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Le Ministre
Second Prêt de Politique de Développement du Programme d'appui au développement
du marché des capitaux et du financement des PME
Lettre de politique de développement
Monsieur le Président,
Le Royaume du Maroc s'est résolument inscrit, durant les deux dernières décennies, dans un
processus de modernisation de son secteur financier afin d'accompagner et de soutenir le
développement économique et social du pays. Ce processus a permis d'améliorer l'inclusion
financière et l'accès au financement des Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME), de
renforcer le rôle du marché des capitaux dans le financement de l'économie et de consolider le
cadre de contrôle et de supervision du secteur financier en vue d'assurer sa solidité, sa pérennité et
sa stabilité. Aujourd'hui le Royaume dispose d'un secteur financier moderne doté d'une large
gamme d'instruments financiers, de l'infrastructure de marché nécessaire et d'une base solide
d'investisseurs institutionnels. De même, d'importants progrès ont été réalisés en termes de
transparence et d'intégrité du secteur financier à travers la consolidation de notre système de
paiement, et le renforcement des prérogatives des autorités de supervision de ce secteur.
Le Gouvernement a la volonté de continuer les efforts de modernisation et de développement du
secteur financier et de franchir une nouvelle étape dans ce processus en capitalisant sur les acquis.
Cette nouvelle génération de réforme est inscrite comme une priorité pour le Gouvernement qui ne
ménagera aucun effort pour la faire aboutir. Nous souhaitons que la Banque Mondiale nous
accompagne à nouveau dans cette nouvelle phase de réformes comme cela a été fait avec succès
dans le cadre des précédents programmes de développement du secteur financier.
Le nouveau programme gouvernemental en matière de modernisation du secteur financier est
structuré autour des principaux objectifs suivants :
•  le renforcement des solutions de financement en faveur des petites et jeunes entreprises et de
l'accès universel au financement qui constituent une source importante de développement
socio-économique équitable et pérenne et de création de richesse et d'emplois ;
"  l'approfondissement du marché des capitaux en élargissant la gamme des instruments et des
investisseurs pour que le secteur financier joue pleinement son rôle en matière de mobilisation
de l'épargne et de son allocation optimale pour le financement de l'investissement et de
l'économie ;
•  le lancement de la réforme du système de retraite pour garantir l'équilibre financier du système
et sa viabilité dans une perspective à long terme ;
•  le renforcement de la supervision du secteur afin d'assurer l'équilibre e tre un meilleur accès
aux instruments et services financiers et une stabilité financière durable.


Ces objectifs ont été traduits dans les quatre piliers suivants du programme de développement
proposé pour un appui de la Banque Mondiale.
Pilier A: Renforcement des solutions de financement en faveur des petites et jeunes
entreprises et l'accès universel au financement:
La fonction principale du système financier est de financer « l'économie réelle » notamment en
offrant des solutions de financement adaptées aux besoins et aux spécificités des différentes
catégories d'entreprises et en particulier des TPIME.
Notre réussite économique est en effet largement tributaire de la capacité des TPME à réaliser
pleinement leur potentiel de croissance. Les TPME constituent en effet un vivier pour le
développement du tissu productif et une source non négligeable de croissance économique et ce,
d'autant plus qu'elles forment l'ossature de nos entreprises.
Ces entités restent toutefois fragiles en raison de leur taille, la faiblesse de leurs moyens financiers,
techniques et humains et leur manque de maîtrise de l'évolution du marché.
Ce sont ces fragilités qui fondent les besoins de ces entreprises en termes d'accès aux marchés, de
financement, et d'accompagnement de façon générale.
C'est pourquoi les TPME sont au centre des préoccupations des pouvoirs publics et des
programmes de soutien au secteur privé.
Dans ce cadre, plusieurs réformes et mesures ont été programmées et qui sont orientées vers
l'amélioration de l'environnement institutionnel de ces entreprises et la mise en place d'instruments
d'appui pour faciliter leur accès au financement. On peut citer, à cet égard:
La promotion de nouvelles solutions de financement dédiées aux petites et jeunes entreprises.
Les efforts du Gouvernement dans ce cadre ont été soutenus par les autorités de supervision et
les principales institutions financières de la place. Ainsi et en application de la stratégie
gouvernementale, Bank A-Maghrib (BAM, le Groupement professionnel des Banques du
Maroc (GPBI) et la Caisse Centrale de Garantie (CCG) ont convenu en juin 2014 de la mise
en place du « Fonds de soutien financier des TPME ». Ce fonds destiné au cofinancement, avec
les établissements de crédit, des TPNIE viables mais connaissant des difficultés passagères en
raison d'une conjoncture difficile dans l'objectif de préserver les activités productives des
ITPM  , en particulier des entreprises exportatrices et celles opérant dans le secteur industriel.
Ce fonds a été alimenté de 3,6 Milliards de Dirhams des ressources propres des banques et
donné en gestion à la CCG. Il a bénéficié depuis son démarrage effectif en octobre 2014 et
jusqu'au 31 mars 2016, à 245 entreprises pour une enveloppe globale de 1,55 milliard de DH
jumelée à des crédits bancaires totalisant environ 1,1 milliard de DPI.
• La notation du crédit qui devra contribuer à améliorer les conditions de financement des
entreprises et faciliter le suivi de leur capacité financière par les institutions de crédit. Dans ce
sens, et à l'issue d'un appel d'offres lancé en 2015, BAM a sélectionné deux sociétés dont l'une
lance un nouveau Credit Bureau et l'autre reprends le Credit Bureau actuel. Les engagements
des deux Credit Bureau, conformément à l'appel d'offres, incluent la fourniture, en plus du
rapport de solvabilité utilisé actuellement par les établissements de crédit, de services à valeur
ajoutée tels que le scoring et la gestion du portefeuille.
• La couverture des besoins de trésorerie des entreprises. Ainsi et suite aux recommandations des
assises nationales sur la fiscalité tenues à Skhirat les 29 et 30 avril 2013, la loi de finances pour
l'ainée budgétaire 2014 a prévu le remboursement du crédit de TVA         cumulé selon les
modalités à fixer par voie réglementaire. A cet effet, le décret d'application n°2-14-271 publié auJ
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Bulletin officiel (B.0) n°6252 en date du le mai 2014 prévoit le remboursement, au profit des
PME, des crédits de TVA et fixe le mode et le calendrier de ces remboursements. Ce décret a
été mis en ouvre après deux mois de sa publication au B.0 et les remboursements effectués au
bénéfice desdites PME s'élèvent à plus de 254 MDH à la fin du premier semestre 2016.
Pilier B: Approfondissement du marché des capitaux en élargissant la gamme des
instruments et des investisseurs:
Le marché des capitaux marocain a connu des mutations profondes suite aux différentes réformes
menées au cours des deux dernières décennies. Ces réformes ont permis de renforcer sa
profondeur, son efficience et sa solidité.
S'inscrivant dans le même objectif, les pouvoirs publics ont lancé une nouvelle génération de
réformes qui vise à mettre en place de nouveaux instruments répondant aux besoins exprimés par
les opérateurs de marché des capitaux et à rapprocher ce dernier des meilleurs normes et standards
internationaux.
Dans ce cadre, deux lois ont été adoptées à savoir la loi n°19-14 relative à la Bourse des valeurs, aux
sociétés de bourse et aux conseillers en investissement financier et la loi n°70-14 relative aux
organismes de placement collectif en immobilier (OPCI).
La loi régissant la Bourse des valeurs vise, d'une part, à moderniser le cadre législatif régissant cette
institution et, d'autre part, à permettre la mise en place de nouveaux marchés. Les principaux
apports de cette loi consistent en
•  La création de deux marchés à savoir le marché principal et le marché alternatif. Le marché
principal comprendra notamment des compartiments réservés à la négociation des fonds
collectifs notamment les Exchange Traded Funds (ETF) et les fonds immobiliers. Le marché
alternatif sera pour sa part dédié aux PME avec des conditions d'accès adaptées aux spécificités
de cette catégorie d'entreprises. La société gestionnaire peut également offrir des services de
cotation pour des instruments financiers non admis à la négociation sur le marché réglementé.
•  L'encadrement de l'activité des conseillers en investissement financier afin de mieux renforcer
la protection des investisseurs. Cet encadrement sera effectué à travers la délimitation du champ
des services d'investissement financier et l'obligation d'enregistrement auprès de l'AMMC des
conseillers en investissement avant l'exercice de cette activité.
Par ailleurs, la gamme des instruments financiers offerte aux investisseurs sera renforcée également
par le lancement des OPCI qui figurent parmi les principaux véhicules d'investissement répondant
aux critères de placement moderne et contribuant fortement au dynamisme des marchés
immobiliers et à la sécurité de l'épargne. Ainsi, la mise en place de cette loi permettra, d'une part, de
mobiliser l'épargne longue et de l'orienter vers le financement de l'immobilier et de l'immobilier
professionnel (Bureaux, commerce, zone industrielle) renforçant et améliorant ainsi l'offre
immobilière pour les entreprises notamment les PME, et d'autre part, d'offrir aux investisseurs
institutionnels un nouvel instrument de placement à long terme, réglementé et offrant des
perspectives de rendement intéressantes.
Le Gouvernement est conscient que les transactions financières sont également porteuses de
risque, c'est pour cela que le renforcement du dispositif de gouvernance et de sécurisation du
secteur financier constitue un des piliers du processus de modernisation du secteur. La réalisation
de cet objectif passe par le renforcement de l'indépendance et des pouvoirs d'intervention des
autorités de supervision. Ainsi, au niveau du marché des capitaux, la loi relative à l'Autorité
Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) vient consacrer l'indépendance de l'autorité       rg


de la supervision du marché des capitaux et la doter de prérogatives larges notamment en matière
de contrôle de l'ensemble des compartiments et des intervenants du marché des capitaux.
Dans le cadre de l'opérationnalisation de l'AMMC, et après la nomination, par Sa Majesté le Roi, de
la Présidente de l'AMMC, il a été procédé à la nomination des membres du conseil d'administration
qui comprend des administrateurs indépendants. Cette autorité a tenu sa première réunion le 10
mars 2016 et a nommé les membres de son collège de sanction dont la présidence est assurée par
un magistrat.
Une deuxième réunion a été tenue le 30 mars 2016 et a examiné le Règlement Général de cette
autorité qui fixe notamment les modalités de fonctionnement de cette institution et du collège des
sanctions, la procédure des sanctions, les modalités et les conditions d'habilitation de certaines
fonctions ainsi que les règles déontologiques applicables au personnel de 'AMMC. Ce Règlement
Général a été approuvé par arrêté du Ministre de l'économie et des finances en date du 14 juillet
2016.
En outre, et afin de consolider l'efficience du marché des capitaux dont le marché de la dette
publique constitue une composante importante, le Gouvernement a lancé une importante réforme
pour renforcer la transparence et l'efficience de ce marché en précisant notamment les conditions
de cotation des bons du Trésor ainsi que les engagements que doivent observer les intervenants sur
ce marché. L'amélioration du fonctionnement du marché de la dette publique passe également par
la réduction sensible du nombre de lignes des bons du Trésor en circulation.
L'approfondissement du rôle du marché des capitaux dans le financement de l'économie et le
soutien des politiques sectorielles ambitieuses lancées par les Pouvoirs publics passe également par
la diversification des instruments financiers.
Pilier C : Lancement de la réforme du système de retraite:
Le Gouvernement a lancé une réforme intégrée des régimes de retraite pour garantir l'équilibre
financier du système et sa viabilité dans une perspective à long terme. Dans ce cadre, le
Gouvernement a annoncé comme première étape la réforme paramétrique de la Caisse Marocaine
des Retraites (CMR). Cet engagement a été reflété dans les projets de loi relatifs à la modification
des paramètres de la CMR et à la réforme du système de retraite qui ont été adoptés par le CG en
date de 07 janvier 2016.
Les mesures prévues dans ce cadre sont principalement de deux ordres:
*  Renforcer la résilience des secteurs de la retraite à travers la réforme du régime des pensions
civiles géré par la Caisse Marocaine des Retraites (CMR) pour introduire une réforme
paramétrique du régime afin de renforcer sa viabilité et réduire sensiblement sa dette implicite;
*  Renforcer le caractère inclusif des secteurs de la retraite à travers notamment: (i) la couverture
des indépendants par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) en les intégrant dans
l'assurance maladie obligatoire (AMO) et (ii) l'augmentation progressive du seuil minimum de
la pension des retraités du secteur public (CMR et RCAR) de 1000 à 1500 DH.
Ces lois ont été adoptées par le parlement le 20 juillet 2016 et ont été publiées au BO du 30 août
2016.
La pérennité de ce secteur sera également assurée par le contrôle confié à la nouvelle autorité
(ACAPS) qui a été dotée de pouvoirs larges et d'une indépendance confirmée. Son conseil
autorisera la supervision sur site et hors site de nos régimes de retraite
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Pilier D: Renforcer la surveillance par les superviseurs afin d'assurer l'équilibre entre un
meilleur accès au financement et une stabilité financière durable :
La nouvelle loi bancaire vise à renforcer la solidité et la stabilité du secteur financier. Les principaux
apports de cette loi sont la mise en place d'un cadre de surveillance macro-prudentielle et de
gestion des crises systémiques, le renforcement de la réglementation prudentielle et l'encadrement
des conglomérats financiers.
Par ailleurs, les établissements de crédit sont tenus de préparer ex-ante des plans de redressement
conformément aux dispositions de l'article 79 de la loi n°103-12 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés. Ces plans décrivent les situations de crise majeure et les principales
options dont disposent les banques pour pouvoir se rétablir en situation de gestion normale en
limitant l'impact sur le système financier et surtout sans générer des coûts complémentaires pour
l'État.
L'objectif de ces plans est de fournir aux régulateurs des informations sur les forces et les faiblesses
de la structure juridique, organisationnelle et opérationnelle des groupes bancaires ainsi que le
niveau de complexité des stratégies de redressement. Dans ce cadre, un projet de circulaire de
Bank Al-Maghrib fixant les conditions et les modalités de présentation du plan de redressement a
été élaboré en tenant compte des meilleurs standards internationaux en la matière.
Le gouvemement entend également faire aboutir deux textes de loi importants qui renforcent les
réformes engagées à savoir:
•   la loi sur les sûretés mobilières qui vise à faciliter l'accès au financement des entreprises,
principalement des PME, à travers la mise en place d'un régime juridique moderne des sûretés
mobilières permettant d'utiliser des actifs mobiliers corporels et incorporels comme garantie
pour l'obtention d'un financement bancaire et l'institution d'un Registre National des Sûretés
Mobilières qui devra permettre la centralisation des enregistrements relatifs auxdites sûretés ;
"   la loi relative au statut de Bank AI-Maghrib qui vise à élargir les missions de la banque centrale
pour couvrir la stabilité financière et à renforcer son indépendance et sa gouvernance.
Le Gouvernement est persuadé que le lancement de ce nouveau programme permettra d'atteindre
des objectifs ambitieux et que sa réussite est facilitée par le large programme d'assistance technique
fourni par la Banque et financé par le Trust Fund FIRST. Cette collaboration va renforcer
davantage le partenariat exemplaire et stratégique entre le Maroc et le Groupe de la Banque
mondiale particulièrement en ce qui concerne le secteur financier.
Nous sommes convaincus que notre partenariat donnera lieu à de nouvelles initiatives dans le
développement du marché de capitaux et la réforme de notre système de retraite. À cet égard, nous
exprimons notre intérêt pour poursuivre notre collaboration dans de nouveaux programmes
d'appui du secteur financier qui cibleraient particulièrement le renforcement de l'inclusion
financière, le développement du marché et la poursuite et la mise en ouvre de la réforme de
retraite.
Tels sont, Monsieur le Président, les grands axes de cette nouvelle étape dans le processus continu
de réforme et de modernisation de notre secteur financier.
En vous remerciant de votre précieux appui pour la mise en ouvre de cet ambitieux programme, je
vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute co  dération.
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