à la sécurité alimentaire ; • contribution à la nutrition. • contribution aux exportations. • Type de pêche • aquaculture • pêche artisanale ; • pêche commerciale. L’analyse préliminaire doit fournir une large perspective du rôle du sous-secteur de la pêche dans le secteur agricole et dans l’économie globale. Il doit aussi faire ressortir les défis majeurs, les opportunités et le potentiel de production du sous-secteur par type de pêche. Enfin, l’analyse doit comporter des détails et un récapitulatif des avoirs physiques nationaux par type de pêche et par province. Situation du sous-secteur de la pêche avant la catastrophe La situation du sous-secteur de la pêche avant la catastrophe doit être centrée sur les informations de base relatives aux aspects suivants : • Historique de la production et des exportations possibles par type de pêche au niveau provincial et national • poissons et alevins d’un an ; • aquaculture ; • pêche traditionnelle en eau douce ; • pêche traditionnelle maritime. • Production projetée et exportations possibles par type de pêche au niveau provincial et national • poissons et alevins d’un an ; • aquaculture ; • pêche traditionnelle en eau douce ; • pêche traditionnelle maritime. Les prix variant considérablement selon le type de poisson, il est important que les informations sur la production soient décomposées par espèce de poisson. Il est également nécessaire de col- lecter les informations de base sur les avoirs physiques essentiels. Il est très important que les 57 Note d’orientation DaLA : Volume 2 informations sur la situation avant la catastrophe soient exactes et complètes : les principales sources d’information doivent être le ministère de la pêche (ou de l’agriculture), les départements de la pêche au niveau provincial, les associations exportatrices de fruits de mer et les agences de statistiques. Informations sur le sous-secteur de la pêche après une catastrophe Pour estimer les dommages et les pertes de production, il est important que les informations sur les avoirs physiques et la production du sous-secteur de la pêche avant la catastrophe, en parti- culier dans la zone affectée, soient exactes et complètes. Contrairement aux autres sous-secteurs, la pêche est confrontée à une situation unique eu égard aux poissons de friture et aux alevins d’un an. A titre d’exemple, pendant les graves inondations, les pisciculteurs et les propriétaires d’alevinières peuvent enregistrer des pertes financières substantielles. Or, la plupart des petits poissons et des alevins nagent vers d’autres parties du pays (certains pouvant aller jusqu’à la mer). Il en résulte que le pays peut en réalité ne subir qu’une perte financière minimale de petits poissons et d’alevins. Ces petits poissons et alevins arrivant à maturité, ils pourront être pêchés par les pêcheurs inter- venant dans les eaux intérieures, côtières et maritimes. Estimation des dommages subis par les avoirs physiques Premièrement, il est important d’estimer le nombre de types différents d’avoirs physiques tota- lement ou partiellement détruits par la catastrophe (étangs, alevinières, petits poissons, alevins d’un an, entrepôts, poisson stocké ou aliments pour poisson et matériel de pêche). Les dommages subis par ces avoirs physiques peuvent être estimés en multipliant le nombre d’unités totalement détruites par leur valeur unitaire de remplacement (pour les infrastructures) et leur prix actuel sur le marché (pour les poissons et le matériel de pêche). En revanche, les dommages subis par les avoirs physiques partiellement détruits peuvent être estimés en multipliant le nombre d’unités partiellement détruites par leur coût unitaire moyen de réparation ou de réhabilitation. La valeur des dommages totaux de la catastrophe peut alors être estimée en totalisant les valeurs des avoirs totalement détruits et celles des avoirs partiellement détruits. Estimation de la perte de production Trois scénarios sont possibles pour estimer la perte de production dans le sous-secteur de la pêche : la perte de production partielle ou totale dans les étangs d’aquaculture, les pertes de 58 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe production totale dans les captures traditionnelles en eau douce et la perte de production totale dans les captures traditionnelles maritimes. Pertes de production partielle à totale dans les étangs d’aquaculture : Selon les dommages subis par l’étang, la contamination de l’eau et la perte de petits poissons et d’alevins, le rendement de la pêche par étang peut baisser jusqu’à 100 pour cent. La baisse de rendement peut varier d’un étang à un autre et il est important d’estimer la baisse moyenne de rendement en distinguant celle des poissons de celle des crevettes. La valeur de la perte de production peut être estimée en multipliant la baisse de rendement par la superficie de l’aquaculture affectée par la catastrophe et le prix du marché des poissons ou des crevettes qui auraient été payé aux pisciculteurs et aux pêcheurs en l’absence de catastrophe. Perte de production totale de la pêche traditionnelle en eau douce : elle varie selon la perte du nombre de jours de pêche causée par la catastrophe ou les dommages subis par le matériel de pêche, la perte de production totale pendant un certain nombre de jours (perte partielle en termes de perte annuelle). L’effet pourrait éventuellement en être la perte totale de production pendant toute une année. De même, la valeur de la production perdue peut être déterminée en multipliant perte de production par les prix du marché qui auraient été payés en l’absence de catastrophe. Perte de production totale de la pêche traditionnelle maritime : La méthodologie est la même hormis le fait qu’elle est appliquée à la production de la pêche traditionnelle maritime. Il est important toutefois d’établir une distinction entre la production perdue par les pêcheurs artisanaux utili- sant des petits bateaux de pêche et les pêcheurs commerciaux utilisant de plus grands bateaux et des chalutiers. Répartition des dommages et des pertes entre le secteur public et le secteur privé Comme pour les deux autres sous-secteurs de l’agriculture, les pêcheurs et les entrepreneurs privés dominent le sous-secteur de la pêche. Toutefois, certaines infrastructures (comme les alevinières) peuvent être situées dans les stations de recherche ou expérimentales sur la pêche et appartiennent probablement au secteur public. Il est donc important d’estimer la proportion relative des dommages et des pertes subis par le secteur public et le secteur privé et d’élaborer une stratégie appropriée de relèvement et de reconstruction. Il est également important de garder à l’esprit que la plupart des pêcheurs (non pas les propriétaires ou les exploitants d’alevinières pratiquant l’aquaculture de poissons ou de crevettes) ne possèdent généralement pas de terre et font partie des segments les plus démunis de la société. En revanche, l’aquaculture de crevettes est hautement rentable dans certains pays (par exemple, en Amérique Latine), essentiellement 59 Note d’orientation DaLA : Volume 2 à des fins d’exportation. Les crevettes sont souvent exportées en quantités importantes vers les Etats-Unis, le Japon et d’autres pays. Répartition géographique des dommages et des pertes Là encore, il est très important de déterminer la répartition géographique de la perte de produc- tion causée par la catastrophe. Ces informations sont cruciales pour la conception de stratégies objectives de relèvement et de reconstruction et d’affectation des ressources budgétaires néces- saires, des subventions, des crédits et des prêts en conséquence. Comme il a déjà été indiqué, les pêcheurs (pas nécessairement les aquaculteurs de crevettes) peuvent faire partie des segments les plus pauvres de la société et tous les efforts doivent être déployés pour veiller à ce qu’ils bénéficient de toute l’assistance financière nécessaire pour leur relèvement. L’eau étant la principale exigence de ce sous-secteur, les exploitations de pêche sont généralement situées à proximité de lacs, de rivières, dans les zones côtières et dans les eaux maritimes. Dans les pays deltaïques comme le Bangladesh, le sous-secteur de la pêche couvre tout le pays mais il est concentré à proximité des lacs, des cours d’eau, des zones côtières et des eaux maritimes. 3.1.4  Agro-industrie L’agro-industrie représente un lien important entre le secteur agricole et le secteur industriel d’une économie. Concernant son organisation au sein du gouvernement, l’agro-industrie peut être intégrée dans le ministère de l’agriculture ou le ministère de l’industrie. Selon l’organisation du système des comptes nationaux, elle peut faire partie de différents secteurs suivant les pays. Son importance pour l’économie varie considérablement selon que le secteur agricole est une activité de subsistance, semi-commerciale (ou de semi-subsistance) ou commerciale. L’agro- industrie est hautement développée dans un pays doté d’une agriculture commerciale et moins développée dans un pays à agriculture de subsistance. La plupart des pays en développement à faible revenu dans le monde se situent quelque part entre ces deux extrêmes. En conséquence, avant d’initier une évaluation des dommages et des pertes dans un pays particulier, il est important d’avoir une perspective du statut et de l’importance du secteur agro-industriel et de ses relations avec le secteur agricole et le secteur industriel. Scénarios de la chaîne d’approvisionnement Une partie de la production des cultures, de l’élevage et de la pêche est conservée par les fer- miers pour répondre aux besoins de consommation de leur ménage, en fonction du niveau 60 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe de commercialisation. Dans un pays à agriculture de subsistance, les paysans peuvent en moyenne conserver jusqu’à plus de 90 pour cent de leur production pour satisfaire les besoins des ménages. En revanche, dans un pays à agriculture commerciale, les agriculteurs peuvent en conserver moins de 10 pour cent. Le surplus des produits agricoles restant commercialisable est vendu directement ou indirectement à l’agro-industrie pour être ensuite traité, condi- tionné et distribué. L’agro-industrie vend généralement les produits agricoles aux grossistes (commerce) à un prix supérieur au prix producteur. La différence de prix correspond au coût de traitement, au coût de commercialisation et à la marge commerciale de l’agro-industrie. Les grossistes, à leur tour, vendent les produits agricoles traités aux détaillants (commerce) à un prix supérieur au prix de gros. La différence entre ces deux prix correspond au coût de commercialisation et à la marge commerciale des grossistes. Dans certains cas et pour cer- tains produits de base, l’agro-industrie peut vendre directement aux détaillants ou à la fois aux grossistes et aux détaillants. Selon que le pays est importateur ou exportateur net d’un produit agricole particulier, le commerce intervient également au niveau de l’agro-industrie et des grossistes. Le commerce peut porter sur les matières premières, les produits de base transformés ou les deux. Dommages et pertes dans l’agro-industrie Selon la catastrophe, les avoirs physiques de l’agro-industrie peuvent être totalement ou partielle- ment détruits. Il s’agit des usines de transformation, des entrepôts, des installations de transport, des routes d’accès, des bâtiments et des matières premières ainsi que des produits transformés. Une perte de production dans le secteur agricole affecte également le niveau de production du secteur agro-industriel ainsi que le commerce dans la chaîne d’approvisionnement. A titre d’exemple, une réduction de la production de riz paddy (riz brut) due à des inondations ou à des cyclones réduira l’approvisionnement en riz en tant que matière première des usines de transformation du riz. Il en résulte que ces usines ne pourront pas fonctionner à pleine capacité et que certaines risquent de ne pas fonctionner du tout. Un cas similaire se produit dans l’industrie de la canne à sucre et des sucreries où les pertes de production de canne à sucre (ou de réduction du contenu de la canne à sucre) causée par une catastrophe entraîneront une baisse de production de sucre dans l’industrie des sucreries. Le même phénomène (faible taux d’utilisation des capacités et réduction de la production) se produit dans d’autres usines de transformation de l’agro-industrie en cas de réduction de la production (et donc, des ventes à l’agro-industrie en tant que matière première) et/ou de la qualité des sous- secteurs des cultures, de l’élevage ou de la pêche. L’ampleur de ces pertes dépend toutefois du fait que l’agriculture est commerciale ou de subsistance. En outre, la valeur des pertes totales peut 61 Note d’orientation DaLA : Volume 2 même être supérieure selon la nature et l’ampleur des liaisons de la chaîne d’approvisionnement en aval ou en amont. Estimation des dommages et de la perte de production La valeur des dommages totaux subis par les avoirs physiques peut être estimée en prenant le nombre d’avoir physiques détruits et en les multipliant par leur valeur de remplacement (pour les infrastructures) ou leur valeur actuelle sur le marché (pour les matières premières ou les produits finis). De même, la valeur des dommages partiels subis par les avoirs physiques peut être estimée en multipliant les unités partiellement endommagées par le coût unitaire moyen de réparation ou de réhabilitation. Cela peut se faire pour chaque province ou district affecté puis totalisé pour obtenir la valeur totale des dommages et des pertes au niveau national. La valeur de la perte de production dans l’agro-industrie peut être estimée de la manière suivante : • A partir des sous-secteurs des cultures, de l’élevage et de la pêche, définir la quantité de perte de production au niveau national, par produit de base, causée par la catastrophe ; • Déterminer les proportions moyennes de la production agricole pour chaque culture, l’élevage et les produits de la pêche qui sont conservés pour la consommation des ménages et les proportions moyennes vendues à l’agro-industrie. • Estimer le volume de perte de production en tant que matière première-intrant de l’agro-industrie. • A l’aide des tableaux des entrées-sorties, déterminer le ratio agro-industrie/agriculture et, sur la base de ce ratio, estimer la perte de production de l’agro-industrie. • Estimer la valeur de la perte de production agro-industrielle en multipliant le volume de production perdu par le prix de gros, départ usine, de ce produit particulier. • En cas d’indisponibilité des ratios entrées-sorties des produits, il faudra utiliser la dif- férence entre le prix producteur et le prix de gros d’un produit de base particulier pour déterminer la valeur ajoutée. • Estimer la valeur de la perte de production agro-industrielle d’un produit de base donné en multipliant la perte de production en tant que matière première par la différence de prix entre le prix producteur et le prix de gros. Répartition des dommages et des pertes Dans le cas de pertes de production agricole, il est très important de déterminer la répartition des dommages et des pertes de l’agro-industrie par les secteurs public et privé, par province ou régions et districts. A noter que l’agro-industrie, pour un produit particulier, peut être ou ne pas 62 Note d’orientation DaLA : Volume 2 d’intrants agricoles. Les catastrophes ont en outre un effet psychologique majeur sur les ménages et la santé humaine, la nutrition et la productivité qui devraient faire partie de la discussion relative au secteur de la santé. Impacts macroéconomiques. L’analyse de l’impact macroéconomique couvre habituellement quatre agrégats majeurs : le produit intérieur brut (PIB), la balance des paiements, le budget fiscal et l’inflation. Sur la base des estimations des dommages et des pertes, il est important que l’équipe d’évaluation du secteur agricole (cultures, élevage, pêche et agro-industrie) estime les impacts probables sur ces quatre variables macroéconomiques (changements du PIB agricole induits par la catastrophe, réduction des exportations, augmentation des importations, dépenses supérieures à la normale pour le gouvernement et baisse des recettes fiscales habituelles). L’impact éventuel sur l’inflation globale devra être estimé une fois que les données sur l’impact de la catastrophe sur tous les secteurs auront été établies. Produit intérieur brut : Le PIB et les pertes dues à une catastrophe sont des concepts de flux, l’ampleur estimée de la perte de PIB de l’agriculture et la réduction du taux de croissance du PIB de l’agriculture par suite d’une catastrophe (ainsi que du PIB en général) peuvent être déterminés en comparant les valeurs respectives de l’année de la catastrophe à celle de l’année précédente. Mais cette analyse requiert que les pertes des différents sous-secteurs agricoles soient multipliées par les coefficients de valeur ajoutée pour dégager les pertes de valeur ajoutée. Ces coefficients de valeur ajoutée font ressortir les effets des liens entre les secteurs. Outre l’impact direct des pertes sur le niveau et la croissance du PIB, d’autres effets indirects de la catastrophe auront un impact sur le PIB. Balance des paiements : Il résulte d’une catastrophe que le pays concerné peut avoir à importer plus de nourriture ou autres matières premières agricoles et/ou à en réduire les exportations. Cela aura un effet néfaste sur la balance commerciale (et donc, sur la balance des paiements). Pour un pays doté de réserves limitées en devises ou très dépendant des exportations des matières premières agricoles pour acquérir des devises, la catastrophe devrait avoir de lourdes conséquences macroéconomiques. Budget fiscal : Suite à une catastrophe, le gouvernement peut avoir à affecter des ressources budgétaires supplémentaires (au-delà des crédits budgétaires) pour financer les secours, le relè- vement et la reconstruction des zones agricoles et rurales affectées du pays. La plupart des pays en développement à faible revenu ont des budgets limités. Pour financer les activités suite à une catastrophe, ces pays peuvent avoir à augmenter leurs déficits budgétaires et/ou à réaffecter leurs rares ressources financières de l’investissement public au financement des besoins d’urgence du 64 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe secteur agricole rural. Dans l’un ou l’autre cas, une catastrophe a de lourdes conséquences sur le budget annuel à tous les niveaux du gouvernement. Même si le secteur agricole n’est pas une très bonne source de recettes fiscales pour le gouvernement, une catastrophe affectant l’agriculture aura de graves conséquences sur ses recettes. Inflation : La catastrophe et son impact sur la demande et sur l’offre de biens et de services auront des conséquences sur les prix des produits de base et les services essentiels et, donc sur l’infla- tion. L’augmentation des prix des produits de base touchés par une catastrophe en est un bon exemple. De même, les prix des matériaux essentiels à la reconstruction peuvent aussi augmenter en raison de l’importance de la demande pendant la période de reconstruction. L’impact réel sur l’inflation dépend néanmoins de la part relative des biens et services affectés dans le panier de consommation servant à déterminer l’indice des prix à la consommation. En d’autres termes, l’inflation ne dépend pas seulement du prix des matières premières agricoles mais aussi du prix des biens et des services de tous les autres secteurs de l’économie. L’impact inflationniste de la catastrophe est néanmoins généralement temporaire. Impact au niveau des particuliers et des ménages L’impact d’une catastrophe au niveau des particuliers et des ménages peut être mesuré à travers les changements ou les baisses d’emploi, les opportunités de subsistance, les revenus des ménages et le genre dans le secteur agricole. Pour estimer cet impact, les informations secondaires perti- nentes émanant des zones de la catastrophe doivent être prises en compte ainsi que les enquêtes par sondage, les discussions des groupes de concertation et l’échange d’informations détaillées avec les ONG locales, nationales et internationales intervenant activement dans la zone affectée et même l’analyse des images satellitaires. Emploi en milieu rural :  Les pertes de production causées par la catastrophe entraînent une baisse de l’emploi à court et à moyen terme. Cette baisse de l’emploi dans chacun des sous-secteurs agricoles (exprimée en termes de mois-personne) peut être calculée en multipliant la valeur de la perte de production par le coefficient de main d’œuvre correspondant liant la valeur de la production totale au nombre de personnes employées. La baisse d’emploi dans le secteur agricole peut être calculée en ajoutant la baisse d’emploi enregistrée dans chacun des sous-secteurs. Il est également possible de calculer la baisse d’emploi dans l’agro-industrie comme une résultante de la perte de production dans le secteur agricole. La baisse de l’emploi agricole affecte la main d’œuvre familiale et la main d’œuvre salariée. Les paysans sans terre dont les revenus pour leur ménage dépendent entièrement de leur emploi seront beaucoup plus touchés par la catastrophe que les propriétaires fonciers et les employés réguliers. 65 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Opportunités de subsistance en milieu rural : Les opportunités de subsistance dans les zones rurales dépendent essentiellement des activités agricoles et non-agricoles rurales (qui, à leur tour, dépendent directement ou indirectement de l’agriculture). Les dommages causés par la catastrophe aux avoirs physiques et à la perte de production ont des implications à court et à moyen terme pour les petits paysans et les ménages ruraux sans terre. L’évaluation de l’impact sur les opportunités de subsistance en milieu rural nécessite toutefois une analyse qualitative et quantitative sur la base des discussions des groupes de consultation et des enquêtes auprès des ménages ayant des terres et ceux qui n’en ont pas. Dans les pays en développement à faible revenu ayant d’importantes économies « d’arrière-cour », les opportunités de subsistance des femmes peuvent être considérablement affectées. Revenus des ménages en milieu rural : Selon le type et la gravité de la catastrophe, les revenus moyens des ménages des paysans, des entrepreneurs ruraux et des ménages ruraux sans terre diminueront par suite de la perte de production agricole, de la baisse d’emploi et des oppor- tunités de subsistance. Là encore, une évaluation précise de la baisse des revenus des ménages nécessite des discussions de groupes de concertation et des enquêtes fondées sur des familles rurales sélectionnées au hasard. Femmes en milieu rural : L’impact d’une catastrophe sur les femmes en milieu rural varie en fonction des pays et dépend de la nature et du degré d’implication des femmes dans les acti- vités agricoles et les autres activités rurales — en Asie et en Afrique, par exemple, les femmes sont activement impliqués dans ces domaines. Au Bangladesh, les femmes effectuent un grand nombre de tâches agricoles et non-agricoles en milieu rural (jardins familiaux, laiterie, volaille, récolte, gestion et commercialisation des récoltes). Les femmes sont également très actives dans les activités économiques lucratives « d’arrière-cour ». L’estimation est fondée sur les données secondaires et ne donne pas toujours une image précise du rôle joué par les femmes et elle doit donc être complétée par les discussions des groupes de concertation et des enquêtes. Impact sur l’équilibre et la sécurité alimentaires Les catastrophes qui ont un impact important sur la production agricole ont généralement de lourdes conséquences sur l’équilibre et la sécurité alimentaires au niveau national, provincial, des districts et des ménages. Jusqu’à la crise alimentaire internationale de 2007, la plupart des pays en développement à déficit alimentaire enregistraient une dépendance croissante au commerce pour satisfaire à leurs besoins de sécurité alimentaire. Mais, après la crise, la plupart d’entre eux devraient souhaiter accroître leur autosuffisance alimentaire et/ou leurs stocks alimentaires pour 66 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe renforcer leur sécurité alimentaire. Ils devraient ainsi réduire l’exposition de leur propre population à l’incertitude du marché international pour leurs besoins en principales matières premières ali- mentaires, en particulier le riz et le blé. Il est très important d’analyser l’impact d’une catastrophe sur l’équilibre et la sécurité alimentaires à tous les niveaux possible, notamment au niveau natio- nal et des ménages, en particulier dans le cas de pays en développement à déficit alimentaire et à faible revenu. Cette analyse devrait nécessiter un examen attentif de tous les besoins alimentaires (consommation humaine, aliments pour animaux, semences, pertes et stocks) ainsi que les éléments des disponibilités alimentaires comme la production alimentaire domestique, les stocks (publics et privés) et les importations nettes (importations moins exportations). Les besoins d’accroissement des importations alimentaires ont des implications directes sur les besoins de change en devises.et la balance des paiements. Il est important d’analyser les implications pour l’accès à la nourriture des segments démunis de la société affectés par la catastrophe. Dans ce contexte, la nourriture est une composante importante du filet national de sécurité sociale. Les programmes vivres contre travail suivent généralement ou revêtent une importance encore plus grande après une catastrophe majeure. Les sources probables d’informations relatives aux équilibres alimentaires sont le ministère de l’agriculture, le ministère de l’alimentation (certains pays peuvent avoir un ministère distinct à cet effet), le ministère du commerce, les associations de commerce des denrées, les agences natio- nales de la statistique et les enquêtes sur les revenus et les dépenses des ménages. Impact sur la pauvreté en milieu rural. Dans la plupart des pays en développement à faible revenu, la pauvreté est généralement un phénomène rural. A titre d’exemple, au niveau natio- nal, approximativement quatre-vingts pour cent des pauvres au Bangladesh et au Yémen vivent dans les zones rurales et dépendent essentiellement de l’agriculture pour leur subsistance. Une catastrophe naturelle affectant l’agriculture et la population rurale a de lourdes conséquences sur l’aggravation de la pauvreté en milieu rural puisque les ménages ruraux vivant d’exploitations réduites ou marginales et ceux qui ne possèdent pas de terre font généralement partie des ménages les plus pauvres. Dans de nombreux pays, l’urbanisation est très rapide et les ruraux démunis migrent vers les zones urbaines à la recherche d’emplois. Les métropoles urbaines peuvent donc abriter une grande partie de pauvres touchés par la catastrophe. L’existence de la pauvreté varie néanmoins considérablement d’une région à une autre (urbaines ou rurales) et d’un secteur productif à un autre. A titre d’exemple, le tableau ci-dessous présente un récapitulatif par profil de pauvreté (en pourcentage de la population vivant en-deçà du seuil de pauvreté) par région et par secteur au Bangladesh en 2000. Le taux de pauvreté et le nombre effectif de personnes démunies sont beaucoup plus élevés dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Le nombre total de pauvres vivant dans les zones rurales est par conséquent très élevé, près de 85 pour cent au Bangladesh. Le taux de pauvreté est 67 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe en jeunes plants de bonne qualité et la production rizicole. Il faut attendre environ trois à quatre semaines pour que les jeunes plants soient prêts à être transplantés. Et donc, selon la période de l’inondation, soit toute la culture est perdue (s’il n’y a pas assez de temps pour la replanter), soit les intrants agricoles utilisés doivent être remplacés (si la culture est affectée à un stade précoce). Dans ces circonstances, la catastrophe peut entraîner une baisse des revenus par suite de la perte de production de la culture (perte de toute la culture ou baisse de rendement de cette culture) et/ou une augmentation des coûts de production. Là encore, il faut être très prudent et s ‘assurer de ne pas procéder à une double prise en compte. Il faut garder également à l’esprit qu’il peut falloir plusieurs mois avant que ne soient importés les facteurs de production agricoles et qu’ils ne soient mis à la disposition des paysans. Cela aura nécessairement des conséquences négatives pour la production des cultures, de l’élevage et de la pêche pendant la saison concernée. Prix pertinents pour les estimations DaLA La méthodologie DaLA emploie différents prix pour faire des estimations appropriées des dom- mages et des pertes selon la catégorie des avoirs, le type de pertes et leur niveau dans la chaîne d’approvisionnement : Prix producteur : Les prix à la production sont les prix payés aux producteurs (paysans, éleveurs et pêcheurs) pour les produits qu’ils vendent à la production (ferme) ou au marché voisin. Les prix producteurs moyens servent à estimer la valeur de la perte de production des sous secteurs des cultures, de l’élevage et de la pêche suite à une catastrophe. Prix de gros : Les prix de gros sont les prix auxquels les grossistes, les négociants ou l’agro-indus- trie vendent les matières premières agricoles (transformées ou non) aux détaillants. La différence entre les prix de gros et les prix producteurs correspond généralement au coût de transformation des produits agricoles à l’état brut en produits transformés. En d’autres termes, il s’agit d’une estimation raisonnablement juste de la valeur ajoutée par l’agro-industrie. Prix de détail : Les prix de détail sont les prix auxquels les détaillants vendent les produits agricoles aux consommateurs ou les intrants agricoles aux producteurs. La différence entre les prix de gros et les prix de détail correspond généralement au coût de commercialisation, composés du coût et des marges de marketing. Dans certains pays et pour les denrées de base, le gouvernement peut fixer les prix de détail. Néanmoins, les prix effectivement payés par les consommateurs ou les producteurs peuvent, en fonction de la demande et de l’offre, être plus élevés que ceux fixés par le gouvernement. 69 Note d’orientation DaLA : Volume 2 Prix d’acquisition : Les prix d’acquisition sont les prix auxquels le gouvernement acquiert (en assumant que le gouvernement ait une politique d’approvisionnement en vigueur) les matières premières agricoles après la récolte. Les prix d’acquisition servent généralement de prix-plancher pour les prix du marché. Dans ces circonstances, les producteurs ont tendance à subir une perte mais ils sont confrontés à un risque moins grand sur le marché puisque le prix du gouvernement sert aussi de prix garanti et que le marché est assuré par le gouvernement. Les prix d’acquisition sont courants en Inde, au Bangladesh et dans d’autres pays en développement. Prix à l’importation : Comme il a déjà été indiqué, suite à une catastrophe, le pays peut avoir à importer certains produits de base pour satisfaire aux exigences domestiques. Il peut s’agir de nourriture, d’intrants agricoles, de matériaux de construction, d’aliments et de médicaments pour les animaux. Les prix à l’importation de ces articles sont les prix payés par les importateurs pour les marchandises (biens) et sont généralement des prix CAF (coût, assurance et fret). Les coûts de transport interne et de manutention de même que les taxes à l’importation s’ajoutent aux prix CAF qui doivent donc les prendre en compte. La facture totale des importations est donc calculée en multipliant la quantité importée et le prix CAF payé pour les importations d’une denrée particulière. Prix à l’exportation : La plupart des pays ont un avantage comparatif en exportant certaines denrées agricoles. Une catastrophe peut avoir des conséquences négatives sur la production de ces denrées destinées à l’exportation. En assumant qu’aucun changement ne soit intervenu dans les besoins domestiques, la baisse de production réduira la quantité de denrées disponibles à l’exportation et donc également les recettes d’exportation qui sont déterminées en multipliant la quantité exportée par le prix FOB (franco à bord) payé. En revanche, les coûts de transport interne et de manutention jusqu’au port domestique doivent être soustraits du prix FOB dans le calcul des recettes d’exportation d’une denrée d’exportation particulière. Valeur de remplacement : Aucun des prix ci-dessus n’est applicable à des articles non-marchands qui ne pénètrent pas sur le marché. Il s’agit d’articles comme les infrastructures rurales, les sys- tèmes d’irrigation, les hangars à animaux et les couvoirs ou les stations d’alevinage. La valeur de remplacement est basée sur le coût de remplacement de ces avoirs endommagés. Elle peut être calculée en ajoutant le coût de tous les facteurs de production nécessaires au coût de main d’œuvre. Le coût des facteurs de production peut être estimé en multipliant la quantité néces- saire par le prix de ces intrants sur le marché. De même, le coût de main d’œuvre est déterminé en multipliant la main d’œuvre nécessaire par le taux des salaires en vigueur. D’autres coûts peuvent également être pris en compte comme les taxes et le coût de l’équipement. La valeur de remplacement peut varier dans les différentes parties du pays. 70 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe 3.1.7  Informations appropriées pour l’évaluation Selon la catastrophe, l’évaluation des dommages et des besoins doit commencer deux à quatre semaines après son occurrence. Il arrive parfois que les eaux des inondations mettent encore plus de temps à refluer. Pendant cette période, le gouvernement doit se focaliser sur trois acti- vités. Premièrement, il doit terminer les interventions d’assistance et de secours humanitaire. Deuxièmement, il doit prendre les dispositions financières et logistiques nécessaires pour orga- niser une mission DaLA sur le terrain. Troisièmement, les informations de base et les documents pertinents doivent être rassemblés. Pour réussir la mission DaLA du secteur agricole, il est extrê- mement important d’avoir toutes les informations nécessaires et que les membres participant à cette équipe soient pourvus de l’expertise qui s’impose. Besoins en informations. Les besoins en informations nécessaires pour une évaluation correcte des dommages et des pertes peuvent être regroupés en trois catégories : (i) les informations de base détaillées sur tous les avoirs physiques et toutes les activités de production des sous-secteurs pertinents du secteur de l’agriculture (si possible, jusqu’à 10 ans de données sur leur historique, y compris la dernière année avant la catastrophe, (ii) les informations sur les dommages et les pertes subis par chacun des sous-secteurs agricoles et leurs activités suite à la catastrophe et (iii) les informations sur les projections de la production agricole et des avoirs physiques pour l’avenir, y compris l’année concernée. Toutes ces informations doivent couvrir le niveau national et être désagrégées au niveau de la plus petite unité administrative. Elles doivent porter, sans s’y limiter, sur les activités suivantes : • Cultures  : Superficie, rendement et production des différentes cultures (annuelles et pérennes), utilisation d’intrants agricoles, disponibilité d’avoirs physiques et d’infras- tructures agricoles, y compris les systèmes d’irrigation. • Elevage : Nombre, rendement et production de l’élevage, utilisation de facteurs de production pour l’élevage, disponibilité d’avoir physiques et d’infrastructures pour l’élevage. • Pêche : Zone, rendement et production des différents types de pêche, utilisation de fac- teurs de production pour la pêche, disponibilité d’avoirs physiques et d’infrastructures pour la pêche. • Agro-industrie : Niveau d’utilisation de matières premières dans l’agro-industrie, type et localisation de l’agro-industrie et des coefficients des entrées et sorties. • Macroéconomie : PIB agricole, PIB global, coefficients de valeur ajouté, balance des paiements de l’agriculture, recettes et dépenses dans l’agriculture et inflation. 71 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Niveau des particuliers et des ménages : Population, offre de main d’œuvre, demande de main d’œuvre, barèmes des salaires, emploi, chômage, opportunités de subsistance, revenus des ménages en milieu rural et rôle des femmes dans l’agriculture. • Alimentation  : Production, importations, exportations, stocks, filet de sécurité sociale, programme vivres contre travail, faim, rôle des produits laitiers, de la volaille et de la pêche et rôle des aliments transformés. • Pauvreté en milieu rural : Les niveaux de pauvreté à l’échelle nationale et régionale enre- gistrés depuis plusieurs années dans les secteurs ruraux et urbains ainsi que les critères de définition du niveau de pauvreté. • Facteurs de production agricole : Production, consommation, distribution, importations et exportations par type d’intrants et par localisation, niveaux de productivité des dif- férents facteurs de production. • Prix agricoles : Prix producteur, prix d’acquisition, garanti, de gros, de détail, à l’expor- tation et à l’importation de tous les intrants et extrants agricoles et commercialisation des intrants et extrants. • Commerce des produits agricoles : Exportations et importations des intrants et des extrants agricoles et des produits y relatifs par pays et par mode de transport. Tous les efforts doivent être déployés pour éviter les doubles prises en compte, les lacunes d’infor- mations cruciales et pour recouper la qualité de ces informations. Sources d’information. Les sources d’information peuvent varier par sous-secteur agricole, secteur, région et pays. Mais les sources probables d’information sont énumérées dans la liste générique et essentielle ci-après. • Agences nationales et régionales de statistiques • Données de recensement (agriculture, population, crédit) • Enquêtes sur les ménages ou sur les revenus et les dépenses des ménages • Enquêtes ciblées sur le terrain après la catastrophe • Photographies satellitaires (avant et après la catastrophe) • Visites sur les lieux dans les zones concernées • Rapports du gouvernement sur la catastrophe • Rapports des institutions des Nations Unies sur la catastrophe • Rapports des ONG nationales ou internationales • Entretiens avec les acteurs concernés • Articles dans les journaux (locaux et nationaux) 72 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe 3.1.8  Composition de l’équipe d’évaluation La composition de l’équipe d’évaluation des dommages et des pertes varie selon le type de catas- trophe et selon l’étendue des dommages probables subis par les sous-secteurs agricoles. L’équipe d’évaluation devrait néanmoins comprendre les experts suivants : • Economiste agricole • Ingénieur civil et agricole • Spécialiste de vulgarisation agricole • Agronome • Spécialiste de l’élevage • Spécialiste de la pêche • Technologue alimentaire Dans l’idéal, ces experts doivent avoir été préalablement formés à la méthodologie DaLA, en particulier dans le contexte de l’agriculture. Autrement, un tel programme de formation devra être organisé avant le début de l’évaluation elle-même. Un représentant de l’agence de statistiques devra également faire partie de l’équipe en tant que personne ressource chargée de communiquer à l’équipe agricole (et aux autres) toutes les informa- tions nécessaires qui pourraient ou non être disponibles à travers l’agence de statistiques. Enfin, il est très important de s’assurer qu’il n’y a aucune lacune dans les informations statistiques et qu’aucune information contradictoire ne filtre à travers le programme d’assurance de la qualité. Les experts locaux peuvent assurer l’orientation de ce processus. 3.2 Industrie 3.2.1  Considérations générales Le secteur de la fabrication ou industriel est touché par des catastrophes de tous types et peut subir une destruction de ses avoirs de même que des pertes ou des modifications des flux de son économie. En outre, les branches d’activités industrielles qui dépendent des matières premières obtenues d’autres secteurs de l’économie pour leur production (telles que les industries de production alimentaire) peuvent subir des pertes de production même si aucun dommage n’a directement affecté leurs installations industrielles. Comme dans le cas d’autres secteurs, la valeur des dommages d’une industrie se mesure initiale- ment en termes physiques puis elle est ultérieurement convertie en termes monétaires au moyen 73 Note d’orientation DaLA : Volume 2 du coût de reconstruction ou de remplacement des avoirs détruits. L’orientation est de prendre les prix devant permettre de ramener les avoirs aux mêmes normes de qualité et de quantité qu’avant la catastrophe.33 Les pertes, dans le secteur de la transformation, sont la valeur de la baisse de production indus- trielle et les augmentations des coûts opérationnels résultant de la catastrophe. La reconstruction après la catastrophe, en revanche, peut causer effectivement une augmentation de la demande et de la production de certains biens manufacturés. L’évaluation des dommages et des pertes pour ce secteur est plus complexe que dans les autres secteurs en raison du nombre habituellement important des différentes dimensions et des divers type d’ateliers industriels dans les différentes branches de l’industrie. Une enquête par sondage des établissements industriels affectés doit donc être spécialement effectuée parallèlement aux visites sur le terrain. Ses résultats sont combinés aux informations de base existantes afin de couvrir l’intégralité du secteur. Des ingénieurs civils ou industriels font partie de l’équipe d’évaluation pour estimer les dom- mages dans ce secteur tandis que des ingénieurs industriels et des économistes sont chargés d’en estimer les pertes. 3.2.2  Informations de base Les informations de base sur les caractéristiques et la capacité du secteur manufacturier et ses différentes branches d’activités sont obtenues pour servir de base quantitative à l’évaluation. Ces informations sont les suivantes : • Nombre et dimension des établissements industriels dans la zone affectée, par branche et par industrie. • Installations physiques types de chacune de ces branches, y compris une description du nombre et des capacités de l’équipement et des machines industrielles. • Informations sur la production brute annuelle ou mensuelle de chaque établissement industriel. 33  La possibilité de reconstruction ou de remplacement à l’aide de normes améliorées, plus résistantes aux catastrophes, dans le cadre d’une stratégie de « reconstruire mieux » est introduite ultérieurement quand les besoins en relèvement et en reconstruction ont été estimés. L’inflation pluriannuelle est également introduite dans l’estimation des besoins chaque fois que les activités de relèvement et de reconstruction durent plus d’une année calendaire. 74 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe • Informations quantitatives sur la destination habituelle des produits manufacturés, destinés à une utilisation domestique ou à l’exportation vers d’autres pays. Ce type d’informations se trouve habituellement dans la dernière enquête industrielle ou le dernier recensement conduits par les ministères de l’industrie ou par l’agence de la statistique. Le bureau national des statistiques peut aussi fournir d’autres informations à partir des comptes nationaux. Ces informations pouvant n’être plus d’actualité au moment de l’évaluation, des projections de l’année en cours doivent être faites sur la base des récents taux de croissance du secteur. Des informations additionnelles peuvent être obtenues à travers les chambres ou les associations du secteur privé de l’industrie avec des détails sur les capacités installées et la production de leurs membres. En fait, ces organisations du secteur privé peuvent devenir des partenaires utiles dans la conduite de l’évaluation puisqu’elles seront probablement enclines à définir les besoins en réhabilitation, en relèvement et en reconstruction post-catastrophe. Une typologie des industries, par branche d’activité industrielle, par dimension et par apparte- nance privée ou publique, doit être établie aux fins de l’évaluation. Le système comptable national détermine quelles branches doivent être analysées parmi les activités industrielles. 3.2.3  Situation et performance après la catastrophe Pour évaluer la valeur des dommages et estimer les pertes, les effets de la catastrophe sont exa- minés lors de visites de terrain de l’équipe d’évaluation du secteur et combinés aux informations obtenues lors de l’enquête par sondage mentionnée ci-dessus sur les établissements industriels types. Les rapports existants — quelle que puisse être l’exhaustivité de leur couverture — sont utilisés parallèlement aux visites sur le terrain et à l’enquête par sondage déjà mentionnées pour estimer le nombre d’établissements industriels de chaque type prédéfini ayant subi une destruction totale ou partielle et dont la production peut avoir été affectée directement ou indirectement par la catastrophe. Les visites de terrain de l’équipe d’évaluation et les réponses au questionnaire de l’enquête par son- dage34 doivent permettre de définir le type courant et la valeur moyenne des dommages subis par 34  Une copie du questionnaire élaboré pour ce type d’enquête par sondage des ateliers des industries et des métiers est jointe en Annexe des présentes Notes d’orientation. Il ne nécessite que quelques adaptations mineures pour saisir les informations sur les différents types de branches industrielles existant dans le pays concerné (les branches à inclure sont déterminées par le système des comptes nationaux). 75 Note d’orientation DaLA : Volume 2 chaque catégorie d’établissement industriel, le moment de l’arrêt ou de la baisse de la production pour différentes raisons35 et les besoins probables en relèvement et en reconstruction. Les coûts unitaires de réparation et de reconstruction pour la reconstruction et le remplacement des avoirs physiques sont définis lors de la dernière visite de terrain comme étant les coûts de remplacement de l’équipement et des machines. Les informations sont obtenues à travers les entretiens avec les dirigeants et les représentants de l’industrie. Les difficultés et les limites envisagées par les proprié- taires des industries doivent être prises en compte (par exemple, en termes de besoins financiers et de crédit, de disponibilité de matières premières et d’intrants, de disponibilité de main d’œuvre, de temps nécessaire pour le remplacement du matériel et des machines spécialisés, etc.). A partir des informations recueillies et en combinaison avec les données de base sur les capa- cités physiques et la production normale avant la catastrophe, il doit être possible d’élaborer un scénario sur la manière dont le secteur devrait normalement fonctionner jusqu’à son plein relèvement et sa pleine reconstruction. Ce scénario inclut l’élaboration de calendriers séparés pour la réparation et la reconstruction des bâtiments et des autres installations, le remplacement du matériel et des machines et la reprise progressive des niveaux de production normaux ou antérieurs à la catastrophe. 3.2.4 Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages dans ce secteur doit être estimée sur la base du coût de reconstruction ou de réparation des bâtiments et des autres installations connexes totalement ou partiellement détruits. Elle comprend aussi la valeur de remplacement du mobilier, du matériel, des machines et des fournitures qui ont été détruits en assumant leur remplacement avec la même capacité et la même qualité qu’avant la catastrophe.36 Compte tenu du grand nombre habituel, de la dimension et du type des établissements industriels dans la zone affectée, l’évaluation des dommages doit prendre en compte les informations émanant de l’enquête de sondage parallèle pour définir les valeurs moyennes des dommages de chaque branche de l’industrie et le nombre de chaque type d’industrie totalement ou partiellement détruit. Une extrapolation est ensuite faite de la valeur 35  La cessation ou la baisse de production peuvent avoir plusieurs raisons possibles telles que : la destruction des locaux, de l’équipement et des machines, l’indisponibilité temporaire de facteurs de production comme l’électricité et l’eau, et l’insuffisance temporaire de main d’œuvre et de facteurs de production pour la transformation. 36  L’augmentation des coûts associés à la reconstruction à des normes supérieures et plus résistantes aux catastrophes et au rattrapage des structures existantes doit figurer dans l’estimation des besoins dans l’évaluation. Si, pour une raison ou une autre, le matériel et les machines détruits ne peuvent être remplacés que par des machines plus modernes et de plus grande capacité, les coûts additionnels impliqués doivent être pris en considération dans l’estimation des besoins. 76 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe des dommages couvrant tous les établissements industriels dans la zone affectée sur la base d’un ratio supposé d’ateliers industriels détruits par rapport à leur nombre total dans le secteur. (Le même ratio que celui dérivé du secteur du logement pourrait éventuellement être employé dans certains cas). L’exactitude de cette extrapolation est bien sûr d’une importance suprême et l’équipe d’évaluation doit consacrer suffisamment de temps à discuter et convenir de ce ratio pour que les résultats puissent être totalement fiables. L’estimation des pertes est faite sur la base de plusieurs considérations et le calendrier en est très important. Les pertes surviennent habituellement pendant la durée requise pour terminer tota- lement la reconstruction des locaux, des machines détruites et rétablir la pleine disponibilité des flux de matières premières et de facteurs de production. Les pertes risquent de découler des situations suivantes : • Dommages subis par la capacité industrielle en termes de bâtiments, de matériel et de machines ayant été détruits. • Cessation temporaire de production due au manque d’électricité ou d’eau. • Rupture temporaire de disponibilité et d’entrée de matières premières. • Indisponibilité temporaire ou pénuries provisoires de main d’œuvre. • Indisponibilité future de matières premières dans les usines agro-industrielles en raison des pertes attendues de production dans l’agriculture, l’élevage et la pêche.37 • Insuffisance ou non-existence de fonds de roulement des entreprises. • Evolutions possibles (baisse ou augmentation) de la demande de produits manufacturés pouvant découler respectivement de la baisse généralisée éventuelle des revenus de la population et de la demande importante attendue de matériaux de reconstruction. Il est essentiel que l’équipe d’évaluation du secteur industriel obtienne ou élabore un calendrier exhaustif de la manière dont les facteurs limitatifs pourront être surmontés et à quel moment, en tenant compte de la disponibilité limitée de financements adéquats. L’estimation des pertes devrait inclure la baisse éventuelle de la production et les augmentations éventuelles des coûts de production. Les pertes dues à la baisse de production sont estimées sur la base du temps requis pour revenir aux niveaux de production normaux ou antérieurs à la catastrophe. L’augmentation des coûts opérationnels peut découler des raisons suivantes : 37  Il s’agit typiquement de l’industrie de transformation alimentaire mais applicable à d’autres entreprises agro-indus- trielles pouvant être confrontées à l’avenir à des pénuries de matières premières par suite de pertes dans la production primaire de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. 77 Note d’orientation DaLA : Volume 2 • Paiement d’heures supplémentaires au personnel pour traiter et résoudre les problèmes les plus urgents immédiatement après la catastrophe. • Locations de locaux de substitution pendant la reconstruction ou la réparation des locaux détruits ou endommagés. • L’acquisition temporaire d’électricité et d’eau pour le processus de production auprès de sources alternatives comme la location ou l’acquisition de groupes électrogènes mobiles ou le recours à l’utilisation d’eau en bouteille plutôt que d’eau du robinet. • L’acquisition temporaire de matières premières auprès de sources alternatives pouvant être plus coûteuses et/ou d’origine plus lointaine, y compris d’autres pays. Les valeurs estimées des dommages et des pertes doivent être ventilées en fonction de leur appar- tenance au secteur public ou au secteur privé. En effet, certaines entreprises industrielles peuvent être publiques, d’autres privées et d’autres encore mixtes. 3.2.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’équipe d’évaluation du secteur industriel ou manufacturier doit faire d’autres estimations des impacts tant au niveau macroéconomique qu’à celui des particuliers ou des ménages et les communiquer aux membres des équipes d’évaluation concernés, en charge de l’analyse des impacts. Pour l’analyse de l’impact macroéconomique, les chiffres suivants doivent être estimés et com- muniqués au macro économiste de l’équipe d’évaluation : • La valeur et le calendrier des pertes de production industrielle, exprimées en valeur actuelle, devant servir à l’analyse de l’impact de la catastrophe sur le produit intérieur brut et la croissance. • L’estimation de la partie importée des coûts de reconstruction du secteur de l’industrie (tous les biens non-produits dans le pays affecté et devant être importés de l’étranger), exprimés en pourcentage (%) des besoins de reconstruction une fois qu’ils ont été évalués (pour l’analyse de l’impact sur la balance des paiements). • Les valeurs des recettes fiscales qui ne seront pas comptabilisées par le gouvernement par suite de la baisse de la production industrielle (pour l’analyse de l’impact sur le secteur fiscal). • Les valeurs de la baisse de production et de l’augmentation des coûts de production dans le cas d’entreprises industrielles publiques (pour l’analyse du secteur fiscal). 78 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe Pour l’analyse de l’impact sur les individus ou les ménages, les estimations des pertes de produc- tion industrielle et l’impact sur l’emploi connexe doivent être communiquées à la personne ou aux personnes en charge de ce sujet. 3.3 Commerce 3.3.1  Considérations générales Le secteur du commerce ou des échanges commerciaux est affecté par tous les types de catas- trophes, à travers la destruction de ses avoirs physiques, les pertes de ventes ou les autres chan- gements intervenant dans les flux de son économie. Comme pour les autres secteurs, les dommages subis par les établissements commerciaux sont initialement mesurés en termes physiques puis, ultérieurement convertis en termes monétaires au moyen du coût de reconstruction ou de remplacement des avoirs physiques détruits, selon les mêmes normes de qualité et de quantité qu’avant la catastrophe.38 Les pertes, dans le secteur du commerce et des échanges commerciaux, sont la baisse des ventes de produits et les augmentations des coûts opérationnels résultant de la catastrophe. Pendant la période de reconstruction après la catastrophe, toutefois, la demande de vente de matériaux et de matériel de construction peut augmenter et compenser — voire parfois excéder — les pertes. Mais ces augmentations de la demande sont évaluées ultérieurement et l’estimation initiale des pertes ne doit pas prendre en considération cet impact positif indirect de la reconstruction. L’évaluation des dommages et des pertes pour ce secteur est plus complexe que dans les autres secteurs en raison du nombre habituellement important des boutiques commerciales existantes de différents types et de différentes dimensions dans les zones affectées. Une enquête par sondage spéciale des établissements commerciaux doit donc être effectuée 39 parallèlement à l’évaluation et utilisée en combinaison avec les informations de base existantes pour couvrir tout le secteur. Des ingénieurs civils sont nécessaires dans l’équipe d’évaluation pour estimer les dommages tandis que des économistes sont chargés d’estimer les pertes. 38  La possibilité de reconstruction ou de remplacement avec des normes améliorées, plus résistantes aux catastrophes, dans le cadre d’une stratégie de « reconstruire mieux » est introduite ultérieurement quand les besoins en relèvement et en reconstruction ont été estimés. L’inflation pluriannuelle doit également être introduite dans l’estimation des besoins chaque fois que les activités de relèvement et de reconstruction se prolongent plus d’une année calendaire. 39  En fait, une enquête par sondage conjointe est habituellement effectuée pour les secteurs de l’industrie et du com- merce puisque les informations requises sont essentiellement similaires pour les deux secteurs. 79 Note d’orientation DaLA : Volume 2 3.3.2  Informations de base Les informations de base suivantes sur les caractéristiques et la capacité du secteur des échanges commerciaux ou du commerce devront être obtenues pour fournir la base quantitative nécessaire à l’évaluation : • Nombre et dimension des établissements commerciaux dans la zone, par type de commerce. • Installations physiques caractéristiques dans chacun des secteurs, y compris une description du mobilier standard, de l’équipement et du stockage des produits. • Informations sur la valeur des ventes brutes annuelles ou mensuelles de chaque établis- sement commercial. • Informations quantitatives sur la destination habituelle des ventes, si elles sont destinées à une consommation domestique ou à être exportées à l’étranger. Ce type d’informations se trouve habituellement dans la dernière enquête sur le commerce ou le dernier recensement conduits par le ministère du commerce et/ou l’agence de la statistique. D’autres informations peuvent être obtenues à partir des comptes nationaux gérés par le bureau national des statistiques. Ces informations pouvant n’être plus d’actualité au moment de l’éva- luation, des projections sur l’année en cours doivent être faites sur la base des taux de croissance récemment enregistrés dans le secteur. Des informations additionnelles peuvent être obtenues à travers des contacts directs avec les représentants des chambres de commerce du secteur privé qui disposent habituellement d’in- formations détaillées sur les capacités et les ventes. En fait, ces organisations du secteur privé doivent devenir des partenaires dans la conduite de l’évaluation puisqu’elles sont habituellement enclines à définir les besoins en relèvement et en reconstruction post-catastrophe. Une typologie des magasins commerciaux, privés ou publics, est incluse dans l’évaluation. 3.3.3  Situation et performance après la catastrophe L’équipe du secteur commercial effectue une visite de terrain pour déterminer les effets de la catastrophe dans le commerce et les boutiques commerciales. Cette visite de terrain, combinée à l’enquête par sondage des établissements commerciaux types, donne lieu à une évaluation de la valeur des dommages et à une estimation des pertes. Les rapports existants — quelle que soit le degré d’exhaustivité de leur couverture — doivent être utilisés parallèlement aux visites sur le terrain et à l’enquête par sondage pour estimer le nombre d’établissements commerciaux de chaque type prédéfini ayant subi une destruction 80 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe totale ou partielle et dont les ventes peuvent avoir été affectées directement ou indirectement par la catastrophe. Les visites de terrain de l’équipe d’évaluation, accompagnées des informa- tions fournies par les réponses au questionnaire de l’enquête par sondage40 doivent permettre la définition du type moyen et de la valeur moyenne des dommages de chaque type d’établis- sement commercial, la durée de cessation ou de baisse des ventes pour différentes raisons41 et les besoins probables de relèvement et de reconstruction. Pendant les mêmes visites de terrain, des informations sont également obtenues à travers les entretiens avec les commerçants et les entrepreneurs en bâtiment sur les coûts unitaires de reconstruction et de remplacement des avoirs physiques et de remplacement des stocks de marchandises. A ce moment-là, il faut identifier les difficultés ou les limites envisagées par les propriétaires (par exemple, les besoins financiers et de crédit, la disponibilité de marchandises à vendre, la disponibilité de main d’œuvre, etc.). A partir des informations recueillies et des données de base sur les capacités physiques et le volume des ventes normal ou en l’absence de catastrophe, il doit être possible d’élaborer un scénario probable de la manière dont le secteur devrait normalement fonctionner jusqu’à ses pleines reprise et reconstruction. Ce scénario devra inclure l’élaboration de calendriers séparés pour la réparation et la reconstruction des bâtiments et des autres installations, le remplacement du matériel et des marchandises à vendre et la reprise progressive des niveaux de vente normaux ou antérieurs à la catastrophe. 3.3.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des dommages dans ce secteur est estimée sur la base du coût de reconstruction ou de réparation des bâtiments et des autres installations connexes ayant été totalement ou partiellement détruits et sur la base de la valeur de remplacement du mobilier, du matériel et des stocks de marchandise à vendre détruits en assumant leur remplacement avec la même capacité et la même qualité qu’avant la catastrophe.42 Un très grand nombre de divers types et 40  Une copie du questionnaire élaboré pour ce type d’enquête par sondage des établissements commerciaux est jointe en Annexe aux présentes Notes d’orientation. Il ne nécessite qu’une adaptation mineure pour saisir les informations sur les différents types de commerce dans le pays concerné, qui peuvent être obtenues à partir du système de comptes nationaux. 41  La cessation ou la baisse de production peuvent avoir plusieurs raisons possibles telles que la destruction des locaux, de l’équipement et des machines, l’indisponibilité temporaire de facteurs de production comme l’électricité et l’eau, et l’insuffisance temporaire de main d’œuvre et de marchandises à vendre. 42  L’augmentation des coûts associés à la reconstruction avec des normes améliorées et plus résistantes aux catas- trophes et à la modernisation des structures existantes doit être incluse dans l’estimation ultérieure des besoins dans l’évaluation. Si, pour une raison ou une autre, le matériel et les machines détruits ne peuvent être remplacés que par des machines plus modernes de capacité supérieure, les coûts additionnels associés doivent être pris en considération lors de l’estimation des besoins. 81 Note d’orientation DaLA : Volume 2 différentes dimensions d’établissements de commerce sera probablement trouvé dans la zone affectée et l’évaluation des dommages doit se baser sur les informations obtenues de l’enquête de sondage parallèle déjà mentionnée pour définir les valeurs moyennes des dommages pour chaque type de commerce. L’enquête par sondage indique aussi le nombre de chaque type de commerce totalement ou partiellement détruit. Il est ensuite procédé à une extrapolation de la valeur des dommages, sur la base d’un ratio supposé des magasins détruits par rapport au nombre total de magasins (en utilisant peut-être le même ratio que celui dérivé pour le secteur du logement, le cas échéant), couvrant l’intégralité des établissements commerciaux. L’exactitude de cette extrapolation est bien sûr d’une importance suprême et l’équipe d’éva- luation doit consacrer suffisamment de temps à discuter et convenir de ce ratio pour que les résultats puissent être totalement fiables. L’estimation de la valeur des pertes est fondée sur plusieurs considérations et le calendrier de leur occurrence est très important. Les pertes surviennent habituellement pendant la durée requise pour terminer totalement la reconstruction des locaux, le remplacement du mobilier et du matériel détruits et la pleine disponibilité des flux de matières premières à vendre. Les pertes risquent de découler des situations suivantes : • Dommages subis par les avoirs du secteur en termes de destruction de bâtiments, de mobilier et de marchandises à vendre. • Cessation temporaire des ventes due au manque d’électricité ou d’eau. • Rupture temporaire de disponibilité et d’entrée de marchandises. • Indisponibilité temporaire ou pénurie provisoire de main d’oeuvre. • Indisponibilité future de marchandises à vendre pouvant résulter des pertes attendues dans la production de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.43 • Insuffisance ou non-existence de fonds de roulement de l’entreprise commerciale. • Evolutions possibles (baisse ou augmentation) de la demande de marchandises pouvant découler respectivement de la baisse généralisée éventuelle des revenus de la population et de la demande importante anticipée de matériaux de reconstruction. Il est donc essentiel que l’équipe d’évaluation du secteur du commerce obtienne ou déduise un calendrier exhaustif explicitant quand et de quelle manière les facteurs limitants pourront être surmontés, en tenant dûment compte de la disponibilité limitée de financements adéquats. Cela renvoie au cas des produits alimentaires obtenus de l’industrie de transformation alimentaire tout en s’appli- 43  quant à d’autres entreprises agro-industrielles pouvant être confrontée à l’avenir à des pénuries de matières premières par suite de pertes dans la production primaire de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. 82 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe L’estimation des pertes devrait inclure une baisse éventuelle de la production et des augmenta- tions éventuelles des coûts de production. Les pertes dues à la baisse des ventes sont estimées sur la base du temps requis escompté pour revenir aux niveaux de vente normaux ou antérieurs à la catastrophe, après avoir surmonté les problèmes décrits ci-dessus. L’augmentation des coûts opérationnels pourrait découler des raisons suivantes : • Paiement d’heures supplémentaires au personnel pour traiter et résoudre les problèmes les plus urgents immédiatement après la catastrophe. • Locations de locaux de substitution pendant la reconstruction ou la réparation des locaux détruits ou endommagés. • Acquisition temporaire d’électricité et d’eau auprès de sources alternatives telles que la location ou l’acquisition de groupes électrogènes portables. • L’acquisition temporaire de marchandises auprès de sources alternatives pouvant être plus coûteuses et/ou d’origine plus lointaine, y compris d’autres pays. Les valeurs estimées des dommages et des pertes doivent être ventilées en fonction de leur appar- tenance au secteur public ou au secteur privé. A noter que les entreprises commerciales peuvent appartenir au secteur public, au secteur privé ou être mixtes. 3.3.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’équipe d’évaluation du secteur du commerce doit procéder à d’autres estimations des facteurs susceptibles d’avoir un impact tant au niveau macroéconomique qu’à celui des particuliers ou des ménages et les communiquer aux membres des équipes d’évaluation concernées, en charge de l’analyse des impacts. Les valeurs suivantes doivent être estimées pour l’analyse de l’impact macroéconomique : • La valeur et le calendrier des pertes de vente, exprimées en valeur actuelle, devant servir à l’analyse de l’impact de la catastrophe sur le produit intérieur brut et la croissance. • La composante importée des coûts de reconstruction du secteur du commerce (biens non-produits dans le pays affecté et devant être importés de l’étranger), exprimée en pourcentage (%) des besoins de reconstruction une fois qu’ils ont été évalués. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de l’impact sur la balance des paiements. • Valeurs estimées sur les recettes fiscales (taxes sur les ventes ou taxes sur la valeur ajoutée, selon la structure fiscale du pays) qui ne seront pas encaissées par le gouvernement par 83 Note d’orientation DaLA : Volume 2 suite de la baisse des ventes commerciales. Ces informations doivent être utilisées pour l’analyse de l’impact sur le secteur fiscal. • Les valeurs de la baisse des ventes et de l’augmentation des coûts de production dans le cas d’entreprises industrielles publiques (pour l’analyse du secteur fiscal). Pour l’analyse de l’impact sur les individus ou les ménages, les estimations des pertes commerciales et l’impact sur l’emploi connexe doivent être communiquées à la personne ou aux personnes en charge de ce sujet. 3.4 Tourisme 3.4.1  Considérations générales Le secteur du tourisme est hautement vulnérable aux effets et aux impacts des diverses catas- trophes. Cela pour trois principales raisons : premièrement, l’emplacement fréquent de ses avoirs dans des zones côtières vulnérables, deuxièmement le caractère volatile des demandes du tourisme par peur ou par désinformation sur les conséquences éventuelles des catastrophes et, troisièmement, compte tenu du caractère saisonnier du tourisme à forte demande, les revenus d’une saison touristique entière sont souvent perdus après une catastrophe. La capacité en lits des hôtels permet de mesurer la disponibilité des avoirs dans le secteur (aptitude à gérer des services et à accueillir des touristes étrangers et nationaux). Après une catastrophe, la capacité en lits chute par suite de la destruction totale ou partielle des hôtels et autres installations connexes. La persistance d’arrivée de touristes, étrangers en particulier, dépend de la perception de ce qui s’est produit dans la zone affectée après la catastrophe44 et la désinformation peut jouer un rôle négatif dans le relèvement de la demande des services touristiques. Le temps nécessaire à la reprise complète de la demande en tourisme après la catastrophe peut être plus long que le temps nécessaire pour rétablir la capacité en lits. L’impact négatif des catastrophes sur le tourisme se traduit par la diminution du volume des recettes en devises, la baisse éventuelle de l’emploi domestique et la baisse éventuelle de 44  Cette situation s’est produite au Mexique après l’éruption de la pandémie de grippe porcine. Les touristes étrangers qui ont un impact significatif sur l’économie du pays, ont cessé de se rendre sur les sites touristiques du Mexique indépendamment du fait que la grippe était relativement clémente et que certaines zones touristiques (comme Cancun) n’avaient enregistré aucun décès dû à la grippe. Au total, les pertes de recettes émanant du tourisme étranger se sont élevées à 2.300 millions USD. 84 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe production de revenus pour le gouvernement puisque de nombreux pays ont des taxes spé- ciales sur les recettes du tourisme. Les pays dont le secteur du tourisme représente une fraction significative du produit intérieur brut devraient logiquement être plus vulnérables que ceux où le tourisme est limité. Dans ce secteur, les dommages sont initialement estimés en termes physiques. Ils sont ultérieurement convertis dans la valeur monétaire permettant de ramener les avoirs aux mêmes normes de qualité et de quantité qu’avant la catastrophe au moyen des coûts unitaires de réparation, de reconstruction ou de remplacement des avoirs du secteur.45 Les pertes, dans ce secteur, sont, d’une part, la baisse des revenus due à la non-disponibilité temporaire des avoirs détruits et du nombre de touristes et, d’autre part, l’augmentation des coûts d’exploitation des installations touristiques — comme l’approvisionnement en eau et en électricité à partir de sources alternatives) et les coûts imprévus de promotion du tourisme pour convaincre les visiteurs à revenir. Ces pertes ont un double impact dans la mesure où elles peuvent non seulement réduire le PIB mais aussi avoir un effet négatif sur la balance des paiements puisque un flux de devises important peut être interrompu. Cet aspect sera abordé ultérieurement. Là encore, dans ce secteur, il doit être procédé à une évaluation détaillée de chaque installation touristique puisque les avoirs sont habituellement distincts les uns des autres et que l’approche d’élaboration de types d’avoirs employée dans le secteur du logement ne convient pas ici. Cette approche implique des visites de tous les centres et installations de tourisme affectés. Une assistance peut être obtenue auprès des associations hôtelières du pays. L’équipe d’évaluation doit comprendre des architectes et des ingénieurs civils chargés de l’estimation de la valeur des dommages et un économiste chargé de l’estimation des pertes. A noter que le secteur du tourisme peut ne pas être identifié comme un secteur individuel dans le système des comptes nationaux de certains pays mais plutôt comme faisant partie du secteur du commerce. Lorsque tel est le cas, les valeurs des dommages et des pertes du tourisme doivent être ajoutées à celles du secteur du commerce. Le tourisme est traité comme un secteur à part dans les présentes notes d’orientation car, dans certains petits pays, en particulier dans les petits pays insulaires en développement, les activités touristiques contribuent souvent pour une grand part au PIB et sont donc traitées séparément dans les comptes nationaux. 45  Comme pour tout autre secteur, la réparation, la reconstruction ou le remplacement des avoirs du tourisme selon des normes améliorées, plus résistantes aux catastrophes d’une stratégie de reconstruction de « reconstruire mieux » devront être considérées ultérieurement au moment de l’estimation des besoins en relèvement et en reconstruction. A ce moment-là, l’inflation pluriannuelle vient s’ajouter chaque fois que le programme de reconstruction dure plus longtemps qu’une année calendaire. 85 Note d’orientation DaLA : Volume 2 3.4.2  Informations de base Les informations de base quantitatives suivantes sont le minimum nécessaire pour l’estimation des dommages et des pertes dans le secteur du tourisme : • Nombre, dimension et localisation de tous les avoirs touristiques existant dans les zones affectées. • Description et quantité du mobilier, du matériel et des autres biens types trouvés habi- tuellement dans le secteur. • Statistiques des arrivées et des variations saisonnières des touristes, nationaux et étrangers, dans la mesure où elles doivent probablement être différentes. • Informations sur la durée moyenne de séjour des touristes dans le pays ou dans la zone, leurs dépenses moyennes (touristes nationaux et étrangers). • Données sur les droits ou taxes spéciales appliqués aux ressortissants étrangers, notam- ment coûts de visas, taxes spéciales sur le tourisme, etc. L’endroit où rechercher et obtenir la plupart des informations de base est l’agence de la statistique du pays puisque c’est là que sont habituellement les données sur le nombre et la provenance des touristes ainsi que les variations saisonnières. C’est également là que sont conservées les données sur la durée moyenne de séjour des touristes et leurs dépenses moyennes. De nombreux pays où le tourisme est important effectuent des enquêtes annuelles sur le secteur. L’association des opé- rateurs ou des entrepreneurs du tourisme du secteur privé peut avoir des informations détaillées comme référence et pourrait être disposée à apporter sa coopération à l’évaluation. 3.4.3  Situation et performance après la catastrophe Il est essentiel d’effectuer une visite de terrain détaillée pour avoir une connaissance de première main des effets de la catastrophe sur les infrastructures et les installations du secteur. Ces infor- mations servent à évaluer la valeur des dommages et à estimer les pertes. Pendant la visite, des entretiens spéciaux sont organisés avec les propriétaires d’hôtels et les opérateurs du tourisme pour s’enquérir de leur point de vue sur la situation et déterminer leurs besoins particuliers pour le relèvement et la reconstruction. D’autres informations importantes sont recueillies à travers ces entretiens comme le fait de savoir s’il existe une assurance et si elle couvre à la fois les infrastructures et les pertes de revenus. Les rapports existants de la phase d’urgence — quelle que soit leur degré d’exhaustivité — doivent être rassemblés et servir à guider la visite de terrain. Cela permettra de visiter et d’évaluer tous les avoirs affectés du secteur. Il est probable que les propriétaires d’hôtels aient commandé des 86 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe évaluations à des évaluateurs privés et/ou que les compagnies d’assurance couvrant les avoirs aient procédé à leurs propres estimations. L’équipe d’évaluation devra s’efforcer d’obtenir ces informations avant son estimation. L’équipe d’évaluation du secteur devra rencontrer des entre- preneurs de construction privés intervenant dans la zone affectée pour obtenir des informations sur les coûts unitaires types de construction et de réparation qui pourraient être utilisés pour l’estimation des dommages. L’équipe pourra aussi recueillir les avis et opinions sur le temps nécessaire aux réparation/reconstructions. Pendant la visite de terrain, l’équipe d’évaluation devra obtenir des données directement auprès des propriétaires d’hôtels et des opérateurs d’entreprises touristiques sur l’occupation en lits effective depuis la catastrophe. Ces données pourront servir à la comparaison avec les tendances et les conditions normales ou en l’absence de catastrophe.46 A l’aide de ces informations de terrain et des données de référence précédemment recueillies, l’équipe d’évaluation élaborera un scénario sur la manière dont la capacité en lits du secteur sera restaurée au fur et à mesure de la reconstruction. Les projections sur la reprise du tourisme doivent également être préparées, en distinguant les touristes nationaux des touristes étrangers et en gardant à l’esprit que la reconstruction de la capacité en lits et la demande des prestations du tourisme ne vont pas nécessairement de pair. La reprise des arrivées de touristes étrangers peut être incertaine mais les informations sur des catastrophes précédentes peuvent servir dans les projections. Des campagnes peuvent également être conçues pour informer en conséquence les clients potentiels à l’étranger. Ces estimations et ces projections devraient permettre de préparer un calendrier de reprise pro- gressive, pouvant également servir à l’estimation ultérieure des pertes. 3.4.4  Estimation des dommages et des pertes La valeur des pertes doit être estimée au coût de reconstruction ou de réparation de tous les bâtiments et installations connexes ayant été (totalement ou partiellement) détruits, du mobi- lier, du matériel et des autres biens dans les bâtiments, en assumant qu’ils soient remplacés ou reconstruits aux normes de qualité et de quantité d’avant la catastrophe.47 Ces coûts sont basés sur les coûts unitaires réels de construction et de réparation obtenus par l’équipe d’évaluation 46  Il faut veiller à ne pas être trop optimiste quant aux estimations d’occupation des hôtels en référence aux importantes équipes d’assistance humanitaire dont le séjour n’est pas de longue durée et sans aucun rapport avec le tourisme et qui pourrait déformer les estimations de la baisse réelle d’arrivée de touristes étrangers. 47  L’amélioration de la qualité et de la quantité sous forme d’une stratégie de reconstruction selon le principe du « reconstruire mieux » doit être prise en compte pour l’estimation ultérieure des besoins post-catastrophe. 87 Note d’orientation DaLA : Volume 2 après avoir rencontré des entrepreneurs de construction sûrs et/ou après avoir révisé les estima- tions de l’assureur. Une définition claire du calendrier nécessaire de reconstruction et de restauration de la capacité nominale en lits est préparée dans le cadre de l’évaluation des dommages. Il indiquera les intrants/ contributions essentiels pour l’estimation des pertes. Pour éviter les doubles comptes dans l’évaluation, l’équipe doit s’assurer que les dommages subis par les avoirs et les services du tourisme liés à l’environnement soient adéquatement intégrés dans l’évaluation du secteur de l’environnement. En outre, ce n’est que quand les routes, les services de l’eau, de l’assainissement et de l’électricité endommagés appartiennent aux hôtels et sont exploités par eux qu’ils doivent être inclus dans le secteur du tourisme. Si tel n’est pas le cas, ils doivent être inclus respectivement dans les secteurs du transport, des communications, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement et de l’électricité. Pour l’estimation des pertes, l’équipe d’évaluation peut initialement assumer que les pertes apparaissent au fur et à mesure de la reconstruction de la capacité en lits puis introduire avec précaution le schéma le plus probable de reprise du tourisme étranger permettant la pleine reprise de la demande. En d’autres termes, les pertes doivent être estimées sur une période définie par : • les réparations ou la reconstruction des avoirs physiques ou environnementaux endom- magés et/ou • le dépassement par les touristes étrangers de la peur ou du manque d’informations. L’équipe d’évaluation doit avoir conscience que l’arrivée de touristes étrangers peut chuter pendant toute une saison touristique, compte tenu du temps requis pour reconstruire les avoirs et de la nécessité de concevoir et d’effectuer des campagnes d’information et de promotion à l’étranger. La demande des touristes nationaux devrait suivre une tendance et un calendrier différents (et plus positifs). En résumé, l’équipe d’évaluation doit élaborer le calendrier de la performance du secteur après la catastrophe, combinant un calendrier de reprise progressive de la capacité en lits (le côté offre du secteur) et le calendrier de la reprise possible des arrivées de touristes nationaux et étrangers (le côté demande). A son tour, la reprise de la capacité en lits dépend de la capacité du secteur de la construction du pays, du calendrier de financement de la reconstruction et des contraintes bureaucratiques liées à la délivrance des permis et des autorisations de construire. De même, la reprise de la demande dépendra de l’opportunité et de l’efficacité des campagnes d’information pour regagner la confiance des groupes cibles de touristes, traditionnels et nouveaux. Outre les 88 Conduite des évaluations des dommages et des pertes après une catastrophe pertes de revenus, le secteur peut aussi souffrir de l’augmentation des coûts opérationnels. Dans la mesure où ces coûts affectent la performance des entreprises, ils doivent également être inclus dans l’évaluation. Ces coûts peuvent être le paiement d’heures supplémentaires au personnel et l’augmentation des coûts d’obtention d’eau (par exemple, en faisant venir des camions-citernes) et d’électricité (en louant des groupes électrogènes portatifs) pendant la réparation des services habituels. De nombreux autres coûts imprévus sont possibles. 3.4.5  Contributions aux analyses de l’impact macroéconomique et sur les individus L’équipe d’évaluation du secteur du tourisme doit estimer en outre les effets allant au-delà des dommages et des pertes et susceptibles d’avoir des conséquences aussi bien au niveau macroéco- nomique qu’à celui des particuliers et des familles. Ces estimations sont ensuite communiquées aux membres pertinents de l’équipe d’évaluation, chargés de l’analyse des impacts. L’analyse de l’impact économique doit examiner les données suivantes : La valeur estimée et le calendrier des pertes de revenus, exprimés en valeurs actuelles, devant servir à l’analyse de l’impact de la catastrophe sur le produit intérieur brut. • Les valeurs estimées correspondantes et le calendrier des pertes en devises dues à l’absence temporaire d’arrivée de touristes étrangers, la valeur estimée et le calendrier des campagnes d’informations et de promotion pour regagner la confiance des touristes étrangers, à prendre en compte dans l’analyse de la balance des paiements. • La valeur estimée et la baisse temporaire des recettes du gouvernement correspondant à la baisse d’arrivées de touristes étrangers (taxes sur le tourisme et les ventes, visas et permis de tourisme, etc.) à prendre en compte dans l’analyse de l’impact fiscal. Le montant du financement escompté du gouvernement de la campagne d’information et de promotion, à prendre en compte dans l’analyse du secteur fiscal. Pour l’analyse de la baisse des revenus des particuliers ou des ménages, l’équipe d’évaluation du secteur du tourisme doit communiquer les données et le calendrier des pertes des recettes du tourisme à l’expert chargé de ce sujet. 89 WWW.GFDRR.ORG