Diagnostic de l'économie numérique GABON © 2019 Groupe de la Banque mondiale Banque mondiale, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433. Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbankgroup.org Certains droits réservés 1 2 3 4 21 20 19 18 Cet ouvrage est un produit du personnel du Groupe de la Banque mondiale avec des contributions externes. Les constats, interprétations et conclusions exprimés dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les points de vue du Groupe de la Banque mondiale, de son Conseil d’administration ou des gouvernements qu’ils représentent. Le Groupe de la Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données présentées dans cet ouvrage. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations présentées sur toute carte dans cet ouvrage n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale quant au statut juridique d’un territoire ou l’approbation ou l’acceptation de telles frontières. 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Toutes les questions sur les droits et licences doivent être adressées aux Publications de la Banque mondiale, The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; courriel : pubrights@worldbank.org 2 TABLE DES MATIÈRES A propos de la DE4A...................................................................................................................................... 2 Remerciements ............................................................................................................................................. 4 Acronymes et abréviations ........................................................................................................................... 5 Résume exécutif............................................................................................................................................ 6 1. Performance globale de l’économie numérique .................................................................................... 13 2. Principales forces de l’économie numérique.......................................................................................... 20 3. Principales faiblesses/obstacles de l’économie numérique ................................................................... 26 5. Recommandations .................................................................................................................................. 44 Références .................................................................................................................................................. 55 1 À PROPOS DE LA DE4A Cette évaluation de l’économie numérique du Gabon a été lancée dans le cadre de l’initiative Économie numérique pour l’Afrique (DE4A) du Groupe de la Banque mondiale (GBM)1 qui définit une méthodologie normalisée axée sur cinq fondements clés. L’étude diagnostique répertorie les forces et les faiblesses qui caractérisent l’écosystème national de l’économie numérique (voir Figure 1) et cerne les défis et les opportunités liés à la croissance future. Figure 6. Les cinq fondements clés de l’écosystème de l’économie numérique La transformation numérique rapide remodèle notre économie mondiale, imprégnant pratiquement tous les secteurs et aspects de la vie quotidienne, modifiant la façon dont nous apprenons, travaillons, échangeons, socialisons et accédons aux services et informations publics et privés. En 2016, l’économie numérique mondiale valait quelque 11 500 milliards USD, soit 15,5 pour cent du PIB mondial. Elle devrait atteindre 25 pour cent en moins d’une décennie, dépassant rapidement la croissance de l’économie globale. Cependant, des pays tels que le Gabon ne captent actuellement qu’une fraction de cette croissance et doivent investir stratégiquement dans les éléments fondamentaux de leur économie numérique pour suivre le rythme. Les économies du futur devraient se caractériser par l’adoption universelle et l’application efficace de la technologie numérique, ce qui conditionnera leur capacité à réussir sur le marché mondial et à offrir une meilleure qualité de vie à leurs citoyens. Les technologies à effet de rupture modifient déjà les modèles d’affaires traditionnels et les voies de développement, générant des gains d’efficacité et de productivité significatifs, offrant une plus grande commodité et améliorant l’accès des consommateurs aux services. Des économies numériques bien fonctionnelles peuvent donc permettre une croissance 1D’autres études diagnostiques de pays DE4A en cours de préparation incluent le Rwanda, le Kenya, le Ghana, le Nigéria, Madagascar, le Mozambique et les Seychelles. 2 économique plus rapide, offrir des produits et des services innovants, et créer davantage d’emplois. Les technologies à effet de rupture qui arrivent sur le marché présentent également des risques qu’il convient de gérer et d’atténuer. Ces risques comprennent, par exemple, les pertes d’emplois dans les industries touchées par le changement structurel et l’automatisation. Pour permettre la croissance de l’économie numérique, il est essentiel, avant toute chose, d’évaluer à quels niveaux effectuer les investissements et mener les interventions stratégiques. Le cadre de diagnostic porte sur cinq éléments fondamentaux de l’économie numérique : ● Infrastructures numériques : disponibilité de services Internet abordables et de qualité, essentiels pour amener davantage de personnes et d’entreprises en ligne. ● Plateformes numériques : présence et utilisation de plateformes numériques ayant la capacité de prendre en charge des échanges, des transactions et un accès numériques aux services publics en ligne plus importants. ● Services financiers numériques : capacité d’effectuer des paiements, de l’épargne, des emprunts et des investissements par des moyens numériques, ce qui est essentiel à l’inclusion financière et au développement du marché de l’e-commerce. ● Entrepreneuriat numérique : présence d’un écosystème qui aide les entrepreneurs, les startups et les grandes entreprises à générer de nouveaux produits et services qui exploitent les nouvelles technologies et les nouveaux modèles d’affaires, y compris les plateformes privées, un élément essentiel à l’élargissement et à l’approfondissement de la transformation économique numérique. ● Compétences numériques : développement d’une main-d’œuvre technophile, dotée à la fois de compétences numériques de base et avancées pour appuyer de plus grandes adoption et innovation technologiques et permettre des investissements dans des services à haute valeur ajoutée. Ce rapport fait partie de l’appui du Groupe de la Banque mondiale (GBM) au l’initiative « L’Afrique à la conquête du numérique », une nouvelle et vaste initiative en partenariat avec l’Union africaine qui appelle à ce que chaque personne, entreprise et gouvernement africain puissent exploiter le numérique à l’horizon 2030. Cette initiative s’appuie d’abord sur une étude diagnostique de l’économie numérique de certains pays africains et plus précisément de ses cinq éléments fondamentaux. L’outil de diagnostic DE4A fournit un cadre intégré pour évaluer l’environnement favorable et le niveau de développement de l’économie numérique dans les pays d’Afrique. Ce rapport vise à mettre en évidence les opportunités de développement supplémentaire de l’économie numérique du Gabon et met un accent particulier sur les politiques pouvant contribuer à réduire la fracture numérique. Comme indiqué dans l’Etude diagnostique systématique du pays, les exclusions héritées du passé constituent des défis uniques au Gabon, et ce constat vaut dans l’espace numérique. Partant d’évaluations quantitatives et qualitatives et d’une série de documents de référence plus approfondis sur quatre des cinq piliers du DE4A (infrastructure numérique, compétences numériques, entrepreneuriat numérique et services financiers numériques), les constats de l’étude diagnostique amènent à formuler des recommandations qui éclairent les objectifs nationaux et les décisions sur les domaines prioritaires pour le développement, proposant une combinaison de possibilités de réformes politiques et d’interventions. 3 REMERCIEMENTS La méthodologie utilisée pour cette évaluation reposait sur des missions d’enquête dans le pays, des entretiens et des questionnaires, des recherches documentaires, des analyses comparatives régionales et mondiales et des consultations avec les parties prenantes. Des missions d’enquête dans le pays ont été entreprises en mars-avril 2019 en préparation de ce diagnostic. En plus des recherches documentaires menées, des missions ont également été menées en avril-juin 2019 pour permettre une large consultation des parties prenantes issues des secteurs public et privé, dont les résultats ont été finalement présentés aux autorités lors d’un atelier multipartite en novembre 2019. L’analyse présentée dans ce document s’appuie également sur une analyse comparative régionale et mondiale, s’appuyant sur des indicateurs standardisés qui font partie de la méthodologie de diagnostic DE4A. Elle s’appuie par ailleurs sur les statistiques gouvernementales et les données partagées par le secteur privé. La recherche en vue de ce rapport et sa rédaction ont été menées par une équipe du GBM, comprenant Shiho Nagaki (Spécialiste principal du secteur public), Milaine Rossanaly (Spécialiste principale du secteur privé), Natalia Agapitova (Economiste principale), Eric Jean Lauer (Consultant), Arleen Seed (e- gouvernement), Christopher Tullis (e-ID), Celestin Adjalou Niamien (SIGIF), Vladimir Calderon et El Hadji Dialigué BA (Fiscalité numérique), Daniel Roberge (Gestion foncière) et Dominic Hazen (e-Santé). Le rapport a également bénéficié des précieux retours et commentaires judicieux des collègues suivants : Manuel Vargas (Directeur sectoriel, gouvernance), Marc Lixi (Spécialiste principale du développement numérique), Elena Gasol (Spécialiste principale du secteur privé), Kimberly Johns (Spécialiste principale du secteur public), Wale Ayeni (Chargé principal des investissements) et Xavier Decoster (Consultant en développement numérique) et de nombreux collègues qui ont examiné les documents de référence. De plus, le rapport a également bénéficié des commentaires d’un comité de lecture interne du GBM dont les membres ont aimablement examiné ce rapport. Des consultations approfondies des parties prenantes nationales ont été menées lors de la préparation et de la finalisation du document. L’équipe tient à exprimer sa sincère gratitude au Ministère de l’Economie Numérique, au Ministère de l’Economie, au Ministère du Budget, au Ministère de l’Intérieur, au Ministère de la Fonction Publique, au Ministère du Logement et des Entreprises, au Ministère de la Santé, au Ministère de l’Education de Base, à l’ANINF, à l’ANUTTC et à la CNAMGS. Dans le cadre de l’étude diagnostique DE4A du Gabon, plusieurs documents de référence ont été commandités et l’étude s’appuie en plus sur les récents travaux nationaux du GBM. Ces différents ouvrages ont bénéficié des contributions de nombreuses parties prenantes. Outre les acteurs publics mentionnés, l’équipe tient à exprimer ses remerciements aux nombreux acteurs publics et privés qui ont donné de leur temps à l’élaboration de ce rapport et des documents de référence associés, parmi lesquels on citera Gabon Telecom, Airtel Gabon, GVA Gabon et Axione Gabon. 4 ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS ANINF Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences AP Actions privées ARCEP Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes ASS Afrique sub-saharienne BAD Banque africaine de développement BEAC Banque des Etats de l’Afrique Centrale CDN Réseau de diffusion de contenu CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale COBAC Commission Bancaire de l’Afrique Centrale CR Capital- risque CRT Conseil de réglementation des télécommunications CSP Centre de Spécialisation Professionnelle de Port-Gentil DE4A Économie numérique pour l’Afrique EFTP Enseignement et formation techniques et professionnels FAI Fournisseur d’accès Internet FTTB Fibre au bâtiment FTTH Fibre au domicile G2B Plateforme gouvernement à entreprise G2C Plateforme de gouvernement au citoyen G2G Plateforme de gouvernement à gouvernement GAB Guichet automatique bancaire GBM Groupe de la Banque mondiale GSMA Groupe Spéciale Mobile Association ICP Infrastructure à clé publique IDT Indice de développement TIC IMF Institution de microfinance IXP Point d’échange Internet NIP Numéro d’identification personnel NIPA Agence nationale coréenne de l’industrie informatique et de promotion OQSF Observatoire de la Qualité des Services Financiers ORM Opérateur de réseau mobile PIB Produit intérieur brut PME Petites et moyennes entreprises POGS Plan Opérationnel Gabon des Services PSGE Plan Stratégique pour le Gabon Emergent RCA République centrafricaine RNB Revenu national brut SFN Services financiers numériques SIGE Système d’information de gestion de l’éducation SPIN Société de Patrimoine des Infrastructures Numériques STIM Sciences, mathématiques, ingénierie et technologie TIC Technologie de l’information et de la communication 5 RESUME EXECUTIF APERCU DE LA PERFORMANCE DE CHAQUE PILIER Le Gabon occupe une place de premier plan parmi les pays en développement (en particulier en Afrique), se classant au 6e rang en Afrique subsaharienne à l’Indice international de développement des TIC (IDI) 2017 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), affichant une performance remarquable pour l’infrastructure numérique et présentant de solides atouts en termes de plateformes numériques et de capacités bancaires numériques qui n’ont pas encore réalisé leur potentiel de transformation. Le gouvernement vise à faire du Gabon un centre d’excellence pour les services à haute valeur ajoutée et un pionnier de la révolution numérique d’ici 2025, après avoir établi de solides fondements infrastructurels qui ont rendu les services numériques largement accessibles et relativement abordables dans l’ensemble du pays. Le gouvernement a mis en œuvre environ 20 pour cent du plan directeur d’e-gouvernement et a introduit plusieurs services électroniques innovants. Malgré ces efforts, le classement du Gabon à l’échelle de l’e-gouvernement, qui compare 193 pays, est resté relativement bas et stagnant au cours des 15 dernières années. Le pays a connu une croissance rapide des actifs bancaires, des prêts et des dépôts, ainsi qu’une amélioration rapide des indicateurs de pénétration et d’inclusion financière. L’accès aux services financiers au Gabon suit une trajectoire de croissance, mais il faudrait encre un approfondissement de l’inclusion financière. Comparé à ses pairs, le Gabon a le taux d’utilisation le plus élevé des paiements numériques ; le Gabon, le Ghana, la Namibie et le Zimbabwe démontrent ensemble que la monnaie mobile est désormais une réussite pour toute la région. Pourtant, le pays est à la traîne dans d’autres piliers de l’économie numérique, l’écosystème d’entrepreneuriat numérique étant en expansion mais encore naissant, et les niveaux de compétences numériques étant modestes. L’entrepreneuriat numérique se développe au Gabon, mais il est parti d’une situation de référence faible et doit significativement prendre de l’ampleur pour devenir un acteur visible de l’économie. L’écosystème entrepreneurial du Gabon est comparable à ceux d’autres pays d’Afrique subsaharienne, mais les sociétés de capital-risque et de capital-investissement ont jusqu’à présent enregistré une performance en deçà des moyennes mondiales et régionales ; le climat général des affaires est difficile au Gabon et impose des contraintes à la fois sur l’entrepreneuriat numérique et sur la création de marchés nationaux pour les produits et services numériques. Du côté des compétences, le niveau des dépenses du Gabon dans l’éducation est bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et des pays pairs. La qualité de l’enseignement étant faible, les jeunes gabonais n’ont pas les compétences de base pour le marché du travail et les études postsecondaires. Au niveau tertiaire, la plupart des étudiants s’inscrivent dans des filières générales et suivent un cursus littéraire, et peu d’étudiants optent pour les sciences et l’ingénierie. Malgré les efforts déployés pour réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2025, l’offre en formation continue de présenter d’importantes lacunes à l’échelle nationale. 6 Performance Pilier Indicateurs clés globale Moyenne Indicateur Source et date Gabon ASS Pénétration de la ARCEP et GSMA 94% 74% 3G/4G (%) 2020 % de population couverte par les GSMA, 2019a 68% 70% Infrastructure réseaux 3G (%) numérique Prix de détail mensuel moyen du UIT 2,09% 1,4% haut débit mobile et GSMA 2019b exprimé en% du RNB Moyenne Indicateur Source et date Gabon ASS Indice d’adoption du BM numérique - cluster 0,31 0,39 2016 gouvernemental Plateformes Indice d’e- ONU 0,22 0,25 numériques participation 2016 Score à l’inventaire Open Data Score 41ème des données Watch 2019 16/100 rang sur ouvertes 43 Moyenne Indicateur Source et date Gabon ASS Adultes ayant accès à un compte Findex 2017 58,6% 42,6% d’opérations (%) $ Enquête du FMI sur l’accès au Services Taux d’accès à la financement en 43,6% 45,6% monnaie mobile (%) financiers 2017 et de numériques GSMA en 2018 Adultes ayant épargné dans une Findex 2017 13,5% 26,9% institution formelle (%) Moyenne Indicateur Source et date Gabon ASS 1,9/7 Rapport sur la Disponibilité de soit 136e compétitivité N/D capital-risque rang sur mondiale 2019 141 2,6/7 Attitude envers le Rapport sur la soit 140e risque compétitivité N/D Entrepreneuriat rang sur entrepreneurial mondiale 2019 141 numérique Institut mondial de Classement à l’indice l’entrepreneuriat 79 sur N/D de l’entrepreneuriat et du 137 développement 2018 7 Moyenne Indicateur Source et date Gabon ASS Nombre de programmes d’enseignement supérieur formels dans le pays, spécifiquement axés sur l’Information, la MinSupReS 3 N/D communication et la technologie (TIC)/les Compétences compétences numériques numériques/la programmation informatique Rapport mondial sur les Indice de préparation 3,5 (116 technologies de N/D des compétences sur 139) l’information en 2016 EVALUATION DES POINTS FORTS, DES POINTS FAIBLES, DES OBSTACLES ET DES OPPORTUNITES Par rapport à ses pairs, le Gabon peut se vanter d’afficher une solide performance pour l’infrastructure numérique et les services financiers numériques, et d’avoir de solides fondements pour les plateformes numériques et les piliers de l’entrepreneuriat numérique. Les marchés de la téléphonie mobile et de l’Internet du Gabon sont matures par rapport à ceux des pays pairs, stimulés notamment par l’explosion des services haut débit mobile 3G et 4G. Concernant la connectivité internationale, le Gabon dispose de deux accès directs aux câbles sous-marins internationaux, SAT-3 et ACE, tandis que pour la connectivité nationale, un réseau dorsal en fibre optique de 1 030 kilomètres opère désormais entre Libreville et Franceville dans le cadre d’un partenariat public-privé (et une extension supplémentaire de 500 kilomètres est en cours d’opérationnalisation pour interconnecter le Gabon avec le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale). Concernant le pilier de la banque numérique, la Banque centrale a adopté un cadre favorable pour la prestation de services financiers numériques (SFN). Près de 60 pour cent des adultes ont un compte auprès d’une institution formelle, ce niveau étant le plus élevé dans la région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). De plus, le Gabon exploite la technologie pour développer activement les e-services tels que l’e-santé, l’e-éducation, l’e-visa et la gestion foncière. Ces systèmes transformationnels pourraient changer radicalement la gestion des services publics. Enfin, les startups numériques sont particulièrement actives dans le secteur des services tels que l’e-livraison et l’e-commerce. Les services en rapport à Internet, tels que les agences de conception de site web et de marketing numérique, se développent rapidement pour aider les startups et les entreprises traditionnelles établies à adopter une approche numérique. Le potentiel de croissance de l’économie numérique au Gabon est soumis à des contraintes particulières au niveau des piliers de l’entrepreneuriat numérique et des compétences numériques. Le gouvernement dispose d’un éventail de programmes de formation qui pourraient aider à appuyer la croissance de l’entrepreneuriat numérique, mais les besoins fondamentaux des entreprises en compétences numériques doivent encore être satisfaits. Plus généralement, le manque de compétences fondamentales dans l’enseignement de base et le manque de formations STIM compromettent l’adoption de la culture numérique par les apprenants à l’école. Un décalage est noté entre les compétences numériques produites par le système éducatif national et celles requises par le marché du travail actuel et futur. Il n’existe actuellement aucun programme national dans les écoles pour développer les compétences en e-commerce ou l’utilisation avancée de la technologie numérique, à l’exception de cours 8 spécialisés dont l’accès reste faible. De plus, la communauté de l’entrepreneuriat numérique reste déconnectée, ne peut faire entendre son opinion et manque de représentation formelle. Fait intéressant, alors que l’inclusion financière a fortement tiré avantage de l’émergence des services bancaires mobiles, l’accès au financement reste une contrainte majeure à l’entrepreneuriat, et les investissements ciblés dans les entreprises numériques sont encore rares étant donné que les investisseurs nationaux ne comprennent pas encore ce que sont les entreprises numériques et ne savent comment évaluer leur solvabilité. De plus, la faiblesse du salaire des enseignants à tous les niveaux nuit à la qualité de l’enseignement et au développement des compétences numériques. Les piliers de l’infrastructure et des plateformes numériques offrent des opportunités majeures, compte tenu des atouts existants du pays, lui permettant de servir de pôle régional pour la connectivité, et du potentiel de numérisation des services publics. Il en est de même du pilier des compétences numériques qui pourrait générer d’importants avantages dans le développement des emplois utilisant l’instrument numérique et du secteur privé dans son ensemble. Le Gabon exploitera prochainement trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et la Guinée équatoriale, qui permettront des échanges de trafic entre ces pays et permettront au Gabon de revendre de la capacité internationale à ses voisins. Les autorités sont également en train de mener à maturité un projet d’investissement dans un centre de données national moderne visant à appuyer le développement des services numériques et à tirer parti des opportunités mutualisées. Parallèlement, le Gabon revoit ses normes et ses protocoles pour garantir que les normes internationales pour la télécommunication et l’informatique sont compatibles avec les évolutions ultérieures et tirent parti des nouvelles technologies. La stratégie du gouvernement consiste à créer un système d’identification fondamentale et à attribuer un identifiant unique à chaque citoyen et résident au Gabon. Les systèmes dorsaux les plus importants sont les améliorations de la gestion des finances publiques (GFP) à tous les niveaux de gouvernement et la numérisation de l’administration publique, telle que la gestion foncière et la mobilisation des citoyens. En termes de compétences numériques, trois établissements publics d’enseignement supérieur sont axés sur la formation avancée en compétences numériques, et le Gabon peut produire annuellement environ 500 diplômés spécialisés en informatique. Même si la plupart des écoles privées proposent des formations en commerce et en gestion incluant des composantes numériques, davantage d’efforts peuvent être fournis pour remédier à l’inadéquation des compétences dans le secteur privé de l’économie. Le tableau2 ci-après résume et fournit une évaluation qualitative des points forts, des points faibles et opportunités en rapport à chacun des cinq piliers de l’économie numérique. 2 Légende : VERT : Points très forts/Points relativement faibles/Fortes opportunités ; GRIS : Points modérément forts/Points modérément faibles/Opportunités moyennes ; JAUNE : Points peu forts/Points substantiellement faibles/Opportunités faibles. 9 Principaux points faibles Pilier Principaux points forts Opportunités et obstacles • Trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et • Stagnation des prix de la • Maturité du marché de la Guinée équatoriale téléphonie mobile la téléphonie mobile • Projet d’investissement • Qualité des services • Forte croissance du dans un centre de mobiles pas entièrement marché Internet menée données national pour satisfaisante par la 3G/4G appuyer les services Infrastructure • Prix élevé de l’accès • Accès aux câbles sous- numériques numérique international marins internationaux • Fonds d’accès et de • Absence de politiques et • Réseau de fibre optique services universels d’instruments sur l’ensemble du pays (FASU) aidant à réglementaires accroître la pénétration de la téléphonie mobile en milieu rural • Utilisation de la • Absence de clarté du • Normes et protocoles technologie pour cadre institutionnel en cours de revue développer les e- • Absence d’institution • Attribution d’identifiant services pour établir des normes unique à chaque • Possibilité de en matière de citoyen Plateformes changement des cybersécurité • Améliorations des numériques services publics par les • Difficultés à maintenir et systèmes dorsaux du initiatives de systèmes mettre à niveau les système de gestion des transformationnels en systèmes existants terres et des impôts cours • Cadre favorable • Plateforme nationale appuyant la prestation • Absence de stratégie d’interopérabilité des de services d’inclusion financière paiements $ • Adoption de textes au • Faible interopérabilité • Service de monnaie niveau régional pour la • Faiblesse des Services financiers mobile constituant une monnaie mobile infrastructures de crédit solution attrayante numériques • Taux de 60 pour cent nuisant à l’accès au pour le paiement des des adultes ayant un financement factures compte bancaire • Expansion de • Communauté l’écosystème de entrepreneuriale • Incubateurs actifs l’entrepreneuriat déconnectée s’appuyant sur la • Startups numériques • Accès au financement collaboration entre actives, en particulier constituant une acteurs locaux et dans le secteur des contrainte internationaux services • Investissements ciblés • Investissement actif de • Développement rapide dans les entreprises différents acteurs dans Entrepreneuriat des services en rapport numériques encore rares l’écosystème numérique à Internet • Incapacité des numérique local • Renforcement de investisseurs à • Lois visant à améliorer l’engagement des comprendre les la compétitivité en acteurs privés dans entreprises numériques attente d’approbation l’écosystème et à évaluer leur par le gouvernement numérique solvabilité 10 Principaux points faibles Pilier Principaux points forts Opportunités et obstacles • Manque de compétences fondamentales dans • Le Plan Opérationnel l’enseignement de base Gabon des Services vise • Formations numériques et manque de formation à réviser le système proposées par trois en sciences, éducatif gabonais en établissements publics mathématiques, mettant l’accent sur la d’enseignement ingénierie et technologie technologie numérique. supérieur et la plupart (STIM) • Création de salles de des écoles privées • Décalage entre les classe numériques dans • Ecosystème compétences et les quelques entrepreneurial besoins du marché du Compétences établissements favorisant les travail secondaires de Libreville compétences en e- numériques • Absence de Système • Initiatives du marché du commerce d’information de gestion travail visant à • Différents programmes de l’éducation (SIGE) encourager et placer les de formation fiable compétences numérique menés par • Absence de programme numériques sur le lieu le privé national de de travail développement des compétences RESUME DES RECOMMANDATIONS HAUTEMENT PRIORITAIRES Cette évaluation a conduit à la formulation de 34 recommandations couvrant les 5 piliers de l’économie numérique, à différents horizons temporels (court, moyen et long terme) et avec différents niveaux de priorité (élevé, moyen et faible). Les sujets abordés comprennent le cadre politique et réglementaire, la gestion et la coordination des ressources, l’inclusion numérique, la gouvernance, la dimension régionale, les services, l’écosystème et le renforcement de capacité. Le tableau ci-après résume uniquement les recommandations à priorité élevée, tandis que toutes les recommandations sont décrites en détail dans la Section 5 de ce document. Sujets Pilier Recommandations Horizon Adopter les quatre projets de loi décisifs sur les communications électroniques, les transactions Infrastructures Court terme électroniques, la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel. Adopter une loi de base pour la numérisation de l’administration et les procédures en ligne à l’intention Cadre des services publics afin de soutenir la mise en œuvre de Plateforme Court terme politique et la stratégie d’e-gouvernement et d’e-services, et réglementaire modifier le code civil pour y inclure l’identification électronique. Concevoir et adopter une stratégie nationale d’inclusion Aspects financiers Court terme financière Elaborer un cadre de compétences numériques servant Moyen Compétences de base à la stratégie pour les compétences numériques terme Augmenter les dépenses publiques dans l’éducation Court terme 11 Gestion et Moyen et coordination Aspects financiers Appuyer la mise en œuvre effective de l’interopérabilité long termes des ressources Améliorer le processus de gouvernance du FASU afin de Court à Inclusion rassurer les opérateurs sur le fait qu’ils ne seront pas Infrastructures moyen numérique évincés et que la collecte et l’utilisation des terme contributions seront transparentes Mettre à jour la législation pour clarifier les rôles et les Court terme responsabilités des parties prenantes publiques Court à Instaurer une approche plus cohérente à la mise en moyen Gouvernance Plateforme œuvre de l’e-gouvernement terme Créer un mécanisme institutionnel clair pour assurer le Court à pouvoir de rassemblement et la coordination au sein du moyen gouvernement et établir une feuille de route claire terme Dimension Appuyer la BEAC à améliorer la réglementation de la Moyen Aspects financiers régionale monnaie mobile terme Renforcer le cadre de cybersécurité et réglementer les Moyen Services Plateforme mesures de prévention terme Promouvoir une culture de l’investissement en capital, Court à faciliter l’accessibilité du capital pour les entreprises en Entrepreneuriat moyen phase de démarrage et proposer d’autres canaux de terme financement. Court à Ecosystème Mettre le développement des compétences numériques moyen en adéquation avec les besoins du marché du travail terme Compétences Court à Développer l’application de partenariats stratégiques moyen entre le secteur des industries et les universités terme Etablir des partenariats avec les secteurs privé et à but non lucratif pour se doter des supports de formation qui Court à Renforcement Compétences combleraient les lacunes existantes et permettrait moyen de capacité d’assurer l’adéquation du contenu du programme par terme rapport aux besoins du marché du travail. Face à la crise de la COVID-19, le Gabon a le privilège de pouvoir compter sur un Internet largement abordable et fiable ; la poursuite de son programme numérique renforcera la capacité du pays à riposter à la COVID-19 et à se rétablir de cette crise. Chaque pilier a un rôle à jouer dans cette riposte à la COVID- 19. Par exemple, l’accessibilité financière et la fiabilité d’Internet sont des éléments vitaux de l’économie pendant cette pandémie. Alors que les pays imposent des mesures extrêmes de distanciation sociale, il est donc d’une importance primordiale combler la fracture numérique pour garantir que les interactions économiques puissent se maintenir et mieux préparer les pays aux crises dans le futur. De plus, il est essentiel d’assurer la continuité des services publics pour préserver le bien-être de la population étant donné que le pays doit s’appuyer sur les technologies numériques, dépendance qui sera la « nouvelle norme » dans le travail, la scolarisation et la prestation des services publics. Enfin, le renforcement de la fintech permet d’aider les entreprises et les communautés les plus affectées, étant donné que les économies dépendent de plus en plus de la fintech pour rester à flot alors que la demande de services tels que les paiements mobiles, la distribution alimentaire et les achats en ligne augmentera de manière exponentielle. 12 1. PERFORMANCE GLOBALE DE L’ECONOMIE NUMERIQUE Résumé de la performance globale de chaque pilier Le Gabon occupe une place de premier plan parmi les pays en développement (en particulier en Afrique), se classant au 6e rang en Afrique subsaharienne à l’Indice international de FORTE Infrastructure développement des TIC (IDI) 2017 de l’Union internationale des numérique télécommunications (UIT). Pourtant, le pays traîne loin derrière les économies plus avancées. Le gouvernement ambitionne de faire du Gabon un centre d’excellence pour les services à haute valeur ajoutée et un pionnier de la révolution numérique à l’horizon 2025. Le gouvernement a mis en œuvre environ 20 pour cent du plan MOYENNE Plateformes directeur d’e-gouvernement et a introduit plusieurs e-services. numériques Malgré ces efforts, le classement du Gabon à l’échelle de l’e- gouvernement, qui compare 193 pays, est resté relativement bas et stagnant au cours des 15 dernières années. Le Gabon a connu une croissance rapide des actifs bancaires, des prêts et des dépôts, ainsi qu’une amélioration rapide des indicateurs de pénétration et d’inclusion financière. L’accès aux $ services financiers au Gabon suit une trajectoire de croissance, Services mais il faut encore approfondir l’inclusion financière. Comparé à MOYENNE financiers ses pairs, le Gabon a le taux d’utilisation le plus élevé des numériques paiements numériques. Le Gabon, le Ghana, la Namibie et le Zimbabwe démontrent ensemble que la monnaie mobile est désormais une réussite pour toute la région. L’entrepreneuriat numérique se développe au Gabon, mais il part d’une situation de référence faible et doit significativement prendre de l’ampleur pour devenir un acteur visible de l’économie. L’écosystème entrepreneurial du Gabon soutient la comparaison avec ceux d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Les sociétés de capital-risque et de capital-investissement ont jusqu’à MOYENNE Entrepreneuriat présent enregistré des performances inférieures aux moyennes numérique mondiales et régionales. Toutefois, le climat général des affaires est difficile au Gabon et impose des contraintes à la fois sur l’entrepreneuriat numérique et sur la création de marchés nationaux pour les produits et services numériques. Le niveau des dépenses du Gabon dans l’éducation est bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et des pays pairs. La qualité de l’enseignement étant faible, les jeunes gabonais n’ont pas les compétences de base pour le marché du travail et les études postsecondaires. Au niveau tertiaire, la FAIBLE plupart des étudiants s’inscrivent dans des filières générales et Compétences suivent un cursus littéraire, et peu d’étudiants optent pour les numériques sciences et l’ingénierie. Malgré les efforts déployés pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici 2025, l’offre en formation présente quelques lacunes à l’échelle nationale. 13 1.1 INFRASTRUCTURE NUMERIQUE Lors de l’examen de la performance des pays pour l’infrastructure numérique dans les classements internationaux, le Gabon semble occuper une place de premier plan parmi les pays en développement (en particulier en Afrique), mais traîne loin derrière les économies plus avancées. Selon l’IDI 2017 de l’UIT, le Gabon ne figure qu’au 114e rang sur 176 pays dans le monde, mais au 6e rang en Afrique subsaharienne (après Maurice, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Cap-Vert et le Botswana)3, contre 118 en 2016. Le score du Gabon met en évidence un fort développement dans les segments de la téléphonie mobile et du haut débit ainsi qu’une bonne performance pour les compétences (scolarisation au secondaire), l’utilisation d’internet et l’accès à l’international (Figure 2). En revanche, le score du Gabon est relativement faible pour les segments de la téléphonie fixe et du haut débit ainsi que pour la pénétration des ordinateurs et d’Internet dans les ménages. Selon l’indice de connectivité mobile de la Global System for Mobile Communication Association (GSMA), le Gabon figure au 120e rang sur 150 pays en 2017, derrière le Kenya (116) et l’Afrique du Sud (90), mais juste devant le Nigeria (125) et le Cameroun (131) (Figure 3). Figure 2. Indice de développement du secteur Figure 3. Indice de connectivité mobile de GSMA, des TIC de l’UIT du Gabon, 2017 2017 (classement de quelques pays) Source : GSMA. Source : UIT, 2017. 1.2 PLATEFORMES NUMERIQUES Le gouvernement ambitionne de faire du Gabon un centre d’excellence pour les services à haute valeur ajoutée et un pionnier de la révolution numérique à l’horizon 2025. Le gouvernement a adopté le Plan de redressement économique (PRE) 2017-2019 en mai 2017, mettant l’accent sur la promotion de solutions innovantes dans la prestation de services publics et en ambitionnant de lancer la révolution numérique. Le PRE met l’accent sur le renforcement de la compétitivité et le développement de l’industrie des TIC et du numérique en tant que l’un des moteurs de la croissance et de la diversification de l’économie. S’appuyant sur Plan stratégique pour le Gabon émergent (PSGE) et le PRE, le gouvernement a élaboré la stratégie de modernisation des services publics en renforçant sa numérisation en vue d’améliorer l’efficience et l’efficacité de l’administration publique et de la prestation de services (Figure 4). La stratégie numérique du Gabon sera le catalyseur appuyant cette croissance. 3Cet indice composé combine 11 indicateurs pour suivre et comparer l’évolution des TIC. Le modèle en trois phases mesure l’état de préparation, l’intensité et l’impact des TIC du pays. Le modèle est directement corrélé au cadre favorable dans une économie numérique en pleine croissance. 14 Figure 4. Modèle conceptuel futur du Gabon numérique Source : Etude de la NIPA. Le gouvernement a mis en œuvre environ 20 pour cent du plan directeur d’e-gouvernement et a introduit plusieurs e-services. Les principaux objectifs de la stratégie d’e-gouvernement sont doubles : lancer une révolution numérique et fournir des services à valeur ajoutée. Le Gabon a pris de nombreuses mesures pour réaliser ces deux objectifs et il faudrait considérer qu’il a atteint un stade plus avancé dans la réalisation de ces objectifs que l’e-gouvernement qui en est à ses premiers pas. Le Gabon développe des services partagés, l’identité numérique et la gestion financière numérique et a progressé pour atteindre le niveau de croissance en élaborant de plus en plus d’exemples de gouvernement numérique et d’e-commerce, même s’il a fait des percées moins importantes dans les données ouvertes. Les développements ultérieurs dans les plateformes avancées comprennent des applications mobiles, des applications d’intelligence artificielle (IA) et des plateformes logicielles, qui font toutes partie de la stratégie directrice pour le développement du Gabon. A ce jour, le gouvernement a mis en œuvre 20 pour cent du plan directeur et a introduit plusieurs e-services. Malgré ces efforts, le classement du Gabon à l’échelle de l’e-gouvernement, qui compare 193 pays, est resté relativement bas et stagnant au cours des 15 dernières années (Figure 5). Même si sa performance est légèrement meilleure que la moyenne des pays subsahariens (Figure 6), le Gabon figure au 125e rang sur 193 pays pour le développement de l’e-gouvernement, ce qui est similaire à la situation du Kenya, qui figure au 122e rang. 15 Figure 5. Classement du Gabon pour l’e-gouvernement4 (sur 193 pays) 2003 2004 2005 2008 2010 2012 2014 2016 2018 118 120 122 123 123 124 124 125 126 128 129 129 129 130 131 131 132 Source : Knoema.com. Figure 6. Moyenne de l’indice de développement de l’e-gouvernement : Comparaison du Gabon Source : Enquête sur l’e-gouvernement de l’UNPACS en 2020. 1.3 SERVICES FINANCIERS NUMERIQUES Le Gabon a connu une croissance rapide des actifs bancaires, des prêts et des dépôts, ainsi que des indicateurs de pénétration et d’inclusion financière. Le paysage financier du Gabon comprend 8 banques, 14 IMF et la poste. Sur le marché, trois principaux opérateurs de transfert d’argent proposent essentiellement des services grand public. Le Gabon étant membre de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), son secteur financier est régi par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et par l’entité de supervision bancaire, la Commission bancaire pour l’Afrique centrale (COBAC). L’économie gabonaise dépend fortement du budget de l’Etat. L’accès aux services financiers au Gabon suit une trajectoire de croissance, mais il faut encore approfondir l’inclusion financière. En 2017, il était estimé que 58,6 pour cent de la population avait accès aux services financiers, contre 33 pour cent en 2014, ce qui est supérieur à la moyenne du continent, qui est de 43 pour cent. Les banques étant fortement concentrées dans les centres urbains de Libreville, Port- Gentil et Franceville, les institutions financières traditionnelles n’ont pas été en mesure d’atteindre les clients à faible revenu, en particulier dans les zones les plus reculées. L’ouverture d’un compte bancaire nécessite un processus d’identification quelque peu fastidieux qui n’est pas à la portée du plus grand nombre. En conséquence, les services bancaires traditionnels, qui ont déjà une certaine structure de coûts (tels que les frais fixes et les commissions), sont inaccessibles aux populations les plus vulnérables. Par conséquent, le développement des SFN est essentiel pour renforcer l’inclusion financière au Gabon. 4Le classement basé sur l’Indice de développement de l’administration en ligne des Nations Unies (EGDI) s’appuie sur une enquête complète sur la présence en ligne de l’ensemble des 193 Etats membres des Nations Unies, qui évalue les sites web nationaux et la manière dont les politiques et stratégies d’e-gouvernement sont appliquées en général et dans des secteurs particuliers pour fournir les services essentiels. L’évaluation note la performance des pays pour l’e-gouvernement en les comparant les uns aux autres au lieu d’être une mesure absolue. 16 Comparé à ses pairs, le Gabon a le taux d’utilisation le plus élevé des paiements numériques. En termes d’utilisation, plus de 50 pour cent des adultes ont effectué ou reçu un paiement numérique en 2017, seuls 17,3 pour cent ont payé une facture de services publics par voie numérique et environ la même proportion a effectué des paiements en ligne. De plus, moins de 10 pour cent ont déclaré avoir utilisé leur carte de débit ou de crédit pour effectuer un achat, montrant ainsi que le sous-développement des paiements marchands est l’une des raisons de cette situation. Concernant les transferts de fonds, étonnamment, la proportion de personnes utilisant un compte (36,9 pour cent) pour transférer de l’argent est supérieure à la proportion de personnes utilisant des espèces (9,3 pour cent), montrant ainsi un certain niveau d’adoption des moyens de paiement numériques. Le Gabon, le Ghana, la Namibie et le Zimbabwe démontrent ensemble que la monnaie mobile est désormais une réussite pour toute la région. Le réseau bancaire est tout aussi important, comportant 255 points d’accès (DAB et agences) pour 100 000 adultes. En 2018, les transactions de monnaie mobile du Gabon représentaient 1,5 milliards USD pour plus de 120 millions de transactions, dont la plus grande part est constituée de paiements puis de retraits dans les agences. Une bonne part (25 pour cent) est également utilisée pour les recharges de crédit téléphonique. 1.4 ENTREPRENEURIAT NUMERIQUE L’entrepreneuriat numérique se développe au Gabon, mais il part d’une situation de référence faible et doit significativement prendre de l’ampleur pour devenir un acteur visible de l’économie. L’écosystème numérique en est à ses premiers pas au Gabon et très concentré. Selon les données de SING SA, chaque année, 185 PME sont enregistrées et classées dans la catégorie des entreprises de TIC au Gabon, mais il n’y a que 20 à 30 startups technologiques actives à travers le pays. La plupart des entrepreneurs numériques opèrent à Libreville. L’écosystème entrepreneurial du Gabon soutient la comparaison avec ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne. A l’Indice mondial de l’entrepreneuriat, il figurait au 79e rang sur 137 en 2018, contre 115 pour la Tanzanie, 110 pour l’Ethiopie et 93 pour le Ghana. Il est principalement composé : • De startups dans les services, tels que le marketing et la communication numérique (site web, graphisme, stratégie de communication), l’e-commerce, les services de livraison (vente au détail et distribution alimentaire) à travers WhatsApp, et les intégrateurs de logiciels. • De structures d’accompagnement et de formation, parmi lesquelles les plus connues sont l’Institut Africain de l’Informatique (IAI), l’Ecole de Commerce Numérique, l’Institut National des Technologies de l’Information et de la Communication - INPTIC), Ogoué Lab (appuyé par simplon.co), la Société d’Incubation Numérique du Gabon (SING SA), IML, American Spaces, et des concours annuels d’entrepreneuriat, tels que le « Créateur de startup de l’année ». • Les institutions publiques qui mettent en place le cadre réglementaire et financent les principales infrastructures TIC. Cette initiative a été menée par le Ministère de la Communication, de l’Economie Numérique et des Postes (MCENP) du Gabon avec l’ANINF. Les sociétés de capital-risque et de capital-investissement ont jusqu’à présent enregistré une performance inférieure aux moyennes mondiales et régionales. Selon l’Indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial, l’accès au capital-risque est faible au Gabon. De nouvelles initiatives, telles qu’Okoumé Capital (http://okoume.howgabon.com/), élargissent leurs activités et pourraient être mises en relation avec des investisseurs institutionnels nationaux plus importants, tels que des fonds de pension et des compagnies d’assurance, de manière à élargir leur impact. Toutefois, le climat général des affaires est difficile au Gabon et impose des contraintes à la fois sur l’entrepreneuriat numérique et sur la création de marchés nationaux pour les produits et services numériques. Le Gabon figure au 169e rang sur 190 pays à l’indice Doing Business 2019. Les principaux 17 défis pour les entreprises sont, entre autres, la mauvaise qualité du cadre institutionnel, les carences en matière de gouvernance et de redevabilité (notamment l’absence de justice commerciale et d’application des droits de propriété), et la domination de puissants groupes d’entreprises opérant principalement dans le secteur des ressources qui entraînent l’affaiblissement de la concurrence. Les stratégies de développement sont trop générales et manquent de priorisation, d’ordonnancement et de cohérence par rapport aux contraintes budgétaires. L’insuffisance d’informations et des données statistiques pour orienter la planification et le ciblage des politiques ont entravé leur efficacité et empêché une analyse, un suivi et une évaluation appropriés des stratégies en cours de mise en œuvre. 1.5 COMPETENCES NUMERIQUES Le niveau des dépenses du Gabon dans l’éducation est bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et des pays pairs, entravant un investissement adéquat dans les compétences numériques. De 2010 à 2014, les pays d’Afrique subsaharienne ont consacré en moyenne 4,3 pour cent de leur PIB à l’éducation,5 contre 3 pour cent pour le Gabon. Le Gabon consacre également beaucoup moins de son budget pour le secteur public à l’éducation que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne et des pays pairs. Le manque d’investissement dans le développement du capital humain impose des contraintes au progrès économique. Le Plan Opérationnel Gabon des Services (POGS), 6en tant que fondement de l’économie numérique du Gabon, vise à transformer le capital humain gabonais en révisant le système éducatif du pays et en introduisant le numérique dans la formation scolaire et universitaire. La vision est de faire du Gabon, à l’horizon 2025, un centre d’excellence pour les services à haute valeur ajoutée et un pionnier de la révolution numérique. Le POGS contribue à la réalisation de l’objectif stratégique de modernisation des infrastructures et d’aménagement harmonieux du territoire national. Le gouvernement a lancé le projet d’e-enseignement en 2011 avec l’appui de l’ANINF pour créer des salles de classe numériques dans quelques lycées de Libreville. A travers cette nouvelle approche pédagogique, le gouvernement vise à : (1) interconnecter les écoles avec les ministères de tutelle à travers des applications développées et gérées par des fournisseurs privés ; (2) gérer numériquement les cours en classe et favoriser la création de contenus de formation locaux et interactifs ; et (3) intégrer la littératie numérique dès le secondaire pour dispenser aux élèves une formation aux compétences numériques de base en accord avec les besoins du marché du travail. Les dernières données disponibles indiquent que le pays a un faible taux d’achèvement des études secondaires. La qualité de l’enseignement étant faible, les jeunes gabonais n’ont pas les compétences de base pour le marché du travail et les études postsecondaires. Dans le Rapport sur la compétitivité mondiale pour 2016–2017 du FEM, le Gabon est classé au 116e rang sur 138 pays en termes de qualité de l’enseignement et au 121e rang en termes d’enseignement supérieur et de formation, ce qui est inférieur à la performance de tous les pays de référence. Au niveau tertiaire, la plupart des étudiants s’inscrivent dans des filières générales et suivent un cursus littéraire, et peu d’étudiants optent pour les sciences et l’ingénierie. En fin de cycle, le parcours technique produit des résultats prometteurs en termes d’employabilité mais reste largement sous-utilisé. En 2017, moins de 1 pour cent de l’ensemble des étudiants se sont inscrits à ce parcours, et seuls 20 pour cent des inscrits empruntent une voie prometteuse. Les faibles compétences du personnel enseignant et le manque de formation nuisent à la performance du système scolaire et réduisent l’employabilité des personnes, qui doivent s’adapter à un monde de plus en plus numérique et connecté. 5 Base de données de l’UNESCO (2010-2014). 6 La stratégie globale définie en 2016. 18 Certaines mesures concrètes ont déjà été prises pour appuyer les initiatives du gouvernement dans sa stratégie de développement numérique. Par exemple, l’aménagement d’une salle multimédia connectée pour chaque école primaire, lycée et collège a été achevé dans les écoles primaires publiques et privées ainsi que 16 lycées et collèges sur 90. Dans le cadre de la gouvernance et de la gestion du système éducatif, 106 écoles sont déjà connectées à X-Gest et sont en train de mettre en place un Système d’information de gestion de l’éducation (SIGE). 7 Malgré les efforts déployés pour réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2025, l’offre en formation présente quelques lacunes à l’échelle nationale. La majorité des écoles doivent encore être connectées pour tirer profit de l’accès à Internet. L’analyse du plan stratégique révèle également de nombreuses d’incertitudes quant aux objectifs à mesurer d’ici 2025. Plusieurs cibles ne sont pas quantifiées, posant ainsi des problèmes lors de l’évaluation de certains indicateurs de performance à une date donnée. 7Sept cent soixante-treize écoles publiques et 623 écoles privées selon le Bureau international d’éducation de l’UNESCO en 2008 ; aucun chiffre récent n’est disponible. 19 2. PRINCIPALES FORCES DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE Résumé de la force de chaque pilier Le marché de la téléphonie mobile au Gabon est mature par rapport aux pays pairs. Le marché de l’Internet connaît une croissance rapide, grâce à l’explosion des services mobiles à haut débit 3G et 4G. Le Gabon dispose de deux accès directs aux câbles sous-marins internationaux, SAT-3 et ACE. Une dorsale en fibre optique de 1 030 FORTE Infrastructure kilomètres opère désormais entre Libreville et Franceville grâce à un numérique partenariat public-privé, et une extension supplémentaire de 500 kilomètres est en cours pour interconnecter le Gabon avec le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale. Le Gabon utilise la technologie pour développer des e-services, tels que l’e-santé, l’e-éducation, le e-Visa et la gestion foncière. Ces systèmes transformationnels pourraient changer la gestion des services publics. Par exemple, l’e-santé, avec l’appui de la Banque mondiale, vise à améliorer la rapidité et la disponibilité des MOYENNE informations en appui à la prestation et la gestion des services de Plateformes santé. L’e-éducation, via X-Gest, fournit un système complet de numériques gestion scolaire, y compris la gestion des manifestations académiques, des programmes, des installations, des enseignants et des apprenants avec une identification biométrique. La Banque centrale a adopté un environnement favorable à la prestation de SFN. La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a adopté différents textes constituant la $ réglementation régissant la monnaie mobile au niveau régional. Près de 60 pour cent des adultes ont un compte dans une institution Services FORTE formelle, ce qui est le niveau le plus élevé de la région CEMAC. La financiers réforme en cours par les autorités monétaires de la CEMAC vise à numériques mettre à niveau l’infrastructure régionale de paiement, en s’appuyant sur le règlement initial de 2003 sur le système de paiement. Les startups numériques sont particulièrement actives dans les secteurs des services, tels que l’e-livraison et l’e-commerce. Les services liés à Internet, tels que les agences de conception web et de marketing numérique, se développent rapidement pour aider les MOYENNE Entrepreneuriat startups et les entreprises traditionnelles établies à adopter une numérique approche numérique. Les acteurs privés commencent à s’engager davantage dans l’écosystème numérique. Le gouvernement a lancé le projet d’e-éducation en 2011, avec l’appui de l’ANINF, pour créer des salles de classe numériques dans quelques lycées de Libreville. Une partie de l’initiative d’e-éducation du Gabon, le programme X-Gest, est axé sur l’amélioration de la FAIBLE qualité de l’éducation. Les deux projets sont incomplets et toujours Compétences en cours. Le ministère des TIC et la Banque mondiale ont lancé des numériques initiatives sur le marché du travail pour encourager et placer les compétences numériques sur le lieu de travail. 20 2.1 INFRASTRUCTURES NUMÉRIQUES Le marché de la téléphonie mobile au Gabon est mature par rapport aux pays pairs, avec une pénétration des services d’environ 140 pour cent (abonnements à la téléphonie mobile) en 2018,8un taux qui correspond à une couverture d’environ 69 pour cent de la population (utilisateurs individuels de téléphonie mobile). On comptait plus de 2,9 millions d’abonnements à la téléphonie en fin 2018, quasi- exclusivement en mode prépayé (98,8 pour cent),9 pour une population estimée à environ deux millions de personnes.10 Le taux de pénétration élevé de la téléphonie mobile s’explique par le fort effet multi- SIM,11 puisqu’on estime que les gabonais possèdent en moyenne 2,3 SIM par abonné unique.12 Si l’on exclut l’effet multi-SIM, le taux de pénétration en termes d’abonnés uniques était d’environ 69 pour cent à la fin de 2018, ce qui place le Gabon largement en tête en Afrique centrale. Figure 7. Évolution des abonnés à la téléphonie Figure 8. Abonnés uniques à la téléphonie en mobile et taux de pénétration en pourcentage de Afrique centrale en pourcentage de la population, la population 2018 Source : ARCEP ; TeleGeography Source : GSMA 2017. Figure 9. Évolution du nombre d’abonnés Figure 10. Abonnés uniques au haut débit mobile uniques au haut débit mobile (3G et 4G) en pourcentage de la population, 2018 Source : GSMA. Source : GSMA. Le marché de l’Internet connaît une croissance rapide au Gabon, porté par l’explosion des services mobiles haut débit 3G et 4G, atteignant plus de 1,9 million d’abonnés au haut débit mobile en décembre 2018.13 Les services haut débit sont principalement fournis par les opérateurs de télécommunications 8 En décembre 2018, la pénétration de la téléphonie mobile estimée par l’ARCEP est d’environ 162 %, en raison de différentes estimations de la population. 9 ARCEP 2018, Observatoire des marches : 4ème trimestre 2018, Marché de la Téléphonie Mobile au Gabon. 10 Indicateurs de la Banque mondiale 11 L’effet multi-SIM décrit les personnes disposant de plusieurs cartes SIM qui bénéficient d’un tarif on-network (meilleurs tarifs lorsqu’on appelle des utilisateurs d’un même réseau). 12 GSMA. 13 ARCEP 2018, Observatoire des marches : 4ème trimestre 2018, Marché de la Téléphonie Mobile au Gabon. 21 mobiles utilisant les technologies 3G et 4G étant donné que les technologies fixes (DSL, câble) restent peu développées. Alors que les technologies haut débit fixes traditionnelles ont peu de chances de décoller en raison d’une mauvaise infrastructure héritée des « lignes de cuivre » sur laquelle se développer, les technologies avancées, telles que la fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) et la fibre optique jusqu’au bâtiment (FTTB), sont désormais au cœur du développement. La concurrence fait baisser les prix de détail et améliore la qualité des services (vitesses du haut débit), mais l’adoption de l’Internet haut débit fixe reste faible. Le Gabon dispose de deux accès directs aux câbles sous-marins internationaux, SAT-3 et ACE, exploités respectivement par Gabon Télécom et Axione. Ce double accès a permis d’accroitre la concurrence (et donc de réduire les prix dans l’ensemble), d’améliorer la qualité du service et de renforcer la résilience grâce à la redondance physique. ACE a augmenté la capacité internationale du Gabon de près de 70 pour cent. En termes de tarification, la bande passante internationale d’ACE est vendue par Axione sur une base d’accès ouvert, transparent et non discriminatoire à tous les opérateurs télécoms, avec des prix qui ont diminué entre 40 pour cent et 80 pour cent sur trois ans, selon le type de service. Par ailleurs, Axione et Gabon Télécom ont signé un accord pour basculer leur trafic en cas de défaillance d’un câble sous- marin vers un accès international entièrement redondant. Une dorsale en fibre optique de 1 030 kilomètres opère désormais entre Libreville et Franceville grâce au partenariat public-privé établi entre SPIN et Axione, et une extension supplémentaire de 500 kilomètres est en cours pour interconnecter le Gabon avec le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale. La commercialisation de ce réseau n’a commencé qu’en février 2019 et devrait apporter un Internet de haute qualité sur ce réseau, permettant aux opérateurs de réduire considérablement leurs coûts d’exploitation. L’utilisation d’Internet n’a cessé d’augmenter au Gabon et le pays fait figure de leader régional. Les statistiques de la Banque mondiale indiquent que le pourcentage de personnes utilisant Internet est passé de 38 pour cent en 2014 à 50 pour cent en 2017. Ces chiffres placent le Gabon en première position en Afrique centrale et en position de force en Afrique subsaharienne. 2.2 PLATEFORMES NUMÉRIQUES Le potentiel de l’économie numérique du Gabon est vaste et les plateformes numériques sont essentielles pour jeter les bases d’une économie numérique. Le PSGE vise à construire une économie compétitive, résiliente et inclusive. Il est axé sur les secteurs clés qui correspondent aux avantages comparatifs du pays tels que l’agriculture, la foresterie, le tourisme et les TIC, et sur le développement des capacités nationales dans les secteurs. Le Gabon exploite la technologie pour développer des services en ligne, tels que l’e-santé, l’e-éducation, l’e-Visa et la gestion foncière. Ces systèmes transformationnels pourraient changer fondamentalement la gestion des services publics. • L’e-santé, avec l’appui de la Banque, vise à améliorer la rapidité et la disponibilité des informations en appui à la prestation et à la gestion des services de santé, ce qui devrait contribuer à améliorer les résultats du Gabon en matière de développement humain. Le Système national d’information sanitaire permettra d’améliorer la redevabilité et la productivité du travail des professionnels de la santé, en réduisant la charge administrative et en réduisant au minimum les erreurs administratives et médicales. Cela modifiera considérablement la façon dont les agents de santé dispensent les soins, en particulier en milieu rural où les cliniciens auront un accès plus facile aux spécialistes compétents établis en milieu urbain. Les dossiers médicaux et les ordonnances électroniques, ainsi 22 que la capacité d’aide à la décision clinique, devraient permettre au personnel clinique d’améliorer le diagnostic et le traitement et de réduire les erreurs médicales et de prescription, diminuant ainsi les hospitalisations inutiles et la charge financière. La qualité des données disponibles pour éclairer la prise de décision s’améliorerait étant donné qu’une grande partie d’entre elles seraient collectées en temps réel dans le cadre du contact clinique. • L’e-éducation, par le biais de X-Gest, fournit un système de gestion scolaire complet qui comprend la gestion des manifestations académiques, des programmes, des installations, des enseignants et des apprenants avec une identification biométrique. Il peut transformer non seulement la gestion scolaire pour le ministère et les enseignants, mais aussi les relations avec les parents dans la mesure où ils permettent à travers une application pour smartphone la surveillance des informations en temps réel sur la fréquentation scolaire et les résultats scolaires. L’outil a été introduit dans 92 écoles secondaires et s’étend au reste des écoles secondaires et des écoles primaires. 2.3 SERVICES FINANCIERS NUMÉRIQUES Les autorités monétaires de la CEMAC cherchent à moderniser l’infrastructure régionale de paiement en s’appuyant sur la réglementation initiale des systèmes de paiement de 2003 (règlement n° 02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars 2003 relatif aux systèmes et instruments de paiement). La modernisation initiale des systèmes de paiement de 1999 visait à renforcer l’intermédiation financière, approfondir le secteur financier, améliorer le cadre de la politique monétaire et accélérer le processus d’intégration économique sous-régionale. Dans ce contexte, la BEAC a conçu un système de paiement régional selon les axes suivants : • Le système d’échange de transactions et de règlement des transactions d’importance systémique avec la mise en place d’un système de règlement brut en temps réel, connu sous le nom de Système de gros montants automatisé (SYGMA). • Le système d’échange et de règlement de masse avec la mise en place d’un système de paiement de masse net, dénommé Système de télé compensation en Afrique centrale (SYSTAC). • Le Système monétique interbancaire (SMI) au niveau régional une composante confiée à une structure externe, connue sous le nom de Groupement interbancaire monétaire d’Afrique centrale (GIMAC). • La mise en place d’un système de prévention et de centralisation des incidents de paiement (CIP). La Banque centrale a adopté un environnement favorable à la prestation de SFN. Au Gabon, comme dans les autres pays membres de la CEMAC, l’accès aux SFN est soutenu par un cadre réglementaire établi par la BEAC. La loi sur les systèmes de paiement et la réglementation sur la monnaie électronique visent à fournir les conditions dans lesquelles les entités non bancaires peuvent fournir des services financiers aux personnes non bancarisées ou sous-bancarisées. La CEMAC a adopté différents textes au niveau régional qui constituent la réglementation régissant la monnaie mobile. Ce dispositif réglementaire, dont le règlement n° 01/11/CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre 2011 constitue la base, couvre différents fournisseurs de monnaie électronique, notamment la téléphonie mobile, les paiements par Internet et les cartes prépayées. Les textes accordent aux établissements de crédit l’exclusivité de l’émission de la monnaie électronique. En d’autres termes, tout fournisseur de SFN doit s’associer à une banque pour fonctionner. La banque partenaire se porte garante pour couvrir la totalité de l’argent en circulation. Par exemple, la banque BGFI détient la licence Airtel money. Adultes disposant d’un compte financier. Près de 60 pour cent des adultes ont un compte dans une institution formelle, ce qui est le niveau le plus élevé de la région CEMAC (Figure 11). 23 Figure 11. Pourcentage d’adultes ayant accès à un compte d’opérations Source : Global Findex 2.4 ENTREPRENEURIAT NUMÉRIQUE Les startups numériques sont particulièrement actives dans les secteurs des services, tels que l’e- livraison et l’e-commerce. Dans l’industrie alimentaire, les restaurants adoptent l’e-livraison, une solution adaptée au mode de vie des jeunes professionnels âgés de 18 à 40 ans. Dans le commerce de détail, l’e- commerce se développe en raison du manque d’options hors ligne. L’offre limitée de commerces physiques à Libreville et le coût élevé de la vie font que les achats en ligne sont attractifs. Par conséquent, le secteur de la logistique est en plein essor pour aider l’e-commerce et les restaurants à honorer leurs commandes. Il permet également de surmonter le manque de confiance envers les services postaux locaux. Les services liés à Internet, tels que les agences de conception web et de marketing numérique, se développent rapidement pour aider les startups et les entreprises traditionnelles établies à adopter une approche numérique. Le centre Ogooué Lab propose des formations sur la création de site web et le marketing numérique. Les agences médias à Libreville14 proposent la création de sites web, le marketing web, la gestion de communautés, la création d’applications mobiles et l’optimisation des moteurs de recherche. Seynabou Dia, fondatrice de Global Mind Consulting, est impliquée dans le réseau Women In Africa et a été élue entrepreneure de l’année en 2018.15 SlenhTech est une agence de web marketing et de communication fondée par Laurain Essono Ngoua,16 qui a ensuite crée Tikkeo, une plateforme de promotion d’événements et d’e-billetterie qui a remporté le prestigieux Prix de l’excellence du Président de la République Gabonaise Catégorie CAN2017. Le paysage des services liés à l’Internet compte également des freelances tels que Jasmine Mabe, 17 conceptrice de sites web et de stratégies, responsable du groupe Facebook « Amazones du web », où elle aide plus de 400 femmes à prendre en main des outils numériques pour développer leur activité. L’utilisation croissante de la monnaie électronique offre des opportunités d’expansion pour les entreprises numériques. Bien que le Gabon ait l’un des taux de pénétration bancaire les plus élevés d’Afrique centrale, l’utilisation de la monnaie électronique (par exemple, Airtel Money et PayPal) s’est développée rapidement. Divers segments de la population utilisent ces technologies pour envoyer ou recevoir de l’argent ou pour payer des factures de services publics. 14 Voir https://www.sortlist.com/fr/marketing/ga bon-ga Voir http://globalmind-gabon.com/femme-entrepreneur-seul-dordre-oser/ . 16 Voir http://slenhtech-corp.com/ 17 Voir https://virtualcrew.fr/ 24 Les acteurs privés s’engagent davantage dans l’écosystème numérique. Par exemple, G-Lab est un incubateur privé qui propose des espaces à louer aux entrepreneurs et vise à promouvoir l’écosystème en organisant la Semaine internationale de l’entrepreneuriat numérique au Gabon.18 G-Lab prévoit de s’élargir en offrant des opportunités de formation, de réseautage et de financement aux entrepreneurs numériques. Entreprenarium Gabon est un autre accélérateur privé, branche de la Fondation Entreprenarium, 19 qui a mis en place plusieurs programmes de formation. Forerunner est le seul incubateur gabonais à avoir une portée panafricaine. Il propose des programmes d’accélération, de formation et de financement pour les jeunes et les femmes. Il est financé par des bailleurs privés et par les revenus générés par les activités de conseil et de gestion de projet. 2.5 COMPÉTENCES NUMÉRIQUES Le gouvernement a lancé le projet e-éducation en 2011, avec l’appui de l’ANINF, pour créer des salles de classe numériques dans quelques lycées de Libreville. Seize ont déjà été construites dans le cadre du projet e-éducation et 106 sont en cours de construction (dont 27 sont à un niveau très avancé). Avec cette nouvelle approche d’enseignement, le gouvernement vise à : (1) interconnecter les écoles avec les ministères de tutelle grâce à des applications développées et gérées par des prestataires privés ; (2) gérer numériquement les cours en classe et favoriser la création de contenus de formation locaux et interactifs ; et (3) intégrer l’utilisation de la culture numérique dès le secondaire. Cela permettrait aux apprenants d’acquérir des compétences numériques de base en adéquation avec les besoins du marché du travail. Une partie de l’initiative d’e-éducation du Gabon, le programme X-Gest, est axé sur l’amélioration de la qualité de la prestation des services d’éducation. X-Gest (1) permet la mise en place d’un système intégré d’information et de gestion de la vie scolaire ; (2) facilite la collaboration et la communication entre les écoles, les parents et les enseignants ; et (3) rationalise les procédures administratives, le suivi des dossiers et la création de tableaux de bord pour des informations en temps réel. Ce programme nécessite la formation de fonctionnaires à la gestion d’une base de données de 23 000 enseignants avec l’assistance technique de l’ANINF via le Centre de formation administrative (Cafimb). L’objectif est de répondre aux besoins de formation des fonctionnaires aux outils Microsoft Office. La plupart des écoles privées proposent des formations en commerce et en gestion avec des composantes numériques qui nécessitent un ordinateur pour y accéder. Les établissements privés font appel à des professionnels qui n’ont pas tous des qualifications académiques pour une grande partie de leur enseignement. Ils sont encouragés à donner des cours de manière pratique en utilisant des outils numériques modernes. Cela permet aux étudiants d’améliorer la qualité de leurs compétences numériques de base et l’intégration des usages numériques dans l’espace de travail, tels que l’envoi de courriels, la saisie de documents et l’automatisation des calculs. Cette démarche est en cohérence avec l’un des objectifs prioritaires du gouvernement gabonais, qui est de professionnaliser 70 pour cent des secteurs en améliorant la performance à l’emploi des diplômés de l’enseignement secondaire, de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) et de l’enseignement supérieur. Le Ministère des TIC et la Banque mondiale ont lancé des initiatives sur le marché du travail pour encourager et placer les compétences numériques sur le lieu de travail. Cette initiative comprend des master classes organisées par la SING et e-Gabon, et l’ouverture d’un centre de formation dédié aux TIC dans le quartier économique de Nkok grâce au Projet de développement des compétences et d’employabilité. 18 Voir http://glab.jobs-conseil.com/ 19 Voir www.entreprenarium.org/ 25 3. PRINCIPALES FAIBLESSES/OBSTACLES DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE Résumé des faiblesses et des obstacles de chaque pilier Les prix de détail de la téléphonie mobile ont stagné au cours des dernières années, tandis que les services hors offre des FAI érodent progressivement les revenus par utilisateur. La qualité du service fourni par les opérateurs mobiles n’est pas entièrement satisfaisante. Les niveaux de prix pour l’accès international restent élevés par rapport aux références internationales et ne sont pas compatibles MODÉRÉ Infrastructure avec l’adoption massive de l’Internet à haut débit dans le numérique pays. La capacité du Gabon à être compétitif à l’échelle mondiale et à bénéficier pleinement des technologies numériques souffre encore de l’absence de politiques et d’instruments réglementaires garantissant que chaque Gabonais est connecté. L’absence d’un cadre institutionnel clair est le principal problème pour une mise en œuvre réussie de la stratégie d’e-gouvernement. Le Gabon a besoin d’une loi fondamentale pour la numérisation de l’administration et des procédures en ligne des services publics pour soutenir la mise en œuvre de la stratégie d’e-gouvernement. L’environnement actuel de cybersécurité est dépourvu MODÉRÉ Plateformes d’une institution dotée du mandat juridique officiel pour numériques l’établissement de normes et la réglementation des mesures de prévention. Les institutions gouvernementales sont confrontées à de sérieux défis dans les opérations et les investissements actuels destinés à la maintenance et à la modernisation du système existant en raison du manque de ressources financières et humaines. L’absence d’une stratégie nationale et régionale d’inclusion $ financière, ainsi que l’absence d’autres réglementations et systèmes, limitent le développement des SFN au Gabon. Services MODÉRÉ L’interopérabilité des SFN est faible malgré la présence du financiers GIMAC. La faiblesse des infrastructures de crédit entrave numériques l’accès au financement. Le gouvernement dispose d’un éventail de programmes de formation, mais les besoins fondamentaux des entreprises en matière de compétences numériques restent encore à satisfaire. La communauté de l’entrepreneuriat numérique reste déconnectée, ne peut faire entendre son opinion et manque de représentation officielle. Alors que l’inclusion SUBSTANTIEL Entrepreneuriat financière a massivement bénéficié de l’émergence des numérique services bancaires mobile, l’accès au financement reste une contrainte majeure à l’entrepreneuriat. Les investissements ciblés dans les entreprises numériques sont encore rares. Les investisseurs nationaux n’ont pas la capacité de 26 comprendre et d’évaluer la solvabilité des entreprises numériques. Le manque de compétences fondamentales dans l’éducation de base et le manque de formation aux STIM compromettent l’adoption de la culture numérique par les apprenants issus de l’école. Il existe un décalage entre les compétences numériques produites par le système éducatif national et celles requises par le marché du travail actuel et futur. En l’absence d’un SIGE fiable, le gouvernement a des SUBSTANTIEL difficultés à déployer et à améliorer la disponibilité des Compétences outils de base pour l’intégration des programmes numériques numériques. Il n’existe actuellement aucun programme national dans les écoles pour développer les compétences en e-commerce ou l’utilisation avancée des technologies numériques, à l’exception des cours spécialisés dont l’accès reste faible. 3.1 INFRASTRUCTURE NUMÉRIQUE Les prix de détail de la téléphonie mobile ont stagné depuis cinq ans, tandis que les services hors offre des FAI érodent progressivement les revenus par utilisateur. Si l’on utilise une méthodologie de panier de prix par rapport au revenu de la population, les services de téléphonie mobile semblent abordables au Gabon par rapport à d’autres pays pairs, représentant environ 1 pour cent du revenu brut mensuel moyen par habitant au Gabon en 2017, contre 4 pour cent au Kenya et 2 pour cent au Nigeria. Or, selon l’ARCEP, les prix de détail de la téléphonie sont stables depuis 2015, ce qui tend à indiquer une intensité concurrentielle limitée sur ce segment de marché. Si les prix de l’Internet mobile apparaissent abordables, les personnes à faibles revenus restent exclues de ce service, du moins d’un usage « confortable ». Les services de haut débit mobile semblent relativement chers en termes absolus mais abordables par rapport au revenu national brut (RNB), représentant environ 2 pour cent du revenu brut mensuel moyen par habitant au Gabon en 2017, ce qui correspond plus au moins à ce que l’on observe en Afrique du Sud et est moins cher qu’au Nigeria (2,5 pour cent) ou au Kenya (4 pour cent). L’évolution du revenu moyen par utilisateur pour les services de haut débit mobile indique que la consommation n’est pas déterminée par le prix unitaire mais par les dépenses globales. D’autres baisses de prix semblent donc nécessaires pour augmenter l’utilisation par les utilisateurs existants et accroître la pénétration. 27 Figure 12. Prix du panier de téléphonie mobile de Figure 13. Prix du panier du haut débit mobile de quelques pays en pourcentage du RNB par quelques pays, basé sur un sur combiné prépayé habitant, 2017 (500 Mo) en pourcentage du RNB par habitant, 2017 Source : ITU Source : ITU. Selon les évaluations de l’ARCEP, la qualité du service fourni par les opérateurs mobiles n’est pas pleinement satisfaisante : une part importante des engagements techniques ne sont pas respectées par les acteurs du marché. Fait particulièrement préoccupant, la qualité de service semble se dégrader en lien avec la qualité de la téléphonie (couverture et qualité de la communication), en particulier dans les zones rurales. Suite à un audit réalisé au troisième trimestre de 2018, le régulateur a mentionné qu’il envisagerait d’imposer des sanctions aux deux opérateurs (après les avoir mis en demeure), s’ils ne parvenaient pas à améliorer ces indicateurs. Les sanctions pourraient inclure des sanctions financières, la suspension, la réduction de la durée, voire le retrait, de la licence ou de l’autorisation d’exploitation. Les niveaux de prix pour l’accès international restent élevés par rapport aux références internationales et ne sont pas compatibles avec l’adoption massive de l’Internet à haut débit dans le pays. Les références des prix de gros internationaux indiquent que les prix au Gabon restent élevés par rapport aux pays pairs. L’infrastructure numérique nationale était limitée jusqu’à récemment étant donné que la plupart de cette infrastructure reposait sur des liaisons hertziennes déployées par Gabon Télécom et Airtel Gabon et sur la liaison sous-marine entre Libreville et Port-Gentil. Aujourd’hui, Axione exploite la seule dorsale nationale significative en fibre optique, revendant de la capacité sur une dorsale sous-marine entre Libreville et Port-Gentil qui a été mise en place en même temps que l’arrivée du câble ACE. Alors que les prix de connexion ont diminué d’environ 40 pour cent entre 2015 et 2018, la plupart des opérateurs considèrent encore que les prix sont trop élevés et empêchent la poursuite du développement des services haut débit à Port-Gentil. Le partage d’infrastructure n’est mis en œuvre ni entre les opérateurs mobiles eux-mêmes ni entre les opérateurs mobiles et les acteurs d’autres secteurs, à l’exception de GVA et SEEEG. Le partage d’infrastructure fait référence au fait que les opérateurs de télécommunications partagent l’infrastructure de réseau d’un autre, ou au moins certains éléments de celle-ci, tels que les mâts sans fil ou les conduits de câbles. Cela représente une occasion manquée de réduire les coûts de déploiement et de maintenance. Seul GVA mutualise le déploiement de son réseau avec l’infrastructure électrique, partageant les mâts pour déployer sa fibre optique. Le réseau de fibre du gouvernement (Réseau de l’Administration Gabonaise - RAG) peut être sous-utilisé étant donné que l’utilisation par des opérateurs tiers n’est pas mise en œuvre. Le gouvernement a fait des efforts louables pour combler les lacunes en matière d’infrastructures en investissant dans le RAG qui relie les institutions publiques des neuf districts du pays. Ce réseau pourrait compléter les investissements 28 privés dans certains districts qui manquent de connectivité générale. Cependant, il n’existe actuellement aucune directive réglementaire pour l’accès des opérateurs privés à cette infrastructure. Le RAG est également géré par l’ANINF, qui est principalement une agence politique et de mise en œuvre et peut ne pas avoir la capacité de gérer une infrastructure aussi étendue. Malgré ces progrès, la capacité du Gabon à être compétitif à l’échelle mondiale et à bénéficier pleinement des technologies numériques souffre encore du manque de politiques et d’instruments réglementaires qui garantissent que chaque Gabonais est connecté au numérique. Les données relatives à l’accès et à la couverture confirment l’existence d’importants points noirs, notamment en dehors des grandes villes. Bien que le revenu par habitant du pays soit presque quatre fois supérieur à celui de la plupart des pays africains, près d’un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et ne pourra probablement pas atteindre l’objectif mondial d’accessibilité financière de 1 Go de données pour 2 pour cent du revenu mensuel national fixé par l’Alliance pour un Internet abordable. Plusieurs législations clés qui pourraient améliorer la compétitivité du secteur et aider le Gabon à réaliser pleinement son ambition de devenir un pôle sous-régional sont toujours en attente d’approbation par le gouvernement. Il s’agit notamment de quatre projets de loi sur les communications électroniques, les transactions électroniques, la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel. 3.2 PLATEFORMES NUMÉRIQUES Pour atteindre le niveau de numérisation requis par la stratégie d’e-gouvernement, plusieurs changements doivent être apportés, notamment une législation mise à jour pour clarifier les rôles et les responsabilités des acteurs gouvernementaux ; un cadre de confiance totale, comprenant des normes et des procédures pertinentes pour la délivrance et l’utilisation de certificats ; et davantage de ressources humaines et de capacités techniques pour permettre à l’infrastructure à clé publique (ICP) de fonctionner à grande échelle. L’ICP fournit un moyen sécurisé pour crypter et signer les messages numériques qui sous-tend toutes les économies numériques modernes. Elle est essentielle pour sécuriser les documents, tels que les cartes d’identité, ainsi que les communications, telles que les données à caractère personnel partagées. Pour établir la confiance dans l’ICP d’un pays, un cadre juridique et réglementaire clair est nécessaire pour clarifier les dispositifs institutionnels de gestion de l’ICP et définir les règles et procédures régissant la mise en œuvre des certificats numériques. Au Gabon, quelques premiers investissements dans l’ICP ont été réalisés et sont utilisés pour des cas spécifiques, tels que les passeports. L’absence d’un cadre institutionnel clair au sein du gouvernement est le principal problème pour la mise en œuvre de la stratégie d’e-gouvernement. Le ministère de l’Économie Numérique, des Communications, de la Culture et des Arts est le plus haut organe de réglementation des TIC, de l’e- gouvernement et de l’économie numérique. Sous l’égide du ministère, plusieurs agences et institutions sont responsables de divers aspects du secteur des TIC. Alors que les deux niveaux supérieurs sont principalement responsables de la gestion et de la supervision du cadre réglementaire global, une grande partie de la mise en œuvre de la stratégie numérique du Gabon est exécutée par des agences relevant de l’ARCEP et de l’ANINF. Étant donné que le développement de l’économie numérique est un programme clé de la stratégie de développement dans son ensemble, le leadership pour la mise en œuvre de la stratégie d’e-gouvernement et la collaboration au sein du gouvernement sont essentiels. Actuellement, il n’existe aucun mécanisme institutionnel formel pour superviser, diriger et coordonner la mise en œuvre de la stratégie. Le gouvernement est encouragé à déterminer exactement quels décideurs politiques devraient décider des investissements dans l’e-gouvernement qui sont conformes à la stratégie et aux objectifs de développement national et répercuter ces dispositifs institutionnels dans la législation pertinente. 29 Le Gabon a besoin de la loi fondamentale pour la numérisation de l’administration et des procédures en ligne pour les services publics en appui à la mise en œuvre de la stratégie d’e-gouvernement. La loi sur la protection des données à caractère personnel a été approuvée et promulguée en 2011 et a été suivie d’amendements en 2013 destinées à couvrir les questions liées aux nouvelles technologies telles que la biométrie. Cependant, le cadre réglementaire n’a pas été développé pour protéger les données à caractère personnel de manière adéquate. De plus, pour certains domaines d’activité, concernant pour la plupart les nouvelles technologies, les dispositions de gouvernance institutionnelle doivent encore être pleinement clarifiées par la loi. L’infrastructure nationale à clé publique, les accords en matière de cybersécurité et le système d’identification fondamental sont tous des catalyseurs essentiels de l’e- gouvernement et du secteur des TIC en général, qui nécessiteront une législation supplémentaire pour permettre qu’on y investisse. Le gouvernement doit coordonner et équilibrer sa transformation fondée sur les TIC avec d’autres moyens plus traditionnels de gouvernance et de prestation de services dans tous les ministères, départements et agences. De nombreux ministères disposent déjà de systèmes et de processus qui ne sont pas adaptés aux TIC ou qui ont été créés sur des plateformes qui ne sont peut-être pas compatibles avec l’architecture d’entreprise commune proposée. Au fil des ans, ces « systèmes hérités du passé » déploient des pratiques qui se sont ancrées dans la culture de la fonction publique ; cependant, ils pourraient ne plus servir la stratégie d’e-gouvernement du Gabon qui est tournée vers l’avenir. Bien qu’il soit dans l’intérêt général du gouvernement d’adopter une approche « globale » pour son développement de l’e-gouvernement, cette dichotomie doit être conciliée avec la nécessité de donner aux agences et aux ministères les moyens de définir leurs priorités en matière de services, de mettre en œuvre leurs transformations de services basées sur les TIC et d’intégrer les TIC dans leurs stratégies sectorielles. Ainsi, l’ANINF et l’Unité de l’économie numérique doivent travailler avec les ministères de tutelle pour mettre en place des services publics modernes et centrés sur le client qui couvrent l’ensemble des agences et des ministères. Des incitations et des cadres institutionnels spécifiques doivent être établis pour encourager la collaboration plutôt que la concurrence. Dans le contexte actuel de la cybersécurité, il manque une (ou plusieurs) institution (s) ayant le mandat juridique officiel d’établir des normes et réglementer les mesures de prévention prises par les utilisateurs de l’e-gouvernement ainsi que pour coordonner les activités de détection et de riposte aux menaces au niveau national. Une fois officiellement désignées, des investissements devraient être faits dans cette ou ces institutions pour s’assurer qu’elles sont effectivement en mesure de s’acquitter de leurs rôles réglementaires et opérationnels au niveau national. Le paysage de l’identification au Gabon comprend actuellement plusieurs systèmes d’identification indépendants en rapport à des fonctions spécifiques. Parmi ces systèmes d’identification fonctionnels, les deux qui ont la plus grande couverture sont le registre social (CNAM-GS) et la liste électorale (IBOGA), qui contiennent respectivement environ 1 million et 700 000 enregistrements. Les principales faiblesses du paysage actuel de l’identification tiennent de l’absence d’un identifiant unique commun à toutes les bases de données, une couverture incomplète de la population, la duplication des investissements sur plusieurs systèmes, l’absence de mécanismes d’échange de données sécurisés entre les systèmes d’identification et les utilisateurs habilités, et dans le cas de la CNAM-GS, la faiblesse des systèmes en place pour se protéger contre les doublons.20 La Direction Générale des Impôts gère deux systèmes d’administration fiscale : (1) LIIR, le système dorsal d’administration fiscale, et (2) e-T@x, le système de déclaration fiscale pour les contribuables 20 Alors que la liste électorale comprend un système biométrique automatisé pour détecter les doublons (ABIS), la CNAM-GS n’a pas mis en place un tel système. Ainsi, il est probable que la base de données CNAM-GS contienne des doublons 30 qui sont enregistrés avec un numéro d’enregistrement fiscal. Le LIIR couvre les fonctionnalités d’enregistrement des contribuables, les déclarations, les remboursements, la gestion des arriérés d’impôts et le paiement des impôts. Cependant, le système semble présenter quelques défauts : les statistiques et les rapports ne peuvent pas être produits automatiquement et ne disposent pas de fonctions clés, telles qu’un module d’évaluation des risques ou un lien avec des agences tierces autres que le département du Trésor pour confirmer les paiements. La technologie utilisée est déjà obsolète. Le projet e-T@x a été lancé en 2011 avec la loi autorisant la déclaration fiscale en ligne et a démarré en 2013. Actuellement, environ 50 pour cent des grandes entreprises et 20 pour cent des petites et moyennes entreprises déclarent leurs impôts par le biais de eT@x en ligne. La DGI et la DGDDI font face à de sérieux défis dans les opérations et les investissements actuels destinés à la maintenance et à la modernisation du système existant en raison du manque de ressources financières et humaines. L’interface entre le système central et les systèmes au niveau régional, ni entre la DGI et la DGDDI, n’est pas assurée. La volonté politique et le leadership sont essentiels pour développer la vision stratégique de la réforme avec une approche intégrée, mettre en œuvre le projet qui nécessite des changements majeurs dans le flux de travail et la relation avec les contribuables, et apporter les ressources financières et humaines nécessaires. Malgré les efforts déployés pour son développement, il est possible d’améliorer l’efficacité et la transparence de VECTIS pour une bonne gestion des finances publiques (GFP). VECTIS a été conçu à l’origine pour couvrir l’ensemble du processus d’exécution budgétaire depuis l’engagement jusqu’au paiement aux niveaux central et régional ainsi que la phase de préparation du budget. Cependant, il n’est opérationnel qu’au niveau central en raison de contraintes budgétaires et du manque de réseau au niveau régional. De plus, les capacités internes de gestion de VECTIS sont faibles. Le manque de capacités internes augmente les risques opérationnels et conduit à des dysfonctionnements du système. 3.3 SERVICES FINANCIERS NUMÉRIQUES L’absence d’une stratégie nationale et régionale d’inclusion financière limite le développement des SFN au Gabon. Contrairement à plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, le Gabon ne dispose pas d’une stratégie nationale d’inclusion financière malgré les progrès récents en matière d’inclusion financière, notamment avec l’introduction du service de monnaie mobile par les opérateurs mobiles. L’existence d’une stratégie ou d’une feuille de route claire en matière d’inclusion financière peut aider à définir les domaines prioritaires à aborder sur la base d’un diagnostic préliminaire de l’accès au financement. L’absence d’autres réglementations et systèmes ont également un impact sur le développement des SFN : • Les startups fintech souffrent de l’absence d’une catégorie juridique claire. La nouvelle loi sur les services de paiement et la loi bancaire actuelle ne prennent pas les fintechs en compte en tant que catégorie spécifique de prestataires. • L’interopérabilité obligatoire est considérée comme une faiblesse du cadre réglementaire. Cette loi pourrait perturber le marché des SFN dans la mesure où elle oblige tous les prestataires de services de paiement à acheminer leurs transactions vers le commutateur régional et à garantir que toutes leurs transactions sont interopérables avec l’infrastructure de paiement existante. • L’émission de monnaie électronique est réservée aux banques. En conséquence, les opérateurs de télécommunications doivent offrir des services financiers uniquement en association avec une banque. En outre, le régulateur a récemment interdit aux opérateurs de télécommunications de proposer des services de transfert de fonds vers des pays extérieurs à la région CEMAC. Toutes ces restrictions limitent la croissance et l’expansion des services de monnaie électronique. • Aucune loi claire ne régit l’activité des agents bancaires. La prestation de services dans les zones rurales est entravée par la réglementation et les limites techniques de la disponibilité des 31 Opérateurs de réseau mobile (ORM). Des limites techniques de la disponibilité des services des ORM dans les zones rurales ont été signalées, entraînant la persistance de la préférence pour les prestataires de services au comptoir et les coopératives de crédit. • Les exigences en matière de connaissance du client (Know Your Customer) sont défavorables. Il n’existe aucune disposition relative à la connaissance du client pour les comptes de faible valeur. La réglementation anti-blanchiment d’argent exige la présentation d’une pièce d’identité à l’ouverture d’un compte. Cependant, 33 pour cent de la population ne possède aucune forme de pièce d’identité et ne peut accéder aux services financiers formels. • Le niveau de numérisation des paiements gouvernementaux est faible. Le Gabon fait mieux que la moyenne avec 10,3 pour cent des adultes recevant des paiements gouvernementaux, mais ce chiffre pourrait être amélioré compte tenu du potentiel que représentent les fonctionnaires, les étudiants et les retraités. La transformation numérique de l’administration gabonaise permettra de réduire considérablement les coûts de fonctionnement et limitera les possibilités de fraude et de corruption. Ces enjeux sont cruciaux au Gabon où les charges salariales augmentent de près de 15 pour cent par an depuis 2011, et dans un contexte de méfiance à l’égard des agents publics. • Le cadre de protection des consommateurs financiers en rapport aux SFN ne comporte pas de directives visant à protéger les fonds des clients. La monnaie électronique est réglementée par la directive Monnaie Electronique de 2011, mais cette directive n’exige pas que les fonds des clients soient protégés sur au moins un compte séquestre. De plus, elle est muette sur les différentes utilisations possibles des fonds des clients, ce qui les expose à des investissements risqués. En outre, le règlement n’est pas clair sur les paiements d’intérêts et le partage des intérêts, et il ne mentionne non plus le remboursement, la prise en charge des réclamations et la publication des frais. En plus de créer une confiance en ligne, une protection globale des consommateurs (au-delà des aspects financiers) est nécessaire Malgré la présence du GIMAC, l’interopérabilité des SFN est faible. Le GIMAC compte 56 membres, dont 52 banques et 4 IMF à travers les 6 pays de la CEMAC. Il a été créé pour assurer l’interopérabilité et l’interbancarité dans le secteur financier. Les différents points de paiement ne sont interopérables qu’à travers le réseau de paiement par carte, que les transactions soient traitées via le label régional (GIMAC) ou international (Visa et MasterCard). La BEAC a pris des mesures pour établir une interopérabilité complète par le biais de la plateforme GIMAC. Elle vise également à améliorer l’interopérabilité mobile au sein de la région et au-delà des frontières. Il existe un vaste marché inexploité pour une interopérabilité totale des paiements numériques. La faiblesse des infrastructures de crédit entrave l’accès au financement. Le crédit intérieur au secteur privé est faible à 15 pour cent du PIB en République centrafricaine et au Cameroun, à 14 pour cent au Gabon, à 11 pour cent en République démocratique du Congo et à 6 pour cent au Tchad. Selon les enquêtes auprès des entreprises, l’accès au financement est considéré comme une contrainte majeure par les entreprises opérant dans la région. La valeur des garanties nécessaires pour obtenir un prêt est très élevée. Par exemple, elle représente 256 pour cent du montant du prêt au Cameroun et 233 pour cent en République centrafricaine. Cette situation est le résultat de multiples facteurs, notamment l’asymétrie de l’information et la faiblesse des cadres de garantie et d’insolvabilité. La majorité des particuliers et des entreprises de la région n’ont pas d’historique de crédit. Selon les données de Doing Business, aucun des pays de la région ne dispose d’un bureau de crédit privé opérationnel. La couverture du Registre public du crédit régional reste faible. En outre, les cadres de garantie sont sous-développés et aucun pays membre de la CEMAC ne dispose d’un registre de garantie des titres. Les cadres d’insolvabilité sont inefficaces en raison de la faible capacité du système judiciaire. 32 3.4 ENTREPRENEURIAT NUMÉRIQUE La communauté de l’entrepreneuriat numérique reste déconnectée, ne peut faire entendre son opinion et manque de représentation formelle. Des communautés de données ouvertes émergent via la communauté Open Street Map, et de nombreuses manifestations sont régulièrement organisées, tels que les cafés numériques, les jeudis numériques, les rencontres numériques, et les rencontres Lbv Dev. Cependant, il reste à développer une fédération bien structurée d’entreprises technologiques. Alors que l’inclusion financière a massivement bénéficié de l’émergence de la banque mobile, l’accès au financement reste une contrainte majeure à l’entrepreneuriat. Le problème central réside dans le marché intérieur des capitaux et du crédit, les particuliers et les PME étant incapables d’obtenir des financements pour leur activité économique. Le crédit intérieur accordé au secteur privé a atteint 10,4 pour cent du PIB en 2017, contre 13,6 pour cent du PIB en 2016.21 Il est bien inférieur aux niveaux de l’Afrique subsaharienne, où le crédit au secteur privé représente 45,4 pour cent du PIB en 2016, alors qu’il atteint 130,1 pour cent du PIB pour les pays à revenu intermédiaire supérieur en 2017. Les PME sont confrontées à un accès au financement plus faible que dans les pays homologues du Gabon, les banques accordant la priorité au crédit aux grandes entreprises plus sûres. Les banques citent l’absence d’un système de déclaration de crédit et le manque d’informations et de garanties sur les entreprises comme des raisons sous-jacentes à la faible offre de crédit et aux taux de prêt élevés. La plupart des PME ont des difficultés à obtenir des crédits compte tenu du rôle limité des IMF et des banques qui disposent de liquidités à court terme qu’elles ne peuvent pas utiliser pour des crédits à long terme. Les investissements ciblés dans les entreprises numériques sont encore rares. Aucun fonds d’investissement ou investisseur providentiel n’est officiellement enregistré au Gabon, et les institutions financières restent extrêmement prudentes lorsqu’il s’agit de financer des projets numériques, surtout à leurs premiers stades. Pour financer leur projet, la plupart des entrepreneurs comptent sur leurs fonds propres, leur famille, leurs amis et les subventions accordées lors de concours internationaux. Un petit nombre d’entreprises gabonaises ont atteint un stade de croissance qui leur permettrait d’accéder à des prêts commerciaux ou à des fonds propres. Deloitte notait dans un rapport de 2018 22 qu’une génération d’entrepreneurs gabonais envisageait de partir à l’étranger ou était déjà partie pour développer ses projets. Les investisseurs locaux n’ont pas la capacité de comprendre et d’évaluer la solvabilité des entreprises numériques. Des consultations avec des entrepreneurs numériques ont indiqué que les rejets de demandes de financement proviennent de la mauvaise compréhension des entreprises numériques par les institutions financières qui sont habituées aux grandes entreprises clientes. Le gouvernement a obtenu des résultats mitigés en ce qui concerne les initiatives en rapport aux entrepreneurs. Par exemple, le gouvernement et Samsung se sont engagés à construire plus de 2 000 villes numériques dans tout le pays. Le premier pilote a été mené entre 2014 et 2018 pour révolutionner les services de santé et d’éducation en milieu rural via la télémédecine et les écoles numériques. Des villages numériques de Samsung ont également été installés en République démocratique du Congo, au Ghana, au Nigeria, en Tanzanie, en Afrique du Sud et au Soudan. Un village numérique Samsung comprend un générateur d’énergie solaire, une école Internet à énergie solaire, un centre de santé, un centre de télémédecine et un centre administratif. De plus, les opérateurs télécoms Airtel et Gabon Telecom assurent la connectivité. Les consultations avec les parties prenantes révèlent que le premier projet pilote 21 Indicateurs du développement dans le monde 2018. La dernière année disponible est 2017, sauf pour l’Afrique subsaharienne pour laquelle il s’agit de 2016. Ce chiffre comprend les crédits fournis par tout type d’établissement financier, y compris, mais sans s’y limiter, les banques. 22 Rapport sur l’incubateur numérique de Libreville, Fiche 2 - Analyse de l’écosystème du numérique, NUMA & Deloitte, Février 2017 33 était un projet fictif et a été annulé en raison d’un manque de financement et de coordination avec le secteur privé national. D’autres initiatives gouvernementales ont porté sur les incubateurs. 3.5 COMPÉTENCES NUMÉRIQUES La mauvaise performance en matière d’éducation limite l’expansion des compétences numériques. Le nombre limité d’enfants fréquentant le préscolaire, le nombre élevé de redoublements tout au long des cycles, les taux élevés d’abandon scolaire, le sureffectif dans les salles de classe et la forte insécurité ne constituent pas un environnement favorable à un apprentissage de qualité. Les compétences fondamentales telles que la littératie et la numératie et les compétences socio-émotionnelles sont des conditions préalables essentielles à l’acquisition des compétences numériques, même les plus rudimentaires. Par conséquent, de nombreux jeunes gabonais ne peuvent pas profiter pleinement de l’économie numérique. Le manque de compétences fondamentales dans l’éducation de base et l’absence de formation STIM compromettent l’adoption de la culture numérique par les apprenants issus de l’école. L’absence de formation STIM est due à une pénurie de professeurs de mathématiques dans l’enseignement secondaire. Le ratio moyen élèves-enseignant dans l’enseignement primaire est supérieur à 60 :1, ce qui indique une pénurie générale d’enseignants dans les écoles publiques et privées. Cette situation ne favorise pas l’adoption de la culture numérique chez les apprenants à l’école. Le manque de supports et de contenu d’enseignement approprié a été reconnu comme un obstacle à l’utilisation des outils TIC et à la formation aux compétences numériques de base envisagée dans le nouveau cadre des programmes scolaires. Là encore, si les apprenants et les éducateurs ne disposent pas des outils et du matériel nécessaires, la qualité et la réussite de la formation aux compétences numériques peuvent être compromis. En raison de la faible disponibilité d’Internet dans l’administration, dans les écoles publiques ou dans les centres de formation, les connexions ne sont disponibles que dans certains bâtiments centraux. Certains agents financent leur propre accès à Internet en achetant des clés de données auprès des opérateurs ; la plupart n’y ont pas accès. Il existe un décalage entre les compétences numériques produites par le système éducatif national et celles requises par le marché du travail actuel et futur. Cet écart est principalement dû à un manque d’informations sur l’offre et la demande de compétences numériques ainsi que sur les besoins en compétences, pour chaque domaine de compétence et niveau de compétences numériques. L’inadéquation entre l’offre et la demande a entraîné une augmentation des programmes de formation, qui n’ont pas été bien coordonnés. La formation publique aux compétences numériques de base est principalement soutenue par l’ANINF, le ministère de l’Éducation nationale et l’Office national de l’emploi. Ils ont lancé une série de programmes de formation d’initiation à l’utilisation de base de la technologie numérique pour les jeunes. En l’absence d’un SIGE fiable, le gouvernement éprouve des difficultés à déployer et à améliorer la disponibilité des outils de base pour l’intégration des programmes d’études numériques. Le manque de données statistiques constitue une contrainte importante à la gestion efficace du système éducatif du pays. En l’absence d’un SIGE fiable, d’outils adéquats pour mesurer et suivre les résultats de l’apprentissage et du marché du travail, et de mécanismes efficaces pour partager les informations avec les écoles, les autorités éducatives ne sont pas en mesure de suivre les progrès et de prendre des décisions éclairées sur les réformes politiques. L’absence d’un SIGE coordonné est un obstacle majeur à l’intégration effective des projets numériques dans le système éducatif gabonais. Le SIGE, ainsi que les cartes scolaires, pourraient fournir une vision plus complète des besoins du secteur de l’éducation. Les deux sont 34 nécessaires pour soutenir les données nécessaires à la prise de décision et cibler les populations qui pourraient bénéficier d’une formation aux compétences numériques de base. Il n’existe actuellement aucun programme national dans les écoles pour développer les compétences en matière d’e-commerce ou l’utilisation avancée du numérique, à l’exception des cours spécialisés dont l’accès reste limité. Cinquante-trois jeunes ont reçu une formation en développement d’applications web et mobiles (40 pour cent) et en tant qu’assistants de soutien informatique (25 pour cent). Il s’agit d’une formation accélérée certifiante organisée par le Ministère de la Formation Professionnelle d’une durée de quatre mois, accessible sur smartphones et tablettes. La faible disponibilité des disciplines STIM, y compris l’informatique, continuera à limiter la disponibilité d’une main-d’œuvre numérique qualifiée, en particulier une main-d’œuvre dotée de compétences numériques avancées. Étant donné que la formation de ses jeunes aux STIM est dans l’intérêt du Gabon, il apparaît que le pays est mal préparé au futur monde du travail induit par la quatrième révolution industrielle. De ce fait, les jeunes gabonais en âge de travailler et qui ont obtenu leur diplôme risquent d’être lésés par la transformation numérique du pays. Le gouvernement dispose d’un éventail de programmes de formation, mais il reste encore à satisfaire les besoins fondamentaux des entreprises en termes de compétences numériques et les initiatives visant à fournir une formation aux compétences numériques pour les femmes sont fragmentées. Il existe une inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Les personnes possédant certaines compétences numériques, telles que les développeurs de logiciels expérimentés, ne sont pas disponibles au Gabon. Une majorité de programmes existants ciblent les besoins des entreprises existantes et non les besoins des startups numériques. Malgré les orientations positives, selon l’Indice d’inclusion numérique 2020 (IIN), « le gouvernement n’a pas de stratégie active pour promouvoir l’accès à Internet et l’e-inclusion des femmes, et il existe un écart de plus de 10 pour cent entre les sexes en matière d’accès à Internet (…) Le gouvernement du Gabon n’a pas de plan d’action pour fournir une formation aux compétences numériques pour les femmes ». Les initiatives visant à fournir une formation aux compétences numériques pour les femmes sont fragmentées et ne sont pas dirigées par le gouvernement. En 2018, le groupe « Femmes Connectées Gabon » et l’Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences (ANINF) ont organisé une campagne de sensibilisation sur les dangers de l’utilisation d’Internet et la cybersécurité. Cette campagne visait à sensibiliser une centaine de jeunes femmes à l’utilisation de l’Internet tout en les sensibilisant sur ses risques. (…) Le gouvernement du Gabon n’a pas de politique qui encourage les femmes et les filles à étudier les STIM. (…) Les filles sont sous-représentées dans les matières STIM et il n’existe aucune preuve de l’existence de politiques gouvernementales visant à y remédier. 35 4. PRINCIPALES OPPORTUNITÉS DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE 4Résumé des opportunités sous chaque pilier Le Gabon exploitera bientôt trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et la Guinée équatoriale, ce qui facilitera des échanges de trafic entre ces pays et permettra au Gabon de revendre de la capacité internationale à ses voisins. L’augmentation du trafic donnerait l’opportunité au point d’échange Internet (IXP) du Gabon de parvenir à un point où il dispose d’un potentiel inexploité. Les autorités sont en train d’affiner un projet d’investissement dans un centre de données national moderne pour FORTE Infrastructure appuyer le développement des services numériques et tirer parti numérique des opportunités mutualisées. La couverture de la population par l’infrastructure mobile est assez étendue au Gabon, mais un FASU pourrait accroître davantage la pénétration de la téléphonie mobile en milieu rural. Le Gabon réexamine actuellement ses propres normes et protocoles afin de s’assurer que les normes internationales en matière de télécommunications et d’informatique sont compatibles avec les évolutions ultérieures progrès et permettent de tirer parti des technologies les plus récentes. La stratégie du gouvernement vise à créer un système d’identification fondamental et à attribuer un FORTE identifiant unique à chaque citoyen et résident du Gabon. Parmi les Plateformes systèmes de base, les plus importants portent sur l’amélioration de numériques la gestion des finances publiques à tous les niveaux du gouvernement et la numérisation de l’administration publique, notamment pour un système de gestion foncière et des mécanismes de mobilisation des citoyens. Le gouvernement gabonais s’est engagé dans la mise en œuvre $ d’une plateforme nationale d’interopérabilité des paiements avec l’appui du commutateur régional (GIMAC). S’appuyant sur l’usage de Services FAIBLE la monnaie mobile lancé en 2012 en partenariat avec BGFIBank, le financiers service Airtel money représente aujourd’hui l’une des solutions les numériques plus attractives pour le paiement des factures. La stratégie du gouvernement encourage l’adoption d’une série de politiques visant à promouvoir et à soutenir aussi bien les entrepreneurs numériques nationaux que les investisseurs étrangers. Des incubateurs numériques actifs, fondés sur la MOYENNE collaboration entre les acteurs nationaux et internationaux, Entrepreneuriat pourraient servir de fer de lance de la croissance des startups numérique numériques. Divers acteurs investissent dans l’écosystème numérique local, notamment les incubateurs numériques et les 36 programmes de formation pour les jeunes, ce qui pourrait accélérer le développement des compétences numériques. Le gouvernement élabore actuellement plusieurs législations de base qui pourraient rehausser la compétitivité du secteur et aider le Gabon à réaliser pleinement son ambition de devenir un pôle sous-régional. Trois établissements publics d’enseignement supérieur se sont orientés vers la formation avancée en compétences numériques. Annuellement, le Gabon peut former environ 500 diplômés spécialisés en informatique. La plupart des établissements privés proposent des formations en commerce et en gestion assorties de modules numériques. L’écosystème entrepreneurial gabonais joue un rôle déterminant dans la promotion des compétences en matière FORTE de commerce électronique grâce à un réseau de centres Compétences technologiques et d’incubateurs ; il favorise les échanges avec les numériques meilleures expertises commerciales et numériques à travers des formations informelles autour de différentes manifestations numériques. Le secteur privé de l’économie s’attaque à l’inadéquation des compétences par le biais de divers programmes. 4.1 INFRASTRUCTURE NUMÉRIQUE Le Gabon exploitera bientôt trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et la Guinée équatoriale, qui faciliteront des échanges de trafic entre ces pays et permettront au Gabon de revendre de la capacité internationale à ces voisins. Ces interconnexions supplémentaires accroîtront le nombre de clients potentiels pour l’accès international (c’est-à-dire les opérateurs nationaux de ces trois pays). En particulier, si Axione revend de la capacité à l’international, l’effet de volume permettra à l’opérateur de réduire ses tarifs. Les tarifs étant appliqués de manière non discriminatoire, tous les opérateurs du Gabon bénéficieraient donc de ces réductions. En mai 2019, l’interconnexion physique avec le Congo est opérationnelle mais non encore commercialisée, en attendant l’approbation des régulateurs nationaux des deux pays. Les interconnexions physiques avec le Cameroun et la Guinée équatoriale devraient être opérationnelles en septembre 2020, et des protocoles d’accord entre ces pays devront être signés pour définir les règles d’interconnexion. Un IXP est opérationnel au Gabon, assurant l’échange d’un trafic volumineux mais dont le potentiel reste inexploité. Un IXP est une infrastructure physique par laquelle les FAI et les réseaux de diffusion de contenu échangent le trafic internet national entre leurs réseaux. L’IXP gabonais, appelé GabIXP, a été inauguré en décembre 2014 et a été sélectionné par l’Union africaine en juillet 2015 pour devenir le premier des deux IXP régionaux pour l’Afrique centrale. GabIXP est géré par une association regroupant les principaux acteurs sectoriels et compte plusieurs membres connectés. Actuellement, le trafic échangé au niveau de l’IXP est relativement faible au regard de la région. Les autorités affinent un projet d’investissement dans un centre de données national moderne pour soutenir le développement des services numériques et exploiter les opportunités de mutualisation. Aujourd’hui, les grandes entités de l’espace numérique et autres exploitent chacune leur propre centre de données pour leurs besoins : Gabon Télécom, Airtel Gabon, ANINF, des entreprises telles que la BICIG et la SEEG, etc. Un tel investissement sous la forme d’un partenariat public-privé serait appréciable en termes de rentabilité et d’expertise technique et servirait de tremplin pour le développement des services d’e-gouvernement et de l’économie numérique en général. 37 La couverture de la population par les infrastructures mobiles est assez étendue au Gabon (environ 89 pour cent de la population couverte par la téléphonie mobile et 68 pour cent par le haut débit mobile en 2018),23 mais de vastes zones géographiques restent totalement non couvertes (environ 25 pour cent du pays étaient couverts par la téléphonie mobile et moins de 20 pour cent par le haut débit mobile en 2018). Cette couverture somme toute satisfaisante est facilitée par la forte urbanisation de la population, mais la couverture géographique reste très partielle. De vastes zones rurales restent totalement non couvertes. La couverture de la population en haut débit mobile 3G et 4G accuse un retard, avec environ 68 pour cent de la population couverte en 2018, et une couverture géographique estimée à moins de 20 pour cent. Conscient de ces lacunes en matière de couverture et de l’absence de justification économique pouvant inciter les opérateurs privés à investir dans les zones reculées et peu peuplées, le régulateur a commencé à mettre en œuvre des projets dans le cadre du FASU. 4.2 PLATEFORMES NUMÉRIQUES Le Gabon révise actuellement ses normes et protocoles afin de s’assurer que les normes internationales en matière de télécommunications et d’informatique sont compatibles avec les évolutions ultérieures et permettent de tirer parti des technologies les plus récentes. A cet effet, il est nécessaire d’adopter une approche neutre avancée en termes de technologie et de fournisseur, privilégiant les normes ouvertes, la concurrence fondée sur le marché et l’innovation et garantissant au Gabon la possibilité de profiter de protocoles et de procédures sécurisés éprouvés pour le développement numérique. La base juridique de cette révision a été établie et vise à assurer que : (1) tous les processus doivent être ajustés et normalisés avant la conversion au format numérique et (2) l’accès aux réseaux, données, applications et autres interfaces numériques doit s’effectuer dans le respect d’un système sécurisé. Dans le cadre de la composante e-santé du projet eGabon, des travaux ont été engagés sur le cadre juridique et réglementaire préalable à la mise en place d’un système national de santé numérique et sur les normes requises pour faciliter l’interopérabilité du système. La stratégie du gouvernement vise à créer un système d’identification fondamental et à attribuer un identifiant unique à chaque citoyen et résident du Gabon. Ce système s’appuierait au départ sur des données existantes issues de la migration de bases de données d’identification fonctionnelles, telles que les registres électoraux et sociaux, et nécessiterait des efforts d’enregistrement supplémentaires afin de couvrir l’ensemble de la population admissible. Le système combiné serait accessible aux citoyens et aux étrangers et leur attribuerait un numéro d’identification personnel (NIP) qui ne pourrait être changé et resterait valable pour toute leur vie. L’unicité de chaque enregistrement serait garantie par la déduplication grâce à un système automatisé de correspondance biométrique intégré au système d’identification fondamental. L’interopérabilité avec les systèmes d’identification fonctionnels et les fournisseurs de services permettrait de garantir l’unicité de ces banques de données en exploitant le système d’identification fondamental. Cette interopérabilité devrait également faciliter l’authentification numérique de l’identité et le partage sécurisé des données, deux éléments qui augmenteraient l’efficacité de la prestation de services. Au fil du temps, la base de données des NIP interagirait avec la base de données numérisée de l’état civil, afin que chaque NIP soit rattaché à un acte de naissance. Les liens avec le système d’enregistrement des actes d’état civil constitueraient également un élément essentiel pour garantir à la population un accès adéquat aux points d’enregistrement où elle pourrait obtenir un NIP et pour garantir l’émission d’un NIP à la naissance. Les améliorations de la GFP à tous les niveaux du gouvernement et la numérisation de l’administration publique sont les mesures les plus importantes en rapport aux systèmes dorsaux. Dans le cadre de la modernisation du cadre de la GFP, le Gabon a introduit l’approche de la budgétisation par programme en 23 GSMA. 38 2010 et celle-ci est entrée en vigueur en 2015 avec l’intégration des directives sur la GFP de la CEMAC dans la nouvelle loi sur la GFP. La mise en œuvre de la réforme nécessitait un SIGIF solide pour tenir compte des changements organisationnels et managériaux cruciaux qui ont entrainé l’introduction de nouveaux acteurs de la gestion budgétaire et la fusion des départements du budget, du contrôle financier et des marchés publics au sein de la Direction générale du budget et des finances publiques. L’importance de se doter d’un système de gestion foncière ne peut être sous-estimée : tant que l’on ignore le propriétaire d’un terrain ainsi que sa localisation, il n’est pas possible de gérer efficacement les terres ni de planifier le développement urbain. En outre, les litiges fonciers exercent une pression excessive sur les systèmes judiciaires déjà surchargés. Les informations foncières devraient être disponibles grâce à l’établissement d’un cadastre relié à un registre foncier (conservation foncière). Ces deux dispositifs constituent une infrastructure de développement durable, correspondant à la base des trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental. Il existe quelques mécanismes informels de feedback des citoyens, mais c’est ce domaine qui requiert le plus de reformes. Les services électroniques existants ne disposent pas tous de mécanismes de feedback et de recours en cas de réclamation, ou lorsqu’ils existent, ils sont pour la plupart dysfonctionnels. Le gouvernement doit encore développer une approche centrée sur le citoyen de manière cohérente et coordonnée pour offrir des services plus rapides, conviviaux et efficaces aux utilisateurs, solliciter un feedback des citoyens et leur fournir des informations, lesquelles formeront la base d’un dispositif de données ouvertes. 4.3 SERVICES FINANCIERS NUMÉRIQUES Le gouvernement gabonais s’est engagé dans la mise en place d’une plateforme nationale d’interopérabilité des paiements avec l’appui du commutateur régional (GIMAC). Le GIMAC a été créé pour assurer l’interopérabilité et les transactions interbancaires dans le secteur financier. L’objectif visé consiste à faciliter l’interopérabilité des transactions entre tout dispositif numérique (portefeuilles mobiles, comptes en ligne, cartes bancaires et prépayées, etc.) Il se propose également de renforcer l’interopérabilité de mobile à mobile dans la région et hors des frontières. Lancé en 2012 en partenariat avec BGFIBank, le service Airtel money se présente aujourd’hui comme l’une des solutions les plus attractives pour le paiement des factures. Selon une étude effectuée par le service économique français en Afrique centrale, Airtel money a réalisé des ventes d’unités d’électricité prépayées de près de 2 milliards XAF par mois en 2016, soit 24 milliards XAF pour l’exercice 2016. Airtel a réalisé cette performance exceptionnelle grâce à son réseau de 800 000 abonnés et 900 partenaires répartis sur l’ensemble du territoire national, ce qui le classe aujourd’hui comme le leader des opérateurs de finance mobile au Gabon. Les abonnés peuvent effectuer des transactions par téléphone grâce à des services tels que le transfert d’argent, les paiements, le retrait d’argent, les services bancaires, la consultation des comptes et factures et l’achat de crédits divers. Pour plusieurs entreprises, notamment le secteur bancaire, les possibilités offertes par Airtel money a permis de densifier leur activité tout en fluidifiant les flux dans les agences. C’est notamment le cas d’Eco Bank, où Airtel money a instauré des services de vérification de solde, de transactions et de transferts d’argent du compte Eco Bank vers leur compte Airtel money. Chez BGFIbank, les abonnés peuvent désormais effectuer des retraits sans carte dans tous les distributeurs BGFI, ou des paiements sans contact, grâce à la technologie de communication en champ proche (NFC). Le succès de ses nouveaux services financiers mobiles a naturellement inspiré son principal concurrent Gabon Telecom/Moov, qui a récemment introduit une application similaire à travers Mobicash et Flooz. 39 Figure 1 Utilisateurs actifs dans quelques pays de Figure 2 Volume des transactions d’argent la CEMAC mobile dans quelques pays de la CEMAC Source : BEAC. Source : BEAC. 4.4 ENTREPRENEURIAT NUMÉRIQUE L’entrepreneuriat numérique peut fortement contribuer à la croissance du PIB et à la création d’emplois grâce aux investissements publics dans les infrastructures TIC et au soutien à l ’économie numérique. Les entrepreneurs numériques regroupent (1) les nouvelles entreprises (startups numériques) et les entreprises bien établies (scale-ups numériques) qui placent les technologies numériques au cœur de leur modèle d’entreprise, c’est-à-dire qu’elles développent et/ou transforment la technologie numérique pour proposer des produits et/ou des services nouveaux et/ou améliorés à leurs clients ; et (2) les entreprises s’appuyant sur le numérique qui recourent aux technologies numériques (par exemple, les solutions sociales, mobiles, analytiques et en nuage) pour développer les opérations commerciales, affiner la veille économique et interagir avec les clients et les parties prenantes à travers de nouveaux canaux (numériques) (par exemple, les industries de la création telles que la musique, les médias et la production vidéo). La stratégie du gouvernement prévoit l’adoption d’une série de dispositions visant à promouvoir et à soutenir tant les entrepreneurs numériques nationaux que les investisseurs étrangers . Sous le pilier entrepreneuriat du PSGE, des recommandations sont formulées pour (1) améliorer l’environnement des affaires et éliminer les contraintes liées à l’entrepreneuriat, ce qui inclut des réformes significatives des législations sur les affaires et les investissements ; (2) promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en développant des programmes d’incubation et d’éducation ; et (3) développer les opportunités commerciales en rapport aux marchés publics pour les PME et les startups. Plus précisément, le programme d’action 130 se fonde sur les résultats potentiels des programmes d’incubation et sur la nécessité de généraliser l’utilisation de l’internet et des TIC, notamment dans les écoles, afin de favoriser le développement de produits et de services numériques susceptibles de générer des emplois. L’action 130 souligne également l’urgence de développer des modèles d’affaires innovants et de nouvelles plateformes et services générateurs de croissance. La collaboration entre les acteurs nationaux et internationaux a généré des opportunités pour la plupart des incubateurs numériques. Par exemple, le SING SA résulte d’une joint-venture entre la Société du Patrimoine et des infrastructures (SPIN), le Groupe Vivendi Africa (Canal +), la Banque Internationale du Commerce International du Gabon (BICIG), SOLSI, et INFRACOM. SING SA a été créé pour permettre aux 40 acteurs déjà implantés de soutenir le développement d’un écosystème de startups innovantes dans l’économie numérique du Gabon, par la création, la gestion et le développement d’incubateurs spécialisés dans l’économie numérique. Un autre exemple de collaboration internationale est celui d’Ogoué Lab qui dispose d’un incubateur numérique, soutient un réseau d’entrepreneurs numériques et gère son propre centre de formation pour les développeurs de logiciels et les entrepreneurs numériques. Divers acteurs investissent dans l’écosystème numérique du pays, notamment des incubateurs numériques et des programmes de formation pour les jeunes. L’écosystème de Libreville compte des espaces de coworking (G-Lab, Ogooué Labs), des programmes de pré-incubation (JA Gabon), des initiatives dans le domaine de la formation ou de la sensibilisation au numérique (NGO Act) ainsi qu’un réseau académique sur les métiers du numérique, l’Institut Africain d’Informatique (IAI). Il existe également de multiples concours, tels que « Graines de Managers » de la Caisse des Dépôts et Consignations, le « Grand Prix de l’Excellence » de JA Gabon, ou encore Youth Mobile de l’UNESCO. Plusieurs législations de base qui pourraient promouvoir la compétitivité du secteur et aider le Gabon à réaliser pleinement son ambition de devenir un pôle sous-régional sont en attente de l’approbation du gouvernement. Il s’agit notamment des quatre projets de loi décisifs suivants, qui ont été approuvés par le Conseil des ministres mais en instance auprès la Cour constitutionnelle en raison d’un recours : 1. Projet de loi sur les communications électroniques pour clarifier et renforcer, entre autres, les dispositions relatives au partage des infrastructures, à l’interconnexion, à l’accès aux réseaux, à la gestion du spectre, au service universel, etc.24 2. Projet de loi sur les transactions électroniques incluant, entre autres, des dispositions pour renforcer la compétitivité du secteur des TIC et sécuriser davantage les transactions électroniques.25 3. Projet de loi sur la cybersécurité afin de protéger les infrastructures d’information stratégiques (IIC), les systèmes, les données et les capacités, sur la base des pratiques d’excellence internationales.26 4. Projet de loi sur la protection des données à caractère personnel.27 4.5 COMPÉTENCES NUMÉRIQUES La composante « Gabon numérique » du PSGE prévoit l’exécution d’un plan TIC à trois volets avec un échelonnement quinquennal. L’objectif consiste à connecter toutes les écoles au réseau WiMAX afin de doter toutes les écoles primaires, collèges et lycées d’une salle multimédia pouvant accueillir une vingtaine d’élèves par ordinateur soit deux heures par élève et par semaine. Cette salle multimédia doit être connectée à Internet par le réseau de l’administration gabonaise. De même, l’accès à Internet dans les universités publiques est financé par un grand projet consistant à doter chaque étudiant et enseignant d’un ordinateur afin de faire d’Internet un outil pédagogique exploité au quotidien. Trois établissements d’enseignement supérieur publics se spécialisent dans la formation avancée aux compétences numériques : l’Institut Supérieur de Technologie, l’Institut National de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, et l’Institut technologique d’Owendo. Ces institutions accueillent environ 1 414 étudiants. Annuellement, le Gabon peut former environ 500 diplômés spécialisés en informatique. 24 Loi Réglementation des Communications électroniques. 25 Loi Règlementation des Transactions électroniques. 26 Loi Règlementation de la Cybersécurité. 27 Loi Règlementation des données à caractère personnel. 41 Plusieurs programmes d’éducation informelle cogérés par le secteur privé et le gouvernement ont établi la nécessité d’avoir des compétences numériques pour remédier à l’inadéquation entre les compétences des jeunes et des adultes et le marché du travail. L’écosystème entrepreneurial gabonais joue un rôle décisif dans la promotion des compétences en matière de commerce électronique grâce à un réseau de centres technologiques et d’incubateurs, parmi lesquels Ogooue LABS, G-Lab, JLD, Green Tech, et d’autres. Ils favorisent les échanges avec les meilleures compétences commerciales et numériques par des formations informelles dans le cadre de différentes manifestations numériques. Le faible coût de la connectivité Internet a largement contribué à élargir l’accès. Un meilleur accès a permis de partager des initiatives et des compétences dans des groupes d’échange de connaissances, ce qui a contribué à relever le niveau de connaissances numériques du public. Le secteur privé de l’économie remédie à l’inadéquation des compétences à travers divers programmes internes. Par exemple, l’entreprise de télécommunications Airtel, en collaboration avec l’UNESCO, a mis en place un programme intitulé « Train My Generation » pour permettre à plus de 5 000 jeunes de se familiariser avec l’informatique. D’autres institutions publiques et parapubliques, telles que la Société d’incubation numérique du Gabon (SING), JA Gabon, le Ministère de l’Inclusion sociale et la Chambre de commerce, proposent divers programmes de formation. Toutefois, il n’existe pas de stratégie globale et coordonnée pour répondre aux besoins actuels et futurs du marché du travail en matière de compétences numériques de base. La plupart des établissements privés dispensent des formations en commerce et en gestion assorties de modules numériques, dont l’accès nécessite un ordinateur. Les enseignants sont incités à dispenser leurs cours de manière pratique par l’utilisation d’outils numériques modernes. Cela offre aux étudiants l’opportunité de revaloriser la qualité de leurs compétences numériques de base ainsi que l’opportunité d’intégrer des usages numériques sur le lieu de travail. Cette initiative s’inscrit dans l’un des objectifs prioritaires du gouvernement gabonais, qui est de professionnaliser 70 pour cent des secteurs en développant la performance à l’emploi des diplômés de l’enseignement secondaire, de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) et de l’enseignement supérieur. Le taux de chômage avoisine les 24 pour cent pour les diplômés de l’enseignement secondaire et de 27 pour cent pour les diplômés de l’EFTP, ce qui pointe à une inadéquation entre les compétences disponibles et une demande relativement élevée de travailleurs qualifiés. Le Centre de Spécialisation Professionnelle de Port-Gentil (CSP) résulte d’un partenariat entre Total Gabon et la République Gabonaise représentée par le Ministère du Pétrole et des Hydrocarbures, le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère en charge de la formation professionnelle. La mission du CSP est de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés titulaires d’un Brevet de Technicien en leur dispensant une formation complémentaire à l’utilisation de logiciels de modélisation 3D, de programmation d’automates programmables et de maintenance électronique. Chaque année, 40 jeunes techniciens intègrent le monde professionnel grâce à une équipe de formateurs qualifiés et expérimentés. Après l’expansion du réseau de fibre optique, le service internet au Gabon a gagné en fiabilité et en coût et les opérateurs de formation du secteur privé occupent une place prépondérante dans la formation au commerce électronique. L’écosystème entrepreneurial dynamique du Gabon joue un rôle décisif dans la promotion des compétences en matière de commerce électronique grâce à un réseau de centres technologiques et d’incubateurs tels que SING, l’Incubateur Multisectoriel de Libreville, Ogouee Labs, JA Gabon et G-LAB. Ils facilitent les échanges entre particuliers disposant de compétences commerciales et numériques avancées. En 2018, Ogouee Labs a lancé une formation gratuite en e- business pour 44 personnes sur 7 mois avec le soutien de l’Ambassade de France au Gabon et de son partenaire Simplon (un cabinet de formation).28 28 Cf. https://simplon.co/. 42 Depuis 2017, la Digital Business School, premier institut du genre au Gabon, forme une trentaine de jeunes par an exclusivement aux métiers du numérique. La Digital Business School s’est positionnée comme une école généraliste d’e-business. Son objectif est de développer des profils polyvalents intégrant des compétences techniques, créatives et de marketing. Il faut également citer l’existence de certains acteurs de l’enseignement supérieur qui proposent des masters en e-business, tel que l’African University of Management depuis 2019. Le Ministère des TIC et la Banque mondiale ont développé une série d’initiatives relatives au marché du travail afin d’inciter et de placer les talents numériques dans le milieu professionnel. Cette initiative englobe les master classes organisées par SING, e-Gabon, et l’ouverture prochaine dans le quartier économique de Nkok d’un centre de formation dédié aux TIC dans le cadre du projet de développement des compétences et d’employabilité. Le Gabon est membre du Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche et d’Education (WACREN) et a entamé la mise en œuvre de son propre Réseau National de Recherche et d’Education (NREN) en créant le GabonREN. Toutefois, ce réseau n’est pas encore totalement opérationnel. La mise en place d’un NREN est essentielle pour garantir un accès pérenne et abordable à la connectivité à large bande aux universités, aux instituts de recherche et aux autres établissements d’enseignement supérieur gabonais, mais aussi aux instituts d’enseignement et de formation professionnelle et aux écoles normales. Le NREN a également pour mandat de se mettre en relation avec des réseaux internationaux de recherche et d’éducation, en plus du WACREN régional, et de faciliter l’accès de tous les membres aux ressources d’éducation et de recherche ainsi qu’aux ressources mondiales. Pour être pérenne, le NREN doit offrir des services améliorés à ses membres, notamment le renforcement des capacités en matière de conception et d’exploitation des réseaux de campus et de cybersécurité, etc. Le gouvernement pourrait soutenir la reconnaissance du NREN avec l’adoption des lois sur les TIC ou l’éducation afin de renforcer son rôle et en éliminant les frais de licence des opérateurs, par exemple. 43 5. RECOMMANDATIONS RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES PAR DOMAINE ET PAR PILIER Horizon/EC Domaine Pilier Objectifs Priorité HEANCE/ 1. Adopter les quatre projets de loi décisifs sur les communications électroniques, les À court transactions électroniques, la Elevée terme cybersécurité et la protection des Infrastructures données à caractère personnel. 2. Garantir un partage des infrastructures, établir des procédures réglementaires et À moyen formuler des directives ainsi que des Moyenne terme incitations à l’accès pour faire baisser le coût des infrastructures. 3. Adopter une loi de base pour la numérisation de l’administration et les procédures en ligne à l’intention des services publics afin de soutenir la mise À court Elevée en œuvre de la stratégie d’e- terme Plateforme gouvernement et d’e-services, et modifier Politique et le code civil pour y inclure l’identification cadre électronique. réglementai 4. Adopter une approche GovTech pour À court Basse re stimuler le développement numérique. terme 5. Concevoir et adopter une stratégie À court Elevée nationale d’inclusion financière. terme Financier 6. Promouvoir l’établissement d’un cadre de À moyen Moyenne protection des consommateurs. terme 7. Ajuster les normes fiscales et les politiques de passation de marché du À moyen Entrepreneuriat Moyenne gouvernement de manière à venir en terme appui aux groupements d’opérateurs. 8. Élaborer un cadre de compétences numériques qui servira de base à la À moyen Haute stratégie en matière de compétences terme Compétences numériques. 9. Augmenter les dépenses publiques en À court Elevée matière d’éducation. terme 1. Adopter les quatre projets de loi de base sur les communications électroniques, les transactions électroniques, la cyber sécurité et la protection des données à caractère personnel. Leur adoption 44 pourrait combler certaines lacunes juridiques et réglementaires qui entravent la concurrence et l’exploitation efficace de l’infrastructure numérique. Elle permettrait également de garantir la sécurité des réseaux et des données à caractère personnel, et de stimuler les investissements dans les infrastructures stratégiques. 2. Garantir le partage des infrastructures, établir des procédures, formuler des directives réglementaires et instituer des incitations à l’accès pour faire baisser le coût des infrastructures, en particulier dans les zones rurales et mal desservies. Le décret actuellement en vigueur qui fixe les modalités de partage des infrastructures s’est révélé inefficace. Les opérateurs semblent développer des infrastructures parallèles le long de circuits de même niveau. Cela peut s’avérer coûteux pour les investisseurs et, au final, pour les usagers ; le coût d’acquisition des sites et des travaux de génie civil peut atteindre environ 40 pour cent du coût global de l’investissement. Plusieurs pays d’Afrique, dont le Ghana, l’Ouganda, le Kenya et le Nigeria, réduisent le coût des infrastructures en les mutualisant, notamment dans les zones rurales et mal desservies. 3. Élaborer une loi de base pour la numérisation de l’administration et des procédures en ligne des services publics afin de soutenir la mise en œuvre de la stratégie d’e-gouvernement et d’e-services, et réviser le code civil pour l’identification électronique. Les réformes juridiques devraient s’attaquer en priorité à la protection des données à caractère personnel et la sécurité des systèmes et plateformes gouvernementaux en raison des énormes menaces qui pèsent sur la vie privée et la sécurité des informations. 4. Appliquer une approche GovTech pour stimuler le développement numérique. Le Gabon peut envisager d’utiliser une approche GovTech pour la réforme du secteur public, parallèlement à l’application de solutions technologiques globales. Cette approche repose sur les éléments fondamentaux suivants : (1) réduire la pauvreté par une prestation de services publics plus efficace ; (2) améliorer l’efficacité et la qualité des services publics par l’interopérabilité, l’innovation et des politiques et prestations plus intelligentes basées sur les données ; (3) améliorer la réactivité et la performance du secteur public en renforçant la mobilisation des citoyens, la transparence et la redevabilité ; et (4) développer des plateformes publiques de données ouvertes pour faciliter l’émergence de l’innovation afin de généraliser les technologies à effet de rupture et asseoir les bases d’une croissance tirée par le secteur privé (Banque mondiale 2018). À cet effet, les plateformes existantes, telles que l’IFMIS, ou les services électroniques, tels que e-T@x, doivent faire l’objet d’une évaluation complète avant tout investissement supplémentaire. Les plateformes pertinentes pour l’atténuation de la crise de la COVID-19 et la reprise après celle-ci doivent être identifiées rapidement et priorisées. Les besoins des personnes en situation de handicap doivent être pleinement intégrés dans l’approche afin de parvenir à une plus grande inclusivité. 5. Concevoir et adopter une stratégie nationale d’inclusion financière. Afin d’accroître l’accès aux comptes d’opérations, le Gabon devra élaborer et définir une vision et un objectif clairs à un horizon temporel déterminé. Une partie de l’opération actuelle de financement en modalité projet en faveur de la Banque centrale vise à soutenir la conception d’une stratégie régionale d’inclusion financière pour la CEMAC, mais les défis nationaux devront être pris en compte dans le cadre d’une stratégie nationale. Cela pourrait commencer par une étude Finscope ou une étude Making Access Possible pour cerner les défis de l’accès au financement et recommander un plan d’action explicite pour le gouvernement. Un tel appui peut être piloté par la Banque. 6. Soutenir la mise en place d’un cadre de protection des consommateurs. Il est recommandé au gouvernement de créer un observatoire de la qualité des services financiers (OQSF)29 qui aura pour mission de servir de médiateur entre les prestataires de services financiers et les consommateurs mais aussi de veiller au respect des règles de transparence des prix. Le mandat de l’OQSF inclurait également l’innovation numérique, avec le soutien du GBM. En outre, cela permettra d’instaurer une confiance par rapport aux activités en ligne et une protection globale des consommateurs (au-delà du domaine financier). 29 Observatoire de la qualité des services financiers. 45 7. Ajuster les normes fiscales et les politiques de passation de marché du gouvernement de manière à venir en appui aux groupements d’entreprises. Les politiques existantes peuvent être ajustées de plusieurs manières de manière à venir en appui à l’écosystème de l’entreprenariat ; l’une d’entre elles peut consister en des exonérations fiscales pour la première année d’activité d’une entreprise ou jusqu’à ce que l’entreprise atteigne un certain niveau de rentabilité. Une autre possibilité serait de prévoir des exonérations fiscales pour les startups dans des secteurs particuliers ou pour les entreprises en phase de démarrage. La mise en place d’un mécanisme parallèle distinct pour l’enregistrement et la cessation d’activité des entreprises peut être bénéfique pour les entrepreneurs. En outre, l’achat de services technologiques avancés auprès d’entrepreneurs locaux dans le cadre de marchés publics peut contribuer à développer les programmes numériques. 8. Développer un cadre de compétences numériques comme base de la stratégie en matière de compétences numériques. Pour créer une base solide pour le développement d’une stratégie en matière de compétences numériques, il est essentiel d’élaborer un cadre de compétences numériques qui prenne en compte la réalité et les aspirations de l’économie et de la société numériques. Un cadre stratégique consolidé comporterait des mesures permettant de suivre l’avancement de la mise en œuvre. S’appuyant sur des cadres internationalement reconnus tels que DigComp de l’UE et le Cadre mondial des compétences en littératie numérique de l’l’UNESCO-UIS, le cadre de compétences numériques définirait et décrirait clairement chacun des niveaux de compétences numériques correspondant à la demande actuelle et prévisionnelle de ces compétences. 9. Accroître les dépenses publiques en matière d’éducation. Un financement plus important pourrait avoir un impact positif les résultats d’éducation du pays sous réserve de bonne gestion. En outre, le manque de données statistiques entrave la gestion efficace du système éducatif du pays. Sans un SIGE fiable, des outils adéquats pour mesurer et suivre les résultats de l’apprentissage et du marché du travail ainsi que des mécanismes fiables pour partager les informations avec les établissements scolaires, les autorités éducatives ne sont pas en mesure de suivre les progrès et d’adopter des décisions éclairées sur les réformes. En outre, le développement à long terme des capacités en matière de compétences numériques peut exiger que le secteur de l’éducation fournisse les incitations adéquates pour fidéliser les enseignants, notamment une rémunération équitable et des conditions d’enseignement satisfaisantes. Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance 10. Libérer les bandes harmonisées dans le spectre 700 MHz et les attribuer de À moyen Gestion et Infrastructures Moyenne manière transparente et équitable pour terme coordination améliorer les offres du haut débit mobile des pour la 4G ressources À moyen Financier 11. Appuyer la mise en œuvre efficace de Elevée l’interopérabilité terme 10. Libérer les bandes harmonisées dans le spectre 700 MHz et les attribuer de manière transparente et équitable pour améliorer les offres de haut débit mobile pour la 4G. L’organisme de régulation dispose également de la possibilité d’adopter une procédure différenciée d’attribution du spectre et des licences pour les fournisseurs de services de haut débit en milieu rural, mais faute de demande potentielle dans ces zones, cela peut s’avérer inutile. Enfin, il existe des opportunités à plus long terme d’utiliser des bandes de fréquences innovantes (sans licence) et de nouvelles technologies pour répondre à la demande croissante. L’attribution transparente et la mise aux enchères du spectre du dividende numérique restant pourraient être une opportunité pour le pays d’améliorer la compétitivité et l’investissement dans le secteur. 11. Appuyer la mise en œuvre efficace de l’interopérabilité. Le GIMAC aura besoin d’appui pour déployer le processus. Ce projet pourrait être exécuté en trois composantes principales : (1) améliorer et 46 adapter les infrastructures du GIMAC ; (2) améliorer et adapter le cadre réglementaire ; et (3) obtenir la mobilisation des parties prenantes. Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance 12. Renforcer le processus de gouvernance Court à du FASU afin de rassurer les opérateurs Infrastructures sur le fait qu’ils ne seront pas évincés et Elevée moyen que la collecte et l’utilisation des terme Inclusion contributions seront transparentes. numérique 13. Recourir à une approche plus centrée sur Moyen à- Plateforme le citoyen dans la mise en œuvre de la Moyenne long-terme stratégie d’e-gouvernement. 14. Renforcer la transparence financière et Moyenne À court Financier élaborer une stratégie d’information terme financière 12. Améliorer le processus de gouvernance du FASU pour rassurer les opérateurs sur le fait qu’ils ne seront pas évincés et que la collecte et l’utilisation des contributions seront transparentes. Le régulateur pourrait également envisager d’adopter des procédures claires et transparentes pour inciter les opérateurs à travers des réductions ou des exemptions de frais de fonds en contrepartie d’obligations de couverture rurale étendue. Cette réforme permettrait de subventionner le déploiement efficace des réseaux dans les zones reculées, pauvres et faiblement peuplées. 13. Recourir à une approche plus centrée sur le citoyen dans la mise en œuvre de la st ratégie d’e- gouvernement. Le Gabon peut s’inspirer des approches innovantes d’autres pays pour faire passer la vision actuelle au pallier supérieur. Une approche plus centrée sur le citoyen permettrait d’améliorer la redevabilité du gouvernement, de fournir des services plus rapides, plus efficaces et plus conviviaux, et de rationaliser les processus administratifs. Cela contribuerait à sécuriser l’environnement des affaires et à réduire les coûts administratifs, renforçant ainsi l’environnement général de la gouvernance. 14. Renforcer la transparence financière et élaborer une stratégie d’information financière incluant un registre régional du crédit, une base de données régionale des bilans, des bureaux d’information sur le crédit et l’application stricte de l’obligation pour les institutions financières de publier leurs états financiers. 47 Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance 15. Assurer l’utilisation efficace du réseau Court à Infrastructures de l’administration gouvernementale Moyenne moyen (RAG) et participer à son entretien, sa terme modernisation et son extension. 16. Instaurer une approche plus cohérente Court à pour la mise en œuvre de l’e- Elevée moyen Gouvernance gouvernement terme / coordination 17. Actualiser la législation pour clarifier les À court rôles et les responsabilités des Elevée Plateforme terme différentes parties prenantes publiques 18. Créer un mécanisme institutionnel clair Court à pour assurer un pouvoir fédérateur et de coordination au sein du Elevée moyen gouvernement et établir une feuille de terme route claire. 15. Assurer l’utilisation efficace du réseau de l’administration gouvernementale (RAG) et participer à son entretien, sa modernisation et son extension. La viabilité de cette infrastructure publique stratégique à laquelle il est possible de recourir efficacement pour améliorer l’accès dépend de la capacité du gouvernement à garantir la gestion du réseau en tant qu’entreprise. Cela impliquerait une évaluation du modèle de gestion actuel, qui confie l’exploitation de cette gigantesque infrastructure à une institution publique. À la lumière de l’expérience du Gabon en matière de licences technologiquement neutres, le gouvernement pourrait envisager un partenariat avec un nouvel opérateur privé pour une licence de gros technologiquement neutre qui pourrait surtout cibler les communautés mal desservies. Le nouveau partenariat devrait s’engager à offrir un accès ouvert et non discriminatoire à tous les opérateurs. 16. Instaurer une approche plus cohérente pour la mise en œuvre de l’e-gouvernement. Parmi les principaux défis à relever, on note l’absence d’une approche cohérente, stratégique et coordonnée, avec un leadership fort pour assurer une mise en œuvre et un investissement harmonisés et efficaces. L’investissement s’élève à environ 50 millions USD, mais il a été fragmenté et peine à produire des résultats plus tangibles et des changements transformationnels dans le fonctionnement de l’administration publique et la prestation de services publics. La plupart des systèmes gouvernementaux ne bénéficient pas d’une interopérabilité ou d’une sécurité solide. Les plateformes particulièrement pertinentes pour l’atténuation de la crise de la COVID-19 (et la reprise après celle-ci) devraient être priorisées. 17. Actualiser la législation pour clarifier les rôles et les responsabilités des différentes parties prenantes gouvernementales. Un cadre de confiance exhaustif, comportant des normes et des procédures pertinentes pour la délivrance et l’utilisation de certificats, et davantage de ressources humaines et de compétences techniques permettraient à l’ICP de fonctionner à pleine capacité. 18. Créer un mécanisme institutionnel clair pour assurer un pouvoir fédérateur et de coordination au sein du gouvernement et établir une feuille de route claire. Le mécanisme peut être placé au sommet de la structure, soutenu par le Ministère de l’Economie Numérique jouant un rôle de premier plan dans la mise en œuvre, et un rôle de partage de la vision au sein du gouvernement. 48 Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance Régional Infrastructures 19. Tirer parti de l’accès direct du Gabon aux Moyenne Court à câbles sous-marins et accroître la moyen connectivité des pays voisins. terme Financier 20. Soutenir la BEAC à améliorer la Elevée À moyen réglementation sur la monnaie mobile. terme 19. Tirer parti de l’accès direct du Gabon aux câbles sous-marins et accroître la connectivité des pays voisins pour exploiter trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et la Guinée équatoriale. Cela permettra de renforcer la qualité des services pour les contenus et les services en ligne au niveau local et éventuellement au niveau régional et peut contribuer à positionner le Gabon comme un pôle numérique au niveau régional. Trois interconnexions transfrontalières avec le Congo, le Cameroun et la Guinée équatoriale faciliteraient des échanges de trafic entre ces pays et permettraient au Gabon de revendre de la capacité internationale. Le développement de l’IXP pour atteindre son potentiel optimal contribuerait à améliorer la qualité des services pour les contenus et les services en ligne au niveau local et éventuellement au niveau régional. Cet élément est déterminant pour la réussite des services d’e-gouvernement. 20. Appuyer la BEAC à améliorer la réglementation sur la monnaie mobile. Dans le cadre de l’opération de FMP en cours, la Banque et la BEAC ont lancé un appel d’offres pour sélectionner un cabinet qui procédera à un examen approfondi de la réglementation des paiements, y compris le dernier projet sur les établissements de paiement. Le cadre juridique devrait prendre en compte, entre autres, de l’utilisation spécifique des fonds des clients. Il est recommandé que la BEAC exige que les fonds ne soient pas placés dans des actifs à risque mais plutôt dans des liquidités. Le règlement devrait également interdire le paiement d’intérêts sur les comptes de monnaie électronique et clarifier la possibilité de partager les bénéfices avec les titulaires de tels comptes. Les émetteurs de monnaie électronique devraient également fournir des informations sur le remboursement des fonds, la transparence des frais et les numéros d’assistance à la clientèle en cas de réclamation dans le cadre l’accord contractuel avec le consommateur. Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance 21. Améliorer la qualité du service pour la Moyenne À moyen Infrastructures fourniture de contenu numérique et de - Elevée terme services en ligne. 22. Renforcer l’environnement de À moyen Plateforme cybersécurité et réglementer les mesures Elevée terme de prévention. Services Court à 23. Appuyer le regroupement des paiements de factures et le développement des Moyenne moyen Financier technologies financières. terme 24. Appuyer la mise en place de bureaux de À moyen Basse crédit nationaux, via l’IFC. terme 21. Améliorer la qualité du service pour la fourniture de contenu numérique et de services en ligne. Le développement de l’IXP de manière à atteindre son potentiel optimal permettra d’améliorer la qualité du contenu et des services en ligne au niveau du pays et éventuellement au niveau régional. Cet 49 élément est déterminant pour la réussite des services d’e-gouvernement et peut contribuer au positionnement du Gabon en tant que pôle numérique au niveau régional. Une telle initiative s’avère aussi particulièrement pertinente dans le contexte de la crise actuelle de la COVID-19, où la stabilité du gouvernement et des affaires repose de plus en plus sur des interactions virtuelles. 22. Renforcer l’environnement de cybersécurité et réglementer les mesures de prévention. Parmi les faiblesses de l’environnement actuel de cybersécurité, on note l’inexistence d’une institution dotée d’un mandat légal formel pour édicter des normes et réglementer les mesures de prévention prises par les utilisateurs de l’e-gouvernement, ainsi que pour coordonner les activités de détection et de riposte aux menaces au niveau national. Après la désignation officielle d’une telle institution (une ou plusieurs), il conviendrait d’y investir afin de s’assurer qu’elle a la capacité à remplir efficacement son rôle réglementaire et opérationnel au niveau national. 23. Appuyer le regroupement des paiements de factures et le développement de la fintech. Pour réduire la fragmentation du processus de paiement des factures, que l’on observe actuellement au Gabon, l’IFC pourrait collaborer avec les sociétés de services publics pour créer un agrégateur commun qui facilitera le traitement des factures, accélèrera la vitesse des opérations et réduira les coûts. Au Gabon, environ 30 pour cent des transactions par téléphonie mobile ont trait au paiement de factures. 24. Appuyer la mise en place d’un bureau de crédit national, via l’IFC. L’absence d’un bureau de crédit national entrave l’évaluation correcte des créanciers et du crédit potentiel et en conséquence conséquent, peu des fonds à canaliser vers le secteur privé sont disponibles. L’appui actuel au registre de crédit régional pourrait être revu de manière à inclure des antennes nationales afin d’évoluer vers un bureau de crédit national. À cet égard, des méthodes de notation alternatives pourraient également alimenter la base de données de crédit pour rehausser l’accès au crédit. Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance 25. Promouvoir une culture de l’investissement en capital, faciliter l’accessibilité du capital Court à pour les entreprises en phase de démarrage Elevée moyen et proposer d’autres canaux de terme financement. 26. Inciter les investisseurs institutionnels à À moyen s’orienter vers le marché des actions Moyenne terme Entrepreneuriat publiques et privées. 27. Recueillir des données sur les entrepreneurs numériques et les entreprises s’appuyant sur la technologie et mener une enquête sur À moyen l’adoption des technologies afin d’évaluer Basse terme Écosystème systématiquement les obstacles à l’adoption des technologies numériques au niveau des entreprises. Court à 28. Mettre le développement des compétences numériques en adéquation avec les besoins Elevée moyen du marché du travail terme Court à Compétences 29. Développer l’application de partenariats stratégiques entre le secteur des industries Elevée moyen et les universités. terme 30. Procéder à un examen plus approfondi du À moyen marché du travail et recueillir des Basse terme statistiques pour étayer la mise en 50 adéquation de l’offre et de la demande de compétences numériques. 25. Promouvoir la culture de l’investissement en capital. Selon le Global Competitiveness Report qui classe la disponibilité du capital-risque dans les pays sur une échelle de 1 à 7 - 1 étant extrêmement difficile et 7 étant très facile, la disponibilité du capital-risque au Gabon a baissé au cours des deux dernières années, passant de 2,26 à 2,19.30 Cela confirme que la disponibilité des fonds ne s’est pas améliorée par la voie du financement à risque et qu’il existe peu d’autres instruments pour soutenir les entreprises en phase de démarrage. Les consultations ont montré que les entrepreneurs recourent souvent à des réseaux personnels d’amis et de famille pour financer les phases de démarrage de leur entreprise. Les startups peuvent être mises à contribution pour développer ou déployer des services innovants, en réponse à la crise de la COVID-19 (par exemple, systèmes de surveillance de la santé, outils virtuels pour les entreprises et les citoyens, etc.) 26. Inciter les investisseurs institutionnels à s’orienter vers les marchés des capitaux publics et privés. Les fonds institutionnels, tels que les fonds de pension, procurent une source importante de capitaux pour les marchés du capital-risque, des capitaux privés et des capitaux publics à l’échelle mondiale, et leur rôle pourrait être élargi au Gabon. En outre, des données factuelles indiquent que la diversification des investissements institutionnels (à la fois en termes de secteurs et de répartition géographique) contribue à sécuriser les portefeuilles à travers les cycles économiques. Le gouvernement gabonais devrait s’inspirer des expériences internationales réussies afin de cerner les options permettant de diversifier les investissements et de réduire les risques d’investissement dans les entreprises numériques du Gabon. 27. Collecter des données sur les entrepreneurs du numérique et les entreprises s’appuyant sur la technologie et mener une enquête sur l’adoption des technologies afin d’évaluer systématiquement les obstacles à l’adoption des technologies numériques au niveau des entreprises. Cette évaluation servira de base à l’élaboration, en fonction des besoins, de politiques et de programmes gouvernementaux, ainsi qu’à des consultations avec les intervenants de l’écosystème. Ces informations deviendront un bien public qui permettra aux entrepreneurs numériques de mieux cerner les besoins et les contraintes de leurs clients potentiels sur les marchés internes et de développer des produits adaptés aux différents segments de clientèle. Elles peuvent également éclairer la conception des programmes des facilitateurs de l’écosystème. 28. Faire correspondre le développement des compétences numériques avec les besoins du marché du travail et l’utilisation croissante des outils numériques (qui s’accélère avec la crise de la COVID-19). On pourrait élaborer un cadre juridique et réglementaire qui redéfinit les rôles des enseignants et des formateurs en intégrant l’utilisation quotidienne des outils numériques liés à l’éducation et à la formation dans leurs activités, missions et obligations. Parallèlement, le cadre juridique de la création de contenu numérique pour l’éducation devrait être amélioré pour garantir les droits de propriété intellectuelle des créations ou des œuvres. Le financement peut certes se révéler être un obstacle pour cette intégration ; aussi, d’autres mesures pourraient-elles inclure un accès facile aux outils informatiques grâce à des mécanismes de financement garantis par l’État ou des partenaires privés pour soutenir les enseignants et les apprenants. 29. Élargir l’application des partenariats stratégiques entre le secteur et les universités afin de soutenir l’élaboration d’un programme d’études mieux adapté aux besoins du marché du travail et conçu de façon à résoudre les difficultés des employeurs à recruter du personnel disposant des compétences requises. Ces partenariats devraient également viser à élargir les possibilités d’apprentissage des compétences numériques à travers des stages et d’autres formations en cours d’emploi. 30. Procéder à un examen plus approfondi du marché du travail et collecter des statistiques en appui à la mise en adéquation de l’offre et de la demande de compétences numériques. Le gouvernement pourrait manifester son appui à une politique de formation des formateurs en définissant la mission, 30 Rapport 2016-2017 du WEF sur la compétitivité mondiale. 51 les objectifs et les moyens de cette politique, notamment le recrutement du personnel enseignant et les conditions d’emploi (rémunération, parcours professionnel, etc.). Les établissements de formation dans les spécialités technologiques devraient mettre à la disposition des étudiants des infrastructures de qualité, notamment des centres multimédias, un accès permanent à Internet et des laboratoires spécialisés. Le gouvernement devrait encourager l’organisation de formations de formateurs et d’ateliers de formation continue. La possibilité de suivre des cours et d’obtenir des certificats devrait bénéficier de la même attention. Une réponse synchronisée qui cerne les besoins du marché du travail, analyse le déficit national de compétences numériques et coordonne les stratégies de développement des compétences, des compétences de base aux compétences avancées, optimiserait le rendement des efforts et des ressources. Afin de planifier efficacement et de développer des capacités suffisantes, il faut disposer de données concrètes sur le déficit national de compétences numériques du côté de l’offre et de la demande de compétences actuelles et envisagées. Les activités futures pourraient inclure une analyse systématique du déficit national en compétences numériques, une stratégie globale de développement des compétences numériques et l’identification de mécanismes de ressources. La crise de la COVID-19 génère de fortes contraintes en termes de chaînes d’approvisionnement, d’interactions avec les clients, de gestion du personnel, etc. Aussi, les entreprises ont-elles besoin de personnel doté de compétences numériques pour continuer à adopter les technologies numériques et s’adapter à ce nouvel environnement. Domaine Pilier Objectifs Priorité Echéance Renforceme Entrepreneuriat 31. Élargir et intensifier les programmes Moyenne Court à nt des visant à combler le déficit de moyen capacités compétences par des initiatives terme stratégiques au niveau politique. Compétences 32. Etablir des partenariats avec les secteurs Elevée Court à privé et à but non lucratif pour se doter moyen des supports de formation qui terme combleraient les lacunes existantes et permettrait d’assurer l’adéquation du contenu du programme par rapport aux besoins du marché du travail. 33. Etudier les options pour renforcer Moyenne Court à l’introduction des STIM et les effectifs moyen dans les disciplines connexes terme 34. Encourager l’accès à l’information Basse À moyen scientifique et technique, en particulier terme aux bases de données documentaires ainsi qu’à la formation à la recherche documentaire. 31. Élargir et intensifier les programmes visant à combler le déficit de compétences à travers des initiatives stratégiques au niveau politique. En s’appuyant sur ces initiatives, les domaines d’action stratégique pourraient inclure les axes suivants : (1) la numérisation des programmes universitaires afin d’introduire des cours d’entrepreneuriat, de STIM et des programmes de littératie numérique de base ; (2) l’intégration, dans l’enseignement universitaire, de programmes de mentorat professionnel, de formations de compétences intégrées, de stages, de programmes d’observation et des laboratoires technologiques en collaboration avec le secteur privé pour combler le déficit de compétences ; et (3) une plus grande attention accordée à la transmission de compétences transversales dans les instituts d’enseignement primaire et secondaire, et/ou au niveau universitaire. 52 32. Etablir des partenariats avec les secteurs privé et à but non lucratif afin de se doter des supports de formation qui combleraient les lacunes existantes et alignerait le contenu du programme sur les besoins du marché du travail. Collaborer avec ces acteurs s’avère efficace, aussi est-il urgent de recourir plus généralement à des partenariats stratégiques et systématiques avec le secteur des industries et les organisations à but non lucratif. 31 Les exemples de partenariats réussis entre l’industrie et le monde universitaire ne manquent pas. Par exemple, le campus numérique francophone héberge l’Agence universitaire de la qui se trouve à proximité de l’une des universités membres ou partenaires. Le campus numérique promeut les TIC au service de l’éducation. 33. Etudier d’autres options pour renforcer l’introduction des STIM et les effectifs dans les disciplines connexes. L’objectif consiste à élargir le vivier de diplômés en STIM à l’avenir. Le soutien à l’inscription aux STIM pourrait inclure la production et l’institution d’un enseignement ouvert et à distance et de MOOC. D’autres activités d’appui pourraient inclure la production et la diffusion de ressources scientifiques (publication électronique et archives ouvertes), la production de ressources éducatives ouvertes et la numérisation de collections de documents. 34. Encourager l’accès à l’information scientifique et technique, notamment aux bases de données documentaires et à la formation à la recherche documentaire. La mise à disposition de salles de formation et de réunion équipées de moyens de vidéoconférence ou de conférence web permettrait de participer à des conférences, des cours ou des séminaires scientifiques. La technologie WiMax accordée par le gouvernement pourrait être installée dans les établissements d’enseignement pour faciliter l’accès à l’Internet sans fil à haut débit et encourager les utilisateurs à communiquer entre eux gratuitement. 31 Ce partenariat pourrait impliquer en premier lieu l’ANINF, qui a déjà connecté la majorité des bâtiments publics et dispose également d’un réseau local opérationnel pouvant être utilisé pour promouvoir le partage de ressources pédagogiques dans le cadre de l’apprentissage. 53 Figure 17. Calendrier des activités à priorité élevée Court-terme • Adopter les quatre projets Moyen-terme de loi de base • Développer le recours à des Long-terme (Infrastructures) • Elaborer une loi cadre pour partenariats stratégiques la numérisation et les entre l’industrie et les • Soutenir la BEAC afin de procédures en ligne universités (Compétences) renforcer la réglementation (Plateformes) • Élaborer un cadre de en matière de monnaie • Concevoir et adopter une compétences numériques mobile. (SFN) stratégie nationale comme base de la stratégie • Renforcer l’environnement d’inclusion financière (SFN) en matière de compétences de cybersécurité et • Augmenter les dépenses numériques (Compétences) réglementer les mesures de publiques en matière • Améliorer le processus de prévention (Plateformes) d’éducation (compétences) gouvernance du FASU • Appuyer la mise en œuvre • Actualiser la législation pour (Infrastructures) effective de l’interopérabilité clarifier les rôles et les • Instituer une approche plus (DFS) responsabilités des cohérente pour la mise en différentes parties prenantes œuvre de l’e-gouvernement gouvernementales (plateformes) (plateformes). • Créer un mécanisme institutionnel explicite pour assurer un pouvoir fédérateur et de coordination (plates-formes). • Développer la culture de l’investissement en capital et assurer l’accessibilité du capital (esprit d’entreprise). • Mettre le développement des compétences numériques en adéquation avec les besoins du marché du travail (Compétences) • Etablir des partenariats avec les secteur privé et à but non lucratif pour se doter de supports de formation (compétences). 54 RÉFÉRENCES ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes). 2018 Rapport 4ème trimestre 2018. République Gabonaise, Libreville. https://www.arcep.ga/documents/Internet2018-4.pdf . Rapport de données. 2012. Numérique 2019 Gabon (V01). Rapport compilé par Kepios Pte. Ltd, We are Social Ltd. et Hootsuite Inc. https://www.slideshare.net/DataReportal/digital-2019-gabon- january-2019-v01 . Direction générale des statistiques. 2015 « Résultats globaux du Recensement Général de la Population et des Logements de 2013 du Gabon (RGPL2013) ». République Gabonaise, Libreville. https://gabon.unfpa.org/fr/publications/recensement-general-de-la-population-et-des- logements-de-2013-du-gabon . République gabonaise. 2006 « Une éducation générale pour tous, une orientation professionnelle pour chacun. Propositions en vue de l’élaboration d’un Schéma directeur du secteur éducatif gabonais. Mission menée par J. Ginestié et al. Libreville, mars 2005. https://www.academia.edu/5422509/Une_%C3%A9ducation_g%C3%A9n%C3%A9rale_pour_tous _une_qualification_professionnelle_pour_chacun . ——— . 2011. 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