RAPPORT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU SÉNÉGAL POUR UNE CROISSANCE DURABLE ET RÉSILIENTE: Renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux suite à la pandémie Avril 2022 RAPPORT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU SÉNÉGAL POUR UNE CROISSANCE DURABLE ET RÉSILIENTE: Renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux suite à la pandémie Avril 2022 Avis de non-responsabilité: Ce volume est un produit du personnel de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale. Les résultats, interprétations et conclusions exprimés dans ce document ne reflètent pas nécessairement les opinions des administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données incluses dans cet ouvrage. 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Le rapport commence par un chapitre sur les développements économiques récents, les perspectives à moyen terme et les risques. Il comprend des sections sur la croissance, la politique budgétaire, la dette publique, le secteur extérieur, les évolutions monétaires et l’inflation. Le deuxième chapitre se concentre sur les écosystèmes entrepreneuriaux au Sénégal et discute de l’impact de la pandémie de COVID-19 dans le secteur privé et des possibilités de cibler les écosystèmes à fort potentiel dans la phase de reprise pour stimuler la productivité globale. Remerciements Ce rapport sur la situation économique a été préparée par le pôle d’expertise Macroéconomie, Commerce et Investissement sous la direction de Nathan M. Belete (Directeur Pays, AWCF1), Theo David Thomas (Practice Manager, EAWM1) et Luc Lecuit (Operations Manager, AWCF1). L’effort global a été dirigé par Alexandre Henry (économiste, EAWM1). Le premier chapitre a été rédigé par Alexandre Henry (économiste, EAWM1) et Maria Elkhdari (économiste ETC, EAWM1), avec les contributions de Patrick McCartney (économiste, EAWM1) Jose Daniel Reyes (économiste principal, EAWM1), Mahamady Ouedraogo (consultant, EAWM1), Mahugnon Stanislas Cedric Deguenonvo (consultant ETC, EAEM2) et Nicholas Edward William Woolley (consultant, EAWM1). Le deuxième chapitre a été préparé par Marcio Cruz (économiste principal, ETIMT), Jesica Torres (économiste, ETIFE) et Trang Tran (économiste principal, ETIIC). Des contributions supplémentaires ont été apportées par Jose-Daniel Reyes (économiste principal, EAWM1), Santiago Reyes Ortega (consultant ET, ETIFE), Alexandre Henry (économiste, EAWM1), Sarah Hebous (consultante, ETIMT), Mark Dutz (économiste principal, AFECE), Meriem Ait Ali Slimane (spécialiste principale du secteur privé, EAWF1) et Laurent Gonnet (spécialiste principal du secteur financier, EAWF1). L’équipe est particulièrement reconnaissante à Ibrahima Tall (Statisticien) et Insa Sadio (Chef du Bureau des Statistiques des Entreprises) de l’ANSD pour leur collaboration à la préparation des données du Recensement Général des Entreprises utilisées dans l’analyse. Maude Jean-Baptiste (Assistante de programme, EAWM1), Aji Oumie Jallow (Assistante d’équipe, AWMGM), et Micky O. Ananth (Analyste des opérations, EAWM1) ont fourni une assistance administrative et opérationnelle utile. Anatol Ursu (consultant) a contribué au design du rapport. Le rapport a bénéficié des commentaires d’Ernest John Sergenti (économiste principal, EAWM1), Urbain Thierry Yogo (économiste principal, EAWM1), Felix Oppong (Economist, EAWM1), Edouard Al Dahdah (coordinateur secteur, EAWDR) et de Theo Thomas (manager sectoriel, EAWM1). Les relecteurs étaient Leo Iacovone (économiste principal), Gabriel Roberto Zaourak (économiste) et Toni Kristian Eliasz (spécialiste principal du secteur privé). 5 Rapport sur la situation économique au Sénégal Table des Matières Acronymes et abréviations 9 Résumé exécutif 11 Chapitre 1. Développements récents et perspectives économiques 12 Chapitre 2. Transformer une crise en opportunité: Renforcer les écosystèmes d’entrepreneuriat au lendemain de la pandémie 15 Partie 1 - L’état de l’économie 19 A. Développements économiques récents 20 A.1. Secteur réel 20 A.2. Dynamique budgétaire et de la dette 26 A.3. Balance des paiements 30 A.4. Politique monétaire et inflation 33 B. Perspectives et analyse des risques 34 Partie 2 - Focus thématique: Renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux suite à la pandémie de COVID-19 41 A. Le choc COVID-19 sur le secteur privé 43 B. Écosystèmes entrepreneuriaux stratégiques 48 C. Le rôle des écosystèmes stratégiques dans le soutien de la reprise 54 D. Propositions de politiques pour le court terme et soutenir la reprise 62 Bibliographie 68 Liste des Tableaux Tableau 1: Entreprises et emplois dans les écosystèmes de qualité multiple, de qualité simple et potentiels (Fraction du total dans le recensement des établissements) 53 Tableau 2: Ventes par travailleur et par établissement dans les écosystèmes multiqualité, mono-qualité et potentiels 55 Tableau 3: Effet de COVID-19 sur les ventes en ligne au Sénégal 59 Tableau 4: Résumé des options de politiques publiques visant à soutenir les entreprises et les écosystèmes entrepreneuriaux 67 Liste des Figures Figure 1: Croissance du PIB réel 21 Figure 2: PIB par habitant (US$) 21 Figure E1: Nombre de cas journaliers de COVID-19 22 Figure E2: Répartition des cas COVID-19 (en date du 15 Mars 2022) 22 Figure E3: Le taux de vaccination reste inférieur par rapport aux pays Africains 23 Figure E4: Les sénégalais sont moins enclins à se faire vacciner contre le COVID-19 23 Figure E5: ...notamment parce qu’ils ne font pas confiance au gouvernement pour garantir la sécurité du vaccin 23 Figure 3: Côté demande: Contribution à la croissance 24 Figure 4: Côté offre: Contribution à la croissance 25 Figure 5: Résumé des opérations budgétaires (en pourcentage du PIB) 27 Figure 6: Recouvrement des impôts (en pourcentage du PIB) 27 Figure 7: Décomposition des dépenses publiques (en pourcentage du PIB) 28 Figure 8: Évolution de la dette publique 29 Figure 9: Indice de diversification des exportations 31 Figure 10: Composition des exportations (Mds FCFA) 32 Figure 11: Composition des importations (Mds FCFA) 32 Figure 12: Taux d’inflation (moyenne de l’IPC - %) 34 Figure 13a: Croissance à moyen terme (côté offre) 35 Figure 13b: Croissance à moyen terme (côté demande) 35 Figure 14: Balance fiscale (2020-2024) 37 Figure 15: Dette publique PIB (2017-2024) 37 Figure 16: Effets structurels de la pandémie de COVID-19 43 Figure 17: Effets de la pandémie sur les ventes pendant les 30 jours précédant l’entretien par rapport à la même période en 2019. 44 Figure 18: Probabilité de chocs d’offre et probabilité de tomber dans les arriérés de paiement 45 Figure 19: Effet du COVID-19 sur les emplois 46 Figure 20: Ecosystèmes d’entrepreneuriat dans l’agrobusiness 51 Figure 21: Écosystèmes entrepreneuriaux dans le tourisme, le commerce de détail, la manufacture et les services 52 Figure 22: Ecosystèmes d’entrepreneuriat numérique au Sénégal 57 Figure 23: Part des entreprises déclarant commencer à utiliser ou augmenter leur utilisation du Technologies digitales 58 Figure 24: Adoption de solutions numériques et performance de l’entreprise 60 Acronymes et Abréviations Acronyme en Acronyme en Signification en français anglais français ADEPME ADEPME Agence de Développement et d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises ANSD ANSD Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie BCEAO BCEAO Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest BOAD BOAD Banque Ouest-Africaine de Développement BPS BPS Enquête de conjoncture CAPEX CAPEX Dépenses d’Investissement DER/FJ DER/FJ La Délégation Générale à l'Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes DSSI ISSD Initiative de Suspension du Service de la Dette DGID DGID Direction Générale des Impôts et des Domaines CPI IPC Indice des Prix à la Consommation FDI IDE Investissement Direct Etranger IMF FMI Fonds Monétaire International RGE RGE Recensement Général des Entreprises ERP ERP logiciel de Enterprise Resource Planning MSME MPME Micro, Petites et Moyennes Entreprises GDP PIB Produit Intérieur Brut SME PME Petites et Moyennes Entreprises MTRS SRMT Stratégie de Mobilisation des Recettes à Moyen Terme PAP2A PAP2A Plan d’Actions Prioritaires Ajusté et Accéléré ppt ppt points de pourcentage PPP PPP Partenariat Public-Privé PRES PRES Programme de résilience économique et sociale ICT TIC Technologie de l'Information et de la Communication UNCTAD CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement VAT TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée LMICs PRFI Pays à Revenu Faible ou Intermédiaire WEAMU UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine Y/Y Y/Y En glissement annuel RÉSUMÉ EXÉCUTIF Ce rapport sur la situation économique au Sénégal se concentre sur la manière de renforcer l’écosystème entrepreneurial pour soutenir la reprise économique, en optimisant la contribution du secteur privé à la croissance à moyen terme. Le chapitre 1 présente les récents développements macroéconomiques. Il décrit les moteurs de la reprise économique observée en 2021 tout en soulignant sa fragilité, notamment dans le contexte de tensions géopolitiques accentuées. Le chapitre 2 explique l’impact de la COVID-19 sur l’écosystème entrepreneurial du Sénégal et se penche sur la façon de renforcer les liens géographiques, sectoriels et verticaux entre les entrepreneurs afin de maximiser leur contribution à la croissance économique à moyen terme. Chapitre 1. Développements récents et perspectives économiques La croissance a rebondi La croissance du PIB a significativement accéléré en 2021. Elle est estimée à vigoureusement en 2021 6,1% (3,3% pour le PIB par habitant), tirée par la reprise de la consommation tandis que les pressions privée et de l’investissement. En conséquence de la hausse de la demande, inflationnistes se sont l’inflation a atteint 2,2% en 2021, alors que les prix moyens de la composante accentuées vers la fin de alimentaires ont légèrement reculé. Cette baisse s’explique par la bonne l’année production agricole 2020-2021 qui a permis d’alimenter les marchés locaux et de limiter la hausse des prix au premier semestre de 2021. Toutefois, à partir de juillet 2021, les pressions inflationnistes se sont intensifiées, notamment dans le domaine de produits alimentaires et de l’énergie. La crise du COVID-19 a À la suite du choc de la COVID-19 sur la croissance, on estime l’incidence ralenti le recul de la de la pauvreté à 34% en 2020-2021 réduisant les progrès réalisés depuis pauvreté au Sénégal 2011, notamment dans les zones urbaines, où se concentrent les activités de services. Cependant, l’écart de pauvreté s’est davantage détérioré dans les zones rurales, ce qui suggère que parmi les personnes touchées, ce sont les pauvres des zones rurales qui ont le plus souffert. Rapport sur la situation économique au Sénégal 12 Les plans de réponse à la crise du COVID-19 ont aggravé les déséquilibres Le déficit budgétaire est budgétaires préexistants. Après un déficit à 6,4% du PIB pendant la resté élevé pour une 2ème première année de l’épidémie, il est resté quasiment inchangé en 2021, année consécutive en 2021 à 6,3% du PIB. Les principaux facteurs ont été les plans de riposte liés à la pandémie de COVID-19 comprenant des subventions, combinés aux restrictions nationales et mondiales qui ont impacté l’activité économique et les recettes de l’Etat. L’effet de répercussion de la hausse des prix internationaux du pétrole L’endettement public s’est sur les tarifs énergétiques nationaux au cours de la période 2020-2021 significativement accru a également entraîné d’importantes subventions budgétaires, mettant depuis 2019 en exergue l’importance de la gestion des risques budgétaires et des évaluations annuelles dans le cadre du processus budgétaire. Ces dépenses combinées aux plans de riposte dans un contexte de faible pression fiscale a pesé sur la dette, qui s’élève à 72,5% du PIB en 2021, augmentant de près de 10 points de pourcentage du PIB depuis 2019. En 2021, le déficit du compte courant s’est creusé passant à 11,8% du Les pressions extérieures PIB contre 10,9% du PIB en 2020. Cette détérioration s’explique par une ont continué à augmenter hausse du déficit commercial. Malgré une augmentation des exportations en 2021, avec des soutenue par l’or, l’acide phosphorique et les activités de ré-exportations, importations en hausse notamment de produits pétroliers, les importations ont augmenté plus rapidement. Ces dernières ont notamment été tirée par une hausse de la facture des importations de pétrole et l’augmentation des importations de biens intermédiaires dans un contexte de reprise économiques. Le déficit de la balance commerciale a été principalement financé par de forts investissements directs étrangers (IDE) liés aux hydrocarbures et par l’émission d’Eurobonds au mois de juin 2021. Le taux de croissance est estimé à 4,4% en 2022. Côté offre, la croissance En 2022, le rebond de sera tirée par les performances du secteur agricole et minier, et dans une l’économie devrait ralentir moindre mesure par la poursuite du rebond dans le secteur des services. dans un contexte de Du côté de la demande, la consommation privée devrait moins contribuer tensions géopolitiques que prévu, suite aux conséquences de l’inflation, mais les investissements privés, notamment dans le secteur minier contribueront à soutenir la croissance. À cause des tensions géopolitiques mondiales, les pressions inflationnistes devraient s’accentuer en 2022 atteignant 3,8%. Les prix de l’énergie et des denrées agricoles, qui connaissaient une augmentation préalable au conflit, devraient connaître une nouvelle accélération. À moyen terme, la croissance devrait être fortement stimulée par le début de la production d’hydrocarbures pour atteindre, en moyenne, 9,5% sur la période 2023-2024. 13 Rapport sur la situation économique au Sénégal La position extérieure Le déficit de la balance courante (dons compris) devrait s’élever à 12,7% devrait se détériorer en du PIB en 2022. Les causes principales sont l’augmentation significative 2022 avant de rebondir à du prix des importations des produits pétroliers et la poursuite des moyen terme investissements dans le secteur en construction des hydrocarbures. Les revenus additionnels issus de l’exploitation des mines d’or permetteront de compenser cette tendance. Toutefois, dès lors que la production d’hydrocarbures sera mise en service, les pressions sur la balance courante s’atténueront avec la hausse des exportations et la baisse des importations liées au secteur extractif. Une accentuation des tensions géopolitiques, l’extension de la zone d’instabilité sécuritaire depuis le Sahel et la poursuite de sanctions économiques vis-à-vis de pays voisins instables politiquement représentent des risques pour l’amélioration de la balance commerciale. La poursuite d’une politique Les pressions budgétaires resteront élevées en 2022 avec un déficit estimé fiscale expansionniste à 6,8% du PIB. Dans le contexte inflationniste présent depuis la fin de accentuera les pressions sur l’année 2021, la continuité d’une politique fiscale expansionniste devait le budget en 2022 permettre de soutenir les ménages face à l’augmentation des prix. Le conflit en Ukraine a accéléré cette tendance, notamment sur les prix des produits pétroliers et des biens alimentaires. Des mesures supplémentaires pour faire face à cette situation pourraient creuser le déficit public à 6,8% du PIB en 2022, contre 6,3% en 2021. Les recettes fiscales qui étaient en deçà de leur niveau de 2019 ces deux dernières années devraient retrouver leur tendance à la hausse à partir de 2022. Le stock de dette publique devrait atteindre 73,1% du PIB en 2022 avant de diminuer progressivement. L’analyse de viabilité de la dette conjointe de la Banque mondiale et du FMI publiée en janvier 2022 a conclu que le risque de surendettement reste modéré au Sénégal, avec une capacité limitée à faire face à un choc sur le court terme. Les perspectives sont Le contexte du conflit russo-ukrainien et ses évolutions au cours de l’année très incertaines, avec 2022 introduit des incertitudes majeures concernant les prix de l’énergie, des risques de baisse des denrées alimentaires et des restrictions commerciales. Les plans de substantielle liés aux riposte à ce choc extérieur, visant à soutenir les ménages, représente un tensions géopolitiques risque budgétaire pour le Sénégal. De surcroit, un resserrement plus rapide qu’anticipé de la politique monétaire des banques centrales états-unienne et européenne pourrait détériorer les conditions de refinancement sur les marchés internationaux. Enfin, le Sénégal est exposé à l’érosion côtière et aux chocs climatiques (inondations, sécheresses et risques sanitaires associés) qui pourraient impacter la productivité agricole ou le secteur du tourisme. Rapport sur la situation économique au Sénégal 14 Chapitre 2. Transformer une crise en opportunité: Renforcer les écosystèmes d’entrepreneuriat au lendemain de la pandémie Les restrictions de mobilité, les perturbations globales des chaînes de La pandémie de COVID-19 valeur, le ralentissement de l’activité économique mondiale, les chocs a considérablement potentiels de liquidité et l’augmentation de l’incertitude qui ont caractérisé affecté le secteur privé, la pandémie de COVID-19 menacent la survie de nombreuses entreprises ce qui pourrait réduire sa et une grande partie des emplois du secteur privé à travers le monde. Au contribution à la croissance Sénégal, de nombreuses activités économiques vulnérables à l’impact à moyen terme direct de ces chocs font partie de chaînes de valeur critiques (par exemple, le tourisme et l’agro-industrie). Deux cycles d’une enquête sur le pouls des entreprises misent en œuvre par la Banque mondiale en avril et décembre 2020 suggèrent que la plupart des entreprises ont connu des réductions des ventes, des heures travaillées, de la demande de leurs produits et services, de leur trésorerie et de la disponibilité des biens intermédiaires. Les mesures adoptées par le secteur privé pour répondre aux défis du L’après-crise est une COVID-19 pourraient favoriser la réaffectation efficace des facteurs de opportunité d’accroître production. De plus elles peuvent également accroître la productivité la productivité dans des sectorielle en incitant les entreprises à adopter des technologies plus secteurs clés avancées (par exemple, dans l’agroalimentaire et le tourisme) et en stimulant l’innovation, notamment dans les secteurs moins exposés au choc (par exemple, les services numériques). Les écosystèmes sont au centre de l’habilitation des entrepreneurs à Mieux comprendre être productifs, ouvrant un nouvel angle à la politique stratégique de la les écosystèmes croissance. L’activité économique est souvent corrélée dans l’espace et entrepreneuriaux permet de les chocs subis par certaines entreprises dans certains endroits pourraient mieux éclairer l’allocation perturber de manière significative l’ensemble de la chaîne de valeur de ressources publiques par des effets d’entraînement. Les chocs subis par les agglomérations pour les soutenir d’entreprises à fort potentiel pourraient être particulièrement coûteux pour la productivité, ralentissant considérablement la reprise de l’économie. Le repérage des schémas d’agglomération peut permettre d’identifier la contagion potentielle des chocs et contribuer à éclairer l’allocation des ressources publiques. 15 Rapport sur la situation économique au Sénégal Les politiques publiques ont Les politiques qui soutiennent l’adoption de technologies et tirent parti du un rôle à jouer pour révéler potentiel des écosystèmes entrepreneuriaux locaux pendant la pandémie le potentiel de l’écosystème de COVID-19 sont essentielles pour favoriser une reprise rapide. Les entrepreneurial entrepreneurs utilisent leur talent pour combiner des machines et des équipements, des travailleurs et des biens intermédiaires afin de produire et de vendre des biens finaux sur les marchés. Ce processus se déroule dans un écosystème, un lieu géographique (commune, région ou pays) où les acteurs concernés sont interconnectés et qui se caractérise par la densité, la variété et la qualité des apports et des résultats de l’entrepreneuriat. Identifier le potentiel des écosystèmes locaux au Sénégal et profiter des gains d’efficacité associés aux économies d’agglomération pour soutenir la mise à niveau technologique pourrait stimuler considérablement la reprise économique à moyen et long terme. Les entreprises ayant Les entreprises ne se contentent pas d’adopter mais augmentent intensifié leur utilisation de également l’intensité d’utilisation des technologies numériques, les nouvelles technologies ont premiers adoptants au début du choc COVID-19 ayant affiché une reprise connu un rebond plus rapide plus rapide. Près de 32% des entreprises qui vendent sur des plateformes numériques au Sénégal ont signalé une augmentation des ventes en ligne en avril 2020. Les résultats montrent que les entreprises au Sénégal utilisent les technologies numériques de manière plus intensive, ce qui constitue un signal encourageant quant à l’accélération potentielle de la diffusion des technologies numériques. Dans l’ensemble, la Bien que les mesures sanitaires les plus restrictives aient été levées, pandémie a été un l’incertitude quant à l’apparition de nouvelles infections, tant au niveau catalyseur pour une local que mondial, persistera dans un avenir prévisible. Par conséquent, adoption et une diffusion les entreprises sont obligées de s’adapter à cette nouvelle réalité en plus rapide des technologies cherchant de nouveaux moyens d’atteindre les clients et les fournisseurs. numériques Les solutions numériques ont été l’un des principaux moyens d’adaptation des entreprises dans le monde. Au Sénégal, les entreprises adoptent les technologies numériques à un rythme sans précédent, notamment dans le secteur manufacturier. En plus d’améliorer potentiellement la productivité des entreprises de tous les secteurs grâce à l’adoption de technologies, cette tendance peut également être synonyme de nouvelles opportunités pour l’entrepreneuriat numérique, qui a le potentiel de jouer un rôle de catalyseur en innovant pour soutenir les entreprises de tous les secteurs de l’économie. Rapport sur la situation économique au Sénégal 16 17 Rapport sur la situation économique au Sénégal PARTIE 1 L’état de l’économie A. Développements économiques récents À l’échelle mondiale, Après avoir enregistré une forte récession en 2020 à cause du COVID-19, l’année 2021 était marquée la croissance mondiale a connu un rebond atteignant 5,5% en 2021, la par le relâchement des reprise post-récession la plus forte depuis 80 ans. Le relâchement des restrictions sanitaires et la restrictions liées au COVID-19 dans de nombreux pays et l’accélération des reprise économique taux de vaccination ont contribué à une forte croissance de la demande. La reprise de la croissance mondiale a bénéficié à l’économie sénégalaise, notamment avec le rebond de la demande dans ses principaux partenaires commerciaux, l’Europe et la Chine. Cependant, les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont pesé sur l’activité mondiale au second semestre de 2021 menant l’inflation moyenne à 3,9% dans les économies avancées et à 5,9% dans les pays émergents et en développement. A.1. Secteur réel En 2021, le rebond de la En 2021, la croissance a rebondi pour atteindre 6,1% (3,3% en PIB par croissance au Sénégal habitant) comparé à 1,3% en 2020. Du côté de la demande, la croissance a indique un fort potentiel été tirée par la forte reprise de la consommation privée et de l’investissement mais l’économie reste suite au relâchement des mesures de confinement. La consommation et fragile l’investissement privés ont respectivement cru de 6% et de 7,9% en 2021, comparé à des croissances de 2,2% et 1,7% respectivement en 2020. Les exportations nettes ont connu une amélioration bénéficiant de la reprise de la demande mondiale et de la hausse de la production extractive et manufacturière de 32,3% et 13% respectivement. Du côté de l’offre, la production industrielle et les services ont enregistré une forte croissance de 10,9% et de 5,7% respectivement tandis que l’agriculture a connu une contraction de 1% après une croissance record, de 12,8%, en 2020. Rapport sur la situation économique au Sénégal 20 La croissance du Sénégal s’est située dans la moyenne de la croissance de Le Sénégal a connu une ses pairs structurels (Figures 1 et 2). Le Sénégal a enregistré une croissance croissance comparable à moyenne de 5,5% entre 2015 et 2021 comparé à une moyenne de 5,2% ses pairs structurels dans les pays pairs structurels. Cependant, cette évolution comparable n’est pas suffisante pour permettre de combler l’écart en termes du PIB par habitant, notamment avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, puisque le Sénégal continue d’avoir un PIB par tête plus faible (Figure 2). Figure 1: Croissance du PIB réel Figure 2: PIB par habitant (US$) 14 2500 12 10 2000 8 6 1500 4 2 0 1000 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Cote d’Ivoire Cameroun Ghana Senegal Source: Banque mondiale 21 Rapport sur la situation économique au Sénégal Encadré 1. La pandémie de COVID-19 au Sénégal La pandémie de la COVID-19 a été un choc sanitaire et économique sans précédent qui s’est propagé dans le monde entier en un temps record. Depuis le début de la pandémie, le nombre de cas et de décès dus à la COVID-19 a été relativement faible par rapport à la tendance mondiale, Dakar étant l’épicentre de la pandémie avec plus de 47,3% des cas en mars 2022 (Figure E2) Cependant, comme la plupart des pays, le Sénégal a été touché par la troisième et la quatrième vagues liées à la propagation des variants Delta (en juillet-août 2021) et Omicron (en décembre 2021). Après avoir atteint un maximum de 1722 cas le 18 juillet 2021, le nombre de cas par jour a baissé pour se situer à une moyenne de 7 cas par jour en mars 2022. Le gouvernement, en collaboration avec des institutions internationales comme l’OMS et l’UNICEF, a mené une multitude de campagnes de communication et de sensibilisation à la vaccination contre la COVID tout en assurant un bon approvisionnement qui a permis de rendre disponible le vaccin dans tout le pays. Cependant, la vaccination n’a pas été très rapide puisque, au 15 mars 2022, seulement 6,1% de la population est complètement vaccinée (ayant reçu deux doses de vaccin) comparé à une moyenne de 12,7% en Afrique (Figure E3). Ce taux s’explique par une plus grande réticence de la population sénégalaise comparé aux autres pays de l’Afrique de l’Ouest vis-à-vis des vaccins comme le démontre l’enquête Afro baromètre (2021). En effet, selon les résultats de l’enquête, 83% de la population ne ferait pas confiance au gouvernement pour assurer la qualité des vaccins et 64% assureraient ne pas vouloir se vacciner. Figure E1: Nombre de cas journaliers de COVID-19 2000 1600 1200 800 400 0 2 mars, 2020 2 avril, 2020 2 mai, 2020 2 juin, 2020 2 juillet, 2020 2 août, 2020 2 septembre, 2020 2 octobre, 2020 2 novembre, 2020 2 décembre, 2020 2 janvier, 2021 2 février, 2021 2 mars, 2021 2 avril, 2021 2 mai, 2021 2 juin, 2021 2 juillet, 2021 2 août, 2021 2 septembre, 2021 2 octobre, 2021 2 novembre, 2021 2 décembre, 2021 2 janvier, 2022 2 février, 2022 2 mars, 2022 Figure E2: Répartition des cas COVID-19 (en date du 15 Mars 2022) Dakar Ouest Rufisque Kaolack Touba Diamniadio Tivaouane Matam Kédougou Fatick Dahra Bignona Ousouye Linguère Thiadiaye kébémer Dianke Makha 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 Source: Ourworldindata et calculs des auteurs Rapport sur la situation économique au Sénégal 22 Figure E3: Le taux de vaccination reste inférieur par rapport aux pays Africains 70 60 50 40 30 20 10 0 Maroc Cap-Vert Mozambique Afrique du Sud Ethiopie Côte d’Ivoire Afrique Togo Zambie Sénégal Burkina Faso Nigeria Source: Ministère de la santé et calculs des auteurs Figure E4: Les sénégalais sont moins enclins Figure E5: ...notamment parce qu’ils ne font pas confiance à se faire vacciner contre le COVID-19 au gouvernement pour garantir la sécurité du vaccin Sénégal 64 15 12 9 Sénégal 83.5 15 Liberia 49 17 18 16 Liberia 78 20 Niger 44 14 17 25 Togo 62 37 Togo 34 17 24 26 Benin 61 39 Benin 27 21 26 25 Niger 56 42 Moyenne 44 17 19 20 Moyenne 68 31 0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 Très peu probable Assez peu probable Pas du tout/Peu Assez/Beaucoup Assez probable Très probable Source: Afro baromètre 2021. La question suivante a été Source: Afro baromètre 2021. La question suivante a été posée posée aux personnes interrogées: Dans quelle mesure aux personnes interrogées: Si un vaccin contre le COVID-19 est faites-vous confiance au gouvernement pour garantir que disponible et que le gouvernement déclare qu’il est sûr, dans quelle tout vaccin contre le COVID-19 développé ou proposé aux mesure allez-vous essayer de vous faire vacciner? citoyens est sûr avant d’être utilisé dans ce pays ? 23 Rapport sur la situation économique au Sénégal Le secteur primaire s’est Après avoir permis de maintenir une croissance positive en 2020, le secteur contracté en 2021 avec la agricole s’est contracté de 1% en 2021. La contribution du secteur agricole baisse de la pêche à la croissance totale est ainsi passé de 1,9 points de pourcentage (ppt) en 2020 à -0,1 ppt en 2021. Cette contraction est imputable à la baisse moyenne de la pêche de 13,9% (notamment la pêche industrielle) et de l’élevage de 3,8%. S’agissant de la pêche, le mauvais résultat noté en 2021 est dû à la contraction des débarquements en raison d’une baisse des efforts de pêche et une rareté progressive de certaines espèces. Finalement, le recul enregistré de l’élevage s’explique par des perturbations des chaînes d’approvisionnement à partir du Mali, de l’ampleur grandissante des abattages clandestins et du prix relativement élevé de la viande sur la période. Tandis que l’industrie Le secteur industriel a été un moteur important de la croissance en 2021 a bénéficié d’un regain contribuant à 2,5 ppt à la croissance en 2021 contre une contribution d’activité important négative de 0,1 en 2020, le secteur ayant été négativement affecté par la crise du COVID-19. La reprise a été forte, tirée par la forte hausse de la production de l’industrie extractive (+32,3%). En effet, la production d’or et de phosphate ont crû respectivement de 66,1% et 18,8%, tirée par une expansion des capacités de production et la hausse des prix internationaux. De même, l’expansion de la fabrication de produits alimentaires, les textiles, le cuir travaillé, les minéraux et les industries électroniques a soutenu la production manufacturière qui a crû de 13% entre 2020 et 2021. Figure 3: Côté demande: Contribution à la croissance 7.4 9 6.4 6.4 6.2 6.1 1.3 4.6 6 3 0 -3 -6 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Exportations nettes Consommation publique Consommation privée Investissement brut en capital fixe PIB Source: Banque mondiale Rapport sur la situation économique au Sénégal 24 Figure 4: Côté offre: Contribution à la croissance 10 7.4 6.4 6.4 6.2 6.1 8 4.6 6 4 1.3 2 0 -2 -4 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Impôts nets Industrie Agriculture Services PIB Source: Banque mondiale Du côté des services, le relâchement des mesures de confinement, la Le relâchement des réouverture des frontières et des commerces ont permis de redynamiser mesures de confinement le secteur. Le secteur a fortement contribué à la reprise économique en ont permis de redynamiser 2021 avec une contribution de 2,9 ppt contre -0,1 ppt en 2020. En effet, le secteur des services le rebond de la demande privée a soutenu les activités commerciales et immobilières qui ont enregistré une hausse de 4,1% et 4,2% respectivement. Tandis que le relâchement des mesures de confinement a permis la reprise des activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives qui ont quant à elles enregistré une forte hausse de 63,8%. Après avoir été fortement ralenti par la pandémie, avec une contraction du Deux ans après le début trafic aérien de 55% en moyenne entre 2019 et 2020, le tourisme a entamé de la pandémie, l’activité une lente reprise depuis juillet 2020. Bien que le nombre de passagers par touristique reste timide jour reste inférieur au niveau pré-pandémie avec une moyenne de 163,000 passagers par mois en 2021 comparé à une moyenne de 219,000 passagers par mois en 2019, le trafic aérien a enregistré une hausse moyenne de 66% entre 2020 et 2021. La chute du tourisme a mis en évidence la vulnérabilité du secteur aux chocs extérieurs et les effets d’entraînement qu’il peut y avoir sur les secteurs qui y sont liés comme le transport, l’hôtellerie et la restauration. 25 Rapport sur la situation économique au Sénégal A.2. Dynamique budgétaire et dette Les plans socio- En 2021, le déficit budgétaire est resté détérioré pour une deuxième année économiques de réponse consécutive. Après un déficit de 6,4% du PIB en 2020, il est resté quasiment à la pandémie étendus inchangé en 2021, à 6,3% du PIB. Les principaux facteurs ont été les plans à 2021 ont continué à de riposte liés à la pandémie de COVID-19 comprenant des subventions exercer de fortes pressions directes, combinés aux restrictions nationales et globales qui ont impacté budgétaires l’activité économique et les revenus de l’Etat. L’augmentation non anticipée des prix des produits pétroliers importés au deuxième semestre 2021 a entraîné d’importantes subventions budgétaires pour maintenir des prix fixes aux consommateurs finaux. Alors qu’en 2020, la forte augmentation des dépenses avait été en partie compensée par une forte mobilisation des donateurs, ces appuis se sont normalisés en 2021. Rapport sur la situation économique au Sénégal 26 Figure 5: Résumé des opérations budgétaires (en pourcentage du PIB) 25 20 Montant (% de PIB) 15 15.7 17.2 16.6 14.5 10 6.4 6.3 17.6 16.8 16.9 15.4 3.6 3.9 5 8.0 8.5 9.3 9.2 0 2018 2019 2020 2021e Recettes fiscales Dons Recettes non fiscales Dépenses courantes CAPEX Déficit budgétaire Source: Banque mondiale Les recettes fiscales n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise en 2021, Le recouvrement des en s’établissant à 16,9% du PIB, contre 17,6% du PIB en 2019. Les deux impôts en 2021 a été principales sources d’impôts en 2021 étaient les taxes intérieures sur les inférieur à celui de 2019 biens et services et les impôts directs, représentant respectivement 50% en termes de part du PIB, et 33% des impôts collectés. Les recettes fiscales ont été revues à la reflétant l’impact de la crise hausse en cours de l’année dû au contexte de bonne reprise économique, des bonnes performances de la régie des douanes et du fruit des efforts en matière de mobilisation des ressources intérieures. Après des apports en dons exceptionnels en 2020 où ils représentaient un total de 2,3% du PIB, ils se sont normalisés en 2021 à 0,8% du PIB. Figure 6: Recouvrement des impôts (en pourcentage du PIB) 20 0.3 0.2 0.3 15 0.8 0.3 2.7 2.4 2.6 2.2 2.2 5.5 5.4 5.6 10 5.0 5.0 17.6 16.8 16.9 15.4 15.4 5 7.4 7.9 9.1 8.7 8.4 0 2017 2018 2019 2020 2021e Taxes sur les biens et services Impôts directs Taxes sur le commerce Autres taxes Source: Banque mondiale 27 Rapport sur la situation économique au Sénégal La réduction progressive En 2021, les dépenses courantes étaient de 16,6% du PIB, en diminution par des plans de riposte à la rapport à 2020 où elles s’élevaient à 17.2% du PIB mais toujours légèrement pandémie a légèrement au-dessus de leur niveau d’avant-crise (15,7% du PIB). L’augmentation diminué la pression sur les des dépenses récurrentes depuis 2020 s’explique par les mesures dépenses courantes en d’endiguement de la pandémie, l’augmentation des salaires, l’embauche 2021, mais les dépenses de nouveaux personnels de santé et les subventions aux secteurs touchés. d’investissement sont L’augmentation des subventions, en hausse de 2017 à 2020, est un autre restées élevées facteur structurant des dépenses courantes. Même si les subventions ont marqué un ralentissement en 2021, elles ont été plus importantes que prévues dans le domaine de l’énergie dues à l’augmentation des cours du pétrole lors de la deuxième moitié de l’année 2021. Côté dépenses d’investissement, elles sont restées au-dessus de leur niveau d’avant-crise en 2020 et en 2021 (respectivement 9,3 et 9,2% du PIB). Elles témoignent de la volonté de soutien à l’activité économique en période de crise, ainsi que la poursuite des investissements dans le secteur des hydrocarbures. Figure 7: Décomposition des dépenses publiques (en pourcentage du PIB) 25 4.1 4.8 4.3 2.0 3.7 20 2.3 2.0 3.3 1.4 2.4 2.2 Montant (% de PIB) 1.0 2.1 2.0 15 1.9 2.0 26.6 25.7 24.2 5.7 5.9 5.3 22.4 5.3 10 5 9.3 8.5 9.2 8.0 0 2018 2019 2020 2021e CAPEX Salaires Intérêts Transferts Biens et services Autres dépenses Source: Banque mondiale Rapport sur la situation économique au Sénégal 28 Au cours de l’année 2021, le financement du déficit a été réalisé par un mix Le financement du déficit de financement concessionnel, de financement commercial (émissions public a été mixte, avec de EUR 775m d’Eurobonds en juin 2021) et d’émissions d’obligations sur un apport de financement le marché régional. Par contre, lors de la première année de la pandémie, commercial dans un le déficit inattendu a été presque entièrement financé par des ressources contexte de conditions de externes concessionnelles, incluant le programme Rapid Credit Facility/ marché favorables Rapid Financing Instrument (RCF/RCI) du FMI, représentant 1,9% du PIB, décaissé en avril 2020 (442 millions de dollars, 100% de la quote-part), les appuis budgétaires de la Banque mondiale et d’autres donateurs qui ont représenté au total 1,2% du PIB. Figure 8: Évolution de la dette publique a) Évolution de la dette publique b) Évolution de l’endettement et du déficit public 80 10 72.5 67.8 61.1 61.5 63.1 8 60 6 4 40 2 0 20 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 -2 -4 0 -3.0 2017 2018 2019 2020 2021e -3.7 -3.3 -3.7 -6 -3.9 -8 -6.4 -6.3 Dette totale (% PIB) Dette publique intérieure (% PIB) Changement du stock de dette (y/y %) Dette publique extérieure (% PIB) Deficit budgétaire (% PIB) Source: Banque mondiale 29 Rapport sur la situation économique au Sénégal Le niveau total L’augmentation récente de la dette publique demeure une source d’endettement a cru en importante de risques, bien que certains aspects du portefeuille de la dette 2021 mais la qualité du publique se soient améliorés en 2021. À 72,5% de ratio du PIB en 2021, la portefeuille s’est améliorée dette publique totale a augmenté de près de 10 ppt du PIB depuis 2019, en partie du fait des plans de riposte face à la pandémie. Les paiements au titre du service de la dette extérieure restent élevés puisqu’ils représentent environ 23% des exportations et 17% des recettes de l’État de 2021. Du point de vue de l’endettement extérieur, l’émission d’Eurobonds en juin 2021 (EUR 775m) a accru la dette extérieure. Cependant, en profitant de meilleures conditions de marché, elle a servi à assurer le préfinancement d’investissements dans le domaine des hydrocarbures tout en restructurant le portefeuille, par le rachat des euro-obligations existantes, notamment libellée en dollars US. Cette opération de reprofilage a permis de lisser le calendrier de paiement au titre du service de la dette extérieure ainsi que de réduire les risques liés aux fluctuations du taux de change vis-à-vis du dollar. Du point de vue de l’endettement intérieur, l’allocation de DTS (1,7% du PIB au total) a augmenté la dette du secteur public, mais à des conditions très concessionnelles. L’analyse de viabilité de la dette de janvier 2022, montre que le Sénégal continue de présenter un risque modéré de surendettement extérieur et global, avec une marge limitée pour absorber les chocs à court terme. A.3. Balance des paiements Le Sénégal bénéficie d’une Le Sénégal dispose d’une base d’exportation de biens relativement large, base d’exportation plus dominée par les huiles et combustibles minéraux, les poissons et crustacés, diversifiée que ses pairs les pierres et métaux précieux et semi-précieux, ainsi que les produits chimiques organiques et inorganiques. Les exportations de services sont dominées par les services de transport, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et le tourisme, qui est caractérisé par une certaine saisonnalité au cours de l’année. Bien que les exportations soient plus diversifiées que chez ses pairs structurels, avec un indice de diversification moyen de 0,76 sur les cinq dernières années (versus 0,79 chez les pairs) l’indice a augmenté en 2015 et 2020 de 0,73 à 0,76 reflétant une baisse de la diversification. Rapport sur la situation économique au Sénégal 30 Sur le plan géographique, l’Afrique de l’Ouest reçoit en moyenne 37,4% Les pays d’Afrique de des exportations annuelles. Le Mali représente à lui seul environ 20,1% des l’Ouest, notamment le Mali exportations, bien que cette part soit en baisse depuis 2019 en raison de et la Côte d’Ivoire, sont l’instabilité politique et sécuritaire. Par ailleurs, l’impact de l’embargo sur les principaux partenaires le commerce avec le Mali imposé en début d’année par la CEDEAO a été commerciaux du Sénégal atténué par le fait que les produits pétroliers, qui représentent près de 50% des exportations du Sénégal vers le Mali, ont été exclus de l’embargo. En 2021, le déficit du compte courant s’est creusé passant à 11,8% du PIB Les déséquilibres externes contre 10,9% du PIB en 2020. Cette détérioration s’explique par une hausse ont été maintenus en 2021, du déficit commercial qui est passé de 18,6% du PIB en 2020 à 19,3% du malgré une hausse des PIB en 2021 reflétant une progression des exportations de biens et services exportations (+1,5 pp du PIB) moins prononcée que celle des importations (+2,3 pp du PIB). Bénéficiant d’une évolution des prix favorable, les principaux contributeurs à l’augmentation des exportations sont l’or non monétaire, les produits alimentaires, l’acide phosphorique, et les produits pétroliers raffinés. Quant aux importations, l’augmentation est due en grande partie à la hausse de la facture des importations de pétrole et de produits alimentaires de 22% et 7% respectivement entre 2020 et 2021. Ces deux catégories totalisent à elles seules 34% des importations en 2021. Figure 9: Indice de diversification des exportations 0.90 0.85 0.80 0.75 0.70 0.65 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Benin Côte d’Ivoire Ghana Senegal Source: UNCTAD 31 Rapport sur la situation économique au Sénégal Figure 10: Composition des exportations (Mds FCFA) Figure 11: Composition des importations (Mds FCFA) 3000 5000 2500 4000 2000 3000 1500 2000 1000 1000 500 0 0 2020 2021 2020 2021 Autres produits Ciment hydraulique Produits pharmaceutiques Métaux communs Produits pétroliers Acide phosphorique Véhicules, matériel Machines, appareils transp. & pièces & moteurs détachées auto Or non monétaire Produits alimentaires Produits pétroliers Produits alimentaires Total Autres produits Total Source: ANSD Les entrées de capitaux Les crédits extérieurs et les investissements directs étrangers (IDEs) ont internationaux et la dette continué à être une source importante de financement du déficit. Les ont contribué à financer le IDEs, notamment dans l’industrie extractive, et les investissements de déficit du compte courant portefeuille sont les principales sources de financement du déficit de la balance courante, couvrant en moyenne 80,1% du déficit entre 2019 et 2021. En 2021, avec la reprise des investissements liées aux projets gaziers et pétroliers, qui ont été reportés en 2020 à cause de la crise du COVID-19, les IDEs ont enregistré une hausse de 0,7 ppt du PIB, atteignant 7,8% du PIB. Après une importante contribution de l’aide financière internationale en 2020, l’émission d’un Eurobond de EUR 775 millions en juin 2021 dans un contexte de conditions favorables sur les marchés internationaux a significativement contribué au financement du déficit de la balance courante. Enfin, les transferts de la diaspora (une source importante de ressources) ont augmenté pour atteindre 9,8% du PIB en 2021 contre 9% du PIB en 2019 et 2020, limitant la hausse du déficit de la balance courante. Rapport sur la situation économique au Sénégal 32 A.4. Politique monétaire et inflation La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) coordonne Les pressions les politiques monétaires et de change et maintient une parité fixe entre inflationnistes pré- le franc CFA et l’euro. En 2021, l’inflation a décéléré à 2,2% en moyenne existantes se sont annuelle (Figure 12), alors que les prix de la composante alimentaire ont intensifiées avec les légèrement reculé, contribuant à 1,4 ppt en 2021 contre 1,6 ppt en 2020. conséquences Cette baisse s’explique par la bonne production agricole 2020-2021 qui du conflit en Ukraine a permis d’alimenter les marchés locaux et de ralentir la hausse des prix au premier semestre de 2021. Toutefois, depuis la fin de l’année 2021, les pressions inflationnistes se sont intensifiées, notamment dans le domaine de l’agriculture, de l’alimentaire et de l’énergie. Les causes sous-jacentes de cette inflation étaient alors les perspectives de reprise économique dans les pays à haut revenus en lien avec leur bonne couverture vaccinale contre le COVID-19, la plus forte demande pour le transport de marchandises, notamment maritime, ainsi que la hausse du cours du dollar. Le conflit en Ukraine a accéléré cette tendance avec une forte augmentation des prix des produits alimentaires, qu’ils soient locaux ou importés, et une augmentation du prix des produits pétroliers à l’échelle globale. Fin février 2022, l’inflation s’élevait à 6,5% en glissement annuel. 33 Rapport sur la situation économique au Sénégal Figure 12: Taux d’inflation (moyenne de l’IPC - %) 7 6 5 4 3 2 1 0 Jan-20 Feb-20 Mar-20 Apr-20 May-20 Jun-20 Jul-20 Aug-20 Sep-20 Oct-20 Nov-20 Dec-20 Jan-21 Feb-21 Mar-21 Apr-21 May-21 Jun-21 Jul-21 Aug-21 Sep-21 Oct-21 Nov-21 Dec-21 Jan-22 Feb-22 -1 Produits alimentaires et boissons non alcoolisées Produits non alimentaires IPC Source: ANSD Le secteur financier est La reprise économique de 2021 a permis de relancer les activités bancaires. resté résilient pendant la Au cours des huit premiers mois de 2021, les prêts bancaires ont augmenté période 2020-2021 de 3,6% contre 1,5% en 2020. De plus, la part des prêts non performant s’est amélioré en passant de 13,3% fin décembre 2020 à 12,9% fin août 2021. Néanmoins, le système bancaire reste vulnérable vis-à-vis de la concentration de ses prêts à un nombre limité de grandes entreprises, au détriment d’un financement plus diversifié de PME. B. Perspectives et analyse des risques Le rebond de l’économie Le taux de croissance est estimé à 4,4% en 2022. Cette décélération par devrait ralentir dans un rapport à l’année précédente s’explique par une baisse de la consommation contexte de pressions privée et de l’investissement privé, négativement affectés par la hausse des inflationnistes et de prix induite par le conflit russo-ukrainien. La croissance devrait cependant tensions en lien avec le être maintenue par une accélération de la consommation publique pour conflit en Ukraine soutenir l’économie et des développements positifs dans le secteur minier, qui devraient booster la production extractive, notamment avec la découverte de nouvelles mines d’or et de phosphate (dont les perspectives de prix ont été récemment revus à la hausse). Les investissements seront soutenus par la finalisation des projets Sangomar et GTA, associés aux hydrocarbures. Rapport sur la situation économique au Sénégal 34 Figure 13a: Croissance à moyen terme (côté offre) Figure 13b: Croissance à moyen terme (côté demande) 10.6 10.6 12 12 8.5 8.5 9 6.1 9 1.3 6.1 4.6 4.4 4.6 4.4 6 6 1.3 1.3 3 3 0 0 -3 -3 -6 2019 2020 2021 2022p 2023p 2024p -6 2019 2020 2021 2022p 2023p 2024p Agriculture Industrie PIB Consommation privée Consommation publique PIB Services Impôts nets Investissement brut en capital fixe Exportations nettes Source: Banque mondiale Le déficit de la balance courante (dons compris) se détériorera à 12,7% du En 2022, les pressions PIB en 2022. Bien que les exportations vers la Russie et l’Ukraine soient extérieures persisteront limités, l’augmentation induite du prix des importations des produit en raison de la hausse alimentaires et pétroliers et les investissements dans le secteur des des prix mondiaux due au hydrocarbures devraient fortement contribuer à la détérioration du solde conflit en Ukraine, ainsi commercial. En 2022, le Sénégal reste un importateur net d’hydrocarbures. que des importations en Le surcoût seul lié à l’augmentation du prix du pétrole sur les marchés capital liées au secteur des internationaux pourrait s’élever à près de 2% du PIB sur la balance hydrocarbures commerciale. Toutefois, les exportations d’or (environ 15% des exportations totales) et de phosphate (environ 6% des exportations totales) devraient bénéficier d’une hausse de la production combinée à une augmentation des prix sur les marchés internationaux, atténuant les pressions négatives sur la balance commerciale. À moyen terme, dès lors que la production d’hydrocarbures sera mise en Les pressions sur la balance service, la pression sur la balance courante s’atténuera sensiblement grâce externe s’atténueront aux surplus d’exportation. Le déficit de la balance courante devrait diminuer à moyen terme dès le de deux tiers par rapport aux années précédentes pour atteindre 4,8% du début de la production PIB en 2024. Il n’en reste pas moins que l’extension de la zone d’instabilité d’hydrocarbures sécuritaire depuis le Sahel, la poursuite de sanctions économiques vis-à- vis de pays voisins, notamment le Mali (principal partenaire commercial du Sénégal), ou le retard dans l’exploitation d’hydrocarbures représentent des risques pour l’amélioration de la balance commerciale. 35 Rapport sur la situation économique au Sénégal L’atténuation prévue des Les recettes fiscales, qui n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise, à pressions budgétaires est 16,9% du PIB en 2021 (versus 17,6% en 2019), devraient toutefois progresser mise en péril par les impacts dès 2022 à 18,2% du PIB, tiré par les revenus des taxes sur les biens et les du conflit en Ukraine, services. Cette hausse sera toutefois contrebalancée par la suspension des malgré les efforts de droits de douanes sur l’huile, le riz et le sucre pour limiter la hausse des prix mobilisation des recettes de ces denrées alimentaires. Le coût estimé de cette mesure est d’environ visant à reconstituer 0,4% du PIB. Les dons devraient soutenir le revenu de l’État en passant de l’espace budgétaire 0,9% du PIB en 2021 à 1,8% du PIB en 2022 avant de se stabiliser autour de 1,5% du PIB à partir de 2023. À moyen terme, la stratégie de mobilisation des recettes structure les évolutions à venir. Elle prévoit notamment l’élargissement de l’assiette, la lutte contre l’évasion fiscale, la réduction des dépenses fiscales par un ciblage plus équitable, et l’optimisation du fonctionnement des régies. L’ensemble de ces mesures visent à atteindre l’objectif de convergence de 20% du PIB fixé dans le cadre de la zone monétaire UEMOA. Les mesures de soutien aux Afin de limiter l’impact sur les ménages des conséquences des tensions ménages en 2022 devraient géopolitiques, dans un contexte inflationniste pré-existant, la politique peser sur le déficit, dans fiscale pourrait devenir plus expansionniste en 2022. Au-delà des mesures un contexte d’espace fiscales visant à encadrer le prix de certaines denrées de bases, les dépenses budgétaire réduit courantes inattendues, notamment une hausse des subventions des prix du carburant, vont peser sur le déficit public, qui devrait atteindre 6,8% du PIB. En effet, en faisant l’hypothèse que le prix moyen du baril de pétrole soit 20 dollars US supérieurs aux prévisions établies lors de la préparation du budget et que les importations pétrolières en volumes prévues en 2022 restent inchangées, le surcoût lié aux subventions pétrolières est estimé à environ 2% du PIB. Même si les dépenses publiques en investissement s’ajustent au cours de l’année, ces pressions inattendues viendront s’ajouter aux dépenses additionnelles liées aux augmentations salariales des enseignants décidées en février 2022, estimées à 0,6% du PIB. Après un creusement à Sur le moyen terme, alors que l’espace budgétaire devrait se reconstruire 6,8% du PIB en 2022, grâce à une meilleure mobilisation des ressources intérieures et grâce aux le déficit public devrait taxes liées à la production d’hydrocarbures, le déficit budgétaire se réduira se réduire grâce à une progressivement à 3% du PIB d’ici 2025. Les dépenses en investissement meilleure mobilisation reprendront progressivement leur tendance initiale, représentant environ des ressources, libérant 10% du PIB sur la période 2023-2024. Elles se concentreront sur la de l’espace fiscal pour les transformation structurelle de l’économie, le développement du capital investissements humain et le renforcement des institutions. Rapport sur la situation économique au Sénégal 36 La stratégie d’endettement à moyen terme prévoit de privilégier le Après une augmentation financement concessionnel ou semi-concessionnel avec les partenaires à 73,1% du PIB en multilatéraux. La stratégie envisage également de limiter progressivement 2022, le stock de dette la part de la dette externe en augmentant la part de financement sur le public devrait décliner marché régional de l’Union Monétaire Ouest-Africaine, libellé en francs CFA. progressivement Sur le plus long terme, et lorsque les conditions deviendront plus favorables, les émissions d’Eurobonds représenteront une part grandissante du financement alors que le Sénégal accédera au marché plus régulièrement. Figure 14: Balance fiscale (2020-2024) Figure 15: Évolution de la dette publique 28 0 80 72.5 73.1 67.8 69.7 64.5 21 -2 60 14 -4 40 7 -6 20 0 -8 0 2020 2021 2022p 2023p 2024p 2020 2021e 2022p 2023p 2024p Revenus (% PIB) Dépenses (% PIB) Dette totale (% PIB) Dette publique intérieure (% PIB) Déficit Fiscal (%PIB) Dette publique extérieure (% PIB) Source: Calculs et prévisions du staff de la banque mondiale Les pressions inflationnistes devraient s’accentuer en 2022 suite aux L’inflation devrait conséquences du conflit russo-ukrainien et des tensions géopolitiques nettement s’accélérer mondiales. Les prix de l’énergie et des denrées agricoles, qui connaissaient en 2022 une augmentation préalable au conflit, devraient connaître une nouvelle augmentation. L’inflation devrait par conséquent atteindre 4,5% en 2022 avant de diminuer progressivement vers son point d’équilibre de long terme à 2% une fois que les tensions géopolitiques s’atténueront. 37 Rapport sur la situation économique au Sénégal Les perspectives restent Le contexte du conflit russo-ukrainien et ses évolutions au cours de l’année incertaines, avec des 2022 introduit des incertitudes majeures concernant les perspectives de risques liés au contexte croissance au Sénégal. À court terme, c’est à travers les prix des denrées de géopolitique base que l’impact du conflit devrait se faire ressentir. Des prix plus élevés du pétrole et des denrées agricoles (notamment les céréales comme le blé), viendront s’ajouter au contexte inflationniste, notamment sur les prix de la nourriture, que connaît le pays depuis fin 2021. Des prix de transport plus élevés et des difficultés d’approvisionnement pour les matériaux de construction pourraient affecter les secteurs du transport et de la construction, notamment via le port et les activités de réexportation avec les pays voisins. Le resserrement plus rapide Les banques centrales occidentales, engagées dans une stratégie de des politiques monétaires resserrement de la politique monétaire, pourraient accélérer le rythme aux USA et en Europe prévu d’augmentation de leur taux directeur pour lutter contre les rendrait plus difficile le pressions inflationnistes. Par conséquent, la fuite de capitaux des pays financement des déficits émergents vers les pays à hauts revenus pourrait détériorer les conditions de refinancement sur les marchés internationaux. Ces tensions seraient d’autant plus problématiques dans un contexte d’aggravation du déficit du compte courant alors que les importations se renchérissent et que les activités de réexportations souffrent de restrictions commerciales avec certains pays voisins. Les perspectives sont Le Sénégal est également exposé à l’érosion côtière et aux chocs également soumises à climatiques (inondations, sécheresses et risques sanitaires associés). d’autres types de risques: Ceux-ci pourraient avoir un impact négatif sur des secteurs clés tels que budgétaires, climatiques le tourisme et réduire la productivité agricole. De surcroît, les enjeux liés et sanitaires à la sécurité intérieure et à l’expansion de la menace djihadiste depuis les frontières de l’est pourraient différer les investissements et réduire les activités dans ces zones rurales. Enfin, l’apparition d’un nouveau variant de COVID-19 pourrait imposer de nouvelles restrictions régionales et globales, pesant sur les activités économiques au Sénégal. Du point de vue du risque budgétaire, une augmentation significative des dépenses pour faire face aux conséquences du conflit russo-ukrainien, notamment liée à l’augmentation du prix des produits de base, pourrait creuser le déficit, à un niveau déjà très élevé suite aux plans de réponse au COVID-19. Rapport sur la situation économique au Sénégal 38 39 Rapport sur la situation économique au Sénégal PARTIE 2 Focus thématique: Renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux suite à la pandémie de COVID-19 La pandémie de COVID-19 Les restrictions et les obligations de distanciation, les perturbations au a perturbé le secteur niveau des chaînes de valeur internationales, le ralentissement de l’activité privé avec des effets économique mondiale, les chocs potentiels de liquidité et l’augmentation potentiellement de long de l’incertitude qui ont caractérisé la pandémie de COVID-19 menacent terme la survie de nombreuses entreprises et une grande partie des emplois du secteur privé à travers le monde (Apedo et al. 2020, Cirera et. al. 2021). Au Sénégal, de nombreuses activités économiques vulnérables à ces chocs font partie de chaînes de valeur critiques comme le tourisme et l’agrobusiness. La pandémie pourrait réduire les perspectives pour l’entreprenariat et l’innovation, ce qui pourrait encore aggraver les défis structurels à la création d’emplois soutenables et durables. Mieux comprendre Les activités économiques sont souvent interdépendantes dans plusieurs le développement de zones géographiques, ainsi un choc sur une certaine zone peut avoir un clusters d’entreprises peut impact sur l’ensemble de la chaîne de valeurs. Les chocs subis par des clusters éclairer les décisions de d’entreprises à fort potentiel pourraient être particulièrement coûteux pour politiques publiques pour la productivité globale et remettre en cause la reprise économique. Mieux soutenir la reprise comprendre les mécanismes de développement de clusters d’entreprises peut permettre d’identifier les canaux de transmission suite à un choc externe, et ainsi mieux aiguiller l’allocation de ressources publiques. Les politiques qui Les entrepreneurs utilisent leurs talents pour produire des biens finaux soutiennent l’adoption vendus sur le marché en combinant des facteurs de productions que sont de technologies dans les équipements, le travail et les biens de consommations intermédiaires. des écosystèmes Ce processus de production se déroule dans un environnement, un espace entrepreneuriaux géographique (commune, région ou pays) qui se caractérise par la densité, la spécifiques sont variété et la qualité des apports d’un réseau d’acteurs interdépendants. Les essentielles pour soutenir la écosystèmes stratégiques d’entreprenariat sont des clusters d’entreprises reprise économique qui ont un potentiel de croissance significative au sein d’une industrie ou d’une chaîne de valeur. L’identification de politiques spécifiques qui pourraient soutenir ces écosystèmes au Sénégal pendant la période post- pandémique pourrait stimuler significativement la reprise économique à moyen et à long terme. Rapport sur la situation économique au Sénégal 42 A. Le choc COVID-19 sur le secteur privé Un secteur privé très dynamique, où les barrières à l’entrée et à la sortie L’impact de la pandémie sont réduites, où les opportunités d’affaires se multiplient et où les sur les industries clés entreprises améliorent constamment leur technologie, nécessite de pourrait avoir des solides capacités de gestion, un goût du risque et un accès aux marchés conséquences durables sur (facteurs de demande); des facteurs de production de haute qualité la transformation à long (facteurs d’offre); et la suppression des obstacles à l’approvisionnement en terme intrants. Ces obstacles comprennent l’accès insuffisant au financement, les contraintes réglementaires et les obstacles culturels peu favorables à l’esprit d’entreprise comme la peur de l’échec. La pandémie de COVID-19 a ébranlé les piliers déjà fragiles du secteur privé au Sénégal (Figure 16). Il se peut qu’elle ait poussé des entreprises autrement viables à fermer réduisant ainsi les perspectives de création et d’expansion d’entreprises, de mise à niveau technologique, de création d’emplois décents pour répondre à l’offre croissante de main-d’œuvre. Figure 16: Effets structurels de la pandémie de COVID-19 Note: Les facteurs surlignés en rouge dans la deuxième colonne sont ceux qui sont les plus susceptibles d’être affectés par le choc COVID-19 tel que décrit dans la première colonne. Source: Élaboration des auteurs sur la base de la Banque mondiale, 2020 43 Rapport sur la situation économique au Sénégal Le COVID-19 a eu un Les deux vagues de l’enquête sur les conditions des entreprises (Business impact négatif sur Pulse Survey en anglais) conduites par la Banque mondiale en avril 2020 et l’économie réelle en décembre 2020 indiquent que la plupart des entreprises au Sénégal ont connu des réductions des ventes, des heures travaillées, de leur trésorerie et de la disponibilité des intrants.1 La baisse des ventes en La première vague de l’enquête a révélé que 90% des entreprises ont 2020 a été importante connu une baisse des ventes entre mars et avril 2020 par rapport à la et persistante, avec une même période en 2019 (Figure 16), avec une réduction estimée des ventes amélioration progressive de 47%. Bien que la baisse soit très hétérogène, allant de 90% pour les 10% d’entreprises les moins performantes à aucun impact pour les 10% d’entreprises les plus performantes, quelques entreprises ayant même connu une augmentation de leurs ventes. La baisse concerne tous les secteurs d’activités, toutes les régions, les entreprises de toute taille et de tout âge. La situation était meilleure lors de la deuxième vague de l’enquête; une plus grande part des entreprises ont déclaré que leurs ventes avaient augmenté ou étaient restées inchangés entre novembre et décembre 2020 par rapport à la même période en 2019.2 Figure 17: Effets de la pandémie sur les ventes pendant les 30 jours précédant l’entretien par rapport à la même période en 2019. a) Part des entreprises qui ont connu une augmentation b) Variation moyenne des ventes ou une diminution de leurs ventes dans les différents secteurs Agriculture Manufacturing Retail Other Services 100 0 90 80 76 -15 60 -30 -21 40 -45 -31 -41 -38 -46 20 13 -60 11 -53 5 6 -57 -58 0 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 W1 W2 W1 W2 W1 W2 W1 W2 Increase Remain the same Decrease Note: Résultats basés sur la variation des ventes au cours des 30 derniers jours par rapport à la même période en 2019.*/ Effet marginal issu d’une régression linéaire de la variation déclarée des ventes sur des variables muettes pour la taille, et le secteur. Les calculs utilisent des poids d’échantillonnage. Source: Enquêtes de conjoncture de la Banque mondiale 1. Environ 500 entretiens téléphoniques ont été réalisés lors de la première vague de l’enquête BPS, en avril 2020, et de la deuxième vague, en décembre 2020. Cet échantillon est représentatif de l’univers des entreprises formelles et informelles de 5 salariés ou plus selon le Recensement Général des Entreprises (RGE), le dernier recensement des établissements réalisé par l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD). L’échantillon est stratifié selon la taille, le secteur, la région et le statut formel 2. Ces résultats sont également cohérents avec une enquête menée par l’ADEPME en août 2020, qui a révélé qu’environ 90% des PME ont été affectées négativement par le choc COVID-19. (ADEPME, 2020) Rapport sur la situation économique au Sénégal 44 Au début de la crise, la différence de l’impact du choc sur les ventes n’était La reprise des ventes a été pas marquées entre les secteurs, la réduction moyenne étant importante lente dans certains secteurs dans l’agriculture, la manufacture et les services. Entre novembre et décembre 2020, les entreprises de l’agriculture ont obtenu des résultats relativement meilleurs, mais ont tout de même connu des réductions importantes de leurs ventes par rapport à la même période en 2019 (Figure 17). En revanche, alors que les petites entreprises ont connu des réductions nettement plus importantes de leurs ventes au début de la crise (près de 20 points de pourcentage de plus que la baisse subie par les moyennes et grandes entreprises), il n’y a pas eu de différences significatives suivant la taille lors de la deuxième vague de l’enquête.3 Malgré la lenteur de la reprise en 2020 par rapport au début de la pandémie, Les entreprises ont environ 30% des entreprises de la deuxième vague de l’enquête ont encore continué à signaler des déclaré avoir dû annuler des commandes en raison d’un manque d’intrants. perturbations de la chaîne Ces perturbations ont surtout touché le secteur des services (Partie a de la d’approvisionnement et Figure 18). En outre, une fraction importante des entreprises était menacée des risques importants d’insolvabilité: 72% des entreprises ont déclaré des impayées de dettes, d’insolvabilité 51% ont dû restructurer leurs conditions de remboursement et 60% ont accumulé des arriérés ou s’attendaient à en accumuler au cours des six mois suivants. Ces risques sont particulièrement importants dans le secteur manufacturier (Partie b de la Figure 18). Figure 18: Probabilité de chocs d’offre et probabilité de tomber dans les arriérés de paiement a) Probabilité d’annulation des ordres de déclaration. b) Probabilité de tomber dans les arriérés. Différences entre les secteurs Différences entre les secteurs 42 Probability of failling in arrears 50 80 72 34 64 51 57 40 25 60 Probability 30 17 40 20 20 10 0 0 Agriculture Manufacturing Retail Other Services Agriculture Manufacturing Retail Other Services Note: Effet marginal d’une régression probit pondérée contrôlant la taille et le secteur. Les calculs utilisent des poids d’échantillonnage. Source: Enquêtes de conjoncture de la Banque mondiale 3. Cirera et. al. (2020) et Cruz et. al. (2021) résument les principaux résultats du BPS au Sénégal. 45 Rapport sur la situation économique au Sénégal La réaction initiale de Au début de la crise, 57% des entreprises ont réduit le nombre d’heures de l’emploi a été dominée par travail d’au moins un employé, ce qui a touché 37% de la main-d’œuvre une réduction du nombre des entreprises enquêtées. Les petites et moyennes entreprises sont d’heures de travail et, particulièrement les plus concernées avec une réduction des heures de dans une moindre mesure, travail de 52% qui a touché 46% de leurs employés. La réduction des des salaires, mais ces salaires et l’octroi de congé étaient les deuxième et troisième mécanismes mécanismes d’ajustement d’ajustement les plus fréquents de la main-d’œuvre. En combinant ces ont changé au fur et à instruments, environ 76% des entreprises ont réagi au choc initial de la mesure que la crise évoluait crise par la marge intensive (réduction des salaires, des heures de travail ou octroi de congés, Figure 19), ce qui suggère que ce canal était beaucoup plus fréquent que la marge extensive (embauche ou licenciement de travailleurs). En décembre 2020, la part des entreprises s’ajustant par la marge intensive a fortement diminué, tandis que la part des entreprises embauchant et licenciant des travailleurs a légèrement augmenté.4 Figure 19: Effet du COVID-19 sur les emplois Part des entreprises qui ont ajusté la marge extensive (embauche ou licenciement de travailleurs) par rapport à celle des entreprises qui ont ajusté la marge intensive (réduction des salaires, des heures ou octroi de congés) Hired Workers Laid-off Workers Reduced wages or hours 80 76 60 Percent 40 26 20 11 9 12 4 0 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Note: Les calculs utilisent des poids d’échantillonnage. Résultats basés sur les ajustements de la main-d’œuvre au cours des 30 derniers jours par rapport à la période de l’enquête. Source: Enquêtes de conjoncture de la Banque mondiale 4. Les résultats suggèrent que le mode de réponse est limité par les réglementations du travail, car les entreprises informelles et les entreprises agricoles ont adopté des approches sensiblement différentes en termes de réponses à la crise en matière d’emploi. Rapport sur la situation économique au Sénégal 46 47 Rapport sur la situation économique au Sénégal B. Écosystèmes entrepreneuriaux stratégiques Avant le COVID-19, le Le secteur privé au Sénégal est dominé par de petites entreprises secteur privé était déjà informelles avec un faible dynamisme. Les micro-entreprises prédominent confronté à des obstacles dans le recensement des établissements et, selon la définition, seulement structurels majeurs 3 à 13% des entreprises sont formelles.5 Les mesures création d’entreprises, d’expansion des entreprises et d’adoption de technologies sont relativement faibles par rapport à d’autres pays de la sous-région et au niveau mondial. Par exemple, le taux de nouvelles entreprises enregistrées est de 0,42 par millier de personnes en âge de travailler alors que ce taux est plus de deux fois supérieur au Kenya (1.1), en Côte d’Ivoire (1,5) et en Afrique du Sud (10,2). De même, une enquête représentative et comparable entre les pays montre que la part des microentreprises formelles parmi les entreprises de 5 employés ou plus est de 2% au Sénégal et de 13% en Afrique du Sud. Après 20 ans d’activité, l’entreprise formelle typique ne compte que 67 employés, ce qui indique un taux de croissance faible.6 5. Il existe différents critères pour considérer une entreprise dans le recensement comme formelle: l’entreprise tient des registres comptables selon le système ouest-africain (3%), qui est formellement utilisé par l’Office national des statistiques (ANSD); l’entreprise a un numéro NINEA (8,8%); et l’entreprise a un numéro de Registre de commerce (12,7%). D’autres définitions peuvent inclure le fait que l’entreprise dispose de l’Autorisation ministérielle (1,4%); l’entreprise est enregistrée dans une Chambre des métiers (1,3%); l’entreprise est enregistrée à l’IPRES (2,5%); l’entreprise est enregistrée au CSS (2,3%). 6. Basé sur la dernière année disponible pour l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale. Rapport sur la situation économique au Sénégal 48 Le capital par travailleur au Sénégal représente environ un tiers du capital Les écarts entre les facteurs par travailleur en Afrique du Sud. Seulement 8% des adultes âgés de 25 de l’offre et de la demande ans ou plus ont terminé au moins le deuxième cycle de l’enseignement reflètent la performance secondaire contre 65% en Afrique du Sud. Moins de 9% des entreprises des entreprises formelles exportent au moins 10% de leurs ventes, contre 16% au Kenya, même si 37% importent des intrants. L’accumulation de capacités fondamentales telles que le capital humain L’amélioration des et le savoir-faire est un processus graduel. Par exemple, malgré des progrès fondamentaux de continus au cours des dernières décennies, tant la scolarisation que le la compétitivité des niveau d’instruction au Sénégal restent faibles. Le taux d’alphabétisation entreprises, bien des adultes s’élève à 51.9% en 2017, ce qui est inférieur aux moyennes qu’essentielle pour la de l’Afrique sub-Saharienne et des Pays à Revenu Faible ou Intermédaire croissance à long terme, (PRFI), et les chefs de ménage n’ont en moyenne que trois ans de scolarité nécessite du temps et des (Banque mondiale, 2018). ressources importantes Les entrepreneurs accèdent au capital physique, aux biens de Les modèles de clusters consommation intermédiaires, au capital humain et au savoir-faire sur les d’entreprises ayant un marchés des intrants. Ils combinent ces ressources dans le processus de potentiel de croissance production et vendent des biens ou des services finaux sur le marché. Ce supplémentaire important processus ne se déroule pas dans le vide; il a lieu dans un écosystème au peuvent aider à identifier les sein d’un lieu géographique (commune, région ou pays) qui se caractérise écosystèmes stratégiques par le nombre, la diversité et la qualité des intrants et des produits finis. d’entrepreneuriat Identifier la manière dont les activités économiques se regroupent et s’interconnectent permet d’éclairer la conception des politiques publiques en identifiant là où le potentiel d’effets d’entrainement est le plus élevé.7 En raison de l’interdépendance spatiale de l’activité économique, les résultats de la même politique publique peuvent varier selon la localisation de l’activité. L’identification des agglomérations d’entreprises multi-qualité au sein d’une industrie ou d’une chaîne de valeur (et donc du potentiel d’effets d’entrainement) peut contribuer à la conception politiques publiques ciblées sur des régions et des secteurs stratégiques qui faciliteront l’accès au savoir-faire et la diffusion des technologies. Les mesures de la diversification des activités économiques et du dynamisme de l’environnement des entreprises dans une localité permettent de saisir le potentiel additionnel de croissance. 7. Le potentiel d’un écosystème est identifié par une combinaison d’agglomérations de diversité et de qualité dans un large secteur ou une chaîne de valeur. L’indicateur de diversité recherche les agglomérations statistiquement significatives de communes ayant une forte densité d’établissements dans une diversité de sous-secteurs de la chaîne de valeur. De même, l’indicateur de qualité recherche les agglomérations dans les mesures du dynamisme des entreprises - entreprises de plus de 20 employés et jeunes entreprises (0-4 ans) - et les mesures du potentiel de croissance supplémentaire - entreprises formelles et entreprises dont le dirigeant a une formation supérieure. Les indicateurs de diversité et de qualité sont combinés pour identifier les régions présentant des agglomérations dans une grande diversité d’industries et des entreprises de haute qualité au sein d’une chaîne de valeur. Les écosystèmes à fort potentiel présentent des agglomérations dans plus d’un indicateur de qualité et des agglomérations dans au moins un sous-secteur de la chaîne de valeur; les écosystèmes en cours de maturation présentent des agglomérations dans un indicateur de qualité et au moins un sous-secteur; les écosystèmes naissants présentent des agglomérations dans plus d’un sous-secteur mais aucune agglomération de qualité. 49 Rapport sur la situation économique au Sénégal Dans l’agro-industrie, les La Casamance est une région agro-industrielle très diversifiée, avec entreprises diversifiées des densités élevées d’entreprises dans plusieurs sous-secteurs. Cette sont concentrées à Dakar et région est également caractérisée par des regroupements géographiques Diourbel, alors que celles de d’entreprises de haute qualité. La Casamance et Dakar sont deux qualité se concentrent au écosystèmes entrepreneuriaux dans l’agrobusiness au Sénégal avec sud de la Casamance un potentiel élevé, basé sur une concentration de caractéristiques multisectorielles et multi-qualités. Ces agglomérations présentent un potentiel élevé - elles sont très diversifiées, par rapport à d’autres parties du Sénégal, et les entreprises de ces régions font preuve d’un plus grand dynamisme (voir la Figure 20), bien qu’elles ne représentent que 2,3% des usines et 4,9% des emplois dans l’ensemble de l’économie, selon le recensement des entreprises de 2016 (voir le Tableau 1). Les régions de Niayes et de Saint-Louis sont des écosystèmes en voie de maturation - les agglomérations de ces régions sont diverses, mais avec des agglomérations de qualité limitée. Ces communes représentent 2.8% des entreprises et 5,4% des emplois dans le recensement. La diversité et la qualité des autres chaînes de valeur sont principalement concentrées à Dakar et Diourbel (voir Figure 21). La diversité et la qualité Le commerce de détail, l’industrie manufacturière (autre que dans les autres chaînes l’agroalimentaire), les services (hors commerce de détail et tourisme) de valeur sont également et le tourisme représentent les plus grandes parts de l’emploi dans le principalement concentrées recensement des entreprises de 2016 (en plus de l’agrobusiness). Dans à Dakar et Diourbel le tourisme, l’est de Ziguinchor est une agglomération naissante, tandis que Dakar et le sud de Thiès sont des zones à fort potentiel (voir Figure 21). Dans le commerce de détail, qui représente en général une fraction importante des emplois créés, les agglomérations géographiques à fort potentiel correspondent à des agglomérations de population: très peu de communes en dehors de Dakar, Thiès et Diourbel présentent des densités d’établissements importantes. Les agglomérations dans les services et l’industrie manufacturière sont dispersées à travers le pays, mais il n’y a aucun écosystème à fort potentiel dans les services, et il existe un seul dans l’industrie manufacturière (Dakar). Dans l’industrie manufacturière, Kolda, Tambacounda et Kedougou présentent des agglomérations dans une diversité de sous-secteurs, mais aucune agglomération statistiquement significative dans les indicateurs de qualité. Rapport sur la situation économique au Sénégal 50 Figure 20: Ecosystèmes d’entrepreneuriat dans l’agrobusiness Mono-sector Mono−sector Multi-sector Multi−sector Mono−quality & Mono−sector SAINT−LOUIS Mono-quality & Mono-sector Mono−quality & Multi−sector Multi−quality & Mono−sector Mono-quality & Multi-sector Multi−quality & Multi−sector Multi-quality & Mono-sector Multi-quality & Multi-sector LOUGA MATAM THIES DIOURBEL DAKAR FATICK KAFFRINE KAOLACK TAMBACOUNDA KOLDA SEDHIOU KEDOUGOU ZIGUINCHOR Note: La carte met en évidence les agglomérations d’entreprises qui sont corrélées sur deux dimensions: la diversité sectorielle et la qualité des entreprises. Les zones les plus sombres de la carte identifient les régions avec des agglomérations d’entreprises dans au moins une activité économique au sein des agro-industries, mais plus d’une dimension de qualité dans les agro-industries (par exemple, ces régions ont relativement plus d’entreprises avec des propriétaires ayant une éducation tertiaire et plus de grandes entreprises). Il est important de noter que la carte saisit non seulement la disponibilité de ces caractéristiques dans chaque région, mais aussi la façon dont ces caractéristiques sont corrélées avec des caractéristiques similaires dans les régions voisines, ce qui donne une dimension de connectivité régionale pour les écosystèmes locaux. Source: Cruz, Hebous, Torres et Tran (2020) 51 Rapport sur la situation économique au Sénégal Figure 21: Écosystèmes entrepreneuriaux dans le tourisme, le commerce de détail, la manufacture et les services Manufacture* Vente au détail Mono−sector Mono−sector Multi−sector Multi−sector Mono−quality & Mono−sector Mono−quality & Mono−sector SAINT−LOUIS Mono−quality & Multi−sector SAINT−LOUIS Mono−quality & Multi−sector Multi−quality & Mono−sector Multi−quality & Mono−sector Multi−quality & Multi−sector Multi−quality & Multi−sector LOUGA LOUGA MATAM MATAM THIES DIOURBEL THIES DIOURBEL DAKAR DAKAR FATICK KAFFRINE FATICK KAFFRINE KAOLACK KAOLACK TAMBACOUNDA TAMBACOUNDA KOLDA KOLDA SEDHIOU KEDOUGOU SEDHIOU KEDOUGOU ZIGUINCHOR ZIGUINCHOR Services* Tourisme Mono−sector Mono−sector Multi−sector Multi−sector Mono−quality & Multi−sector Mono−quality & Mono−sector SAINT−LOUIS Multi−quality & Multi−sector SAINT−LOUIS Mono−quality & Multi−sector Multi−quality & Multi−sector LOUGA LOUGA MATAM MATAM THIES DIOURBEL THIES DIOURBEL DAKAR DAKAR FATICK KAFFRINE FATICK KAFFRINE KAOLACK KAOLACK TAMBACOUNDA TAMBACOUNDA KOLDA KOLDA SEDHIOU KEDOUGOU SEDHIOU KEDOUGOU ZIGUINCHOR ZIGUINCHOR Mono-sector Mono-quality & Mono-sector Multi-quality & Mono-sector Multi-sector Mono-quality & Multi-sector Multi-quality & Multi-sector Note: */ Les services excluent le tourisme et le commerce de détail. L’industrie manufacturière exclut la transformation des aliments. Source: Banque mondiale 2020. Source: Cruz, Hebous, Torres, et Tran (2020) Rapport sur la situation économique au Sénégal 52 Tableau 1: Entreprises et emplois dans les écosystèmes de qualité multiple, de qualité simple et potentiels (Fraction du total dans le recensement des établissements) Secteur Multi-qualité Mono-qualité Potentiel Aucun Total Part des établissements Agrobusiness 2.3% 2.8% 1.5% 2.8% 9.4% Tourisme 1.8% 1.1% 0.5% 2.4% 5.8% Vente au détail 20.9% 4.1% 4.8% 19.2% 48.9% Services* 6.8% 0.7% 1.2% 2.3% 11.0% Manufacture* 7.1% 5.6% 2.5% 7.3% 22.5% Part de l’emploi Agrobusiness 4.9% 5.4% 1.4% 4.3% 16.0% Tourisme 2.8% 0.9% 0.5% 1.9% 6.1% Vente au détail 13.2% 2.3% 2.7% 12.0% 30.3% Services* 13.4% 0.7% 1.1% 2.2% 17.4% Manufacture* 8.8% 5.3% 2.0% 6.5% 22.6% */ Les services excluent le tourisme et le commerce de détail. L’industrie manufacturière exclut la transformation des aliments. Note: Les écosystèmes de qualité multiple présentent des agglomérations dans plus d’un indicateur de qualité; les écosystèmes de qualité simple présentent des agglomérations dans un indicateur de qualité; les écosystèmes potentiels sont diversifiés (agglomérations dans plus d’un sous-secteur), mais ne présentent pas d’agglomérations dans les indicateurs de qualité. Source: Cruz, Hebous, Torres et Tran (2020) 53 Rapport sur la situation économique au Sénégal C. Le rôle des écosystèmes stratégiques dans le soutien de la reprise Les chocs survenant dans L’impact des chocs COVID-19 sur le secteur privé s’était traduit par des les régions à écosystèmes baisses importantes et immédiates des ventes. Cet impact pourrait perdurer multi-qualité sont et éventuellement conduire à la faillite d’une grande partie des entreprises. nettement plus coûteux Les pertes d’emploi dues à ces chocs sont nettement plus importantes pour l’emploi que les chocs dans les écosystèmes multi-qualité avec de grandes entreprises que dans survenant dans les régions les écosystèmes moins diversifiés et avec moins de potentiel de croissance. dotées d’écosystèmes de Ces pertes comprennent non seulement l’effet direct sur l’emploi dans les mono-qualité localités touchées, mais également la contagion potentielle des chocs dans les localités voisines par le biais des effets d’entraînement. Étant donné l’impact La pandémie a touché les entreprises de plusieurs secteurs en même temps asymétrique des chocs et la perte de savoir-faire et de productivité dans les écosystèmes multi- sur les écosystèmes de qualité implique que les retombées négatives réelles seront potentiellement l’entrepreneuriat, le soutien encore pires que les pertes d’emploi. Par exemple, la productivité du travail public pourrait tenir compte est nettement plus élevée dans les écosystèmes multi-qualité que dans les des différences de potentiel régions de mono-qualité ou dans les régions potentielles (Tableau 2). Étant entre les écosystèmes donné que les ressources sont limitées, le fait d’orienter le soutien public vers les entreprises dotées de meilleures capacités et les écosystèmes à fort potentiel peut atténuer les impacts de long terme de la crise et soutenir la reprise. Rapport sur la situation économique au Sénégal 54 Tableau 2. Ventes par travailleur et par établissement dans les écosystèmes multiqualité, mono-qualité et potentiels (2016, moyenne pour les écosystèmes potentiel = 1) Ventes par travailleur Ventes par établissement Secteur Multi-qualité Mono-qualité Potentiel Multi-qualité Mono-qualité Potentiel Agribusiness 7.8 1.6 1.0 16.2 3.1 1.0 Tourisme 5.0 1.4 1.0 7.6 1.1 1.0 Manufacture* 5.1 0.6 1.0 6.9 0.6 1.0 Vente au détail 3.7 1.8 1.0 4.0 1.8 1.0 Autres services 4.5 1.7 1.0 8.4 1.5 1.0 Note: */ Manufacture autre que la transformation des aliments, qui a été incorporée à l’agro-industrie. Les écosystèmes de qualité multiple présentent des agglomérations dans plus d’un indicateur de qualité; les écosystèmes de qualité unique présentent des agglomérations dans un indicateur de qualité; les écosystèmes potentiels sont diversifiés (ag- glomérations dans plus d’un sous-secteur), mais ne présentent pas d’agglomérations dans les indicateurs de qualité. Source: Cruz, Hebous, Torres et Tran (2020) Au début de la crise, le secteur a été sévèrement touché, avec une chute des L’agroalimentaire est revenus de près de 60% en moyenne. Toutefois, sa reprise a été parmi les plus un exemple de secteur rapides par rapport aux autres secteurs. Avec les perturbations actuelles présentant à la fois de l’approvisionnement mondial, les importateurs de produits alimentaires des défis et de grands pourraient être contraints de réduire les risques en raccourcissant les chaînes potentiels d’amélioration de d’approvisionnement et en se rapprochant des clients. Cette évolution de la productivité grâce à de la dynamique du marché engendrera des pressions supplémentaires sur meilleures technologies la compétitivité, ce qui nécessitera l’adoption de meilleures technologies pour améliorer à la fois les fonctions commerciales générales (par exemple, les méthodes de marketing, de paiement et de vente) et les technologies spécifiques au secteur, telles que celles liées à la récolte, au stockage, au conditionnement et à la logistique. L’agriculture et la transformation des aliments représentent ensemble 22% du PIB, 9,4% des entreprises et 16% des emplois salariés.8 L’agriculture représente à elle seule 30% de l’emploi indépendant, et les principales exportations du Sénégal sont les fruits de mer, les noix et les huiles végétales. L’impact à long terme du ciblage de l’adoption de technologies dans les entreprises agroalimentaires pourrait être important, compte tenu du poids de ces chaînes de valeur dans l’économie. 8. Données du recensement des établissements de 2016. 55 Rapport sur la situation économique au Sénégal En outre, l’entrepreneuriat L’utilisation croissante des technologies numériques dans différents numérique peut jouer secteurs, de l’agriculture à la manufacture et aux services, génère une un rôle de catalyseur en demande de solutions numériques innovantes qui réduisent les coûts et stimulant la compétitivité renforcent l’efficacité de l’ensemble de l’économie. Selon les estimations et la productivité dans tous du McKinsey Global Institute (2013), le Sénégal et le Kenya sont devenus les secteurs de l’économie les leaders du continent africain en termes de contribution économique relative d’Internet au PIB, avec des parts respectives de 3,3% et 2,9%. Ce potentiel est également reconnu dans la stratégie du gouvernement. Le plan de développement du Sénégal, le“Plan Sénégal Emergent”, identifie l’économie numérique comme l’un des piliers de la croissance inclusive (Bezzina et. al. 2019). Avant la pandémie, les Le recensement des entreprises montre que les entrepreneurs numériques entreprises numériques du sont plus susceptibles d’embaucher (voir Banque mondiale 2020).9 Ils sont Sénégal présentaient déjà également trois fois plus susceptibles de respecter la réglementation et un plus grand potentiel de sont nettement plus instruits que l’entrepreneur typique. Ce segment du croissance par rapport à la paysage du secteur privé peut être essentiel pour générer les solutions moyenne des entreprises digitales requises à travers le Sénégal par les entreprises utilisatrices en aval. L’analyse basée sur les données du Recensement Général des Entreprises (RGE), suggère que l’entrepreneuriat numérique à fort potentiel (multi- qualité) est fortement concentré à Dakar, et dans une moindre mesure à Diourbel (Figure 22). Des travaux supplémentaires menés par la Banque mondiale sur la cartographie des organisations intermédiaires soutenant l’entrepreneuriat suggèrent qu’un défi important pour la construction d’un écosystème entrepreneurial plus fort au Sénégal est d’améliorer la qualité des mécanismes de soutien et de faire correspondre l’offre et la demande. Une part plus importante des services s’est concentrée sur le renforcement de la collaboration et de la mise en réseau, alors qu’il existe une forte demande pour le renforcement des capacités des entrepreneurs et l’accès au financement. 9. L’économie numérique comprend la fabrication d’ordinateurs (NAEMA 26), le commerce de gros d’ordinateurs (NAEMA 4651), l’information et les télécommunications (NAEMA 58, 59, 60, 61, 62, 63) et la réparation d’ordinateurs (NAEMA 951). Source: BEA. Rapport sur la situation économique au Sénégal 56 Figure 22: Ecosystèmes d’entrepreneuriat numérique au Sénégal Mono−sector Mono-sector Multi−sector Mono−quality & Multi-sector Mono−sector SAINT−LOUIS Mono−quality & Multi−sector Mono-quality & Mono-sector Multi−quality & Mono−sector Multi−quality & Multi−sector Mono-quality & Multi-sector Multi-quality & Mono-sector LOUGA Multi-quality & Multi-sector MATAM THIES DIOURBEL DAKAR FATICK KAFFRINE KAOLACK TAMBACOUNDA KOLDA SEDHIOU KEDOUGOU ZIGUINCHOR Source: Cruz, Hebous, Torres et Tran (2020) La plupart des effets négatifs sur les activités économiques et l’économie La pandémie a accéléré globale sont dus aux mesures de restrictions de la mobilité. Si les mesures l’adoption et la diffusion sanitaires les plus restrictives ont été levées, l’incertitude quant à l’apparition des technologies de nouvelles infections, tant au niveau local que mondial, pourrait subsister numériques à court terme. Par conséquent, les entreprises sont contraintes à s’adapter à cette nouvelle réalité en cherchant de nouveaux moyens d’atteindre les clients et les fournisseurs. Les solutions numériques ont été l’un des principaux moyens d’adaptation des entreprises dans le monde. Par exemple, en Chine, les grandes exploitations agricoles et les distributeurs de produits agricoles achètent des équipements de haute technologie tels que des drones dans le but de réduire les contacts humains, ce qui augmente la demande de start-ups technologiques dans le domaine de l’agriculture.10 En Afrique de l’Ouest, la crise pourrait être un élément déclencheur de la croissance des paiements mobiles, car l’incitation à éviter les infections l’emporte sur les obstacles existants comme le manque de confiance aux paiements numériques.11 10. https://www.cnbc.com/2020/03/10/chinese-agriculture-drone-makers-see-demand-rise-amid- coronavirus-outbreak.html 11. https://news.trust.org/item/20200401103954-g3mju 57 Rapport sur la situation économique au Sénégal En réponse à la crise, les Environ 31% des entreprises de 5 employés ou plus ont commencé entreprises adoptent les ou augmenté l’utilisation des technologies numériques en réponse au technologies numériques à COVID-19 (25% au début de la crise et les 6% restants entre la première et un rythme sans précédent la deuxième vague des sondages). Le taux d’adoption est nettement plus important dans le secteur manufacturier (Figure 23) où, à la fin de 2020, 38% des entreprises ont déclaré avoir commencé ou augmenté l’utilisation des technologies numériques à des fins professionnelles. Figure 23: Part des entreprises déclarant commencer à utiliser ou augmenter leur utilisation du Technologies digitales Agriculture Manufacturing Retail Other Services 38 40 Probability of response 31 27 28 29 30 25 20 8 10 4 0 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Wave1 Wave2 Note: Effet marginal d’une régression probit pondérée contrôlant la taille et le secteurs calculs utilisent des poids d’échantillonnage. Source: Enquêtes de conjoncture de la Banque mondiale Les entreprises ne Près de 32% des entreprises qui vendent sur des plateformes numériques au se contentent pas Sénégal ont déclaré une augmentation des ventes en ligne au cours du mois d’adopter les technologies d’avril 2020. Cette fraction est légèrement plus élevée pour les entreprises numériques, elles basées à Dakar où 7 des entreprises supplémentaires ont déclaré des augmentent aussi ventes en ligne entre avril et décembre (Tableau 3). En moyenne, la part des l’intensité de leur utilisation ventes utilisant des plateformes numériques a augmenté au cours de 2020, passant de 6% en avril à 12% en décembre (15% à Dakar). Contrairement à l’adoption initiale (commencer à utiliser une technologie), des données récentes suggèrent que les écarts dans l’intensité de l’utilisation de la technologie peuvent être plus difficiles à rattraper. Ces résultats montrent que les entreprises au Sénégal utilisent les technologies numériques de manière plus intensive. Non seulement une part plus grande d’entreprises vendent de plus en plus en ligne, mais la moyenne de la part des ventes en ligne est aussi en hausse. Tout cela donne un signal encourageant sur l’accélération potentielle de la diffusion des technologies numériques au Sénégal. Rapport sur la situation économique au Sénégal 58 Tableau 3: Effet de COVID-19 sur les ventes en ligne au Sénégal Par secteur Par région Vente au Autres Autres Agriculture Manufacture Dakar Total détail services régions (A) Fraction des entreprises ayant 11% 25% 32% 27% 28% 26% 27% vendu en ligne en avril 2020 (B) Fraction des entreprises qui 100% 11% 41% 53% 34% 30% 32% déclarent davantage de ventes en ligne*. (C) Fraction des entreprises ayant 27% 31% 26% 34% 35% 27% 30% vendu en ligne en décembre 2020 (D) Fraction moyenne des ventes en ligne en 1% 6% 8% 3% 6% 6% 6% avril 2020**. (E) Fraction moyenne des ventes en ligne en 10% 14% 9% 11% 15% 9% 12% décembre 2020**. Note: */ Fraction du nombre total d’entreprises vendant en ligne. **/ La moyenne inclut les entreprises qui ne vendent pas en ligne. Source: Enquête de conjoncture (COV-BPS) mise en œuvre par le Groupe de la Banque mondiale. Calculs effectués en utilisant uniquement les entreprises interrogées lors des vagues 1 et 2 et les poids d’échantillonnage. Source: Cruz, Hebous, Torres et Tran (2020) Premièrement, les entreprises utilisant des technologies numériques plus En outre, les entreprises qui sophistiquées avant l’épidémie de COVID-19 ont obtenu de meilleurs ont adopté les technologies résultats au début du choc (Comin et. al. 2022). Deuxièmement, les digitales au début du choc entreprises qui ont commencé à utiliser ou qui ont intensifié l’utilisation COVID-19 ont bénéficié une des plateformes numériques en réponse à l’épidémie de COVID-19 ont reprise plus rapide affiché une meilleure performance lors de la deuxième vague de l’enquête. En particulier, les entreprises plus disposer à adopter la technologie digitale au début du choc ont déclaré une augmentation moyenne plus importante dans leurs ventes en décembre 2020 (Partie a de la Figure 24). Même si les ventes à la fin de l’année 2020 étaient encore plus faibles par rapport à la même période en 2019, les entreprises ayant adopté des solutions numériques en réponse au choc ont enregistré des baisses moindres de 12 points de pourcentage par rapport à celles qui n’ont pas adopté la technologie (Partie b de la Figure 24).12 L’augmentation des ventes en ligne est l’un des canaux potentiels qui soutiendra la reprise dans la mesure où une augmentation de 1 point de pourcentage de la part des ventes en ligne est associée à une augmentation de 0,25 point de pourcentage des ventes. 12. La différence est statistiquement significative. 59 Rapport sur la situation économique au Sénégal Figure 24: Adoption de solutions numériques et performance de l’entreprise A) Corrélation entre l’évolution des ventes et l’augmentation des technologies numériques -10 -20 Average change in sales Wave 2 -30 -40 -50 -60 -70 1 2 3 4 5 Probability of increasing use of digital tech B) Évolution prévisible des ventes par secteur 0 -10 -20 Change in sales -30 -12.5 -21.7 -40 -24.6 -27 -33.3 -33.8 -50 -39.1 -45.4 -60 Agriculture Manufacturing Retail Other Services Did not increase use of digital tech Increased use of digital tech Note: Partie A) diagramme de dispersion contrôlant la taille et le secteur. Partie B) Effet marginal d’une régression probit contrôlant la taille et le secteur. Calculs effectués en utilisant uniquement les entreprises interrogées à la fois à la vague 1 et à la vague 2 et les poids d’échantillonnage. Source: Enquêtes de conjoncture de la Banque mondiale Rapport sur la situation économique au Sénégal 60 Une préoccupation courante des décideurs politiques concernant Des données récentes l’adoption de meilleures technologies est liée aux effets potentiels sur les indiquent que les emplois et la productivité. Pourtant, des recherches récentes sur l’adoption entreprises utilisant de technologies au niveau des entreprises au Sénégal suggèrent qu’en davantage de technologies moyenne les entreprises dotées de meilleures technologies ont des niveaux digitales ont également de productivité plus élevés, génèrent plus d’emplois et augmentent la part atteint des niveaux plus des travailleurs non qualifiés dans leurs effectifs.13 Une augmentation de élevés de croissance de la sophistication de la technologie la plus utilisées intensivement dans les l’emploi et ont embauché postes clés de l’entreprise (par exemple, l’administration des affaires, le plus de travailleurs non marketing, le paiement, les ventes), comme l’utilisation d’un logiciel Excel qualifiés standard plutôt que la comptabilité manuelle et l’utilisation plus intensive du numérique pour les paiements et les ventes, est positivement et significativement associée à une augmentation des emplois, même après avoir contrôlé la taille, l’âge de l’entreprise, le statut d’exportateur et de non- résident du propriétaire, les secteurs et la région. 13. Cirera, Comin, Cruz et Lee (2021), qui s’appuient sur l’enquête sur l’adoption de la technologie au niveau des entreprises (FAT) récemment menée au Sénégal, fournissent plus de détails sur les mesures technologiques et les estimations associées aux emplois. 61 Rapport sur la situation économique au Sénégal D. Propositions de politiques pour le court terme et soutenir la reprise Améliorer l’accès aux Une étude récente menée par la Banque mondiale au Sénégal a souligné que technologies numériques les technologies numériques ont également des répercussions importantes peut conduire à de sur l’amélioration des performances des entreprises, le revenu des ménages meilleures performances et la réduction de la pauvreté.14 Des données récentes provenant de pays entrepreneuriales africains montrent que l’accès à des connexions internet de haut débit augmente la création d’entreprises, la productivité et les exportations. Par exemple, une étude récente de Hjort et Poulsen en 2019 identifie l’effet causal d’un meilleur accès à l’internet sur la performance des entreprises et l’emploi en comparant les individus et les entreprises qui sont sur le réseau terrestre des câbles internet à ceux qui ne le sont pas en Afrique.15 En utilisant l’arrivée progressive sur la côte des câbles sous-marins en provenance d’Europe, qui ont augmenté la vitesse et la capacité du réseau terrestre, l’étude montre une meilleure performance de l’entreprenariat dans ces localités. Ces résultats renforcent l’importance de l’infrastructure locale sur la performance des entreprises. 14. Voir Cruz, Dutz, et Rodríguez-Castelán (2022). 15. Voir plus de détails dans Hjort et Poulsen (2019). Rapport sur la situation économique au Sénégal 62 Outre les technologies appliquées aux fonctions commerciales courantes, En outre, l’impact des telles que l’administration des affaires, les ventes et les paiements, qui sont technologies numériques communes à toutes les entreprises de tous les secteurs, les technologies sur les entreprises peut digitales peuvent également profiter aux entreprises par le biais de dépendre du secteur fonctions sectorielles spécifiques. La capacité technique et le financement nécessaires à la fourniture de ces technologies et permettre aux entreprises d’en bénéficier peuvent varier considérablement d’un secteur à l’autre. Par exemple, si l’utilisation de systèmes progiciel de gestion intégrée (ERP en anglais) ou le paiement en ligne peuvent nécessiter un capital et des compétences similaires indépendamment du secteur, l’agriculture de précision serait sensiblement différente des technologies digitales utilisées pour la conception de vêtements. Outre les défis internes comme l’absence de bonnes pratiques de Outre l’infrastructure gestion, le manque de connaissances entrepreneuriales, les entreprises numérique, les trois sont également confrontées à des contraintes externes, notamment les principaux défis à relever conditions de financement et la taille du marché. Le fait que les obstacles pour améliorer l’adoption à l’adoption de la technologie varient considérable entre les entreprises des technologies par les constitue un problème supplémentaire pour les politiques publiques. Les entreprises sénégalaises contraintes communes liées au manque d’infrastructures et les exigences sont les suivants: spécifiques de chaque secteur font de l’identification des écosystèmes i) le manque de locaux un outil important de ciblage des politiques de soutien à l’adoption connaissances et de des technologies.16 Si les écosystèmes multiqualité peuvent offrir davantage capacités des entreprises; de possibilités de retombées, les politiques publiques qui se concentrent sur ii) l’accès au financement; d’autres écosystèmes doivent également tenir compte de leurs contraintes iii) l’étroitesse du marché spécifiques. Pour relever ces défis, les politiques de court et celles de long terme devraient avoir des priorités différentes. Si, à court terme, l’objectif principal est de préserver l’emploi et la capacité de production dans des entreprises viables, la phase de redressement pourrait se concentrer sur la relance en identifiant les possibilités de stimuler la productivité. Compte tenu des ressources limitées, des décisions critiques peuvent Pour soutenir la reprise, être prises pour prioriser le soutien à le relance (Tableau 4). Dans le cadre les décideurs disposent de ce processus, il est important de décider quand donner la priorité aux d’une série d’instruments travailleurs à travers des mécanismes de protection sociale par rapport au politiques à considérer soutien aux entreprises. Ceci est particulièrement pertinent pour le Sénégal, étant donné la grande taille du secteur informel. Un objectif potentiel est de donner la priorité aux entreprises ayant un fort potentiel de productivité. À cet égard, la typologie des écosystèmes présentée dans ce document peut fournir des orientations utiles concernant les secteurs et les régions à cibler, tant à court terme que pour soutenir la reprise. 16. Voir Cirera, Comin, Cruz et Lee (2021). 63 Rapport sur la situation économique au Sénégal La mise à niveau Une étude récente de la Banque mondiale montre que les entreprises technologique des sénégalaises sont à la traîne en termes d’adoption des technologies entreprises - en particulier appliquées aux fonctions générales des entreprises, telles que la planification les technologies de la production, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la vente et numériques - est une les systèmes de paiement, ainsi qu’aux tâches sectorielles spécifiques première étape importante associées à la production.17 Une caractéristique importante de la crise liée pour transformer les crises au COVID-19 est qu’elle a nécessité des investissements supplémentaires en opportunités dans les technologies qui limitent les contacts directs. Comme indiqué plus haut, les Sénégalais se tournent rapidement vers les technologies digitales pour répondre à la crise. Toutefois, d’importants écarts d’adoption subsistent, comme en témoigne, par exemple, la lenteur des progrès dans le secteur agricole. Par ailleurs, l’adoption du numérique s’est accélérée pour les entreprises du monde entier (voir Apedo et al. 2020). Pour aider les entreprises à être compétitives à l’échelle nationale et mondiale, une politique gouvernementale ciblant l’adoption des technologies digitales pourrait être justifiée. 17. Cirera, Comin, Cruz et Lee (2020), en se basant sur les résultats de l’enquête sur l’adoption de la technologie au niveau des entreprises (FAT), récemment mise en œuvre au Sénégal, montrent que le Sénégal a un écart technologique d’environ 30% par rapport aux niveaux moyens de technologie utilisés par les entreprises de l’État de Ceará, au Brésil, qui est classé dans la moitié inférieure des États brésiliens en termes de revenu par habitant. Rapport sur la situation économique au Sénégal 64 Ces politiques publiques peuvent commencer par un diagnostic détaillé Pour atteindre cet objectif, et une évaluation comparative basés sur des instruments de pointe qui il faudra une stratégie qui permettront à l’entreprise de comprendre où elle en est en termes de combine des actions visant pratiques managériales et d’adoption de technologies.18 Ce processus à améliorer les capacités, peut bénéficier des données existantes collectées au sein des entreprises, l’accès au financement et à travers le Sénégal et/ou à travers d’autres pays, qui permettraient un l’accès aux marchés benchmarking détaillé des entreprises. Une plateforme numérique peut être mise en place pour permettre aux entrepreneurs et aux gestionnaires d’avoir une perspective claire de la situation de leurs entreprises en termes d’adoption de technologies et de pratiques managériales. Le processus de diagnostic détaillé peut être associé à des outils de formation commerciale visant à améliorer les pratiques de gestion et à fournir une assistance technique sur la disponibilité des technologies, leur mise en œuvre et l’analyse des coûts et des avantages. Un soutien supplémentaire lié à l’accès au financement pour faciliter l’acquisition de machines et d’équipements, ainsi que des informations marketing pour aider les entreprises locales à atteindre les marchés extérieurs sont également importants. Ces programmes de soutien aux entreprises peuvent être coordonnés par étapes, de sorte que les entreprises aient de meilleures chances de bénéficier des programmes de financement et d’expansion du marché après avoir amélioré leurs capacités commerciales. Le Tableau 4 résume les actions proposées pour soutenir les entreprises et renforcer l’esprit d’entreprise à la suite de la pandémie de COVID-19. 18. Des exemples de ces instruments sont les enquêtes au niveau des entreprises sur l’adoption des technologies et les pratiques de gestion, telles que la World Management Survey et la Firm-level Adoption of Technology survey, récemment développées par la Banque mondiale. 65 Rapport sur la situation économique au Sénégal Pour réduire le coût Les politiques publiques peuvent bénéficier de la force et de la qualité de la mise en œuvre et spécifiques des écosystèmes locaux et du déploiement progressif des augmenter les chances de programmes (par exemple, les écosystèmes numériques à Dakar, les retombées, ces politiques écosystèmes agroalimentaires en Casamance ou dans les Niayes). Les publiques pourraient décideurs politiques peuvent tirer des enseignements des politiques s’étendre progressivement publiques grâce à des observations de groupes cibles et de groupes en commençant par témoins et améliorer leur mise en œuvre. De plus, ces activités pourraient les écosystèmes à fort expérimenter l’utilisation d’outils numériques et de conseils basés sur des potentiel groupes d’entreprises ayant des caractéristiques similaires et opérant dans des environnements similaires.19 Il ne s’agit pas de cibler des secteurs ou des entreprises spécifiques, mais plutôt de profiter des caractéristiques des écosystèmes locaux pour améliorer la conception et l’efficacité du déploiement de l’aide publique. Par exemple, un écosystème local dans l’agroalimentaire peut avoir des effets d’entraînement basé sur le cluster d’entreprises, tant en termes de diversification de l’activité qu’en termes de qualité. En outre, il est plus probable qu’elles soient confrontées à des défis similaires. Pour mettre en place des programmes efficaces, il est essentiel d’utiliser ces informations afin d’adapter les politiques publiques, de bénéficier de la vulgarisation technologique pour réduire les coûts et de tirer des enseignements pour les déployer et les améliorer progressivement.20 La mise en œuvre de ces Les programmes actuellement soutenus par l’Agence de Développement politiques peut s’appuyer et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) et la sur une structure Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide (DER) peuvent jouer un existante pour soutenir les rôle important dans la fourniture de l’assistance technique et du soutien entreprises financier requis. Cependant, la mise en œuvre de programmes efficaces visant à améliorer les capacités managériales et technologiques des entreprises et à élargir leur accès aux marchés requiert des efforts importants de la part des agences gouvernementales. Pour l’instant, il n’existe pas d’évaluation complète de la conception, de la mise en œuvre et de la gouvernance des instruments politiques nouveaux et existants qui soutiennent les entreprises au Sénégal. L’appui aux agences locales pour améliorer leur capacité à fournir ces services, combiné à des systèmes de suivi et d’évaluation rigoureux, serait également une étape essentielle. 19. Les données relatives à la formation commerciale axée sur l’amélioration des pratiques commerciales des PME dans les différents pays indiquent un impact moyen de 10% sur les bénéfices, mais une hétérogénéité importante (McKenzie, D., 2020). 20. L’un des défis de la fourniture d’une assistance technique de haute qualité au niveau individuel pour les entreprises est associé au coût. Iacovone, Maloney et McKenzie (2019) montrent des preuves que ce problème peut être partiellement résolu par une assistance- conseil en groupe. Sur la base d’un essai contrôlé randomisé mené en Colombie, ils montrent que les interventions individuelles et collectives entraînent des améliorations des pratiques de gestion d’une ampleur similaire, mais que l’approche collective domine sur la base des coûts et des avantages. Rapport sur la situation économique au Sénégal 66 Tableau 4: Résumé des options de politiques publiques visant à soutenir les entreprises et les écosystèmes entrepreneuriaux Horizon Zone Options de politiques publiques temporel Programmes de Faciliter l’adoption de technologies pour améliorer la productivité et la compétitivité mise à niveau du secteur privé: technologique Programmes de renforcement des capacités de gestion pour améliorer les (dans le cadre de pratiques managériales l’améliorations de Programmes d’extension des technologies numériques pour faciliter leur la performance adoption, en particulier celles appliquées aux fonctions générales des Court terme des entreprises) entreprises, telles que l’administration des affaires, la planification de la production, le commerce en ligne, le paiement numérique et le contrôle de la qualité. Des programmes de vulgarisation technologique sectorielle qui facilitent l’adoption de technologies spécifiques au secteur, qu’elles soient numériques ou non. Accès au crédit Rétablir les flux de crédit pour stimuler l’investissement: Systèmes de garantie de crédit pour les PME Programmes d’affacturage élargis Accroître l’efficacité du fonds de garantie partielle du crédit pour un financement Court terme durable des MPME. Renforcer un système numérique de notation des MPME, y compris pour les entreprises informelles, afin d’accorder des crédits électroniques basés sur les enregistrements des transactions. Élargir l’accès aux Réactiver les flux commerciaux et la participation à la chaîne de valeur: marchés (marchés Élargissement des régimes de crédit à l’importation et à l’exportation Court terme extérieurs) Maintenir des droits d’importation bas pour faciliter l’accès aux intrants et aux équipements importés. Développer l’accès Réorienter le soutien fiscal des mesures d’urgence vers des programmes temporaires aux marchés de création d’emplois: (gouvernement) Faciliter la participation des PME aux marchés publics Court terme Travaux publics avec un accent sur les PME Renforcer la numérisation des transactions G2B, notamment en améliorant l’accès de toutes les entreprises aux appels d’offres pour les marchés publics. Fournir un accès abordable à l’internet et à l’électricité: Mise à niveau Approfondir les réformes en cours pour stimuler la concurrence dans technologique Court terme l’infrastructure numérique (infrastructure) Améliorer l’accès à une électricité abordable, en particulier en milieu rural. Renforcer le réseau à travers les écosystèmes: Construction d’un Des programmes de mise en réseau qui facilitent l’adéquation entre l’offre et la Moyen environnement demande dans les écosystèmes. terme favorable Subventions des solutions commerciales numériques locales qui facilitent l’échange d’informations entre producteurs locaux. Mise à niveau Recalibrer les incitations fiscales pour promouvoir l’investissement: technologique Mesures incitatives pour les investissements dans l’innovation Moyen (investissement Introduire une déduction fiscale totale pour les dépenses de formation des terme au niveau de travailleurs l’entreprise) Source: Basé sur Cruz, Dutz, et Rodríguez-Castelán (2021) et la Banque mondiale (2020). 67 Rapport sur la situation économique au Sénégal Bibliographie ADEPME (2020) Enquête sur l’impact du COVID-19 sur les petites et moyennes entreprises au Sénégal. Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises, Sénégal. Apedo-Amah, Marie Christine; Avdiu, Besart; Cirera, Xavier; Cruz, Marcio; Davies, Elwyn; Grover, Arti; Iacovone, Leonardo; Kilinc, Umut; Medvedev, Denis; Maduko, Franklin Okechukwu; Poupakis, Stavros; Torres, Jesica; Tran, Trang Thu. (2020) Démasquer l’impact de COVID-19 sur les entreprises: Firm Level Evidence from Across the World. Document de travail de recherche sur les politiques n. 9434. Banque mondiale, Washington, DC. Bezzina, J., Muller, A., Khoury, Z. Badie, Seck, M. T. (2019). Diagnostic pays du Sénégal. Washington, D.C., Groupe de la Banque mondiale. Cruz, M., Hebous, S., Trang, T., Torres, J. (2022).“Agglomérations entrepreneuriales au Sénégal: Using Firm-level Data to Identify Ecosystems,” Rapport interne, Banque mondiale, Washington, DC. Cruz, M., Dutz, M., Rodríguez-Castelán, C. (2021). Un Sénégal numérique inclusif: Transformation technologique pour des emplois meilleurs et plus nombreux. Banque mondiale. Manuscrit. 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