REPUBLIQUE DU MALI RAPPORT DE REVUE DU SECTEUR AGRICOLE VOLUME 1 : Atouts, contraintes et piliers de transformation de l’agriculture malienne Août 2022 Agriculture and Food Global Practice West and Central Africa World Bank Group TABLE DES MATIÈRES Résumé exécutif .................................................................................................................................... vii Executive Summary ............................................................................................................................... xv I. PREMIERE PARTIE : DEVELOPPEMENT AGRICOLE AU MALI, ATOUTS ET CONTRAINTES. ............ 1 A. Les atouts du secteur. ................................................................................................................. 1 B. Les principaux défis. ................................................................................................................... 1 1. L’accès au marché. .................................................................................................................. 1 2. La structuration du secteur agricole. ..................................................................................... 7 3. Gestion des ressources naturelles et changement climatique ............................................. 9 4. Améliorer la productivité. .................................................................................................... 20 5. Un défi prioritaire : développer les ressources humaines. ................................................. 27 6. Renforcer le rôle et la productivité des femmes. ................................................................ 29 7. Besoin d’une stratégie nationale de Gestion Intégrée des risques. ............................... 31 II. DEUXIEME PARTIE : LES PILIERS STRATEGIQUES DE LA TRANSFORMATION DU SECTEUR AGRICOLE .............................................................................................................................................. 33 A. Problématique de l’accélération de la transformation structurelle du secteur agricole. ...... 33 B. Piliers stratégiques de transformation du secteur agricole ..................................................... 35 Pilier 1 : Lever les contraintes d’accès aux marchés, développer l’agro-industrie et accroitre les exportations .................................................................................................................................. 35 Pilier 2: Cibler et investir dans les filières/sous-secteurs qui permettront de générer d’importantes opportunités d’emplois, en particulier pour les jeunes...................................... 38 Pilier 3 - Gérer durablement les ressources naturelles et renforcer la productivité agricole dans un contexte de changement climatique ...................................................................................... 39 CARTE DU MALI..................................................................................................................................... 43 BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................... 44 ii LISTE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS ACDI Agence canadienne de développement international AEDD Agence pour l’environnement et le développement durable AFD Agence française de développement AGR /IGA Activité génératrice de revenus AGRA Alliance for a Green Revolution in Africa APCAM Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali BAD Banque africaine de développement BID Banque islamique de développement BNDA Banque nationale de développement agricole BOAD Banque ouest africaine de développement CEDEAO Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest CMDT Compagnie malienne de développement des textiles CNRA Comité national de la recherche agricole COP Comité d'orientation et de pilotage CPR/RPF Cadre de politique de réinstallation CREDD Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable CRO Comité régional d’orientation CRRA Centres régionaux de recherche agronomique CSA Commissariat à la Sécurité Alimentaire CSCLP Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté CSCRP Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté CV Chaîne de valeur DNA Direction Nationale de l'Agriculture DNCC Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence DNPIA Direction Nationale des Productions et Industries Animales DNSI Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique EAC Enquête agricole de conjoncture EAF Exploitations agricoles familiales EMEP Enquête malienne d'évaluation de la pauvreté FAO Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture FAO Organisation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation FEM Fonds pour l’environnement mondial FIDA Fonds international pour le développement agricole FMI Fonds Monétaire International FNAA Fonds national d’appui à l’agriculture GIE Groupement d'intérêt économique GLEAM-i Modèle mondial d'évaluation environnementale du bétail - Interactif GMM Grands moulins du Mali GRN Gestion des ressources naturelles Ha Hectare(s) IDA Association internationale de développement IER Institut d'Economie Rurale ILRI Institut international de recherche sur l'élevage LOA Loi d’orientation agricole iii ODD Objectif de développement durable OIE Organisation mondiale de la santé animale OMA Observatoire des marchés agricoles OMD Objectifs du millénaire pour le développement ON Office du Niger ONG Organisations non gouvernementales OP Organisation Paysanne OPA Organisations professionnelles agricoles OPAM Office des produits agricoles du Mali OPV Office de protection des végétaux OSC Organisation de la société civile PAM Programme alimentaire mondial PAM Programme alimentaire mondial PAR/RAP Plan d'action de réinstallation PASSIP Programme d’appui au sous-secteur de l’irrigation de proximité PCDA Programme compétitivité et diversification agricole PCV Période de croissance des végétaux PDA Politique de développement agricole PDDAA Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine PIB Produit intérieur brut PIBA Produit intérieur brut agricole PIV Périmètre irrigué villageois PME Petites et moyennes entreprises PNG Politique nationale genre PNIP Programme national d'Irrigation de Proximité PNISA Programme national d’investissement du secteur agricole PNPE Politique nationale de la Protection de l’environnement PNUAD Plan cadre des Nations Unies pour l’assistance au développement PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PPAD Programme de promotion de la productivité de l’Agriculture durable PRED Plan pour la relance durable PSI Programme de subvention des intrants PTBA Programmes de travail et de budget annuels PTF Partenaires techniques et financiers RPGH Recensement Général de la Population et de l'Habitat RSE Recherche systèmes d’exploitation RSV Recherche systèmes et vulgarisation S&E Suivi et évaluation SAP /EWS Système d'alerte précoce SFD Système financier décentralisé SFI /IFC Société financière internationale SIG/GIS Système d'information géographique SNRA Système national de recherche agricole SUKALA Complexe sucrier du Kala Supérieur TDR Termes de référence TEC Tarif extérieur commun TIC/ICT Technologies de l'information et de la communication iv UCP Unité de coordination nationale et de gestion UCR Unité de coordination régionale UE Union Européenne UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine USAID Agence des États-Unis pour le développement international VBG Violence basée sur le genre v Abstract Le Mali possède un potentiel agricole considérable. Environ 44 millions d’hectares sont utilisables pour l’agriculture et l’élevage, dont seulement 7 millions d’ha (soit 16%) sont cultivés à l’heure actuelle. Le pays dispose également d’importantes ressources en eaux souterraines et de surface : le potentiel irrigable du pays est estimé à plus de 2,2 millions d'ha dont seulement 170 000 ha sont équipés en maitrise totale de l’eau et 210 000 ha en maitrise partielle. La Mali est aussi un grand pays d’élevag e qui possède l’un des cheptels les plus importants d’Afrique de l’Ouest. La mise en valeur de ce potentiel productif considérable est cependant confronté à des contraintes très fortes : (i) des systèmes de production traditionnels, extensifs et très peu capitalisés, qu’il faudra moderniser pour en améliorer durablement la productivité et la compétitivité ; (ii) un accès limité des producteurs aux marchés, dû à l’insuffisance des infrastructures et à la faible organisation des chaines de valeur ; (iii) une pression démographique et un changement climatique qui ont un impact négatif grandissant sur des ressources naturelles fragiles dont il faudra améliorer et optimiser la gestion ; (iv) un accès difficile au conseil technique, aux technologies/intrants et aux services financiers ; (v) un secteur privé encore peu développé qu’il faudra mobiliser par un cadre institutionnel incitatif et des investissements publics permettant d’en améliorer la rentabilité. La présente revue recommande une transformation de l’’agriculture malienne selon trois piliers prioritaires et complémentaires : (i) Pilier 1 : Lever les contraintes d’accès aux marchés, développer l’agro-industrie et accroitre les exportations ; (ii) Pilier 2: Cibler et investir dans les filières/sous-secteurs qui permettront de générer d’importantes opportunités d’emplois, en particulier pour les jeunes. (iii) Pilier 3 - Gérer durablement les ressources naturelles et renforcer la productivité agricole dans un contexte de changement climatique. Abstract Mali has considerable agricultural potential. Approximately 44 million hectares are usable for agriculture and livestock, of which only 7 million ha (or 16%) are currently cultivated. The country also has significant groundwater and surface water resources: the country's irrigable potential is estimated at more than 2.2 million ha, of which only 170,000 ha are equipped with total water control and 210,000 ha with partial water control. Mali is also a major livestock country with one of the largest herds in West Africa. However, the development of this considerable productive potential is confronted with very strong constraints: (i) traditional, extensive and poorly capitalized production systems, which will need to be modernized in order to sustainably improve their productivity and competitiveness; (ii) limited access of producers to markets, due to insufficient infrastructure and poorly organized value chains; (iii) demographic pressure and climate change, which are having a growing negative impact on fragile natural resources whose management must be improved and optimized; (iv) difficult access to technical advice, technologies/inputs and financial services; (v) a still underdeveloped private sector that must be mobilized through an incentive-based institutional framework and public investments to improve its profitability This review recommends transforming Malian agriculture according to three priority and complementary pillars: (i) Pillar 1: Remove market access constraints, develop agro-industry and increase exports; (ii) Pillar 2: Target and invest in sectors/sub-sectors that will generate significant employment opportunities, particularly for young people (iii) Pillar 3 - Sustainable management of natural resources and strengthening agricultural productivity in a context of climate change. vi Résumé exécutif Les atouts du secteur agricole malien Le Mali possède un potentiel agricole considérable. Environ 44 millions d’hectares sont utilisables pour l’agriculture et l’élevage, dont seulement 7 millions d’ha (soit 16%) sont cultivés à l’heure actuelle. Le pays dispose également d’importantes ressources en eaux souterraines et de surface : le potentiel irrigable du pays est estimé à plus de 2,2 millions d'ha dont seulement 170 000 ha sont équipés en maitrise totale de l’eau et 210 000 ha en maitrise partielle (à ce total s’ajoute la culture de décrue non- équipée qui concernait 250 000 ha en 2009). La grande diversité agro-climatique du pays offre des opportunités importantes en termes de productions agricoles, allant des systèmes à base de coton et de céréales sèches, aux cultures irriguées, à l’arboriculture fruitière. La Mali est aussi un grand pays d’élevage qui possède l’un des cheptels les plus importants d’Afrique de l’Ouest. Le potentiel aquacole aménageable est considérable (près de 900 000 ha de bas-fonds, de mares et de plaines, et il est aussi très faiblement exploité. Les principaux défis de l’agriculture malienne La vaste superficie du Mali, la répartition inégale des activités économiques entre le Nord et le Sud et le manque d’un accès à la mer sont un défi majeur pour relier les zones de production aux marchés de consommation. L’enclavement des producteurs n’est pas du uniquement à l’insuffisance des infrastructures de transport mais aussi à celles de mise en marché ainsi que la faiblesse ou absence d’autres instruments de connectivité -- comme les technologies d’information et de communications (TIC) et la gestion des normes sanitaires -- qui déterminent l’accès aux marchés des opérateurs ruraux. Le Mali compte plus de 15 000 organisations à vocation agricole, structurées plus ou moins fortement en réseaux. De nombreuses organisations de producteurs agricoles (OPA) ont réussi à améliorer l’accès de leurs membres aux intrants et même l’accès aux services financiers. Elles ont aussi été un instrument efficace pour la reconnaissance du rôle-clé des femmes dans les activités agricoles. Malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour améliorer l’efficacité des OPA. La gouvernance des organisations paysannes n’est pas toujours à la hauteur des enjeux et des attentes et plus de place doit être donnée aux femmes et aux jeunes dans leur gestion. Au niveau de leur activités économiques, d’importants défis subsistent aussi. Leur accès aux financements dont elles ont besoin est encore très limité, à cause des risques perçus liés à l’activité agricole mais aussi de la qualité de leur gestion. La dégradation des sols et les changements climatiques représentent des défis majeurs à la durabilité des systèmes de production agricole du Mali. Au cours des trente dernières années, le changement climatique et la croissance démographique ont induit de profonds changements dans mode d’utilisation de l’espace rural. La baisse de la fertilité des sols est l’une des principales causes de la baisse ou de la stagnation des rendements des principales cultures. La dégradation des sols touche actuellement environ 22% des terres arables dont une grande partie a atteint un degré « sévère » à « très sévère ». Avec la disparition du couvert forestier et de la jachère, les sols sont devenus plus vulnérables à l’érosion éolienne et pluviale. Cela entraine des pertes en sol de surface, l’ensablement des terres agro-pastorales et des cours d'eau, et la réduction de la recharge des nappes phréatiques. La perte de fertilité due à l’exportation des nutriments et à la dégradation physique des sols n’est pas compensée par des amendements organiques ou minéraux. Les systèmes de production devront évoluer profondément au cours des prochaines années avec l’adoption de pratiques agricoles mieux adaptées aux conditions imposées par le la pression foncière et le changement climatique. Une large gamme de technologies est disponible mais elles n’ont été que peu adoptés par les agriculteurs en raison de contraintes biophysiques, économiques ou socioculturelles. Il est impératif de les ajuster à l’environnement spécifique des producteurs et de les rendre abordables pour des paysans qui sont de plus en plus conscients de l’urgence d’adopter de nouvelles méthodes de culture. vii Le Mali figure parmi les pays les plus pays vulnérables au changement climatique. Les températures annuelles ont augmenté de 0,8°C depuis 1960 (une moyenne de 0,15°C par décennie). Le pays a aussi connu une récurrence d’évènements extrêmes qui ont eu des incidences profondes sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des ménages, accru les conflits liés à l’accès aux ressources naturelles ainsi que les flux migratoires des zones rurales vers les centres urbains. Les projections varient selon des modèles de prévision, mais la plupart de ces derniers indiquent que les températures devraient continuer à augmenter de 2,0°C à 2,5°C d’ici 2050 (et jusqu’à 5,0°C d’ici 2100), des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et une baisse des précipitations sur une grande partie du pays qui entraînera une réduction du débit des rivières, l'assèchement rapide des lacs et mares et une diminution de la recharge des nappes phréatiques. L'élevage souffrira de stress thermique et de la réduction des pâturages. Les modèles prévoient aussi que les changements climatiques auront un impact sur la distribution et la présence de vecteurs de maladies (p. moustiques, tiques) et autres agents pathogènes et donc sur les maladies affectant le bétail. Le Mali a préparé un Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC) validé en 2018 et dont la mise en œuvre n’est pas effective. Les ressources totales d'eau renouvelables du Mali sont considérables, bien supérieures à la moyenne en Afrique subsaharienne, et très sous-utilisées. Les ressources totales en eau renouvelable sont estimées à 130 km3/an, dont 20 km3 d’eau souterraine et 110 km3 d’eau de surface. Toutefois, la disponibilité en eau varie considérablement selon les régions, avec de très faibles quantités disponibles dans les zones sahariennes et sahéliennes qui sont déjà en situation de stress hydrique prononcé ou sévère et où la situation devrait se détériorer á l’avenir. Le grand potentiel d’irrigation du Mali est encore très peu exploité. Le potentiel des terres aptes à la culture irriguée du pays a été évalué à 2 200 000 ha. Seulement 462 000 ha sont aménagés pour l’irrigation à l’heure actuelle dont (i) 250 000 ha en maitrise totale de l’eau et (ii) 212 000 ha en maitrise partielle (bas-fonds, marres…). A ce total s’ajoutait la culture de décrue non-équipée (submersion libre) qui concernait 250 000 ha. Le Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP), adopté depuis 2012, a été développé pour lever les différentes contraintes qui freinent le développement de l’irrigation dans le cadre de grands périmètres (la complexité et le cout des ouvrages, les problèmes de gestion et d’entretien, la gestion des ressources foncières concernées…). Il repose sur le développement de petits aménagements hydro-agricoles gérables par les exploitants et leurs organisations. Cette approche décentralisée, participative et à « échelle humaine a donné de très bons résultats, tant en termes d’extension des superficies irriguées qu’en terme de leur rentabilisation et de leur pérennisation. Les terres « agricoles » du Mali sont estimées à 34 millions d’hectares dont seulement 7 millions sont cultives à l’heure actuelle et, globalement, la densité de sa population est encore faible (18 habitant/km2). Cela semblerait indiquer que la pression foncière est encore faible et que l’insécurité foncière et les conflits liés à l’accession aux ressources naturelles ne devraient pas être une contrainte majeure au développement du pays. Cela n’est pas le cas. L’accroissement de la pression foncière et les importants changements sociaux et économiques de ces récentes décennies, et les effets du changement climatique, ont fragilisé les systèmes coutumiers et induit une accélération des conflits fonciers. La Loi d’Orientation Agricole (LOA, 2006) définit un « foncier agricole » qui a pour ob jet « (…) la sécurisation des exploitations et des exploitants agricoles, la promotion des investissements publics et privés, l’accès équitable aux ressources foncières et la gestion durable desdites ressources ». Elle prévoit l’élaboration d’une Politique Foncière Nationale (PFN, adoptée en 2014), et pose les bases de la Loi foncière agricole (LFA) qui a été adoptée en 2017. De nombreuses contraintes (institutionnelles, socio- politiques et financières) pèsent cependant sur sa mise en œuvre effective : (i) l’adoption de nombreux textes d’applications qui tarde à venir ; (ii) l’installation très lente de l’architecture opérationnelle sur l’ensemble du territoire national, en particulier des Cofos ; et (iii) le manque de capacité des services de l’Etat et des collectivités territoriales ainsi que la méconnaissance des textes en matière de gestion foncière tant de la société civile que de l’appareil judiciaire. Un Plan d’action national a été préparé viii pour l’opérationnalisation de la LFA et les premières opérations pilotes ont été lancées. Mais elles demeurent timides et la mobilisation des ressources de l’État et des bailleurs de fonds pour mettre en œuvre le Plan d’action reste bien en deçà des besoins. Le système national de recherche agricole est relativement performant. Le système est coordonné par le Comité national de la recherche agricole (CNRA) qui est responsable est chargé de la sélection et de l’évaluation des programmes de recherche et gère un fonds de financement compétitif pour l’exécution de projets de R&D (à la demande directe des utilisateurs). L'Institut d'Economie rurale (IER) est l'institution principale de recherche agricole du Système national, auquel participent cependant de nombreuses autres institutions (universités, laboratoires…). Ses programmes de recherche ont obtenu d’importants résultats (entre 2012 et 2016, l'IER a mis en circulation 31 nouvelles variétés de riz, de mil, de blé, de sorgho, de maïs et de coton. Le Système de recherche agricole national fait face à des contraintes structurelles importantes tant en termes de financement qu’en termes de ressources humaines. A cet effet, Il semble opportun de lancer rapidement une réflexion sur la mise en place d'un financement durable de la du système de recherche. La majorité des producteurs ne bénéficient toujours d’aucun service d’appui-conseil en dehors des producteurs de coton et de ceux couverts par des projets financés sur ressources extérieures. De nombreux systèmes de conseil agricole ont été mis en œuvre au Mali au cours des de ux dernières, mais sans permettre d’assurer l’efficacité et la durabilité d’un système national. Le financement de l’agriculture est un facteur-clé pour la modernisation de l’agriculture Malienne qui demande l’intensification des systèmes de production et le développement de la transformation des produits. A l’heure actuelle, les populations rurales et la plupart des entreprises du secteur agricole ont un accès extrêmement limité aux services financiers. Le secteur ne reçoit que 5,5 % du volume global des crédits bancaires au secteur privé. L’accès des ménages et des entreprises agricoles aux services financiers se heurte à des obstacles importants à la fois du côté de l'offre et de celui de la demande. La modernisation de l’agriculture et le développement de chaines de valeur compétitives demanderont une main d’œuvre de plus en plus qualifiée. En particulier, l'engagement des jeunes dans une agriculture modernisée devrait être une priorité absolue. A l’heure actuelle, la majorité des 400 000 jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année doit trouver un emploi dans l’agriculture. Leur offrir des opportunités d’emplois décents dans le secteur agricole est un enjeu crucial tant pour la réduction de la pauvreté rurale que pour ralentir la migration de jeunes peu qualifiés vers les villes où ils ne trouvent que des emplois à faible productivité dans le secteur informel. Le niveau d’éducation/qualification des jeunes ruraux représente cependant une contrainte importante à leur insertion dans le marché du travail. Le gouvernement a fait de l’emploi des jeunes l’une de ses priorités (CREDD 2019-2023). Le Plan national d'investissement agricole (PNIA) 2015-2025 vise à faire du secteur le principal moteur de l'économie nationale. Toutefois, il reste de nombreux obstacles qui entravent l’insertion des jeunes dans des emplois décents et attractifs dans les filières agricoles et relever ce défi demandera un effort très important à plusieurs niveaux (enseignement primaire, réhabilitation du système national d'Enseignement et de Formation Agricoles, l’amélioration de l’enseignement professionnel agricole) . Le gouvernement du Mali a pris de nombreuses dispositions pour réduire les écarts et inégalités entre hommes et femmes. La Politique Nationale Genre du Mali (PNG), adoptée le 24 novembre 2010, offre un cadre conceptuel et opérationnel qui permet d’assurer une cohérence et un meilleur impact des actions publiques visant l’égalité entre les femmes et les hommes à travers les réformes nationales et les politiques sectorielles du Mali. Malgré ces avancées formelles, le Mali est classé 158e sur 162 pays dans l'indice d'inégalité des sexes du Rapport sur le développement humain du PNUD (2020). Bien que légalement elles bénéficient officiellement d’une égalité de principe pour l’accès aux ressources naturelles, c’est le droit coutumier qui prévaut et ne leur reconnaît pas le droit d’être propriétaires des terrains qu’elles cultivent. Elles n’ont qu’un accès indirect et précaire au foncier par l’intermédiaire d’un tiers (en général un mari ou chef de lignage). Les tâches à forte intensité de main-d'œuvre telles ix que la plantation, le désherbage, la récolte et les activités post-récolte sont souvent effectuées par des femmes. Si les femmes bénéficient de services de conseil et d’accès aux intrants dans le cadre de projets de développement agricole, cet appui cesse avec la fin des projets. A la production agricole s'ajoutent les tâches ménagères et la garde des enfants qui absorbent une grande partie de leur temps. Dans les zones rurales, les femmes consacrent en moyenne 19 heures par semaine aux tâches ménagères (moins de 5 heures par les hommes) et près de 7 heures par semaine à aller au marché ou à chercher de l'eau ou du bois (contre moins de 3 heures pour les hommes. Combler l'écart de productivité entre les femmes et les hommes procurerait des avantages économiques très importants et la mise en œuvre des mesures nécessaires devrait être une priorité. Les piliers stratégiques de la transformation du secteur agricole Le Mali n’a pas réellement débuté la transformation structurelle de son économie. La structure de l’économie n'a pas significativement changé depuis 35 ans, avec des parts à peu près constantes de chacun des trois secteurs primaire (35%), secondaire (25%) et tertiaire (40%). En 2017, plus des deux- tiers de la population vivaient encore en milieu rural et l’agriculture occupait environ 75% de la population active. La part du secteur agricole dans le PIB a décru très lentement (de 40 à 35% sur 35 ans), et le pays n’a pas réussi à s’industrialiser, avec une part de du secteur manufacturier qui a stagné à environ 10-15 %. Le secteur agricole n’a pas non plus connu de changements structurels importants. L’agriculture traditionnelle extensive et très peu productive a maintenu sa domination du secteur. La croissance agricole, même si elle a été importante depuis le début des années 2000, a largement fait appel à l’extension des superficies cultivées. Sur la période 1060-2015, la croissance agricole a été en moyenne de 3,5% par an et a résulté largement de l’accroissement des superficies cultivées (2,5% par an) ; de la force de travail (1,8% par an) et du capital bétail (1,5%) et 5% par an). La Productivité Totale des Facteurs (PTF) sur la période a été très faible (0.7% par an), avec une PTF quasi-nulle entre 1960 et 1988 puis de 1% entre 1988 et 2015. La consommation d’intrants s’est accrue de 3% par an entre 1960 et 2015, très faiblement jusqu’en 1988 (moins de 1%) puis s’accélérant ensuite surtout après 2008 avec les subventions du gouvernement (7% par an). Ce mode croissance extensive ne sera plus possible à l’avenir . Il deviendra de plus en plus difficile avec une saturation foncière grandissante, en particulier dans les zones les plus favorables, et le ralentissement de la croissance de la main d’œuvre (moins de 1,5% en 2030). On peut estimer que la croissance annuelle globale des facteurs de production traditionnels (terre, travail, bétail) pourrait se situer à environ 3,0%. Pour atteindre l’objectif de 6,0% de croissance agricole annuelle, il faudrait donc que la croissance de la PTF soit aussi d’environ 3% par an. Cela est possible mais impliquera une transformation profonde de l’agriculture malienne. Un objectif d’une croissance agricole de plus de 6% par an semble possible. La demande nationale, en particulier urbaine, devrait fournir des opportunités de croissance solides, qui devrait toutefois être complétée par (i) un accroissement important des exportations, et (ii) le développement de la transformation des produits de base en produits à plus haute valeur ajoutée. Du côté de l’offre, cela nécessitera (i) une modernisation profonde de l’agriculture malienne, (ii) un meilleur accès aux marchés et (iii) la promotion de mettre d’une agriculture plus résiliente pour atténuer l’impact du futur changement climatique. Sur la base des constats et leçons de la revue, les suggestions spécifiques d’axes d’intervention pour la transformation de l’Agriculture suivantes sont formulées. Pilier 1 : Lever les contraintes d’accès aux marchés, développer l’agro-industrie et accroitre les exportations ➢ Identifier et saisir opportunités du marché. La croissance de la demande nationale pourrait atteindre environ 5% par an. Le moteur principal de la croissance agricole future sera le marché national. Les moteurs d la croissance de la demande nationale sont : (i) la demande intérieure qui devrait croître plus vite que le taux de croissance démographique x (3% à l’heure actuelle, 2,5% à l’horizon 2040) ; (ii) l’urbanisation qui passera de 40 % actuellement à plus de 70% en 2050, avec une forte expansion de la classe moyenne qui entraînera des changements majeurs dans les habitudes alimentaires en faveur de produits de plus haute valeur ajoutée (produits de l’élevage, produits frais, poissons, produits transformés) (iii) la demande en produits animaux qui entrainera celle pour des cultures comme le maïs, le mil et le sorgho pour la production d’aliments de bétail. ➢ Lever les contraintes d’accès aux marchés La transformation de l’agriculture malienne nécessitera également une mise à niveau des infrastructures. Il ne s’agit pas seulement des infrastructures de transport mais aussi des infrastructures de mise en marché ainsi que d’autres infrastructure de connectivité -- comme les technologies d’information et de communications (TIC) et la gestion des normes sanitaires -- qui déterminent l’accès aux marchés des opérateurs ruraux. ➢ Développer l’agro-industrie Il faudra aussi capter la valeur ajoutée engendrée par la transformation des produits de base en produits finis. Un des instruments-clés du gouvernement pour développer le secteur agro-industriel national est la mise en place d’« agropoles » dans les principaux bassins de production agricoles du pays. Ces « agropoles » incluraient des Zones spéciales de transformation agro-alimentaire (ZSTA) bénéficiant du statut de zones économiques spéciales (ZES) pour attirer les investissements privés. Ces ZSTA mettraient à la disposition des investisseurs des infrastructures adéquates et des services spécialisés. Cette approche se doublera (a) d’un ciblage sur les filières porteuses ; et (b) du traitement coordonné des multiples contraintes auxquelles le secteur agro-industriel est confronté (faible capacité des petites exploitations agricoles à garantir une offre à la fois régulière et de qualité, l’enclavement des zones de production et le manque d’infrastructures de mise en marché ; et difficultés à trouver des financements adéquats). ➢ Développer les exportations Développer les exportations agricoles/alimentaires demandera cependant une mise à niveau des capacités du pays à fournir les produits demandés en quantité et en qualité. Cette mise à niveau ne pourra se faire que graduellement. La stratégie de développement des exportations pourrait donc être conçue selon deux axes principaux : a) Premièrement, accroitre les exportations de produits que le pays exporte déjà et pour lesquels il possède un avantage comparatif satisfaisant et des circuits établis, mais (i) en améliorant leur compétitivité par l’introduction de nouvelles technologies (déjà disponibles/ « off-the-Shelf ») ; et (ii) en améliorant l’efficacité des chaines de valeur concernées, en particulier en appuyant l'émergence de véritables « champions » capables de dynamiser des filières largement composées de petits producteurs en forgeant avec eux des alliances productives leur offrant à la fois l’accès au marché et un ensemble d’intrants et de services. Cette première phase pourrait rapidement générer un volume important d’exportations, d’emplois et de revenus sans toutefois exiger un bond trop important dans la complexité des technologies et la qualification de la main- d’œuvre ; et b) Ensuite, développer de nouveaux marchés, soit par la production de produits plus transformés (viande, cuirs), soit par une diversification vers de nouveaux produits ciblés sur la base de la demande potentielle et de la capacité du secteur malien à les produire rapidement. Pilier 2: Cibler et investir dans les filières/sous-secteurs qui permettront de générer d’importantes opportunités d’emplois, en particulier pour les jeunes. L’emploi des jeunes est effectivement un défi majeur pour la Mali. Le secteur agricole emploie actuellement plus de 70% de la population active et continuera à représenter la plus grande partie des opportunités d’emplois dans le futur. Comme dans la plupart des pays en transition démographique, la population du Mali est très jeune et en rapide croissance. En 2017, la population en âge de travailler xi (15 ans et plus) représenterait 53% de la population totale du pays. Chaque année, plus de 400 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, dont 70% de jeunes ruraux. La plupart des emplois disponibles sont des emplois informels (le marché du travail compte moins de 8% d’emplois formels) en grande majorité dans le secteur agricole ou, au sens large, dans le secteur rural. Une grande partie des jeunes ruraux qui y trouvent un emploi sont analphabètes ou ont au mieux un niveau d’éducation très limité. Leur manque de formation rend difficile la maitrise des nouvelles technologies/pratiques nécessaires pour une agriculture plus intensive (bonnes pratiques agricoles, agriculture intelligente face au climat, fertilité des sols…) ou des activités de transformation/commercialisation en aval de la production. La demande en produits alimentaires sera l’un des moteurs principaux de la croissance agricole et de la création d’emplois décents dans l’agriculture. Les cultures vivrières nécessitent une main- d'œuvre par hectare plusieurs fois plus élevée que les cultures de base. De plus, la filière alimentaire comprend à l’aval de nombreuses petites entreprises (transport, transformation, restauration et autres services) dont le développement permettra la création de nombreux emplois tout au long des chaines de valeur. L’expérience de nombreux pays qui ont déjà entamé la transformation structurelle de leur agriculture montre que même si la part de la production agricole elle-même dans le produit intérieur brut (PIB) diminue, celle du système agroalimentaire dans son ensemble (production, transformation, distribution, services, etc.) augmente. Le développement des filières vivrières permettra donc au Mali d’affronter les nombreux défis auxquels le pays est confronté en termes de création d’emplois, en particulier pour les jeunes à qui il faudra cependant donner les compétences nécessaires pour qu’ils puissent y jouer pleinement le rôle majeur qui devrait être le leur. Pilier 3 - Gérer durablement les ressources naturelles et renforcer la productivité agricole dans un contexte de changement climatique ➢ Lutter contre la dégradation des sols Une large gamme de technologies est disponible qui devraient être ajustées à l’environnement spécifique du Mali (rotation des cultures, ouvrages antiérosifs, reforestation/haies vives,…). Parmi ces dernières, on peut mentionner l’agroforesterie, encore peu utilisée au Mali mais qui se développe et semble prometteuse, en particulier en zone cotonnière. Des expérimentations récentes démontrent qu’elle peut non seulement jouer un rôle important dans le contrôle de l’érosion mais encore qu’elle permet d’obtenir une augmentation de rendement importants et procurer des revenus supplémentaires grâce à la vente de produits ligneux et non-ligneux, tels que des fruits (mangue, néré, karité), ou fournir des gousses pour le fourrage. L’adaptation de l’élevage passe tout d’abord par une gestion durable des ressources pastorales. Il s’agit de promouvoir le respect de la capacité de charge des pâturages, l’aménagement et l’ensemencement des pâturages, la mise en place de mécanismes de gestion concertée des ressources naturelles (conventions locales…) afin de limiter les conflits. Un programme détaillé d’aménagements pastoraux devrait être préparé et mise en œuvre. Ces approches devraient être appuyées par des programmes de sécurisation foncière pour assurer une gestion durable et pacifique du foncier rural, y-compris des zones de pâturages, par la clarification des règles du jeu tant au niveau national que local, et par la mise en œuvre de programmes participatifs de gestion des ressources en terres et des espaces agrosylvopastoraux. ➢ Mettre en œuvre le Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC) La Mali a préparé un Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC) qu’il s’agit de mettre en œuvre sans délai. Le Plan identifie des interventions transversales et pour les filières prioritaires, en cohérence avec la stratégie nationale de développement agricole. Ces interventions vont des technologies de production telles que les variétés de cultures et les races de bétail tolérantes au stress, aux modes de production et de gestion (gestion de l’eau, du sol, des pâturages), aux services agricoles (recherche, conseil, informations, crédit, assurances…). xii ➢ Gestion des ressources en eau et développement de l’irrigation Afin d’assurer une meilleure exploitation des ressources en eau du pays, il conviendrait de : (i) améliorer la connaissance et le suivi adéquat des ressources en eau du pays ; (ii) disposer d’un tableau de bord de la situation réelle des taux d’accès à l’eau potable des population dans la perspective de bien cerner les efforts à réaliser pour l’atteinte de l’accès universel à l’eau potable à l’horizon 2030 ; (iii) lutter contre la pollution croissante résultant du développement des pôles d’activités agricoles et minières et de l’approvisionnement en eau de Bamako ; (iv) améliorer de manière significative l’efficience des réseaux d’irrigation des grands pôles d’aménagements hydroagricoles du pays ; et (v) mettre en place les structures efficaces pour la gestion intégrée des ressources en eau à l’échelle des bassins hydrographiques, et (vi) mobiliser des ressources financières nécessaires à la gestion durable des ressources en eau du pays. Le développement de l’agriculture irriguée est une priorité incontournable pour Mali, tant pour la croissance et la résilience de son secteur agricole que pour la sécurité alimentaire du pays. (diversification vers des cultures à haute valeur ajoutée) Le développement de la petite irrigation de proximité (collective ou individuelle, en maitrise totale ou partielle de l’eau), avec l’objectif central de lutter contre la pauvreté des ménages et l’approvisionnement des marchés locaux, présente de multiples avantages et devrait être privilégiée. Le développement des grands périmètres présentera plus de problèmes. Il nécessitera probablement la construction de nouveaux barrages pour mobiliser les ressources en eau nécessaires et sera très couteux. A court terme, la priorité devrait être donnée à la réhabilitation, au rééquipement et à la modernisation des périmètres existants. Il semble opportun de considérer les recommandations suivantes : (a) optimiser la rentabilité des investissements en réduisant les couts d’investissement (les cout des grands périmètres semblent très élevés au Mali), optimiser l’efficience des réseaux de distribution (qui est souvent basse dans les grands périmètres existants), améliorer la gestion des périmètres (entretien des réseaux, tour d ’eau) en renforcent la participation et l’organisation des producteurs ; (b) optimiser la valeur des productions en augmentant l’intensité culturale (souvent en dessous de 1,5 à l’heure actuelle) et en développant les cultures à haute valeur ajoutée ; (c) mieux prendre en compte l’amont et l’aval de la production, en fournissant aux producteurs les intrants et conseils dont ils ont besoin et en améliorant l’accès au marché pour leurs productions ; et (d) mieux prendre en compte les impacts environnementaux : (i) améliorer le drainage et lutter contre la salinisation des sols qui peut réduire les rendements agricoles ; et (ii) intégrer le changement climatique en adoptant les techniques d’aménagements hydro-agricoles beaucoup plus économiques en eau. ➢ Accroitre durablement la productivité et diversifier l’agriculture malienne Garantir l’efficacité du système national de recherche agricole. Il s’agira d’abord est de maintenir une intensité de recherche autour de 1% (financements égaux à 1% du PIBA) pour financer de façon satisfaisante les couts non-salariaux tout en réduisant la dépendance du système vis-à-vis des financements extérieurs. A cet effet, Il serait bon de lancer rapidement une étude sur les différentes options qui permettraient de mettre en place d'un financement durable de la du système de recherche. Améliorer et assurer les conditions de pérennisation du système de conseil agricole. Les expériences d’un certain nombre de pays suggèrent la nécessité d'approches différentiées en fonction du type de production (intégrée/non intégrée aux marchés) et d'agriculteurs (exploitation familiale de subsistance, producteurs commerciaux de cultures de rente). Cela impliquera (i) de clairement segmenter les besoins et les approches appropriées ; de (i) réduire les couts d’approche, par exemple en faisant pleinement usage des Technologies d’Information et de Communication (TIC) et en utilisant des paysans-relais pour les conseils basiques ; et (iii) d’encourager des partenariats public-privé (PPP), par exemple dans le cadre d’une agriculture contractuelle. Un tel système de conseil devrait être basé sur (i) une gouvernance partagée entre l’État, la profession agricole et le secteur privé ; (ii) un niveau de financement public suffisant et prévisible (sur des fonds dédiés) ; et (iii) une collaboration forte avec xiii la recherche et les autres acteurs des filières, par l’intermédiaire de mécanismes d’échange et de coordination comme les plateformes d’innovation. Soutenir la diversification de l’agriculture malienne. L’option serait de promouvoir une diversification basée sur le développement de filière agricoles pour lesquelles le Mali possède un avantage comparatif clair et qui : (i) sont déjà raisonnablement structurées et ; (ii) présentent de bonnes opportunités en termes de transformation en produits dérivés à forte valeur ajoutée ; et (iii) demandent des technologies déjà existantes et relativement peu sophistiquées. Une telle approche (semblable à celle utilisée par le Vietnam dans la première phase de sa transformation structurelle) aurait l’avantage d’être en ligne avec la stratégie du gouvernement de promouvoir une croissance inclusive, qui crée des emplois rémunérateurs même pour une main d’œuvre peu qualifiée. Elle pourrait aussi être mis en œuvre par des « champions » nationaux capables de dynamiser les filières concernées. Elle demanderait toutefois un engagement et un appui clair du gouvernement pour créer un environnement macro-économique et des affaires capable d’attirer et de sécuriser des investissements privés conséquents. Développer l’inclusion financière pour mieux financer les systèmes alimentaires. Les actions pour accélérer l'inclusion financière pourrait inclure les mesures suivantes, inter alia : • Renforcer les capacités des institutions financières – banques et IMF – pour l’analyse des projets agricoles et agroindustriels ; • Mettre en œuvre des programmes d'éducation financière pour les exploitants agricoles et les agro-entrepreneurs, avec un accent particulier pour les femmes et les jeunes ; • Dynamiser et renforcer la gestion du FGSP et du Fonds national pour la modernisation et le développement agricoles, par l’introduction de nouveaux produits tels que les garanties de portefeuille ; et • Mettre en place un cadre réglementaire favorable à l’innovation en matière de produits adaptés au financement de l’agriculture et/ou pour atténuer les risques agricoles, y-compris les assurances destinées aux agriculteurs ; xiv Executive Summary The Malian agriculture sector's strengths. Mali has considerable agricultural potential. Approximately 44 million hectares are usable for agriculture and livestock, of which only 7 million hectares (or 16%) are currently cultivated. The country also has significant groundwater and surface water resources: the country's irrigable potential is estimated at more than 2.2 million ha, of which only 170,000 ha are equipped with total water control and 210,000 ha with partial water control (to this total should be added the non-equipped flood recession cultivation which concerned 250,000 ha in 2009). The country's great agro-climatic diversity offers significant opportunities in terms of agricultural production, ranging from cotton and dry cereal- based systems to irrigated crops and fruit growing. Mali is also a major livestock country with one of the largest herds in West Africa. The potential for aquaculture is considerable (nearly 900,000 ha of lowlands, ponds and plains), and it is also very little exploited. The main challenges. Mali's vast size, the uneven distribution of economic activities between the North and the South, and the lack of access to the sea are a major challenge for linking production areas to consumer markets. The isolation of producers is not only due to insufficient transport infrastructure but also to the weakness or absence of other connectivity tools -- such as information and communication technologies (ICT) and the management of sanitary standards -- that determine market access for rural operators. Mali has more than 15,000 agricultural organizations, structured more or less strongly into networks. Many agricultural producers' organizations (APOs) have succeeded in improving their members' access to inputs and even access to financial services. They have also been an effective instrument for the recognition of the key role of women in agricultural activities. Despite these advances, much remains to be done to improve the effectiveness of FOs. The governance of farmers' organizations is not always up to the challenges and expectations, and more space must be given to women and youth in their management. In terms of their economic activities, major challenges also remain. Their access to the financing they need is still very limited, due to the perceived risks associated with agricultural activity but also to the quality of their management. Soil degradation and climate change represent major challenges to the sustainability of agricultural production systems in Mali. Over the past thirty years, climate change and population growth have led to profound changes in the way rural areas are used. - Soil degradation. The decline in soil fertility is one of the main causes of the decline or stagnation of yields of the main crops. Soil degradation currently affects about 22% of arable land, a large proportion of which has reached a "severe" to "very severe" degree. With the disappearance of forest cover and fallow land, soils have become more vulnerable to wind and rain erosion. This leads to losses of surface soil, silting of agro-pastoral lands and watercourses, and reduced groundwater recharge. The loss of fertility due to the export of nutrients and the physical degradation of soils is not compensated by organic or mineral amendments. Production systems will have to evolve profoundly in the coming years with the adoption of agricultural practices better adapted to the conditions imposed by land pressure and climate change. A wide range of technologies is available but they have been little adopted by farmers due to biophysical, economic or socio-cultural constraints. It is imperative to adjust them to the specific environment of producers and to make them affordable for farmers who are increasingly aware of the urgency of adopting new farming methods. - Climate change. Mali is among the most vulnerable countries to climate change. Annual temperatures have increased by 0.8°C since 1960 (an average of 0.15°C per decade). The country has also experienced a recurrence of extreme events that have had profound impacts on household livelihoods and food security, increased conflicts over access to natural resources, and migration flows from rural areas to urban centers. Projections vary among forecasting models, but most indicate that temperatures are expected to continue to rise by 2.0°C to 2.5°C by 2050 (and up to 5.0°C by 2100), with more frequent extreme weather events and reduced precipitation over much of the country leading to reduced river flows, rapid drying of lakes and ponds, and reduced groundwater recharge. Livestock will suffer from heat stress and reduced pasture. Models also predict that climate change will impact the distribution and presence of disease vectors (e.g., mosquitoes, ticks) and other pathogens, and thus diseases affecting livestock. Mali has prepared an Investment Plan for Climate Smart Agriculture (PIAIC) validated in 2018 and whose implementation is not effective. - Water Resource Management. Mali's total renewable water resources are considerable, well above the average in sub-Saharan Africa, and highly underutilized. Total renewable water resources are estimated at 130 km3/year, including 20 km3 of groundwater and 110 km3 of surface water. However, water availability varies considerably by region, with very low quantities available in the Saharan and Sahelian zones, which are already under pronounced or severe water stress and where the situation is expected to deteriorate in the future. Mali's great irrigation potential is still very little exploited. The country's potential land suitable for irrigated farming has been evaluated at 2,200,000 ha. Only 462,000 ha are currently developed for irrigation, of which (i) 250,000 ha are under total water control and (ii) 212,000 ha are under partial control (lowlands, ponds, etc.). To this total should be added the non-equipped flood recession cultivation (free submersion) which concerned 250,000 ha. The National Program of Proximity Irrigation (PNIP), adopted since 2012, was developed to remove the various constraints that hinder the development of irrigation in the framework of large perimeters (the complexity and cost of the works, the problems of management and maintenance, the management of the land resources concerned...). It is based on the development of small hydro-agricultural schemes that can be managed by the farmers and their organizations. This decentralized, participatory and "human scale" approach has yielded very good results, both in terms of extending irrigated areas and making them profitable and sustainable. - Management of land resources. Mali's "agricultural" land is estimated at 34 million hectares, of which only 7 million hectares are currently under cultivation, and the overall population density is still low (18 inhabitants/km2). This would seem to indicate that land pressure is still low and that land insecurity and conflicts over access to natural resources should not be a major constraint to the country's development. This is not the case. The increase in land pressure and the significant social and economic changes of recent decades, as well as the effects of climate change, have weakened customary systems and led to an acceleration of land conflicts. The Loi d'Orientation Agricole (LOA, 2006) defines an "agricultural land tenure system" which aims to "(...) secure farms and farmers, promote public and private investments, ensure equitable access to land resources and the sustainable management of these resources". It provides for the development of a National Land Policy (PFN, adopted in 2014), and lays the foundation for the Agricultural Land Law (LFA) which was adopted in 2017. However, many constraints (institutional, socio-political and financial) weigh on its effective implementation: (i) the adoption of numerous application texts that are slow in coming; (ii) the very slow installation of the operational architecture throughout the national territory, in particular of the Cofos; and (iii) the lack of capacity of State services and local authorities as well as the lack of knowledge of the texts in terms of land management by both civil society and the judiciary. A National Action Plan has been prepared for the operationalization of the xvi LFA and the first pilot operations have been launched. But they remain timid and the mobilization of resources from the State and donors to implement the Action Plan remains far below what is needed. - Agricultural research. The national agricultural research system is relatively strong. The system is coordinated by the National Agricultural Research Committee (CNRA), which is responsible for the selection and evaluation of research programs and manages a competitive funding fund for the execution of R&D projects (at the direct request of users). The Institute of Rural Economy (IER) is the main agricultural research institution of the National System, although many other institutions (universities, laboratories, etc.) also participate. Its research programs have achieved important results (between 2012 and 2016, the IER released 31 new varieties of rice, millet, wheat, sorghum, corn and cotton. The National Agricultural Research System faces important structural constraints both in terms of funding and human resources. To this end, it seems appropriate to quickly launch a reflection on the establishment of a sustainable financing of the research system. - Agricultural advisory services. The majority of producers still do not benefit from any advisory support services, except for cotton producers and those covered by projects financed by external resources. Numerous agricultural advisory systems have been implemented in Mali over the past two years, but without achieving the effectiveness and sustainability of a national system. - Access to financial services. Agricultural finance is a key factor in the modernization of Malian agriculture, which requires the intensification of production systems and the development of product processing. Currently, rural populations and most enterprises in the agricultural sector have extremely limited access to financial services. The sector receives only 5.5 percent of the total volume of bank credit to the private sector. Agricultural households and enterprises face significant barriers to accessing financial services on both the supply and demand sides. Modernizing agriculture and developing competitive value chains will require an increasingly skilled workforce. In particular, engaging youth in modernized agriculture should be a top priority. Currently, the majority of the 400,000 young people entering the labor market each year need to find employment in agriculture. Providing them with decent employment opportunities in the agricultural sector is crucial both for rural poverty reduction and for slowing down the migration of low-skilled youth to the cities where they find only low-productivity jobs in the informal sector. However, the level of education/qualification of rural youth is a major constraint to their integration into the labor market. The government has made youth employment one of its priorities (CREDD 2019-2023). The National Agricultural Investment Plan (PNIA) 2015-2025 aims to make the sector the main driver of the national economy. However, there are still many obstacles to the integration of young people into decent and attractive jobs in the agricultural sectors and meeting this challenge will require a very significant effort at several levels (primary education, rehabilitation of the national agricultural education and training system, improvement of agricultural vocational education). The government of Mali has taken many steps to reduce the gaps and inequalities between men and women. Mali's National Gender Policy (NGP), adopted on November 24, 2010, provides a conceptual and operational framework to ensure coherence and better impact of public actions aimed at gender equality through Mali's national reforms and sectoral policies. Despite these formal advances, Mali is ranked 158th out of 162 countries in the UNDP Human Development Report's Gender Inequality Index (2020). Although legally they have equal access in principle to natural resources, customary law prevails and does not recognize their right to own the land they cultivate. They have only indirect and precarious access to land through a third party (usually a husband or lineage leader). Labor-intensive tasks such as planting, weeding, harvesting and post-harvest activities are often performed by women. While women benefit from advisory services and access to inputs under agricultural development projects, this support ceases when the projects end. In addition to agricultural production, household xvii chores and childcare take up much of their time. In rural areas, women spend an average of 19 hours per week on household chores (less than 5 hours for men) and nearly 7 hours per week going to the market or fetching water or wood (compared to less than 3 hours for men). Closing the productivity gap between women and men would yield very significant economic benefits and implementing the necessary measures should be a priority. Strategic pillars of agricultural transformation Mali has not really begun the structural transformation of its economy. The structure of the economy has not changed significantly in the last 35 years, with roughly constant shares of each of the three sectors: primary (35%), secondary (25%) and tertiary (40%). In 2017, more than two-thirds of the population still lived in rural areas and agriculture employed about 75% of the working population. The share of the agricultural sector in GDP has been declining very slowly (from 40% to 35% over 35 years), and the country has failed to industrialize, with the share of the manufacturing sector stagnating at around 10-15%. The agricultural sector has also not undergone significant structural change. Traditional extensive and very low-productivity agriculture has maintained its dominance of the sector. Agricultural growth, while significant since the early 2000s, has largely relied on the expansion of cultivated areas. Over the period 1060-2015, agricultural growth averaged 3.5 percent per year and was largely the result of increases in cultivated area (2.5 percent per year); labor force (1.8 percent per year); and livestock capital (1.5 percent and 5 percent per year). Total Factor Productivity (TFP) over the period has been very low (0.7% per year), with TFP almost zero between 1960 and 1988 and then 1% between 1988 and 2015. Input consumption increased by 3% per year between 1960 and 2015, very weakly until 1988 (less than 1%) and then accelerating, especially after 2008 with government subsidies (7% per year). This extensive growth mode will no longer be possible in the future. It will become increasingly difficult with growing land saturation, especially in the most favorable areas, and the slowdown in labor force growth (less than 1.5% in 2030). It can be estimated that the overall annual growth of traditional factors of production (land, labor, livestock) could be around 3.0%. In order to achieve the 6.0% annual agricultural growth target, TFP growth would therefore also need to be around 3% per year. This is possible but will require a profound transformation of Malian agriculture. An agricultural growth target of more than 6% per year seems possible. Domestic demand, particularly urban demand, should provide solid growth opportunities, which should however be complemented by (i) a significant increase in exports, and (ii) the development of commodity processing into higher value-added products. On the supply side, this will require (i) a thorough modernization of Malian agriculture, (ii) improved access to markets, and (iii) the promotion of a more resilient agriculture to mitigate the impact of future climate change. Based on the findings and lessons of the review, the following specific suggestions for intervention axes for the transformation of Agriculture are formulated. Pillar 1: Remove market access constraints, develop agribusiness and increase exports - Identify and seize market opportunities. National demand growth could reach about 5% per year. The main driver of future agricultural growth will be the domestic market. The drivers of national demand growth are: (i) domestic demand, which is expected to grow faster than the population growth rate (3% at present, 2.5% by 2040); (ii) urbanization, which will increase from 40% at present to more than 70% in 2050, with a strong expansion of the middle class, which will lead to major changes in eating habits in favor of higher value- xviii added products (livestock products, fresh products, fish, processed products); (iii) demand for animal products, which will lead to demand for crops such as maize, millet, and sorghum for the production of livestock feed. - Overcoming market access constraints The transformation of Malian agriculture will also require infrastructure upgrades. This includes not only transportation infrastructure but also marketing infrastructure as well as other connectivity infrastructure -- such as information and communications technology (ICT) and sanitary standards management -- that determine market access for rural operators. - Developing agribusiness It will also be necessary to capture the value added generated by the transformation of commodities into finished products. One of the government's key instruments for developing the national agribusiness sector is the establishment of "agropoles" in the country's main agricultural production basins. These "agropoles" would include Special Agri-Food Processing Zones (SAPZs) with Special Economic Zone (SEZ) status to attract private investment. These ZSTAs would provide investors with adequate infrastructure and specialized services. This approach will be coupled with (a) a focus on promising sectors; and (b) the coordinated treatment of the multiple constraints facing the agro- industrial sector (low capacity of small farms to guarantee a regular, high-quality supply, the isolation of production areas and the lack of marketing infrastructure; and difficulties in finding adequate financing). - Developing exports Developing agricultural/food exports will, however, require an upgrade of the country's capacity to supply the products in demand in terms of quantity and quality. This upgrading can only be done gradually. The export development strategy could therefore be designed along two main lines: (a) First, to increase exports of products that the country already exports and for which it has a satisfactory comparative advantage and established channels, but (i) by improving their competitiveness through the introduction of new technologies (already available/"off-the-shelf") ; and (ii) by improving the efficiency of the value chains concerned, in particular by supporting the emergence of true "champions" capable of energizing value chains largely composed of small producers by forging productive alliances with them, offering them both market access and a set of inputs and services. This first phase could quickly generate a significant volume of exports, employment, and income without requiring too great a leap in the complexity of the technologies and the skills of the workforce; and b) Second, develop new markets, either through the production of more processed products (meat, hides) or through diversification into new targeted products based on potential demand and the capacity of the Malian sector to produce them quickly. Pillar 2: Target and invest in sectors/sub-sectors that will generate significant employment opportunities, particularly for youth. Youth employment is indeed a major challenge for Mali. The agricultural sector currently employs more than 70% of the active population and will continue to account for the bulk of employment opportunities in the future. As in most countries in demographic transition, Mali's population is very young and growing rapidly. In 2017, the working age population (15 years and older) is estimated to represent 53% of the country's total population. Each year, more than 400,000 young people enter the labor market, 70% of whom are rural youth. Most of the jobs available are informal (the labor market has less than 8% formal jobs), the vast majority in the agricultural sector or, in a broader sense, in the xix rural sector. A large proportion of the rural youth who find employment are illiterate or have at best a very limited level of education. Their lack of training makes it difficult to master the new technologies/practices needed for more intensive agriculture (good agricultural practices, climate- smart agriculture, soil fertility, etc.) or for processing/marketing activities downstream from production. The demand for food will be one of the main drivers of agricultural growth and the creation of decent jobs in agriculture. Food crops require several times more labor per hectare than staple crops. In addition, the food chain includes many small downstream businesses (transportation, processing, catering, and other services), the development of which will create many jobs along the value chains. The experience of many countries that have already started the structural transformation of their agriculture shows that even if the share of agricultural production itself in the gross domestic product (GDP) is decreasing, the share of the agri-food system as a whole (production, processing, distribution, services, etc.) is increasing. The development of the food chains will therefore enable Mali to meet the many challenges facing the country in terms of job creation, particularly for young people, who will need to be given the necessary skills to play a major role. Pillar 3 - Sustainable management of natural resources and strengthening agricultural productivity in a context of climate change - Combating land degradation A wide range of technologies is available that should be adjusted to the specific environment of Mali (crop rotation, anti-erosion works, reforestation/shrubbery,...). Among the latter, we can mention agroforestry, which is still little used in Mali but which is developing and seems promising, particularly in the cotton zone. Recent experiments show that it can not only play an important role in erosion control, but also provide a significant increase in yield and additional income through the sale of woody and non-woody products, such as fruits (mango, cowpea, shea), or provide pods for forage. The adaptation of livestock farming requires, first of all, the sustainable management of pastoral resources. This involves promoting respect for the carrying capacity of pastures, the development and seeding of pastures, and the establishment of mechanisms for the concerted management of natural resources (local agreements, etc.) in order to limit conflicts. A detailed program of pastoral development should be prepared and implemented. These approaches should be supported by land tenure security programs to ensure sustainable and peaceful management of rural land, including grazing areas, by clarifying the rules of the game at both the national and local levels, and by implementing participatory programs for the management of land resources and agroforestry areas. - Implementing the Climate Smart Agriculture Investment Plan (CSIP) Mali has prepared an Investment Plan for Climate Smart Agriculture (PIAIC) that needs to be implemented without delay. The Plan identifies cross-cutting interventions and priority sectors, consistent with the national agricultural development strategy. These interventions range from production technologies such as crop varieties and stress-tolerant livestock breeds, to production and management methods (water, soil and pasture management), to agricultural services (research, advice, information, credit, insurance, etc.). - Water resources management and irrigation development In order to ensure better use of the country's water resources, it would be appropriate to: (i) improve knowledge and adequate monitoring of the country's water resources; (ii) have a dashboard of the real situation of the population's access to drinking water in order to clearly identify the efforts to be made to achieve universal access to drinking water by 2030; (iii) combat the growing pollution resulting from xx the development of agricultural and mining activities and the water supply of Bamako; (iv) significantly improve the efficiency of the irrigation networks of the country's major hydro-agricultural development poles; and (v) put in place effective structures for the integrated management of water resources on the scale of river basins, and (vi) mobilize the financial resources necessary for the sustainable management of the country's water resources. The development of irrigated agriculture is an essential priority for Mali, both for the growth and resilience of its agricultural sector and for the country's food security. (The development of small-scale local irrigation (collective or individual, with total or partial water control), with the central objective of fighting household poverty and supplying local markets, has multiple advantages and should be favored. The development of large irrigation schemes would be more challenging. It will probably require the construction of new dams to mobilize the necessary water resources and will be very costly. In the short term, priority should be given to the rehabilitation, re-equipping and modernization of existing schemes. It seems appropriate to consider the following recommendations: (a) optimize the profitability of investments by reducing investment costs (the costs of large perimeters seem to be very high in Mali), optimize the efficiency of distribution networks (which is often low in existing large perimeters), improve the management of perimeters (network maintenance, water tower) by strengthening the participation and organization of producers (b) optimize the value of production by increasing crop intensity (often below 1.5 at present) and developing high value-added crops; (c) take better account of upstream and downstream production, by providing producers with the inputs and advice they need and by improving market access for their products; and (d) take better account of environmental impacts: (i) improve drainage and combat soil salinization, which can reduce agricultural yields; and (ii) integrate climate change by adopting hydro-agricultural development techniques that are much more water efficient. - Sustainably increase productivity and diversify malian agriculture Ensure the effectiveness of the national agricultural research system. The first thing to do is to maintain a research intensity of around 1% (funding equal to 1% of GDP) in order to finance non-salary costs in a satisfactory manner while reducing the system's dependence on external funding. To this end, it would be advisable to rapidly launch a study on the different options that would allow the implementation of a sustainable financing of the research system. Improve and ensure the conditions for the sustainability of the agricultural advisory system. The experiences of a number of countries suggest the need for differentiated approaches depending on the type of production (integrated/non-market integrated) and farmers (subsistence family farms, commercial cash crop producers). This will involve (i) clearly segmenting needs and appropriate approaches; (ii) reducing outreach costs, e.g., by making full use of Information and Communication Technologies (ICT) and using farmer-relays for basic advice; and (iii) encouraging public-private partnerships (PPPs), e.g., in the context of contract farming. Such an advisory system should be based on (i) shared governance between the state, the farming profession and the private sector; (ii) a sufficient and predictable level of public funding (from dedicated funds); and (iii) strong collaboration with research and other actors in the value chains, through exchange and coordination mechanisms such as innovation platforms. Support the diversification of Malian agriculture. The option would be to promote diversification based on the development of agricultural commodities for which Mali has a clear comparative advantage and which: (i) are already reasonably structured; (ii) present good opportunities in terms of transformation into high value-added by-products; and (iii) require existing and relatively unsophisticated technologies. Such an approach (similar to that used by Vietnam in the first phase of its structural xxi transformation) would have the advantage of being in line with the government's strategy of promoting inclusive growth, which creates gainful employment even for low-skilled labor. It could also be implemented by national "champions" capable of boosting the sectors concerned. It would, however, require a clear commitment and support from the government to create a macroeconomic and business environment capable of attracting and securing significant private investment. Develop financial inclusion to better finance food systems. Actions to accelerate financial inclusion could include the following measures, inter alia: - Strengthen the capacity of financial institutions - banks and MFIs - to analyze agricultural and agribusiness projects; - Implement financial education programs for farmers and agribusinesses, with a particular focus on women and youth; - Revitalize and strengthen the management of the FGSP and the National Fund for Agricultural Modernization and Development, through the introduction of new products such as portfolio guarantees; and - Establish an enabling regulatory framework for innovation in products suitable for financing agriculture and/or mitigating agricultural risks, including insurance for farmers; xxii I. PREMIERE PARTIE : DEVELOPPEMENT AGRICOLE AU MALI, ATOUTS ET CONTRAINTES. A. Les atouts du secteur. 1. Le Mali possède un potentiel agricole considérable. Environ 44 millions d’hectares sont utilisables pour l’agriculture et l’élevage, dont seulement 7 millions d’ha (soit 16%) sont cultivés à l’heure actuelle. Le pays dispose également d’importantes ressources en eaux souterraines et de surface. Les fleuves Niger et Sénégal et leurs affluents offrent un potentiel irrigable estimé à plus de 2,2 millions d'ha1 (dont environ 566 500 ha sont considéré comme facilement aménageables à partir des ressources en eau de surface) alors qu’aujourd’hui seulement 180 000 ha sont équipés en maitrise totale de l’eau. Les ressources en eaux souterraines sont estimées à 2 720 milliards de m³ avec un taux de reconstitution estimé à 66 milliards de m³/an. La grande diversité agro-climatique du pays offre des opportunités importantes en termes de productions agricoles, allant des systèmes à base de coton et de céréales sèches (mais) dans la région centre, aux cultures irriguées (riz, horticulture) dans la zone de l’’Office du Niger et le long des fleuves, à l’arboriculture fruitière au sud et dans le système oasien à l’extrême nord. 2. Grand pays d’élevage, le Mali dispose aussi de ressources animales abondantes et diversifiées. La superficie des pâturages est estimée à plus de 30 millions d’hectares dont seulement 1/3 sont exploité à cause d’un manque d’accès à l’eau et des pertes en fourrages, notamment par les feux et les effets de l’érosion des parcours. Le cheptel, l’un des plus importants de la sous -région, est composé de nombreuses races bovines, ovines, caprines et camélines autochtones, bien adaptées au milieu, avec aussi des races issues de croisements, plus productives, utilisées essentiellement par les élevages péri-urbains. Le potentiel aquacole aménageable est considérable (près de 900 000 ha de bas-fonds, de mares et de plaines, et il est aussi très faiblement exploité. B. Les principaux défis. 3. La mise en valeur de ce potentiel productif considérable est cependant encore confronté à des contraintes très fortes : (i) des systèmes de production traditionnels, extensifs et très peu capitalisés, qu’il faudra moderniser pour en améliorer durablement la productivité et la compétitivité ; (ii) un accès limité des producteurs aux marchés, dû à l’insuffisance des infrastructures et à la faible organisation des chaines de valeur ; (iii) une pression démographique et un changement climatique qui ont un impact négatif grandissant sur des ressources naturelles fragiles dont il faudra améliorer et optimiser la gestion ; (iv) un accès difficile au conseil technique, aux technologies/intrants et aux services financiers ; (v) un secteur privé encore peu développé qu’il faudra mobiliser par un cadre institutionnel incitatif et des investissements publics permettant d’en améliorer la rentabilité. Les principaux défis à relever pour permettre une croissance soutenue et inclusive de l’agriculture Malienne sont résumés dans les paragraphes ci-dessous. 1. L’accès au marché. 4. La vaste superficie du Mali, la répartition inégale des activités économiques entre le Nord et le Sud et la manque d’un accès à la mer sont un défi majeur pour relier les marchés de consommation aux zones de production. L’enclavement est probablement une des contraintes les plus déterminantes au développement agricole et à la sécurité alimentaire au Mali. Il ne s’agit pas seulement des infrastructures de transport mais aussi du manque d’infrastructures de mise en marché ainsi que d’autres instruments de connectivité -- comme les technologies d’information et de communications 1Le Delta intérieur du Niger s'étend sur plus de 30 000 km² et figure parmi les grandes richesses écologiques du pays, voire de l'Afrique de l'Ouest. (TIC) et la gestion des normes sanitaires -- qui déterminent l’acces aux marchées des opérateurs ruraux. 1.1. Accès aux marchés : Infrastructures de transport. 5. Comme déjà identifié par le Diagnostic pays systématique réalisé en 2015 par le Groupe de la Banque Mondiale, le système de transport national présente de nombreuses faiblesses. Ces dernières pénalisent sévèrement le développement économique du pays, en particulier celui de son secteur agricole. Le pays est classé 96e sur 160 pays par l'indice de performance logistique 2018, qui mesure la capacité d’un pays à transporter efficacement les marchandises et à connecter ses producteurs et ses consommateurs aux marchés internationaux. La proportion de la population rurale ayant accès à des routes praticables en toutes saisons est d'environ 22 %, inférieure à la moyenne de 34 % en Afrique Subsaharienne (ASS)2. La connectivité routière à l'intérieur du pays est très insuffisante en raison d'un réseau routier secondaire et tertiaire (pistes rurales) insuffisant et mal entretenu. Les couts du transport pour atteindre les marchés internationaux via les ports maritimes les plus proches (Conakry, Dakar et Abidjan) sont parmi les plus élevés au monde, en raison de la conjonction d'infrastructures médiocres, de barrières non tarifaires, de mauvaise qualité services de transport et de longues procédures de dédouanement3. Les paragraphes suivants décrivent brièvement chacun des principaux segments du réseau de transport national : (i) un réseau routier de 89.024 km, dont 5.700 km de routes revêtues ; (ii) un réseau fluvial qui s’articule autour du fleuve Niger ; et (iii) un réseau ferroviaire de 729 km, dont 643 de voie principale entre Koulikoro-Bamako-frontière sénégalaise. 6. Plusieurs corridors routiers internationaux relient le Mali à la mer. Le pays n’a pas de façade maritime mais dispose d’entrepôts dans les ports des pays voisins et de 3 ports secs à proximité de Bamako. Les 3 corridors principaux sont ceux de Tema-Ouagadougou-Bamako, de Dakar-Bamako et d’Abidjan-Bamako. Ces trois corridors assurent l’essentiel des flux d’échanges (environ 80%) à partir des ports sur l’Océan Atlantique. L’axe routier Bamako-Dakar occupe la première place pour les importations de marchandises, en particulier des produits pétroliers (70 % des tonnages transportés en 2019), suivi de l’axe Abidjan-Bamako (20%), les tonnages transportés sur les autres corridors (Ghana, Benin, Togo) ne dépassant guère les 3% chacun. Le transport du coton occupe plus de 90% des exportations sur les différents corridors, le corridor Bamako-Dakar occupant la première place avec 50% des tonnages transportés en 2019, suivi de celui du corridor Bamako – Abidjan avec 45%. 7. Le réseau routier intérieur du Mali est constitué de 89.024 km dont 5,700 km de routes revêtues, essentiellement les routes nationales. La densité routière du pays de 1,80 km/100 km² est l’une des plus faible d’Afrique (3,1 km/100 km² pour la CEDEAO et 4,7 km/100 km² pour toute l’A SS). L’indice de connectivite rurale du Mali4 est de 22, inférieur à l’indice moyen des pays africains au sud du Sahara. L’enclavement des populations est particulièrement sévère dans le nord du pays. Malgré les efforts du gouvernement, le réseau routier est assez dégradé. On estime que 40% du réseau revêtu est en bon état, 35% dans un état moyen et 25 % du réseau en mauvais état. La plupart des routes secondaires et des pistes rurales sont en mauvais ou très mauvais état. La dégradation du réseau est causée principalement par la surcharge des poids lourds et les contraintes financières qui limitent l’entretien des infrastructures. Le Fonds d’Entretien Routier (FER) du Mali, qui collecte ses ressources via la redevance sur les carburants, les péages et les amendes pour surcharge, est responsable de l'entretien du réseau. Cependant, les ressources mobilisées ne couvrent qu'environ 55 % des besoins d'entretien des réseaux routiers nationaux, régionaux et urbains. La responsabilité de l’entretien du réseau rural a été en principe transférée aux gouvernements locaux5 qui n'ont cependant ni les 2 Cela est particulièrement vrai pour les produits périssables (fruits et légumes) qui doivent être transportés vers les grands centres urbains. 3 Aux difficultés dues à de mauvaises infrastructures et à la vétusté des véhicules s’ajoutent un grand nombre de points de contrôle « informels » (le Mali recevant la pire note de l'UEMOA), avec une moyenne de trois contrôles tous les 100 km. Les prélèvements « informels » sont estimés à 8,39 USD par 100 km contre 1,31 USD au Togo. 4 La connectivité rurale repose sur l'indice de connectivité rurale (Rural Accessibility Index) de la Banque mondiale (ICR) qui exprime le pourcentage de la population rurale vivant dans un rayon de 2 km d'une route praticable en toutes saisons. 5 Le réseau routier éligible au Fonds d’Entretien Routier correspond aux routes (revêtues et en terre) et aux pistes améliorées classées, dont l’entretien relève de la responsabilité de l’Etat. 2 ressources ni la capacité de remplir cette fonction. De grandes parties de ce réseau pourtant capital pour le développement de l’agriculture ne sont donc pratiquement pas entretenues et dans un état de dégradation avancé. 8. La seule ligne ferroviaire pour le trafic de marchandises relie le pays au port de Dakar fait face à de graves difficultés d'exploitation depuis 20076. A son apogée en 2001, le système ferroviaire Dakar-Bamako effectuait environ 75 pour cent du fret en provenance du Sénégal. Il représentait aussi environ 95% des exportations de coton. En 2013, la ligne n’était plus responsable que de 12 % environ du fret entre les deux pays, à cause de la mauvaise performance du système7 due au manque d’investissements et d'entretien. Les graves difficultés commerciales et financières ont entrainé l’arrêt total du trafic en 2018. Le transport par chemin de fer est toutefois vital pour la Mali et la ligne est aujourd’hui en cours de réhabilitation. Cette réhabilitation devrait accroître l'efficacité globale du corridor Dakar Bamako, en permettant en particulier de contenir l'inflation des prix du fret routier, grâce à son fort avantage concurrentiel pour le transport de marchandises pondéreuses et non périssables dans le contexte actuel d’augmentation des prix de l’énergie (surtout si les projets d’interconnexion des réseaux d’Afrique de l’Ouest se matérialisent). 9. Le réseau navigable du Mali s’articule autour des fleuves Niger et Sénégal. Ces deux fleuves déterminent trois axes de transport principaux, vers la Guinée, le Sénégal et le Niger. Les voies navigables principales totalisent 1 551 km auxquels s’ajoutent 783 km de voies secondaires sur les affluents et confluents du fleuve Niger (Bani, Barra Issa et Diaka) qui sont utilisées essentiellement par des pinasses et des pirogues pour le transport local. Il existe 13 ports « formels » sur le réseau, plus de nombreux ports « informels ». Le transport fluvial, très important pour le Mali, est malheureusement limité à la fois par des contraintes physiques (étiage, ensablement) qui ne le rendent possible que 5 à 6 mois par an8, et par des problèmes de gestion. Il serait très important que le transport fluvial soit mieux intégré dans un système de transport multimodal national. De plus : la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV)9 devrait être restructurée et son mode de financement reformé, pour assurer sa viabilité financière ; et les modalités de renouvellement et d’entretien des infrastructures et du matériel portuaire devrait aussi être améliorées, avec une plus grande participation des municipalités concernées et des opérateurs privés. 1.2. Accès aux marchés : Infrastructures de mise en marché. 10. Le gouvernement du Mali a opté pour une approche « agropole » pour moderniser et industrialiser l’agriculture malienne. Le développement du secteur agricole est aussi fortement pénalisé par le manque de services de base (eau, électricité) et d’infrastructures de mise en marché. Cette contrainte réduit la profitabilité de l’agriculture et dissuade les investissements privés qui permettraient d’assurer avec efficacité le groupage, la commercialisation et la transformation des productions1011. Le Plan National d’Investissement dans le Secteur Agricole (PNISA, 2014) comprend un programme important d’implantation d’« agropoles » dans les principaux bassins de production du pays, avec une priorité donnée aux zones qui y sont favorables, possédant à la fois un fort potentiel de 6 La voie ferrée Dakar-Bamako présente un état de dégradation avancée avec des secteurs qui n’ont fait l’objet d’aucune opération de renouvellement depuis près de 80 ans. 7 La durée moyenne du trajet Dakar-Bamako était de 24 jours et le cout du fret représentait 30% de la valeur de la merchandise. Dakar-Bamako Intermodal Corridor Project Concept Note, WB P171122, August 2019. 8 L’étiage des fleuves limite l’utilisation des principales voies navigables par les embarcations dont le tirant d’eau dépasse 1 mètre, dont les navires mixtes de la COMANAV. 9 La Comanav est chargée du désenclavement intérieur et extérieur du Mali par la voie fluviale. Elle exploite deux axes sur le fleuve Niger : l’axe Koulikoro-Gao sur 1 380 km et l’axe Bamako-Kankan (Guinée) sur 385 km. La Comanav possède 5 bateaux pour le transport des passagers et des marchandises. 10 En zone rurale, l’accès à l'électricité est très limité. Seuls 8 % des ménages ruraux sont connectés au réseau électrique. D ans la partie nord du pays, comme Gao et Kidal, les ménages ruraux n'y ayant pratiquement pas accès. Le manque d'électricité est aussi une contrainte majeur à la commercialisation et à la transformation des produits, en particulier des produits périssables. Même lorsqu'il y a un accès à l'électricité, l'accès est erratique, ce qui peut être un défi sérieux pour les industries qui ont besoin d'une source d'électricité fiable comme les produits laitiers, la viande, les fruits et les légumes 11 Avec comme résultat la forte concentration des industries agro-alimentaires autour des grandes villes (en particulier Bamako). 3 production (volume, diversification) et les conditions minimales en termes d’accès aux marchés et d’infrastructures de base. Ces agropoles ont pour objectif de créer les conditions favorables à l’implantation d’entreprises privées pour la commercialisation et la transformation des productions agricoles de la zone. La concentration dans une zone géographique donnée d’entreprises liées par des relations fonctionnelles mutuellement bénéfiques, génère en principe des effets d’agglomération et des synergies qui permettent à la fois un meilleur accès aux marches et aux services nécessaires et des économies d’échelle permettant une réduction des couts et une meilleure compétitivité pour toutes les entreprises concernées. L’émergence d’entreprises agroindustrielles permet de relier efficacement les producteurs agricoles aux marchés (nationaux, régionaux et internationaux) pour l’acquisition de technologies et d’intrants ou la vente des produits. Le développement de filières compétitives permet à son tour la création de nombreux emplois décents tout au long des chaines de valeur. 11. Ces « agropoles » sont conçus autour de chaines de valeurs prometteuses et sur la base d’un Partenariat Public-Privé (Etat, agrobusiness, organisations de producteurs). Ils impliquent (i) des investissements multiples, tant privés (investissements productifs) que publics (infrastructures de base et fourniture de services d’appui) ; et (ii) la mise en place d’un cadre légal et règlementaire favorable aux investissements privés grâce à la création de Zones Economiques Spéciales (ZES). Cette stratégie est appuyée par de nombreux partenaires techniques et Financiers. En particulier, le Programme de Développement de la Zone Spéciale de Transformation Agroindustrielle de Koulikoro et Péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB)12 constitue la phase pilote d’un programme de douze (12) agropoles qui vise à contribuer à la réduction des importations de produits agro-alimentaires et à l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays par la promotion d’investissements privés, nationaux ou internationaux. Le programme comprend trois principales composantes : (i) la mise en place de la Gouvernance des Zones spéciales de transformation agro-industrielle (ZSTA) ; (ii) le développement de plateformes logistiques pour accueillir ls investisseurs privés ; et (iii) le renforcement des capacités des acteurs-clé des filières porteuses. 12. Il est toutefois important que ces initiatives incorporent les leçons des programmes d’« agropoles » déjà mis en œuvre dans d’autres pays Africains, et en particulier au Mali dans le cadre de la stratégie de développement de la zone de l’Office du Niger. La conception et la mise en place des « agropoles » futurs devraient être faits dans un cadre juridique et institutionnel clair, qui manque à l’heure actuelle (et que le projet PDZSTA-KB pourrait aider à définir). Toues « agropoles » devraient, surtout dans les zones de forte production, (a) donner la priorité à la mise en place de plateformes multifonctionnelles (plateformes logistiques, magasins de stockage, installations frigorifiques, parc à bétail, etc.) capables d’accueillir des investissements privés dans les activités aval de transformation et de commercialisation (unités de conditionnement/transformation, distribution d’intrants, centres de services) ; et (b) être conçus et mis en œuvre dans un cadre légal et réglementaire assurant (i)) l’intégration de l’agriculture familiale dans les chaines de valeur, conformément à la Loi d’Orientation Agricole), par la mise en œuvre d’une agriculture contractuelle permettant la cohabitation entre agriculture industrielle et agriculture familiale ; (ii) la sécurisation de l’accès au foncier et aux ressources en eau des producteurs familiaux ; et (iii) la participation des petits producteurs et de leurs associations à la conception et à la gestion des agropoles. 13. Les investissements privés dans la production agricole elle-même, qui impliquent l’accès au foncier et donc des déplacements de populations, devraient être soigneusement encadrés. En effet, le gouvernement a lancé depuis 2008, un programme pour attirer des investissements privés, nationaux et internationaux dans l’agriculture irriguée dans la zone de l’Office du Niger13. Des 12 Approuvé par la Banque Africaine de Développement en 2019. Selon son Document de stratégie-pays (DSP 2021-2025) la Banque africaine de développement appuiera le Mali dans la création d’agropoles ou Zones spéciales de transformation agro - alimentaire (ZSTA) dans les grands bassins de production des régions de Ségou et San (zones de conflits) et Koulikoro et Sikasso (zones d’insécurité). 13 En 2014, le gouvernement a annoncé que 1,9 million d'hectares considérés étaient disponibles pour un développement intensif dont 1,4 avec une irrigation gravitaire. Ces chiffres sont donnés dans le Schéma Directeur d'Aménagement Régional de la zone Office du Niger avec des objectifs de production de 1 million de tonnes de riz paddy, 350 000 tonnes de légumes, 30 000 tonnes de maïs, 47 000 tonnes de pommes de terre et 5 000 tonnes de poissons frais. 4 attributions foncières à grande échelle ont ainsi été faites à un grand nombre d’investisseurs privés pour y développer une variété de productions (riz, mais aussi canne à sucre, jatropha, oléagineux…). Jusqu’à présent toutefois, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes, en termes de production ou de valeur ajoutée ou de création d’emplois (peu de transformation sur place). De plus (i) l’effet d’entrainement de ces investissements sur l’agriculture familiale a été minime, avec une très faible intégration de ces exploitations dans les chaines de valeur, et (ii) l’accaparement des ressources foncières et en eau par ces investisseurs s’est fait aux dépens de l’accès a ces ressources par les producteurs familiaux et a engendré des tensions grandissantes. 1.3. Accès aux marchés : Technologies de l'information et de la communication (TIC). 14. Malgré des progrès récents, la faible pénétration des TIC en zone rurale limite l’intégration des producteurs au marché et aux chaines de valeur. Le développement de l’agriculture commerciale demande que les producteurs aient accès à une information très diversifiée et souvent en temps réel sur les opportunités des marchés (prix des produits et des intrants), les technologies, les conditions climatiques et les menaces sanitaires, etc. Ils ont aussi besoin de services financiers pour leurs opérations commerciales. Au Mali, où les distances sont souvent longues, les moyens de communication souvent défaillants et certaines zones souffrent de graves problèmes d’insécurité, les TIC offrent le seul moyen d’avoir un accès facile et immédiat à ces informations et ces services. La connectivité numérique du Mali repose en grande partie sur le réseau mobile14. 15. Bien que le pays ait de meilleurs résultats que le reste de l'Afrique subsaharienne, le score global du Mali en matière de connectivité mobile reste faible15. De plus, il subsiste d'importantes disparités entre les utilisateurs finaux en matière d'accès à la connectivité numérique : 80 % de la population dans les zones urbaines déclarent avoir accès à la téléphonie mobile, contre 66 % dans les zones rurales. Le taux de pénétration de l'argent mobile dans le pays n'est que de 24 % (inférieur à 33 % au Burkina Faso) : 35% en zone urbaine mais moins de 20% en zone rurale16. Les femmes sont particulièrement désavantagées par le faible taux d'alphabétisation et les préjugés culturels Plusieurs facteurs expliquent le faible accès/usage des TIC en zone rurale. Le principal est le manque d'investissement dans la densification du réseau (dû en grande partie au manque de concurrence entre les opérateurs). L’accès à l’électricité en zone rurale est aussi très limité, avec seulement 25 % de la population rurale ayant accès à l'électricité, et le cout des services est extrêmement dissuasif17. Finalement, le fort taux d’analphabétisme et le manque de pièces d’identité18 sont de fortes contraintes à l’accès aux TIC. Ces obstacles sont encore aggravés par un écosystème numérique sous- développé, une disponibilité limitée des compétences numériques et un faible développement des plateformes numériques publiques 1.4. Accès aux marchés : les problèmes sanitaires et de traçabilité. 16. Les questions sanitaires ou phytosanitaires (SPS) et de la qualité des aliments deviennent de plus en plus importantes pour l’accès aux marchés. Les crises sanitaires des dernières décennies (en particulier la propagation de maladies animales -- encéphalopathie spongiforme bovine, fièvre aphteuse, grippe aviaire, Ebola) ont suscité des préoccupations grandissantes de santé publique, et 14 Selon l'Union internationale de la communication, il y avait environ 2,1 millions d'internautes au Mali en janvier 2018, dont 96 % se connectaient via des appareils mobiles. 15 Sur un score maximum de 100, le Mali avait un score global de 28,9 selon l'association GSM. L'infrastructure du réseau mobile a été évaluée à 23,3, et les possibilités d’accès aux appareils et aux services a été évaluée à 48,2. Par rapport aux pays pairs, le Mali est en retard sur le Sénégal et la Côte d'Ivoire dans l'ensemble et est à égalité avec le Burkina Faso. Le nombre d'abonnés uniques à la téléphonie mobile s'élevait à 50 % de la population en 2019 (contre une moyenne de 48 % en Afrique subsaharienne et de 42 % dans les pays à faible revenu). 16 Demirgüç-Kunt et al. 2018. 17 En 2019, le coût des services de téléphonie et de messagerie mobiles représentait 17% du revenu mensuel moyen des ménages maliens contre 8% percent pour les pays d’Afrique au Sud du Sahara. GSMA Intelligence, 2019. 18 Environ 30% de la population (beaucoup plus en zone rurale).de plus de 15 ans ne détient aucune pièce d'identité officielle, avec une forte disparité entre les sexes, puisque plus de 35% des femmes n'en détiennent pas contre près de 20% des hommes. 5 mis en avant l’importance de respecter les standards sanitaires et phytosanitaires qui régissent le commerce régional et international. Les problèmes sanitaires se poseront avec de plus en plus d’acuité à l’avenir. Cela est déjà vrai pour les exportations vers les pays du Nord mais le deviendra rapidement aussi pour celles à destination des pays de la sous-région. En plus des exigences sanitaires, un nombre croissant de consommateurs et donc d’entreprises imposent des normes de qualité et de durabilité à leurs fournisseurs. Ces standards privés recouvrent de nombreuses dimensions : qualité sanitaire, mais aussi (i) nutritionnelle, organoleptique ou sensorielle, (ii) technique (calibre, granulométrie, couleur, etc.) ; (iii) environnementale (zero-deforestation, pesticides…) ; et (iv) sociale (travail des enfants, conditions d’emploi des travailleurs…). Respecter ces exigences demande l’adoption par les producteurs de bonnes pratiques agricoles et/ou industrielles, de contrôle efficace de la qualité (maîtrise des points critiques /Hazard Analysis of Critical Control Point – HACCP), étiquetage, etc.). De plus en plus, les exigences des consommateurs demandent la mise en place de systèmes crédibles de traçabilité et de certifications comme par exemple les certifications privées imposées par la grande distribution en Europe (GlobalGAP, BRC, ISO 22000, etc.). 17. Malgré les efforts du gouvernement, et l’appui de plusieurs projets19, l’infrastructure de la qualité du Mali comporte encore de nombreuses insuffisances qui doivent être comblées pour promouvoir le développement de ses exportations agricoles et assurer une meilleure sécurité sanitaire de sa population. Le système national de normalisation et de contrôle de qualité est défini par la Loi malienne n° 92-013/AN-RM du 17 septembre 1992 et son décret d’application20 et le Mali a adopté en 2002 une Politique Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments.21 Le système national est composé de trois organes : (i) Un Conseil National de Normalisation et de Contrôle de la Qualité qui adopte les normes nationales de qualité, qui sont alignées sur les normes internationales, notamment celles du Codex alimentarius (il est aussi chargé de la promotion du label Mali). (ii) l’Agence Malienne de Normalisation et de Promotion de la Qualité dénommée AMANORM qui est chargée de la mise en œuvre des normes nationales ; et (iii) des douze Comités Techniques de Normalisation22. La Politique Nationale est opérationnalisée par (i) la Loi n° 02-013 du 03 juin 2002 instituant le contrôle phytosanitaire en République du Mali (ainsi que le Décret N°02-305/PRM du 03 juin 2002 fixant les modalités d’application de la loi, y-compris l’identification des institutions chargées du contrôle phytosanitaire, les modalités de l’inspection phytosanitaire et l’obligation du certificat phytosanitaire) ; et (ii) la Loi n° 02-014 du 03 juin 2002, instituant l'homologation et le contrôle des pesticides en République du Mali et son décret instituant l'homologation et le contrôle des pesticides en République du Mali et fixant les modalités d’étiquetage). Certains de ces textes sont obsolètes et ne correspondent plus au contexte national et international. De plus, il n’existe pas actuellement au Mali un texte spécifique concernant l’évaluation des résidus des pesticides dans les aliments. 18. La responsabilité du contrôle sanitaire alimentaire est partagée entre plusieurs Ministères/institutions dont les responsabilités se chevauchent souvent: (i) la Direction Nationale de la Santé (DNS) qui intervient dans le contrôle de l’hygiène des établissements de production (matériel et équipements), des moyens de transport, du personnel, de l’eau et des denrées alimentaires ; (ii) la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence (DNCC) qui est chargée du contrôle de conformité des aliments et des pratiques commerciales ; (iii) l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSSA) qui est chargée de coordonner toutes les actions liées à la sécurité sanitaire des 19 Entre autres : Les Programmes Fit For Market (FFM) et Fit For Market SPS (FFM SPS du COLEACP ; Le Programme d’Appui au Sous-Secteur de l’Irrigation de Proximité (PASSIP) ; Le Projet d’Appui à la Compétitivité Agro-Industrielle au Mali (PACAM). 20 Au niveau régional, le Mali est membre d’Organismes Régionaux de Normalisation et au niveau international, membre de l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO). Au niveau régional, le Mali est membre d’Organismes Régionaux de Normalisation et au niveau international, membre de l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO). 21 Cette Politique prend en compte : les principes de l’OMS, de la FAO en matière de contrôle des aliments basés sur l’analyse des risques ; les dispositions des Accords SPS ; le respect des règles d’hygiène sur toute la chaîne alimentaire : l’application de ces règles « de la production à la consommation » ; la responsabilisation des producteurs sur la qualité des aliments; la traçabilité des denrées alimentaires ainsi que des ingrédients entrant dans leur composition. 22 Il existe 150 normes nationales dont la plupart sont d’adoption facultative à l’exception de celles sur le sel iodé, l’enrichissement de la farine en vitamine A et le rejet des eaux usées pour raison de santé publique, qui ont fait l’objet de règlements techniques qui les rendent obligatoires. 6 aliments, y-compris l’élaboration de la réglementation relative à la sécurité des aliments, l’évaluation des risques sanitaires des denrées alimentaires, de l’appui aux activités de surveillance des réseaux épidémiologiques; (iv) la Direction Nationale de l’Agriculture (DNA) qui est l’autorité nationale compétente en matière de contrôle phytosanitaire et de mise en œuvre des mesures SPS des produits végétaux y-compris pour l’importation et l’exportation des végétaux et produits végétaux; (v) l'Office de Protection des Végétaux (OPV) qui est responsable des opérations de surveillance et de lutte contre les ennemis des végétaux et produits végétaux, de la désinfestation des envois de végétaux et de produits végétaux à l’importation ou l’exportation, et de la formation du personnel d'encadrement rural et des paysans en matière de protection des végétaux. En 2017, le Mali a mis en place l'Agence malienne de métrologie (AMAM) qui est chargé, entre autres, de participer à l'élaboration des normes en matière de métrologie, gérer le Laboratoire national de la métrologie et assurer la surveillance métrologique. D’une manière générale, l’efficacité de tous ces services est sévèrement diminuée par (i) des conflits de compétences et un manque de coordination ; et (ii) un manque de ressources humaines, physiques et financières. 19. Le Mali dispose d’une dizaine de laboratoires publics23 et un laboratoire privé. Les laboratoires publics ont des capacités limitées et un seul, le Laboratoire National de la Santé (LNS), est accrédité dans le domaine de la bactériologie alimentaire. Il existe aussi un laboratoire privé d’analyses dans le domaine agroalimentaire (PROSLABS) qui est accrédité ISO 17025 dans le domaine des analyses des produits destinés à la consommation humaine ou à l'alimentation animale. Tous les laboratoires sont implantés à Bamako. La faible capacité des laboratoires du Mali entraîne de nombreuses difficultés au niveau de ses exportations agricoles avec, dans de nombreux cas, l’obligation pour les exportateurs maliens de faire appel à des laboratoires accrédités au Sénégal ou en Côte d’Ivoire. Finalement, les entreprises privées qui bénéficient d’une certification selon les Normes Volontaires Privées (Assurances Volontaires par des Tiers, APTv) sont peu nombreuses.24 2. La structuration du secteur agricole. 20. Il existe un nombre très important d’organisations agricoles au Mali (groupements, associations, coopératives, syndicats, etc.). Le Mali compte plus de 15 000 organisations à vocation agricole, structurées plus ou moins fortement en réseaux. Ces derniers commencent seulement à se structurer mais représentent déjà une base solide pour le développement de chaines de valeur compétitives. Ces organisations jouent un rôle de plus en plus actif dans les plaidoyers permettant d’orienter les politiques publiques, et dans la gestion des filières. Le mouvement associatif a été encouragé depuis la période coloniale, certaines organisations s’appuyant sur les formes d’organisation traditionnelles (les tons), d’autres étant initiées par le colonisateur (sociétés indigènes de prévoyance). Au lendemain de l’indépendances, la politique agricole de l’État préconisait l’exclusion du secteur privé du secteur, la création de monopoles publics (exclusivité de l’achat), l’encadrement étroit du secteur associatif, le contrôle strict des prix et des marges et la réglementation des importations et exportations. Les associations de producteurs sont alors apparues comme des appendices des organes gouvernementaux. Au début des années 1980, le gouvernement a ouvert la voie à la libre-entreprise et le retrait d l’Etat de la gestion directe du secteur agricole. Cela a encouragé les initiatives collectives au niveau des producteurs25. L’émergence des Organisations professionnelles 23 Le Laboratoire National de la Santé (LNS) qui a pour mission de contrôler la qualité des médicaments, aliments, boissons ou toutes autres substances importées ou produites en République du Mali ; le Laboratoire Central Vétérinaire (LCV) chargé du dépistage des maladies animales et de la recherche des contaminants dans les aliments ; le Laboratoire de Nutrition Animale (LNA) qui est l’un des laboratoires centraux de l’Institut d’Économie Rurale (IER) et qui est chargé de la recherche de mycotoxines et de pesticides dans les aliments ; Le Laboratoire du Contrôle du Conditionnement des Produits Agricoles (LCCPA) chargé charge des analyses physico-chimiques des denrées alimentaires végétales ; Le Laboratoire de la Qualité des Eaux (LQE) chargé du contrôle de la qualité des eaux de boissons ; Le Laboratoire National de Métrologie (LNM) responsable de l’étalonnage des laboratoires d’analyses et des entreprises. 24 En 2021, 4 entreprises de production et d’exportation de mangues fraîches ont été certifiées GlobalGAP, respectivement par Ecocert SA et par Tuv Nord Group Integra. 25 L’ouverture démocratique a permis que se développent de nouvelles formes de structuratio n du monde paysan à travers des dynamiques autonomes. La manifestation la plus remarquable de ce changement est marqué dès 1992 par la constitution 7 agricoles (OPA) structurées a été fortement appuyée depuis les années 199026 : (i) d’une part par la Chambre d’Agriculture : constituée en 1988 et restructurée en 1993 pour mettre en place une organisation décentralisée, avec des Chambres Régionales d’Agriculture (CRA) et une Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), et (ii) d’autre part par le Réseau des Organisations Paysannes de l’ Afrique de l’Ouest (ROPPA) qui a appuyé la création de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali. Cette structuration du secteur agricole a été fortement soutenue par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)27 . 21. Les Chambres d’Agriculture (Chambres Régionales et APCAM) sont les interlocuteurs privilégiés de l’Etat pour la mise en œuvre des politiques publiques . Elles ont deux missions principales : (i) une mission de défense des intérêts des producteurs dans les prises de décision concernant l’agriculture ; et (ii) une mission de structuration du monde rural dans le cadre d'une économie de marché28. A l’heure actuelle, trente-deux organisations nationales sont enregistrées à l’APCAM (fédérations, Unions de coopératives ou interprofessions), couvrant l’ensemble des sous- secteurs (agriculture, élevage, pèche). Le réseau des chambres d’agriculture a initié un processus d’accompagnement des différents acteurs en vue de susciter la création d’interprofessions agricoles, qui sont vues comme les organisations les plus appropriées pour organiser les filières de la production, à l’accès aux intrants et services nécessaires (y-compris le crédit) à la mise en marche des produits29. 22. La Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali a une action focalisée sur la défense des paysans et de l’agriculture familiale. Elle fonctionne comme une confédération, mais n'a pas de pouvoir hiérarchique sur ses organisations affiliées (l'identité et l'autonomie de chacune étant une donnée fondamentale). La CNOP a été en particulier très active dans la mise en place des cadres de concertation qui ont permis aux OPA de participer pleinement aux débats qui ont permis l’élaboration de la Loi d’Orientation Agricole (LOA), où elles ont défendu la reconnaissance des exploitations familiales et le besoin d’équité sociale. La CNOP mène aussi le combat contre les OGM, le brevetage du vivant et l’accaparement de terres. Elle est particulièrement vigilante sur le processus juridique et réglementaire de la « démarche qualité » pour la promotion de la compétitivité de l’agriculture malienne dans un contexte de globalisation des marchés. 23. Au niveau opérationnel, le paysage des organisations paysannes et rurales est très divers et en ajustement constant pour répondre aux changements du contexte économique et politique. Ces organisations prennent de multiples formes en fonction de leurs missions, des acteurs qui les composent et/ou de la délimitation géographique qu’elles couvrent. Il existe par exemple des organisations de type « syndicat » dont le but est le plaidoyer au profit de leurs membres : Association pour la Promotion des Filières Agricoles (APROFA) ; Collège des Syndicats Paysans ; Fédération du Syndicat des Cotonniers et Vivriers du Mali (SYCOV), puis quelques années plus tard par l’émergence du Sy ndicat des Exploitants Agricoles de l’Office du Niger, (SEXAGON). 26 On note ainsi l’adoption des textes, notamment : la loi n°01 -076/du18 juillet 2001 régissant les sociétés coopératives en République du Mali ; la loi n°04-038/du 05 aout 2004 relative aux associations ; la loi N°006 045/du 5 septembre 2006 portant Loi d'Orientation Agricole (ses articles N°173 à 179 sont relatifs aux interprofessions Agricoles) ; le Décret d’application N°793/P-RM du 31 Décembre 2008, fixant les modalités de création et d’enregistrement des organisations interprofessionnelles Agricoles. La ratification de l'Acte uniforme N°9 de l’OHADA relatif aux Droits des sociétés coopérativ es adopté le 15 décembre 2010 à Lomé et publié au journal officiel de l’OHADA le 15 février 2011. 27 Canada, France, Pays-Bas, Allemagne, Union européenne, Belgique, Royaume-Uni, États-Unis, Autriche, Suisse ; Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole ; et de nombreuses organisations non gouvernementales qui travaillent avec des communautés rurales comme l’organisation belge SOS Faim. La coopération canadienne a été particulièrement active des 1995 dans le cadre du Projet d’appui à la commercialisation des céréales au Mali (PACCEM) qui a permis la création en 1997 d’une organisation faitière nommée « Union Faso Jigi », « Espoir du peuple » en langue bambara ; et le projet Feere Diyara, qui signifie « La commercialisation a été bonne », qui a aidé à structurer la filière de l’échal otte largement dominée par les femmes. 28 L’Article 33 de la Loi d’Orientation Agricole stipule que : ‘‘ les Chambres d'Agriculture appuient l'émergence d'organisations professionnelles Agricoles, d'organisations de femmes rurales et de jeunes ruraux ainsi que la création d'organisations interprofessionnelles’’. 29 Au Mali, deux textes régissent les interprofessions des filières agroalimentaires, il s’agit de la Loi d’orientation agricole (LOA) n°06/45 du 5 septembre 2006 et le décret n°08-793 P-RM du 31 décembre 2008, fixant les modalités de création et d’enregistrement des organisations interprofessionnelles agricoles. 8 Nationale des Femmes Rurales (FENAFER) ; Fédération Nationale des Jeunes Ruraux (FENAJR). Mais la plupart les organisations sont dédiées à des filières spécifiques. L’appui dont ont bénéficié les OPA maliennes a permis des progrès importants dans la structuration du secteur agricole. De nombreuses OPA ont réussi à améliorer l’accès de leurs membres aux intrants et même aux services financiers, comme la coopérative Faso Jigi au Mali, qui travaille sur les filières riz, oignon et échalote)30. Elles ont aussi été un instrument efficace pour la reconnaissance du rôle-clé des femmes dans les activités agricoles. Finalement, la mise en place d’organisations interprofessionnelles fortes est maintenant largement reconnue comme le moyen le plus efficace pour assurer une bonne coordination entre les différents opérateurs au sein d’une chaine de valeur (producteurs, transformateurs, commerçants, transporteurs, etc.), pour un meilleur accès aux technologies et intrants et une mise en marché efficace des productions (diffusion d’informations stratégiques, gestion de l’offre, normes de qualité des produits, partage de la valeur ajoutée). Un état des lieux du processus de mise en place des interprofessions agricoles au Mali a été réalisé par l’APCAM en 2017. A cette date, treize (13) filières avaient entamé la mise en place d’une interprofession : la mangue, l’échalote/oignon, la pomme de terre, la papaye, le riz, le karité, l’anacarde, la gomme arabique, le bétail/viande, le lait, le sésame, le maïs, le manioc. Seules deux Interprofessions avaient été reconnues officiellement pour les filières coton et anacarde. Les autres filières (mangue, échalote/oignon, pomme de terre, papaye, riz, karité, gomme arabique, bétail/viande, lait, sésame, maïs, manioc) étaient encore à l’état de « projet d’interprofession ». 24. Toutefois, malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour améliorer l’efficacité des OPA. Sur le plan interne, les organisations paysannes ont encore de nombreuses faiblesses. Leur gouvernance n’est pas toujours à la hauteur des enjeux et des attentes. Elles doivent améliorer leur légitimité en gardant leur indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. Plus de place doit être donnée aux femmes et aux jeunes dans leur gestion et prise de décision. Au niveau de leur activités économiques, d’importants défis subsistent aussi. En particulier, l’accès aux financements dont elles ont besoin est encore très limité, à cause des risques perçus liés tant à l’activité agricole elle-même qu’à la qualité de leur gestion. Cela les empêche de fournir à leurs membres les intrants et le services (de conseil par exemple) dont ils ont besoin et de développer des activités, en particulier en aval de la chaine de valeur (commercialisation, transformation), qui leur permettraient de capturer une plus grande valeur ajoutée. Un appui à l’émergence d’interprofessions pour une gestion efficace et équitable des chaines de valeur agricoles devrait être une priorité dans la politique de développement agricole du gouvernement. Une première étape pourrait être la mise en place de « plateformes d'innovation »31 pour chacune des filières prioritaires, telles que celles déjà pilotées au niveau local pour certaines spéculations32 ou proposée dans le cadre du programme de recherche du CGIAR sur le « Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) »33. 3. Gestion des ressources naturelles et changement climatique La dégradation des sols et les changements climatiques représentent un défi majeur à la durabilité des systèmes de production agricole du Mali. Au cours des trente dernières années, les aléas climatiques et la croissance démographique ont induit de profonds changements dans mode 30 La mise en marché collective des produits des membres stockés dans de bonnes conditions a garanti aux producteurs et productrices un réel pouvoir de négociation avec les acheteurs, un meilleur prix et, conséquemment, l’amélioration de leurs revenus. 31 La plateforme d’innovation est un outil qui permet de mobiliser tous les acteurs de la chaîne de valeur, d’examiner les goulets d’étranglement et les maillons faibles, de créer et de renforcer les partenariats et l’apprentissage collaboratif entre les acteurs (publics et privés) et d’examiner les opportunités commerciales et les nouveaux produits permettant d’améliorer les résultats du marché, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles. 32 Par exemple pour le Karité ou pour les filières de l’élevage (projet Feed the Future Livestock Technology Scaling - FtF- MLTSP) dans les zones de Mopti, Tombouctou et Sikasso. P 33 Mise en place de la plateforme d’innovation des chaines de valeur agricoles climato -intelligentes dans la région de Ségou au Mali ; 2021. Le CCAFS Afrique de l’Ouest met en œuvre un projet de « développement de chaînes de valeur et paysage climato-intelligents au Mali avec l’Institut d’Economie Rurale (IER). Lors de l’atelier de développement du profil de risque climatique de Ségou en novembre 2020, cinq CVs (riz, niébé, ovins/caprins, cultures maraichères, mil) ont été retenues pour le développement de CV agricoles climato-intelligentes. 9 d’utilisation de l’espace rural : (i) une augmentation des superficies défrichées, qui a conduit à la mise en culture de terres à vocation agricole marginale, (ii) une réduction de l’espace sylvopastoral, et (iii) une réduction de la durée des jachères qui appauvrit la fertilité des sols. Les surfaces cultivées se sont étendues aux dépens des formations forestières naturelles et des pâturages. Les systèmes de culture se sont aussi graduellement transformés, passant d’un système itinérant à un système de mise en culture permanente avec une réduction (voire une disparition dans certaines zones) du temps de jachère comme moyen de restauration de la fertilité des sols. 1. Dégradation des sols. 4. La baisse de la fertilité des sols est l’une des principales causes de la baisse ou de la stagnation des rendements des principales cultures et constitue donc un risque majeur pour la pauvreté et l’insécurité alimentaire des ménages agricoles. La dégradation des sols, et les changements climatiques, représentent un défi majeur à la durabilité des systèmes de production qui devront évoluer profondément au cours des prochaines années avec l’adoption de pratiques agricoles mieux adaptées aux conditions imposées par le la pression foncière et le changement climatique34. La dégradation des sols touche actuellement environ 22% des terres arables dont une grande partie a atteint un degré « sévère » à « très sévère ». Avec la disparition du couvert forestier et de la jachère, les sols sont devenus plus vulnérables à l’érosion éolienne et pluviale. Cela entraine des pertes en sol de surface, l’ensablement des terres agro-pastorales et des cours d'eau, et la réduction de la recharge des nappes phréatiques. Les pertes annuelles moyennes en terres arables sont évaluées de 6,5 t/ha à 30 t/ha en fonction de la région et du type de sol. La perte de fertilité due à l’exportation des nutriments et à la dégradation physique des sols n’est pas compensée par des amendements organiques ou minéraux. Dans de nombreuse régions, les résidus de cultures sont presque totalement utilisés pour l’alimentation du bétail et l’utilisation des engrais chimiques est encore limitée par les faibles revenus des agriculteurs. 5. La dégradation des sols se manifeste de façon différente dans les différentes zones agroécologiques et systèmes de production. Au Nord (zone sahélienne et sub-saharienne), on observe une progression alarmante du processus de la désertification sur une vaste étendue peu peuplée, avec la formation de dunes et un risque majeur d'ensablement des vallées et des mares. Dans les zones de cultures pluviales (Mali-Sud), la fertilité des sols est menacée par l’érosion (hydrique et/ou éolienne), due à la perte de couvert ligneux et au travail du sol, et par l’acidification et la salinisation (dues à l’utilisation d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires). Dans les aménagements hydro agricoles, l’atteinte de hauts rendements dans la monoculture de riz demande une fertilisation essentiellement chimique qui provoque une acidification graduelle des sols qui entraine des pertes de productivité significatives. Box 1 : La « Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel » (IGMVSS), C’est une initiative lancée en 2009 par l'Union africaine pour la lutte contre la désertification et la dégradation des terres. Elle a pour objectif de lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique, ce projet vise à restaurer, d’ici 2030, 100 millions d’hectares de terres dégradées dans les 11 pays de la bande soudano-sahélienne, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d’emplois verts. La « muraille verte » concerne une bande d’environ 9 000 km de long d’ouest en est et de 15 km de large qui s'étend sur 11 pays du Sénégal à Djibouti. Ces 11 pays s’engagent à mettre en œuvre des programmes pour lutter contre la désertification et promouvoir une gestion intégrée des écosystèmes pour lutter contre la dégradation des terres et les effets du changement climatique, afin d’assurer un développement durable et d’augmenter la résilience des populations face aux épisodes récurrentes de famine et d’insécurité alimentaire. 34Lutte contre la dégradation des sols, réduction de l’usage des pesticides, culture biologique, semis direct sous couvert végétal ; rotations culturales incluant des légumineuses ; pâturage systématique des résidus de récolte, utilisation de biopesticides et/ou. 10 2. Changement climatique. 6. Le Mali figure parmi les pays les plus pays vulnérables au changement climatique. L'impact du changement climatique, en particulier sur le secteur agricole, s'est déjà fait lourdement sentir au cours de ces dernières décennies. Les températures annuelles ont augmenté de 0,8°C depuis 1960 (une moyenne de 0,15°C par décennie). Les précipitations ont montré une forte variabilité, à la fois aux échelles de temps annuelles et inter décennales, ce qui rend les tendances depuis 1960 difficiles à catégoriser35. Toutefois, il est admis que la période de sécheresse qui a commencé en 1970 a entraîné des déficits pluviométriques de l’ordre de 30 % (les précipitations moyennes enregistrées entre 2000 et 2010 ont été inférieures de 12% à celles de 1920-1969). Les isohyètes ont migré de près de 200 km vers le sud ce qui a entrainé une forte réduction des pâturages. Le pays a aussi connu une récurrence d’évènements extrêmes (cinq grandes sécheresses de 1987 à 2007 et des inondations catastrophiques) qui ont eu des incidences profondes sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des ménages36, accru les conflits liés à l’accès aux ressources naturelles ainsi que les flux migratoires des zones rurales vers les centres urbains. 7. Les projections climatiques futures indiquent que le stress thermique et hydrique devrait augmenter considérablement. Les températures devraient continuer à augmenter de 2,0°C à 2,5°C d’ici 2050, et jusqu’à plus de 5,0°C d’ici 2090. Les épisodes de chaleur extrême pourraient s’étendre sur de longues périodes, avec de plus une réduction de la durée de la saison favorable aux cultures. L'élevage souffrirait de stress thermique et de la réduction des pâturages. Les impacts prévus varient selon des modèles de prévision, mais la plupart de ces derniers projettent une baisse des précipitations sur une grande partie du pays37, qui entraînera une baisse du débit annuel moyen des rivières, l'assèchement rapide des lacs et marres et une diminution de la recharge des nappes phréatiques. Le secteur agricole malien est particulièrement concentré le long des fleuves Niger et Sénégal et le Delta Intérieur du Niger (IND) est hydrologiquement vulnérable aux changements climatiques. Les modèles prévoient aussi que le Mali connaîtra plus fréquemment des événements météorologiques extrêmes (tels que des saisons sèches plus longues, de plus nombreuses sècheresses et des précipitations plus intenses) et que les changements climatiques auront également un impact sur la distribution et la présence de vecteurs de maladies (p. moustiques, tiques) et autres agents pathogènes et donc sur les maladies affectant le bétail. Figure1 : Variations dans les changements de température d’ici 2050 35 Le début des années 1960, 1990 et 2000 ont été particulièrement années humides tandis que les années 1980 ont été nettement sèches. 36 leur impact sur les ménages agricoles réverbèrent de nombreuses années avec la perte d’actifs productifs qui empêche les ménages de se rétablir et de sortir de la pauvreté. 37 D’ici 2050, les régions du nord du pays, à savoir Tombouctou, Kidal, Gao et Mopti, devraient connaître une augmentation de 14,2%, 24,8%, 22,5% et 9,7%, respectivement, tandis que Kayes à l’est devrait connaître une diminution d’environ -5,4%. 11 8. La modélisation de l’impact des changements climatiques montre à la fois une réduction des zones favorables à l’agriculture et une baisse significative des rendements (avec les technologies actuelles), et recommande l’adoption rapide d’une agriculture intelligente face au climat. En culture pluviale, le maïs serait la céréale la plus impactée avec des baisses de rendements de 22% à 27% prévues en 205038. Le rendement du coton devrait baisser de 7 points de pourcentage et les exportations de près de 10% en 205039. Le riz, le millet et le sorgho seraient aussi affectés par des baisses de rendements, bien qu’à un degré moindre. Les superficies des cultures irriguées pourraient aussi chuter, en particulier celles liées aux bas-fonds et aux inondations. La réduction des pâturages et du fourrage impacterait négativement sur la production animale, plus sur celle des bovins que celle des petits ruminants. Les agriculteurs maliens adaptent depuis longtemps leurs pratiques agricoles pour faire face aux changements climatiques mais, compte tenu d’aggravement de ces changements au cours des dernières années, leurs stratégies d’adaptation ne fonctionnent plus40. Il existe cependant d’importantes possibilités de préserver les rendements et la production agricole malgré le changement climatique en adoptant des approches et technologies intelligentes face au climat. 3. Gestion des ressources en eau. Les ressources en eau du Mali. 9. Les ressources totales d'eau douce renouvelables du Mali sont considérables, bien supérieures à la moyenne en Afrique subsaharienne. Les ressources totales en eau renouvelable sont estimées à 130 km3/an, dont 20 km3 d’eau souterraine et 110 km3 d’eau de surface41. Pres de 50 pour cent de la superficie totale du Mali se trouvent dans le bassin versant du fleuve Niger (l’un des plus grands fleuves d’Afrique avec une longueur de 4 200 km, dont 1 700 km se trouvent au Mali) et 11 pour cent dans le bassin versant du fleuve Sénégal (plus de la moitié des eaux de surface du Mali provient de l'extérieur du pays par l’intermédiaire de ces deux fleuves). Neuf systèmes d’aquifères ont été identifiés au Mali qui couvrent l’ensemble du territoire et représentent la principale source d’alimentation en eau potable de la population42. Certains des aquifères les plus productifs du Mali se trouvent dans les zones sahéliennes et sahariennes. Cependant, cette eau est généralement une eau fossile non renouvelable, et difficile à mobiliser. 10. Selon l’Index Falkenmark43 et l'ODD 6.4.244, le Mali ne connait pas globalement de stress hydrique au niveau national. Les ressources en eau par personne et par an (6 470 m3) et le taux de prélèvement (8 %) sont globalement inférieurs aux seuils de stress hydrique (respectivement 1 700 m3 et 25 %) fixés par la FAO. Toutefois, La disponibilité en eau varie considérablement selon les régions, avec de très faibles quantités disponibles dans les zones sahariennes et sahéliennes du Nord, qui sont déjà en situation de stress hydrique prononcé ou sévère et où la situation devrait se détériorer á l’avenir avec des températures plus chaudes et des taux d'évaporation plus élevés. 38 D’autres modèles prédisent des pertes plus importantes pour le maïs, de 51% à 57% de rendements en baisse, à l’horizon 2050. Voir “Impact of climate change on crop production in southern Mali and the potential of adaptation strategies� in Building tomorrow’s research agenda and bridging the science-policy gap. CIRAD, INRA, IRD, Agropolis International, Wageningen UR, CGIAR, UCDAVIS, FAO, Agreenium, GFAR. 39 Traore et al. 2015. 40 Kergna et Dembele 2018. 41 FAO AQUASAT 2017. 42 Díaz-Alcaide; Silvia, P. M.-S.; Villarroya, F. A Commune-Level Groundwater Potential Map for the Republic of Mali. Water 2017, 43 L'indice de stress hydrique de Falkenmark définit la pénurie d'eau comme la quantité d'eau douce renouvelable disponible pour chaque personne chaque année. Un pays est dit en situation de stress hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 700 m3 par personne et par an. Un niveau en dessous de 1 000 m3 est considéré comme une situation de pénurie et un niveau en dessous de 500 m3, comme une situation de pénurie sévère. L'Indice ODD 44 L'Indice ODD 6.4.2 mesure le stress hydrique en pourcentage des prélèvements d'eau douce par rapport aux ressources totales renouvelables en eau douce. Les seuils de stress hydrique sont : aucun stress <25 %, faible 25 % à 50 %, moyen 50 % à 75 %, élevé 75 % à 100 % et critique > 100 %. 12 Figure 2 : Ressources en eau du Mali 11. Les ressources en eau du Mali restent faiblement mobilisées45. En 2006, moins de 5 pour cent des ressources renouvelables totales étaient exploités, dont la presque totalité (98%) pour l’agriculture. Les prélèvements du secteur agricole sont de l’ordre de 5.0 km3 et proviennent en quasi- totalité des ressources en eau de surface. Les eaux souterraines sont très peu exploitées sauf du fait des fortes contraintes à leur mobilisation (irrégularité de la recharge, difficulté de localisation des nappes, coût de l’exhaure). Environ 26 000 forages sont répartis entre les bassins du Sénégal et du Niger, et plus rarement dans les zones sahéliennes et sahariennes, pour les besoins des ménages et l'abreuvement du bétail en particulier dans les zones de pâturages du Nord. Tableau 1 : Prélèvements des ressources en eau 45 Profil Pays -Mali, AQUASAT FAO, 2015. 13 12. Le Mali dispose actuellement de cinq barrages multi-usage d’une capacité totale d’environ 13.8 km3 sur les fleuves Sénégal et Niger et leurs affluents : (i) le barrage de Manantali (capacité de 11 270 MCM) à l'ouest du Mali et qui contrôle les débits du fleuve Sénégal46 (ii) le barrage de Sélingué sur le Sankarani, avec une capacité de 2.17 km3 qui permet de produire de l’énergie hydro-électrique et d’irriguer environ 2 000 ha; (iii) le barrage de Sotuba sur le Niger qui alimente une petite centrale hydroélectrique et le canal de Baguineda pour l’irrigation d’environ 3 000 ha; (iv) le barrage de Markala sur le Niger, avec une capacité d’environ 0.175 km3, qui permet l’alimentation des canaux de l’Office du Niger; (v) le barrage de Talo sur le Bani, mis en eau en 2006, avec une capacité de 0.18 km3 , qui permet d’irriguer 20 000 ha en submersion contrôlée. 13. Le Mali totalise aussi (2013) une superficie de 4,5 millions d’ha de zones humides d’importance internationale. La Politique Nationale de Protection de l’Environnement (1998) et la Politique Nationale des Zones Humides (2003) servent de cadre à la gestion des écosystèmes des zones humides. Le pays a aussi ratifié la Convention sur les zones humides d’importances Internationales RAMSAR en 1985. Le premier site inscrit (2004) est le Delta Intérieur du Niger couvrant plus de 4 millions d’ha47. En mars 2013, trois autres sites RAMSAR ont été ajoutés : la plaine inondable du Sourou (56 500 ha), le Lac Magui (24 740 ha) et le lac Wegnia (3 900 ha). 14. Gestion des ressources en eau. Trois départements ministériels sont directement concernés par le secteur de l’eau : (a) le Ministère de l’agriculture, avec (i) sa Direction Nationale du Génie Rural (DNGR) qui est chargée de l’élaboration des politiques et stratégies en matière d’aménagements hydro-agricoles et (ii) les divers Offices de développement rural, chargés du développement et de la gestion des grands et moyens périmètres irrigués ; (b) le Ministère de l’Energie et de l’Eau, assurant la tutelle de la Direction Nationale de l’Hydraulique (DNH) qui a pour mission l’élaboration de la politique nationale en matière d’hydraulique et la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre, et qui est responsable de l’inventaire et la gestion globales des ressources en eau du pays; et (c) le Ministère de l’Environnement et l’Assainissement qui assure la tutelle (i) de la Direction Nationale de l’Assainissement, du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (DNACPN) ; (ii) de la Direction Nationale des Eaux et Forêts ; et (iii) de l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD). En 2002 a été créée l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN) qui a pour mission la sauvegarde du fleuve Niger, de ses affluents et de ses bassins versants au sein du Mali, ainsi que la gestion intégrée de ses ressources. L’ABFN, ainsi que les organismes de bassins transfrontaliers (ABN, OMVS et ABV), collaborent avec les offices de développement rural pour la collecte de données notamment dans le cadre d’études spécifiques comme les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des ressources en eau. 15. Le Gouvernement a mis en place un mécanisme institutionnel pour la gestion des ressources en eau du pays et adopté le Plan d’Action national de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE,2008, actualisé en 2019). Les institutions impliquées sont : (i) le Comité Interministériel de coordination du secteur de l’eau et de l’assainissement, créé en 1995 ; (ii) les Conseils Régionaux et Locaux de l’Eau (2003), composés de représentants des services techniques déconcentrés, des collectivités territoriales, des usagers et de la société civile ; (iii) le Conseil National de l’Eau (mis en place en 2004) qui a pour missions d’émettre un avis sur toutes les questions relatives à l’eau (les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux, ainsi que sur les grands aménagements régionaux); et (iv) les Comités de bassins formés de représentants de l’Etat, des Collectivités territoriales et des usagers, afin de garantir une gestion concertée des ressource. Suite aux recommandations du Sommet Mondial sur le Développement Durable de Johannesburg (2002), le Gouvernement a adopté en 2008 un Plan d’Action national de Gestion Intégrée des Ressources en Eau 46 Le barrage de Manantali sur le Bafing stocke environ 11.27 km3 d’eau pour la partager entre le Sénégal, la Mauritanie et le Mali pour la production d’énergie et l’irrigation—15 000 ha au Mali, 240 000 ha au Sénégal et 120 000 en Mauritanie. 47 Dans le Delta, les ondes de crues hivernales se manifestent par d’importants débordements d’eau dans les plaines inondables, ce qui permet de remplir les casiers de submersion contrôlée, les lacs et les mares pour les cultures de décrue et les pâturages, et d’améliorer la reproduction halieutique dans les frayères. 14 (PANGIRE) définissant les objectifs et les modalités du développement durable des ressources en eau du pays. Le PANGIRE a été actualisé en 2019 (pour la période 22019-2030. Box 2 : Les principaux textes définissant la gestion des ressources en eau. • Le Code de l’Eau (2002) consacre le principe de la domanialité publique de l’eau et précise les modalités de gestion (CNE, conseils régionaux et locaux et des comités de bassin) et de protection des ressources en eau en déterminant les droits et les obligations de l’État, des collectivités territoriales et des usagers. • La Politique Nationale de l’Eau (2006) fournit des orientations stratégiques pour une gestion durable des ressources en eau du pays, dans le respect de l’équilibre du milieu physique et des écosystèmes aquatiques. • Le code domanial et foncier qui englobe les eaux souterraines et les eaux de surface dans le domaine public de l’État, et reconnaît les droits d’utilisation traditionnelle et les droits d’usage sur les domaines fonciers publics ou privés de l’Etat, cette reconnaissance concernant aussi l’usage de l’eau. • La Politique Nationale d’Assainissement (2007) et ses stratégies sectorielles (déchets solides des ménages et de l’industrie, eaux usées et excréta, déchets spéciaux, eaux pluviales. • La Stratégie Nationale de Développement de l’Irrigation, adoptée en 1999 et actualisé en 2008 dans le but d’uniformiser les approches et d’identifier les actions prioritaires afin d’utiliser au mieux les ressources humaines et financières disponibles (elle se fonde sur le principe d’une participation plus responsable des bénéficiaires à la définition, la réalisation et la gestion des projets d’irrigation). • Le Plan d’Action national de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (2008, actualisé en 2019) met en place un cadre institutionnel favorisant la coordination intersectorielle, le renforcement des capacités techniques sectorielles, et l’amélioration des mécanismes de financement durable de la GIRE. L’agriculture irriguée. 16. Le grand potentiel d’irrigation du Mali est encore très peu exploité. Le potentiel des terres aptes à la culture irriguée du pays a été évalué à 2 200 000 ha dont environ 566 500 ha sont considérés comme facilement aménageables à partir des ressources en eau de surface. Sur ce dernier total, seulement 371 000 ha était équipés pour l’irrigation en 2011 (soit 66% de la superficie totale aménageable) dont (i) 167 000 ha en maitrise totale de l’eau et (ii) 204 000 ha en maitrise partielle (bas-fonds, marres…). A ce total s’ajoute la culture de décrue non-équipée (submersion libre) qui concernait 250 000 ha en 2009. Parmi les superficies aménagées en contrôle total ou partiel en 2011, on distingue (i) 317 800 ha de grands périmètres (plus de 100 ha) (ii) 38 900 ha de petits périmètres (moins de 100 ha, y-compris les périmètres irrigués villageois--PIV) ; et (iii) 14 300 ha de bas-fonds. Le programme (2014-2018) a ajouté 100.500 ha ce total pour porter les superficies équipées à 462 000 ha dont 260 000 ha en contrôle total. L'Office du Niger prévoit d'irriguer 330 000 ha supplémentaires près de Ségou d’ici 2045, complétant les 120 000 ha actuellement irrigués avec l'eau du barrage de Markala48. Table 2: Superficies facilement aménageables 48 Observatory of Integrated Water Management in the Upper Niger basin and Inner Niger Delta. Octobre 2020 15 Table 3 : Potentiel d’irrigation du Mali 17. Au Mali, l'agriculture irriguée se subdivise en deux principaux types : la grande et la petite irrigation (ou irrigation de proximité), selon la taille des aménagements. Trois périmètres —Office du Niger, périmètres de Baguinéda et de Sélingué, principalement rizicoles et approvisionnés par le fleuve Niger, concentrent la plus grande partie des superficies en maîtrise totale. Parmi les superficies en maitrise partielle on distingue : (i) les cultures de bordure fluviale en submersion contrôlée, pratiquées à grande échelle sur deux périmètres—Office du riz de Ségou, Office du riz de Mopti—ainsi que dans les régions de Koulikoro, Gao, et Tombouctou ; (ii) les cultures de bas-fonds en submersion contrôlée (principalement cultivés en riz de variété semi–pluviale, localisés dans la partie sud du pays où la pluviométrie est relativement importante) ; et (iii) les cultures de décrues en submersion libre (surtout pratiquée dans les lacs et mares et la région de Tombouctou). 18. La grande irrigation est l’option historique (datant d’avant l’indépendance), focalisée sur des périmètres irrigués de plus de 100 hectares, mis en valeur à partir de grands ouvrages hydrauliques comme les barrages ou par pompage. Ces périmètres sont généralement gérés par des Offices (des structures autonomes paraétatiques) tel que l’Office du Niger. L'irrigation de proximité (IP), adoptée depuis 2012 dans le cadre du Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP) , repose sur le développement de petits aménagements hydro-agricoles gérables par les exploitants et leurs organisations. L’objectif du PNIP est de lever les différentes contraintes qui freinent le développement de l’irrigation dans le cadre de grands périmètres : (i) la complexité des ouvrages, souvent la mauvaise conception des systèmes d’irrigation/de drainage et le coût élevé des infrastructures ; (ii) les difficultés à mobiliser les financements nécessaires (l’État étant le seul à investir dans l’infrastructure de base largement grâce à des fonds provenant essentiellement de PTF); (iii) les multiples problèmes posés par la gestion des périmètres, qui conduisent souvent à de grandes difficultés pour assurer une bonne disponibilité en eau; (iv) le manque d’appui technique et d’accès aux intrants pour les producteurs agricoles ainsi que d’assistance en aval pour assurer une mise en marché satisfaisante des productions ; et (v) les difficultés dans la gestion des ressources foncières concernées (accaparement de terres par des investisseurs privés, perte de droits d’accès des populations locales). Dans l’approche IP, les populations-cibles participent à toutes les étapes de la réalisation de l’investissement (depuis l’identification jusqu’à la mise en place) et au financement des infrastructures (qui sont beaucoup plus simples) et elles en assurent l’exploitation et l’entretien. Cette approche participative et à « échelle humaine a été appuyée par de nombreux PTF et a donné de très bons résultats, tant en termes d’extension des superficies irriguées qu’en terme de leur rentabilisation et de leur pérennisation. 16 4. Gestion des ressources foncières. 19. Le Mali présente un potentiel agricole (y-compris pastoral et forestier) considérable. Les terres « agricoles » sont estimées à 46,6 millions d’hectares dont 12,2 millions ha de terres arables, 30 millions ha de pâturages et 4,4 millions ha de réserves (forestières ou de faune). Globalement, la densité de sa population est encore faible (18 habitant/km2). Les exploitations agricoles sont en général de grande taille (7,0 ha en moyenne49), sauf dans les régions désertiques de Gao et de Tombouctou (1,5 ha). Ces données moyennes sembleraient indiquer que la pression foncière est encore faible et que l’insécurité foncière et les conflits liés à l’accession aux ressources naturelles ne devraient pas être une contrainte majeure au développement du pays. Cela n’est pas le cas. Les ressources agricoles du Mali ne sont pas réparties uniformément sur le territoire national, avec plus de la moitié du pays étant occupée par le désert. De même, la population du Mali (estimée à 21 millions), est concentrée essentiellement dans les régions du Sud. Sur la base des données de l’EAC-I 2017, on pourrait donc estimer qu’en zone rurale dans les régions Sud, la densité moyenne de la population pourrait déjà approcher de 40 hab./km2, et être beaucoup plus élevée encore dans les zones les plus favorables à l’agriculture comme les berges des fleuves et le DIN. Dans beaucoup de régions, l’accroissement de la pression foncière génère des conflits de plus en plus nombreux pour l’accès aux ressources naturelles. Table 4 : Population du Mali – Répartition entre ruraux et urbain 20. Au Mali, la gestion des ressources foncières est caractérisée par la coexistence entre le système de droit moderne (étatique) et les droits coutumiers. Jusqu’en 2014, le droit foncier « moderne » (rural et urbain) était régi dans le cadre du Code Domanial et Foncier (CDF, 1986 modifié en 2002)50. Le CDF reconnaissait les droits coutumiers et prévoyait même la délivrance d’un titre de possession opposable et cessible aux tiers. Toutefois, en reconnaissant les droits coutumiers mais en les incorporant dans le même temps dans le domaine privé de l’Etat, le CDF créait une tension permanente entre les deux ensembles de droits qui était préjudiciable à l’exercice des droits coutumiers. De plus, le CDF ne contenait pas de disposition spécifique au foncier agricole et le droit en la matière était dispersé entre une dizaine de textes différents, dont la Charte Pastorale (2001) qui identifie la place et les fonctions du pastoralisme au côté de l’agriculture sédentaire51. 49 Il faut cependant noter que, bien que la taille moyenne des exploitations soit de 7,0 ha, chaque exploitation est l’actif productif d’une famille « élargie » se composant en moyenne de 11 personnes dont 5 actifs. 50 La législation foncière au Mali est fondée sur quatre principes importants : l’égalité des citoyens, la domanialité, la décentralisation, l’accès à la propriété à travers l’immatriculation et le titre foncier, la reconnaissance des droits coutum iers. Ces principes sont inscrits dans La loi du 1er août 1986 portant code domanial et foncier en République du Mali, modifiée en 2002 par le nouveau Code domanial et foncier (du 12 février 2002. 51 Les dispositions de la Charte reconnaissent en particulier : l'importance de la mobilité du bétail ; les spécificités des activités pastorales comme moyen de maintien des écosystèmes sahéliens ; le principe de concertation entre communautés 17 21. Le droit moderne « positif » est encore très peu appliqué en zone rurale ou les modes coutumiers d’accès à la terre demeurent encore de très loin les plus répandus en matière d’accès au foncier rural52. Les importants changements sociaux et économiques de ces récentes décennies, ainsi que le changement climatique, ont toutefois fragilisé les systèmes coutumiers et induit une accélération de dynamiques porteuses de conflits fonciers et de phénomènes d’exclusion : (i) la marchandisation de l’agriculture a accéléré l’individualisation des droits et le développement des transactions foncières; (ii) la compétition pour l’accès aux ressources naturelles a grandement aggravé les tensions, en particulier entre agriculteurs et éleveurs ; et (iii) l’arrivée de « nouveaux acteurs » dans le secteur agricole (les grandes entreprises privées) a aussi entrainé des tensions avec les populations locales (et même dans certains cas des déplacements de ces populations). A cause de la faiblesse de l’administration foncière, le pays connait des difficultés grandissantes pour la gestion de son patrimoine foncier. 22. Pour clarifier les grands principes de la gestion du foncier rural (entre autres objectifs), le Mali a adopté en 2006 la Loi d’Orientation Agricole (LOA). La LOA définit les objectifs stratégiques du développement agricole du pays. Elle consacre une approche fondée sur une cohabitation entre l’exploitation agricole familiale (appelée à être modernisée) et l’« entreprise agricole ». Elle définit aussi un « Foncier agricole » qui a pour objet : « (…) la sécurisation des exploitations et des exploitants agricoles, la promotion des investissements publics et privés, l’accès équitable aux ressources foncières et la gestion durable desdites ressources » (art. 75). La LOA prévoit l’élaboration d’une Politique Foncière Nationale (PFN, adoptée en 2014), et pose les bases d’une Loi foncière agricole, adoptée en 2017. La loi foncière agricole renforce la reconnaissance et la formalisation des droits fonciers agricoles ; instaure un système de gestion locale du foncier rural (avec la création des commissions agricoles et foncières aux échelles communale et villageoise, les Cofos)53 ; reconnait diverses formes de transactions foncières (vente, donation, bail à court terme, bail à long terme, bail emphytéotique, métayage; et bail avec droit d'achat ou d'acquisition libre) qui peuvent être enregistrées ; prévoit une certification de transaction foncière (attestation de transaction foncière) validée par le chef de village et enregistrée au registre communal des transactions foncières (mais pas dans le livre foncier). Enfin, elle réserve l’usage de 15 % du domaine foncier agricole aux groupes dits « vulnérables », les femmes et les jeunes. 23. La Loi foncière agricole représente une avancée majeure dans la mise en place d’un cadre permettant une gestion efficace et équitable du foncier rural. De nombreuses contraintes (institutionnelles, socio-politiques et financières) pèsent cependant sur sa mise en œuvre effective. Il est admis que cette mise en œuvre devra suivre (ou ne pas devancer de trop loin) l’évolution des coutumes locales (en particulier en matière d’héritage et d’accès des femmes au foncier) et qu’elle ne pourra être que graduelle. Mais sa mise en œuvre est aussi freinée par de nombreuses contraintes : (i) l’adoption de nombreux textes d’applications, qui tarde à venir ; (ii) l’installation très lente de l’architecture opérationnelle sur l’ensemble du territoire national en particulier les commissions agricoles et foncières locales (Cofos) ; et (iii) le manque de capacité des services de l’Etat et des collectivités territoriales, la méconnaissance des textes en matière de gestion foncière tant de la société civile que de l’appareil judiciaire. Un Plan d’action national a été préparé pour l’opérationnalisation de la LFA et les premières opérations pilotes ont été lancées. Mais elles pastorales et sédentaires ; la mise en place de comités de gestion des conflits au niveau local ; et le rôle du gouvernement pour arbitrer dans l'utilisation pacifique des ressources naturelles partagées 52 Dans la gestion coutumière du foncier, l’accès à la terre peut être intra -lignager ou extra lignagère (par transferts de droits temporaires ou définitifs, tels que le don, le prêt, la location, le métayage ou la vente). Les femmes sont très largement exclues de la transmission et de la gestion du patrimoine foncier coutumier. Il est très rare qu’une exploitation soit gérée par une femme et même dans ce cas, les terres gérées par des femmes ont des dimensions beaucoup plus petites que celles gérées par les hommes. Malgré une constitution interdisant la discrimination fondée sur le sexe, il est traditionnellement très difficile pour les femmes de posséder des terres au Mali. Elles obtiennent généralement des droits temporaires d'utilisation des terres, qui peuvent leur être retirés à tout moment. 53 La Loi foncière agricole prévoit des dispositions pour donner une valeur juridique à la résolution des conflits par les commissions foncières locales. 18 demeurent timides et la mobilisation des ressources de l’État et des bailleurs de fonds pour mettre en œuvre le Plan d’action reste bien en deçà des besoins. 5. Le problème de l’accaparement des terres rurales. 24. L’un des problèmes les plus préoccupants en termes d’accès aux ressources naturelles semble être le phénomène d’achat et d’accaparement de terres agricoles à grande échelle par des investisseurs privés. Les achats de terres se développent rapidement en zone péri-urbaine où les investisseurs nationaux recherchent des terres agricoles soit pour y développer des activités agricoles, soit simplement pour de la spéculation foncière. Cette monétarisation du foncier rural engendre de nombreux conflits et met en danger la cohésion des communautés et des familles. Au-delà de ces transactions privées, la question de l’accaparement des terres se pose aussi avec acuité dans les grands aménagements hydroagricoles (AHA) comme ceux gérés par l’Office du Niger. En raison des importants investissements publics qui sont consentis dans les AHA, la terre y appartient à l’État qui distribue alors des droits d’usage. Jusqu’au début des années 2000, le modèle de développement était basé sur les exploitations familiales, avec des acquis réels en termes d’augmentation de la productivité et d’intensification agricole. Après 2000 et surtout 2008, pour obtenir une plus forte croissance agricole et améliorer la sécurité alimentaire du pays, et face à des ressources financières limitées, l’Etat malien s’est engagé dans la promotion de l’agriculture commerciale moderne (voir la LOA) et a cherché à attirer les investissements privés, nationaux et étrangers, dans l’agriculture. Le Gouvernement a en particulier fait de la zone de l’« Office du Niger un pôle agro-industriel où il a concédé de grands blocs de terres à mettre en valeur à des agro-investisseurs. 25. Le modèle a donné des résultats mitigés du point de vue de de son efficacité économique et a suscité de nombreuses inquiétudes quant à la sécurisation foncière de l’agriculture familiale. Les petits exploitants expropriés reçoivent une compensation « adéquate » en général sous la forme d’une parcelle aménagée et sont aussi sensés bénéficier à la fois des services agricoles de l’Office du Niger et de l’accès au marché offert grâce aux synergies mises en place avec les opérations des grands investisseurs. Toutefois, les droits d’usage distribués sont révocables (« Permis d’exploitation agricole—PEA ») et les bénéficiaires ne jouissent donc pas de droits fonciers comparables à ceux qui préexistaient avant l’extinction de leurs droits coutumiers, ce qui génère une grande insécurité et un sentiment d’injustice. De plus, les droits d’usage concédés aux exploitations familiales sont assortis d’un ensemble de conditions liées à l’activité productive à entreprendre (suivi d’un système de culture relativement rigide et d’un calendrier à respecter, etc.) et les producteurs sont astreints au paiement de la redevance hydraulique. Les exploitants ne respectant pas ces obligations peuvent faire l’’objet d’éviction54. De plus, les exploitations familiales font face à un accès à l’eau peu équitable, les grands investisseurs bénéficiant d’un accès privilégié sur de très grandes surfaces. Finalement, l’ON fait face à une forte pression foncière et y a répondu par l’octroi de parcelles de compensation de plus en plus petites. En 2018, 80 % des parcelles étaient inférieures à 2 ha, pour une taille moyenne de 1,3 ha, bien en deçà du seuil de viabilité pour un ménage agricole estimé à 3 ha55. L’insécurité foncière des exploitations familiales et la réduction des superficies moyennes par famille constituent aujourd’hui une des contraintes majeures fortes au maintien de la dynamique de développement de la zone Office du Niger telle qu’elle a été mise en œuvre jusqu’à aujourd’hui. 54 Tout exploitant d’une parcelle doit s’acquitter des obligations contractuelles convenues dont les plus importantes sont : (i) le paiement intégral de la redevance eau aux dates convenues ; (ii) l'entretien régulier de la portion du réseau tertiaire qui alimente la parcelle ; et (iii) la mise en valeur régulière de la parcelle chaque campagne. Lorsqu’un exploitant ne s’acquitte pas de l’un de ces devoirs, il est d’abord mis en demeure de se mettre en conformité avec ses obligations contractuelles. Si l’exploitant ne s’acquitte toujours pas de ces devoirs, après le délai limite défini, l’Office du Niger rompt le contrat d’attribution avec l’exploitant qui perd le droit de jouissance de la parcelle. 55 Partiellement justifié par l’objectif officiel de « pousser » à l’intensification agricole en augmentant la production par un ité de surface : développement de la double culture du riz (base de la sécurité alimentaire des familles) et des cultures maraichères, en particulier de l’échalote (pour la vente). La situation qui prévaut aujourd’hui dans la zone de l’Office du Niger est caractérisée par une baisse continue des superficies moyennes détenues par les exploitations agricoles familiales aussi due à leur morcellement sous le double effet de la croissance démographique, les héritages et une tendance à la prise d’indépendance des frères cadets ou des autres chefs de ménage dépendants. 19 Figure 3 26. Finalement, les objectifs du Gouvernement en matière de sécurité alimentaire du pays, de création d’emplois et de synergie entre les grandes exploitations/l'agro-industrie et des exploitations familiales ne semblent pas avoir été atteints. L’établissement de partenariats équilibrés entre les agricultures familiales locales et les entreprises de l’agrobusiness constitue la clé de voûte du développement des « pôles de croissance agricoles ». Pour cela, le Gouvernement/l’ON est sensé imposer un cahier des charges précis aux investisseurs afin de protéger les populations locales et de veiller à ce que les nouvelles activités des investisseurs privés servent d’abord les intérêts du Mali en améliorant la sécurité alimentaire nationale, en créant des emplois locaux, en servant d’entrainement pour les exploitations familiales et en utilisant les ressources naturelles de manière durable. A ce jour, il semble que les résultats ne soient pas à la hauteur des espérances. La production d’un nombre important d’entreprises a en fait été destinée à l’exportation plutôt qu’à l’approvisionnement du marché national. Il semble aussi que peu d'investisseurs se soient assurés que leurs activités fourniraient des emplois et/ou intègreraient les exploitations familiales locales dans leurs activités dans le cadre d’une agriculture contractuelle. Finalement, des terres concédées à des fins agro- industrielles ont surtout alimenté la spéculation foncière. Ces risques avaient été identifiés très tôt lors de la décision du Gouvernement de relancer la production agricole dans la zone de l’Office du Niger, et dans la préparation des nombreux projets d’aménagements hydro-agricoles qui ont été mis en œuvre. Ils n’ont malheureusement pas pu être évités lors de la mise en œuvre de ces investissements comme démontré par l’audit foncier de l’Office du Niger réalisé en 2019. L’audit a fait de nombreuses recommandations pour améliorer la sécurisation des droits des exploitations familiales et leur permettre d’être mieux intégrées dans les principales chaines de valeur développées par les entreprises agroindustrielles. Ces recommandations devraient être suivies à l’avenir. 4. Améliorer la productivité. 1. Recherche agricole. 27. L'Institut d'Economie rurale (IER) est l'institution principale de recherche agricole du Système national de recherche agricole au Mali. Il représente à lui seul environ 80 % de la capacité et des investissements de R&D agricole du pays. Il possède six (6) Centres Régionaux de Recherche agronomique (Kayes, Sotuba, Sikasso, Niono, Mopti et Gao) et un réseau de neuf Stations, et de 13 Sous-stations. Un certain nombre d'autres institutions sont aussi actives dans la recherche agricole : (i) l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/ IFRA) ; (ii) l’Institut de Recherche pour le Développement ; (iii) le Laboratoire Sols, Eaux et Végétaux, le Laboratoire de Technologie Alimentaire, le Laboratoire Central Vétérinaire et le Laboratoire de Nutrition Animale… Le Comité national de la recherche agricole (CNRA) est chargé de la coordination nationale et du financement de la recherche agricole. Il évalue les programmes de recherche et gère un fonds de 20 financement compétitif pour l’exécution de projets de R&D (à la demande directe des utilisateurs). Le site web du CNRA sert de plate-forme d’information et d’échange à l’ensemble des acteurs du système national de la recherche agricole. Tableau 5 28. Le portefeuille scientifique de l’IER compte 17 programmes et une Unité de Ressources génétique (URG). Les programmes de recherche ont porté sur une combinaison de cultures de rente et de subsistance et sur l'élevage comme le démontrent les budgets et les effectifs alloués aux différents programmes de recherche56. En 2021, l’Institut disposait d’un effectif de 185 chercheurs (soit 28% du personnel total) et de 484 personnel d’appui (soit 72% du personnel total). Son budget prévisionnel était d’environ 7,5 milliards de F CFA. L’IER a bénéficié de nombreux financements de la part des partenaires Techniques et Financiers (Banque mondiale, Banque Africaine de Développement, Union Européenne, Coopérations Française, Suisse et Néerlandaise, USAID…) et a établi des partenariats scientifiques importants avec d’autres institutions nationales, sous-régionales et internationales. En 2019, une quarantaine de conventions et protocoles de partenariat étaient en cours, y-compris avec le secteur privé (Sygenta, Bill Gates Foundation). Ces initiatives ont permis à l’IER d’obtenir d’importants résultats de recherche. Entre 2012 et 2016, l'IER a mis en circulation 31 nouvelles variétés parmi lesquelles on trouve des variétés de riz, de mil, de blé, de sorgho, de maïs et de coton. 29. L’Institut d’économie rurale (IER) fait face à des contraintes structurelles importantes tant en termes de financement qu’en termes de ressources humaines. Comme indiqué dans le tableau ci- dessous, le total des dépenses publiques en faveur de la recherche agricole en tant que pourcentage du produit intérieur brut agricole (PIBA) – l’« intensité des dépenses » -- a graduellement diminue de 1,0% en 2005 à 0,44% en 2016 (le Mali investissait 0,44 dollar pour chaque 100 dollars du PIBA), beaucoup plus bas qu’au Benin ou au Sénégal. cette chute résultant de la stagnation des dépenses de recherche alors que le PIBA augmentait rapidement (largement à cause des superficies cultivées). De plus, la recherche agricole malienne est extrêmement dépendante des financements extérieurs qui représentent plus de 80* des dépenses hors salaires. Ces financements se font dans le cadre de projets à durée déterminée, ce qui constitue une contrainte majeure à la planification des programmes de recherche, en particulier des programmes stratégiques. En 2016, après presque 10 ans de financement 56Les spéculations vivrières représentent en moyenne 46% des ressources totales consacrées à la recherche agronomique et animale et des effectifs de chercheurs ; le coton 12% ; l’élevage 30% ; les ressources naturelles 10%. Entre 2012 et 2016, l'IER a mis en circulation 31 nouvelles variétés de de riz, de mil, de blé, de sorgho, de maïs et de coton. De plus, 20 % des recherches concernaient l’élevage, 4 % la sylviculture et 10 % les ressources naturelles. La catégorie « autres » comprend les recherches sur la pêche, les recherches socioéconomiques et les activités post-récolte. 21 de la part de la Banque Mondiale dans le cadre du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) l’IER disposait d’un effectif total de 185 chercheurs dont une très large partie à un niveau enlevé de qualification (95% au niveau MSc ou PhD). Mais là aussi, ce sont bien les financements extérieurs qui déterminent les vagues de recrutement/formation/licenciement et donc le niveau des ressources humaines de l’IER. Figure 4 : 30. L’une des recommandations récurrentes faites au Gouvernement du Mali pour garantir l’efficacité du système national de recherche agricole est de maintenir une intensité de recherche autour de 1% (financements égaux à 1% du PIBA) pour financer de façon satisfaisante les couts non- salariaux tout en réduisant la dépendance du système vis-à-vis des financements extérieurs. A cet effet, Il serait bon de lancer rapidement une étude sur les différentes options qui permettraient de mettre en place d'un financement durable de la du système de recherche57, par exemple par un prélèvement minime sur les recettes douanières sur les exportations (or, coton) ou les importations (riz, poisson). 2. Conseil Agricole 31. De nombreux systèmes de conseil agricole ont été mis en œuvre au Mali au cours des deux dernières, mais le consensus général est que la majorité des producteurs ne bénéficient toujours d’aucun service d’appui-conseil en dehors des producteurs de coton et de ceux couverts par des projets financés sur ressources extérieures. Les services de vulgarisation et de conseil agricoles (SVC) du Mali peuvent être divisés en quatre groupes principaux : (i) les acteurs publics, qui comprennent les services des principaux ministères techniques (cultures, élevage, etc.) et des divers Offices du développement rural qui sont responsables d’une zone ou d’une culture particulière (ex. CMDT pour le coton, ON pour le riz irrigué), (ii) les projets qui fournissent dans leurs zone d’intervention des 57 La PNDA-2015 prévoyait la mise en place d’un Fonds National de Développement Agro sylvopastoral (alimenté par exemple par des prélèvements opérés sur les importations agricoles et/ou des contributions de sociétés minières). Ce fonds, qui devrait être géré paritairement par l’État et les organisations de producteurs, permettrait d’assurer le financement durable de la recherche, de la vulgarisation agricole et les initiatives des producteurs à la base. A ce jour, ce fonds n’a pas encore été créé. 22 services localisés et temporaires ; et (iii) dans une moindre mesure, les ONG et les prestataires privés. La Direction Nationale de l’agriculture du Ministère du Développement Rural est responsable d’assurer la coordination avec les autres entités, publiques ou privées, qui offrent des services de conseil aux producteurs agricoles. Toutefois, Il n’existe pour l’instant pas de cadre formel permettant d’assurer pleinement ce rôle de coordination. Il en résulte un déficit de circulation de l’information, des duplications de certaines actions et un éparpillement des interventions qui résultent en un impact réduit des actions entreprises par les différents acteurs. 32. Les services publics sont en principe responsables d’apporter un conseil (un service public) à la grande majorité des exploitations familiales, très pauvres et qui ne peuvent pas payer ce service. Ces exploitations familiales ont besoin de conseil simples mais variés (sur les BPA, la gestion des sols et des ravageurs) que les services publics concernés ont d’énormes difficultés à fournir. En 2019, la DNA ne disposait que de 1,280 agents de vulgarisation agricole pour environ six millions d’exploitations, soit un taux d’un vulgarisateur pour environ 4.600 exploitations, un nombre trop faible pour fournir un service adéquat. L’efficacité de ces agents était de plus gravement limitée par leur faibles capacités (formation technique, de communication) et par des ressources financières insuffisantes pour couvrir leurs couts de fonctionnement hors-salaires. 33. L’appui-conseil le mieux organisé est celui fourni par la CMDT aux producteurs de coton. L’approche est une approche intégrée associant conseil agricole, intrants et accès au crédit et permettant aussi un lien étroit avec la recherche agricole. Toutefois, le système est focalisé sur la culture du coton et ne prend que très peu en compte les autres activités des exploitations (cultures vivrières, élevage), transférées aux services publics et pour lesquelles les producteurs ne reçoivent don en donc en général aucun conseil. De plus, es appuis sont dominées par le transfert de technologies mais ne s’étend pas au conseil de gestion58. 34. Différents services de conseil existent dans la zone de l’Office du Niger. Les prestations apportées par l’ON lui-même sont très centrées sur la production rizicole. Les services de vulgarisation publics sont quasiment inexistants. Les grandes exploitations agroindustrielles font appel à des services privés contre paiement. Pour répondre à ce manque d’accès des petites exploitations familiales aux services dont elles ont besoin, des Centres de services ont été mis en place dès 1995 avec l’appui de la Coopération Française avec pour objectif de transférer les activités d'appui-conseil vers les organisations professionnelles, avec l’objectif à terme d’auto-financer le système. Cinq centres de prestations de services ont ainsi été créés dans la zone de l’Office du Niger, regroupes sous la « Fédération Faranfasi So ». Les Centres, constitués en GIE, sont financés par la cotisation de leurs membres (partiellement) et par des subventions diverses comme celles Syngenta. Ils apportent des conseils techniques et de gestion aux OPAs partenaires et à leurs membres. Cet appui couvre aussi les questions d’acquisition d’intrants et de commercialisation. Les Centres offrent, à la demande, des programmes d’alphabétisation qui sont très efficaces pour améliorer la maitrise des producteurs à la fois des technologies et de leur environnement socio-économique. L’appui de la Coopération française s’est toutefois terminé en 2004, trop tôt pour pouvoir autonomiser le système (en particulier financièrement). La Fédération continue toujours ses activités, bien qu’avec de grandes difficultés financières. L’expérience de la Fédération Faranfasi So est l’un des seuls exemples de services de conseil dispensés par des organisations ou associations agricoles au Mali. C’est une expérience prometteuse qui demande à être poursuivie et élargie. Elle démontre en effet à la fois que les organisations professionnelles agricoles sont capables de gérer efficacement des services de conseil à leurs membres. L’expérience démontré toutefois aussi qu’il serait illusoire de rechercher à court terme un autofinancement à 100% par des usagers aux revenus très limités. En effet, bien que le taux de recouvrement des cotisations des OP adhérentes soit très élevé (90%), témoignant de l’efficacité des services rendus, ces contributions ne sont pas suffisantes pour couvrir les couts de fonctionnement des Centres de services. Il semblerait toutefois possible qu’une partie du budget de la DNA et/ou de 58 23 l’Office du Niger puisse être utilisée comme subvention d’équilibre des Centres qui ont prouvé leur efficacité et qui offrent une alternative crédible à des services publics largement inefficaces. 35. Il semblerait opportun de lancer une réflexion sur les forces et des faiblesses du dispositif actuel et de proposer des pistes pour son amélioration et les conditions de sa pérennisation. Les expériences d’un certain nombre de pays suggèrent la nécessité d'approches différentiées en fonction du type de production (intégrée/non intégrée aux marchés) et d'agriculteurs (exploitation familiale de subsistance, producteurs commerciaux de cultures de rente). Cela impliquera (i) de clairement segmenter les besoins et les approches appropriées ; de (i) réduire les couts d’approche, par exemple en faisant pleinement usage des Technologies d’Information et de Communication (TIC) et en utilisant des paysans-relais pour les conseils basiques ; et (iii) d’encourager des partenariats public-privé (PPP), par exemple dans le cadre d’une agriculture contractuelle. Un tel système de conseil devrait être basé sur (i) une gouvernance partagée entre l’État, la profession agricole et le secteur privé ; (ii) un niveau de financement public suffisant et prévisible (sur des fonds dédiés) ; et (iii) une collaboration forte avec la recherche et les autres acteurs des filières, par l’intermédiaire de mécanismes d’échange et de coordination comme les plateformes d’innovation. 3. Accès services financiers. 36. Le financement de l’agriculture est un facteur-clé pour la modernisation de l’agriculture Malienne qui demande l’intensification des systèmes de production et le développement de la transformation des produits. L'augmentation de la densité de population et la limitation des surfaces disponibles imposent de recourir à des modèles plus intensifs qui nécessitent des équipements et des intrants, et donc un accès au financement. De plus, les ménages ruraux ont aussi besoin d’un accès aux services financiers pour leur épargne et pour leurs transactions financières. A l’heure actuelle toutefois, les populations rurales et pour la plupart des entreprises du secteur agricole ont un accès extrêmement limité aux services financiers. En effet, malgré l’importance de sa contribution économique (40% du PIB total), le secteur ne reçoit que 5,5 % du volume global des crédits bancaires au secteur privé. Selon l'enquête Global Findex de 2017, 35% des adultes maliens (plus de 15 ans) avaient déclaré avoir un compte bancaire (y-compris dans un fournisseur de services mobiles) dont 45% des hommes et 26% de femmes, contre 40% pour l’Afrique Sub-Saharienne (respectivement 48% hommes et 37% femmes), en progression très rapide depuis le début des années 2010. 37. Le secteur financier du Mali a connu un développement important au cours de la dernière décennie, malgré un environnement difficile. Le ratio du crédit intérieur au secteur privé a atteint 25 % du PIB en 2019 (contre une moyenne d'environ 30 % dans l'UEMOA), et une proportion croissante d’entreprises formelles détiennent des comptes dans une institution bancaire. Le taux de pénétration des services de téléphonie mobile s’est aussi accéléré et l'introduction récente des paiements par mobile a permis à une proportion croissante de Maliens d'utiliser les réseaux de téléphonie mobile pour effectuer des transactions financières de manière sûre et fiable. Néanmoins, les problèmes d'accès au financement des entreprises et des ménages restent aigus pour la majorité de la population. Selon le rapport Doing Business 2020, les entreprises au Mali identifient l'accès au financement comme l'une de leurs principales contraintes59. Alors que la plupart des 10 000 entreprises formelles opérant au Mali ont un compte bancaire, seule une très petite proportion d'entre elles ont accès à des facilités de crédit : environ la moitié des grandes entreprises déclarent avoir un prêt/une ligne de crédit, ce pourcentage tombe à 42 % pour les entreprises de taille moyenne et à 14 % seulement pour les petites entreprises. En outre, les crédits consentis sont principalement des prêts à court terme (environ 75% des crédits totaux contre une moyenne de la zone UEMOA de 46%). L’accès au crédit est encore plus difficile pour les entreprises opérant dans le secteur agricole. 59 la distance du Mali par rapport à la frontière de 30/100 étant inférieure à celle de ses homologues régionaux ambitieux tels que la Côte d'Ivoire. 24 38. Les sources de financement de l’agriculture sont les banques commerciales, la Banque nationale de Développement Agricole (BNDA) et les institutions de microfinance. Il existe 14 banques commerciales au Mali qui représentent collectivement plus de 90 % du total des actifs du secteur financier. Le secteur de la microfinance est beaucoup plus petit, représentant environ 3 % des actifs du système financier60. L’essentiel des financements bancaires au secteur agricole est réalisé par la BNDA, dont les financements se sont toutefois réduits considérablement ces dernières années. Avant 2012, la BNDA accordait des crédits d’environ 30 milliards de francs CFA par an à environ 6 000 OP de base, en partenariat avec une vingtaine d’institutions de microfinance (IMF). Depuis 2012, la BNDA a réduit son apport aux institutions de microfinance et intervient principalement par des financements directs ciblant prioritairement les filières d’export et les grandes entreprises agro-alimentaires61. Les banques commerciales ne financent que les agro-entreprises les plus importantes du pays, comme la CMDT62. Toutefois, la Banque Malienne de Solidarité (BMS) et de nouveaux intervenants, comme Bank of Africa, Ecobank et la Banque Atlantique commencent très timidement à financer des agro- entrepreneurs et quelques agriculteurs de grande taille. Dans l’ensemble, les banques maliennes, bien que liquides, n'ont pas montré beaucoup d'appétit pour le financement du secteur agricole ou pour le développement d’instruments adaptés aux secteurs tels que le crédit-bail, les récépissés d'entreposage ou l'assurance récolte. 39. Les Systèmes financiers décentralisés (SFD) ont traditionnellement joué un rôle important dans le financement de l’agriculture, en particulier pour les petits agriculteurs. Après avoir connu une grave crise en 2009/2010, le secteur de la microfinance a été assaini par les mesures prises par le gouvernement et la BCEAO63. De nouveaux entrants dans le secteur des IMF ont aussi participé à la reprise globale du secteur64. En 2016, le réseau des SFD comptaient 490 caisses locales qui avaient environ 1,0 million de membres65. Le réseau représentait environ 3 % du total des actifs du secteur financier66. Les caisses Environ 40 % de leur portefeuille de prêts était constitué de prêts aux producteurs agricoles67. Ces prêts étaient essentiellement à court-terme, mais un petit nombre d’IFM offraient aussi des prêts d’équipement, des crédits-stockage et des produits de crédit-bail. La répartition géographique des institutions de microfinance montre une forte concentration dans les régions de Bamako, de Ségou et de Sikasso (75% 72,4% des clients) alors que les régions Nord de Kidal, Gao et Tombouctou ne représentent que 1% des clients. Dans la situation actuelle, les IMF représentent toutefois le meilleur instrument d’inclusion financière pour les ruraux pauvres. Des efforts supplémentaires sont cependant nécessaires pour accroitre leur couverture des zones rurales, améliorer leur gouvernance et la qualité de leur gestion et développer des produits et services adaptés aux besoins des ménages ruraux. 60 Le système financier comprend de plus 6 institutions financières non bancaires (IFNB) -- trois opérateurs d'argent mobile, deux fonds de garantie et une société de crédit-bail – et 11 compagnies d'assurance, qui représentent collectivement moins de 2 % du total des actifs du secteur financier. Mobilizing the private sector for economic resilience and recovery in Mali, Banque Mondiale, December 2020 61 L’encours du refinancement de la BNDA aux SFD a été divisé par 10 en 10 ans passant de 30 milliards de fran cs CFA en 2008 à moins de 3 milliards actuellement. La BNDA a initialement été constituée en tant que « banque de développement » par actions, par une loi spéciale de 1981. La BCEAO lui a cependant ôté son statut de « banque de développement » au début des années 2000 et la BNDA, bien qu’elle ait encore cette mission, opère à présent largement comme une banque commerciale avec une présence accrue dans les zones urbaines et le développement de ses financements non-agricoles. 62 Une partie des crédits consentis à la CMDT sert cependant à financer les exploitations cotonnières par le biais des crédits intrants qu’elle consent aux producteurs. 63 Le programme d’assainissement comprend l’adoption d’une politique nationale, un plan d’action 2016 -2020 et le développement d’un mécanisme pérenne de refinancement des SFD. 64 Il existe environ 100 IMF enregistrées et agréées par le MEF, mais sept grandes IMF dominent le marché avec plus de 82 % des actifs totaux du secteur et 72 % des clients. 65 Au 30 Septembre 2016, les IMF comptaient pour 995.000 membres, avaient un encours de dépôt de 68 milliards de FCFA et un encours de crédit de 89 milliards de FCFA. Le un montant total de créances en souffrance de 5 milliards de FCFA qui, malgré une amélioration très importante par rapport aux périodes antérieures, restaient très élevé (5,5%). 66 Les IMF sont limitées en termes de la part de leurs dépôts qu’elles peuvent utiliser pour les prêts mais bénéficient aussi d’un refinancement de la Part de la BNDA et de la BMS. 67 Source : BCEAO 25 40. L’accès des ménages et des entreprises agricoles aux services financiers se heurte à des obstacles importants à la fois du côté de l'offre et de celui de la demande. Du côté de l’offre : (i) une grande dispersion de la population qui accroit les couts du service ; et (ii) la faible connaissance du secteur des institutions financières et leurs faibles capacités pour analyser des risques qu’elles jugent très élevés. De plus, jusqu’à présent, un manque de compétition au sein du système bancaire a permis aux banques de se focaliser sur les activités présentant le meilleur rapport rentabilité/risque et ne les a pas incités à développer d’autres activités jugées plus risquées. Du côté de la demande : (i) le faible taux d'alphabétisation et de culture financière de la population; (ii) les risques inhérents à une production agricole sujette aux risques climatiques et de marché et le manque de collatéral des emprunteurs ; (iii) la faible organisation et les faibles capacités de gestion des organisations de producteurs qui ne permet pas de fournir une base solide à des crédits mutualisés ; et (iv) la difficulté de la plupart des entreprises agricoles/agroindustrielles à présenter des projets d’investissement susceptibles d’attirer des financements bancaires. 41. L’inclusion financière, bien qu’encore très faible au Mali, s’est toutefois accélérée récemment grâce aux services digitaux68. Les services numériques représentent une révolution en termes d’inclusion financière des ménages maliens. L’enquête Findex montre une utilisation des services financiers digitaux en progression rapide, avec 31% des adultes ayant fait ou reçu des paiements pas cette voie. L’insécurité affectant une grande partie du territoire national a favorisé l’utilisation des services financiers numériques qui ont fourni un moyen sûr et abordable de transférer des fonds vers et depuis les zones touchées par la situation sécuritaire. A l’heure actuelle, le taux de pénétration des réseaux de paiement mobile est déjà considérablement plus élevé que pour les services bancaires traditionnels. La pénétration des services numériques/mobiles devrait se poursuivre et transformer l'accès des populations rurales non seulement aux services financiers mais aussi à une variété d’autres services critiques pour le développement de l’agriculture (information sur les opportunités du marché et sur les prix, sur les technologies, etc…). 42. En parallèle aux services offerts par le secteur financier, l ’État malien apporte aussi un soutien au secteur agricole, par l’intermédiaire de plusieurs instruments : • Le Fonds national pour la modernisation et le développement agricoles. Pour donner suite à la recommandation de la Loi d’Orientation Agricole, l’État a mis en place le Fonds national pour la modernisation et le développement agricoles. Ce Fonds a trois guichets : (i) le premier guichet finance des projets d’investissements éligibles ; (ii) la deuxième offre des garanties pour les crédits bancaires finançant des investissements agricoles ; (iii) le troisième finance des activités qui réduisent l’impact des catastrophes agricoles. • Le Fonds de garantie du secteur privé (FGSP). Cree en 2014, le Fonds a pour objectif de garantir partiellement les banques pour des crédits accordés à des PME-PMI et à des institutions financières décentralisées pour la création, la modernisation et l’extension de leurs activités. Les banques participantes sont la BMS, la BNDA et la BIM, plus deux IMF importantes (KafoJiginew, et Nyèsigiso). En 2019, le Fonds avait aidé à mobiliser 45 milliards de Fcfa auprès du secteur bancaire en faveur des Petites et moyennes entreprises (PME). Le FGSP a signé un accord-cadre avec la CMDT et l’OHVN pour favoriser l’octroi de crédit à 8 000 coopératives de producteurs de coton. En 2020, l’Etat malien, appuyé par ses partenaires financiers, a ouvert un guichet COVID au FGSP et débloqué 20 milliards de FCFA pour garantir les crédits bancaires en faveur des entreprises impactées. • Initiative riz : l’État a lancé l’Initiative riz à la suite de la crise mondiale des prix alimentaires de 2008. L’initiative supporte l’amélioration des rendements par l’intermédiaire de (i) subventions aux facteurs de production (50% du cout des engrais et des semences sélectionnées) et aux équipements de production et de transformation, (ii) un appui aux services de vulgarisation ; et (iii) la participation de l’État à la commercialisation d’une partie de la production. Le programme a 68 L’inclusion financière définit la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à moindre coût à toute une gamm e de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins (transactions, paiements, épargne, crédit et assurance) proposés par des prestataires fiables et responsables. 26 été étendu à la production de maïs et de blé. Le programme est analysé en plus de détail dans le cadre de la revue des dépenses publiques ci-dessous. ci-dessous. 5. Un défi prioritaire : développer les ressources humaines. 43. La modernisation de l’agriculture et le développement de chaines de valeur compétitives demanderont une main d’œuvre de plus en plus qualifiée. Le développement d'une agriculture compétitive, capable de tirer pleinement parti de son important potentiel agricole va nécessiter une main-d'œuvre qualifiée à tous les niveaux des chaines de valeur : des agriculteurs alphabétisés et formés, qui peuvent accéder à l’information nécessaire pour maitriser des technologies et pratiques agricoles de plus en plus complexes, recommandées ; des agro-entrepreneurs capables d’analyser les opportunités des marchés et produire et commercialiser efficacement les produits de la qualité requise ; du personnel qualifié capable d’apporter aux producteurs les conseils et l’appui dont ils ont besoin ; et des chercheurs et des analystes politiques pour créer l'environnement technologique et politique permettant à l'agriculture de prospérer. 44. L'engagement des jeunes dans une agriculture modernisée devrait être une priorité absolue. Encore à l’heure actuelle, la majorité des 400 000 jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année devra trouver un emploi dans l’agriculture et les activités qui y sont liées. Leur offrir des opportunités d’emplois décents dans le secteur agricole est un enjeu crucial tant pour la réduction de la pauvreté rurale que pour ralentir la migration de jeunes peu qualifiés vers les villes où ils ne trouvent que des emplois à faible productivité dans le secteur informel. Le gouvernement a fait de l’emploi des jeunes l’une de ses priorités (CREDD 2019-2023). Le Plan national d'investissement agricole (PNIA) 2015-2025 vise à faire du secteur le principal moteur de l'économie nationale. Toutefois, il reste de nombreux obstacles qui entravent l’insertion des jeunes dans des emplois décents et attractifs dans les filières agricoles : le faible niveau de scolarisation et de compétences et un accès limité à la terre, aux services d’appui et aux services bancaires et financiers. Cela est encore plus le cas pour les femmes, qui ont les plus grandes difficultés à posséder des terres à leur nom (ou dont elles ont le contrôle), à accéder aux financements dont elles ont besoin. 45. Bien qu’il ait réalisé des progrès significatifs au cours des 20 dernières années, le Mali a l'un des niveaux d’éducation les plus bas au monde (Banque mondiale 2020). Le taux net de scolarisation dans le primaire n'était que de 59 % en 2018 et les résultats de leur éducation demeurent très faibles, avec une grande majorité des élèves n'ayant pas une compétence adéquate en mathématiques (56 %) et en français (66 %). Au moment où les enfants atteignent l'âge approprié pour l'école secondaire (16-18), seulement 33 % sont encore inscrits à l'école. Ce faible taux de scolarisation se reflète dans les taux d’alphabétisation de la population en Age de travailler. Le Mali a l'un des niveaux d'alphabétisation des adultes les plus bas du monde. Parmi les adultes de 15 ans et plus, 43 % savent lire et écrivent dans au moins une langue, et 34 % savent lire et écrire en français69. Il y a aussi une disparité dramatique dans les taux d'alphabétisation entre les hommes et femmes : parmi les jeunes de 15 à 25 ans, 64 % des hommes et 53 % des femmes sont alphabétisées dans au moins une langue. Cette disparité augmente progressivement dans les cohortes plus âgées et chez les adultes âgés de 45 à 55 ans, 50 pour cent des hommes et 18 pour cent des femmes sont capables de lire et écrire. Comme on pouvait s'y attendre, les taux d'alphabétisation varient également en fonction du revenu des ménages, du lieu de résidence, avec des taux beaucoup plus bas en zone rurale. 69 27 Figure 5 : 46. Au niveau de l’enseignement supérieur, il existe une grande inadéquation entre les compétences enseignées par le système d'enseignement supérieur et les exigences du marché du travail. Très peu d’étudiants s’inscrivent dans les filières scientifiques ou l'enseignement technique et professionnel alors que l'économie malienne a des besoins importants en ingénieurs et techniciens qualifiés. Ironiquement, pour un pays dans lequel l'agriculture joue un rôle central, la seule institution d’enseignement supérieur agricole du Mali, l'Institut Polytechnique Rural et de Recherche Appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou, a enregistré une baisse continue dans ses inscriptions au cours des 20 dernières années, en partie à cause d’une perception que l'agriculture n’offre pas d’emplois attractifs et que la formation à l'IPR/IFRA, qui a historiquement essentiellement formé les cadres du secteur public, n'est pas en phase avec les demandes du secteur privé. Finalement, pour les jeunes qui ont la formation nécessaire et pourraient constituer le fer de lance du développement d’une agriculture modernisée, les nombreux programmes de développement entrepreneurial soutenus par le gouvernement ne fournissent pas un soutien adéquat dans l'élaboration de plans d'affaires ou la mobilisation du soutien et des financements dont ils ont besoin pour assurer le succès de leurs entreprises. Les formations existantes, telles que celles proposées par l’Agence Emploi Jeunes ou le Fonds d'Appui à la Formation Professionnelle et l'Apprentissage (FAFPA) n'offrent pas toujours les compétences nécessaires pour que les participants puissent réellement lancer leurs activités ou trouver un emploi une fois qu'ils ont terminé les programmes. 47. Relever ces défis demandera un effort très important à plusieurs niveaux. Il faudra améliorer les performances du système général d'enseignement primaire pour permettre aux jeunes ruraux d’acquérir les compétences de base - lecture, écriture et calcul - nécessaires à leur intégration dans le marché du travail, agricole, rural ou urbain. Il serait aussi opportun d’introduire dans les programmes de l'enseignement primaire dans les zones rurales des formations donnant aux enfants (dont la grande majorité n’accèdera pas au niveau secondaire non seulement les compétences pour vivre décemment de l’agriculture et/ou d’activités rurales mais encore l’envie de le faire. La réhabilitation du système national d'Enseignement et de Formation Agricoles (EFA) permettrait de capitaliser sur les acquis de l'enseignement primaire pour constituer le stock de connaissances spécifiques nécessaire au développement d’une agriculture moderne. Le renforcement des écoles professionnelles et des instituts techniques agricoles aidera à répondre à l'augmentation prévue de la demande d'une nouvelle génération de techniciens agricoles, tandis que le soutien de l'enseignement supérieur agricole est nécessaire pour produire une nouvelle génération de scientifiques et de décideurs agricoles pour remplacer la grande cohorte qui est approche de la retraite. L’amélioration de l’enseignement professionnel agricole devrait concerner non seulement la qualité de leurs programmes techniques mais encore les compétences économiques, commerciales et 28 comportementales essentielles à l’entreprenariat agricole/agroindustriel. Cet enseignement technique devrait être lié étroitement avec le secteur privé pour développer des programmes adaptés à la demande des marchés. Des formations plus pratiques et en situation réelle serait également nécessaire pour fournir aux étudiants une expérience de la vie réelle dans des conditions contrôlées grâce à la mise en place d’incubateurs agricoles/agro-industriels. 6. Renforcer le rôle et la productivité des femmes. 48. Le gouvernement du Mali a pris de nombreuses dispositions pour réduire les écarts et inégalités entre hommes et femme. La Politique Nationale Genre du Mali (PNG) adoptée le 24 novembre 2010 offre un cadre conceptuel et opérationnel qui permet d’assurer une cohérence et un meilleur impact des actions publiques visant l’égalité entre les femmes et les hommes à travers les réformes nationales et les politiques sectorielles du Mali70. L’Etat malien a également pris des mesures législatives, réglementaires et administratives en faveur des femmes parmi lesquelles : (i) la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) en 1985 ; (iii) le nouveau Code pénal et la Convention sur le consentement au mariage, etc. En 2011, le Mali a adopté sa Stratégie nationale de planification et de budgétisation sensible au genre (PBSG) qui permet de prendre en compte, au niveau de différents secteurs de développement, la promotion d’activités permettant de lutter contre l’exclusion la pauvreté des femmes. Le Mali est également partie prenante pour les différents instruments de la CEDEAO en matière d’égalité entre les hommes et les femmes et d’autonomisation des femmes : (i) le Traité révisé de la CEDEAO qui enjoint les Etats membres à “élaborer, harmoniser, coordonner et mettre en œuvre des politiques et des mécanismes appropriés pour améliorer les conditions économiques, sociales et culturelles des femmes�; (ii) la Vision 2020 de la CEDEAO de 2010 qui prévoit “une société inclusive portée sur le développement et l’autonomisation du capital humain en vue de créer un environnement sain et paisible dans lequel les femmes, les enfants et les jeunes pourront évoluer avec des opportunités égales » ; et (iii) l’Acte additionnel relatif aux droits des femmes et des hommes pour un développement durable dans l’espace CEDEAO adopté par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement tenu à Accra en mai 2015. 49. Pourtant, malgré la volonté des autorités d’améliorer la situation des femmes, les Maliennes sont encore l’objet de discriminations de fait et de droit et le Mali est l'un des pays les moins égalitaires au monde. Le Mali est classe 158e sur 162 pays dans l'indice d'inégalité des sexes du Rapport sur le développement humain du PNUD pour 2020. Le taux d'alphabétisation des femmes 15 et plus est de 22%, la moitié de celui des hommes (45%) et plus bas que celui au Tchad. Seulement 57% des filles sont scolarisées dans le primaire et seules 15% d'entre elles terminent le secondaire. Le faible niveau de qualification, les disparités en termes de temps consacré aux activités économiques les cantonnent en général dans des emplois peu productifs (en 2018, 95 % des femmes employées occupaient des emplois vulnérables, contre 86 % des hommes). Elles ont un faible accès au crédit bancaire et à la microfinance, et l’entreprenariat féminin est concentré dans l’informel. 50. Dans le secteur agricole, qui fournit la grande majorité des emplois, les femmes sont principalement actives dans la production de cultures vivrières et horticole, dans l’élevage de pet its ruminants et dans la transformation et la vente à petite échelle de produits agricoles. La production de cultures de rente (coton, riz-irrigué, anacarde, bovins) est essentiellement la responsabilité des hommes. Les femmes sont confrontées à de nombreuses contraintes dans leurs activités productives : accès à la terre, aux intrants et aux services financiers. En conséquence, leur productivité est nettement inférieure à celle des hommes. Bien que légalement elles bénéficient officiellement d’une égalité de principe pour l’accès aux ressources naturelles, c’est le droit coutumier qui prévaut et ne leur reconnaît pas le droit d’être propriétaires des terrains qu’elles cultivent. Elles ne peuvent en général pas hériter d’un actif foncier et n’ont qu’un accès indirect et précaire au foncier par 70 La PNG vise la « Reconnaissance de la contribution des femmes au développement économique du Mali par leur insertion aux circuits productifs et l’accès égal aux opportunités d’emploi et aux facteurs de production ». L’agriculture est partie intégrante des secteurs-clé identifiés dans la PNG. 29 l’intermédiaire d’un tiers (en général un mari ou chef de lignage). Les dispositions de la Loi d’Orientation Agricole et de la loi foncière adoptée en 2017 tardent à être traduites dans les faits71. Tableau 6 51. La charge de travail des femmes est aussi une contrainte majeure à leur production et productivité agricoles. Au Mali, les tâches à forte intensité de main-d'œuvre telles que la plantation, le désherbage, la récolte et les activités post-récolte sont souvent effectuées par des femmes, mais sans les technologies qui pourraient réduire la charge de travail. La promotion de technologies permettant de réduire les besoins en main d’œuvre devrait être une priorité d’économiser dans les programmes d’autonomisation des femmes rurales. De plus, à la production agricole s'ajoutent les tâches ménagères et la garde des enfants qui absorbent une grande partie de leur temps. Dans les zones rurales, les femmes consacrent en moyenne 19 heures par semaine aux tâches ménagères (moins de 5 heures par les hommes) et près de 7 heures par semaine à aller au marché ou à chercher de l'eau ou du bois (contre moins de 3 heures pour les hommes)72. Si les femmes bénéficient de services de conseil et d’accès aux intrants dans le cadre de projets de développement agricole, cet appui prend généralement fin avec la fin des projets. 52. Les femmes sont actives dans les activités de transformation et de petit commerce mais font face à d’importantes contraintes pour accroitre leur pouvoir de décision au sein des chaines de valeur ou développer leurs activités. De nombreuses femmes sont présentes tout au long des chaines de valeur agricole dans le cadre d’organisations professionnelles agricoles (OPA) qui améliorent leur accès aux intrants et aux marchés73. Toutefois, leur représentation dans les instances de décision de ces organisations est en général encore très faible (cette situation s’explique aussi bien par des considérations socioculturelles sur la place de la femme dans la communauté locale que par leur taux d’alphabétisation/d’instruction généralement très faible)74. Les femmes rurales ont de plus un accès très limité aux crédits bancaires. Elles sont confrontées à des contraintes concernant l'ouverture de comptes bancaires, la signature de contrats (autorisation de la famille, manque de pièce d'identité) et 71Il est à noter que sur le plan légal (Politique Foncière Agricole, Loi Foncière Agricole), les femmes et les hommes ont les mêmes droits. En plus, selon la Loi d’Orientation Agricole, en cas d’aménagement hydro agricole par l’Etat, au moins 15% des superficies aménagées doivent revenir aux femmes et aux jeunes. 72 Profil national genre des secteurs de l’agriculture et du développement rural : Mali ; FAO, 2018. 73 La filière du Karité en offre un exemple de chaine de valeur gérée majoritairement par des femmes organisées en coopératives et en fédération pour la transformation et la commercialisation des produits du karité 74 Il y a toutefois des avancées avec l’émergence de femmes leaders au sein des organisations de base suite à l’adopti on de règlementations instituant des quotas pour l’accès des femmes aux instances de décision : Loi n°2015-052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives Décret n°2016-0909/ P-RM du 06 décembre 2016 déterminant les fonctions nominatives et électives pour l’application de la Loi n°2015 -052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives 30 elles ne disposent généralement pas la garantie nécessaire à l’obtention de crédits. Les institutions de microcrédit ont permis de relâcher quelque peu ces restrictions mais elles n’offrent en général que des prêts à court terme et de faible montants (le développement rapide des services financiers digitaux permet toutefois à de plus en plus de femmes rurales d’accéder à certains des services –épargne, paiements-- dont elles ont besoin. Combler l'écart de productivité restant entre les sexes procurerait des avantages économiques très importants75. Il est donc essentiel que le Mali continue à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour réduire les discriminations envers les femmes, en particulier dans l'agriculture. 7. Besoin d’une stratégie nationale de Gestion Intégrée des risques. 53. Le Mali fait face à des défis majeurs dans sa quête pour son développement économique et social. Le pays possède d’importantes ressources naturelles mais ces dernières sont fragiles et le pays est très vulnérable aux catastrophes naturelles et au changement climatique. Les écosystèmes maliens sont déjà affectés par à la fois par l’accroissement de la population et de la pression que cette dernière exerce sur les ressources naturelles, et par le changement climatique. Ces deux phénomènes devraient se poursuivre dans le futur et leurs impacts devraient être substantiel, en particulier dans le secteur agricole et forestier. Le Mali est aussi très vulnérable à la volatilité du prix des matières premières sur le marché international. De plus, le Mali est depuis 2012 le théâtre d’un conflit armé du à la présence de groupes islamistes sur le territoire et de vastes étendues du territoire au nord et au centre du pays connaissent une situation sécuritaire difficile tant pour les populations que pour les activités économiques. Ces différentes sources de risques/conflits sont d’ailleurs liées entre elles. L’impact des risques climatiques ou des risques de marché se traduit directement sur le niveau de vie des populations et aggrave la compétition pour l’accès aux ressources naturelles et les tensions communautaires. 54. Les conflits liés aux ressources naturelles ont toujours existé au Mali, mais ils se sont multipliés au cours des dernières décennies sous l’effet de l’accroissement de la population et du changement climatique. L'accès aux ressources naturelles est l'un des principaux facteurs de conflit entre les différentes communautés rurales. Ils concernent, entre autres, les conflits fonciers, les conflits liés à la gestion des zones de pâturage (exploitation des bourgoutières et des pâturages du Delta par exemple) et ceux liés à la gestion des pêcheries. La réduction drastique des zones de pâturage dans les régions du Nord pousse les éleveurs à descendre vers le sud et l’extension des surfaces cultivées, avec pour conséquence l’amplification des conflits entre agriculteurs et éleveurs76. Les tensions entre agriculteurs et éleveurs se sont particulièrement accrues avec l’extension de l’agriculture (riz) dans le delta intérieur du Niger, une région utilisée par les éleveurs pendant la saison sèche, et dans les couloirs traditionnels de transhumance, obstruant ainsi la mobilité des troupeaux et leur accès aux ressources essentielles (pâturages et eau).77 Les communautés en présence sont souvent associées à des groupes ethniques spécifiques, ce qui conduit à la transformation de conflits locaux en conflits plus généralisés78. Le manque de clarté dans les différents textes régissant l’acces 75 Le FMI a calculé que la croissance économique en Afrique augmenterait de près de 1 % par an si l'écart d'équité entre les hommes et les femmes était réduit à celui des pays émergents d'Asie (Inégalité, écarts entre les sexes et croissance économique : données comparatives pour l'Afrique subsaharienne, FMI Document de travail, Département Afrique, septembre 2016). En Cote d’Ivoire, il a été estimé que si les femmes ivoiriennes atteignaient la parité avec les hommes dans la participation au marché du travail et les revenus, leur contribution économique dépasserait 6 milliards USD/an (5e rapport économique de la BM pour la Côte d'Ivoire, 2018). 76 En outre, le conflit violent a contraint les éleveurs à s'éloigner des régions déchirées par la guerre de Tombouctou et de Gao vers les régions centrales, y compris le delta intérieur du Niger, exerçant une pression sur les ressources naturelles et augmentant les tensions avec les communautés d'agriculteurs 77 Les pasteurs sont historiquement restés dans les régions du nord pendant la saison des pluies et se sont déplacés vers le sud en direction, en particulier de bourgou, une plante qui pousse dans les eaux profondes du delta 78 Par exemple, il existe des tensions considérables entre les communautés d'éleveurs Touaregs et peuls concernant le contrôle des pâturages et des ressources en eau pour leur bétail. Les éleveurs peuls ont également eu des affrontements avec les agriculteurs dogon et bambara. 31 aux ressources (la loi foncière rurale et le code pastoral, voir plus haut) n’a pas permis de prévenir et de gérer ces conflits de façon efficace. De façon plus structurelle. 55. L’intégration de l’économie malienne dans l’économie mondiale, bien qu’étant un puissant moteur de la croissance économique du Mali, expose aussi le Mali a l’impact de chocs imprévisibles d'origine lointaine. Ces risques peuvent être soit lies à des commodités spécifiques importantes dans le commerce international du Mali -- tant pour ses exportations (or, coton) que pour ses importations (produits pétroliers, céréales, engrais), soit de nature plus globale comme démontré par l’impact de la crise due la Covid 19 sur l’économie et la population maliennes, et maintenant par celui de la crise ukrainienne sur le prix du blé ou des engrais. La crise sanitaire du COVID-19 a perturbé les chaînes d'approvisionnement alimentaire mondiales et les mesures pour lutter contre la propagation de la COVID-19, notamment la fermeture des frontières et les restrictions de mouvements internes ont provoqué une chute brutale de la croissance économique du pays (une chute du PIB/hab. de près de 9%). De même, la conjonction d’une reprise de la croissance économique mondiale, de mauvaises récoltes dans les principaux pays producteurs (blé, soja, huile de palme…) et de la guerre en Ukraine a provoqué une augmentation du prix des produits pétroliers que le Mali importe intégralement, du cout des transport et de celui des produits agricoles (céréales, huiles alimentaires), qui a augmenté de 25 % en un an, ainsi que des intrants agricoles (engrais). La poursuite de la guerre empêcherait les prochaines récoltes en Ukraine, voire en Russie, ce qui pourrait entraîner une nouvelle hausse des prix du blé. Plus grave encore, les récoltes pourraient être menacées sur plusieurs années avec la chute des importations de fertilisants. Avec certains ingrédients comme la potasse importés en Afrique de l’Ouest à 90 % via la Russie et la Biélorussie, on assiste déjà à un doublement des prix sur les douze derniers mois. 56. Ces différents chocs économiques et sociaux, s’ils ne sont pas la cause directe des conflits armés que connait le Mali, y-contribuent de façon indirecte. Le conflit au Mali a essentiellement touché les régions rurales du Nord et du Cantre. Ils ont entrainé des déplacements de populations, une perte d’acces aux intrants et au marché, une limitation de la mobilité des hommes et des troupeaux, des pertes d'actifs et donc une aggravation de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté qui peut se prolonger pendant de nombreuses années. La pauvreté et le manque de travail sont des moteurs puissants de fracture des sociétés rurales et d’un recrutement des jeunes dans les groupes armés. 57. Un des objectifs du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD) 2019-2023 porte sur l’amélioration de la résilience des ménages et du pays. Cela passera par (i) une diversification de la production agricole (au niveau des exploitations agricoles et au niveau national) et de l’économie dans son ensemble pour élargir la composition des exportations du pays et diminuer ses besoins en importations ; (ii) une meilleure intégration des défis climatiques dans les politiques et stratégies sectorielles de développement (dans l’agriculture : promotion d’une agriculture intelligente face au climat, développement de l’irrigation, gestion de l’eau et des sols, agroforesterie, mécanismes de gestion consensuelle des ressources naturelles…) ; (iii) le renforcement des capacités de prévention et de gestion des risques et des catastrophes naturelles (renforcement les systèmes d'alerte précoce) ; (iv) la mise en place/le développement d’instrument de gestion des risques : (réserves stratégiques physiques ou financières, nationale et régionale , assurances-récolte, fonds de calamités, meilleur accès aux services financiers... 58. Le secteur agricole est l’un des secteurs les plus exposés et vulnérables à une multitude de risques, à la fois conjoncturels et systémiques. Jusqu’à présent, l’approche du Mali pour la gestion des risques dans le secteur agricole a été très sectorielle et les programmes sont souvent mis en œuvre de façon indépendante et souffrent de fragmentation institutionnelle. Dans un monde de plus en plus interdépendant, la gestion des risques ne peut plus être faite gérés de manière isolée. Une approche multisectorielle cohérente dans le cadre d’une stratégie nationale de gestion intégrée des risques (GIR) permettra au Mali d’être plus résilient et mieux préparé à gérer les crises lorsqu’elles se produisent. Une stratégie GIR devrait être basée sur une bonne analyse de la nature des risques pour permettre la fixation des priorités et des mesures à mettre en œuvre. Certains des risques auxquels le secteur 32 agricole est confronté sont des chocs à court terme, tels que des phénomènes météorologiques extrêmes. D’autres sont plus structurels, tels que d’élévation de la température, la déforestation ou l’érosion des sols. Les chocs ont un impact immédiat, tandis que les stress sont des processus lents qui sapent progressivement la capacité des systèmes à faire face au changement et qui les rendent plus vulnérables. La crise de la COVID-19 a montré que certains chocs sont imprévisibles en termes de calendrier et d'ampleur et que leurs causes sont totalement exogènes. Le pays doit toutefois avoir la capacité de continuer à fonctionner en présence de tels chocs. Les stress sont des processus lents qui altèrent progressivement la nature interne des systèmes agroalimentaires et minent leurs capacités à faire face aux changements. Un stress représente une pression continue, avec des conséquences projetées dans le temps. Il est possible d'agir pour prévenir et adapter de manière à réduire les risques et les impacts négatifs. Il est donc nécessaire d’évaluer la nature des risques et d'identifier les mesures appropriées. II. DEUXIEME PARTIE : LES PILIERS STRATEGIQUES DE LA TRANSFORMATION DU SECTEUR AGRICOLE A. Problématique de l’accélération de la transformation structurelle du secteur agricole. 59. Le Mali n’a pas réellement débuté la transformation structurelle de son économie. En effet, la structure de l’économie malienne n'a pas significativement changé depuis 35 ans : • En 2017, plus des deux-tiers de la population vivaient encore en milieu rural et l’agriculture occupait environ 70% de la population active, l'industrie 7% le commerce 10% et les services 13%. • Les contributions respectives des trois secteurs de l’économie sont restées à peu près constantes : primaire (35%), secondaire (25%) et tertiaire (40%)79, la part du secteur agricole n’ayant décru que très lentement (de 40 à 35% sur 35 ans), et une part de du secteur manufacturier ayant stagné à environ 10-15 %. Figure 6 : 79 Pendant la même période, la part du secteur agricole est passée de 55% à 22% au Ghana et de 30% à 10%au Sri Lanka. 33 • Les exportations sont restées faibles et très concentrées essentiellement sur des produits non ou peu transformés (l’or, le coton et le bétail sur pied représentent plus de 90% des exportations totales). 60. L’agriculture traditionnelle, extensive et très peu productive, a maintenu sa domination du secteur agricole80. Entre les années 1980 et 2015, la croissance agricole, même si elle a été importante depuis le début des années 2000, a largement fait appel à l’extension des superficies cultivées. Les produits à haute valeur ajoutée (produits transformés, fruits frais) ne représentent qu’une fraction négligeable da la production totale (moins de 5%) et les exportations agricoles du pays sont toujours dominées par des produits bruts (coton, bétail sur pied, noix brutes d’anacarde). 61. L’analyse des moteurs de la croissance passée fait clairement apparaitre que la Productivité Totale des Facteurs (PTF) sur une longue période (1961-2015) a été très faible (0.7% par an), avec une PTF quasi-nulle entre 1960 et 1988 puis de 1% entre 1988 et 201581. La croissance agricole a été en moyenne de 3,5% par an sur la période 1060-201582. Elle a été essentiellement basée sur celle des principaux facteurs de production : superficies cultivées (respectivement 2,5% par an en moyenne sur la période totale et 3.5% entre 2007 et 2015) ; de la force de travail (1,8% et 1,9% par an respectivement) et du capital bétail (1,5% et 5% par an). La consommation d’intrants s’est accrue très faiblement jusqu’en 1988 (moins de 1%) puis s’accélérant ensuite surtout après 2008 avec les subventions du gouvernement (7% par an). 62. Ce mode croissance extensive été rendu possible par les importantes ressources naturelles du pays et la croissance de la population rurale. Il ne sera plus possible à l’avenir. La pression foncière grandissante, en particulier dans les zones les plus favorables au sud du pays où la densité de la population a déjà dépassé 100 hab/km2, rendra de plus en plus difficile l’extension des superficies cultivées83. De même, l’urbanisation rapide du pays impliquera un besoin d’intensification de la production agricole : alors qu’à l’heure actuelle chaque ménage agricole doit produire pour lui-même mais aussi pour un peu moins d’un ménage non—agricole, il devra produire un excédant nécessaire pour 1,5 ménage non-agricole en 2030, et plus de 2 ménages non-agricole en 2050. 63. L’agriculture malienne devra donc de moderniser et s’intensifier. En utilisant une pondération de chacun des facteurs de production qui tienne compte des évolutions prévisibles (baisse du poids des facteurs « force de travail » et « terre, augmentation du poids du capital et des intrants), on peut estimer que la croissance annuelle globale des facteurs de production traditionnels pourrait se situer à environ 3,0%. Pour atteindre l’objectif de 6,5% de croissance agricole, il faudrait donc que la croissance de la PTF soit aussi d’au moins 3% par an. Cela est possible84, mais cela impliquera : (i) une accélération de l’utilisation des autres facteurs de production (équipements et intrants) ; (ii) une amélioration continue de l’efficacité dans l’utilisation de ces facteurs (bonnes pratiques agricoles) ; et (iii) l’introduction de nouvelles technologies plus performantes (progrès technologique). Cela implique une profonde modification et intensification des systèmes culturaux et donc des investissements très 80 La comparaison entre l’emploi dans le secteur agricole et la part de ce secteur dans le PIB total indique la très faible productivité du secteur agricole. 81 Source: USDA, Economic Research Service, International Agricultural Productivity, 2021. La Productivité totale des facteurs (PTF) est la hausse de la production qui ne s’explique pas par une augmentation des facteurs de production. 82 avec une faible croissance de 1960 à 1988 (2% par an soit moins que la croissance démographique), s’accélérant ensuite, surtout dans la période 2007-2015 (5% par an) 83 Le Mali a une superficie d’environ 1.24 million de km2, dont 51 pour cent sont constitu és de terres désertiques. La population est concentrée essentiellement dans la partie sud du pays et le long du fleuve Niger, les régions les plus favorables à l’agriculture. Les régions de Ségou, Sikasso et Koulikoro absorbent à elles seules 51% de la pop ulation. La densité de la population, très variable, passe de moins de 6 habitants/km² dans la région saharienne du nord a plus de 100 habitants/km² dans les régions du Sud. 84 La croissance de la PTF agricole des pays d’Asie du sud et du sud-est et des pays d’Amérique latine pendant la période 2000- 2010 a été en moyenne de 2,7% par an. Pour l’ensemble des pays Africains au Sud du Sahara, elle a été de 1% par an. Certains pays d’Amérique Latine (Brésil, Pérou, Nicaragua…) et d’Asie (Chine, Cambodge, Malaisie, Myanmar, Vietnam) ont cependant atteint une PTF supérieure à 3. En Afrique, cela a été plus rare. On peut citer le Cameroun, le Kenya qui s’en sont approché et de l’Ethiopie qui a connu une croissance de sa PTF dans l’agriculture de 4% par an dans les années 2000. Source des données : USDA et FAO. 34 importants de la part de l’Etat à la fois dans les infrastructures nécessaires (d’irrigation, de transport, de mise en marché mais aussi de contrôles sanitaires/de qualité), l’amélioration des services d’appui (recherche, conseil, crédit) et une amélioration considérable des compétences techniques des producteurs eux-mêmes. B. Piliers stratégiques de transformation du secteur agricole 64. Sur la base des constats et leçons de la revue, les suggestions spécifiques d’axes d’intervention pour la transformation de l’Agriculture suivantes sont formulées. Pilier 1 : Lever les contraintes d’accès aux marchés, développer l’agro-industrie et accroitre les exportations 1. Identifier et saisir opportunités du marché. 65. Globalement, il semble possible que la demande pour les produits agricoles du Mali puisse atteindre 6,5% par an. Le moteur principal de la croissance agricole future sera la demande du marché national. Celle du marché international offre en principe une demande quasi infinie, mais la compétition y est très rude et les exigences en termes de fiabilité, de qualité et de traçabilité en font un marché difficile à pénétrer, au moins dans le court et moyen termes. Les opportunités sur le marché régional semblent plus prometteuses et apporteraient un complément important à la croissance globale du secteur agricole malien. 66. La croissance de la demande nationale pourrait atteindre environ 5% par an. La demande intérieure en produits vivriers et animaux devrait croître plus vite que le taux de croissance démographique (3% à l’heure actuelle, 2,5% à l’horizon 2040). L’urbanisation du Mali passera de 40 % actuellement à plus de 70% en 2050, avec une forte expansion de sa classe moyenne, et entraînera des changements majeurs dans les habitudes alimentaires des ménages en faveur de produits de plus haute valeur ajoutée (produits de l’élevage, produits frais, poissons, produits transformés). La demande en produits animaux entrainera celle pour des cultures comme le maïs, le mil et le sorgo pour la production d’aliments de bétail. La demande urbaine offrira aussi des opportunités de substitution de produits qui sont en partie importés à l’heure actuelle -- riz, huiles alimentaires, produits avicoles et lait, poisson –, dans la mesure où la production locale pourra être compétitive. Le développement de la transformation des produits de base devrait offrir des opportunités importantes de croissance supplémentaire. 2. Lever les contraintes d’accès aux marchés ➢ Accès aux marchés : Infrastructures de transport 67. Le gouvernement du Mali a fait de l’amélioration du réseau de transport national l’une de ses priorités85. Pour cela, il semble impératif que des actions concrètes et rapides soient prises pour s’attaquer aux causes profondes des faibles performances du secteur: (a) le sous-investissement chronique tant pour la construction que pour l'entretien des infrastructures (illustré par l'insuffisance des ressources allouées au fonds routier mais avec une situation est tout aussi mauvaise pour les infrastructures de transport urbain, ferroviaire, fluvial et aéroportuaire) ; et (b) l'absence d'un cadre juridique et réglementaire adéquat pour la logistique des transports qui perpétue l'informalité et les lobbies dans le transport routier. La réhabilitation et l'entretien des routes rurales sont une condition sine qua non d’une croissance soutenue du secteur agricole et devraient faire l’objet d’une attention particulière. L’entretien du réseau de pistes rurales est un problème majeur, et la définition d’une nouvelle politique réaliste d’entretien des pistes est urgente. Une option pourrait être d’instaurer un 85CREDD 2019-23 : « amélioration du maillage territorial et l’ interconnexion des infrastructures de transports » ; Politique de Development Agricole ; PNIASA). 35 système de cantonnage rémunéré, financé par les Collectivités décentralisés (régions, cercles et/ou communes) avec une contribution des usagers. ➢ Accès aux marchés : Infrastructures de mise en marché et développement de l’agro- industrie. 68. Les pays qui ont réalisé une transformation structurelle rapide de leurs économies ont tous connu une réorientation de leur production vers des biens de plus grande valeur ajoutée. Pour l’instant, malgré ses importantes ressources agricoles, le Mali n'a pour l’instant pas réussi à mettre en place une véritable industrie de transformation des produits agricoles. De nombreuses petites structures artisanales et semi-industrielles transforment à petite échelle les céréales, les fruits locaux, le lait et les oléagineux, mais le pays exporte encore très largement des produits non-transformés et reste fortement dépendant de ses importations pour les produits transformés. Une plus grande sophistication des produits, répondant à la demande croissante de produits périssables et/ou plus transformés, permettrait d'augmenter la valeur unitaire des produits maliens ainsi que la productivité du travail et les revenus du secteur. 69. Pour développer le secteur agro-industriel national, la Politique de Développent Agricole (PDA) du gouvernement privilégie la mise en place d’agropoles centrés sur les principaux bassins de production du pays. Ces « agropoles » incluraient des Zones spéciales de transformation agro- alimentaire (ZSTA) bénéficiant du statut de zones économiques spéciales (ZES) pour attirer les investissements privés. Ces ZSTA mettraient à la disposition des investisseurs des infrastructures adéquates (énergie, eau, routes, stockage) et des services spécialisés (chaîne du froid, laboratoire et certification, services aux entreprises, technologie de l’information et de la communication, traitement des déchets). Cette approche se doublera (a) d’un ciblage sur les filières porteuses (disponibilité de la matière première, valeur ajoutée par la transformation86 ; et (b) du traitement coordonné des multiples contraintes auxquelles le secteur agro-industriel est confronté, entre autres : (i) la faible capacité des petites exploitations agricoles à garantir une offre à la fois régulière et de la qualité voulue87 ; (ii) l’enclavement des zones de production et le manque d’infrastructures de mise en marché ; et (iii) les difficultés à trouver des financements adéquats. ➢ Accès au marché : Technologies de l'information et de la communication (TIC). 70. Les efforts du Gouvernement doivent se poursuivre pour faciliter un accès équitable aux services de TIC dans les zones rurales88. Une extension de l’accès aux TIC en zone rurale permettrait à l'économie malienne de récolter les bénéfices de l’économie numérique. Cela nécessite (i) la suppression des barrières réglementaires qui freinent les investissements dans les infrastructures nécessaires à une meilleure couverture du territoire ; (ii) le développement de l’électrification rurale ; (iii) le développement de la monnaie mobile (cout, disponibilité de pièces d’identité) pour accroître l'inclusion financière des ménages ruraux ; et enfin (iv) le développement de plates-formes numériques spécialisées, publiques ou privées, pour mettre à la disposition des producteurs les informations dont ils ont besoin. Une option prometteuse serait de promouvoir l’émergence de plateformes numériques spécifiques pour chacune des principales filières agricoles, qui auraient une plus grande probabilité d’être à la fois plus pertinentes et plus durables grâce à un auto-financement, telles que celles mises en place pour la filière anacarde en Côte d’Ivoire ou la filière pomme de terre en Guinée. 86 Certains produits agricoles, tels que les fruits frais ou le poisson, se vendent à un prix plus élevé que l'alternative transformée. La valeur ajoutée dans ces cas réside dans la gestion efficace de la chaîne d'approvisionnement pour livrer un produit périssable (tri, emballage, chaîne du froid) qui respecte des normes phytosanitaires strictes et assure la traçabilité. 87 En particulier la forte variabilité de l’offre due aux aléas climatiques (sécheresses, inondations, faibles crue) et à d’autres risques (sanitaires, déprédateurs, épizooties, feux de brousse). 88 Une étude de la Banque mondiale sur les effets du haut débit sur le bien-être88 indique que l'augmentation de la pénétration du haut débit mobile de 20 % à 39 % devrait augmenter les niveaux de PIB de 1,6 %. L'augmentation de la couverture 3G/4G devrait créer environ 20 000 nouveaux emplois ; et la pénétration accrue du haut débit devrait réduire les niveaux de pauvreté, sortant potentiellement 100 000 personnes de la pauvreté comme effet immédiat. The Welfare Effects of Mobile Broadband Internet, World Bank, 2019 36 ➢ Accès aux marchés : les problèmes sanitaires et de traçabilité. 71. Pour doter le Mali du système national de contrôle sanitaires et de qualité dont il a besoin, dans un contexte de contraintes financières et humaines fortes, il serait nécessaire de prioriser très strictement les actions nécessaires à court et moyen terme et de répartir clairement les responsabilités respectives de la puissance publique et du secteur privé. L’Etat devrait concentrer ses moyens limités sur la mise en place d’un cadre légal et réglementaire minimum permettant (i) une gestion satisfaisante des aspects de santé publique. Le secteur privé devrait pour sa part améliorer ses capacités à gérer les aspects commerciaux (qualité, traçabilité, certification). Un programme d’actions prioritaires pourrait inclure les mesures suivantes : (i) aligner la politique nationale de qualité (PNQ) avec la politique régionale dans ce domaine (ECOQUAL) mise en place au niveau de la CEDEAO, et harmoniser le cadre réglementaire national avec les normes internationales et celles de la CEDEAO ; (ii) rationaliser l’architecture institutionnelle du système national pour clarifier les responsabilités, éviter les duplications, renforcer les capacités humaines et techniques des services concernés (protection des végétaux et animaux) inspection, quarantaine, surveillance sanitaire, homologation et répression des fraudes…) et assurer le financement minimum nécessaire à leur activités ; (iii) mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités des principaux laboratoires du pays et obtenir leur accréditation89 ; et (iv) mettre en œuvre des programmes pour améliorer la capacité des organisations professionnelles et des prestataires de services à aider leurs membres et les opérateurs privés à adopter les Bonnes Pratiques Agricoles/Industrielles et des approches efficaces de gestion de la qualité (HACCP), à se mettre à niveau pour établir des systèmes. 2. Accroitre les exportations. 72. La demande du marché régional et international ne pose en principe pas de limite aux exportations maliennes, si ce n’est au niveau de leur compétitivité et du respect des normes sanitaires et de qualité. Le marché régional offre d’importantes opportunités pour les exportations de produits maliens. La production alimentaire des pays de la CEDEAO ne parvient pas à satisfaire une demande en forte progression. La région est de plus en plus dépendante d’importations extracommunautaires, notamment pour certains produits de base tels que les céréales (riz), les huiles végétales, le sucre et les produits animaux (lait, viande blanche, poisson)90. La population des pays de la CEDEAO devrait passer d’environ 390 millions à 515 millions en 2030 et 850 millions en 2050. La demande régionale devrait donc se poursuivre à un rythme soutenu. L'urbanisation rapide de la population, combinée à une augmentation constante des niveaux de revenus, devrait aussi offrir des opportunités importantes non seulement pour des produits que le Mali exporte déjà (bétail), mais aussi pour la fourniture d’une variété de produits alimentaires. 73. Développer les exportations agricoles/alimentaires demandera cependant une mise à niveau des capacités du pays à fournir les produits demandés en quantité et en qualité. Cette mise à niveau ne pourra se faire que graduellement. La stratégie de développement des exportations pourrait donc être conçue selon deux axes principaux : c) Premièrement, accroitre les exportations de produits que le pays exporte déjà et pour lesquels il possède un avantage comparatif satisfaisant et des circuits établis, mais (i) en améliorant leur compétitivité par l’introduction de nouvelles technologies (déjà disponibles/ « off-the-Shelf ») ; et (ii) en améliorant l’efficacité des chaines de valeur concernées, en particulier en appuyant l'émergence de véritables « champions » capables de dynamiser des filières largement composées de petits producteurs en forgeant avec eux des alliances productives leur offrant à la fois l’accès au marché et un ensemble d’intrants et de services. Cette première phase pourrait rapidement générer un volume important d’exportations, d’emplois et de revenus sans toutefois 89 A ce jour, le Mali ne dispose pas d’un organisme d’accréditation à même d’évaluer la compétence des organismes d’inspection et des laboratoires existant dans le pays. Les laboratoires sont accrédités par des organismes étrangers d’accréditation. 90 Ces importations représentent environ 20 % des importations extracommunautaires totales. 37 exiger un bond trop important dans la complexité des technologies et la qualification de la main- d’œuvre ; et d) Ensuite, développer de nouveaux marchés, soit par la production de produits plus transformés (viande, cuirs), soit par une diversification vers de nouveaux produits ciblés sur la base de la demande potentielle et de la capacité du secteur malien à les produire rapidement. Pilier 2: Cibler et investir dans les filières/sous-secteurs qui permettront de générer d’importantes opportunités d’emplois, en particulier pour les jeunes. 74. La demande en produits alimentaires sera l’un des moteurs principaux de la croissance agricole et de la création d’emplois décents dans l’agriculture. Les cultures vivrières nécessitent une main-d'œuvre par hectare plusieurs fois plus élevée que les cultures de base. De plus, la filière alimentaire comprend à l’aval de nombreuses petites entreprises (transport, transformation, restauration et autres services) dont le développement permettra la création de nombreux emplois tout au long des chaines de valeur91. L’expérience de nombreux pays qui ont déjà entamé la transformation structurelle de leur agriculture montre que même si la part de la production agricole elle-même dans le produit intérieur brut (PIB) diminue, celle du système agroalimentaire dans son ensemble (production, transformation, distribution, services, etc.) augmente92. Le développement des filières vivrières permettra donc au Mali d’affronter les nombreux défis auxquels le pays est confronté en termes de création d’emplois, en particulier pour les jeunes à qui il faudra cependant donner les compétences nécessaires pour qu’ils puissent y jouer pleinement le rôle majeur qui devrait être le leur. 75. L’emploi des jeunes est effectivement un défi majeur pour la Mali. Le secteur agricole emploie actuellement plus de 70% de la population active et continuera à représenter la plus grande partie des opportunités d’emplois dans le futur. Comme dans la plupart des pays en transition démographique, la population du Mali est très jeune et en rapide croissance. En 2017, la population en âge de travailler (15 ans et plus) représenterait 53% de la population totale du pays93. Chaque année, plus de 400 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, dont 70% de jeunes ruraux. La plupart des emplois disponibles sont des emplois informels (le marché du travail compte moins de 8% d’emplois formels) en grande majorité dans le secteur agricole ou, au sens large, dans le secteur rural. Une grande partie des jeunes ruraux qui y trouvent un emploi sont analphabètes ou ont au mieux un niveau d’éducation très limité94. Leur manque de formation rend difficile la maitrise des nouvelles technologies/pratiques nécessaires pour une agriculture plus intensive (bonnes pratiques agricoles, agriculture intelligente face au climat, fertilité des sols…) ou des activités de transformation/commercialisation en aval de la production. 76. La modernisation de la production, de la transformation, de la commercialisation des denrées agricoles de base, et l'engagement des jeunes dans cette agriculture modernisée, devraient donc être une priorité absolue. Le sous-emploi des jeunes (l’agriculture est très largement pluviale et ne fournit une activité que pendant au mieux la moitié de l’année) et les faibles revenus que les jeunes peuvent en tirer représentent un risque sociétal majeur. Ils engendrent une profonde insatisfaction et 91 Par exemple, les aliments et les boissons représentent plus de 40 % de l'emploi manufacturier total au Malawi et en Tanzanie. 92 Par exemple, une analyse de six pays africains (Éthiopie, Malawi, Mozambique, Tanzanie, Ouganda et Zambie) montre que le système alimentaire devrait créer plus d'emplois que le reste de l'économie entre 2010 et 2025, avec des parts d'emploi projetées dans l'agriculture diminue de 75 % à 61 % et les emplois dans le système alimentaire non agricole au sens large (fabrication alimentaire, commercialisation des aliments, transport et préparation des aliments) devraient augmenter de 8 % à 12 % au cours de la même période (Future of Food, World Bank, 2017). 93 Les personnes de moins de 25 ans représentent environ 68 pour cent de la population malienne, ce qui fait du Mali un des pays les plus « jeunes » au monde. 94 Le Mali a l'un des niveaux d'alphabétisation des adultes les plus bas au monde. Parmi les jeunes âgés de 15 à 25 ans, seuls 64 % des hommes et 53 % des femmes sont alphabétisés dans une langue locale, et moins de 40% savent lire et écrire en français, qui est la langue officielle du Mali. Parmi les adultes âgés de 45 à 55 ans, 50 % des hommes et 18 % des femmes sont capables de lire et d'écrire. Le taux d’analphabétisme sont beaucoup plus élevés encore en zone rurale. 38 les incitent à migrer vers les villes (ou même vers l’étrange, ou au pire à rejoindre des groupes radicaux95. Le Mali possède de très importantes ressources naturelles qui sont pour l’instant sous- exploitées96, en termes de superficie mais aussi de productivité. Le développement d’une agriculture modernisée pourrait offrir d’immense opportunités d’emplois décents aux jeunes Maliens. Pilier 3 - Gérer durablement les ressources naturelles et renforcer la productivité agricole dans un contexte de changement climatique ➢ Lutter contre la dégradation des sols 77. Le Mali a depuis longtemps pris des engagements pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles du pays97. En 2016, le Mali a souscrit au programme de définition des cibles nationales de la neutralité en termes de dégradation des terres (NDT) et mis en place un comité national multisectoriel représentant les acteurs et parties prenantes clés de l’utilisation/occupation des ressources en terres. Pour l’instant toutefois, relativement peu de progrès ont été accomplis mais l’urgence de l’action a été à nouveau soulignée lors de la récente COP 15 qui s’est tenue à Abidjan en mai 2022. Les modèles agronomiques proposés par la recherche n’ont été que peu adoptés par les agriculteurs en raison de contraintes biophysiques, économiques ou socioculturelles. Il est impératif d'introduire des outils et des technologies de gestion de la fertilité des sols qui soient abordables pour des paysans qui sont de plus en plus conscients de l’urgence d’adopter de nouvelles méthodes de production. 78. Une large gamme de technologies est disponible qui devraient être ajustées à l’environnement spécifique du Mali (rotation des cultures, ouvrages antiérosifs, reforestation/haies vives,…). Parmi ces dernières, on peut mentionner l’agroforesterie, encore peu utilisée au Mali mais qui se développe et semble prometteuse, en particulier en zone cotonnière. Des expérimentations récentes démontrent qu’elle peut non seulement jouer un rôle important dans le contrôle de l’érosion mais encore qu’elle permet d’obtenir une augmentation de rendement importants et procurer des revenus supplémentaires grâce à la vente de produits ligneux et non-ligneux, tels que des fruits (mangue, néré, karité), ou fournir des gousses pour le fourrage. L’adaptation de l’élevage passe tout d’abord par une gestion durable des ressources pastorales. Il s’agit de promouvoir le respect de la capacité de charge des pâturages, l’aménagement et l’ensemencement des pâturages, la mise en place de mécanismes de gestion concertée des ressources naturelles (conventions locales…) afin de limiter les conflits. Un programme compréhensif d’aménagements pastoraux devrait être préparé et mise en œuvre. Ces approches devraient être appuyées par des programmes de sécurisation foncière pour assurer une gestion durable et pacifique du foncier rural, y-compris des zones de pâturages, par la clarification des règles du jeu tant au niveau national que local, et par la mise en œuvre de programmes participatifs de gestion des ressources en terres et des espaces agrosylvopastoraux. 79. Finalement, un vaste programme de defense et de restauration des sols (DRS) devrait être lancé dans le Nord en synergie avec la mise en œuvre de la « Muraille Verte ». Un nombre important de pratiques innovantes sont utilisées avec succès à grande échelle dans des pays comme le Burkina Faso et le Niger. Ces techniques, peu couteuses -- zaï, cordons pierreux, paillage (mulching), fixation des dunes, banquettes antiérosives, seuils d’épandage – permettent de fixer et d’améliorer la fertilité des sols, et d’améliorer les rendements de 30 à 50% selon les techniques utilisées. La reforestation par la « régénération naturelle gérée par les agriculteurs (Farmer Managed Natural Regenaration -- FMNR) » a aussi démontré son impact, à peu de cout, simplement en reconnaissant aux populations la 95 Le Mali est déjà confronté à la menace des groupes extrémistes religieux, où gagner un salaire de combattant peut sembler une bonne alternative pour les jeunes chômeurs qui ne trouvent pas d'autres moyens de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille. 96 Avec seulement 7 % des 43,7 millions d'hectares arables du pays actuellement cultivés et seulement 15 % des 2,2 millions d'hectares potentiellement irrigables actuellement irrigués, 97 1985 : Elaboration et adoption du Plan National de Lutte Contre la Désertification et l’Avancée du Désert (PNLCD). ; 1987 : Adoption du Plan National de Lutte contre la Désertification incluant la réalisation d’une « Barrière Verte » dans le cadre de l’initiative de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) pour la création d’une Grande Muraille Verte, approuvée par l’Union africaine et inscrite dans le plan d’action du volet environnement du NEPAD ; 1995 Adoption de la Convention des Nations Unies de Lutte Contre la Désertification (CNULCD). 39 propriété des arbres, naturels ou plantés, sur leurs parcelles. Finalement, l’initiative pan-africaine de la Grande Muraille Vert (IGMV) a reçu une nouvelle impulsion lors de la 4e édition du Sommet One Planet à Paris en janvier 2021, et plus récemment lors de la COP 15 en mai 2022 à Abidjan à Abidjan98. Au Mali, une structure dédiée à l’IGMV a été créée pour coordonner les programmes en cours d’exécution dans le cadre du Plan National de Lutte contre la Désertification et l’Avancée du Désert (PNLCD). ➢ Mettre en œuvre le Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC) 80. La Mali a préparé un Plan d’Investissement pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (PIAIC)99 qu’il s’agit de mettre en œuvre sans délai. Le Plan identifie des interventions transversales et pour les filières prioritaires, en cohérence avec la stratégie nationale de développement agricole. Ces interventions vont des technologies de production telles que les variétés de cultures et les races de bétail tolérantes au stress, aux modes de production et de gestion (gestion de l’eau, du sol, des pâturages), aux services agricoles (recherche, conseil, informations, crédit, assurances…). Le Plan comprend aussi 8 investissements-clés développés avec toutes les parties prenantes et des contributions d’experts100. Ces investissements ont été évalués en fonction de leur impact potentiel sur : (i) la productivité et la résilience des principaux systèmes de production ; (ii) leurs impacts macroéconomiques (emploi, PIB ;) (iii) leurs chances de succès (probabilité d’adoption par les agriculteurs, disponibilité des intrants nécessaires). Quatre initiatives à l’échelle nationale viennent en support à ces investissements : (i) le renforcement des programmes de recherche dans ce domaine ; (ii) le renforcement des capacités des services de conseil agricole et l’inclusion de l’AIC dans les systèmes d’information agricoles/agro climatiques ; (iii) la mise en place des systèmes de surveillance climatique, et (iv) le suivi de la fertilité des sols. ➢ Gestion des ressources en eau et développement de l’irrigation 81. Au cours des dernières années, plusieurs défis majeurs sont apparus par assurer une meilleure exploitation des ressources en eau du pays : (i) la nécessité d’améliorer la connaissance et le suivi adéquat des ressources en eau du pays ; (ii) la nécessité de disposer d’un tableau de bord de la situation réelle des taux d’accès à l’eau potable des population dans la perspective de bien cerner les efforts à réaliser pour l’atteinte de l’accès universel à l’eau potable à l’horizon 2030 ; (iii) le besoin de lutter contre la pollution croissante résultant du développement des pôles d’activités agricoles et minières et de l’approvisionnement en eau de Bamako ; (iv) la nécessité d’améliorer de manière significative l’efficience des réseaux d’irrigation des grands pôles d’aménagements hydroagricoles du pays ; et (v) le besoin urgent de mettre en place les structures efficaces pour la gestion intégrée des ressources en eau à l’échelle des bassins hydrographiques, et (vi) le besoin d’améliorer la mobilisation des ressources financières nécessaires à la gestion durable des ressources en eau du pays. 82. Le développement de l’agriculture irriguée est une priorité incontournable pour Mali, tant pour la croissance et la résilience de son secteur agricole que pour la sécurité alimentaire du pays. (diversification vers des cultures à haute valeur ajoutée) L’agriculture irriguée présente encore un potentiel de développement important, dans le cadre de grands périmètres et surtout par la promotion de la petite irrigation. Les grands périmètres irrigués contribuent principalement à la sécurité alimentaire au niveau national ; les petits périmètres, quant à eux, contribuent en plus à la 98 L’IGMV intègre dans sa stratégie et ses objectifs les préoccupations des Conventions des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification, les changements climatiques et la biodiversité (CEN-SAD, 2008). 99 Plan d’Investissement d’une Agriculture Intelligente face au Climat au Mali ; janvier 2019. Préparé avec le soutien de l’Initiative AAA et de la Banque Mondiale, et l’assistance technique du centre international d’agriculture tropicale, du cent re mondial d’agroforesterie et du Programme de recherche du CGIAR sur l’Agriculture, Changement Climatique et Sécurité Alimentaire (CCAFS). 99. 100 Ils incluent des actions (i) le développement et promotion de variétés tolérantes/résistantes à la sécheresse ; (ii) l ’a doption de techniques appropriées de gestion des sols (rotation, agroforesterie, minimum/zéro labour, défense et restauration des sols --DRS) ; (iii) la gestion durable des pâturages et l’intégration agriculture-élevage ; et (iv) l’amélioration des techniques d’irrigation. 40 sécurité des ménages et à la réduction de la pauvreté. Le développement de la petite irrigation de proximité (collective ou individuelle, en maitrise totale ou partielle de l’eau), avec l’objectif central de lutter contre la pauvreté des ménages et l’approvisionnement des marchés locaux, présente de multiples avantages et devrait être privilégiée : décentralisés et faciles à adapter aux conditions locales, réalisés à l’initiative des bénéficiaires, plus simples techniquement et plus faciles à réaliser et à gérer (largement par les bénéficiaires) et moins exigeant en termes de finances publiques101. 83. Le développement des grands périmètres présentera plus de problèmes. Il nécessitera probablement la construction de nouveaux barrages pour mobiliser les ressources en eau nécessaires et sera très couteux. A court terme, la priorité devrait être donnée à la réhabilitation, au rééquipement et à la modernisation des périmètres existants. Il semble opportun de considérer les recommandations suivantes : (a) optimiser la rentabilité des investissements en réduisant les couts d’investissement (les cout des grands périmètres semblent très élevés au Mali), optimiser l’efficience des réseaux de distribution (qui est souvent basse dans les grands périmètres existants), améliorer la gestion des périmètres (entretien des réseaux, tour d ’eau) en renforcent la participation et l’organisation des producteurs ; (b) optimiser la valeur des productions en augmentant l’intensité culturale (souvent en dessous de 1,5 à l’heure actuelle) et en développant les cultures à haute valeur ajoutée ; (c) mieux prendre en compte l’amont et l’aval de la production, en fournissant aux producteurs les intrants et conseils dont ils ont besoin et en améliorant l’accès au marché pour leurs productions ; et (d) mieux prendre en compte les impacts environnementaux : (i) améliorer le drainage et lutter contre la salinisation des sols qui peut réduire les rendements agricoles 102 ; et (ii) intégrer le changement climatique en adoptant les techniques d’aménagements hydro-agricoles beaucoup plus économiques en eau (telles que l’aspersion, le goutte-à-goutte). Finalement, il faudrait être très attentif à la sécurisation des exploitations agricoles familiales et à la lutte contre l’accaparement à grande échelle de terres agricoles au dépend des populations locales. ➢ Accroitre durablement la productivité et diversifier l’agriculture malienne 84. Garantir l’efficacité du système national de recherche agricole. est de maintenir une intensité de recherche autour de 1% (financements égaux à 1% du PIBA) pour financer de façon satisfaisante les couts non-salariaux tout en réduisant la dépendance du système vis-à-vis des financements extérieurs. A cet effet, Il serait bon de lancer rapidement une étude sur les différentes options qui permettraient de mettre en place d'un financement durable de la du système de recherche103, par exemple par un prélèvement minime sur les recettes douanières sur les exportations (or, coton) ou les importations (riz, poisson). 85. Améliorer et assurer les conditions de pérennisation du système de conseil agricole. Les expériences d’un certain nombre de pays suggèrent la nécessité d'approches différentiées en fonction du type de production (intégrée/non intégrée aux marchés) et d'agriculteurs (exploitation familiale de subsistance, producteurs commerciaux de cultures de rente). Cela impliquera (i) de clairement segmenter les besoins et les approches appropriées ; de (i) réduire les couts d’approche, par exemple en faisant pleinement usage des Technologies d’Information et de Communication (TIC) et en utilisant des paysans-relais pour les conseils basiques ; et (iii) d’encourager des partenariats public-privé (PPP), 101 L’expérience du Mali montre que lorsqu’un environnement favorable est mis en place, le développement de la petite irrigation se fait spontanément et que la gestion est de beaucoup simplifiée. là où l’environnement le permet, l’extension de la rétention de l’eau par des techniques peu coûteuses, telles que les cultures de décrue, l’aménagement des marres et des bas-fonds devrait aussi bénéficier d’une priorité importante. 102 La saturation des sols auparavant secs et naturellement alcalins, ainsi que les l'évaporation et la concentration des sels dans les eaux d'irrigation est responsable de fortes augmentations du pH de l'eau et du sol et la salinité, qui peut réduire les rendements agricoles. 103 La PNDA-2015 prévoyait la mise en place d’un Fonds National de Développement Agro sylvopastoral (alimenté par exemple par des prélèvements opérés sur les importations agricoles et/ou des contributions de sociétés minières). Ce fonds, qui devrait être géré paritairement par l’État et les organisations de producteurs, permettrait d’assurer le financement durable de la recherche, de la vulgarisation agricole et les initiatives des producteurs à la base. A ce jour, ce fonds n’a pas encore été créé. 41 par exemple dans le cadre d’une agriculture contractuelle. Un tel système de conseil devrait être basé sur (i) une gouvernance partagée entre l’État, la profession agricole et le secteur privé ; (ii) un niveau de financement public suffisant et prévisible (sur des fonds dédiés) ; et (iii) une collaboration forte avec la recherche et les autres acteurs des filières, par l’intermédiaire de mécanismes d’échange et de coordination comme les plateformes d’innovation. 86. Soutenir la diversification de l’agriculture malienne. L’option serait de promouvoir une diversification basée sur le développement de filière agricoles pour lesquelles le Mali possède un avantage comparatif clair et qui : (i) sont déjà raisonnablement structurées et ; (ii) présentent de bonnes opportunités en termes de transformation en produits dérivés à forte valeur ajoutée ; et (iii) demandent des technologies déjà existantes et relativement peu sophistiquées. Une telle approche (semblable à celle utilisée par le Vietnam dans la première phase de sa transformation structurelle) aurait l’avantage d’être en ligne avec la stratégie du gouvernement de promouvoir une croissance inclusive, qui crée des emplois rémunérateurs même pour une main d’œuvre peu qualifiée. Elle pourrait aussi être mis en œuvre par des « champions » nationaux capables de dynamiser les filières concernées. Elle demanderait toutefois un engagement et un appui clair du gouvernement pour créer un environnement macro-économique et des affaires capable d’attirer et de sécuriser des investissements privés conséquents. 87. Développer l’inclusion financière pour mieux financer les systèmes alimentaires. Les actions pour accélérer l'inclusion financière pourrait inclure les mesures suivantes, inter alia : • Renforcer les capacités des institutions financières – banques et IMF – pour l’analyse des projets agricoles et agroindustriels ; • Mettre en œuvre des programmes d'éducation financière pour les exploitants agricoles et les agro-entrepreneurs, avec un accent particulier pour les femmes et les jeunes ; • Dynamiser et renforcer la gestion du FGSP et du Fonds national pour la modernisation et le développement agricoles, par l’introduction de nouveaux produits tels que les garanties de portefeuille ; et • Mettre en place un cadre réglementaire favorable à l’innovation en matière de produits adaptés au financement de l’agriculture et/ou pour atténuer les risques agricoles, y-compris les assurances destinées aux agriculteurs ; 42 CARTE DU MALI 43 BIBLIOGRAPHIE Africa Rice (ADRAO). 2008. Guide pratique de la culture des NERICA de plateau 2008. 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