54796 No. 168 October 2001 Scolarisation des Filles dans Quatre Pays de l'Afrique Francophone : Le Rôle de la Communauté L'objectif principal des recherches menées dans quatre pays africains (le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et la Mauritanie) était de déterminer et clarifier les facteurs qui contribuent au succès de la scolarisation des filles ainsi que les conditions propices à son essor. Ces recherches ont également révélé que les problèmes liés à la scolarisation des filles, ainsi que les facteurs de succès, s'inscrivent dans une dynamique au sein de laquelle les communautés détiennent un rôle. En fait, celles-ci représentent une importante source d'appui dans la mesure où elles rassemblent des acteurs dont les interventions concertées ont un impact crucial. Cet article analyse le rôle des communautés en tant que facteurs de succès de la scolarisation des filles. Les Associations des Parents d'Elèves (APEs) et les Associations des Mères d'Elèves (AMEs) sont inclues dans cette analyse, car elles sont inhérentes aux communautés. L'Impact de la Communauté sur la Scolarisation des Filles Des campagnes d'information ont été lancées au cours de ces dix dernières années afin d'aider la population des pays africains à prendre conscience de l'importance que revêt la scolarisation des filles. Ces efforts ont eu des résultats positifs auprès des communautés vivant dans les zones urbaines et rurales. Bien que les mesures visant à assurer le succès de la scolarisation des filles varient d'un pays à l'autre, les recherches montrent que les filles atteignent de meilleurs résultats dans des communautés homogènes qui participent activement aux activités liées à l'éducation en général, et à la scolarisation des filles en particulier. De telles communautés participent, par exemple, à la construction de salles d'écoles, la gestion des réfectoires, la prestation d'équipements et l'entretien des bâtiments des écoles. Des campagnes d'information ont été lancées au cours de ces dix dernières années afin d'aider la population des pays africains à prendre conscience de l'importance que revêt la scolarisation des filles. Ces efforts ont eu des résultats positifs auprès des communautés vivant dans les zones urbaines et rurales. Bien que les mesures visant à assurer le succès de la scolarisation des filles varient d'un pays à l'autre, les recherches montrent que les filles atteignent de meilleurs résultats dans des communautés homogènes qui participent activement aux activités liées à l'éducation en général, et à la scolarisation des filles en particulier. De telles communautés participent, par exemple, à la construction de salles d'écoles, la gestion des réfectoires, la prestation d'équipements et l'entretien des bâtiments des écoles. Au Burkina Faso, grâce au soutien financier ou matériel des communautés, les écoles ont pu fournir aux élèves les instruments scolaires de base dont ils avaient besoin (manuels pédagogiques, livres de texte, bâtons de craie) ainsi que des équipements sportifs. Dans certains cas, c'est la communauté elle-même qui entreprend de construire des salles de classe supplémentaires pour répondre à la demande. Au Mali, grâce à une vaste campagne de mobilisation, les communautés ont atteint des résultats impressionnants dans les écoles Dogosso. Avec l'assistance d'une organisation internationale non-gouvernementale, la communauté de Koubéwel-Koundia a créé sa propre école communautaire et assure la rémunération des enseignants. Elle aide également le directeur de l'école dans ses efforts visant à encourager les filles à s'inscrire et consacre autant d'attention aux filles qu'aux garçons. En outre, les membres des communautés prennent des mesures afin de faciliter l'usage de la langue Dongo en classe. La communauté a les moyens de payer les impôts, dont une partie sert à assurer les besoins des écoles. Par ailleurs, [l'étude] met en évidence le rôle fondamental qui revient aux APEs en ce qui concerne la scolarisation des filles. De même, la récente création d'AMEs au Burkina Faso a suscité l'intérêt des équipes chargées des recherches. Les APEs, quant à elles, continuent de multiplier leurs activités et leur rôle ne cesse de s'élargir. Les efforts que déploient ces deux types d'associations au niveau de la scolarisation des enfants sont remarquables. Les Associations des Parents d'Elèves (APEs) A travers leurs multiples activités liées à la vie scolaire, les APEs sont devenues de vrais acteurs au sein de la société civile en ce qui concerne le développement de l'enseignement. Les autorités publiques, ainsi que les organisations nationales et internationales, les considèrent comme des participants à part entière. Les activités variées que ces associations entreprennent peuvent prendre les formes suivantes: · Participation à la construction de salles de classes et/ou la prestation de matériaux de construction ; · Entretien et réhabilitation de l'infrastructure et de l'équipement des écoles ; · Contribution au financement des réfectoires des écoles ; · Coordination et résolution des problèmes qui opposent l'administration des écoles aux parents ; · Organisation et supervision des cours du soir ; · Recherche de source externes de financement afin d'assurer l'expansion de l'école ; · Campagnes d'information visant à faire reconnaître aux parents les avantages qu'offre la scolarisation des filles ; · Déploiement d'efforts en vue d'assurer la transparence au niveau des examens. L'expérience des APEs au Mali (Ireli et Madougou) mérite d'être soulignée. En plus de leur rôle traditionnel, ces APEs ont des activités qui dépassent le cadre de l'école. Par exemple, lorsqu'une jeune fille réussit un examen d'entrée en sixième ou troisième et doit quitter le domicile familial pour poursuivre ses études ailleurs, l'APE se charge de lui trouver un logement. A Ireli, les APEs vont jusqu'à rendre visite aux étudiantes pour s'assurer de leur bien-être. L'exemple d'une APE Dans la région de Bandiagara au Mali, l'APE contribue au financement du réfectoire de l'école de Goundaka en fournissant des réserves de blé. Elle est également responsable du fonctionnement du réfectoire. De plus, elle participe aux campagnes d'information au sein de la communauté. Chaque semaine, deux femmes sont chargées de préparer les repas et surveillent les enfants (ceux dont les familles vivent dans les régions les plus éloignées sont internes à l'école même). L'APE a également créé un fonds spécial destiné à aider les filles issues des familles les plus pauvres. Ainsi, pendant des années, cinq filles ont reçu gratuitement des fournitures scolaires, des vêtements ainsi que des cadeaux en fin d'année. La mère de l'une des élèves a reconnu que sans l'appui de l'APE, sa fille n'aurait pu poursuivre ses études. (Cet appui était d'autant plus opportun qu'il est survenu au moment où la famille se trouvait confrontée à de graves problèmes, suite au décès du père). Les Associations des Mères d'Elèves (AMEs) Une Association des Mères d'Elèves a été créée au Burkina Faso en 1992 dans la région du Sissili par un petit groupe de femmes qui souhaitaient participer et contribuer davantage à l'éducation de leurs enfants. D'après ces mères de familles, les APEs qu'elles avaient jointes ne leur avaient pas permis d'atteindre leurs objectifs. La raison invoquée étant que la plupart de ces associations étaient dirigées par des hommes, peu soucieux d'intégrer les filles à leurs activités. L'initiative de ces femmes, par contre, a réussi à impliquer un plus grand nombre de femmes dans le développement des activités des écoles et dans l'éducation des filles. Les objectifs des AMEs ont consisté à : · Accroître les taux d'inscription et de succès des élèves, en particulier des filles ; · Faciliter l'accès des élèves aux écoles et réduire le taux d'abandon ; · Permettre à davantage de jeunes filles d'achever leurs études ; · Préparer les filles à s'intégrer à leur environnement et les former aux capacités dont elles auront besoin pour gérer leurs vies ; · Permettre aux femmes de travailler ensemble afin d'assurer leur participation à part entière dans l'éducation de leurs enfants, et de leurs filles en particulier. Les AMEs ont réussi à changer les relations entre les parents et les écoles. Elles sont également parvenues à modifier les attitudes des parents vis-à-vis de l'éducation des filles. Loin de s'être fixées des objectifs qui pourraient être en conflit avec ceux des APEs, les AMEs, en fait, complémentent les activités de ces dernières. Du reste, elles ont donné l'occasion à davantage de femmes de prendre part aux réunions organisées dans les écoles. Conclusion Lorsque les ressources nécessaires à l'éducation des enfants sont limitées en raison de contraintes budgétaires nationales, c'est à la société civile qu'il revient d'assurer une partie des dépenses. Les efforts communs déployés par la communauté, les APEs et les AMEs afin d'accroître le taux d'inscription des filles met en évidence un autre aspect de la participation des communautés et crée une synergie positive qui devrait profiter à l'éducation des jeunes africains. Des recherches antérieures ont démontré le rôle important que les mères peuvent jouer au niveau du succès académique de leurs filles. Conséquemment, l'influence positive des AMEs n'a rien de surprenant. Ainsi, il apparaît que la communauté, les APEs et les AMEs sont le moteur du développement des ressources humaines et économiques. Il est donc essentiel d'augmenter la participation de leurs membres au niveau des prises de décision concernant l'éducation des filles. Car, en dernier ressort, ce sont eux qui, sur la base de leur propre système d'évaluation, jugeront s'il est nécessaire ou pas d'envoyer leurs enfants à l'école. Cette analyse est basée sur une étude dirigée par Mme. Aminata Maiga-Touré dans quatre pays de l'Afrique francophone. Une version condensée de cette expérience se trouve dans Findings No.164, d'août 2000. Pour toute information supplémentaire, veuillez contacter Mme. Aminata Maiga-Touré, Bureau J-9-010, Banque mondiale, 1818 H Street, N.W. Washington, D.C. 20433. Tel. (202) 458-2854, e-mail : Amaiga@worldbank.org