OCTOBRE 2022




BURKINA FASO
NOTE SECTORIELLE
SUR LES FORÊTS
Pour une gestion durable des forêts
du Burkina Faso
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Pour une gestion durable des forêts du Burkina Faso. © Banque mondiale.

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Photo de couverture par Andrea Borgarello / World Bank TerrAfrica, photo de couverture arrière
par Thierry Ouedrago / PIF Burkina Faso.
TABLE DES MATIÈRES

ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
DÉFINITIONS CLÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  ix
RÉSUMÉ ANALYTIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  xi
REMERCIEMENTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xix
INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xxi

1	 CARACTÉRISTIQUES DES FORÊTS ET DU SECTEUR FORESTIER AU
   BURKINA FASO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
        1.1.	 Superficie et composition des forêts	                                                                                                                            1
        1.2.	Évolution de la superficie forestière, de la biomasse et du carbone	                                                                                              2
        1.3.	 Contribution des forêts à la richesse nationale et aux revenus	                                                                                                  6

2	 CONTRIBUTION DES FORÊTS AU DÉVELOPPEMENT DURABLE. . . . . . . . . . . . .  11
        2.1.	 Bois-­énergie	                                                                                                                                                 11
        2.2.	 Produits forestiers non ligneux	                                                                                                                               15
        2.3.	 Biodiversité, tourisme et chasse	                                                                                                                              18
        2.4.	 Contribution des autres services écosystémiques et stockage du carbone	                                                                                        26

3	 GOUVERNANCE FORESTIÈRE, POLITIQUES ET PLANS FORESTIERS
   NATIONAUX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  31
        3.1.	Contexte	                                                                                                                                                       31
        3.2.	 Forêt et gouvernance	                                                                                                                                          35
        3.3.	 Gouvernance de la filière des produits forestiers non ligneux	                                                                                                 42
        3.4.	 Gouvernance des secteurs de la biodiversité et du tourisme	                                                                                                    46

4	 DÉBOISEMENT ET DÉGRADATION DES FORÊTS AU BURKINA FASO. . . . . . .  51
        4.1.	 Causes naturelles/changement climatique	52
        4.2.	 Causes immédiates/facteurs anthropiques directs	                                                                                                               52
                          jacentes/facteurs anthropiques indirects	
        4.3.	 Causes sous-­                                                                                                                                                  55
        4.4.	 Conséquences économiques de la déforestation	                                                                                                                  57

5	 DÉFIS ET OPPORTUNITÉS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  61
        5.1.	 Gouvernance du secteur forestier et régime foncier	                                                                                                            61
        5.2.	 Défis et possibilités de la filière bois-­énergie	                                                                                                             72
        5.3.	 Défis et possibilités du secteur des PFNL	                                                                                                                     78
        5.4.	 Défis et possibilités des secteurs de la biodiversité, de la chasse et du tourisme	                                                                            83
        5.5.	 Synthèse des recommandations	                                                                                                                                  87

6	CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  91

                                                                                                                                                                                     iii
     Figures
     Figure 1.1.	           Proportion des catégories de terres par rapport À la superficie totale du
                            Burkina Faso, 2014. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
     Figure 1.2.	           Répartition des composantes de richesse, en millions de dollars constants de 2014 . . . . 6
     Figure 1.3.	           Répartition des richesses par habitant, en dollars constants de 2014 (1995–2014) . . . . . . 6
     Figure 1.4.	           Contribution relative des différentes composantes du secteur forestier, en %
                            du PIB, 2016. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
     Figure 2.1.	           Consommation énergétique des ménages par type de combustible, en %, 2018. . . . . . . 11
     Figure 2.2.	           Revenu total tiré des six principaux PFNL, en millions de FCFA, 2016 . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
     Figure 2.3.	           Revenu par habitant (FCFA) tiré des principaux PFNL, par région (2016) . . . . . . . . . . . . . . 16
     Figure 2.4.	           Nombre de sites touristiques faisant la promotion de la biodiversité, par région. . . . . . . 19
     Figure 2.5.	           Flux d’écotouristes, en nombre de personnes, 2009–2018. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
     Figure 3.1.	           Organigramme simplifié du MEEVCC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
     Figure 3.2.	           Schéma institutionnel de gestion des forêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
     Figure 3.3.	           Schéma institutionnel d’exploitation des forêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
     Figure 3.4.	           Chaîne de valeur de la filière des PFNL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
     Figure 3.5.	           Diagramme de répartition des PFNL selon les parties prenantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
     Figure 4.1.	           Causes du dépérissement des forêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
     Figure 4.2.	           Zones déboisées selon les FDDF, en hectares, 2017. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
     Figure 4.3.	           Liens entre exploitation minière, déboisement et dégradation des forêts. . . . . . . . . . . . . 54
     Figure 4.4.	           Coût de la régénération des terres, en milliards de FCFA, 2017. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
     Figure 4.5.	           Émissions de CO2, en millions de tonnes, 2017. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
     Figure 4.6.	           Coût de la compensation des émissions de co2 sous forme de crédits carbone
                            (milliards FCFA), 2017 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60


     Tableaux
     Tableau 1.	            Résumé des actions potentiellement soutenues par la Banque Mondiale dans
                            l’ensemble du portefeuille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  xv
     Tableau 1.1.	 Évolution des superficies forestières et agricoles en hectares et en pourcentage,
                   1992–2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
     Tableau 1.2.	 Biomasse ligneuse dans les forêts et les autres terres boisées, en millions de
                   tonnes métriques séches, 1990–2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
     Tableau 1.3.	 Évolution du stock de carbone, en millions de tonnes métriques, 1990–2015. . . . . . . . . . . 5
     Tableau 1.4.	 Répartition des richesses, en millions de dollars constants de 2014 (1995–2014) . . . . . . . 7
     Tableau 1.5.	 Structure de la valeur ajoutée d’une sélection de PFNL, en FCFA, 2017 . . . . . . . . . . . . . . . . 8
     Tableau 2.1.	 Équilibre entre l’offre et la demande de bois-­énergie, en m³/an et en %, 2013. . . . . . . . . 12
     Tableau 2.2.	 Consommation annuelle de bois-­énergie par les ménages urbains et ruraux, 2013 . . . . 13
     Tableau 2.3.	 Revenus distribués aux CAF, en FCFA, 2017 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
     Tableau 2.4.	 Nombre d’associations et d’adhérents par région liés aux filiéres tamarin, baobab
                   et néré, 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
     Tableau 2.5.	 Diversité de faune et de flore dans les forêts, 2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
     Tableau 2.6.	 Recettes tirées de l’écotourisme dans cinq parcs et ranchs, en FCFA, 2017 . . . . . . . . . . . . 21
     Tableau 2.7.	 Revenus générés par la chasse À petite échelle dans la province de Sourou,
                   en millions de FCFA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
     Tableau 2.8.	 Recettes de l’État provenant de la chasse aux trophées, en FCFA, 2017 . . . . . . . . . . . . . . . 23


iv
Tableau 2.9.	 Nombre d’animaux abattus en 2018, par espéces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Tableau 3.1.	 Principaux cadres d’action stratégiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Tableau 3.2.	 Dépenses annuelles inscrites au budget en milliards de FCFA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Tableau 3.3.	 Dépenses annuelles inscrites au budget par programme ministériel,
              en milliards de FCFA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
Tableau 3.4.	 Effectifs actuels du personnel technique, 2021. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Tableau 3.5.	 Principaux produits tirés des PFNL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Tableau 3.6.	 Désignation des réserves de faune. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Tableau 3.7.	 Liste des concessions de chasse au Burkina Faso. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Tableau 4.1.	 Liens entre les facteurs directs de déboisement et de dégradation des forêts . . . . . . . . . 53
Tableau 4.2.	 Emprise territoriale des sites miniers sur les zones cultivées et augmentation
              des zones cultivées en hectares (2018). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Tableau 4.3.	 Facteurs indirects de déboisement et de dégradation des forêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Tableau 4.4.	 Analyse coûts-­bénéfices, en FCFA, 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59


Cartes
Carte 1.1.	            Occupation des terres au Burkina Faso, 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Carte 1.2.	            Évolution du couvert forestier au Burkina Faso de 1992 à 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Carte 1.3.	            Évolution de la couverture forestiére (1992–2014). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Carte 3.1.	            Zones classées au Burkina Faso . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Carte 5.1.	            Détail de la structure transfrontaliére du WAP. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85


Encadrés
Encadré 2.1.	 Exemples de revenus distribués dans les chantiers d’aménagement forestier (CAF). . . . 14
Encadré 2.2.	 Importance du secteur du karité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Encadré 2.3.	 Exemple de chasse au gros gibier gérée par les communautés : la réserve
              faunique de la Comoé-­Léraba. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Encadré 5.1.	 Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Envisager une réforme de la
              fiscalité locale pour aider les communes à tirer directement profit des activités
              forestières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Encadré 5.2.	 Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Opérationnaliser les fonds
              de réhabilitation détenus auprès du FIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Encadré 5.3.	 Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Réviser la structure tarifaire afin de
              tirer un meilleur profit du secteur de la chasse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85




                                                                                                                                                                         v
Photo: Maria Sarraf / World Bank.
ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
AFAT	       Agriculture, foresterie et autres affectations des terres
ASA	        Services de conseil et travaux d’analyse
BUNEE	      Bureau national des évaluations environnementales
CAF	        Chantier d’aménagement forestier
CDN	        Contribution déterminée au niveau national
CEAS	       Centre écologique Albert Schweitzer
CGCT	       Code général des collectivités territoriales
CNRST	      Centre national de recherche scientifique et technologique
CNSF	       Centre national de semences forestières
CVGF	       Comité villageois de gestion de la faune
DAD	        Direction des archives et de la documentation
DAF	        Directeur des affaires financières
DCPM	       Direction de la communication et de la presse ministérielle
DDIAJ	      Direction du développement institutionnel et des affaires juridiques
DMP	        Direction des marchés publics
DPO	        Opération à l’appui des politiques de développement
DRH	        Direction des ressources humaines
DSI	        Direction des services informatiques
ENEF	       École nationale des eaux et forêts
FCFA	       Franc de la Communauté financière africaine
FCPF	       Fonds de partenariat pour le carbone forestier
FDDF	       Facteurs de déforestation et de dégradation des forêts
FIE	        Fonds d’intervention pour l’environnement
GES	        Gaz à effet de serre
GGF	        Groupement de gestion forestière
Ha	         Hectare
INERA	      Institut national de l’environnement et de recherches agricoles
MAAH	       Ministère de l’agriculture et des aménagements hydroagricoles
MEEVCC	     Ministère de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique
MMBtu	      Millions d’unités thermiques britanniques (Btu)
OFINAP	     Office national des aires protégées
ONG	        Organisation non gouvernementale
PAGIRE	     Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau
PANA	       Programme d’action national d’adaptation
PANE	       Plan d’action national pour l’environnement
PAN-­LCD	   Programme d’action national de lutte contre la désertification
PDA	        Plan décennal d’action (2006–2015)
PEDD	       Plan d’environnement pour le développement durable



                                                                                            vii
       PCD	          Plan Communal de Développement
       PFN	          Politique forestière nationale
       PFNL	         Produits forestiers non ligneux
       PGPC/REDD+	   Projet de gestion durable des paysages communaux pour la REDD+
       PIB	          Produit intérieur brut
       PIF	          Programme d’investissement forestier
       PNA	          Plan national d’adaptation
       PNAT	         Politique nationale d’aménagement du territoire
       PNDES	        Plan national de développement économique et social
       PNSFMR	       Politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural
       PNSR	         Programme national du secteur rural
       PRONAGREF	    Programme national de gestion des ressources forestières et fauniques
       REDD+	        Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts
       UGGF	         Union des groupements de gestion forestière
       ZOVIC	        Zone villageoise d’intérêt cynégétique




viii
DÉFINITIONS CLÉS
Forêts : Terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une
hauteur supérieure à 2 mètres et un couvert arboré de plus de 10 %. Cette définition inclut les
forêts claires, les forêts-­galeries, les plantations forestières, les savanes arborées, les steppes
arborées et les savanes arbustives1.

Terres non forestières : Les unités foncières qui ne sont pas considérées comme des forêts
comprennent les parcs agroforestiers, les terres cultivées, les prairies, les terres humides, les
établissements humains ainsi que les autres terres2.

Dégradation des forêts : Réduction de la capacité d’une forêt à fournir des biens et services.
Cette capacité inclut la préservation de la structure et des fonctions de l’écosystème. Une forêt
dégradée fournit moins de biens et services et ne peut maintenir qu’une diversité biologique
limitée3.

Déforestation : Conversion d’une forêt en une autre catégorie d’occupation des sols, ou dimi-
nution sur le long terme du couvert arboré en deçà du seuil minimum de 10 %4.

Domaine forestier national : Ensemble des forêts du Burkina Faso comprenant des forêts
publiques et des forêts privées (Code forestier, article 14–22)5.

Forêts publiques : Les forêts publiques sont réparties entre le domaine forestier de l’État et le
                                                                                         ­ rotégées6.
domaine forestier des collectivités territoriales. Les forêts publiques sont classées ou p

Forêts classées : Selon le Code Forestier (article 23), les forêts peuvent être classées soit au
nom de l’État, soit au nom des collectivités territoriales. Le classement permet de soumettre
une forêt à un régime spécial restrictif concernant l’exercice des droits d’usage et les régimes
d’exploitation. Cet acte précise les objectifs du classement, la superficie, les limites exactes de la
forêt, ses affectations principales ou exclusives et les modalités de sa gestion. En général, dans
les forêts classées, des droits d’usage traditionnels sont reconnus aux populations ­riveraines.
Ils concernent le ramassage du bois mort gisant, la cueillette des fruits et la récolte des plantes
médicinales.

Forêts protégées : Une forêt est dite protégée lorsqu’elle n’a fait l’objet d’aucun acte de
classement. C’est le domaine dans lequel les populations exercent librement leurs activités
de production agricole, forestière et pastorale. Dans les forêts protégées, les droits d’usage


1	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.
2	   Ibid. La catégorie « autres terres » exclut les terres boisées.
3	   FAO, Assessing Forest Degradation – Towards the development of globally applicable guidelines 2011.
4	   FAO, Forests and Climate Change Working Paper 5 Definitional issues related to reducing emissions from
deforestation in developing countries, 2007.
5	   Groupe de recherche action du Burkina Faso sur la gouvernance forestière, Document d’orientation sur la
gouvernance forestière et la gestion décentralisée des ressources forestières, 2012.
6	Ibid.


                                                                                                               ix
    traditionnels reconnus au profit des populations riveraines sont plus étendus et portent sur la
    culture, le pâturage, la cueillette des produits et sous-­produits forestiers7.

    Forêts privées : Les forêts privées sont celles dont des personnes physiques ou morales de
    droit privé sont propriétaires parce qu’elles les ont légalement acquises ou plantées. Ces
    personnes ne peuvent être propriétaires de forêts que moyennant la détention d’un titre régu-
    lier de jouissance sur le sol forestier. Les forêts privées sont gérées librement par leurs proprié-
    taires sous réserve des déclarations d’exploitation et du respect de la législation forestière en
    vigueur (Code Forestier).




    7	   Code Forestier (Article 23).


x
RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Contexte et analyse                                                            de 40 % des ménages tirent une partie de leur revenu des
                                                                               activités forestières15.
Les forêts du Burkina Faso couvrent 8,6 millions
d’hectares, soit 31,6 % de la superficie du pays.8 Elles                       Dans le même temps, moins de 1 % du budget de l’État
sont réparties entre les aires protégées et les forêts doma-                   est consacré à la gestion des forêts16. Le manque de
niales classées (3,9 millions d’hectares)9 et les forêts proté-                financement — à la fois pour l’investissement et le fonc-
gées gérées localement par les villages et les communes                        tionnement — est l’un des principaux problèmes auxquels
(4,7 millions d’hectares)10. Les terres consacrées à l’agrofores-              le secteur est confronté, ce qui entraîne : i) des lacunes
terie11, qui ne sont pas considérées comme une catégorie de                    au niveau de la gouvernance et de l’application de la loi ;
forêts, représentent 3,3 millions d’hectares supplémentaires,                  ii) une gestion inefficace de la ressource ; et iii) la perte de
soit 12,2 % de la superficie du pays12.                                        capacités et de savoir-­faire techniques dans les services
                                                                               forestiers. De plus, même si d’autres secteurs, notamment
Les forêts apportent une contribution essentielle au                           l’agriculture, les infrastructures et l’énergie, profitent large-
développement socioéconomique du Burkina Faso.                                 ment de la forêt, aucun dispositif financier ne permet de
En effet, le secteur forestier contribue à environ 9,6 %                       transférer des revenus provenant de ces autres secteurs
du produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso13, par                         pour contribuer à financer la gestion des forêts. En outre,
la production de bois de chauffe (5,3 %), la vente de                          très peu d’attention est prêtée à l’impact des politiques
produits forestiers non ligneux (PFNL) bruts et transfor-                      de développement sur les forêts, qui peuvent parfois être
més (3,85 %), ainsi que par la chasse, le tourisme et les                      considérées comme des terres encore non productives.
autres secteurs liés à la biodiversité (0,5 %)14. En outre, les
forêts fournissent des biens et services inestimables qui                      En conséquence, les forêts disparaissent. Entre 1992 et
limitent considérablement la dépendance énergétique et                         2014, 47,5 % des forêts ont été défrichées pour utiliser les
réduisent la dégradation des terres ainsi que la vulnéra-                      terres à d’autres fins : notamment 38,6 % ont été conver-
bilité aux effets du changement climatique aux échelles                        ties en terres cultivées et 7,9 % en prairies17. Le Burkina
locale, régionale et nationale. Par conséquent, la popula-                     Faso a donc perdu près de la moitié de ses forêts en
tion est fortement tributaire des forêts et de leurs produits                  30 ans. La déforestation en 2016 représentait 6,7 % du
pour garantir sa sécurité alimentaire et ses revenus, que                      revenu national brut (RNB), ce qui correspond à peu près
ce soit directement (en exploitant les produits forestiers)                    au triple de la moyenne de la région d’Afrique subsaha-
ou indirectement (via les services offerts par la forêt) : plus                rienne (2,3 %)18. Si aucune action n’est prise, une telle
                                                                               dégradation du capital naturel du pays aura des consé-
                                                                               quences catastrophiques sur les moyens de subsistance
8	    Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso,
2020.                                                                          de la population rurale et d’autres groupes vulnérables, ce
9	   Ministère de l’environnement et du développement durable du               qui soumettra l’économie à une pression croissante.
Burkina Faso, Plan de préparation à REDD+, 2013.
10	   Calculs des auteurs.                                                     Le déboisement et la dégradation des forêts sont
11	 Les spécificités des terres agroforestières sont détaillées dans           sources de conflits. La compétition pour l’accès aux
le document intitulé : “Climate Smart Agriculture Investment Plan for
                                                                               ressources forestières et leur utilisation génèrent des rela-
Burkina Faso“, World Bank, 2020.
12	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.
                                                                               15	 World Bank. Burkina Faso Rural Income Diagnostic (version
13	 Calculs des auteurs à partir des documents intitulés “The State of
                                                                               provisoire), 2019.
the World’s Forests” (FAO, 2018) et “Using Forests to Enhance Resilience to
Climate Change — The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso”           16	 Ministère des Finances. Loi de finances et Rapports d’exécution du
(World Bank, 2013).                                                            budget de l’État en 2019, 2020 et 2021.
14	 Secrétariat permanent du Conseil national pour le développement            17	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.
durable. Quatrième rapport sur l’état de l’environnement, 2016.                18	   Données de la Banque mondiale (World Bank, 2021).


                                                                                                                                                              xi
      tions conflictuelles intra et intercommunautaires en raison                de chauffe étant équivalente à 63 572 térajoules (TJ)23,
      d’une combinaison de facteurs aggravants, tels que de                      soit 1 516 599 tonnes d’équivalent pétrole par an ou
      mauvaises pratiques de gestion des terres, la croissance                   60,18 milliards de pieds cubes de gaz naturel par an24. Cela
      de la population, le changement climatique, la dégra-                      représente 343 kg de bois de chauffe par ménage rural
      dation des terres, l’exploitation minière artisanale et le                 et 281 kg de bois de chauffe plus 106 kg de charbon de
      développement agricole. La compétition foncière peut en                    bois en moyenne par ménage urbain pour chaque année
      particulier être source de marginalisation et de discrimina-               25
                                                                                    — raison pour laquelle la collecte ou l’achat du bois
      tion d’une partie de la population burkinabè et engendrer                  de chauffe constitue l’une des corvées principales et un
      une crise de confiance à l’égard des institutions, risquant                élément majeur de dépenses. Les entreprises consom-
      ainsi de fragiliser la cohésion sociale.                                   ment environ 1,3 million de tonnes de bois de chauffe et
                                                                                 11 326 tonnes de charbon de bois par an26.
      En moyenne, les émissions forestières nettes du Burkina
      Faso, y compris celles liées aux feux de brousse, repré-                   Si elle est gérée de façon durable, la production du
      sentent 10,22 millions de tonnes d’équivalent de CO2 par                   bois-­énergie peut avoir des avantages à court et moyen
      an (biomasse aérienne et carbone du sol). La plupart des                   termes pour de nombreux acteurs, comme des emplois
      émissions forestières (75 %) proviennent de la conver-                     et des revenus au niveau local et en milieu rural pour les
      sion de terres forestières en terres cultivables, puis de                  plus pauvres et les plus défavorisés. De cette façon, la
      la conversion en pâturages (10 %), et une infime partie                    production durable de bois-­énergie contribuerait à la fois
      (3 %) est due à la dégradation des forêts19. Les principaux                au développement économique et à la préservation des
      facteurs de déboisement et de dégradation sont : l’expan-                  forêts et de leurs fonctions.
      sion de l’agriculture, l’utilisation de combustibles ligneux,
      l’insécurité foncière et l’exploitation minière, ainsi que la              Cependant, le modèle de gestion communautaire des
      variabilité et le changement climatiques, notamment les                    actifs forestiers semble atteindre ses limites : i) la produc-
      phénomènes météorologiques extrêmes qui exacerbent                         tion actuelle de bois de chauffe ne permet de couvrir que
      les problèmes existants en matière de gestion durable des                  95 % de la demande27 ; ii) les forêts gérées de manière
      ressources naturelles, notamment des forêts.                               durable (forêts domaniales) ne représentent que 58 % des
                                                                                 approvisionnements28 ; et iii) des problèmes de gouver-
      Les trois principaux secteurs économiques tributaires                      nance rendent la production — même dans certaines
      des forêts sont : i) la production de bois-­énergie (environ               forêts domaniales — non durable et parfois illégale. Les
      15 000 bûcherons plus la chaîne logistique)20 ; ii) la collecte            principales causes de cette situation sont les suivantes :
      et la transformation des PFNL (environ 500 000 emplois,
      dont près de 390 000 sont occupés par des femmes)21 ;                      ■	   Le modèle financier actuel met en péril la gestion
      et iii) les activités liées à la chasse, la conservation de la                  des forêts. Le prix du bois de chauffe sur les sites
      biodiversité et le tourisme.                                                    de production et la façon dont les bénéfices qu’il
                                                                                      génère sont répartis entre les différents acteurs n’a
                                                                                      pas évolué depuis 1997. Le prix du bois ne couvre
      Secteur du bois-­énergie                                                        pas de manière satisfaisante la gestion durable de

      Le bois-­énergie assure 96 % de la consommation
                                                                                 23	 Calculs des auteurs à partir de Kofman, P., Units, Conversion Factors
      énergétique totale du pays22, la production de bois
                                                                                 and Formulae for Wood for Energy, 2010.
                                                                                 24	 Selon un calcul simplifié avec 1 000 pieds cubes de gaz naturel
      19	 Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina             équivalant à 1 million d’unités thermiques britanniques (Btu) et une
      Faso, 2020.                                                                valeur moyenne de 8 dollars/MmBtu selon les données sur le gaz naturel
                                                                                 du Rapport statistique de l’Agence internationale de l’énergie (AIE, 2020).
      20	 Données provenant de la Direction des forêts et de la reforestation
      du MEEVCC, 2020.                                                           25	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate
                                                                                 Change—The case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.
      21	MEEVCC, Rapport sur les résultats de l’Enquête sur l’exploitation des
      forêts et de la faune au Burkina Faso en 2015,, 2016.                      26	Ibid.
      22	 African Energy Efficiency Database for Residential Sector (AFREC       27	Ibid.
      Energy, 2018).                                                             28	Ibid.


xii
     cette ressource. En outre, il est régulé en faveur des               contribue par ailleurs à la sécurité alimentaire de 88 % des
     consommateurs, avec une structure tarifaire surtout                  ménages ruraux et de 25 % des ménages urbains31.
     favorable aux négociants. Ainsi, même si le prix du
     bois est élevé et fluctue dans les centres urbains, il est           Le beurre de karité est cependant une ressource sous-­
     fixé par la loi au site de production, ce qui signifie que           valorisée, car la majeure partie de la production de noix de
     la majeure partie de la valeur ajoutée est retenue par               karité est transformée à l’étranger. Cette filière offre pour-
     les transporteurs et les distributeurs.                              tant un solide potentiel de croissance si la transformation
                                                                          et la création de valeur ajoutée sont assurées dans le pays.
■	   Les communes ne sont pas suffisamment associées
                                                                          Cependant, elle est confrontée aux limitations suivantes :
     à la production de bois de chauffe. La gestion
     actuelle des forêts domaniales est fondée sur l’en-
                                                                          ■	   La ressource ne se renouvelle pas. À mesure que
     gagement des communautés locales, mais pas
                                                                               la pression sur les forêts s’accroît, et en l’absence
     celui des communes. De même, le prix du bois et
                                                                               de programmes de plantation ou de croissance de
     le régime fiscal favorisent le développement local,
                                                                               nouveaux arbres, le nombre de karités productifs
     mais ne contribuent pas au budget de la commune.
                                                                               diminue ;
     Cela réduit l’intérêt des communes à renforcer leur
     engagement dans la production durable de bois de                     ■	   La ressource n’est pas suffisamment connue sur le
     chauffe et à préserver cette ressource. Par consé-                        terrain. Peu d’informations sont disponibles sur sa
     quent, les Plans Communaux de Développement                               répartition dans le pays ou sur la valeur de ses princi-
     (PCD) ne prennent que rarement en compte les                              pales variétés. En conséquence, il n’existe pas encore
     forêts en tant qu’actif productif, et n’adaptent pas les                  de semences améliorées ou de matériel génétique
     pratiques agricoles nécessaires pour réduire l’impact                     avancé pour soutenir cette filière ;
     négatif de ce secteur sur les forêts.
                                                                          ■	   Les investissements privés dans la transformation
■	   La gouvernance et l’application de la loi laissent                        restent modestes. L’absence d’assurance sur l’offre,
     à désirer. Sur le papier, les règles et les organismes                    la qualité de celle-­ci (manque de traçabilité) et la
     de réglementation semblent adéquats pour la                               distribution vers des marchés plus importants n’en-
     bonne gouvernance du secteur. Cependant, le sous-­                        couragent pas les investissements dans des chaînes
     financement chronique ne permet pas une supervi-                          de transformation semi-­industrielle ; et
     sion et un contrôle efficaces des activités. Il ne permet
                                                                          ■	   Le contrôle de qualité est insuffisant. En l’absence
     pas non plus de surveiller la ressource, de renouveler
                                                                               d’une approche claire de chaîne logistique pour
     les plans d’aménagement, de former des techniciens
                                                                               normaliser le produit et assurer la traçabilité des noix
     ou de lutter contre les activités illégales.
                                                                               de karité, ainsi que la qualité et la quantité des appro-
                                                                               visionnements, le pays ne pourra pas tirer de la valeur
                                                                               ajoutée de la transformation.
Produits forestiers non ligneux (PFNL),
principalement le karité
                                                                          Biodiversité, chasse et tourisme
La filière karité est essentielle pour le pays. Avec
195 millions d’arbres29 et un potentiel de production de                  Les revenus tirés de la riche biodiversité du Burkina
plus de 1 247 000 tonnes d’amandes de karité, le Burkina                  Faso ne sont pas à la hauteur de son potentiel — que ce
Faso compte parmi les trois plus grands producteurs                       soit dans le domaine du tourisme (même avant la dégra-
d’amandes et de beurre de karité du monde30. Ce secteur                   dation de la situation sécuritaire) ou de la chasse, en parti-
                                                                          culier la chasse au trophée.


29	MEEVCC, Projet de gestion durable de la filière karité au profit des
fédérations des coopératives féminines, 2021.
30	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate            31	MEEVCC, Stratégie nationale de développement de l’accès des
Change—The case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.          produits forestiers non ligneux (PFNL) aux marchés, 2018.


                                                                                                                                           xiii
      Les zones villageoises d’intérêt cynégétiques (ZOVIC)                 gestion durable d’un capital naturel dont dépendent
      constituent un modèle très prometteur pour mener                      de nombreux secteurs.
      des activités économiques (viande sauvage) tout en
                                                                       ■	   Faire une plus grande place à la biomasse dans les
      préservant la forêt. Cependant, les dispositions relatives
                                                                            politiques énergétiques, dans la mesure où l’élec-
      au régime foncier et à la fiscalité doivent être clarifiées
                                                                            tricité ne couvrira pas tous les besoins énergétiques,
      et améliorées pour faire des ZOVIC un outil au service du
                                                                            notamment ceux actuellement couverts par le bois-­
      développement des communes.
                                                                            énergie, et concevoir des solutions de rechange au
                                                                            bois de chauffe – tels que les biodigesteurs.

      Actions prioritaires                                             ■	   Utiliser les fonds carbone comme une opportunité
                                                                            de générer des recettes supplémentaires. Le travail
      Les principales actions définies sont les suivantes :                 de qualité en cours pour créer un environnement
                                                                            attrayant pour les investisseurs en carbone devrait
      ■	   Accroître les revenus tirés des forêts. Une réforme              être poursuivi.
           de la législation sur le bois de chauffe et de la fisca-
                                                                       ■	   Renforcer les capacités techniques des services
           lité forestière, concernant notamment le prix des
                                                                            forestiers. La grande majorité des acteurs ou agents
           combustibles ligneux, est nécessaire. De même, en
                                                                            publics du secteur forestier sont formés à l’école
           rentabilisant davantage la chaîne de valeur des PFNL,
                                                                            nationale des eaux et forêts. Il serait bénéfique, pour
           une meilleure gestion des forêts serait encouragée.
                                                                            l’avenir du secteur, d’investir dans cette école pour
           Des revenus supplémentaires peuvent également être
                                                                            réformer ou mettre à jour les méthodes d’enseigne-
           tirés de la chasse et de la gestion des parcs ­nationaux.
                                                                            ment et les programmes académiques en tenant
      ■	   Modifier la clé de répartition du prix de vente du               compte de l’actualité concernant la gestion des forêts
           stère de bois de feu entre les acteurs et augmenter              et du changement climatique.
           la part destinée aux communes. Dans la mesure où
           la commune est à présent l’entité responsable de la         En conclusion, la gestion durable des forêts sèches a
           gestion des ressources naturelles, de l’aménagement         un impact sur la richesse, le PIB, la pauvreté rurale, la
           des terres et du développement économique local,            résilience sociale, la sécurité et le climat. Les synergies
           les forêts devraient apparaître comme un actif à inté-      positives entre la productivité agricole et la préservation
           grer pleinement aux plans communaux de dévelop-             des forêts résultant de l’amélioration de la qualité des sols
           pement. Pour ce faire, une réforme fiscale peut être        impliquent que les politiques publiques doivent regarder
           envisagée, touchant non seulement la tarification du        au-­delà de l’opposition apparente entre agriculture et
           bois de chauffe, mais aussi les ZOVIC et les bénéfices      forêt, étant donné que le développement durable des
           générés par les coopératives de PFNL.                       paysages de forêts sèches peut contribuer à l’atteinte
                                                                       des Objectifs de développement durable (ODD) relatifs à
      ■	   Augmenter les investissements publics destinés au
                                                                       l’allègement de la pauvreté et à la protection de l’environ-
           secteur forestier et le budget qui lui est alloué. Les
                                                                       nement.
           avantages indirects des multiples tâches accomplies
           par les services forestiers devraient être reconnus
                                                                       Pour un pays comme le Burkina Faso, une bonne gestion
           et compensés par une dotation budgétaire plus
                                                                       des actifs forestiers peut largement contribuer à la transi-
           importante ; sinon, l’incapacité du ministère de l’En-
                                                                       tion vers une économie plus verte limitant les risques de
           vironnement, de l’économie verte et du Changement
                                                                       conflits, et faire des forêts sèches une convergence d’inté-
           climatique (MEEVCC) à exécuter ses missions de façon
                                                                       rêts entre les objectifs de développement, de réduction de
           satisfaisante risque de compromettre à long terme la
                                                                       la pauvreté et de préservation de la biodiversité.




xiv
     Résumé des actions potentiellement soutenues par la Banque mondiale au niveau du portefeuille

     Tableau 1.  Résumé des actions potentiellement soutenues par la Banque Mondiale dans l’ensemble du portefeuille

            Orange indique un activité potentielle à examiner, jaune indique un activité à valider et à mettre en œuvre, verte indique un activité en cours d’exécution.

     Gouvernance du secteur forestier et droits fonciers

         FACTEURS              RECOMMANDATIONS                             EXEMPLE D’INVESTISSEMENT PRIORITAIRE                                 ACTIONS PRÉVUES/À PRÉVOIR

      Gouvernance du      Augmenter les ressources du          •	 Procéder à un examen des dépenses publiques dans le secteur          Etude analytique possible (ou à inclure dans un
      secteur forestier   secteur forestier pour refléter sa      forestier                                                            futur projet)
                          contribution au PIB

                          Mobiliser les ressources de          •	 Soutenir les efforts déployés par le pays pour bénéficier de fonds   Actuellement soutenu par les opérations REDD+
                          fonds carbone                           carbone avec pour objectif d’établir un programme de réduction       et biodigesteur
                                                                  des émissions

                                                               •	 Préparer le pays pour le marché carbone au titre de l’Accord de      Étude devant être réalisée par la Banque
                                                                  Paris et établir un cadre national de comptabilisation standard      mondiale en coordination avec le Groupe de
                                                                                                                                       travail sur le changement climatique

                          Améliorer les capacités et la        •	 Mise à jour de la méthode d’élaboration de plans                     À inclure potentiellement dans un futur projet
                          qualité des services techniques         d’aménagement forestier
                          de l’administration forestière       •	 Appui au plan de formation triennal du ministère
                                                               •	 Aide à la transformation de l’ENEF

                          Accroître le partage                 •	 Établissement d’un mécanisme permanent de gestion des                Inclus dans le projet PGPC/REDD+
                          d’informations sur les                  plaintes liées à l’aménagement des paysages et aux conflits sur
                          politiques forestières                  l’utilisation des terres

      Déboisement et      Associer davantage les               •	 Mettre à la disposition des communes des outils d’aménagement        Inclus dans le projet PGPC/REDD+
      empiètement sur     communes à la gouvernance               des terres tenant compte des forêts
      les forêts          forestière
                                                               •	 Envisager une réforme de la fiscalité locale pour aider les          Etude analytique à prévoir sur le régime fiscal
                                                                  communes à tirer directement avantage des activités forestières      communal en lien avec la forêt (voir plus bas)
                                                                  (CAF, ZOVIC)




xv
xvi
          FACTEURS              RECOMMANDATIONS                           EXEMPLE D’INVESTISSEMENT PRIORITAIRE                                    ACTIONS PRÉVUES/À PRÉVOIR

                           Garantir les droits forestiers    •	 Mettre à jour l’immatriculation des forêts classées et                   Inclus dans le projet d’appui budgétaire
                           et les limites forestières           l’harmoniser avec la base de données géographiques du cadastre
                           conformément à la                    minier
                           réglementation officielle et
                           coutumière                        •	 Identifier, délimiter et immatriculer les aires protégées dans les       Inclus dans le projet PGPC/REDD+
                                                                paysages communaux en respectant les règles coutumières

                                                             •	 Modifier la législation foncière pour ajouter les chartes foncières      Coordination avec le futur projet mines et régime
                                                                aux droits enregistrés avec le titre foncier                             foncier

                           Limiter l’expansion de            •	 Aider les communes à établir des plans d’occupation des sols et à        Inclus dans le projet PGPC/REDD+
                           l’agriculture                        délimiter les aires protégées

                           Améliorer les politiques          •	 Définir les indicateurs de performance clés pour établir une             Étude réalisée par la Banque mondiale (Fonds
                           minières pour réduire l’impact       norme d’exploitation minière artisanale tenant compte des forêts         fiduciaire) dans le cadre de la préparation
                           sur les forêts
                                                             •	 Mettre à contribution les fonds de réhabilitation conservés par le       À inclure dans un futur appui budgétaire
                                                                Fonds d’intervention pour l’environnement (FIE)


      Bois-­énergie

          FACTEURS              RECOMMANDATIONS                              EXEMPLE D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES                                     ACTIONS PRÉVUES/À PRÉVOIR

       Réglementation      Réviser la structure tarifaire    •	 Réforme du Code forestier et des tarifs du bois de chauffe               Travail dirigé par d’autres bailleurs
       et application de
       la loi              Réduire les avantages du bois     •	 Établir des CAF dans les forêts communales
                           d’origine illégale

       Contraintes         Améliorer l’efficacité            •	 Promouvoir l’utilisation de foyers améliorés dans quelques               Inclus dans le projet PGPC/REDD+
       techniques          énergétique et faire baisser la                  industrielles (transformation du beurre de karité,
                                                                usines semi-­
                           demande                              transformation de produits agricoles)
                           Développer des solutions de
                                                             •	 Soutenir le développement du secteur des biodigesteurs                   Inclus dans le projet PGPC/REDD+ et dans
                           rechange au bois de chauffe
                                                                                                                                         l’opération Biodigesteur
                           pour réduire la demande

                           Encourager l’exploitation         •	 Travailler avec les institutions financières afin de faciliter l’accès   À examiner dans le cadre du projet d’appui à
                           forestière privée et les             au financement pour les entreprises de plantation                        l’inclusion financière au Burkina Faso (P164786)
                           plantations de forêts
       Produits forestiers non ligneux (PFNL)

           FACTEURS             RECOMMANDATIONS                               EXEMPLE D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES                                    ACTIONS PRÉVUES/À PRÉVOIR

        Gouvernance du     Développer la chaîne de valeur      •	 Encourager la transformation des groupements en coopératives           Soutenu par le Projet de résilience et de
        secteur des PFNL   des PFNL                                                                                                      compétitivité agricoles (P167945)

                           Garantir l’accès des femmes aux     •	 Examiner les dispositions contractuelles qui permettraient aux         Étude à prévoir sur la sécurité du droit des
                           ressources                             femmes de garantir leur accès en fonction du statut foncier            femmes sur les terres de la collectivité

        Obstacles          Planter ou régénérer d’urgence      •	 Réaliser un travail d’analyse en vue de soutenir un vaste              Étude à prévoir pour faciliter le montage avec
        techniques         un grand nombre d’arbres de            programme gouvernemental de plantation d’arbres de karité              d’autres bailleurs d’un important projet de
                           karité                                                                                                        plantation

                           Renforcer les connaissances         •	 Soutenir la recherche sur les variétés de karité et encourager leur    À intégrer dans un futur projet
                           sur l’espèce et reproduire des         développement
                           variétés productives


       Biodiversité, chasse et tourisme

           FACTEURS             RECOMMANDATIONS                               EXEMPLE D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES                                    ACTIONS PRÉVUES/À PRÉVOIR

        Gouvernance du     Modifier le cadre législatif pour   •	 Revoir la structure tarifaire pour tirer plus d’avantages de la        Étude analytique à prévoir sur le financement
        secteur            promouvoir un écotourisme et           chasse                                                                 durable de la préservation de la biodiversité
                           une chasse éthique durables                                                                                   en préparation d’un investissement visant à
                                                                                                                                         mobiliser des capitaux pour la Fondation
                           Élaborer des solutions de           •	 Élargir le partenariat avec la Fondation des savanes ouest-­
                           financement durable pour le            africaines
                           tourisme et la chasse

                           Encourager la vulgarisation du      •	 Procéder à une analyse plus poussée du modèle ZOVIC et étudier         Étude analytique à prévoir sur le régime fiscal
                           système des ZOVIC                      la façon d’établir le lien entre celui-­ci et la fiscalité communale   communal en lien avec la forêt (voir plus haut)

                           Mieux prendre en compte les         •	 Élaborer un guide pour les communes afin d’y inclure la                À examiner comme faisant potentiellement
                           besoins de la biodiversité dans        nécessité d’établir des corridors de migration de la faune dans        partie du projet PGPC/REDD+
                           les outils de planification de         les plans de développement communal et dans les plans locaux
                           l’aménagement des sols                 d’aménagement




xvii
Photo: Andrea Borgarello / World Bank
REMERCIEMENTS
Cette Note a été élaborée par une équipe d’experts de            géographiques pour les analyses, M. Paul André Marie
la Banque mondiale conduite par Loïc Braune, Spécia-             Sawadogo et Mme. Pauline Yaméogo pour leur contribu-
liste senior de la gestion des ressources naturelles sous        tion à l’organisation logistique.
la supervision de Maria Sarraf, Directrice technique de
l’Unité Environnement, Gestion des ressources naturelles         L’équipe a, par ailleurs, bénéficié de l’appui et de conseils
et Economie bleue pour l’Afrique de l’Ouest. Michael             d’experts techniques d’autres institutions, notamment
Vaislic, Consultant de la Banque mondiale, a co-rédigé ce        M. Georges Geoffroy Kuate Kuate, Assistant technique
rapport ; Olivier Munos, Emily Olsson et Yiannis Varelidis,      international REDD+ au sein du STN/REDD+, M. Lamine
également Consultants de la Banque mondiale, ont                 Ouédraogo, Chargé de programmes senior au bureau du
contribué à la mise au point définitive et à la révision du      Burkina Faso de Global Green Growth Institute, M. Alain
rapport. La Note sectorielle a en outre largement bénéfi-        Pénelon, Expert forestier à LuxDev et M. Mamadou
cié de l’appui technique de la cellule Mesure Notification       Béloum, ancien Coordonnateur du Centre pour la
et Vérification du Secrétariat Technique National REDD+          gouvernance forestière.
(STN/REDD+), pour les cartes et le traitement des données
géographiques pour les analyses.                                 L’équipe se félicite de l’appui financier du Fonds de
                                                                 partenariat pour le carbone forestier (FCPF), ainsi que les
Le présent rapport est le produit de l’analyse et de la          conseils et orientations reçus de la Banque mondiale,
synthèse de données émanant d’une grande diversité de            particulièrement de Soukeyna Kane, Directrice des
contributeurs du Burkina Faso. L’équipe souhaite remer-          opérations pour le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et
cier le ministère de l’Environnement, de l’économie verte        le Niger ; Christophe Rockmore, Responsable au Pôle
et du Changement climatique en particulier Monsieur le           et ancien directeur des opérations par intérim pour
ministre Siméon Sawadogo en fonction au moment de                le Burkina Faso ; Maria Sarraf, Responsable de l’Unité
l’étude, ainsi que ses collaborateurs : M. Augustin Kaboré,      Environnement, ressources naturelles et Economie
Secrétaire général, M. Sibidou Sina, ancien Secrétaire           bleue; et Garo Batmanian, Spécialiste principal de
général, M. Pamoussa Ouédraogo, Directeur général de             l’environnement. L’équipe souhaiterait également
l’économie verte et du changement climatique, M. Paul            remercier les évaluateurs de la Banque mondiale qui lui
Bombiri, Directeur des statistiques sectorielles, M. Antoine     ont fourni de précieux conseils et commentaires, à savoir
Bambara, Directeur de la promotion et de la valorisation         Pyush Dogra, Spécialiste senior de l’environnement ;
des produits forestiers non ligneux, M. Bertrand Tapsoba,        Julian Jimenez, Spécialiste senior de la finance carbone ;
Directeur des Forêts et de la reforestation, M. Sia Coulibaly,   Aurélie Rossignol, Spécialiste de l’environnement ;
Chef du service national du système d’information fores-         et Ines De Aviles, Spécialiste du secteur forestier.
tier à la Direction générale des Eaux et Forêts, M. Benoît       L’equipe remercie Madjiguene Seck, Spécialiste Senior
Doamba, Directeur général de l’OFINAP et M. Do Etienne           du Partenariat pour la coordination de la production
Traoré, point focal national de la Convention-cadre              de cette Note ; Fatou Ndiaye, Editrice ; et Will Kemp,
des Nations Unies sur les changements climatiques                Designer Graphique.
au Secrétariat permanent du Conseil national pour le
développement durable. L’équipe remercie également               In Memoriam : L’équipe souhaite tout particulièrement
M. Mamadou Batiéné, Point focal national REDD+ et                rendre hommage au Colonel des Eaux et forêts Kimsé
M. Jean Bosco So, Coordonnateur national du PIF pour             Ouédraogo, Chargé d’études au MEEVCC, qui a faci­lité
leurs contributions et leur appui multiforme à la mise au        l’élaboration de la Note sectorielle en tant que point focal
point définitive du document, ainsi que toute l’équipe du        du MEEVCC jusqu’à son décès.
PIF, notamment M. Bernard Soumaila Tougma, Expert en
système d’information géographique pour sa contribution          Ce rapport est dédié à Edmond Ouédraogo, éternel
à l’élaboration des cartes et le traitement des données          artisan de la gestion durable des terres.


                                                                                                                                 xix
Photo: Alexander Bee / iStockphoto
INTRODUCTION
Cette Note sectorielle sur les forêts du Burkina Faso fait      et à la réduction de la pauvreté. Cependant, cette dépen-
partie d’une série de rapports prévus dans le Plan d’action     dance rend le pays vulnérable aux effets du changement
de la Banque mondiale pour les forêts (2016–2020) dont          climatique et à la dégradation des écosystèmes du fait
l’objectif est de favoriser le dialogue avec les autorités      de sécheresses, de vents violents et de changements de
nationales et d’autres bailleurs de fonds, afin de renfor-      régimes de précipitations et de températures qui risquent
cer la capacité des pays à harmoniser leurs programmes          d’exacerber la déforestation et la pauvreté. Il est donc
d’action sur les forêts et le développement. Chaque Note        nécessaire pour le gouvernement burkinabè de mieux
cherche à répondre aux questions suivantes : i) quelle est      comprendre les défis et les possibilités associées au
l’importance des forêts pour la subsistance et la réduction     secteur forestier et de quelle manière celui-­ci peut mieux
de la pauvreté ? ii) quels sont actuellement les défis, les     contribuer au développement durable et à la croissance
questions de politique générale et les facteurs directs et      économique du pays.
indirects de la déforestation ? et iii) comment les opéra-
tions de la Banque mondiale dans le secteur forestier           La présente Note sectorielle sur les forêts du Burkina Faso
peuvent-­elles contribuer à la réalisation d’un plus grand      traite de la situation du secteur forestier dans le pays, ainsi
nombre d’investissements respectueux des forêts ?               que de la vision et des politiques et investissements perti-
                                                                nents pour celui-­ci. Elle présente une approche de déve-
Le Burkina Faso dispose d’une longue et solide expérience       loppement tenant compte de l’aménagement des terres
de la gestion intégrée des ressources naturelles, notam-        et de l’exploitation des forêts, que la Banque mondiale —
ment des méthodes traditionnelles de gestion des terres.        avec le soutien du Programme d’investissement forestier
Les pouvoirs publics ont fait preuve d’un engagement            (PIF) et du FCPF — encourage dans le pays. Elle s’appuie
solide et continu pour l’environnement ces 30 dernières         sur de nombreuses études des facteurs de déforestation
années, en élaborant des stratégies sectorielles relatives      menées dans le cadre de la préparation à la REDD+, ainsi
à l’environnement, à la foresterie, à l’adaptation et à l’at-   que sur le profil d’une agriculture respectueuse du climat,
ténuation qu’ils ont accompagnées d’un plan d’investis-         compte tenu des liens étroits qui unissent la forêt et l’agri-
sement global portant sur 10 ans (2008–2018) et de divers       culture.
projets pilotes probants dans les domaines de la préser-
vation des forêts et de l’agroforesterie. Le pays tire aussi    Plus spécifiquement, la Note sectorielle souligne les
avantage de la présence d’institutions robustes dotées de       défis auxquels le secteur forestier est actuellement
capacités élevées de planification et de mise en œuvre,         confronté . Elle recense les principaux problèmes et
d’une gouvernance de très bonne facture et d’un niveau          lacunes en matière de politiques et d’investissements,
globalement élevé de participation d’organisations de la        et formule des recommandations sur les réformes
société civile et des communautés locales très actives.         essentielles et les investissements sectoriels néces-
En outre, dans le cadre du processus de décentralisation,       saires. Elle démontre notamment que des investisse-
le Burkina Faso a initié le transfert des compétences           ments stratégiques dans les secteurs de la forêt et de
en matière de gestion des ressources naturelles aux             l’aménagement du territoire sont requis pour réduire la
communes. La prochaine étape devrait consister à parta-         pauvreté en milieu rural et assurer une gestion durable
ger les avantages économiques tirés des ressources des          des ressources naturelles, notamment des forêts. Dans
forêts domaniales avec les communautés locales et les           le contexte du renouvellement du Plan national de déve-
communes.                                                       loppement économique et social (PNDES), la présente
                                                                Note entend étayer un dialogue entre la Banque
Les forêts représentent un atout majeur pour le Burkina         mondiale, les autorités nationales et d’autres partenaires
Faso. Réparties sur plus de 30 % de la superficie du pays,      essentiels en vue d’entreprendre des opérations dans
elles fournissent des moyens de subsistance et contri-          le secteur forestier qui favorisent des transformations
buent à la croissance économique, à la création d’emplois       profondes.


                                                                                                                                  xxi
       Dans le présent rapport, une forêt désigne une superficie        qui fournissent des services écologiques, socioécono-
       de plus de 0,5 hectare comprenant des arbres atteignant          miques et culturels. Elle exclut notamment les terres
       une hauteur supérieure à 2 mètres et un couvert arboré           agroforestières, qui font l’objet d’une analyse plus appro-
       de plus de 10 %. Cette définition inclut les forêts claires,     fondie dans le rapport de 2020 de la Banque mondiale
       les forêts-­galeries, les plantations forestières, les savanes   intitulé « Climate Smart Agriculture ­Investment Plan ».
       arborées, les steppes arborées et les savanes arbustives,




                                                                                                                 Photo: Jalvarez / iStockphoto


xxii
1	               CARACTÉRISTIQUES DES FORÊTS ET DU
                 SECTEUR FORESTIER AU BURKINA FASO

1.1.	 Superficie et composition des                                        Les forêts constituent l’une des plus importantes catégo-
                                                                           ries de terres au Burkina Faso : elles représentaient 31,6 %
forêts
                                                                           — ou 8,6 millions d’hectares — de la superficie du pays en
                                                                           201433. Techniquement, en suivant la définition utilisée
Le Burkina Faso est un pays sans littoral d’une
                                                                           dans la Déclaration de Paris sur les émissions liées au
­superficie totale de 27,36 millions d’hectares occupés
                                                                           changement d’affectation des terres, les « forêts » au
 en majeure partie par des terres agricoles (44,2 %)
                                                                           Burkina Faso sont considérées comme des terres ayant
 et les forêts (31,6 %)32. Le pays couvre trois zones
                                                                           une superficie supérieure à 0,5 hectare et un couvert
 ­climatiques : la zone sahélienne aride au nord, la zone
                                                                           arboré supérieur à 10 % et comprenant des arbres d’au
  nord-­soudanienne au centre et la zone sud-­soudanienne
                                                                           moins deux mètres de hauteur. Cette définition inclut les
  humide au sud.
                                                                           plantations établies dans un objectif forestier et la savane

Carte 1.1.  Occupation des terres au Burkina Faso, 2014




Source : Plan d’investissement forestier, 2014


32	 World Bank, Climate-­Smart Agriculture Investment Plan for Burkina
Faso, 2020 et Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina   33	 Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso,
Faso, 2020.                                                                2020.


                                                                                                                                                  1
    Figure 1.1.  Proportion des catégories de terres par                            réserves de biosphère38. Le reste des zones boisées corres-
    rapport à la superficie totale du Burkina Faso, 2014                            pond à des terres en friche39, qui peuvent faire partie ou non
                                                                                    d’un système de rotation agricole.



                                32 %                                                1.2.	 Évolution de la superficie
                                                      Total terres boisées
                                                      Parcs agroforestiers          forestière, de la biomasse et du
            56 %
                                                      Total terres non boisées
                                                                                    carbone
                                12 %

                                                                                    La couverture forestière au Burkina Faso a subi un
                                                                                    déclin caractérisé par la diminution des terres forestières,
    Source : Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina             la dégradation de la qualité du couvert forestier et, par
    Faso, 2020                                                                      conséquent, l’appauvrissement de la diversité biologique.

    arbustive34, et exclut notamment les parcs agroforestiers35.
    Ces parcs représentent 12,2 % de la superficie du pays. Les                     1.2.1.	 Évolution de la superficie forestière
    terres non boisées — dont 47 % sont composées de terres
    cultivées — recouvrent 56,2 % de la superficie du Burkina                       Des statistiques récentes soulignent une tendance à une
    Faso (voir figure 1.1).                                                         déforestation croissante alimentée par l’expansion des
                                                                                    terres cultivées. Entre 1992 et 2014, la déforestation
    Parmi les types de forêts, la savane arbustive est prédo-                       moyenne totale a atteint environ 281 355 ha par an ou
    minante, avec 27,2 % de la superficie du pays en 2014. La                       1,9 % de la surface forestière totale40, ce qui est supérieur à
    steppe arborée constitue 1,4 % de la superficie totale, tandis                  la moyenne de 0,5 % par an enregistrée par les pays à
    que la savane boisée en couvre 2,6 %. Ces terres jouent un                      faible revenu et les pays d’Afrique subsaharienne41. Le
    rôle essentiel du point de vue environnemental, économique                      tableau 1.1 présente ces tendances et la composition des
    et social, outre leur contribution au stockage du carbone.                      forêts du Burkina Faso.

    Les systèmes d’aménagement des terres rurales                                   Le taux de déforestation pour la savane arbustive, la caté-
    comprennent des zones de culture agricole, des aires                            gorie dominante d’utilisation des terres forestières, s’élève
    classées et des pâturages. Les aires classées (forêts clas-                     en moyenne à 2 % par an, ce qui correspond à une perte
    sées, réserves de biosphère et réserves fauniques) consti-                      moyenne annuelle de 261 955 ha. Environ 78 % des pertes
    tuent la deuxième plus grande catégorie d’utilisation des                       de superficies forestières sont imputables à la conversion
    terres du pays en termes de superficie – 43 078 kilomètres                      à l’agriculture42. Les forêts claires et les forêts-­galeries ne
    carrés (km2) – après les pâturages (167 501 km2)36.                             représentaient que 0,45 % du territoire national en 2014,
                                                                                    en raison d’une réduction annuelle de 3,86 % en moyenne
    Les forêts domaniales classées représentent près de la                          entre 1992 et 2014. La savane arborée a également reculé
    moitié (3,9 millions d’hectares) des 8,6 millions d’hectares de                 de 0,4 % par an en moyenne pendant la même période.
    terres de savane arborées et arbustives considérées comme
    couvertes de forêts37. Elles couvrent 76 aires ­classées, à                     Entre-­temps, durant la période 1992–2014, la superficie de
    savoir : les forêts (880 000 ha), les parcs nationaux (390 000 ha),             terres cultivées a augmenté en moyenne de 5,1 % par an,
    les réserves fauniques partielles et totales (2 545 500 ha) et les
                                                                                    38	 Ministère de l’environnement et du développement durable du
                                                                                    Burkina Faso, Plan de préparation à la REDD+, 2013.
    34	 PIF. Rapport de l’atelier national de validation du document guide du       39	   MEEVCC, Second inventaire forestier national, 2020.
    système de Mesure, notification et vérification (MNV), et de définition de la
                                                                                    40	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.
    forêt, organisé dans le cadre du processus REDD+ au Burkina Faso, 2018.
                                                                                    41	   World Bank, The Little Green Data Book 2017, June 2017.
    35	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.
                                                                                    42	 Secrétariat permanent du Conseil national pour l’environnement
    36	   Forest Investment Program, Climate Investment Funds, 2012.
                                                                                    et le développement durable. Deuxième rapport sur l’état de
    37	   Niveau d’émissions de référence pour les forêts du Burkina Faso, 2020.    l’environnement au Burkina Faso, 2009.

2
Carte 1.2.  Évolution du couvert forestier au Burkina Faso de 1992 à 2014




Source : Secrétariat REDD+, MEEVCC, 2020



Tableau 1.1.  Évolution des superficies forestières et agricoles en hectares et en pourcentage, 1992–2014

                                                                                                        ÉVOLUTION ANNUELLE
                                                                                        ÉVOLUTION DE      DE LA SUPERFICIE
                                                                              % DU      LA SUPERFICIE        DURANT LA
 UNITÉ D’OCCUPATION                                                          PAYS EN    ENTRE 1992 ET    PÉRIODE 1992–2014
 DES TERRES                          1992             2002        2014        2014       2014 (EN HA)      (EN HA ET EN %)
 Forêts claires                         5 849             580         410     0,001 %       –­5 439         –­247   –­4,2  %
 Forêts-­galeries                     524 588         288 451     121 883     0,45 %      –­402 705      –­18 305   –­3,5  %
 Plantations forestières               10 895          11 785        7 404    0,03 %        –­3 491         –159    –­1,5  %
 Savane arborée                       767 634         683 258     703 782     2,57 %       –­63 852       –­2 902   –­0,4  %
 Steppe arborée                       331 848         446 783     380 801     1,39 %        48 953         2 225     0,7 %
 Savane arbustive                  13 200 589      10 019 320    7 437 579   27,20 %    –­5 763 010     –­261 955   –­2,0  %
 Total terres boisées             14 841 672      11 450 178     8 651 859   31,64 %    –­6 189 813     –­281 355   –­1,9  %
 Parcs agroforestiers               2 261 104       3 106 093    3 326 093   12,17 %     1 064 989        48 409     2,1 %
 Terres cultivées                   6 094 301      10 085 691   12 867 192   47,06 %     6 772 891       307 859     5,1 %
 Prairies                           6 135 731       5 346 399    5 143 102   18,81 %      –­992 629      –­45 120   –­0,7  %
 Zones humides                        109 229         176 597     191 059     0,70 %        81 830         3 720     3,4 %
 Établissements humains                51 711         124 133     254 569     0,93 %       202 858         9 221    17,8 %
 Autres types de terres               108 367         158 014     233 231     0,85 %       124 864         5 676     5,2 %
 Total                            27 341 011      27 341 011    27 341 011    100 %

Source : MEEVCC, Second inventaire forestier national, 2020

                                                                                                                               3
    Carte 1.3.  Évolution de la couverture forestiére (1992–2014)




    Source : Secrétariat technique national REDD+, MEEVCC, 2020



    tandis que les terres consacrées à l’agroforesterie connais-    tonnes métriques sèches, une baisse de 20,5 % sur 25 ans
    saient également une expansion de 47,1 %. L’agriculture         est constatée (voir tableau 1.2).
    intensive (22 %) se pratique surtout le long des cours
    d’eau dans des forêts-­ galeries. Près de 1 444 316 ha — ou     En 25 ans, le stock de carbone au Burkina Faso (combinant
    10,66 % — de zones de steppes et de savane ont été partiel-     le carbone des forêts et des autres terres boisées) a diminué
    lement ou complètement convertis en terres agricoles. Au        de 22,2 %, passant de 967 millions de tonnes métriques en
    total, 60 % de ces changements sont concentrés dans les         1990 à 752 millions de tonnes en 2015. Plus spécifiquement,
    régions de l’ouest, des Cascades, des Hauts-­   Bassins et du   entre 1990 et 2015, le stock total de carbone forestier dans
    sud-­ouest. Ceci s’explique en partie par l’accroissement de    la biomasse vivante a reculé de 315 millions à 247 millions
    la population, mais aussi par les migrations internes en        de tonnes. La même tendance a été observée pour la végé-
    provenance du nord et du Plateau central, ainsi que par le      tation ligneuse d’autres terres boisées, dont le stock total de
    retour de Burkinabè de la Côte d’Ivoire43.                      biomasse vivante a été estimé à 181 millions de tonnes en
                                                                    1990, avant de chuter à 129 millions de tonnes en 201544
                                                                    (voir tableau 1.3).
    1.2.2.	 Évolution de la biomasse et du stock
    de carbone
                                                                    1.2.3.	 Calcul des émissions par secteur
    En 2015, le Burkina Faso comptait au total 841 millions de
    tonnes métriques sèches de biomasse ligneuse, soit 524          Les émissions de carbone dans le secteur de l’agriculture,
    et 317 millions de tonnes métriques sèches de biomasse          de la foresterie et des autres affectations des terres (AFAT)
    des forêts et des autres terres boisées. Par rapport à 1990,    ont augmenté durant la période 1995–2015. Selon la
    où la biomasse ligneuse représentait 1 058 millions de          méthodologie utilisée dans la Troisième communication


                                                                    44	 FAO. évaluation des ressources forestières mondiales
    43	Ibid.                                                        2015 – Rapport national du Burkina Faso, 2014.

4
Tableau 1.2.  Biomasse ligneuse dans les forêts et les autres terres boisées, en millions de tonnes métriques
séches, 1990–2015


                                                        FORÊTS                                            AUTRES TERRES BOISÉES

 CATÉGORIE                       1990        2000        2005         2010        2015         1990           2000    2005        2010       2015

 Biomasse aérienne               590          537         513         486          461         352            328      312        300          288

 Biomasse souterraine              81          73          70           66          63           35            33       31          30          29

 Total                           671         610          583         552          524         387            361      343        330         317


Source : FAO, évaluation des ressources forestières mondiales 2015 – Rapport national du Burkina Faso, 2014




Tableau 1.3.  Évolution du stock de carbone, en millions de tonnes métriques, 1990–2015

                                                        FORÊTS                                                AUTRES TERRES BOISÉES

 CATÉGORIE                       1990        2000         2005        2010         2015        1990           2000     2005       2010        2015

 Carbone dans la                 315          286         274         259           247         181            170     162         155         129
 biomasse vivante

 Carbone dans la litière           14          13           12          12           11           12            11       11          11         10

 Carbone du sol                  240          219         208         198           187         205            190     183         175         168

 Total                           569          518         494         469           445         398            371     356         341         307


Source : FAO, évaluation des ressources forestières mondiales 2015 – Rapport national du Burkina Faso, 2014


nationale (document provisoire), elles sont passées de                         les plantations industrielles réalisées dans le cadre de
9,4 millions de tonnes d’équivalent carbone en 1995 à                          programmes de reboisement tels que Village Wood ont
15,9 millions en 2015, soit une progression de 69,9 %. Cette                   été converties en logements (cas de la Ceinture verte de
tendance générale à la hausse des émissions découle prin-                      Ouagadougou) ou en champs (exemple de la plantation
cipalement de facteurs de déforestation comme la conver-                       de Wayen ou de la Ceinture verte entre Louda et Kaya).
sion des forêts en terres agricoles, le défrichement, l’abat-                  Dans un scénario de statu quo, les émissions de CO2 dans
tage du bois, les feux de brousse, l’exploitation minière, le                  le secteur AFAT devraient dépasser 23 millions de tonnes
surpâturage ou l’aménagement des zones humides. Elle est                       d’équivalent CO2 d’ici à 203046.
liée aussi à l’accroissement de la population et à la prédo-
minance de systèmes de production agropastoraux exten-
sifs. Les principales catégories d’émissions de CO2 dans                       1.2.4.	 Niveau de référence des émissions
le secteur AFAT sont les terres forestières et agricoles, qui                  provenant des forêts47
étaient responsables de 95,7 % des émissions en 201545.
                                                                               Pendant la période 1995–2017, le Burkina Faso a émis en
Au cours de la période 1995–2015, les émissions de CO2                         moyenne — y compris à partir de feux de brousse — 10,21
provenant des terres agricoles ont augmenté de 160,8 %,                        millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, réparties
en partie en raison de l’expansion agricole sur les terres                     comme suit :
forestières. Les plantations forestières n’ont pas pu
compenser les pertes d’arbres sur le long terme. De plus,
                                                                               46	Ibid.
                                                                               47	 Niveau de référence des forêts, délivré au GIEC par le MEEVCC en
45	   MEEVCC, Troisième communication nationale (projet), 2019.                août 2020.

                                                                                                                                                      5
    ■	    6,65 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an pour                       Figure 1.2.  Répartition des composantes de richesse,
          les émissions forestières nettes, soit 65 % ;                              en millions de dollars constants de 2014
                                                                                                                                                  $2,735
    ■	    3,56 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an pour
          les feux de brousse, soit 35 % du total.                                                                                                     $30,851
                                                                                                                                                                               Capital produit

    Les émissions forestières nettes se composent de                                                                                                                           Forêts
                                                                                                                                                              $29,181          Terres cultivées, pâturages
    7,6 millions de tonnes d’émissions et de 0,95 million                                                                               $87,418                                et ressources du sous-sol
    de tonnes stockées. La majorité des émissions (75 %)                                                                                                                       Métaux et minéraux
    sont dues à la conversion de zones forestières en terres                                                                                             $72,044
                                                                                                                                                                               Capital humain
                                                                                                                                                                               Avoirs extérieurs nets
    cultivables, suivie de la conversion en pâturages (10 %).
    Une petite partie des émissions – 0,25 million de tonnes
                                                                                                                                       $12,913
    d’équivalent CO2 par an ou 3 % – provient des terres fores-
    tières restantes du fait de la dégradation des forêts.
                                                                                     Source: World Bank, Wealth of Nations, 2018
    Environ 51,5 % des émissions sont attribuables à la conver-
    sion de biomasse ligneuse, alors que celles liées au carbone                     richesse49 (voir figure 1.2). De 1995 à 2010, les forêts ont été
    organique du sol représentent approximativement 48,5 %.                          celles qui ont le plus contribué au capital naturel, en valeur
    Les émissions forestières se concentrent largement dans                          absolue et par habitant, mais cette contribution tend à
    les zones soudaniennes, notamment dans la zone nord-­                            baisser (elle est passée de 37,3 % du capital naturel en
    soudanienne (63 % du total) et la zone sud-­soudanienne                          moyenne pendant la période 1995–2010 à 28,8 % en 2014)50.
    (35 %). Ces deux régions phytogéographiques totalisent                           Cependant, la déforestation représentait 6,7 % du revenu
    98 % des émissions annuelles. Les émissions des zones                            national brut (RNB) du pays en 2016, soit près du triple de
    sahéliennes restent marginales (2 % du total).                                   la moyenne régionale d’Afrique subsaharienne (2,3 %)51.

                                                                                     Figure 1.3.  Répartition des richesses par habitant,
    1.3.	 Contribution des forêts à la                                               en dollars constants de 2014 (1995–2014)
    richesse nationale et aux revenus                                                                                                  13,500
                                                                                           Dollars US constants de 2014 par habitant




                                                                                                                                       11,500
    1.3.1.	 Contribution à la richesse nationale48
                                                                                                                                        9,500

    Les forêts contribuent largement au capital naturel                                                                                 7,500
    renouvelable du Burkina Faso et à sa richesse globale. En
                                                                                                                                        5,500
    2014, le capital naturel renouvelable représentait
    88,3 milliards de dollars. sur les 216,7 milliards de dollars que                                                                   3,500

    constituait la richesse du pays, les forêts contribuant à                                                                           1,500
    hauteur de 29,2 milliards de dollars (ou 13,5 %) de cette                                                                            –500
                                                                                                                                                  1995        2000        2005          2010     2014
                                                                                                                                                             Capital produit
                                                                                                                                                             Capital naturel-renouvelable
    48	 La richesse d’un pays désigne le capital produit (bâtiments,
                                                                                                                                                            Capital naturel-non renouvelable
    machines et infrastructures) ; le capital naturel comme les terres agricoles,
                                                                                                                                                             Capital humain
    les forêts, les aires protégées, les réserves de minéraux, de pétrole, de
                                                                                                                                                             Avoirs exérieurs nets
    charbon et de gaz ; le capital humain (réparti par genre et types d’emplois) ;
    et les avoirs extérieurs nets. La comptabilisation de la richesse donne une      Source : Données de la Banque mondiale, 2018
    estimation de la richesse totale des nations en agrégeant les valeurs de
    ces différentes composantes. L’évolution de la richesse est un indicateur
                                                                                     49	 Données pour l’année 2014, d’après les calculs des auteurs et les
    permettant d’évaluer le potentiel de croissance future d’un pays. Ainsi,
                                                                                     données de 2018 sur la richesse des nations de la Banque mondiale.
    la richesse d’un pays est un indicateur complémentaire au PIB, car
    il reflète l’état des actifs qui produisent le PIB et montre dans quelle         50	 Calculs des auteurs et données de 2018 sur la Richesse des nations
    mesure les investissements dans le capital humain, le capital produit et         de la Banque mondiale. Les calculs portant sur les forêts sont basés sur les
    le capital naturel sont suffisants pour soutenir le rythme de la croissance      ressources ligneuses et non ligneuses ainsi que sur les aires protégées.
    démographique et les aspirations au développement d’un pays.                     51	                                    Données de la Banque mondiale (World Bank, 2017).

6
Tableau 1.4.  Répartition des richesses, en millions de dollars constants de 2014 (1995–2014)


 EN MILLIONS, DOLLARS CONSTANTS
 DE 2014                                                   1995               2000                  2005                  2010                 2014

 Richesse totale                                            85 424            115 144               140 885               182 442              216 758

 Capital produit                                             14 262            17 062                18 459                23 699                30 851

 Capital naturel — renouvelable                              49 996            60 077                62 963                82 761                88 312

 Capital naturel — non renouvelable                               86                 17                 119                  2 969               12 913

 Capital humain                                              22 129            40 888                62 053                75 036                87 418

 Avoirs extérieurs nets                                      −­1 048           −­2 900               −­2 682               −­2 023               −­2 735

 Population                                             10 089 876          11 607 944          13 421 929            15 632 066             17 589 198


Source : Données de la Banque mondiale, 2018


1.3.2.	 Contribution au PIB                                                     Figure 1.4.  Contribution relative des différentes
                                                                                composantes du secteur forestier, en % du PIB, 2016
Le secteur forestier contribue à environ 9,6 % du PIB du
                                                                                                   0,47 %
Burkina Faso52, le bois de chauffe et les produits fores-
tiers non ligneux représentant respectivement 5,3 % et
3,85 % du PIB. Le tourisme, en particulier pour la faune
sauvage, contribue à 0,47 % du PIB (voir figure 1.4)53.
                                                                                                                                      Bois énergie
La contribution de ces trois secteurs à l’écono-
                                                                                          3,85 %                  5,3 %               PFNL
mie du pays est examinée plus loin à la Section 2.
                                                                                                                                      Faune/Tourisme

Par comparaison, les services contribuent à 43,6 % du
PIB54, le secteur bancaire étant un acteur majeur de l’éco-
nomie55. L’agriculture fournit 18,2 %56 du PIB, alors que le
secteur de l’industrie extractive et le secteur secondaire
                                                                                Source : Secrétariat permanent du Conseil national pour le
représentent respectivement 9,1 %57 et 19,5 %58 du PIB.
                                                                                développement durable, Quatrième rapport sur l’état de l’environnement
                                                                                au Burkina Faso, 2016 ;FAO, Situation des forêts du monde, 2018 ; et
                                                                                Banque mondiale, Using Forests to Enhance Resilience to Climate
                                                                                Change—The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013



                                                                                1.3.3.	 Forêts et pauvreté
52	 Calculs des auteurs, d’après la Situation des forêts du monde, FAO,
2018, et Using Forests to Enhance Resilience to Climate Change – The case
of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, Banque mondiale, 2013.               Les activités sylvopastorales sont au cœur des stratégies
53	 Secrétariat permanent du Conseil national pour le développement             de subsistance pour une grande partie de la population,
durable, Quatrième rapport sur l’état de l’environnement, 2016.                 notamment les couches rurales et pauvres. Malgré une
54	   Nordea Trade, Burkina Faso: Economic and Political Overview, 2020.
                                                                                solide expérience en matière de décentralisation de l’ad-
55	Ibid.
                                                                                ministration et une croissance économique stable ces
56	 Calculs des auteurs excluant le secteur forestier du secteur agricole
et basé sur le document intitulé « Burkina Faso Economic and Political
                                                                                dernières années, le Burkina Faso reste l’un des pays les
Overview », Nordea Trade, 2020.                                                 plus pauvres d’Afrique. Le taux de pauvreté59 y demeure
57	 Initiative pour la transparence dans les industries extractives,
Burkina Faso Overview, 2020.                                                    59	 Indice numérique de pauvreté au seuil de pauvreté national, c’est-­ à-­
58	   Nordea Trade, Burkina Faso: Economic and Political Overview, 2020.        dire pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté national.


                                                                                                                                                               7
    élevé, malgré une baisse de 51,1 % en 1994 à 40,1 % en                           Malgré ces fortes variations d’une région à l’autre, les four-
    2014. La pauvreté touche principalement les jeunes et                            nisseurs de bois-­énergie dans les zones forestières aména-
    les femmes en milieu rural60, et le pays se classe au 185e                       gées ont tendance à être plus riches que la population
    rang sur 188 pays au titre du développement humain61.                            rurale moyenne63. L’exploitation de certains PFNL apparaît
    Les Burkinabè n’ont toujours pas un accès suffisant aux                          également comme fortement rentable, compte tenu du
    services de base et sont fortement tributaires de l’envi-                        coût relativement bas de la main-­d’œuvre, notamment
    ronnement pour leur subsistance, plus d’un tiers de la                           pour le « zamné » et le jujubier (voir tableau 1.5).
    population étant confronté à l’insécurité alimentaire62.
                                                                                     Ces différences s’observent dans le revenu forestier
    Le taux d’incidence de la pauvreté rurale dans les zones                         moyen, qui varie de moins de 4 000 FCFA dans le Nord à
    boisées (37,33 %) est inférieur au taux national (52,3 %),                       plus de 23 000 FCFA dans le Sud-­Ouest pour ce qui est des
    bien que la situation varie selon les régions. Plus de                           ménages, et peut atteindre des niveaux très élevés dans
    40 % des ménages tirent une partie de leur revenu des                            les communes où les activités forestières sont prédomi-
    activités forestières, avec des variations suivant les zones                     nantes. Par exemple, le revenu forestier moyen des
    climatiques du pays : les régions du Sud-­Ouest et du Sud                        ménages dans sept communes forestières étudiées était
    présentent les moyennes les plus élevées, à savoir 59 % et                       estimé à plus de 300 000 FCFA, deux des communes (Nako
    50 % respectivement.                                                             et Tenado) dépassant même 850 000 FCFA64.



    Tableau 1.5.  Structure de la valeur ajoutée d’une sélection de PFNL, en FCFA, 2017

                                                                                           VALEUR AJOUTÉE

                                                                       COÛT DE LA
     PRODUITS                                                         MAIN-­D’ŒUVRE              IMPÔTS               BÉNÉFICES              PRIX

     Fruit du baobab                                                          5                       0                       20                     25

     Graines de néré                                                       100                        0               400 à 650           500 à 750

     Feuilles de tamarinier                                                100                        0                      400                 500

     Tamarins                                                              100                        0                      400                 500

     Zamné                                                                 100                       —                       525                 625

     Liane Goïne                                                              5                      —                        20                     25

     Jujubier                                                               10                       —                       240                 250

     Kapokier                                                              100                       —                       250                 350

     Amandes de karité                                                     100                       —                       140                 240

     Balanites                                                              50                       —                       150                 200


    Source : Étude sur les aspects socioéconomiques des filières prioritaires des produits forestiers non ligneux, MEEVCC, 2017




    60	 Stratégie de croissance accélérée et de développement durable,
    Burkina Faso, 2009.
    61	 Programme des Nations unies pour le développement (PNUD),                    63	 Cinquième rapport national du Burkina Faso à la Conférence des
    Rapport sur le développement humain, 2016.                                       parties (COP) sur la diversité biologique, CDB.
    62	 Ministère de l’Environnement et du Développement durable, Plan               64	 World Bank, Burkina Faso Rural Income Diagnostic (version
    de préparation à la REDD+ du Burkina Faso, 2012.                                 préliminaire), 2019.


8
                                                                                              Photo: Thierry Ouedrago / PIF Burkina Faso




En outre, des disparités sont observées entre les revenus    la collecte de PFNL (principalement karité et néré) et leur
forestiers des femmes et ceux des hommes, car l’engage-      transformation respectivement en beurre de karité et en
ment dans des activités génératrices de revenus forestiers   soumbala sont plus susceptibles d’être effectuées par
est régi par des normes sexospécifiques. Par exemple, le     des femmes. Dans les régions hautement productrices de
ramassage du bois de chauffe et la production de charbon     PFNL, les revenus forestiers moyens des femmes peuvent
sont des activités essentiellement masculines, tandis que    être supérieurs à ceux des hommes65.




65	Ibid.


                                                                                                                                           9
     Photo: Andrea Borgarello / World Bank TerrAfrica


10
2	              CONTRIBUTION DES FORÊTS AU
                DÉVELOPPEMENT DURABLE

2.1.	 Bois-­énergie66                                                      d’autres sources d’énergie plus propres pour la cuisine et
                                                                           le chauffage.
2.1.1.	 Une ressource stratégique
                                                                           Le charbon de bois a connu depuis 2007 une croissance
Le bois-­énergie apparaît irremplaçable au Burkina Faso.                   rapide sur les marchés urbains, où il représente
Moyens traditionnels de cuisson et de chauffage, le bois                   aujourd’hui 15 % du marché et 21 % en valeur énergé-
de chauffe et le charbon de bois représentent près de                      tique68. Ceci s’explique en partie par sa praticité et son prix
96 % de la consommation domestique d’énergie, tandis                       plus compétitif, car le coût de transport du bois augmente
que l’électricité ou les combustibles de remplacement                      au fur et à mesure que le lieu de production s’éloigne. La
restent trop onéreux pour la plus grande partie de la                      consommation de charbon de bois devrait continuer
population. Tous les ménages ruraux dépendent du bois-­                    d’augmenter dans les quatre grandes villes du Burkina
énergie, mais cette dépendance baisse à 82 % dans les                      Faso : Ouagadougou, Bobo-­Dioulasso, Ouahigouya et
zones urbaines.                                                            Koudougou.

Les produits pétroliers représentent à peine 2 % de la                     Le bois-­énergie devrait donc rester la principale
consommation énergétique des ménages et sont prin-                         source d’énergie domestique pendant des décennies,
cipalement utilisés pour les transports et la production                   car les prévisions indiquent une forte augmentation de
d’électricité. Stimulée par l’utilisation de l’éclairage, de la            la demande liée au niveau de pauvreté, à la croissance
ventilation et de la télévision, la consommation d’élec-                   démographique et au niveau d’urbanisation anticipé
tricité représente également 2 % de la consommation                        du pays. L’urbanisation croissante du pays entraîne
énergétique des ménages (voir figure 2.1)67. Presque                       des changements dans les choix de bois-­énergie des
tous les besoins de chauffage et de cuisine, qui repré-
sentent 95 % de la consommation totale d’énergie au
Burkina Faso, sont couverts par le bois de chauffe et le                   Figure 2.1.  Consommation énergétique des
charbon de bois.                                                           ménages par type de combustible, en %, 2018

Cette estimation inclut les zones desservies par les                                                      1%
                                                                                                               2%
                                                                                                                    2%
réseaux électriques et souligne la préférence accordée au                                            6%
bois et au charbon de bois pour la cuisine, même lorsqu’il
existe d’autres sources d’énergie. Par conséquent, il est                                                                     Bois énergie
                                                                                                                              Charbon
très peu probable qu’un changement de comportement
                                                                                                                              Autre biomasse
intervienne rapidement et permette de passer du bois à                                                                        Énergies fossiles
                                                                                                                              Électricité
                                                                                              89 %
66	 Dans ce rapport, le bois-­énergie est défini comme l’énergie
provenant de combustibles ligneux, autrement dit du bois de chauffe et
du charbon. Le combustible ligneux désigne le bois extrait pour produire
de l’énergie à vocation industrielle, commerciale ou domestique, et
le bois de chauffe (ou bois de feu) consiste en du bois brut (tronc ou     Source: African Energy Efficiency Database for Residential Sector, AFREC
branche) utilisé comme combustible pour la cuisson, le chauffage ou la     Energy, 2018 (Données concernant le Burkina Faso)
production énergétique.
67	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate
Change—The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.           68	Ibid.


                                                                                                                                                      11
     Tableau 2.1.  Équilibre entre l’offre et la demande de bois-­énergie, en m³/an et en %, 2013

     Demande                                                                       Offre

      CATÉGORIE                                   M3/AN              (%)             CATÉGORIE                                 M3/AN           (%)

      Ménages urbains et ruraux                  7 945 710            82             Production des forêts                    5 295 711        58
                                                                                     naturelles
      Entreprises                                1 728 202            18
                                                                                     Production des plantations                553 224           6
      Exportations                                  19 220             0
                                                                                     forestières

      Total                                      9 693 132          100                                                       3 307 774        36
                                                                                     Arbres hors forêts

      Solde                                                           –5                                                          9 610          0
                                                                                     Importations

                                                                                     Total                                   9 166 319        100

                                                                                     Solde                                    –­526 813


     Source: World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate Change—The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013


     ménages, qui privilégient désormais le charbon de bois au                     n’est plus en mesure de couvrir entièrement la demande
     détriment du bois de chauffe.                                                 nationale et internationale.

     Les forêts représentent donc un atout stratégique, car
     elles peuvent assurer au pays une relative indépen-                           2.1.2.	 Consommation, revenus et emploi
     dance énergétique. La production actuelle de bois de
     chauffe — que l’on dit équivalente à 63 572 térajoules (TJ)69                 Le bois de chauffe représente 5,3 % du PIB du Burkina
     ou 1 516 599 tonnes d’équivalent pétrole ou 60,18 milliards                   Faso et son exploitation domine les activités forestières72.
     de pieds cubes de gaz naturel, ou encore 60,18 millions de                    La consommation nationale annuelle de bois de chauffe des
     Btu70 — évite au pays d’importer d’autres ressources éner-                    ménages est de 7 945 millions de m³ de bois, qui produisent 5
     gétiques. Si du gaz devait être importé pour remplacer le                     045 093 tonnes de bois de chauffe et 226 518 tonnes de
     bois de chauffe, le déficit annuel de la balance commer-                      charbon de bois par an (voir tableaux 2.1 et 2.2). Cette
     ciale serait d’environ 480 millions de dollars par an71.                      consommation représente un coût de 235,9 milliards de FCFA
                                                                                   pour les ménages73. De plus, le Burkina Faso exporte une
     Cependant, cette indépendance énergétique se fait au                          partie de sa production. Le Niger, par exemple, importe
     détriment d’autres facteurs, en particulier la santé, surtout                 environ 5 % de son bois de chauffe du Burkina Faso pour un
     pour les femmes, le climat et les forêts elles-­mêmes. La                     coût d’environ 3,7 milliards de FCFA par an.
     demande de bois de chauffe et de charbon de bois est
     un facteur majeur d’épuisement des ressources natu-                           Dans les zones urbaines, la consommation annuelle
     relles et de perte de capital naturel. Depuis le début des                    moyenne de bois de chauffe et de charbon de bois est
     années 2000, la production nationale de bois de chauffe                       d’environ 281 kg et 106 kg par personne, respectivement,
                                                                                   alors que les ruraux utilisent 343 kg de bois de chauffe et
                                                                                   15 kg de charbon de bois par personne et par an
     69	 Calculs des auteurs basés sur Kofman, P., Units, conversion factors       (voir tableau 2.2)74. Les zones boisées sont les
     and formulae for wood for energy, 2010.
     70	 Selon un calcul simplifié avec 1 000 pieds cubes de gaz naturel
     équivalant à 1 million d’unités thermiques britanniques (Btu) et à une        72	FAO, Situation des forêts du monde, 2018.
     valeur moyenne de 8 dollars/MmBtu selon les données sur le gaz naturel        73	   Calculs des auteurs.
     du Rapport statistique de l’Agence internationale de l’énergie (AIE, 2020).   74	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate
     71	   Calculs des auteurs.                                                    Change—The case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.


12
Tableau 2.2.  Consommation annuelle de bois-­énergie par les ménages urbains et ruraux, 2013


                                                                    ZONE                                                  ZONE

                                                 URBAINE           RURALE            TOTAL            URBAINE           RURALE             TOTAL

                                                                     T/AN                                         KG/PERSONNE/AN

 Bois de chauffe                                   593 249         4 451 844        5 045 093            281,05            343,10           624,15

 Charbon de bois                                   203 253            23 265          226 518            105,85             14,60           120,45

 Équivalent en m³/an de bois                     2 361 539         5 584 171        7 945 710


Source: World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate Change—The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso,, 2013



­ rincipales sources d’approvisionnement permettant de
p                                                                              La coupe du bois et sa carbonisation représentent
répondre à la demande des ménages et des petits                                respectivement un revenu annuel de 199 245 FCFA et
commerces. De plus, la consommation des entreprises                            585 297 FCFA pour les ménages concernés, la carbonisa-
s’élève à 1 728 202 m³ de bois, ce qui comprend 1 350 261                      tion étant la plus grande source de revenus des activités
tonnes de bois de chauffe et 11 326 tonnes de charbon de                       forestières76. La production de bois-­énergie génère égale-
bois. Compte tenu de la demande des ménages et des                             ment 15 000 emplois de bûcherons (qui constituent la
entreprises, ainsi que des exportations (principalement vers                   principale catégorie d’emploi), 1 708 emplois de charbon-
le Niger), la consommation nationale s’élève à 9,7 millions                    niers et 244 emplois de distributeurs77.
de m³ de bois par an, soit l’équivalent de 67 000 TJ ou
1 600 191 tonnes d’équivalent pétrole, dont environ                            De plus, l’État profite également du secteur du bois de
1 921 967 m³ sont consacrés à la production de 236 284                         chauffe grâce aux recettes tirées de la vente, du trans-
tonnes de charbon de bois (voir tableau 2.1).                                  port et de la distribution du bois. Les autorités locales
                                                                               prélèvent de leur côté une taxe de stationnement de
Les grands centres urbains constituent les principales                         1 000 FCFA par camion, ce qui représente une contribution
zones de consommation de bois de chauffe et de                                 importante pour les communautés rurales78. Dans les
charbon de bois. L’agglomération de Ouagadougou                                forêts domaniales, la vente du bois de chauffe contribue
consomme à elle seule 85 % du volume total de bois                             également aux fonds de développement local gérés par
produit de manière durable dans sa zone d’approvisionne-                       les communautés.
ment (qui couvre 14 provinces). Quelques grandes villes75
exercent sur cette même zone une pression supplémen-                           Le secteur du bois-­énergie joue un rôle important
taire en consommant également une quantité importante                          dans la répartition des richesses et des revenus entre
de bois-­énergie, non seulement en raison de leur popu-                        les centres-­villes et les zones rurales. La production
lation, mais aussi parce qu’elles hébergent des industries                     durable de bois de chauffe contribue directement à la
qui utilisent encore le bois comme principale source                           création d’emplois locaux et est l’un des plus grands pour-
d’énergie. La production de bière de sorgho rouge (dolo)                       voyeurs d’emplois formels (après l’agriculture) dans les
en est un bon exemple.                                                         zones rurales.

Cette forte demande génère d’importants revenus et de
                                                                               76	MEEVCC, Rapport sur les résultats de l’enquête sur l’exploitation des
nombreux emplois dans l’exploitation du bois-­énergie,
                                                                               forêts et de la faune au Burkina Faso en 2015, 2016.
en particulier pour les populations les plus pauvres.                          77	 Données fournies par la Direction des forêts et du boisement du
                                                                               MEEVCC, 2020.
                                                                               78	 World Bank, Awareness of the Social Fabric on Forest and Natural
75	 Comme Koudougou, Tenkodogo, Zorgho, Koupéla, Pô, Boulsa,                   Resources Management Practices Impacts on Forests Productivity: Case
Ziniaré, Yako, Réo, Kaya, Léo et Manga.                                        Studies on Forest Management Sites in Burkina Faso, 2018.


                                                                                                                                                          13
         Encadré 2.1.  Exemples de revenus distribués dans les chantiers d’aménagement forestier (CAF)

         Pour faire face aux effets de la déforestation et de la dégradation des forêts, le Burkina Faso a initié, avec l’appui de
         partenaires techniques et financiers, des projets de gestion participative des forêts à la fin des années 1970. Ces
         projets ont abouti à la création de chantiers d’aménagement forestier (CAF) en 1986, entités administratives relevant
         du Fonds de gestion forestière. Un plan d’aménagement forestier d’une durée de 15–20 ans incluant des règles d’ex-
         ploitation et de gestion des forêts destinées à assurer la durabilité des ressources a été élaboré pour chaque CAF.
         Ceux-­ci illustrent la contribution effective des forêts au développement durable du Burkina Faso.

         Les revenus tirés du bois de chauffe représentent une part importante du budget des communautés
         forestières. Les revenus de la filière bois, présentés dans le tableau 2.3, sont basés sur un rapport de quatre
         CAF (Cassou, Bougnounou Nébiel, Tiogo et Maro) situés dans la zone d’approvisionnement de Ouagadougou.
         Le total des revenus tirés du bois de chauffe représentait 155,5 millions de FCFA pour les communautés
         forestières en 2017.




     Tableau 2.3.  Revenus distribués aux CAF, en FCFA, 2017


                                                    CASSOU          BOUGN OUNOU NÉBIEL                TIOGO (2015)           MARO              TOTAL

      CAF                                          18 000 000               18 924 600                   7 222 800           5 818 050       49 965 450

      Bûcherons                                    33 000 000               34 695 100                 13 241 800                            90 875 300
                                                                                                                             9 938 400
      Communautés villagoises                        6 000 000               6 308 200                   2 407 600                           14 715 800

      Revenus totaux                               57 000 000               59 927 900                 22 872 200          15 756 450       155 565 550


     Source: Awareness of the Social Fabric on Forest and Natural Resources Management Practices Impacts on Forests Productivity: case studies on Forest
     Management Sites in Burkina Faso, FIP, 2018


     Toutes les parties prenantes tirent des avantages financiers et autres des activités des CAF, lesquels contribuent à élever leur niveau
     de vie.

     Personnel des CAF. Le personnel des CAF (directeurs techniques, comptables, animateurs ou gardes) et leur famille bénéficient des
     CAF sous forme de salaires.

     Les bûcherons tirent profit de la vente du bois-­énergie. Ils perçoivent une marge entre le prix officiel et un prix plus élevé
     fixé sur le terrain et bénéficient ainsi de la plus grande part de la vente du bois. Le revenu annuel moyen d’un bûcheron atteint
     237 600 FCFA, bien au-­  dessus du seuil de pauvreté national de 72 690 FCFA par an.

     Les communautés villageoises bénéficient des revenus de la vente de bois des CAF à travers la construction d’équipements
     sociaux et communautaires (tels que des écoles et des puits) et de réparations effectuées dans les villages.

     Le revenu moyen annuel net des transporteurs sur les routes Sapouy-­Ouagadougou et Bougnounou-­           Koudougou est
                                                                                                         Sabou-­
     respectivement de 14 080 000 FCFA et 11 434 965 FCFA. Les transporteurs opérant sur l’axe Tiogo-­Koudougou ont les revenus les plus
     faibles, soit 9 589 931 FCFA79.




     79	Ibid.


14
2.2.	 Produits forestiers non ligneux                                      Figure 2.2.  Revenu total tiré des six principaux
                                                                           PFNL, en millions de FCFA, 20161
2.2.1.	 Part du PIB, demande et revenus                                                                         116
                                                                                                         217          108

À l’instar du bois de chauffe, des PFNL comme le beurre                                                 826
et l’amande de karité ou d’autres produits agroforestiers                                              Baobab

jouent un rôle important dans l’économie du Burkina
                                                                                                                            4,386
Faso et représentaient 3,85 % du PIB en 201880. Les
contributions des filières karité et néré à l’économie natio-
nale sont les plus importantes du secteur, représentant                                                 Néré
                                                                                                        6,913
respectivement 3,35 %81 et 0,5 %82 du PIB. Les PFNL sont
particulièrement importants pour l’économie de la région
du Sud-­Ouest, puisqu’ils représentaient 12,3 % du PIB de
cette région en 2016.                                                             Produits du karité (amandes, beurre, savon, crème)
                                                                                  Produits du néré (poudre, graines, soumbala)
                                                                                  Produits du baobab (poudre, feuilles, huile biscuits,
La commercialisation de la production nationale de PFNL                           graines soumbala)
génère 12,8 milliards de FCFA de revenus. Les produits à                          Calices de kapokier rouge
base de néré (Parkia biglobosa, graines brutes et transfor-                       Produits du tamarinier (feuilles fraiches et sèches,
                                                                                  fruits séchés dans les cosses, pulpe du fruit séché, jus, sirop)
mées) et de karité (Vitellaria paradoxa, amandes, beurre,
                                                                                  Autres
savon et pommade) fournissent plus de 87 % de ces
revenus (soit 11,3 milliards de FCFA en termes cumulés).
                                                                           Source : PIF, Analyse des pratiques d’exploitation des PFNL au Burkina
Globalement, les revenus de six espèces (néré, karité,                     Faso : Impact sur les forêts et émissions de GES, 2018
baobab (Adansonia digitata), kapokier rouge (Bombax
costatum), tamarinier (Tamarindus indica) et dattier du
désert (Balanites aegyptiaca)) représentent 98 % du total
des revenus générés par les PFNL (voir figure 2.2).                        1	     Sur cette figure, les produits du baobab sont la poudre, les feuilles,
                                                                           l’huile, les biscuits, les graines, et le soumbala. Les produits du tamarinier
                                                                           sont les feuilles fraîches et sèches, les fruits séchés dans les cosses, la
L’impact des PFNL sur les moyens de subsistance
                                                                           pulpe de fruit séché, le jus et le sirop. Les produits du karité sont les
dépend de la nature du produit. En particulier, le karité                  amandes, le beurre, le savon et la crème. Les produits du néré sont la
et le baobab sont les principaux contributeurs au revenu                   poudre, les graines et le soumbala.
par habitant, suivis par les produits du tamarinier, du néré
et du kapokier rouge (voir figure 2.3).                                    plus productives étant le Sahel et le Nord. La production
                                                                           de graines de néré a atteint environ 210 tonnes en 2013,
Les PFNL constituent une importante source de                              le Plateau central (87,4 tonnes) et le Centre (37,8 tonnes)
revenus, en particulier pour les femmes et les pauvres.                    représentant les principales zones de production, tandis
Les producteurs et cueilleurs individuels, qui fournissent                 que le tamarinier n’a produit que 4,7 tonnes dont 37 %
58 % de la production, récoltent souvent les PFNL pour                     dans la région des Cascades83. Les producteurs et cueil-
leur usage personnel et pour les vendre sur les marchés                    leurs assurent ainsi 58 % de la production commerciali-
locaux. Concernant la production de baobab, les feuilles                   sée. Ils peuvent s’organiser en coopératives ou associa-
sèches et la poudre de « pain de singe » représentaient                    tions en fonction de l’importance de la filière pour l’espèce
par exemple plus de 274 tonnes en 2013, les régions les                    de PFNL concernée, facilitant la constitution de stocks
                                                                           avant l’étape de transformation84.

80	 PIF, Analyse des pratiques d’exploitation des PFNL au Burkina Faso :
impact sur les forêts et émissions de gaz à effet de serre (GES), 2018.
81	 Projet de gestion durable de la filière karité au profit des
fédérations des coopératives féminines, MEEVCC, 2021.                      83	 MEEVCC, étude sur les aspects socioéconomiques du néré, du
82	 MEEVCC, étude sur les aspects socioéconomiques du néré, du             tamarin et du baobab, 2015.
tamarin et du baobab, 2015.                                                84	Ibid.


                                                                                                                                                            15
     Figure 2.3.  Revenu par habitant (FCFA) tiré des principaux PFNL, par région (2016)
                      50,000

                      45,000

                      40,000

                      35,000

                      30,000

                      25,000

                      20,000

                      15,000

                      10,000

                       5,000

                            0
                                        es


                                                re


                                                          t

                                                                   rd


                                                                           t


                                                                                  d


                                                                                            t


                                                                                                    g


                                                                                                            rd




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                                                                                                                    ra
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                                                                                                                                 d-
                                                                                              sB
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                                                                                                               u-
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                                                                    nt


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                                                                                                             ea
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                                                                   Ce




                                                                                          Ha




                                                                                                           at
                     le




                                                                                                          Pl
                    uc
                 Bo




                                                      Acacia macrostachya         Adansonia digitata       Balanites aegyptiaca
                                                      Bombax costatum             Parkia biglobosa         Saba senegalensis
                                                      Tamarindus indica           Vitellaria paradoxa      Ziziphus mauritiana


     Source : PIF, Analyse des pratiques d’exploitation des PFNL au Burkina Faso : Impact sur les forêts et émissions de GES, 2018


      Les PFNL représentent 23 % du revenu et de                                        tandis que les transformateurs d’amandes réunis en asso-
      ­l’emploi des ménages ruraux85. Des produits                                      ciations, coopératives ou groupements peuvent gagner en
       comme le beurre et l’amande de karité ou d’autres                                moyenne 160 000 FCFA par an. Avec le soutien d’organisa-
       produits agroforestiers (mangue, graines de néré,                                tions non gouvernementales (ONG) et/ou de projets, ces
       fruits de baobab, moringa, noix de cajou, miel) sont                             groupements peuvent gagner plus d’un million de FCFA86.
       essentiels à la survie des communautés rurales, car ils                          Cependant, 50 % des amandes récoltées au Burkina Faso
       sont utilisés comme nourriture et parfois comme                                  sont exportées87, ce qui offre une opportunité de dévelop-
     ­médicament traditionnel. À lui seul, le secteur du                                per les activités de transformation à l’intérieur du pays afin
      karité contribue à la sécurité alimentaire de 88 %                                de générer plus de valeur ajoutée à l’échelle nationale.
      des ménages ruraux et de 25 % des ménages
      urbains. La récolte et la vente de graines et                                     La répartition géographique des ressources est
              bénéficient en particulier aux groupes
       fruits ­                                                                         inégale. Les PFNL génèrent davantage de revenus dans la
                vulnérables, notamment les femmes et les
       les plus ­                                                                       zone sud-­soudanienne (régions du Sud-­Ouest, des Hauts
       jeunes.                                                                          Bassins, des Cascades et de la Boucle du Mouhoun). Les
                                                                                        régions du Centre et du Sahel sont celles qui bénéficient
     Le revenu moyen par habitant tiré de l’exploitation                                le moins de l’exploitation de ces produits. Le zamné
     des neuf espèces de PFNL importantes atteint 14 303 FCFA                           (Acacia macrostachya) et le jujubier (Ziziphus mauritiana)
     au niveau national (voir figure 2.3). Le revenu annuel                             sont les espèces prédominantes dans la région de la
     moyen des cueilleurs individuels est de 125 500 FCFA,

                                                                                        86	PIF, Analyse des pratiques d’exploitation des PFNL au Burkina Faso :
     85	 Ministère de l’Environnement, de l’économie verte et du Changement             Impact sur les forêts et émissions de GES, 2018.
     climatique (MEEVCC), Stratégie nationale de développement de l’accès aux           87	 EcoData — West Africa Ltd, Processus amélioré et décarboné de
     marchés des produits forestiers non ligneux (PFNL), 2018.                          production du beurre de karité, 2018.

16
    Encadré 2.2.  Importance du secteur du karité

    L’industrie du beurre de karité est essentielle pour le Burkina Faso. Avec 195 millions d’arbres et un potentiel de
    production de plus de 1 247 000 tonnes d’amandes de karité, le pays fait partie des trois premiers producteurs
    mondiaux de beurre et d’amandes de karité. En 2011, ce secteur occupait la quatrième place des exportations natio-
    nales après l’or, le coton et le bétail, et la troisième place des exportations agricoles. En 2016, il a généré une valeur
    ajoutée estimée à 114 milliards de FCFA et contribué à 3,35 % du PIB1. Le karité est le produit forestier qui génère
    le plus de revenus après le bois de chauffe, en particulier dans les régions du sud-­ouest, du sud et du centre2. En
    2013, les revenus de la vente d’amandes ont dépassé 18 milliards de FCFA, tandis que ceux du beurre de karité attei-
    gnaient 25 milliards de FCFA3.

    Le secteur du karité emploie le plus grand nombre de femmes. En 2013, 45,4 % des ménages ruraux, dont environ
    1,5 million de femmes, s’adonnaient à la collecte des noix4.

    Le secteur est bien organisé et a le potentiel de devenir une solide chaîne de valeur. L’Union nationale des
    producteurs de karité est présente dans 33 des 37 provinces et regroupe 5 000 coopératives. De plus, la plupart
    de ces coopératives bénéficient grandement de l’aide des bailleurs de fonds. Selon l’enquête de référence menée
    en 2018 sur le processus de production amélioré et décarboné du beurre de karité au Burkina Faso, jusqu’à 55 %
    des équipements utilisés par l’industrie du karité ont été acquis à l’aide de dons d’organisations, de projets ou
    de partenaires. Par rapport aux pays comparables, le Burkina Faso est bien placé en termes d’exportation de
    produits transformés à base de karité, ce qui est un indicateur de la mécanisation croissante de la transformation
    du produit. Plus du tiers (36 %) des exportations est transformé contre 33 % au Nigéria, 20 % au Mali et seule-
    ment 2 % en Côte d’Ivoire5.




    1	   Projet de gestion durable de la filière karité au profit des fédérations des coopératives féminines, MEEVCC, 2021.
    2	   Banque mondiale, Burkina Faso Rural Income Diagnostic (version préliminaire), 2019.
    3	   Eco Data – West Africa Ltd, Improved and decarbonized shea butter process, 2018.
    4	Ibid.
    5	   Banque mondiale, Burkina Faso Rural Income Diagnostic (version préliminaire), 2019.




Boucle du Mouhoun, alors que le baobab, le tamarinier et                         2016, passant de 35 à 38,2 millions de dollars. Le marché
le dattier du désert le sont dans les régions de l’Est et des                    des fruits du baobab devrait croître de 6 % jusqu’en 2022
Hauts Bassins, le kapokier rouge et le zaban (Saba sene-                         en raison de la demande croissante de compléments
galensis) le sont dans la région des Cascades, et le néré                        alimentaires à base de produits du baobab et de l’aug-
l’est dans les régions du Sud-­Ouest, du Centre-­Ouest, des                      mentation des achats en ligne. La demande locale, dont
Hauts Bassins et de la Boucle du Mouhoun88.                                      les ménages forment la plus grande partie, est orientée
                                                                                 vers des produits transformés comme le savon au beurre
La demande de PFNL est en hausse aux niveaux local,                              de karité, le savon de balanites, le soumbala, le beurre de
national et international. Les exportations d’amandes et                         karité, les biscuits aux fruits du baobab ou le miel. Au
de beurre de karité ont augmenté de 9 % entre 2007 et                            niveau national, les marchés font intervenir des produits
                                                                                 bruts et transformés, et exportent aux échelles sous-­
88	PIF, Analyse des pratiques d’exploitation des PFNL au Burkina Faso :          régionale et internationale.
impact sur les forêts et émissions de GES,, 2018.


                                                                                                                                               17
     Tableau 2.4.  Nombre d’associations et d’adhérents par région liés aux filiéres tamarin, baobab et néré, 2015


                                                                                                          NOMBRE D’ADHÉRENTS

      RÉGIONS                        NOMBRE D’ASSOCIATIONS ENREGISTRÉES                      HOMMES                FEMMES                  TOTAL

      Cascades                                               30

      Centre-­Est                                             5

      Centre-­Ouest                                          30                                481                  2 578                 3 059

      Est                                                    13

      Hauts Bassins                                          45                                                     3 218                 3 218

      Total                                                123                                 481                 5 796                  6 277


     Étude sur les aspects socioéconomiques du néré, du tamarin et du baobab, MEEVCC, 2015



     2.2.2.	 Emploi                                                              FCFA en 201591. Ce secteur fournit de la viande aux
                                                                                  ménages et des trophées de chasse aux touristes, tout en
     En 2015, environ 560 000 personnes, dont 390 000 femmes,                     représentant une importante source de revenus pour les
     étaient engagées dans des activités de collecte et de trans-                 populations vivant dans les zones de chasse ou d’écotou-
     formation de PFNL. Dans les filières du néré, du tamarinier                 risme. Les forêts abritent 45 % des activités touristiques du
     et du baobab, les associations, actuellement concentrées                    Burkina Faso, dont les plus importantes sont liées à la
     dans les centres urbains et semi-­urbains du fait de leur                   biodiversité (parcs et réserves fauniques) et à la promo-
     création récente, sont composées majoritairement de                         tion culturelle (mares aux crocodiles sacrés et aux hippo-
     femmes (voir tableau 2.4). La région des Hauts Bassins                      potames, forêts sacrées). La situation par région, telle que
     recense le plus grand nombre d’emplois liés aux PFNL, à                     présentée dans la figure 2.4, indique que les régions de
     savoir 89 316, suivie des régions du Sud-­Ouest (78 000) et                 l’Est, la Boucle du Mouhoun et le Nord se taillent la part
     du Centre-­Ouest (68 894). Par ailleurs, les activités asso-                du lion, avec respectivement 27, 25 et 22 sites de
     ciées au karité génèrent le plus grand nombre d’emplois                     ­promotion de la biodiversité. Ces sites sont essentiels
     (237 701) ; viennent ensuite le baobab (171 568), le tamari-                 pour la biodiversité, en ce sens qu’ils hébergent 138
     nier (55 638), le kapokier rouge (51 806) et le néré (48 256                 espèces de mammifères, 518 espèces d’oiseaux,
     emplois, dont 26 319 emplois d’ouvriers liés à la transfor-                  69 espèces de reptiles et 1 915 espèces de plantes à fleurs
     mation de la graine en soumbala)89. Ces espèces repré-                       (voir tableau 2.5).
     sentent 99,79 % des emplois liés aux PFNL90.
                                                                                 Les aires protégées jouent un rôle crucial dans la conser-
                                                                                 vation des espèces et des écosystèmes, car ce sont les
     2.3.	 Biodiversité, tourisme et chasse                                      seuls endroits où la plupart des espèces bénéficient d’une
                                                                                 bonne dynamique des populations, comme l’ont souligné
     2.3.1.	 Aperçu des secteurs de la faune, de la                              des études comparant les aires protégées aux zones alen-
     biodiversité et du tourisme                                                 tour92. De plus, la plupart des nouvelles espèces végétales
                                                                                 découvertes au cours de la dernière décennie l’ont été
     Le secteur de la faune, qui regroupe la chasse et l’écotou-
     risme, a contribué à 0,47 % du PIB, soit 2,67 milliards de
                                                                                 91	 Secrétariat permanent du Conseil national pour le développement
                                                                                 durable, Quatrième rapport sur l’état de l’environnement au Burkina Faso,
     89	 MEEVCC, étude sur les aspects socioéconomiques du néré, du              2016.
     tamarin, et du baobab, 2015.                                                92	 Traoré S., Kaboré O., Millogo Rasolodimby J., Thiombiano L. &
     90	MEEVCC, Rapport sur les résultats de l’enquête sur l’exploitation des    Guinko S., Impact of Protected Areas and Land Use on Regeneration of
     forêts et de la faune au Burkina Faso en 2015, 2016.                        Acacia Woodland’s in Eastern Burkina Faso, 2008.

18
Figure 2.4.  Nombre de sites touristiques faisant la promotion de la biodiversité, par région
               30
                       27
                                 25
               25
                                           22

               20


               15                                    14
                                                               13       13         13

               10                                                                              9
                                                                                                        8          8
                                                                                                                           7
                                                                                                                                     5
                 5                                                                                                                            4


                 0                                            s


                                                                     es
                       t


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                                                     l




                                                                                   l




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                                                                                                                t




                                                                                                                                    t
                                         rd




                                                                                                                           re




                                                                                                                                            d
                                                                                           rd
                                                   ra




                                                                              he
                     Es




                                                                                                     es




                                                                                                                                  es
                                                                                                              Es
                                                           sin




                                                                                                                                          Su
                                                                                                                         nt
                                       No




                                                                    ad




                                                                                         No
                                                nt
                             ho




                                                                                                   Ou




                                                                                                                                Ou
                                                                             Sa




                                                                                                             re
                                                          as




                                                                                                                       Ce




                                                                                                                                         re
                                                                  sc
                                                Ce
                            ou




                                                                                       re




                                                                                                           nt
                                                        sB




                                                                                                   d




                                                                                                                              re


                                                                                                                                       nt
                                                                Ca




                                                                                     nt




                                                                                                         Ce
                                                                                               Su
                                               u
                          M




                                                                                                                            nt


                                                                                                                                     Ce
                                                     ut
                                            ea




                                                                                   Ce
                       du




                                                                                                                          Ce
                                                   Ha
                                          at
                     le




                                        Pl
                     uc
                 Bo




Source : Cinquième rapport national du Burkina Faso à la Conférence des parties sur la biodiversité, CDB, 2014



Tableau 2.5.  Diversité de faune et de flore dans les forêts, 2010


 CLASSE                                                             FAMILLE                                 GENRE                           ESPÈCES

 Mammifères                                                             34                                    95                                  138

 Reptiles                                                               10                                    39                                   69

 Oiseaux                                                                87                                   278                                  518

 Batraciens                                                              5                                    16                                   30

 Poissons                                                               23                                    –                                    75

 Insectes                                                               19                                   152                              1 489

 Champignons supérieurs                                                 32                                    68                                  97

 Plantes à fleurs                                                      159                                   750                              1 915


Source : UICN, Atlas de la biodiversité de l’Afrique de l’Ouest, Volume II, 2010


dans des aires protégées. Compte tenu des nombreux                                      Léraba-­Comoé ; au centre-­sud, le Nazinon traverse le parc
sites d’importance internationale dans le pays, notam-                                  national Kabore Tambi ; et enfin, le Mekrou et la Pendjari
ment les sites Ramsar, le rôle majeur de préservation du                                traversent le complexe W-­Arly-­Pendjari (WAP) dans la
système d’aires protégées du Burkina Faso est reconnu                                   partie est du Burkina Faso. Situés dans les aires protégées,
dans le monde entier.                                                                   de nombreux étangs et mares gardent leurs eaux pendant
                                                                                        de longues périodes de l’année. C’est notamment le cas
De nombreuses aires protégées et zones ultrasensibles                                   de grands étangs permanents comme le Pembado, qui est
pour la préservation de la biodiversité sont également                                  situé dans la réserve totale de faune d’Arly93.
liées aux grands réseaux fluviaux : la Comoé, à l’ouest,
qui traverse la forêt protégée et la réserve partielle de                               93	UICN, Atlas de la biodiversité de l’Afrique de l’Ouest, Volume II, 2010.


                                                                                                                                                                      19
     2.3.2.	 Poids économique des différents                            Cependant, après cette période de stabilité, le nombre
                                                                        d’écotouristes semble baisser (seulement 3 238 écotou-
     secteurs
                                                                        ristes ont été dénombrés en 2017–2018, contre 3 391
                                                                        pour l’exercice précédent et 3 442 en 2014–2015),
     Trois principaux types d’activités et de services ont été
                                                                        probablement en raison du contexte sécuritaire
     recensés en liaison avec le système d’aires protégées, pour
                                                                        du pays.
     lesquels des données détaillées ne sont malheureuse-
     ment pas disponibles :
                                                                        La demande touristique est particulièrement bénéfique
                                                                        pour le Burkina Faso, car elle a des effets positifs directs et
     ■	   Écotourisme. Il s’agit d’une activité de niche qui cible
                                                                        indirects sur les niveaux de revenu dans les régions qui
          plutôt une clientèle expatriée même si un tourisme
                                                                        accordent de l’importance à la participation communau-
          national se développe. L’observation de la biodiver-
                                                                        taire et au tourisme local. Le tourisme peut également
          sité et de la faune est généralement incorporée dans
                                                                        contribuer à améliorer le niveau général des infrastruc-
          une expérience touristique plus large incluant le
                                                                        tures d’une région, à la faveur de la réalisation de
          tourisme culturel.
                                                                        nouveaux ouvrages ou de l’entretien d’ouvrages anciens,
     ■	   Chasse locale de subsistance. La majorité des aires           ce qui profite à la population locale. L’activité touristique
          protégées nationales et des forêts locales sont des           génère des recettes fiscales, notamment à partir des rete-
          réservoirs de biodiversité exploités pour la viande           nues sur salaires. De plus, la promotion du tourisme
          de brousse, principalement de petits mammifères               donne une image positive des destinations qui attirent
          chassés selon des méthodes traditionnelles.                   non seulement des touristes, mais aussi des entreprises,
                                                                        des investissements en capital et de nouveaux employés
     ■	   Chasse aux trophées. C’est une activité de luxe qui,
                                                                        compétents. Le tourisme peut donc être considéré
          compte tenu de ses coûts élevés, attire essentielle-
                                                                        comme un secteur qui apporte une contribution vitale à la
          ment quelques clients expatriés fortunés.
                                                                        réduction de la pauvreté. Cinq grands parcs et réserves
                                                                        touristiques ont pu générer 60 257 200 de FCFA de recettes
                                                                        au Burkina Faso (voir tableau 2.6). Cependant, en raison
     Écotourisme
                                                                        du contexte sécuritaire dans ce pays et plus généralement
                                                                        dans la région du Sahel, il est peu probable que la
     La biodiversité que renferment les forêts stimule le
                                                                        demande d’écotourisme augmente dans les années
     tourisme, lequel contribue à son tour à la diversification
                                                                        à venir.
     de l’économie et à la création d’emplois, et incite à l’utili-
     sation durable des ressources naturelles renouvelables.
                                                                        Chasse de subsistance
     L’écotourisme a un potentiel inexploité et des améliora-
     tions doivent être apportées à son organisation et son
                                                                        La faune est particulièrement essentielle pour la géné-
     encadrement.
                                                                        ration de revenus dans les communautés rurales, et son
                                                                        exploitation durable est de plus en plus encouragée. En
     Le nombre d’écotouristes est resté relativement stable durant
                                                                        effet, en faisant de l’exploitation de la faune une activité
     la période 2009–2018, avec une moyenne de 4 048 touristes
                                                                        de subsistance viable, et en la complétant par d’autres
     par an (voir figure 2.5). Majoritairement tournée vers les expa-
                                                                        utilisations des ressources naturelles, les populations
                                                    résidents repré-
     triés (en 2018, les expatriés résidents et non-­
                                                                        peuvent améliorer considérablement leur niveau de vie ;
     sentaient respectivement 16,9 % et 45,1 % des touristes)94,
                                                                        une démarche qui devrait être facilitée par des structures
     cette activité est toutefois soutenue par les ressortissants
                                                                        de gestion globale efficaces et un meilleur accès aux
     burkinabè qui représentent 38,1 % du total. La majeure partie
                                                                        marchés.
     des touristes (environ 3 200 touristes ou 98,8 %) ont visité le
     Ranch de gibier de Nazinga95.
                                                                        Les zones villageoises de chasse, dénommées
                                                                        Zones villageoises d’intérêt cynégétique (ZOVIC),
     94	Ibid.                                                           permettent à la population locale de gérer durable-
     95	Ibid.                                                           ment la faune tout en attirant les touristes vers les


20
Figure 2.5.  Flux d’écotouristes, en nombre de personnes, 2009–2018
             6,000
                                                                                  5,376
                       5,121      5,067
             5,000
                                              4,363

             4,000                                                   3,786
                                                                                              3,442      3,420   3,391
                                                         3,278                                                                3,238
             3,000


             2,000


             1,000


                 0
                       2009        2010       2011        2012       2013         2014        2015       2016    2017         2018


Source : MEEVCC, Bilan de la campagne d’exploitation faunique (2016–2017), 2017




Tableau 2.6.  Recettes tirées de l’écotourisme dans cinq parcs et ranchs, en FCFA, 2017


                                           NAZINGA               ARLY             BÉKUY          DEUX-­BALÉ        PAMA                 TOTAL

 Taxe de circulation                          755 100                   0                 0                 0             0             755 100

 Droit d’entrée                            19 928 600            113 000                  0           164 000       22 000            20 227 600

 Droit d’image                              1 608 000              4 000                  0                 0             0            1 612 000

 Frais de guide                             5 110 000             84 000                  0            10 000             0            5 204 000

 Frais d’hébergement                       13 610 000                   0                 0            96 000      350 000            14 056 000

 Droits d’exposition                          175 000                   0                 0                 0             0             175 000

 Bar et restauration                       17 896 000                   0                 0                 0             0           17 896 000

 Autres                                       105 000              5 000           221 500                  0             0             331 500

 Total                                    59 187 700             206 000          221 500             270 000      372 000            60 257 200


Source : Adapté du bilan de la campagne d’exploitation faunique 2016–2017, MEEVCC, 2017




zones concernées. La faune étant à la fois une source                          ceux de la chasse à grande échelle sont acheminés à
                 ­ ourriture, les autorités nationales
de revenus et de n                                                            ­Ouagadougou.
encouragent une plus grande responsabilisation des
populations vivant dans ces zones. Les produits de la                         Les guides de chasse louent des ZOVIC pendant la saison
chasse du petit gibier sont le plus souvent destinés                          de la chasse et ces locations, qui ont généré 10 717 500
à la consommation familiale ou locale, tandis que                             FCFA en 2013–2014, sont une source de revenus


                                                                                                                                                   21
     Tableau 2.7.  Revenus générés par la chasse à petite échelle dans la province de Sourou, en millions de FCFA


      SITES                                                    2007            2008               2009           2010            2011            TOTAL

      Village de Koro                                           1,9              2,0              1,5             1,8             1,1             8,3

      Mare aux hippopotames de Bala                             0,2              s.o.             0,1             s.o.            s.o.            0,3

      La guinguette de Nasso                                    0,3              s.o.             s.o.            s.o.            s.o.            0,3

      Cascades de Karfiguela                                    5,9              5,7              4,8             4,9             3,6            24,9

      Lac de Tingrela                                           5,7              8,8              7,6             5,9             6,4            34,4

      Pics de Sindou                                            2,0              2,2              2,0             2,4            25,9            34,5

      Dômes de Fabédougou                                       2,1              2,3              2,2             2,2             1,9            10,7

      Total                                                                                                                                    113,4


     Source : Cinquième rapport national du Burkina Faso à la Conférence des Parties sur la biodiversité, CDB, 2014




     importante pour les villages96. En collaboration avec                             environ 12 millions de FCFA aux Comités villageois de
     les services forestiers, les concessionnaires des ZOVIC                           gestion de la faune (CVGF)99. Par exemple, les revenus
     recrutent dans les villages voisins une main-­d’œuvre                             tirés de la chasse à petite échelle dans les sites touris-
     locale jeune et de qualité (pisteurs ou rabatteurs) ainsi                         tiques naturels de la province de Sourou peuvent
     que des taxidermistes, des cuisiniers ou des agents d’en-                         atteindre 111,3 millions de FCFA (voir tableau 2.7).
     tretien.                                                                          Ces sites accueillent des touristes tout au long de
                                                                                       l’année et sont directement gérés par les communes
     Les frais de pistage payés par les chasseurs sont                                 riveraines ou des associations locales.
     répartis de façon égale entre l’État et les pisteurs.
     Ils s’élevaient à 6 360 964 FCFA en 2014, hors cadeaux
                                                                                       Chasse aux trophées
     des chasseurs. De plus, la population locale reçoit
     75 % des carcasses d’animaux abattus. Cette viande
                                                                                       Quatre acteurs majeurs interviennent dans ce
     de brousse est soit vendue (ces ventes ont généré
                                                                                       secteur : l’État, les concessionnaires de chasse, les
     4 281 000 FCFA en 2014)97, soit distribuée aux villa-
                                                                                       collectivités et les voyagistes. Les zones de chasse
     geois, contribuant ainsi à leur sécurité alimentaire.
                                                                                       concédées ont généré en 2017 des revenus s’élevant
     Les grossistes efficaces peuvent générer jusqu’à
                                                                                       à 514 305 485 FCFA et répartis ainsi qu’il suit : 67 %
     3 350 000 FCFA de bénéfices nets annuels98. Les
                                                                                       (345 149 942 FCFA) pour les concessionnaires, 29,5 %
     concessionnaires contribuent également au dévelop-
                                                                                       (151 227 993 FCFA) pour l’État et 3,5 % (17 669 550 FCFA)
     pement économique des territoires régionaux via le
                                                                                       pour les communautés100. Les données sur les
     Fonds d’intérêt collectif, en versant chaque année
                                                                                       voyagistes ne sont pas disponibles.

     96	MEEVCC, Enquête sur l’exploitation des forêts et de la faune au
     Burkina Faso en 2015, 2016.                                                       99	Ibid.
     97	Ibid.                                                                          100	MEEVC, Bilan de la campagne d’exploitation faunique (2016–2017),
     98	Ibid.                                                                          2017.




22
Pour l’État, les recettes provenant des redevances                 La contribution du secteur de la chasse au budget de l’État
et permis sont très limitées. Elles ont diminué de                 et au PIB est également relativement faible par rapport à
35,7 % entre 2006 et 2017. Le tableau 2.8 détaille les             la superficie concernée (0,17 %), ce qui dénote de faibles
recettes de l’État provenant de la chasse aux trophées             profits à l’hectare103.
en 2017.
                                                                   ■	   Pour les concessions et les communautés, les
Les droits de trophée constituent la part la plus impor-                bénéfices économiques tirés de la chasse aux
tante des recettes de l’État provenant de la chasse aux                 trophées sont également relativement faibles. Les
trophées, soit 46,3 %, suivis des permis de chasse et                   dépenses déclarées pour la chasse au gros gibier
des licences d’exploitation — respectivement 14,3 %                     tournent autour de 1 227 FCFA par hectare, somme
et 7,9 % du total101. Bien que le secteur de la chasse                  correspondant aux coûts d’aménagement et de
aux trophées couvre environ 3,4 % de la superficie du                   surveillance de la zone de chasse et aux coûts asso-
Burkina Faso, les recettes issues de cette activité ne                  ciés au campement et au service client. Ces dépenses
représentent qu’une très petite partie du budget de                     représentent environ 5 500 euros par client, ce qui
l’État102.                                                              est supérieur au prix moyen d’un safari de chasse.
                                                                        En conséquence, les safaris de chasse au gros gibier
Tableau 2.8.  Recettes de l’État provenant de la                        ne peuvent pas couvrir leurs coûts, lesquels sont
chasse aux trophées, en FCFA, 2017                                      compensés par les revenus tirés de la chasse au
                                                                        petit gibier qui se pratique en marge des parcs à
                                                                        gros gibier. Le rendement moyen pour la popula-
 TYPE DE RECETTE                                      MONTANT
                                                                        tion concernée se limite donc à environ 60 FCFA par
 Droits de trophée                                    97 453 900        hectare, alors que la culture du coton générerait par
                                                                        exemple 150 000 FCFA par ha dans les zones aux sols
 Permis de chasse                                     68 990 000
                                                                        favorables à l’agriculture104. Ces revenus sont à peine
 Licences d’exploitation                              24 475 000        suffisants pour rentabiliser la gestion durable des
                                                                        concessions accordées.
 Licences de guide de chasse                          20 300 000
                                                                   ■	   Pour les voyagistes, les données ne sont pas
 Frais de gestion                                     14 503 650
                                                                        connues. Le Burkina Faso ne fait pas l’objet de
 Frais de pistage                                      4 446 000        publicité et bien que bénéficiant d’une position de
                                                                        « niche », les prix y sont jugés très bas, entre 6 000 et
 Litiges                                               4 196 500
                                                                        60 000 dollars, peut-­être en raison de la qualité rela-
 Certificats d’origine                                 1 057 000        tivement faible des services proposés ou du taux de
                                                                        réussite plutôt médiocre des chasseurs (41 % pour
 Total                                              235 422 050
                                                                        les buffles, 39 % pour les antilopes et 6 % pour les
                                                                        lions)105. Cependant, les données concernant les
Source : Bilan de la campagne d’exploitation faunique 2016–2017,
MEEVCC, 2017                                                            clients expatriés les plus fortunés sont généralement
                                                                        confidentielles.




                                                                   103	UICN, La grande chasse en Afrique de l’Ouest : quelle contribution à
                                                                   la conservation ?, 2009.
101	 Catégorie « Autres » exclue.                                  104	Ibid.
102	 Calcul des auteurs.                                           105	Ibid.




                                                                                                                                              23
     Encadré 2.3.  Exemple de chasse au gros gibier gérée par les communautés : la réserve faunique de la
     Comoé-­Léraba

     En 1995, le Fonds pour l’environnement mondial avait financé un projet qui visait à préserver la biodiversité des
     124 000 hectares de la forêt classée de Comoé Léraba et à promouvoir le développement local autour de ladite
     forêt. Ce projet a duré huit ans et a été suivi d’un second, de 2003 à 2007, pour un investissement global d’environ
     3 milliards de FCFA sur 12 ans.

     Le projet a aidé à la mise en place d’une Association intervillageoise de gestion des ressources naturelles et de
     la faune (AGEREF) en 1999, à laquelle la forêt classée a été concédée. L’objectif de l’AGEREF est de contribuer à la
     réduction de la pauvreté et à l’amélioration des moyens de subsistance locaux grâce à une gestion durable des
     ressources naturelles. Environ 30 000 personnes réparties dans les 17 villages riverains sont concernées.

     En plus des actions de développement local (sept écoles ont notamment été construites) et de nombreux micro-
     projets, la réserve elle-­même a été aménagée (527 km de pistes, de points d’eau, de balisage et de signalisation,
     deux campements, etc.) et un système de surveillance a été mis en place (20 villageois bénévoles chargés de la
     surveillance). Les bénéfices sont générés par la chasse au gros gibier, les safaris, la pêche, l’apiculture, l’élevage
     ­d’aulacodes et la production de charbon de bois.

     Depuis 2000, il est observé une diminution des populations de buffles, d’antilopes et de bubales, ce qui semble
     indiquer une forte pression du braconnage dans cette zone, mais révèle aussi les limites du système. La chasse
     au gros gibier s’est développée petit à petit, au départ avec des safaris de chasse expérimentaux. Elle a atteint
     aujourd’hui sa vitesse de croisière grâce à un partenariat avec une organisation de chasseurs qui achète une partie
     du quota.

     Avec des safaris de chasse vendus à 5 500 euros (3,7 millions de FCFA) pour un buffle, une antilope et un bubale sur
     dix jours, ou 4 500 euros (3 millions de FCFA) pour un buffle ou une antilope sur sept jours, la chasse au gros gibier
     ne semble pas rentable.

     Les frais de gestion annuels sont d’environ 75 millions de FCFA, tandis que les recettes ne dépassent pas
     30 millions de FCFA. Il est à noter que le gouvernement contribue annuellement aux charges d’exploitation en
     exonérant l’AGEREF du paiement de la redevance de concession (75 FCFA par ha pour la chasse au gros gibier, taux
     minimum), ce qui représente un don d’au moins 9,3 millions de FCFA par an.

     Jusqu’à la saison 2006–2007, les deux meilleures saisons de chasse avaient généré respectivement 18,3 millions
     de FCFA (six safaris) et 19,3 millions de FCFA (sept safaris). Au total, les activités de valorisation de la réserve ont
     généré environ 28,9 millions de FCFA de recettes et 3,7 millions de FCFA en salaires en cinq ans (2003–2007) pour
     les communautés concernées. Les villages utilisent ces revenus pour contribuer au financement de la construction
     d’infrastructures socioéconomiques en partenariat avec d’autres acteurs du développement.

     Source : UICN, La grande chasse en Afrique de l’Ouest : quelle contribution à la conservation 2009




24
2.3.3.	 Évolution du marché et analyse de la                            Tableau 2.9.  Nombre d’animaux abattus en 2018,
clientèle                                                               par espéces


Les chasseurs expatriés non-­résidents constituent le                                                                       TOTAL
principal type de clientèle. En 2017–2018, les conces-
                                                                                                                  QUOTA           QUOTA
sions de chasse ont enregistré 242 chasseurs, dont 183
                                                                         ESPÈCES                                  ALLOUÉ          RÉALISÉ
expatriés non-­résidents, 7 expatriés résidents et 52 ressor-
tissants burkinabè106.                                                   Lions                                         12                5

                                                                         Buffles                                     181                81
Ces chiffres indiquent une diminution de 21,9 % du nombre
de chasseurs par rapport à la saison 2016–2017 (310)107.                 Kobas (hippotragus equinus)                 188                56
Cette baisse du nombre de chasseurs est due aux consé-                                                               136                30
                                                                         Bubales
quences de l’épidémie d’Ebola et à la détérioration du
contexte sécuritaire. Elle a un impact sur les quotas de                 Cobes Defassa                                 82               27
chasse et la production de viande. C’est ainsi que les quotas                                                          89               31
                                                                         Cobes de Buffon
de chasse fixés par l’Office national des aires protégées
(OFINAP) ne sont que partiellement atteints : en 2019, cinq              Reduncas                                      64               26
lions ont été tués pour un quota alloué de 12 ; 81 buffles ont                                                         73               27
                                                                         Guibs harnachés
été abattus pour un quota alloué de 181 ; 56 antilopes
(hippotragus equinus) ont été tuées pour un quota de 188.                Ourébis                                       78                9
Au total, les chasseurs ont abattu 342 mammifères sur l’en-                                                            80                7
                                                                         Duikers
semble du territoire en 2018, pour un quota alloué de 1 193
dans les zones de chasse (voir tableau 2.9), soit à peine                Phacochères                                 196                43
28,7 % du quota. Cela représente une diminution de 21 %
                                                                         Outardes                                      14                0
du tableau de chasse réalisé en 2017. La production contrô-
lée de viande dans les concessions de chasse est également               Total                                      1 193           342
touchée, puisqu’elle est passée de 74,7 tonnes en 2016 à
67,61 tonnes en 2017.                                                   Source : Rapport bilan de la campagne d’exploitation faunique
                                                                        (saison 2017–2018), MEEVCC, 2018

Le braconnage dans les zones de faune protégées et les
réserves de chasse demeure un problème brûlant. Bien                    naires d’hôtels et de services touristiques. En 2016, 224
que 40 braconniers aient été arrêtés en 2018 dans ces zones             guides touristiques exerçaient leur activité au Burkina
grâce aux efforts de surveillance, 50 carcasses d’éléphants             Faso, dont 118 nationaux et 106 locaux. De plus, les
ont été découvertes lors de l’inventaire général des zones              concessions de chasse employaient 36 guides de chasse,
fauniques de la région de l’Est la même année108.                       dont 26 titulaires et 10 assistants109.

                                                                        L’OFINAP est un important pourvoyeur d’emplois. En
2.3.4.	 Emploi                                                          plus de ses 78 employés, dont 49 pisteurs, 600 personnes
                                                                        y sont recrutées tous les ans dans des activités d’amé-
Les emplois dans le secteur du tourisme incluent notam-                 nagement des terres, de surveillance écologique et de
ment les guides touristiques locaux et nationaux, les                   préservation de la biodiversité. Les nombreux acteurs
voyagistes, les concessionnaires des réserves fauniques,                communautaires locaux employés par les projets à forte
les conservateurs de la faune et les techniciens et gestion-            intensité de main-­d’œuvre devraient également être pris
                                                                        en compte110.
106	MEEVCC, Bilan de la campagne d’exploitation faunique (2017–2018),
2018.
107	MEEVCC, Bilan de la campagne d’exploitation faunique (2016–2017),   109	MEEVCC, Emplois verts au Burkina Faso : panorama, enjeux et défis,
2017.                                                                   2017.
108	Ibid.                                                               110	Ibid.


                                                                                                                                                 25
     2.4.	 Contribution des autres services                                         Globalement, les PFNL contribuent à plus de 43,4 %
                                                                                    de l’équilibre alimentaire et nutritionnel des ménages
     écosystémiques et stockage du
                                                                                    burkinabè et aident à améliorer la santé de 75 à 90 % des
     carbone                                                                        Burkinabè112.

     Les forêts ont de multiples avantages pour
     ­l’environnement : nutrition et services de santé,                             2.4.2.	 Protection contre l’érosion des sols
      ­protection contre l’érosion des sols, stockage du carbone,
       augmentation de la productivité agricole et contribution                     Les forêts aident à lutter contre l’érosion et à préserver
       aux secteurs social et culturel.                                             le sol. La plupart des sols du pays sont constitués d’une
                                                                                    couche arable principalement composée de matériaux
                                                                                    érodables comme le sable-­limon argileux, le limon et
     2.4.1.	 Nutrition et services de santé                                         le limon sableux113. Les forêts aident à lutter contre
                                                                                    l’érosion et à préserver les sols, car les racines des
     Les forêts contribuent de différentes manières à la                            arbres stabilisent les crêtes, les pentes et les collines,
     sécurité alimentaire et à la nutrition des populations.                        et apportent au sol une indispensable structure
     Les végétaux sauvages des forêts, grâce à leurs fruits,                        mécanique de support qui prévient les mouvements
     légumes, noix ou miel, contribuent de manière signifi-                         superficiels de la masse terrestre. C’est pourquoi les
     cative à la diversité alimentaire et augmentent souvent                        glissements de terrain sont très rares dans les zones à
     le niveau nutritionnel des régimes alimentaires locaux.                        forte couverture forestière. Les forêts sont également
     Les forêts sont également des sources durables de                              un élément clé de la gestion des bassins versants. Elles
     protéines et de vitamines, sous forme de viande de                             contribuent notamment à améliorer la qualité de l’eau,
     brousse, principale source de protéines animales des                           à augmenter la quantité d’eau stockée, à réguler natu-
     communautés rurales. L’exploitation durable de la faune                        rellement le débit des eaux, à réduire les dommages dus
     dans les zones villageoises de chasse (les ZOVIC notam-                        aux inondations et au ruissellement des eaux pluviales, à
     ment) peut être considérée comme une source efficace                           atténuer l’envasement des centrales hydroélectriques et à
     de nutrition et d’apport de protéines. Outre sa valeur                         reconstituer les nappes phréatiques.
     nutritionnelle, la distribution de viande de gibier issue de
     la chasse durable renforce le soutien local à l’exploitation
     de la faune et aux ZOVIC, car elle permet aux populations                      2.4.3.	 Stockage du carbone
     de prendre conscience du lien entre la faune et les ZOVIC
     par cet avantage tangible (viande) partagé équitablement,                      Les forêts sont, après les océans, les plus grands
     contrairement au braconnage qui n’apporte aucun revenu                         réservoirs de carbone du monde. Ces puits de carbone
     à la communauté.                                                               contribuent à l’atténuation des effets du changement
                                                                                    climatique, absorbant le dioxyde de carbone et le stoc-
     La médecine traditionnelle reste également un élément                          kant dans le bois, les feuilles et le sol pendant une longue
     important de la société burkinabè et une source majeure                        période. Le Burkina Faso a un potentiel important de
     de médicaments pour une grande partie de la population.                        stockage du carbone qui s’élève à 1,36 milliard de tonnes
     Certaines espèces végétales traditionnellement utilisées                       d’équivalent CO2114 et pourrait réduire ses émissions de
     dans le pays, comme Adansonia digitata, Parkia biglo-                          19 020 600 tonnes d’équivalent CO2 par an (ce qui repré-
     bosa, Sclerocarya birrea, Tamarindus indica et Vitellaria                      sente un potentiel économique annuel de 100 millions de
     paradoxa ont une importance économique régionale et                            dollars par an si pleinement réalisé) si le déboisement et
     internationale111.

                                                                                    112	MEEVCC, Stratégie nationale de développement de l’accès aux
                                                                                    marchés des produits forestiers non ligneux (PFNL), 2018.
                                                                                    113	 C. Nyamekye et al., Soil and Water Conservation in Burkina Faso,
     111	 A. Zizka et al., Traditional Plant Use in Burkina Faso (West Africa): A   West Africa, 2018.
     National-­scale Analysis with Focus on Traditional Medicine, 2015.             114	 Calculs du Programme d’Investissement forestier, 2020.


26
la dégradation des sols étaient efficacement limités115. Les             2.4.5.	 Contribution aux secteurs social
stocks de carbone et les mesures d’atténuation des effets
                                                                         et culturel
du changement climatique sont examinés plus en détail
dans les sections 1 et 5.
                                                                         Les forêts jouent un rôle essentiel pour l’identité
                                                                         culturelle et la cohésion des communautés. La biodi-
                                                                         versité contribue largement à la vie sociale et culturelle
2.4.4.	 Soutien au secteur agricole                                      des populations et se trouve généralement au cœur des
                                                                         processus d’identité communautaire et de transmission.
Les forêts peuvent maintenir et améliorer la qualité des
                                                                         Les forêts jettent les bases d’un ensemble de règles et
sols, qui joue un rôle crucial dans le cycle des nutri-
                                                                         pratiques qui régissent les comportements individuels et
ments et le filtrage de l’eau. Elles participent ainsi à un
                                                                         collectifs. Ces coutumes représentent une marque d’ap-
mode d’agriculture durable en stabilisant les sols et le
                                                                         partenance à un groupe ainsi qu’un lien entre ancêtres et
climat. Les forêts régulent également le circuit de l’eau
                                                                         descendants, garantissent la décentralisation et l’autono-
en absorbant l’eau du sol par les racines des arbres et en
                                                                         mie des villages, et consolident par conséquent le proces-
la renvoyant dans l’atmosphère. Les arbres et arbustes
                                                                         sus d’intégration des familles et des villages.
fournissent de l’ombre, un abri et un habitat pour les
­pollinisateurs et les prédateurs naturels des nuisibles
                                                                         Les communautés considèrent généralement l’environ-
 agricoles. Les forêts participent également à la fixation
                                                                         nement comme un bien commun sacré, et les coutumes
 biologique de l’azote dans les sols, élément essentiel à
                                                                         qui régissent la gestion des ressources naturelles sont
 la croissance des cultures. Elles peuvent même accroître
                                                                         presque similaires d’une communauté villageoise à une
 la productivité agricole lorsqu’elles sont intégrées aux
                                                                         autre. La protection du capital naturel est considérée
 paysages agricoles. Les systèmes agroforestiers sont
                                                                         comme un devoir par les communautés qui doivent s’ac-
 souvent plus résistants que les cultures arables. En effet,
                                                                         quitter de leur part de l’accord avec la nature. En tant que
 grâce à l’intégration d’arbres dans les exploitations et
                                                                         telles, les zones de conservation et les forêts locales sont
 le paysage agricole, l’agroforesterie peut diversifier et
                                                                         souvent profondément liées à l’identité de la commu-
 soutenir la production en améliorant la résilience au
                                                                         nauté qui en tire une certaine fierté. Cela explique le grand
 changement climatique et en réduisant la variabilité des
                                                                         nombre de bois, mares et étangs sacrés dont la conser-
 rendements (par exemple avec des cultures à l’ombre).
                                                                         vation est davantage motivée par des motifs culturels ou
 Les systèmes agroforestiers procurent ainsi des avantages
                                                                         liés à des croyances que par un intérêt économique ou
 sociaux, économiques et environnementaux accrus aux
                                                                         une gestion consciente du paysage117. Ces connaissances
 utilisateurs des terres à tous les niveaux. L’agroforesterie
                                                                         constituent un tremplin pour les activités d’aménage-
 est particulièrement importante pour les petits agricul-
                                                                         ment des terres et des forêts. En utilisant les coutumes
 teurs et la population rurale, car elle peut améliorer leur
                                                                         et l’héritage culturel des communautés riveraines et
 approvisionnement alimentaire, leur revenu et leur santé.
                                                                         dépendantes des ressources forestières, il est possible
 Par exemple, les agriculteurs burkinabè formés à la taille
                                                                         de viabiliser davantage ces aménagements. De surcroît,
 du karité, à la régénération naturelle assistée et aux tech-
                                                                         cette approche peut redonner confiance aux populations
 niques de greffage ont des revenus de 44 % plus élevés
                                                                         concernées qui peuvent une fois de plus se poser en
 que ceux qui n’ont pas reçu de formation. Ces techniques
                                                                         communautés capables d’assurer une saine gestion des
 sont peu coûteuses et utilisent des outils que la plupart
                                                                         ressources naturelles comme l’ont fait les générations
 des agriculteurs ont déjà sous la main116.
                                                                         précédentes118.



                                                                         117	FIP, Socio-­anthropological Analysis of the Links between Burkina
                                                                         Faso’s Social Fabric and Forest, 2018.
115	 Kambiré et al., The Context of REDD+ and Adaptation to Climate      118	 Bruno Sanou, D., Aménagement des forêts de Dinderesso et du
Change in Burkina Faso: Drivers, Agents and Institutions, CIFOR, 2016.   Kou et autoreprésentation des communautés villageoises riveraines.
116	 World Bank, Climate Smart Agriculture Investment Plan for Burkina   Proposition d’une méthode d’actualisation des coutumes pour une gestion
Faso, 2020.                                                              durable des ressources naturelles, 2010.


                                                                                                                                                   27
     L’un des obstacles les plus importants à l’application          (ziziphus mauritiana) est également utilisé pour les béné-
     effective des politiques et mesures relatives à la gestion      dictions et le hanza (boscia senegalensis) est considéré
     durable des forêts est l’ignorance ou la non-­prise en          par certains comme une plante toxique. Enfreindre les
     compte des traditions ou des coutumes lors de l’élabora-        interdictions portant sur certaines de ces plantes peut avoir
     tion de politiques environnementales. L’implication des         des conséquences graves, et ces aspects culturels sont
     communautés villageoises dans la gestion des forêts et          très importants pour l’application des règles de gestion
     leur incitation à y participer effectivement — notamment        des ressources naturelles. En outre, certaines plantes
     après des années de conflit avec l’administration —             peuvent être utilisées par les agriculteurs pour prédire
     supposerait premièrement qu’elles soient reconnues              certains phénomènes météorologiques et adapter l’ense-
     comme des entités vivantes animées d’une conscience             mencement en conséquence. La grande diversité de ces
     historique individuelle et collective, et en quête perma-       considérations, parfois très localisées, ne permet pas de
     nente d’un mieux-­être. Puiser dans leurs connaissances         les résumer dans ce rapport.
     liées aux pratiques culturelles permettrait de restaurer
     leur confiance et contribuer efficacement à une gestion         Signe de leur importance culturelle, les arbres et
     durable des forêts. Cela favoriserait en particulier la mise    arbustes sont aussi utilisés dans l’anthropony-
     à jour des méthodes et outils de gestion durable et ration-     mie. Kouka et Pousga sont des prénoms communs qui
     nelle des ressources naturelles et d’accroître ainsi l’appro-   font référence au khaya senegalensis et au tamarindus
     priation des bonnes pratiques de gestion.                       indica et la toponymie Sabcé, Donsin et Pousguin, fait
                                                                     référence à lannea microcarpa, parkia biglobosa et
     Il convient par conséquent de prendre conscience du rôle        ­tamarindu indica.
     des plantes, arbres et forêts dans de nombreux aspects
     de la culture des populations rurales. Certaines plantes        Rôle culturel des animaux vivant dans les zones
     cultivées pour leur pouvoir colorant sont considérées           ­forestières. Les animaux des forêts peuvent égale-
     comme des éléments d’identification culturelle. D’autres        ment être utiles pour l’exécution de rituels. Comme les
     contribuent à la cohésion sociale lors de cérémonies et         plantes, les animaux totémiques peuvent servir d’élément
     activités socioculturelles, comme les dons de céréales           ­d’identification important, comme les silures sacrés de
     et de fruits (cola, dattes), de viande animale (volailles,        Sya, les crocodiles sacrés de Sabou et de Bazoulé ou
     chèvres, bovins) et de miel. Les forêts sacrées et les            le python sacré de Séguénéga. Le nom des animaux
     espèces végétales qu’elles abritent sont utilisées dans de        est également présent en toponymie. Enfin, les peaux
     nombreux rites et coutumes. Les végétaux totémiques               ­d’animaux sauvages sont utilisées pour fabriquer des
     peuvent être utilisés comme éléments d’identification              instruments de musique tels que tam-­tams, tambours
     dans certaines cultures, par exemple le kaki à forme de            cylindriques et de ­calebasse, djembés, xylophones ou
     nèfles (diospyros mespiliformis) dont certaines ethnies du         flûtes, et contribuent aux ­activités socioculturelles des
     Plateau central s’interdisent de brûler le bois. Le jujubier       différents groupes ethniques du pays119.




                                                                     119	 Cinquième rapport national du Burkina Faso à la Conférence des
                                                                     Parties sur la biodiversité, CDB, 2014.


28
Photo: Ssviluppo_iStockphoto


                               29
Photo: Andrea Borgarello / World Bank
3	              GOUVERNANCE FORESTIÈRE, POLITIQUES
                ET PLANS FORESTIERS NATIONAUX

3.1.	 Contexte                                                             nationale sur le changement climatique. Il apparait que
                                                                           le Burkina Faso a fait d’importants progrès depuis 1980
Au cours des 30 dernières années, le gouvernement du                       en termes de législation et de politiques forestières. Des
Burkina Faso a fait preuve d’un engagement ferme et                        efforts importants ont également été déployés en matière
continu en faveur de l’environnement. Il a élaboré des                     de protection de l’environnement depuis 1981 et dans
stratégies sectorielles pour l’environnement et les forêts                 le sens d’une approche participative dans la gestion
ainsi que pour l’adaptation au changement climatique et                    des forêts depuis 1986. élaboré en 1992, le Plan d’action
l’atténuation de ses effets. Le pays a amélioré ses cadres                 ­national pour l’environnement (PANE) lie le développe-
de politique et ses dispositifs législatifs et institutionnels             ment à l’environnement en intégrant un plan national de
pour assurer une bonne gouvernance forestière, bien qu’il                  lutte contre la désertification et une stratégie nationale
faille encore améliorer l’application du cadre juridique.                  d’aménagement des terres.
Enfin, il faut souligner que le Burkina Faso a une société
civile dynamique et que les communautés locales y sont
très actives.                                                              3.1.1.	 Cadre législatif

Ce contexte offre une occasion unique d’opérer de                          Sur le plan législatif et réglementaire, divers textes juri-
réels changements dans l’aménagement des terres, la                        diques ayant des implications pour la conservation des
gestion des forêts, l’agroforesterie et les systèmes agri-                 ressources forestières ont été adoptés. Ce sont, entre
coles, ­l’objectif étant à la fois de réduire les ­émissions               autres, les suivants :
­forestières et de contribuer à atténuer les effets du
 ­changement climatique. Ceci constitue une bonne base                     ■	   La loi nº 036–2015/CNT du 26 juin 2015 portant Code
  pour inverser la dégradation des terres et ­d’assurer                         minier du Burkina Faso ;
  la gestion durable des ressources naturelles qui
                                                                           ■	   La loi nº 008–2014/AN du 12 mai 2014 portant loi
  soutiennent les moyens de subsistance dans les zones
                                                                                d’orientation sur le développement durable au
  rurales du Burkina Faso120.
                                                                                Burkina Faso ;

L’inventaire du secteur forestier au Burkina Faso a fait                   ■	   La loi nº 006–2013/AN du 2 avril 2013 portant Code de
l’objet de plusieurs examens récents dans le contexte du                        l’environnement au Burkina Faso ;
changement climatique et du REDD+121. Ces examens ont
                                                                           ■	   La loi nº 034–2012/AN du 2 juillet 2012 portant
donné lieu à des rapports tels que le Troisième rapport
                                                                                réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso ;
sur l’état de l’environnement, le Rapport de la conférence
internationale organisée par The Forest Dialogue au                        ■	   La loi nº 003–2011/AN du 5 avril 2011 portant Code
Burkina Faso en septembre 2011, le Rapport sur le niveau                        forestier au Burkina Faso, qui remplace la version
de référence des émissions REDD+ délivré au GIECC par                           précédente (loi nº 006/97/ADP du 31 janvier 1997
le MEEVCC en août 2020, et la Troisième communication                           portant Code forestier au Burkina Faso) ;

                                                                           ■	   La loi nº 034–2009/AN du 16 juin 2009 portant régime
120	 Ministère de l’Environnement et du Développement durable du                foncier rural et décrets d’application ;
Burkina Faso, Plan de préparation à la REDD+,2013.
                                                                           ■	   La loi nº 055/AN du 21 décembre 2004 portant
121	 Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation
des forêts, associée à la gestion durable des forêts, la conservation et        Code général des collectivités territoriales au
l’amélioration des stocks de carbone forestier.                                 Burkina Faso ;


                                                                                                                                          31
     ■	    La loi nº 002–2001/AN du 8 février 2001 portant loi            ■	   Le décret nº 98–310/PRES/PM/MEE/MATS du
           d’orientation relative à la gestion de l’eau ;                      17 juillet 1998 portant utilisation du feu en milieu
                                                                               rural au Burkina Faso ; et
     ■	    Le décret nº 98–306/PRES/PM/MEE/MEF/MCIA
           du 15 juillet 1998 portant réglementation de                   ■	   L’arrêté conjoint nº 01–048/MEF/MATD/MEE du
           l’exploitation et de la commercialisation des produits              8 novembre 2001 portant création d’un fonds
           forestiers ligneux au Burkina Faso ;                                d’aménagement forestier au Burkina Faso.



     Tableau 3.1.  Principaux cadres d’action stratégiques


          INSTRUMENT DE POLITIQUE       DATE                                             THÈME

      Stratégie nationale               2019     Fédérer toutes les interventions portant sur la gestion durable de l’environnement
      en matière                                 et la gouvernance de l’environnement au cours de la période 2019–2023. Mettre
      d’environnement 2019–2023                  en œuvre les politiques sectorielles suivantes : production agrosylvopastorale ;
                                                 environnement, eau et assainissement ; infrastructure de transport, de communication
                                                 et d’habitat ; section environnement de la recherche et l’innovation

      Schéma national                   2018     Document de référence sur la politique nationale d’aménagement du territoire
      d’aménagement et de
      développement durable du
      territoire (SNADDT)

      Deuxième Programme                2017     Consolider les activités du ministère de l’Environnement, de l’économie verte et
      national du secteur rural                  du Changement climatique, du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des
      (PNSR II)                                  Ressources halieutiques et du ministère des Ressources animales, qui seront chargés
                                                 de mettre en œuvre la Stratégie de développement rural

      Plan national de                  2016     Document de politique de référence du gouvernement du Burkina Faso pour
      développement économique                   la période 2016–2020 concernant le développement économique, social et
      et social 2016–2020 (PNDES)                environnemental

      Stratégie nationale               2016     Établir un plan d’action visant à assurer une transition efficace de l’économie
      d’économie verte 2016–2020                 nationale vers une économie verte et inclusive
      et son Plan d’action triennal
      (SNEV)

      Loi d’orientation                 2015     Offrir des orientations sur le développement durable de l’agrosylvopastoralisme, la
      agrosylvopastorale,                        pêche et la gestion de la faune sauvage afin d’atteindre la souveraineté et la sécurité
      halieutique et faunique                    alimentaires et de contribuer au développement durable du Burkina Faso

      Stratégie de développement        2015     Combiner la vision consolidée des ministères de l’Agriculture et des aménagements
      rural                                      hydroagricoles, des Ressources animales et halieutiques et de l’Environnement dans
                                                 le cadre d’une approche programmatique

      Programme national du             2011     Cadre de mise en œuvre de la stratégie de développement rural et de la section
      secteur rural (PNSR I)                     « développement rural » de la Stratégie de croissance accélérée et de développement
                                                 durable 2011–2015

      Stratégie de croissance           2010     Principal document de référence sur la croissance économique et la lutte contre la
      accélérée et de                            pauvreté
      développement durable
      (SCADD)




32
  INSTRUMENT DE POLITIQUE               DATE                                                  THÈME

 Politique nationale de                 2009      Mettre en place un système d’administration foncière pour gérer les terres, régler les
 sécurisation foncière en                         conflits fonciers et immatriculer les terres publiques et privées, y compris les terres
 milieu rural (PNSFMR)                            forestières (politique non encore mise en application)

 Programme national de                  2009      Expliquer les objectifs ainsi que les options communes et spécifiques de la Politique
 gestion des ressources                           forestière nationale (PFN) et s’appuyer sur les activités prévues par le Cadre sectoriel
 forestières et fauniques                         de dialogue (CSD)
 (PRONAGREF)

 Politique nationale                    2007      Organiser l’environnement en vue d’assurer le développement harmonieux du pays
 d’aménagement du territoire
 (PNAT)

 Plan d’action national                 2007      Analyser les principaux facteurs climatiques et leurs effets sur l’environnement et la
 d’adaptation (PANA) à la                         société, et identifier les besoins ainsi que les activités et projets urgents et immédiats
 variabilité et au changement
 climatique

 Programme national                     2006      Accroître la productivité des forêts pour répondre aux besoins croissants de la
 d’aménagement des forêts                         population
 naturelles et Programme
 national d’aménagement des
 forêts classées

 Plan d’action de gestion               2003      Permettre une plus grande mobilisation et disponibilité de l’eau, réduire les crises et
 intégrée des ressources en                       préconiser une gestion plus rationnelle de l’eau
 eau (PAGIRE)

 Plan d’environnement pour              2002      Déterminer la stratégie fondée sur le cadre de la lutte contre la pauvreté et la
 le développement durable                         réalisation d’un développement durable respectueux de l’environnement
 (PEDD)

 Stratégie nationale et                 2001      Conformément aux objectifs de la Convention sur la biodiversité, identifier les
 plan d’action en matière                         conditions appropriées pour l’exploitation des ressources biologiques rurales et le
 de diversité biologique                          partage équitable des bénéfices
 (SNPADB)

 Plan d’action national pour la         2000      Développer la collaboration intersectorielle pour lutter contre la désertification
 lutte contre la désertification
 (PAN–LCD)

 Programme décennal                     1996      Appliquer la planification, l’harmonisation et la coordination à toutes les
 d’action (PDA) 2006–2015                         interventions et promouvoir la composante forestière du Programme national du
                                                  secteur rural

 Politique forestière nationale         1995      Normaliser la gestion des ressources forestières et servir de cadre de référence aux
 (PFN)                                            différents acteurs (cette politique a inspiré le Code forestier de 1997)

 Plan d’action national pour            1994      Intégrer tous les mécanismes, actions et mesures dans la mise en œuvre du Plan
 l’environnement (PANE)                           d’action national de lutte contre la désertification (PAN/LCD) tout en renforçant la
                                                  synergie entre les actions


Source : Ministère de l’Environnement et du Développement durable du Burkina Faso, Plan de préparation à la REDD (avec des données actualisées de
2020), 2013




                                                                                                                                                    33
     3.1.2.	 Au niveau international                                   ■	   Adoption de la loi nº 01062006/AN du 31 mars 2006
                                                                            portant réglementation du matériel végétal pour
     En plus des instruments législatifs et réglementaires                  promouvoir un cadre plus propice à l’intensification
     nationaux, le Burkina Faso a ratifié un certain nombre de              des productions agricoles et forestières.
     conventions internationales portant sur la gestion des
                                                                       ■	   Création du Centre national des semences fores-
     forêts, notamment les conventions de Rio sur la biodiver-
                                                                            tières (CNSF) en 1983 qui est désormais reconnu au
     sité, la lutte contre le changement climatique et la lutte
                                                                            niveau international. Il suit les normes de l’Organi-
     contre la désertification. Les évolutions récentes du cadre
                                                                            sation de coopération et de développement écono-
     de politique et des dispositifs législatif et institutionnel
                                                                            miques (OCDE) pour la certification des semences
     résultent de ces ratifications et ont conduit aux avancées
                                                                            et du matériel végétal forestier en vue du commerce
     décrites dans les paragraphes suivants.
                                                                            international.

     ■	   Adoption de la loi d’orientation sur le développe-           ■	   Établissement du Programme national du secteur
          ment durable (loi nº 008–2014/AN du 12 mai 2014).                 rural (PNSR) dans le cadre d’un processus de
          Elle fournit le cadre dans lequel la Politique natio-             consultations intersectorielles. Ce programme
          nale de développement durable de 2013 est mise                    assure la coordination des politiques sectorielles
          en œuvre ainsi que les règlements et les principes                pour le développement rural : agriculture, élevage et
          essentiels liés au développement durable et à sa                  forêts. C’est le cadre approprié pour la planification
          promotion. Elle s’applique à l’ensemble des lois et               et la coordination du développement rural afin de
          règlements, politiques, plans, programmes et projets              s’attaquer de manière concertée aux causes du déboi-
          de développement publics ou privés au Burkina Faso.               sement et de la dégradation des forêts qui résultent
                                                                            des pratiques de production agricole et pastorale
     ■	   Révision du Code forestier en 2011. À l’instar de celui
                                                                            extensive122.
          de 1997 qu’il remplace, le nouveau code forestier ne
          reconnaît les forêts que comme propriété de l’État. Il
          laisse donc une grande marge de manœuvre aux admi-
                                                                       3.1.3.	 Plans d’aménagement, politiques
          nistrations locales et au secteur privé dans l’aménage-
          ment des espaces boisés. Ces dispositions sont favo-         et engagements pour un cadre de gestion
          rables à la mise en œuvre de la REDD+ au Burkina Faso.       forestière amélioré
     ■	   Adoption de la loi sur le régime foncier rural (loi
                                                                       Au Burkina Faso, un ensemble de politiques récentes
          nº 034–2009/AN du 16 juin 2009). L’objectif principal
                                                                       axées sur le développement durable et l’expansion des
          de la loi est de garantir que tous les acteurs ruraux
                                                                       avantages offerts par les forêts appuient la protection et la
          ont un accès équitable à la terre et que leurs inves-
                                                                       régénération de celles-­ci.
          tissements sont protégés. Elle assure également la
          gestion efficace des litiges fonciers afin de contribuer
                                                                       La protection et la gestion durable des forêts corres-
          à la réduction de la pauvreté, à la consolidation de
                                                                       pondent aux Objectifs stratégiques du gouvernement
          la paix sociale et à la réalisation du développement
                                                                       consistant à : i) promouvoir la paix et la sécurité ;
          durable. Cette loi établit des « chartes foncières », qui
                                                                       ii) accroître la résilience dans les zones instables, sous
          sont un instrument légal puissant visant à protéger les
                                                                       pression, et de prévention ; iii) améliorer la gouver-
          droits coutumiers collectifs, sans qu’il soit nécessaire
                                                                       nance inclusive et la fourniture de services essentiels ;
          de disposer de titres de propriété foncière. L’insécu-
                                                                       et iv) renforcer les pratiques inclusives d’aménagement
          rité foncière dans le secteur forestier est une cause
                                                                       des terres et de gestion des ressources naturelles et
          indirecte majeure de la déforestation et de la dégra-
                                                                       minières123.
          dation des forêts, ce qui fait de cette loi sur le foncier
          rural un atout majeur. Cependant, dans la majorité
                                                                       122	 Ministère de l’Environnement et du Développement durable du
          des cas, les structures locales proposées pour les           Burkina Faso, Plan de préparation à la REDD+, 2013.
          chartes foncières n’ont pas été créées et manquent de        123	 World Bank, Eligibility Note for Access to the Prevention and
          ressources humaines, de compétences et de fonds.             Resilience Allocation (PRA) for Burkina Faso, 2020.


34
L’objectif 3.5 du Plan national de développement écono-                trois scénarios : i) un premier scénario, inconditionnel,
mique et social 2016–2020124 vise à « inverser la tendance             de réduction des émissions de gaz à effet de serre de
à la dégradation de l’environnement et à assurer la                    7 808 gigagrammes par an à l’horizon 2030 ; ii) un scénario
gestion durable des ressources naturelles et environne-                hybride conditionnel, qui vise à réduire les émissions de
mentales ». Il s’agit d’un programme complet compre-                   gaz à effet de serre de 11,6 % ; et iii) un scénario d’adap-
nant des actions destinées à assurer la viabilité du modèle            tation, qui vise notamment à restaurer 5 055 millions
économique et à atténuer la dégradation de l’environne-                ­d’hectares de terres dégradées et à nourrir plus de
ment.                                                                   6 millions de personnes supplémentaires à ­l’horizon 2030.

De plus, en s’appuyant sur les réalisations du Programme               En outre, au début des années 2000, le gouvernement
d’action national pour l’adaptation (PANA)125 et                       avait décidé de promouvoir la gestion communautaire
afin ­d’engager une approche globale à moyen et long                   des forêts dans le cadre du programme de décentrali-
termes de l’adaptation au changement climatique                        sation. L’exploitation du bois est basée sur des normes
­associant tous les acteurs du développement, le Burkina               établies par l’administration forestière, ce qui garan-
 Faso a conçu le Plan national d’adaptation (PNA).126 Ce               tit la protection des ressources. La responsabilité de
 plan est structuré autour des résultats de l’analyse de               chaque partie prenante est définie par des spécifications
 la vulnérabilité au changement climatique des secteurs                ­techniques officielles cosignées par l’administration
 identifiés comme prioritaires, notamment l’agriculture,                ­forestière et par l’Union des groupements de gestion
 l’élevage, l’eau, les forêts et les écosystèmes naturels,               forestière (UGGF).
 l’énergie, les infrastructures et le logement, à l’hori-
 zon 2025–2050. Les objectifs d’adaptation à long terme                À l’échelle nationale, une tendance positive a été
 basés sur la vision du PNA sont les suivants :                        constatée concernant l’évolution du cadre législatif en
                                                                       faveur d’une plus grande intégration des activités du
■	   Assurer une sécurité alimentaire et nutritionnelle                secteur rural, avec l’adoption de la Stratégie nationale
     durable ;                                                         en matière d’environnement 2019–2023, du Programme
                                                                       ­national du secteur rural de 2017 et de la Loi d’orientation
■	   Préserver les ressources en eau ;
                                                                        ­agrosylvopastorale, halieutique et faunique de 2015, ainsi
■	   Protéger les personnes et les biens contre                          que de la Loi nationale d’orientation d’aménagement et
     les ­phénomènes climatiques extrêmes et les                         de ­développement durable du territoire de 2018.
     ­catastrophes naturelles ; et

■	   Protéger les écosystèmes naturels et améliorer leur
                                                                       3.2.	 Forêt et gouvernance
     fonctionnement.

Les engagements du gouvernement relatifs au titre des                  3.2.1.	 Dispositions institutionnelles
contributions déterminées au niveau national127 peuvent
                                                                       En raison de la complexité du cadre institutionnel du
également être considérés comme une occasion de
                                                                       secteur forestier, les forêts sont gérées par diverses entités
restaurer les forêts et de limiter la dégradation des terres à
                                                                       locales et nationales. Cependant, le service forestier,
moyen terme. Le Burkina Faso s’est en effet fixé des objec-
                                                                       qui concentre la plus grande partie des activités au sein
tifs de réduction des émissions de carbone au titre de
                                                                       du MEEVCC, est chargé de leur supervision et en a la
ses contributions déterminées au niveau national suivant
                                                                       ­responsabilité globale.

124	 Gouvernement du Burkina Faso, Plan national de développement      Au niveau du secteur forestier, le MEEVCC est responsable
économique et social 2016–2020, 2016.                                  de :
125	 Gouvernement du Burkina Faso, Programme d’action national pour
l’adaptation, 2007.
                                                                       ■	   La constitution, la classification, la préservation,
126	 Gouvernement du Burkina Faso, Plan national d’adaptation, 2015.
                                                                            l’aménagement et la gestion du patrimoine forestier
127	 Gouvernement du Burkina Faso, Contributions prévues
déterminées au niveau national, 2015.
                                                                            national ;


                                                                                                                                        35
     ■	   La constitution, la classification, la préservation et la                   ■	      La réglementation relative aux ressources forestières,
          gestion des réserves de parcs nationaux, des réserves                               fauniques et halieutiques, et du contrôle de son
          fauniques et des réserves similaires en lien avec le                                ­application ;
          ministère du Tourisme ;
                                                                                      ■	      La protection des ressources en eau en lien avec les
     ■	   L’amélioration du potentiel faunique ;                                              ministères concernés et les communautés riveraines.




     Figure 3.1.  Organigramme simplifié du MEEVCC1

                                                       Schéma de l'organigramme du ministère de l'Environnement,
                                                            de l'économie verte et du changement climatique

                                                                                                              Directeur de cabinet
                                                       SP/CNDD
                                                                                                             Conseillers techniques
                                                         ARSN
                                                                                Cabinet du
                                                                                                                        ITS
                                                                                 ministre
                                                       Protocole
                                                                                                              Chargés de missions
                                                        Sécurité
                                                                                                             Secrétariat particulier

                                                                                                                 Bureau d’étude

                                                                                                             Secrétariat particulier
                                                                                Secrétariat
                                                                                 general
                                                                                                             Service central courrier
                  Structures rattachées                Structures de mission
                                                                                                                See accueil info
                                                        P
                                                                   comités
                                                                   Cellules
                               OFINAP



                                              BUNEE
                 CNSF

                        ENEF




                                                        P                                                                               DAF
                                        FIE




                                                                     ou




                                                        D
                                                                                                                                        DMP

                        DGEF                          DGPE            DGEVCC                         DGESS                              DRH
                                    DGAEF                                                                                               DCPM
                                                                                                                 DPPO
                        DFR                           DAPEU           DPVPFNL    DREEVCC                                                DAD
                                                                                                                  DFP
                        DFRC                          DPPRE            DPEIV     DPEEVCC                                                 DSI
                                                                                                                 DSEC
                        DiGeF                         DPEEE            DPARC     SDEEVCC                                                DDIAJ
                                                                                                                  DSS
                         DO                           LAQE
                                                                                                                 DCPP
                         DIL



     Source : Auteurs, sur la base de documents du MEEVCC




     1	   CNSF = Centre national de semences forestières ; ENEF = école nationale des eaux et forêts ; OFINAP = Office national des aires protégées ; FIE =
     Fonds d’intervention pour l’environnement ; BUNEE = Bureau national des évaluations environnementales ; DAF = Directeur administratif et financier ;
     DMP = Direction des marchés publics ; DRH = Département des ressources humaines ; DCPM = Direction de la communication et de la presse ministérielle ;
     DAD = Direction des archives et de la documentation ; DSI = Direction des services informatiques ; DDIAJ = Direction du développement institutionnel et
     des affaires juridiques.


36
Tableau 3.2.  Dépenses annuelles inscrites au budget en milliards de FCFA


                                                                   2019                              2020                 2021             2022

 NATURE DES DÉPENSES                                    INITIALE          AJUSTÉE         INITIALE          AJUSTÉE     INITIALE      PROJECTION

 Personnel                                                 11,69            10,28            12,86             12,86      13,38            14,09

 Acquisition de biens et services                           1,40             1,39             1,33              1,21        1,41            1,40

 Transferts courants                                        2,74             2,74             2,73              2,10        2,50            2,50

 Investissements réalisés par l’État                        5,44             4,29            11,97             12,25      11,84             6,89

 Total (MEEVCC)                                           21,27             18,69           28,89              28,42      29,13            24,89

 Budget total national (BTN)                           2 213,29          2 366,67         2 518,45         2 532,76     2 651,77        2 680,19

 MEEVCC en % du BTN                                         0,96             0,79             1,15              1,12        1,10            0,93


Source : Ministère des Finances, Loi de finances et Rapports d’exécution du budget de l’État en 2019, 2020 et 2021


Tableau 3.3.  Dépenses annuelles inscrites au budget par programme ministériel, en milliards de FCFA


                                                                     2019                               2020               2021           2022
 CODE DU
 PROGRAMME           INTITULÉ DU PROGRAMME                INITIALE         AJUSTÉE           INITIALE        AJUSTÉE     INITIALE     PROJECTION

        86           Gestion durable des                     12,06             5,60             11,20           10,71       12,42           12,46
                     ressources forestières et de
                     la faune

        87           Assainissement et                        1,56             0,55              2,18            2,07        1,87            1,89
                     amélioration du milieu de
                     vie naturel

        88           Gouvernance                              1,25             0,25              2,11            3,56        3,43            2,02
                     environnementale et
                     développement durable

        89           économie verte et                        3,00             0,96              4,46            3,34        2,22            2,07
                     changement climatique

        90           Pilotage et appui                        3,39             1,06              8,94            8,74        9,20            6,45

                     Total MEEVCC                            21,27           18,69128          28,89            28,42       29,13           24,89

                     Budget total national               2 213,29         2 366,67          2 518,45         2 532,76    2 651,77       2 680,19
                     (BTN)

                     MEEVCC en % du BTN                       0,96            0,79               1,15            1,12        1,10            0,93


Source : Loi de finances et Rapports d’exécution du budget de l’État en 2019, 2020 et 2021, ministère des Finances


128	 Ce montant comprend 10,28 milliards de dollars .au titre des dépenses de personnel, étant donné que le rapport financier pour l’exercice se
terminant en 2019 ne détaille pas les dépenses de personnel par catégorie de programme tel que présenté initialement dans le budget, mais en rend
plutôt compte de manière globale.


                                                                                                                                                    37
     Tableau 3.4.  Effectifs actuels du personnel technique, 2021


                                                                                       FORESTIERS                           ÉCOLOGISTES

      SITUATION ADMINISTRATIVE                                                  HOMMES                FEMMES          HOMMES        FEMMES      TOTAL

      Niveau central (ministère et départements associés)                            392                 81              126            23       622

      Niveau régional (13 régions administratives)                                  1 861               191              258            43      2 353

      Total                                                                         2 253               272              384            66      2 975


     Source : Direction des ressources humaines du MEEVCC, janvier 2021



     Le MEEVCC reçoit environ 1 % du budget national annuel                                 Alors que le ministère applique une politique active
     chaque année129, ce qui représente approximativement                                   de recrutement de femmes dans le secteur forestier,
     entre 20 et 25 milliards de FCFA130. Son budget total                                  ­l’équilibre entre les sexes n’est pas atteint, les femmes
     est passé de 18,6 milliards de FCFA en 2019 à environ                                   ne représentant qu’environ 11 % du total du personnel
     28 milliards de FCFA (52,3 millions de dollars) en 2020 et                              ­technique (voir tableau 3.4).
     2021. La moitié de ce budget est allouée aux dépenses
     de personnel (salaires et charges sociales). Les variations                            La plupart des agents techniques (environ 2 300
     annuelles sont généralement dues aux investissements                                   personnes) sont postés dans les régions, mais ne
     de l’État principalement dans des projets bénéficiants de                              possèdent pas les fonds nécessaires pour accomplir leur
     financements extérieurs.                                                               mission sur le terrain. De plus, le nombre d’agents tech-
                                                                                            niques affectés dans les régions est inférieur aux besoins
     À la suite de la réforme nationale pour mettre en œuvre                                estimés dans le plan quinquennal de recrutement du
     l’approche du budget-­programme, cinq programmes                                       ministère (à savoir 2 700 agents).
     distincts ont été créés pour intervenir dans différents
     domaines du secteur de l’environnement. Le programme
     qui traite de la gestion des ressources forestières                                    3.2.2.	 Statut de la forêt
     concentre à lui seul près de la moitié du budget annuel
     alloué au ministère (voir tableau 3.3).                                                Le domaine forestier burkinabè est divisé en forêts
                                                                                            publiques et privées131:
     À la fin de 2020, le ministère comptait 3 000 agents tech-
     niques (fonctionnaires), dont 75 % de forestiers et 25 %                               ■	   Les forêts privées sont des zones forestières légale-
     d’écologistes (tous grades confondus). La majorité du                                       ment acquises ou plantées par leurs propriétaires
     personnel technique a été formé à l’école nationale des                                     (personne physique ou morale) et pour lesquelles il
     eaux et forêts située à Bobo-­Dioulasso. De plus, les fores-                                existe un titre de propriété.
     tiers forment un corps paramilitaire (le corps des eaux et
                                                                                            ■	   Les forêts publiques peuvent être soit classées soit
     forêts, avec des grades hiérarchiques s’apparentant aux
                                                                                                 protégées132.
     grades militaires), ce qui n’est pas le cas des écologistes
     (ou d’autres spécialistes), bien qu’ils soient diplômés de la                               ▪	    Les forêts classées — classées au nom de l’État
     même école.                                                                                       par décret — elles sont gérées par l’État via le
                                                                                                       MEEVCC. Soixante-­seize forêts classées couvrant
                                                                                                       3,9 millions d’hectares sont enregistrées à l’heure

     129	 Moyenne basée sur les années 2019, 2020, et 2021, avec une
     projection en 2022.
     130	 Soit l’équivalent de 37 à 45 millions de dollars. sur la base d’un taux           131	 Article 9 du Code forestier.
     de change de 1 $ = 530 FCFA.                                                                                            054/PRES/PM/MEF.
                                                                                            132	 Article 282 du Décret nº 97-­


38
Figure 3.2.  Schéma institutionnel de gestion des forêts

                                                         MEEVCC                                                    Communes



                                                                    Direction régionale
                       OFINAP                                                                                     CAF facultatif
                                                                    de l’économie verte


                                                                  Direction provinciale
                                                                  de l’économie verte


                                                 Agents de police
                                                                                          Chefs de poste
                                                 départementaux



                   Zones classées                                     Zones classées                            Forêts protégées
                   (7 forêts d’État)                                 (70 forêts d’État)                        Superficie inconnue
                      610 364 ha                                       3 319 733 ha                             Est. 6 276 187 ha




           actuelle. Sept133 de ces forêts sont gérées par                       pour produire du charbon au profit de locomotives à
           l’OFINAP, tandis que les autres relèvent des Direc-                   vapeur, d’établir des zones de chasse et de produire du
           tions régionales de l’économie verte et du chan-                      bois d’œuvre et des grumes pour le développement de
           gement climatique (DREEVCC), qui s’appuient sur                       l’administration locale. Pour la majorité de ces forêts, la
           des directions provinciales de l’économie verte                       procédure de classement n’a pas été mise à jour depuis
           et les agents de police départementaux pour                           lors, ce qui explique pourquoi leurs frontières ne sont pas
           surveiller les forêts, la chasse, l’écotourisme et                    toujours clairement délimitées.
           le pâturage, ainsi que sur des agents locaux des
           forces de l’ordre postés à des points stratégiques                    La majorité des forêts classées sont gérées par le
           pour le contrôle du transport de bois de chauffe.                     MEEVCC et ses services forestiers. Cependant, l’État et
                                                                                 les collectivités locales peuvent déléguer la gestion
     ▪	    Les forêts protégées — qui sont des forêts
                                                                                 des ressources forestières à des tiers, sur la base d’un
           publiques non classées, c’est-­à-­dire ne faisant
                                                                                 plan de gestion et d’un contrat de concession assorti
           pas l’objet d’un document de classement juri-
                                                                                 d’un cahier des charges, qui doit inclure une stratégie de
           dique (décret) — se caractérisent par une gestion
                                                                                 reconstitution des ressources exploitées.
           décentralisée par les collectivités territoriales sur
           la base de partenariats134.
                                                                                 Concernant les forêts classées, le MEEVCC est responsable
                                                                                 au niveau central — via ses propres services ou une délé-
Historiquement, de nombreuses forêts ont été classées en
                                                                                 gation à un tiers — de l’élaboration d’un plan de gestion
vertu du décret portant création d’un domaine forestier
                                                                                 forestière. L’exploitation forestière est réalisée avec l’appui
dans l’ancienne Haute Côte d’Ivoire, comprenant le
                                                                                 de groupements de gestion forestière (GGF) — qui sont
Burkina Faso, adopté le 4 juillet 1935. Les principaux
                                                                                 des associations de bûcherons — venant de communes
objectifs dudit décret étaient de limiter l’influence des
                                                                                 situées en bordure des forêts. Les GGF opérant sur la
vents secs, de protéger les cours d’eau, de stocker du bois
                                                                                 même forêt sont réunis au sein d’une union des groupe-
                                                                                 ments de gestion forestière (UGGF). S’il n’existe aucun GGF
133	 À savoir quatre parcs nationaux et deux réserves de biosphère
(la réserve de faune d’Arly et la Mare aux hippopotames) représentant
                                                                                 au moment de l’élaboration du plan de gestion forestière,
610 364 hectares, plus une forêt classée (Maro).                                 les services du MEEVCC entreprennent et facilitent la créa-
134	 Article 38 du Code forestier.                                               tion des GGF et d’une UGGF.


                                                                                                                                                   39
     Figure 3.3.  Schéma institutionnel d’exploitation des forêts

                                                                        Comité de gestion




                                                                                                        Comité de supervision
                                 Direction technique
                                                                                                               interne




              Unité d’aménagement                Unité d’aménagement                  Unité d’aménagement              Unité d’aménagement
                  forestier (UAF)                    forestier (UAF)                      forestier (UAF)                  forestier (UAF)




                 Groupement de                          Groupement de                    Groupement de                     Groupement de
                gestion forestière                     gestion forestière               gestion forestière                gestion forestière
                      (GGF)                                  (GGF)                            (GGF)                             (GGF)




     L’exécution par l’UGGF du plan de gestion forestière (qui                     Par conséquent, tant pour les forêts classées que pour
     énonce des droits d’exploitation et des obligations de                        les forêts protégées, l’exécution du plan de gestion est
     reboisement et d’entretien) est prévue dans un contrat                        déléguée à l’UGGF et ses membres (les GGF), les services
     liant l’UGGF et le MEEVCC qui est partie intégrante du                        forestiers du MEEVCC en assurant l’application et le
     plan de gestion. Afin de réaliser ce plan, une unité dédiée                   contrôle.
     à la gestion forestière est gérée par l’UGGF (voir détails
     ci-­après) sous l’égide de la Direction régionale de l’écono-                 Les forêts à exploiter sont organisées en unités ou en
     mie verte et du changement climatique.                                        chantiers d’aménagement forestier (CAF). Pour chaque
                                                                                   forêt classée en cours d’exploitation, des plans de
     La gestion des forêts protégées repose sur une parti-                         gestion forestière sur une durée de 15 à 20 ans devraient
     cipation similaire des communautés locales. Bien                              être élaborés et inclure des règles d’exploitation et de
     que le Code forestier ne décrive pas spécifiquement la                        gestion pour assurer la viabilité des ressources. Les GGF
     gestion des forêts protégées (puisque toutes les forêts non                   devraient respecter ces règles d’aménagement des terres
     classées du domaine public sont réputées protégées)135,                       sous la supervision du service forestier, qui assure le
     le Burkina Faso a mis en place des projets de gestion                         suivi de la gestion des forêts sur tout le territoire natio-
     forestière participative — qui suivent les mêmes règles de                    nal. Dans l’ensemble, l’exécution générale du plan de
     gestion que les forêts classées — avec l’appui de parte-                      gestion forestière relève de la responsabilité de l’UGGF,
     naires techniques et financiers pour faire face aux effets du                 qui est essentielle pour cette gestion, car elle collabore
     déboisement et de la dégradation des forêts. Cette action                     étroitement avec le service forestier et la mairie et signe
     a conduit à la création de 26 forêts protégées qui orga-                      le contrat de concession de gestion avec les autorités
     nisent elles-­mêmes leur exploitation et suivent le modèle                    locales compétentes.
     de gestion des forêts classées.
                                                                                   Chacun des acteurs du Chantier d’aménagement forestier
                                                                                   (CAF) joue un rôle spécifique dans la mise en œuvre du
                                                                                   plan de gestion forestière :

     135	 Article 24 du Code forestier.


40
Groupements de gestion forestiére (GGF)                                     décide également, en collaboration avec l’UGGF, du début
                                                                            et de la fin des activités et est chargée du suivi137.
Les groupements de gestion forestière sont essentiels à la
mise en œuvre des plans y relatifs. Il s’agit d’organisations               Conseil de gestion
économiques et sociales bénéficiant d’un statut juridique,
partageant un intérêt commun et dont les membres sont                       Il est chargé de l’administration générale de l’Union et est
des bénévoles des CAF des villages voisins. Ces membres                     composé des chefs d’unité d’aménagement forestier et
collectent du bois mort ou coupent du bois vert et parti-                   des élus du Conseil.
cipent à la restauration des forêts. Chaque GGF dispose
d’un bureau de direction.                                                   Comité de contrôle interne

Unité d’aménagement forestier                                               Il s’agit de l’entité de contrôle permanent de l’Union.
                                                                            Il contrôle les comptes du CAF ainsi que la régularité des
Les forêts sont divisées en unités d’aménagement ­forestier                 investissements et des bilans.
(UAF), qui sont des unités de gestion ­opérationnelles
couvrant des zones de 1 500 à 4 000 hectares. Chaque                        Commission de contrôle externe
unité est divisée en parcelles de 100 à 400 hectares
et chaque site — d’une superficie moyenne de                                Elle est composée de représentants des services
24 000 hectares — comprend 132 parcelles gérées par                         ­techniques des eaux et forêts, de l’Union et d’organismes
20 villages en moyenne136.                                                   ­intéressés par la promotion des coopératives. Elle
                                                                              contrôle et suit les activités de coupe, de reboisement et
Une unité d’aménagement forestier est supervisée                              de protection. Elle supervise également la commercialisa-
par un ou plusieurs GGF qui forment l’UGGF et est                             tion du bois et la gestion du CAF.
dirigée par un chef d’unité choisi par les groupements
membres. Ces UGGF jouissent d’une autonomie de
gestion et contribuent à créer des possibilités d’emploi                    3.2.3.	 Un prix du bois réglementé et un plan
et à générer des revenus substantiels aux populations
                                                                            de partage des bénéfices
voisines des CAF.
                                                                            Le prix du bois est d’une importance stratégique pour les
Direction technique                                                         politiques de gestion durable des forêts et est réglementé
                                                                            par la loi. Cette réglementation vise deux objectifs. Tout
Cette entité est responsable de la mise en œuvre du plan                    d’abord, elle garantit que le prix du bois à la consomma-
de gestion pour l’ensemble des unités d’aménagement                         tion reste relativement bas, ce qui contribue à l’attrait
qui composent l’Union de production. Elle fonctionne                        de ce combustible. Deuxièmement, elle garantit que les
sous l’autorité du conseil de gestion et est principalement                 bénéfices sont partagés entre toutes les parties prenantes
composée d’un directeur technique, d’un commis de                           et qu’une portion de ceux-­ci servira à la gestion à long
bureau, d’un comptable et d’un animateur. Au début de                       terme des ressources.
l’exercice budgétaire, la direction technique soumet un
programme d’activités assorti d’un budget prévisionnel                      Le prix du stère a été fixé à 2 200 FCFA en 1997 et n’a pas
pour approbation à l’Assemblée générale. Après l’adop-                                                                 ­ énéfices de la
                                                                            varié depuis lors. En vertu de la loi, les b
tion de ce programme, la direction technique élabore, en                    vente de bois de chauffe sont répartis comme suit :
collaboration avec l’UGGF, un programme mensuel d’acti-
vités et un budget, et les communique au service forestier                  ■	   1 100 FCFA destinés au producteur (bûcheron) ;
de la région concernée. Le président et le trésorier de
l’Union cosignent les chèques. La direction technique                       ■	   200 FCFA pour le fonds de roulement (fonds de
                                                                                 village) ;
136	MEEVCC, Rapport sur les résultats de l’enquête sur l’exploitation des
forêts et de la faune au Burkina Faso en 2015, 2016.                        137	Ibid.


                                                                                                                                           41
     ■	   300 FCFA prélevés au titre de la taxe forestière ;                            Le prix moyen du charbon de bois est plus instable,
                                                                                        se situant entre 80 et 170 FCFA par kilogramme selon
     ■	   600 FCFA destinés au fonds de gestion pour les
                                                                                        les régions. Pour les ménages urbains de Ouagadougou,
          ­activités de préservation des forêts.
                                                                                        la demande de bois de chauffe et de charbon de bois
                                                                                        semble être peu élastique et donc peu sensible aux varia-
     En outre, une taxe communale de 1 000 FCFA est
                                                                                        tions de prix140.
     ­appliquée à chaque camion. Comme la produc-
     tion de bois des forêts domaniales ou des CAF a été
                                                                                        En vertu de la législation actuelle, les villages riverains, les
      estimée à 254 000 stères en 2014, cela implique que
                                                                                        GGF et l’UGGF sont les seules entités habilitées à perce-
      les UGGF ont gagné 279 400 000 FCFA, que le fonds
                                                                                        voir des revenus forestiers, malgré le fait que la commune
      de roulement a atteint 50 800 000 FCFA, que les taxes
                                                                                        représente le gouvernement décentralisé en charge du
      prélevées se sont élevées à 76 200 000 FCFA et que
                                                                                        zonage des terres. Le Programme d’investissement fores-
      152 400 000 FCFA ont été versés au fonds de gestion
                                                                                        tier mène actuellement des expériences visant à associer
      forestière. Ces recettes contribuent au bien-­être des
                                                                                        davantage les communes à la gestion des forêts et la
      ménages en termes de sécurité alimentaire, de santé
                                                                                        collecte des revenus forestiers afin de les sensibiliser à la
      et ­d’éducation138.
                                                                                        préservation des zones de production forestière.

     Une étude139 a toutefois démontré que les bûcherons
                                                                                        Le MEEVCC a préparé pour 2021 une étude contenant
     tirent moins de revenus des activités liées au bois-­
                                                                                        plusieurs propositions de réforme de la fiscalité environ-
     énergie que les négociants dont l’intervention dans la
                                                                                        nementale, y compris forestière. Dans le cadre de cette
     filière requiert des investissements initiaux plus impor-
                                                                                        étude, le prix du bois de chauffe et du charbon devrait être
     tants. Selon l’analyse basée sur les prix du stère de bois
                                                                                        réexaminé pour le mettre en adéquation avec les besoins
     de chauffe pour l’année 2005, pour un prix moyen au
                                                                                        et les réalités de l’heure.
     consommateur établi à 12 823 FCFA le stère, un bûcheron
     perçoit 1 100 FCFA, alors que la marge bénéficiaire du
     grossiste-­transporteur est de 3 487 FCFA et que celle du
                                                                                        3.3.	 Gouvernance de la filière des
     détaillant est de 1 519 FCFA. L’étude soulève le problème
     de tarification d’une ressource naturelle qui fait appel à                         produits forestiers non ligneux
     l’internalisation des coûts sociaux, lesquels sont difficile-
     ment quantifiables.                                                                La chaîne de valeur de la filière des PFNL est composée de
                                                                                        la recherche, de la reproduction, de la collecte, de la trans-
                                                                                        formation et de la distribution (voir figure 3.4)141.



     Figure 3.4.  Chaîne de valeur de la filière des PFNL

                       Recherche                 Reproduction                   Collecte             Transformation              Distribution

                      Identifier les               Pépinières                Généralement                Séchage,              La valeur la plus
                        espèces                  pour multiplier             par de petites              rôtissage,            élevée est tirée
                      présentant le               les espèces               coopératives ou               broyage,             de l’exportation
                       plus grand                   ayant les               des particuliers,             cuisson                   et de la
                        potentiel                  meilleures               principalement                                       certification
                                                 performances                 des femmes




     138	Ibid.                                                                          140	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate Change
     139	 Boukary Ouedraogo, « Filière bois d’énergie burkinabè :                       — The Case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.
     Structuration des prix et analyse de la répartition des bénéfices », BOIS ET       141	MEEVCC, Étude sur les aspects socioéconomiques des filières
     FORÊTS DES TROPIQUES, 2007, n° 294 (4).                                            prioritaires des produits forestiers non ligneux, 2017.


42
3.3.1.	 Recherche scientifique                                 à la valeur ajoutée, c’est-­à-­dire la main-­d’œuvre, les taxes
                                                               d’État et les profits.
La recherche scientifique, appliquée ou fondamentale,
constitue le premier maillon de la chaîne de valeur.           Juridiquement, les collecteurs peuvent s’organiser
Elle génère des connaissances d’expert et donne lieu à         en Groupement de Gestion Forestière (GGF) tels que
des brevets, qui contribuent aux revenus des ménages.          mentionnés pour les bucherons. Le statut des GGF est en
Il existe de multiples centres de recherche au Burkina         train de changer suite à une réforme de l’Organisation
Faso : les universités, le Centre national de recherche        pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
scientifique et technologique (CNRST) qui comporte un          (OHADA), pour passer d’une association à une coopérative
département de production forestière, le Centre national       villageoise.
des semences forestières (CNSF), l’Unité de recherche
et de formation en sciences de la vie et de la terre, l’Ins-   Le statut juridique de certains PFNL n’est pas encore
titut national de l’environnement et de la recherche           harmonisé sur toute l’étendue du territoire. Par exemple,
agricole (INERA) et l’association Centre écologique            le statut juridique du baobab varie d’une région à l’autre,
Albert Schweitzer (CEAS). D’autres acteurs, comme les          car il peut être considéré comme un bien public ou privé.
ONG, apportent aussi leur soutien.                             Dans la plupart des régions, il est considéré comme un
                                                               bien public dans les zones de pâturage ou de jachère et
                                                               comme un bien privé dans les champs. Plus précisément,
3.3.2.	 Reproduction                                           certains de ses produits, tels que l’écorce (utilisée pour les
                                                               fibres), peuvent être exploités librement dans les régions
La reproduction fait référence à l’utilisation des résul-      de l’Est, du Nord et du Sahel.
tats et des connaissances de la recherche scientifique
pour produire des plantes. Cette activité est soutenue
par des institutions publiques et privées. Les institutions    3.3.4.	 Transformation
publiques comprennent le Centre national des semences
forestières (CNSF) — qui forme notamment les fabricants        La transformation est une activité économique importante
de semences qui, en retour, lui fournissent des semences       au Burkina Faso. Elle consiste à transformer les produits
— ainsi que des universités et des instituts de recherche.     collectés (principalement des feuilles ou des fruits) en
Le secteur privé est représenté par les propriétaires de       produits finis. Le tableau 3.5 présente les produits trans-
pépinières qui travaillent souvent dans des centres écono-     formés qui sont vendus actuellement sur les marchés du
miques comme Ouagadougou et Bobo-­Dioulasso, colla-            Burkina Faso.
borent avec les fabricants de semences et obtiennent de
meilleurs résultats économiques.                               Il existe des disparités régionales en ce qui concerne
                                                               la transformation des produits. La datte du désert est
                                                               plus fréquemment transformée dans les régions du Nord,
3.3.3.	 Collecte                                               de l’Est et du Sahel. Le marché du soumbala est vaste et
                                                               en pleine expansion, puisqu’il couvre également la Côte
Les collecteurs travaillent principalement sur des arbres      d’Ivoire, le Mali et le Niger. Les activités de transformation
qui ont poussé naturellement et qui sont situés dans des       du tamarin sont principalement situées dans les régions
champs, des terres en jachère, des forêts ou sur des arbres    de l’Est et du Sahel, tandis que les transformateurs de
plantés par des agriculteurs (par exemple des baobabs).        second degré se trouvent dans la région du Centre, où ils
La valeur marchande des produits collectés correspond          produisent du jus et du sirop142.




                                                               142	Ibid.


                                                                                                                                 43
     Tableau 3.5.  Principaux produits tirés des PFNL


      ESPÈCE                                                           PRODUIT PRIMAIRE                                  PRODUITS TRANSFORMÉS

      Zamné (Acacia macrostachya)                          Graines                                              1.	Graines sèches
                                                                                                                2.	Graines précuites

      Baobab (Adansonia digitata)                          Feuilles                                             1.	Feuilles sèches
                                                                                                                2.	Farine de feuilles sèches

                                                                                     Poudre ou farine           1.	Jus
                                                                                                                2.	Sirops
                                                                                                                3.	Vin
                                                           Fruits                                               4.	Confiture
                                                           (pain de singe)                                      5.	Glace
                                                                                                                6.	Biscuit de pain de singe

                                                                                     Semences                   1.	Huile de cuisson
                                                                                                                2.	Savon

                                                           Écorce                                               1.	Corde

      Dattier du désert (Balanites aegyptica)              Fruits                                               1.	Amande
                                                                                                                2.	Huile
                                                                                                                3.	Savon
                                                                                                                4.	Produits cosmétiques

      Kapokier rouge (Bombax costatum)                     Fleurs                                               1.	Fleurs séchées

      Néré (Parkia biglobosa)                              Fruits                                               1.	Biscuits à la pulpe
                                                                                                                2.	Poudre de pulpe
                                                                                                                3.	Soumbala naturel
                                                                                                                4.	Produits à base de soumbala

      Zaban (Saba senegalensis)                            Fruits                                               1.	Fruit séché
                                                                                                                2.	Jus de fruits

      Tamarin (Tamarindus indica)                          Feuilles                                             1.	Feuilles séchées
                                                                                                                2.	Poudre de feuilles

                                                           Fruits                                               1.	Pulpe amassée
                                                                                                                2.	Jus
                                                                                                                3.	Sirops
                                                                                                                4.	Vinaigre

      Karité (Vitellaria paradoxa)                         Fruits                                               1.	Amande
                                                                                                                2.	Beurre
                                                                                                                3.	Savon
                                                                                                                4.	Confiture
                                                                                                                5.	Glace

      Jujubier (Ziziphus mauritiana)                       Fruits                                               1.	Fruit séché
                                                                                                                2.	Biscuit


     Source : MEEVCC, étude sur les aspects socioéconomiques des filières prioritaires des produits forestiers non ligneux, 2017

44
3.3.5.	 Distribution                                                              de grossistes, de semi-­grossistes et de détaillants. Les
                                                                                  fruits de liane (saba), le néré et les produits du karité sont
En tant qu’activité transversale, la distribution fait interve-                   notamment exportés vers les pays limitrophes (Ghana,
nir de nombreux acteurs, des collecteurs aux grossistes et                        Côte d’Ivoire, Mali, Togo, etc.) et vers l’Europe. Les plus
détaillants en passant par les propriétaires de pépinières,                       grandes zones de production du karité se trouvent égale-
les producteurs-­collecteurs et les transformateurs. La                           ment dans les régions de l’ouest, du sud et de l’est du
plupart des échanges ont lieu sur les sites suivants :                            Burkina Faso, mais la distribution couvre l’ensemble du
                                                                                  territoire grâce à une organisation particulièrement solide
■	   Marchés villageois dans les zones de production, à
                                                                                  (voir encadré 2.2). Étant donné que l’offre nationale de
     proximité de la zone d’exploitation (à la ferme), ainsi
                                                                                  néré ne permet pas de couvrir la demande, les semences
     qu’au bord de la route (sites de production). Ces
                                                                                  sont importées du Ghana et du Bénin. C’est ainsi que les
     marchés intéressent les consommateurs, les collec-
                                                                                  marchés de Léo et de Fada sont essentiels pour l’approvi-
     teurs commerciaux et certains transformateurs ;
                                                                                  sionnement en graines de néré143.
■	   Les centres secondaires, qui constituent les lieux de
     réapprovisionnement des grossistes-­exportateurs ;                           La valorisation et la distribution des PFNL sont organi-
                                                                                  sées par les acteurs eux-­mêmes (collecteurs, acheteurs
■	   Les grandes villes, telles que Ouagadougou et Bobo-­
                                                                                  et revendeurs), indépendamment de l’administration, la
     Dioulasso, qui sont les stations d’approvisionnement
                                                                                  plupart d’entre eux étant encore dans le secteur informel.
     des grands exportateurs et transformateurs.
                                                                                  Chaque chaîne de valeur de PFNL est dotée de sa propre
Les grandes villes et les agglomérations de taille moyenne                        organisation, certains secteurs étant organisés en associa-
sont généralement approvisionnées en PFNL par les                                 tions interprofessionnelles pour promouvoir davantage
marchés intérieurs et ceux des villages et petites villes                         leurs intérêts. Les prix d’achat et de vente sont négociés
environnants. Les produits arrivent sur les différents                            entre acteurs. La figure 3.5 représente le réseau de distri-
marchés par l’intermédiaire de producteurs-­collecteurs,                          bution des PFNL.


Figure 3.5.  Diagramme de répartition des PFNL selon les parties prenantes

                    Exportations vers les pays voisins: Niger, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, et reste
                                         du monde (Europe, Asie, Amérique)



                 Transformateurs internationaux (groupes et associations, opérations de
                       transformation relative aux sous-produits pour les marchés
                                             internationaux)



               Producteurs/Exploitants
               fournisseurs du marché                                                    Grossistes/             Détaillants sur les
                                                       Collecteurs
                    local (zone de                                                      Exportateurs              marches de ville
                     production)



                         Transformateurs artisanaux (groupes et associations, opérations de
                                    transformation relative aux sous-produits)



                                                           Consommateurs du marché national



Source : Adapté du rapport intitulé « The Forests of Burkina Faso », The Forest Dialogue, 2011


                                                                                  143	Ibid.


                                                                                                                                                   45
     3.4.	 Gouvernance des secteurs de la                          Parcs nationaux. Le Burkina Faso compte trois parcs
                                                                   nationaux, principalement utilisés pour l’écotourisme :
     biodiversité et du tourisme
                                                                   ■	   Le parc national W à l’est, de 235 000 hectares ;
     3.4.1.	 Différents statuts des terres
                                                                   ■	   Le parc national Kaboré Tambi (anciennement parc
     Le Burkina Faso compte 76 zones classées couvrant                  national Pô) de 2 427 km2 ; et
     environ 3,5 millions d’hectares (14 % du pays), dont          ■	   Le parc national des Deux-­Balés de 566 m2.
     28 zones sont consacrées à la gestion de la faune. Ces
     76 forêts classées ont des statuts divers, y compris des      Réserves de faune. Il existe quatre réserves entièrement
     parcs nationaux, des réserves de faune partielles ou          préservées (« réserves totales ») et cinq réserves où
     totales, des ranchs et des réserves de biosphère. Le          certaines activités sont autorisées (« réserves partielles »)
     Burkina Faso héberge également 17 sites Ramsar et trois       (voir tableau 3.6).
     sites de l’UNESCO.




     Carte 3.1.  Zones classées au Burkina Faso




     Source : MEEVCC, Programme d’investissement forestier, 2020




46
Tableau 3.6.  Désignation des réserves de faune

Réserves Totales                                                Réserves Partielles

 NOM                             SUPERFICIE (HA)                 NOM                             SUPERFICIE (HA)

 Arly                                  76 000                    Arly                                  96 000

 Madjoari                              17 000                    Nabéré                                36 000

 Singou                               192 000                    Pama                                  51 000

 Bontioli                              12 700                    Kourtiagou                           223 700

                                                                 Bontoli                               29 500




Trois autres réserves de faune ont chacune un statut            Dans les concessions de chasse :
spécifique :
                                                                Deux acteurs principaux interviennent dans la gestion
■	   Le ranch Nazinga est un ancien domaine de chasse           d’une concession de chasse (et de ses ressources) :
     privé qui a été nationalisé ;
                                                                ■	   Le concessionnaire, qui détient le monopole
■	   La réserve sylvopastorale partielle du Sahel, dont le           d’exploitation et est également chargé de mettre en
     statut autorise les activités pastorales ;                      œuvre des plans d’occupation des sols appropriés qui
                                                                     facilitent le développement de la faune ;
■	   La Mare aux hippopotames (19 200 ha) est une réserve
     de biosphère.                                              ■	   Le guide de chasse, qui est chargé de la gestion
                                                                     technique et de la promotion commerciale de la
                                                                     concession de chasse.
Dix-­sept concessions de chasse ont été désignées au
Burkina Faso : huit zones de chasse à grande échelle, cinq
zones de chasse à petite échelle et quatre zones de chasse      Dans la ZOVIC : le comité villageois de gestion
hybride (à petite et à grande échelle) ­principalement utili-   de la faune
sées par des concessionnaires privés (voir tableau 3.7).
                                                                Les comités villageois de gestion de la faune (CVGF) gèrent
Outre les sites susmentionnés, plus d’une centaine de           les infrastructures communautaires, les forêts villageoises,
ZOVIC à petite échelle ont été créées.                          les pâturages, la faune et les ressources naturelles locales.
                                                                Ils organisent notamment la chasse traditionnelle et
                                                                déterminent les espèces admissibles à la chasse en colla-
                                                                boration avec les guides de chasse. Chaque CVGF est doté
3.4.2.	 Modalités de gouvernance et
                                                                d’un conseil composé d’au moins six membres, de sous-­
responsabilités en matière de gestion                           commissions spécialisées et d’un comité de suivi.

Les ressources fauniques sont gérées par trois entités          Les unités de conservation de la faune (UCF) ont des
depuis le projet de loi de 1995 sur les modalités               accords avec la population locale pour partager les
d’exercice de l’activité de concessionnaire dans les            ­bénéfices reçus de la chasse (y compris les carcasses) ainsi
zones fauniques.                                                 que pour l’entretien des sites et le soutien aux projets de
                                                                 développement de la faune.




                                                                                                                                47
     Tableau 3.7.  Liste des concessions de chasse au Burkina Faso


                                                                                               SUPERFICIE
          N°       RÉGIME D’EXPLOITATION                   ZONE FAUNIQUE                          (HA)                 RÉGION

                                                  ZONES FAUNIQUES SOUS RÉGIME DE CONCESSION

      1           Chasse à grande échelle           Koakrana                                      25 000    Est

      2                                             Tapoa Djerma                                  30 000    Est

      3                                             Konkombouri                                   65 000    Est

      4                                             Ougarou                                       64 426    Est

      5                                             Pama  Centre-­Sud                             51 774    Est

      6                                             Pama Nord                                     81 486    Est

      7                                             Sissili                                       32 700    Centre Ouest

      8                                             Pama Sud                                      60 762    Est

      9           Chasse à petite échelle           Béli                                          55 000    Sahel

      10                                            La Mou                                        34 000    Hauts-­Bassins

      11                                            Pâ                                            11 000    Boucle du Mouhoun

      12                                            Sâ-­Sourou                                    20 000    Boucle du Mouhoun

      13                                            Kalyo                                         30 000    Centre Ouest

      14          Chasse hybride                    Pagou Tandougou                               35 000    Est

      15                                            Kourtiagou                                    51 000    Est

      16                                            Comoé-­Léraba                                124 000    Cascades

      17                                            Singou Septentrional                          71 351    Est


                                                   ZONES FAUNIQUES SOUS GESTION DE L’OFINAP

      18          Chasse/Tourisme                   FCRG144 de Nazinga                            91 300    Centre-­Sud

      19          Chasse à grande échelle           Pama  Centre-­Nord                            81 452    Est


     144	 Forêt classée et ranch de gibier.


     Source : Rapport bilan de la campagne d’exploitation faunique (saison 2017–2018), MEEVCC, 2018




48
                                                                                                      Photo: Thierry Ouedrago / PIF Burkina Faso




Les ressources financières du CVGF proviennent des            Dans les réserves et les parcs : L’État
contributions des membres, du loyer de la ZOVIC, de
la vente de viande, de subventions ou d’aides. Le CVGF        L’État reste propriétaire des ressources. Il est responsable
dispose également d’un comité de suivi et de contrôle         de leur protection, supervise leur évaluation, garantit la
des activités composé de trois personnes désignées lors       perception des recettes et apporte un soutien technique
d’une assemblée générale. Les membres de ce comité            aux parties prenantes.
­contribuent également à la gestion des ressources du
 CVGF et se réunissent en assemblée générale.                 3.4.3.	 Aires protégées
Sur une centaine de zones villageoises d’intérêt              L’OFINAP contribue à la mise en œuvre des politiques
­cynégétique (ZOVIC), seules sept d’entre elles sont gérées   forestières nationales afin de préserver la diversité biolo-
par des guides de chasse145, à savoir :                       gique, de lutter contre la désertification et de stimuler une
                                                              croissance économique durable. Il est administré par deux
■	   Noungou (province de Sanmatenga)
                                                              entités — le Conseil d’administration et le Conseil scien-
■	   Soromzougou (province de Sanmatenga)                     tifique et technique — et relève de la tutelle du MEEVCC.
■	   Environs du barrage de la Tapoa (province de Tapoa)      Les missions de l’OFINAP sont notamment les suivantes : i)
                                                              gérer durablement les ressources forestières et fauniques ;
■	   Weotenga (province de Ganzourgou)                        ii) promouvoir le partenariat entre l’État, les autorités
■	   Neboun Bori et ZOVIC environnantes à Nazinga             locales, les organisations de la société civile et le secteur
     (provinces de Nahouri et de Sissili)                     privé pour préserver ces ressources ; et iii) promouvoir
                                                              toutes les activités liées à la gestion des ressources fores-
■	   Zones villageoises de Nobéré (province du
                                                              tières et fauniques qui pourraient contribuer à la réduc-
     ­Zoundwéogo)
                                                              tion de la pauvreté, et les activités liées à la mise en place
■	   Aire de protection de la faune du Sahel                  d’un système financièrement viable adapté aux missions
     (province du Sahel)                                      de gestion des aires protégées146.

145	MEEVCC, Bilan de la campagne d’exploitation faunique      146	 The West African Savannah Foundation, Biodiversity for Arli Park’s
(saison 2017–2018), 2018.                                     Sustainable Development, 2020.


                                                                                                                                                   49
     Photo: Andrea Borgarello / World Bank TerrAfrica


50
4	               DÉBOISEMENT ET DÉGRADATION
                 DES FORÊTS AU BURKINA FASO


Figure 4.1.  Causes du dépérissement des forêts

                                               Développement des          Expansion agricole         Extraction du bois         Autres facteurs
                                               infrastructures

                                               • Transports (routes,      • Culture permanente       • Commerciale              • Facteurs
                                                 voies ferrées, etc.)       (à grande échelle ou       (par l’État, privée,       environnementaux
                                                                            petits exploitants, de     coalition de               prédisposants
                                               • Marchés (publics et
                                                                            subsistance ou             croissance, etc.)          (caractéristiques de
                                                 privés, ex : scieries)
                                                                            commerciale)                                          la terre notamment
                                                                                                     • Bois énergie
                                               • Habitat                                                                          qualité du sol,
                                                                          • Culture itinérante         (principalement à
                                                 (rural et urbain)                                                                topographie,
                                                                            (culture sur brûlis ou     usage domestique)
                                                                                                                                  fragmentation de la
                                                                            brûlis traditionnel)
                            Causes premières




                                               • Services publics
                                                                                                     • Bois de construction       forêt, etc.)
                                                 (distribution d’eau,
                                                                          • Élevage extensif           (principalement à
                                                 d’électricité,                                                                 • Facteurs biophysiques
                                                                            (à grande échelle ou       usage domestique)
                                                 assainissement, etc.)                                                            (déclencheurs
                                                                            petits exploitants)
                                                                                                     • Production de              notamment les feux,
                                               • Sociétés privées
                                                                          • Colonisation               charbon de bois            sécheresses,
                                                 (industrie
                                                                            (y compris                 (à usage domestique        inondations,
                                                 hydroélectrique,
                                                                            transmigrations et         et industriel)             ravageurs)
                                                 minière, exploration
                                                                            projets de
                                                 pétrolière)                                                                    • Éléments sociaux
                                                                            réinstallation)
                                                                                                                                  déclencheurs
                                                                                                                                  (ex : guerre, révolution,
                                                                                                                                  mouvements sociaux,
                                                                                                                                  déplacements forcés,
                                                                                                                                  chocs économiques,
                                                                                                                                  changement brutaux
                                                                                                                                  de politique)




 Facteurs                                      Facteurs                   Facteurs                   Facteurs politiques        Facteurs culturels
 démographiques                                économiques                technologiques             et institutionnels
                                                                                                                                • Attitudes, valeurs et
 • Croissance naturelle                        • Croissance du marché     • Changements              • Politiques officielles      croyances du public
   (fertilité, mortalité)                        et commercialisation       agrotechniques             (ex : crédits de           (ex : désintérêt pour
                                                                            (intensif-extensif)        développement              les forêts, mentalité de
 • Migrations (émigration                      • Structures
                                                                                                       économiques)               pionnier)
   et immigration)                               économiques              • Application au
                                                                            secteur du bois          • Situation politique      • Comportement
 • Densité de population                       • Urbanisation et
                                                                            (principalement au         (ex : corruption,          individuel et collectif
                                                 industrialisation
 • Répartition de la                                                        gaspillage)                mauvaise gestion)          (ex : désintérêt pour
   population                                  • Variables spécifiques                                                            les forêts, recherche
                                                                          • Facteurs de              • Droits de propriété
                                                 (montée des prix,                                                                de rente, imitation)
 • Caractéristiques du                                                      production agricoles       (ex : types de terres,
                                                 avantages de coûts
   cycle de vie                                                                                        titres fonciers)
                                                 comparatifs)

                                                                          Causes sous-jacentes


Source: Geist, H., Lambin, E., What Drives Deforestation? 2001




                                                                                                                                                              51
     Les facteurs du déboisement et de la dégradation des                          ■	   Des précipitations extrêmes plus fréquentes :
     forêts sont complexes, multiples et interdépendants.                               La moyenne des précipitations annuelles dans la
     Le déboisement et la dégradation des forêts147 sont causés                         région soudano-­sahélienne se situait entre 600 et
     par des facteurs naturels exacerbés par le ­réchauffement                          900 millimètres (mm), alors qu’elle variait entre 900 et
     climatique — notamment les sécheresses récurrentes — et                            1 200 mm dans la région soudanienne. Les observa-
     par des facteurs anthropiques. L’analyse des facteurs de                           tions des stations météorologiques ont indiqué que la
     déboisement s’inscrit dans la théorie décrite par Geist et                         zone aride s’étend vers le sud depuis 1902.
     Lambin en 2001 (voir figure 4.1). Ce rapport examine les
                                                                                   ■	   Des pluies plus espacées et moins efficaces : Il est
     facteurs biophysiques et anthropiques ainsi que d’autres
                                                                                        probable qu’en moyenne, d’ici à 2065, les pluies ne
     causes.
                                                                                        diminueront pas, mais la saison des pluies commencera
                                                                                        plus tôt et se terminera plus tard, avec moins de pluie
     4.1.	 Causes naturelles/changement                                                 en juillet et en août, davantage de pluie en septembre et
     climatique                                                                         en octobre et des variations ­beaucoup plus importantes
                                                                                        d’une année sur l’autre et ce, jusqu’en 2050. Cela semble
     L’enclavement du Burkina Faso à la périphérie du désert                            indiquer des pluies plus éparses et moins efficaces.
     du Sahara explique des variations climatiques journalières                         En outre, les pluies t­ orrentielles devraient être plus
     et annuelles considérables. En raison des sécheresses, des                         fréquentes en début et en fin de saison150.
     vents violents et des changements dans la configuration                       ■	   Des sécheresses plus fréquentes : Les épisodes de
     des précipitations et des températures, le changement                              sécheresse devraient être exacerbés à l’avenir, à des
     climatique exacerbe et est susceptible d’aggraver les                              intervalles de plus en plus proches151.
     effets de la déforestation et de la dégradation des terres
                                                                                   ■	   Des vents violents plus forts et plus fréquents.
     de source anthropique. Ces changements auront de
     graves conséquences sur les écosystèmes forestiers et sur                     Tous ces effets du changement climatique auront un
     les populations rurales dont les moyens de subsistance                        impact direct sur la couverture forestière. Les conditions
     dépendent en grande partie de la santé de ces écosys-                         devenant plus difficiles, la capacité des arbres à survivre
     tèmes et d’autres terres boisées.                                             et à se reproduire s’affaiblira. Avec un taux de survie d’à
                                                                                   peine 30 % pour les plantes de petite taille, même en cas
     D’après les conclusions du Plan national d’adaptation
                                                                                   de supervision, il est prévu que les forêts ne survivront pas
     aux changements climatiques, les effets du changement
                                                                                   dans la partie nord du pays et qu’elles perdront progressive-
     climatique au Burkina Faso comprennent notamment :
                                                                                   ment leur capacité à se régénérer naturellement.
     ■	   Une augmentation des températures extrêmes :
          La température moyenne annuelle du pays a déjà                           4.2.	 Causes immédiates/facteurs
          augmenté d’au moins 0,5 °C entre 1961 et 2008. Il est
          prévu que les températures minimales et maximales                        anthropiques directs
          augmentent de 0,9 °C d’ici à 2025 et de 1,5 °C à l’hori-
          zon 2050, par rapport à la période 1980–1999148,149.                     L’expansion de l’agriculture (y compris le surpâturage et
                                                                                   les feux de brousse), l’extraction du bois (dont la consom-
                                                                                   mation de bois-­énergie et les produits forestiers non
     147	 Selon la FAO, le déboisement devrait être compris comme la
     conversion d’une forêt en une autre forme d’occupation des terres ou          ligneux) et le développement des infrastructures, minières
     comme la réduction à long terme du couvert arboré au-­     dessous du         notamment, ont été identifiés comme étant les principaux
     seuil minimal de 10 %. La dégradation des forêts se définit comme la          facteurs de déboisement et de dégradation des forêts
     réduction de la capacité d’une forêt à fournir des produits et services. Le
                                                                                   (FDDF) au Burkina Faso (tableau 4.1).
     déboisement entraîne une diminution de la superficie forestière tandis que
     la dégradation des forêts fait référence à une diminution de la capacité de
     cette forêt à fournir des biens et services à un niveau optimal.              150	 Programme national d’adaptation pour le Burkina Faso — études
     148	 Ministère de l’Environnement et des Ressources halieutiques du           de modélisation climatique, évaluation des risques et analyse de
     Burkina Faso, Plan national d’adaptation aux changements climatiques          vulnérabilité au changement climatique. Projections climatiques au
     du Burkina Faso, 2015.                                                        Burkina Faso, Université de Ouagadougou, 2012.
     149	 Banque mondiale, Portail des connaissances sur le changement             151	 Banque mondiale, Portail des connaissances sur le changement
     climatique , 2018.                                                            climatique, 2018.

52
Tableau 4.1.  Liens entre les facteurs directs de déboisement et de dégradation des forêts


 CAUSE                       IMPACT                                                          FACTEUR

 Expansion de                   59 %       Cultures vivrières (29 %) : sorgho (12 %), mil (10 %), maïs (6 %), riz (1 %), fonio (0,1 %)
 l’agriculture                             Cultures de rente (22 %) : coton (5 %), sésame (4 %), arachide (3 %), soja (0,1 %) et autres (10 %)

                                           Surpâturage (7 %) : Élevage extensif
                                           Feux de brousse (1 %) : chasse de petit gibier, pratique culturelle

 Extraction du bois             40 %            énergie (39 %) : demande de bois de chauffe, de charbon et de bois d’œuvre
                                           Bois-­

                                           PNFL (1 %) : produits pharmaceutiques, cosmétiques naturels et pratiques culturelles

 Développement                   1 %       Mines d’or : production aurifère
 des infrastructures


Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018



Figure 4.2.  Zones déboisées selon les FDDF, en hectares, 2017
             140,000
                             126,697
             120,000

                                                 98,266
             100,000

              80,000

              60,000

              40,000

              20,000                                                 16,383
                                                                                          2,457              2,105               1,237
                    0
                            Expansion             Bois            Surpâturage            Mines              Feux de              PFNL
                             agricole            énergie                                                    brousse


Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018


Les principaux facteurs de déboisement et de dégradation                         consommation de bois-­énergie sont les principaux
des forêts sont responsables de la perte de 247 145 ha de                        facteurs de déforestation du pays, la première étant
territoire forestier chaque année. Le Burkina Faso perd en                       responsable de 51 % des territoires déboisés et la
moyenne 243 451 ha152 de couvert forestier chaque année                          seconde de 40,2 %153. La part de l’exploitation minière et
en raison de l’expansion de l’agriculture, de la consomma-                       des feux de brousse a baissé ces dernières années et
tion de bois combustible, du surpâturage et des feux de                          représente à présent 0,99 % et 0,86 % respectivement,
brousse. L’exploitation des mines et des PFNL contribue                          tandis que celle des PFNL est négligeable, s’élevant à
également à une perte annuelle moyenne de 2 457 ha et                            0,5 % (voir figure 4.2)154.
1 237 ha respectivement. L’expansion de l’agriculture et la
                                                                                 153	 Ce pourcentage ne tient pas compte des feux de brousse et du
                                                                                 surpâturage.
152	PIF, Analyse des systèmes d’occupation des sols en tant que facteurs         154	PIF, Analyse des systèmes d’occupation des sols en tant que facteurs
de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso : tendances        de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso : tendances
actuelles et impacts pour la protection des forêts et la réduction des           actuelles et impacts pour la protection des forêts et la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, 2018.                                         émissions de gaz à effet de serre, 2018.
                                                                                                                                                             53
     Figure 4.3.  Liens entre exploitation minière, déboisement et dégradation des forêts

                               Exploitation minière de                                          Exploitation minière de l'or
                                 l'or à petite échelle                                             à échelle industrielle



                                               Utilisation du bois                                      Emissions
                                                                              Augmentation
                       Utilisation de           pour soutenir la                                         de GES                Occupation de
                                                                             de la population
                    produits chimiques         structure des puits                                   (consommation                terres
                                                                               sur les sites
                                              et pour le chauffage                                     de carburant)




                                                              Déforestation et dégradation forestière



     Source : Adapté de Exploitation minière, déforestation et dégradation forestière au Burkina Faso : présentation, dernières tendances et alternatives,
     MEEVCC, 2018




     L’agriculture se développe au détriment des forêts,                              forêts est aussi exacerbée par l’allongement de la durée
     en raison de nombreux facteurs. La croissance démo-                              de vie des mines, qui entraîne leur agrandissement
     graphique entraîne l’augmentation des surfaces cultivées                         physique, le forage de nouveaux puits, de plus grands
     afin de répondre à une demande croissante de céréales                            amas de roches stériles et l’ouverture de nouvelles routes
     alimentaires. Certaines terres agricoles sont aussi aban-                        pour accéder aux sites et acheminer les produits
     données à cause de l’épuisement du sol, de la dimi-                              extraits156. Ainsi, 975 000 tonnes de bois sont enlevées pour
     nution des récoltes et de la réduction de la période de                          300 puits en moyenne, ce qui représente l’équivalent de 39
     jachère, ce qui ne permet pas aux sols de regagner leur                          milliards de FCFA.
     potentiel agronomique. En conséquence, il est observé
     une migration des agriculteurs des régions du centre et                          Les mines ont également un impact sur les populations
     du nord vers le sud et l’ouest où les perspectives sont                          riveraines, ce qui affecte indirectement la forêt. Il faut
     meilleures et le potentiel agricole plus important. Ces                          en effet déboiser de nouvelles terres pour l’agriculture
     migrations augmentent les risques d’occupation des                               lorsque les champs disparaissent à cause d’une mine.
     zones boisées. Les agriculteurs sont également motivés                           Plus généralement, la demande de produits agricoles
     par la demande des marchés des cultures de rente                                 augmente du fait de l’accroissement de la population
     (coton, sésame, arachide, riz ou igname), car celles-­ci                         autour du site minier.
     constituent des sources importantes de revenus pour les
     ménages155.                                                                      Par exemple, entre 2002 et 2014, les sites miniers ont
                                                                                      détruit environ 472 hectares de champs, qui ont dû être
     L’impact du secteur minier sur le déboisement est lui                            récupérés sur des terres en jachère ou dans des forêts
     aussi multifactoriel. Les mines d’or ont une incidence                           (voir tableau 4.2). L’augmentation des besoins énergé-
     directe sur les forêts par l’occupation des terres, par la                       tiques et alimentaires et par conséquent, des surfaces
     quantité de bois utilisée pour soutenir les structures des                       cultivées et de la déforestation, a été estimée à
     puits, par les rejets de produits chimiques et par la                            993 millions de FCFA ou 0,05 % de la valeur ajoutée de l’or
     consommation d’énergies fossiles. La dégradation des                             extrait en 2017.




                                                                                      156	PIF, Exploitation minière, déforestation et dégradation forestière au
     155	Ibid.                                                                        Burkina Faso : présentation, dernières tendances et alternatives, 2018.


54
Tableau 4.2.  Emprise territoriale des sites miniers sur les zones cultivées et augmentation des zones cultivées en
hectares (2018)


                                            EMPRISE TERRITORIALE DES SITES MINIERS                             AUGMENTATION DES ZONES
 TYPE                   SITE MINIER             SUR LES ZONES CULTIVÉES EN HA                                      CULTIVÉES EN HA

 Industriel           Taparko                                         132,8                                                55 204,90

                      Mana                                            213,7                                                    79 143

 Artisanal            Darigma                                           123                                                46 215,60

                      Dan                                                1,9                                                    983,1

                      Loto                                               0,4                                                  2 166,4

 Total                                                               471,8                                                    183 713


Source : MEEVCC, Exploitation minière, déforestation et dégradation forestière au Burkina Faso : présentation, dernières tendances et alternatives, 2018



Un arsenal de mesures et de dispositions juridiques a été                         Outre les facteurs socioculturels et économiques,
mis en place via le Code de l’environnement et le Code                            ­l’accroissement continu d’une population pauvre et rurale,
minier afin de protéger les ressources naturelles du pays.                         essentiellement dépendante des produits ­agricoles et
L’article 14 de la Constitution stipule que « les ressources                       forestiers pour sa survie, combiné au manque de sécurité
naturelles appartiennent au peuple » et qu’« elles sont                            du régime foncier et à une gouvernance forestière défail-
utilisées pour l’amélioration des conditions de vie ». Bien                        lante, est la principale cause sous-­jacente du déboise-
que la loi ait été votée, elle n’est que peu appliquée. En                        ment et de la dégradation des forêts au Burkina Faso.
effet, les mines d’or artisanales ont rarement des licences
d’exploitation, et le mercure et le cyanure — tous deux                           Les problèmes de gouvernance sont exacerbés par
interdits — y sont couramment utilisés. En outre, l’indus-                        l’ampleur des migrations. La migration agricole existe
trie minière ne respecte pas souvent ses engagements de                           depuis longtemps au Burkina Faso. Les grandes séche-
remise en état des sites miniers après la fermeture des                           resses des années 1970 et 1980 avaient déjà entraîné
mines (comme pour la mine d’or de Kalsaka ou pour la                              la densification de population dans certaines régions
mine de manganèse de Tambao). Enfin, l’industrie minière                          (centre-­ouest, Boucle du Mouhoun, Haut-­Bassins,
se refuse à attribuer une part de ses bénéfices au Fonds de                       Est) suite à plusieurs vagues de migration. À la fin des
réhabilitation et de protection de l’environnement, ce qui                        années 1990 et au début des années 2000, les nouveaux
peut entraîner des conséquences graves sur l’environne-                           quartiers ouverts dans le sud-­ouest, le centre-­est et l’est
ment ainsi que sur la santé humaine et animale157.                                sont devenus les principales destinations des migrants.
                                                                                  Quand la crise politique en Côte d’Ivoire a mis un frein
4.3.	 Causes sous-­jacentes/facteurs                                              à l’émigration, les migrations intérieures ont augmenté
                                                                                  vers les zones urbaines et les régions du sud-­ouest et de
anthropiques indirects                                                            l’est. La dégradation des ressources naturelles, particu-
                                                                                  lièrement dans les régions du nord, et les problèmes de
Les facteurs indirects sont le résultat d’interactions                            sécurité aux frontières avec le Mali et le Niger ont entraîné
complexes entre des éléments socioéconomiques, tech-                              l’exode massif des zones rurales vers les villes ou vers
nologiques, politiques et culturels. Ils créent ainsi les                         d’autres zones rurales offrant de ­meilleures conditions.
conditions favorables à l’apparition d’un ou de plusieurs                         L’arrivée de ces migrants agricoles s’accompagne d’une
facteurs directs.                                                                 surexploitation des ressources dans les régions où ils
                                                                                  ­s’établissent.
157	Ibid.



                                                                                                                                                           55
     L’impact négatif des migrants sur les ressources                  En l’absence de registres fonciers correctement mis à
     ­forestières est lié principalement à la croissance               jour, archivés et entretenus, et sans financement pour
      ­démographique dans la région qui les accueille, mais            appliquer ces changements, le système officiel ne peut
       aussi aux comportements des nouveaux venus qui ne               apporter de réponses aux conflits qui perdurent, et un flou
       respectent pas nécessairement ces ressources ou les             juridique persiste dans certains cas.
       arrangements traditionnels qui gouvernent leur usage.
       En outre, suivant les régions, les différences d’interpréta-    La politique publique relative au secteur forestier et les
     tion de la politique burkinabè d’occupation des sols en           difficultés en matière de gouvernance forestière sont
     milieu rural entre les migrants et les résidents de longue        aussi des causes indirectes de déforestation. Le régime
     date peuvent accélérer le déboisement ou la dégrada-              forestier détermine qui peut utiliser quelles ressources,
     tion des forêts.                                                  le lieu d’utilisation, la période et les conditions, ce qui
                                                                       est un élément essentiel des politiques de protection
     Le manque de sécurité du régime foncier, particulière-            et de gestion des forêts. Plusieurs causes de déboise-
     ment dans les zones rurales, est un autre facteur indirect        ment et de dégradation des forêts liées aux pratiques
     de dégradation de forêts. La propriété foncière est un            du gouvernement et aux politiques publiques ont été
     facteur essentiel de production ; la sécuriser est une condi-     identifiées :
     tion fondamentale pour favoriser l’investissement dans
     le développement durable. Pourtant, le Burkina Faso n’a           Faible degré d’application de la réglementation
     toujours pas finalisé ni mis en œuvre les dispositifs des         ­forestière. La réglementation forestière est généralement
     politiques publiques concernant la sécurité du régime             jugée suffisante, mais elle n’est pas appliquée de façon
     foncier et forestier. Les outils pour l’élaboration de plans      systématique. Quarante villages et hameaux paysans
     d’aménagement du territoire font également défaut. Dans           reconnus par l’administration, avec une population de 200
     ces conditions, le manque de sécurité foncière n’incite            à 3 200 habitants, dont certains sont établis depuis plus de
     pas à investir dans des pratiques conservant la terre sur          30 ans, seraient situés dans des forêts classées, alors que
     le long terme mais au contraire favorise des pratiques             ces zones relèvent du contrôle de l’État et sont réservées à
     agricoles extensives et l’exploitation non durable des             la production de bois. Cette situation favorise largement la
     ressources naturelles. Ceci concerne aussi les droits              déforestation et révèle les lacunes du pays en matière de
     fonciers collectifs qui sont indispensables à la gestion           gouvernance forestière.
     durable des espaces communs.
                                                                       ■	 Manque de coordination des interventions
     Des conflits peuvent survenir dans certaines                         ­sectorielles. Plusieurs facteurs de déboisement et
     ­situations. C’est le cas, par exemple, si les droits attribués       de dégradation des forêts trouvent leur origine en
     ne sont pas reconnus par une partie de la filiation, ou en            dehors des forêts, comme l’expansion de l’agricul-
     cas de manquement au devoir d’intégration sociale d’un                ture et le surpâturage. Le Secrétariat permanent
      nouvel arrivant, de non-­implication des autorités concer-           de la coordination des politiques sectorielles agri-
     nées, ou encore en cas de malentendu entre les parties                coles, qui relève du ministère de l’Agriculture et des
     sur la nature de la transaction (prêt ou vente). Le gouver-           aménagements hydroagricoles et de la mécanisa-
     nement fournit des efforts considérables pour réformer                tion (MAAHM), est responsable de l’harmonisation
     le régime foncier et la réglementation forestière, mais le            des politiques sectorielles et des réformes dans les
     cadre juridique officiel n’est pas suffisamment appliqué              filières agrosylvopastorale, alimentaire et halieu-
     et manque de légitimité pour réglementer efficacement                 tique et les secteurs de l’eau et de la faune, confor-
     les questions de propriété foncière en milieu rural. En               mément aux politiques nationales. Les ministères
     effet, les révisions récentes du Code forestier en 2011 et            concernés (MAAHM, MEEVCC et ministère de l’Eau
      ­l’adoption de la loi sur le foncier rural en 2009 démontrent        et de l’Assainissement) ayant tendance à favoriser
       une volonté de remédier aux limitations et aux injustices           leurs propres activités, le Secrétariat rencontre
       inhérentes aux anciennes lois qui ont une incidence                 des difficultés pour promouvoir une gestion inté-
       négative sur de nombreux secteurs et acteurs concernés.             grée de terroirs. Le problème est connu, mais les



56
Tableau 4.3.  Facteurs indirects de déboisement et de dégradation des forêts


                                                                                  POLITIQUES ET
 ÉCONOMIQUES                                DÉMOGRAPHIQUES                      INSTITUTIONNELS                SOCIOCULTURELS

 •	 Attractivité et rentabilité        •	 Accroissement naturel de        •	 Laxisme dans l’application   •	 Approche traditionnelle de
    de l’industrie du bois et du          la population                      de la loi                       la propriété foncière qui
    charbon                            •	 Migrations nettes               •	 Corruption et collusion         est liée à l’occupation des
 •	 Fort attrait du secteur                                               •	 Faible application              sols et à l’agriculture
    minier                                                                   des textes relatifs à la     •	 Feux de brousse
 •	 Manque de solutions                                                      sécurisation foncière        •	 Difficulté de changer les
    de substitution au bois-­                                             •	 Connaissance insuffisante       comportements
    énergie (pauvreté)                                                       ou ignorance des lois
 •	 Absence de capital pour                                               •	 Faible coordination
    développer d’autres                                                      interinstitutionnelle
    moyens de subsistance                                                    (niveaux central et local)




     ­ écanismes d’engagement intersectoriel requis
     m                                                                     ■	    Absence d’harmonisation des politiques des pays
     pour y remédier font encore défaut158.                                      au niveau sous-­régional concernant les forêts gérées
                                                                                 en commun.
■	   Insuffisance de compétences de la part des prin-
     cipaux acteurs institutionnels (connaissance de la                    ■	    Interprétations divergentes de la loi selon les
     législation) ainsi que des organisations paysannes                          groupes d’acteurs concernés (migrants ou résidents)
     et des entreprises privées (industrie du bois et du                         ou selon les régions, particulièrement en ce qui
     charbon).                                                                   concerne la nouvelle politique d’occupation des
                                                                                 terres rurales.
■	   Insuffisance de ressources pour investir dans de
     bonnes pratiques de gestion forestière sous forme
     de projets et de programmes.
                                                                           4.4.	 Conséquences économiques de
■	 Retards dans le transfert effectif de ressources
   aux autorités locales pour les raisons suivantes :                      la déforestation
   i) réticence des acteurs au niveau central à transfé-
   rer les ressources au niveau local ; ii) disponibilité                  4.4.1.	 Coûts de la restauration des forêts
   tardive au niveau central des ressources devant
   être transférées au niveau local ; iii) imprécision                     Le coût total de la restauration des forêts est estimé
   de la loi concernant la répartition des pouvoirs ; et                   à 4 031 milliards de FCFA, soit presque le double du
   iv) manque de communication entre les ministres                         budget annuel de l’État, qui s’élève à 2 237 milliards
   sectoriels, les services techniques décentralisés et                    de FCFA. Les dépenses liées à l’expansion de
   les élus locaux159.                                                     ­l’agriculture et à la consommation de bois-­énergie
                                                                            représentent la plus grande part de ce coût, à savoir
                                                                            97 % du prix total de la restauration. Les dépenses liées
                                                                            à l’expansion de l’agriculture représentent plus de la
                                                                            moitié du coût total (54 %), soit 2 192,7 milliards de
158	 Ministère de l’Environnement et du Développement durable du            FCFA, tandis que celles liées au bois-­énergie repré-
Burkina Faso, Plan de préparation à REDD+, 2013.                            sentent 42 % du coût total, ou 1 700,66 milliards de
159	 Association internationale des maires francophones, étude sur la
                                                                            FCFA. Dans leur ensemble, le surpâturage, les mines,
localisation des objectifs de développement durable en vue d’appuyer le
processus de plaidoyer des autorités locales dans les pays francophones     les feux de brousse et les PFNL ne représentent que
d’Afrique — Cas du Burkina Faso, 2018.                                      3 % du coût total de la restauration (voir figure 4.4).


                                                                                                                                           57
     Figure 4.4.  Coût de la régénération des terres, en milliards de FCFA, 2017
                  2,500
                                 2,193

                  2,000
                                                     1,701

                  1,500


                  1,000


                    500

                                                                           41                  40                  36                  20
                       0
                              Expansion              Bois            Surpâturage             Mines              Feux de               PFNL
                               agricole             énergie                                                     brousse


     Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018




     4.4.2.	 Coûts du déboisement et de la                                            4.4.3.	 Avantages liés à l’investissement dans
     dégradation des forêts                                                           la restauration

     L’ampleur du déboisement et de la dégradation des forêts                         Une analyse coûts-­bénéfices permet de comparer les
     au Burkina Faso peut avoir des effets socioéconomiques                           bénéfices de chaque activité et les coûts relatifs de la
     et environnementaux significatifs qu’il est nécessaire                           dégradation. De manière générale, les investissements
     d’évaluer et de quantifier correctement. Il s’agit notam-                        dans la restauration semblent bénéfiques. En effet, selon
     ment des effets cumulatifs du changement climatique,                             les estimations, le bénéfice total de restauration d’un
     de la perte de biodiversité, de pollinisation et d’autres                        hectare de terre serait de l’ordre de 966 445 FCFA, alors
     services biologiques, des feux de forêt, des inondations,                        que le coût total de dégradation d’un hectare de forêt est
     de la sédimentation, des glissements de terrain, de la                           d’environ 8 239,86 FCFA. Les activités concernées incluent
     baisse du débit des cours d’eau en saison sèche, de la                           le déboisement dû à l’agriculture, la récolte fourragère et
     dégradation de la qualité de l’eau potable et de l’eau utili-                    le surpâturage, les feux de brousse, et le bois-­énergie et
     sée pour l’irrigation, et de la propagation des maladies                         ses dérivés. Le ratio coûts/bénéfices correspondant est
     infectieuses. Les dommages dus à la sédimentation et                             de 117,29, ce qui signifie que si 1 FCFA est investi dans
     à l’érosion sur des infrastructures comme les barrages                           la réparation des dommages causés par ces activités, le
     peuvent être particulièrement importants dans le pays.                           bénéfice serait de 117,29 FCFA.
     Malheureusement, le manque de données ne permet pas
     de quantifier ces effets, ce qui constitue un frein à la réali-                  Les activités les moins coûteuses sont le déboisement dû
     sation d’une analyse quantitative.                                               à l’agriculture, la récolte fourragère et le surpâturage, ainsi
                                                                                      que l’exploitation du bois-­énergie et ses dérivés, car elles
                                                                                      n’engendrent aucun coût direct pour les ménages. Cepen-
                                                                                      dant, il faut noter que le ratio coûts/bénéfices des feux
                                                                                      de brousse n’est que de 0,16, ce qui peut être corrélé à la
                                                                                      baisse légère (11 %) de cette activité entre 2010 et 2014
                                                                                      (voir tableau 4.4).




58
Tableau 4.4.  Analyse coûts-­bénéfices, en FCFA, 2018


                                                                                                                                   RATION
                                                         BÉNÉFICES TOTAUX                      COÛTS TOTAUX                    COÛTS/BÉNÉFICES

 Déboisement dû à l’agriculture                               296 309,66                                 0,00                                —

 Récolte fourragère et suroâturage                            275 628,63                                 0,00                                —

 Feux de brousse                                                 1 278,34                           8 239,86                               0,16

 Bois énergie dérivés                                           93 238,37                                0,00                                —

 Total                                                            966 445                           8 239,86                            117,29


Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018




4.4.4.	 Émissions de CO2 et coûts de                                             de CO2 liées aux FDDF) et 13,71 millions (soit 39,8 %)
                                                                                 respectivement. Viennent ensuite le surpâturage avec
compensation
                                                                                 2,29 millions de tonnes (ou 6,6 %), l’exploitation minière
                                                                                 et les feux de brousse, avec respectivement 0,34 et
L’expansion de l’agriculture et l’exploitation du
                                                                                 0,29 million de tonnes, ou environ 1 % pour chacun
­bois-­énergie sont responsables de la plus grande partie
                                                                                 de ces facteurs, et enfin les PFNL qui sont les moins
 des émissions de CO2 issues du déboisement et de la
                                                                                 polluants, avec 0,17 million de tonnes d’émissions de CO2
dégradation des forêts, à savoir 17,67 millions de tonnes
                                                                                 (voir figure 4.5).
d’émissions de CO2 (soit 51,3 % des émissions totales


Figure 4.5.  Émissions de CO2, en millions de tonnes, 2017
             20
                         17.67
             18
             16
                                              13.71
             14
             12
             10
              8
              6
              4
                                                                   2.29
              2
                                                                                        0.34                 0.29                0.17
              0
                      Expansion               Bois             Surpâturage             Mines               Feux de               PFNL
                       agricole              énergie                                                       brousse


Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018




                                                                                                                                                           59
     Le coût de compensation des conséquences ­d’émissions                              L
                                                                                        ­ ’industrie minière et le surpâturage sont responsables
     de CO2 liées aux FDDF peut être estimé en crédits                                  de la plus grande partie, à savoir 574,21 milliards de
     carbone. Le coût total de cette compensation atteint                               FCFA (soit 26 % des recettes budgétaires nationales
     587 milliards de FCFA, soit 26,24 % des recettes                                   prévues en 2019) et 6,33 milliards de FCFA respective-
     ­budgétaires prévues pour le Burkina Faso en 2019.                                 ment (voir figure 4.6).


     Figure 4.6.  Coût de la compensation des émissions de co2 sous forme de crédits carbone (milliards FCFA), 2017
                  600             574


                  500


                  400


                  300


                  200


                  100

                                                            6                       4                        3                        0
                    0
                                 Mines                Surpâturage               Expansion                  Bois                   Feux de
                                                                                 agricole                 énergie                 brousse


     Source : MEEVCC, Facteurs de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso -­Tendances et options stratégiques (version préliminaire), 2018




60
5	              DÉFIS ET OPPORTUNITÉS

Les forêts contribuent de manière significative au dévelop-             5.1.1.	 Défi de la gouvernance du secteur
pement socioéconomique du Burkina Faso et fournissent                   forestier
des biens et services inestimables qui permettent notam-
ment de limiter la dépendance à l’énergie et de réduire la              Faibles ressources et faible intérêt pour les
dégradation des terres ainsi que la vulnérabilité du pays               politiques forestières
aux méfaits du changement climatique, tant aux niveaux
local, régional que national. À ce titre, elles sont essen-             Malgré une compréhension adéquate des effets et des
tielles pour le développement durable du pays.                          risques à long terme liés à la disparition des forêts, le
                                                                        budget dédié au secteur forestier est très faible, soit
Cependant, malgré l’importance des arbres pour la popu-                 environ 1 % du budget national par an. La moitié de cette
lation et la culture burkinabè, les avantages économiques,              enveloppe est allouée au paiement des salaires et autres
sociaux et culturels qu’ils représentent n’empêchent                    charges fixes, ce qui laisse très peu de fonds disponibles
pas la forêt, et plus généralement le couvert forestier, de             pour les frais de fonctionnement au niveau local et pour
diminuer à un rythme alarmant. Le stock total de carbone                les investissements. Les autorités forestières manquent
forestier dans la biomasse vivante a diminué de 22,2 %                  de ressources humaines, matérielles et financières pour
entre 1990 et 2015, et les émissions de CO2 issues de                   protéger efficacement les 3,9 millions d’hectares de forêts
l’agriculture, de la foresterie et des autres affectations des          classées. En particulier, les responsables forestiers n’ont
terres (AFAT) ont augmenté de 69,9 % entre 1995 et 2015.                pas les ressources nécessaires pour accomplir efficace-
                                                                        ment leur tâche, aussi bien au niveau central qu’à l’éche-
Les principaux défis, difficultés ou problèmes rencon-                  lon local, où la situation est encore plus grave. Comme
trés par chaque secteur sont énumérés, assortis de                      l’État n’est pas en mesure d’examiner précisément les
­suggestions ou de recommandations pour améliorer la                    dépenses publiques dans le secteur forestier, il ne peut
 situation.                                                             évaluer pleinement l’impact de ces dépenses.

                                                                        En conséquence, les autorités forestières sont à court
5.1.	 Gouvernance du secteur                                            de ressources humaines, matérielles, et financières. Les
                                                                        données nécessaires pour prendre des décisions en
forestier et régime foncier
                                                                        connaissance de cause font également souvent défaut
                                                                        et les autorités sont donc soumises à d’importantes
Le Burkina Faso dispose d’un cadre réglementaire solide
                                                                        contraintes techniques.
et cohérent, dont le code forestier (Loi nº 003–2011
d’avril 2011) est un élément clé. Ce cadre vise à encou-
                                                                        De ce fait, de multiples activités clés ne sont pas réalisées.
rager les investissements dans la gestion et la régéné-
                                                                        Par exemple, les plans de gestion forestière ne sont pas
ration des ressources forestières, ce qui est essentiel
                                                                        mis à jour sans financement externe, et certaines forêts
pour la viabilité des revenus forestiers. Cet objectif peut
                                                                        classées ne bénéficient pas d’un plan de gestion. La
être atteint par l’encouragement d’une approche parti-
                                                                        méthodologie d’élaboration de plans de gestion forestière
cipative mobilisant les acteurs locaux, notamment les
                                                                        elle-­même n’a pas été mise à jour depuis 2002, ce qui rend
services forestiers locaux, les collectivités territoriales
                                                                        le processus de planification long et coûteux par rapport
(communes), les a   ­ utorités foncières coutumières et la
                                                                        aux rendements. Cela signifie également que les nouveaux
population locale160.
                                                                        aménagements et besoins dans ce domaine (par exemple
                                                                        REDD+) ne sont pas pris en compte. L’exploitation des
                                                                        forêts classées se poursuit donc sans souci de savoir si elle
160	 World Bank, Burkina Faso Rural Income Diagnostic (projet), 2019.   est durable ou conforme à la réglementation. À ce jour,


                                                                                                                                         61
     une seule forêt classée (forêt classée Maro) dispose d’un                     saire à l’exercice de ses fonctions, voire au dépasse-
     plan de gestion valide ayant suivi le processus de valida-                    ment du cadre de leurs fonctions.
     tion dans son intégralité en conformité avec la législation.
                                                                              L’analyse a également mis en évidence un important désé-
     Les agents du service forestier manquent de ressources                   quilibre entre les services centraux et les directions régio-
     financières pour accomplir leurs tâches. Aussi, dans                     nales en matière de ressources humaines. Les ressources
     certains cas, ils ont commencé à chercher des fonds                      sont rares et les équipements insuffisants dans les régions,
     ailleurs, notamment auprès de GGF, d’UGGF et des                         tandis que les agents les mieux formés se trouvent dans
     communes, afin de se doter de moyens pour effectuer                      les services centraux.
     leurs contrôles. Cette situation peut être source de conflit
     d’intérêts.                                                              Transparence et lisibilité des politiques
                                                                              forestières163
     Faibles capacités techniques dans les directions
     décentralisées                                                           La législation est peu connue, même au sein de l’appareil
                                                                              judiciaire, par les agents forestiers et la population locale.
     L’amélioration des compétences et le renforcement des                    Le manque de sensibilisation et le faible accès aux textes
     capacités des agences forestières sont apparus comme un                  juridiques et judiciaires est un problème très répandu. Des
     enjeu important qui demande une attention urgente161.                    efforts ont été faits récemment pour diffuser le code fores-
     Le ministère a entrepris la préparation de plans de forma-               tier parmi les agents, mais son application reste faible. En
     tion triennaux pour soutenir l’amélioration continue                     outre, dans de nombreux cas, la méthode de communi-
     des compétences du personnel technique en place. Le                      cation normalement utilisée pour informer le public est
     premier de ces plans couvrait la période 2016–2018 et le                 inappropriée, étant donné la forte proportion d’illettrisme
     second est en cours d’approbation. Toutefois, leur mise en               dans la population rurale.
     œuvre dépend de la disponibilité de fonds. Selon l’analyse
     des données sur l’adéquation entre le poste et les compé-                L’action du ministère n’est généralement pas bien
     tences des agents162 :                                                   comprise. L’organisation interne et les voies hiérarchiques
                                                                              ne sont pas claires, et il est nécessaire de mettre en place
     ■	   21 % des agents du ministère n’avaient pas de bases                 des mécanismes pour institutionnaliser la responsabi-
          solides et une expérience professionnelle suffisante                lité, tant horizontalement que verticalement, à tous les
          pour accomplir leur travail. Ces agents devraient voir              niveaux de prise de décision et à tous les grades.
          leur fonction réexaminée ou ils devraient être mutés à
          un autre poste ;                                                    L’information est mal partagée, ce qui donne lieu à des
                                                                              inefficacités. De nombreux acteurs, y compris au sein du
     ■	   58 % du personnel (22 % dans les régions et 14 %
                                                                              ministère, manquent d’informations sur les stratégies,
          dans les services centraux) ont une formation univer-
                                                                              les projets, les investissements et les plans de gestion, et
          sitaire, mais auraient besoin d’une formation profes-
                                                                              n’ont pas les connaissances et l’expérience requises pour
          sionnelle pour remplir correctement leurs fonctions ;
                                                                              appliquer les procédures prévues par la loi. Les collectivi-
     ■	   20 % du personnel aurait besoin d’une formation                     tés territoriales ont une compréhension limitée de l’action
          supplémentaire ;                                                    du ministère en matière de développement local, raison
                                                                              pour laquelle leurs points de vue ne sont souvent pas pris
     ■	   Seul 1 % du personnel possède la formation acadé-
                                                                              en considération par les responsables de l’administration
          mique et professionnelle ainsi que l’expérience néces-
                                                                              centrale.


     161	 Bonkoungou, édouard et Nalin Kishor, Qualité de la gouvernance
     dans le secteur forestier du Burkina Faso, Document de travail, 2012.    163	 Toute cette section est extraite de Bonkoungou, édouard et Nalin
     162	 Ministère de l’Environnement et des Ressources halieutiques, Plan   Kishor . Qualité de la gouvernance dans le secteur forestier du Burkina
     de formation triennal (2016–2018), décembre 2015.                        Faso, document de travail, 2012.




62
5.1.2.	 Possibilités d’amélioration de                            forestier ou rural. Des arrangements financiers adéquats
la gouvernance du secteur forestier et                            entre les directions régionales et les communes peuvent
                                                                  également accroître les ressources des directions régio-
recommandations
                                                                  nales, étant donné que les communes tireraient davan-
                                                                  tage de revenus de leurs forêts.
Augmenter les ressources du secteur en tenant
compte de sa contribution au PIB
                                                                  En 2020, le MEEVCC a enclenché un processus visant à
                                                                  évaluer la faisabilité d’une réforme de la fiscalité environ-
Compte tenu de l’importance du secteur forestier pour
                                                                  nementale incluant une réforme de la fiscalité forestière,
le Burkina Faso, le budget alloué à la gestion des forêts
                                                                  laquelle n’a pas changé au cours des 20 dernières années.
devrait être proportionné aux besoins. Pour atteindre cet
                                                                  L’objectif de la nouvelle politique fiscale adaptée aux
objectif, la réforme du budget-­programme devrait être
                                                                  forêts est d’inciter les individus et les entreprises à adopter
considérée comme une opportunité. La création du PNSR
                                                                  des comportements écoresponsables. Cette nouvelle poli-
témoigne de la volonté politique du gouvernement d’ap-
                                                                  tique serait assortie de mesures les incitant à choisir des
porter une réponse plus structurée et intersectorielle au
                                                                  biens et des services moins polluants, moins nocifs pour
problème du capital naturel du pays et de coordonner les
                                                                  l’environnement et qui n’exercent pas de pression indue
nombreux programmes relevant des ministères de l’Agri-
                                                                  sur les forêts nationales.
culture, des Forêts, des Ressources animales et de l’Eau.
Cette plate-­forme est l’occasion d’inclure des objectifs
                                                                  La réforme du Code des impôts sur les forêts permettrait
clairs dans le budget et de mesurer l’effort réel en faveur
                                                                  également d’augmenter les recettes publiques du secteur.
des forêts.
                                                                  Ces recettes supplémentaires provenant d’une fiscalité
                                                                  forestière optimisée permettraient à l’État d’augmenter les
L’identification de toutes les actions liées au secteur fores-
                                                                  investissements dans les programmes dédiés à la protec-
tier dans le PNSR faciliterait la réalisation d’un examen du
                                                                  tion et à la gestion durable de la ressource forestière.
secteur public (élargi aux différents programmes ayant un
impact sur le secteur forestier) ainsi qu’une analyse détail-
                                                                  Exploiter les ressources issues des fonds carbone
lée de la budgétisation, de l’efficacité des réformes ou du
contrôle des dépenses.
                                                                  Les émissions nettes des forêts représentent un peu
                                                                  plus de 10 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an en
L’effort de décentralisation constitue également l’opportu-       moyenne pour la période 1995–2017164. Or, le Burkina
nité d’accroître considérablement l’efficacité des dépenses       Faso a la possibilité de mettre en œuvre des programmes
publiques et d’améliorer les services au niveau local. Il         de réduction des émissions qui reposeraient sur de
peut aussi permettre de mieux évaluer les besoins en              nombreux réservoirs de carbone distincts : carbone du
ressources, de contrôler les flux financiers et de mesurer        sol, pratiques agricoles adaptées au changement clima-
les résultats.                                                    tique, évitement du déboisement dans le cadre de projets
                                                                  REDD+ et sécurité de l’aménagement du territoire, chan-
Les communes étant habilitées à piloter les politiques de         gement de combustible ou maîtrise de l’énergie par la
développement rural au niveau local — avec un impact              promotion des biodigesteurs, ou plus généralement utili-
direct sur la forêt —, la collaboration entre celles-­ci et les   sation de la biomasse à la place du bois de chauffe.
directions régionales du ministère devient un élément clé
de la gestion forestière. Ceci impliquerait que les services      Toutefois, pour attirer des investisseurs dans le domaine
forestiers ne soient pas seulement chargés de superviser          du carbone, le Burkina Faso doit promouvoir un environ-
la gestion des forêts domaniales, mais qu’ils puissent            nement favorable à la création d’initiatives de lutte contre
également s’associer aux communes pour leur fournir des           les émissions de carbone. Cet environnement favorable
services supplémentaires afin de mieux gérer les forêts           comprend les aspects suivants :
protégées. Par exemple, ils pourraient assurer le contrôle
de la qualité des services communaux de développement             164	 Projet de Niveau d’émission de référence, Burkina Faso, 2020.




                                                                                                                                       63
     ■	   Une volonté politique, une stratégie claire et des              ■	   Un système de gouvernance contrôlant les métho-
          solutions techniques prêtes à être mises en œuvre.                   dologies autorisées au Burkina Faso. Bon nombre
          Avec le Plan d’investissement d’une agriculture intelli-             de méthodologies sont déjà enregistrées comme étant
          gente face au climat (2020) et la stratégie REDD+ prévue             conformes aux différentes normes en vigueur (institu-
          pour 2022, et compte tenu de son expérience en                       tionnelles et volontaires), et le pays attirerait des inves-
          matière de gestion durable des terres, le Burkina Faso               tisseurs si ces méthodologies étaient prêtes à l’emploi.
          dispose de nombreux atouts. En outre, la volonté poli-               Des listes préétablies de méthodologies agréées pour
          tique apparaît clairement dans la dénomination et les                le pays, les niveaux de base et les données de réfé-
          attributions de ses ministères (ministère de l’Environ-              rence permettraient aux investisseurs d’économiser du
          nement, de l’économie verte et du changement clima-                  temps et des efforts, mais elles devraient être accom-
          tique) ; les forêts, les ressources naturelles, le terroir et        pagnées d’un système garantissant l’harmonisation
          le climat sont clairement définis comme des priorités                des différentes méthodologies et normes afin
          dans les principaux documents stratégiques du pays                   d’éviter une double comptabilisation. Avec l’entrée
          tels que le Référentiel national de développement                    en vigueur de l’Accord de Paris et la négociation de l’ar-
          (RND) et le PNDES. La volonté politique de développer                ticle 6, la question de la comptabilisation du carbone
          les biodigesteurs a joué un rôle capital pour la mise en             devient essentielle. Les questions qui se posent
          place du premier projet au titre du Mécanisme pour                   actuellement se rapportent à la compatibilité avec
          un développement propre au Burkina Faso qui vise à                   la contribution déterminée au niveau national (CDN)
          valoriser la réduction des émissions de carbone par les              ou l’indépendance par rapport à celle-­   ci, ou encore la
          biodigesteurs165.                                                    capacité d’atteindre le marché européen, californien
                                                                               ou les marchés des pays où l’engagement est pure-
     ■	   Un cadre de mesure et de vérification comprenant
                                                                               ment volontaire. Les pays disposant d’une structure
          le système de mesure, la base de données de réfé-
                                                                               de gouvernance capable de gérer les questions liées
          rence pour faciliter l’établissement de celles-­ci et la
                                                                               à la compatibilité des différentes normes devraient
          liste des méthodologies accréditées au Burkina Faso.
                                                                               avoir un avantage compétitif important pour attirer
          Ce travail est actuellement soutenu par le Fonds de
                                                                               les investisseurs. L’existence d’un registre national
          partenariat pour le carbone forestier (FCPF) à travers
                                                                               des crédits carbone ou d’un système de gouvernance
          la Banque mondiale, et par d’autres initiatives telles
                                                                               pour décider de l’attribution et de la propriété desdits
          que l’Initiative de renforcement des capacités en
                                                                               crédits tels que le cadre normalisé de comptabilisation
          matière de transparence. Si le Burkina Faso a récem-
                                                                               des crédits, qui favorise i) la transparence dans l’allo-
          ment achevé le travail de définition d’une base et de
                                                                               cation de crédits à l’échelle nationale ; ii) la réduction
          données de référence, les composantes de mesure et
                                                                               des coûts de transaction liés aux opérations de crédits
          de production de rapports restent à mettre au point.
                                                                               de réduction d’émissions ; et iii) un gain de temps pour
          Même si chacune de ces initiatives se concentre sur
                                                                               générer ces réductions d’émissions, sera extrêmement
          un secteur spécifique, l’objectif pour le Burkina Faso
                                                                               avantageux pour le pays une fois que les transactions
          est de trouver un arrangement qui permettrait de
                                                                               de carbone dans le cadre de l’Accord de Paris auront
          mesurer les réductions d’émissions de carbone pour
                                                                               pris leur essor.
          tout type d’investissement. Un pays disposant de
          toutes les infrastructures nécessaires pour mesurer             ■	   Un personnel spécialisé travaillant essentiellement
          les émissions issues de projets serait très attrayant                sur les méthodologies serait nécessaire, en particu-
          pour un investisseur carbone, car des économies                      lier pour soutenir les différentes agences nationales
          importantes seraient réalisées si toutes les données                 désignées pour les normes carbone (volontaires ou
          de référence, le scénario de base et les cadres de                   institutionnelles). Cette équipe serait chargée d’agréer
          mesure étaient déjà établis et mis à disposition par                 les méthodologies acceptables au Burkina Faso et de
          les autorités nationales.                                            préserver la cohérence entre les différentes méthodes
                                                                               de mesure. Des techniciens ayant une expérience
     165	 https://cdm.unfccc.int/ProgrammeOfActivities/Validation/             des projets carbone représenteront des atouts très
     DB/037UDHJ1E7DKOPWLRTBZUT6I8P1Z50/view.html                               précieux, et l’existence effective de projets de crédits de


64
     carbone liés aux forêts du Burkina Faso est une oppor-       Renforcer les capacités techniques par
     tunité pour le pays de renforcer ses capacités.              l’amélioration des établissements de formation
■	   Des dispositifs de sauvegarde sociale et environ-
                                                                  Investir dans l’amélioration des capacités techniques du
     nementale, y compris un mécanisme de gestion
                                                                  personnel actuel et futur des ministères est primordial
     des plaintes, une plate-­forme de consultation, des
                                                                  pour assurer une gestion durable des ressources environ-
     partenariats avec la société civile ainsi qu’un cadre
                                                                  nementales et forestières en vue d’un développement
     de fonctionnement clair, sont également nécessaires
                                                                  durable. À cet égard, les plans de formation triennaux sont
     pour attirer les investisseurs et vendre toute réduction
                                                                  extrêmement utiles, bien que leur mise en œuvre dépende
     d’émissions résultant d’investissements. Ce travail est
                                                                  de la disponibilité de fonds.
     actuellement mis en œuvre avec le soutien du FCPF,
     et un système d’information sur les sauvegardes
                                                                  Concernant les recrues issues de l’école nationale des
     devrait être mis en place avant 2022 pour référencer
                                                                  eaux et forêts (ENEF), l’école a conçu un ambitieux plan de
     les projets carbone et veiller à ce que les actions de
                                                                  développement stratégique sur dix ans (2019–2028)166 qui
     sauvegarde soient exécutées conformément au cadre
                                                                  vise à transformer l’établissement en un pôle régional de
     national. Cela permettrait de vérifier, avant l’émission
                                                                  connaissances et l’aiderait à répondre aux besoins actuels
     des crédits carbone, que les actions à l’origine des
                                                                  et futurs du secteur forestier et du secteur environnemen-
     crédits carbone n’ont pas de conséquences environ-
                                                                  tal en général. Plus précisément, les objectifs du plan de
     nementales ou sociales majeures.
                                                                  développement stratégique sont les suivants :
■	   Un cadre juridique clair pour définir les actifs
     carbone, le statut fiscal des crédits carbone, les droits    ■	   Adapter l’éducation et la formation aux besoins des
     de propriété et les taxes. Une loi sur la transaction             parties prenantes ;
     carbone est actuellement en préparation pour le
                                                                  ■	   Développer la formation continue et les programmes
     Burkina Faso.
                                                                       de recyclage ;
■	   Un mécanisme de financement à même de suivre et
                                                                  ■	   Renforcer les capacités internes de l’ENEF ;
     de contrôler les paiements relatifs au carbone selon
     un mécanisme de partage des avantages. Au Burkina            ■	   Promouvoir la recherche et la publication ;
     Faso, un travail préliminaire a été effectué sur REDD+
                                                                  ■	   Développer le leadership national et international de
     avec le concours du Fonds d’intervention pour l’envi-
                                                                       l’école ;
     ronnement (FIE). Comme le FIE est candidat à l’accré-
     ditation du Fonds vert pour le climat, il pourrait devenir   ■	   Assurer la mise en œuvre effective du plan de déve-
     un instrument de financement au centre des ambitions              loppement stratégique.
     du pays en matière de financement climatique.
                                                                  Cependant, là encore, le manque de fonds d’investisse-
 Grâce au soutien de multiples initiatives, le Burkina Faso       ment complique l’exécution dudit plan.
 s’affirme progressivement comme l’un des pays les plus
 avancés en termes de préparation au futur marché du              Accroître le partage d’informations sur les
 carbone. Il pourrait ainsi bénéficier de financements            politiques forestières 167
 publics et privés pour la mise en œuvre d’activités de
 réduction des émissions. Comme la plupart des émis-              Un mécanisme pour assurer la libre circulation de l’infor-
sions du pays sont liées au paysage, les investissements          mation en amont et en aval ainsi qu’entre les services est
dans l’atténuation des effets du changement climatique,           nécessaire. Il traiterait, entre autres, des informations sur
tels que le projet carbone, représentent une opportunité
importante pour le Burkina Faso. D’ailleurs, les premières        166	 Plan stratégique décennal de développement de l’école nationale
                                                                  des eaux et forêts, novembre 2018.
mesures prises en faveur d’un programme de réduc-
                                                                  167	 Cette section est tirée de : Bonkoungou, édouard et Nalin Kishor,.
tion de multiples émissions liées au paysage sont très            Qualité de la gouvernance dans le secteur forestier du Burkina Faso,
­prometteuses.                                                    document de travail, 2012.



                                                                                                                                            65
     les stratégies, les projets, les programmes et les politiques     faible niveau d’aménagement des terres dans la plupart
     déployés par le ministère, et assurerait la production de         des communes semble indiquer que celles-­ci sont actuel-
     versions « faciles à comprendre » des lois en vigueur et leur     lement incapables de réguler les modifications de l’occu-
     diffusion à l’ensemble des parties prenantes, y compris           pation des sols et de limiter la transformation des terrains
     l’appareil judiciaire.                                            occupés par la forêt pour d’autres usages.

     Étant donné que les agents forestiers sont généralement           Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les communes ne
     investis du pouvoir d’infliger des amendes et de percevoir        sont pas associées à la gestion du secteur forestier : i) l’ab-
     des impôts, l’administration devrait offrir la ferme garantie     sence de participation à la prise de décision, la commune
     que la corruption et les pots-­de-­vin ne seront pas tolérés.     ne faisant pas partie du dispositif de gouvernance des forêts
     Un système de contrôle renforcé, qui serait en mesure             classées et n’étant pas encore devenue l’autorité chargée de
     de recueillir les plaintes et les rapports de la population,      l’aménagement du territoire ; ii) l’absence de connaissances
     continuerait d’améliorer la réputation des services fores-        techniques ou de savoir-­    faire en matière de gestion des
     tiers et d’assurer la mise en œuvre efficace de la politique.     forêts au sein de l’administration communale, et le fait que
                                                                       les directions régionales du ministère ne sont pas chargées
                                                                       de les soutenir dans cette tâche ; iii) le manque de collabo-
     5.1.3.	 Défis liés au déboisement et à                            ration entre les agents techniques des directions régionales
     l’empiétement des forêts                                          du ministère et les communes pour aider celles-­     ci à gérer
                                                                       les forêts protégées et à s’impliquer dans la gestion des
     Bénéfices modestes et faible implication des                      forêts classées ; et iv) l’absence d’une politique fiscale locale
     communes dans la gouvernance forestiére                           claire garantissant que les forêts génèrent des revenus pour
                                                                       les communes. Le fait que la plupart des acteurs privés
     Suite à l’adoption de la Loi nº 055–2004/AN portant Code          sont structurés en associations et non en entreprises ou en
     général des collectivités territoriales (CGCT) au Burkina         coopératives ajoute à l’idée que les forêts sont considérées
     Faso, les compétences en matière de développement                 comme improductives.
     rural et de gestion des ressources naturelles ont été trans-
     férées aux communes. Cependant, les bénéfices directs             En conséquence, les communes, qui sont théoriquement
     que les communes peuvent tirer des forêts sont très               responsables de la gestion des terroirs et qui devraient
     limités à l’heure actuelle.                                       être les principaux défenseurs des pratiques tradition-
                                                                       nelles et de la protection des forêts, afin d’assurer un
     En ce qui concerne les forêts classées, la gestion est            avenir durable à leurs populations, bénéficient plus
     placée sous la responsabilité du ministère, qui délègue           directement d’autres utilisations productives des terres —
     l’exploitation proprement dite aux GGF locaux. En vertu           notamment l’agriculture et l’élevage qui peuvent avoir une
     de la réglementation en vigueur, la commune n’intervient          incidence négative sur les paysages et la fertilité des sols
     pas dans la fixation du prix du bois. Elle n’est pas non plus     — et n’ont pas encore assimilé leur rôle et leur responsabi-
     associée aux décisions de gestion concernant les forêts.          lité à l’égard des forêts.
     Les GGF ayant été considérés comme des associations
     jusqu’à la récente réforme de l’OHADA, et en l’absence            Faible reconnaissance ou respect des droits
     d’une fiscalité locale claire, les bénéfices financiers directs   fonciers traditionnels ou formels
     pour les communes sont très limités.
                                                                       La concurrence et les conflits entre les acteurs locaux
     En ce qui concerne les forêts protégées, la commune               pour le contrôle de l’utilisation des terres ne cessent de
     est théoriquement responsable, mais en l’absence d’un             s’intensifier. Malheureusement, le secteur forestier est mal
     régime fiscal clair, les communes ne bénéficient pas des          équipé pour faire face à ces défis :
     revenus tirés des terres forestières. Cependant, comme
     les forêts protégées sont généralement plus dispersées, le        ■	 La majeure partie des forêts classées ne béné-
     rôle des communes est essentiel pour établir des plans de            ficie pas d’une protection juridique suffisante.
     gestion qui couvriraient plusieurs terres boisées. Le très           La plupart des processus de classement ont été


66
      effectués pendant la période coloniale, mais en          ■	   En l’absence d’une mise en œuvre effective des
      dépit de l’existence d’un décret, les limites des             mécanismes institutionnels de gestion des conflits
      forêts n’étaient généralement pas clairement défi-            fonciers, tels que la Commission locale de conciliation
      nies. En outre, le processus de classement (Code              foncière établie par la Loi nº 034–2009/AN, l’administra-
      forestier) devrait être couplé à une immatriculation,         tion ne dispose guère d’outils pour confronter les occu-
      conformément à l’article 26 (et 27 pour les collec-           pants illégaux et décourager les pratiques néfastes, en
      tivités territoriales) de la Loi nº 034–2009 portant          dehors des amendes et de la coercition. D’un point
      régime foncier rural. Sans cette immatriculation,             de vue politique, le résultat (conflit entre les services
      les informations sur la forêt classée ne sont pas             forestiers et les communautés locales) est désastreux
      enregistrées dans le système d’information du droit           pour les services forestiers et très éloigné de l’objectif
      cadastral et des titres de propriété privés pourraient        de promotion de la cogestion des forêts et de gestion
      toujours être établis sur le même terrain. Dans               communautaire du terroir. La situation est également
      certains endroits, les multiples institutions coutu-          inacceptable pour les communautés locales qui se
      mières (chefs traditionnels, chefs coutumiers et              sentent dépossédées d’une terre qu’elles considèrent
      dirigeants politiques) n’étaient pas informées. Enfin,        comme leur appartenant légitimement.
      comme la loi était faiblement appliquée dans de
      nombreuses forêts classées, les agriculteurs et leurs    Cette concurrence pour les ressources naturelles et ce
      familles ont commencé à empiéter sur le domaine          mauvais mode de gestion des terres — combinés à l’accrois-
      de l’État — parfois pendant plus d’une décennie.         sement de la population, au changement climatique, à la
      Par conséquent, lorsqu’elles existent, les bornes        dégradation des sols, à l’exploitation artisanale de l’or et aux
      de délimitation des forêts classées sont fréquem-        conséquences du développement agricole — exacerbent
      ment déplacées ou détruites par la population            à la fois les risques de conflits et la déforestation. En plus
      locale. La récente ruée vers l’extraction artisanale     des problèmes liés spécifiquement aux forêts, les diffi-
      de l’or a intensifié l’empiétement sur les forêts        cultés habituelles liées à la gestion du foncier au Burkina
     ­classées.                                                Faso se manifestent également et provoquent une crise
                                                               de confiance envers les institutions sur fond de perception
■	   Par définition, les forêts protégées ne sont consa-
                                                               d’inégalités et de marginalisation entre les communautés
     crées par aucun texte ou décret et sont considérées
                                                               ou au sein de celles-­   ci. Parmi ces problématiques habi-
     comme des terres en friche. Ainsi, la pression sur
                                                               tuelles, il faut citer la multiplicité des détenteurs de droits,
     ces terres se renforçant, elles sont attribuées à de
                                                               la faible prise en compte des femmes dans les questions
     nouvelles familles à des fins agricoles ou d’élevage.
                                                               liées à la propriété foncière, les limites de la législation
     Dans d’autres cas, elles sont vendues à de nouveaux
                                                               sur le régime foncier rural, la priorité accordée à la gestion
     acteurs, tels que des entrepreneurs ruraux connus
                                                               coutumière et aux idées du clan ou de la famille par rapport
     sous le nom d’agro-­entrepreneurs. En outre, la
                                                               au cadre législatif, les transactions illégales entreprises
     protection légale des arbres n’est pas assurée par
                                                               par des propriétaires illégitimes ou sans le consentement
     les services forestiers, ce qui signifie qu’après avoir
                                                               des utilisateurs, l’insuffisance des ressources financières et
     été attribués à un nouvel utilisateur, les arbres sont
                                                               humaines à la disposition de l’administration foncière qui
     coupés illégalement sans aucun accord de l’adminis-
                                                               est souvent débordée, ainsi que la spéculation et l’accapa-
     tration.
                                                               rement des terres rurales et périurbaines.
■	 Les difficultés techniques empêchent l’admi-
   nistration de délimiter précisément les frontières          Ces situations conflictuelles sont aggravées par un
   des forêts et d’enregistrer leurs données dans des          contexte d’insécurité. L’extrémisme des groupes terro-
   systèmes d’information géographique. Ces opéra-             ristes qui progresse actuellement dans le pays est respon-
   tions s’avèrent trop exigeantes et onéreuses et,            sable de l’escalade des risques de conflits dans les zones
   dans de nombreux cas, peuvent susciter des conflits         fragiles, mais pourrait également toucher, par contagion,
   sociaux, certaines terres forestières ayant été conver-     les régions jusqu’ici épargnées. Il est possible dans ce
   ties en villages ou en champs par les populations           contexte d’avoir une perception négative des forêts, car les
   locales.                                                    groupes armés les utilisent comme refuges.


                                                                                                                                  67
     5.1.4.	 Possibilités de réduction de la                             terres ancestrales et garantir le droit des femmes à
                                                                         récolter le karité dans certaines régions où ce droit est
     déforestation et recommandations
                                                                         contesté.

     Sécuriser les droits et les limites des forêts                 ■	   Cependant, la charte foncière ne constitue pas un
     conformément À la réglementation officielle et                      droit de propriété ; il s’agit d’un simple acte adminis-
     coutumiére                                                          tratif pris par la commune qui confie aux commu-
                                                                         nautés locales la gestion des ressources naturelles.
     S’agissant des forêts classées, le ministère a entrepris la         Un niveau de sécurité plus élevé serait assuré par un
     mise à jour des décrets de classement. Ce travail présente          second outil, le titre foncier, qui ne peut être obtenu
     des aspects techniques définis par la loi (délimitation,            qu’après une procédure stricte et des audiences
     détermination des limites des forêts avec grande préci-             publiques. Une fois le titre établi, tout droit antérieur
     sion et enregistrement de ces données dans un système               non inscrit sur celui-­ci est caduc, ce qui clarifie le
     géodésique national, harmonisation de la base de                    statut du terrain.
     données des zones classées avec les registres nationaux
                                                                    ■	   Malheureusement, le cadre législatif ne prévoit
     des droits fonciers et des mines). Il comporte aussi une
                                                                         actuellement pas d’articulation claire entre ces deux
     dimension sociale, car les frontières de la forêt doivent
                                                                         outils. Il est pourtant très important de préciser dans
     être renégociées avec les communautés locales et les
                                                                         la loi sur le régime foncier que la charte foncière doit
     familles installées à l’intérieur du périmètre forestier.
                                                                         être inscrite comme un droit sur le titre de propriété
     En raison de la probabilité de réinstallations, la prise en
                                                                         afin que celle-­ci s’impose aux propriétaires fonciers
     compte de la dimension sociale exige une forte volonté
                                                                         et prévale en cas de conflit. Dans le cas contraire,
     politique, des ressources importantes et une longue
                                                                         l’établissement d’un titre foncier, par exemple au
     période de mise en œuvre.
                                                                         profit des communes, serait une source de préca-
                                                                         rité pour les communautés qui utilisent, mais ne
     Cet effort pourrait donner lieu à l’immatriculation des
                                                                         possèdent pas la terre. En effet, le titre n’englobe pas
     forêts168, ce qui permettrait d’assimiler officiellement les
                                                                         tous les droits et surtout, contrairement à la charte
     forêts classées au domaine de l’État. Cette procédure
                                                                         foncière, il ne fournit pas de détail sur la gouvernance
     permettrait également d’accorder officiellement aux
                                                                         ni sur les relations entre les différents acteurs qui
     communautés réinstallées le droit à une indemnisation,
                                                                         interagissent pour la gestion de la ressource. Si un
     selon les dispositions du Code foncier.
                                                                         seul acteur — souvent la commune — détient les
                                                                         droits réels, les autres acteurs qui ne possèdent que
     À la suite d’une révision des critères techniques prévus par
                                                                         des droits de gestion ou des droits d’usage devien-
     la loi (la précision nécessaire pour enregistrer les limites
                                                                         draient dépendants du propriétaire, en particulier si
     par exemple), le coût par hectare diminuerait fortement
                                                                         la procédure d’attribution du titre purgeait les droits
     et l’immatriculation de grandes zones forestières serait
                                                                         ancestraux existants. De ce fait, la reconnaissance de
     simplifiée.
                                                                         la charte foncière (et du système de gouvernance en
                                                                         place) et l’affirmation par la loi de son opposabilité
     Pour les forêts protégées, la législation actuelle prévoit
                                                                         aux propriétaires de titres permettrait aux gestion-
     deux outils majeurs pour sécuriser la forêt, tout en enre-
                                                                         naires de la ressource de maintenir leur organisation
     gistrant les droits des communautés locales : la charte
                                                                         ­traditionnelle.
     foncière et le titre foncier.

                                                                    Actuellement, le choix du gouvernement est d’imma-
     ■	   Premièrement, l’enregistrement de la charte foncière
                                                                    triculer la terre comme faisant partie du domaine de
          par la commune peut garantir les droits et les règles
                                                                    la commune. Cette solution présente l’avantage de la
          de gestion collective des forêts. Par exemple, cet
                                                                    simplicité (la commune, contrairement au village, est un
          outil peut contribuer à favoriser l’aménagement des
                                                                    acteur formel et pérenne qui a pour mission de gérer les
                                                                    terres de manière durable pour le bien de la population)
     168	 Enregistrement dans les livres cadastraux.                et permettrait d’engager le processus de création du


68
domaine foncier des collectivités territoriales. Ce serait         parties prenantes au Burkina Faso169. Enfin, cette approche
un grand pas vers la construction de communes fortes et            permettrait non seulement de limiter la conversion des
résistantes, capables de tirer des revenus de leurs terres.        terres forestières en terres agricoles, mais aussi d’identifier
Cependant, comme les communes représentent des                     d’autres terres dégradées qui pourraient être restaurées en
dizaines de communautés locales (« villages »), le fait d’at-      forêts une fois leur statut foncier clarifié.
tribuer la propriété à la commune crée un risque pour le
village au cas où les intérêts de la commune (c’est-­à-­dire       Associer plus efficacement les communes à la
de l’ensemble de la population) ne correspondraient pas            gouvernance forestiére
à ceux des villages qui détenaient des droits coutumiers
à l’origine. Des niveaux de protection supplémentaires             Le système décisionnel actuel des CAF se limite à la repré-
peuvent donc s’avérer nécessaires pour éviter les conflits         sentation du ministère (direction régionale) et des UGGF
entre les communes et les communautés locales, comme               de chaque forêt. Comme la commune ne fait pas partie
la charte foncière et surtout la reconnaissance de son             du mécanisme de partage des bénéfices, elle ne participe
opposabilité en cas de conflit entre les usages reconnus           pas à la gouvernance et à la prise de décision. Le récent
dans la charte et les intentions de la commune.                    Projet de gestion participative des forêts classées pour la
                                                                   REDD+ (PGFC/REDD+) administré par la Banque africaine
Bien qu’il ne soit pas tout à fait au point, cet effort            de développement dans le cadre du PIF a expérimenté
d’immatriculation des forêts renforce la sécurité de la            la création de comités consultatifs de gestion des forêts
propriété collective des terres forestières et favorise : i)       pour assurer le suivi des activités et gérer les conflits
la sécurisation des règles d’occupation des sols et d’uti-         potentiels. Ces comités ont permis d’associer toutes les
lisation et de gestion traditionnelle et durable des terres        parties prenantes, y compris les communes, à la gestion
(avec la charte foncière) ; et ii) la sécurisation des limites     des forêts classées. Ils ont aussi offert une plate-­forme
et des droits de propriété (avec des titres souvent établis        pour discuter de la valeur des forêts de façon générale, et
au profit des communes). De vastes campagnes d’infor-              pas uniquement sous l’angle de leur capacité à produire
mation sont nécessaires pour identifier les forêts et les          du bois de feu.
zones boisées dans les paysages communaux et, le cas
échéant, les sécuriser en tant que zones de conservation           Cette expérience a cependant mis en lumière le problème
(telles que définies dans le Code général des collectivi-          des ressources financières, car pour l’heure, la forêt
tés territoriales au Burkina Faso [Loi nº 55–2004/AN du            domaniale ne contribue pas du tout au budget des
21 décembre 2004]).                                                communes. De même, il n’existe pas de régime fiscal clair
                                                                   qui permettrait de tirer parti des autres formes d’utilisa-
Mise au point en collaboration avec l’USAID, l’initiative          tion des ressources forestières, telles que la pharmaco-
pilote d’applications mobiles pour renforcer les droits            pée, la production de PFNL ou l’exploitation de la faune,
fonciers (MAST) facilite cette approche via une application        pour participer aux coûts de gestion de la forêt, bien que
sur téléphone Android ainsi qu’une méthodologie semi-­             celle-­ci fournisse toute la matière première à ces fins.
collaborative permettant de cartographier et documenter            Cette expérience a également révélé le besoin de compé-
les propriétés foncières de manière efficace, transparente         tences techniques en matière de gestion des multiples
et économique. L’initiative MAST se base en effet sur une          ressources de la forêt afin d’adopter une approche plus
technologie aisément accessible et les modalités de mise           globale.
en œuvre peuvent être utilisées pour sensibiliser la popu-
lation aux problématiques des droits fonciers ruraux au            De manière générale, cette expérience a réussi à créer
Burkina Faso (ainsi que des droits fonciers des femmes)            le lien manquant entre les gestionnaires de la forêt, les
et au respect desdits droits. Elle renforce la capacité des        utilisateurs de la forêt (autres que les bûcherons) et les
agents des services fonciers ruraux et des élus locaux à           communes, avec le potentiel de rétablir la confiance des
cartographier et répertorier les informations relatives aux        citoyens à l’égard des institutions. Elle a également mis en
droits fonciers ; elle réduit les délais et les coûts associés à
la délivrance de titres fonciers ; et elle améliore l’échange      169	 USAID Landlinks, Burkina Faso: Mobile Applications to Secure
d’informations foncières entre les différentes agences et          Tenure, 2017.


                                                                                                                                       69
        Encadré 5.1.  Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Envisager une réforme de la fiscalité locale
        pour aider les communes à tirer directement profit des activités forestières

        Soutien actif de la Banque mondiale pour faciliter le transfert du budget de l’administration centrale vers les collec-
        tivités décentralisées Soutien actif de la Banque mondiale pour faciliter le transfert du budget de l’administration
        centrale vers les collectivités décentralisées

        Possibilité pour les communes de générer d’importantes ressources grâce aux forêts : mettre à la disposition des
        communes des outils d’aménagement des terres tenant compte des forêts Possibilité pour les communes de
        générer d’importantes ressources grâce aux forêts : mettre à la disposition des communes des outils d’aménage-
        ment des terres tenant compte des forêts

        Renforcement de la collaboration entre les communes et les directions régionales du ministère par le biais des
        services forestiers Renforcement de la collaboration entre les communes et les directions régionales du ministère
        par le biais des services forestiers

        Nécessité d’analyser la contribution de chaque activité forestière au budget de la commune

        Propositions de modifications du cadre législatif pour aider les communes à recevoir davantage de bénéfices
        directs tirés des forêts. Par ricochet, les directions régionales profiteraient également d’un accroissement de leurs
        ressources.




     évidence les coûts supplémentaires qu’entraîne ce niveau          La promotion de bonnes pratiques agrosylvopastorales
     de gouvernance. Des leçons devraient être tirées de cette         pour lutter contre la déforestation due à l’agriculture inclu-
     expérience pour étayer une réforme éventuelle du code             rait la régénération du couvert terrestre et forestier ainsi
     forestier, notamment les sections relatives au partage des        que le doublement des rendements moyens des cultures
     bénéfices et à la détermination du prix du bois.                  selon les recommandations suivantes170 :

     Pour poursuivre cette démarche de diversification des             ■	   Investir dans la vulgarisation de pratiques de gestion
     objectifs de gestion des terres, il semble nécessaire : i) de          durable des terres (GDT) afin de réduire la disparition
     responsabiliser davantage les comités locaux de gestion                des sols et des terres arables. Pour une production
     forestière ; ii) d’évaluer régulièrement le rendement de               donnée, cela limiterait le besoin d’hectares à long
     nombreux produits en procédant à des audits ; et iii) d’ac-            terme. Entre autres exemples de pratiques de gestion
     tualiser régulièrement les plans de gestion forestière sur la          durable des terres, on peut citer : « Zai », demi-­lune,
     base non seulement de la forêt elle-­même, mais aussi de               kits d’irrigation (« goutte à goutte »), biocompost,
     la gestion du paysage communal.                                        fosses à fumier, fertilisation organique et autres tech-
                                                                            niques d’enrichissement des sols.
     Limiter l’expansion de l’agriculture
                                                                       ■	   Augmenter la densité des arbres dans les champs
                                                                            agricoles pour généraliser les techniques agrofores-
     Comme l’expansion de l’agriculture est le principal
     facteur de déboisement et de dégradation des forêts au
                                                                       170	PIF, Analyse des systèmes d’occupation des sols en tant que facteurs
     Burkina Faso et qu’elle est à l’origine des plus importantes
                                                                       de déforestation et de dégradation forestière au Burkina Faso : tendances
     dépenses de restauration des forêts, il est essentiel de          actuelles et impacts pour la protection des forêts et la réduction des
     prendre des mesures appropriées pour y mettre un frein.           émissions de gaz à effet de serre, 2018.




70
     tières. Le renforcement de la chaîne de valeur des             ■	   Renforcer les capacités techniques et organisa-
     arbres fruitiers permettrait de soutenir leur culture               tionnelles des acteurs de l’exploitation artisanale
     à grande échelle afin de freiner la déforestation.                  et à petite échelle de l’or et soutenir : i) la mise en
     Des exemples très réussis de paiements pour services                place ; et ii) le déploiement de normes d’exploitation
     environnementaux ont été mis en œuvre pour                          minière artisanale et industrielle tenant compte des
     promouvoir la plantation d’arbres fruitiers dans les                forêts. Un soutien supplémentaire serait nécessaire
     champs, avec d’excellents résultats qui pourraient                  pour aider les mineurs artisanaux à améliorer leurs
     être transposés à plus grande échelle.                              pratiques, respecter les normes et accepter de se
                                                                         conformer.
■	   Restaurer les terres dégradées pour aider à reconqué-
     rir des terres arables à des fins agrosylvopastorales.         ■	   Modifier la loi portant Fonds de conservation et de
     Cette reconquête pourrait également générer des                     réhabilitation de l’environnement et traduire sur le
     revenus dans une certaine mesure si elle était couplée              plan opérationnel les principes d’utilisation des fonds
     à une opération liée au carbone.                                    de réhabilitation détenus dans le Fonds d’interven-
                                                                         tion pour l’environnement (FIE). Ce fonds comprend
■	   Intensifier le reboisement des zones dégradées,
                                                                         toutes les provisions constituées par les sociétés
     en particulier après empiétement, en utilisant des
                                                                         minières pour reboiser d’anciens sites miniers au
     pratiques traditionnelles de gestion des sols utilisées
                                                                         terme de leur exploitation. Toutefois, il n’est pas
     par des groupes locaux, des techniques de régénéra-
                                                                         encore opérationnel ;
     tion naturelle et assistée ainsi que des espèces endé-
     miques aux rôles multiples.                                    ■	   Promouvoir davantage l’utilisation des énergies
                                                                         renouvelables dans les sites miniers, ce qui n’est
Améliorer les politiques miniéres pour réduire                           possible que s’il existe une source d’énergie renouve-
l’impact sur la forêt                                                    lable fiable et constante ;

Les effets de l’exploitation minière au Burkina Faso sont           ■	 Réaliser des évaluations stratégiques de l’impact
à la fois directs (installation de sites miniers) et indirects         des opérations minières ou des zones minières où
(impact des infrastructures annexes à l’exploitation                   se déroulent plusieurs opérations, afin de garan-
minière, déforestation causée par l’afflux de populations              tir la prise en compte des effets secondaires et
et par l’adoption de nouvelles pratiques agricoles pour                cumulatifs et de renseigner les plans locaux ou
les nourrir).                                                          régionaux de développement et d’aménagement
                                                                       des terres ;
S’agissant de l’exploitation minière légale (qu’elle soit indus-    ■	   Établir des plans d’occupation des terres autour des
trielle ou artisanale et à petite échelle), des efforts devraient        sites miniers pour réduire l’impact de l’afflux de popu-
être faits pour améliorer les normes minières — soit en                  lation et éviter l’augmentation anarchique de l’activité
adoptant une réglementation adaptée, soit en utilisant des               agricole dans les camps miniers ;
normes volontaires d’exploitation minière durable — afin
d’accroître la productivité et de renforcer la sécurité tout en     ■	   Assurer une plus grande cohérence entre les enga-
réduisant les conséquences sur l’environnement. C’est ainsi              gements en matière d’émissions de CO2 ou de gaz à
que les actions ci-­après pourraient être envisagées :                   effet de serre (GES) et les engagements nationaux,
                                                                         notamment en ce qui concerne la contribution déter-
■	   Faire appliquer la loi relative à la conservation de l’en-          minée au niveau national et les engagements des
     vironnement et à la hiérarchie de l’atténuation dans                sociétés minières en matière de neutralité carbone.
     le secteur minier, notamment en ce qui concerne                     Par exemple, une méthodologie harmonisée pourrait
     l’interdiction des produits chimiques dans l’exploita-              être mise au point pour évaluer l’empreinte carbone
     tion artisanale de l’or. Il faudrait également doter les            des opérations minières, y compris des pratiques
     entités de contrôle de plus de moyens opérationnels                 d’utilisation des terres, de changement d’affectation
     et financiers.                                                      des terres et de foresterie (UTCATF).



                                                                                                                                    71
        Encadré 5.2.  Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Opérationnaliser les fonds de réhabilitation
        détenus auprès du FIE

        Finaliser d’urgence les dispositifs de gouvernance afin de disposer de fonds en faveur de la préservation et la
        ­réhabilitation de l’environnement

        Préciser l’objectif des fonds, notamment l’alignement sur les stratégies nationales plus vastes incluant la REDD+

        Définir les cibles, les indicateurs et le cadre de suivi qui permettraient au gouvernement d’obtenir des retours
        ­d’informations sur l’exécution des activités de remise en état et d’évaluer leur performance

        Évaluer la pertinence des contributions par rapport au coût réel de la réhabilitation.




     5.2.	 Défis et possibilités de la filière                         acteurs à court terme, elle réduit le capital collectif et
                                                                       constitue un exemple classique de mauvaise gestion des
     bois-­énergie
                                                                       ressources communes.

     5.2.1.	 Défis liés à l’application de la                          Sur le plan politique, le bas niveau du prix réglementé
     réglementation et de la loi                                       pourrait se justifier par le caractère hautement sensible
                                                                       du sujet, car la majorité de la population urbaine serait
     Obsolescence du systéme de tarification du bois                   directement touchée par une augmentation du prix du
     légal sur les sites de production                                 marché liée au renchérissement du prix à la production.
                                                                       La demande de bois-­énergie est par nature inélastique et
     Comme indiqué à la section 3.2, le prix réglementaire             une augmentation des prix réduirait à peine la demande
     du stère de bois au site de production (dans un chantier          des ménages, car il n’existe actuellement aucune solu-
     d’aménagement forestier ou CAF) est fixé depuis 1997 à            tion de remplacement à grande échelle. Cependant, une
     2 200 FCFA. étant donné que ce prix n’a pas été ajusté en         telle augmentation aurait un impact considérable sur les
     fonction de l’inflation depuis cette date, il ne suffit pas       moyens de subsistance, raison pour laquelle le prix du
     à couvrir les frais de gestion de la forêt et les coûts liés à    bois-­énergie vendu aux ménages ne peut pas être aussi
     la mise en œuvre des plans de gestion et à leur révision          élevé qu’il le devrait pour couvrir le coût réel de l’exploita-
     périodique. De plus, la part cédée aux communautés                tion forestière et toutes ses externalités.
     locales est insuffisante pour faire intervenir d’autres
     acteurs, comme les communes.                                      Cette situation menace l’équilibre à long terme de la
                                                                       filière. Les producteurs ne tirent pas suffisamment
     En conséquence, le volume de production dépasse                   profit de la ressource pour l’exploiter durablement, ce
     généralement le niveau soutenable, soit de façon invo-            qui amène les bûcherons à couper plus de bois que ce
     lontaire (en raison de l’absence de postes de contrôle due        qui leur est réservé, détruisant ainsi indirectement la
     à l’insuffisance des ressources allouées à la gestion, à la       ressource dont ils dépendent.
     surveillance et à l’entretien des forêts), soit de façon volon-
     taire, étant donné que les bûcherons peuvent compenser            Entre-­temps, le prix moyen d’un stère de bois-­énergie est
     le faible prix du stère en augmentant la production pour          d’environ 10 700 FCFA à Ouagadougou. La marge bénéfi-
     maintenir leurs moyens de subsistance. Même si cette              ciaire des intermédiaires est importante, ce qui les incite à
     surproduction augmente le bien-­être ­individuel des              augmenter leur offre, quelle qu’en soit la source (légale ou



72
illégale, CAF ou non). La plus grande part des bénéfices de             ■	   Dans les forêts exploitées, les plans de gestion ne sont
la vente de bois de chauffe revient aux transporteurs, dont                  pas appliqués de manière rigoureuse et le bois est
la structure syndicale interdit la concurrence et leur donne                 coupé et vendu au-­delà du quota recommandé, car
le contrôle de la chaîne de valeur et du prix de marché.                     vendre davantage que ce qui est autorisé bénéficie à
                                                                             court terme à la plupart des acteurs.
Volume important de bois illégal produit dans les
                                                                        ■	   De plus, même si ces plans de gestion étaient rigou-
forêts non réglementées
                                                                             reusement appliqués, le changement climatique et
                                                                             les modifications des schémas de précipitations ont
En aggravant la déforestation, la surexploitation des CAF
                                                                             réduit la capacité des forêts à se régénérer pleine-
accentue également la rareté du bois et aurait dû entraî-
                                                                             ment. Par conséquent, le capital forestier s’épuise sur
ner une hausse de son prix. Ce n’est pas le cas, car l’impact
                                                                             le long terme, en dépit des plans de gestion.
du prix du bois sur les ménages est atténué par le volume
considérable de bois issu de sources illégales qui est                  ■	   Dans les villages, l’obligation d’obtenir un permis
proposé à un prix inférieur171. Si cet approvisionnement                     avant de couper un arbre n’est que peu respectée ou
supplémentaire préserve le faible prix du bois dans les                      appliquée.
villes et donc la paix sociale, il constitue néanmoins une
                                                                        ■	   Tout au long de la chaîne d’approvisionnement (du
incitation indirecte à la coupe et à la vente illégales des
                                                                             transporteur au distributeur), le bois illégal (ou non
ressources forestières.
                                                                             déclaré) offre une marge supplémentaire, car les taxes
                                                                             ne sont pas réglées.
En effet, la réglementation du prix ne s’applique qu’aux
CAF où la production de bois de chauffe devrait être                    ■	   Pendant les contrôles, le ministère n’a pas les
gérée durablement. Les autres terres boisées sont le plus                    ressources nécessaires (humaines et financières) pour
souvent situées sur des terres collectives relevant de                       améliorer les contrôles sur site (en forêt et sur les
la compétence foncière des communes et ne sont pas                           marchés de bois) et aux points d’entrée des villes.
soumises au même mode de tarification ni aux mêmes
taux d’imposition. Bien que les ménages locaux soient                   Les enquêtes d’opinion indiquent que les infractions
généralement autorisés à collecter du bois de chauffe                   forestières sont fréquentes, et même si les criminels sont
pour leur propre usage, cette collecte gratuite et non                  arrêtés et condamnés à des amendes, celles-­ci sont trop
contrôlée n’est pas censée devenir une activité commer-                 faibles pour être dissuasives172.
ciale. Malheureusement, et compte tenu du prix du
marché et de la demande de bois de chauffe, les terres
collectives en jachère finissent par être exploitées et                 5.2.2.	 Possibilités d’amélioration du cadre
parfois même les arbres productifs ou sacrés finissent par              réglementaire et recommandations
être abattus — généralement illégalement — pour obtenir
du bois de chauffe.                                                     Au Burkina Faso, l’élaboration d’une politique de tarifica-
                                                                        tion du bois semble être un exercice difficile qui pourrait
Faible application de la réglementation                                 avoir des conséquences politiques et sociales considé-
sectorielle                                                             rables. Cette situation est semblable à la problématique
                                                                        des subventions énergétiques dans d’autres pays. Cepen-
Malgré un système très clair et solide de tarification, d’im-           dant, des mesures peuvent être prises pour accroître le
position et de contrôle des camions de bois entrant dans                rendement des CAF et réduire l’attractivité du bois prove-
les villes, la réglementation est faiblement appliquée. Des             nant de sources illégales.
problèmes sont relevés à chaque niveau :


                                                                        172	 Bonkoungou, édouard et Nalin Kishor Qualité de la gouvernance
171	 Ouedraogo B., éléments économiques pour la gestion de l’offre et   dans le secteur forestier du Burkina Faso : Analyse préliminaire des atouts
de la demande de bois-­énergie dans la région de Ouagadougou, 2002.     et des faiblesses, document de travail, 2012.




                                                                                                                                                      73
     Révision de la structure tarifaire                              des sanctions frappant l’exploitation forestière illégale
                                                                     devrait avoir un effet dissuasif. Cependant, l’acceptation
     La structure tarifaire actuelle présente trois problèmes        sociale d’une telle mesure pourrait poser problème. De
     majeurs :                                                       même, le risque de corruption ou d’abus de pouvoir de
                                                                     la part des agents des services forestiers ou leur implica-
     ■	   Le prix du bois est trop bas et ne permet pas d’assurer    tion dans des activités de collecte de bois illégal pourrait
          la viabilité de la gestion forestière ou de fournir des    également entraver l’efficacité de cette approche. En
          avantages significatifs du point de vue du dévelop-        outre, une simple diminution de l’offre de bois exploité
          pement pour soutenir la comparaison avec d’autres          illégalement pourrait atténuer le rôle de régulation que
          modes d’utilisation des terres ;                           celui-­ci joue dans la fourniture de bois de chauffe aux
                                                                     ménages et augmenter les prix sur le marché.
     ■	   Les communes ne sont pas associées à la gouver-
          nance et ne bénéficient pas des taxes locales impo-
                                                                     En intégrant les forêts communales dans le système
          sées suite aux activités économiques menées dans
                                                                     des chantiers d’aménagement forestier (CAF) lorsque
          les forêts (les communes ne sont pas incluses dans la
                                                                     cela est possible. Une autre option consisterait à inscrire
          structure tarifaire) ;
                                                                     progressivement les sites de production hors CAF dans
     ■	   Le revenu des bûcherons est directement lié à la           un processus de régularisation. Les compétences de
          production de bois, mais comme le prix ne suit pas         gestion des ressources naturelles ayant été transférées aux
          l’inflation, chaque bûcheron doit couper davantage         communes, il est possible d’immatriculer progressivement
          pour maintenir ses moyens de subsistance.                  les forêts productives gérées par la commune et d’organi-
                                                                     ser leur production suivant le modèle des CAF. Ainsi, les
     C’est pourquoi la révision de la structure tarifaire serait     politiques de tarification du bois s’appliqueraient aux sites
     une première étape : réévaluation du prix et ajustement         communaux qui ne sont pas réglementés, mais dont la
     de la clé de répartition des recettes pour tenir compte des     production peut être plus importante que celle des forêts
     communes et présenter la forêt comme un actif productif         classées. Cela permettrait notamment au gouvernement
     pour les collectivités locales.                                 de prélever des écotaxes sur ces sites hors CAF, de générer
                                                                     des ressources qui contribuent à la préservation et au
     Cependant, la mise en place d’un système de permis              reboisement des forêts et d’élaborer des politiques de
     ou de quota alloué à chaque bûcheron pour lui garantir          promotion de l’utilisation de foyers améliorés ou d’éner-
     un revenu va de pair avec la limitation et la régulation        gies de sources renouvelables173.
     du nombre de bûcherons, ce qui permettrait à chaque
     bûcheron d’atteindre un seuil acceptable de revenus. La
     réduction du nombre de bûcherons encouragerait égale-           5.2.3.	 Défis liés aux obstacles techniques
     ment leur professionnalisation, ce qui est susceptible
     de réduire le coût de production et donc d’accroître leur       Absence de solutions de remplacement du bois
     revenu. Un nombre inférieur de bûcherons mieux payés            de chauffe
     aura moins de raisons de dépasser son quota de coupe et
     moins de temps pour y procéder. Cette approche pourrait         Même si la pression sur le bois-­énergie est importante,
     toutefois se heurter à des réactions négatives en raison de     la mise au point de solutions de remplacement peine à
     l’impact social sur les ménages ruraux en zone forestière.      se concrétiser, la plupart des Burkinabè utilisant le bois
                                                                     comme combustible des foyers ordinaires.
     Réduire les avantages du bois d’origine illégale
                                                                     ■	   Électricité. Les politiques énergétiques sont princi-
     En appliquant la réglementation sur le bois de chauffe               palement axées sur l’électricité, mais cette ressource
     tout le long de la chaîne de valeur. Une mesure théo-                est surtout utilisée pour des activités autres que la
     rique pour réduire l’avantage concurrentiel du bois illégal
     consisterait à renforcer l’application de la loi et à augmen-   173	 Ouedraogo B., éléments économiques pour la gestion de l’offre et
     ter le niveau des amendes. Une augmentation suffisante          de la demande de bois-­énergie dans la région de Ouagadougou, 2002.


74
     cuisine. De plus, il existe une résistance culturelle              dépit de l’ampleur de la résistance culturelle à l’adop-
     pour passer de la cuisson à la flamme aux foyers                   tion d’une nouvelle technologie.
     électriques. Ainsi, même si la biomasse représente
                                                                   ■	   Biodigesteurs. Cette solution présente de multiples
     plus de 90 % de la demande énergétique du pays, elle
                                                                        avantages pour la santé, les sols et les sous-­produits,
     reste peu influencée par les politiques énergétiques
                                                                        mais reste peu utilisée, même si le Burkina Faso est
     « centrées sur l’électricité ».
                                                                        le premier pays d’Afrique de l’Ouest à en posséder
■	   Gaz/GPL. Dans les grandes villes comme Ouagadou-                   (environ 15 000 biodigesteurs installés). Ce nombre
     gou, le gouvernement a essayé de subventionner                     est cependant faible, car les biodigesteurs ne peuvent
     l’utilisation du gaz pour réduire la demande de bois               être utilisés que par des ménages ruraux élevant
     de chauffe. Cependant, le gaz coûte cher et n’est                  quelques vaches et porcs. S’ils s’adaptent bien au
     pas adapté aux besoins actuels des ménages qui                     milieu rural, leur installation en zone urbaine serait
     se heurtent souvent au prix plus élevé du kilojoule                très compliquée. Leur prix élevé (environ 800 dollars)
     (kJ), au coût élevé d’installation de l’équipement et              représente aussi un obstacle.
     des recharges, au défaut d’interchangeabilité entre
     les distributeurs, et à la difficulté à préparer les plats    Diminution de la capacité de production
     locaux avec une cuisinière à gaz174. De plus, pour les
     pouvoirs publics, le passage du bois de chauffe au            La production nationale de bois de chauffe décline en
     gaz aurait de lourdes répercussions à la fois sur les         raison de la déforestation ainsi que du changement et de
     finances publiques et sur la balance commerciale (le          la variabilité du climat, qui entravent la croissance des
     gaz en substitution du bois représenterait alors un           arbres et modifient le régime des précipitations. Cette
     déficit de 480 millions de dollars par an, soit 10 % des      situation limite la capacité de production du secteur fores-
     importations du pays)175.                                     tier et la régénération des forêts. La réduction de la super-
                                                                   ficie des forêts classées à cause d’une mauvaise gestion
■	   Foyers améliorés. La vulgarisation des foyers
                                                                   des forêts, de l’empiétement des zones forestières ou de
     améliorés réduirait considérablement la demande de
                                                                   leur conversion en terres agricoles par les communautés
     bois de chauffe, en particulier pour les fabricants de
                                                                   riveraines (populations locales, migrantes ou déplacées)
     produits semi-­finis comme le beurre de karité ou la
                                                                   constitue une autre source de préoccupations.
     bière locale dénommée « Dolo ». Cependant, aucune
     chaîne de valeur structurée ne semble émerger.
                                                                   La foresterie privée reste quant à elle peu développée.
     La plupart des projets et des investissements se
                                                                   Bien que reconnue par le Code forestier comme une caté-
     concentrent sur la distribution massive de foyers au
                                                                   gorie légale de forêt, elle ne produit que peu de bois de
     lieu de soutenir l’ensemble de la filière. Cette situa-
                                                                   chauffe et peine à démarrer. Faute d’avoir pu trouver des
     tion conduit à : i) la présence de foyers de mauvaise
                                                                   données probantes pendant l’étude, cette situation peut
     qualité et à bas coût qui rebutent les clients à long
                                                                   s’expliquer comme suit :
     terme ; ii) l’absence d’incitation au développement
     d’entreprises de réparation, de vente de pièces déta-
                                                                   ■	   La sécurité foncière est difficile à assurer, et
     chées et d’autres services d’assistance ; et iii) l’absence
                                                                        les investissements s’adressent généralement aux
     d’un réseau de distribution permanente et constante
                                                                        produits de grande valeur. Cependant, sans sécurité
     des foyers. Le prix des foyers améliorés de bonne
                                                                        foncière, il est impossible de réaliser des investisse-
     qualité est également un obstacle que les solutions
                                                                        ments à long terme.
     de financement proposées n’ont pas encore réussi à
     surmonter. Enfin, très peu d’initiatives se concentrent       ■	   Le bas prix du bois de chauffe fait que cette acti-
     sur le changement de comportement des clients en                   vité est difficilement rentable pour les proprié-
                                                                        taires fonciers, surtout lorsqu’ils doivent rivaliser
                                                                        avec de gros fournisseurs de bois de chauffe de
174	 World Bank, Using Forests to Enhance Resilience to Climate         source illégale. En fait, si les GGF peuvent trouver
Change—The case of the Wood Energy Sector in Burkina Faso, 2013.        cette activité rentable pour les bûcherons, c’est parce
175	 Calcul des auteurs.                                                qu’ils ne sont pas responsables du reboisement, qui


                                                                                                                                   75
          est généralement assuré à un coût très bas dans les                Améliorer l’efficacité énergétique pour réduire la
          forêts classées par régénération naturelle ou assis-               demande
          tée. L’exploitant forestier privé, au contraire, doit
          supporter le coût des plantations. C’est pourquoi                  En développant le secteur des foyers améliorés
          cette activité ne peut être rentable que pour des
          espèces à forte valeur ajoutée comme le bois pour la               Les foyers améliorés présentent de nombreux
          construction.                                                      ­avantages. Ceux-­  ci incluent l’amélioration de l’état de
                                                                              santé grâce à une meilleure qualité de l’air intérieur, des
     ■	   Le coût de plantation est élevé, d’autant plus que
                                                                              économies de temps de cuisson et d’énergie et des avan-
          le taux de mortalité des arbres est très élevé. Selon
                                                                              tages environnementaux pour la collectivité, comme la
          les espèces, seulement 30 à 60 % des arbres plantés
                                                                              ­réduction de la déforestation et des émissions de CO2
          survivent plus d’un an, et le taux moyen de survie se
                                                                               ou de GES.
          situe autour de 37 %, avec quelques variations selon
          les espèces et les régions176.
                                                                             Parallèlement à l’augmentation de la superficie forestière,
     ■	   L’environnement économique actuel est peu favo-                    l’utilisation de foyers améliorés peut favoriser l’appro-
          rable aux investissements à long terme. L’accès au                 visionnement durable en énergie pour répondre aux
          crédit et au financement est limité et le coût d’oppor-            besoins croissants de la population.
          tunité du développement de plantations forestières
          ne serait pas favorable par rapport à d’autres activités           En favorisant le passage au charbon de bois
          économiques. Dans ce pays doté d’un fort potentiel
          agricole, qui valorise généralement les agriculteurs et            Le charbon de bois présente un potentiel élevé d’innova-
          qui enregistre une forte demande de produits alimen-               tions techniques en matière de conversion énergétique et
          taires, l’option privilégiée est de convertir la plupart           de qualité de combustion. La plupart de ces technologies
          des terres productives en champs agricoles. C’est                  sont disponibles sur le marché, tandis que d’autres en
          pour cette raison que l’accent est davantage mis sur la            sont encore au stade de développement et de démonstra-
          plantation d’arbres fruitiers supplémentaires dans les             tion. Elles présentent un potentiel d’innovation technique
          exploitations agricoles ou la promotion de systèmes                important (par exemple, copeaux de bois, granulés, gazé-
          agroforestiers (y compris l’agriculture sous couvert               ification et liquéfaction) et dépendent de la disponibilité
          forestier) que sur des initiatives privées axées unique-           des capitaux d’investissement. Depuis 2006, la produc-
          ment sur la forêt.                                                 tion de charbon de bois a été intégrée dans le système
                                                                             global de gestion durable des forêts, en s’appuyant sur
                                                                             les technologies appropriées. Sur le plan économique,
     5.2.4.	 Possibilités de développement de                                cette activité constitue une solution de substitution à
     solutions techniques et recommandations                                 l’utilisation de grumes de gros diamètre ou de bois prove-
                                                                             nant de forêts éloignées des centres de consommation,
     Chacune des solutions ci-­après a un impact sur la                      ou encore de débris ligneux provenant de défriche-
     consommation de bois de chauffe et un rôle à jouer dans                 ments, de ­chantiers de barrages ou de la construction
     la stratégie nationale de réduction de la dépendance à                  de routes177.
     ce combustible non durable. Toutefois, le défi consiste
     à trouver la bonne combinaison de politiques et à                       Par conséquent, ajoutée aux gains d’efficacité permis par
     ­l’ajuster en permanence en fonction de chaque solution                 des techniques innovantes, la promotion du combustible
      ­proposée.                                                             ligneux offre des avantages indirects tels que la possibilité
                                                                             d’économiser de l’argent et la réduction de la dépendance
                                                                             économique et énergétique du pays. La modernisation
                                                                             de la filière du bois-­énergie, en particulier l’introduction
                                                                             de technologies de combustion plus efficaces, contribue
     176	 Adjognon, G.S., van Soest, D. and Guthoff, J. , “Reducing Hunger
     with Payments for Environmental Services (PES): Experimental Evidence
     from Burkina Faso” In Amer. J. Agr. Econ.,2021                          177	 The Forest Dialogue, The Forests of Burkina Faso, 2011.


76
également de manière significative à la diminution des                en énergie fiable, à bon marché et efficace. Avec un taux
problèmes respiratoires et des décès dus à la pollution               d’accès à l’électricité de 21 % en 2017, le Burkina Faso a
intérieure à long terme178.                                           prévu d’augmenter l’offre d’énergie solaire pour atteindre
                                                                      un taux d’électrification de 45 % en 2020. La centrale
Mettre au point des solutions de substitution au                      photovoltaïque de Zagtouli est l’une des plus grandes
bois de chauffe pour réduire la demande                               centrales solaires d’Afrique de l’Ouest et peut produire
                                                                      suffisamment d’électricité pour couvrir 5 % des besoins
Le Burkina Faso est progressivement devenu un pôle                    du pays. Par ailleurs, le ministre de l’énergie a signé en
d’énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest. Le pays a             avril 2019 plusieurs accords avec des producteurs indé-
en effet mis au point plusieurs solutions de remplacement             pendants d’électricité (PIE)180. Ces entreprises produiront
du bois de chauffe pour soutenir une foresterie durable :             155 MW d’électricité à partir de six centrales solaires. Non
                                                                      seulement cela a des avantages sur le plan de l’environne-
Les biodigesteurs                                                     ment, mais pour les consommateurs burkinabè, le prix de
                                                                      l’électricité peut être réduit de trois quarts par rapport au
Les biodigesteurs permettent la production d’énergie                  prix actuel du réseau électrique national181.
renouvelable via la fermentation de déchets organiques.
Le biogaz domestique, en particulier, est produit dans un             Le biochar
biodigesteur généralement alimenté par des déjections
bovines et porcines. La population burkinabè n’ayant qu’un            Une autre innovation qui pourrait réduire la demande de
accès limité aux énergies modernes, en particulier en raison          bois de chauffe est l’apparition d’un substitut au charbon
des tarifs élevés de l’électricité, le Programme national de          de bois communément appelé « biochar », qui est obtenu
biodigesteurs (PNB) a été élaboré sous l’égide du ministère           par carbonisation de résidus agricoles (tiges de mil,
des Ressources animales et halieutiques. Les biodigesteurs            coton ou balle de riz), de résidus agro-­industriels (coques
peuvent être utilisés pour maintenir les cheptels, amélio-            d’arachide, coton et noix de cajou, bagasse de canne à
rer les races animales, augmenter la production de lait et            sucre) ou de plantes aquatiques envahissantes telles que
fournir une viande de meilleure qualité. C’est une source             roseaux et lenticules. Certains entrepreneurs privés se
d’énergie propre qui peut servir à l’éclairage et à la cuisine.       sont engagés dans la production de biochar, mais comme
Elle contribue à réduire les émissions de GES et à améliorer          pour le biogaz, le défi reste l’adoption du biochar par le
le niveau de vie des ménages ruraux et suburbains. Entre              secteur privé et la mise en place d’une filière pérenne.
2009 et 2021, plus de 15 000 biodigesteurs ont été construits
et ont généré 150 emplois de maçons. Ces maçons ont                   Promouvoir l’investissement privé dans le
perçu des revenus allant jusqu’à 102 millions de FCFA179.             secteur forestier et celui des plantations
Cependant, l’utilisation généralisée des biodigesteurs reste
toujours confrontée à différents obstacles, notamment les             Différentes options peuvent être envisagées pour aider au
conditions d’accès, les coûts et les investissements limités          développement du secteur privé dans le secteur forestier :
du secteur privé. Des efforts sont donc nécessaires pour              l’établissement de plantations pour le secteur privé, la
consolider ce secteur et favoriser une plus grande participa-         mise au point de pépinières à l’intention des familles et
tion du secteur privé.                                                des petites exploitations, et la professionnalisation des
                                                                      activités de génie forestier.
Accès à l’énergie hors réseau (électricité solaire)
                                                                      Il existe peu de plantations privées au Burkina Faso pour
Dans un pays où 19 millions d’habitants n’ont pas accès               les raisons suivantes : i) problèmes de sécurité foncière ;
à l’électricité, il est capital d’assurer l’approvisionnement         ii) faible rentabilité (coûts élevés, revenus faibles) ; et
                                                                      iii) longue durée d’immobilisation de l’investissement.

178	PROFOR, How Forests Enhance Resilience to Climate Change—Case
Studies from Burkina Faso, Honduras and Lao PDR, 2015.                180	 “Burkina Faso: Six Solar Power Plants to Increase Energy Supply by
179	 Réseau Climat & Développement, Promouvoir les biodigesteurs au   155 MW”in Afrik21, 2019.
Burkina, 2018.                                                        181	AFD, Burkina Faso, nouveau hub des énergies renouvelables, 2017.


                                                                                                                                                77
     Si les problèmes de régime foncier ne peuvent être               annuelle et non uniquement lors de la coupe, pourraient
     résolus à court terme, il est possible d’agir dans les autres    également être proposées. Ce point nécessite un travail
     domaines.                                                        d’analyse dédié.

     La réduction des coûts et l’amélioration de la rentabilité       5.3.	 Défis et possibilités du secteur
     passent en partie par l’accroissement du taux de survie
     et la baisse du coût d’accès aux semences de qualité.            des PFNL
     Cela peut être soutenu par i) la poursuite des efforts de
     recherche pour mieux comprendre l’impact du change-              Les PFNL occupent une part importante dans l’économie
     ment climatique, car il sera ainsi possible d’actualiser         du Burkina Faso et restent essentiels aux moyens de subsis-
     les données sur les espèces d’arbres les plus adaptées           tance de sa population. Le développement de ce secteur
     à chaque région écologique ; ii) un accès plus facile (en        offre des possibilités d’augmentation des revenus, de créa-
     termes de prix et de quantité) aux semences améliorées.          tion d’emplois durables, d’élargissement des débouchés
     En effet, en tant qu’un des principaux centres de semis          commerciaux, de diversification de l’activité économique en
     d’arbres, le CNSF représente une réelle opportunité d’aider      milieu rural et de renforcement de l’émancipation écono-
     le pays à mettre au point des pépinières privées et à distri-    mique de la population pauvre rurale.
     buer de semences d’excellente qualité ; et iii) la profession-
     nalisation des métiers du génie forestier, qui permettrait
                                                                      5.3.1.	 Défis liés à la gouvernance du secteur
     d’améliorer les taux de survie simplement avec de meil-
     leures pratiques, sans qu’il soit nécessaire de revisiter les
                                                                      des PFNL
     techniques de reboisement.
                                                                      En plus d’un cadre réglementaire difficile, le secteur
                                                                      des PFNL souffre également au Burkina Faso du
     En plus de l’impact positif potentiel sur les planteurs
                                                                      manque de capacités qui lui permettraient de mettre
     privés grâce à un accès plus facile aux semences du
                                                                      au point et d’utiliser des technologies améliorées de
     CNSF et des prix plus attractifs, la création de pépinières
                                                                      transformation, de valorisation et de commercialisa-
     privées permettrait de produire du matériel génétique de
                                                                      tion des PFNL. S’attaquer à ce problème contribuerait
     meilleure qualité qui serait alors accessible pour tous, y
                                                                      largement à stimuler l’économie, car sont concernés
     compris aux agriculteurs souhaitant développer l’agro-
                                                                      à la fois les populations pauvres en ressources — qui
     foresterie, aux familles désireuses de valoriser des zones
                                                                      peuvent difficilement commercer équitablement avec
     boisées ou aux organisations locales intéressées par le
                                                                      le secteur privé — et le développement du secteur
     boisement (communes, associations de chasseurs, etc.).
                                                                      privé. Les ­obstacles ci-­après peuvent en particulier être
                                                                      ­observés  :
     De même, la professionnalisation du génie forestier
     appliquée aux campagnes nationales de reboisement
                                                                      Manque d’investissements privés pour créer
     permettrait d’en améliorer l’efficacité. Si le coût de ces
                                                                      de la valeur ajoutée
     campagnes en était certainement augmenté, l’accrois-
     sement de la survie liée à l’utilisation de techniques de
                                                                      Le développement du secteur privé est entravé par diffé-
     plantation plus professionnelles pourrait le compenser à
                                                                      rents problèmes liés à : i) l’élaboration d’un système solide
     long terme.
                                                                      de traçabilité et de contrôle de la qualité ; ii) l’absence de
     D’autres activités pourraient soutenir le développement          stratégie de commercialisation ; iii) le mauvais étiquetage
     de la foresterie et des plantations privées, notamment           et l’absence de certification des produits ; iv) le manque de
     l’accès au financement, particulièrement au moment où            capacité des services de normalisation ; et v) le trop faible
     les acteurs bancaires spécialisés dans les produits agri-        nombre d’accords de partenariat et de contrats avec de
     coles sont en plein essor et comprennent mieux la renta-         grands distributeurs.
     bilité de la chaîne de valeur et ses principaux obstacles.
     Des solutions de mutualisation de projets de plantation,         Dans la filière du karité, la plupart des acteurs étrangers
     pour lisser les revenus et garantir une rémunération             s’associent pour accéder à la ressource et acheter le


78
produit brut, et les initiatives destinées à améliorer la      ment important pour alimenter le processus de transfor-
chaîne d’approvisionnement — en particulier les aspects        mation tout au long de l’année comporte des implica-
de transformation locale — reposent principalement sur         tions logistiques ­(location d’un entrepôt, conservation
les acteurs nationaux et locaux.                               du stock) et financières (disposer à l’avance des liquidi-
                                                               tés nécessaires à l’achat et au traitement (stabilisation
En conséquence, si les partenariats avec des acteurs           des noix évitant leur germination) de la quantité suffi-
internationaux peuvent aider les opérations de collecte et     sante de noix de karité pour toute l’année). Les liquidités
faciliter l’achat du produit brut, très peu de partenariats    nécessaires pour acheter le stock au début de la saison
privés conclus avec des acteurs étrangers favorisent le        des récoltes pourraient être un obstacle important pour
développement des opérations présentant la plus forte          les acteurs locaux.
valeur ajoutée.
                                                               Les risques associés et l’absence de capital initial sont
Défaut de professionnalisation des filiéres                    quelques-­  unes des raisons pour lesquelles les entreprises
traditionnelles et semi-­industrielles                         étrangères et les exportateurs bénéficient d’un avantage
                                                               concurrentiel dans l’achat des stocks de noix. Cela explique
La chaîne de valeur du karité repose principalement            également pourquoi les organisations dirigées par des
sur des acteurs artisanaux qui y consacrent rarement la        femmes (qui ont statistiquement plus de difficultés d’accès
majeure partie de leur activité, la filière du karité étant    au crédit bancaire) rencontrent des difficultés. Les investis-
considérée comme une activité saisonnière. En effet, sans      sements dans des équipements de transformation et dans
une transformation et un traitement appropriés, les noix       du personnel qualifié sont très risqués lorsque l’offre n’est
de karité ne résisteraient pas longtemps après la fin des      pas garantie. Avec des exportateurs en mesure de verrouil-
récoltes. La récolte et la transformation de karité sont       ler le marché en achetant de grandes quantités de noix de
donc devenues un complément de ressources pour les             karité, les risques pour le segment de la transformation sont
ménages qui cherchent à gagner rapidement de l’argent          très élevés et ne favorisent pas la professionnalisation ou la
en espèces au lieu d’étaler leurs revenus sur l’année.         montée en puissance du secteur.
C’est surtout le cas des femmes qui récoltent les noix et
procèdent à la première transformation.                        Défaut de protection des ressources
                                                               (parcs à karité)
Améliorer la qualité de la filière et étendre la chaîne de
valeur en y ajoutant les segments les plus valorisants         La déforestation et la destruction progressive des arbres
(c’est-­à-­dire ceux de la transformation des noix en beurre   causées soit par la demande de bois de chauffe, soit par
de haute qualité) exigeraient des investissements dans ces     l’expansion agricole, n’épargnent pas les arbres produc-
segments ainsi que leur professionnalisation, en particu-      teurs de PFNL. Comme pour tout produit, les PFNL sont
lier la deuxième opération de transformation des noix en       en concurrence avec les autres utilisations possibles
beurre. Mais les producteurs artisanaux de beurre peuvent      des terres.
difficilement se consacrer uniquement ou principalement
à cette opération, car ils seraient alors obligés de mainte-   Cependant, la situation est plus complexe, car la plupart
nir un stock suffisant de produit brut leur permettant de      des PFNL sont produits dans des forêts classées, des
produire du beurre de karité tout au long de l’année. Toute    terres boisées et des terres en jachère qui ne sont pas
rupture d’approvisionnement en noix de karité au cours de      sous le contrôle direct des producteurs de PFNL. Dans la
l’année les priverait d’une part de leur revenu, risque que    plupart des cas, le système de collecte de ces produits est
beaucoup ne peuvent se permettre de prendre.                   basé sur le principe du « premier arrivé, premier servi ».
                                                               De plus, les organisations de collecte peuvent n’avoir
Ainsi, l’un des défis du secteur réside dans les impli-        aucun pouvoir de contrôle sur les décisions prises par
cations logistiques et financières de la transformation        le « gérant » légitime du terrain, en particulier sur les
d’une activité saisonnière en activité pérenne. Les noix       décisions concernant les arbres à abattre et les espèces
de karité ne sont récoltées que de mai à septembre             à replanter (ou sélectionnées pour une régénération
chaque année. De ce fait, maintenir un stock suffisam-         ­naturelle assistée).


                                                                                                                                79
     S’agissant de la filière du karité, la plantation d’arbres         ■	 Faciliter l’implantation d’entreprises agroali-
     n’est généralement qu’une utopie, car ceux-­ci deviennent             mentaires dans les zones à fort potentiel, en
     productifs après 20 ans, durée moyenne de maturation                  i) se faisant une meilleure idée de la répartition
     du karité. En l’absence d’accords de concession, il est               géographique des ressources ; et ii) mettant en place
     quasiment impossible de garantir le contrôle de l’occupa-             des chaînes logistiques qui permettent aux entre-
     tion des sols sur cette durée.                                        prises de transformation de sécuriser leur approvi-
                                                                           sionnement ;
     L’absence d’un cadre réglementaire clair garantissant les
                                                                        ■	   Assurer une meilleure structuration des acteurs
     concessions foncières et l’accès aux terrains sur de très
                                                                             locaux autour des unités d’exploitation de PFNL à
     longues périodes (généralement plus de 50 ans pour le
                                                                             travers la mise en place de coopératives opération-
     karité) ne permet pas la mise en œuvre de programmes
                                                                             nelles ;
     de plantation par les acteurs privés ou individuels et peut
     expliquer pourquoi les noix proviennent en majeure partie          ■	 Favoriser la formalisation de l’agriculture sous
     d’arbres trouvés dans la nature et non plantés dans des               contrat183 — c’est-­à-­dire un contrat à terme sur la
     parcs à karité.                                                       production et l’approvisionnement entre l’agricul-
                                                                           teur et l’acquéreur — pourrait renforcer la sécurité
                                                                           des investissements privés en garantissant à l’ac-
     5.3.2.	 Possibilités d’amélioration de la                             quéreur un approvisionnement fiable en produits de
     gouvernance de la filière des PFNL                                    qualité, ce qui n’aurait pas été le cas sur un marché
                                                                           libre ;
     Soutenir la chaîne de valeur des PFNL                              ■	 Moderniser les équipements de transforma-
                                                                           tion et établir des partenariats avec le secteur
     Dans le marché mondial d’aujourd’hui, une politique de                bancaire pour favoriser l’investissement et l’accès au
     gestion efficace de l’ensemble de la chaîne de valeur des             ­financement. Un meilleur conditionnement des jus
     PFNL est la clé de son développement, de sa promotion                  de fruits peut être considéré comme un exemple de
     et de la réussite de sa commercialisation. Cela plaide                 modernisation, car le plastique souple a tendance
     pour i) la redéfinition du rôle du gouvernement dans                   à se ­déformer ;
     la promotion du secteur ; et ii) le développement des
     capacités de la structure de gouvernance de cette filière          ■	   Renforcer la capacité des parties prenantes en
     afin de soutenir non seulement la production, mais aussi                vue d’accroître le volume de transactions liées aux
     l’ensemble des acteurs à tous les niveaux de la chaîne de               PFNL ; et
     valeur. Pour ce faire, les actions ci-­après sont recomman-        ■	   Orienter la recherche et le développement de
     dées182 :                                                               manière à accroître l’efficacité et améliorer la qualité
                                                                             du produit.
     ■	   Assurer la qualité de bout en bout, ce qui implique
          un engagement de tous les acteurs du début à                  Ce sont-­là les principaux éléments qui devraient facili-
          la fin de la chaîne de valeur. Par exemple, sensi-            ter le développement de partenariats avec les acteurs
          biliser la population à la nécessité de laisser mûrir         privés aux différents niveaux de la chaîne de valeur.
          les fruits sur les arbres avant de les cueillir, car la       L’un des principaux rôles de la structure de gouver-
          qualité du produit final ainsi que les parts de marché        nance de l’interprofession est de réduire les risques
          en dépendent (c’est le cas des graines de néré par            en instaurant la confiance, la qualité, la traçabilité, la
          exemple) ; créer des entités et des programmes de             continuité de l’approvisionnement entre les différents
          surveillance et de contrôle pour assurer la traçabilité ;
          ou renforcer la collaboration entre producteurs et
                                                                        183	 L’agriculture sous contrat se définit comme un accord passé
          grossistes ;
                                                                        entre des agriculteurs et une entreprise de transformation ou de
                                                                        commercialisation pour la production et l’approvisionnement de
     182	 MEEVCC, étude sur les aspects socioéconomiques des filières   produits dans le cadre d’un contrat à terme, souvent à des prix
     prioritaires des produits forestiers non ligneux, 2017.            prédéterminés.


80
segments, et une collaboration robuste et efficace entre        5.3.3.	 Défis liés aux obstacles techniques
les parties prenantes comme les producteurs et les
grossistes, seule façon de soutenir les investissements et      Une ressource menacée
­l’industrialisation des processus.
                                                                Les noix de karité, comme la plupart des PFNL, sont cueil-
Garantir l’accés des femmes aux ressources                      lies sur des arbres sauvages. Malgré la protection juridique
                                                                de certaines espèces (le karité et le baobab sont protégés
En matière de PFNL, les femmes ont du mal à faire               par la loi et ne devraient pas être coupés), cette ressource
valoir leurs droits fonciers, en particulier dans la filière    est menacée par les mêmes facteurs de déforestation que
du karité où elles sont souvent exclues des disposi-            les autres espèces. Pire encore, le karité fournit du bois de
tions du régime foncier. La sécurisation de l’accès aux         chauffe de haute qualité, ce qui le rend particulièrement
arbres à karité n’est pas seulement un problème de droit        attrayant malgré l’interdiction légale de sa coupe.
forestier, mais elle touche aussi aux droits des femmes.
Le problème d’accès des femmes aux ressources                   La filière du karité est également menacée par le très
­continuerait à se poser même si un programme                   faible niveau de régénération de l’espèce. Le karité ne
 était entrepris pour promouvoir la ­création de parcs          devient productif qu’après 15 à 20 ans, et tout effort de
 à karité.                                                      plantation en remplacement d’un arbre mort (de causes
                                                                naturelles ou abattu pour son bois de chauffe ou les
Une possibilité qui n’a pas encore été testée est de conju-     besoins de l’agriculture) ne produirait aucun effet avant la
guer les deux problèmes dès le début en plaçant l’État          génération suivante.
comme garant du long terme. Compte tenu de la durée
de maturation et du temps nécessaire pour obtenir un            En conséquence, la population de karités vieillit et, sans
retour sur investissement, seules les autorités publiques       mesures appropriées de relance, la production natio-
peuvent investir dans les plantations d’arbres à karité et      nale de noix de karité pourrait rapidement commencer à
autres PFNL. De plus, ces plantations devraient être sécu-      baisser, car les arbres meurent et ne sont pas remplacés
risées par des chartes foncières précisant les droits d’accès   (ou pas assez rapidement).
des différents acteurs (et notamment des femmes) aux
ressources nouvellement plantées.                               Connaissance insuffisante de la ressource

Une approche novatrice consisterait ainsi à intégrer dans       Même si plusieurs études184 ont récemment permis
les dispositions du régime foncier des clauses d’égalité        d’améliorer les connaissances théoriques sur la ressource,
des genres qui protégeraient le droit des femmes à la           les connaissances sur le terrain restent relativement
propriété foncière.                                             modestes, ce qui nuit à une gestion plus durable.

Ce type de dispositions relatives aux droits d’accès            ■	    Une meilleure connaissance de la répartition
pourrait être testé dans les forêts classées existantes               géographique de la ressource sur le terrain est indis-
qui disposent généralement dans leur plan de gestion                  pensable. En effet, la plupart des karités productifs
des clauses relatives à la collecte de fruits et de noix              sont disséminés dans la nature et très peu d’entre
de karité. Cependant, les plans de gestion de ces forêts              eux sont inventoriés par les cueilleurs. Malgré des
classées devraient être révisés, car les arbres à PFNL                efforts déployés en vue de l’établissement d’un atlas
sont généralement traités comme les autres espèces et                 national du karité, il n’existe actuellement aucun
donc inclus dans le plan de coupe annuel. En revanche,                inventaire de terrain précis, clair et détaillé de la
travailler sur les droits d’accès au moment de la plan-
tation des arbres à karité dans une zone dédiée ferait
intervenir la coopérative de producteurs de karité dès          184	 Bonde, L., Distribution, production fruitière et potentiel
                                                                socioéconomique de Tamarindus indica et de Vitellaria paradoxa
le début du processus, lors de l’étape de la définition
                                                                au Burkina Faso, 2019 ; Kangbéni, D., Climate Change Reduces the
des droits, ce qui faciliterait l’usage de ces droits au        Distribution Area of the Shea Tree (Vitellaria paradoxa C.F. Gaertn.) in
moment venu.                                                    Burkina Faso, 2020.


                                                                                                                                           81
          localisation exacte de la ressource. En conséquence,                sont pas bien connues et des travaux supplémen-
          la répartition géographique de l’espèce, son rythme                 taires sont encore nécessaires avant de sélectionner
          d’extinction (ou de renouvellement) ainsi que son                   une variété qui présenterait toutes les caracté-
          potentiel de production ne peuvent être qu’estimés.                 ristiques d’efficacité, de croissance rapide et de
          Des modèles indiquent que la ressource est répartie                 productivité.
          dans les secteurs phytogéographiques subsahéliens,
          nord-­soudaniens et sud-­soudaniens, et qu’elle croît          Les grands programmes de replantation de karités néces-
          du nord au sud — la zone subsahélienne ayant majo-             siteraient une meilleure connaissance des variétés pour
          ritairement des peuplements de densité inférieure              gagner en vitesse de croissance et en volume de produc-
          à 15 arbres par hectare, la zone nord-­soudanienne             tion. Il est également important d’identifier les variétés les
          des peuplements de 15 à 25 arbres par hectare, et la           plus résistantes aux effets du changement climatique à
          zone sud-­soudanienne des peuplements supérieurs               moyen et long termes afin de lutter contre la raréfaction
          à 25 arbres par hectare185. Ces modèles prédisent              de la ressource qui suit un gradient nord-­sud.
          également une raréfaction de la ressource à moyen
          et long termes suivant un gradient nord-­sud, avec
          des peuplements ayant une densité de plus en plus              5.3.4.	 Possibilités de développement de
          faible. Ainsi, les peuplements de densité inférieure           solutions techniques et recommandations
          à 15 arbres par hectare seraient de plus en plus
          fréquents de la zone subsahélienne à la zone sud-­             Planter ou régénérer d’urgence un grand nombre
          soudanienne186.                                                de karités
     ■	   Même si les karités étaient identifiés et inventoriés,
          l’estimation de la production resterait indéterminée           Il est essentiel de renouveler la population de karités et
          en raison des effets du changement climatique et de            plus généralement d’arbres fruitiers et autres sources
          l’extrême variabilité de production entre les variétés         de PFNL pour soutenir le reboisement et les chaînes de
          de l’espèce, certaines donnant beaucoup de pulpe               valeur de l’économie verte.
          et très peu d’huile tandis que d’autres produisent
          de petites noix, mais fournissent une huile de haute           S’ils sont généralement extrêmement coûteux, ces
          qualité. Les connaissances scientifiques disponibles           programmes peuvent être plus aisés à mettre en œuvre à
          actuellement sont relativement modestes, une très              l’aide de techniques innovantes telles que les paiements
          faible portion187 des variétés connues ayant été               pour les services environnementaux (remboursement
          décrite et répertoriée.                                        partiel de l’arbre planté en fonction du taux de survie) ou
                                                                         la régénération naturelle assistée qui permet de sélection-
     ■	   En conséquence, les efforts de domestication de                ner l’espèce d’arbres à planter, contrairement à la régéné-
          l’espèce et de création de variétés améliorées par             ration naturelle pure.
          croisement ne font que commencer. Les essais sont
          particulièrement complexes en raison de la durée de            Tout programme de plantation d’arbres à PFNL devrait
          maturation des arbres, même si le greffage permet de           prendre en compte les conditions préalables suivantes :
          réduire légèrement les délais d’expérimentation.

     ■	 Enfin, certaines variétés mûrissent beaucoup plus                ■	   Clarifier le statut foncier et sécuriser les droits fonciers
        vite que d’autres. En l’absence de programmes de                      et d’accès (en particulier pour les femmes), et renfor-
        sélection et d’analyses génétiques, ces variétés ne                   cer l’application de la réglementation ;

                                                                         ■	   Favoriser le développement de pépinières pour éviter
     185	 Bonde, L., Distribution, production fruitière et potentiel          les pénuries d’approvisionnement en semences ;
     socioéconomique de Tamarindus indica et de Vitellaria paradoxa au
     Burkina Faso, 2019.                                                 ■	   Identifier par écorégion la variété d’arbres ayant les
     186	Ibid.                                                                plus grandes chances de survie en tenant compte du
     187	 Entretiens avec des représentants de l’INERA.                       changement climatique ;



82
■	   Développer d’autres activités génératrices de revenus       5.4.1.	 Défis des secteurs du tourisme et de la
     pour limiter la dépendance des acteurs à la filière des     biodiversité
     PFNL et renforcer leur résilience ; et
                                                                 Mauvaise gestion des ressources et faible
■	   Améliorer la pollinisation des fleurs de karité.
                                                                 application de la réglementation dus à la
                                                                 modicité des revenus
Améliorer la connaissance des espéces et des
variétés reproductrices                                          Manque général de ressources humaines et financières.
                                                                 Le faible budget alloué à la gestion des réserves de chasse
L’amélioration des variétés d’arbres plus productives, plus      et des parcs nationaux a un impact négatif sur la population
résistantes et à croissance rapide a été identifiée comme        animale, en particulier les espèces menacées comme les
une priorité stratégique de la filière des PFNL. C’est ainsi     lions. Par exemple, seuls 15 agents forestiers sont chargés de
que des centres de recherche locaux et internationaux            surveiller 4 500 km2 de terres dans le parc national du W et la
tels que l’Institut national de l’environnement et de la         réserve faunique d’Arly, alors qu’il a été estimé qu’au moins
recherche (INERA) ont lancé des programmes dans ce               un agent par 5 km2 serait nécessaire pour gérer correcte-
sens. Mais il est très compliqué pour la recherche scien-        ment ces sites188. Cette situation favorise la propagation du
tifique de couvrir toutes les espèces existantes, compte         braconnage et la disparition du patrimoine faunique.
tenu de leur forte variabilité. Plusieurs entretiens ciblés
au sein du CNSF et de l’INERA ont révélé que plus de 200         Faible application de la réglementation. Une mauvaise
variétés indigènes de karité seraient présentes dans le          application de la réglementation relative à la chasse aux
pays, mais seule une douzaine a été décrite en détail.           trophées explique aussi les lacunes dans la gestion des
                                                                 ressources. Des incursions de chasseurs dans les zones
Le financement de nouveaux programmes de recherche               interdites sont parfois signalées, ainsi que des captures
est essentiel pour aider à préparer l’avenir de la filière. La   non autorisées d’espèces protégées ou des tableaux de
recherche dans la sélection et la reproduction des variétés      chasse dépassant les quotas, souvent en lien avec des
de karité doit principalement porter sur : i) la productivité,   faits de corruption. Par exemple, des chasseurs ayant
en fonction des principales utilisations du produit brut ;       abattu une lionne peuvent déclarer qu’il s’agissait plutôt
ii) la vitesse de maturation, pour réduire le temps entre la     d’un lion, avec la complicité de pisteurs, d’agents fores-
plantation et la récolte ; et iii) la résilience au changement   tiers et parfois même du concessionnaire de la réserve,
climatique.                                                      moyennant pots-­de-­vin. Le processus est identique quand
                                                                 le chasseur tue deux lions au lieu d’un189.


5.4.	 Défis et possibilités des secteurs                         Obsolescence de la réglementation relative aux tarifs
                                                                 de la chasse aux trophées et des safaris. Les faiblesses
de la biodiversité, de la chasse et du                           dans la gouvernance et l’application de la réglementa-
tourisme                                                         tion sont en partie causées par la modicité des revenus
                                                                 générés par le secteur, en particulier s’ils sont comparés
Bien qu’il soit contrarié par des problèmes sécuritaires,        avec ceux de l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe où la
le potentiel touristique du Burkina Faso doit encore être        faune est plus dense et bien protégée. Au Burkina Faso,
développé, d’autant plus que le pays combine plusieurs           les revenus provenant des permis liés au tourisme et à la
types d’activités touristiques tels que l’observation de la      chasse aux trophées ne couvrent pas le coût d’opportu-
faune sauvage, l’art et l’artisanat de renommée mondiale         nité, notamment pour les communautés locales. Ils sont
ou la découverte de sa richesse culturelle et son histoire. Le   par ailleurs nettement inférieurs aux prix de référence au
fort attachement culturel à la chasse artisanale, ainsi que le   niveau international.
pouvoir politique des groupes de chasseurs traditionnels,
sont des atouts qui peuvent soutenir les efforts de réduc-       188	 « Burkina Faso : Chasseurs et braconniers se taillent la peau du
tion du déboisement et de la disparition des forêts.             lion », Libération, 23 décembre 2018.
                                                                 189	Ibid.



                                                                                                                                         83
     5.4.2.	 Possibilités pour les secteurs                           mique pour le secteur de la préservation de la nature, qui
                                                                      serait adapté à la situation géographique et aux clients
     du tourisme et de la biodiversité et
                                                                      ciblés. Une analyse de marché pour mieux comprendre
     recommandations                                                  qui sont les clients potentiels et quelles sont les niches où
                                                                      le Burkina Faso pourrait développer sa réputation serait
     Modifier le cadre juridique pour favoriser un                    un tout premier pas vers l’augmentation de la contribution
     écotourisme durable et une chasse « éthique »                    du secteur du tourisme à la préservation de la nature. Une
                                                                      analyse de la chaîne de valeur serait également nécessaire
     Le Burkina Faso abrite une faune très riche, dispose de          pour identifier la marge de chaque segment (et chaque
     certains des meilleurs sites d’Afrique de l’Ouest et bénéfi-     groupe d’acteurs) et décider du mode de gouvernance du
     cie, en l’absence de crise terroriste, d’un réel potentiel qui   secteur, des mécanismes de partage des bénéfices et de la
     pourrait générer davantage de recettes pour le gouverne-         stratégie.
     ment, les communautés locales et les opérateurs privés.
                                                                      Développer des solutions de financement durable
     La viabilité de la chasse pourrait être assurée en augmen-
                                                                      pour le secteur du tourisme et de la chasse
     tant les tarifs des safaris de chasse et en gérant efficace-
     ment la production de viande provenant des concessions           Des ressources financières supplémentaires sont
     de chasse. Si le système de partage des bénéfices est            nécessaires pour limiter les activités illégales telles que
     correctement ajusté, une augmentation des recettes se            le braconnage ou la chasse abusive. La formation de
     traduirait par une augmentation des avantages pour les           nouveaux agents et la promotion de la professionnalisa-
     communautés riveraines des réserves de chasse ou des             tion des acteurs du secteur touristique sont aussi essen-
     parcs nationaux, ce qui pourrait permettre d’améliorer la        tielles pour stimuler l’écotourisme et la chasse durable.
     qualité et la protection des sites, et attirer ainsi plus de     Si les activités commerciales peuvent fournir une part
     touristes.                                                       significative de ces ressources pour rendre la gestion de
                                                                      la faune plus efficace, le système de conservation ne peut
     Mais une augmentation du prix des activités de chasse            reposer uniquement sur celles-­ci, en particulier dans un
     ou d’observation de la faune sauvage pourrait modifier le
                                                                      pays sensible aux chocs et où le tourisme connaît une
     profil des clients et nécessiterait de professionnaliser le
                                                                      forte instabilité.
     secteur, car elle mettrait le Burkina Faso en concurrence
     avec d’autres pays qui offrent des expériences similaires
                                                                      Des fonds fiduciaires importants ont été créés ailleurs
     en proposant déjà des services de qualité. Les profession-
                                                                      en Afrique, sont hébergés par des organismes de gestion
     nels du tourisme devraient également aménager et gérer
                                                                      d’actifs, et capables de fournir des financements constants
     durablement les sites de chasse et les gîtes, et améliorer
                                                                      et pérennes pour l’exploitation des parcs nationaux.
     leur accessibilité.
                                                                      La Fondation des savanes ouest-­africaines (FSOA)190 est un
     Le passage du modèle actuel à une situation où la stra-
                                                                      fonds fiduciaire pour l’environnement de la sous-­région de
     tégie consiste à rentabiliser les activités liées à la biodi-
                                                                      l’Afrique de l’Ouest qui finance des projets de préservation
     versité ne se limite pas à une révision de la tarification
                                                                      de la biodiversité ainsi que de protection et de gestion du
     des permis et du système de partage des avantages. Il
                                                                      patrimoine naturel. La Fondation a vocation à soutenir
     nécessiterait également plusieurs réformes du cadre
                                                                      financièrement la préservation et la gestion de l’ensemble
     législatif ainsi qu’une modification des arrangements
                                                                      du complexe transfrontalier W-­Arly-­Pendjari (WAP) consti-
     institutionnels afin de faciliter les partenariats avec des
                                                                      tué des parcs nationaux de Pendjari et du W au Bénin, et
     acteurs privés et de favoriser une approche plus axée
                                                                      des parcs nationaux d’Arly et du W au Burkina Faso (voir
     sur le marché et la qualité perçue pour rentabiliser
                                                                      carte 5.1).
     certains sites.

     Plus généralement, la mise en œuvre d’une telle stratégie
     nécessiterait l’élaboration d’un nouveau modèle écono-           190	 Voir www.fsoactf.org/en/


84
    Encadré 5.3.  Exemple d’étude pour approfondir l’analyse : Réviser la structure tarifaire afin de tirer un
    meilleur profit du secteur de la chasse

    Nécessité d’une évaluation plus juste des taux d’imposition, du coût des permis de chasse et des dispositifs de
    répartition des bénéfices

    Analyse des dépenses pour identifier les coûts et les besoins pour la gestion durable et la protection des zones de
    conservation de la faune

    Évaluation du coût d’opportunité pour les communautés locales, car les bénéfices qu’elles tirent des réserves de
    chasse ou de faune doivent constituer pour elles une incitation à collaborer à la protection des sites

    Examen des accords avec les communautés locales pour déterminer les voies et moyens d’accroître les bénéfices
    tirés du site de conservation

    Élaboration d’une stratégie d’amélioration de la qualité et d’augmentation des prix pour les consommateurs afin
    d’atteindre un niveau de qualité et de prix semblable au niveau de référence

    Négociations avec les opérateurs privés sur les mécanismes de partage des avantages et les modifications poten-
    tielles du cadre institutionnel (avec une agence ayant une vocation plus commerciale pour promouvoir la chasse
    durable et le tourisme éthique).




Carte 5.1.  Détail de la structure transfrontaliére du WAP




Source : Site internet de la Fondation des savanes ouest-­africaines (FSOA)


                                                                                                                          85
     La mise au point et le renforcement d’une telle initiative,     ressources cynégétiques et les différents services que les
     dont l’Office national des aires protégées (OFINAP) du          ZOVIC peuvent offrir ; iii) garantir le statut des ZOVIC et
     Burkina Faso est déjà partenaire, serait une excellente         leur finalité dans le cadre du Plan communal de dévelop-
     occasion de couvrir les coûts récurrents de la gestion          pement ; iv) identifier les dispositions fiscales et institu-
     du WAP.                                                         tionnelles qui garantiront que les ZOVIC fournissent des
                                                                     recettes aux communes ; à ce titre, elles devraient être
     Un diagnostic détaillé des limites et obstacles actuels         identifiées et incluses systématiquement dans le plan
     serait notamment nécessaire pour évaluer l’efficacité et la     communal de développement ; et v) renforcer la chaîne
     performance de la gestion actuelle des parcs et la néces-       de valeur pour assurer la distribution des produits issus
     sité de réformes structurelles.                                 des ZOVIC, en particulier le miel, qui peut représenter une
                                                                     contribution significative.
     Encourager la vulgarisation du systéme des ZOVIC
                                                                     Mieux intégrer les besoins de la biodiversité dans
     Les leçons tirées des premières ZOVIC soulignent que ce         les outils de planification de l’utilisation des
     modèle semble avoir de nombreux avantages. La ZOVIC             terres
     détermine la finalité et le rôle productif de la forêt et
     contribue à sécuriser les droits fonciers dès lors que les      S’il n’est pas durable, le développement des activités
     communes en acceptent le statut et que les dispositions         économiques humaines menace le secteur du tourisme
     foncières appropriées sont adoptées. En outre, elle favo-       et la biodiversité en général. La déforestation, l’expansion
     rise l’approvisionnement durable en viande de brousse et        de l’agriculture ou la présence humaine perturbent les
     contribue ainsi à la santé des villageois en améliorant leur    voies de passage des espèces migratrices, en particulier
     alimentation. Si la chasse est bien réglementée, elle peut      des éléphants. L’établissement de corridors pour assurer
     aussi fournir un habitat à un grand nombre d’animaux et         leur migration n’a pas été pris en compte dans la politique
     un abri aux espèces migratrices, en particulier les oiseaux,    nationale de la Direction générale du développement
     et parfois même aux grands mammifères comme les                 territorial (DGDT) qui devrait pourtant s’assurer que
     éléphants.                                                      chaque plan communal d’occupation des sols et chaque
                                                                     plan communal de développement incluent une disposi-
     Les leçons tirées des premières ZOVIC indiquent égale-          tion relative à des refuges de biodiversité.
     ment qu’en dehors de la viande de brousse, ces zones
     fournissent de multiples services. Elles sont généralement      Un cadre clair pour l’établissement de corridors de biodi-
     associées à la production de miel, à la culture de plantes      versité devrait donc être établi aux niveaux régional et
     médicinales traditionnelles et à des activités culturelles et   communal, en coordination avec les communes lors de
     sociales.                                                       l’élaboration de leur plan de développement.

     Les activités prioritaires de développement du modèle           Faute d’entreprendre de telles actions au niveau national,
     des ZOVIC pourraient consister à : i) fournir un appui pour     ou simplement de coordonner l’élaboration de plans
     développer des activités économiques pour compléter             d’occupation des terres aux niveaux national, régional et
     plus systématiquement la chasse, ainsi que des disposi-         communal, la perte de biodiversité pourra avoir un impact
     tifs de gouvernance qui assurent la gestion globale des         significatif sur les secteurs de l’écotourisme et de la chasse
     ZOVIC ; ii) élaborer des plans de gestion pour évaluer les      aux trophées.




86
     5.5.	 Synthèse des recommandations

     Gouvernance et régime foncier du secteur forestier

        FACTEURS                 DÉFIS                     RECOMMANDATIONS                                              EXEMPLES D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES

      Gouvernance      Manque de ressources         Augmenter les ressources dédiées         •	 Examen des dépenses publiques du secteur forestier basé sur le PNSR afin d’identifier
      du secteur       et faible intérêt des        au secteur forestier pour refléter sa       les sources de gains d’efficacité et évaluer les besoins.
      forestier        autorités pour les           contribution au PIB                      •	 Réforme de la fiscalité forestière et application d’une nouvelle taxe forestière
                       politiques relatives aux                                              •	 Renforcement des partenariats entre les communes et la DREEVCC
                       forêts
                                                    Mobiliser des ressources des fonds       •	 Développement d’un environnement propice aux programmes de réduction des
                                                    carbone                                     émissions avec l’assistance technique de la Banque.
                                                                                             •	 Mise en place de contrats d’achat de réduction d’émissions

                                                    Évaluer et réviser les principaux        •	 Révision de la politique forestière nationale
                                                    cadres de référence

                       Faibles capacités            Améliorer la qualité du personnel        •	 Mise à jour de la méthodologie de planification de la gestion forestière
                       techniques dans les          technique des services forestiers        •	 Investissement dans la mise en œuvre du plan triennal de formation du ministère
                       directions décentralisées                                             •	 Transformation de l’école nationale des eaux et forêts en un centre d’excellence

                       Transparence et lisibilité   Renforcer le partage d’information       •	 Recueil des plaintes relatives aux comportements des services forestiers
                       des politiques forestières   sur les politiques forestières           •	 Production de versions « faciles à comprendre » des lois forestières actuelles

      Déforestation    Faible participation         Associer davantage les communes          •	 Création de comités de gestion des forêts
      et               des communes à la            à la gouvernance forestière pour         •	 Fourniture d’outils de développement respectueux des forêts aux communes
      empiétement      gouvernance forestière       qu’elles tirent un meilleur profit de
      sur les forêts   et faibles avantages tirés   la ressource
                       de celle-­ci

                       Faible reconnaissance        Sécuriser les droits forestiers et les   •	 Enregistrement des forêts classées et mise à jour des données y relatives, sécurisation
                       officielle et peu de         limites des forêts conformément à           de leurs limites, actualisation des plans de gestion
                       respect des droits           la réglementation officielle et aux      •	 Immatriculation des forêts classées
                       fonciers traditionnels et    règles coutumières                       •	 Retrait des forêts classées du cadastre minier
                       informels
                                                                                             •	 Enregistrement de chartes foncières par les communes dans les forêts protégées

                                                    Limiter l’expansion de l’agriculture     •	 Promotion de pratiques de gestion des terres adaptées au changement climatique et
                                                                                                durables

                                                    Améliorer les politiques minières        •	 Établissement de normes d’exploitation minière artisanale respectueuses des forêts
                                                    afin de réduire l’impact des             •	 Mise à contribution des fonds de réhabilitation auprès du Fonds d’intervention pour
                                                    activités minières sur les forêts           l’environnement (FIE) et renforcement des dispositifs de gouvernance
                                                                                             •	 Évaluer le coût du déboisement et de la dégradation des forêts




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     Bois-­énergie

        FACTEURS                  DÉFIS                    RECOMMANDATIONS                                         EXEMPLES D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES

      Application      Système tarifaire obsolète     Réviser la structure tarifaire    •	 Réalisation d’une étude sur la fiscalité environnementale
      de la            pour le bois légal au niveau                                     •	 Révision de la politique forestière nationale
      réglementation   des sites de production                                          •	 Révision du Code forestier pour modifier les prix et réaménager le mécanisme de
      et de la loi     Faible degré d’application                                          partage des bénéfices pour y inclure les communes
                       de la réglementation                                             •	 Modification de l’organisation des bûcherons pour promouvoir leur professionnalisation

                       Niveau élevé d’exploitation    Réduire les avantages procurés    •	 évaluation des CAF des forêts protégées et utilisation du modèle des CAF adapté au
                       illégale de bois dans les      par le bois provenant de             contexte des forêts gérées par les communes
                       forêts non réglementées        sources illégales

      Obstacles        Absence d’une solution de      Améliorer l’efficacité            •	 Développement du secteur des foyers améliorés et passage au charbon de bois
      techniques       substitution pratique au       énergétique et réduire la         •	 Développement de biodigesteurs, de l’énergie solaire et du biochar
                       bois de chauffe                demande. Développer des
                                                      solutions de substitution au
                                                      bois de chauffe pour réduire la
                                                      demande

                       Réduction de la capacité de    Promouvoir la foresterie et les   •	 Promotion d’entreprises spécialisées dans le reboisement au niveau national (génie
                       production                     plantations privées                  forestier)
                                                                                        •	 Promotion d’arrangements avec le secteur bancaire pour améliorer l’accès au
                                                                                           financement et réduire les risques des investisseurs privés
     Produits forestiers non ligneux (PFNL)

         FACTEURS                        DÉFIS                              RECOMMANDATIONS                                                     EXEMPLES D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES

      Gouvernance            Manque d’investissements            Élargir la chaîne de valeur des PFNL               •	 Établissement d’un mécanisme de garantie des approvisionnements et de la
      de la filière          privés pour créer de la                                                                   qualité afin de réduire les risques pour les investisseurs
      des PFNL               valeur ajoutée                                                                         •	 Meilleure identification de la répartition géographique de la ressource

                             Défaut de                                                                              •	 Garantie de la qualité de bout en bout en créant des entités et des systèmes de
                             professionnalisation des                                                                  suivi ou de contrôle
                             filières traditionnelle et                                                             •	 Spécialisation régionale dans la promotion et la valorisation des PFNL
                             semi-­industrielle

                             Défaut de protection des            Garantir l’accès des femmes à la                   •	 Corrélation entre les plantations et l’obligation de garantir l’accès des femmes
                             ressources (parcs à karité)         ressource                                          •	 Évaluer la faisabilité d’un modèle de contrat garantissant l’accès au karité pour les
                                                                                                                       cueilleuses (projets d’appui avec expérimentation de différents dispositifs législatifs)

      Obstacles              Une ressource menacée               Planter ou régénérer d’urgence un                  •	 Établissement d’un modèle évolutif qui combine sécurité des droits fonciers,
      techniques                                                 grand nombre d’arbres à karité                        pépinières et droits d’accès sécurisés

                             Connaissance insuffisante           Améliorer la connaissance des espèces              •	 Soutien aux programmes de recherche pour développer des semences améliorées
                             de la ressource                     et des variétés productrices                          dans le cadre de programmes d’amélioration génétique


     Biodiversité, chasse et tourisme

         FACTEURS                        DÉFIS                              RECOMMANDATIONS                                                     EXEMPLES D’ACTIVITÉS PRIORITAIRES

      Gouvernance            Mauvaise gestion des                Modifier le cadre législatif pour favoriser        •	 Révision de la structure tarifaire afin de tirer plus de bénéfices du secteur de la
      du secteur             ressources et faible                l’écotourisme et la chasse « éthique »                chasse
                             application de la
                             réglementation dus à la             Mettre en place des solutions de                   •	 Consolidation du partenariat avec la Fondation des savanes ouest-­africaines
                             modicité des revenus                financement durables pour le secteur du
                                                                 tourisme ou de la chasse

                                                                 Encourager la vulgarisation du système             •	 Réalisation d’analyses approfondies sur le modèle des ZOVIC et la manière de les
                                                                 de ZOVIC                                              relier au régime fiscal communal

                                                                 Mieux intégrer les besoins de la                   •	 Élaboration d’un guide pour les communes afin d’inclure la nécessité d’établir des
                                                                 biodiversité dans les outils de                       corridors de migration de la faune dans les plans communaux de développement
                                                                 planification de l’utilisation des terres             et les plans locaux d’utilisation des terres


     Source : Auteurs, d’après le document intitulé « Eligibility Note for Access to the Prevention and Resilience Allocation for Burkina Faso » World Bank, 2020




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Photo: Andrea Borgarello / World Bank TerrAfrica
6	            CONCLUSION

Le Burkina Faso est un pays emblématique des défis inhé-         secteur de l’aménagement des forêts et des terres, cette
rents aux paysages sahéliens : un environnement parti-           Note sectorielle fait valoir que des investissements stra-
culièrement fragile, pauvre en ressources, mais pouvant          tégiques doivent être entrepris dans ce secteur pour
offrir de nombreux services à la population et à l’écono-        diminuer les émissions, réduire la pauvreté en milieu rural
mie lorsque le bon équilibre est établi entre les différentes    et assurer la gestion durable des ressources naturelles —
activités agrosylvopastorales. Ce modèle étant menacé,           notamment des forêts —, ce qui permettrait d’atténuer
principalement en raison de l’appauvrissement du sol, de         l’insécurité et les conflits relatifs à ces ressources.
l’effet du changement climatique sur le régime des préci-
pitations, de la pression démographique croissante, de la        Tenant compte de nombreux résultats de l’analyse secto-
désertification et récemment, des tensions politiques et         rielle visant à identifier les facteurs de déforestation ou
de l’insécurité, les conditions essentielles pour offrir ces     des recherches en vue de déterminer comment améliorer
services se dégradent rapidement.                                la gouvernance des ressources naturelles au Burkina
                                                                 Faso, cette Note sectorielle va étayer la Stratégie nationale
Le Sahel peut cependant s’appuyer sur son expérience             REDD+ qui devrait être approuvée en 2022.
séculaire dans la gestion intégrée des terroirs, expé-
rience qui a permis de définir et de mettre en œuvre des         Cette Note sectorielle a aussi vocation à servir de base
approches plurisectorielles favorables aux ressources            de référence pour orienter les différents partenaires
naturelles à long terme. Les interactions positives entre        vers une vision commune. Cette communauté de vues
l’agriculture, les activités forestières et le pastoralisme      est essentielle pour que le gouvernement et ses parte-
représentent une opportunité de combiner développe-              naires coordonnent plus étroitement leurs interven-
ment, stockage du carbone et adaptation au changement            tions et définissent un programme d’action commun
climatique, car à l’inverse d’autres zones écologiques, le       pour une meilleure gestion des ressources naturelles.
système agrosylvopastoral intégré peut, lorsqu’il est appli-     Elle est ­fondamentale pour attirer les investissements
qué correctement, générer un cercle vertueux dans lequel         massifs dont le secteur a besoin, et permettrait de poser
la protection de la nature et l’action de développement se       les bases d’un programme d’investissement en faveur
renforcent mutuellement. D’où la volonté de définir des          de la réduction des émissions, qui est susceptible de
politiques qui visent un triple objectif : réduire la pauvreté   recevoir des fonds publics et d’attirer des investisseurs
tout en s’adaptant au changement climatique et en atté-          carbone.
nuant les effets de ce dernier.
                                                                 Ainsi, à court terme, cette Note vise à susciter un dialogue
Dans une approche de promotion de systèmes appropriés            au sein de l’administration et entre les autorités nationales
de gestion intégrée des terroirs, le pays s’est engagé dans      et la Banque mondiale afin de concevoir de nouvelles
des initiatives de promotion d’une agriculture intelligente      opérations dans le cadre du programme de travail de la
face au climat et de la REDD+ en vue de créer un environ-        Banque mondiale approuvé pour la période 2022–2025.
nement propice à l’adaptation des systèmes agrosylvopas-         Elle devrait aussi informer le plan national de dévelop-
toraux et d’accroître ses performances dans ce domaine.          pement stratégique en cours d’élaboration ainsi que la
Cet objectif stratégique est à l’origine de la décision d’ad-    ­Stratégie nationale REDD+.
hérer au Fonds de partenariat pour le carbone forestier
(FCPF).                                                          À plus long terme, il est prévu que la présente Note soit
                                                                 communiquée aux partenaires afin de servir à la fois de
La présente Note sectorielle s’inscrit dans cette approche.      plan stratégique commun pour les bailleurs de fonds et
En soulignant les tendances et défis actuels dans le             de document de référence pouvant mener à l’élaboration



                                                                                                                                 91
     d’un programme national d’investissement en faveur            pourrait notamment ouvrir la voie à un investissement
     de la réduction des émissions. Associé à une vision           important du Fonds vert pour le climat et favoriser un
     commune entre le gouvernement et ses partenaires de           accès plus substantiel aux financements climatiques,
     la société civile, du secteur privé, de la recherche et des   lesquels sont essentiels à la préservation des forêts et
     organismes d’aide au développement, ce programme              des terroirs du Burkina Faso.




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