MAROC RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE La reprise économique tourne à sec Printemps 2022 Rapport de suivi de la situation économique au Maroc La reprise économique tourne à sec Printemps 2022 Maroc Rapport économiq Région Moyen-Orient et Afrique du Nord Créer un © 2022 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/La Banque mondiale 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connaissances, ce rapport peut être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. 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Conception de la mise en page : The Word Express, Inc TABLE DES MATIÈRES Liste des acronymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii Résumé analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix Executive Summary . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi ‫ ملخص تنفيذي‬. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiii 1.  Évolutions économiques récentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Une solide reprise économique post-COVID est menacée par de nouveaux chocs exogènes négatifs . . . . 1 La politique budgétaire se focalise sur l’atténuation des impacts du double choc sécheresse-prix des matières premières par le biais des subventions et des mesures d’urgence ad hoc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les chocs actuels érodent également les soldes des comptes courants, bien que le niveau des amortisseurs externes reste confortable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Les pressions inflationnistes s’accentuent au niveau des prix de l’alimentation et du transport . . . . . . . . . . .6 Le marché du travail a également enregistré une forte reprise en 2021, mais les chocs actuels ont des effets sociaux nettement négatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.  Perspectives et risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Risques associés aux perspectives macroéconomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 3.  Chapitre spécial sur l’économie des sécheresses et de la rareté de l’eau au Maroc . . . . . . . . . .15 Annexe technique : Projections locales et spécifications économétriques SVAR . . . . . . . . . . . . . . 21 Sélection de publications récentes de la Banque mondiale sur le Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Résumé des chapitres spéciaux des derniers rapport de suivi de la situation économique . . . . . . . 25 iii Liste des figures Figure 1 Le rebond de l’économie marocaine en 2021 a été porté par la consommation intérieure… . . . . . 2 Figure 2 …mais l’investissement et les exportations de services restent en dessous des niveaux d’avant la pandémie … . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Figure 3 Le Maroc affiche un taux de croissance supérieur à la région MENA en 2021… . . . . . . . . . . . . . . . 3 Figure 4  …mais le PIB demeure inférieur aux tendances pré- pandémique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Figure 5 Des indicateurs à haute fréquence suggèrent que l’économie a ralenti brusquement… . . . . . . . . . 4 Figure 6 Le déficit budgétaire a diminué en pourcentage du PIB, mais la dette publique (Trésor) a nettement augmenté depuis le début de la pandémie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Figure 7 Les finances publiques du Maroc sont solides que dans la moyenne des économies  émergentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Figure 8 Le déficit commercial se creuse suite à la hausse importante des importations (janvier-avril)… . . 6 Figure 9 …mais le niveau confortable des avoirs officiels atténue la pression sur la balance des paiements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Figure 10 Le Maroc subit d’importantes pressions sur les prix, notamment au niveau de l’alimentation et du transport… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Figure 11 …cependant, l’inflation reste maitrisée par rapport à d’autres économies… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Figure 12 Traçage des canaux de transmission de chocs multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Figure 13 Projections de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Figure 14 Écart du PIB réel par rapport au niveau de 2019 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 Figure 15 Production céréalière et précipitations (variation en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Figure 17 Valeur ajoutée agricole et PIB (variation en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 Figure 16 Valeur ajoutée agricole et précipitations (% de variation) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Figure 18 Fonctions impulsion-réaction aux chocs de pluie pour le PIB (SVAR et LP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Figure 19 Décomposition historique de la variation annuelle du PIB (SVAR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Figure 20 Evolution de la capacité de stockage de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19 Figure 21 Volume d’eau actuel stockée dans les barrages principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Liste des tableaux Tableau 1 Principaux indicateurs économiques 2019–2025, Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Liste des encadrés Encadré 1 Changement de l’année de base des comptes nationaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Encadré 2 l’exposition du Maroc aux impacts de la guerre en Ukraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Encadré 3 microsimulations sur l’impact distributif des pressions inflationnistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 iv RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC LISTE DES ACRONYMES BAM Bank Al Maghrib LP Projections locales CAPEX Dépenses en capital MEF Ministère de l’Economie et des Finances CCDR Rapport sur le climat et le MENA Moyen-Orient Afrique du Nord développement MRE Résident marocain à l’étranger COVID Maladie du coronavirus NMD Nouveau modèle de développement IPC Indice des prix à la consommation EEMD Économies émergentes et en FAOSTAT Organisation pour l’alimentation et développement l’agriculture ONEE Office National de l’Electricité et de l’Eau IDE Investissements directs étrangers Potable FEVD Décomposition de la variance des OPEX Dépenses d’exploitation erreurs de prévision PMV Plan Maroc Vert FBCF La formation brute de capital fixe PNE Plan national de l’Eau GNFS Goods and non-factor services SVAR Vecteur structurel autorégressif GoM Gouvernement du Maroc BM Banque mondiale HCP Haut-Commissariat au Plan v REMERCIEMENTS L e Rapport de suivi de la situation économique Les auteurs souhaitent exprimer leur au Maroc est un rapport semestriel préparé reconnaissance à Jesko Hentschel (Directeur pays par l’équipe de la Banque mondiale sur les pour le Maghreb), Eric Le Borgne (Chef de la division dernières évolutions, politiques et perspectives Macroéconomie, Commerce et Investissement pour économiques au Maroc. Les sujets traités vont des l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient) et Abdoulaye indicateurs macro-économiques à l’environnement Sy (Economiste-pays en Chef) pour leurs précieux des affaires jusqu’au développement du secteur privé. commentaires lors de l’a révision de ce rapport, ainsi Le rapport s’adresse à un large public, notamment les qu’à l’équipe du Ministère des Finances pour leur décideurs, chefs d’entreprise, acteurs des marchés relecture avant la parution du rapport. financiers, et à la communauté d’analystes et de Les constatations, interprétations et conclusions professionnels travaillant sur le Maroc. exprimées dans ce rapport sont celles du personnel de Le Rapport de suivi de la situation écono- la Banque mondiale et ne reflètent pas nécessairement mique au Maroc est produit par le département l’opinion des directeurs exécutifs de la Banque mondiale Macroéconomie, Commerce et Investissement ou des gouvernements qu’ils représentent. Pour de plus (MTI) de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord amples informations sur la Banque Mondiale et ses (MENA) du Groupe de la Banque mondiale. Il a été activités au Maroc, consulter www.banquemondiale. préparé par Javier Diaz-Cassou (Economiste princi- org/fr/country/morocco (français), www.worldbank. pal, Macroéconomie, Commerce et Investissement), org/en/country/morocco (anglais), ou www.worldbank. Amina Iraqi (Economiste, Macroéconomie, Commerce org/ar/country/morocco (arabe). Pour toute question et Investissement), Carole Megevand (Chef Secteur, ou commentaire sur le contenu de cette publication, Eau) et Federica Marzo (Economiste principal, veuillez contacter Javier Diaz Cassou (jdiazcassou@ Pauvreté). worldbank.org). vii RÉSUMÉ ANALYTIQUE L ’économie marocaine a connu une forte Les chocs en cours affectent les équilibres reprise en 2021. Avec un taux de croissance budgétaires et extérieurs. Les subventions du du PIB réel de 7,9 pour cent, le Maroc a secteur public et les diverses mesures d’urgence surpassé ses pairs régionaux et récupéré les pertes ad hoc adoptées atténuent l’impact des chocs. En de production subies au cours de la première année conséquence, le déficit budgétaire est en hausse, même de la pandémie. Ce rebond a été soutenu par une si le Maroc affiche encore de meilleurs indicateurs saison agricole exceptionnelle, des exportations budgétaires que la plupart des économies émergentes manufacturières et agro-alimentaires solides, et la et en développement. Étant donné que le Maroc reprise de la demande intérieure, tirée, en partie, par dépend des importations de pétrole et de céréales une campagne de vaccination réussie, des politiques (en particulier en cas de sècheresse), les importations macroéconomiques favorables et des niveaux sans nettes continuent de s’accroître fortement. Dans ce précédent des transferts des Marocains Résidents à contexte, nous prévoyons que les déficit budgétaire l’Etranger (MRE). et du compte courant atteignent respectivement 6,4 et Cependant, le Maroc subit une nouvelle fois 5,2 pour cent du PIB en 2022. Les risques liés à ces l’impact d’une série de chocs négatifs. Le début déficits jumeaux sont atténués par un stock confortable de la campagne agricole a été exceptionnellement de réserves de change, la solide structure de la dette sec, et une mauvaise récolte céréalière est à publique marocaine et le maintien d’un bon accès aux prévoir pour 2022. Cette situation coïncide avec un marchés financiers internationaux. ralentissement de l’économie mondiale et une hausse Le Maroc commence à faire face à des des prix internationaux des produits de base, tendances pressions inflationnistes intenses, mais de façon défavorables qui se sont fortement intensifiées après un peu plus modérée que dans d’autres pays. l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il est important Malgré l’effet amortisseur des subventions des prix, de noter que ces chocs se sont avérés s’être renforcés l’inflation annuelle a atteint 5,9 pour cent en avril mutuellement étant donné qu’avec la sécheresse le 2022. Avec la combinaison de la sécheresse et du Maroc devrait importer des volumes plus importants de ralentissement économique, ces pressions sur les céréales à des prix sensiblement plus élevés, et ce, en prix ont des répercussions sociales importantes raison de la guerre. Dans ce contexte très défavorable, sur les personnes pauvres et vulnérables. Jusqu’à l’économie pourrait décélérer fortement en 2022, et présent, la banque centrale considère ce choc nous prévoyons désormais un taux de croissance de 1,3 des prix temporaire et n’a pas révisé l’orientation pour cent en 2022. de sa politique monétaire accommodante. Si les ix pressions sur les prix ne s’atténuent pas, la banque source de volatilité macroéconomique au Maroc. centrale pourrait être contrainte de relever les taux Au cours des dernières décennies, cependant, les d’intérêt. Bien que cela soit nécessaire pour éviter sécheresses ont eu tendance à être suivies par de un désancrage des anticipations d’inflation, une telle forts rebonds, et la récurrence de ces chocs n’a pas mesure serait procyclique et alimenterait davantage empêché une solide croissance à long terme du les vents contraires stagflationnistes auxquels PIB agricole. À l’avenir, le changement climatique l’économie commence à faire face. pourrait faire de la pénurie d’eau une condition plus Les récentes sécheresses ont rappelé avec permanente, ce qui aurait de graves répercussions à force l’exposition de l’économie marocaine aux long terme sur l’économie. chocs pluviométriques. Les grandes oscillations Le développement des infrastructures est des niveaux de précipitations ont contribué à une condition nécessaire mais non suffisante amplifier la récession de 2020 et la reprise de 2021 pour faire face à la pénurie d’eau. Historiquement, et ralentiront de nouveau la croissance en 2022. Ce le Maroc s’est appuyé sur des investissements rapport comprend un chapitre spécial sur les impacts massifs dans le stockage de l’eau et l’irrigation macroéconomiques des sécheresses et de la rareté pour faire face à des modèles de précipitations très de l’eau au Maroc, utilisant une partie de l’analyse qui variables. Ces investissements sont plus que jamais est incluse dans un diagnostic de la Banque mondiale nécessaires, mais l’expérience internationale suggère qui sera bientôt publié : le Rapport sur le climat et que pour faire face à la pénurie d’eau, les «“solutions le développement des pays (CCDR). Il souligne d’ingénierie”» doivent être associées à des politiques l’importance des chocs pluviométriques comme efficaces de gestion de la demande en eau. x RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC EXECUTIVE SUMMARY T he Moroccan economy staged a strong subsidies and various ad hoc emergency measures. recovery in 2021. With a real GDP growth As a result, the budget deficit is on the rise, although rate of 7.9 percent, Morocco outperformed Morocco still presents better fiscal indicators than most regional peers and recovered the output losses emerging markets and developing economies. Given undergone during the first year of the pandemic. that Morocco relies on imported fuels and cereals This rebound was sustained by an extraordinary (particularly in dry years), net imports are also increasing agricultural season, solid manufacturing and agro- markedly. In this context, we project the budget and the industrial export, and the recovery of domestic current account deficits to reach 6.4 and 5.2 percent demand, partly fueled by a successful vaccination of GDP in 2022, respectively. The risks posed by such campaign, supporting macroeconomic policies and twin deficits are mitigated by a comfortable stock unprecedented levels of workers’ remittances. of foreign exchange reserves, the solid structure of However, Morocco is once again suffering Morocco’s public debt, and maintained good access to the impact of a string of adverse shocks. The international financial markets. beginning of the agricultural season has been Albeit somewhat more moderately than unusually dry, and a poor cereal crop is to be in other countries, Morocco is beginning to expected for 2022. This coincides with a slowing face intense inflationary pressures. Despite the of the global economy and rising international cushioning impact of price subsidies, annual inflation commodity prices, adverse trends that severely reached 5.9 percent in April 2022. In combination intensified following the Russian invasion of with the drought and the economic slowdown, these Ukraine. Importantly, these shocks have turned out price pressures are having significant social impacts to be mutually reinforcing given that the drought on the poor and vulnerable. So far, the central bank is forcing Morocco to import larger volumes of is treating this price shock as temporary and has cereals at substantially higher prices due to the war. not revised the orientation of its accommodative In this more adverse context, the economy could monetary stance. If price pressures do not recede, the decelerate sharply in 2022, and we now project a central bank may eventually be forced to raise interest growth rate of 1.3 percent in 2022. rates. Although necessary to avoid a de-anchoring of Ongoing shocks are affecting fiscal and inflation expectations, such a move would be pro- external balances. The public sector is cushioning cyclical, and further feed the stagflationary headwinds the impact of the shocks through pre-existing price that the economy is beginning to face. Executive Summary xi Recent droughts serve as a stark reminder and the recurrence of such shocks did not impede of the exposure of the Moroccan economy to a solid long-term agricultural GDP growth. Going rainfall shocks. Large oscillations in rainfall levels forward, climate change may turn water scarcity into a contributed to amplify the 2020 recession and the more permanent condition, which would have severe 2021 recover and will once again slow growth in long-term impacts on the economy. 2022. This report includes a special focus chapter on Infrastructure development is a necessary the macroeconomic impacts of droughts and water but not sufficient condition to cope with water scarcity in Morocco, using part of the analysis that scarcity. Historically, Morocco has relied on massive is included in a soon to be published World Bank water storage and irrigation investments to cope with diagnosis: the Country Climate and Development highly variable rainfall patterns. Such investments Report (CCDR). It emphasizes the importance that are more necessary than ever, but international rainfall shocks have as a source of macroeconomic experience suggests that to cope with water scarcity, volatility in Morocco. In recent decades, however, “engineering solutions” need to be coupled by droughts tended to be followed by strong rebounds, effective water demand management policies. xii RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC ‫ملخص تنفيذي‬ ‫بدأ املغرب يف مواجهة ضغوط تضخمية شديدة ‪ ،‬ولكن بشكل أكرث‬ ‫اعتدال إىل حد ما من البلدان األخرى‪.‬عىل الرغم من التأثري املخفف لدعم‬ ‫األسعار ‪ ،‬بلغ التضخم السنوي ‪ 5.9‬يف املائة يف أبريل ‪ 2022‬مع مزيج من‬ ‫ً‬ ‫هد االقتصاد املغريب انتعاشً ا قويًا يف عام ‪ .2021‬مع معدل منو‬ ‫الناتج املحيل اإلجاميل الحقيقي بنسبة ‪ 7.9‬يف املائة ‪ ،‬تفوق‬ ‫املغرب عىل نظرائه اإلقليميني واستعاد خسائر اإلنتاج التي‬ ‫ش‬ ‫الجفاف واالنكامش االقتصادي ‪ ،‬فإن هذه الضغوط عىل األسعار لها تأثري‬ ‫ما مبوسم زراعي‬ ‫تكبدها يف السنة األوىل من الوباء‪ .‬كان هذا االنتعاش مدعو ً‬ ‫اجتامعي كبريعىل الفقراء والضعفاء‪ .‬حتى اآلن ‪ ،‬يعترب البنك املركزي هذه‬ ‫استثنايئ‪ ،‬وصادرات قوية للصناعات الغذائية والصناعية ‪ ،‬وانتعاش الطلب‬ ‫الصدمة السعرية مؤقتة ومل يراجع موقف سياسته النقدية التيسريية‪.‬‬ ‫يا بحملة تلقيح ناجحة‪ ،‬سياسات اقتصادية كلية مواتية‬ ‫املحيل ‪ ،‬مدفو ً‬ ‫عا جزئ ً‬ ‫إذا مل تخف ضغوط األسعار ‪ ،‬فقد يضطر البنك املركزي إىل رفع أسعار‬ ‫ومستويات غري مسبوقة من التحويالت من املغاربة املقيمني بالخارج‪.‬‬ ‫الفائدة‪ .‬عىل الرغم من أنه رضوري لتجنب عدم تسجيل توقعات التضخم‬ ‫ومع ذلك ‪ ،‬يعاين املغرب مرة أخرى من تأثري سلسلة من الصدمات‬ ‫را للدورة االقتصادية وسيؤدي إىل‬ ‫‪ ،‬إال أن مثل هذا اإلجراء سيكون مساي ً‬ ‫السلبية‪ .‬كانت بداية الحملة الزراعية جافة بشكل استثنايئ ‪ ،‬ومن املتوقع‬ ‫زيادة رياح التضخم املصحوبة بالركود التضخمي التي بدأ االقتصاد يف‬ ‫حدوث محصول ضعيف للحبوب لعام ‪ .2022‬يتزامن هذا مع تباطؤ‬ ‫مواجهتها‪.‬‬ ‫االقتصاد العاملي وارتفاع أسعار السلع األساسية الدولية ‪ ،‬وهي اتجاهات‬ ‫كانت موجات الجفاف األخرية تذكرة قوية بتعرض االقتصاد املغريب‬ ‫معاكسة اشتدت بشكل حاد بعد غزوروسيا ألوكرانيا‪ .‬من املهم أن نالحظ‬ ‫لصدمات هطول األمطار‪ .‬ساعدت التقلبات الكبرية يف مستويات هطول‬ ‫را ألنه مع الجفاف‬ ‫أن هذه الصدمات تبني أنها تعزز بعضها البعض نظ ً‬ ‫األمطار عىل تضخيم الركود يف عام ‪ 2020‬وانتعاش عام ‪ 2021‬وستؤدي‬ ‫‪ ،‬سيتعني عىل املغرب استرياد كميات أكرب من الحبوب بأسعار أعىل‬ ‫خاصا‬ ‫إىل إبطاء النمو مرة أخرى يف عام ‪ .2022‬يتضمن هذا التقرير فصالً ً‬ ‫بكثري بسبب الحرب‪ .‬يف هذا السياق غري املوايت للغاية ‪ ،‬ميكن أن يتباطأ‬ ‫عن اآلثاراالقتصادية الكلية للجفاف وندرة املياه يف املغرب ‪،‬باستخدام‬ ‫االقتصاد بشكل حاد يف عام ‪ ، 2022‬ونتوقع معدل منو بنسبة ‪ 1.3‬يف املائة‬ ‫بعض التحليالت التي تم تضمينها يف تشخيص البنك الدويل الذي سيصدر‬ ‫يف عام ‪.2022‬‬ ‫با‪ :‬تقرير املناخ وتنمية الدولة (‪ .)CCDR‬ويسلط الضوء عىل أهمية‬ ‫قري ً‬ ‫تؤثر الصدمات الحالية عىل املوازين املالية والخارجية‪ .‬تخفف إعانات‬ ‫صدمات هطول األمطار كمصدر لتقلب االقتصاد الكيل يف املغرب‪.‬ومع‬ ‫القطاع العام ومختلف تدابري الطوارئ املعتمدة من تأثري الصدمات‪.‬‬ ‫ذلك ‪ ،‬يف العقود األخرية ‪ ،‬كان الجفاف يتبعه انتعاش قوي ‪ ،‬ومل مينع تكرار‬ ‫ونتيجة لذلك ‪ ،‬فإن العجز املايل آخذ يف االرتفاع ‪ ،‬عىل الرغم من أن‬ ‫وا قويًا طويل األجل يف الناتج املحيل اإلجاميل الزراعي‪.‬‬ ‫هذه الصدمات من ً‬ ‫املغرب ال يزال يتمتع مبؤرشات مالية أفضل من معظم االقتصادات‬ ‫يف املستقبل‪ ،‬ميكن أن يجعل تغري املناخ ندرة املياه حالة أكرث دميومة ‪ ،‬مع‬ ‫را ألن املغرب يعتمد عىل واردات النفط والحبوب‬ ‫الناشئة والنامية‪ .‬نظ ً‬ ‫تداعيات خطرية طويلة األجل عىل االقتصاد‪.‬‬ ‫(خاصة يف حالة الجفاف) ‪ ،‬يستمر صايف الواردات يف الزيادة بشكل حاد‪.‬‬ ‫تطوير البنية التحتية رشط رضوري ولكنه غري كاف للتعامل مع ندرة‬ ‫يف هذا السياق ‪ ،‬نتوقع أن يصل العجز املايل والحساب الجاري إىل ‪ 6.4‬و‬ ‫املياه‪ .‬تاريخياً ‪ ،‬اعتمد املغرب عىل استثامرات ضخمة يف تخزين املياه‬ ‫‪ 5.2‬عىل التواىل يف املائة من الناتج املحيل اإلجاميل يف عام ‪ .2022‬ويتم‬ ‫والري للتعامل مع أمناط هطول األمطار شديدة التباين‪ .‬هناك حاجة إىل‬ ‫التخفيف من املخاطر املرتبطة بهذين العجزين املزدوجني من خالل‬ ‫هذه االستثامرات أكرث من أي وقت مىض ‪ ،‬ولكن الخربة الدولية تشري إىل‬ ‫مخزون مريح من احتياطيات النقد األجنبي ‪ ،‬والهيكل القوي للدين‬ ‫أنه ملعالجة ندرة املياه ‪ ،‬يجب دمج «الحلول الهندسية» مع سياسات‬ ‫العام املغريب و الحفاظ عىل الحفاظ عىل الوصول الجيد إىل األسواق‬ ‫إدارة الطلب عىل املياه الفعالة‪.‬‬ ‫املالية الدولية‪.‬‬ ‫‪xiii‬‬ 1 ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES RÉCENTES L e Maroc a enregistré un solide rebond de 7,1 % subie au cours de la première année de la post-COVID en 2021, récupérant la perte pandémie, les données des comptes nationaux de production subie en 2020. Cependant, récemment compilés avec 2014 comme nouvelle année l’économie a commencé à faire face à des vents base (Encadré 1) révèlent que le PIB réel a enregistré contraires vers la fin de l’année, et des indicateurs une expansion de 7,9 % en 2021. Cette reprise a été à haute fréquence suggèrent qu’un ralentissement soutenue par la bonne performance du secteur agricole significatif est en cours en 2022. Cela est (+17,8 %) grâce à une récolte céréalière exceptionnelle principalement dû à une combinaison de chocs qui se (103 millions de quintaux) après deux années de renforcent mutuellement : une autre grave sécheresse sécheresse. La croissance a également été tirée par et une flambée des prix internationaux des matières la demande intérieure, la consommation privée ayant premières intensifiée par l’invasion Russe en augmenté de 8,2 % en glissement annuel, soutenue Ukraine. Ces chocs érodent les soldes budgétaire par le dynamisme continu des transferts des MRE et extérieur, tout en déclenchant des pressions (figure 1). La reprise de l’investissement a été solide inflationnistes longtemps inconnues au Maroc. Bien (+15,3 % en glissement annuel, avec une poussée au que les subventions et les mesures d’urgence ad hoc T2-2021 de +24,5 % en glissement trimestriel), même atténuent les effets, la sécheresse, le ralentissement si la formation brute de capital n’a pas encore retrouvé économique et les pressions continues sur les prix ses niveaux d’avant la pandémie (figure 2). pourraient accroître la pauvreté et la vulnérabilité. Les oscillations de croissance post-COVID ont été plus prononcées au Maroc que dans le reste de la région. La contraction initiale qui a eu lieu Une solide reprise économique post- lors de la première année de la pandémie et le rebond COVID est menacée par de nouveaux qui a suivi ont été plus importants que ceux observés chocs exogènes négatifs en moyenne dans la région MENA, tant pour les pays importateurs de pétrole que pour les pays exportateurs La reprise économique post-COVID amorcée fin de pétrole (figure 3). Cela est dû à une combinaison 2020 s’est accélérée en 2021. Après la contraction de facteurs structurels et exogènes et facteurs liées 1 Le rebond de l’économie marocaine FIGURE 1 •  …mais l’investissement et les FIGURE 2 •  en 2021 a été porté par la exportations de services restent consommation intérieure… en dessous des niveaux d’avant la pandémie 20 15,2 120 pourcentage (glissement annuel) 15 Contribution en points de 10 7,8 110 6,6 (base 2019=100) 0,9 Indice du PIB réel 5 2,3 1,0 100 0 90 –5 80 –5,1 –10 –6,7 70 –15 –14,2 60 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020 T1-2021 T2-2021 T3-2021 T4-2021 –20 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020 T1-2021 T2-2021 T3-2021 T4-2021 Consommation privée Consommation publique Consommation privée Consommation publique PIB Formation brute de capital Exportations de GNFS Formation brute de capital Les exportations nettes Importations de GNFS Source : HCP et calcul Banque Mondiale. Source : HCP et calcul Banque Mondiale. régionaux, ce qui implique que l’activité économique ENCADRÉ 1: CHANGEMENT DE L’ANNÉE DE a été affectée par des fluctuations extrêmes des BASE DES COMPTES NATIONAUX conditions macroéconomiques de l’Union Européenne. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a récemment redéfini Deuxièmement, le choc COVID-19 a été amplifié par l’année de base des comptes nationaux de 2007 à 2014, un une série de chocs climatiques, auxquels l’économie changement qui a incorporé de nouvelles sources de données marocaine est particulièrement exposée (voir le et méthodologies pour fournir une image plus précise de chapitre Focus spécial). Troisièmement, les politiques la taille et de la composition de l’économie marocaine. Ce changement de base a entraîné des changements substantiels macroéconomiques de soutien adoptées à la suite de dans les principaux agrégats macroéconomiques. Plus la pandémie et une campagne de vaccination réussie particulièrement, les niveaux du PIB 2014 ont été révisés à la auraient pu entraîner une normalisation plus rapide de hausse de 8,2%, une hausse particulièrement prononcée pour le secteur des services : +14,8%, contre +5,5% pour le secteur l’activité économique au Maroc. industriel et –3,9% pour l’agriculture. Du côté de la demande, Cependant, le PIB demeure inférieur aux la consommation privée a été révisée à la hausse de 11,2%, tendances pré-pandémiques. Le rebond de 2021 tandis que la formation brute de capital a été abaissée de 2,1%, a été suffisant pour que le Maroc récupère la perte avec des révisions mineures pour les exportations nettes. de production subie en 2020, et le PIB réel dépasse Les comptes nationaux redéfinis entraînent des modifications déjà les niveaux de 2019 de 0,2 %. Toutefois, le PIB importantes des indicateurs clés qui sont généralement présentés en pourcentage du PIB, tels que les ratios de la réel demeure inférieur de 6,8 % à la projection de la dette, du budget ou du compte courant. Ces changements sont Banque Mondiale en Octobre 2019, ce qui suggère intégrés dans ce rapport, expliquant certaines divergences avec que le rebond n’a pas encore ramené le Maroc aux les éditions précédentes. Cependant, les données trimestrielles des comptes nationaux compilés en année de base 2014 niveaux d’avant la pandémie (figure 4). De plus, ne sont pas encore publiées, et pour saisir la dynamique certains secteurs clés de l’économie sont encore macroéconomique infra-annuelle, nous avons eu recours aux loin d’avoir complètement récupéré, notamment le séries trimestrielles précédentes (année de base 2007). tourisme, qui a encore dû faire face à un faible nombre d’arrivées touristiques en 2021 (71 % en dessous du niveau de 2019). aux politiques. Premièrement, le Maroc a un secteur Le Maroc a subi une nouvelle fois l’impact touristique important et est plus étroitement intégré d’une série de chocs négatifs. Vers la fin de 2021, aux marchés européens que la plupart de ses pairs l’économie a commencé à faire face à des vents 2 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC FIGURE 3 • Le Maroc affiche un taux de …mais le PIB demeure inférieur aux FIGURE 4 •  croissance supérieur à la région tendances pré- pandémique MENA en 2021… 2 10 0 8 Différence en pourcentage des niveaux du PIB réel 6 –2 (en glissement annuel) Croissance du PIB réel 4 –4 2 0 –6 –2 –8 –4 –10 –6 –8 –12 2019 2020 2021 2018 2019 2020 2021 Maroc Pays importateurs de pétrole Écart par rapport à la projection pré-COVID Pays exportateurs de pétrole Écart par rapport au PIB réel de 2019 Source : Perspectives économiques mondiales juin 2022, calcul Banque Mondiale. Source : Calcul Banque Mondiale. contraires alors que le pays traversait l’un des débuts de noter que ces deux chocs se sont avérés se de campagne agricole les plus secs depuis des renforcer mutuellement étant donné qu’en période de décennies, menaçant les cultures pluviales. Cela sécheresse le Maroc devrait importer davantage de a coïncidé avec un ralentissement de l’économie céréales à des prix nettement plus élevés en raison mondiale et une hausse des prix internationaux des de la guerre. Comme on le verra plus loin, cela devrait matières premières, des tendances défavorables qui peser sur la balance des paiements, mais aussi sur se sont fortement intensifiées à la suite de l’invasion la croissance, la consommation privée et les finances Russe en Ukraine (Encadré 2). Il est important publiques. ENCADRÉ 2: L’EXPOSITION DU MAROC AUX IMPACTS DE LA GUERRE EN UKRAINE L’économie marocaine a des liens directs limités avec les économies Russe et Ukrainienne. Les deux pays n’absorbent que 1 % des exportations du Maroc, tandis que le tourisme, les transferts des MRE et les entrées d’IDE restent faibles. L’exposition est plus élevée du côté des importations, car l’Ukraine et la Russie fournissent respectivement environ 14 et 6 % des importations totales de céréales. Cependant, ces parts restent nettement inférieurs à ceux d’autres pays pairs régionaux tels que la Tunisie et l’Égypte. Environ 10 % des importations marocaines d’énergie proviennent de Russie, bien en deçà des importations d’Espagne (27,6 %), des États-Unis (16,5 %) ou d’Arabie saoudite (16,3 %). D’autre part, le Maroc est fortement exposé aux impacts indirects de la guerre qui se répercutent sur les cours internationaux des matières premières. Entre 2010 et 2020, les importations d’énergie ont représenté en moyenne 19,8 % des importations totales et 8,3 % du PIB. Ces moyennes masquent d’importantes fluctuations d’une année à une autre causées par l’évolution des conditions du marché mondial. Par exemple, entre 2011 et 2013 (avec des prix de pétrole supérieurs à 100 dollars le baril), les importations d’énergie ont représenté plus de 26 % des importations totales et près de 12 % du PIB. Les importations céréalières ont un poids beaucoup plus faible que l’énergie dans la balance des paiements, représentant en moyenne 4 % des importations totales et 1,6 % du PIB entre 2010 et 2020. Les coûts des emprunts souverains du Maroc pourraient également être affectées par la guerre, aggravés par les effets que les changements anticipés dans l’orientation de la politique monétaire des économies avancées ont sur les marchés financiers internationaux. Entre le 1er janvier et le 14 juin, l’EMBI du Maroc a augmenté de 20 points de base, tandis que le spread des CDS à 5 ans a augmenté de 138 points de base et le spread des CDS à 10 ans de 122 points de base. Bien qu’importantes, ces augmentations sont nettement plus modérées que dans d’autres régions comparables. L’EMBI a augmenté en Tunisie et en Egypte de 1126, 45 points de base respectivement. Le spread des CDS 5 ans et 10 ans a augmenté de 316 et 200 points de base en Tunisie, et de 401 et 239 points de base en Egypte, ce qui suggère que les marchés conservent plus d’appétit pour la dette marocaine. Évolutions économiques récentes 3 Des indicateurs à haute fréquence FIGURE 5 •  redressées (de 7,8 % en glissement annuel, mais suggèrent que l’économie a ralenti toujours 0,8 % en dessous de 2019) malgré l’effet brusquement… différé de la récession de 2020 sur l’impôt sur les 25 90 sociétés (-8,8 % en glissement annuel). L’impôt sur le 20 80 revenu s’est remis de l’effet des mesures d’allègement Glissement annuel (%) 15 70 10 60 fiscal en 2020 (+10 % en glissement annuel), tandis 5 50 que la reprise progressive de la demande intérieure 0 40 a entraîné un rebond de la taxe sur la valeur ajoutée –5 30 –10 20 (TVA) intérieure (+3,8 %) et de la taxe intérieure de –15 10 consommation (+13%), ainsi qu’une croissance solide –20 0 des droits d’importation (+25,3%) et de la TVA sur les T1-2019 T2-2019 T3-2019 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020 T1-2021 T2-2021 T3-2021 T4-2021 T1-2022 importations (+24,6%). Cependant, le gouvernement a maintenu une forte relance des dépenses pour Ventes de ciment soutenir la reprise (+ 8,8 % d’augmentation des Indice de confiance des ménages (axe de droite) dépenses courantes), ce qui implique que la baisse du Source : HCP et calcul Banque Mondiale. déficit budgétaire global a été relativement modeste : de 82,3 à 70,9 milliards de MAD (respectivement 7,1 et 5,6% du PIB). Un tel déficit est élevé par rapport Bien que les données des comptes natio- aux normes historiques, mais reste inférieur à celui naux ne soient pas encore publiées pour 2022, des économies émergentes en moyenne (figure 6). des indicateurs à haute fréquence suggèrent que Comme la plupart des pays du monde, le Maroc l’économie connait un ralentissement important. sort de la pandémie avec un fardeau de la dette Parmi les indicateurs qui pointent le plus clairement publique beaucoup plus élevé (environ 68,9 % du vers un ralentissement figurent le repli l’indice de PIB, contre 60,3 % du PIB en 2019), limitant la marge confiance des ménages à 53,7 points au premier tri- de manœuvre du gouvernement pour répondre de mestre, son plus bas niveau depuis 2008, et l’évolu- manière contracyclique aux chocs actuels (figure tion des ventes de ciment, qui a diminué de 22,8 % 7). Une force marocaine, cependant, est la structure au cours des quatre premiers mois de 2022 (figure solide de la dette publique, avec 77 % d’obligations 5). Le taux d’utilisation des capacités de production libellées en dirhams et émises sur le marché intérieur. industrielle (TUC) est également en baisse, chutant La hausse des prix internationaux des de 1,4 % entre décembre et mars. matières premières intensifie les pressions sur les dépenses et les risques en 2022. Par le biais La politique budgétaire se focalise de la caisse de compensation, le Maroc subventionne sur l’atténuation des impacts du les prix du gaz butane, du blé et du sucre. À mesure double choc sécheresse-prix des que le prix du marché de ces produits augmente en matières premières par le biais raison des chocs en cours, les subventions versées des subventions et des mesures par le biais du fonds de compensation augmentent d’urgence ad hoc. mécaniquement. Dans le contexte actuel, cela fonctionne comme un stabilisateur automatique, Le déficit budgétaire a commencé à se réduire en soutenant le pouvoir d’achat des ménages, au prix 2021 grâce à un fort rebond des recettes, malgré d’une aggravation du déficit budgétaire. En effet, l’augmentation soutenue des dépenses. Au entre janvier et avril, le total des subventions aux même rythme que l’activité économique, les recettes prix a été supérieur de 103,5 % à celui de la même totales publiques ont rebondi en 2021 de +11,6% en période il y a un an, et s’élève déjà à 73 % du montant glissement annuel (2,3 % de plus que leur niveau initialement prévu pour l’année entière (environ 1,2 % de 2019). Les recettes fiscales se sont nettement du PIB). En fait, le gouvernement a récemment doublé 4 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC FIGURE 6 • Le déficit budgétaire a diminué en … Les finances publiques du Maroc FIGURE 7 •  pourcentage du PIB, mais la dette demeurent solides que la moyenne publique (Trésor) a nettement des économies émergentes. augmenté depuis le début de la pandémie… 0 –1 1 000 0 –2 900 –1 800 –2 –3 % of GDP 700 –3 –4 Milliards MAD 600 –4 % du PIB –5 500 –5 400 –6 –6 300 –7 –7 200 –8 –8 100 –9 Economies Exportateurs Importateurs Maroc émergentes de matières de matières 0 –10 et en premières premières 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 développement des EEMD des EEMD Dette intérieure Dette extérieure 2021 2019 Déficit budgétaire (axe de droite) Source: Ha, Kose, and Ohnsorge (2021); International Monetary Fund; Kose et al. Source : MEF et Calcul Banque Mondiale. (2021); World Bank. World Bank. cette allocation budgétaire, à environ 2,4 % du PIB. publiques réelles.1 Globalement, ces dépenses En outre, étant donné que les tarifs de l’électricité supplémentaires représentent environ 0,7 % du PIB. restent administrés (ce qui atténue également les pressions sur les ménages), l’entreprise publique ONEE absorbe l’impact de l’augmentation des Les chocs actuels érodent également importations d’énergie utilisée pour la production les soldes des comptes courants, d’électricité. De ce fait, elle subira d’importantes bien que le niveau des amortisseurs pertes en 2022 estimées à 24,1 milliards de MAD, externes reste confortable contre les bénéfices qu’elle a générés au cours des Avec le rebond des importations, la reprise deux dernières années (0,4 milliard de MAD en 2021 temporaire du compte courant qui a eu lieu au et 2,2 milliards de MAD en 2020). cours de la première année de la pandémie a Certaines des mesures d’urgence ad hoc commencé à s’inverser en 2021.Les exportations adoptées par les autorités pour atténuer les de marchandises ont affiché une croissance robuste impacts des chocs récents sur des secteurs de 24,3 %, tandis que celle des services a été plus spécifiques génèrent également des dépenses publiques supplémentaires. Au cours des derniers mois, diverses mesures d’urgence de ce type ont été 1 Plan d’urgence de lutte contre la sécheresse est conçu autour de trois axes : (i) la protection du capital animal et annoncées : (i)1 milliard de dirhams ont été alloués végétal et la gestion de la rareté de l’eau, (ii) l’assurance pour aider les entreprises de transport à faire face agricole et l’allègement des charges financières des à la hausse des prix du carburant ; (ii) le secteur agriculteurs et des professionnels, (iii) le financement des du tourisme a reçu 2 milliards de MAD du budget opérations d’approvisionnement des marchés en blé et pour faire face aux conséquences de la fermeture du fourrage, ainsi que le financement d’investissements des frontières qui a été décrétée suite à la variante innovants dans l’irrigation. Une grande partie sera financée par le gouvernement autour de 6 milliards de MAD (0,5% OMNICROM de la COVID-19 fin 2021 ; (iii) le secteur du PIB) et le reste par d’autres institutions autour de 4,12 agricole s’est vu allouer 10 milliards de dirhams pour milliards de MAD (0,3% du PIB), en particulier (3 milliards faire face à la sécheresse, même si seulement une de MAD) du Fonds Hassan II et (MAD 1,12 milliard) seront fraction de ce soutien se traduira par des dépenses pris en charge par les agriculteurs. Évolutions économiques récentes 5 FIGURE 8 • Le déficit commercial se creuse …mais le niveau confortable des FIGURE 9 •  suite à la hausse importante des avoirs officiels atténue la pression importations (janvier–avril)… sur la balance des paiements 250 0 40 7,5 8 6,0 5,9 7 –10 35 6,4 200 Milliards de dollar américain –20 30 5,3 6 En mois d'importations –30 Milliards MAD 25 5 Milliards MAD 150 –40 20 4 100 –50 15 3 –60 50 10 2 –70 5 1 0 –80 2019 2020 2021 2022 0 0 d-19 f-20 a-20 j-20 a-20 o-20 d-20 f-21 a-21 j-21 a-21 o-21 d-21 f-22 a-22 Exportation de marchandises Importation de marchandises Exportation de services Importation de services Avoirs officiels brutes En mois d'importation (axe de droite) Déficit commercial des biens et services (axe de droite) Source : Bank-AL-Maghrib et calcul Banque Mondiale. Source : Office des change et calcul Banque Mondiale. modérée (+6 %) en raison de la faible performance du La tendance à la hausse de la valeur en secteur du tourisme. Ce revirement des exportations dollars des réserves de change s’est inversée, n’a cependant pas pu compenser l’augmentation des mais le Maroc conserve un niveau confortable importations qui s’opère avec la flambée des prix de pour faire face aux pressions engendrées par les l’énergie et la reprise de la demande intérieure. En chocs actuels sur la balance des paiements. Entre effet, la valeur des importations d’énergie a augmenté avril 2020 et fin 2021, le stock de réserves de change de 51,6 % en 2021, contribuant à creuser le déficit est passé de 26,4 milliards de dollars à plus de 35 commercial des biens de 25 % (13.9 % du PIB en milliards de dollars. L’inversion de cette tendance en 2021 contre 12.8 % du PIB en 2020). Le dynamisme 2022 (figure 9) est principalement dû à un effet de des transferts des MRE, qui ont atteint un niveau valorisation, la valeur en dollars des réserves ayant historique de 7,3 % du PIB (dépassant 2020 et 2019 diminué parallèlement à l’appréciation du dollar de 36,8 et 43,5 % respectivement), a atténué l’impact américain qui a lieu en prévision d’un changement du déficit commercial sur le compte courant, qui a brutal d’orientation de la politique monétaire de clôturé avec un déficit de 2,3 % du PIB. la Réserve fédérale. Avec une forte augmentation Ces tendances s’intensifient en 2022. des IDE (+20,5 % en 2021) et un accès favorable Les données pour les quatre premiers mois de aux marchés financiers internationaux et aux prêts 2022 indiquent que le déficit du commerce des bilatéraux et multilatéraux, le Maroc dispose d’une marchandises se creuse, car une croissance toujours large marge de manœuvre pour financer son déficit solide des exportations (+34,2 % en glissement courant. annuel) ne compense pas la hausse des importations (+37,8 % en glissement annuel) qui résulte de la hausse des prix des matières premières. L’énergie (+116,1 % Les pressions inflationnistes en glissement annuel) et les importations alimentaires s’accentuent au niveau des prix de (+25,3 % en glissement annuel) représentaient près l’alimentation et du transport d’un tiers des importations totales du Maroc entre janvier et avril 2022. D’autre part, le solde commercial L’inflation a fortement augmenté mais reste mai- des services s’améliore rapidement (+72,5 % en trisée que dans la plupart des autres pays. L’infla- glissement annuel) alors que le tourisme commence tion globale n’a atteint en moyenne que 0,7 % en 2020 à reprendre plus rapidement (figure 8). et est restée stable jusqu’à la mi-2021. Au troisième 6 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC Le Maroc subit d’importantes FIGURE 10 •  …cependant, l’inflation reste FIGURE 11 •  pressions sur les prix, notamment maitrisée par rapport à d’autres au niveau de l’alimentation et du économies… transport… 12 12 10 10 8 Glissement annuel (%) 8 Glissement annuel (%) 6 6 4 4 2 2 0 –2 0 –4 –2 j-21 f-21 m-21 a-21 m-21 j-21 j-21 a21 s-21 o-21 n-21 d-21 j-22 f-22 m-22 a-22 –4 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 Produits alimentaires Transport Indice des prix à la consommation Monde Economies avancées EEMD Maroc Source : HCP et calcul Banque mondiale. Source : Consensus économique et Banque mondiale. trimestre de 2021, cependant, des pressions sur les Le marché du travail a également prix ont commencé à apparaître principalement en rai- enregistré une forte reprise en son de la hausse des prix internationaux des matières 2021, mais les chocs actuels ont des premières, et l’inflation a fini par atteindre en moyenne effets sociaux nettement négatives 1,4 % sur l’ensemble de l’année. Ces forces se sont in- tensifiées en 2022, surtout après le début de la guerre Le marché du travail marocain s’est bien en Ukraine, et l’indice des prix à la consommation comporté pendant la reprise de 2021.L’année (IPC) a atteint une augmentation de 5,9 % en glisse- dernière, l’économie marocaine a créé 230 000 ment annuel fin avril, son taux le plus élevé depuis emplois (1,9 % du total des emplois fin 2020), 2008. Les pressions sur les prix sont particulièrement récupérant 53 % des emplois perdus au cours de prononcées pour l’alimentation et les transports, avec la première année de la pandémie. Ces oscillations des augmentations de l’IPC de 9,1 % et 12,4 % en ont été particulièrement prononcées dans les zones glissement annuel respectivement (figure 10). L’infla- rurales, où 295 000 emplois ont été perdus en 2020 tion sous-jacente a augmenté ces derniers mois pour (contre 137 000 emplois perdus dans les zones atteindre 5,5 % en glissement annuel en avril 2022. urbaines), tandis que 130 000 ont été créés en 2021 Cependant, par rapport à d’autres économies (avan- (100 000 dans les zones urbaines). Étant donné cées et émergentes et en développement), l’inflation que les activités économiques en zones rurales ont au Maroc reste relativement faible, ce qui peut refléter été moins perturbées par les protocoles sanitaires l’effet d’atténuation des subventions énergétiques et adoptés pour faire face à la pandémie que celles alimentaires évoquées ci-dessus (figure 11). urbaines, il y a lieu de penser que ces fluctuations de Bank al Maghrib considère jusqu’à présent l’emploi ont été plus affectées par les sécheresses qui que les chocs de prix devraient être temporaires, ont eu lieu ces dernières années que par la pandémie et n’a pas eu à changer l’orientation de sa et la reprise ultérieure. politique monétaire. La banque centrale prévoit que Le dernier choc pluviométrique provoque une l’inflation va se normaliser en 2023 et a choisi de ne nouvelle fois des pertes d’emplois dans les zones pas augmenter son taux directeur pour le moment, rurales. Selon les dernières données disponibles sur qui est resté à un niveau historique de 1,5 % depuis le marché du travail, 148 000 emplois ruraux ont été juin 2020. perdus au cours du premier trimestre 2022 (258 000 Évolutions économiques récentes 7 ENCADRÉ 3: MICROSIMULATIONS SUR L’IMPACT DISTRIBUTIF DES PRESSIONS INFLATIONNISTES En utilisant les données de la dernière enquête auprès des ménages disponible (2013/14), le modèle subsim a été utilisé pour simuler l›impact des variations de prix en cours sur le bien-être des ménages. Cette analyse a également été menée pour mettre en lumière l’effet d’atténuation que les subventions existantes peuvent avoir. L’ampleur des impacts directs et indirects causés par l’inflation dépend de la structure de la consommation des ménages, du poids des différents biens dans leur budget, du degré d’utilisation des produits dans les différents secteurs de l’économie. Comme indiqué ci-dessous, le poids des biens subventionnés dans le panier de consommation des ménages est plus élevé pour les déciles inférieurs de la distribution des revenus. Deux scénarios sont simulés dans cet exercice. Un premier dans lequel les niveaux de prix enregistrés au cours des trois premiers mois de l’année persistent tout au long de 2022, et un second dans lequel une augmentation de prix supplémentaire de 10% se matérialise. Dans le premier scénario, le taux de pauvreté par habitant passe de 2,3 % en 2021 à 3,4 % et la part des personnes vulnérables augmente de 1,3 points de pourcentage. Dans le deuxième scénario, la pauvreté augmente à 4 % et la part des personnes vulnérables augmente de 3,1 points de pourcentage. L’inégalité (représentée par l’indice de GINI) augmente dans les deux scénarios, passant respectivement de 39,5 à 39,7 et 40,2. Illustrant leurs effets d’atténuation, l’augmentation simulée de la pauvreté est plus importante en l’absence de subventions existantes, passant de 3,1 % en 2021 à 5 % dans le scénario 1 et à 6,7 % dans le scénario 2. par rapport au 1er trimestre 2021), tandis que 90 000 prix, ce qui pourrait entraîner une augmentation emplois urbains ont été créés (56 000 par rapport à de la pauvreté et de la vulnérabilité. Les déciles les mars 2021). Cela suggère que le début sec de la plus bas de la distribution des revenus consacrent une campagne agricole 2021–22 a une nouvelle fois un part plus importante de leur panier de consommation impact prononcé sur les moyens de subsistance ruraux. à des articles qui ont été particulièrement susceptibles Malgré une croissance économique consi- de subir d’intenses pressions sur les prix au cours dérable sur deux décennies, le Maroc n’a pas signi- des derniers mois. En conséquence, et comme le ficativement réduit l’emploi informel. L’informalité confirment les microsimulations résumées dans au Maroc est passée de 82,7 % en 2008 à 77,8 % en l’encadré 3, un nombre non négligeable de ménages 2018. Le PIB par habitant a plus que doublé, mais marocains pourraient retomber en dessous du l’informalité n’a diminué que légèrement d’environ 10 seuil de pauvreté et de vulnérabilité sous l’effet des points de pourcentage entre 2000 et 2018, soit un taux pressions continues sur les prix. De plus, la plupart de réduction annualisé de –0,64 %. Cela s’est produit des ménages pauvres se situent aujourd’hui dans au cours d’une période de croissance économique ré- les zones rurales du Maroc et souffrent également gulière d’environ 4,3 % par an en moyenne et de 3 % des effets de la sécheresse et des pertes d’emplois par an et par habitant. L’élasticité de l’emploi informel à décrites ci-dessus. Cela ajoutera un autre niveau la croissance entre 2000 et 2018 a donc été très faible, de pression sur le niveau de bien-être de nombreux estimée à 0,10. ménages ruraux, qui commençaient à peine de Les ménages les plus pauvres sont touchés se remettre de l’impact de la pandémie et de la de manière disproportionnée par l’inflation des sécheresse de 2019–2020. 8 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC 2 PERSPECTIVES ET RISQUES Perspectives l’inflation érode le pouvoir d’achat des ménages, les importations nettes augmentent nettement et la Le secteur agricole devrait fortement se contrac- hausse des subventions entraîne une nouvelle dé- ter en 2022. La production céréalière est désormais térioration du déficit budgétaire (figure 12). Ces im- projetée à 32 millions de quintaux pour 2022, soit une pacts sont susceptibles d’être aggravés par d’autres baisse de 69 % par rapport à l’année dernière. Bien chocs en cours, comme le ralentissement désormais que les récoltes en période de printemps aient pu bé- prévu pour l’économie mondiale, et un resserrement néficier de conditions climatiques plus favorables au potentiellement brutal de l’orientation de la politique cours des derniers mois, une telle réduction de la pro- monétaire dans les économies avancées. duction céréalière se traduira par une contraction de Dans ce contexte, nous prévoyons que la la valeur ajoutée agricole d’environ 15 pour cent. Cela croissance du PIB réel baisse à 1,3 % en 2022, affectera négativement les revenus et la consomma- suivi d’une expansion de 4,3 % en 2023 à mesure tion des ménages ruraux, tout en augmentant la dé- que la production agricole se normalise et que pendance du Maroc vis-à-vis des céréales importées. Les chocs déstabilisateurs qui se déroulent 2 Les prix de l’énergie devraient augmenter de plus de 50 à l’échelle mondiale devraient continuer d’ali- % en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024. Le prix menter les pressions sur les prix, avec des réper- du pétrole brut Brent devrait atteindre en moyenne 100 cussions sur la consommation et sur les soldes dollars le baril en 2022, son plus haut niveau depuis extérieurs et budgétaires. Bien que la hausse des 2013 et 42 % au-dessus de 2021. les prix, y compris exportations de phosphate atténue les impacts, le l’agriculture et les métaux, devraient augmenter de Maroc est très dépendant des importations énergé- près de 20 % en 2022 et devraient également se modérer au cours des années suivantes. Les prix du tiques et alimentaires et est donc fortement exposé blé devraient augmenter de 43 % par rapport à 2021, aux effets de la flambée des prix internationaux des atteignant un niveau record en termes nominaux cette matières premières.2 Cela se traduit par un environ- année. (Prévisions des prix des matières premières de la nement macroéconomique plus difficile dans lequel Banque mondiale – 26 avril 2022). 9 FIGURE 12 • Traçage des canaux de transmission de chocs multiples Canal de l'économie Exportations Ralentissement mondiale réelle Exportations Prix Revenus phosphates publiques Invasion Russe Canal des prix des Prix Importations Sécheresse en Ukraine matières premières alimentation Consommation Inflation intérieure Prix Revenus énergie publiques Resserrement de la Canal financier Dépenses politique monétaire des économes avancées publiques Volatilité du taux de change les chocs mondiaux commencent à s’atténuer. cours exercent d’intenses pressions sur les dépenses Les chocs qui se renforce mutuellement subis par publiques, notamment sur les subventions, et nous l’économie marocaine en raison de la sécheresse prévoyons que le déficit budgétaire atteindra 6,4 % et des répercussions de la guerre en Ukraine du PIB en 2022. Le déficit devrait ensuite s’inscrire entraînera une dégradation relativement importante sur une tendance baissière, quoique lente. Cela est de la croissance (figure 13). Cela augmentera dû à l’impact budgétaire de la réforme de la santé et encore l’écart du PIB réel par rapport aux tendances de la protection sociale qui commence à être mise pré-pandémiques et pourrait affecter de manière en œuvre et dont les sources de financement ne sont disproportionnée les personnes pauvres et les pas encore totalement identifiées. En conséquence, le vulnérables dans le contexte inflationniste actuel. Sous ratio de la dette au PIB se stabilisera à environ 73 % du l’hypothèse d’une production céréalière moyenne, la PIB. Un meilleur résultat budgétaire se matérialiserait croissance économique devrait s’accélérer à 4,3 % si le Maroc pouvait accélérer la mise en œuvre d’une en 2023, au-delà de l’expansion actuellement prévue réforme fiscale dont les grands principes ont déjà été pour la région MENA, l’économie mondiale et les édictés dans une loi-cadre approuvée mi-2021. pays avancés, et conformément aux projections pour Le déficit du compte courant devrait se les pays émergents et économies en développement. creuser à 5,2 % du PIB en 2022 avant de se ré- Le déficit budgétaire devrait augmenter en duire à moyen terme. Bien que les exportations ma- 2022 et rester supérieur à 5 % du PIB sur la période nufacturières puissent être affectées par le ralentisse- de projection. Une solide reprise de la collecte de ment mondial, les exportations de phosphates et de l’impôt sur les sociétés et les bénéfices exceptionnels services (tourisme) devraient croitre substantiellement obtenus par l’Office National des Phosphates OCP en 2022. Cependant, cela ne suffira pas à compenser soutiendront le budget. Cependant, les chocs en la flambée des importations d’énergie et de produits 10 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC Projections de croissance FIGURE 13 •  Écart du PIB réel par rapport au FIGURE 14 •  niveau de 2019 10 8 20 6 15 Différence en pourcentage Glissement annuel(%) des niveaux du PIB réel 4 10 2 0 5 –2 0 –4 –6 –5 –8 –10 Monde Economies EEMD MENA Maroc 2019 2020 2021 2022p 2023p avancées 2020 2021 2022p 2023p Egypte Tunisie Jordanie Maroc Source : Perspectives économiques mondiales juin 2022, et calcul Banque Mondiale. Source : Perspectives économiques mondiales juin 2022, et calcul Banque Mondiale. alimentaires causée par la hausse des prix des ma- émergentes et en développement, dont beaucoup tières premières et une faible récolte céréalière. Par se trouvent déjà en situation de surendettement ; conséquent, le déficit du compte courant devrait se une nouvelle variante plus perturbatrice du virus creuser sensiblement cette année. Sur l’horizon de COVID-19 ne peut être écartée ; Les aléas naturels prévision, il devrait diminuer progressivement à me- liés au climat sont de plus en plus fréquents, tant dans sure que l’impact des chocs actuels s’estompera, les économies avancées que dans les économies en soutenu par une normalisation des importations et la développement. Une nouvelle détérioration des pers- poursuite du dynamisme des recettes touristiques et pectives économiques mondiales pourrait réduire les des exportations manufacturières. Les flux nets d’IDE exportations, les recettes touristiques et les IDE, ce devraient rester stables à moyen terme, couvrant une qui aurait un effet négatif sur la position extérieure du part substantielle des besoins de financement exté- Maroc. rieur du Maroc. Le reste sera couvert par la dette pu- Si les pressions inflationnistes s’avèrent blique et, éventuellement, les réserves de change. plus persistantes que prévu actuellement, la banque centrale pourrait être contrainte de relever les taux d’intérêts. Beaucoup d’attention Risques associés aux perspectives a été consacrée récemment à la possibilité que macroéconomiques l’économie mondiale puisse entrer dans une période de stagflation.3 Certaines des dynamiques Compte tenu de la nature des chocs qui se dé- macroéconomiques observées au Maroc sont roulent à l’échelle mondiale, l’incertitude qui comparables aux vents contraires de la stagflation entoure les projections ci-dessus est particuliè- dont il est question ailleurs, la récente hausse rement prononcée et la résilience de l’économie de l’inflation coïncidant avec un ralentissement pourrait être davantage mise à l’épreuve. Parmi économique brutal. Si les pressions actuelles sur les principaux risques mondiaux qui pourraient se ma- térialiser, une guerre prolongée en Ukraine pourrait augmenter davantage les prix des matières premières 3 Voir le dernier rapport de la Banque mondiale sur les pendant une période prolongée ; le changement de perspectives économiques mondiales (juin 2022) pour cycle de la politique monétaire des économies avan- une analyse approfondie de la ressemblance entre cées pourrait déclencher des épisodes d’instabilité fi- la conjoncture internationale actuelle et l’ère de la nancière plus ou moins localisés dans les économies stagflation des années 1970. Perspectives et risques 11 TABLEAU 1 • Principaux indicateurs économiques 2019–2025, Maroc Estimé Projeté 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Économie réelle (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) PIB réel 2,9 –7,2 7,9 1,3 4,3 3,5 3,7 PIB agricole –5,0 –8,1 17,8 –15,0 12,0 4,8 4,6 PIB non agricole 3,8 –7,1 6,8 3,9 3,3 3,5 3,6 Industrie 4,1 –5,2 6,8 3,3 3,4 3,4 3,6 Services 3,9 –7,9 6,4 4,3 3,6 3,7 3,9 Consommation privée 2,2 –5,6 8,2 1,8 4,4 3,9 3,7 Consommation publique 4,8 –0,5 5,6 3,9 2,6 2,5 2,4 Formation brute en capital fixe 1,7 –10,0 9,3 5,5 5,7 4,7 4,7 Exportations, biens et services 5,1 –15,0 8,7 9,2 11,3 10,4 13,9 Importations, biens et services 2,1 –11,9 11,8 14,2 10,7 9,0 13,3 Taux de chômage (définition OIT, en pourcentage) 9,2 11,9 12,3 — — — — Inflation (IPC moyen, en pourcentage) 0,2 0,7 1,4 5,3 2,3 1,9 2,0 Finances publiques (en pourcentage du PIB) Dépenses 27,2 34,1 29,0 29,9 28,9 28,9 28,2 Revenus 23,8 27,0 23,5 23,6 23,5 23,7 23,4 Solde budgétaire –3,4 –7,1 –5,6 –6,4 –5,5 –5,2 –4,9 Dette du Trésor 60,3 72,2 68,9 72,1 72,9 72,7 72,4 Comptes monétaires (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) Masse Monétaire M3 3,8 8,5 5,2 — — — — Taux directeur) 2,3 1,5 1,5 — — — — Balance des paiements (en pourcentage du PIB, sauf indication contraire) Solde du compte courant –3,4 –1,2 –2,3 –5,2 –4,0 –3,7 –3,4 Importations, biens et services –42,0 –38,1 –42,1 –46,4 –44,4 –43,9 –43,0 Exportations, biens et services 34,2 30,8 33,0 34,9 35,3 35,5 35,7 Investissements directs étrangers 0,6 0,8 1,2 1,3 1,5 1,5 1,5 Avoirs officiels brutes (en milliards dollars, fin 26,4 36,0 35,6 35,0 35,3 35,7 36,1 de période) En mois d’importations 6,9 7,1 6,0 6,0 6,1 6,5 6,8 Taux de change (moyen) 9,6 9,5 — — — — — Éléments mémo PIB nominal (en milliards de dirhams) 1240 1152 1284 1370 1462 1543 1632 12 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC les prix persistent, la banque centrale pourrait il y a environ un an. Jusqu’à présent, les réformes se éventuellement revoir l’orientation accommodante sont concentrées principalement sur les secteurs de de la politique monétaire adoptée depuis le la santé, de la protection sociale et de l’éducation, début de la pandémie. Bien que cela puisse car les autorités sont déterminées à améliorer les ser- être nécessaire pour éviter un désancrage des vices publics clés tant en termes d’accès que de qua- anticipations d’inflation, cela ne serait pas sans coût lité. Les progrès ont été plus lents dans d’autres do- pour l’économie marocaine, car cela contribuerait maines critiques, tels que le renforcement du cadre à la décélération économique en cours tout en de la concurrence pour uniformiser les règles du jeu resserrant les conditions financières tant pour le pour les petites entreprises et les nouveaux entrants secteur public que privé. Malgré l’ampleur des sur les marchés clés, la modernisation du secteur chocs récents, les banques marocaines présentent des grandes entreprises publiques ou l’opération- des indicateurs financiers sains, mais le stock de nalisation du Fonds d’investissement stratégique prêts non performants s’élève déjà à 8,8 % du crédit Mohammed VI. La mise en œuvre réussie de ces ré- (avril 2022), formes pourrait accroître la croissance potentielle, ce Les performances de long terme de l’éco- qui sera essentiel pour que le PIB du Maroc revienne nomie marocaine pourraient être dopées par les progressivement aux tendances d’avant la pandémie réformes structurelles annoncées ces dernières et place ainsi le pays sur une voie de développe- années, mais une perte de dynamisme pourrait ment plus solide à l’avenir et renforce sa résilience également fragiliser la croissance potentielle. Le face aux nouveaux chocs. Un échec à les mettre en Maroc se distingue comme un pays qui a saisi les œuvre pourrait cependant réduire davantage le po- crises récentes comme une opportunité pour lan- tentiel de croissance de l’économie marocaine, qui a cer un effort réformateur qui s’est cristallisé dans le connu une tendance à la baisse pendant la majeure Nouveau modèle de développement (NDM) annoncé partie de la dernière décennie. Perspectives et risques 13 3 CHAPITRE SPÉCIAL SUR L’ÉCONOMIE DES SÉCHERESSES ET DE LA RARETÉ DE L’EAU AU MAROC C e chapitre spécial résume une partie du des investissements massifs dans les infrastructures travail analytique qui a été produit pour le sont encore prévus à cette fin dans les décennies à Rapport sur le climat et le développement du venir. Maroc (CCDR), un diagnostic de base de la Banque Le Maroc est l’un des pays les plus touchés mondiale qui sera bientôt publié. Il se concentre par le stress hydrique au monde, un problème sur les impacts des chocs pluviométriques sur qui devrait s’aggraver dans les décennies à venir. l’économie marocaine, qui ont été rendus de plus Entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des en plus apparents par une succession récente de ressources en eau renouvelables est passée de 2 560 sécheresses : trois au cours des quatre dernières m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le campagnes agricoles. Bien que le secteur agricole Maroc dans ce qui est considéré comme une situation contribue à une part modérée du PIB et que les de stress hydrique structurel (inférieur à 1 000 m3), se systèmes d’irrigation modernes aient été étendus rapprochant rapidement de seuil absolu de pénurie avec succès au cours des dernières décennies, d’eau de 500 m3 par personne et par an. Ce défi est les niveaux de précipitations irréguliers restent une appelé à s’aggraver avec le changement climatique, source importante de volatilité macroéconomique au compte tenu de l’évapotranspiration causée par les Maroc, une tendance que le changement climatique augmentations prévues des températures annuelles pourrait aggraver. Faire face à la rareté de l’eau est moyennes (de 1,5°C à 3,5°C d’ici le milieu du siècle) depuis longtemps une priorité gouvernementale et et une diminution prévue des précipitations (de 10 à 15 Production céréalière et FIGURE 15 •  Valeur ajoutée agricole et FIGURE 16 •  précipitations (variation en %) précipitations (% de variation) Coefficient de corrélation : 0,71 Coefficient de corrélation : 0,83 250 120 30 120 100 100 200 20 80 80 150 60 60 10 100 40 40 20 0 20 50 0 0 –20 –10 –20 0 –40 –20 –40 –50 –60 –60 –100 –80 –30 –80 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2021 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2021 Porduction céreal. (1000 qtx) Préciptations (mm) axe de droite Valuer ajutée agricole Préciptations (mm) axe de droite Source : Calcul des auteurs. Source : Calcul des auteurs. Valeur ajoutée agricole et PIB FIGURE 17 •  agricole mise en œuvre entre 2008 et 2018 (le Plan (variation en %) Maroc Vert, PMV) a contribué à étendre massivement Coefficient de corrélation : 0,63 les superficies irriguées, soutenant une recomposi- 8 30 tion de la production agricole en faveur de cultures 7 à plus forte valeur ajoutée. En conséquence, le PIB 20 6 agricole a un peu près doublé en termes réels, avec 10 5 une croissance annuelle moyenne de 5,7 entre 2008 4 0 et 2021. Cela a également permis au Maroc de de- 3 –10 2 venir un exportateur majeur de fruits et légumes (en –20 particulier, tomates, agrumes et haricots verts), ce qui 1 0 –30 contribuent à environ 22 pour cent des exportations 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2021 totales de marchandises. PIB réel Valeur ajoutée agricole (axe de droite) Cependant, les cultures pluviales restent Source : Calcul des auteurs. prédominantes en termes de surfaces cultivées et présentent une extrême variabilité liée à des précipitations erratiques. Les politiques décrites ci-dessus ont augmenté la contribution des cultures 20 %, ce qui pourrait atteindre 30 % dans certaines irriguées à plus de la moitié de la valeur ajoutée agricole régions). Dans ce contexte, les sécheresses peuvent totale. Cependant, les zones pluviales représentent devenir plus fréquentes et converger progressivement encore près des quatre cinquièmes des superficies vers une condition quasi permanente. totales cultivées et contribuent à plus de 40 pour cent Malgré ces conditions climatiques diffi- de la valeur ajoutée agricole des années moyennes. ciles, le Maroc a pu maintenir une croissance agri- Les céréales, et en particulier le blé, constituent la cole solide à long terme grâce au déploiement culture pluviale la plus importante tant en termes de d’infrastructures hydrauliques et au soutien aux valeur que de pertinence pour la sécurité alimentaire. cultures irriguées. Depuis la fin des années 1960, Preuve de la variabilité relativement importante de la le Royaume a construit plus de 120 grands barrages, production de blé au Maroc, le coefficient de variation entraînant une multiplication par dix de la capaci- du rendement de cette culture a atteint 0,34 entre 2000 té totale de stockage de l’eau. En outre, la stratégie et 2020, contre 0,23 en Tunisie, 0,18 en Algérie et en 16 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC Fonctions impulsion-réaction aux FIGURE 18 •  Une analyse économétrique confirme que chocs de pluie pour le PIB (SVAR l’irrégularité des précipitations constitue encore et LP) une source importante et persistante de volatili- 0,02 té macroéconomique au Maroc. Cette section fait 0,015 appel à diverses spécifications économétriques ap- 0,01 pliquées pour tracer la fonction de réaction impulsion- 0,005 nelle du PIB réel aux chocs pluviométriques.5 Comme 0 on peut le voir sur la figure 18, même des réductions –0,005 –0,01 marginales des niveaux de précipitations déclenchent –0,015 des oscillations «stop-and-go» de l’activité écono- –0,02 mique qui continuent à se faire sentir plus de deux –0,025 ans après le choc, et qui se déroulent en trois étapes 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 : (i) l’impact est initialement négatif, culminant deux tri- SVAR LP mestres après le choc ; (ii) lorsque la production agri- Source : calculs des auteurs. cole rebondit à partir d’une base faible, cette réponse Remarque : La zone grise correspond aux intervalles de confiance du SVAR à 95 %. devient positive 6 trimestres après le choc ; (iii) enfin, le rebond dilue deux campagnes agricoles après le choc, entraînant une nouvelle décélération de la croissance Espagne, 0,11 en France et 0,06 en Turquie (calculs du PIB. La décomposition de la variance de l’erreur basés sur les données FAOSTAT ).4 Ces fluctuations de prévision (FEVD) des régressions SVAR peut être sont principalement liées au niveau et à la distribution temporelle des précipitations tout au long de la saison agricole. Ceci est illustré par la forte corrélation entre 4 Le coefficient de variation du rendement est défini les variations des précipitations, de la production comme l’écart-type d’une culture donnée exprimé en volumes divisé par sa moyenne. céréalière et de la valeur ajoutée agricole (figures 15 5 Voir l’annexe méthodologique pour plus d’informations et 16), dont les effets d’entraînement importants sur le sur les auto régressions vectorielles structurelles (SVAR) taux de croissance global de l’économie peuvent être et les projections locales (LP) qui ont été utilisées dans appréciés dans la figure 17. cet exercice. FIGURE 19 • Décomposition historique de la variation annuelle du PIB (SVAR) 5,0 2,5 Pourcentage 0 –2,5 –5,0 2003 T1 2003 T3 2004 T1 2004 T3 2005 T1 2005 T3 2006 T1 2006 T3 2007 T1 2007 T3 2008 T1 2008 T3 2009 T1 2009 T3 2010 T1 2010 T3 2011 T1 2011 T3 2012 T1 2012 T3 2013 T1 2013 T3 2014 T1 2014 T3 2015 T1 2015 T3 2016 T1 2016 T3 2017 T1 2017 T3 2018 T1 2018 T3 2019 T1 2019 T3 Contribution chocs de précipitation Croissance normalisée Source : calculs des auteurs. Remarque : La zone grise correspond aux intervalles de confiance du SVAR à 95 %. Chapitre Spécial sur l’économie des sécheresses et de la rareté de l’eau au Maroc 17 interprétée comme une approximation de la contribu- niveaux de précipitations anormalement bas qui ont tion des chocs pluviométriques aux fluctuations du été enregistrés au cours des mois les plus critiques cycle économique du Maroc : en moyenne à moyen pour la production céréalière. Cependant, un facteur terme, les chocs pluviométriques expliquent près de aggravant en 2022 est qu’une mauvaise récolte coïn- 37 % de la variance de ‘erreur de prévision du PIB, ce cidera avec une flambée des prix alimentaires mon- qui est nettement supérieur au poids de la valeur ajou- diaux déclenchée par l’invasion Russe en Ukraine, tée agricole sur le PIB (environ 13 % en moyenne sur qui affectera considérablement la valeur des importa- la dernière décennie). La figure 19 illustre en outre le tions nécessaires, avec des impacts significatifs sur le poids des chocs pluviométriques en tant que moteur déficit du compte courant (voir chapitres 1 et 2). des fluctuations trimestrielles normalisée de la crois- À plus long terme, l›économie marocaine sance du PIB au cours des dernières années. pourrait avoir plus de mal à se remettre des L’exposition du Maroc aux chocs pluviomé- sécheresses, car la pénurie d›eau devient une triques a été particulièrement manifeste ces der- condition plus permanente. Les canaux par lesquels nières années, amplifiant les fluctuations déjà im- les sécheresses (chocs) et la rareté de l’eau (agent de portantes subies par l’économie dans le contexte stress à long terme) affectent l’économie sont différents de la pandémie de COVID-19. Comme souligné mais pourraient se renforcer mutuellement. En effet, dans les chapitres précédents, la contraction subie le schéma «stop-and-go» décrit ci-dessus pourrait au cours de la première année de la pandémie et le être modifié par la combinaison de sécheresses plus rebond qui a eu lieu en 2021 ont été nettement plus fréquentes et prolongées et d’un déclin structurel des importants au Maroc qu’en moyenne dans la région ressources en eau. Dans ce scénario, le Maroc aurait MENA et dans le monde.6 Cela était en partie dû à un du mal à récupérer les pertes de production agricole certain nombre de facteurs idiosyncrasiques, notam- subies au cours des années sèches. Une publication ment le poids de l’industrie marocaine du tourisme, récente de la Banque mondiale utilise un modèle la rigueur des mesures de distanciation sociale impo- d’équilibre général calculable pour simuler l’impact sées pour faire face à la pandémie ou le succès de la que pourrait avoir une réduction permanente de campagne de vaccination. Cependant, cela s’explique l’approvisionnement en eau sur l’économie marocaine.8 aussi par le fait que la pandémie de COVID-19 a été Selon ces simulations, dans des conditions extrêmes, aggravée par un choc pluviométrique : en 2019 et 2020, le Maroc a connu deux années consécutives de sécheresse, suivies d’une forte campagne agricole en 6 La contraction de 6,3 réels enregistrée au Maroc en 2020 contraste avec la contraction de 3,7 enregistrée en 2021. Pour illustrer la pertinence de ce second choc moyenne dans la région MENA, –1,6 pour les marchés , un taux de croissance contrefactuel est calculé pour émergents et les économies en développement, –1,3 pour l’économie marocaine en supposant que la valeur les pays à revenu intermédiaire ou –3,7 pour le monde dans ajoutée agricole a suivi les tendances historiques : la son ensemble. Au lieu de cela, le Maroc a surperformé ces contraction de 2020 n’aurait atteint que 4,5 % (contre différents groupes en 2021, avec une croissance estimée 6,3 %), alors que l’expansion de 2021 aurait été limitée à 7,4 % (3,4 dans la région MENA, 6,6 dans les économies émergentes et en développement, 6,8 dans les pays à à 5,9 % ( contre une estimation de 7,4 pour cent).7 revenu intermédiaire et 5,7 % dans le monde). Comme en témoigne 2022, la dépendance 7 Ce contrefactuel est construit en supposant qu’après du Maroc à l’égard des céréales importées peut 2019, la valeur ajoutée agricole continue d’augmenter également accroître l’exposition de l’économie à son taux historique à long terme de 5,4 % (moyenne aux chocs internationaux. Comme dans la ma- géométrique 2009–2019). Ces calculs utilisent toujours jeure partie de la région MENA, la farine de blé est les données des comptes nationaux de l’année de référence 2007. un aliment de base essentiel dans l’alimentation ma- 8 Taheripour, Farzad; Tyner, Wallace E.; Haqiqi, Iman; rocaine et, lorsque la production nationale faiblit, le Sajedinia, Ehsanreza. 2020. Pénurie d’eau au pays est obligé d’importer de plus grands volumes de Maroc : analyse des principaux défis liés à l’eau. Banque céréales. Ce sera le cas en 2022 compte tenu des mondiale, Washington, DC. © Banque mondiale 18 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC Evolution de la capacité de FIGURE 20 •  Volume d’eau actuel stockée dans FIGURE 21 •  stockage de l’eau les barrages principaux 20 160 Cumul des capacitées de stockage (Mm3) 16 000 100 18 140 14 000 90 16 80 120 12 000 Nombre de barrages 14 70 Taux de remplissage 12 100 10 000 Volume (Mm3) 60 10 80 8 000 50 8 60 6 000 40 6 40 30 4 4 000 2 20 20 2 000 10 0 0 1967 1971 1979 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2018 2019 2020 0 0 1989 1992 1994 1997 1999 2002 2004 2007 2009 2012 2014 2017 2019 Cumul des capacites stockage (Mm3) Nombre des barrages cumule (axe de droite) Volume enregistré en Mm3 Taux de remplissage (axe de droite) Source : Plan National de l’Eau (PNE). Source : Ministère de l’Equipement et de l’Eau. la rareté de l’eau pourrait entraîner une baisse du PIB majeure partie de la dernière décennie (figure 21). En réel pouvant atteindre 6,5 %. fait, le taux de remplissage global a atteint un niveau Le gouvernement entend continuer à critique d’environ 33 % au début de cette année, ce s’appuyer sur un ambitieux plan de développement qui constitue une menace pour la sécurité de l’eau des infrastructures pour minimiser l’impact des dans certains bassins du Maroc (en particulier, Souss- sécheresses et de la rareté de l’eau sur l’économie Massa, Tensift et Moulouya), et incite les autorités marocaine. Le Plan National de l’Eau 2050 prévoit à adopter diverses mesures d’urgence. Dans ce des investissements dans les infrastructures d’une contexte, le recours au dessalement, à la réutilisation valeur d’environ 40 milliards de dollars américains des eaux usées et à la récupération des eaux pluviales pour minimiser l’écart entre la demande et l’offre est devenu une priorité, et le PNE comprend un d’eau projetées au cours des décennies à venir. portefeuille de tels projets qui pourraient mobiliser Il comprend des projets visant à accroître la près de 1,6 milliard de m3 par an. Cependant, les mobilisation de l’eau d’environ 4,6 milliards de m3/ ressources en eau non conventionnelles sont une an d’ici 2050, principalement par la construction de option coûteuse tant en termes d’OPEX que de CAPEX, nouveaux barrages et interconnexions. Il envisage et par conséquent peut exiger une participation plus également des projets visant à contenir la croissance active du secteur privé, qui peut ne pas se concrétiser de la demande par la modernisation des techniques à moins que la structure des tarifs de l’eau ne soit d’irrigation économes en eau et la réduction des révisée. De plus, les usines de dessalement sont pertes dans le transport et la distribution d’eau énergivores et nécessitent donc des investissements potable. A terme, le PNE entend éviter, ou du moins concomitants dans la production d’électricité. De plus, minimiser, le rationnement de l’approvisionnement en la mobilisation non conventionnelle de l’eau n’est pas eau des différents secteurs de l’économie marocaine, neutre pour l’environnement.9 Mais continuer à augmenter la capacité de stockage peut ne pas être suffisant pour faire face efficacement au stress hydrique. Bien que le Maroc 9 L’impact environnemental de l’énergie requise par les usines de dessalement peut être compensé si elle est ait à peu près doublé sa capacité de stockage d’eau produite à partir de sources renouvelables, comme prévu depuis le milieu des années 90 (figure 20), le volume au Maroc. Cependant, le dessalement génère également réel d’eau stocké dans les principaux barrages du de la saumure qui est rejetée dans l’océan, dégradant pays a suivi une tendance à la baisse pendant la potentiellement les écosystèmes côtiers et marins. Chapitre Spécial sur l’économie des sécheresses et de la rareté de l’eau au Maroc 19 Contre toute attente, l’adoption généralisée de subsistance ruraux tout en garantissant une de technologies d’économie d’eau peut avoir utilisation durable de l’eau. Le nouveau modèle accru les pressions sur les ressources en eau. de développement du Maroc (NDM) appelle déjà à Comme déjà mentionné, la stratégie agricole mise en des réformes politiques pour refléter la vraie valeur œuvre depuis la fin des années 2000 (PMV) a favorisé des ressources en eau et encourager des utilisations avec succès l’adoption d’équipements modernes plus efficaces et rationnelles. Elle souligne également d’irrigation à la ferme, faisant plus que tripler les la nécessité d’une plus grande transparence sur les surfaces cultivées sous irrigation goutte à goutte. coûts tout au long de la chaîne de l’eau, de la mobi- L’hypothèse sous-jacente à cet effort était qu’en lisation à la consommation et au traitement. Une ré- augmentant la productivité de l’eau, ces technologies vision de la tarification de l’eau pourrait en effet être d’irrigation pourraient aider à accroître la production une exigence cruciale pour encourager une utilisa- agricole tout en contribuant à conserver les rares tion plus rationnelle de ce qui est clairement une res- ressources en eau du pays. Dans la pratique, alors source de plus en plus rare et pour le recouvrement que le premier objectif a été atteint, les technologies des coûts. Cela peut être particulièrement important à d’irrigation modernes peuvent avoir modifié les des fins d’irrigation, qui consomment près des quatre décisions de culture de manière à augmenter plutôt cinquièmes des apports d’eau totaux. Un autre méca- qu’à diminuer la quantité totale d’eau consommée nisme que le Maroc pourrait explorer est un système par le secteur agricole au-delà des niveaux durables. de quotas négociables, qui pourrait fournir la flexibi- Une conséquence de cette tendance a été la lité nécessaire pour une allocation optimale de l’eau surexploitation des réservoirs d’eau souterrains, une entre les utilisateurs. Une surveillance plus active de issue inquiétante compte tenu de leur rôle traditionnel l’utilisation des eaux souterraines est également une d’amortisseur auprès des agriculteurs marocains priorité pour faire face à leur surexploitation. Pour que pour faire face aux chocs climatiques. La littérature fait de telles mesures soient mises en œuvre, une réforme référence à cet impact contre-intuitif des technologies de la gouvernance peut également être nécessaire, d’économie d’eau comme le paradoxe de Jevons, comme l’a déjà souligné le NDM, qui a appelé entre qui se produit lorsque «le progrès technologique ou autres au dégroupage des branches eau et électricité la politique gouvernementale augmente l’efficacité de l’ONEE. avec laquelle une ressource est utilisée, mais le coût d’utilisation défaillant augmente sa demande, annulant les gains d’efficacité».10 Dans ce contexte, 10 Pour une revue récente et complète de la littérature, la communauté internationale est de plus en plus voir Pérez Blanco, Hrast Essenfelder et Perry (2020), consciente des limites des politiques axées sur « Irrigation Technology and Water Conservation : A l’adoption de techniques d’irrigation modernes pour Review of the Theory and Evidence ». Août 2020Review of Environmental Economics and Policy 14(2):216–239 conserver l’eau.11 11 Le paradoxe de Jevons se produit « quand ». Bauer, Dans ce contexte, les « solutions d’ingénie- Diana; Papp, Kathryn (18 mars 2009). «Perspectives de rie » devraient être associées à des politiques de revue de livre: le paradoxe de Jevons et le mythe des gestion de la demande pour soutenir les moyens améliorations de l’efficacité des ressources». 20 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC ANNEXE TECHNIQUE : PROJECTIONS LOCALES ET SPÉCIFICATIONS ÉCONOMÉTRIQUES SVAR W e used a structural vector autoregressive Following Kilian & Lütkepohl (2017) and Rubio- model and local projections model to Ramírez et al. (2010), the SVAR can represent as: understand the effect of the rainfall shocks on the gross domestic product of Morocco. We A0 Yt = A+ Xt + εt(2) estimated a model with annually growth of average quarterly of precipitation (Rt) and GDPt in the period Where Yt = [Rt GDPt] is the vector of the n 2001q1-2019q4. Both methodologies allow estimate the endogenous variables, Xt = [Yt-1 ...Yt-p 1] is the impulse-response function (IRF) to know the reaction of vector of k (nxp) explanation (lagged) variables, the Moroccan GDP to unexpected changes in rainfall. εt is the vector of n structural shocks with Normal Following Jordà (2005) and Plagborg-Møller & distribution N(0, In). A0 and A+ = [A1... Ap C] are the Wolf (2021)as it is done with vector autoregressions matrix of structural parameters for j = 0,..., p, n is the (VAR, the local projections can represent formally as number of endogenous variables, p is the number of lags (selected with Akaike Information Criterion), p T is the sample size. We ordered first the rainfall yt+h = αh + θyx,hxt + γ ′h rh + ∑A l=0 Y + uh,j (1) h,j t–j and then the macroeconomic variable to identify the structural shocks on SVAR model (recursive p identification), since that the precipitations are is α Where yt+h = h + the θyx,hx GPD t + at γ ′h t time rh++ ∑ h, xt is l=0 Athe h,jYt– j + uh,j precipitations not affected by macroeconomic variables in the variable, and the rt is the vector of control variables short-term. (EURO GDP and Food International Price). uh,t is the For the SVAR model, we use different tools projection residual and αh, θxy,h, Ah,j is the projection of the SVAR that allow the interpretation of the coefficients. We are interested of the coefficient θxy,h, estimated results. First, we obtain the impulse- that it is the point estimation of LP impulse response response function that explain the effect of the function that describe the effect of erratic rainfall on precipitation shocks on GDP at time h. Formally, we the output of Morocco at horizon h. can define the IRF as: 21 h Θh(A+, A0) = (A0–1J ′F J), between the shocks of precipitation εR,t and output εGDP,t, where Θji (s) represents the response of ith A1 A0–1In o endogenous variable to jth structural shock at time s F = A A –1 (3) (impulse-response function). p–1 0 o In Ap A0–1 o o We also used the forecast error variance In decomposition (FEVD) to obtain the percentage of J= o participation of precipitation shocks on fluctuations  of the gross domestic product. For this purpose, we o estimated the squared cumulative effect of rainfall on GDP (squared impulse response function) up to Where θh is a nxn matrix and its element θijh represent horizon h. In addition, we obtained the forecast error the response of ith endogenous variable to jth covariance matrix (minimum squared prediction error) structural shock at time h (Rubio-Ramírez et al., 2010). at horizon h, that it is the sum up of the contribution Since the stationary condition of the of the precipitation and output shocks. Formally, the endogenous variables and the matrix A0 is invertible, FEVD can expressed as: we used the moving average representation to explain the GDP (demeaned) as a function of structural 2 Σs =0 (θR (s)) h–1 GDP shocks (historical decomposition): FEVDGDP,R,h = (5) [ Σsh=0 –1 (θR GDP (s))2 ] + [ Σs =0 (θGDP (s)) ] h–1 GDP 2 t–1 GDPt = ∑Θ S=0 GDP R (s) × εR,t + ΘGDP GDP (s) × εGDP,t (4) For more econometric details, see the book of SVAR writing by Kilian & Lütkepohl (2017), and Jordà (2005), Montiel Olea & Plagborg-Møller (2021) and With the equation (4) we can (historically) decompose Plagborg-Møller & Wolf (2021)as it is done with vector the fluctuations of the annually growth of the GDP autoregressions (VAR for LP methods. 22 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC SÉLECTION DE PUBLICATIONS RÉCENTES DE LA BANQUE MONDIALE SUR LE MAROC Trends and Determinants of Female Labor Force Participation in Morocco: An Initial Exploratory March 2021 Policy Research Working Paper Analysis Tracking Economic Activity in Response to the COVID-19 Crisis Using Nighttime Lights — The Case of February 2021 Policy Research Working Paper Morocco Morocco’s Jobs Landscape March 2021 Publication Once NEET, Always NEET? A Synthetic Panel Approach to Analyze the Moroccan Labor Market May 2020 Policy Research Working Paper Morocco Economic Update – Spring 2020 April 2020 Brief Water Scarcity in Morocco: Analysis of Key Water Challenges Jan. 2020 Report Morocco – Supporting the Design of Performance-Based Contracts to Improve Results in Education Dec. 2019 Brief Polarization and Its Discontents: Morocco before and after the Arab Spring Oct. 2019 Policy Research Working Paper Doing Business 2020: Comparing Business Regulation in 190 Economies – Economy Profile of Oct. 2019 Doing Business Morocco Morocco Economic Update – Fall 2019 Oct. 2019 Brief The Moroccan New Keynesian Phillips Curve: A Structural Econometric Analysis Sept. 2019 Policy Research Working Paper Lessons from Power Sector Reforms: The Case of Morocco August 2019 Policy Research Working Paper Leveraging Urbanization to Promote a New Growth Model While Reducing Territorial Disparities in June 2019 Publication Morocco: Urban and Regional Development Policy Note Morocco: Systematic Country Diagnostic (‫ةيبرعلا‬, English, French) June 2019 SCD Creating Markets in Morocco a Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job June 2019 CPSD Creation and Skills Upgrading Morocco’s Growth and Employment Prospects: Public Policies to Avoid the Middle-Income Trap March 2019 Policy Research Working Paper 23 RÉSUMÉ DES FOCUS SPÉCIAUX DES DERNIERS RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE Automne 2021 MEU : « Pistes Printemps 2021 MEU : « COVID-19, politiques pour accélérer la inégalités et emplois au Maroc » croissance économique du Maroc » Au-delà des effets cumulés de la pandémie de Le Nouveau Modèle de Développement (NDM) COVID-19, il devient de plus en plus clair que fixe des objectifs ambitieux dont la concrétisation les conséquences économiques de la crise sont nécessiterait un bond en avant de la croissance inégalement réparties. L’impact socio-économique économique. Pour s’engager sur une trajectoire important et inégal de la crise a été en partie atténué de croissance conforme aux ambitions du NDM, la par les vastes programmes de transferts monétaires mise en œuvre soutenue d’un programme politique déployés pendant la période de confinement. transversal sera essentielle. Le récit historique Au Maroc comme ailleurs, les segments les plus présenté dans ce rapport démontre que les épisodes pauvres de la population ont été plus exposés de croissance accélérée tels que ceux envisagés par aux conséquences sanitaires et économiques de le NDM ont été rares mais pas sans précédent dans la pandémie. En conséquence, l’incidence de la l’économie mondiale. Pour y parvenir, le Maroc devra pauvreté a augmenté après plusieurs années de surmonter sa dépendance excessive à l’accumulation progrès social soutenu et ne devrait pas revenir de capital comme principale source de croissance. Au aux niveaux d’avant la pandémie avant 2023. Une contraire, diverses simulations suggèrent que doubler particularité du cas marocain est que la réponse le PIB par habitant d’ici 2035 obligera le Royaume à politique à la crise a été efficace pour amortir la augmenter considérablement les contributions de la réduction des revenus qu’une grande partie des productivité, de la main-d’œuvre et de la formation de ménages les plus pauvres aurait subie en l’absence capital humain à la croissance économique. des transferts monétaires d’urgence généralisés qui 25 ont été déployés pendant la période de confinement. En outre, les défis à long terme qui caractérisent les Cependant, ces mesures étaient de nature temporaire marchés du travail marocains devront peut-être être et une approche plus structurelle sera nécessaire pour relevés, à savoir sa capacité insuffisante à créer de garantir que les bénéfices de la reprise post-COVID nouveaux emplois même lorsque l’économie est en seront équitablement répartis. Les vastes réformes de croissance, le taux d’inactivité élevé, en particulier la protection sociale et de l’assurance maladie que parmi les jeunes et la population féminine, et la baisse le Royaume engage répondent à cette nécessité. lente des niveaux de l’informalité. 26 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LA REPRISE ÉCONOMIQUE TOURNE À SEC 1818 H Street, NW Washington, DC 20433