7. Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Pour réaliser les résultats attendus de cette Stratégie Chapitre 3, la majorité des pays d’AOC dépensent régionale d’éducation, il est nécessaire de renforcer trop peu pour l’éducation. Dans la plupart de ces les capacités afin d’assurer une mise en œuvre et un pays, une augmentation des dépenses publiques S&E efficaces. Le présent chapitre met l’accent sur pour l’éducation basée sur une révision à la hausse le renforcement des capacités dans trois domaines l’enveloppe globale du budget public est plus pro- prioritaires : (a) l’administration fiscale et la GFP ; bable qu’une augmentation de la part (déjà élevée) (b) les capacités managériales et techniques pour la du secteur de l’éducation dans le budget national. conception et la mise en œuvre des politiques et des L’augmentation des budgets publics doivent être as- programmes ; et (c) les systèmes de données per- sociés à une gestion publique des finances publiques mettant la prise de décisions et l’ajustement de tra- plus rigoureuse afin de garantir que les budgets pu- jectoire sur la base de données factuelles. Dans ces blics pour l’éducation sont déployés de manière équi- trois domaines, le renforcement des capacités par table et efficace pour réaliser les résultats escomptés l’intermédiaire d’un processus d’apprentissage par en termes de résultats d’apprentissage, de couver- la pratique – dans le cadre duquel les nationaux tra- ture et de résultats sur le marché du travail. vaillent avec des experts techniques plutôt qu’à tra- vers une assistance technique ad hoc – permettrait d’intégrer de nouvelles capacités dans l’ensemble 7.1.1. Améliorer l’administration fiscale du système éducatif, de favoriser un processus dé- pour permettre une augmentation cisionnel dynamique et de renforcer l’appropriation des dépenses publiques en matière du programme de réforme dans tous les pays de la d’éducation région de l’AOC. L’ampleur et la complexité des in- terventions nécessaires font qu’il est urgent de dé- Les outils communs visant à améliorer l’administra- velopper et de renforcer les capacités à l’échelle de tion et le paiement des impôts peuvent faire gonfler l’ensemble du système, y compris dans les bureaux les caisses de l’État et permettre un plus grand finan- décentralisés et aux échelons inférieurs de l’adminis- cement public de l’éducation dans les pays d’AOC. Il tration gouvernementale. n’entre pas dans le cadre de ce rapport de détailler toutes ces options, mais les outils couramment uti- lisés qui méritent d’être pris en considération com- 7.1. Renforcer la gestion des finances prennent la systématisation de l’identification et de publiques l’enregistrement des contribuables, le paiement des impôts et les audits fiscaux. Dans de nombreux pays d’AOC, le secteur informel est important, avec une Une meilleure gestion des finances publiques, qui est contribution estimée à au moins 33 pour cent du PIB essentielle à la réussite de cette stratégie, implique à (Figure 7.1a). Par conséquent, l’intensification des la fois une administration fiscale plus efficace pour efforts visant à identifier les contribuables, à collecter permettre un plus grand financement de l’éducation, des informations précises à leur sujet et à mettre à jour et une plus grande discipline dans la planification et les registres fiscaux permettrait d’élargir l’assiette de l’exécution du budget afin de garantir une bonne ges- l’impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés. tion des ressources. Comme nous l’avons expliqué au Un deuxième outil est la facilitation de la déclaration Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 175 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Figure 7.1. Indicateurs des contraintes pesant sur le recouvrement des impôts en Afrique de l’Ouest et centrale (a) Taille du secteur informel par pays (b) Délai médian annuel pour le paiement des impôts en 2020 (heures) 60 120 AOC 50 100 Asie du Sud 40 80 Afrique subsaharienne 30 60 Faible revenu 20 40 RITS 10 20 Amérique latine 0 0 Mauritanie Cameroun Cap-Vert Togo Burkina Faso Mali Niger Tchad Ghana Liberia Côte d'Ivoire Sénégal Congo Gambie Bénin RITI Asie du Sud & Pacifique Europe et Asie centrale Taille du secteur informel (% du PIB) Moyen Orient et Afrique du Nord Part de l’emploi informel (% du total de l’emploi) [RHS] 0 50 100 150 200 250 300 Sources : Base de données Doing Business, base de données statistiques de l’Organisation internationale du travail, et estimations de Medina et Schneider (2018). Note : PIB = produit intérieur brut ; RHS = axe de droite et du paiement des impôts par le biais de services local pour un engagement éclairé des citoyens dans électroniques. Parmi toutes les régions du monde, la les processus budgétaires du gouvernement (Ali, région de l’AOC présente le délai médian annuel le Fjeldstad et Sjursen 2014 ; Chen et Neshkova 2019 ; plus long pour le paiement des impôts en 2020, avec Montes, Bastos et Oliveira 2019). L’indice de budget une moyenne de 37 jours ouvrables, contre 29 jours ouvert dans la région de l’AOC se situait en moyenne ouvrables en Afrique subsaharienne et seulement à 29,9 en 2019, ce qui signifie que les citoyens et 19 jours ouvrables au Moyen-Orient et en Afrique du les contribuables devraient être mieux informés. En Nord (Figure 7.1b). La longueur des procédures dans ce qui concerne la corruption, en dépit des progrès les pays d’AOC indique que leurs systèmes fiscaux enregistrés par certains pays d’AOC, ce phénomène pourraient être simplifiés, à la fois pour intégrer da- reste un problème majeur : 46,6 pour cent des en- vantage de contribuables du secteur informel et pour treprises ont déclaré que la corruption était un obs- réduire la prévalence de l’évasion et de la fraude fis- tacle majeur, et 17,2 pour cent des entreprises dans cales ainsi que d’autres formes de corruption liées à la région de l’AOC se sont senties obligées d’offrir des l’impôt. Les pays d’AOC pourraient également prendre cadeaux lors des réunions avec les agents du fisc au des mesures visant à améliorer la gestion des risques cours de la période 2015-2019. La corruption contri- et la conformité fiscale, notamment en élargissant bue à la baisse à la fois des recettes fiscales et de l’ef- l’utilisation de données de tiers pour évaluer l’exacti- ficacité des dépenses publiques. tude des déclarations fiscales et en sélectionnant les contribuables devant faire l’objet d’un suivi. 7.1.2. Renforcer la GFP pour optimiser Le renforcement de la confiance entre les contri- l’utilisation des ressources buables et le gouvernement est essentiel pour réus- sir à recouvrer davantage de recettes fiscales. Cette Des systèmes de GFP solides permettent d’optimiser confiance, selon Kouamé (2021), renforce le respect l’utilisation de ressources en garantissant l’affectation du code fiscal par les contribuables et leur volonté de stratégique des dépenses publiques, la discipline bud- payer leur dû (c’est-à-dire qu’elle renforce «  la mo- gétaire dans l’exécution du budget et l’efficacité de la rale fiscale ») ; cette confiance, à son tour, est nour- prestation de services pour obtenir des résultats. Les rie par les actions entreprises par le gouvernement dépenses publiques mal orientées dans l’éducation pour améliorer la transparence fiscale et l’accès aux prennent de nombreuses formes, dont voici quelques données fiscales, y compris les données au niveau exemples : 176 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E ■ Construire des écoles sans tenir compte de l’em- des gains d’efficacité à long terme, seuls le Ghana et placement et du nombre de bénéficiaires prévus le Burkina Faso ont obtenu la note B. Le contrôle de la ■ Doter les écoles en personnel sans tenir compte masse salariale est faible dans toute la région, 13 des du nombre d’élèves inscrits 15 pays ayant reçu la note D+/D. Ce résultat médiocre ■ Contourner les appels d’offres pour l’achat de est préoccupant compte tenu de la part importante manuels scolaires et d’autres matériels et équi- des budgets publics absorbée par la masse salariale pements pédagogiques des employés du gouvernement, y compris les ensei- ■ Continuer à payer les enseignants qui sont chroni- gnants. Les contrôles internes des dépenses non sala- quement absents du travail et maintenir sur la liste riales s’en sortent un peu mieux, avec environ la moitié de paie les « enseignants fantômes » qui sont peut- des pays ayant obtenu la note B ou plus. être décédés ou qui ont été affectés à des fonctions non éducatives (comme le travail politique) Il est essentiel de renforcer la gestion des budgets pu- ■ Permettre le vol et la vente sur le marché de ma- blics pour l’éducation de base parce que la majeure tériels achetés pour être utilisés dans les écoles partie de ces budgets est versée aux prestataires de (comme les manuels scolaires) services sous forme d’allocations en nature plutôt ■ Allouer des fonds pour des avantages inutiles que sous forme de budgets pour chaque prestataire.66 (tels que des voyages à l’étranger ou les dé- Comme dans la plupart des autres pays, les écoles pri- penses liées au service extérieur) maires et secondaires financées par l’État dans la ré- gion de l’AOC reçoivent des ressources pour la presta- Le Cadre des dépenses publiques et de la responsabilité tion de services sous la forme d’allocations en nature de financière offre une évaluation globale des possibilités personnel, de manuels scolaires, de matériel d’appren- d’amélioration de la GFP dans les pays d’AOC. 65 L’éva- tissage et d’équipement. Dans certains pays, les écoles luation n’est pas spécifique aux processus budgétaires peuvent également recevoir de petites subventions dans le secteur de l’éducation. Néanmoins, les résul- pour des priorités pertinentes au contexte local, qui sont tats dans quelques domaines (tels que la perspective à gérées au niveau de l’école (l’Encadré 7.1, par exemple, moyen terme dans la budgétisation des dépenses, les décrit un programme au Cameroun).67 Une plus grande informations sur la performance de la prestation de ser- discipline dans la GFP peut contribuer à garantir que les vices, le contrôle de la masse salariale et les contrôles budgets, en particulier ceux de l’éducation de base, sont internes sur les dépenses non salariales) mettent en utilisés de manière stratégique et efficace pour réaliser évidence les faiblesses de la GFP, qui entraînent un les résultats souhaités, y compris ceux définis comme impact négatif probable sur l’éducation dans les pays prioritaires dans la stratégie. À cette fin, les pays d’AOC d’AOC (voir annexe 2 pour plus de détails sur l’évalua- pourraient envisager de prendre les mesures suivantes tion). Sur une échelle de lettres allant de A à D, 13 des dans quelques domaines clés de la GFP. Premièrement, 15 pays d’AOC pour lesquels les données étaient dispo- renforcer la GFP de la masse salariale des enseignants nibles ont obtenu un score de D+/D en ce qui concerne afin de résoudre les problèmes qui nuisent à la motiva- les informations sur la performance de la prestation de tion et au moral des enseignants (tels que les arriérés et services. En ce qui concerne la planification plurian- les retards de paiement des salaires). Deuxièmement, nuelle des dépenses, qui est essentielle pour réaliser accorder la priorité aux ressources supplémentaires 65 Le Cadre des dépenses publiques et de la responsabilité financière est un outil développé par sept partenaires (la Commission européenne, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les gouvernements de France, de Norvège, de Suisse et du Royaume-Uni) en collaboration avec les utilisateurs du cadre et d’autres organisations internationales (voir www.pefa.org/). Il fournit une analyse approfondie, cohérente et fondée sur des preuves de la performance de la GFP à un moment donné et peut être répété pour suivre les changements dans le temps. Il a été publié pour la première fois en 2005, puis mis à jour de manière exhaustive pour la dernière fois en 2016. Le cadre de 2016 prend en compte sept piliers de performance, qui sont évalués à l’aide de 31 indicateurs, eux-mêmes ventilés en 94 composantes. Les sept piliers sont les suivants : fiabilité du budget, transparence des finances publiques, gestion des actifs et des passifs, stratégie budgétaire et établissement du budget fondées sur les politiques publiques, prévisibilité et contrôle de l’exécution du budget, comptabilité et reporting, et contrôle et audit externes. Au moment de la rédaction du présent rapport, un outil d’évaluation des dépenses publiques et de la responsabilité financière des gouvernements infra- nationaux était en cours d’expérimentation. 66 La discussion ici s’inspire de Bashir et al. (2018). 67 Les données probantes sur la gestion des petites subventions au niveau des écoles continuent de s’accumuler. Dans une méta-analyse des évaluations rigoureuses de ce type d’interventions rapportée par Snilstveit (2016), les petites subventions gérées au niveau de l’école n’ont eu que peu ou pas d’impact sur l’apprentissage dans les trois pays d’AOC - la Gambie, le Niger et le Sénégal - où cette approche a été expérimentée et rigoureusement évaluée. Bashir et al. (2018) ont noté que les approches de gestion au niveau de l’école ont plus de chances de réussir lorsque la population autour de l’école – dont sont issus les parents et les enseignants - est relativement bien éduquée. Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 177 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Encadré 7.1. Piloter le financement basé sur les résultats par le biais de subventions aux écoles au Cameroun Au Cameroun, un programme pilote sur les subventions aux écoles basées sur la performance a conduit à des améliorations en termes de taux d’inscription des élèves, d’engagement des enseignants et de transparence dans la gestion et les questions budgétaires. Chaque école participant au programme pilote recevait une subvention initiale si elle remplissait certaines conditions préalables, notamment l’ouverture d’un compte bancaire et la signature d’un contrat basé sur la performance. La subvention initiale visait à remédier aux inégalités sous-jacentes à travers l’allocation de fonds supplémentaires aux écoles sous-fi- nancées. L’intervention a ensuite fourni des subventions et des primes d’enseignants aux écoles qui atteig- naient des objectifs simples liés à la rétention des élèves, à l’assiduité des enseignants, à la transparence financière, à la satisfaction de la communauté et à l’utilisation des manuels scolaires. Le montant total de la subvention variait de 500 à 1 000 USD, alors que le montant de la subvention ordinaire était de 200 USD. Sur le montant total de la subvention, 70 pour cent ont été utilisés pour financer la mise en œuvre du projet d’établissement de l’école, et les 30 pour cent restants ont été alloués aux primes des enseignants et du directeur. L’efficacité de ces subventions pourrait être rehaussée grâce à des paiements directs aux écoles. Le projet pilote du Cameroun fournit quelques enseignements essentiels sur la mise en œuvre efficace des subventions aux écoles. Premièrement, le succès des subventions aux écoles dépend largement de la manière dont elles sont conçues et mises en œuvre. Au Cameroun, le financement basé sur les résul- tats a permis de mettre l’accent sur les résultats et de faire correspondre les incitations à la réalisation de ces résultats. Deuxièmement, le montant de la subvention est important. Les gouvernements doivent trouver le juste milieu entre des allocations suffisantes pour mettre en œuvre des interventions au niveau des écoles et des allocations abordables et durables. Ensuite, les subventions aux écoles peuvent ren- forcer l’équité et établir les conditions préalables minimales pour assurer la disponibilité des s intrants de base. Les interventions de subventions aux écoles doivent impliquer les membres de la communauté et prévoir des mesures de redevabilité au niveau de l’école. Enfin, les transferts directs aux écoles peuvent réduire les fuites de fonds, améliorer la rapidité des décaissements et renforcer l’efficacité. Comme ob- jectif, le projet pilote devrait être élargi à 3 000 écoles publiques d’ici 2023, et une évaluation d’impact permettra de mesurer l’effet du programme de subvention sur les résultats d’apprentissage. Source : Banque mondiale 2019a. pour les intrants qui permettent d’améliorer l’apprentis- Le financement basé sur les résultats – processus par sage (par exemple, les intrants d’amélioration de la qua- lequel les prestataires de services reçoivent des bud- lité qui ne sont pas liés aux enseignants ou le personnel gets pour réaliser des objectifs spécifiques – peut éli- supplémentaire dans des domaines tels que l’enseigne- miner les goulots d’étranglement de la prestation de ment dans les premières années de scolarité où les pé- services et améliorer la performance des prestataires nuries de personnel sont courantes et particulièrement dans certaines conditions. Sa faisabilité dépend, par préjudiciables à l’apprentissage des élèves). Troisième- exemple, de la capacité des bénéficiaires du bud- ment, définir et mettre en œuvre des normes minimales get à répondre positivement aux incitations (Lee et de prestation de services (telles que des critères fondés Pedreira 2019). En Zambie, un dispositif de finan- sur des normes pour l’affectation des enseignants, des cement basé sur les résultats a permis d’augmenter matériels d’apprentissage, des équipements et des in- la part des manuels scolaires qui sont effectivement frastructures) ; cette action doit inclure des formules arrivés dans les écoles en temps voulu (Banque mon- pour les transferts budgétaires qui tiennent compte non diale 2020a). Pour resserrer le lien entre les budgets seulement de la taille de la population mais aussi des in- et la performance, le Maroc a introduit les contrats dicateurs de pauvreté et d’autres vulnérabilités. axés sur les résultats dans le cadre des modalités de 178 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E financement des académies régionales de formation scolaires, des examens et des évaluations des élèves, la du pays (Banque mondiale 2019b). Dans la région de formation des enseignants, ainsi que l’inspection et la l’AOC, la plupart des institutions supérieures (à savoir supervision des écoles. Un renforcement systématique les universités, les écoles polytechniques et les éta- et cohérent des capacités dans ces domaines est es- blissements de formation spécialisés) reçoivent leur sentiel pour créer des systèmes performants. Les pays financement sous forme de budgets dédiés. d’AOC gagneraient à adapter les innovations promet- teuses aux contextes locaux et à développer un proces- sus continu d’itération afin d’absorber le retour d’infor- 7.2. Approfondir les capacités mation sur la mise en œuvre pour l’améliorer (Crouch techniques et managériales pour la 2020). Dans l’éducation post-basique, où les pres- mise en œuvre tataires de services sont plus autonomes, l’expertise technique au niveau du système concerne la supervi- sion de domaines tels que l’assurance qualité, la régle- Une plus grande capacité en matière de GFP et de mentation des prestataires de services, la performance travail avec les entités décentralisées et d’autres colla- institutionnelle, les cadres nationaux de certification borateurs est importante pour la réussite des solutions et l’appui financier aux étudiants. Dans l’ensemble du prometteuses. Des capacités renforcées de GFP sont système, renforcer les capacités ne signifie pas toujours nécessaires pour améliorer l’efficacité et l’efficience créer de nouvelles institutions ; cela peut également im- des dépenses publiques en matière d’éducation dans pliquer une réorganisation des entités existantes pour les pays d’AOC.68 De nombreux ministères de l’éduca- renforcer la cohérence et l’efficacité. Au Nigeria, de tion ne disposent pas des capacités adéquates pour nombreuses institutions soutiennent la formation des exécuter un budget selon les prévisions ou tout sim- enseignants et les processus d’enseignement dans les plement de planifier les allocations budgétaires de écoles, mais en raison de l’insuffisance des ressources manière à réaliser les objectifs stratégiques. Les fai- et du chevauchement potentiel des fonctions, il n’y blesses spécifiques comprennent les classifications a pas encore suffisamment de mise en cohérence de budgétaires qui empêchent un suivi utile des dé- ces institutions pour fournir des services efficaces qui penses, y compris des flux fiscaux intergouvernemen- permettraient d’améliorer le système d’apprentissage taux ; la faible prévisibilité du financement de l’éduca- global (Bashir et al. 2018). tion, qui empêche la mise en œuvre en temps voulu des activités planifiées ; et les contrôles minimaux des Le renforcement des capacités de gestion des gestion- dépenses salariales et non salariales, qui peuvent en- naires d’écoles et des dirigeants d’autres établisse- traîner des retards chroniques dans le paiement des ments d’enseignement leur permettrait de superviser salaires des enseignants. Les efforts visant à décen- les opérations quotidiennes, d’évaluer les besoins, de traliser les dépenses vers les unités infranationales planifier de nouveaux programmes, de gérer les bud- ou à s’appuyer sur la gestion des fonds par les écoles gets, etc. Les meilleurs gestionnaires veillent à l’uti- pour améliorer les résultats de l’éducation ont réussi lisation des ressources (telles que les subventions dans certains contextes, mais pas dans d’autres. Le accordées aux écoles et les autres financements renforcement des capacités de GFP des pays d’AOC mobilisés localement) ; ils supervisent, guident, en- permettrait de s’attaquer à ces défis et de garantir des cadrent et motivent le personnel pour qu’il fasse du flux de fonds efficaces et équitables. bon travail ; ils favorisent un environnement de travail propice et exempt d’abus ; et ils collaborent avec les Il est également nécessaire de renforcer la capacité du parties prenantes externes (Adelman et Lemos 2020). personnel technique de l’éducation qui a la responsa- Des recherches menées dans huit pays ont associé bilité, à l’échelle du système, des services de base pour une augmentation de 1,00 écart-type de la capaci- soutenir le travail des enseignants et des gestionnaires té de gestion des directeurs d’école – sur la base de d’école.Dans l’enseignement de base et secondaire, ces 20 pratiques de gestion – à un gain en termes de services comprennent l’élaboration des programmes résultats d’apprentissage de 0,23 à 0,43 écart-type 68 Voir Bashir et al. (2018) pour une discussion détaillée des résultats résumés ici. Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 179 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E (Banque mondiale 2018). Une augmentation de cette adéquation entre les ressources et les objectifs prio- ampleur en Afrique subsaharienne est comparable à ritaires de l’éducation. Les négociations avec le mi- l’influence de la pédagogie structurée, l’intervention nistère des finances sur les allocations et l’exécution ayant eu le plus d’impact parmi celles qui ont jusqu’à du budget, par exemple, nécessitent des données présent fait l’objet d’une évaluation rigoureuse dans exactes et actuelles sur les paramètres de base tels la région (Bashir et al. 2018). Compte tenu du rôle que les taux d’inscription, les enseignants et la mise vital des gestionnaires, un processus de recrutement en œuvre du programme d’enseignement national. concurrentiel et fondé sur le mérite, et des échelles de Les systèmes de données qui fournissent des don- carrière visant à inciter à l’avancement professionnel nées désagrégées – par écoles, enseignants et élèves/ constituent des facteurs essentiels. L’expérience de étudiants – peuvent guider les actions ciblées et les ce type de réforme au Pérou en 2013 indique que la réformes plus larges visant à améliorer l’efficacité et formation et l’encadrement systématiques des ges- l’équité de la prestation de services. Le Centre de don- tionnaires, en particulier ceux des écoles rurales, sont nées sur l’éducation de la Sierra Leone est un exemple également importants (Lemos et Piza 2020). de système d’information sur la gestion de l’éducation qui offre des indicateurs actuels et facilement acces- Dans les trois domaines susmentionnés, le renfor- sibles à l’échelle du système (tels que les taux d’ins- cement des capacités sera essentiel pour soutenir cription, le personnel, les infrastructures scolaires et les pays d’AOC dans leur quête d’amélioration des les résultats des examens) ainsi que des informations résultats de l’éducation dans les années à venir. détaillées sur chaque école.70 Le site Internet du centre Étant donné le faible aboutissement des efforts propose également des fonctionnalités d’exploration passés (voir, par exemple, Banque mondiale 2005 interactive des données par les utilisateurs. et 2009), il convient d’envisager de nouvelles ap- proches (voir Encadré 7.2). En particulier, ces ap- Les technologies les plus récentes simplifient égale- proches doivent tenir compte du fait que de nom- ment la collecte de données géospatiales qui peuvent breux ministères de l’éducation de la région de faciliter un processus décisionnel éclairé dans divers l’AOC n’ont pas la capacité d’intégrer, d’aligner et domaines. Citons par exemple la cartographie des d’adapter les options de renforcement des capaci- écoles pour évaluer la portée des systèmes d’ap- tés à leurs besoins en constante évolution au cours prentissage à distance et pour faire une estimation de la planification des politiques et de la mise en de la répartition géographique des enfants non sco- œuvre des programmes.69 larisés. Plusieurs projets d’éducation menés dans les pays en situation de FCV dans la région de l’AOC, par exemple le Nigeria et le Cameroun, ont commencé à 7.3. Renforcer les systèmes de utiliser la Méthode à activation géographique pour le données sur l’éducation pour faciliter suivi et la supervision (GEMS) pour le suivi dans les un processus décisionnel éclairé zones difficiles d’accès. Dans les systèmes d’éduca- tion post-basiques embryonnaires des pays d’AOC, les systèmes d’information de gestion de l’éducation Des systèmes d’information fiables pour la gestion de peuvent être axés initialement sur les indicateurs l’éducation sont essentiels pour obtenir des résultats et de prestation clés (tels que le nombre d’admissions doivent être renforcés à la fois au niveau des produc- et le nombre de diplômés par filière). Ces systèmes teurs et des utilisateurs de données. Le renforcement peuvent ensuite s’élargir progressivement pour in- du système d’information pour la gestion de l’éduca- clure également des indicateurs liés aux résultats sur tion crée une culture de prise de décision basée sur le marché du travail (tels que les emplois et les reve- les données et peut contribuer à assurer une meilleure nus par filière). 69 Parmi les options actuelles de renforcement des capacités, citons les cours et les ateliers proposés par l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO et son programme de Renforcement des capacités pour l’éducation (CapED), les Evaluation des compétences fondamentales en lecture (EGRA) de l’USAID et le Campus d’apprentissage ouvert de la Banque mondiale (https://olc.worldbank.org/), y compris l’initiative du Groupe d’évaluation indépendante sur le renforcement des capacités d’évaluation. 70 Voir https://educationdatahub.dsti.gov.sl/ 180 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Encadré 7.2. Vers un renforcement des capacités plus efficace pour améliorer les résultats de l’éducation en AOC Deux exemples de partenariats multi-bailleurs réussis en matière de renforcement des capacités – l’un pour le secteur financier et l’autre pour la gestion des risques de catastrophe – pourraient utilement inspirer les nouvelles approches du renforcement des capacités en vue d’améliorer les résultats en matière d’éducation dans la région de l’AOC (Fredriksen 2016). Exemple n° 1 : Renforcement des capacités du secteur financier à l’aide de deux approches complémentaires Centres régionaux d’assistance technique. Ces centres font partie d’une initiative spéciale visant à améliorer la performance des institutions économiques et financières (Fonds monétaire international [FMI] 2020). En 2022, un total de 17 centres sont opérationnels dans le monde, dont neuf ont été créés entre 2002 et 2013, y compris cinq en Afrique.71 Gérés par le FMI, ces centres sont financés par les bailleurs, le FMI, les pays hôtes et les pays bénéficiaires. Le Centre régional d’assistance technique pour l’Afrique de l’Est (East AFRITAC), le premier en Afrique créé en 2002 et hébergé par la Tanzanie, dessert sept pays d’Afrique de l’Est. Son enveloppe budgétaire de 59 millions USD pour la phase V (2020 à 2025) est constituée de 50 millions USD par les bailleurs, de 6 millions USD par les pays membres et de 3 millions USD par le FMI (FMI nd). Une évaluation menée en 2013 souligne la contribution d’AFRITAC au renforcement des capacités des ministères des finances, des banques centrales, des autorités fiscales et des instituts de statistique des pays membres (Fredriksen 2016). L’administration fiscale a été inclus comme domaine d’intervention supplémentaire dans la phase V dans le but d’aider les pays membres à atteindre une croissance forte, durable et inclusive et à progresser vers la réalisation des Objectifs de développement durable et des objectifs de l’agenda du financement du développement. Initiative de réforme et de renforcement du secteur financier. L’initiative, connue sous le sigle anglais FIRST, a été lancée en 2002 à la suite de la crise financière de l’Asie de l’Est, dans le but de promouvoir les réformes du secteur financier. Une évaluation externe a montré qu’en 2014, l’initiative avait bénéficié à 115 pays depuis sa création, y compris ceux d’Afrique subsaharienne, en élargissant la capacité des en- tités de mise en œuvre dans le secteur financier « ... à élaborer des stratégies de développement, rédiger de nouvelles lois et réglementations, (obtenir) une assistance institutionnelle et mener des exercices de simulation de crise » (Development Portfolio Management Group 2014). Exemple N°2 : Développement des capacités pour la gestion des risques de catastrophes, via la Facilité mondiale pour la réduction des catastrophes et le relèvement (GFDRR) La GFDRR est un partenariat mondial impliquant 34 pays bailleurs et 9 agences internationales dont l’objectif est de renforcer les capacités des pays à revenu faible ou intermédiaire à réduire et à gérer les risques découlant des aléas naturels et du changement climatique. Travaillant avec plus de 400 partenaires locaux, nationaux, régionaux et internationaux, la GFDRR fournit des subventions pour l’as- sistance technique, la formation et le partage des connaissances en matière de politiques et de stratégies de gestion des catastrophes et des risques climatiques. En 2015, la GFDRR a accordé un financement totalisant 70 millions USD à 89 pays bénéficiaires pour mener de telles activités. Le fait que la GFDRR ait réussi à galvaniser un appui multi-bailleurs avec un programme ciblé porte des enseignements pour les efforts de renforcement des capacités du secteur de l’éducation dans la région de l’AOC. Source : adapté et mis à jour à partir de Bashir et al. 2018. Note : AFRITAC Est = Centre régional d’assistance technique régionale pour l’Afrique de l’Est ; GFDRR = Facilité mondiale pour la réduction des catastrophes et le relèvement ; FMI = Fonds monétaire international 71 Plus d’informations sur ces centres sont disponibles sur le lien https://www.imf.org/en/Capacity-Development/how-we-work Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 181 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Compte tenu de la gravité de la crise de l’apprentis- L’expérience met en lumière certaines voies sans sage et des compétences dans la région de l’AOC, il issue à éviter, comme la dépendance excessive à est particulièrement important d’améliorer les capa- l’égard de l’assistance technique apportée par les cités nationales de collecte et d’utilisation des don- projets (qui prend généralement fin à la clôture du nées d’évaluation de l’apprentissage et de suivi des projet), le recours à des services de conseil indi- résultats des diplômés sur le marché du travail. À viduels et la formation de certains fonctionnaires mesure que la quantité de données de haute qualité au gré des circonstances. Une meilleure approche augmente, les efforts de renforcement des capacités consiste à investir dans l’élargissement du pool de doivent également viser à doter les utilisateurs de spécialistes compétents formés par le biais de pro- données – c’est-à-dire les décideurs, les analystes et grammes ciblés adaptés au contexte des pays de les autres parties prenantes – de connaissances de la région. Ces programmes devraient être hébergés base en matière de données pour qu’ils soient en me- par des universités et d’autres institutions des pays sure de faire le suivi des performances du système et d’AOC, éventuellement via des programmes de jume- de la redevabilité des prestataires de services. Dans lage régionaux et internationaux dans des domaines le domaine de l’éducation de base, le défi consiste à thématiques clés. Les efforts passés ont également utiliser les données pour guider la conception et la défini les contraintes de capacité de manière trop révision des ressources (telles que les cours scriptés étroite, comme étant simplement un manque d’apti- et autres outils pour enseigner au bon niveau) et des tudes et de compétences techniques, sans accorder programmes de formation connexes visant à aider suffisamment d’attention aux compétences transver- les enseignants à enseigner plus efficacement. Dans sales. En effet, les compétences transversales (telles l’État d’Edo, par exemple, la Banque mondiale ap- que la coordination, la gestion du changement et la puie le développement d’un système d’information recherche de consensus) sont essentielles pour sur- pour la gestion de l’éducation qui comprendra des monter les obstacles organisationnels et politiques à données sur les résultats d’apprentissage des élèves la réforme. Il est possible de remédier à cette lacune et un appui personnalisé aux enseignants. Au niveau en créant des espaces d’apprentissage continu entre post-basique, les données sur les emplois et les re- les pairs, de partage d’expérience et de coopération venus des diplômés constituent un test essentiel de entre les pays d’AOC. l’efficacité des institutions à doter les diplômés des programmes d’EFTP et d’enseignement supérieur de compétences pertinentes pour l’emploi. L’utilisation 7.4. Priorités pour améliorer la mise systématique de ces données, complétée par des in- en œuvre et le S&E formations provenant des observatoires du marché du travail et des prévisions sur le marché du travail, peut aider à mettre la conception des programmes La réalisation des objectifs de cette Stratégie régionale en cohérence avec les opportunités et les tendances d’éducation nécessitera des capacités importantes de du marché du travail. Dans la plupart des pays d’AOC, mise en œuvre des politiques et des programmes et cependant, les capacités dans les domaines liés aux de S&E. Sur la base de la discussion qui précède, la données sont naissantes. Figure 7.2 met en évidence les principaux domaines d’attention pour le renforcement de ces capacités. Dans tous les domaines du renforcement des ca- L’une des priorités consiste à renforcer les capacités pacités, de nouvelles approches seront nécessaires techniques des ministères de l’éducation en matière pour institutionnaliser les capacités d’amélioration de GFP et de services d’éducation de base pour gui- des performances des systèmes éducatifs des pays der et soutenir l’enseignement et l’apprentissage. De d’AOC. De nombreux ministères de l’éducation se plus fortes capacités dans ces domaines garantiront sont rendus compte que la faiblesse des capaci- une meilleure gestion des ressources financières tés est souvent la contrainte la plus importante à pour l’éducation ainsi qu’une utilisation plus effi- la mise en œuvre et ont investi en conséquence. 72 ciente des ressources qui permettra de fournir des 72 Voir Bashir et al. (2018) et Fredriksen (2016) pour de plus amples informations. 182 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Figure 7.2. Renforcer les capacités de mise en œuvre QUOI? POURQUOI? COMMENT? Approfondir les capacités La faiblesse des capacités • Doter les directeurs d'écoles/ établissements de techniques et managériales compromet la compréhension et compétences de gestion et de leadership des éducateurs et des l'appropriation des réformes et des • Approfondir les capacités techniques et opérationnelles innovations dans le domaine de dans les domaines essentiels décideurs politiques dans l'éducation et réduit l'agilité des • Utiliser les universités locales et diverses modalités pour les domaines clés prestataires de services. intégrer les capacités dans le système Renforcer les systèmes de En raison du manque de données • Mettre en place un SIGE simple, fiable et adapté aux données afin de fournir des fiables et actualisées, il est di cile de besoins informations pertinentes tenir les décideurs politiques et les • Assurer la collecte et l'utilisation systématiques des prestataires de services redevables données d'évaluation de l'apprentissage pour le suivi et l’ajuste- des résultats en matière d'éducation. • Utiliser le taux d'emploi des diplômés comme indicateur ment des trajectoires clé de la performance clé pour l'ETFP et l'enseignement supérieur. Notes : SIGE = système d’information de gestion de l’éducation ; EFTP = enseignement et formation techniques et professionnels ; ES = enseignement supérieur services d’éducation plus efficaces. Une deuxième des objectifs prioritaires de cette Stratégie régionale priorité consiste à doter les directeurs d’écoles et d’éducation. Les principaux défis sont la pandémie d’autres institutions éducatives – celles qui opèrent de COVID-19 et ses conséquences, la fragilité, les en première ligne de la prestation de services – des conflits et la violence (FCV) chroniques, et le chan- capacités nécessaires pour diriger et gérer efficace- gement climatique.73 Les pays d’AOC peuvent s’ap- ment leur personnel et leurs institutions. Dans tous puyer sur les nouvelles technologies, notamment les domaines, le fait de s’appuyer sur les universités numériques, pour accroître la résilience du secteur locales et sur diverses modalités peut contribuer de l’éducation face à ces défis. Des interventions à ancrer les nouvelles capacités dans le système, dans cinq grands domaines permettront au système permettant ainsi aux pays d’AOC d’institutionnaliser éducatif de retrouver son élan dans la constitution du cette composante essentielle pour améliorer la per- capital humain nécessaire à la croissance et au déve- formance de l’ensemble du système. Compte tenu loppement (Figure 7.3). du rôle vital des données dans le S&E et le processus éclairé de prise de décision, il est également néces- Premièrement, les pays d’AOC doivent atténuer saire de renforcer les capacités pour construire et l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’appren- maintenir un système d’information sur la gestion tissage. La pandémie a clairement mis en lumière de l’éducation adapté, qui non seulement fournit des les faiblesses des systèmes éducatifs de la région : données fiables pour le suivi des résultats clés en des millions d’apprenants sont dans l’incapacité matière d’éducation, mais facilite également l’utilisa- d’assister aux cours en présentiel, et beaucoup se tion des données pour améliorer la performance du retrouvent bloqués avec peu d’autres options pour système. poursuivre leur apprentissage. Il sera primordial de protéger les dépenses d’éducation. Il est tout aussi important de veiller à ce que les fonds soient dé- 7.5. Naviguer à travers les défis ployés efficacement pour inverser les pertes d’ap- transversaux pour reconstruire prentissage et les taux d’abandon scolaire. Les trans- l’éducation pour la résilience ferts monétaires et autres incitations financières en faveur des filles et d’autres groupes de population vulnérables seront essentiels pour les maintenir Les secteurs éducation des pays d’AOC doivent s’atta- dans le système scolaire. L’investissement dans quer en toute efficacité à de multiples défis transver- l’apprentissage à distance à faible coût et la forma- saux qui peuvent freiner les progrès vers la réalisation tion des enseignants à l’utilisation des technologies 73 Voir l’Annexe 1 pour de plus amples informations. Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 183 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E Figure 7.3. Naviguer à travers les défis transversaux pour reconstruire l’éducation pour la résilience QUOI? POURQUOI? COMMENT? Relever les défis Des millions d'apprenants se trouvent • Protect education spending and use resources e ectively posés par la dans l'impossibilité d'assister à des • Use financial incentives to support girls & vulnerable groups pandémie de cours en présentiel et beaucoup ont • Enable low-cost remote learning avenues peu d'options pour poursuivre leur • Train teachers on use of tech and new tools for remote learning COVID-19 apprentissage. • Equip youth with skills for jobs in the depressed labor market • Leverage universities to fight the pandemic through local innovation S'attaquer aux La région est le théâtre de • Sign the Safe Schools Declaration and protect schools from attacks problèmes liés à nombreux conflits et violences de • Enable schools operate safely through early warning signs and la fragilité, aux grande ampleur. security protection • Reduce drivers of conflict & violence through peace-building conflits et à la curricula violence Lutter contre le Le niveau d'instruction constitue à lui • Develop education content, curriculums, and teacher training changement seul le meilleur prédicteur de la materials on local impact of climate change climatique sensibilisation au changement • Provide skills training with a focus on green economy jobs climatique et les emplois verts font • Construct schools to be resilient against climate-induced shocks and appel à des compétences cognitives use ecofriendly building materials de haut niveau. • Support universities to contribute to better education and research on climate change Adopter les Les technologies de l'éducation • Promote structured pedagogy through digital devices technologies peuvent améliorer les résultats • Develop virtual classrooms for purely remote or hybrid learning de l'éducation d'éducation et les systèmes • Provide digital skills for students for digital economy jobs éducatifs. • Use EdTech to improve education data and management to facilitate better decision-making Exploiter L'innovation a un grand potentiel pour • Test and evaluate innovative solutions (blockchain to track l'innovation catalyser le changement dans les expenditures for accountability, machine learning to prevent dropout, de pointe systèmes éducatifs. artificial intelligence and behavioral sciences to shift social norms, adaptive learning, and virtual reality) Source : Banque mondiale Notes : CEA = Centre d’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique ; AOC = Afrique de l’Ouest et centrale ; FCV = fragilité, conflit, et violence. peuvent contribuer à minimiser les pertes d’appren- Nigeria ont utilisé l’impression 3D pour fabriquer tissage, à améliorer les compétences pédagogiques des masques faciaux et des pièces pour des ventila- des enseignants et à rendre le système éducatif teurs fabriqués localement. plus résilient aux chocs futurs. L’EFTP et l’enseigne- ment supérieur doivent être repositionnés afin de Deuxièmement, les pays de la région doivent recon- développer rapidement l’apprentissage en ligne, en naitre et réduire les niveaux élevés de FCV endémique. mettant l’accent sur l’acquisition de compétences Dans certains contextes, la violence à l’intérieur et professionnelles par les jeunes. Les innovations lo- autour des écoles a atteint un tel niveau que la scola- cales dans les universités de la région ont un rôle à rité normale n’est plus viable. Comme indiqué précé- jouer dans la lutte contre la COVID-19. Le Centre de demment au Chapitre 5, les gouvernements des pays génomique des maladies infectieuses au Nigeria, d’AOC doivent démontrer leur engagement à travers dans le cadre du projet Centres d’excellence de l’en- la signature de la Déclaration sur la sécurité dans les seignement supérieur en Afrique (CEA), et le Centre écoles et la promotion des Lignes directrices pour la ouest-africain de biologie cellulaire des agents pa- protection des écoles et des universités contre l’uti- thogènes infectieux au Ghana sont tous deux des lisation militaire dans les conflits armés. Ils doivent leaders régionaux dans le séquençage génomique également aller au-delà du plaidoyer et s’assurer du virus COVID-19 et dans les efforts nationaux pour que les écoles peuvent fonctionner en toute sécuri- effectuer des tests de masse et maintenir le contrôle té (par exemple, en mettant en place des dispositifs de la pandémie. D’autres CEA au Sénégal et au d’alerte précoce et des mesures de sécurité solides) 184 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E ou offrir d’autres options d’apprentissage en cas de changement climatique (notamment l’ingénierie perturbations (par exemple, écoles pop-up, cercles de l’eau et l’ingénierie électrique, le transport et la d’apprentissage, apprentissage à distance, utilisation logistique, les sciences environnementales et l’agri- d’espaces religieux et autres lieux moins vulnérables culture adaptée au climat). Des initiatives de plus aux attaques). L’élargissement de l’accès à l’ensei- grande envergure sont également nécessaires pour gnement secondaire, supérieur et professionnel et créer des programmes d’enseignement destinés à l’élargissement des possibilités d’emploi sont essen- sensibiliser le public et les élèves dans les écoles au tiels pour aider les jeunes à éviter de rejoindre les changement climatique et aux compétences de vie organisations extrémistes et de s’engager dans la vio- nécessaires pour l’adaptation et l’atténuation (par lence. Dans l’enseignement supérieur, les études sur exemple, recyclage, récupération de l’eau, planta- les conflits peuvent permettre d’approfondir la com- tion d’arbres, habitudes de consommation, choix de préhension de la dynamique de la violence et une moyens de transport, etc.). À l’heure du changement formation au leadership visant à renforcer les com- climatique, il est vital de former les enseignants et pétences en matière de négociation peut contribuer d’autres responsables à la mise en œuvre de proto- à promouvoir un engagement substantiel et efficace coles d’évacuation en cas d’urgence. Parallèlement, dans la consolidation de la paix. Les programmes les décisions relatives à la construction des écoles scolaires peuvent également intégrer des éléments doivent viser à accroître la résilience aux chocs in- visant à encourager un comportement pacifique duits par le changement climatique, grâce à des chez les enfants et les jeunes. mesures explicites pour minimiser l’exposition à la chaleur, au vent, aux crues soudaines, à l’érosion des Troisièmement, les pays d’AOC doivent agir pour ré- sols et à d’autres problèmes. duire l’impact négatif du changement climatique sur l’éducation par le biais de stratégies d’adaptation et Quatrièmement, les pays d’AOC doivent envisager de d’atténuation. Le niveau d’instruction est l’indicateur tirer parti du potentiel des technologies éducatives le plus fiable de la sensibilisation au changement cli- pour améliorer les résultats de l’éducation. Ce poten- matique et de la perception des risques y afférents tiel existe dans au moins quatre domaines : (Lee et al. 2015) ; l’exposition à des cours spéci- fiques sur le changement climatique peut amener ■ Utiliser des outils numériques pour élargir l’appli- les jeunes à adopter un comportement respectueux cation de la pédagogie structurée. En Afrique du du climat.74 Le changement climatique redessine Sud, par exemple, l’encadrement virtuel utilisant également le paysage des emplois et des compé- des plans de cours numériques s’est avéré aus- tences. Les nouveaux emplois verts exigeront plus si efficace que l’encadrement en présentiel pour de compétences cognitives (Consoli et al. 2016) ain- stimuler les pratiques pédagogiques des ensei- si qu’une expertise technique dans de nombreux do- gnants et les résultats des élèves en matière d’al- maines où la demande est en hausse (par exemple, phabétisation (Kotze, Fliesch et Taylor 201975; la gestion des catastrophes, la conservation de ■ Dispenser une partie de l’enseignement post-pri- l’eau, les technologies vertes, etc.). Certaines uni- maire dans des classes virtuelles grâce à des mo- versités des pays d’AOC réagissent en proposant de dalités d’enseignement à distance ou en ligne nouveaux programmes et de nouvelles recherches. (Twinomugisha 2019) ; Le projet CEA au Ghana, par exemple, mène des ■ Exiger de tous les étudiants de niveau supé- recherches et développe des solutions intégrées à rieur qu’ils acquièrent des compétences numé- la dégradation des côtes. Des institutions en Côte riques afin de les équiper pour les opportunités d’Ivoire et au Sénégal déploient des efforts similaires d’emploi dans l’économie numérique. Les pays pour renforcer l’éducation et la recherche appliquée d’AOC peuvent tirer parti d’économies d’échelle dans les filières STIM de base qui peuvent offrir des grâce aux initiatives régionales comportant des perspectives pour s’attaquer aux problèmes liés au programmes de formation aux compétences 74 Cordero et al. (2020) ont constaté que les étudiants ayant suivi un cours universitaire d’un an sur le changement climatique ont réduit chacun leurs émissions annuelles de carbone de 2,86 tonnes de gaz carbonique. 75 Les opérations de la Banque mondiale dans l’État d’Edo au Nigeria, au Rwanda et au Liberia soutiennent cette approche. Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale 185 Renforcer les capacités de mise en œuvre et de S&E numériques (par exemple, par le biais des projets Cinquièmement, les pays d’AOC doivent explorer CEA de la Banque mondiale en Gambie76 ); et et adapter les innovations de pointe une application ■ Mobiliser la puissance de la technologie éduca- dans le domaine l’éducation. Il est vrai que les techno- tive pour améliorer les systèmes de données sur logies avancées ne seront pas pertinentes ni même l’éducation et de gestion. Les améliorations des réalisables dans tous les pays d’AOC. Cependant, systèmes viendront en appui à une élaboration leur potentiel d’amélioration de la performance des et la mise en œuvre de politiques fondées sur les systèmes d’éducation de la région est clair. Il s’agit, données (par exemple, le dernier exercice de re- par exemple, des chaînes de blocs pour suivre les censement scolaire du Liberia). dépenses d’éducation ; de l’apprentissage automa- tique pour identifier et protéger les élèves de l’aban- Pour que les avantages de chacun de ces quatre do- don scolaire, en particulier les filles (Adelman et al. maines se concrétisent, les gouvernements de la 2018) ; de l’apprentissage adaptatif pour renforcer région de l’AOC devront investir dans des infrastruc- l’apprentissage des élèves (Muralidharan, Singh, tures électriques et numériques fiables et abordables and Ganimian 2019) ; et de la réalité virtuelle pour (y compris la connectivité et les outils Internet). développer les compétences professionnelles. 76 Le Collège d’ingénierie de l’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah (Ghana) fournit une assistance technique à la Gambie par le biais du projet CEA en vue de la création d’une université qui proposera des programmes de sciences appliquées, d’ingénierie et de technologie. 186 Stratégie d’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale