ACCÉLÉRER L’ÉGALITÉ DES GENRES POUR UN AVENIR DURABLE, RÉSILIENT ET INCLUSIF La Banque Mondiale soutiendra l’innovation, le financement et l’action collective pour mettre fin à la violence basée sur le genre, améliorer le capital humain, élargir et faciliter les opportunités économiques et promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité. PRÉSENTATION GÉNÉRALE i I. L’URGENCE HISTORIQUE ET PERMANENTE 1 Les progrès vers l’égalité des genres sont lents, inégaux, voire parfois inversés 1 L’égalité des genres est essentielle pour un développement durable, résilient et inclusif 5 Les preuves et les enseignements tirés de l’expérience inspirent et montrent la voie à suivre 7 II. CADRE CONCEPTUEL 8 Les résultats en matière de genre sont déterminés par des institutions formelles et informelles, des acteurs divers et des rapports de force 9 Moteurs du changement en faveur de l’égalité des genres : innovation, financement et action collective 12 III. DÉFINIR LA STRATÉGIE GENRE 2024-2030 DE LA BANQUE MONDIALE 17 Traduire la Stratégie Genre de la Banque Mondiale en des résultats concrets 17 Bien-être fondamental : Mettre fin à la VBG et renforcer le capital humain 18 Participation économique : accroître et favoriser les opportunités économiques 21 Leadership : Promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité 25 IV. MISE EN ŒUVRE DE LA STRATÉGIE GENRE 26 Enseignements tirés de la mise en œuvre de la Stratégie Genre 2016-2023 26 La Banque Mondiale s’engagera avec plus d’ambition et différemment 29 Changement no 1 — Stimuler l’ambition d’accélérer l’égalité des genres pour tous 30 Changement no 2 — Soutenir l’innovation, le financement et l’action collective 31 Changement no 3 — Compléter le marqueur et l’indicateur de genre par une responsabilité axée sur les résultats. 35 Suivi de la mise en œuvre 37 CONCLUSION 39 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 41 SIGLES ET ABRÉVIATIONS AEP Asie de l’Est et Pacifique AFEA Afrique de l’Est et Australe AFS Afrique subsaharienne AID Association Internationale de Développement ALC Amérique Latine et Caraïbes AMGI Agence Multilatérale de Garantie des Investissements ANMO Afrique du Nord et Moyen-Orient AOC Afrique de l’Ouest et du Centre ASS Asie du Sud COVID-19 Maladie à coronavirus 2019 CPP Cadre de Partenariat-Pays EAS/HS Exploitation et Abus Sexuels ainsi que Harcèlement Sexuel FCV Fragilité, Conflit et Violence FGPEG Fonds Général de Promotion de l’Égalité des Genres OCDE Organisation de Coopération et de Développement Économique IDA Association Internationale de Développement OCB Oriental Commercial Bank ODD Objectifs de Développement Durable OMS Organisation Mondiale de la Santé ONU Organisation des Nations Unies OPD Opérations de Politiques de Développement OSC Organisation de la Société Civile PIB Produit Intérieur Brut PISGI Plan d'Implémentation de la Stratégie Genre Institutionnelle PME Petite et Moyenne Entreprise PRMOS Plan Régional de Mise en Œuvre de la Stratégie Genre PNUD Programme des Nations Unis pour le Développement SFI Société Financière Internationale STIM Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques VBG Violence Basée sur le Genre We-Fi Initiative pour le financement des femmes entrepreneures PRÉSENTATION GÉNÉRALE L’égalité des genres est un impératif global. Le monde traverse une série de crises sans précédent qui entraînent des répercussions négatives et disproportionnées sur les femmes, les filles, les minorités sexuelles et de genre et les groupes marginalisés. Le changement climatique, la fragilité, les déplacements forcés et les pandémies menacent les gains durement acquis en matière de capital humain des femmes. Les crises sont interconnectées aux transformations structurelles, et en parallèle, les contraintes liées au genre nuisent de plus en plus aux sociétés, y compris aux hommes. De plus, des retournements de situation dans des pays tels que l'Afghanistan, les déplacements forcés découlant de conflits et les réactions négatives dans de nombreuses sociétés se sont rajoutés à l’urgence de l’action sur l’égalité des genres. L’enjeu repose sur le droit humain inaliénable à l’égalité des genres pour tous, un impératif fondamental en matière d’équité et de justice. Il constitue le socle sur lequel repose un monde à la fois pacifique et prospère, et demeure indispensable pour un développement durable et harmonieux. Les études montrent systématiquement que l’élimination des obstacles liés au genre stimule la productivité économique, réduit la pauvreté, renforce la cohésion sociale et améliore le bien-être des générations actuelles et futures. La participation des femmes à la vie active et leur contribution à la prise de décision améliorent la gestion et la résilience des ressources communautaires et rendent les entreprises plus compétitives. Pourtant, parvenir à l’égalité des genres est particulièrement difficile et complexe. Elle implique des changements dans les lois, les politiques nationales, les activités du secteur privé et public mais aussi dans la vie personnelle. De tels changements nécessitent un engagement durable et généralisé ainsi que des financements en faveur de solutions fondées sur des preuves. Cela est particulièrement difficile dans le contexte mondial actuel caractérisé par une croissance atone et une pauvreté croissante, où les gouvernements sont confrontés à des choix difficiles en raison des contraintes budgétaires et de divers endettements. Des preuves croissantes concernant les impacts négatifs divers de contraintes liées au genre et sur la manière d’y remédier peuvent inspirer et informer de la voie à suivre. La stratégie en matière de genre de la Banque Mondiale pour la période 2024-2030 met en avant une forte ambition pour accélérer l’égalité des genres pour un avenir durable, résilient et inclusif, conformément à sa feuille de route. Cette stratégie répond à l’urgence mondiale, fondamentale et complexe de la réalisation de l’égalité des genres. S’appuyant sur la mise en œuvre de la Stratégie Genre 2016-2023, la nouvelle stratégie propose de s’engager avec plus d’ambition dans ses interventions — en abordant l’égalité des genres pour tous comme un élément essentiel au développement mondial — et d’agir différemment (figure 1). Premièrement, la nouvelle stratégie met l’accent sur six résultats répartis autour de trois objectifs stratégiques. Bien-être fondamental : Mettre fin à la violence basée sur le genre et élever et renforcer le capital humain Résultat 1 : Accélérer les progrès vers l’élimination de toutes les formes de violence basée sur le genre Résultat 2 : Construire et protéger le capital humain i Participation économique : Élargir et faciliter les opportunités économiques Résultat 3 : Améliorer l’égalité d’accès à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, y compris dans les métiers d’avenir Résultat 4 : Élargir la propriété et l’utilisation des actifs économiques Résultat 5 : Élargir l’accès et l’utilisation des services qui favorisent la participation à l’économie Leadership : Promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité Résultat 6 : Promouvoir l’accès des femmes à la prise de décision et à des postes à responsabilité En comparaison aux quatre piliers de la Stratégie Genre 2016-2023 (dotations humaines, emplois, contrôle et propriété des actifs, voies et moyens d’action), la nouvelle stratégie répond au contexte mondial en mettant davantage l’accent sur l’élimination de la violence basée sur le genre, l’expansion des services numériques et juridiques, des services de soins et de mobilité, d’autres services facilitateurs, et en impliquant les femmes en tant que leaders pour un avenir durable, résilient et inclusif. La nouvelle stratégie renforce l’engagement de la Banque mondiale à promouvoir la non- discrimination, l’inclusion et de l’égalité des chances, y compris pour les minorités sexuelles et de genre. Elle reconnaît les difficultés auxquelles sont confrontées les hommes et les garçons tout en soulignant les vulnérabilités exacerbées par l'intersection du genre avec des facteurs tels que la pauvreté, l'origine ethnique et le handicap. Elle propose d’impliquer les hommes et les garçons aux problématiques qui leur sont propres ainsi qu’à celles qui touchent à l’égalité des genres. Figure 1 : La Banque Mondiale s’engagera avec plus d’ambitions et différemment NB : Les mots en gras illustrent les changements par rapport à la Stratégie 2016-2023. ii Deuxièmement, la stratégie identifie l’innovation, le financement et l’action collective comme des moteurs du changement en vue de la réalisation de l’égalité des genres. L’innovation implique de promouvoir des solutions (sur la base de données, d’éléments factuels, d’outils numériques et d’analyses fondées sur des données comportementales) mises au point au niveau local, d’en tirer des enseignements et de les perfectionner. Le financement consiste à mobiliser et affecter efficacement des ressources à travers les secteurs publics et privés. L’action collective s’appuie sur le principe selon lequel la réalisation des objectifs d’égalité entre les genres exige un effort concerté des acteurs du secteur public et privé, de la société civile et des organismes internationaux. La Banque mondiale abordera les moteurs du changement en tenant compte de son avantage comparatif. Elle aidera les clients à tester les solutions proposées, à les adapter, à les développer et à obtenir des résultats à grande échelle en s’attaquant aux limitations structurelles et en intégrant l’analyse de genre dans les politiques macroéconomiques et de finances publiques, les stratégies sectorielles et les pratiques du secteur privé. Garantir le financement et mobiliser les capitaux du secteur privé afin de promouvoir l’égalité des genres permettra d’obtenir des résultats plus complets et durables, tout en réservant les rares ressources publiques aux domaines où elles sont le plus nécessaires. Des partenariats plus larges et la mobilisation des parties prenantes faciliteront les réformes et leur mise en œuvre grâce à une action collective. Troisièmement, la stratégie favorise la responsabilité en matière de résultats liés à l’égalité des genres. S’appuyant sur la responsabilité actuelle en matière de conception de projets (utilisation de marqueur ou d’indicateur de genre), la Banque mondiale mettra l’accent sur les résultats en matière de genre dans la mise en œuvre de projets et dans ses engagements pays. Les cadres de partenariat-pays amélioreront les résultats en matière d’égalité des genres, en synergie avec d’autres priorités de développement, et impliqueront davantage d’acteurs en faveur de l’égalité des genres. La Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale inclura un cadre de résultats axé sur des résultats qui s’appuie sur les engagements corporatifs actuels ainsi que sur sa feuille de route pour l’évolution. Tout en relevant son niveau d’ambition dans l’optique d’accélérer l’égalité des genres pour un avenir durable, résilient et inclusif, la Banque mondiale abordera les défis complexes liés à cette démarche avec réalisme et dans une perspective à long terme. iii I. L’URGENCE HISTORIQUE ET PERMANENTE 1. Il est urgent — et particulièrement difficile — de progresser vers l’égalité des genres 1. Le monde connaît une série de crises sans précédent qui ont des répercussions négatives et disproportionnées sur les femmes, les filles, les minorités sexuelles et de genre et les groupes marginalisés. L’économie mondiale tourne au ralenti. La pauvreté augmente alors que le développement humain recule. Les gouvernements sont confrontés à des choix difficiles en raison du resserrement des politiques budgétaires et des contraintes de la dette. L’égalité des genres en tant que produit du développement doté d’une valeur intrinsèque profonde risque d’être éclipsée par les crises et remise en question par les rapports de force traditionnels et l’hostilité grandissante. Et pourtant, les preuves démontrent que la participation des femmes à l’économie et à la prise de décision améliore la durabilité et la résilience ainsi que la croissance économique, la productivité et la réduction de la pauvreté. Les progrès vers l’égalité des genres sont lents, inégaux, voire parfois inversés 2. La dernière décennie a été marquée par des progrès durement acquis vers l’égalité des genres. Le capital humain des filles est désormais équivalent ou supérieur à celui des garçons dans 90 % des pays disposant de données sur l’Indice de capital humain ventilées par sexe (figure 1.1) 2. Les taux de mortalité maternelle ont considérablement diminué. Les réformes juridiques et le financement des entreprises dirigées par des femmes ont progressé, quoique lentement. Cependant, ces progrès demeurent inégalement répartis et présentent des disparités régionales significatives. En effet, la région Afrique de l’Est et Australe (AFEA) et la région Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) cumulent à elles seules les deux tiers des décès maternels à l’échelle mondiale. Les filles sont moins nombreuses que les garçons à achever leurs études secondaires dans les régions AFEA et AOC, tandis que dans les régions de l’Asie du Sud (AS), Amérique latine et Caraïbes (ALC) et Asie de l’Est et Pacifique (AEP), ce sont les garçons qui affichent un retard par rapport aux filles 3. Dans de nombreux pays, les avancées en matière de capital humain ont été compromises par des crises telles que la pandémie de la COVID-19 4. 1 Dans le cadre de cette stratégie et en conformité avec le rapport sur le développement dans le monde 2012 sur l’égalité des genres et le développement, le concept de genre est défini comme un ensemble d’attributs sociaux, comportementaux et culturels, associé à des attentes et normes liées au sexe biologique. Tandis que le sexe repose principalement sur des distinctions biologiques, le genre constitue également une construction sociale influençant les rôles et les opportunités économiques. 2 L’indice de capital humain de la Banque mondiale est une mesure internationale qui compare les composantes clé du capital humain dans toutes les économies : probabilité de survie jusqu’à l’âge de 5 ans, années de scolarité prévues, résultats harmonisés aux tests, proportion d’enfants de moins de 5 ans sans retard de croissance, taux de survie des adultes. 3 Données extraites du portail de la Banque mondiale sur le genre et l’égalité des sexes, pages intitulées Mortalité maternelle et Achèvement de l’enseignement secondaire 4 Schady et al. (2023). 1 Figure 1.1 Ratio filles-garçons pour l’indice du capital humain et ses composantes, 2020 3. Les perspectives économiques des femmes restent limitées. À l’échelle mondiale, les femmes ne jouissent toujours que de trois quarts des droits économiques accordés aux hommes. De plus, la cadence des réformes juridiques a connu un ralentissement notable au cours des 15 dernières années, atteignant un niveau historiquement bas en 2022 5. Plus d’un milliard de femmes ne bénéficient pas de l’accès au financement, et elles sont 21 % moins enclines que les hommes à utiliser l’internet 6. En ce qui concerne la participation au marché du travail, elle demeure stagnante depuis 1990, s’établissant autour de 53 % pour les femmes et de 80 % pour les hommes. Les disparités les plus importantes se trouvent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (figure 1.2) et dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (ANMO, avec 21 % contre 77 %) et de l’Asie du Sud (ASS, avec 25 % contre 81 %) 7. Le chômage des jeunes est plus élevé chez les femmes que chez les hommes (figure 1.3), en particulier dans la région ANMO 8. Sur le marché du travail, les femmes sont deux fois moins susceptibles que les hommes d’avoir un emploi rémunéré à temps plein, leurs emplois tendent à être plus précaires, par exemple, elles gagnent 77 centimes pour chaque dollar gagné par les hommes 9. Les professions les mieux rémunérées sont le plus souvent dominées par les hommes 10. Les femmes constituent près de la moitié de la main-d’œuvre paysanne dans les pays en développement, mais moins de 15 % des propriétaires d’exploitations agricoles. Elles produisent 15 % à 35 % de moins par unité de terre agricole que les hommes. Ces écarts sont dus à des différences dans l’accès à l’information, au crédit, à la main-d’œuvre etautres ressources; dans la production de denrées commerciales ; et dans la participation à des associations d’agriculteurs. Au lendemain de la pandémie de la COVID- 19, en partie en raison de leurs responsabilités disproportionnées liées à la garde d’enfants et à la prise en charge des personnes âgées et des personnes handicapées les femmes ont déclaré des taux de perte d’emploi plus élevés que les hommes dans toutes les régions du monde. Les écarts les plus significatifs en matière d’emploi ont été enregistrés dans les régions de l’ANMO et de l’ALC, 5 World Bank (2023). 6 Iglesias (2020). 7 Pimkina et de La Flor (2020) et Organisation internationale du Travail, extrait du portail de la Banque Mondiale sur le genre et l’égalité des sexes, page Participation au marché du travail. 8 Données extraites du portail de la Banque Mondiale sur le genre et l’égalité des sexes, page Chômage des jeunes. 9 Lo Bue et al. (2022). 10 World Bank (2022). 2 tandis que les disparités les plus marquants concernant la perte de revenu ont été observées dans les régions de l’Afrique subsaharienne (AFS) et AEP 11. Figure 1.2 Participation au marché du travail, Figure 1.3 Chômage des jeunes, 1990-2020 1990-2020 4. L’écart entre les femmes et les hommes est frappant lorsqu’il s’agit de la propriété et de la direction des entreprises. La proportion d’entreprises structurées avec une participation majoritaire féminine ou ayant une femme à leur tête est d’à peine 25 %, et cette part diminue drastiquement à mesure que la taille de l’entreprise augmente. Les femmes continuent d’être sous- représentées aux postes de direction : à l’échelle mondiale, par exemple, dans le secteur privé, les femmes n’occupent que 20 % des sièges aux conseils d’administration, 7 % des sièges de président de conseil d’administration, 5 % des postes de directeur général et 16 % des postes de directeur financier 12. Les écarts entre les sexes ont une incidence négative sur la productivité, la performance et les bénéfices des entreprises et peuvent être attribués à divers obstacles, tels que le manque de compétences, des réseaux et d’accès aux financements, à la technologie et aux marchés, affectant ainsi la volonté des femmes de devenir entrepreneures, leurs choix sectoriels et leurs investissements commerciaux 13. Pendant la pandémie de la COVID-19, les entreprises dirigées par des femmes étaient, en moyenne, 4 points de pourcentage plus susceptibles de fermer et ont subi des baisses de revenus plus importantes que celles dirigées par des hommes, en particulier dans les sociétés aux normes de genre plus conservatrices 14. 5. La Violence Basée sur le Genre (VBG) est l’une des violations des droits humains les plus répandues à travers le monde. Avant la pandémie de la COVID-19, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait qu’une femme sur trois dans le monde subissait des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une personne autre que leur partenaire intime 15. Pendant la pandémie, 54 % des femmes estimaient que 11 Flor et al. (2022). 12 Deloitte (2022). 13 Ubfal (2023) et Halim et al. (2023a). 14 Goldstein et al. (2022). 15 WHO (2021). 3 les VBG avaient augmenté dans leur communauté, les niveaux les plus élevés étant observés dans les régions ALC et SA16. Les violences sur les réseaux en ligne sont encore plus fréquentes, touchant 85 % des femmes et des filles à travers le monde. Le mariage forcé des enfants, le harcèlement sexuel, la violence de la part d’un partenaire intime et les mutilations génitales féminines restent très répandus. La VBG a des conséquences multiples et graves, allant de la détérioration de la santé physique et mentale, un accès limité à l’éducation et à l’emploi, en passant par la régression des acquis en matière de développement humain et des performances économiques pour les survivantes et leurs enfants. Des enquêtes indiquent que le harcèlement sexuel dans les transports, les espaces publics et le lieu de travail constitue un frein majeur à l’émancipation économique des femmes 17. Sur le lieu de travail, la VBG est associée à une baisse de la productivité, à une augmentation du « présentéisme » 18 et de l’absentéisme et à une plus forte rotation du personnel. 6. L’augmentation de la fragilité et des conflits à travers le monde a des répercussions différentes selon le genre, y compris en ce qui concerne la VBG 19. Des niveaux élevés d’inégalité entre femmes et hommes et de VBG sont corrélés à une vulnérabilité accrue aux guerres civiles ou interétatiques et notamment au recours à des formes de violence extrême en situation de conflit. Pour les femmes et les filles, le risque de VBG est particulièrement élevé dans les situations de Fragilité, de Conflit et de Violence (FCV). Les déplacements forcés amplifient le risque de VBG, tout comme les difficultés et les obstacles spécifiques au genre affectant les opportunités économiques, les droits sexuels et reproductifs, l’accès à la santé et à l’éducation, en particulier pour les adolescentes. Les contextes de FCV renforcent et amplifient souvent des normes et pratiques sexistes néfastes en raison du mauvais fonctionnement des institutions, de l’affaiblissement de l’État de droit et des défaillances du marché qui s’accompagnent d’une dégradation du tissu social. Les hommes et les garçons sont les principaux auteurs de violences interpersonnelles, sont les plus susceptibles de perdre la vie et de subir des traumatismes en situation de conflit, et rencontrent des difficultés à se réinsérer dans la société et dans l’économie par la suite. 7. L’inégalité de genre ne se limite pas aux femmes et aux filles. Les transformations économiques rapides ont entrainé des pertes d’emplois dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière et l’exploitation minière, qui ont traditionnellement favorisé la main-d’œuvre masculine. Ces changements ont eu un impact négatif sur les revenus et l’identité des hommes. De même, les garçons accumulent un retard dans leurs études dans de nombreux pays 20. À l’échelle mondiale, le taux de suicide est plus élevé chez les hommes que chez les femmes : il est trois fois supérieur à celui des femmes dans les pays à revenu élevé et 1,5 fois supérieur dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La « mort par désespoir » se répand chez les hommes en réponse à des bouleversements sociaux provoqués par les changements économiques rapides 21. Les minorités sexuelles et les minorités de genre sont confrontées à la stigmatisation, à la violence et 16 Flor et al. (2022). 17 UN Women (2021) ; EBRD, CDC et IFC (2020). 18 Les travailleurs sont physiquement au travail, mais ne sont pas pleinement opérationnels et peuvent ne pas être en mesure d’exercer pleinement leurs fonctions. 19 World Bank Group (2020). 20 UNESCO (2022). 21 Case et Deaton (2020) ; King et al. (2022). 4 à des lois, politiques et pratiques discriminatoires. Dans de nombreux pays, les minorités sexuelles et de genre sont marginalisées et voient leur accès aux services essentiels, tels que l’éducation, les soins de santé, la protection sociale et le logement, considérablement restreint avec des conséquences négatives pour la société dans son ensemble 22. Les facteurs tels que le genre, la pauvreté, l’origine ethnique ou le handicap se conjuguent souvent pour accroître la vulnérabilité. Par exemple, près de trois quarts des filles non scolarisées dans le monde appartiennent à une minorité ethnique. L’égalité des genres, par définition, exige de garantir que toutes les personnes, indépendamment de leur identité de genre, bénéficient des mêmes droits et des mêmes opportunités. 8. Les stéréotypes et les préjugés concernant les rôles de genre persistent, ce qui limite les progrès vers l’égalité des genres. Une étude mondiale menée par Equimondo 23 sur les attitudes des femmes et des hommes à l’égard du pouvoir, du ménage et de la violence révèle non seulement que les hommes affichent des points de vue plus restrictifs que les femmes, mais que les plus jeunes ont une vision encore plus limitée que ceux qui entrent tout juste dans la trentaine 24. De même, une proportion considérable des participants à l’Enquête Mondiale 2019 sur les attitudes du « Pew Research Center » considère que les hommes devraient être privilégiés lorsque les emplois sont rares 25. Bien que les participants à cette enquête révèlent un optimisme général envers le futur de l’égalité des genres, l’Indice des Normes Sociales de Genre du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) indique que 91 % des hommes et 86 % des femmes détiennent au moins un préjugé contre l’égalité des genres et que ces préjugés s’intensifient dans de nombreux pays 26. Certains pays ont même révoqué des lois et des politiques qui étaient favorables aux droits des femmes, y compris les droits en matière de santé sexuelle et reproductive 27. Les minorités sexuelles et de genre sont également soumises à des normes de genre dominantes et répressives et sont confrontés à des sanctions, à de la violence et à d’autres formes d’exclusion lorsqu’elles ne s’y conforment pas. L’égalité des genres est essentielle pour un développement durable, résilient et inclusif 9. L’égalité des genres est un droit humain fondamental qui occupe une place centrale dans le développement. L’égalité des genres et l’émancipation des femmes sont inscrites dans l’Objectif de Développement Durable (ODD 5) et dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Les défis mondiaux ne peuvent être surmontés qu’en supprimant les obstacles auxquels sont confrontés les femmes, les filles, les minorités sexuelles et de genre. L’égalité des genres et la participation des femmes à la prise de décision contribuent à des institutions plus transparentes et à des politiques orientées vers la réduction de la pauvreté 28. Au sein des ménages, l’égalité des genres permet d’améliorer les choix, ce qui favorise un meilleur développement de l’enfant, qui, à son tour, réduit la transmission intergénérationnelle de la pauvreté 29. A l’inverse, négliger les liens entre la pauvreté et les 22 Badgett (2020). 23 Equimundo (2022). 24 Equimundo (2022). 25 Horowitz et Fetterolf (2020). 26 UNDP (2020). 27 World Bank (2023). 28 Beaman et al. (2012) ; Pande (2019). 29 Duflo (2003) ; Tommasi (2019). 5 obstacles spécifiques rencontrés par les hommes, les femmes, les minorités sexuelles et de genre peut nuire à l’efficacité des initiatives visant à lutter contre la pauvreté. 10. L’égalité des genres peut stimuler une croissance économique inclusive ainsi que la productivité. Le Fonds Monétaire International (FMI) reconnaît l’importance macroéconomique de l’élimination des écarts de genre, ainsi que l’impact crucial de l’amélioration de la participation des femmes au marché du travail, de leur productivité, de leur rémunération, de leur accès aux services financiers et de leur représentation et de leur leadership. Il est estimé que le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant à long terme serait presque 20 % plus élevé si l’emploi des femmes atteignait le même niveau que celui des hommes 30. La productivité augmente à mesure que l’égalité de l’accès aux actifs productifs (tels que la terre, le financement, le logement et la technologie), au marché du travail, à l’emploi rémunéré et aux marchés à produits à forte valeur ajoutée progresse 31. À l’inverse, la VBG freine l’activité économique : une augmentation de 1 point de pourcentage de la proportion de femmes victimes de violence peut entrainer une réduction de l’activité économique de l’ordre de 8 % 32. Indirectement, la croissance et la productivité bénéficient également de la mise à disposition de services facilitateurs, tels que des moyens de transports sûrs, des soins abordables, ainsi que de normes équitables en matière de genre (par exemple, en améliorant les choix académiques et économiques ainsi que la répartition des responsabilités liées aux soins et tâches ménagères). 11. L’argument économique en faveur de l’égalité des genres est solide. Des preuves tangibles provenant du secteur privé indiquent que les initiatives visant à promouvoir l’égalité des genres et la contribution économique des femmes peuvent accroitre la compétitivité des entreprises, renforcer les chaînes logistiques, améliorer le capital humain et contribuer à créer un environnement commercial favorable 33. Les entreprises dans lesquelles les femmes et les hommes sont représentés de manière équilibrée génèrent de meilleurs rendements sur capitaux propres que les autres 34. Au fur et à mesure, les entreprises prennent conscience qu’elles peuvent étendre leur présence sur le marché, améliorer leur productivité et augmenter leurs profits en permettant aux femmes de jouer un rôle en tant qu’employées, dirigeantes, entrepreneures, clientes et parties prenantes au sein de la communauté. Dans le secteur bancaire, les portefeuilles de prêts destinés aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) et qui sont détenus par des femmes affichent systématiquement des parts plus faibles de créances improductives 35. 12. La participation et le leadership des femmes dans la prise de décision peuvent contribuer à un avenir plus durable et résilient. Les femmes conçoivent et adoptent des solutions pour faire face au changement climatique dans les domaines agricoles, les entreprises et au sein de leurs foyers, tout en contribuant à la préservation des ressources naturelles. Le leadership des femmes dans la prise de décision renforce la résilience des communautés face aux catastrophes naturelles 36. La participation des femmes à l’élaboration des plans d’urgence de contingence permet non seulement de sauver des vies, mais peut également avoir un effet transformateur sur la 30 Pennings (2022). 31 Lee (2021). 32 International Monetary Fund (2022). 33 IFC (2017). 34 IFC (2019). 35IFC (2023). 36 ILO (2015), United Nations (2022). 6 dynamique de genre au sein des communautés 37. La diversité des genres dans les postes du secteur privé est associée à des résultats plus écologiques. Par exemple, les banques ayant des conseils d’administration plus diversifiés en termes de genre accordent davantage de crédits aux entreprises les plus écologiques et prêtent moins aux entreprises qui polluent fortement 38. L’attribution d’au moins 30 % de sièges aux femmes dans les conseils d’administration est positivement corrélé avec la gouvernance climatique et l’innovation dans les secteurs des services publics, du pétrole et du gaz et de l’exploitation minière 39. Les preuves et les enseignements tirés de l’expérience inspirent et montrent la voie à suivre 13. Les connaissances générées par la Banque mondiale, en collaboration avec ses partenaires de développement et la communauté académique et de recherche, inspirent et informent les efforts futurs. La Stratégie Genre 2016-2023 40 a stimulé des investissements visant à examiner les causes profondes et les implications de l’inégalités des genres, et à trouver des solutions. Des preuves récentes révèlent comment les infrastructures et les services, la discrimination, la faiblesse des institutions formelles, ainsi que les normes et mentalités genrées profondément établies, contribuent à l’inégalité des genres. Des évaluations d’impact rigoureuses et des travaux de recherche fournissent des exemples de ce qui fonctionne pour combler les écarts de genre. Il s’agit notamment de mettre en place des regroupements de transferts monétaires avec des services et des informations au profit des femmes ; de faire en sorte que celles-ci exercent un contrôle sur leurs revenus, crédit et épargne ; de promouvoir des lieux de travail sûrs, sans danger, respectueux et inclusif ; de créer des programmes de formation et de mentorat destinés aux filles afin de les aider à développer leurs compétences socio-émotionnelles et de vie ; de fournir des services de soins et de prise en charge abordables et de qualité ; d’augmenter le nombre de conseillères agricole femmes ; et enfin de contourner les exigences de garantie à travers des évaluations de crédit utilisant la psychométrie. 14. Les approches prometteuses combinent innovation, financement et action collective. Les résultats s’améliorent lorsque les interventions abordent à la fois les problèmes structurels et politiques ainsi que les mentalités et les normes. De récents travaux de recherche montrent que les normes sociales et les mentalités peuvent changer, par exemple, en impliquant les hommes et les garçons pour encourager leur soutien et leur adhésion à l’égalité des genres. Le changement peut également se produire grâce aux efforts concertés pour former des coalitions de champions gouvernementaux, d’acteurs du secteur privé, de la société civile et de partenaires du développement qui militent en faveur de réformes et encouragent les changements comportementaux soutenant la mise en œuvre des réformes. L’action communautaire et l’alignement vers de nouvelles normes peuvent également influencer positivement les résultats en matière de genre. 15. L’égalité des genres est un objectif difficile à réaliser. L’égalité des genres est un impératif moral, un droit humain fondamental et un principe juridique incontournable dans de nombreux pays, essentiel pour obtenir des résultats en matière de développement. Pourtant, 37 Erman et al. (2021). 38 Gambacorta et al. (2022). 39 BNEF (2020). 40 World Bank Group (2017). 7 l’histoire montre que dans certains contextes, elle se heurte à des obstacles sociaux et suscite la controverse sur le plan politique. Réaliser des gains substantiels et durables exige une persévérance collective à la fois au sein et au-delà des institutions où les politiques sont élaborées et mises en œuvre. La formalisation de l’égalité des genres est une aspiration dans certains pays depuis plus de 200 ans. Malgré tout, même dans ces pays, cette aspiration reste souvent non réalisée. Plus préoccupant encore, les valeurs de l’Indice du plafond de verre — qui mesure l’engagement des femmes à des postes de direction en politique et dans les affaires — ont baissé au cours des six dernières années dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) 41. En bref, il est difficile d’atteindre et de maintenir l’égalité des genres, même lorsque les conditions semblent les plus favorables. Forger un consensus social plus large en faveur de cet objectif sous toutes ses formes est essentiel pour obtenir le soutien nécessaire aux changements requis pour la réaliser. 16. La Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale répond à l’urgence mondiale, à la nature fondamentale et à la complexité de la réalisation de l’égalité des genres. Elle met en avant l’ambition d’accélérer l’égalité des genres pour un avenir durable, résilient et inclusif. En conséquence, s’appuyant sur des données et enseignements récents, elle esquisse un cadre conceptuel (section II), des objectifs et des résultats stratégiques (section III) ainsi qu’une responsabilité en matière de résultats (section IV). II. CADRE CONCEPTUEL 17. La Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale propose un nouveau cadre conceptuel 42. Ce cadre décrit les résultats liés au genre comme le produit de principaux Moteurs du Changement, interagissant à travers le domaine des politiques publiques et des facteurs externes à celui-ci. L’engagement de la Banque Mondiale est l’un des nombreux facteurs interactifs qui façonnent les résultats en matière de genre. De ce fait, les Moteurs du Changement et le domaine des politiques publiques sont présentés comme des moyens d’apprécier la valeur ajoutée de la Banque Mondiale, mais aussi d’élargir les partenariats et de renforcer la mobilisation des parties prenantes. 41The Economist (2023). 42 Ce cadre s’inspire du Rapport sur le développement dans le monde 2012 : Égalité des genres et développement (World Bank, 2012) et du Rapport sur le développement dans le monde 2017 : La gouvernance et la loi (World Bank, 2017), ont été les premiers à décrire le concept du « domaine des politiques publiques » de la Banque Mondiale. Il rend également compte du travail d’analyse associé à la mise en œuvre de la Stratégie Genre 2016-2023 et des acquis de cette expérience. 8 Les résultats en matière de genre sont déterminés par des institutions formelles et informelles, des acteurs divers et des rapports de force 18. Le cadre reflète la complexité de la promotion de l’égalité des genres. Étant donné que l’égalité des genres implique des questions complexes et parfois controversées, des politiques fondées sur des preuves et des financements solides fournissent une base solide sur laquelle construire des solutions efficaces. Un changement progressif important et des résultats peuvent être obtenus en mettant en œuvre efficacement des interventions au niveau des projets pour promouvoir l’égalité entre les genres. Ceci dit, des résultats positifs en matière de genre peuvent être accélérés et généralisés si l’on parvient à mieux comprendre les trois conditions suivantes : comment les normes sociales et les mentalités façonnent les attentes, les priorités et les pratiques quotidiennes ; comment la nature et l’étendue des rapports de force peuvent entraîner un soutien, une indifférence ou une hostilité à l'égard de l'égalité des genres ; et comment l’ensemble des acteurs et des forces qui composent les milieux institutionnels et économiques plus larges dans lesquels opère la Banque Mondiale affectent les approches et les résultats. 19. Les résultats en matière de genre sont arbitrés par le domaine des politiques publiques. Le domaine des politiques publiques (encadré 2.1) est l’espace dans lequel différents acteurs interagissent et négocient pour parvenir à des accords qui peuvent éventuellement conduire à des changements (ou à la consolidation) de lois, d’institutions, de politiques et de pratiques. Ses structures et ses acteurs orientent les résultats, même lorsque le domaine lui-même est propice à contestation en raison des rapports de forces en son sein ou au-delà de son cadre. L’analyse du domaine des politiques publiques peut fournir des informations essentielles sur des questions complexes, par exemple : i) comment la discrimination du genre est vécue et consolidée par des institutions formelles par rapport aux institutions informelles ; ii) comment des formes plus profondes de discrimination du genre résistent activement ou passivement aux efforts visant à les corriger ; et iii) comment les rapports de force sont influencés par les lois (ou leur absence) concernant les droits des femmes, telles que celles portant sur la représentation des femmes dans les organes décisionnels, ou l’interdiction de la discrimination de genre en matière d’emploi, d’accès au crédit et d’héritage des biens familiaux. 20. Pour faire progresser l’égalité des genres, il faut comprendre et influencer le domaine des politiques publiques. Cela inclut la navigation à travers les asymétries de pouvoir entre institutions et acteurs, ainsi que les croyances largement répandues sur les relations de pouvoir fondées sur le genre au sein même du domaine des politiques publiques. Pour promouvoir efficacement l’égalité des genres, il faut mettre à contribution toutes les institutions politiques, économiques et sociales — formelles, traditionnelles et informelles. Le succès dans le domaine des politiques publiques peut impliquer d’élargir la participation aux processus de prise de décision et de changer les incitations et les mentalités des décideurs et d’autres acteurs formels et informels. 9 Encadré 21. Le domaine des politiques publiques De nombreux types d’institutions, d’acteurs et de rapports de force composent le domaine des politiques publiques et sont façonnés par les décisions qui en découlent. Les tâches et les défis au sein de ce domaine sont susceptibles de changer lorsqu’un pays passe de la catégorie de pays à faible revenu à celle de pays à revenu intermédiaire puis à revenu élevé ; ils peuvent également être différents dans des situations de FCV, où le domaine lui-même peut être illégitime, sous-financé, pris en otage par des intérêts particuliers, manquer de capacités de mise en œuvre ou peiner à exister. L’établissement et le maintien d’un champs des politiques publiques crédible est un complément nécessaire à la réalisation de résultats équitables en matière de développement, y compris pour l’égalité des genres. Toutefois, même dans des circonstances extrêmement difficiles, l’égalité des genres, en tant que droit humain fondamental, doit être protégée et promue. En ce qui concerne les résultats en matière de genre, le domaine des politiques publiques comprend trois dimensions : Institutions : Les organes formels — tels que les parlements, les tribunaux, les agences du secteur public et les institutions du secteur privé — et les lois, règles et pratiques sociales correspondantes qui guident leur interaction quotidienne et leur confèrent la légitimité nécessaire pour élaborer et appliquer des politiques, jouent un rôle clé. Mais les résultats en matière de genre sont également orientés par des institutions sociales informelles, les normes et attitudes prédominantes concernant individus en fonction de leur genre. Un conflit peut survenir lorsque les institutions formelles et informelles ne parviennent pas à s’aligner sur des questions essentielles (par exemple, lorsque les décisions d’un tribunal sur l’égalité dans le mariage sont en contradiction avec l’opinion publique). De meilleurs résultats, tels que l’expansion des opportunités d’entrepreneuriat pour les femmes, peuvent faciliter d’autres changements institutionnels. Acteurs : Il s’agit entre autres des partis politiques, des entreprises, des associations professionnelles, des organisations de la société civile (y compris les groupes de défense des droits des femmes), des mouvements sociaux, des médias en ligne et traditionnels, des personnes en position d’influence et d’autres acteurs formels et informels. Leurs mentalités collectives ainsi que la taille, la composition, l’influence relative et les intérêts partagés de chaque personne ou de chaque groupe, leur mode principal de dialogue avec les autres et les règles favorisant ou limitant leur comportement diffèrent d’un pays à l’autre mais également au sein d’un même pays. Tous ces facteurs déterminent la façon dont divers acteurs interagissent avec les institutions et améliorent ou entravent les résultats en matière de genre. Motivées par le profit, les associations professionnelles, par exemple, peuvent appeler à des politiques gouvernementales et à des réformes institutionnelles pour stimuler la mobilité, la sécurité et les compétences des femmes. Les programmes visant à promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité peuvent modifier l’éventail des acteurs, leurs intérêts et leurs priorités politiques. Rapports de force : Ils font référence à la nature du contrat social qui lie les citoyens et l’État (par exemple, responsabilités et droits respectifs, mécanismes de réclamation et de recours, importance de la légitimité accordée aux partis dominants par les autres et vice versa) ; aux modes d’interaction entre les secteurs publics et privés (en particulier les ressources juridiques, politiques et financières à leur disposition) ; ainsi qu’au rôle et à l’influence des organismes multilatéraux. Les progrès vers l’égalité des genres (par exemple, dans la possession d’actifs ou la prise de décision) peuvent redéfinir la répartition du pouvoir de facto entre les acteurs concernés, et ainsi modifier la façon dont les politiques sont définies, mises en œuvre et évaluées. 21. Dans le domaine des politiques publiques, les politiques et pratiques mises en place pour produire des résultats en matière de genre sont façonnées par les institutions, ainsi que par les lois, les règlements, les normes et les mentalités collectives liées au genre. Il s’agit notamment des lois qui déterminent qui peut épouser qui et à quel âge et si le divorce est acceptable ; qui peut occuper des postes à responsabilité ; si les femmes peuvent ou doivent participer au marché du travail formel ; dans quels secteurs et professions les femmes sont censées travailler ; si les femmes ont un accès égal à la terre, au crédit et à d’autres biens ; quelle est la base de la pureté rituelle ; quelles sont les lois sur l’héritage, les attentes de la société concernant la taille de la famille, la visibilité vis-à-vis du public et le comportement ; et si la violence fondée sur le genre est acceptée. Ces facteurs peuvent interagir les uns avec les autres pour créer des biais 10 systémiques qui entravent l’accès aux opportunités pour les femmes, les minorités sexuelles et de genre. 22. Les résultats en matière de genre se répercutent sur le domaine des politiques publiques. L’émancipation économique des femmes, par exemple, influence indirectement les institutions, les acteurs et les rapports de force. Cela peut créer un cercle vertueux. Cependant, l’exercice même des droits juridiques et des acquis sociaux, durement obtenus par les femmes et les minorités de genre, peut susciter une résistance de la part de ceux qui se sentent menacés par celles-ci. Les perceptions d’illégitimité ou de perte (par exemple, dans le revenu et l’identité des hommes) associées à de tels changements de politiques et d’institutions peuvent entrainer une résistance ou une opposition active. 23. Les résultats en matière de développement, y compris ceux liés au genre, sont influencés par des facteurs à la fois internes et externes au domaine des politiques publiques. Il s’agit notamment d’une combinaison de forces exogènes et de politiques intérieures, de structures de marché, de priorités politiques, de systèmes juridiques, de pratiques sociales et de relations familiales. Les résultats en matière de développement reflètent non seulement les politiques et pratiques mise en œuvre, mais aussi la manière dont celles-ci sont appliquées et la mesure dans laquelle elles acquièrent une légitimité au niveau local et s’intègrent dans la vie quotidienne. Cette légitimité locale est vitale pour remédier aux problèmes que suscitent les changements de comportement établis et pour s’assurer que les « victimes » de ces changements les acceptent. 24. Sur la base des acquis et éléments factuels, le cadre conceptuel proposé (figure 2.1), élargit et consolide les approches antérieures en mettant l’accent sur trois moteurs du changement : l’innovation, le financement et l’action collective. L’innovation fait référence à la promotion de solutions (sur la base de données, d’éléments factuels, d’outils numériques et d’analyses éclairées par des perspectives comportementales) ainsi qu'à l'apprentissage et à l'affinement des solutions initiées par les leaders locaux, les entreprises et les communautés. Le financement consiste à mobiliser les ressources nécessaires auprès des secteurs publics et privés. L’action collective s’appuie sur le principe selon lequel la réalisation des objectifs d’égalité des genres exige un engagement concerté des acteurs publics et privés, de la société civile et des organismes internationaux. Les secteurs publics et privés peuvent exploiter leurs missions et leurs avantages comparatifs à des degrés divers dans le domaine des politiques publiques et les moteurs du changement. 11 Figure 2.1 Cadre conceptuel de la Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale Moteurs du changement en faveur de l’égalité des genres : innovation, financement et action collective 25. L’innovation peut contribuer à améliorer les politiques et pratiques qui déterminent les résultats en matière de genre. Innover implique l’utilisation de données, de connaissances disponibles à l’échelle mondiale et à l’échelon local, et accroitre apprentissage, pour élaborer des solutions stratégiques et techniques. Des améliorations peuvent survenir lorsque les solutions sont testées et adaptées par les responsables dans leur mise en œuvre et de manière flexible. Les progrès en matière de données, les connaissances et l’apprentissage sont devenues un Bien Public Mondial précieux qui a contribué à affiner les approches opérationnelles à travers les pays. Élargir l’échelle et la qualité des données sur le genre augmente la capacité à déterminer la nature et l’étendue des disparités entre les genres et d’y apporter des réponses constructives. Il est également possible de mieux comprendre et de mesurer les obstacles institutionnels informels, tels que les normes sociales et les modèles mentaux néfastes, de sorte que les politiques et les interventions sont plus ciblées. Parmi les exemples récents de solutions innovantes, les outils mobiles numériques, les systèmes d’identification dématérialisés et d’autres solutions et plateformes technologiques peuvent être cités. D’autres exemples incluent des programmes d’inclusion économique qui combinent des transferts d’argent avec d’autres actions complémentaires (par exemple, transferts d’actifs, formation, encadrement et services pour prévenir et combattre la violence à l’égard des femmes et des enfants et d’autres formes de VBG), ainsi que des approches pour soutenir l’inclusion financière, les programmes de soins, les moyens de subsistance et d’opportunité économique, la formation à l’initiative personnelle et les solutions de chaînes de valeur. 12 26. Les innovations efficaces comprennent souvent des approches comportementales accompagnées d’un cadrage adapté au contexte et en lien avec les acteurs clés. La manière dont une option est présentée — par exemple, sous forme de gains ou de pertes, et comment leur répartition pourrait modifier l’option choisie — aide à orienter le discours plus global et la compréhension mutuelle de l’impact des inégalités entre les genres. Elle peut favoriser une vision commune des trajectoires à suivre pour renforcer l’égalité des genres et l’autonomisation. Le cadrage peut refléter une approche fondée sur les droits, une approche économique ou commerciale, ou peut présenter des points d’entrée spécifiques au contexte qui illustrent l’impact positif que peut avoir l’égalité des genres sur des défis tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique. Les approches comportementales abordent les modèles mentaux ou les contournent en empêchant des jugements biaisés de limiter l’impact des politiques. Des solutions visant à promouvoir la copropriété foncière par les couples mariés, par exemple, comprennent des incitations monétaires (telles qu’un tirage au sort en Côte d’Ivoire) et ciblent aussi bien les époux que les épouses (comme une vidéo en Ouganda expliquant l’intérêt d’inscrire le nom de l’épouse sur un titre foncier en tant que copropriétaire). 27. Faire progresser l’égalité des genres, nécessite des financements, y compris la mobilisation et l’allocation efficace des ressources dans les secteurs publics et privés. L’intégration de l’analyse des genres dans la politique fiscale, la gestion budgétaire et des systèmes de passation des marchés peut améliorer l’allocation des ressources publiques et éliminer les obstacles structurels à l’égalité des genres. Les ressources externes peuvent inciter les clients à concevoir et mettre en œuvre de meilleurs programmes et politiques, et à fournir des preuves de leurs impacts. Dans un contexte caractérisé par des ressources limitées, l’Association Internationale de Développement (IDA), par exemple, soutient la réduction des disparités entre les genres par le biais de la politique fiscale et des réformes budgétaires, la suppression des mesures fiscales discriminatoires et l’amélioration de la dépense publique. Le Mécanisme de Financement Mondial (GFF) améliore les résultats en matière de santé pour les femmes, les enfants et les adolescents. Par le biais de l’Initiative de financement pour les femmes entrepreneures (We-Fi) et d’autres mécanismes de financement tels que le Women Entrepreneurs Opportunity Facility (WEOF), la SFI utilise une approche rigoureuse de financement mixte pour attirer des investissements dans des initiatives privées à fort impact qui profitent aux femmes entrepreneures (encadré 2.2). Les investisseurs publics et privés élargissent les produits de financement tenant compte du genre en y associant des fonds axés sur le développement durable. L’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA) a mobilisé des fonds grâce au Fonds fiduciaire pour la promotion de la durabilité pour une assistance technique visant à réduire les disparités de genre et à aborder les risques de VBG. 13 Encadré 2.2 Financements mixtes pour la promotion de l’égalité des genres au Vietnam Le déficit de financements au profit de Petites et Moyennes Entreprises (PME) appartenant à des femmes au Vietnam est estimé à 6,2 milliards de dollars. Ce déficit est dû à des restrictions liées aux registres financiers formels, aux garanties et aux produits financiers. En 2019, la SFI a alloué 100 millions de dollars à l’Oriental Commercial Bank (OCB) au Vietnam dans le cadre d’un programme de prêts et de services-conseils. L’objectif était d’aider la banque à élargir son portefeuille de prêts en faveur des PME, en mettant l’accent sur les femmes entrepreneures. Ce projet permet également à l’OCB de développer des produits et services adaptés aux besoins des PME appartenant à des femmes. En complément de cet investissement, le We-Fi a instauré une prime de performance pour encourager l’OCB à doubler son volume de prêts aux PME appartenant à des femmes sur une période de trois ans. Ce projet devrait permettre à plus de 1 700 femmes entrepreneures d’accéder aux financements. Ce projet sert également de modèle pour d’autres institutions financières en soulignant la nécessite de renforcer leurs portefeuilles de prêts centrés sur les femmes. Le financement de We-Fi contribue à changer la perception des PME appartenant à des femmes dans le secteur financier, en montrant qu’elles peuvent être rentables et qu’elles offrent un potentiel inexploité. 28. L’action collective fait référence à la mobilisation d’acteurs clés pour une meilleure harmonisation entre les institutions officielles, les politiques, les attitudes, les normes et les pratiques. Ces coalitions peuvent inclure des acteurs issus des secteurs publics et privés ainsi que de la société civile reflétant ainsi la diversité et la dynamique des intérêts dans le domaine des politiques publiques en relation avec les résultats spécifiques liés au genre. L’action collective peut être impulsée par les autorités publiques, comme dans le cas de la planification familiale au Bangladesh (Encadré 2.3) ou de l’initiative récente Waii (sensibilisation) en Égypte, qui coordonne les efforts des travailleurs sociaux et des autorités religieuses locales afin de modifier les normes de genre problématiques, telles que celles liées à la VBG. Au Niger, les investissements dans le capital humain et les mesures de soutien aux réformes juridiques pour interdire le mariage des enfants sont complétés par des partenariats avec des personnes influentes au sein de la communauté pour changer les normes (encadré 2.4). L’action collective peut également suivre une démarche ascendante, c’est-à-dire qu’elle peut être initiée par des mouvements féministes et des organisations de défense des droits des femmes. Ces mouvements peuvent recevoir un soutien au niveau national ou international, ainsi que du secteur privé, comme aux Fidji (encadré 2.3). En résumé, l’action collective peut créer un environnement favorable permettant aux femmes de tirer profit des opportunités. Faire participer les hommes et les garçons à l’action collective présente de multiples avantages, notamment le changement des attitudes envers l’égalité des genres et la remise en question des comportements machistes 43. 43 Casey et al. (2018). 14 Encadré 2. 3 Comment l’émancipation des femmes a favorisé le développement humain, social et économique au Bangladesh De 1970 à 2022, le Bangladesh a réduit son taux de fécondité total, passant de sept à deux naissances par femme et a diminué de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Le taux d’alphabétisation des femmes a quadruplé, leur taux de participation à la main d’œuvre a doublé et le PIB par habitant a plus que triplé. Une étude de cas récente attribue ces succès à trois facteurs principaux : • Des innovations favorisant l’émancipation des femmes pour la réduction de la pauvreté et en faveur de la croissance économique. Il s’agit notamment de garantir l’accès des femmes au capital économique et social par le biais de programmes de microfinancement et de développement économique ciblant des femmes extrêmement pauvres, et de mobiliser ces femmes en groupes et en réseaux afin d’amplifier leur voix et leur pouvoir d’action au niveau local avec le soutien des acteurs du développement et d’organisations de la société civile. • Des politiques et programmes, y compris les programmes de planification familiale des années 1970, les programmes de scolarisation gratuite obligatoire des filles des années 1980 et 1990, et la création d’emplois dans le secteur de l’habillement axé sur l’exportation entre 1985 et 2015. • La mobilisation de diverses parties prenantes à tous les niveaux, y compris les autorités politiques et communautaires locales ainsi que les établissements religieux, ce qui a permis une forte dynamique de changement des mentalités et des normes collectives au sein des collectivités. La mobilisation et le déploiement massif des femmes mariées salariées travaillant en première ligne (par exemple du personnel de santé ou des enseignantes) recrutées au sein des communautés dans lesquelles elles vivaient et jouissaient de la confiance des populations ont contribué à leur donner une identité et une autorité sur le plan professionnel et ont rendu la mobilité et le travail des femmes socialement plus acceptables. Dans un cercle vertueux, l’émancipation des femmes se confronte à des défis persistants tels que l’accès à des emplois de qualité, le mariage des enfants et la VBG. Maintenir des changements positifs nécessite un effort continu, comme l’illustre la récente baisse de la participation des femmes à la main-d’œuvre au Bangladesh. Source : World Bank. 2020. « Demographic Transition : Lessons from Bangladesh’s Success Story ». 29. Le cadre conceptuel proposé oriente l’engagement des pays auprès de la Banque Mondiale en explorant les moyens d’obtenir de meilleurs résultats en matière de genre dans divers contextes. Il crée un espace pour des initiatives locales d’adaptation de solutions, d’activités commerciales, de mise en œuvre de politiques et de partage de connaissance des enseignements tirés des efforts de suivi et d’évaluation. La Banque Mondiale génère actuellement des données partout dans le monde pour mettre en avant des solutions, et déploie des outils de diagnostics pour discerner les diverses combinaisons d’approches et de facteurs pouvant influencer de manière positive les résultats au niveau local, offrant ainsi des perspectives issues de variations infranationales dans ses résultats 44. Les moteurs du changement et le domaine des politiques publiques pourraient offrir un prisme pour évaluer les contributions possibles de la Banque Mondiale et pour élargir ses partenariats ainsi que le dialogue avec les parties prenantes dans des pays et des contextes particuliers. 44 Brixi et al. (2015). 15 Encadré 23. L’action collective pour l’émancipation des femmes dans le Sahel, au Niger et aux Fidji Le projet régional d’émancipation des femmes et de dividende démographique au Sahel a pour but d’accélérer la transition démographique en émancipant les femmes et les adolescentes en Afrique subsaharienne. Ce projet a testé, confirmé et reproduit des innovations telles que la création d’espaces sûrs pour les adolescentes, la promotion de leurs compétences de vie et de leur esprit entrepreneurial, le soutien à leur accès à l’hygiène menstruelle et aux services de santé reproductive, et l’engagement des conjoints actuels et futurs à des questions telles que la santé et les droits sexuels et reproductifs. La stratégie de communication consiste à publier les récits concernant l’impact positif de l’émancipation des femmes et des filles sur le dividende démographique, le bien-être des collectivités et le capital humain. Il met à contribution des autorités religieuses locales, des enseignants, des sage-femmes, des décideurs politiques et des acteurs influents pour soutenir un changement des mentalités et des normes. Au Niger, l’analyse de la Banque Mondiale a révélé comment les normes de genre, les taux élevés de mariage des enfants, le faible niveau d’éducation des filles et l’accès limité aux services de santé reproductive contribuent au taux de fécondité important du pays et aux opportunités économiques limitées pour les jeunes femmes. Ces conclusions ont fait progresser le dialogue politique, auquel ont participé des acteurs influents dans les communautés concernées et les autorités locales qui sont les principales responsables de l’application des normes existantes. Les réformes proposées ont inclus la création de structures et de plans locaux et nationaux pour décourager le mariage des enfants, améliorer l’accès des adolescentes aux services de santé sexuelle et reproductive et lever les restrictions sur la scolarisation des filles mariées ou enceintes. La large coalition résultant de ces efforts a contribué à la conclusion d’un accord ambitieux, multipartite et d’une durée de 15 ans avec la Banque Mondiale et le Mécanisme mondial de financement pour étendre la mise en œuvre des réformes sur l’ensemble du territoire nigérien. Aux Fidji, la SFI a collaboré avec des partenaires pour établir un secteur d’accompagnement à la parentalité de haute qualité, accessible et inclusif, afin d’émanciper les femmes. Les recherches de la SFI ont révélé que les entreprises et le secteur public perdaient 12,7 jours de travail par an, par employé, en raison des responsabilités des parents actifs. En réponse, la SFI a développé « Rakorako », une plateforme d’apprentissage par les pairs pour soutenir 28 organisations fidjiennes à améliorer leurs politiques, attitudes et pratiques en matière de garde d’enfants soutenue par l’employeur. En réaction, le Gouvernement fidjien a formé le Groupe de travail sur la prise en charge et l’éducation de la petite enfance, qui a rédigé puis approuvé le premier cadre stratégique des Fidji relatif aux services de protection de la petite enfance avec l’appui de la SFI. 16 III. DÉFINIR LA STRATÉGIE GENRE 2024-2030 DE LA BANQUE MONDIALE Traduire la Stratégie Genre de la Banque Mondiale en des résultats concrets 30. Reconnaissant l’importance cruciale du principe d’égalité des genres, la stratégie met en avant une forte ambition pour accélérer l’égalité des genres pour un avenir durable, résilient et inclusif. Elle vise à accélérer l’égalité des genres pour tous en mettant l’accent sur trois objectifs ambitieux : i) mettre fin à la VBG et renforcer le capital humain ; ii) élargir et faciliter les opportunités économiques ; et iii) promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité (figure 3.1). Figure 3.1 : Objectifs de la Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale 31. Les trois objectifs stratégiques reflètent à la fois la valeur intrinsèque de l’égalité des genres et sa contribution à l’amélioration des résultats en matière développement. Le premier objectif stratégique met en avant le bien-être fondamental au niveau individuel, afin que chaque personne, indépendamment de son genre, puisse mener une vie saine et productive à l’abri de la violence. Les résultats attendus comprennent : Accélérer les progrès vers l’élimination de toutes les formes de VBG (résultat 1) et construire et protéger le capital humain (résultat 2). Le deuxième objectif stratégique concerne les dimensions économiques pour une prospérité inclusive et partagée : Améliorer l’égalité d’accès à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, y compris dans les métiers d’avenir (résultat 3) ; Élargir la propriété et l’utilisation des actifs économiques (résultat 4) ; et Élargir l’accès à et l’utilisation de services facilitant la participation économique (résultat 5). Le troisième objectif stratégique souligne l’égalité des genres dans les postes à responsabilités afin de relever les défis mondiaux pour un avenir durable et résilient. Les résultats attendus comprennent : Promouvoir la participation, la prise de décision et le leadership des femmes (résultat 6). Par rapport aux quatre piliers de la Stratégie Genre 2016-2023 (dotations humaines, emplois, contrôle et propriété des actifs, voies et moyens d’action), la nouvelle stratégie répond au contexte mondial en mettant davantage l’accent sur l’élimination de la VBG ; l’expansion des services de soins, numériques et juridiques, et d’autres services facilitateurs ; et l’engagement des femmes à des postes à responsabilité pour un avenir durable, résilient et inclusif. 17 32. La Banque Mondiale abordera les objectifs stratégiques et les résultats de manière synergique, en s’appuyant sur des données disponibles à travers le prisme du cadre conceptuel. Les enseignements tirés de la mise en œuvre de la Stratégie 2016-2023 soulignent l’importance d’approches coordonnées entre les secteurs pour améliorer les résultats. Par exemple, la lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports, les espaces publics et les lieux de travail peut permettre aux femmes, aux minorités sexuelles et de genre d’accéder à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, de développer des entreprises plus rentables et d’acquérir de l’influence dans leurs communautés ou entreprises. La participation des femmes à la prise de décision peut, à son tour, entrainer des réformes juridiques et politiques ainsi que des changements sociétaux pour mettre fin au harcèlement sexuel. Pour atteindre les objectifs et résultats stratégiques, la Banque Mondiale s’appuiera sur des éléments factuels, les acquis d’expériences, des enseignements et les développements globaux, en abordant les moteurs du changement avec une attention particulière portée au domaine des politiques publiques et aux contextes nationaux. Les solutions possibles sont illustrées ci-dessous 45. Bien-être fondamental : Mettre fin à la VBG et renforcer le capital humain 33. Le premier objectif stratégique inclut l’élimination de toutes les formes de VBG et la construction et protection du capital humain. Une action urgente est nécessaire pour lutter contre la VBG. Pour les individus et les familles, la VBG cause des dommages immédiats, durables et intergénérationnels sur le bien-être physique, mental et psychologique, nuit à la santé reproductive et aux perspectives d’éducation, et limite la participation pleine et effective de l’individu dans tous les domaines de la vie. Le premier objectif stratégique met également l’accent sur des approches différenciées selon le genre pour protéger les acquis sur le plan du capital humain en période de crise, améliorer les résultats en matière de santé et d’éducation là où les progrès sont lents ou inversés, et en enfin, développer les compétences nécessaires pour la transition du milieu scolaire au milieu professionnel et pour les métiers d’avenir. Les données sur l’impact macroéconomique, social et commercial de la construction du capital humain et de la prévention et la réponse à la VBG, ainsi que les dividendes démographiques dans les milieux où le taux de fécondité est élevé, encouragent de nombreux décideurs à agir sur ces questions en les classant parmi les priorités nationales. Résultat 1 : Accélérer les progrès dans l’élimination de toutes les formes de VBG 34. En s’appuyant sur de nouvelles preuves, des approches prometteuses pour lutter contre la VBG combinent des interventions au niveau national, entrepreneurial et communautaire 46. Cela inclut la mise en place de réformes juridiques et réglementaires, le renforcement des services de prévention et de réponse à la VBG, la promotion des actions communautaires pour lutter contre les normes négatives de genre ainsi que l’accès des adolescentes à des services de santé sexuelle et reproductive, et enfin l’avancement de l’émancipation économique des femmes et des adolescentes. Dans les contextes de FCV, où la VBG est particulièrement répandue, et les systèmes nationauxen rade, le partenariat avec des acteurs non 45 Ces solutions illustratives viennent de la Série de notes d’orientation thématiques du Groupe de la Banque Mondiale sur le genre et de la Causal Evidence Series de la Fédération des laboratoires d’innovation dans le domaine du genre, qui font une synthèse des données disponibles, des bonnes pratiques opérationnelles et des enseignements tirés de l’expérience concernant la manière de résorber les disparités entre les genres dans des domaines spécifiques. 46 Maruo et al. (2023). 18 gouvernementaux et le secteur privé contribue à améliorer l’impact des mesures prises et à identifier des solutions à long terme qui évitent la dépendance à l’aide humanitaire. A Haïti, par exemple, un projet de promotion de services communautaires de lutte contre la VBG, centrés sur les survivantes, gérés par des organisations locales, et dirigés par des femmes, associe des services de réduction des risques de VBG et de réponse à celle-ci, des actions d’émancipation socioéconomique ainsi que la mise en place de refuges pour les femmes et les filles. Les approches du secteur privé (par exemple, en Papouasie–Nouvelle-Guinée et au Myanmar) comprennent la promotion de milieux de travail sûrs et respectueux dans l’objectif de mettre fin à l’intimidation au travail, à l’agressivité des clients, à l’exploitation sexuelle, aux abus et au harcèlement, et en faisant en sorte que les fournisseurs et les prestataires de services soient tenus responsable de leurs actes. 35. Des programmes détaillés abordent la VBG comme un problème social. Ils se concentrent sur la transformation des normes patriarcales et des systèmes sociaux qui favorisent des dynamiques de pouvoir préjudiciables aux femmes et aux filles. La prévention et les programmes communautaires basés sur une approche de l’égalité des genres et la prise en compte de tous les stades de la vie combattent les causes profondes de la VBG. Les partenariats visant à diffuser des messages de prévention de la VBG à travers les écoles, organisations de jeunesse, des réseaux sociaux et des outils technologiques peuvent être efficaces pour impliquer les enfants et les adolescents. Parmi les nouveaux domaines de réflexion et d’action, on peut citer le lien entre le développement de la petite enfance et la VBG ; le changement climatique, y compris des plans d’action de préparation aux catastrophes ; la VBG facilitée par les progrès technologiques ; et la violence sexiste contre les minorités sexuelles, de genre ainsi que les personnes handicapées. Résultat 2 : Construire et protéger le capital humain 36. La construction et la protection du capital humain incluent la question du genre tout au long du cycle de vie. Le renforcement d’une couverture universelle et de systèmes de prestation de services résilients dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale serait complété par des approches de sensibilisation au genre, telles que l’augmentation de la participation des femmes aux filières des Sciences, de la Technologie, de l’Ingénierie et des Mathématiques (STIM) ; l’intégration d’un soutien financier (« cash-plus) en faveur des femmes ; la mobilisation des enseignants, des travailleurs communautaires et des influenceurs pour remettre en cause les attitudes machistes et promouvoir l’égalité d’accès à la santé, l’éducation et la protection sociale pour les minorités sexuelles, de genre et les groupes marginalisés selon leur genre. 19 37. Concernant les résultats en matière de santé, une couverture sociale universelle garantirait l’accès à des services de qualité en matière de santé pour les adolescents telles que la santé sexuelle, reproductive et maternelle ainsi que des services de réponse à la VBG 47. Les systèmes de santé favoriseraient l’accès de tous à l’emploi et à des postes à responsabilité, ainsi que la participation locale, en garantissant des approches de sensibilisations au genre (par exemple, en ce qui concerne les maladies non transmissibles, la santé mentale et le vieillissement) et à la préparation et la réponse aux pandémies. Les activités de sensibilisation des populations locales et les interventions en milieu scolaire sont efficaces pour obtenir de meilleurs résultats sanitaires, y compris pour améliorer la santé et les droits en matière de sexualité et de reproduction afin de prévenir les mutilations génitales féminines. 38. Concernant les résultats en matière d’éducation et de compétences, des approches de sensibilisation au genre s’appliquent dès la petite enfance jusqu’à l’entrée à l’école et ce, jusque l’achèvement des études, offrant des approches personnalisées d’apprentissage qui facilitent la transition de l’école au monde du travail et favorisent l’apprentissage tout au long de la vie 48. Les mesures envisageables pourraient inclure un soutien financier, des bourses d’études (y compris pour les étudiants appartenant à des minorités sexuelles et de genre), des moyens de transport sûrs et sans danger, ainsi que des écoles sûres, adaptées et accessibles à tous. Des interventions ciblées aident les jeunes mères et les jeunes non scolarisés, accompagnent l’échec scolaire des garçons (par exemple, par des services de tutorat ou des cours de rattrapage) et font appel aux employeurs et aux établissements d’enseignement supérieur pour proposer des services d’orientation professionnelle et des possibilités d’emploi. Les enseignants et les influenceurs de la communauté peuvent persuader les parents de garder leurs filles à l’école, d’éviter le mariage forcé des enfants, de mettre fin aux mutilations génitales féminines et d’investir sur l’avenir de tous les enfants. Les écoles peuvent nourrir les aspirations des adolescentes à travers un système de mentorat, des formations destinées à développer les aptitudes émotionnelles et les compétences de vie, des espaces de refuges sécurisés, et des clubs, tout en sensibilisant les garçons aux relations saines, à la masculinité positive ainsi qu’à la santé et aux droits en matière de sexualité et de reproduction (comme dans le cadre des projets de la Banque Mondiale en faveur du secteur de l’éducation à Angola, au Mozambique, au Nigéria et en Tanzanie). 39. Différents programmes peuvent aider à développer les compétences nécessaires pour accéder à des emplois de meilleure qualité ainsi qu’aux métiers d’avenir. Cela inclut la mise en œuvre de solutions et programmes abordables et accessibles basés sur des technologies tels que l’apprentissage en ligne pour améliorer la culture numérique des filles et des femmes et promouvoir leur inscription dans les filières de STIM ; la promotion de solutions éducatives et de santé technologiques inclusives et universellement accessibles ; l’établissement de programmes d’enseignement en alternance qui permettent aux jeunes femmes d’acquérir rapidement une expérience professionnelle ; et enfin l’offre de formation pour développer les aptitudes émotionnelles et d’autres compétences utiles dans le monde du travail afin de progresser vers une économie verte et vers une transformation structurelle 49. Les interventions pourraient inclure des campagnes de communication qui combinent des éléments informationnels, ambitieux et 47 Al Tuwaijiri et al. (2023). 48 Murad Khan et al. (2023). 49 Sahay (2023). 20 normatifs ; en mettant en place des formations techniques et professionnelles pour les femmes, en particulier réfugiées ou handicapées ; en encourageant les filles et les femmes à s’inscrire et à chercher des emplois dans les filières de la STIM ; et enfin en luttant contre les préjugés des employeurs et des éducateurs. 40. Les programmes de protection sociale aident à construire et protéger le capital humain. Les approches « cash-plus » avec des composantes émotionnelles peuvent aborder les nombreuses disparités entre les genres et promouvoir le renforcement des moyens d’action et du pouvoir de négociation des femmes au sein du ménage 50. Les systèmes de prestation et de protection sociale adaptative qui exploitent les technologies numériques peuvent prendre en compte les facteurs de vulnérabilité spécifiques auxquelles sont confrontées les femmes, les filles, les minorités sexuelles et de genre. De ce fait, ils permettent d’aider tout le monde à faire face aux crises, aux chocs, aux transitions et au vieillissement. Les travailleurs sociaux peuvent promouvoir les droits des femmes, des filles, des minorités sexuelles et de genre, y compris en matière de santé sexuelle et reproductive, et de protection contre la violence. Participation économique : accroître et favoriser les opportunités économiques 41. Le deuxième objectif stratégique répond aux contraintes de genres persistants en matière d’accès à l’emploi, aux actifs économiques et aux services favorisant la participation économique. Cet objectif met en avant les résultats interdépendants en matière d’égalité d’accès à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, ainsi que la possibilité d’utiliser des actifs économiques et des « services facilitateurs » tels que la garde d’enfants et les plateformes numériques qui élargissent les possibilités économiques, en particulier au profit des femmes. Des services de soins de qualité contribuent également au développement du capital humain des enfants et peuvent donner lieu à de bons emplois. L’égalité d’accès à des actifs tels que le droit de propriété, le logement, les finances, la technologie et les marchés, renforce la capacité des entreprises appartenant à des femmes, leur capital, leur clientèle et leur possibilité d’accès aux marchés et contrats. Dans la plupart des contextes, aborder les contraintes liées au genre dans ces domaines nécessite un changement de mentalité ainsi que des actions juridiques et politiques. Les acteurs du secteur privé, reconnaissant les gains potentiels de productivité et de production, peuvent contribuer à mobiliser les financements nécessaires et favoriser l’innovation et l’action. Mettre fin à la VBG et renforcer le capital humain contribuent également à cet objectif, tout comme la promotion de l’accès des femmes à des postes à responsabilité. Résultat 3 : Améliorer l’égalité d’accès à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, y compris dans les métiers d’avenir 42. L’égalité d’accès à un emploi de qualité, à l’entrepreneuriat et aux opportunités offertes dans les secteurs formels et informels, nécessite des actions sur plusieurs fronts. L’augmentation de la participation des femmes au marché du travail nécessite de s’attaquer à de multiples contraintes, y compris les lois, les politiques et pratiques gouvernementales et des employeurs, ainsi que les normes et services existants 51. Les acteurs du secteur privé peuvent s’opposer aux stéréotypes et aux préjugés qui limitent l’accès des femmes aux emplois productifs 50 Halim et al. (2023b), Bastagli et al. (2016). 51 Halim et al. (2023). 21 et qui renforcent les obstacles ainsi que les inégalités de genre sur le lieu de travail. Les mesures efficaces incluent le partage d’informations sur les revenus de divers secteurs, la formation permettant d’acquérir des compétences socio-émotionnelles et dans le domaine des technologies numériques, et l’obtention de lettres de recommandation ou de certificats de spécialisation pour réduire les asymétries d’information. Les employeurs du secteur privé peuvent mettre en œuvre des stratégies et des programmes pour améliorer la diversité, l’équité et l’inclusion sur le lieu de travail. Ils peuvent procéder à des évaluations internes pour identifier les opportunités et les défis en matière de diversité de la main d’œuvre et élaborer des plans d’action pour mettre en place de nouvelles politiques et pratiques ou renforcer celles qui existent déjà afin de recruter, retenir et promouvoir les employées ou cadres féminins; aider les entreprises à préparer, évaluer et développer des arguments pour investir dans l’emploi des femmes ; augmenter la certification des employeurs ; et tirer parti des financements liés au développement durable qui intègrent une composante de promotion des femmes sur le marché du travail (comme dans le cadre des projets de la SFI aux Îles Salomon, au Brésil, au Pakistan et en Turquie). Des actions juridiques, politiques et communautaires sont nécessaires pour protéger les femmes, les minorités sexuelles et de genre, les personnes handicapées et d’autres groupes marginalisés occupant des emplois précaires, ainsi que pour soutenir la création d’emplois de qualité dans les secteurs formel et informel et dans des contextes fragiles ou de déplacements forcés (où de nombreux garçons, femmes et filles vulnérables doivent recourir à des mécanismes d’adaptation préjudiciables pour survivre). 43. S’agissant des femmes engagées dans l’agriculture, des programmes peuvent améliorer les perspectives et conditions d’emploi, accroître la productivité et la diversification des produits et favoriser d’autres moyens de subsistances agricoles 52. De tels programmes garantissent un accès égal aux intrants, à la technologie agricole, aux chaînes de valeur de l’élevage et de l’agroalimentaire, et aux marchés agricoles. Des programmes d’investissements ciblés, de financement des entreprises et de soutien peuvent générer des avantages sur toute la chaîne de valeur ainsi que pour la transformation des produits agricoles. Encourager et favoriser la mise en place de la production de cultures et produits à plus forte valeur ajoutée et l’exploitation des technologies numériques peut réduire les barrières à l’information et permettre aux femmes engagées dans l’agriculture d’accéder à de nouveaux marchés. La formation pour l’acquisition de compétences socio-émotionnelles, le financement et les initiatives de mise en réseau peuvent favoriser la transition en dehors du secteur agricole. Les programmes d’inclusion économique aident les femmes pauvres et les groupes marginalisés à développer des moyens de subsistance productifs et durables dans l’agriculture ou dans d’autres secteurs et à améliorer leur autonomie et leurs revenus. 52 Halim et al. (2023c). 22 44. Les politiques, les programmes et les investissements aident les entreprises dirigées par des femmes à surmonter les obstacles liés au genre, ce qui leur permet de croître en nombre et en taille, et d’améliorer leur productivité 53. Les interventions comprennent l’élimination des obstacles à l’accès aux capitaux, aux marchés, aux réseaux pair-à-pair, à la formation et à la promotion de nouveaux produits et instruments de financement. Les données ventilées par sexe recueillies par les institutions financières et dans le cadre d’autres interventions peuvent être utilisées pour réduire les préjugés de genre dans les évaluations de crédit. Résultat 4 : Élargir la propriété et l’utilisation des actifs économiques 45. L’égalité des genres en matière de propriété et de contrôle des actifs productifs nécessite des efforts continus, en particulier en ce qui concerne les droits de propriété, la finance, les marchés et la technologie. Les approches prometteuses impliquent de tester et financer des innovations, de mobiliser des investissements publics et privés et de tirer parti des opportunités offertes par la technologie numérique et l’accès aux marchés. 46. L’accès des femmes au logement, à la terre et aux biens immobiliers est favorisé par des programmes de formalisation de la propriété foncière qui offrent des incitations et un encadrement pour l’attribution de titres de propriété au nom des femmes ou des deux conjoints 54. Des réformes juridiques, règlementaires et politiques sont des mécanismes pour améliorer l’accès des femmes à la terre ainsi que leur utilisation productive. La participation des femmes à la gouvernance foncière, y compris aux comités de décision, aux mécanismes de règlement des différends, aux comités d’attribution des terres et aux structures d’aménagement des terres, favorise des réformes plus larges. Des interventions ciblées peuvent améliorer l’accès à la terre pour les femmes déplacées de force ou rapatriées, ainsi que l’accès au logement pour les femmes, les minorités sexuelles et de genre. 47. Combler le fossé numérique entre les genres facilite une participation économique plus grande et plus égalitaire. Par conséquent, il est impératif que des mécanismes soient mis en place pour soutenir les femmes et les filles dans l’acquisition de compétences numériques et la compréhension des techniques d’intelligence artificielle, ainsi qu’investir dans leur participation au secteur de la technologie. Les plateformes numériques peuvent favoriser un accès plus égalitaire aux biens et services, à l’emploi, aux postes à responsabilité et à l’entrepreneuriat 55. 48. L’inclusion financière peut être accélérée grâce à des stratégies nationales tenant compte du genre ; à des investissements axés sur la promotion de genre ; un programme pour faciliter l’accès des femmes à des produits de crédit, d’épargne et d’assurance adaptés à leurs besoins ; l’utilisation de la notation psychométrique du crédit pour remplacer les exigences en matière de garantie ; l’élargissement de l’accès des femmes à toutes les composantes du secteur financier, y compris le logement, le commerce et le financement climatique ; la promotion de solutions qui s’appuient sur la technologie ; et l’exploitation d’instruments de financements privés tels que le financement mixte, les marchés de capitaux d’emprunt (par exemple, les obligations liées au genre émises dans le cadre des projets de la SFI en Turquie, en Thaïlande et en Tanzanie) et les garanties. L’élargissement de la sécurité numérique pendant la pandémie de la COVID-19 a créé une 53 Ubfal (2023). 54 Halim et al. (2023d). 55 Aranda Jam et Qasim (2023). 23 dynamique accélérée de paiements en espèces numériques et d’ouverture de comptes bancaires ou mobiles pour les femmes afin qu’elles puissent recevoir leurs prestations sociales, leurs salaires et des transferts d’argent. Éliminer les obstacles à l’accès aux services numériques nécessite la modification des textes réglementaires, la délivrance de cartes d’identité, la possession d’un téléphone mobile, le rapprochement des établissements bancaires et le renforcement des capacités financières. 49. Pour permettre à plus de femmes entrepreneurs, agricultrices et productrices d’intégrer les marchés, il faut s’employer à améliorer l’accès aux chaînes d’approvisionnement par le biais de contrats d’achat publics et privés, renforcer la préparation à l’exercice de l’activité commerciale et encourager le recours aux plateformes numériques afin que les femmes puissent bénéficier des possibilités offertes par le commerce électronique et les systèmes de distribution entre entreprises (comme dans le cadre des projets de la SFI au Nigéria, aux Philippines et en Égypte). Résultat 5 : Élargir l’accès et l’utilisation de services qui favorisent la participation économique 50. Les services juridiques, d’infrastructure et autres services favorable engendrent des bénéfices multiples. Les investissements des secteurs publics et privés dans les soins, les moyens de transport sûrs et accessibles à tous, l’eau, l’énergie, les routes, les infrastructures numériques et les services juridiques et judiciaires sont d’une importance capitale. Sans ces services facilitateurs, les femmes ne peuvent pas profiter des opportunités économiques parce qu’une grande partie de leur temps est consacrée à des tâches ménagères telles que la collecte de l’eau ou du bois pour le chauffage. La construction d’infrastructures de développement permet de réduire les obstacles à la mobilité des femmes. L’accès aux services juridiques et judiciaires peut également améliorer leurs droits. Des interventions complémentaires sur le comportement peuvent changer les normes sociales et les pratiques des employeurs en ce qui concerne la division des tâches au sein du ménage, notamment l’élaboration de politiques et la promotion de pratiques tenant compte des besoins des familles, le renforcement de la confiance, l’élimination des obstacles normatifs entourant les services de soins et la lutte contre les perceptions erronées 56. 51. Des services à la personne abordables, accessibles et de qualité, y compris des services de garderie d’enfants et de prise en charge des personnes âgées ou handicapées, permettent une plus grande participation économique des aides-soignants, en particulier les femmes 57. Fournir de tels services,médicaux (en incluant la garde d’enfant soutenue par l’employeur) et reconnaître, réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré est essentiel pour stimuler la participation économique des aides-soignants et des spécialistes de la petite enfance, en particulier les femmes. La disponibilité de ces services est, par ailleurs, bénéfique au développement de l’enfant, au bien-être familial et à la productivité des entreprises. Les tendances démographiques et la demande croissante de services de garde d’enfants, de suivi des personnes âgées et d’autres services de soins font également de l’économie des services à la personne une source majeure d’emplois. 56 Voir Jayachandran (2021) et Narayan (2022) pour des enquêtes sur le rôle des normes sociales dans la promotion de l’émancipation économique des femmes ; et Bursztyn et al. (2023) sur les perceptions erronées. 57 Ahmed et al. (2023). 24 Leadership : Promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité 52. Le troisième objectif stratégique met l’accent sur la contribution des femmes à des postes à responsabilité et aux domaines de prise de décision pour des résultats durables, résilients et inclusifs. Il a été démontré que la participation active des femmes au sein des communautés, et leur présence à des postes à responsabilité favorisent la stabilité sociale et environnementale sur le long terme dans les prises de décision et les investissements de la communauté, ce qui peut renforcer la résilience et prévenir ou réduire les situations de fragilité. Les sociétés où les femmes ont une plus grande influence dans les mécanismes économiques et sociaux et les dispositifs de partage du pouvoir au niveau local et national sont moins vulnérables aux conflits. Il est important de souligner que la participation des femmes à l’action climatique, tant à des postes à responsabilité qu’à d’autres titres, est associée a de meilleurs résultats en matière de gestion des ressources naturelles, de préservation de la biodiversité et de préparation aux catastrophes. Au sein des ménages, les décisions des femmes concernant les investissements dans le capital humain et les moyens de subsistance ont souvent des effets positifs, comme l’illustrent de plus en plus les données issues des programmes de transferts monétaires. Dans le secteur privé, la diversité des genres au sein des conseils d’administration et de la haute direction améliore la durabilité de l’entreprise et l’adoption de politiques plus respectueuses du climat. D’autres avantages associés à la diversité des genres dans une entreprise comprennent l’amélioration des résultats financiers et de la valeur pour les actionnaires, l’augmentation de la satisfaction des clients et des employés, le renforcement de la confiance des investisseurs, ainsi qu’une meilleure connaissance du marché tout en établissant une bonne réputation pour l’entreprise. Résultat 6 : Promouvoir la participation, la prise de décision et le leadership des femmes 53. Au sein de la communauté, la participation et le leadership des femmes s’améliorent grâce à des approches proactives sur les plateformes communautaires et les structures de gouvernance des services. Ces approches peuvent inclure une combinaison de règles, de formations, de mentorat et de méthodes de changement du comportement. La Banque mondiale peut soutenir de telles approches à travers divers secteurs, y compris les associations d’usagers de l’eau et de gestion des déchets, les coopératives de femmes travaillant dans les mines, les associations professionnelles, de syndicats, d’établissements scolaires (pour aider les enseignantes à devenir directrices d’école) et les dispensaires. De plus, des informations et des services sur mesure peuvent renforcer le pouvoir de décision des femmes au sein du foyer. 54. Au niveau national et infranational, il est plus facile d’intégrer les femmes à la prise de décision dans les secteurs où l’emploi féminin est élevé, comme l’éducation et la santé, mais il est également crucial de le faire dans les secteurs dominés par les hommes, comme l’énergie, l’administration publique nationale et infranationale, les hautes instances politiques et la représentation de haut niveau. La Banque mondiale peut élargir ses partenariats (comme avec WePower ou Powered by Women dans le secteur de l’énergie e ou EqualAqua dans le secteur de l’eau) pour promouvoir l’accès des femmes à des postes à responsabilité et lutter contre les préjugés sexistes. 25 55. Le secteur privé peut promouvoir la diversité du leadership à travers des partenariats, des réseaux et des normes visant à encourager la diversité et l’inclusion de tous les genres dans les structures de gouvernance et de gestion des entreprises 58. Des programmes complémentaires peuvent développer des compétences en gestion, promouvoir les pépinières de talents, le mentorat et le parrainage, et sensibiliser (par exemple, en communiquant la valeur de la diversité sur les marchés boursiers et les entreprises cotées). La collecte, le partage et l’analyse de données sur le genre et l’engagement des régulateurs, des investisseurs et d’autres acteurs du marché peuvent promouvoir des pratiques bénéficiant également aux femmes, aux hommes, aux minorités sexuelles et de genre et à d’autres groupes marginalisés. 56. Renforcer le rôle des femmes dans l’action climatique se traduit par l’augmentation des opportunités de faire entendre leur voix et de les associer à la prise de décision en ce qui concerne la transition verte et juste, et la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité, la gouvernance climatique, la gestion des risques de catastrophe au niveau local et national, ainsi que le dialogue multilatéral sur le climat et le secteur privé 59. Impliquer des femmes à des postes à responsabilité — et la prise en compte des genres dans les travaux d’analyse sur le climat, notamment les rapports nationaux sur le climat et le développement, et dans les investissements climatiques, ainsi que la transposition à plus grande échelle du financement climatique dans une perspective de genre — contribue à une meilleure conception et mise en œuvre des projets climatiques. Par exemple, cela aide à garantir les interventions visant à renforcer la résilience et la capacité d’adaptation des individus et à soutenir des transitions à zéro émission nette dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, des systèmes alimentaires, de l’eau, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des transports et de la fabrication profitent aux femmes, aux hommes, aux minorités sexuelles et de genre et à d’autres groupes marginalisés. L’implication des femmes a permis d’améliorer la manière dont les programmes abordent les différents impacts du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la pollution, y compris les initiatives de réponse aux catastrophes et de renforcement de la résilience ; les impacts du changement climatique dans les contextes de fragilité, de conflit et de violence (FCV) et les initiatives de réduction de la pollution grâce au recours à des modes de cuisson non polluants et à l’électricité propre. L’accès des femmes à des postes à responsabilité et le renforcement de leurs moyens d’expression peuvent aussi faire avancer des solutions de mobilité plus sobres en carbone qui sont fiables, sûres, abordables et accessibles. Les investissements climatiques dans une optique de genre peuvent contribuer à accroître les revenus des investisseurs et favoriser l’égalité des genres. IV. MISE EN ŒUVRE DE LA STRATÉGIE GENRE Enseignements tirés de la mise en œuvre de la Stratégie Genre 2016-2023 57. La Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale s’inscrit dans le prolongement de la Stratégie Genre 2016-2023. En collaboration avec des partenaires du développement, le secteur privé, la société civile et le monde universitaire, la Banque mondiale a renforcé ses capacités et soutenu ses clients dans la production de données et de preuves sur le genre, et dans 58 Salazar et al. (2023). 59 Deininger et al. (2023). 26 l’amélioration de la conception et de la mise en œuvre de politiques et programmes visant à combler les disparités spécifiques entre les genres. Le portail de données sur le Genre de la Banque mondiale fournit les dernières statistiques sur le genre et constitue un Bien Public Mondial. Un nombre croissant d’évaluations d’impact, y compris celles soutenues par le Fonds Général de Promotion de l’Égalité des Genres (FGPEG) et d’autres partenariats, permet de mettre en avant ce qui fonctionne. Tout au long des cycles de l’IDA depuis 2016, les engagements politiques de l’Association ont contribué à accroître les efforts visant à résorber les disparités entre les genres dans les pays de l’IDA, inspirant souvent des mesures semblables dans les pays de la Banque Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD). Dans le cadre de ses engagements institutionnels, dont l’augmentation du capital, la Banque mondiale a étayé chaque Cadre de Partenariat-Pays (CPP) avec une Évaluation du Genre par Pays, a établi des Plans d'Action Régionaux sur le Genre pour fournir une orientation stratégique et une responsabilité dans la mise en œuvre, et a élaboré des Plans d'Implémentation de la Stratégie Genre Institutionnelle (PISGI) pour la SFI et la MIGA. Dans de nombreux pays, la Banque a complété les CPP par des plans d’action nationaux sur le genre. 58. La mise en œuvre de la Stratégie Genre 2016-2023 de la Banque mondiale démontre que des engagements soutenus peuvent réduire les disparités entre les genres lorsqu’ils permettent de tirer les leçons des efforts antérieurs, d’expérimenter de nouvelles idées, de s’adapter à différentes circonstances et d’étendre des approches prometteuses. La Banque mondiale utilise des preuves pour en tirer des enseignements afin de pouvoir reproduire à grande échelle les approches les plus efficaces. Les laboratoires régionaux d’innovation en matière de genre donnent l’exemple de ce processus itératif : ils ont ainsi mis à disposition 10 milliards de dollars pour financer des opérations et renforcer des politiques visant à accélérer l’égalité des genres dans divers contextes. Cette approche d’apprentissage, d’expérimentation, d’adaptation et de transposition à grande échelle a contribué à une augmentation des opérations multisectorielles destinées à émanciper les femmes par l’éducation, la formation pour l’acquisition de compétences socio-émotionnelles, les services de santé reproductive et les opportunités économiques, y compris dans les professions dominées par les hommes, et à modifier les normes de genres néfastes. L’appui de l’IDA a permis d’étendre les opérations d’émancipation des femmes et des filles de quelques pays du Sahel à la grande majorité de la région Afrique subsaharienne. Il a également étendu les programmes d’inclusion économique afin de renforcer les moyens d’action des femmes, d’améliorer leurs perspectives économiques et d’accroître leurs revenus. 27 59. Des outils tels que « le marqueur de genre » de la Banque mondiale et « l’indicateur de genre » de la SFI et de la MIGA ont permis de mettre davantage l’accent sur la réduction des disparités entre les genres dans la conception des projets. L’indicateur ou le marqueur de genre axé sur les résultats s’appuie sur une analyse de genre pour informer les interventions et les indicateurs de résultats afin de réduire les écarts entre les genres. Pour se voir attribuer ce marqueur ou cet indicateur, une opération de la Banque mondiale doit utiliser des outils de diagnostic permettant de déterminer s’il existe des disparités entre les genres, proposer des mesures spécifiques pour réduire ces disparités et suivre les progrès accomplis dans la mise en œuvre de ces mesures. Le marqueur de genre peut également rendre compte de la situation concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Utilisé parallèlement à la poursuite des cibles organisationnelles et à la mise en œuvre de programmes de formation et de mécanismes d’appui connexes, le marqueur ou l’indicateur de genre a renforcé la motivation et la capacité à déterminer des points de départ pour toute action pertinente dans les opérations et les investissements réalisés à travers le portefeuille de la Banque Mondiale. Un réseau dynamique de promotion de l’égalité des genres au sein de la Banque mondiale, qui se compose de responsables et de points focaux de départements régionaux et de pôles mondiaux d’expertise pour les questions de mixité en milieu institutionnel, fournit des conseils et un soutien aux équipes de projet et renforce leurs compétences en ce qui concerne les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Par ailleurs, les Laboratoires d'Innovation sur le Genre et les programmes et plateformes nationaux sur le genre informent sur l'engagement de la Banque mondiale dans les pays. La part des opérations de la BIRD et de l’IDA ayant un marqueur de genre est passée de 50 % au cours de l’exercice 2017 à plus de 90 % durant l’exercice 2023, une tendance constante à travers les secteurs et les régions 60. La SFI a quadruplé sa part d’investissements marqués par le genre et a doublé ses services et conseils avec une composante de genre au cours de la même période ; elle reste en outre en bonne voie pour remplir ses quatre engagements d’augmentation du capital liés au genre 61. La MIGA a adopté l’indicateur de genre dans le cadre de son Plan de mise en œuvre de la Stratégie Genre pour 2021. 60. Le marqueur ou l’indicateur de genre peut être complété en mettant l’accent sur les résultats en matière d’égalité des genres lors de la mise en œuvre des projets et de l’engagement des pays. Comme indiqué par le Groupe Indépendant d’Évaluation (GIE) dans son examen à mi-parcours, le marqueur et l’indicateur de genre ont motivé la collecte de données sur le genre, ainsi que la production, la diffusion et l’utilisation de données probantes sur les moyens de combler les écarts de genre dans les projets et investissements. L’introduction de la méthodologie du marqueur et de l’indicateur de genre a généré des synergies à travers les activités, contribué à la mise au point de solutions sensibles au genre et amélioré les approches sectorielles qui sont désormais reproduites et diffusées à plus grande échelle. Les opportunités de renforcer le marqueur ou l’indicateur de genre incluent d’améliorer la responsabilité et l’engagement lors de 60 L’exercice 2017 a servi de base de référence à l’élaboration de la fiche de performance institutionnelle et à la préparation des rapports issus du système de mesure des résultats de l’IDA. 61 Au cours de l’exercice 2022, 62 % des sièges du Conseil d’administration de la SFI ont été attribués à des femmes, et 2,39 milliards de dollars ont été engagés dans des institutions financières ciblant spécifiquement les femmes, dont un financement de 843 millions de dollars dédié à des femmes et à des PME dirigées par des femmes. Concernant les projets ayant un indicateur de genre, les placements à long terme représentaient 21 % du total, tandis que les services de conseil destinés aux clients en constituaient 57 %. 28 la conception du projet avec un soutien plus important pour la mise en œuvre et les résultats. De plus, renforcer l'accent sur les résultats en matière de genre en termes d'engagements des pays pourrait augmenter les synergies, améliorer la cohérence des portefeuilles nationaux et améliorer finalement les résultats nationaux. 61. Les enseignements tirés incluent encore plus d’opportunités pour le secteur privé de contribuer à l’égalité des genres. La SFI a investi dans des données et des évaluations et a publié de nombreux rapports d’envergure nationale et mondiale qui permettent d’informer les investissements et divers conseils aux clients du secteur privé. La SFI a également mis au point, expérimenté, transposé à grande échelle et adapté des solutions d’investissement et de conseils spécifiques au genre avec ses clients. Elle s’est employée à faire valoir le bien-fondé économique de l’égalité des genres, en travaillant sur des solutions de bout en bout adaptées à différents contextes, en utilisant une variété d’instruments de financement pour aiguiser l’appétit du secteur privé pour le risque et l’innovation, en renforçant ses capacités internes et son architecture en matière de genre, et en établissant des partenariats solides. Face à la montée des inégalités, la SFI met davantage l’accent sur les modèles commerciaux qui prennent en compte les groupes pauvres et socialement défavorisés, y compris les personnes handicapées, les minorités sexuelles et de genre. Grâce à son produit d’optimisation des capitaux sur les marchés financiers et les marchés de capitaux et en utilisant la démarche de l’indicateur de genre, la MIGA a pu attirer des investissements en faveur des PME appartenant à des femmes. Les projets de la MIGA dans le secteur financier montrent que les banques de deuxième rang et du secteur public peuvent faire progresser l’égalité des genres et la situation des femmes à travers les marchés nationaux. La Banque Mondiale s’engagera avec plus d’ambition et différemment 62. La Stratégie Genre 2024-2030 introduit trois grands changements pour la Banque mondiale (figure 4.1). Premièrement, comme indiqué dans les sections II et III, la nouvelle stratégie stimulera l’ambition de la Banque mondiale d’accélérer l’égalité des genres pour tous et met l’accent sur l’élimination de la VBG ; l’expansion des services numériques et juridiques, des services de soins et d’autres services facilitateurs ; et l’engagement des femmes à des postes à responsabilité pour un avenir durable, résilient et inclusif. Deuxièmement, conformément au cadre conceptuel (section II), la Banque mondiale soutiendra l’innovation, la mobilisation des fonds et l’action collective. Troisièmement, la Banque mondiale complètera le marqueur et l’indicateur de genre par un mécanisme visant à renforcer la responsabilisation interne à l’égard des résultats, mais également en améliorant l’orientation vers les résultats par le biais de l’engagement des pays à travers une action synergique d’une « seule » Banque mondiale. 29 Figure 4.1 La Banque Mondiale s’engagera avec plus d’ambition et différemment NB : Les mots en gras représentent des changements par rapport à la Stratégie Genre 2016-2023. Changement no 1 — Stimuler l’ambition d’accélérer l’égalité des genres pour tous 63. L’ambition d’accélérer l’égalité des genres concerne tous les groupes marginalisés en raison de leur genre. La Banque Mondiale peut adapter ses actions aux divers besoins des minorités sexuelles et de genre, conformément aux principes de non-discrimination, d’inclusion et d’égalité des chances. Elle prendra également en compte les groupes dont le genre est corrélé à d’autres caractéristiques et impliquera les hommes et les garçons à la fois pour renforcer leur rôle de défenseurs de l’égalité des genres et pour aborder les questions qui leur sont propres. Une meilleure connaissance permettra à la Banque Mondiale de mieux répondre aux besoins des minorités sexuelles et de genre et des groupes marginalisés en raison de la convergence entre le genre et d’autres caractéristiques. 64. Le nouvel accent mis sur l’élimination de la VBG, l’expansion des « services facilitateurs » et la mobilisation des femmes à des postes à responsabilités, ainsi que la prise en compte de tous les groupes marginalisés en raison de leur genre, requiert des investissements accrus dans les données, les preuves et les capacités. Bien que les données et les connaissances sur le genre nécessitent des investissements supplémentaires en général, les besoins sont particulièrement urgents dans les nouveaux domaines d’intervention. Il existe un manque de preuves sur les questions fondamentales pour développer des services de soins de qualité afin d’émanciper les femmes, promouvoir leur leadership et accès à des postes à responsabilité et réaliser un impact positif pour relever les défis mondiaux et locaux. Des données robustes sur la différenciation des expériences et résultats en matière de développement des minorités sexuelles et de genre dans les pays en développement sont rares, ce qui freine la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) et limite l’engagement des pays à « ne laisser personne de côté » dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Une ambition plus large implique également de renforcer les capacités techniques du personnel de la Banque Mondiale. 65. Les partenariats peuvent aider à combler les lacunes en matière de données et preuves sur le genre dans ces domaines prioritaires. Des partenariats prometteurs incluent l’Alliance 30 Financière pour les Femmes, et l’initiative Investir dans la Garde d’Enfants, qui soutiennent également l’engagement stratégique de l’IDA20 visant à étendre l’accès à des services de garde d’enfants abordables et de qualité, et qui bénéficient à la fois de l’intérêt des pouvoirs publics et du secteur privé. On peut également mentionner le travail réalisé sur le genre et le climat en collaboration avec l’ONU-Femmes et la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. D’autres initiatives de partenariat prometteuses incluent les séries de rapports intitulés Les Femmes, l’entreprise et le droit (WBL) et Égalité des chances pour les minorités sexuelles et de genre. Les partenariats aident également à renforcer la capacité des clients à recueillir et utiliser des données et à construire des preuves pour obtenir de meilleurs résultats. Ainsi, la Banque Mondiale élargit ses partenariats pour définir comment la question du genre et celle des défis mondiaux interagissent, comment soutenir les femmes et les groupes marginalisés afin qu’ils puissent prospérer dans l’économie verte et permettre une transition juste, et pour définir comment les hommes et les garçons peuvent participer à la résolution des problèmes qui leur sont propres et au changement des normes et des mentalités en matière de genre. Changement no 2 — Soutenir l’innovation, le financement et l’action collective 66. La Banque Mondiale soutiendra ses clients dans l’amélioration des politiques, des institutions et des pratiques sur la base d’une analyse de genre. La Banque Mondiale utilise de plus en plus les données et analyses sur les disparités entre les genres pour soutenir les réformes institutionnelles et politiques. La Banque Mondiale intègrera davantage l’analyse des genres dans ses principaux outils de diagnostic, tels que les examens des dépenses publiques, les évaluations de la pauvreté, les rapports nationaux sur le climat et le développement, les évaluations des risques et de la résilience et les mémorandums économiques sur les pays. Des exemples prometteurs incluent des analyses récentes pour la Côte d’Ivoire, le Niger, la Guinée et le Tchad. La Banque Mondiale aidera les décideurs politiques et les clients du secteur privé à renforcer leurs analyses de genre et à intégrer les dimensions du genre dans les politiques, les pratiques et les réformes institutionnelles. Elle aidera également les gouvernements à améliorer la prise en compte de la question du genre dans les systèmes budgétaires (comme dans les Balkans occidentaux, au Kazakhstan, en Moldavie et en Turquie) et les systèmes de passation des marchés (comme en Indonésie). L’intégration de données et d’analyses sur le genre dans les politiques, les systèmes et les pratiques facilitera l’élimination des obstacles structurels à l’égalité entre les genres et améliorera la performance dans les secteurs publics et privés. 67. La Banque Mondiale aidera ses clients des secteurs publics et privés à produire et utiliser des données et des connaissances sur le genre afin de développer des solutions innovantes. En collaboration avec l’ONU-Femmes, 2X Global et d’autres partenaires, la Banque Mondiale continuera de renforcer la capacité de ses clients à collecter et à analyser des données sur le genre, y compris des données sur l’identité sexuelle et l’identité de genre, où les organisations de la société civile sont des partenaires clés. La Banque Mondiale continuera également d’aider ses clients à produire et utiliser des preuves sur ce qui fonctionne. Elle élargira et appliquera les connaissances comportementales et les résultats de recherches sur l’économie politique et la valeur économique de la mixité, et mesurera les progrès accomplis en lien avec les facteurs qui influent sur les résultats en matière de genre, comme les normes, les attitudes et les obstacles structurels et institutionnels. L’expansion de la recherche sur le genre dans le secteur privé, des analyses concernant l’intérêt économique de l’égalité des genres et de la collecte de données offrira plus d’actions et de solutions pour les clients. La SFI continuera de renforcer les normes applicables sur les marchés, d’établir et d’amplifier les pratiques et cadres afin d’orienter 31 l’allocation de capital d’une manière qui ciblent en priorité les plus défavorisés et les catégories sous-représentées. Enfin, elle soutiendra ses clients à mettre en pratique les conseils personnalisés reçus sur le genre et l’inclusion. 68. En matière d’innovation, la Banque Mondiale apportera un soutien supplémentaire à ses clients pour tester, adapter et étendre les solutions visant à promouvoir l’égalité des genres. Cette approche peut faciliter la définition et l’adoption plus rapides de solutions dans de nouveaux domaines d’intervention, tels que ceux impliquant les hommes et les garçons, la remise en cause des normes sociales et des stéréotypes liés au genre, la lutte contre la VBG et l’utilisation des sciences du comportement et des technologies numériques. Au-delà des conceptions, on peut aussi tirer des leçons de la mise en œuvre, y compris des évaluations flexibles des processus de mise en œuvre (par exemple, dans la mesure où ceux-ci ont une incidence sur les normes sociales et la mobilisation des parties prenantes). Une série d’opérations, y compris des approches sous forme de programmes à phases multiples, avec une phase technique, peut faciliter un engagement à long terme pour intégrer des solutions innovantes dans les politiques, programmes et systèmes nationaux. 69. En matière de lutte contre les obstacles à l’égalité des genres, la Banque Mondiale applique des approches innovantes fondées sur des connaissances comportementales. Comprendre et aborder les obstacles comportementaux à l’égalité des genres — y compris les facteurs sociaux, psychologiques et économiques qui influencent ce que les gens pensent et font — peut améliorer les résultats des projets, de manière durable et à grande échelle. La Banque Mondiale intègre la science comportementale dans le développement, en abordant les aspects de la bureaucratie, la technologie et la prestation de services qui sont souvent négligés dans la conception de politiques standards, ainsi que les normes sociales et de genre. Les projets de la Banque Mondiale ont intégré la science comportementale et des approches sensibles aux normes dans différents secteurs avec des interventions qui peuvent être répliquées ; par exemple, certains projets ont incorporé des approches comportementales pour accroître la participation des femmes à l’économie, améliorer la santé maternelle, étudier les déterminants des normes de genre liées à la participation au marché du travail, etc. Des innovations plus récentes s’occupent des préjugés des décideurs à tous les niveaux, ainsi que des outils technologiques tels que les réseaux sociaux, les logiciels ludo-éducatifs et l’intelligence artificielle. Certains projets comportent des approches ambitieuses, par exemple en travaillant au sein des communautés pour lutter contre la VBG. Ces approches feront l’objet d’évaluations et bénéficieront d’un appui pendant la mise en œuvre afin d’en tirer des leçons qui informeront les opérations futures. Le renforcement de la capacité à intégrer la science comportementale et à prendre en compte les normes sociales dans les réformes institutionnelles et autres mesures, ainsi que dans les programmes, aidera à lutter contre les inégalités entre les genres de manière plus holistique et durable. 32 70. En matière de financement, la Banque Mondiale aidera à sécuriser des ressources pour atteindre les résultats liés au genre à grande échelle de trois manières. Premièrement, en tant que partie intégrante du portefeuille-pays de la Banque Mondiale, les Opérations de Politiques de Développement (OPD) abordent de plus en plus les contraintes liées à l’égalité des genres par le biais de politiques, de programmes et de systèmes nationaux 62. Lorsque l’environnement politique y est propice, il est possible d’élargir les actions politiques spécifiques au genre dans les OPD 63. Deuxièmement, la Banque Mondiale élargira ses partenariats pour mobiliser des financements, en collaborant avec d’autres institutions financières internationales, en s’appuyant sur des exemples tels que le Fonds Mondial de Financement, le Fonds vert pour le climat, le We- Fi et l’initiative « Investir dans la Garde d’Enfants ». Troisièmement, la Banque Mondiale aidera ses clients à mobiliser et à allouer efficacement des ressources en vue de faire progresser l’égalité des genres. Le soutien de la Banque Mondiale aux gouvernements afin qu’ils intègrent l’analyse de genre dans leurs politiques budgétaires et leurs gestions des finances publiques contribue à améliorer la priorisation en matière de finances publiques et peut aider à faire en sorte que les dépenses en faveur de la promotion de l’égalité des genres soient protégées en période de restrictions budgétaires. 71. La Banque Mondiale aura recours à une série d’instruments financiers du secteur privé pour soutenir l’innovation, renforcer et étendre la mise en œuvre, produire les résultats voulus et élargir la base d’investisseurs. La SFI utilisera davantage d’instruments, y compris le financement mixte (financement concessionnel catalytique combiné à des capitaux commerciaux) et le financement lié au développement durable (obligations favorables à la parité hommes- femmes, obligations sociales et durables, obligations et prêts en faveur du développement durable et basés sur la performance), qui sont susceptibles de réduire les écarts de genre en matière d’accès aux capitaux et marchés, et stimuler les investissements privés à fort impact dans les économies émergentes et les pays en développement. Ces instruments peuvent favoriser la création d’emplois, augmenter la productivité et améliorer d’autres conditions économiques et sociétales. La MIGA utilisera ses garanties et ses produits de rehaussement de crédit pour réduire les disparités en matière d’inclusion financière et promouvoir une plus grande égalité entre les genres en aidant les institutions financières à augmenter leur offre de prêts. Dans le cadre du plan d’action pour l’égalité des genres de la MIGA dans les projets incluant la question du genre, les clients de la MIGA peuvent convenir sur des objectifs de prêt pour les PME dirigées par des femmes, permettant ainsi aux banques d’offrir un meilleur accès au financement. 62 Au Mexique, par exemple, une OPD a appuyé une réforme de la loi sur les établissements de crédit qui visait à privilégier les produits et programmes axés sur les besoins financiers des femmes, en particulier les programmes d’épargne, de crédit et de protection des consommateurs. Fin 2021, soit moins de 2 ans plus tard, le nombre de femmes ayant accès aux produits financiers offerts par les banques de développement étatiques avait augmenté d’un tiers pour atteindre plus de 2,3 millions. 63 World Bank (2021a). 33 72. La SFI s’appuiera sur le succès de ses instruments de financement du secteur privé comme un levier pour promouvoir des approches innovantes d’émancipation économique des femmes. Les mécanismes de financement mixte ont joué un rôle clé dans les fonds d’investissement axés spécifiquement sur les femmes, encourageant et aidant les femmes chefs d’entreprise à accéder au capital pour financer des projets innovants présentant des risques élevés et des rendements incertains 64. Tous les mécanismes de la SFI d’investissements de finance mixte spécifiques au genre ont garanti un accès aux marchés financiers. Ils ont également permis de piloter de nouveaux types d’investissements en lien avec des fonds et le secteur réel (par exemple, en Cisjordanie et à Gaza, en Tunisie et au Cameroun). La SFI a investi 575 millions de dollars dans six obligations genrées (chacune étant la première sur le marché concerné) et utilise comme levier les prêts liés au développement durable et basés sur la performance dans des secteurs allant de l’agro-industrie aux infrastructures (par exemple, au Brésil et en Turquie). Il existe des opportunités pour étendre à grande échelle les financements mixtes et liés au développement durable afin que l’action de la SFI sur le genre puisse s’étendre au-delà de l’entrepreneuriat (qui, bien qu’important, n’est qu’un aspect de l’activité économique pour les femmes) pour atteindre l’emploi, les services clés facilitateurs et d’autres domaines. 73. La Banque Mondiale élargira les partenariats et la mobilisation des parties prenantes afin de mobiliser une action collective. L’élargissement du cadre de dialogue avec les partenaires et les parties prenantes aidera à former des coalitions de champions au sein de l’administration publique, du secteur privé, de la société civile et des organismes d’aide au développement, pour plaider en faveur de réformes telles que les réformes juridiques qui favorisent l’égalité d’accès aux possibilités économiques pour les femmes, les minorités sexuelles et de genre. Lorsque les coutumes et les normes sociales font obstacle à la réforme, la Banque Mondiale peut soutenir les efforts pour mettre en œuvre de nouvelles lois et politiques, y compris les changements comportementaux pour leur mise en œuvre, comme l’utilisation de plateformes numériques pour lancer des campagnes de marketing social à l’appui d’une législation propice à l’égalité des genres, des programmes de coopération entre établissements scolaires et entreprises qui complètent les actions gouvernementales (comme des campagnes visant à promouvoir la scolarisation et la recherche d’emplois dans les filières de STIM pour les filles et à corriger les perceptions erronées chez les hommes et les garçons). La Banque Mondiale s’engagera davantage avec les Organisations de la Société Civile (OSC), les associations de femmes et le secteur privé et continuera de tirer des enseignements de cette collaboration. L’élargissement du dialogue avec les OSC peut renforcer la transparence et la responsabilité en vue de faire progresser les questions de genre, et faciliter la transition des interventions humanitaires vers des projets de développement dans les contextes de FCV 65. 74. Une plus grande attention portée au domaine des politiques publiques aidera la Banque Mondiale à identifier les acteurs clés et à intégrer les principales parties prenantes pour adapter et formuler les solutions appropriées. Une meilleure compréhension des 64 Le financement mixte est un outil utilisé par la SFI et d’autres institutions de financement du développement pour promouvoir un nouveau marché, réaliser des ODD et mobiliser des investissements privés alors que ceux-ci ne seraient pas disponibles autrement. Cette approche peut atténuer des risques d’investissement spécifiques et aider à rééquilibrer les profils risque-rendement d’investissements pionniers qui ne peuvent pas être réalisés à des conditions strictement commerciales. En réduisant les risques, les outils de financement mixte peuvent attirer plus de capitaux au profit des femmes et des entreprises dirigées par celles-ci. 65 World Bank (2020). 34 institutions formelles et informelles, des acteurs concernés et des rapports de force entre ceux-ci aidera à adapter les solutions au contexte local, à travailler avec les acteurs locaux pour identifier des acteurs clés et à mettre au point des innovations en phase avec les perspectives locales. Cela peut également aider à favoriser de nouveaux partenariats ou à agir par l’intermédiaire de mécanismes de proximité et développer à grande échelle les approches prometteuses qui ont donné des résultats (voir les exemples de la section 2 ci-dessus). La Banque Mondiale renforcera ses capacités internes d’analyse du cadre de l’action publique (par exemple, en cartographiant les OSC locales dans les pays FCV), adaptera les moteurs du changement par rapport aux résultats en matière de genre et au contexte local, et étendra sa capacité à mettre en pratique les connaissances comportementales et les outils numériques. Changement no 3 — Compléter le marqueur et l’indicateur de genre par une responsabilité axée sur les résultats. 75. La Banque Mondiale s’appuiera sur le succès de la mise en place du marqueur et de l’indicateur de genre pour se concentrer sur la mise en œuvre et les résultats. Les projets de la Banque Mondiale, les investissements de la SFI et les garanties de la MIGA continueront d’utiliser le marqueur ou l’indicateur de genre pour donner une perspective de genre aux résultats dès leur conception. Les lignes directrices relatives au marqueur de genre seront mises à jour pour prendre en compte les nouvelles données disponibles sur « ce qui fonctionne » et privilégier des solutions vers l’égalité des genres pour tous. Par ailleurs, l’engagement et la responsabilité lors de la conception seront complétés par une concentration sur les résultats et l’appui à la mise en œuvre. Afin de renforcer la responsabilité, tirer profit des expériences acquises et pour mieux éclairer les opérations futures, les évaluations de projets - y compris les rapports de mise en œuvre, de fin d’exécution et de résultats du GIE et les rapports élargis de supervision des projets - rendront compte des résultats en matière de genre dans toutes les opérations comportant un marqueur ou un indicateur de genre, et évalueront ces résultats. D’autres options pour soutenir les résultats liés au genre dans la mise en œuvre comprennent des mises au point régulières par le biais de rapports sur l’état d’avancement des projets et l’obligation de réaliser des évaluations à mi-parcours pour discuter des progrès accomplis et des problématiques liées à la mise en œuvre. 76. La Banque Mondiale complètera son action au niveau du projet en se focalisant davantage sur l’engagement stratégique au niveau pays afin d’améliorer les résultats en matière de genre. L’evaluation à mi-parcours de la Stratégie Genre du GIE a révélé que les résultats sur le genre pourraient être améliorés en renforçant les approches axées sur les pays de la Banque Mondiale et en coordonnant l’appui apporté aux secteurs publics et privés par toutes les institutions de la Banque Mondiale 66. Pour obtenir des résultats à l’échelle des pays et au niveau sectoriel, les programmes-pays de la Banque utilisent de plus en plus tous les instruments de l’institution, y compris les OPD et les opérations ayant des objectifs dédiés au genre. Pour passer des opérations individuelles à des interventions stratégiques dans les pays, il faut prendre en compte l’analyse du genre pour informer les politiques et les investissements, privilégier les points d’entrée dans lesquels la Banque Mondiale dispose d’un avantage comparatif et tirer parti de tous les instruments du groupe, y compris des synergies entre toutes les institutions qui le composent, pour améliorer les résultats. 66 World Bank (2021b). 35 77. La prise en compte de la dynamique des genres dans l’action en faveur des pays sera fondée sur une utilisation accrue de l’analyse des genres. En s’appuyant sur les investissements réalisés pour recueillir des données et des preuves en matière de genre, la Banque Mondiale intègrera l’analyse des genres dans les analyses mondiales, régionales, sectorielles et nationales ; dans le dialogue sur les politiques ; et dans la conception et la mise en œuvre des programmes ainsi que des projets d’investissements. Le fait d’aider les responsables politiques et les autres parties prenantes des secteurs publics et privés à quantifier les gains potentiels liés à la levée des obstacles spécifiques au genre, y compris à l’orientation sexuelle et l’identité de genre, peut encourager à agir. Par exemple, l’analyse du dividende démographique a contribué à mobiliser des actions de réformes dans le cadre des OPD au Bénin ; l’analyse des obstacles auxquels les femmes sont confrontées sur le marché du travail au Vietnam a contribué à transformer le code national du travail d’une loi protégeant les femmes en une loi favorisant un marché du travail égalitaire. En Argentine, une analyse ayant montré que les minorités sexuelles et de genre avaient des taux de décrochage plus élevé ainsi que des résultats scolaires inférieurs à ceux de leurs camarades a conduit à l’inclusion de ces minorités dans un programme d’éducation ciblé. Des produits de la Banque Mondiale tels que les diagnostics-pays du secteur privé continueront à promouvoir la collaboration entre les secteurs publics et privés pour l’égalité des genres. 78. Le cadre de partenariat-pays peut rehausser le niveau d’ambition et renforcer la responsabilité pour des résultats liés au genre. L’introduction récente de résultats de haut niveau dans les CPP a été l’occasion d’accorder une place plus prioritaire aux résultats liés au genre dans les interventions en faveur des pays. Sur les 26 CPP présentés durant l’exercice 2023, plus de la moitié comportaient des résultats de haut niveau ou des objectifs CPP pour la promotion de l’égalité des genres. Identifier des résultats en matière de genre comme des objectifs de haut niveau ou des objectifs autonomes que l’on peut mesurer vise à rehausser le niveau d’ambition des CPP qui, auparavant, présentaient le genre comme une problématique transversale à l’aide d’indicateurs de résultats ventilés par sexe. Des exemples intéressants incluent un engagement national qui propose un programme cohérent d’interventions coordonnées dans les secteurs publics et privés afin d’influencer les résultats prioritaires liés au genre. Par exemple, pour préparer le cadre de partenariat avec l’Ouzbékistan (pour l’année fiscale 2022-2026), la Banque Mondiale a financé des travaux analytiques en vue de définir les priorités en matière de genre et utilisé les résultats de ces analyses pour soutenir les objectifs de plusieurs secteurs tels que la participation des femmes au marché du travail, l’émancipation économique des femmes, ainsi que la prévention et la répression de la VBG. Le suivi de la contribution de la Banque Mondiale aux objectifs de haut niveau liés au genre à travers les revues de performance et les enseignements tirés des programmes et d’examens de fin d’exécution peut renforcer le devoir de responsabilité à l’égard de l’égalité des genres dans les pays. Des orientations relatives aux interventions dans les pays peuvent également insister sur l’importance de consultations axées sur le genre pour améliorer les résultats. 79. Il existe des points d’entrée pour rassembler les instruments de la BIRD, de l’IDA, de la SFI et de la MIGA afin d’améliorer les résultats liés au genre. Des exemples de réussite incluent un soutien coordonné pour des interventions sectorielles qui mettent en valeur les priorités en matière de genre du pays. Par exemple, dans le secteur financier, l’appui de la BIRD et de l’IDA comprend souvent la mise en œuvre de réformes législatives et politiques en vue d’améliorer le cadre d’action. La SFI peut fournir des investissements et des services de conseils aux institutions financières et les garanties de la MIGA soutiennent les institutions financières publiques et privées ; elles peuvent ainsi réduire conjointement les écarts de genre au niveau national grâce à des engagements visant à augmenter l'accès au financement pour les femmes et 36 les PME dirigées par des femmes. La collaboration au sein de la Banque Mondiale permet de répondre à la demande des clients de mobiliser des ressources et des solutions auprès des secteurs publics et privés pour investir, par exemple, dans les infrastructures numériques et dans les soins. 80. Les programmes-pays et les interventions sectorielles de la SFI soutiennent l'engagement stratégique au niveau des pays et des secteurs. Le Groupe Genre de la SFI, principalement décentralisé, travaille conjointement au niveau international avec des équipes en charge de la question du genre dans le secteur industriel ainsi que des points focaux genre, afin d’assurer la cohérence entre les programmes et les résultats au niveau des pays. Les équipes identifient les secteurs prioritaires et des approches sectorielles, en lien avec la BIRD, l’IDA et la MIGA là où se développent les opportunités. La SFI cherche à répliquer les programmes multisectoriels sur le genre conduits selon une approche pays, comme au Sri Lanka, qui a abordé des disparités économiques entre les genres dans les secteurs industriels prioritaires et a travaillé avec la Banque Mondiale pour articuler les initiatives privées avec les réformes nécessaires. La SFI continuera également de tirer parti de ses plateformes privées d’apprentissage, au niveau mondial, national et sectoriel. Elle continuera de lier les approches nationales aux approches sectorielles, en profitant de son expérience des institutions financières, des mécanismes de financement, de l’agro-industrie, de la fabrication et des infrastructures. 81. Les engagements institutionnels de la Banque Mondiale en faveur de l’égalité des genres favorisent la responsabilisation et continueront de stimuler les résultats. La Banque Mondiale assure le suivi de ses engagements institutionnels qui sont repris dans sa Fiche de Performance Institutionnelle, ainsi que dans les indicateurs clés de performance de la SFI, les engagements pris dans le cadre de l’augmentation de capital, et les engagements stratégiques et le système de mesure des résultats de l’IDA. Le cadre de résultats de la Stratégie Genre de la Banque Mondiale sera développé à travers des consultations avec des parties prenantes internes et externes afin de déterminer l’impact de l’aide fournie par l’institution. Il s’appuiera sur les outils de suivi existants et comportera des indicateurs couvrant à la fois les secteurs publics et privés pour suivre les résultats et réalisations des opérations de la Banque. Pour souligner davantage l’importance des résultats, de nouveaux mécanismes seront mis en place pour soutenir la responsabilisation interne, y compris en améliorant la préparation des documents sur l’action menée dans le pays qui sont examinés au Conseil. La Feuille de route pour l’évolution et la Fiche de performance institutionnelle revisité complèteront ces efforts dans le but d’améliorer l’orientation et le suivi des résultats en matière de genre. La Banque Mondiale continuera également de promouvoir l’égalité des genres dans ses processus internes (encadré 4.1). Suivi de la mise en œuvre 82. La Banque Mondiale soutiendra et surveillera la mise en œuvre de diverses manières. Celles-ci incluent la mise à jour des notes d’orientation, des modèles, des formations et des ressources documentaires, dont certains feront l’objet d’un suivi du cadre de résultats et seront appuyés par les processus existants de planification stratégique, de budgétisation et d’évaluation de la performance. Au sein de la Banque Mondiale, les régions, les pôles mondiaux d’expertise et les départements sectoriels peuvent prendre des mesures supplémentaires, telles que des plans d’actions régionaux pour l’égalité des genres, des plans de mise en œuvre de la Stratégie Genre, des notes de bonnes pratiques ou des notes sectorielles. 83. La SFI préparera son troisième Plan Régional de Mise en Œuvre de la Stratégie Genre (PRMOS), qui détaillera davantage son ambition et les modalités de mise en œuvre. 37 Ls SFI prévoit de renforcer et d’élargir ses efforts sur le genre et sur l’inclusion à travers tous les objectifs et résultats énoncés dans la Stratégie Genre ; d’accroître le nombre d’instruments financiers tenant compte du genre, tels que le financement mixte et le financement lié au développement durable, afin de réduire les disparités de genre dans le secteur privé ; de faire en sorte que le genre soit désormais plus expressément pris en compte dans tous les investissements ; et de garder les résultats à l’esprit tout au long du cycle du projet (par exemple, en mettant davantage l’accent sur la gestion active du portefeuille, en renforçant la collecte et l’analyse de données d’impact ventilées par sexe et en réalisant des évaluations a posteriori). Le troisième PRMOS de la SFI servira de feuille de route opérationnelle pour la mise en œuvre de la Stratégie Genre de la Banque Mondiale. 84. La MIGA prépare son deuxième PRMOS pour 2024-2026. Ce plan vise essentiellement à améliorer la prise en compte des questions de genre à la MIGA et à renforcer les capacités de la MIGA dans le but d’accroître les opportunités de promotion de l’égalité des genres dans les projets qu’elle soutient. La MIGA s’inspirera des expériences de la SFI, de la BIRD et de l’IDA pour développer son dispositif en matière de genre et définir les modalités de mise en œuvre. Le deuxième PRMOS fera écho aux orientations et cadres stratégiques énoncés dans la Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale, en veillant à ce que l’ambition annoncée soit proportionnée à ses capacités. 38 Encadré 4.1 De la parole aux actes : La Banque Mondiale possède des processus internes solides sur l'égalité des genres Les politiques de passation des marchés de la Banque Mondiale soutiennent l’égalité des genres. La Banque Mondiale est la seule Banque Multilatérale de Développement dont l’objectif est d’accroître ses approvisionnements auprès d’entreprises appartenant à des femmes grâce à son programme de mixité et d’inclusion des fournisseurs. Ce programme a ouvert des opportunités pour les entreprises détenues par des femmes pour postuler à des contrats de la Banque grâce à la sensibilisation, au renforcement des capacités, et à d'autres améliorations de processus soutenues par le programme. En effet, la Banque Mondiale s’est engagée à plus que doubler la part de ses marchés et contrats attribués à des entreprises appartenant à des femmes à travers le monde, pour la porter à 7 % d’ici 2023 et à 10 % d’ici 2030 : celle-ci avoisinait les 6 % durant l’exercice 2022. En mai 2023, WEConnect International a remis le prix Platinum Top Global Champion à la Banque Mondiale pour la deuxième année consécutive, démontrant l’engagement élevé en faveur de procédures de passation des marchés ouvertes à tous et de la mixité des fournisseurs. La Banque Mondiale dispose de politiques robustes contre l’exploitation et les abus sexuels, ainsi que le harcèlement sexuel (EAS/HS). Les cadres de la SFI et de la MIGA relatifs au développement durable, ainsi que les Normes de performance des deux institutions, comportent des dispositions portant expressément sur la prévention et la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels ainsi que le harcèlement sexuel. Tous deux sont intégrés dans le Cadre environnemental et social de la Banque Mondiale et dans le Cadre actualisé de passation des marchés et contrats afin de garantir que les gouvernements et les fournisseurs et prestataires s’acquittent effectivement de leur devoir de responsabilité. Depuis 2019, tous les projets d’investissement avec de grands travaux civils sont tenus de procéder à un examen sélectif des risques en matière d’EAS/HS et de mettre en place des mesures d’atténuation desdits risques, comme indiqué dans la Note de bonnes pratiques sur la gestion des risques d’EAS/HS dans les opérations de la Banque Mondiale. Depuis le 1er janvier 2021, la Banque Mondiale est devenue la première banque multilatérale de développement à disqualifier les fournisseurs et prestataires pour non- respect des obligations liées à la VBG. Les normes de performance environnementale et sociale de la SFI et de la MIGA exigent des entreprises dans lesquelles ces institutions investissent qu’elles tiennent compte des risques liés au genre, qu’elles fassent la promotion la non-discrimination et l’égalité des chances, et qu’elles préservent la santé et la sécurité des populations. Depuis 2019, la SFI utilise son cadre relatif au développement durable, ainsi que ses Normes de performance environnementale et sociale, comme base de référence pour évaluer tous ses investissements en faveur de l’égalité des genres dans le but de promouvoir la non-discrimination, l’égalité des chances, la collaboration avec l’ensemble des parties prenantes et le bien-être des populations, en considérant notamment la violence basée sur le genre, l’exploitation et les abus sexuels ainsi que le harcèlement sexuel comme des risques majeurs. La MIGA applique une approche similaire pour ses projets de garanties et d’amélioration de la qualité des créances depuis 2021. Les solutions environnementales et sociales durables de la SFI et de la MIGA promeuvent les normes mondiales et améliorent la performance sociale des entreprises, favorisant un investissement durable. La Banque Mondiale a fait des progrès dans la promotion de l’égalité des genres dans ses effectifs. Au sein de la BIRD et de l’IDA, la proportion d’hommes et de femmes qui estiment avoir des opportunités équitables d’être promus a augmenté, et l’équilibre entre les sexes aux grades GG-GH s’est amélioré. Au sein de la SFI, le taux de maintien des femmes à des postes d’encadrements s’est amélioré et est désormais proportionnel à celui des grades GE-GF, et les politiques et pratiques en matière de recrutement et de promotion ainsi que d’aménagement des heures de travail se sont améliorées. La MIGA a atteint la parité entre les sexes à des fonctions techniques aux grades GG et plus, et a augmenté la proportion de femmes aux postes de direction et la représentation masculine aux niveaux GE-GF. Le personnel de la MIGA est invité à participer à des discussions en petits groupes sur la diversité, l’équité et l’inclusion, ce qui offre une plateforme transparente d’échanges et de discussion. CONCLUSION 85. Face à l’urgence historique et actuelle, la Stratégie Genre 2024-2030 de la Banque Mondiale présente l’ambition d’accélérer l’égalité des genres pour un avenir durable, résilient et inclusif. Réaliser cette ambition nécessite de faire les choses différemment. Reconnaissant que l’égalité des genres est un objectif difficile à atteindre, la Stratégie s’appuie sur 39 les enseignements tirés de décennies d’efforts mondiaux. Aussi prometteuses que soient les approches proposées, les défis associés à la réalisation de l’égalité des genres nécessitent d’avoir des attentes réalistes vis-à-vis des résultats. En jeu sont les changements de comportement, de politique et de législation concernant la vie personnelle, l’activité des entreprises, le cadre d’action national et les accords internationaux. Faire progresser cet agenda nécessitera un travail dans tous les domaines de la société, y compris les gouvernements, les entreprises et les organisations civiques. La manière dont cette réarticulation se fera, dépendra également des conditions propres à chaque territoire. Pour ce faire, il faudra des processus de changement légitimes (et largement perçus comme tels), une meilleure compréhension du domaine des politiques publiques et une mobilisation plus large de tous les intervenants et partenaires clés. Le changement sera probablement progressif, mais la Banque Mondiale renforcera la responsabilisation en matière de résultats sur le genre. En élargissant les partenariats et l'engagement des parties prenantes pour accélérer les progrès vers l'égalité des genres, la Banque s’appuiera sur ses atouts que sont à la fois l’étendue de son empreinte dans les pays et son rayonnement international, ses instruments au service des secteurs publics et privés et ses relations avec ceux-ci, ses connaissances multisectorielles, ainsi que sa capacité à mobiliser et lever des financements. 40 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Ahmed, Tanima, Elena Glinskaya, Amanda Devercelli, Rudaba Nasir and Laura B. Rawlings. (2023). Thematic Policy Brief on Addressing Care to Accelerating Equality. Forthcoming, World Bank Group Gender Thematic Notes Series. World Bank Group Al Tuwaijri, Sameera, Amparo Elena Gordillo-Tobar, Charlotte Pram Nielsen, Priyadarshini Rakh, and Seemeen Saadat. (2023). 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